www.vignevin-sudouest.com
,
La Grappe d’Autan
BULLET IN D’ INFORMATION DE L’ I FV SUD-OUEST I N S T I T U T F R A N Ç A I S D E L A V I G N E E T D U V I N
Analyses sensorielles : un nouvel indicateur pour
évaluer l’astringence des vins ? p 2-3
Réduire le degré alcoolique des vins en mo-
dulant la surface foliairep 4-5
Le chauffage des raisins à 50°C pour produire des vins
rouges aux arômes varié-tauxp 6-7
L’interprofession communique
p 8
Supplément : formation gestion des résidus de pro-
duits phytosanitaires dans les vins
éd
ito
n°113 - SEPTEMBRE 2018
Aides à la restructuration du vignoble : nouvelle opportunité
Un nouveau plan collectif de restructuration du bassin viticole Sud-ouest (PCR3
SO) est en cours d’agrément, le précédent étant achevé depuis le 31 juillet. Il
concerne les plantations réalisées au cours des trois campagnes 2018/2019
à 2020/2021. Nous sommes en attente de la validation de ce plan par la
Commission européenne, qui ne saurait tarder.
Simplifié, il apportera plus de souplesse sur le choix des actions de restruc-
turation d’une campagne sur l’autre, notamment en matière de reconversion
variétale. Également, la liste de cépages éligibles est élargie pour mieux corres-
pondre aux spécificités locales et prendre en compte les évolutions variétales
et les attentes sociétales (problèmes phytosanitaires et environnementaux)
grâce aux nouveaux cépages résistants ResDUR (artaban, floréal, vidoc, voltis).
Pour percevoir l’avance sur la plantation, une caution bancaire doit être fournie,
à hauteur de 4032 € x nombre d’hectares de plantation inscrits dans le plan
(plafond de 20 ha, sauf pour les GAEC). Par contre la caution bancaire de
« bonne exécution » n’est plus nécessaire.
Pour intégrer le nouveau plan collectif, les inscriptions doivent être effectuées
avant le 15 octobre 2018, par formulaire papier auprès du Comité de gestion du
PCR SO (détails sur www.france-sudouest.com/restructuration ) et en adhérant
à ce dernier. Attention, il ne sera pas possible de s’inscrire en 2019 ou 2020
(sauf nouveaux installés) ; ni d’augmenter la surface de plantation inscrite.
Nous vous invitons à vous rapprocher au plus tôt de vos conseillers habituels
sur ce sujet, ou du Comité de gestion, pour réfléchir à votre programme d’opé-
rations et déposer votre dossier d’inscription en PCR.
Michel DEFRANCES, Président du Comité de gestion du PCR SO
Brèves Brèves
2 02
FICHES PRATIQUES ENGRAIS VERTS EN VITICULTURE
L’IFV, en partenariat avec la Chambre d’Agriculture du Tarn
et la Maison des vins de Gaillac vient d’éditer un kit de fiches
pratiques sur les engrais verts en viticulture. 7 espèces utilisées
comme engrais verts sont présentées : caractéristiques,
mode de semis et de destruction, sensibilité aux
ravageurs, aux maladies et coût d’implantation.
Retrouvez ces fiches sur : www.vignevin-sudouest.com rubrique fiches pratiques : Les
engrais verts en viticulture
NOUVELLE GÉNÉRATION DES VARIÉTÉS RESITANTES : 1ÈRE
RÉCOLTE !
Les premières vendanges de la 2ème génération des
variétés RESDUR (dit RESDUR 2) viennent de débuter sur les dispositifs VATE du Chateau
de Mons (32) et du DEVT (81). 13 génotypes rouges et 11 génotypes blancs seront
soumis pour la première fois à des vinifications expérimentales
de 60 L.
Précocité, rendement, caractéristiques analytiques et œnologiques sont et seront
analysés pour sélectionner les meilleures créations variétales.
Dès 2019, l’IFV Sud-Ouest partagera avec les techniciens
et vignerons ces premiers résultats.
Ci-dessous grappe du génotype 3707 K.
Introduction
Tout le monde a déjà ressenti cette sensa-tion de sècheresse, de rugosité, d’âpreté en bouche après avoir ingéré un vin rouge. Tantôt agréable tantôt désagréable, l’« astringence » est pourtant l’un des paramètres les plus déli-cats à évaluer en analyse sensorielle. En effet, s’il est désormais établi que cette sensation est le résultat d’une perte de lubrification de la cavité buccale, fruit d’interaction entre les ta-nins contenus dans le vin et certaines protéines de la salive, le mécanisme de ce phénomène est encore mal connu. De plus, l’astringence du vin ne se résume pas qu’à cette interaction puisque de nombreux éléments (polyssacha-rides, teneur en alcool, acidité…) jouent sur cette sensation. Enfin et contrairement aux cinq goûts élémentaires (sucré, salé, acide, amer, umami) issus de récepteurs repartis dans l’ensemble de la bouche, l’astringence est une sensation dite tactile qui, dans l’état actuel des connaissances, ne possède pas ses propres récepteurs et a la particularité de s’accumuler au cours de la dégustation. Cela en fait un des-cripteur compliqué à appréhender notamment lors de dégustations rassemblant un grand nombre de vins.
Malgré ses limites, l’évaluation de l’astringence par l’analyse sensorielle reste essentielle lors des assemblages ou pour évaluer l’impact du collage. La mise au point d’un indicateur ana-lytique permettrait de s’affranchir de ces diffé-rentes contraintes.
A la découverte de la DO230
Dans le cadre du projet RFI Pilotype et de l’UMT Qualinnov (collaboration entre l’INRA (UMR SPO) et l’IFV Pech Rouge), des mesures spectrophotométriques dans les longueurs d’ondes ultraviolette (UV) et visible ont été réa-lisées sur 21 vins rouges couvrant une large gamme d’astringence et provenant de cépages et d’itinéraires œnologiques variés. Il a ainsi pu être établi que l‘intensité de l’astringence était mieux corrélée avec l’absorbance à 230 nm (coefficient de détermination R²=0,71) qu’avec l’indice des polyphénols totaux (IPT) mesuré à partir de l’absorbance à 280 nm (R2=0,56). En effet, en réalisant les spectres UV des princi-paux constituants des vins rouges, il apparait clairement que ce sont les tanins qui contri-buent majoritairement à l’absorbance à 230 nm alors que de nombreuses autres molécules, qui n’interviennent pas dans l’astringence, par-
Dans le cadre d’une étude menée sur le collage des vins, l’IFV sud-ouest s’est intéressé à un nouvel indicateur, l’absorbance à 230 nanomètre, pour évaluer l’efficacité de différents types de colle. Cette mesure simple à mettre en œuvre semble être un bon outil pour estimer l’astringence.
Figure 1. Vin de Malbec - a) intensité d’astringence notée par le jury expert de l’IFV Sud-ouest, note sur 10. Les poin-tillés correspondent à la note moyenne donnée au vin non collé - b) Valeurs des absorbances mesurées à 230 nm.
Un nouvel indicateur pour évaluer l’astringence des vins ?
-0,5
0,5
1,5
2,5
3,5
4,5
5,5
6,5TEM
OVA
GFO
GFA
PDT
POIS
CHI
LEV
ASTRINGENCE
ANIMALES FONGIQUESVÉGÉTALES
195
200
205
210
215
220
225
230
TEM OVA GFO GFA PDT POIS CHI LEV
A230
ANALYSES SENSORIELLES
a) b)
Brèves
Brèves
Brèves
a303
R² = 0,8157
4
4,5
5
5,5
6
6,5
208 210 212 214 216 218 220 222 224 226 228
Inte
nsité
d'a
strin
genc
e su
r 10
Valeur de DO230
ticipent à la DO280. Ceci démontre que cette mesure à 230 nm permet de mieux cibler les molécules responsables de l’astringence que l’IPT.
La DO230 à l’épreuve du collage
Dans le cadre du projet régional Interbio 2016, l’IFV Sud-Ouest a comparé l’efficacité des colles protéiques d’origine animale (gélatine – GFO/GFA – et ovalbumine - OVA), végétale (issues de pois – POIS – et de pomme de terre – PDT) et fongique (Chitine-glucane – CHI – et extrait de levure – LEV) sur des vins de faible (Duras) et de forte structure tannique (Malbec) (Grappe d’Autan n°111).
L’astringence a été évaluée de deux façons. La première, par l’analyse sensorielle du panel ex-pert de l’IFV, la seconde par la mesure de l’ab-sorbance à 230 nm. La figure 1 a) représente les valeurs d’astringence notées par le pannel d’analyse sensorielle sur les vins de Malbec et b) les valeurs de DO230 correspondantes. Il apparait clairement que la majorité des colles permettent de réduire l’intensité d’astringence par rapport au vin de référence qui n’a pas été collé. Si les différences entre les colles sont faibles pour le Duras, la gélatine fortement hy-drolysée (GFO) est celle qui a permis de réduire le plus cette sensation sur le Malbec. Pour tous les vins, le collage a permis de diminuer l’absor-bance à 230 nm. Plus cet indice est faible, plus la sensation d’astringence des vins est dimi-nuée. Ce paramètre est donc bien corrélé avec la dégustation. Si, comme pour l’analyse senso-
rielle, les différences de DO230 mesurées sont faibles sur le Duras, il est à noter que le vin traité avec la gélatine fortement hydrolysée est celui qui possède, encore une fois, la valeur la plus faible. Ici également, cet indice est bien corrélé avec la dégustation. Dans l’exemple présenté en figure 2, l’intensité d’astringence évaluée en analyse sensorielle sur les vins de malbec traités avec les différentes colles est bien corrélée avec la mesure à 230 nm.
Conclusion
La mesure de l’absorbance à 230 nm appa-rait être un indicateur intéressant pour estimer l’astringence des vins rouges. La mesure des absorbances à 230 nm des molécules consti-tuant le vin rouge a montré qu’elle permet de mieux cibler les molécules impliquées dans l’as-tringence. Appliquée à un essai de collage, elle a démontré sa bonne corrélation avec l’analyse sensorielle. Elle pourrait être facilement utilisée en routine lors des tests préalables au collage ou lors des assemblages. Cependant, il est en-core nécessaire de constituer une base de don-nées importante avec des matrices différentes pour évaluer les limites de la DO230.
Cette étude est issue du programme InterBio 2016 financé
par la région Occitanie.
A NE PAS MANQUER !
Matinée technique gestion des effluents viti-vinicoles
Le 14 Novembre 2018 au château de Mons (32).
Au programme : les différents systèmes de gestion des effluents vinicoles, le système WETWINE, une nouvelle solution de traitement, le potentiel fertilisant des boues obtenues et un témoignage pratique d’une structure traitant ses effluents par un système de lit planté.
4èmes Assises des Vins du Sud-Ouest
le 24 Janvier 2019 à Toulouse
L’IFV organise en partenariat avec l’IVSO les 4èmes assises des vins du Sud-ouest. Au programme : les maladies du bois, la limitation des intrants, l’optimisation de la fertilisation et de l’irrigation, normes environnementales et accessibilité aux marchés.
LES FORMATIONS IFV EN OCCITANIE
- Gestion des résidus de produits phytosanitaires dans les vins, le 06 novembre au V’Innopôle Sud-OuestFaire évoluer ses pratiques vers une meilleure gestion de l’utilisation des produits dans le cadre d’un plan d’action développement durable (Voir fiche d’inscription ci-jointe).
- Les micro-organismes naturels de la vigne et du vin, le 06 décembre à MontpellierFaire la part entre les micro-organismes d’intérêt et ceux d’altérations - Mieux comprendre et assurer la stabilité de son vin.
En savoir plus sur www.vignevin.com/ifv-services/nos-formations/
Grégory PasquierIFV Sud-Ouest
Tél.: 05 63 33 62 62 [email protected]
Marie Agnès DucasseIFV Pech Rouge
Contacts
La DO230 fonctionne aussi avec le Merlot
Dans le cadre du projet Pilotype, Les Grands Chais de France ont sélectionné 11 vins rouges issus de merlot (41<IPT<65) servant de bases pour les assemblages. Un jury IFV/INRA (de 15 personnes) a été constitué pour noter ces vins en 3 classes en fonction de l’intensité de l’astringence. Il en est ressorti que la DO230 était très corrélée à l’astringence (R²=0,79) alors que l’IPT ne l’était pas.
Figure 2. Corrélation entre les intensités d’astringence notées sur 10 en analyses sensorielles et les valeurs moyennes de DO230 mesurée sur les différents vins collés de Malbec
4 04
Introduction
Le taux d’alcool des vins peut être modulé par des interventions à tous les stades de la chaine de production. En effet, il peut l’être via le matériel végétal à travers le choix du cé-page, du clone et, ou du porte-greffe. Cette option n’est pas toujours compatible avec les règles de production AOP et ne fournit qu’une réponse à moyen terme compte tenu des délais nécessaires à l’entrée en produc-tion d’une parcelle après plantation et à la sé-lection de nouveaux clones. Une autre option consiste à moduler les relations source-puit afin de réduire l’activité photosynthétique. C’est cette technique qui est testée par l’IFV Sud-Ouest en partenariat avec Plaimont Pro-
ducteurs sur l’appellation Saint Mont.
Le Tannat et Gros Manseng, deux cé-pages à fort potentiel alcoolique
Le Tannat, originaire du vignoble Pyrénéen, est reconnu comme étant l’une des variétés dont les vins sont les plus riches en polyphé-nols au monde. Pour exploiter au mieux ce cépage et acquérir le profil organoleptique désiré, il est nécessaire d’attendre des matu-rités phénoliques tardives. Or cela entraine une forte accumulation de sucres, d’où un taux d’alcool très élevé, souvent supérieur à 15%vol.alc. Comme le Tannat, le Gros Manseng présente une grande capacité d’accumulation de sucres dans les baies, ré-sultant en une importante formation d’éthanol lors de la fermentation alcoolique.
Jouer sur la surface foliaire pour ralentir l’accumulation de sucre
Deux pratiques de gestion du feuillage sont
testées dans l’objectif de réduire de 30% environ la surface foliaire totale :
• L’écimage sévère sur la partie supérieure de la végétation. Il s’agit de supprimer environ 50 cm de végétation : ECI (photo 1)
• L’effeuillage. Il est mis en œuvre dans la partie distale de la végétation où les jeunes feuilles sont fonctionnelles et pos-sèdent une forte activité photosynthé-tique : EFF (photo 2).
Ces deux pratiques sont comparées à un témoin (TEM) mais aussi à une pulvérisation d’antitranspirant (ANTI). Le principe de ce produit est de réduire les pertes hydriques et le stress thermique, en inhibant la capacité photosynthétique et la conductance stoma-tale par la vaporisation de polymère à la sur-face des feuilles. Il s’agit, dans le cadre de cet essai, du di-1-p-menthene (C
20H34), un composé terpénique aussi appelé pinolene.
Ces techniques ont été appliquées deux années consécutives à mi-véraison. Des
prélèvements de 200 baies ont été réalisés
à intervalles réguliers pour établir la cinétique
d’accumulation des sucres dans la baie.
L’accumulation des sucres dans les
baies ralentie
L’écimage et l’effeuillage ont tous deux
permis de ralentir l’accumulation des sucres
dans les baies jusqu’à la récolte. Rapidement
après leur application, un retard d’accumu-
lation de sucre a été observé en comparai-
son au témoin (figure 1). Les deux modalités
présentent un taux de sucre significativement
inférieur au témoin au cours de la maturation
des baies.
A la récolte, l’effeuillage des jeunes feuilles
aboutit aux meilleurs résultats quelques soit
le cépage. Il induit en moyenne des taux de
sucres significativement inférieurs au témoin
de 0,7% vol.alc. Le degré potentiel des té-
moins Gros Manseng et Tannat à la récolte
étant respectivement de 14,35 % vol.alc et
14,20% vol.alc..
Le réchauffement climatique, entraine une hausse de l’accumulation des sucres dans les baies de raisin du-rant la maturation, il en résulte des taux d’éthanol élevés sur vin fini. Dans l’objectif de réduire ce taux, l’IFV Sud-Ouest a testé plusieurs pratiques de gestion du feuillage sur deux cépages du Sud-ouest : Tannat et Gros Manseng.
Réduire le degré alcoolique des vins en modulant la surface foliaire
Photo 1 : Ecimage sevère
QUALITÉ DES VINS
Photo 2 : Effeuillage des jeunes feuilles
a505
L’écimage est presque aussi performant que l’effeuillage et aboutit à une baisse du degré probable de 0,6 % vol.alc.
L’anti-transpirant, en comparaison des autres techniques, ne permet pas de réduire suffisament les niveaux d’alcool dans les vins.
Aucune différence de rendement n’a été observée entre les modalités à la récolte. Le le poids moyen d’une grappe et d’une baie ne sont pas impactés par l’application des techniques de réduction du feuillage à la véraison.
Un léger impact sur l’acidité et les poly-phénols du vin
Parmi les autres variables analysées (acidité totale, pH, acide tartrique, acide malique, azote assimilable, IPT et anthocyanes) cer-taines montrent des écarts significatifs sur vins. Sur le Tannat, l’écimage et l’effeuil-lage induisent une baisse du taux d’IPT et d’anthocyanes (entre 8 et 10%). L’analyse fine des tanins n’a pas mis en évidence de différences entre ces modalités et le témoin (marqueurs de la taille et de la structure des tannins). Sur le Gros Manseng, l’acidité totale est directement impactée par ces techniques avec une augmentation de 0,2 à 0,5 g/L (H2SO4).
Des profils organoleptiques peu modi-fiés
Les vins dégustés par le panel expert de l’IFV Sud-ouest montrent de fortes similitudes entre eux. Aucune différence significative n’a pu pêtre mise en évidence. Les vins de
Tannat et Gros Manseng issus des moda-
lités écimage et effeuillage ne présentent
pas, au nez, de caractères végétaux et en
bouche, de différences d’astringence, d’aci-
dité d’amertume, ou de maturité du fruit par
rapport au témoin.
Conclusion
Le fait de diminuer la surface foliaire de 30% et de moduler le ratio feuilles/fruits, a permis de réduire la photosynthèse de la plante et de ralentir l’accumulation des sucres dans les baies. Les techniques d’écimage sévère et d’effeuillage des jeunes feuilles appliquées à la véraison atteignent les objectifs de ré-duction des sucres (entre 0,6 % et 0,7% vol.alc).
Ces premiers résultats montrent l’intérêt des techniques testées car les profils organolep-tiques des vins ne sont pas affectés. Il ne s’agit pas en effet de retarder globalement la maturité des raisins mais de permetttre l’ob-tention d’une maturité aromatique et phéno-lique proche de l’optimum tout en limitant l’accumulation des sucres.
Etude menée en collaboration avec Plai-
mont Producteurs dans le cadre du projet
VINN’OLD financé par la région Occitanie
par le programme EASYNOV.
Fanny PrezmanIFV pôle Sud-Ouest
V’innopôleTél.: 05 63 33 62 62
Contact
Réduire le degré alcoolique des vins en modulant la surface foliaire
Figure 1. Evolution du degré potentiel au cours de la maturation, les résultats sont exprimés par rapport au témoin (données 2017). Les étoiles indiquent que l’écart par rapport au témoin est significatif
-1,2
-1
-0,8
-0,6
-0,4
-0,2
0
0,2
0,4
0,611-août 21-août 31-août 11-sept 20-sept
Degr
é po
tent
iel
% V
ol
Tannat
ANTI ECI EFF
-1,20
-1,00
-0,80
-0,60
-0,40
-0,20
0,00
0,2011-août 22-août 01-sept 12-sept 25-sept
Degr
é po
tent
iel
% V
ol
Gros Manseng
ANTI ECI EFF
Les levures ont aussi un rôle à jouer
Au chai, plusieurs techniques peuvent être utilisées pour réduire la teneur en éthanol des vins (nanofiltration, désucrage, micro-biologie...). Parmi elles, l’utilisation de levure à faible rendement de conversion des sucres en éthanol. Il existe sur le marché plusieurs levures présentant cette caractéristique : Vi-niflora Merit, Anchor Exotics (Œnobrands), Ionys (Lallemand) Levulia A18. Dans le cadre de cet essai, la levure IONYS, développée par l’INRA de Montpellier a été testée. La levure IONYS (S.cerevisiae) présente la caractéristique de diriger son métabolisme non pas vers la production d’éthanol, mais vers d’autres métabolites, comme le glycé-rol. Cela permettrait d’obtenir une baisse en éthanol de l’ordre de 1% (vol).Une fois vendangés, Tannat et Gros Manseng ont été vinifiés avec cette levure (IONYS) et comparés à une levure témoin
(LA Bayanus pour Tannat et X5 pour Gros
Manseng). Dans le cadre de cet essai, des
microvinifications (1,5 L) ont complété les
données acquises en minivinifications (30L).
Les vinifications (microvinifications et minivi-
nifications) ont permis de confirmer l’effet de
la levure à réduire le degré alcoolique des
vins malgré une fermentation plus lente. Une
différence significative a été observée pour
les deux cépages sur tous les paramètres
analytiques selon la levure utilisée. La levure
IONYS a permis, dans les conditions de cet
essai et indépendamment des modalités
viticoles testées, de diminuer la teneur en
éthanol dans le vin fini de 0,5% vol.alc pour
le Gros Manseng et de 0,6 % vol.alc pour le
Tannat. Autres effets attendus de la levure :
l’augmentation de l’acidité totale (+ 0,6 g/L
H2SO4 pour GM) et une production d’acidité
volatile plus faible que le témoin.
*
*
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** *
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**
* *
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Récolte
Récolte
6 06
Introduction
Le traitement thermique pré-fermentaire du raisin ou thermovinification est une technique qui s’est démocratisée depuis les années 70. Il consiste à chauffer les raisins autour de 70°C pour une durée variant de 30 minutes à 24 heures. Ces raisins sont ensuite pressés et la fermentation alcoolique se déroule généra-lement en phase liquide entre 18 et 25°C.
Ce couple temps/température de chauffe, mis au point historiquement pour pouvoir vinifier des raisins altérés par la pourriture grise ou manquant de maturité, a la particularité de modifier le profil aromatique des vins par rap-port à une vinification traditionnelle. La ther-movinification est pratiquée aujourd’hui pour obtenir des vins rouges colorés, avec des tanins souples et des arômes amyliques.
Ces arômes reconnaissables facilement en dégustation sont parfois pointés du doigt pour le fait qu’ils uniformisent l’arôme des vins et qu’ils ne sont pas le reflet de la qualité d’un cépage et d’un terroir. De précédentes études ont bien démontré que le chauffage à 70°C des raisins entraine une dégradation de cer-taines molécules impliquées dans le caractère fruité variétal des vins (monoterpènes, nori-soprénoïdes, méthoxypyrazines, composés soufrés ...).
Cette étude préliminaire s’est attachée à éva-luer, sur deux millésimes (2014 et 2015) au laboratoire en petit volume (Erlenmeyer d’un litre), l’impact d’une diminution de la tempéra-ture de la thermovinification sur la composition
en arômes variétaux des vins de Carignan (et
de Fer Servadou - voir encadré). Pour conser-
ver l’intérêt de cette pratique sur la diminution
des nuances végétales, une température de
50°C (correspondant au point d’ébullition de
l’IBMP, la molécule responsable de ces notes
aromatiques) a été choisie et comparée à la
température classique de 75°C. Les deux
températures ont été appliquées durant 30
minutes et 3h. Les petits volumes n’ont pas
permis de réaliser d’analyse sensorielle et les
résultats obtenus se concentrent uniquement
sur les caractéristiques analytiques et la com-
position en molécules aromatiques des diffé-
rents vins.
Moins d’extraction à 50°C qu’à 70°C
L’analyse des paramètres œnologiques clas-
siques, démontre qu’en chauffant les raisins
à 50°C, l’extraction de plusieurs constituants
des raisins est moindre qu’à 75°C, ils ne se
retrouvent donc pas en concentration équiva-
lente dans le moût. Les niveaux d’azote assi-
milable sont par exemple inférieurs de 40 à
70 mg/l, les IPT de 10 à 40, et la majorité des
anthocyanes de 200 à 700 mg/l.
La durée de chauffe des raisins à 50°C joue également sur ces paramètres. En effet, plus cette température est appliquée longtemps (3 heures par rapport à 30 minutes) plus les teneurs en azote assimilable des moûts, en anthocyanes et les IPT sont élevés.
Il apparaît ainsi clairement que pour se rappro-cher des niveaux d’azote assimilable et des teneurs en composés phénoliques des moûts thermotraités (75°C pendant 30 minutes) il est possible de réduire la température de chauf-fage en augmentant la durée durant laquelle elle sera appliquée.
Impact de la température et de la durée de chauffe sur la composition aromatique
Parmi les 64 molécules aromatiques analy-sées dans les vins, trente et une sont impac-tées par la différence de température et qua-torze par la durée du chauffage testées dans cet essai. La majorité des composés fermen-taires n’est pas affectées par cette différence. Les raisins chauffés à 50°C étaient pourtant moins riches en azote assimilable que ceux qui l’étaient à 75°C. Leur bas niveaux global en azote assimilable n’a pas généré d’écart
En étudiant les conditions de mise en oeuvre des thermovinifications, l’IFV Sud-ouest a pu démontrer qu’un chauffage des raisins à 50°C préserve d’avantage les molécules aromatiques d’origine variétale qu’une thermo-vinification classique à 75°C.
Le chauffage des raisins à 50°C pour produire des vins rouges aux notes fruitées et variétales
ARÔMES DES VINS
50°C suffisant pour éliminer l’IBMP ?
L’étude menée en parallèle sur le Fer Servadou démontre qu’en chauffant les raisins à 50 ou à 75°C les teneurs en 3-isobutyl-2-méthoxypyrazine (IBMP) sont identiques dans les vins. En 2014, les concentrations de cette molécule ont pourtant été mesuré à des niveaux supérieurs à son seuil de perception (15 ng/l) et aurait pu permettre de mettre en évidence des différences significatives. Ces résultats démontrent qu’un chauffage à 50°C, corres-pondant au point d’ébullition de l’IBMP, suffit à l’éliminer en partie.
a707
significatif dans la formation de ces arômes.
Dans les conditions de l’essai, plusieurs molécules d’origine variétale, c’est-à-dire extraites directement du raisin, sont impac-tées par la différence de chauffe. Parmi elles, deux terpènes aux odeurs florales, le géraniol et le β-citronellol se retrouvent en concentra-tion plus élevée lorsque la température de chauffe est plus faible. Une température de 50°C permettrait donc de mieux conserver les notes florales dans les vins.
La β-damascenone, un composé de la famille des dérivés C13 norisoprénoïdes, dont la concentration varie de 1 à 7 µg/l dans les vins étudiés (seuil de perception 4-7 µg/l), voit sa concentration divisée par deux lorsque les raisins sont chauffés à 75°C par rapport à 50°C (Figure 1). Cette molécule, dont l’odeur rappelle la compote de pommes, joue le rôle d’exhausteur des arômes fruités dans les
vins rouges. Abaisser à 50°C la température
de chauffe permet de favoriser cette molé-
cule et d’espérer une intensité aromatique
des vins plus importante. Cela est d’autant
plus vrai que le temps de chauffage est court
puisqu’en maintenant à 50°C pendant 30
minutes les vins contiennent environ un tiers
de plus en β-damascenone par rapport à un
chauffage plus long.
Une autre molécule d’origine variétale impac-
tée par cette différence de température est la
4-mercapto-4-methyl-2-pentanone (4MMP).
Cette molécule fait partie de la famille des
thiols variétaux. L’IFV Sud-Ouest a récem-
ment mis en évidence son rôle dans l’arôme
de cassis des vins rouge de Fer Servadou. La
4MMP a un comportement inverse à celui de
la β-damascenone. En effet, sa concentration
est d’autant plus importante que la tempé-
rature de chauffage des raisins est élevée.
Chauffer les raisins à 50°C ne permet donc pas de favoriser autant la présence de cette molécule dans les vins qu’un chauffage à 75°C et, d’après cette étude, cette différence ne peut pas être compensée par une aug-mentation de la durée de chauffage. Enfin, les différences de concentrations observées sur les autres thiols (3MH et A3MH) impliqués dans les notes fruités des vins rouges sont plus aléatoires et paraissent liées à la fois au millésime et au couple temps/température et ne permettent pas de conclure assurément.
Conclusion
Il existe une véritable différence dans la com-position des vins issus de raisins chauffés à 50°C et à 75°C. En plus des molécules d’origine variétale (génraniol, β-citronellol, β-damascenone, 4MMP), des composés de la famille des composés carbonylés, des phénols, des dérivés de la vanilline, des lactones…, se retrouvent en concentration différentes dans les vins issus des deux mé-thodes de chauffage. Le profil aromatique de ces vins doit être différent. Il est important de pouvoir confirmer cette hypothèse par la réa-lisation d’analyses sensorielles qui permet-tront de conclure avec certitude sur l’impact de cette technique.
Cette étude a été réalisée avec le soutien financier de la
Communauté de Travail des Pyrénées (CTP) et a reçu un
financement de la Région Midi-Pyrénées et du Gobierno
de Aragón.
Figure 1. Concentration en β-damascenone dans les vins selon la température et la durée de chauffe
Carole FeilhesIFV pôle Sud-Ouest
V’innopôleTél.: 05 63 33 62 62
Olivier GeffroyEcole d’ingénieurs de Purpan
Contacts
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50°C 75°C 50°C 75°C
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g/l)
30' 3h
Début septembre, V’Innopôle Sud-ouest a été officiellement labellisé DIGIFERME®. Seul centre viticole a disposer de ce label national avec la structure du CIVC (Cham-pagne), V’Innopôle est désormais identifié comme « Ferme du futur ».La démarche se situe dans la logique des « farm labs », ouverts et collaboratifs pour:• la mise en œuvre du « pilotage numé-
rique » de la production, en combinant les outils et techniques existants ;
• la mise au point d’outils du numérique directement opérationnels dans les exploitations
• le test d’outils et de prototypes propo-sés par des entreprises extérieures ;
• la pépinière d’idées, offrant aux acteurs de l’innovation numérique un « terrain de jeu » ouvert, collaboratif et pertinent pour affiner leurs concepts.
Cette reconnaissance permettra d’accélérer les partenariats avec les firmes innovantes, de la filière ou souhaitant s’intéresser à ce marché.Les travaux engagés au V’Innopôle Sud-ouest dans ce secteur de la haute techno-logie vont s’intensifier autour de trois grands axes : Le pilotage agronomique à l’échelle inter-parcellaire et intra-parcellaire basé sur l’utili-sation de capteurs fixes, piétons et embar-
qués pour piloter la fertilisation annuelle organique, l’irrigation estivale et printanière et la ferti-irrigation durant le cycle végétatif.Le pilotage sanitaire avec de nouveaux mo-dèles de prévision complémentés de cap-teurs pour le suivi des risques en temps réel.Le pilotage de la récolte par la modélisation des rendements et du potentiel qualitatif des raisins grâce à la mise en synergie de dif-férents capteurs et de nouvelles méthodes d’analyses du raisin pour aboutir à une ven-dange sélective intra-parcellaire. La digitalisation du V’Innopole Sud-ouest, débutée depuis quelques années va ainsi se poursuivre au gré des innovations et de partenariats forts avec les entreprises.
Le V’Innopôle Sud-ouest labélisé plate-forme DIGI FERME ® !ACTU
La Grappe d’Autan Bulletin trimestriel du V’innopôle Sud-Ouest, structure de coordination des actions de R&D des vignobles du Sud-Ouest - V’innopôle - BP 22 - 81310 Lisle/Tarn - Tél. 05 63 33 62 62 - Fax 05 63 33 62 60
Directeur de la publication : Nicolas Rech Rédacteur en chef : Eric Serrano Secrétaire : Liliane Fonvieille Comité de rédaction : Brigitte Mille, François Davaux, Flora Dias, Thierry Dufourcq, Christophe Gaviglio, Laure Gontier, Philippe Saccharin, Olivier Yobrégat, Carole Feilhès, Audrey Petit, Dorian Carcenac, Grégory Pasquier et Fanny Prezman.
Crédits photo IFV Sud-Ouest sauf mention contraire. Ce bulletin ne peut être multiplié que dans son intégralité.www.vignevin-sudouest.com
Laure PedoussautInterprofession des Vins
du Sud-Ouest 05 61 73 87 06
Contact
Le 18 mai 2017, l’IVSO, avec le CIVL, ont signé une convention de partenariat avec l’INRA et l’IFV. L’objet est d’assurer en Occi-tanie un plan de déploiement cohérent des cépages résistants issus de la création fran-çaise et de permettre une observation fine du comportement de ces cépages.
Suite à l’enquête réalisée par l’Interprofes-
sion, et après accord du comité de pilotage présidé par l’INRA, 32 parcelles allant de 100 à 6000 pieds ont été mises en place en 2018 par 12 exploitations du bassin Sud-ouest. Elles sont situées dans le Gers, le Tarn, le Tarn et Garonne, le Lot et Garonne et le Lot.
Une majorité de variétés INRA polygéniques Resdur 1 a été plantée (tableau 1).En partenariat avec l’INRA et l’IFV, il s’agira à présent de participer à l’observatoire OsCar pour accompagner ce déploiement de varié-tés résistantes (françaises et étrangères), surveiller l’évolution des pathogènes et diffu-ser des références au bénéfice de tous.
Pour 2019, l’IVSO doit centraliser vos nouveaux souhaits. Cette démarche ne concerne que les variétés monogéniques INRA dites « Bouquet ». Ces variétés sont maintenues dans le statut du classement temporaire jusqu’à ce que l’INRA dispose de suffisamment d’observations et de réfé-rences pour décider d’un déploiement plus large. Si le classement définitif n’est pas demandé, les viticulteurs ayant implanté ces cépages devront les arracher ou les surgref-
fer à échéance de 15 ans maximum. Les plantations ne peuvent prétendre à la prime de restructuration. En revanche, comme en 2018, la Région Occitanie devrait soutenir les plantations à hauteur de 6000 à 8000 € par hectare. Le prix du plant est fixé à 2.10 €
Les variétés Bouquet disponibles en 2019 (greffés soudés traditionnels) sont les sui-
vantes (dans la limite des stocks) :Si vous souhaitez planter une ou plusieurs de ces variétés, merci de contacter Laure Pedoussaut à l’IVSO (coordonnées ci-des-sous).
En ce qui concerne les 4 variétés INRA RES-DUR polygéniques classées définitivement et primables, Floréal, Voltis, Artaban et Vidoc, les demandes de plants doivent être formu-lées auprès de : l’IFV – Pole Matériel Végétal - Pascal BLOY : [email protected] 04.66.51.17.52 - 06.78.78.03.35
Plan de déploiement des variétés résistantes sur le bassin Sud-ouest
Variété Total hec-
tares
Variétés INRA Resdur 1Floreal 3,29
Voltis 0,66
Artaban 2,68
Vidoc 2,98
Variétés INRA dites Bouquet3159-2-12 B (Chasan) 0,41
3160-11-3 N (Fer Servadou) 0,03
3176-21-11 N (Grenache) 0,03
3184-1-9 N (G14 Alph L) 0,35
3196-57 B (G9 Italia) 0,03
3197-81 B (G5- Musc H) 0,03
Variété Porte-greffe3184-1-9 N (G14 Alph L) SO4
3197-81 B (G5- Musc H) SO4
L’IVSO vient de lancer avec l’IFV et le sou-tien financier de l’ADEME, une étude de recensement de la biomasse vitivinicole sur le bassin. Cet atlas recensera les ressources potentielles issues de la vigne (sarments, charpente), des pépinières et des chais (marc de raisin et lies de vin) ainsi que les installations existantes de valorisation de biomasse (avec création d’un répertoire de contacts). Les livrables sont attendus pour la fin de l’année 2018.Parallèlement, dans le cadre du projet euro-
péen uP-running, rassemblant de nombreux acteurs de sept pays pour développer l’uti-lisation des bioénergies issues des bois de taille et d’arrachage d’origine agricole, l’IVSO a collaboré avec Services COOP de France. Quatre domaines du Sud-ouest ont mis à disposition des parcelles représentatives pour réaliser des pesées de biomasse, en période de taille des vignes. Les fiches de caractérisation et résultats de chaque par-celle sont disponibles sur le site www.up-running-observatory.eu pour permettre aux
entreprises en quête de données chiffrées, de s’y identifier.Les résultats de nos mesures montrent une variabilité des poids de bois (50% d’humi-dité) sur le territoire allant de 1.9T/ha à 2.7 T/ha.
Le gisement de biomasse de notre territoire
L’INTERPROFESSION COMMUNIQUE
Tableau 1 : Variétés résistantes plantées dans le bassin Sud-ouest