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Vie des arts
Lectures
Volume 36, numéro 144, septembre–automne 1991
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Éditeur(s)
La Société La Vie des Arts
ISSN
0042-5435 (imprimé)1923-3183 (numérique)
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(1991). Compte rendu de [Lectures]. Vie des arts, 36 (144), 72–77.
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L'OEIL DE LA CRITIQUE Marie Carani, L'oeil de la
critique. Éd. du Septentrion en collaboration ave le CELAT, Québec, 1990, 282 pages, 33 ill. en noir et blanc.
Dans l'oeil de la critique se cache en fait Rodolphe de Repentigny dont la signataire de la préface, Fernande Saint-Martin, nous dit, à juste titre: «qu'on sait peu de choses sur la critique des années cinquante au Québec.»
Cet ouvrage pour lequel l'auteure, Marie Carani, a fouillé tous les recoins d'archives -journaux, revues, catalogues, manifestes, études de toutes sortes, entrevues radiophoni-
ques - sans oubher les pseudonymes, se veut ainsi une entreprise de réparation. Mais ce n'est pas que cela! En utihsant une langue simple et en structurant les chapitres selon un ordre quasi chronologique, eUe recrée tout le contexte social et culturel entourant les Automatistes et les Plasticiens (enfin réunis).
L'intérêt de cet essai réside dans le principe que ce genre de travail de collections et de déchiffrage doit s'adresser à divers lecteurs. On y apprend que Jauran, peintre-photographe, définissait la création comme une action où se rencontrent à la fois l'intuition et la rigueur. On y discute les influences prolixes du critique qui vont de Bergson à l'existentiaUsme de Sartre. On y montre enfin la différence fondamentale entre Greenberg et de Repentigny au niveau de leur perception du plan pictural.
A l'heure où la critique est confrontée aux lois du marché, on doit tout simplement reUre celui qui revendiquait, il y a plus de trente ans: «Ne pas exprimer publiquement de réserves sur certains peintres, cela revient à demander que la critique ne soit que promotion, propagande». Jean Tourangeau
RENE RICHARD PAR LUI-MÊME Montréal Éd. Art Global, Col
lection Le Canada et ses trésor, 1990, 153 pages, 35 illustrations couleurs, dont 31 collées indivi-dueUement.
Kl \ l RICHARD
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«Je ne suis pas un écrivain et je sais que jamais je ne le deviendrai.» (René Richard)
Voici un beau livre, qu'il est agréable de toucher, de palper et de regarder. Et même, assez souvent, de Ure. Papier fait main, reproductions couleurs collées individueUement, format original (15 x 27cm), tout concourt à faire de ce volume une oeuvre agréable à consulter. Cyril
Simard et ses collaborateurs, dont la Fondation René-Richard, ont réaUse un travail admirable pour faire du manuscrit rédigé par René Richard à partir de I960, un véritable livre d'art. Aucun effort n'a été épargné, et le résultat le démontre de façon exemplaire. Le seul problème est le manuscrit lui-même: malgré tout le travail accomph par le conseiUer littéraire Yves Dubé, le manuscrit de René Richard demeure un texte malhabile, difficile à Ure parce qu'il saute des étapes, fait surgir des personnages qui ne nous ont jamais été présentés, et ne contient presque pas de repères chronologiques.
Le plus grand mérite de ce Uvre est sans doute de nous faire plonger tête première dans la vie de trappeur vécue par René Richard, de 1911 à 1920, puis de 1931 à 1936: «Il ne faudrait pas croire pour autant que la vie de colon était facile. Chacun avait ses problèmes à résoudre, et surtout celui d'arracher sa subsistance à la terre tant bien que mal. Et si le pain venait à manquer sur la table, il était toujours possible en marchant de cent à cent cinquante miUes vers le Sud de trouver du travail à un doUar par jour.» On ne peut que s'étonner de constater qu'un
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peintre aussi célèbre que René Richard ait passé les années les plus importantes de sa jeunesse comme coureur de bois dans la solitude ardue des régions du Nord de l'Alberta et de Fort Mc-Murray. Bien sûr, toute oeuvre de René Richard célèbre cette vie difficile, au contact des autochtones, mais on reste surpris qu'un tel peintre ait été plus qu'un témoin de cette vie: il l'a vécue, jour après jour. Quel contraste aussi lorsque le peintre se retrouve à Paris, où il rencontre Clarence Gagnon, qui deviendra pour lui un maître irremplaçable: «Comme la vie dans les bois m'avait entraîné à la solitude, au silence, j'avais appris de bonne heure dans la vie à ne compter que sur moi, à supporter la faim, le froid et à me contenter de peu pour vivre. Et voilà que, soudainement, je me trouve dans un endroit où je n'ai qu'à dire ce que je veux et on me le sert tout de suite, sans avoir à brasser la neige pour dresser ma tente ou aller tendre un filet si je veux manger.»
Un livre, donc, qui permet de mieux comprendre l'itinéraire original de ce grand artiste né en Suisse, en 1895, et mort à Baie-Saint-Paul, le 20 mars 1982. Peintre par exceUence du Nord canadien, il en restera marqué jusque dans ses derniers tableaux.
Non, décidément, René Richard n'était pas écrivain et son manuscrit s'en ressent d'un bout à l'autre, mais c'était un grand peintre et c'est ce qui rend, malgré tout, ce Uvre très intéressant. André Dupras
BEAUX ET PRATIQUES Collection L'UNIVERS DE L'ART,
Éd. Thames & Hudson, Londres/Paris. Plusieurs volumes de format 21 x 15 cm, chacun environ 250 p., 150 reproductions nA> et 50 en couleurs.
D'après les renseignements obtenus, la coUection L'Univers de l'Art, des Editions Thames & Hudson, est pubhée partout à travers le monde, en quatorze langues, à plus de vingt miUions d'exemplaires. Voilà un chiffre énorme, surtout pour une collection de hvres d'art, et l'on ne peut que s'en réjouir. Devant une audience aussi nombreuse, ces livres ont la responsabihté de véhiculer des connaissances et des documents de premier ordre, et on a le devoir de se demander si tel est le cas.
J'ai pu en examiner huit récents, traduits. Traduction en français international, aisément compréhensible, avec des passages pouvant paraître un peu monotones, mais il ne s'agit pas ici de romans poUciers! (Notons que dans certains de ces Uvres, la dimension des caractères d'imprimerie gagnerait à être un peu plus grande.)
L'illustration apparaît dans tous les volumes très soignée et précise, aussi bien en couleurs qu'en noir et blanc. La coUection atteint là, compte tenu de son format, un niveau de quaUté très élevé, plus haut que bien des livres plus coûteux ; cela mérite d'être souligné, car la reproduction réussie des oeuvres dont parle le texte est la qualité fondamentale d'un livre d'art digne de ce nom.
Au surplus, les renseignements d'usage concernant cha
que oeuvre figurent à côté de chaque reproduction, et une Uste les complète en fin de volume. Également, chaque livre offre une bibUographie et un index des noms propres. En marge du texte, les numéros renvoient aux iUustrations, lesqueUes se trouvent habitueUement dans la page même ou tout près, ce qui permet une lecture visionnée plus agréable.
Quant au texte lui-même, écrit par un spéciahste reconnu, souvent un professeur d'université, il se veut à la fois synthétique et scientifique, présentant clairement son sujet et évitant toute verbosité abstruse.
La coUection présente deux principaux types d'ouvrages :
— L'un traite de l'art d'une époque ou d'un peuple. Par exemple : L'Art déco, par Alastair Duncan; L'Art Egyptien, par Cyril Aldred; L'Art Grec, par John Boardman. Notons enfin, L'Art Japonais, par Joan Stanley-Baker.
Ce dernier livre «couvre» l'art du Japon depuis le XIe siècle avant J.C. jusqu'à nos jours. L'auteur nous apprend que les Japonais ont emprunté partout pour édifier leur art, aUant de l'imitation directe du monde extérieur - ce qui donna les oeuvres les plus discutables -jusqu'à la tendance «...introspective et insulaire, qui a donné naissance à des formes et à des expériences artistiques typiquement nipponnes, où se révèlent le mieux l'originaUté et le génie japonais.» Voir les époques Jomon, Heian, Momo-yama et Edo.
Si l'art chinois dont il est issu montre plus de perfection, l'art japonais pour sa part «vise souvent à exprimer les nuances de l'émotion, et ses oeuvres sont si chargées de tension qu'altérer la position de la moindre des parties entraînerait un changement radical de l'ensemble.»
L'auteur appuie sa thèse de plusieurs exemples.
— L'autre type d'ouvrages s'attache plutôt à un seul artiste, habituellement un peintre. Ainsi: Van Gogh, par Melissa McQuillan ; Seurat, par John Russell; et, plus récemment ( 1990), Egon Schiele, par Frank Whitford.
Vingt-huit ans... c'est peu pour laisser une trace person-neUe et profonde dans le monde. Schiele fait partie de ce club très sélect. Expressionniste allemand ayant connu miUe affres, il peint la mort, le sexe, la soUtude et, au-delà de ces thèmes, l'inquiétude, la grande inquiétude propre à l'homme, et aggravée alors par la guerre 14-18 et l'épidémie de grippe espagnole qui tuera le peintre lui-même ainsi que sa femme enceinte de leur premier enfant.
Art d'obsession? Peut-être. Mais Schiele peint et dessine avec une personnalité si étonnante et une émanation si prégnante que son art, l'auteur nous le montre avec perspicacité, nous hante par la force d'adéquation qui existe entre ses thèmes et ses qualités purement picturales.
En résumé, cette coUection vaut... son pesant d'art!
Stephen Grenier
VIE DES ARTS N 144 7 3
UN OUVRAGE ATTENDU Scott WATSON, Jack Shadbolt,
Vancouver, Douglas & Mclntyre, éd., 1990, 243 pages.
Selon Scott Watson, l'auteur de cette première étude critique de l'oeuvre de Jack Shadbolt, l'art autochtone avec son langage symbolique, mythique et métaphorique hautement raffiné, fut pour les artistes de la Côte ouest, «un moyen de se libérer du paradigme européen, en incorporant à leur art l'imagerie autochtone». Pour Jack Shadbolt, échapper à la tradition européenne signifiait, entre autres, de tout connaître, autant sur l'art autochtone que sur cette tradition.
L'Ouest du Canada était, à l'époque où Jack Shadbolt se mit à peindre, une société crue, ayant peu de loisirs pour l'art. Quand, en 1930, il visita Emily Carr à Victoria, sa viUe natale, en compagnie de son camarade le peintre Max Maynard, qu'il vit ces puissants tableaux totémiques tirés des profondeurs des forêts, cela ne dût que confirmer sa volonté d'éviter la solitude provinciale telle qu'expérimentée par cette dernière. En 1932, jeune idéaliste gauchiste, il visita la Foire internationale de Chicago, sa première «vrai initiation à l'art», et fut bouleversé par la murale Hoosier de Thomas Hart Benton, avec sa description réaliste en d'imposantes formes dimensionnelles d'ouvriers ordinaires. Il étudia à l'École Euston Road de Londres, en 1937, où il fit la rencontre de T.S. Elliott, puis avec le peintre cubiste André Lhote, à Paris. Un emploi de guerre à Londres l'incita plus tard à peindre une série d'aquareUes représentant des chiens grondant hargneusement parme les ruines des bombardements, oeuvres dont le réalisme allégorique exagéré rappeUe le Guernica de Picasso.
Généreusement illustré, ce livre retrace admirablement la carrière de l'un des artistes les plus en vue au Canada, en u-tilisant autant le matériel provenant des archives mêmes de l'artistes que de nombreuses reproductions inédites de dessins, de murales et de peintures. Comme nous parcourons l'étonnant éventail d'influences stylistiques utilisé par Shadbolt pendant plus de soixante ans: surréalisme, pop art, expressionnisme abstrait, art asiatique, peinture hard edge, et art autochtone, son incessante expérimentation de formes nouveUes témoigne autant d'une énergie créatrice insatiable que d'une vaine tentative de synthétiser le langage du modernisme formahste avec ce qu'il a un jour appelé «l'acte d'art» holistique.
Ce n'est qu'après 1971 qu'une ultime percée semble prendre place. Les ambiguïtés nébuleuses de son expérimentation visuelle avec l'abstraction lyrique commencent à s'imprégner d'une claire résonance stylistique, d'un équiUbre entre la forme et la couleur. C'est peut-être qu'au lieu de chercher à poser des questions sur la dialectique formaliste de l'art moderne en faisant référence à ses diverses manifestations stylistiques, Jack Shadbolt a aujourd'hui choisi de communiquer des émotions universeUes grâce à l'association libre, avec un sens ludique réjouissant, d'une implication libérée.
John K. Grande
Traduction : Monique Crépault
BEAUTE DU VÊTIR James LAVER, Histoire de la
Mode et du Costume, Paris, Éd. Thames & Hudson, 1990,288 pages. Ul. en couleurs et en n/b. Bibliographie, index général.
Tout le monde sait qu'Adam et Eve étaient nus dans le Paradis. On se souvient aussi qu'un jour ils durent s'habiUer. On se rappeUe moins souvent qu'ils durent ensuite se dévêtir puis... se rhabiUer. Souvent!
Cette Histoire de la Mode et du Costume vient à point nous remémorer ce petit fait qui devint très vite, et très tôt, l'un des plus importants pour l'humanité et sa survie.
Car les premiers hommes du temps des cavernes vivaient près des glaciers : se protéger du froid était vital. Et déjà le génie humain fit ses preuves en inventant le tannage, puis l'aiguille, en découvrant les fibres animales et végétales ainsi que les divers procédés (feutrage, tissage...) pour leur utilisation dans la confection de vêtements adéquats.
Il alla plus loin: tant qu'à devoir s'habiUer et se rhabiUer, aussi bien le faire en beauté. Se vêtir devint un art de la forme et des couleurs, art voué à la pérennité tant que l'homme et la femme auront un corps à couvrir... et découvrir.
Ce hvre, avec ses nombreuses reproductions de tableaux et de sculptures ainsi que ses photos bien choisies, se présente comme un magnifique album d'art, et par surcroît se Ut comme un roman. Avec d'autant plus d'in
térêt que ce «roman» est vrai, et
que sa trame est... la nôtre.
Stephen Grenier
DAVID, PEINTRE DE VISION Alain JOUFFROY, Aimer David ,
Paris, Éd. Terrain Vague Losfeld, Collection Vision, 1989. 182 pages, 8 LU. couleur; 8 ill. n/b.
Entendre parler de David, Louis (1748-1825) et de son rôle à la fois individuel et créateur à l'époque de la Révolution française pendant tout un hvre, quelle proposition rare ! Surtout que, même si l'auteur avoue que son discours n'a pas toujours été à la hauteur de ses intentions, la grille de lecture pour laqueUe il opte, avec ses références en par-ticuUer à Sade, vaut au lecteur de stimulants soubresauts.
Désigné par Robespierre, l'Incorruptible, pour peindre Bara, organiser les funéraiUes de Marat et de Le Peletier, et concevoir la fête de l'Être suprême, David a aussi, de lui-même, été le bourreau de l'Académie de peinture, institution rétrograde dont il a voulu libérer les artistes.
Alain Joui fray
AIMER DAVID
VISION
rtHHAIN VAGUt LOSfELO
Devenu peintre de Napoléon, admiré par ce dernier et par Baudelaire (qui pourtant n'aimait pas son héritier direct, Ingres, ce «Victor Hugo, hélas!»
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de l'auteur des Fleurs du Mal), David finit sa vie à Bruxelles, exilé mais pas oublié. Pas oubUé pour le meilleur ni pour le pire, puisque son élève Gros, pourtant bien en cour, se verra interdire de lui rendre hommage.
Que reste-t-il aujourd'hui, écrémée par le temps, de l'oeuvre de David?
Son Marat, bien sûr, homme mort au torse nu, la tête ceinte d'un turban, la main qui tient encore la plume pendant de la baignoire, encore tout chaud de cette vie dont l'assassine Charlotte Corday, absente du tableau, a rompu le fil
Tableau célèbre, imagerie résumant un moment historique dont le peintre a exprimé de l'intérieur la substance, tableau mystère dans lequel la sensibilité et l'approche de touche de l'artiste arrêtent le temps pour lui donner plein impact. Tableau qui écrase tout sur son passage, même celui qui l'a conçu, pour devenir presque anonyme d'être aussi familier. Tableau-fétiche comme, plus près de nous, le puissant portrait de Moussor-gsky par Répine reproduit régulièrement sur les pochettes de disque et même au Petit Larousse. (Qui connaît pour autant Répine, fabuleux témoin de la transition tsarisme-révolution russe au début du siècle?)
Tableau qui cache la forêt? Pas vraiment. Porteur des ambiguïtés liées aux actions humaines, tableau sans violence ni condamnation, résumé d'une approche du monde évoquée avec un lyrisme certain par Alain Jouffroy. Dommage que parfois l'envie de plaire, doublée de celle aussi vive de déplaire, n'amène ce critique d'art réputé pour sa sensibilité intuitive, sur un terrain de paradoxes qui donnent l'air à la fois brillant et passionné sans trop déranger la coiffure.
Général en chef d'un escadron de peintres de la NouveUe Figuration, Jouffroy en profite pour les catapulter en post-scriptum dans le sillage du Maître auquel il a consacré ce bel ouvrage. Tentative de détourner l'art à quelque profit? Désir irrépressible de parler de soi? Plaidoyer pro domo? Laissons aux lecteurs le soin de trancher le débat.
Pâquerette Villeneuve
Daniel-Henry Kahnweiler
Juan Gris s;i vie, son œuvre, ses écrits
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CUBISTE DE POINTE Daniel-Henry Kahnweiler, Juan
Gris, sa vie, son oeuvre, ses écrits. Paris, Éd. Gallimard «Folio-Essais», 1991, 412 pages. Ul. en couleurs et en n/b. Bibliographie, chronologie biographique.
Cubiste, Juan Gris (1887-1927 ?)est connu comme le troisième artiste de cette École, après Picasso et Braque. Et pourtant... qu'en dit-il, lui? Ceci (1923): «Peindre c'est prévoir, prévoir ce qui se passe dans l'ensemble du tableau en y introduisant teUe forme ou teUe couleur et prévoir ce qu'il peut suggérer en tant que réalité à celui qui le regarde. C'est donc en étant mon propre spectateur que je dégage le sujet de mon tableau.»
Kahnweiler, qui avait à trois ans près le même âge que Juan Gris, fut à la fois son ami, son soutien moral et son marchand.
Ainsi que, plus tard, son biographe. Le plus digne de foi, puisqu'il a vécu ce qu'il raconte.
Toute une belle époque à revivre...
En lisant, on se demande malgré soi si, de nos jours, il existe encore des Kahnweiler, c'est-à-dire des marchands d'art à la fois cultivés, financièrement sohdes, qui visitent les atehers et qui sont amis de leurs peintres, n'hésitant pas à les défendre jusqu'au bout, même contre une mauvaise critique, même quand ils ne vendent pas? Stephen Grenier
AU NOM DU PÈRE... Marcelin PLEYNET, Les
Modernes et la Tradition. Paris, Éd. Gallimard, 1990, 277 p.
Il s'agit de quelques conférences et textes de Pleynet, dix en tout, réunis en un seul livre. Ils datent de 1980 à 1987.
L'auteur analyse surtout les rapports de certains artistes avec leurs pères respectifs. Et le résultat de ces rapports pour l'oeuvre ainsi que pour les noms et prénoms de chacun de ces artistes.
«Cette affaire de prénom et de nom du père peut sembler oiseuse, dit l'auteur. Il faut pourtant retenir que ce rapport au nom, en ce qu'il est indissociable de la signature de
M A R C E L I N P L E Y N E T
LES MODERNES ET LA TRADITION
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RUSSO PQUOCK PBOUST
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l'artiste, se trouve, comme vous le savez, déterminant de l'authenticité et de la valeur de l'oeuvre d'art.» Il ajoute : «Si l'on dit d'un artiste qu'il se fait un nom, n'est-ce pas aussi pour dire que ce nom n'est pas naturellement le sien?» L'auteur développe longuement ce thème.
On sait par ailleurs que Pleynet est un fan inconditionnel de Matisse: il y consacre ici trois textes, en plus d'en parler un peu partout dans les autres. Citation de Matisse: «Dieu, c'est moi»...
La prose de Pleynet, syncopée de nombreuses parenthèses, s'avère parfois lourde à lire. Mais il donne de bonnes informations sur les artistes dont il parle: Courbet, Monet, Picasso, Giacometti, Pollock et Cézanne en plus de celui déjà cité.
Stephen Grenier
UN REMBRANDT... DE POCHE Pascal BONAFOUX, Rembrandt
- le clair, l'obscur, Éd. Gallimard, coll. Découvertes/Peinture, 176 p. Ul. en couleurs et en n/b. Bibliographie, index général.
Pour qui ne connaît pas encore Rembrandt, ce livre lui permettra de le «découvrir» : c'est d'ailleurs le but des petits livres de cette collection.
Textes et reproductions se serrent les coudes - format obli-ge. À mon humble avis cependant, on devrait éviter les repro-ductions qui coupent les portraits en deux par le miheu du Uvre (p. 106-7, par ex.), ainsi que ceUes de format mini timbre-poste : les éditeurs devraient s'imposer une certaine limite à ne pas dépasser dans le «lilliputien» - tant pour les reproductions que pour les caractères d'écriture. Si le lecteur doit s'arracher les yeux pour lire, la «découverte» devient déplaisante.
« D E S ARTS N 144 7 5
Ceux qui connaissent déjà Rembrandt seront un peu déçus : rien de neuf dans le texte. Ils pourront cependant apprécier les «témoignages et documents» en fin de volume, surtout celui concernant le Rembrandt's Research Project.
Enfin, citons cette leçon de chose de Rembrandt, rapportée par Houbraken : «Un tableau est terminé lorsque le peintre y a réahsé son intention.» À méditer.
Stephen Grenier
VAN GOGH REVISITÉ David SWEETMAN, Une Vie de
Vincent Van Gogh, Paris, Presses de la Renaissance, 1990,468 pages, 54 ill. n/b. Bibliographie.
Melissa McQUILLAN, Van Gogh, Paris.Éd. Thames & Hudson, 1990, 215 pages. Nombreuses ill., en couleurs et en n/b. Bibliographie, index.
David Sweetman nous propose une rareté: il nous parle beaucoup de l'enfance, de l'adolescence et des premières années d'adulte de Van Gogh, alors que la plupart des biographes s'attachent plutôt à ses dernières années.
Grâce à un nouvel éclairage, l'auteur nous fait mieux comprendre certaines attitudes de Vincent qui, jusqu'alors, nous paraissaient trop étranges. TeUe, par exemple, l'ampleur dé
mesurée du choc émotif ressenti par Vincent lorsqu'il se fit rejeter par Eugénie (et non Ursule) Loyer. À propos de cette Eugénie, l'auteur donne des renseignements et une photo peu connus. (Selon d'autres biographes, cette photo est plutôt ceUe d'Ursule; décidément, la confusion d'identité entre la mère et la fUle semble vouée à l'éternité.)
L'auteur insiste aussi, avec raison, sur l'influence majeure et positive que le peintre Anton Mauve exerça sur son cousin
On a reproché à M. Sweetman d'avoir voulu à tout prix démaudire Vincent. Reproche immérité : l'auteur s'en tient aux faits vérifiés. Et si ces faits enlèvent une part de la malédiction, est-ce sa faute?
La vraie «misère» de Vincent ne fut pas matérielle. Elle fut avant tout d'avoir dû travaiUer dans une terrible soUtude psychologique et artistique alors qu'il désirait tant l'amitié et le travail en groupe -deux rêves impossibles pour tout grand c réa teu r . «C'était un dilemme insoluble. D'un côté il voulait la solitude totale dans un désert inviolé, et de l'autre il était toujours hanté par son désir de fonder une colonie d'artistes.»
Cette citation démontre en même temps que Vincent était à la fois un traditionaUste et un moderniste. Dans la chaîne des artistes, image chère à Van Gogh, chaque anneau est à la fois attache et rupture.
De son côté, Melissa McQuillan étudie surtout l'oeuvre picturale de Vincent, y consacrant quatre chapitres sur six : les influences, la pratique artistique,
l'élaboration de l'oeuvre et la situation de cet opus dans l'art.
Ce Uvre constitue une excellente réflexion sur l'oeuvre et le mythe de Van Gogh. Les analyses des dessins La fille de Sien (1883), Fenêtre de restaurant (1887), et du tableau La Plaine de la Crau (1888), pour ne donner que ces exemples, s'avèrent très profondes. Par contre, l'auteure passe très vite sur des oeuvres majeures teUes que L'Église d'Anvers (1890) et la série Le Jardin du Poète (quatre toiles, 1888) : choix subjectif...
«Ce qui fait la valeur de l'oeuvre de Van Gogh, conclut l'auteure, ce sont ses forces profondes: sa maladresse, ses tensions et ses contradictions. CeUes-ci ne sont pas uniquement le fait d'une vision individueUe ou de courants artistiques : eUes représentent une tentative de réponse personneUe à des situations particulières qu'on ne saurait généraliser.»
Vincent Van Gog PressiMk'tiRmjiMiw
Au sortir de cette lecture, on ressent un respect encore mieux fondé pour l'oeuvre de Vincent. C'est à l'honneur de Melissa McQuiUan.
Stephen Grenier
LIVRES REÇUS
" Jacques DE ROUSSAN et al, I Québec en pe in tu re ,
Montréal, Roussan, éditeur, 1989. 167 pages, 72 illustrations en couleur. Dans un texte bilingue, il s'agit de vues de Québec croquées par trente-six artistes figuratifs, la plupart de la région.
Alain LAFRAMBOISE, His-toria et théorie de l'art -
I t a l i e XVe, XVIe s ièc les , Montréal, Les Presses de l'Université de Montréal, 1989, 415 pages avec illustrations en noir et blanc; diffusion: Gaétan Morin, éditeur. Professeur d'histoire de l'art à l'Université de Montréal, l'auteur publie sa thèse de doctorat qui met à la disposition de l'amateur intéressé par l'art des Quattrocento et Cin-quecento des textes peu connus ou inédits d'auteurs tels entre autres: Albert, Varchi, Pino, Vasari, etc.
I Catherine Charpin, Les arts I incohérents, Paris, Éd.
Syros Alternatives, 1990,128 pages, LU. en noir et blanc.
Claudette CANTIN, Danièle RICHARD, Thérèse TRUDEL,
Rudiments d'arts plastiques, Montréal, Centre éducatif et culturel, 199O, 266 pages, LU. noir et blanc et couleur. Ce manuel scolaire à mettre entre toutes les mains est divisé en trois partes: le langage plastique, le matériel et les techniques. L'ouvrage est accompagné d'une abondante documentation photographique.
Anne-Marie ALONZO, La vitesse du regard, au
tour de quatre tableaux de Louise Robert, Montréal, Laval, Éd. Trois, 1990, 39 pages, iUus-trations en couleur.
Tbe Landscape of Craft, Edité par George Fry, avec
des photographies et Dale McBride et une introduction de Nancy Bauer, Fredericton, Goose Lane Ed., 1990, illustrations en noir et blanc et en couleur.
Claude FRONTISI, Klee, anatomie d'Aphrodite, le
polyptyque démembré, Paris, Éd. Adam Biro, 1990, 64 pages, LU. noir et blanc.
En collaboration, Irene F. Whittome, trois textes par
Laurier Lacroix, Jacqueline Fry et Sandra Paikowsky, Montréal, Galerie Samuel Lallouz, 1990, 76 pages, ill. en noir et blanc et en couleur.
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•/c patrimoine de l'Humanité, série produite par
l'UNESCO en co-édition avec Bordas, Paris, 1990, 32 pages, ill. couleur. Voici une série de dix plaquettes destinées aux jeunes, dix petits ouvrages abondamment iUus-trés qui traitent, dans une prise de conscience planétaire, du patrimoine de l'humanité, mais sont présentés de façon attrayante pour un jeune public, avec tableaux chronologiques, géographiques, etc. Jusqu'à maintenant, dix titres sont parus: Refuges de la faune, L'empire de Chine, Migrations d'oiseaux, L'Egypte des pharaons, Colosses de la nature, La Grèce antique, Récifs de corail, Architecture d'Afrique, Sites mégalithiques, L'Inde et ses religions. La culture générale commence quelque part; voici l'occasion d'entretenir l'intérêt de nos jeunes.
•Roberto ZAPPERI, Annibale Carracci, portrait
de l'artiste en jeune homme, Aix-en-Provence, Éd. Alinéa, 1990, 176 ill., en noir et blanc.
U était une fois Ludovic (1555-1619), Agostino (1557-1602) et Annibale ( 1560-1609). Us portent tous les trois le nom de Carracci - ou Carrache en français. Le premier est le cousin des deux autres, qui sont frères. Ludovico était boucher, Agostino orfèvre et Annibale taiUeur, comme son père. Mais les trois sont mordus par la peinture. Us deviennent alors, chacun à leur tour, apprentis, peintres, maîtres, concurrents de leurs anciens maîtres... Us réussissent à s'im poser, font fortune, et c'est cette belle histoire vraie que nous raconte l'auteur, en s'appuyant sur une documentation hors pair.
Qui veut connaître la vie des frères Carracci, qu'il Use ce livre et il sera pleinement satisfait. L'analyse très fouillée, tout en restant d'une langue simple, de l'énigmatique^a-toportrail avec trois figures ,d'An-nibal, le plus doué du trio, s'avère un modèle du genre.
Stephen Grenier
Erratum
«Dans notre dernier numéro, la photographie accompagnant le compte-rendu en provenance de Québec, p.63 n'était pas identifiée. U s'agissait d'une oeuvre sur papier de Marcel Jean».
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