La gestion de la volatilité
Quels outils pour gérer ce risque dans les exploitations laitière ?
DG Agri – Commission Européenne
20 octobre 2016, Bruxelles
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Panorama des instruments de gestions des risques en agriculture
La volatilité des prix, phénomène multifactoriel, fortement aléatoire, qui amène les agents économiques à une situation de risque
L’objectif de la gestion du risque consiste à « modifier le niveau d’exposition au risque de l’entreprise afin de le porter à un niveau acceptable »
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Carte des risques spécifiques en agriculture
LA GESTION DES RISQUES EN AGRICULTURE
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Carte des instruments de gestion du risque
• Instruments spécifiques aux types de risques
• Instruments sont complémentaires
• Efficacité : coordination public/privé
Carte des risques spécifiques en agriculture
LA GESTION DES RISQUES EN AGRICULTURE
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Trois approches de gestion de la volatilité
• Les marchés à terme • Le contrat à marge sécurisée • L’Instrument de Stabilité sur Revenu (IST)
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Pourquoi les Marchés A Terme dans l’industrie laitière ?
QUELLE UTILISATION DES MAT ?
Couvrir les ventes de produits commodités (Poudre 0 et Beurre)
Utiliser les marchés à terme pour couvrir les ventes sur des produits
physiques proches ou « premium »
Ex. utiliser un contrat MAT sur du Beurre pour couvrir une opération sur de
la MGLA (Matière Grasse Laitière Anhydre) ou un contrat MAT sur de la
poudre 0% pour couvrir une opération sur de la poudre 26%
Utiliser les marchés à terme comme support aux contrats à prime
La clef du fonctionnement des marchés à terme
Engagement du physique (sans risque de prix) et sécurisation d’un niveau
de marge différenciés
Chaque opérateur a protégé sa marge de façon indépendante sur les MAT
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Pour les produits laitiers, deux marchés principaux en Europe
QUELLE UTILISATION DES MAT ?
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Une activité croissante sur le marché EEX
QUELLE UTILISATION DES MAT ?
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Prise de positions directe sur les marchés par les producteurs laitiers possible mais risquée
Position de hedgers imparfaite car ne possèdent pas le produit côté sur les MAT
Présence d’appels de marge (besoin important de trésorerie)
La nécessaire réflexion autour de contrats forward indexés sur les marchés à terme
Utilisés par les coopératives laitières américaines et céréalières
La coopérative se positionne sur les marchés (beurre, poudre ou lactosérum) sur 6 mois (en général)
1. La coopérative peut ainsi reconstituer un prix du lait cru en fonction de ses différentes positions (contrats à différentes échéances)
2. La connaissance de son prix espéré lui permet de proposer à ses sociétaires des contrats court-terme avec un prix fixe sur une partir de leur production
QUELLE UTILISATION DES MAT ?
Quelle utilisation pour les éleveurs ?
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Trois approches de gestion de la volatilité
• Les marchés à terme • Le contrat à marge sécurisée Une forme de contrat structuré/OTC SODIAAL comme extension des marchés financiers
• L’Instrument de Stabilité sur Revenu (IST)
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Une forme de contrat physique (OTC), qui fixe une mécanique de prix à travers une chaine horizontale
Prix fixe Prix indexé Prix tunnelisé Marge sécurisée …
CLIENT COOPERATIVE PRODUCTEUR
Sécurisation d’un volume avec une
mécanique de prix
1 2
Offre de retranscription aux
sociétaires de la couverture sous forme de contrat
LE CONTRAT A MARGE SECURISEE
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Année N Années N+1, N+2, N+3
Consommations
intermédiaires
année N-1
Niveau de marge
Evolution du prix de
base à partir de
4 critères Pri
x d
e b
ase
LE CONTRAT A MARGE SECURISEE
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Le fonctionnement du contrat, à partir de 4 critères :
1. Prise en compte de la qualité du lait (ajustement mensuel)
Ajustement à partir des normes de référence contractuelle sur la base 38/32 et des
critères interprofessionnels sur la qualité
2. Ajustement en fonction des coûts de production (ajustement mensuel)
Connexion du prix de base à l’évolution de l’indice « Biens et services de
consommations intermédiaires » (71 % de l’IPAMPA) publié par l’Institut de l’élevage
3. Ajustement en fonction de l’inflation nationale (ajustement annuel)
Prise en compte de l’évolution des prix à la consommation de l’année N sur le prix de base de l’année (N+1)
4. Mécanisme d’ajustement des marchés (ajustement mensuel)
Permet de rattraper une partie de l’écart constaté avec le marché en dehors d’un tunnel Prix de Base – 10 % // Prix de base + 10 %
LE CONTRAT A MARGE SECURISEE
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Simulation sur la période 2013 - 2015
Calcul du prix de base (2012)
Biens et services de consommations intermédiaires : 259,58 €/1000L
Niveau de marge : 45 €/1000L
Prix de base du contrat : 304,58 €/1000L
304,05 €/1000L
306,29 €/1000L €200,00
€250,00
€300,00
€350,00
€400,00
jan
v.-1
3
mar
s-1
3
mai
-13
juil.
-13
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3
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3
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4
mar
s-1
4
mai
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juil.
-14
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4
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4
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v.-1
5
mar
s-1
5
mai
-15
juil.
-15
sep
t.-1
5
no
v.-1
5
Evolution des prix sur la période 2013 - 2015
Prix B Prix de contrat
prix du lait sous contrat
prix B
2013 325,90 € 354,74 €
2014 315,36 € 338,64 €
2015 270,90 € 225,49 €
Moyenne 304,05 € 306,29 €
LE CONTRAT A MARGE SECURISEE
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Trois approches de gestion de la volatilité
• Les marchés à terme • Le contrat à marge sécurisée • L’Instrument de Stabilité sur Revenu (IST) Comme complément des contrats financiers et/ou OTC
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Risque de marge à la limite du domaine de l’assurance
– Marge = fonction de prix (inputs & outputs) donc risque systémique (non assurable)
– Absence de faits générateurs directs (du type grêle, inondation,… comme pour l’assurance récolte)
Domaine de l’assurance Domaine du fonds mutuel
Mutualisation des risques indépendants
Amortisseur des conséquences liées aux risques systémiques
Garantit une indemnisation en rapport avec la valeur de la perte
Compensation en fonction des disponibilités (réserves, voire
emprunts)
Solvabilité fonds propres Réassurance
Fonds capés Pas de réassurance (sauf publique)
RÉFLEXION AUTOUR D’UN IST LAIT
Fonds mutuel plutôt qu’assurance
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Mesure 17 du programme de développement rural du règlement (EU) No 1305/2013 (Pilier II)
Articles 36 à 39
Art. 36: généralités
Art. 37 : aide aux assurances pour risque de production
(utilisation des MS pour 2014-2020 = 78 % de la mesure 17)
Art. 38 : aide aux fonds mutuels pour risque de production (18 %)
Art. 39 : aide aux fonds mutuels pour perte de marge (4 %)
Outils basés sur un co-financement entre budget européen et Etats Membres qui activent ces articles
(Budget FEADER pour mesure 17 = 2 %)
RÉFLEXION AUTOUR D’UN IST LAIT
La boîte à outils de la PAC 2014 - 2020
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RÉFLEXION AUTOUR D’UN IST LAIT
Les perspectives d’un IST dans la filière lait
Problématique revenu comptable
Problème de délai entre évènement et compensation
Problèmes techniques comptables – uniformité ?
Coût expertise
Risque aléa moral
Choix d’un « revenu indiciel » - Indices publics, reconnus, non manipulables
Quel revenu indiciel ? Quelle marge ?
• Marge A = « prix du lait moins coût alimentaire » • Marge B = « prix du lait moins consommations intermédiaires IPAMPA » • Marge C = « total produits moins charges indicées » • Marge D = « valorisation beurre-poudre moins coût alimentaire » • Marge E= « valorisation beurre-poudre moins consommations
intermédiaires »
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RÉFLEXION AUTOUR D’UN IST LAIT
Simulations d’un IST lait à partir de la marge « Prix du lait moins
consommations intermédiaires IPAMPA »
€20,00
€40,00
€60,00
€80,00
€100,00
€120,00
€140,00
€160,00
jan
v.-0
9
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-09
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-09
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.-0
9
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avr.
-10
juil.
-10
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.-1
0
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1
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2
avr.
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-12
oct
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2
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juil.
-13
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3
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juil.
-14
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.-1
4
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oct
-15
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16
juil-
16
Mar
ge (
€/1
00
0L)
Illustration d'impact de l'IST lait sur données historiques
IST 30% IST 20%
Abondement public 5,61 €/1000L 9,22 €/1000L
dont UE 4,21 €/1000L 6,91 €/1000L
dont MS 1,40 €/1000L 2,30 €/1000L
Cotisation producteur 2,62 €/1000L 4,30 €/1000L
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RÉFLEXION AUTOUR D’UN IST LAIT
Simulations d’un IST lait à partir de la marge « Prix du lait moins
consommations intermédiaires IPAMPA »
€20,00
€40,00
€60,00
€80,00
€100,00
€120,00
€140,00
€160,00
jan
v.-0
9
avr.
-09
juil.
-09
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9
jan
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-10
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0
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-11
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juil.
-12
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avr.
-13
juil.
-13
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3
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avr.
-14
juil.
-14
oct
.-1
4
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oct
-15
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v-1
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avr-
16
juil-
16
Mar
ge (
€/1
00
0L)
Illustration d'impact de l'IST lait sur données historiques
Calcul de marge sans IST avec IST (seuil 30%) avec IST (seuil 20%)
Moyenne de marge 99,9 105,7 109,4
Ecart type de marge 27,9 23,9 21
Coefficient de variation 0,28 0,23 0,19
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Recommandations -
Les pistes d’amélioration pour plus de coordination
RECOMMANDATIONS
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Concernant les instruments de gestion des risques privés
Constat 1
Les initiatives de création de contrats physique structurés (OTC) se multiplient (contrat prix indexé par Glanbia en Irlande, contrat prix fixe par Carbery Grande Bretagne, contrat prix fixe en Allemagne,, …).
Recommandation 1
Soutenir et encourager les acteurs des différentes filières à élaborer des instruments privés des gestion des risques. Consolider, au sein d’une base de données Communautaire, les différentes initiatives afin d’alimenter la réflexion (courbe d’expérience).
Constat 2
Les marchés à terme sont un outil pertinent dans la gestion des risques car ils permettent de fournir des indicateurs et des signaux de marché pertinents aux filières.
Recommandation 2
Soutenir et inciter le lancement et le fonctionnement d’un marché à terme sur les produits laitiers.
RECOMMANDATIONS
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Concernant une meilleure coordination entre les instruments publics et privés
Constat 3
Dans la typologie de la gestion des risques, la spécificité d’un instrument par rapport à un risque est un élément fondamental : Il n’existe pas une réponse à l’ensemble des aléas auxquels sont confrontées les filières agricoles.
Recommandation 3
Valider avec les filières les indicateurs pertinents et robustes susceptibles de servir de base commune à la construction d’instruments publics et privés.
Constat 4
L’ Article 39 de la Mesure 17 du Règlement 1305/2013 de la dernière réforme 2014-2020 a introduit pour la première fois la possibilité pour les filières agricoles de mettre en place des IST dont le fonctionnement peut bénéficier d’un co-financement européen.
Recommandation 4
Encourager la mise en place d’IST sectoriels au sein des filières dont la construction devrait se baser sur une approche indicielle (ex-ante) plutôt que comptable.
RECOMMANDATIONS
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Concernant la gestion des risques extrêmes
Constat 5
La typologie des crises en Agriculture peut, dans une approche simple, être différenciée suivant sa forme : forme en « V » (crise en marché) ou en « U » (crise avec composante institutionnelle).
Recommandation 5
Aborder la notion « réassurance publique » afin d’apporter une réponse aux crises longues. Etudier les pistes d’utilisation de la réserve agricole du 1er pilier, de la mise en place d’un budget pluriannuel flexible et/ou de transfert possible entre le 1er et le 2nd pilier.
Constat 6
Le premier niveau de gestion des risques au sein des exploitations agricoles est construit sur les niveaux de résultat et de fonds propres en considérant que le revenu des « bonnes » années puisse bénéficier d’un système d’imposition adéquat de lissage et d’épargne de précaution.
Recommandation 6
Soutenir la création de mécanisme d'épargne de précaution. Reconnaitre l’aide budgétaire nationale consacrée à la défiscalisation de l’épargne de précaution des agriculteurs comme un co-financement de l’aide européenne.
Merci de votre attention
DG Agri – Commission Européenne
20 octobre 2016, Bruxelles