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IMPROVWISDOM
Don't prepare, just show up
P a t r i c i a R y a n M a d s o n
Copyright © 2005 by Patricia Ryan Madson
www.improvwisdom.com
Sous réserve de tous les droits. Publié aux Etats-Unis par Bell Tower, une marque de Crown Publishing Group,
une division de Random House, INC, New York
www.crownpublishing.com
ISBN édition originale 978-1-4000-8188-2
Traduction en français par
Giorgio Paparelle
avec l'aimable autorisation de Random House Publishing
et de Patricia Ryan Madson
Juillet 2010
Fichier en libre téléchargement sur
www.giorgiopaparelle.com
Dessin de couverture de Lauren Dong
Un petit mot du traducteur
Giorgio PAPARELLE
J'ai pris le temps de demander à Patricia et à son éditeur de
traduire ce chapitre parce qu'il s'agit d'un livre extraordinaire,
simple et vraiment à la portée de tous.
Je tiens d'ailleurs à les remercier pour l'aimable autorisation qu'ils
ont bien voulu m'accorder.
Patricia a été prof d'Improvisation à Stanford depuis 1977 et est à
la retraite depuis peu.
Son livre comporte treize maximes, des stratégies simples qu'on
peut appliquer pour agir et arriver à concrétiser des projets.
L'improvisation est un art: le livre n'est pas une invitation à se
laisser aller sans avoir rien préparé, bien au contraire; il s'agit
d'une méthode. Contrairement aux idées reçues, ceux qui
improvisent cachent, derrière une apparente facilité, un travail de
fond important. C'est des pros.
Le livre invite à être spontanée, à se libérer sans tomber dans les
travers d'une préparation sans fin.
J'espère que ce chapitre puisse vous donner l'envie de lire le livre
dans son entièreté.
Si le nombre de téléchargements sera important, il faudra se poser
la question de la pertinence d'une traduction globale.
Le futur nous le dira.
Bonne lecture.
[la cinquième maxime]
Soyez moyen
Quand j’ai parlé à certains habitants de New York de la bêtise dans un
atelier il y a deux mois, ils étaient si contents. Ils étaient tellement
fatigués d’être vigilants et intelligents. Ils avaient besoin d’une période
de rêve. Promenez vous dans votre voisinage un peu bêtement pendant
une demi-heure.
Natalie Goldberg The essential writer’s notebook
Gene DeSmidt, un constructeur, passionné de musique
country, étudiant Zen, dit que la devise de son entreprise est
«parfait c’est assez proche». Sa réputation en qualité
d’homme de l’art, attentif aux détails, est assez connue.
Quand il avait construit sa cabane dans le Nord de la
Californie il disait, avec une note de sarcasme, que l’horizon
était devenue «assez proche de la perfection». Ceci a du sens.
Les photos de la maison de Gene montrent que «assez
proche» est en réalité terriblement beau. Je parie que la votre
aussi.
Quand vous donnez tout ce que vous avez, généralement
ça vous pète au nez. Il y a un paradoxe qui nous dit que plus
on essaie de mettre toutes les chances de notre coté, plus il y
a un risque que le résultat soit une déception. Une meilleure
posture est celle dans laquelle nous nous disons d’être
seulement moyens. Baissons la pression. Évitons la façon de
penser qui nous dit «ceci doit être meilleur» ou «soyons
originaux».
Quand vous essayez désespérément de faire le maximum,
l’effet sur votre performance est souvent d’avoir la poisse.
Dans tous les cas, il y a quelque chose qui ne tourne pas
rond. Ceci peut provoquer des tensions et nous porter vers de
l’anxiété.
Au contraire, suivez les conseils suivants:
«Osez être ennuyeux, lent» (Keith Johnstone)
«Soyez ordinaire» (David K. Reynolds)
«Cultivez un esprit simple» (proverbe zen)
Cette règle pourrait paraître simpliste, mais ne sous
estimez pas combien ça fonctionne bien. Modifier ses
attentes peut faire baisser le stress et peut même vous
remonter le moral. Mary Rose O’Reilley, l’auteur de «radical
Presence» donne cet exemple pour détourner l’anxiété de la
perfection: «le poète William Stafford avait l’habitude de se
lever tous les matins à quatre heures pour écrire un poème.
Quelqu’un lui a dit «Bill, tu ne peux certainement pas écrire
un beau poème tous les matins». Alors il lui a répondu «Oh,
alors je vais baisser mon niveau».
Trois grandes leçons à retenir: pratiquez votre passion tous
les jours, baissez votre niveau et revendiquez un temps ou un
lieu ou un comportement que stimulera votre conception
bourgeoise de la réalité. Quatre heures du matin!
Samuel, un analyste financier, a trouvé que ce slogan a
changé sa vie. «Vous savez, je me suis torturé pendant des
années – pousser à fond mes recherches, travailler à ne plus
en finir, faire mes rapports d’une manière que je vois
seulement maintenant était obsessive. J’avais l’impression de
ne jamais rien finir, puisque je voulais à tout prix être parfait.
Votre idée d’être moyen a été une révélation. Maintenant je
fais mon job, mais j’ai arrêté d’en faire une maladie. Et les
résultats sont vraiment bien. Je suis plus productif.»
La finale 2003 du championnat de football américain a été
jouée sur une lancée de balle. Tout a été lié à cet événement.
Trey Junkin, le jouer des New York Giants, qui avait loupé
son coup, a dit dans le journal sportif de San Francisco, «J’ai
essayé de faire un coup idéal quand tout ce que j’avais à faire
était un simple bon coup». S’il avait tout simplement tapé
dans la balle d’une manière normale, au lieu de viser le coup
parfait, le championnat et peut être même le Superbowl
auraient été différents.
Arrêter de vouloir viser la perfection c’est le premier pas;
celui d’après est d’arrêter de vouloir inventer quelque chose
d’originale tout le temps. S’efforcer d’avoir une idée
originale nous éloigne de notre bon sens au quotidien et, par
certaines cotés, ça peut même arrêter notre processus créatif.
Il y a une croyance assez répandue qu’il faut voire les
choses «en dehors des repères» (certains y voient la source
de la créativité) pour avoir des idées insolites et originales.
Une réelle compréhension de cette phrase signifie chercher à
voir ce qui se trouve devant nos yeux mais qui est, jusqu’à
présent, invisible. «Le vrai voyage de la découverte ne réside
pas dans la recherche de nouveaux paysages mais dans le fait
de les regarder différemment» disait Marcel Proust.
Être à la recherche de ce qui est évident nous offre un
moyen d’approcher les problèmes qui nous paraissent peut
être insurmontables. Essayez sur vous-même en transformant
en challenge une tâche ordinaire. «Nous pouvons tous
marcher sur une planche, mais si cette planche est sur un
précipice, la peur nous collera à la planche. Notre meilleure
stratégie de survie serait de voir le vide comme une chose
tout à fait ordinaire (si c’était possible) et d’y marcher dessus
d’une manière assez détendue» a écrit Keith Johnstone.
Faites ce qui est naturel, facile, ce qui vous semble
évident. Votre point de vue unique sera une révélation pour
quelqu’un d’autre. Vous vous souvenez de l’exercice dans
lequel vous ouvriez la boîte pour voir ce qu’il y avait à
l’intérieur? Quand je fais faire cet exercice à vingt cinq
étudiants, tous en train d’ouvrir la boîte en même temps, les
résultats sont fascinants. D’habitude il y a vingt cinq idées
différentes: une boule de cristal, une brique, un jeu de cartes,
une flûte en bois, une vraie souris, un paquet de filtres à café,
un pull tricoté à la main, des pièces, des baskets, des
coquillages, des Cd, des sifflets en plastique, un bébé chaton,
trois œufs durs, une torche… Rarement un étudiant trouve
les mêmes choses, mais même si ça arrive, les deux montres
n’ont pas le même design ou la même forme. Quand on vous
demande de découvrir ce que pour vous est évident,
n’oubliez pas que votre point de vue est unique. Ingrid
Bergman l’avait bien compris quand elle disait, avec une
pointe de sarcasme, «Soyez vous-même. Le monde adore
l’original».
Aaron, un programmeur, partageait cette vue: «J’avais prix
l’habitude de censurer pas mal de mes idées avant d’en
découvrir une bonne. Maintenant je regarde ce qui me
semble évident pour l’interface de mes produits. Quand j’ai
des rendez-vous avec les gens du développement et je dis ce
qui me semble être une évidence, ils secouent la tête et ils
disent ‘Pourquoi on n’y a pas pensé'? Alors, je sais que j’ai
eu la bonne idée. Avant j’étais constamment à la recherche de
quelque chose d’innovant et créatif, en oubliant ce qui était
devant mes yeux. Cette maxime – rechercher l’évident – a
vraiment du sens.
Essayer de voir les choses comme elles sont. Faites un peu
plus attention.
Cette manière de penser s’applique aussi aux discours.
Dites ce que vous avez à dire dans la manière qu’il vous
semble le plus naturelle. Ma grand-mère paternelle, Juliette
Beth Ryan, était toujours dans l’improvisation. Une fois, en
épluchant la page des annonces de décès et en secouant
vivement sa tête, elle me regarda et dit «les gens qui meurt
aujourd’hui ne sont jamais mort auparavant». Alors elle
relevé sa tête, surprise par notre grand rigolade. C’était il y a
cinquante ans mais je peux encore entendre sa réponse
enthousiaste quand je lui avais dit que j’attendais la
cérémonie des Quakers. «Oh, ces Quakers – des braves
braves gens. Mais pourquoi n’appliquent pas ce qu’ils
prédiquent ?»
Elle était vraiment spontanée, toujours avec une réponse
agréable. Son génie était d’exposer son idée tout juste
comme elle la voyait.
C’est inévitable: chacun de nous voie le monde d’une
manière différente. Nous avons seulement besoin de savoir
que notre point de vue est le bon et d’arrêter de vouloir en
avoir un original. Vous l’êtes.
Essayez ça: Faites-le naturellement. S’il y a quelque chose
d’important à faire, faites-le comme s’il n’y avait pas
besoin que vous le fassiez au mieux. Quel-est le
meilleur moyen d’y arriver ? Comment feriez-vous
s’il fallait le faire d’une manière ordinaire ?
Essayez ça: Prenez en considération des cadeaux ordinaires. A la
recherche d’un cadeau pour un copain ou votre
amoureux ? Pensez à des choses que vous utilisez tous
les jours (des oreillers, une tasse, une serviette, un
réveil, des draps, un bon couteau de cuisine, un
calendrier, du café). Tenez une liste d’articles que vous
utilisez au quotidien pour vous aider à trouver le bon
cadeau.
Au bowling avec une poule
Quand les membres de mon groupe, les «Stanford
Improvisors» s’étaient pris la tête pour trouver une idée
intelligente pour le premier concours de design de t-shirt,
quelqu’un a dit «qu’en dites-vous d’une photo d’une poule
sur une boule de bowling? Pendant un spectacle
d’improvisation dans un des dortoirs, un étudiant de première
année avait changé la phrase en «dans une allée de bowling
avec une poule». On avait demandé au public de remplir les
espace vides: «dans une _________ avec un __________».
Ce jeu d’improvisation est un piège, où typiquement on
essaie de réunir des couples improbables. On peut avoir
«dans une caserne avec une bête sauvage» ou bien «dans un
bateau avec un four cassé». Ces commentaires proviennent
de deux hypothèses, dont une est fausse. La première est que
nous sommes tous ici pour voir un show et la deuxième est
que coupler des objets «pas typiques» pourra produire un
meilleur résultat et la scène la plus drôle.
Pendant des décennies de spectacles d’improvisation, je
n’ai jamais entendu quelqu’un dire «dans une baignoire avec
un canard en plastique» ou «dans un bureau avec une
machine à écrire». Personne ne veut être si peu imaginative.
Le public pense que les idées qui paraissent ordinaires ou qui
ont «du sens» sont synonymes d’un manque de créativité. Je
l’appelle l’erreur de la sirène cuite.
Quand celui qui improvise demande une suggestion,
quelqu'un dans le public hurlera quelque chose du type «une
sirène frite». Tout le monde rigole, évidemment, pour la
juxtaposition du nom et de l'adjectif. Vous pouvez entendre
les copains de celui qui a sorti la blague se congratuler avec
lui.
De toute façon, il s'agit d'une boucle fermée.
La minute de rigolade est passée. Faire une scène sur la
sirène frite n'est pas très amusant, si vous y pensez un
instant. Ne croyez pas qu'une idée doive être «spéciale» pour
être créative. Tout ce qui est inattendu semble être rigolo. Ce
type d'humour est un peu comme manger du sucre: ça donne
un bon coup au début mais ce n'est pas le top pour le régime
et ne nous fera pas grandir.
Si vous arrêtez de faire des blagues et vous vous
concentrez sur le fait de faire du «bon sens», le résultat sera
souvent amusant.
Par ailleurs, avoir du bon sens donne plus de satisfaction
sur le long terme.
Donnez une chance à ce qui paraît évident.
[la cinquième maxime]
Soyez moyen
• Assez proche c'est parfait
• Osez être lent
• Pensez avec du bon sens
• Célébrez ce qui est évident
• Ce qui est ordinaire pour vous est souvent une
révélation pour les autres
• Souvenez vous que les «grands classiques» ou les
«référées» peuvent être des bonne idées aussi.
• Ne faites pas de blague. Ayez du sens.