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e fait régional dans les relations contractuelles entre les professionnels de santé et l’assurance maladie
Pierre ROUTHIERA
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Notes et Documents
Numéro 37 Décembre 2005
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Le fait régional dans les relations contractuellesentreles professionnels de santéet l'Assurance maladie
Pierre ROUTHIER
URCAM Bourgogne14 Rue Jean Giono
BP 3650521065 DIJON CEDEX
[email protected]://www.bourgogne.assurance-maladie.fr/
DICOLOR GROUPE décembre 2005
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Notes et documents de l'Urcam de BourgogneCollection de travaux et de notes de lecture
Déjà parus :
N°1 : Une typologie des paysages socio-sanitaires. Présentation synthétique des données concernant la Bourgogne. Avril 98.N°2 : La Bourgogne : une région sous-médicalisée ? Juin 98.N°3 : Quelques aspects du nomadisme médical. Juillet 98.N°4 : Fuite ou attraction de la clientèle des médecins libéraux en Bourgogne ? Septembre 98.N°5 : Attraction des établissements hospitaliers en Bourgogne. Proximité et/ou qualité ? Novembre 98.N°6 : Journée d'information sur les filières et réseaux. Publication des actes du 18 septembre 1998 – Dijon. Décembre 98.N°7 : La santé en France et en Bourgogne. Une synthèse comparative du rapport du Haut Comité de la santé publique et des travaux de l'ORS de Bourgogne. Janvier 99.N°8 : Santé et précarité. Une synthèse bibliographique réalisée par l’Observatoire Régional de la Santé (ORS). Février 1999.N°9 : Éléments de bilan du dispositif « Médecin référent » (1er semestre 1998). Mars 1999.N°10 : Étude comparative des consommations de soins et des coûts unitaires par département en Bourgogne. Avril 1999.N°11 : Étude des honoraires des médecins conventionnés Secteur 2. Mai 1999.N°12 : Les réseaux de soins coordonnés en Suisse. Juin 1999.N°13 : La stratégie de santé des groupes privés d’assurances. Juin 1999.N°14 : La Plate-forme téléphonique Prime-Vert. Étude de faisabilité. Juillet 1999.N°15 : Séminaire dépistage des cancers gynécologiques. Actes de la journée du 3 juin 1999. Août 1999.N°16 : Inégalités de santé en Bourgogne. Document préparatoire au PRAM 2000-2002. Septembre 1999N°17 : Contribution à la Conférence Régionale de Santé –1. L'action de l'Assurance Maladie et les priorités régionales et nationales de santé en BourgogneN°18 : Contribution à la Conférence Régionale de Santé –2. La coordination des soins et les réseaux de soins en BourgogneN°19 : Le Service Médical du régime général et la régulation des dépenses de santé. Approche économique des missions des médecins-conseils en terme de modes de coordination. Mars 2000N°20 : La médecine de ville en Bourgogne. Répartition géographique à venir. Décembre 2000N°21 : Santé - ce que consomment les Bourguignons. Consommation de soins en médecine de "ville" en 1999. Mai 2001.N°22 : Le diabète en France et en Bourgogne : Approche des coûts actuels et des avantages attendus d’un dépistage et d’une prise en charge améliorée. Septembre 2001.N°Spécial FADB-URCAM Bourgogne : Dr LE DEVEHAT La campagne de dépistage du diabète en Bourgogne Résultats Nov 2001N°23 : Santé - ce que consomment les Bourguignons. Consommation de soins en médecine de "ville" en 2000 - Décembre 2001.N° Spécial URCAM-Université de Bourgogne-faculté de médecine-FMC Bourgogne : Bilan de la campagne Test'Angine en BourgogneN° 24 : Subutex® et benzodiazépines en Bourgogne – Mars 2002N° Spécial : Rapport gestion du risque et communication 2001 – Juin 2002N° Spécial : Rapport d'activité 2001 – Novembre 2002N° 25 : Cartographie 2000 de l'accès aux soins dentaires des adolescents et de l'impact du Bilan Bucco-dentaire en Bourgogne –Novembre 2002N°Spécial DRASS & URCAM Bourgogne : Répartition de l'offre de soins : un défi pour la Bourgogne - Février 2003N°26 : La couverture vaccinale en Bourgogne. T1 : Enquête dans la population. Mai 2003N°27: La couverture vaccinale en Bourgogne. T2 : Enquête auprès des institutions PMI-médecine scolaire et universitaire, médecine du travail, centres d'examen de santé - Juin 2003N°Spécial FADB-URCAM Bourgogne : Dr Le Devehat. La campagne de dépistage du diabète en Bourgogne d’octobre 2002, Août 2003N°28 : Le réseau en santé et l’Assurance Maladie, thèse de Doctorat ès Science Economique de Fanny PELISSIER – Novembre 2003N° Spécial : Rapport d’activité de l’URCAM Bourgogne 2002 – Décembre 2003N°29 : PRAM Bourgogne 2004-2006 – janvier 2004N°30 : Médic'URCAM Bourgogne 2003 – Facteurs explicatifs de l'évolution des dépenses de médicaments – mai 2004N° Spécial : Rapport gestion du risque et communication 2003 – août 2004N° Spécial : Rapport d’activité 2003 – octobre 2004 N°31 : Les prescriptions d’antibiotiques chez les enfants de moins de 6 ans pour des pathologies ORL ou respiratoires basses en Bourgogne – oct. 2004N°32 : Plan régional de l’Assurance Maladie Bourgogne 2005 – mars 2005 N° Spécial : Rapport « Dotation Régionale de Développement des réseaux 2004 – février 2005 N°33 : Rapport Fonds d’Aide à la Qualité des Soins de Ville 2004 – Mars 2005 N° 34 : Rapport Gestion du Risque 2004–août 2005 N° 35 : Rapport activité communication 2004–août 2005 N° 36 : Homéopathie, les dépenses de soins ambulatoires des bénéficiaires de l’assurance maladie n Bourgogne traités par spécialités homéopathique remboursables
Ces différents documents sont disponibles auprès de l'URCAM Bourgogne
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Gestion et Politiques de santéExécutive Master
Promotion 2003-2004
Direction
Didier TABUTEAU, Conseiller d’Etat, Professeur à Sciences Po
Pierre ROUTHIER
Titre du mémoire
Le fait régional dans les relations contractuellesentre
les professionnels de santéet l'Assurance maladie
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A Etienne, en cadeau de bienvenue,
Mes remerciements vont au Professeur Didier TABUTEAU
dont les conseils ont été précieux pour l'aboutissement de cette étude,
Un grand coup de chapeau à Alice, Alexis et Valérie
pour leur patience et l'acceptation des heures passées loin de l'essentiel,
Ma gratitude à Régine
pour sa disponibilité de tous les instants et
son apport technique irremplaçable à la réalisation de ce travail.
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« L’Institut d’Etudes Politiques de Paris ainsi que l’URCAM Bourgogne n’entendent
donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans cet ouvrage.
Les opinions doivent être considérées comme propres à l’auteur »
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TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION................................................................................................................................ 1
1IERE PARTIE LES RELATIONS CONTRACTUELLES ENTRE LES PROFESSIONNELS DE SANTE ET L'ASSURANCE MALADIE N'ECHAPPENT PAS A LA MONTEE EN PUISSANCE DU CADRE REGIONAL........................................................................................................................................ 3
Chapitre 1 - La région, échelon pertinent pour l'organisation et la gestion de la santé....... 5Section 1 - Les premières manifestations de la régionalisation en santé et l'accélération duplan "Juppé" .......................................................................................................................... 9
I. Les premières manifestations de la régionalisation de la santé .................................. 9A - La région, cadre pour l'observation en santé ..................................................... 9B - La région, cadre pour la planification et la concertation.................................... 10
II. Le plan Juppé consolide le cadre régional pour la santé qui ne sera plus démenti ... 12A - Le plan "Juppé" : un puissant coup d'accélérateur à la mise en place d'une politique de santé" qui profite à la région...................................................................... 13B - le législateur consolide les orientations des ordonnances de 1996 .................. 14
Section 2 : Les réformes les plus récentes consacrent la région mais l'organisation de cet échelon reste confuse.......................................................................................................... 17
I. La "rafale" des lois de l'été 2004.............................................................................. 17A - l'Etat, acteur régional de santé publique.......................................................... 17B - une meilleure structuration de l'Assurance maladie en région.......................... 18C - la Région devient acteur de santé ................................................................... 18
II. La région n'apparaît pas comme un échelon clairement organisé ............................ 19A - La complexité du paysage régional de la santé dénoncée par les auteurs ....... 20B - l'échelon régional de la santé est à clarifier d'urgence ..................................... 21
Chapitre 2 : Le système conventionnel, une longue résistance au fait régional ................ 23Section 1 : La politique conventionnelle est affirmée comme outil majeur des relations entre l'Assurance maladie et les professionnels de santé.............................................................. 27
I. Le soutien des professionnels de santé et des dirigeants de l'Assurance maladie.... 27A - La lettre des conventions exprime un soutien fort au dispositif conventionnel . 27B - Le soutien à la politique conventionnelle dépasse les seuls signataires des conventions................................................................................................................. 29
II. Le soutien des pouvoirs publics à la politique conventionnelle ................................. 32A - Le gouvernement "Jospin" se porte au secours du dispositif conventionnel ..... 32B - Le gouvernement "Raffarin" s'occupe du dispositif conventionnel .................... 34
Section 2 - La convention médicale : une histoire tumultueuse dans un cadre juridique fragile, des résultats douteux qui ignorent le fait régional ................................................................. 37
I. L'histoire tourmentée du système conventionnel l'éloigne durablement du niveau régional ........................................................................................................................... 37
A - L'échec des conventions départementales va légitimer un système conventionnel national................................................................................................. 37B - Les soubresauts incessants de la vie conventionnelle conduisent à une intervention répétée du législateur ............................................................................... 42
II. La fragilité juridique des conventions médicales ...................................................... 49A - Le Conseil d'Etat, partenaire involontaire du système conventionnel ............... 49B - La faiblesse intrinsèque des conventions ........................................................ 52
III. Le système conventionnel national : une efficacité douteuse qui ignore le fait régional56
A - L'efficacité douteuse du système conventionnel national ................................. 56B - Les conventions nationales ont oublié l'échelon régional ................................. 59
2IEME PARTIE : LA REALITE REGIONALE DES RELATIONS CONTRACTUELLES ENTRE LES PROFESSIONNELS DE SANTE ET L'ASSURANCE MALADIE...................................................... 63
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Chapitre 1 : La déclinaison en région des accords conventionnels nationaux.................. 67Section 1 : Les premières tentatives de mise en place d'une instance conventionnelle régionale ............................................................................................................................. 69
I. Le paysage conventionnel s'enrichit d'une instance régionale.................................. 69A - La dégradation des relations avec les médecins libéraux justifie d'un avenant ambitieux..................................................................................................................... 69B - La création discrète de l'instance conventionnelle régionale ............................ 71
II. L'instance conventionnelle régionale reste une initiative éphémère qui n'éteint pas la volonté d'un travail au niveau régional ............................................................................. 73
A - La censure du Conseil d'Etat........................................................................... 73B - La volonté persistante d'un relais régional....................................................... 75
Section 2 : Les partenaires conventionnels et le législateur confirment l'échelon régional..... 81I. L'officialisation d'un échelon conventionnel régional : l'avenant n°12 à la convention nationale ......................................................................................................................... 81
A - La mise en place d'un véritable échelon conventionnel régional ...................... 81B - La permanence des soins, terrain d'expérimentation pour les commissions conventionnelles paritaires régionales ......................................................................... 83
II. Le législateur de 2004 confirme l'échelon conventionnel régional............................. 85A - La loi du 13 août 2004 initie la complémentarité entre UNCAM et URCAM...... 86B - L'échelon conventionnel régional est dans la convention médicale .................. 88
Chapitre 2 : La région cadre d'une contractualisation directe entre les professionnels de santé et l'Assurance maladie ................................................................................................ 91
Section 1 : La contractualisation en région entre les URCAM et les organisations signataires de la convention .................................................................................................................. 93
I. Une palette de nouveaux dispositifs qui ne développeront pas la contractualisation régionale ......................................................................................................................... 93
A - Une palette de trois nouveaux dispositifs......................................................... 93B - Un développement régional limité ................................................................... 96
II. Les premières contractualisations régionales........................................................... 98A - L'Accord de bon usage des soins sur l'asthme en Franche-Comté .................. 98B - Le contrat de santé publique sur le dépistage du cancer colorectal en Bourgogne
100Section 2 : Réalité et perspectives de la contractualisation régionale directe entre les professionnels de santé et l'Assurance maladie....................................................................................................... 105
I. La contractualisation directe entre les professionnels de santé et L'Union régionale des caisses d'assurance maladie................................................................................... 105
A - Les contrats régionaux favorisant la coordination et l'installation des professionnels de santé............................................................................................. 106B - Les URCAM toujours chargées du financement des réseaux de santé .......... 108
II. Les perspectives de la contractualisation régionale ............................................... 109A - Le développement de la contractualisation régionale suppose la poursuite du mouvement de régionalisation de la santé ................................................................. 110B - Les conditions de la réussite d'une politique de contractualisation régionale entre les professionnels de santé et l'Assurance maladie.................................................... 112
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES .......................................................................................... 117
ABREVIATIONS............................................................................................................................ 121
A N N E X E S................................................................................................................................ 123
ANNEXE 1 : L'ACCORD REGIONAL SUR LA BONNE UTILISATION DE LA VISITE A DOMICILE EN BOURGOGNE. 125ANNEXE 2 : L' ACCORD DE BON USAGE DES SOINS SUR L'ASTHME EN FRANCHE COMTE ....................... 139ANNEXE 3 : LE CONTRAT REGIONAL ET EXPERIMENTAL POUR LE DEPISTAGE DU CANCER COLORECTAL DE BOURGOGNE ............................................................................................................................... 145
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1
Introduction
Depuis 1971, Un dispositif conventionnel national organise la participation des
Caisses d'assurance maladie aux remboursements des soins et prescriptions
effectués par les professionnels de santé libéraux.
Ce système vise à concilier les deux caractéristiques du système français de Sécurité
Sociale : l'exercice libéral de la médecine et des professions paramédicales assorti
de la liberté de prescription et du libre choix du médecin par le patient d'une part,
un large remboursement socialisé des dépenses de soins par l'Assurance maladie
obligatoire d'autre part.
Sur la même période, un processus de régionalisation du domaine sanitaire s'est
développé. Les premières manifestations remontent à la loi hospitalière de 1970
avec l'instauration de la carte sanitaire. Mais ce n'est qu'à partir des années quatre
vingt dix que le cadre régional devient un pivot des réformes qui modifie très
sensiblement le paysage sanitaire français.
Ce dispositif, impulsé par l'Etat et de plus en plus appuyé sur la région1, va
concerner, pour l'essentiel, la régulation de l'offre de soins hospitalière.
Les conventions médicales, dont le contenu s'est pourtant étendu au fil du temps à
la régulation des dépenses et à la modification des pratiques individuelles, ne vont
pas suivre la même voie. Leurs négociateurs garderont même le cadre national au-
delà du raisonnable, c'est à dire bien après que le législateur ait décidé de confier à
la région la mise en œuvre des politiques de santé publique et créer des instances
régionales nouvelles pour l'Assurance maladie.
Face à une lente mais persistante montée en puissance du cadre régional, les
dispositifs conventionnels nationaux vont finir par s'appuyer sur l'échelon régional, il
y aura une déclinaison des dispositions de la convention nationale par des
commissions régionales paritaires composé des représentants des organisations
1 Par souci de clarification, la Région (avec majuscule) sera la collectivité territoriale et la région (avec minuscule) sera la circonscription administrative.
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2
professionnelles représentatives des médecins et des représentants des Caisses
d'assurance maladie.
Le mouvement de régionalisation et les échecs lourds des politiques
conventionnelles nationales vont aussi permettre l'apparition d'accords entre
professionnels de santé et instance régionale de l'Assurance maladie qui vont se
situer en dehors des stipulations de la convention nationale. La contractualisation
régionale, aidée d'abord par le législateur, va l'être ensuite par le système
conventionnel et devenir ainsi une réalité et un outil pour conduire la mise en œuvre
des politiques de maîtrise médicalisée des dépenses de santé.
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3
1ière PARTIE Les relations contractuelles entre les professionnels de santé et l'Assurance maladie n'échappent
pas à la montée en puissance du cadre régional
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5
Chapitre 1 - La région, échelon pertinent pour l'organisation et la gestion de la santé
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7
Dans les quinze dernières années, le législateur n'a pas varié. Il a initié puis
confirmé l'échelon régional comme pertinent pour l'organisation de la santé,
la mise en œuvre coordonnée des politiques de santé et d'Assurance maladie.
C'est aussi ce niveau qui a été retenu pour l'expérimentation des
organisations innovantes tels les réseaux de soins. Le plan Juppé de
l'automne 1995 et les ordonnances du printemps 1996 ont été un
accélérateur puissant au choix du cadre régional (section 1).
En 2004, le législateur, à travers trois lois publiées à quelques jours d'intervalle,
parachève cette évolution : la région émerge comme échelon majeur du système de
santé français (section 2).
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9
Section 1 - Les premières manifestations de la régionalisation en santé et l'accélération du plan "Juppé"
Les grandes lois de décentralisation de 1983 n'ont pas confié à la région de
rôle particulier dans le domaine de la santé. Ce sont plutôt les départements
qui se sont vus attribuer un bloc de compétences en matière sanitaire et
sociale.
Ce n'est qu'à partir des années 90 que le législateur va confier des missions
à l'échelon régional (I). D'abord timide, cette orientation va s'affirmer dans le
plan Juppé de 1995 qui crée de véritables structures régionales de
décision (II).
I. Les premières manifestations de la régionalisation de la santé
D'abord timides et non législatives, les premières matérialisations d'une prise en
compte de la santé au niveau régional vont concerner l'observation puis la
planification (A).
C'est plus tard que s'ajoutent des dispositifs de concertation et de partenariat (B).
A - La région, cadre pour l'observation en santé
Sous l'impulsion de la Direction Générale de la Santé, sont nés, en 1982, les
Observatoires Régionaux de la Santé (ORS). Cette première initiative est limitée, la
structure n'est rattachée directement ni à l'Etat ni à l'Assurance maladie. Il s'agit
d'associations à but non lucratif créées dans les 22 régions de France
métropolitaine et 4 départements d'Outre mer (Guadeloupe, Guyane, Martinique et
Réunion).
"Les travaux des ORS visent à améliorer la connaissance de l'état de santé de la
population régionale, de ses besoins et des équipements sanitaires et sociaux qui
permettent d'y répondre" indique la fédération nationale des ORS2 qui coordonne
depuis les années 1990, le réseau des observatoires régionaux et produit dans
2.www-fnors.org.
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10
toutes les régions un document rassemblant les principales données concernant la
santé de la population et ses déterminants pour les mettre à la disposition de
l'ensemble des partenaires du champ sanitaire et social3.
Cet observateur analyste, s'il fut le premier, n'est plus seul aujourd'hui. Il peut, en
tout état de cause, mettre son savoir-faire au service d'autres missions qui se sont
développées en région comme l'éclairage de la planification sanitaire ou de la
concertation avec les professionnels de santé.
B - La région, cadre pour la planification et la concertation
Si les premières manifestations d'un processus de régionalisation remontent à 1970
et à l'instauration de la carte sanitaire, ce n'est qu'en 1991 que le législateur se
manifeste à nouveau. Ce sont les deux lois hospitalières du 31 juillet qui prolongent
le mouvement. C'est la création du Schéma Régional d'Organisation Sanitaire
(SROS), outil de planification.
Moins de deux années plus tard, le législateur crée, dans le domaine de la
médecine de ville, les Unions Régionales des Médecins Libéraux (URML).
1. la création des Schémas Régionaux d'Organisation Sanitaire
C'est d'abord le domaine hospitalier qui se dote d'outils de planification avec
les Schémas Régionaux d'Organisation Sanitaire (SROS) et de concertation
avec les Comités Régionaux d'Organisation Sanitaire et Sociale (CROSS)
C'est en 1991 avec la loi hospitalière du 31 juillet 19914 que la région devient
le cadre pour la planification des besoins et l'organisation des moyens
hospitaliers avec le schéma régional d'organisation sanitaire et sociale.
Le SROS doit permettre une répartition optimale des installations et des
structures de santé. Limité au seul champ hospitalier dans sa première
version, il va évoluer pour devenir l'outil des coopérations et restructurations
hospitalières sous l'égide des ARH qui vont y trouver, à partir de 1998, un
moyen d'afficher leur légitimité et un moyen de contact avec les élus.
3 FNORS, La santé observée dans les régions de France, Publication de la FNORS, Paris, fév. 1997.4 Loi n° 91-739 du 31 juil. 1991 portant réforme hospitalière.
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La troisième génération des SROS5 veut leur donner l'ambition d'une
articulation avec la médecine de ville et le secteur médico-social.
Ce sont les mêmes textes qui mettent en place les comités régionaux
d'organisation sanitaire6, outil nouveau de concertation et d'association des
partenaires sociaux, des représentants des collectivités territoriales, des
professionnels médicaux et non médicaux du secteur hospitalier et libéral, des
institutions et établissements de santé, des personnels de ces établissements,
des organismes de sécurité sociale et des usagers.
Il a pour mission de contribuer à la définition et à la mise en œuvre de la
politique régionale d'organisation de l'offre de soins.
Le législateur va poursuivre l'équipement de la région en s'intéressant plus
précisément au domaine de la médecine de ville.
2. les Unions Régionales des Médecins Libéraux
René TEULADE, ministre de la santé confronté aux difficultés de la régulation
des dépenses, cherche à voir les médecins mieux associés à la gestion du
système de santé et à la promotion de la qualité des soins. La loi du 4 janvier
1993 crée les Unions Régionales des Médecins exerçant à titre Libéral7.
L'article 8 indique que les Unions participent notamment aux actions suivantes :
- "analyse et études relatives au fonctionnement du système de santé, à
l'exercice libéral de la médecine, à l'épidémiologie ainsi qu'à l'évaluation
des besoins médicaux,
- évaluation des comportements et des pratiques professionnelles en vue de
la qualité des soins,
- organisation et régulation du système de santé,
- prévention et actions de santé publique,
- coordination avec les autres professionnels de santé,
- information et formation des médecins et des usagers,
5 Ordonnance n° 2003-850 du 4 sept. 2003, art. 5 II codifié à l'art. L 6121-1 du Code de santé publique, circ. n° 101/DHOS/01-2004 du 5 mars 2004 relative à l'élaboration des SROS de troisième génération.6 Art. L 6121-9 et suivantes et R 712-22 du Code de santé publique.7 Loi n° 93-8 du 4 janv. 1993 relative aux relations entre les professions de santé et l'assurance maladie.
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Elles assurent les missions qui leur sont confiées à cet effet par la ou les
conventions nationales visées à l'article L 162.5 du code de la sécurité sociale
et celles qui leur sont confiées par les organisations syndicales de médecins".
Ce sont donc des missions très larges qui sont dévolues aux unions
régionales de médecins. Il faut noter la possibilité faite aux unions de
médecins "d'assumer des missions conventionnelles". La région devient, avec
la loi TEULADE, un cadre dans lequel peut se décliner le contrat entre les
organisations représentatives des médecins et les Caisses d'assurance
maladie. Encore faut-il qu'il y ait une volonté des acteurs nationaux, Caisses et
syndicats de médecins, de s'appuyer sur cette possibilité législative.
Les premières initiatives ne seront jamais démenties et les ORS, les SROS,
les URML sont aujourd'hui encore dans le paysage régional de la santé avec
le plus souvent des missions et des champs plus larges qu'à leur création. A
titre d'exemples, le SROS de 3ième génération actuellement en préparation doit
intégrer la dimension hospitalière et ambulatoire8.
Les URML ont été chargées, par un décret de 1999, de l'évaluation des
pratiques professionnelles9. Le plan JUPPE va accélérer ce mouvement de
régionalisation.
II. Le plan Juppé consolide le cadre régional pour la santé qui ne sera plus démenti
Avec le plan Juppé traduit dans les ordonnances d'avril 199610, le cadre régional
s'enrichit. Le législateur consolidera cette construction dans les principaux textes qui
suivront.
8 Circulaire 2004 relative à l'élaboration des SROS de troisième génération du 5 mars 2004.9 Décret n° 99-1130 du 28 déc. 99 relatif à l'évolution des pratiques et à l'analyse de l'évolution des dépenses médicales.10 Ordonnances du 24 avril 1996 n° 96-346 portant réforme de l'hospitalisation publique et privée, n° 96-345 relative à la maîtrise médicalisée des dépenses de soins et ordonnance et n° 96-344 relative à l'organisation de la sécurité sociale.
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A - Le plan "Juppé" : un puissant coup d'accélérateur à la mise en place d'une politique de santé" qui profite à la région11
En effet, c'est en 1996 que le cadre régional devient celui de la définition et de la
mise en œuvre des priorités de santé publique. Si l'on excepte la conférence
nationale de santé, toutes les institutions créées par les ordonnances d'avril 1996
sont situées au niveau régional (1). C'est aussi au niveau régional que le législateur
met en place un mécanisme d'expérimentation de nouvelles organisations du
système de soins : les réseaux de santé (2).
1. l'émergence de nouvelles structures régionales
- la Conférence Régionale de Santé12 (CRS) chargée d'établir les priorités
de santé publique de la région et de faire des propositions pour améliorer
l'état de santé de la population.
Présidée par le préfet, sa composition large en fait un lieu d'expression de
la démocratie sanitaire,
- l'Agence Régionale de l'Hospitalisation (ARH) constituée sous forme de
groupement d'intérêt public entre l'Etat et l'Assurance maladie : elle est
chargée de l'organisation de l'offre de soins hospitalière, de la définition
des objectifs, de la planification (SROS) et de la gestion d'une enveloppe
budgétaire. Elle doit contribuer à l'articulation entre les politiques de santé
et celles de l'Assurance maladie13.
- L' Union Régionale des Caisses d'Assurance Maladie (URCAM) créée
pour palier les inconvénients du morcellement des régimes d'Assurance
maladie et la multiplicité des Caisses. Elle doit élaborer et mettre en œuvre
un programme régional de gestion du risque notamment dans le domaine
des soins de ville14. La région devient ainsi, pour l'Assurance maladie, le
cadre de la définition de la mise en œuvre des politiques de santé qu'elle
impulse en propre ou en partenariat.
11 Rolande Ruellan, Vers une réconciliation de la politique de la santé et de l'assurance maladie, Droit social n°4, avril 2003, p.410.12 Art. L 1411.3 du Code de la santé publique.13 Voir art L 6115-1 et 8 du Code de la santé publique.14 Art L 183.1 du Code de la sécurité sociale.
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14
Cette structuration forte au niveau régional se manifeste aussi dans les
dispositions du plan Juppé relatives aux réseaux de soins.
2. le dispositif des réseaux de soins
Dans des domaines où les actions en santé sont insuffisantes, soit du fait
d'une pathologie (SIDA), d'une population (précaire) ou chaque fois que les
moyens habituellement déployés sont insuffisants, l'ordonnance du 24 avril
1996 ouvre la possibilité d'expérimentation de nouvelles organisations mieux
coordonnées autour du malade entre ville et hôpital. Le dispositif est traduit à
l'article L 162-31-1 du Code de la sécurité sociale15. Si la procédure qui prévoit
un avis des Caisses nationales, un avis du comité d'orientation des filières et
réseaux de soins (Commission Soubie) avant agrément par le ministre qui
conserve ainsi au national ses prérogatives, elle n'en constitue pas moins une
opportunité pour l'échelon régional de l'Assurance maladie qui peut initier des
projets et dont l'avis est obligatoire avant transmission du projet au niveau
national. Cet avis de l'URCAM doit aussi être requis par l'ARH qui agrée les
réseaux hospitaliers de l'article L 6321-1 du Code de la santé publique.
Si le pas est encore timide, il est fait et permettra, quelques années plus tard,
le développement d'une véritable contractualisation régionale lors de la mise
en place du Fonds d'Aide à la Qualité des Soins de Ville (FAQSV) en 1999 et
de la Dotation Régionale de Développement des Réseaux (DRDR) en 2002.
B - le législateur consolide les orientations des ordonnances de 1996
Plusieurs textes importants touchant à la santé ou aux questions sociales vont être
adoptés par les parlementaires après 1996.
Dans chacun d'entre eux, va figurer une ou plusieurs dispositions consolidant le
cadre régional pour la politique de santé (1).
Chaque année, la Loi de Financement de la Sécurité Sociale (LFSS) est aussi
l'occasion de parfaire le dispositif (2).
15 Pour des développements sur les réseaux, voir Fanny PELISSIER, Le réseau en santé et l'assurance maladie, Thèse Dijon 2003, Notes et documents URCAM Bourgogne n° 28, 2003.
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1. les principales dispositions intervenues depuis 1996
Sans vouloir être exhaustif, peuvent être cités la création des Programmes
Régionaux d'Accès à la Prévention et aux Soins (PRAPS)16, les Schémas
Régionaux d'Education pour la Santé (SREPS)17.
La loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du
système de santé va parfaire la démocratie sanitaire en instaurant des
conseils régionaux de santé qui doivent notamment se substituer aux Comités
Régionaux des Politiques de Santé (CRPS).
La loi du 6 mars 200218 étend le champ des Accords de Bon Usage des Soins
(ACBUS) et des Contrats de Bonne Pratique (CBP) à toutes les professions de
santé. Ces accords peuvent être conclus au niveau régional. Elle crée les
Contrats de Santé Publique (CSP).
2. les lois de financement de la sécurité sociale concourent aussi au renforcement de l'échelon régional
Parmi les dispositifs adoptés dans les lois de financement de la sécurité
sociale et qui concourent au renforcement de l'échelon régional, peuvent être
cités trois dispositifs de contractualisation avec les professionnels de santé.
Leur intérêt essentiel découle de ce qu'ils concernent et autorisent, dans une
contractualisation entre l'Assurance maladie et les professions de santé :
- le Fonds d'Aide à la Qualité des Soins de Ville créé par la Loi de
financement de la sécurité sociale pour 1999,
- la Dotation Nationale Des Réseaux (DNDR) et sa version régionale
(LFSS pour 2002). Avec ces deux dispositifs, l'innovation en matière
d'organisation du système de soins est clairement confiée à la région,
16 Loi d'orientation relative à la lutte contre les exclusions du 29 juil. 1998.17 Prévus par le plan national d'éducation pour la santé de fév. 2001.18 Loi n° 2002-322 du 6 mars 2002 portant rénovation des rapports conventionnels entre les professions de santé libérales et les organismes d'assurance maladie.
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- la LFSS pour 2000 crée la possibilité de négocier de nouveaux contrats
avec les médecins. Ces contrats sont nationaux ou régionaux.
C'est donc un long cheminement depuis les années 1980 qui a construit
l'échelon régional en Santé.
Le plan Juppé, à l'automne 1995, a accéléré cette orientation et les textes les
plus récents vont encore dans ce sens. Cependant, cette construction
chronologique manque de cohérence d'ensemble et l'échelon régional en
santé en souffre aujourd'hui beaucoup.
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17
Section 2 : Les réformes les plus récentes consacrent la région mais l'organisation de cet échelon reste confuse
Publiées à quelques jours d'intervalle, trois lois viennent parachever le
positionnement de l'échelon régional (1).
Après plus de vingt années d'attention de la part du législateur, la région
dispose de multiples outils, institutions et programmes, sans pour autant que
l'efficacité de l'ensemble soit garantie (2).
I. La "rafale" des lois de l'été 2004
Les lois des 9 et 13 août 2004 relatives à la politique de santé publique à
l'Assurance maladie et à la décentralisation accentuent le positionnement de l'Etat
en région dans les domaines de la santé publique. Ils confortent l'Assurance
maladie régionale et renforcent les compétences de la Région en tant que
collectivité territoriale en matière de santé.
A - l'Etat, acteur régional de santé publique
La loi du 9 août 200419 confie au préfet de région l'élaboration d'un Plan régional de
santé publique élaboré en fonction des priorités déclinées dans la loi elle-même. La
mise en œuvre du plan annuel est confiée à un groupement régional de santé
publique qui, sous la forme d'un groupement d'intérêt public, réunit l'Etat pour 50 %,
l'URCAM, la CRAM, le service médical du régime général, les collectivités
territoriales pour l'autre moitié (+ une phase sur la CRS).
A travers cette loi de santé publique qui s'inscrit dans la tradition des grandes lois
hygiénistes du début du xxième siècle, l'Etat réaffirme son rôle dans la définition de la
politique et des priorités de santé publique : il fait du représentant de l'Etat dans la
région le responsable de la mise en œuvre. Les Directions Régionales des Affaires
Sanitaires et Sociales (DRASS) se retrouvent au premier plan pour la déclinaison
des politiques de santé publique.
19 Loi n° 2004 - 806 du 9 août 2004, JO du 11 août 2004
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18
B - une meilleure structuration de l'Assurance maladie en région
La loi du 13 août 2004 dans un titre 2 consacré à l'organisation de l'Assurance
maladie traite de son organisation régionale20. Le texte confirme le rôle des URCAM
dans l'élaboration et la mise en œuvre d'un programme régional de gestion du
risque. Il fait de cette structure l'interlocuteur des professionnels de santé pour
négocier et signer des accords relatifs à la promotion des bonnes pratiques.
Dans le débat parlementaire, la loi s'est enrichie d'une nouvelle instance régionale :
la Mission Régionale de Santé (MRS) constituée entre l'ARH et l'URCAM. Elle doit
notamment déterminer :
- "les orientations relatives à l'évolution de la répartition territoriale des
professionnels de santé libéraux en tenant compte du SROS et des zones
rurales ou urbaines qui peuvent justifier des dispositifs de l'article L 162.14.121,
- des propositions d'organisation des dispositifs de permanence des soins,
- le programme annuel des actions destinées à améliorer la coordination des
différentes composantes régionales du système de soins notamment en
matière de réseaux,
- le programme de gestion du risque dont elle assure la conduite et le suivi dans
les domaines communs aux soins hospitaliers ambulatoires".
C - la Région devient acteur de santé
La loi du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilités locales22 constitue le
troisième pilier des réformes confortant la région dans son rôle en matière de santé.
Il s'agit là, sur la base d'une modification constitutionnelle, de poursuivre le transfert
de compétence entre l'Etat et les collectivités territoriales.
Les Régions, en tant que collectivités territoriales, ont jusqu'à présent peu investi
dans le domaine de la santé. Quelques-unes ont cependant saisi l'opportunité des
20 Loi n° 2004-810 du 13 août 2004 relative à l'assurance maladie, JO du 17 août 2004, p.14598, voir notamment art. 66.21 Il s'agit de dispositifs d'aide à l'installation négociés dans le cadre conventionnel.22 Loi n° 2004-809 du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilités locales, JO du 17 août 2004, p. 14543.
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19
contrats Etat – Région pour introduire un volet santé23. La plupart se sont limitées à
quelques actions symboliques24.
Le texte opère un transfert à la région de la formation des infirmières, des sages-
femmes et des auxiliaires médicaux. La loi prévoit aussi la participation du conseil
régional à la commission exécutive de l'ARH.
L'article 69 de la loi dispose que "siègent avec voix consultative dans la commission
deux représentants de la région désignés en son sein par le conseil régional".
Le texte offre aussi la possibilité aux Régions d'aller plus loin et l'article 70 prévoit
qu'"une expérimentation est engagée dans le délai d'un an à compter de l'entrée en
vigueur de la présente loi, pour une durée de quatre ans, afin de permettre aux
régions qui en font la demande de participer au financement et à la réalisation
d'équipements sanitaires. Un décret publie la liste des régions dont la candidature a
été retenue".
Dès lors, la Région va représenter un tiers des sièges de la commission exécutive
de l'ARH. Il sera intéressant de suivre, dans le décret d'application, quel sera le prix
du "ticket d'entrée" pour qu'une Région siège avec voix délibérative dans les
instances d'une ARH.
Mais au final, après cette accumulation de textes et de structures mises en place au
niveau régional, sait-on vraiment qui est responsable et qui fait quoi ? rien n'est
moins sûr.
II. La région n'apparaît pas comme un échelon clairement organisé
Après quinze années de textes convergents, on pourrait penser que la région s'est
affirmée structurée et travaille à l'exercice de ses responsabilités. La réalité est
autre : nombre d'auteurs suivis par les corps de contrôle de la République parlent
de millefeuilles, d'enchevêtrement, de complexité, d'inefficacité.
23 18 régions sur 26 ont signé des contrats de plan dans lesquels figure un volet santé.24 La Bourgogne a inscrit le financement d'un hélicoptère et d'un réseau de télémédecine.
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20
A - La complexité du paysage régional de la santé dénoncée par les auteurs
Plus qu'un point de vue strictement doctrinal, c'est la vision d'acteurs engagés à
haut niveau dans la mise en œuvre des politiques de santé dont il va s'agir. Ceux-ci,
hauts fonctionnaires ou dirigeants dans la sécurité sociale, convergent pour
dénoncer la complexité du paysage régional de la santé.
Rolande RUELLAN, ancien directeur de la sécurité sociale, convient des progrès
réalisés dans la prise en compte des problèmes de santé et d'Assurance maladie
dans les années 90 à la suite des crises du sida et du sang contaminé. Elle n'en
constate pas moins "la complexité institutionnelle" qui a découlé du plan JUPPE.
"Au niveau régional, écrit-elle, le paysage est en effet très complexe : cohabitent les
services traditionnels de l'Etat -DRASS et DDASS-, les caisses d'Assurance
maladie, les CRAM et les échelons régionaux des autres régimes, avec les
nouvelles créations que sont les conférences régionales de santé, les ARH et les
URCAM sans oublier les URML"25.
Un autre ancien directeur de la sécurité sociale, Pierre-Louis BRAS, à propos de la
réforme de l'Assurance maladie de l'été 2004 écrit26 : "la réforme organise autour du
directeur général, un pôle de pouvoir susceptible de donner une plus grande
cohérence au réseau des Caisses d'assurance maladie et à la politique de gestion
du risque. Elle reste toutefois prudente et l'émiettement des autorités sanitaires
subsiste au niveau régional".
Rémy FROMENTIN, dans un ouvrage au titre évocateur27, consacre la moitié de
son ouvrage à décrire "l'imbroglio des structures de décisions". Il souligne l'absence
d'efficacité des conférences régionales de santé, le bilan mitigé des URCAM, le rôle
fourre-tout des URML et le bilan, somme toute, assez décevant des ARH28.
Au final, cet ancien directeur d'URCAM dresse un bilan sévère. "La description du
système, assurément, donne le tournis. Chacun reste stupéfait de la multiplicité des
25 Rolande RUELLAN, article précité, Droit social n° 4, avril 2003, p.410.26 Pierre-Louis BRAS, Notre système de santé sera t-il mieux gouverné ?, Droit social, nov. 2004.27 Rémy FROMENTIN, L'imbroglio sanitaire français, Editions de la santé 2003.28 Ibidem p. 34, 63, 69 et 86.
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21
organes, instances, structures, commissions, unions et autres agences qui ont
quelque chose à décider à un moment ou à un autre en matière de santé"29.
Il compare le monde de la santé à la fête de la musique "tout le monde jouit d'une
grande liberté, chacun s'installe où il veut et joue son morceau de musette au
rythme du tam-tam du voisin le plus proche. Vive la démocratie sanitaire où tout le
monde s'exprime, tout le monde a raison, tout le monde a tort"30. Un peu plus loin, il
souligne les difficultés des principaux intéressés, les producteurs de soins, à se faire
entendre. C'est un peu "comme si dans l'industrie automobile, des ARH pour autos,
des URCAM pour conducteurs, des DRASS pour permis de conduire, des CRAM
pour péages autoroutiers, décidaient à la place du président directeur général de
Renault, la ligne de la Velsatis et le nombre de Laguna à produire"31.
La comparaison est claire, le système est à clarifier d'urgence.
B - l'échelon régional de la santé est à clarifier d'urgence
La Cour des comptes32 a, elle aussi, choisi de s'intéresser à "l'organisation régionale
de la santé et de l'Assurance maladie" et dresse un bilan sévère :
"l'ambition de structurer le pilotage de la santé et de l'Assurance maladie au niveau
régional a reçu une réponse institutionnelle conduisant à multiplier les instances.
Chacune d'entre elles s'est vue confier des missions larges. En outre, les
responsabilités qu'elles exercent traduisent, dans certains cas, une dérive par
rapport aux objectifs initiaux accroissant l'enchevêtrement des compétences. Au
total, l'échelon régional a contribué de manière significative ni au développement
de la politique de santé publique, ni à la gestion du risque et à la maîtrise des
dépenses".
L'inspection générale des affaires sociales, dans son rapport annuel 2002, a porté
son regard sur les territoires33 donc sur la région et la santé. Les inspecteurs ont
constaté "l'extraordinaire complexité des schémas institutionnels qui se sont mis en
place…la complexité des structures et des partenariats".
Mais avec justesse, ils ajoutent : "cette concentration d'instances compétentes en
matière de santé pose certes la question de leur coordination mais rend irréversible
29 Rémy FROMENTIN, ibidem p.146.30 Rémy FROMENTIN, ibidem p.147.31 Rémy FROMENTIN, ibidem p.148.32 Cour des comptes, Rapport annuel au parlement sur la sécurité sociale, sept. 2004, p.269.33 Inspection générale des affaires sociales, Rapport annuel 2002, Politiques sociales de l'Etat et territoires.
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22
le fait que le niveau régional soit reconnu comme pertinent pour le pilotage de la
politique déconcentrée de santé"34.
Le Haut conseil pour l'avenir de l'Assurance maladie ne dit pas autre chose. Sur la
base du constat que les dix dernières années ont été "pour la sécurité sociale, des
années d'incessantes transformations institutionnelles", il constate que l'on
"s'accoutume à l'empilement des financements, aux empilements institutionnels
dont le meilleur exemple est la surcharge de l'échelon régional…".
Il termine sa démonstration en expliquant que le "système manque aujourd'hui, à
tous les niveaux, de capacité à décider en situation de responsabilité"35.
Ainsi la région, après quinze années de réformes concordantes, s'est imposée
comme "le principal champ d'application des politiques de santé"36 mais n'en est
pas pour autant devenue le cadre politique. Le cadre régional vaut naturellement
pour la gestion de l'Assurance maladie37.
Durant la même période, la politique conventionnelle a été affirmée à de
nombreuses reprises comme l'outil majeur des relations entre l' Assurance maladie
et les professionnels de santé mais paradoxalement alors que tout le système de
santé convergeait vers l'échelon régional, la vie conventionnelle est très nettement
restée l'apanage du niveau national.
Cette situation est d'autant plus étonnante que les rapports entre les professionnels
de santé et les Caisses nationales d'assurance maladie ont connu des tensions
fortes, des ruptures de dialogues, un cours tumultueux qui aurait pu justifier
l'inscription de la vie conventionnelle dans le sillage de la montée en puissance du
cadre régional.
34 Ibidem, p.171.35 Rapport du Haut conseil pour l'avenir de l'assurance maladie, janv. 2004, disponible sur le site santé.gouv.36 Didier TABUTEAU, La régionalisation du système de santé en questions, Droit social n° 7,8 juillet-août 2002, p.745.37 Didier TABUTEAU, Les nouvelles frontières de l'assurance maladie, Droit social n°1, janvier 2003, p.125.
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Chapitre 2 : Le système conventionnel, une longue résistance au fait régional
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Depuis 197138, un dispositif conventionnel national organise la participation des
Caisses d'assurance maladie aux remboursements des soins et prescriptions
délivrées par les professionnels de santé. Il vise à concilier les deux caractéristiques
dont la coexistence construit la spécificité du système français de sécurité sociale :
une assurance maladie obligatoire qui prend en charge les dépenses de santé de
chacun de ses ressortissants et d'autre part l'exercice libéral de la médecine
complété de la liberté de choix du patient par le médecin et de prescription du
professionnel.
Ce dispositif fait l'unanimité en sa faveur. Professionnels de santé, Caisses
d'assurance maladie et pouvoirs publics le plébiscitent. Il est présenté comme l'outil
majeur des relations entre l'Assurance maladie et les professionnels de santé
(section 1).
Pourtant son histoire est tourmentée, son cadre juridique fragile et instable. Ses
résultats sont médiocres et auraient pu le conduire à ne pas ignorer le point d'appui
d'un échelon régional pour décliner sa politique (section 2).
38 Loi n° 71-525 du 3 juillet 1971.
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Section 1 : La politique conventionnelle est affirmée comme outil majeur des relations entre l'Assurance maladie et les
professionnels de santé
Le système conventionnel est une sorte de modèle de l'action publique dans
le domaine de la santé. Il est soutenu de tous : professionnels de santé,
partenaires sociaux (I), pouvoirs publics (II), et ce, bien au-delà des clivages
politiques habituels.
I. Le soutien des professionnels de santé et des dirigeants de l'Assurance maladie
La prise de position des représentants des médecins comme celle des Caisses
d'assurance maladie en faveur des dispositifs conventionnels est claire et sans
faille. Ce soutien s'affiche dans le texte des conventions (A) mais aussi dans des
postures affirmées en dehors de toute signature (B).
A - La lettre des conventions exprime un soutien fort au dispositif conventionnel
Le préambule des accords entre les organisations professionnelles et les Caisses
est souvent l'occasion de rappeler son attachement au système conventionnel. Ce
sont des mots forts qui sont retenus. La convention est décrite comme le trait
d'union entre les médecins et les assurés sociaux (1), comme l'outil du dialogue
avec les Caisses (2), et de la lisibilité de l'avenir professionnel des médecins (3).
1. la convention est le trait d'union entre les intérêts des médecins et des assurés sociaux
Le préambule du protocole d'accord du 5 juin 2002 est particulièrement
intéressant car il a été signé par la quasi-totalité des organisations
représentatives des médecins.
Après avoir rappelé leur attachement au système français d'Assurance
maladie solidaire qui permet de garantir un égal accès aux soins à toute la
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population, les signataires "estiment que les dispositifs conventionnels entre
l'Assurance maladie et les professions de santé traduisent la mission que la
collectivité confie à ces professionnels libéraux. C'est par la voie du contrat et
de la convention que peuvent être réunies les conditions d'un équilibre
dynamique entre les intérêts des assurés sociaux et des patients, et les
aspirations des professionnels de santé"39.
Le message est limpide : la convention c'est la sauvegarde des intérêts des
assurés sociaux et des médecins. C'est le trait d'union de leurs intérêts
respectifs.
2. la convention est l'instrument du dialogue entre l'Assurance maladie et les médecins
La convention nationale des médecins généralistes de 1998 entonne le même
air. La première phrase du préambule énonce "les conventions médicales sont
l'instrument privilégié du dialogue entre l'Assurance maladie et les médecins
libéraux"40.
Et les mêmes signataires de se féliciter un peu plus loin "les résultats obtenus
au travers des différentes conventions depuis 1971 sont loin d'être
négligeables pour les patients comme pour les médecins" mais avec une
lucidité qui mérite d'être soulignée, ils ajoutent : "le bilan s'accompagne
toutefois d'une hétérogénéité de la qualité et de l'utilité médicale des soins
dispensés, d'une croissance lente et continue des inégalités d'accès aux soins
et de disparités de consommations qui ne peut être médicalement justifiées. Il
s'accompagne aussi d'une lente dégradation des missions des médecins
généralistes et des conditions dans lesquelles elles s'exercent au regard de
leur fonction essentielle pour l'équilibre du système de soins"41.
MG France est la seule organisation signataire de la convention de 1998 et
c'est aussi la première fois qu'elle paraphe un accord avec les Caisses
d'assurance maladie. La déclaration est sans équivoque ; les conventions,
39 Protocole d'accord du 5.06.02 signé par tous les syndicats médicaux à l'exception de la Fédération des Médecins de France (FMF).40 Convention nationale des médecins généralistes approuvée par arrêté ministériel du 4.12.1998, JO du 5.12.1998.41 Idem.
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depuis 1971, ont apporté beaucoup aux patients et aux médecins. C'est donc
l'outil lui-même qui est salué au-delà de ceux qui apposent ou non leur
signature. MG France n'existait pas en 1971.
3. la convention est l'outil de la lisibilité de l'avenir professionnel des médecins
La convention médicale42 déclinée en application de la loi du 13 août 2004
affirme elle aussi la convention comme le cadre qui va permettre :
- d'améliorer la coordination et la qualité des soins avec le dossier médical
personnel et le médecin traitant,
- de préserver et améliorer l'accès aux soins avec la mise en place du
parcours coordonné des soins,
- de respecter le libre choix du patient dans le choix de son médecin
traitant généraliste ou spécialiste et dans la possibilité de consulter un
médecin de son choix en dehors des dispositifs du médecin traitant et du
parcours de soins coordonnés.
Là encore, les objectifs sont majeurs et la convention, une fois de plus,
retenue comme support essentiel. C'est elle qui doit "donner aux jeunes
générations (de médecins) une lisibilité sur leur avenir professionnel" conclut
le préambule.
Ainsi qu'il y ait signature par tous ou presque ou par un seul syndicat
représentatif, c'est un hommage vibrant qui est rendu. S'agit-il d'un exercice
de style ou cette belle unanimité se retrouve t-elle lorsque les organisations
professionnelles et l'Assurance maladie s'expriment en dehors du texte des
conventions ?
B - Le soutien à la politique conventionnelle dépasse les seuls signataires des conventions
42 Convention nationale organisant les rapports entres les médecins libéraux et l'assurance maladie signée le 12 janvier 2005, agréée par arrêté ministériel du 3 fév. 2005, JO du 11 fév. 2005.
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Les syndicats médicaux et de salariés, comme les dirigeants de l'Assurance
maladie affirment le même indéfectible soutien au système conventionnel même en
dehors de toute signature conventionnelle.
1. le soutien des organisations professionnelles
Les organisations représentatives des professionnels de santé et les syndicats
de salariés tiennent aussi le même langage lorsqu'ils ne sont pas signataires
ni en accord avec le dispositif conventionnel en vigueur. Ainsi les sept
organisations43 qui, en 2001, ont constitué un groupe dit "G7" n'hésitent pas à
déclarer :
"Prenant acte que le système conventionnel est dans l'impasse, elles (les
organisations membres du G7) ont engagé des travaux en vue de :
- rebâtir un système conventionnel entre l'Assurance maladie et les
médecins libéraux avec une convention unique,
- redonner aux partenaires conventionnels un réel pouvoir pour s'opposer
au processus d'étatisation en redéfinissant les champs de compétence
des caisses d'Assurance maladie et de l'Etat…,
Le "G7" milite pour un nouveau système conventionnel qui s'inscrit dans un
choix de société maintenant un système de santé à la française et préservant
en particulier la liberté de choix du patient"44.
Le même rapport développe ensuite dans quatre chapitres, dont un
spécialement consacré au respect des engagements conventionnels,
comment médecins et Assurance maladie pourraient, dans un partenariat bien
compris, développer la qualité des soins et assurer la maîtrise médicalisée de
l'évolution des dépenses.
Cet exemple est significatif de la position des syndicats de médecins et de
salariés qui n'a pas varié sur le fond depuis 1971. Quand la convention en
43 Les sept organisations sont : la Confédération des Syndicats Médicaux Français (CSMF), le Syndicat des Médecins Libéraux (SML), la Fédération des Médecins de France (FMF), la Confédération Générale du Travail Force Ouvrière (CGTFO), la Confédération Générale du Travail (CGT), la Confédération Française des Travailleurs Chrétiens (CFTC), la Confédération Française de l'Encadrement (CFE CGC).44 Rapport du "G7", Pour un projet ambitieux alternatif 2001, non publié.
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cours ne correspond pas à sa vision, on demande un "nouveau système
conventionnel" mais pas autre chose.
2. le soutien des dirigeants de l'Assurance maladie
L'Assurance maladie, lorsqu'elle a l'occasion de s'exprimer seule sur le sujet,
ne tient pas d'autre langage. Dans le plan stratégique adopté par le conseil
d'administration de la Caisse Nationale d'Assurance Maladie des Travailleurs
Salariés (CNAMTS) le 12 juillet 1999, Gilles JOHANET, directeur, insiste sur la
nécessité d'un dispositif de régulation des dépenses45 et plusieurs des trente
cinq propositions abordent la relation contractuelle avec le médecin.
La première proposition vise à refonder le conventionnement du médecin sur
la certification, conventionner l'offre de soins en fonction des besoins46,
développer les habilitations professionnelles47 ou encore créer un secteur
d'excellence48. Convention, secteur tarifaire, régulation des dépenses, ce sont
là aussi les mots qui soutiennent la contractualisation avec les professionnels
de santé. et marquent bien l'adhésion à ce système.
Jean-Marie SPAETH, président du conseil d'administration de la CNAMTS
entre 1996 et 2003, lors de la négociation de juin 2002, place clairement la
place de la "négociation collective" à côté "des voies de l'aventure" qu'il décrit
comme étant "la voie de la privatisation ou de l'étatisation…La voie que nous
choisissons est celle du partenariat car c'est la seule possible si nous voulons
maintenir un des éléments forts du pacte social français"49. Les propos
auraient pu être ceux de ces prédécesseurs Maurice DERLIN et Jean-Claude
MALLET. Ils ont d'autant plus d'importance que jusqu'à la loi du 13 août 2004,
c'était le président qui pilotait la négociation conventionnelle.
Une telle unanimité qui équivaut à un véritable plébiscite de l'outil
conventionnel devrait lui permettre d'asseoir un partenariat efficace d'autant
plus qu'il est soutenu lui aussi par les pouvoirs publics.
45 Des soins de qualité pour tous, Plan stratégique de la CNAMTS, juillet 1999.46 Plan stratégique de la CNAMTS, précité, note 42, proposition n° 5.47 Ibidem, proposition n° 2.48 Ibidem, proposition n° 3.49 Discours de Jean-Marie SPAETH au nom des trois caisses nationales à l'ouverture de la rencontre avec les syndicats médicaux du 4 juin 2002 qui va aboutir à l'accord du 5 juin 2002.
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II. Le soutien des pouvoirs publics à la politique conventionnelle
Aucune politique conventionnelle ne peut perdurer sans le soutien des pouvoirs
publics. En effet, la constitution confie aux pouvoirs législatif et exécutif des
missions dont ils ne peuvent se départir. C'est à la loi et au règlement de fixer le
cadre dans lequel va se situer la négociation et la convention. C'est donc du soutien
des pouvoirs publics que dépend, en grande partie, la convention médicale.
Or ce soutien est sans faille : toute l'histoire des conventions depuis 1971 en
témoigne. Le regard se limitera donc à l'examen de l'attitude de deux
gouvernements récents face à la convention mais ils illustrent bien la position de
leurs prédécesseurs.
A - Le gouvernement "Jospin" se porte au secours du dispositif conventionnel
Il s'agit, en quelques lignes, de souligner les déclarations et l'investissement de ce
gouvernement qui conduira à la loi du 6 mars 2002 qui devait modifier les termes du
dispositif conventionnel.
Automne - hiver 2001-2002, ce ne sont pas les spécialistes mais les généralistes
qui organisent la grève des gardes de nuit et de week-end, mettent en péril le
dispositif de permanence des soins. Elisabeth GUIGOU, ministre de l'emploi et de la
solidarité dans le gouvernement de Lionel JOSPIN, se penche sur les difficultés
conventionnelles. Après une première réunion le 25 janvier 2001 des acteurs du
système de soins de ville50, la création à cette occasion d'une mission de
concertation sur l'évolution de la médecine de ville51, le gouvernement s'appuiera
sur les conclusions de ces experts pour, en octobre lors de la réunion du 2ième
Grenelle de la santé, formuler des propositions.
Parmi les treize propositions du gouvernement pour "la réforme des soins et l'avenir
de l'Assurance maladie", figure la proposition 12 "rénover le cadre conventionnel",
par voie législative. Le gouvernement déclare :
50 Appelé communément "Grenelle de santé".51 Cette mission est composée de Bertrand BRUNHES (consultant), Bernard GLORION (président du conseil de l'ordre des médecins), Stéphane LE PAUL (IGAS) et Lise ROCHAIX (Professeur d'économie de la santé).
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"un large consensus existe sur le maintien de l'outil conventionnel, qu'il convient
cependant d'approfondir, d'élargir et de rénover afin de retrouver une dynamique
pour la régulation du secteur des soins de ville. Il n'appartient pas au gouvernement
de prédéterminer ce qui résultera d'éventuelles négociations pour une ou des
nouvelles conventions. Il pourrait cependant être conduit, le cas échéant, à proposer
au parlement des adaptations de la législation actuelle sur les conventions"52.
Le gouvernement traduira ses intentions dans le projet de Loi de financement de la
sécurité sociale pour 2002 à l'article 18.
A l'ouverture du débat de l'Assemblée nationale, Elisabeth GUIGOU déclarait :
"nous sentons bien que le malaise des professionnels de santé n'est pas lié
uniquement aux mécanismes de régulation. C'est la raison pour laquelle nous avons
travaillé à une meilleure reconnaissance du rôle des professionnels libéraux dans le
système de soins. Bien entendu, la convention reste l'instrument de cette
reconnaissance. A cet égard, je souhaite vous proposer un cadre pour un nouveau
contrat"53
C'est le même son de cloche que l'on retrouve dans l'exposé de motifs de la
proposition de loi qui va conduire à l'adoption des préconisations de la mission des
experts dans la loi du 6 mars 200254. Le législateur, comme le gouvernement,
apprécie la politique conventionnelle dont il souhaite la relance au travers d'un
dispositif rénové.
52 Propositions du gouvernement citées dans le rapport de Claude EVIN n° 3524 sur la proposition de loi n° 3520 portant rénovation des rapports conventionnels entre les professionnels de santé libérale et les organismes d'assurance maladie qui se traduira dans la loi du 6 mars 2002.53 Assemblée nationale, 2ième séance, 23 octobre 2001.54 Proposition de loi n° 3520 du 21 déc. 2001 présentée par Mrs Jean LE GARREC, Jean-Marc AYRAULT et Claude EVIN, loi n° 2002-322 du 6 mars 2002 portant rénovation des rapports conventionnels entre les professions de santé libérales et les organismes d'assurance maladie.
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B - Le gouvernement "Raffarin" s'occupe du dispositif conventionnel
Comme son prédécesseur, le gouvernement mis en place au milieu de l'année
2002, se trouve confronté au déficit des comptes de l'Assurance maladie.
Les médecins, mal remis des ordonnances d'avril 1996 et du dialogue difficile avec
les ministres de la santé du gouvernement précédent, attendent beaucoup de ce
nouveau gouvernement.
1. La fronde des spécialistes est l'occasion de marquer l'attachement du gouvernement à la convention
Les déclarations de Jean-François MATTEI, puis de Philippe DOUSTE-
BLAZY, en faveur de la convention médicale, sont nombreuses.
Jean-Pierre RAFFARIN s'est lui-même exprimé sur le sujet notamment au
moment de la fronde tarifaire des spécialistes.
Le nouveau dispositif conventionnel est logiquement mis en place dans la loi
du 13 août 2004.
Suite à une rencontre avec des médecins spécialistes55 dans une clinique à
Montargis en avril 2004, Jean-Pierre RAFFARIN exprime la position du
gouvernement : "la convention est la clé de voûte du système français. Elle est
ce par quoi nous parvenons à concilier un mode libéral d'exercice médical et
un très large remboursement socialisé des dépenses de soins". Les Français
tiennent "à la fois à la liberté et à la confiance que permet la médecine libérale
et à la sécurité et à la solidarité qui sont inhérentes à l'organisation de
l'Assurance maladie". C'est pourquoi, ajoute très logiquement le Premier
ministre, "nous devons protéger le système conventionnel"56. C'est ce qu'il va
s'employer à faire avec la loi du 13 août 2004.
55 Les spécialistes du secteur 1 qui vivent sans convention sont à ce moment là enclins à ne plus respecter les tarifs de la sécurité sociale prévus dans le règlement conventionnel minimal.56 Lettre de Jean-Pierre RAFFARIN, premier ministre, au député-maire de Montargis, le docteur Jean-Pierre DOOR, rapportée par le Quotidien du médecin n° 7535 du jeudi 6 mai 2004, p 4.
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2. La loi du 13 août redéfinit le dispositif conventionnel
Après avoir rappelé quelques grands principes, la loi du 13 août 2004 relative
à l'Assurance maladie57 dans son article premier, évoque immédiatement le
"partenariat des professionnels de santé avec les régimes d'Assurance
maladie pour veiller à la continuité, la coordination à la qualité des soins offerts
aux assurés, ainsi qu'à la répartition territoriale homogène de cette offre".
Annoncée comme une réforme de fond, elle consacre plusieurs articles à la
mise en place d'un nouveau dispositif conventionnel58. Celui-ci, par des
mécanismes nouveaux, doit permettre à la convention de fonctionner alors
qu'aucun des systèmes mis en place auparavant n'a pu résister à l'épreuve du
temps.
Pour finir ce concert d'avis et d'opinions clairement favorables au dispositif
contractuel, l'Etat et l'Assurance maladie, quand ils s'expriment ensemble,
disent encore une fois la même chose. Pour assurer la mise en œuvre d'une
politique de régulation médicalisée, l'Etat et la CNAMTS, dans le dernier
avenant à la convention d'objectifs et de gestion, ont défini plusieurs axes de
travail. Le premier d'entre eux est sans surprise : il consiste à conforter "les
fondements d'une régulation médicalisée". Le premier volet de mise en œuvre
de cet objectif est "la rénovation du dispositif contractuel"59.
Au final, le système conventionnel est une sorte de modèle de l'action publique
dans le domaine de la santé. Les ordonnances d'avril 1996 ont étendu cette
technique, de la contractualisation au domaine des relations entre l'Etat et les
Caisses d'assurance maladie au travers des conventions d'objectifs et de gestion
ainsi qu'aux Agences Régionales d'Hospitalisation avec les établissements publics
ou privés de santé dans les contrats d'objectifs et de moyens. La convention
dépasse donc le seul champ du règlement des rapports des praticiens libéraux avec
l'Assurance maladie.
Dans toutes ces prises de positions, peu de place pour la région, comme si l'idée de
décliner au plus près au local et au régional, devait être rangée au sein des
57 Loi n° 2004-810 du 13 août 2004 précitée.58 Titre II, section 4, art. 48 à 52.59 Avenant n° 4 du 7 mai 2004 à la convention d'objectifs et de gestion entre la CNAMTS et l'Etat relatif à la régulation du système de soins.
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modalités de mise en œuvre et ne pas constituer un principe, un niveau de dialogue
entre les professionnels de santé et les organismes d'Assurance maladie.
Certes l'Assurance maladie a bien compris que c'est sa légitimité qui serait en
cause si la politique conventionnelle lui échappait. Les professionnels sont rodés à
l'utilisation du système en leur faveur et l'Etat est bien conscient des risques induits
par un face à face direct avec les corporations de la santé : telles sont les
principales causes de l'engouement général pour un système pourtant fort
critiquable, à l'efficacité douteuse.
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Section 2 - La convention médicale : une histoire tumultueuse dans un cadre juridique fragile, des résultats douteux qui
ignorent le fait régional
Tellement vantée par les partenaires conventionnels et par les pouvoirs publics, la
mise en place d'un système conventionnel aurait pu marquer le point de départ
d'une collaboration fructueuse entre l'Assurance maladie et les médecins. La réalité
est à l'inverse, les antagonismes ne se sont pas éteints (I). Ils ont même été
renforcés par les incertitudes liées à l'instabilité juridique des conventions (II) qui
n'ont pas su apporter de résultats tangibles aux ambitions souscrites trop longtemps
maintenues hors d'un appui régional (III).
I. L'histoire tourmentée du système conventionnel l'éloigne durablement du niveau régional
Après 25 années sans système conventionnel réel (1945-1971), la sécurité sociale
va arriver à gagner le remboursement équitable des assurés sociaux. Ce sera au
prix d'une centralisation nationale du dispositif conventionnel qui va devenir la règle
pour plus de 30 ans (A).
Le dispositif conventionnel ne va pas apaiser les conflits entre le corps médical et
l'Assurance maladie. L'institution du secteur 2 en 1980 et les difficultés récurrentes
de financement de la Sécurité sociale vont amener une intervention répétée et de
plus en plus fréquente du législateur (B).
A - L'échec des conventions départementales va légitimer un système conventionnel national
Cette première période est marquée de trois caractéristiques : l'échec total du
système des conventions départementales mis en place en 1945, l'affirmation de la
CNAMTS comme interlocuteur unique des médecins et le recul de l'opposabilité du
tarif dès 1980 suite à la création d'un secteur à honoraires libres.
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1. les conventions départementales : un échec lourd de conséquences
l'échec du système des conventions départementales…
Ces conventions sont uniquement tarifaires, l'adhésion y est facultative et les
tarifs varient d'un département à l'autre.
A la volonté des Caisses de prendre en charge à hauteur de 80 % les
honoraires. Les médecins et la Confédération des Syndicats Médicaux
Français (CSMF) vont efficacement opposer le principe de l'entente directe
entre le praticien et le patient pour la fixation du tarif.
Les conventions départementales furent finalement assez rares et quand il y
en eut, les dérogations liées à la notoriété du médecin furent légion.
Décentralisé, comme l'est la Sécurité sociale dans ces quinze premières
années d'existence, le système va être un échec. Les pouvoirs publics vont,
par un décret du 12 mai 1960, tenter d'organiser les relations entre le corps
médical et la Sécurité sociale. Les conventions sont toujours départementales
mais avec une ossature commune qui constitue un tronc commun obligatoire.
C'est aussi le moment de la mise en place pour les praticiens d'un régime
d'Assurance maladie et vieillesse avec participation financière des Caisses.
Ce fut un progrès considérable60 par rapport à la période initiale mais
insuffisant face aux besoins de financement de l'Assurance maladie qui, déjà,
s'affirmait.
…porte à conséquences durables sur la vie conventionnelle
Le temps des conventions départementales va laisser son empreinte sur les
relations Assurance maladie – médecins d'au moins trois points de vue :
- c'est dans une résistance de 25 années au tarif opposable et au principe
inscrit dans les ordonnances de 1945 d'assurer un remboursement de
80 % des coûts des honoraires, que se forge le syndicalisme médical.
Patrick HASSENTEUFEL l'a très pertinemment analysé : "c'est en se
positionnant contre l'Assurance maladie obligatoire que se construit
60 Les conventions départementales s'appliquent aussi bien aux médecins qu'aux auxiliaires médicaux et chirurgiens dentistes. 88 % des médecins vont adhérer au système.
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l'identité dominante de la profession en France : celle du médecin
libéral"61.
- dans ce conflit, les médecins vont se retrouver en position de force, c'est la
Sécurité sociale qui les prie de bien vouloir entrer dans la convention et
non l'inverse. Un des meilleurs spécialistes en la matière, le professeur
Jean-Jacques DUPEYROUX l'explique sans détours : "plus grave encore,
au lieu de présenter la collaboration avec la sécurité sociale comme un
avantage devant être mérité, on a admis que cette collaboration
correspondait à une sorte de droit naturel de chaque praticien. Erreur
désastreuse qui devait fausser définitivement les rapports entre la sécurité
sociale et les médecins dans la mesure où ces derniers ont aussitôt
considéré que toute réglementation de leur droit à la collaboration serait
une inacceptable agression"62.
- enfin, et cela a été moins perçu, l'échec cuisant d'un système de
convention très décentralisé va légitimer pour longtemps la nécessité d'un
dialogue avec les professionnels de santé conduit au seul niveau national.
Cette option qui correspond bien à la tradition jacobine de la France ainsi
qu'à l'immixtion de plus en plus fréquente de l'Etat dans la vie
conventionnelle, va devenir incontournable et incontestable avec la mise
en place, en 1967, de la CNAMTS. La relation contractuelle médecins -
Sécurité sociale à un autre niveau que national va s'éteindre pour trente
ans.
2. La loi du 3 juillet 1971 et la première convention nationale
Les besoins financiers de la Sécurité sociale sont tels à la fin des années
soixante que "des mesures drastiques furent envisagées dans le cadre des
travaux préparatoires du VIième plan : un abandon du principe de la
rémunération à l'acte fut même évoqué"63.
61 Patrick HASSENTEUFEL, Les médecins face à l'Etat, une comparaison européenne, Paris, Presses des sciences 1997, p. 94.62 Jean-Jacques DUPEYROUX, Michel BORGETTO, Robert LAFORE, Rolande RUELLAN, Droit de la sécurité sociale, 14ième édition Dalloz 2001, p. 505.63 Jean-Jacques DUPEYROUX et autres, op. cit., p.506.
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La CSMF lança l'idée d'une convention nationale mais en préalable, elle
exigea que le législateur inscrive dans la loi, les principes fondamentaux de la
médecine libérale. Cela fut fait par la loi n° 71-525 du 3 juillet 197164. Les
partenaires conventionnels pourront, dès lors, négocier le premier accord
national. Trois mois plus tard, le 28 octobre, la convention était signée.
le nouveau dispositif instaure une convention nationale
La convention devient nationale. Elle est conclue entre la CNAMTS à laquelle
les Caisses nationales des régimes des travailleurs indépendants et agricole
s'associent et les syndicats représentatifs des professionnels de santé65.
Les conventions et leurs avenants n'entrent en vigueur qu'après approbation
par arrêté interministériel, le conseil national de l'Ordre doit être consulté sur
les dispositions relatives à la déontologie médicale avant cette approbation.
Les conventions sont applicables à tous les médecins sauf volonté contraire
exprimée de leur part. Il n'y a pas de signature individuelle.
l'essentiel de la première convention nationale
Le dispositif mis en place à l'automne 1971 prévoit des commissions paritaires
départementales et nationales. Il s'agit avant tout d'organes de concertation et
de dialogue.
La convention instaure un mécanisme d'autodiscipline à partir des Tableaux
Statistiques d'Activités des Praticiens (TSAP). En cas de manquements
répétés, le praticien peut être mis hors convention au bout d'une procédure
complexe mais néanmoins novatrice.
Très peu nombreux furent les médecins qui refusèrent le système, ce qui fut
considéré comme un succès. Mais le dispositif de sanction s'avéra inefficace :
il fut quasi impossible de déconventionner ceux qui ne jouaient pas le jeu.
64 Les principes sont toujours inscrits aujourd'hui : art. L 162-2 du Code de la sécurité sociale : "Dans l'intérêt des assurés sociaux et de la santé publique, le respect de la liberté d'exercice et de l'indépendance professionnelle et morale des médecins est assuré, conformément aux principes déontologiques fondamentaux que sont le libre choix du médecin par le malade, la liberté de prescription du médecin, le secret professionnel, le paiement direct des honoraires par le malade, la liberté d'installation du médecin, sauf dispositions contraires en vigueur à la date de promulgation de la loi n° 71-525 du 3 juil. 1971".65 Cette règle a été modifiée par la loi du 10 juillet 1975 qui a décidé que du côté des médecins, la signature d'une seule organisation syndicale représentative serait suffisante.
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3. La création d'un secteur à honoraires libres et la troisième convention nationale (1980-1985)66
le dispositif négocié
Le dispositif mis en place à l'automne 1971 prévoit des commissions paritaires
Les discussions préalables à la signature de la seule Fédération des Médecins
de France (FMF)67 le 29 mai 1980 furent houleuses. L'Assurance maladie et
les pouvoirs publics voulaient encadrer les dépenses dans une enveloppe
annuelle dont l'évolution serait liée à celle du Produit Intérieur Brut.
Il était prévu des objectifs de dépenses sur les honoraires et sur les
prescriptions. En cas d'écart négatif, la concertation devait, au sein d'instances
nationales et locales, étudier et trouver une solution soit dans une meilleure
utilisation du système de soins, soit dans le niveau des revalorisations
successives des honoraires.
le secteur 2, condition de la signature
La signature des organisations de médecins ne fut acquise qu'avec la mise en
place d'un échappatoire pour ceux qui refusaient cette contrainte tarifaire : le
secteur 2.
Cette innovation majeure permit à des praticiens de demeurer dans le système
conventionnel sans être contraints par les obligations tarifaires. Mais existe t-il
de réelles contraintes pour les professionnels dans la convention ?.
L'enveloppe globale, trop conflictuelle, fut abandonnée dans la convention
suivante68. Il s'agissait de se concentrer sur le bon usage des soins et du
système de santé.
Au final, le dispositif de sanction fut verrouillé par les syndicats médicaux.
entre 1971 et 1985, il y a eu moins d'une dizaine de cas de
déconventionnement.
66 La deuxième convention (1976-1981) signée le 3 février 1976 n'apporta pas d'innovations majeures.67 La CSMF signa finalement la convention le 30 janvier 1981. Il était urgent d'aboutir avant les élections présidentielles de mai.68 La quatrième convention nationale date du 1er juillet 1985. Elle reconduit le secteur 2. Pour la première fois, elle est signée en même temps par la CSMF et la FMF.
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Quant à la maîtrise des dépenses, elle ne fut pas au rendez-vous. Xavier
PRETOT, déjà analyste à ce moment là, écrit : "les pouvoirs publics qui n'ont
pas souhaité engager le fer avec une profession politiquement agissante,
manquent à faire prévaloir les exigences du service public"69. Dès lors, sans
maîtrise financière, le recours au législateur était inévitable.
B - Les soubresauts incessants de la vie conventionnelle conduisent à une intervention répétée du législateur
Si le cadre de la convention est resté stable entre 1971 et 1990, il va
beaucoup bouger à partir de cette période. Il s'agit toujours de recherche la
maîtrise de l'évolution des dépenses pour l'Assurance maladie et de la
préservation des libertés les plus absolues pour les médecins.
1. la cinquième convention nationale 1990 - 1992
le dispositif
Dès 1989, des discussions s'engagent entre les Caisses nationales et les
confédérations de médecins avec un syndicat supplémentaire : MG France.
Trois thèmes furent au centre des débats :
- la formation continue des praticiens et son financement par l'Assurance
maladie,
- le secteur 2 qui concentrait 25 % des praticiens mais beaucoup plus dans
certaines villes ou spécialités,
- la maîtrise de l'évolution des dépenses.
Après plus d'un an de négociations et l'intervention d'une loi70, la cinquième
convention fut signée le 9 mars 1990 par la seule FMF. Un arrêté du
27 mars 1990 l'approuva. Le secteur 2 est gelé pour 2 ans, 25 % des actes
des médecins du secteur 2 doivent être effectués au tarif opposable.
69 Xavier PRETOT, La quatrième convention nationale entre les organismes d'assurance maladie et le corps médical, Droit social, Sept. 1985, p. 784.70 Loi n° 90-86 du 23 janvier 1990 qui modifiera les conditions de la négociation sur deux points importants : la possibilité de conclure soit une convention unique, soit deux conventions séparées : généralistes et spécialistes et l'appréciation de la représentativité au regard de chacun des groupes de spécialistes et de généralistes.
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Pour la première fois, la convention contient une notion de régulation chiffrée
de l'évolution des dépenses de santé. Dix sept références médicales
nationales sont retenues. Leur impact sur les dépenses de santé est estimé de
façon à pouvoir, au niveau de chaque commission paritaire locale, établir des
contrats d'objectifs et tenter d'infléchir les dépenses de 3,5 %. Il revient à la
commission nationale d'établir et de diffuser ces références.
Il est à noter la possibilité, pour les Caisses primaires, de passer des accords
complémentaires à la convention nationale avec les organisations syndicales
de médecins les plus représentatives de leur ressort, mais ceux-ci nécessitent
l'accord de toutes les parties nationales et l'agrément du ministre71.
l'avenant n° 1 et la signature de MG France
Cette convention va être complétée par trois avenants qui vont révéler la
profondeur de la crise des relations entre syndicats médicaux d'une part et
entre ceux-ci et l'Assurance maladie d'autre part.
Le premier avenant est signé le 20 mars 1991 par le seul MG France. Le point
principal de cet avenant est l'option de "continuité des soins" par laquelle les
assurés sociaux qui le désirent peuvent s'abonner, pour une durée d'un an,
auprès d'un généraliste de leur choix qui accepte d'entrer lui-même dans la
démarche. Il y a dispense d'avance des frais pour les patients en affection de
longue durée. Le médecin renseigne le dossier médical et est rémunéré pour
cela.
la charge conjuguée de la CSMF et de la FMF
La CSMF et la FMF, appuyées par le Conseil National du Patronat Français
(CNPF) entrèrent en guerre contre le dispositif, ce qui aboutit au départ du
président de la CNAMTS, Maurice DERLIN, et la suspension par celle-ci de
l'avenant pourtant parfaitement agréé par les pouvoirs publics.
71 Cf. art. L 162-5 et R 162-1-8 du Code de la sécurité sociale
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Deux autres avenants allaient venir72 rétablir le contrat mais la convention de
mars 1990 sera annulée par le Conseil d'Etat dans un arrêt du 10 juillet 199273
pour trois motifs essentiels :
- le gouvernement s'est arrogé un pouvoir d'approbation partielle puisqu'il
n'a approuvé qu'en partie les revalorisations tarifaires prévues,
- la cinquième convention aurait dû être signée par deux syndicats
représentatifs l'un chez les généralistes, l'autre chez les spécialistes,
- enfin, il n'y a pas eu d'enquête de représentativité.
Le législateur n'avait plus le choix. Le système des conventions nationales
était dans l'impasse. Il se devait d'intervenir.
2. L'éphémère ambition de la loi du 4 janvier 1993
un contexte hostile précède la loi
Après un projet de loi examiné en 1ière lecture le 5 juin 1992, le gouvernement
voulait soutenir le contenu de l'avenant n° 3 à la convention de mars 1992 et
anticiper la décision d'annulation du Conseil d'Etat qui allait intervenir quelques
jours plus tard. En réalité, devant l'hostilité des représentants médicaux, y
compris la CSMF qui avait pourtant signé ledit avenant, le gouvernement retire
son projet. C'est un texte plus en retrait qui revient finalement devant les
parlementaires.
le contenu de la loi et la 6ième convention médicale nationale du 21 octobre 1993
La loi organise un dispositif nouveau pour la maîtrise de l'évolution des
dépenses avec :
- la fixation d'objectifs prévisionnels annuels ou d'objectifs quantifiés
nationaux pour les praticiens à la fois sur les honoraires et les
prescriptions,
- la mise en œuvre de normes de qualité : les Références Médicales
Opposables (RMO) à chaque médecin,
72 Avenant n° 2 du 25 juin 1991 qui gèle l'avenant n° 1, Avenant n° 3 du 10 avril 1992 agréé le 5 mai 1992.73 CE, 10 juillet 1992, Syndicat des médecins libéraux et autres, cité par X. PRETOT, Les grands arrêts de la sécurité sociale, p. 325 et 326.
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- un dispositif de sanction du non-respect des Objectifs Quantifiés Nationaux
(OQN) ou des RMO,
- la création d'unions régionales des médecins chargés de contribuer à
l'amélioration de la gestion du système de santé74.
Ce dispositif, tout aussi prometteur que les précédents, sera complété par
l'arrivée, dans deux avenants75, de 147 RMO sur 42 thèmes. L'intervention du
plan Juppé aboutira à la dénonciation de la convention le 20 décembre 1996,
faute pour les partenaires, de trouver un terrain d'entente. Un nouveau
dispositif va voir le jour quelques mois plus tard. La création d'une première
structure régionale, les Unions Régionales des Médecins Libéraux (URML)
pouvant s'impliquer dans la mise en œuvre de la convention, ne sera pas suivi
d'effet. Il est vrai qu'elle n'a pas d'interlocuteur côté Caisses d'assurance
maladie.
l'ordonnance du 24 avril 1996 et les conventions du 12 mars 1997
Avec des mots différents, ce sont les mêmes objectifs qui sont poursuivis. Il y
aura deux conventions car MG France comme l'Union Collégiale des
Chirurgiens et Spécialistes Français (UCCSF) n'ont respectivement de
représentativité que chez les généralistes ou les spécialistes. Les deux textes
ont cependant un large tronc commun et précisent les conditions de mise en
œuvre des dispositions issues de l'ordonnance de 1996 :
- remise en place d'une option conventionnelle,
- remise en place de recommandations et de références professionnelles,
- mécanisme d'adaptation par zones géographiques de l'objectif prévisionnel
des dépenses en fonction des critères d'âge et d'évolution de la
population, des classes d'âge…,
- système de sanctions.
Une fois de plus, l'ensemble n'aura de cohérence que sur le papier,
l'annulation des arrêtés d'approbation témoignant, au-delà des relations
difficiles entre les organisations professionnelles de médecins et les Caisses
nationales d'assurance maladie, de la fragilité juridique du système.
74 Cf. supra, chapitre 1er, point II-A-1, 3ième tiret.75 Avenant n° 1, JO du 24 mars 1994 crée 65 RMO, et avenant n° 5, JO du 05 mars 1995 en ajoute 82.
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3. La vie conventionnelle dans l'impasse, le législateur réitère son soutien : la loi du 6 mars 2002 et la loi du 13 août 2004
L'horizon de la fin des années quatre vingt dix est sombre. Un seul syndicat
signataire de la convention chez les généralistes, pas de convention avec les
spécialistes, des résultats électoraux lors du renouvellement des URML très
défavorables à MG France et des mouvements de grève qui vont bientôt
démarrer chez les généralistes d'abord, puis chez les spécialistes.
Le Plan Juppé a été malmené par le juge au point de déclencher l'ironie de la
Doctrine76 et, excepté l'année 1997, l'ONDAM77 n'est jamais respecté. Il
revient au législateur de trouver à nouveau une solution, ce qu'il va faire en
deux temps pour cause d'alternance politique.
la loi du 6 mars 2002
Préparée par un comité des sages, la loi veut rénover le dispositif
conventionnel en instaurant un système à trois étages78 :
Premier étage : un accord cadre applicable à l'ensemble des professions de
santé exerçant dans un cadre conventionnel dont l'objectif est de fixer les
dispositions communes à l'ensemble des professions concernées79
Deuxième étage : des conventions par profession avec la possibilité de
décliner les engagements des signataires dans des accords de bon usage des
soins (art. L 162.12 – 17 du Code de la sécurité sociale). Ces contrats peuvent
être conclus au niveau national ou régional, ce qui constitue une innovation
dans le monde des conventions traditionnellement artisanales.
Troisième étage : des contrats à adhésion individuelle dit de santé
publique qui peuvent ouvrir droit à rémunération forfaitaire si les engagements
des professionnels sont tenus (art. L 162.12-20 du Code de la sécurité
sociale).
76 L.DUBOUIS, De l'illégalité itérative comme mode de gestion du système conventionnel, Revue de droit sanitaire et social, 1996, p. 352 ; L'annulation des conventions médicales de 1997 : le Conseil d'Etat exécuteur ou régulateur du plan Juppé ?, Ibidem 1998, p. 755.77 ONDAM : objectif national des dépenses d'assurance maladie78 Sur le contexte préparatoire à la loi, voir supra, p.79 Il s'agit des médecins, chirurgiens dentistes, sages-femmes, infirmiers, masseurs kinésithérapeutes, transporteurs sanitaires et laboratoires d'analyses médicales.
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Quelle que soit la valeur de ce texte, sa portée sera limitée car il intervient en
fin de mandature et la majorité nouvelle voudra redéfinir le cadre législatif des
conventions.
la loi du 13 août 2004 : une nouvelle refonte du système
conventionnel.
Comme toutes celles qui l'ont précédée, c'est dans un paysage conventionnel
en crise qu'elle va essayer de porter remède80. Les objectifs sont les mêmes
qu'auparavant "concilier un haut degré de liberté dans l'organisation du
système de soins et la prise en charge socialisée des dépenses de santé"81.
Quelques dispositions originales méritent d'être évoquées.
le nouveau pilote
Tout d'abord, il y a changement de tête dans la délégation de l'Assurance
maladie qui n'est plus conduite par le président de la CNAMTS mais par le
directeur général de l'Union Nationale des Caisses d'Assurance Maladie
(UNCAM) qui négocie et signe les accords avec les médecins82.
mise en place d'un droit d'opposition
Le nouveau dispositif crée un droit d'opposition au profit des organisations
représentatives des professionnels de santé. La signature, avec une seule
organisation même minoritaire, reste possible mais le nouvel article L 162-15
al.4 permet à deux organisations, dès lors qu'elles ont obtenu la majorité des
vois aux élections aux URML, "de faire obstacle à la mise en œuvre" de
l'accord.
80 Sur l'analyse de la crise conventionnelle, voir :- Jean-Michel DUBERNARD, Rapport Assemblée Nationale n° 1703 du 24.06.2004 devant la commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi n° 1675 relatif à l'assurance maladie, p. 248 à 258.- Jean-Louis DEBRE, Président de l'assemblée nationale, Rapport n° 1617 au nom de la mission d'information sur la problématique de l'assurance maladie, p. 48 et suivantes.81 Jean-Michel DUBERNARD, Rapport précité, p. 248.82 art. L 182-2-4 du Code de la sécurité sociale
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création d'un règlement arbitral
La loi du 13 août 2004 enterre également les règlements conventionnels
minimaux de l'article L 162-5-9 du Code de la sécurité sociale au profit d'une
procédure arbitrale. L'article L 162-14-1 prévoit qu'"en cas de rupture des
négociations préalables à l'élaboration d'une convention ou d'opposition à la
nouvelle convention, un arbitre arrête un projet de convention dans le respect
du cadre financier pluriannuel des dépenses de santé".
révision des règles de l'agrément ministériel
Enfin, les règles relatives à l'agrément des accords par le ministre de la Santé
ou de la Sécurité sociale sont revues. Le délai au-delà duquel le texte transmis
est réputé approuvé passe de 45 à 21 jours. Les motifs d'opposition sont
réduits à deux : la non-conformité aux lois et règlements et la présence de
dispositions contraires à la politique de santé publique. La version précédente
qui ne datait que de la loi du 6 mars 2002, prévoyait que les ministres
pouvaient s'opposer à la convention en raison d'une incompatibilité de cette
dernière avec l'objectif des dépenses.
D'après le rapporteur, la non reprise de ce cas de refus d'agrément va
"diminuer considérablement la marge de manœuvre des ministres et
responsabiliser d'autant les partenaires à la convention"83. Ainsi le ministre ne
dispose plus que de l'arme de la légalité et de celle de la santé publique pour
refuser un accord.
des responsabilités à la région
La loi du 13 août 2004 consacre plusieurs articles à l'organisation régionale de
la Sécurité sociale et notamment au renforcement des URCAM (article 66 de
la loi). Les dispositifs sont à croiser avec d'autres passages de la loi qui
permettent aux même Unions de contractualiser avec des médecins
notamment dans les zones fragiles avec des objectifs de meilleure qualité des
soins.
Il est trop tôt pour savoir si la convention du 11 février 2005 qui fait suite à
cette loi va modifier durablement les rapports entre les médecins et
83 Jean-Michel DUBERNARD, rapport précité p. 37
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l'Assurance maladie mais redécouvrir des possibilités d'action pour le niveau
régional après plus de trente ans de "tout national" devait être souligné. Au-
delà, les commentateurs ont déjà noté que "l'ensemble de ce dispositif
augmente le pouvoir de négociation dont dispose les professionnels et devrait
rendre plus complexe - ou du moins plus coûteux – leur signature"84. Les
risques de voir l'histoire se répéter sont donc réels et ce d'autant plus que,
quelle que soit la qualité d'un dispositif conventionnel, il est d'une fragilité
juridique forte.
II. La fragilité juridique des conventions médicales
La crédibilité et l'efficacité d'un système contractuel quel qu'il soit,
suppose sa stabilité dans le temps. La confiance réciproque entre les
parties, leur légitimité, le respect par les tiers, ne peuvent se construire
que dans la durée. Or les conventions ont été systématiquement
attaquées devant les juridictions85.
Le juge de l'excès de pouvoir est devenu un acteur involontaire du
dispositif (A). Si le système conventionnel peut toujours être amélioré
dans son fonctionnement, il n'en reste pas moins intrinsèquement
fragile sur le plan juridique (B).
A - Le Conseil d'Etat, partenaire involontaire du système conventionnel
Depuis 1971, rares sont les conventions médicales qui n'ont pas fait l'objet d'une
annulation par le Conseil d'Etat (1).
Devant un risque d'annulation, les pouvoirs publics ont recouru aux validations
législatives avant que le juge ne vienne lui-même au secours des conventions en
jugeant de la divisibilité des conventions (2).
84 Pierre-Louis BRAS, Notre système de soins serait-il mieux gouverné?, Droit social n°11, nov. 2004, p. 96785 La convention du 12 janvier 2005 ne fait pas exception à la règle. Un recours a été déposé dès le 25 fév. 2005 par 10 médecins généralistes, cf. "Le choix du médecin traitant devant le Conseil d'Etat", Le monde, jeudi 24 fév. 2005, p. 9 ; Le quotidien du médecin, 25 fév. 2005, p. 2.
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1. Le Conseil d'Etat prive d'effet les conventions
Les décisions du Conseil d'Etat ont fait l'objet de nombreux commentaires.
C'est ainsi qu'il a annulé les arrêtés ministériels d'approbation de cinq
conventions médicales : 1971, 1980, 1990 et deux conventions généralistes et
spécialistes de 199786.
De nombreux avenants ont subi le même sort. Les décisions ont pour
conséquence de priver la convention de tout effet juridique. La période la plus
récente fournit encore des illustrations : annulation partielle de l'arrêté
d'approbation de l'avenant 8 à la convention des généralistes87 ou de l'arrêté
relatif à l'avenant 12 pour ce qui concerne la Santé publique sur les soins
palliatifs88.
Pour limiter ce que les commentateurs ont qualifié de "massacre
systématique"89, le législateur puis le juge administratif se sont portés, chacun
à leur manière, au secours des conventions.
2. Les validations législatives et la divisibilité des conventions
Les annulations contentieuses totales des conventions étaient, au final, sans
grand effet car le législateur intervenait régulièrement soit pour valider
rétroactivement les arrêtés d'approbation annulés, soit pour modifier la
législation et la rendre compatible avec des conventions identiques à celles
qui risquaient d'être prochainement annulées. Le processus connu sous
l'expression de validation législative permit à plusieurs conventions de
perdurer90. En effet, le législateur peut, sauf en matière pénale, édicter des
dispositions rétroactives mais là, c'est le juge constitutionnel qui en a fixé les
limites répondant ainsi à la sollicitation d'une doctrine qui voyait dans les
systématisations de ces pratiques, la négation de la rigueur du juge et un
privilège trop fort accordé à la volonté des négociateurs conventionnels.
86 Les conventions avec les autres professions ont souvent subi le même sort : annulation des 4 conventions nationales des chirurgiens dentistes, de la convention avec les directeurs de laboratoires d'analyses médicales de 1992, de la convention des infirmiers de 1992 etc…87 Arrêté ministériel du 31 janv. 2002, JO du 1er fév. 2002, p. 2143.CE 29 juil. 2002 annule l'approbation du point 2.1, du préambule du point 3 et des points 3.1, 3.2 et 3.6 de l'avenant.88 Avenant 12 à la convention des généralistes, art. 7, JO 17 sept. 2003 ; CE, 1er oct. 2004.89 Didier TRUCHET, Conventions médicales : une nouvelle jurisprudence du conseil d'Etat, Droit social n° 6, juin 1999, p. 601.90 Ce fut le cas notamment de la convention médicale de 1993 au travers de la loi DMOS du 4 fév. 1995.
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Le conseil constitutionnel91 a confirmé la possibilité, pour le législateur,
d'adopter des dispositions à caractère rétroactif sauf en matière pénale. Il a
précisé toutefois qu'une telle démarche doit répondre à un motif d'intérêt
général suffisant et d'autre part, qu'elle ne doit pas priver de garanties légales
des exigences constitutionnelles.92
Cette pratique des validations législatives se heurte aussi aux exigences de la
Cour européenne des droits de l'homme qui, appuyée sur l'article 6.1 relatif au
droit au procès, encadre la possibilité laissée au législateur de modifier les
termes d'un litige en cours par l'édiction de dispositions à caractère rétroactif93.
L'appui le plus significatif dans ses effets est venu du Conseil d'Etat qui, dans
une décision du 14 avril 1999 en section du contentieux, a jugé que "les
stipulations [entachées d'illégalité] sont divisibles des autres stipulations de la
convention"94. Désormais, l'annulation totale n'est plus de mise, seules les
dispositions appréciées comme illégales seront annulées.
Il y a là un peu d'oxygène pour les conventions mais sans doute pas
suffisamment pour leur conférer une solidité juridique nouvelle car il existe
d'autres points de faiblesse.
91 CC, 18 déc. 2001, décision 2001-453 DC, Loi de financement de la sécurité sociale pour 2002, JO 26 déc., p.20582.92 Le conseil constitutionnel a annulé les dispositions de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2002 qui visaient à annuler la dette constatée dans les comptes du FOREC vis à vis de la sécurité sociale ; pour un commentaire, voir Xavier PRETOT, La conformité à la constitution de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2002, Droit social n° 2, fév. 2002, p.191.93 Xavier PRETOT, Le conseil constitutionnel, la cour européenne de Strasbourg et les validations législatives, à constitutionalisme, conventionnalisme et demi…, Le nouveau convention-nalisme/Mélanges G. CONAC, Economica, 2001, p.219.94 CE, 14 avril 1999, Syndicat des médecins libéraux et autres, Rec. p.139 ; pour uncommentaire cf. Didier TRUCHET précité, note 84.
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B - La faiblesse intrinsèque des conventions
Pour expliquer les annulations à répétition des conventions, on a mis en avant
l'absence de préparation sérieuse en amont (1), mais c'est essentiellement le cadre
juridique et les contraintes qui s'imposent à toute convention qui explique leur
fragilité (2).
1. L'impréparation des conventions
La cour des comptes, dans un rapport de septembre 200095, a mis en cause la
CNAMTS. Celle-ci, selon la Haute juridiction financière, ne dispose pas
d'éclairage sur la part respective de tel ou tel facteur dans l'évolution des
dépenses. Ne connaissant que très mal la part de la hausse du tarif, de
l'activité, de la création de nouvelles lettres clés, la CNAMTS ne peut être
qu'en difficulté sur le pilotage des conventions.
La cour relève également un manque d'association des organismes locaux en
amont de la convention, ce qui explique des difficultés dans le suivi.
Le contexte juridique complexe qui entoure la convention justifierait d'un appui
sur des experts juridiques et d'un projet de texte examiné par leurs soins en
amont de la signature. La Cour ne manque pas également de souligner, en
matière de sanctions, l'absence de "séparation des fonctions d'instruction et
de jugement" au sein des conventions, ce qui fragilise le dispositif.
L'essentiel de la fragilité n'en demeure pas moins liée à la place des
conventions dans la hiérarchie des normes.
95 Cour des comptes, Rapport sur la sécurité sociale, sept. 2000, p. 336 et suivantes.
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2. La convention est un exercice juridique très contraint
la convention est un "monstre juridique"
Beaucoup d'auteurs se sont penchés sur la nature juridique des conventions
nationales. Le professeur Xavier PRETOT les a qualifiées de "monstre
juridique"96. Presque 20 ans plus tard, Rémi PELLET, autre spécialiste du
domaine écrit : "ces actes (les conventions médicales) sont la résultante d'une
aberration du développement juridique puisqu'ils tiennent de la carpe ou du
lapin ou si l'on veut être plus précis, du contrat entre partenaires sociaux et de
l'acte unilatéral de l'Etat"97. A ce titre, poursuit l'auteur, l'étude des conventions
médicales relève de la "tératologie juridique"98. Ainsi caractérisées, les
conventions médicales apparaissent comme des outils juridiquement
compliqués.
Acte unilatéral public passé préalablement par le contrat, résultat de
négociations et donc de compromis, la convention n'en doit pas moins en sa
qualité d'acte à valeur réglementaire, respecter les principes posés pour la
sécurité sociale par la constitution et notamment les articles 34 et 21 de celle-
ci.
les limites fixées par l'article 34 de la constitution
L'article 34 de la constitution donne compétence au législateur pour définir "les
principes fondamentaux de la sécurité sociale". La loi qui renverrait à une
convention le soin d'y procéder à sa place ou qui resterait trop générale dans
la définition, serait, pour ce motif, entachée d'inconstitutionnalité. C'est ainsi
que les articles 26 et 27 de la Loi de financement de la sécurité sociale pour
1999 ont été censurés au motif qu'ils instituaient une taxe fiscale "à la charge
de tous les médecins et ce, quel qu'ait été leur comportement individuel en
matière d'honoraires et de prescriptions pendant l'année au cours de laquelle
le dépassement a été constaté. Le législateur n'a pas fondé son appréciation
96 Xavier PRETOT, La quatrième convention nationale entre les organismes d'assurance maladie et le corps médical, Droit social n° 11, sept. 1985, p.764 et spé p. 791.97 Rémi PELLET, Les relations juridiques (très peu) conventionnelles des médecins libéraux avec la sécurité sociale ; La crise des professions de santé sous la direction de J. de KERVASDOUE, Dunod, 2003, p. 122.98 Tératologie : "partie de la médecine, de la biologie, qui a pour objet l'étude des anomalies et des monstruosités des êtres vivants", dictionnaire Petit Robert.
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sur des critères objectifs et rationnels en rapport avec l'objet de la loi"99. La loi
voulait réguler les dépenses, son objet n'était pas de créer une taxe fiscale.
La notion de "principe fondamental de la sécurité sociale" est en jurisprudence
constitutionnelle extrêmement extensive et va bien au-delà des seuls éléments
les plus fondamentaux d'organisation du système. En fait, "la convention ne
peut fixer elle-même aucune des règles générales de remboursement, de
tarification ou d'organisation des rapports avec l'Assurance maladie sans que
la loi ne l'ait prévu avec suffisamment de précision" 100. C'est ainsi que le
principe même de recourir au contrat pour régir les rapports entre les
organismes d'Assurance maladie et les professionnels de santé s'analyse
comme étant un principe fondamental de la sécurité sociale et dépend du seul
pouvoir législatif101. C'est aussi aux assemblées que revient le pouvoir
d'arrêter des notions telles que le reversement, le plafond d'activité ou les
conséquences en cas de dépassement102.
les limites fixées par l'article 21 de la constitution
La seconde limite constitutionnelle résulte de l'article 21 qui réserve au pouvoir
réglementaire le soin d'assurer "l'exécution des lois". Dès lors, les "principes
fondamentaux de la sécurité sociale", déterminés par la loi, ne peuvent être
normalement précisés et organisés, que par voie réglementaire, décret ou
arrêté.
C'est donc par exception que le conseil constitutionnel a admit que le
législateur puisse renvoyer à des conventions passées entre les organismes
de sécurité sociale et les syndicats professionnels, le soin de procéder à
l'application de la loi103. Cette position du juge est basée sur le fait que l'entrée
en vigueur des conventions est subordonnée à leur approbation par l'autorité
publique. Une fois approuvée, la convention devient un acte réglementaire
avec tous les effets qui s'y rattachent104.
99 DC 98-404 du 18 déc. 1998, Loi de financement de la sécurité sociale pour 1999.100 Haut conseil pour l'avenir de l'assurance maladie, Rapport précité p. 327.101 DC 89-269 du 22 janv. 1990, Droit social 1991, p. 807, note Xavier PRETOT.102 CE, 30 avril 1997, Association nationale pour l'éthique de la médecine libérale et autres, Droit social 1997, p. 845, étude Xavier PRETOT.103 DC 89-269 du 22 janv. 1990, précité.104 CE 18 fév. 1977, HERVOUET, Rec. p.100.
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Les conventions ne sont donc, au final, que des "dispositifs subsidiaires" 105 et
c'est bien pour l'avoir trop souvent ignoré que les annulations ont été aussi
nombreuses. Cette résistance souvent couronnée de succès pour les parties à
la convention qui ont su mobiliser le législateur, convaincre de diminuer la
portée de ces décisions, n'on pourtant pas suffi à donner une efficacité réelle
aux conventions nationales.
105 CE, avis du 2 avril 1985, Droit social 1985, p. 512, note Xavier PRETOT.
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III. Le système conventionnel national : une efficacité douteuse qui ignore le fait régional
Porté au pinacle par les partenaires conventionnels soutenus par tous les
gouvernements instables par nature et aussi par l'action de ses acteurs, le
système conventionnel n'en est pas pour autant efficace (A).
Ses résultats pour le moins médiocres auraient pu l'inciter à prendre appui sur
des structures régionales comme l'Etat a commencé à le faire dans le
domaine hospitalier. C'est au contraire une stratégie d'ignorance, voire de
résistance, qui servira, jusqu'aux années 2000, de ligne politique aux
partenaires conventionnels nationaux (B).
A - L'efficacité douteuse du système conventionnel national
Dès 1971, les partenaires de la convention affichent leurs ambitions : "la profession
médicale est prête à assumer toutes ses responsabilités économiques pour que
l'effort de prévoyance collective soit utilisé au meilleur coût dans l'intérêt des
malades"106. Les Caisses nationales souhaitent que "la profession médicale prenne
une pleine conscience de ses responsabilités économiques et financières" ; la
convention prévoit "les modalités d'exercice d'une autodiscipline par laquelle la
profession médicale organisée entend faire tout ce qui en son pouvoir pour
augmenter, à coût égal, la rentabilité humaine et sociale de la médecine"107.
La convention de 1980 dispose : "les parties signataires se fixent chaque année, de
façon concertée, des objectifs de dépenses portant d'une part sur les honoraires et
d'autre part, sur les prescriptions compatibles avec les recettes disponibles de
l'Assurance maladie".
Les objectifs sont très clairs :
- maîtriser la dépense de la collectivité - assurer à chacun, patients et médecins, la qualité des soins et de l'exercice
professionnel.
Ces objectifs sont ceux de toutes les conventions qui ont toutes échouées à ce jour.
106 Déclaration du corps médical en préambule de la convention du 28 octobre 1971, Droit social n° 9 et 10, sept. et oct. 1971, p. 599.107 Ibidem, note 103.
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1. Le système conventionnel national n'a pas permis la maîtrise des dépenses de santé
L'histoire de la vie conventionnelle est rythmée depuis 1971 par les crises
financières de la Sécurité sociale qui vont justifier d'une "litanie" de plans de
redressement108.
L'ensemble des mécanismes imaginés par les signataires vont échouer. les
enveloppes prévues par la convention de 1980 en contrepartie de l'abandon
du tarif opposable ne verront jamais le jour109. La mise à contribution
financière des médecins prévue par l'ordonnance du 24 avril 1996 sera
annihilée par les décisions successives du juge administratif110 et du juge
constitutionnel111. Ce sera finalement le législateur qui annulera le dispositif
des lettres-clés flottantes112.
Quant à l'ONDAM, fleuron du plan Juppé, il ne sera respecté qu'une seule fois
en 1997. Très lucidement, la Cour des comptes écrit : "la sous-évaluation
rémanente de l'objectif, son dépassement répété, la fragilisation de la plupart
des modes de régulation risquent, s'ils se prolongent, de mettre en cause la
notion même d'objectif"113.
Au final, c'est un endettement de la Sécurité sociale qui s'enracine et le seul
outil qui semble prospérer est la CADES114. Créée par l'ordonnance n° 96-50
du 24 janvier 1996 pour rembourser à l'Etat les avances consenties pour 1995
et 1996, elle fut "réouverte" une première fois par la LFSS pour 1998 avec
transfert des déficits de 1997 et 1998. Sa durée de vie a été prolongée de
2008 à 2014. Avec la loi du 13 août 2004, le législateur utilise à nouveau la
CADES pour lui faire prendre en charge la nouvelle dette constituée et celle
qui va intervenir en 2005 et 2006, soit 50 milliards d'euros au total. Sa durée a
naturellement été allongée.
108 Pour une liste exhaustive des plans de redressement de la sécurité sociale, Bruno PALIER, Gouverner la sécurité sociale, PUF 2002, p. 407 et s.109 Cf. infra p.110 CE, 3 juil. 1998, Syndicat des médecins de l'Ain et 26 juil. 1998, CSMF et autres qui déclarent illégales les dispositions de la convention de 1997 qui définissait les conditions du "reversement exigible" des médecins.111 CC, 18 déc. 1998, décision 1998-404, cf. supra p.48.112 Loi n° 2002-1487 du 20 déc. 2002 portant loi de financement de la sécurité sociale pour 2003.113 Cour des comptes, Rapport sur la sécurité sociale, sept. 2000, p. 336.114 Caisse d'amortissement de la dette sociale. Sur sa fonction, voir Rémi PELLET, Les finances sociales : économie, droit et politique, LGDJ, 2001, spé. p. 80 et s. ; du même auteur, L'équilibre financier de l'assurance maladie après la loi du 13 août 2004, Droit social, nov. 2004, p. 979
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2. Le système conventionnel national n'a pas modifié les conduites individuelles
Les assurés sociaux n'ont pas été responsabilisés dans leur utilisation du
système de soins. Quant aux médecins, l'impulsion d'une démarche qualité et
sa sanction est toujours balbutiante.
Pour le patient, le parcours de soins coordonné est un des objectifs forts de la
loi du 13 août 2004. Il est trop tôt pour juger de son apport au système de
soins. En même temps, l'affirmation de cet objectif montre bien l'échec des
initiatives antérieures qui se résument, pour l'essentiel, au dispositif
conventionnel du médecin référent qui fut malmené par le Conseil d'Etat115. La
Cour des comptes qui s'est penchée sur le dispositif n'a pas manqué de
souligner que les médecins n'avaient, en réalité, que peu d'obligations, que les
Caisses ne les avaient, de toutes façons, pas vérifiées, et que le dispositif
d'indemnisation des médecins adhérents était coûteux.
Pour les médecins, les efforts en faveur de la qualité des pratiques, semblent
encore très largement à réaliser. Ainsi en est-il des Références Médicales
Opposables (RMO) comme de l'évaluation des pratiques professionnelles.
Les RMO116, élaborées par l'Agence Nationale d'Accréditation et d'Evaluation
en Santé (ANAES) et l'Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits
de Santé (AFSSAPS) n'ont pas aujourd'hui la place qui leur reviendrait car
d'une part le Conseil d'Etat a annulé le dispositif de sanctions applicables en
cas de non-respect117 et d'autre part le Comité Médical Régional (CMR) qui
devait statuer sur les cas du manquement aux obligations n'a pas pu se réunir,
les URML ayant jugé la composition trop favorable à l'Assurance maladie. La
LFSS pour 2003 supprimera finalement ce comité médical régional. Les RMO
existent toujours aujourd'hui mais leur non-respect n'est pas sanctionnable. Il
115 La convention de 1997 qui mettait en place le médecin référent, fut annulée (CE, Ass. 3 juil. 1998). Dans la convention de 1998, ce furent les dispositions relatives à la formation professionnelle conventionnelle qui furent annulées (CE 14 avril 1999) avec validation législative dans la LFSS pour 1999 et la loi n° 99-641 du 27 juil. 1999 sur la couverture maladie universelle. 116 Les RMO ont été créées par la loi n° 93-8 du 4 janv. 1993, elles ont été incluses dans le champ des conventions par l'ordonnance n° 96-345 du 24 avril 1996.117 CE, 10 nov. 1999, Syndicat national de l'industrie pharmaceutique et autres.
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en va d'ailleurs ainsi de l'ensemble des obligations des médecins, qui, dans la
réalité, ne sont que très exceptionnellement sanctionnés118.
Le démarrage de l'évaluation des pratiques professionnelles est très lent.
Confiée par la loi du 4 janvier 1993 aux URML, précisée par un décret en
1999, la démarche est encore expérimentale aujourd'hui. Fin 2002, elle avait
commencé dans quatre régions ; fin 2004, alors que la loi du 13 août a relancé
cette évaluation, la profession s'interroge encore sur le comment et surtout
avec quel argent rattraper le retard accumulé. Aujourd'hui, le médecin évalué
ne retire aucun avantage de son évaluation ni en notoriété ni en rémunération.
Il ne faut donc pas s'étonner de l'engouement modeste de la profession.
Et les structures régionales, elles sont les grandes oubliées de ces trente
premières années de fonctionnement des conventions nationales qui ne vont y
prendre appui que très récemment.
B - Les conventions nationales ont oublié l'échelon régional
En 1971, lorsque se met en place le système des conventions nationales, il
est logique que le triste souvenir laissé par le système départemental qui a
précédé concentre toutes les énergies sur un système exclusivement national.
Mais 20 ans plus tard, ce qui était légitime devient de la résistance
aveugle (1), voire acharnée lorsqu'elle ne prend pas en compte le contenu des
ordonnances Juppé de 1996 (2).
1. la résistance aveugle des partenaires conventionnels à l'intervention d'un échelon régional
C'est au début des années 1990 que l'Etat commence à organiser l'offre
hospitalière au niveau régional, que le législateur crée pour les médecins
libéraux les unions régionales. Planification, concertation, études,
118 Sur la rareté des sanctions, voir Marc LHERITIER, Les litiges opposant les caisses primaires aux praticiens libéraux, Thèse BORDEAUX, Les études hospitalières 2000 spé. p. 215 ; Rémi PELLET, Les relations juridiques (très peu) conventionnelles des médecins libéraux avec la sécurité sociale, précité spé. p. 161 et suivantes.
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commencent à se positionner en région mais les conventions nationales
obéissent à d'autres exigences. La convention de 1990 gèle le secteur 2,
s'engage sur un objectif d'évolution des dépenses, met en place des
références médicales, bref, prétend gérer la crise du financement et préserve
l'accès aux soins pour tous.
L'échec répété des dispositifs de maîtrise médicalisée des dépenses n'amène
pas de réflexion sur les appuis que pourraient constituer des institutions
locales. Même le plan Juppé qui va bousculer les majorités à la CNAMTS ne
change pas l'orientation des partenaires conventionnels.
2. L'obstination acharnée se poursuit au-delà du plan Juppé
Chacun s'accorde à dire que les ordonnances du printemps 1996 constituent
une rupture dans la manière de prendre en compte les problèmes de santé. La
mise en place du contrôle démocratique du parlement, la fixation d'objectifs de
dépenses, la mise en place d'institutions régionales, relais naturels des
politiques nationales : les ARH et les URCAM modifient les modalités de la
gestion de la santé. Pour l'Assurance maladie, ou plutôt la CNAMTS et les
grands syndicats médicaux, le plan Juppé, c'est sans doute pas mal de
bouleversements mais sûrement pas en matière de politique conventionnelle
où l'idée de s'appuyer sur le cadre régional n'effleurera pas les rédacteurs de
la convention de 1997 et à peine ceux de la convention de 1998.
Dans la convention de 1997 et dans celle de 1998 qui lui succèdera (au nom
de la "performance de l'annulation"), il faut chercher le rôle d'un échelon
régional, mais il existe. Le texte de 1997 prévoit qu'en cas de non-respect de
l'objectif prévisionnel national, il revient aux URCAM de conduire la procédure
de recouvrement du "trop perçu" individualisé par médecin. Le Conseil d'Etat
privera les URCAM de la possibilité d'exprimer leur savoir-faire en ce domaine,
comme il enlèvera tout caractère opposable aux références médicales rendant
par-là même sans objet les comités médicaux régionaux. En 1997, les
partenaires conventionnels ont donc "beaucoup" misé sur l'échelon régional,
juste un petit peu de contentieux et juste celui qui était inscrit dans les deux
cas dans des lois antérieures. Ils pouvaient difficilement faire moins.
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En 1998, la convention approuvée par arrêté du 4 décembre 1998, va
responsabiliser à sa manière le niveau régional. L'article 3.1 prévoit :
"les unions régionales des Caisses d'Assurance maladie transmettent, dans
chaque région, les données relatives aux dépenses médicales aux sections
des unions régionales des médecins libéraux. Elles les transmettent
également aux caisses de la région".
Le rôle de collecteur et de diffuseur de statistiques ne sera pas annulé par le
Conseil d'Etat et restera la mission confiée par la convention nationale de
1998 à une instance régionale. La même convention avait bien prévu la mise
en place d'un comité paritaire régional de formation professionnelle
conventionnelle mais là, il faudra attendre, car le partenaire involontaire des
dispositifs conventionnels – le juge administratif – va annuler ces
dispositions119.
L'histoire des relations conventionnelles entre l'Assurance maladie et les
médecins va finir par se croiser avec la montée en puissance de la région
comme échelon pertinent pour l'organisation et la gestion de la santé. Les lois
de financement de la sécurité sociale vont être l'occasion, surtout à partir de
1999, de faire, par touches successives, une place au niveau régional. Les
accords et autres avenants à la convention médicale vont confirmer cette
petite place qui se consolide un peu plus à chaque dispositif légal ou
conventionnel.
119 Art. 8-9 de la convention conclue le 26 nov. 1998 annulé par CE du 14 avril 1999, précité.
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2ième PARTIE : La réalité régionale des relations contractuelles entre les professionnels de santé et
l'Assurance Maladie
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Depuis 1971, les relations contractuelles entre les médecins et l'Assurance
maladie ont relevé d'un monopole du niveau national. A la fin des années 90,
la situation devient impossible, les résultats des conventions sont très en
retrait des objectifs affichés, la sécurité contractuelle des parties, liée
notamment à l'inscription dans la durée des engagements, n'est pas assurée.
Les partenaires conventionnels continuent à nager contre le courant de la
montée en puissance de la région pour organiser et gérer la santé. Les
ordonnances d'avril 1996 qui marquent pour tout le monde une accentuation
de la régionalisation des politiques de santé sont presque ignorés des
partenaires conventionnels.
Le législateur et les pouvoirs publics sont contraints à des interventions sans
cesse plus rapprochées pour sauver le système et répondre aux
engagements économiques souscrits auprès des autorités européennes.
La doctrine alarmée par la situation souhaite qu'une place plus grande soit
faite à un échelon régional. En conclusion de plusieurs dizaines de pages sur
les conventions médicales, le professeur DUPEYROUX dresse le bilan et trace
les perspectives de la politique conventionnelle avec les médecins : "dans ces
conditions, il faut se demander ce que signifie la politique conventionnelle au
niveau national et si le salut ne peut pas venir d'une déconcentration aux
niveaux régional et local des accords avec les professionnels de santé, les
enveloppes étant fixées après négociation avec les caisses nationales puis
régionalisées"120. Autre spécialiste du domaine, Rémi PELLET va, en
conclusion d'un long article, dans le même sens : "on peut considérer que
l'échec du dispositif actuel est dû en grande partie à la division et à la
concurrence du syndicalisme médical qui sont exacerbées par l'organisation
centralisée de la négociation avec l'Assurance maladie et, de facto, avec le
gouvernement. L'expérience du fonctionnement des URML et des URCAM
montre que des accords locaux, régionaux, sont plus facilement négociables
120 Jean-Jacques DUPEYROUX, Michel BORGETTO, Robert LAFORE, Rolande RUELLAN, Droit de la sécurité sociale, précis Dalloz, 14ième édition, Dalloz 2001 n° 735, p. 544.
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et aboutissent mieux et plus rapidement que les accords nationaux. Dans ces
conditions, on peut se demander s'il ne conviendrait pas de revenir d'une
certaine façon à la situation antérieure à la loi du 3 juillet 1971 en prévoyant
des conventions médicales régionales sur la base d'un seuil de dispositions
nationales et minimales déterminées par la loi"121.
L'inspection générale des affaires sociales, à l'occasion d'un enquête sur les
Unions Régionales des Caisses d'Assurance Maladie et la gestion du risque,
arrive à des conclusions du même ordre. Les rapporteurs écrivent : "en
dernier lieu, l'absence jusqu'à présent de prérogatives de l'URCAM en
matière conventionnelle doit être évoquée car l'affirmation régionale de
l'Assurance maladie dépendra sans doute davantage encore à l'avenir de sa
capacité à arrimer la vie conventionnelle et à "porter" à ce niveau la
promotion des bonnes pratiques, dont les accords de bon usage des soins
constituent un levier utile"122.
Dans ce contexte et à la recherche de solutions, les partenaires
conventionnels vont finir par se doter d'un niveau régional pour assurer la
déclinaison d'une partie de leurs accords nationaux (chapitre 1).
La vie conventionnelle ne va pas être le seul vecteur de la contractualisation
régionale. Le législateur, dans le même temps, va développer des possibilités
de contractualisation directe entre les professionnels de santé et l'Assurance
maladie en région (chapitre 2).
121 Rémi PELLET, Les relations juridiques (très peu) conventionnelles des médecins libéraux avec la sécurité sociale, art. précité, p.182.122 IGAS, La gestion du risque par les unions régionales des caisses d'assurance maladie, note n° 2003-039, mars 2003, Cécile COURREGES et Gilles DUHAMEL.
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Chapitre 1 : La déclinaison en région des accords conventionnels nationaux
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Dans toutes les conventions nationales signées entre les organisations
professionnelles de médecins et l'Assurance maladie depuis 1971, il était prévu un
échelon pour le suivi qui était au niveau de la circonscription de la Caisse. Pour la
mise en place d'un relais au niveau régional, il faudra plusieurs tentatives
(section 1).
Mais le virage semble désormais pris et les partenaires conventionnels ont confirmé
la place d'une structure conventionnelle au niveau régional (section 2).
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Section 1 : Les premières tentatives de mise en place d'une instance conventionnelle régionale
C'est finalement en 2002123 qu'apparaît, pour la première fois, une instance
conventionnelle régionale (I).
Le contexte très conflictuel de l'hiver 2001-2002 donnera à cette initiative un
caractère éphémère (II).
I. Le paysage conventionnel s'enrichit d'une instance régionale
Le début de l'année 2002 est particulièrement agité. La grogne des médecins
généralistes libéraux monte. L'avenant n° 8 à la convention des médecins
généralistes veut désamorcer le conflit. Il est donc particulièrement ambitieux. Les
partenaires conventionnels parleront à son propos d'un "contrat de progrès"124 (A).
C'est dans le corps de ce texte qu'apparaît discrètement, et pour la première fois,
une instance conventionnelle régionale (B).
A - La dégradation des relations avec les médecins libéraux justifie d'un avenant ambitieux
1. la sérieuse dégradation des relations avec les médecins
La convention médicale du 4 décembre 1998 n'a été signée qu'avec un seul
syndicat : MG France. Pour les spécialistes, c'est un règlement conventionnel
minimal qui tient lieu, faute d'accord, de cadre contractuel. Lors des élections
aux Unions régionales des médecins libéraux, MG France a sévèrement
reculé.
123 Convention nationale des médecins généralistes du 4 déc. 1998, avenant 8 du 31.01.2002, JO du 1er fév. 2002, p. 2143.124 Communiqué de presse Jean-Marie SPAETH au nom des 3 caisses nationales CNAMTS, CANAM, CCMSA, Les caisses d'assurance maladie proposent un contrat de progrès aux médecins généralistes; Relevé de conclusions MG France CNAMTS, CANAM, CCMSA, Un contrat de progrès pour les médecins généralistes, 15 janv. 2002.
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Dans le collège des généralistes, le syndicat perd la moitié de ses électeurs : il
passe de 55 % à 31 %. La CSMF devient le premier syndicat de généralistes
avec 41 % des suffrages en 2000 contre 26 % en 1994.
Le deuxième semestre 2001 est celui au cours duquel se tient le Grenelle de
la santé avec le rapport, les propositions des sages et celles du
gouvernement. Le 10 janvier 2002, l'assemblée nationale adopte en première
lecture la proposition de loi de Jean le GARREC qui veut "rénover les rapports
conventionnels entre les professions de santé libérales et les organismes
d'Assurance maladie"125 et qui doit mettre fin au dispositif tant décrié des
lettres-clefs flottantes126.
Impulsée par la CSMF, la grève des gardes le week-end et entre Noël et Jour
de l'An, prend de l'ampleur et se traduit par un encombrement des urgences
hospitalières. Les revendications sont tarifaires mais pas seulement, elles
touchent aussi aux conditions de travail. L'avenant va donc chercher à
répondre à ce double champ de préoccupations.
2. Un large champ d'investigation pour l'avenant n° 8
Cet avenant est précédé d'un long préambule dans lequel MG France et les
trois Caisses nationales donnent leurs ambitions pour cet accord : "revaloriser
le métier de généraliste pour permettre l'évolution de leurs revenus,
l'amélioration de leurs conditions de travail et de vie et de la qualité des
relations avec leurs patients et mettre fin à la spirale d'augmentation du
volume des actes". Cela suppose une diversification du mode de rémunération
des actes, une reconnaissance de la mission de service public accompli au
titre de la permanence des soins et une revalorisation du rôle de
coordonnateur des soins du médecin généraliste au profit du patient.
Ces orientations concernent en partie le moyen terme. Il en va ainsi des
dispositions qui consistent à mieux appuyer "la pratique du généraliste sur une
approche médicalisée", sur des référentiels de bonne pratique.
C'est encore le moyen terme qui est visé avec les objectifs d'un cadre
interprofessionnel avec des dispositions communes à toutes les professions
125 Proposition de loi, Jean le GARREC, n° 3520, précitée.126 Le préambule de l'avenant 8 à la convention des généralistes du 31 janv. 2002 déclare : "le dispositif des lettres-clefs flottantes qui, sans prouver son efficacité économique, s'est confirmé être une entrave aux évolutions structurelles du système de soins".
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de santé ou la possibilité pour le médecin qui le désire de s'engager
individuellement sur des conditions d'exercice et des engagements adaptés.
Au total, l'avenant n° 8 contient 10 points mais trois seulement ont une mise
en œuvre immédiate :
une revalorisation de la consultation (de 17,53 à 18,50 euros) et la
création d'une consultation annuelle longue pour les patients atteints
d'une affection de longue durée,
la mise en place d'un dispositif d'aide à l'installation = 13000 euros
pour un engagement de cinq ans en secteur 1,
la rémunération de la mission de permanence des soins à raison de
50 euros par astreinte de 12 heures et une revalorisation des actes
effectués entre 20 heures et 6 heures du matin.
L'avenant fait état de projets d'actions sur le bon usage des soins à domicile,
la prescription des génériques ou la formation des médecins.
Aucun des dix grands points de l'accord n'est consacré à l'instance
conventionnelle régionale qui pourtant figure bien dans le texte.
B - La création discrète de l'instance conventionnelle régionale
C'est au point 3.6 de l'avenant du 31 janvier 2002 qu'apparaît une "instance
conventionnelle régionale". Le texte en fixe sa composition (1) et lui confie deux
missions (2).
1. la composition de l'instance conventionnelle régionale
L'instance conventionnelle régionale est ainsi composée : "à titre délibératif :
cinq représentants du conseil d'administration de l'URCAM dont un
représentant de la MSA et un représentant de la CANAM,
cinq représentants du syndicat signataire.
Le secrétariat est assuré par la direction de l'URCAM assistée de deux
membres du comité technique de l'URCAM".
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Il s'agit donc bien d'une instance conventionnelle, elle est paritaire et inter-
régime côté Caisses. C'est la première instance de ce type basée au niveau
régional La logique a tout naturellement conduit à constituer la délégation au
sein du conseil d'administration de l'URCAM. Le directeur de l'URCAM est
assisté dans le secrétariat de la même façon qu'il l'est dans le comité
technique : instance de pilotage des URCAM127. En peu de mots, le texte trace
la nouvelle donne pour des missions limitées.
2 . les missions de l'instance conventionnelle régionale
La nouvelle instance ne va recevoir de mission que pour le point 3 de
l'avenant qui est relatif à l'organisation de la permanence des soins.
L'objectif est "d'alléger la contrainte que représente cette activité pour les
médecins généralistes et de mieux rémunérer ces périodes d'exercice" énonce
l'accord du 31 janvier 2002.
La première mission de l'instance régionale va être d'examiner les projets
établis sur le terrain par les associations de médecins pour la garde ou la
régulation, puis de retenir ceux qu'elle estime "le mieux répondre aux besoins
de la population dans le département concerné". Pour objectiver leur décision,
les partenaires conventionnels doivent élaborer un cahier des charges.
La seconde mission est la gestion d'une partie de l'enveloppe nationale de 40
millions d'euros pour financer les gardes de 12 heures, entre 20h et 8h, à
hauteur de 50 euros.
L'instance conventionnelle régionale reçoit donc dans le domaine de la
permanence des soins une mission complète basée sur un objectif clair avec
une enveloppe financière. La géographie des 3100 secteurs de garde va
bouger. Mais les recours contre l'avenant n° 8 sont déjà déposés et l'instance
conventionnelle régionale constituée sur cet objectif clair avec un dispositif
financier précis aura juste le temps de s'installer mais pas celui de travailler.
127 L'art. D 183-1 dispose in fine : "ce comité assiste le directeur qui le préside dans l'élaboration et la mise en œuvre des orientations arrêtées par le conseil d'administrations de l'Union".
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II. L'instance conventionnelle régionale reste une initiative éphémère qui n'éteint pas la volonté d'un travail au niveau régional
Le Conseil d'Etat, dans un arrêt du 29 juillet 2002128, va partiellement annuler
l'arrêté ministériel d'approbation de l'avenant n° 8 du 31 janvier 2002. Parmi les
dispositions censurées par la haute juridiction, figure l'instance conventionnelle
régionale (A).
Les partenaires conventionnels n'en reviennent pas pour autant à leur position
initiale et ils réaffirment, dans le cadre d'un accord plus large entre les organisations
professionnelles de médecins et les Caisses d'assurance maladie, leur attachement
à un niveau régional de concertation et de mise en œuvre des accords
nationaux (B).
A - La censure du Conseil d'Etat
Saisi par le Conseil national de l'Ordre des médecins, le Conseil d'Etat va, appuyé
sur la jurisprudence de la divisibilité des arrêtés d'approbation ministériels129,
annuler l'arrêté du 31 janvier 2002 en ce qu'il approuve certaines dispositions de
l'avenant relatives à l'organisation de la permanence des soins et à la répartition des
médecins sur le territoire. Deux motifs sont avancés :
la prééminence de la loi et du règlement sur la convention (1)
et le non-respect de l'obligation de consultation du Conseil national de
l'Ordre lorsque des dispositions conventionnelles touchent à la
déontologie (2).
1. le rappel de la prééminence de la loi et du règlement sur la convention
Les partenaires ont prévu130 un dispositif d'aide à l'installation des médecins
dans des zones déficitaires, une enveloppe financière globale et un montant
individuel de l'aide. Ils ont aussi prévu de définir, d'ici le 30 juin 2002, les
128 CE, section du contentieux, 1ière et 2ième sous-section réunies, 29 juil. 2002, Conseil national de l'Ordre des médecins, n° 242916.129 CE, 14 avril 1999, Syndicat des médecins libéraux et autres, précité.130 avenant 8, point 2.1.
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engagements à souscrire par les bénéficiaires parmi lesquels l'avenant
mentionne "la participation à un tour de garde, organisé". Or, relève le Conseil
d'Etat, la Loi de financement de la sécurité sociale pour 2002131 a, dans son
article 25, modifié l'article 4 de l'ordonnance du 24 avril 1996 qui a prévu la
création de l'aide à l'installation et "a confié au pouvoir réglementaire le soin
de préciser par décret en Conseil d'Etat les obligations auxquelles sont soumis
les médecins bénéficiant de cette aide, que par suite, en prévoyant que ces
obligations seraient définies dans un cahier des charges établi par voie de
convention, les partenaires conventionnels ont empiété sur la compétence que
la loi réservait au gouvernement".
L'argument est imparable, les conventions sont des textes subsidiaires qui ne
peuvent se substituer ni à la loi ni au règlement sans délégation expresse et
ce, quand bien même il y aurait défaillance des détenteurs de ces pouvoirs.
2. la consultation obligatoire du conseil national de l'Ordre
L'article L 162-15 du Code de la sécurité sociale prévoit que le Conseil
national de l'Ordre est consulté par la CNAMTS sur les dispositions
conventionnelles relatives à la déontologie de la profession médicale. En
l'espèce, l'accord signé le 29 janvier 2002 avait été transmis au Conseil
national de l'Ordre le 30, agréé le 31 par l'autorité ministérielle compétente et
publié au Journal officiel le 1er février 2001.
Offusqué de ce qu'il estimait être une consultation de pure forme, le président
du Conseil national de l'Ordre demande l'annulation du point 3 relatif à la
permanence des soins par référé. Il y avait, de son point de vue, urgence à
annuler cet avenant qui pouvait laisser croire que les gardes étaient devenues
facultatives.
La rapidité de signature et d'agrément de cet avenant témoigne de la pression
de la grève des médecins. Dans les échanges qui s'engagèrent entre la
CNAMTS, le gouvernement et le président du Conseil national de l'Ordre,
celui-ci accepta de se désister de la procédure de référé. Le tollé provoqué
auprès des grévistes par la possibilité d'un rapprochement du Conseil national
avec les propositions de l'avenant n° 8 va conduire à un blocage du
fonctionnement dudit Conseil et acculer le professeur Bernard HOERNI et
131 Loi n° 2001-1246 du 21 déc. 2001 de financement de la sécurité sociale pour 2002, JO du 26 déc. 2001, p. 20552.
![Page 85: e e fait régional dans les relations l contractuelles ... · N°13 : La stratégie de santé des groupes privés d’assurances. Juin 1999. N°14 : La Plate-forme téléphonique](https://reader033.vdocuments.pub/reader033/viewer/2022052019/60331ba05a9e0734ac0eade2/html5/thumbnails/85.jpg)
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l'ensemble du bureau, à la démission. Son successeur, le Professeur Jean
LANGLOIS n'aura d'autre choix que de maintenir le recours sur le fond.
Le code de déontologie contenait en 2002 un article 77 qui disposait que
"dans le cadre de la permanence des soins, c'est un devoir pour tout médecin
de participer aux services de gardes de jour et de nuit"132. Pour le Conseil
d'Etat, en l'absence d'urgence prouvée à publier ce texte "l'irrégularité de la
consultation entache d'illégalité l'arrêté attaqué en tant qu'il approuve les
stipulations du préambule du point 3, les points 3.1, 3.2 et 3.6.
L'instance conventionnelle régionale aura vécu 5 mois, c'est peu mais c'est
assez pour que ce niveau de déclinaison des accords nationaux s'inscrive
dans la démarche des acteurs nationaux.
En l'espèce, le Conseil d'Etat a jugé avec célérité, mais la situation a encore
évolué plus vite. Un changement de majorité parlementaire en mars 2002 et la
mise en place d'un nouveau gouvernement vont amener un nouvel accord sur
les mêmes sujets dès juin 2002.
B - La volonté persistante d'un relais régional
Le protocole d'accord du 5 juin 2002 va mettre fin au mouvement revendicatif des
médecins généralistes. Il restera dans l'histoire des relations entre les médecins et
l'Assurance maladie comme l'accord qui a octroyé la consultation à 20 € comme le
demandaient les médecins. Mais il construit d'autres dispositifs (1). L'accord
national de bon usage de la visite et sa déclinaison régionale passeront plus
inaperçus. Ils n'en constitue pas moins, pour l'échelon régional, une ouverture
inconnue jusqu'alors (2).
132 L'obligation de garde a été transformée en volontariat par les décrets n° 2003-880 et 2003-881 du 15 sept. 2003.
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1. le protocole d'accord du 5 juin 2002 et le rôle de la région
Le 5 juin 2002, un accord a été trouvé et il réunit pour la première fois toutes
les Caisses d'assurance maladie et la totalité des syndicats représentatifs de
médecins libéraux (excepté la Fédération des Médecins de France). A ce titre,
il est qualifié par chacune des parties comme "historique"133.
L'histoire n'est peut-être pas là où la situent les signataires. En effet, il n'y a
rien d'historique à une mesure tarifaire en faveur des médecins. Quant à la
contrepartie décrite dans le texte mais dont la réalisation future ne conditionne
pas l'augmentation des honoraires qui elle, est immédiate, elle est habituelle
dans les dispositifs conventionnels. La ratification par la quasi totalité des
organisations représentatives des médecins généralistes est plus remarquable
mais très compréhensible en l'espèce134.
Ce qui est remarquable, c'est que les signataires (beaucoup plus nombreux et
diversifiés que ceux de l'avenant n° 8) déclarent confier dans le texte du
protocole à la région le soin de décliner, avant le 1er octobre 2002, les
dispositions relatives aux conditions de prise en charge par les Caisses d'une
partie du coût d'une visite.
Le protocole d'accord du 5 juin 2002 reste un objet juridique non identifié et
pour acquérir force juridique il doit être transformé en avenant à la convention
médicale. Cet avenant135 confirme les termes du protocole : "la revalorisation
du tarif à l'acte de soins hors cabinet (visite au domicile du patient) sera
permise par la signature par les parties conventionnelles, au plus tard le 1er
juillet 2002, d'un Accord de Bon Usage des Soins (AcBus) hors cabinet et
portant sur la visite à domicile. La déclinaison régionale de cet AcBus d'ici le
1er octobre 2002 permettra de mieux valoriser une majoration de
déplacement… pour les situations reconnues comme justifiant un soin à
domicile"136.
133 Quotidien du médecin, 6 juin 2002, p. 2, l'expression est conforme à la grandiloquence des déclarations de principe des partenaires conventionnels et qui se traduit dans les préambules des accords, cf. 1ière partie, chap. II, section 1.134 La consultation venait de bondir de 17,53 euros en 2001 à 20 euros en 2002 soit 14 % d'augmentation et environ 1000 euros de revenu mensuel supplémentaire par médecin.135 Avenant 10 à la convention nationale des médecins généralistes du 14 juin 2002 approuvé par arrêté ministériel du 28 juin 2002, JO du 29 juin 2002, p. 11215.136 Avenant 10, précité, article 1er, 3ième.
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L'article 7 du même avenant reprend l'ensemble des dispositions de l'avenant
n° 8 relatif à la permanence des soins et anticipe ainsi la décision d'annulation
partielle du Conseil d'Etat qui n'interviendra qu'un mois plus tard.
Dans ces conditions avec un AcBus national de bon usage de la visite
régularisé le 1er juillet 2002137, il ne restait plus qu'à se mettre à la déclinaison
régionale de cet accord.
2 . la déclinaison régionale de l'accord de Bon usage de la visite à domicile
Une vingtaine de régions vont, avec les URCAM et les syndicats signataires
du protocole du 5 juin 2002, rebondir sur l'AcBus national de bon usage de la
visite à domicile. Les régions vont ainsi montrer leur réactivité et leur capacité
à décliner un cadre national en l'adaptant aux spécificités régionales. Tel est le
cas de l'accord intervenu le 26 septembre 2002 dans la région Bourgogne138.
le cadre posé par l'accord national de bon usage de la visite
En 2001, les Caisses d'assurance maladie ont remboursé 65 millions de
visites. Le taux des visites dans l'ensemble des consultations et visites s'établit
à 23,5 % en moyenne France entière. En clair, une fois sur quatre, le médecin
se déplace au domicile du patient, alors que tous s'accordent pour dire que le
travail est de meilleure qualité dans l'environnement du cabinet et que le
temps médical est trop rare pour être gâché en temps de déplacement
évitable.
De fortes disparités régionales existent, ce taux va de 14 % en Rhône-Alpes à
33,6 % en Nord Pas de Calais. L'objectif fixé dans l'AcBus national est une
baisse de 5 % à moduler en fonction de la situation de départ de chaque
région.
137 Accord national de bon usage de la visite du 1er juil. 2002, approuvé par arrêté ministériel du 26 août 2002, JO du 30 août 2002, p. 14424.138 Accord régional de bon usage des soins concernant la bonne utilisation des visites à domicile en Bourgogne du 26 septembre 2002, publié au BO, Ministère de la santé, 5 avril 2003 n° 12, voir également en annexe.
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L'avenant conventionnel n°10 a décidé "de rémunérer à même hauteur l'acte
de soins, qu'il soit réalisé au cabinet du médecin ou hors cabinet" 139, soit 20 €.
Il met parallèlement en place une majoration de déplacement (10 €) dont
l'AcBus national va déterminer les critères d'éligibilité à la prise en charge par
l'Assurance maladie. L'accord précise les patients et les situations médico-
administratives pour lesquels la majoration de déplacement pourra être
facturée à l'Assurance maladie140. Il s'agit pour l'essentiel d'une partie des
patients en affection de longue durée liée à l'âge ou à la pathologie, des
situations faisant suite immédiate à une intervention chirurgicale. Ces patients
doivent en outre être dans l'incapacité de se déplacer.
L'accord national ouvre la possibilité de définir en région des critères
complémentaires géographiques et médico-sociaux qui ouvriraient droit à la
facturation d'une majoration de déplacement pour des personnes confrontées
à une difficulté d'accès aux soins non programmés liés à l'insuffisance d'une
offre de proximité cumulée à une situation personnelle qui entoure leur
mobilité. Il s'agit là de critères liés à l'environnement du patient.
le dispositif adopté en région Bourgogne
Les partenaires régionaux vont d'abord fixer l'objectif régional relatif à la
diminution du taux de recours à la visite. Compte tenu de la part des visites
dans le total des actes consultations + visites qui est très légèrement inférieur
à la moyenne nationale (23,2 % contre 23,5 %), il est proposé de retenir
purement et simplement le taux national de 5 %, ce qui représente, en année
pleine, 86600 visites à domicile en moins.
L'accord régional va ensuite ouvrir la possibilité de prise en charge par les
Caisses d'assurance maladie de la majoration de déplacement à deux
situations non prévues par l'accord national141 :
- les personnes âgées de plus de 80 ans résidant en Bourgogne centrale,
- les patients dont la composition de la famille a une incidence sur la
capacité à se déplacer au cabinet des médecins.
139 Avenant 10 du 14 juin 2002, précité, art. 1er.140 Pour une liste précise des cas d'ouverture à la prise en charge par l'assurance maladie, voir en annexe l'AcBus régional bourguignon, précité, art. 4.1, p. 6.141 AcBus Bourgogne, précité, art. 4.2.
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Arrêté en 1999, le SROS de la région a identifié une zone géographique
dénommée Bourgogne centrale qui se caractérise par un enclavement
géographique, une densité démographique faible avec un habitat isolé, une
pauvreté économique relative et des difficultés de circulation, notamment
pendant la période hivernale. L'accord régional permet donc de relayer dans le
monde ambulatoire les constats et les initiatives inscrits dans le schéma
régional et qui concernent, pour l'essentiel, l'organisation hospitalière. SROS
et accord régional s'inscrivent ainsi en complémentarité sur un territoire qui le
nécessite particulièrement.
L'accord régional sur la visité obtiendra des résultats spectaculaires. La
diminution du nombre de visites avoisinera les 30 % à la fin décembre 2003
sans augmentation corrélative des consultations qui restent quasi stables142.
Au delà, la prise en compte de difficultés exprimées par les professionnels de
terrain, tant en matière géographique que familiales, pour une mère de
plusieurs très jeunes enfants de se déplacer au cabinet médical, marque une
écoute et une compréhension réelle par les Caisses de ce vécu. Il est ainsi
permis de dépasser les clivages habituels. En Bourgogne, comme ailleurs,
l'accord n'a pu être signé que par les représentants de M.G France.
Juridiquement, il était impossible de faire figurer les autres organisations
syndicales de médecins puisqu'elles n'avaient pas ratifié la convention
nationale de 1998.
Mais l'accord prévoit (article 6) que le suivi de ce dispositif sera confié au
"Comité régional de suivi de l'accord du 5 juin mis en place en Bourgogne le
10 juillet 2002 et composé des représentants régionaux des syndicats
signataires du protocole d'accord du 5 juin 2002 et de représentants politiques
et administratifs de l'Assurance maladie".
De la même façon pour les actions de communication, l'article 5 prévoit qu'elle
"se fera en concertation avec les représentants des médecins et de
l'Assurance maladie au sein du Comité de suivi régional".
C'est sans doute là, à travers cette possibilité de dépasser les clivages, que se
situe l'essentiel de l'apport régional.
142 Le nombre des visites à domicile en janv. 2002 et déc. 2004 diminue de 45 %. Les consultations sur la même période restent stables (+ 0,2 %).
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C'est ce que vont comprendre les partenaires conventionnels nationaux qui
vont renforcer, et peut être pérenniser, l'échelon régional conventionnel et ce,
malgré les soubresauts juridiques liés à sa première apparition dans le
paysage conventionnel.
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Section 2 : Les partenaires conventionnels et le législateur confirment l'échelon régional
Née au détour d'un article relatif à la permanence des soins dans un avenant
conventionnel dont l'objectif était essentiellement de désamorcer une forte crise
dans la médecine générale, l'instance conventionnelle régionale ne constituait pas
une affirmation claire de la volonté des partenaires conventionnels nationaux de
s'appuyer sur un échelon régional. Annulée par le Conseil d'Etat143, sa légitimité se
devait d'être réaffirmée. C'est ce que firent les signataires de l'avenant n°12144, une
année après le verdict de la haute juridiction administrative (I).
La réforme de l'Assurance maladie de l'été 2004 allait inscrire l'échelon régional
conventionnel dans la loi (II).
I. L'officialisation d'un échelon conventionnel régional : l'avenant n°12 à la convention nationale
L'avenant n°12 du 3 juin 2003 va mettre en place un véritable échelon
conventionnel régional (A).
Très rapidement et dans la foulée de cet avenant n° 12, un accord national prévoit
de mettre l'échelon régional conventionnel au pied du mur en lui confiant la mise en
œuvre concrète d'un dispositif relatif à la permanence des soins (B).
A - La mise en place d'un véritable échelon conventionnel régional
L'accord du 3 juin 2003 affirme le principe de la nécessité d'un rôle conventionnel au
niveau de la région (1). Il en prévoit le dispositif et les missions (2).
143 CE, 29 juil. 2002, précité.144 Convention nationale des médecins généralistes du 4 déc. 1998, avenant 12 du 3 juin 2003, approuvé par arrêté ministériel publié au JO du 17 sept. 2003, p. 15958 et suivantes.
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1. l'échelon régional conventionnel reconnu comme "indispensable"
Après avoir rappelé leur attachement "à une gestion prioritaire et responsable
de la vie conventionnelle", confirmé "le rôle essentiel" des commissions
paritaires et comité médicaux national et local, les signataires décident de
compléter l'architecture du dispositif conventionnel en créant des instances
similaires au niveau régional : les Commissions Conventionnelles Paritaires
Régionales (CCPR) et Comité Médical Paritaire Régional (CMPR). L'article 5
de l'avenant du 3 juin 2003 se conclut en énonçant :
"Conscientes de l'essor du rôle de la région, notamment dans les domaines
qui touchent à la santé, les parties signataires estiment indispensables
d'affirmer le rôle des partenaires conventionnels à ce niveau".
Vingt ans après la mise en place des observatoires régionaux de la santé, dix
ans après la création des Unions régionales des médecins libéraux, sept ans
après les ordonnances d'avril 1996145, la vie conventionnelle rejoint les
évolutions en cours. L'avenant met en place un dispositif complet pour ces
nouvelles commissions paritaires régionales.
2 . un dispositif clair et des missions précises
L'avenant conventionnel vient enrichir le chapitre VIII de la convention de 1998
d'une section 3 "instances régionales" et l'annexe 4 du même avenant détaille
la composition, le fonctionnement et les missions des CCPR et des CMPR146.
Les commissions sont composées au sein des URCAM qui vont désigner les
quatre représentants issus de leur conseil d'administration. La section
professionnelle est composée de quatre médecins généralistes représentants
du ou des syndicats signataires. Le directeur de l'URCAM est membre de droit
avec voix consultative et l'Union régionale assure également le secrétariat.
La CCPR assure notamment les missions suivantes :
- "suivi des dispositifs relatifs à la permanence des soins,
145 Cf. supra, 1ière partie, chapitre 1.146 L'annexe 4 de l'avenant du 3 juin 2003 crée les articles 8-10 et 8-11 de la convention nationale du 4 déc. 1998.
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- suivi des dispositifs conventionnels de régulation médicale du système de
soins tels que les accords nationaux de bon usage des soins, les contrats
de bonne pratique et les contrats de santé publique,
- après l'avis du CMPR, proposition de thèmes d'AcBus régionaux ou de
dispositions spécifiques aux contrats de bonne pratique aux représentants
régionaux des parties signataires".
Les partenaires conventionnels nationaux attendent d'abord de leur échelon
régional un suivi de leurs décisions mais il est intéressant de noter qu'ils
acceptent l'initiative régionale en matière de contractualisation. L'accord de
juillet 2004 sur la permanence des soins va être l'occasion de mettre cette
nouvelle instance en charge d'une mission concrète à développer.
B - La permanence des soins, terrain d'expérimentation pour les commissions conventionnelles paritaires régionales
Prenant en compte une des revendications exprimées par les médecins durant les
mouvements de l'hiver 2001-2002, les pouvoirs publics vont modifier l'article 77 du
code de déontologie147. Désormais, la participation du médecin au système de
garde n'est plus obligatoire mais volontaire. Le dispositif sur le terrain doit donc être
attractif.
Le protocole d'accord sur la permanence des soins signé le 8 juillet 2004148 veut
répondre à cette nouvelle donne. Il fixe un cadre national et général à la
permanence des soins (1) et confie la mise en œuvre aux instances
conventionnelles régionales (2).
1. un cadre national et général
Après avoir rappelé les premières mesures prises en 2002 pour reconnaître la
mission d'intérêt général qui est remplie chaque jour par les médecins et qui
permet à la population de bénéficier d'une permanence des soins primaires,
les signataires conviennent que la mesure financière mise en place ne saurait
147 Décret n° 2003-881 du 15 sept. 2003, précité.148 Le protocole du 8 juil. 2004 relatif à la permanence des soins a été signé par trois syndicats nationaux : MG France, le Syndicat des Médecins Libéraux et Alliance. Il concerne les généralistes et les spécialistes.
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constituer à elle seule, une réponse à l'organisation efficiente de la
permanence des soins149. Celle-ci repose sur deux piliers :
- "l'organisation départementale de la régulation médicale des demandes de
soins non programmées aux heures de la permanence en lien avec le
centre 15,
- la sectorisation, pour le dimanche et les jours fériés, pour la première
partie de nuit et pour la seconde partie de nuit".
Le protocole va s'attacher ensuite à créer le cadre susceptible de créer les
conditions d'attractivité nécessaires au fonctionnement du dispositif de
régulation et de rémunération des participants. L'intervention des libéraux
devra être articulée avec les dispositifs des "centres 15" hospitaliers ce qui
permet de moduler le temps passé à la régulation qui ne sera pas forcément
de 12 heures150.
Pour la rémunération, l'accord recourt à une double incitation : la majoration
des actes effectués au cours de la période de garde151 et une astreinte dont le
montant varie à la fois en fonction de la période pendant laquelle s'exerce la
permanence et en fonction de l'activité sur cette même plage horaire152.
Enfin, et pour la première fois dans l'histoire conventionnelle, le protocole
prévoit une mise en œuvre progressive avec une expérimentation dans un
département par région.
2. une mise en œuvre régionale et expérimentale
C'est aux représentants signataires153 au plan régional qu'est confiée la mise
en œuvre progressive du nouveau dispositif. Leurs choix vont être encadrés
149 L'accord de janvier 2002 avait accordé une rémunération forfaitaire de la garde à 50 euros pour 12 heures la nuit et les dimanches et jours fériés.150 Le protocole d'accord du 8 juil. 2004 prévoit une rémunération de 3 C de l'heure soit 60 euros.151 Les majorations d'actes sont de 45 euros entre 20h et 0h – 6h et 8h et 50 euros entre 0h et 6h.152 L'astreinte peut aussi varier de 10 euros en début de nuit s'il y a au moins 2 actes réalisés à 100 euros en 2ième partie de nuit s'il n'y a aucun acte réalisé.153 Le SML a signé la convention de 1998 et tous ses avenants le 23 sept. 2003 (une semaine après la publication de l'avenant créant les CCPR et CMPR). Cette adhésion a été justifiée par son président, le Dr CABRERA, par sa volonté de ne pas être en dehors de la négociation des dispositifs relatifs à la permanence des soins.
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par des recommandations inscrites dans le protocole et une validation in fine
par le niveau national.
C'est à la Commission paritaire conventionnelle régionale qu'il revient de :
- choisir le département expérimental,
- expérimenter sur deux types de dispositifs susceptibles d'être mis en place
le samedi après-midi. Cette plage n'est pas officiellement considérée
comme visée par les dispositifs alors qu'il y a une difficulté réelle à trouver
un médecin,
- procéder à l'évaluation qualitative, quantitative et économique du nouveau
dispositif.
Bien sûr, les choix devront faire l'objet d'une validation par les signataires
nationaux qui restent les garants de la cohérence globale du dispositif.
Il aura fallu 18 mois entre l'avenant n° 8 de janvier 2002 et le protocole
d'accord sur la permanence des soins du 8 juillet 2004 pour que l'échelon
conventionnel régional passe de l'ombre à la lumière. Une articulation réelle
entre national et régional est en place mais les soubresauts de la vie
conventionnelle vont encore une fois retarder l'évolution souhaitée. Le
protocole ne sera finalement pas agréé par le ministère de la santé. Il est vrai
qu'au même moment, le parlement discute et s'apprête à voter une loi portant
réforme de l'Assurance maladie qui va repositionner l'ensemble du dispositif
conventionnel. Il n'en demeure pas moins un exemple d'articulation entre deux
niveaux de contractualisation complémentaires.
II. Le législateur de 2004 confirme l'échelon conventionnel régional
La loi du 13 août 2004154 relative à l'Assurance maladie consacre plusieurs articles
à son organisation. Ces dispositions législatives de nouvelle gouvernance touchent
aussi à l'organisation régionale de l'Assurance maladie. Elles renforcent à l'échelon
régional les Unions régionales des caisses d'assurance maladie155.
Ce renforcement institutionnel de l'Assurance maladie régionale s'accompagne
d'une affirmation nouvelle du rôle des URCAM dans la contractualisation avec les
154 Loi 2004-810 du 13 août 2004, précitée.155 Loi 2004-810 du 13 août 2004, précitée, art. 66 qui modifie les articles L 183-1 et s. du Code de la sécurité sociale.
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professionnels de santé (A) et ce, en complémentarité avec l'Union nationale des
caisses d'assurance maladie. La nouvelle convention médicale156 qui va découler de
la loi du 13 août 2004 va, elle aussi, s'inscrire dans l'affirmation d'un échelon
conventionnel régional (B).
A - La loi du 13 août 2004 initie la complémentarité entre UNCAM et URCAM
Les préoccupations des pouvoirs publics liées à la démographie médicale et à la
permanence des soins vont être l'occasion d'étendre le champ de compétence des
conventions nationales (1) et d'articuler les niveaux national et régional (2)
1. La convention nationale s'empare des difficultés liées à l'implantation des professionnels de santé
L'article 49 de la loi du 13 août 2004 complète l'article L 162-14-1 du Code de
la sécurité sociale qui est relatif aux dispositions communes aux conventions
entre l'assurance maladie et les professionnels de santé libéraux.
Désormais, les conventions nationales peuvent être complétées par "des
dispositifs d'aides visant à faciliter l'installation des professionnels de santé
libéraux dans les zones mentionnées à l'article L 162-47 du présent code".
L'accord conventionnel fixe également "les conditions dans lesquelles les
praticiens libéraux exerçant dans ces zones bénéficient, en contrepartie, d'une
rémunération forfaitaire annuelle"157.
Le même article prévoit que les conventions nationales vont désormais fixer
non seulement "les conditions dans lesquelles les Caisses d'assurance
maladie participent au financement des cotisations sociales des professionnels
de santé" mais aussi les "modalités de la modulation de ce financement
notamment en fonction du lieu d'installation ou d'exercice"158.
156 Convention nationale organisant les rapports entre les médecins libéraux et l'assurance maladie, 12 janvier 2005, JO du 11.02.2005.157 Art L 162-14-1, 4ième du Code de la sécurité sociale.158 Ibidem, 5ième du Code de la sécurité sociale.
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Ces dispositifs vont s'articuler avec l'intervention de l'Echelon régional de
l'assurance maladie.
2. L'articulation UNCAM - URCAM
Cette articulation consiste en une adaptation éventuelle du cadre
conventionnel national et en un appui sur des compétences propres et
nouvelles du niveau régional.
L'article 49 de la loi du 13 août 2004 prévoit que les obligations souscrites par
les praticiens qui s'installent dans ces zones puissent être "adaptées par les
Unions régionales des caisses d'assurance maladie après consultation des
organisations représentatives des professionnels de santé pour tenir compte
de la situation régionale". Il s'agit d'une mesure qui ressemble à celle qui avait
permis aux mêmes URCAM d'adapter les conditions de l'accord de bon usage
de la visite du 1er juillet 2002159 au contexte local avec d'excellents résultats en
terme de diminution du nombre des visites à domicile.
Pour que les dispositifs conventionnels d'aide à l'installation puissent se
décliner, il faut que les zones éligibles aient été préalablement déterminées.
La Mission régionale de santé qui regroupe l'URCAM et l'ARH s'est vue
confier cette responsabilité (art L 162-47 du Code de la sécurité sociale). La mise
en œuvre d'un dispositif conventionnel national va donc dépendre de la mise
en œuvre d'une compétence régionale.
Enfin l'article 51 de la loi du 13 août 2004160 confie aux URCAM la possibilité
de conclure directement "des contrats avec les professionnels de santé
libéraux dans le but de les inciter à un exercice regroupé". Les accords
d'initiative régionale supposent une approbation du collège des directeurs de
l'UNCAM et un avis de l'Union régionale des médecins libéraux.
L'échelon régional trouve donc enfin sa place dans les dispositifs de
contractualisation entre les professionnels de santé et l'assurance maladie. La
nouvelle convention médicale va confirmer cet enracinement.
159 Accord précité, supra 2ième partie, chapitre 1.160 L'art. 51 crée un art. L 193-1-2 au Code de la sécurité sociale.
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B - L'échelon conventionnel régional est dans la convention médicale
La convention médicale signée le 12 janvier 2005 entre les trois Caisses nationales
et centrale d'assurance maladie et trois organisations représentatives des médecins
institue, en son chapitre 5, une Commission paritaire régionale. C'est la première
fois que dans le texte initial est prévu un échelon régional conventionnel. Dans
l'accord précédent, c'est à l'occasion d'avenants que le niveau régional avait fait son
apparition. Les partenaires conventionnels ont conçu un véritable organe paritaire
(1) et lui ont confié la coordination de la politique conventionnelle au niveau de la
région (2)
1. Une vraie Commission paritaire régionale
Comme les niveaux national et local, la Commission paritaire régionale est
composée d'une section professionnelle et d'une section sociale. La première
est composée de 12 membres de : 6 généralistes et 6 spécialistes. Pour la
section sociale, la composition tient compte de l'évolution des rôles respectifs
des représentants des assurés sociaux devenus "conseillers" et des
administratifs, directeurs d'organisme qui, à l'instar du directeur général de
l'UNCAM, conduisent les négociations et signent les accords avec les
professionnels. Il ne s'agit donc pas de comité de suivi ad hoc comme il y en
eut dans les dernières années de vie du dispositif précédent mais d'un
véritable échelon régional paritaire.
2. La coordination de la politique conventionnelle au niveau de la région
"La Commission paritaire régionale est chargée de la coordination de la
politique conventionnelle au niveau de la région". Pour les signataires
nationaux, cette mission de coordination concerne trois domaines particuliers :
- la maîtrise médicalisée des dépenses de santé,
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- la permanence des soins et l'installation des médecins libéraux. Le niveau
régional est ici non seulement de coordination mais aussi de mise en
œuvre des dispositifs nationaux,
- la préparation d'accords régionaux de bon usage des soins dans le respect
des objectifs, thèmes et règles générales de mise en œuvre décidés par la
convention.
Par ailleurs, les acteurs conventionnels nationaux l'ont positionnée comme
support possible de la formation professionnelle conventionnelle, comme
commission d'appel pour les mesures de sanctions par mise hors convention
d'une durée inférieure ou égale à un mois de suspension ou par la
suppression de la prise en charge des cotisations sociales d'une durée
inférieure ou égale à six mois.
La responsabilité de la mise en œuvre de la maîtrise médicalisée incombe à
l'échelon local161 ; l'échelon régional coordonne et veille à la cohérence. Il est
lui-même en pleine responsabilité sur la permanence des soins et les accords
de bon usage des soins. Il s'agit donc d'une mission pleine et entière qui est
confiée à l'échelon conventionnel régional.
La mission de coordination confiée à l'Echelon régional de l'assurance maladie
va au-delà du monde ambulatoire pour pénétrer celui de l'hôpital lorsque des
accords cadre de bonne pratique vont concerner des prescriptions
hospitalières exécutées par des professionnels de santé exerçant en ville162.
Il en va de même pour les contrats de bonne pratique relatifs à la garde des
spécialistes libéraux en établissement privés163 pour lesquels l'Echelon
régional de l'assurance maladie est désigné comme le co-contractant régional
des professionnels de santé.
Ainsi après quelques hésitations, les partenaires conventionnels ont décidé de
s'appuyer sur un échelon régional. Ses missions, d'abord cantonnées à la
161 Convention médicale du 12 janvier 2005, précitée, chapitre 5, n° 5-3-3.162 Loi du 13 août 2004, précitée, art. 13 II créant un art. L 6113-12 du Code se lé santé publique.163 Convention médicale nationale du 12 janvier 2005, précitée, chap. 2, n° 2-3 et annexes 8-5 à 8-10.
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permanence des soins, ont tendance à devenir plus globales voire à
embrasser le champ ville et hôpital. Encouragée par le législateur et inscrite
dès l'origine dans la dernière convention médicale, la commission paritaire
régionale devient un échelon incontournable de la déclinaison des conventions
nationales. Un mouvement parallèle et concomitant a fait de la région, le
terrain d'une contractualisation directe entre les professionnels de santé et
l'Assurance maladie.
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Chapitre 2 : La région cadre d'une contractualisation directe entre les professionnels de santé et l'Assurance maladie
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Alors que les partenaires conventionnels nationaux mettaient en place une instance
paritaire régionale, le législateur allait, dans les mêmes moments, confier au niveau
régional des possibilités de contractualisation directe et non liées à une quelconque
déclinaison de la convention.
Les dispositifs furent dans un premier temps réservés à la seule signature des
organisations représentatives signataires de la convention (section 1).
Soumis aux aléas du climat conventionnel national, leur utilisation est délicate et a
justifié de la mise en place d'un cadre réglementaire de contractualisation moins
contraint. L'assurance maladie régionale va contractualiser directement avec un ou
des professionnels de santé (section 2).
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Section 1 : La contractualisation en région entre les URCAM et les organisations signataires de la convention
La Loi de financement de la sécurité sociale pour 2000164 donne la possibilité à
l'Assurance maladie de négocier avec les professionnels de santé deux nouveaux
types de contrats avec les organisations représentatives des médecins. Le dispositif
sera enrichi et étendu aux autres professionnels de santé deux ans plus tard165.
Cette boîte à outil contractuelle pour le bon usage des soins plus ou moins liée à la
convention, doit être présentée (I) avant d'examiner la réalité de son utilisation en
région (II).
I. Une palette de nouveaux dispositifs qui ne développeront pas la contractualisation régionale
Pour contribuer à l'amélioration de la qualité des soins ou des pratiques
professionnelles, trois nouveaux dispositifs contractuels vont faire leur
apparition (A). Fortement propulsés par les pouvoirs publics, ils vont être le support
d'accords nationaux, mais en région le développement restera limité (B).
A - Une palette de trois nouveaux dispositifs
Les nouveaux dispositifs s'appellent Accords de bon usage des soins (1), Contrats
de bonne pratique (2) et Contrats de santé publique (3).
1. Les Accords de bon usage des soins
Les Accords de bon usage des soins (Acbus) sont décrits à l'article L 162-12-
17 du Code de la sécurité sociale. Initialement réservés aux médecins, ils
164 Loi n° 99-1140 du 29 déc. 1999 de financement de la sécurité sociale pour 2000, JO du 30 déc. 1999, p. 19706 et suivantes.165 Loi n°2002-322 du 6 mars 2002, précitée.
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concernent maintenant l'ensemble des professions de santé ayant ou étant
susceptible d'avoir une convention.
Ils sont signés entre partenaires conventionnels ou en l'absence de convention
entre l'Assurance maladie et un ou plusieurs syndicats représentatifs.
Un Acbus peut être national ou régional. Dans ce cas, c'est l'URCAM qui
représente l'Assurance maladie. Il s'agit d'accords collectifs qui, sur la base
d'un état des lieux, fixent des objectifs médicalisés d'évolution des pratiques,
décrivent le plus précisément possible les actions à entreprendre, déterminent
les indicateurs de suivi et les modalités de l'évaluation.
Un Acbus peut prévoir des objectifs quantifiés d'évolution de certaines
dépenses avec en échange, si ceux-ci sont atteints, un reversement aux
médecins de tout ou partie de la dépense évitée sous forme de forfaits.
La procédure d'approbation initiale qui prévoyait qu'un accord régional devait
recevoir l'avis favorable de la CNAMTS et d'au moins une autre caisse
nationale avant d'être présenté à l'approbation du ministre a été allégé par la
loi du 13 août 2004. Désormais l'approbation relève de l'UNCAM qui dispose
d'un délai de 45 jours pour se prononcer à compter de la réception du texte
par les signataires.
La loi de financement de la Sécurité sociale pour 2000 a mis en place un
deuxième outil de contractualisation avec les professionnels de santé
libéraux : le Contrat de bonne pratique.
2. Les Contrats de bonne pratique
Les Contrats de bonne pratique prévus à l'article L 162-12-18 du Code de la
sécurité sociale concernent tous les professionnels de santé. Ils ne peuvent
intervenir qu'entre partenaires conventionnels.
A la différence des Acbus, il s'agit de contrats individuels basés sur une
adhésion volontaire du professionnel et sur des objectifs d'évolution de sa
pratique. En contrepartie, le professionnel va bénéficier d'une majoration de la
participation des Caisses à ses cotisations sociales.
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Le Contrat de bonne pratique rebaptisé Contrat de pratique professionnelle
(CPP) en 2003 à la demande des syndicats médicaux, comporte
nécessairement des engagements relatifs à l'évaluation de la pratique du
professionnel166.
Il s'agit avant tout d'un dispositif d'initiative national qui peut être complété par
des dispositions régionales signées entre l'URCAM et les syndicats signataires
de la convention. Très lié au dispositif conventionnel, il sera utilisé par les
partenaires nationaux mais pas au niveau des régions.
La loi du 6 mars 2002 de rénovation des relations de l'Assurance maladie avec
les professionnels de santé a mis en place un troisième outil : le Contrat de
santé publique.
3. Les Contrats de santé publique
Les Contrats de santé publique (CSP) sont définis à l'article L 162-12-20 du
Code de la sécurité sociale par les partenaires conventionnels nationaux ou
leurs représentants en région167. S'ils sont régionaux, ils doivent "être
conformes aux objectifs, thèmes et règles générales de mise en œuvre
mentionnés dans la convention médicale".
Les accords comportent nécessairement des engagements des professionnels
de santé relatifs à leur participation :
"1° soit à des actions destinées à renforcer la permanence et la coordination
des soins, notamment à des réseaux de soins
2° soit à des actions de prévention".
Les professionnels peuvent percevoir des forfaits en contrepartie. Au final, ces
dispositifs vont être utilisés par l'échelon national. Les régimes resteront
beaucoup plus en retrait.
166 Cette obligation est presque réaliste pour les médecins qui disposent d'un système balbutiant d'évaluation des pratiques professionnelles (décret 99-1178 du 28 déc. 1999) Les autres professions en sont loin.167 Dans leur version initiale, les contrats de santé publique ne relevaient que de la compétence nationale. C'est la loi n° 2003-1199 du 18 déc. 2003 qui, dans son article 45, a permis une signature au niveau régional.
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B - Un développement régional limité
Les partenaires conventionnels nationaux vont user de ces outils (1), mais en
région, la promotion de ces accords n'est pas au rendez-vous (2).
1. Les partenaires conventionnels nationaux vont user de ces dispositifs conventionnels
Passée une première période de grande méfiance, ces contrats vont être
utilisés par les partenaires conventionnels nationaux. Fin 2001, le premier
Acbus interviendra avec les radiologues sur la qualité des mammographies de
dépistage du cancer du sein. Il sera suivi en 2002 de l'accord sur le bon usage
de la visite déjà évoqué ainsi que par l'accord sur la bonne utilisation du test
de dépistage rapide de l'angine expérimenté en Bourgogne.
Pour les années suivantes, ces outils essaieront de panser les plaies d'un
système conventionnel en crise. Par exemple, les contrats de bonne pratique
pour les spécialistes inscrits dans la convention nationale du 12 janvier 2005
en matière de permanence des soins masquent mal leur raison fondamentale
d'exister : rémunérer mieux des professionnels qui ont le sentiment, à tort ou à
raison, d'avoir été oubliés168. Il n'est pas sûr que les objectifs de qualité des
soins et d'amélioration des pratiques avec des indicateurs chiffrés des progrès
attendus soient toujours décelables dans les accords signés.
Si les partenaires conventionnels ont usé de ces dispositifs, les régions n'ont
pas montré d'engouement particulier.
168 Août 2004, les chirurgiens menacent de s'exiler en Angleterre ; déc. 2004, les spécialistes partent pour Barcelone.
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2. La difficile promotion de ces nouveaux accords par les URCAM
Les URCAM ont vu bien sûr dans ces dispositifs législatifs un renforcement de
leur rôle régional, une reconnaissance de leur qualité d'interlocuteur des
médecins puis de tous les professionnels de santé libéraux de la région, mais
les dispositifs n'ont pas bénéficié d'un soutien du national et sont restés trop
ancrés au système conventionnel.
La méfiance de la CNAMTS envers ces dispositifs dont l'introduction revenait
au gouvernement et à son ministre de la santé, Martine AUBRY, a été un
premier frein. En effet, pour les contrats d'initiative régionale, la procédure
initiale beaucoup plus lourde que celle en vigueur aujourd'hui, prévoyait, avant
toute mise en œuvre, un avis favorable de la CNAMTS et d'une autre caisse
nationale, puis du ministre. Avec une caisse nationale hostile, il y avait là un
vrai parcours du combattant.
Ces contrats avaient été conçus pour participer activement à la maîtrise
médicalisée des dépenses suite aux échecs précédemment constatés mais ils
restaient trop enfermés dans le cadre conventionnel (pas de signature
possible en dehors des signataires de la convention). A ce titre, l'Acbus
comme le Contrat de santé publique conclu en région ne pouvait pas dépasser
les clivages syndicaux traditionnels et donc ne profitait pas d'éventuelles
synergies locales différentes des inévitables affrontements nationaux.
Très concrètement, les URCAM se condamnaient à ne travailler qu'avec le
seul syndicat signataire de la convention alors que dans beaucoup de régions,
il était possible d'aller au-delà, comme l'a montré la mise en place du comité
de suivi de l'accord du 5 juin 2002 qui réunissait la quasi totalité des syndicats
de médecins.
Enfin, les reversements financiers et les forfaits prévus en faveur des
professionnels de santé en contrepartie de leurs engagements, n'ont pas fait
l'objet d'une attention soutenue de la part de la CNAMTS, conduisant ainsi soit
à l'utilisation des fonds expérimentaux du FAQSV, soit à l'inaction.
Pourtant quelques régions vont se lancer dans la contractualisation avec les
professionnels de santé.
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II. Les premières contractualisations régionales
Quelques URCAM vont se lancer et réussir à signer un Accord de bon usage des
soins comme dans les régions Centre et Franche-Comté (A) ou un Contrat de santé
publique dans la région Bourgogne (B).
A - L'Accord de bon usage des soins sur l'asthme en Franche-Comté
L'accord a été signé entre le syndicat MG France et l'URCAM de Franche-Comté en
mai 2002169. Après avoir suivi la procédure d'avis nationaux, il a été agréé par l'Etat
en avril 2003. Après un retour sur le cadre général de cet accord, ses objectifs et les
indicateurs retenus (1), le plan d'action pluriannuel, véritable initiative de santé
publique, sera évoqué (2).
1. Le contenu du projet
L'asthme est une maladie bronchique inflammatoire chronique, complexe et
hétérogène dans ses manifestations. C'est une affection chronique dont la
prise en charge nécessite :
- un diagnostic et une évaluation précoce,
- une organisation relationnelle des soins pour les manifestations aiguës et
aussi pour le suivi au long cours des malades les plus sévères,
- une autonomisation des patients dans la gestion de leur maladie par le
développement de l'éducation thérapeutique.
En France, l'asthme concerne 3 millions de personnes. Sa prévalence est de 5
à 7 % chez l'adulte (10 à 15 % chez les adolescents de 13 à 14 ans) contre 2
à 3 % il y a 15 ans.
l'état des lieux
169 L'accord de bon usage des soins sur l'asthme en France Comté est reproduit en annexe.
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La Franche-Comté dispose d'un état des lieux solide avec notamment une
thèse de médecine contribuant à une approche épidémiologique de la maladie
asthmatique et de sa prise en charge en Franche-Comté ; une enquête auprès
des malades en vue de construire un programme d'éducation pour la santé ;
différents travaux sur les prescriptions, les prescripteurs, les demandes de
passage en ALD.
les objectifs
L'accord vise d'ici fin 2005, à améliorer la prise en charge des patients
asthmatiques de façon homogène sur toute la région avec trois objectifs
spécifiques :
- améliorer le diagnostic de la pathologie,
- améliorer la prise en charge médicamenteuse des patients,
- améliorer la qualité de vie des asthmatiques.
les indicateurs
L'accord francomtois en distingue six :
- taux régional de prévalence des asthmes traités,
- taux de médecins généralistes mesurant le débit expiratoire de pointe
avant tout renouvellement d'ordonnance de produits anti-asthmatiques,
- taux de médecins généralistes prescrivant aux asthmatiques du stade 2, 3
ou 4, un traitement médicamenteux de fond conforme aux
recommandations de bonnes pratiques,
- taux de médecins généralistes montrant comment utiliser un flacon aérosol
doseur ou un distributeur de poudre,
- taux de patients asthmatiques dont le traitement comportant un bêta 2
mimétique de longue durée en plus des corticoïdes inhalés est conforme
aux recommandations de bonnes pratiques,
- taux de patients déclarant présenter une gêne respiratoire malgré le
traitement prescrit.
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100
2. Le plan d'action pluriannuel, une offensive régionale de santé publique
Quelques actions avaient été programmées dès 2002 mais l'essentiel est
élaboré par le comité de pilotage et les actions dépassent largement les
signataires médicaux.
Fin 2002, un consensus régional a été réalisé et ses conclusions diffusées aux
professionnels de santé de la région. Un carnet de suivi a été élaboré avec
une association de malades et diffusé.
Depuis, ont été impulsées des formations en direction des médecins scolaires
et médecins du travail, une campagne de sensibilisation du grand public, des
actions de dépistage dans le cadre de la journée mondiale de l'asthme en
2004 avec les pharmaciens de la région. Les personnels de l'Assurance
maladie qui visitent les médecins ont présenté le programme à la moitié
d'entre eux, les recommandations de bonnes pratiques sont diffusées.
L'évaluation de cet accord n'interviendra qu'en fin 2005, début 2006. Il n'est
pas possible de conclure aujourd'hui sur les résultats médicaux de cette
initiative mais il est d'ores et déjà clair que ce sont plusieurs professions de
santé qui se sont sensibilisées et mobilisées avec l'Assurance maladie et les
associations de patients. Le travail en commun sur des thèmes de santé
publique est la base de tout travail efficace sur des objectifs de maîtrise
médicalisée des dépenses.
Une autre région a utilisé le cadre contractuel proposé par la loi du 6 mars
2002.
B - Le contrat de santé publique sur le dépistage du cancer colorectal en Bourgogne
A l'automne 2002, les représentants régionaux de trois organisations
représentatives de médecins, la CSMF, MG France et le SML vont signer, avec
![Page 111: e e fait régional dans les relations l contractuelles ... · N°13 : La stratégie de santé des groupes privés d’assurances. Juin 1999. N°14 : La Plate-forme téléphonique](https://reader033.vdocuments.pub/reader033/viewer/2022052019/60331ba05a9e0734ac0eade2/html5/thumbnails/111.jpg)
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l'Assurance maladie, un contrat170 qui va permettre le développement d'une
campagne de dépistage sans précédent dans deux départements de la Bourgogne.
Cette initiative originale (2) s'inscrit dans le cadre d'un plan national de santé
publique (1).
1. Le cancer colorectal, objet d'un dépistage de masse
La France a choisi en 2002 de s'engager dans la mise en place d'un dépistage
de masse du cancer colorectal en lançant dans 20 départements une
deuxième vague171 d'expérimentation avant généralisation.
Le cancer colorectal frappe chaque année 33000 nouvelles personnes et
provoque plus de 16000 décès. Il est, hommes et femmes réunis, le second
cancer le plus mortel. Il est un tueur silencieux : les premiers symptômes
apparaissent souvent alors que la maladie est déjà évoluée. Or, entre
l'apparition du polype à son tout début et celle du cancer, il se passe en
moyenne dix ans. Une stratégie de dépistage permet donc de sauver des
milliers de vies humaines chaque année.
Des premières campagnes, il ressort que la participation a été bien meilleure
et toujours supérieure à 50 % lorsque les médecins généralistes ont été
impliqués comme en Saône et Loire. La pérennité de leur engagement a été
attribuée à la reconnaissance financière de leur activité.
En présence d'une action de prévention identifiable, d'une demande de
rémunération forfaitaire, la Bourgogne propose de s'inscrire dans le cadre du
Contrat de santé publique que la loi du 6 mars 2002 venait d'instaurer.
170 L'accord régional expérimental pour le dépistage du cancer colorectal de Bourgogne figure en annexe.171 Le dépistage du cancer colorectal avait fait l'objet d'une 1ière expérimentation dans quelques sites depuis la fin des années 80. Ainsi dans 12 cantons de Saône et Loire, 45000 personnes se sont vues proposer le dépistage tous les deux ans. Plus de 1,3 % des tests se sont révélés positifs et ont donc été suivis d'une coloscopie. Au bout de 9 ans, la mortalité par cancer colorectal s'est révélée de 14 % inférieure dans la population ayant bénéficié du test, comparée à une population voisine de 45000 personnes témoins. 592 cancers ont été diagnostiqués dans le groupe bénéficiant du dépistage contre 583 dans le groupe témoin mais les premiers étaient de meilleur pronostic.
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2. Un contrat original avec des résultats forts
Lorsque le législateur, en 2002, met en place le Contrat de santé publique, il
en fait un outil à la seule disposition des partenaires conventionnels
nationaux172 Or l'expérimentation ne concerne que 20 départements et la
CNAMTS n'a pas forcément envie de généraliser par avenant conventionnel et
par avance, un système de rémunération qui n'a pas encore été testé à une
échelle géographique suffisante.
L'URCAM portera donc un Contrat de santé publique qui ne fera pas référence
explicite à l'article L 162-12-20 mais en aura tous les attributs.
Le dispositif consiste à allier la remise du test par le médecin et l'utilisation
d'un fichier des personnes concernées avec envoi postal pour ceux qui n'ont
pas consulté dans la période de référence.
Lorsque le médecin remet le test, il doit informer le patient à la fois sur les
conditions de réalisation du test et sur les suites en cas de résultat positif. Le
praticien doit avoir été préalablement formé sur le sujet.
Il s'engage enfin à transmettre vers la structure de gestion les informations qui
vont permettre la relance par voix postale, le suivi des patients auxquels le test
a été remis ainsi que la transmission des informations relatives à la réalisation
d'une coloscopie en cas de résultat positif.
Ces engagements font l'objet comme le prévoit l'article L 162-12-20 d'un acte
d'adhésion individuel et d'une rémunération forfaitaire.
Chaque médecin adhérent va recevoir un forfait évolutif entre 60 et 1030 euros
selon le nombre de tests lus par période annuelle. Le dispositif est donc
incitatif.
En Bourgogne, les résultats des deux départements expérimentaux (Côte d'Or
et Saône et Loire) sont les suivants :
54 % de la population cible, soit 145000 personnes ont procédé au test en 2004.
80 % des médecins de deux départements ont été formés et 950 d'entre eux,
soit la quasi totalité, ont renvoyé au moins un test pour lecture.
172 C'est la loi de financement de la sécurité sociale pour 2004 qui créera la possibilité d'une initiative régionale.
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Appuyés sur une initiative nationale de santé publique qui perdure encore
aujourd'hui, les médecins avec leurs organisations représentatives et
l'Assurance maladie ont pu déployer en région un consensus qui a permis le
lancement du dépistage dans de bonnes conditions. Les premiers résultats
confirment la justesse de cette analyse. Cette contractualisation, si elle
s'inscrit dans l'esprit du législateur de 2002, n'a pas pu s'inscrire dans la lettre
du Contrat de santé publique.
La contractualisation avec les professionnels de santé en région doit pouvoir
intervenir non seulement dans le cadre de la déclinaison des accords
conventionnels nationaux et avec leurs signataires, mais aussi à l'initiative des
régions avec les organisations professionnelles représentatives ou encore
avec un ou des professionnels de santé.
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Section 2 : Réalité et perspectives de la contractualisation régionale directe entre les professionnels de santé et l'Assurance maladie
La contractualisation entre des professionnels de santé et l'Assurance maladie sans
référence à un cadre conventionnel national ou à la représentativité d'une
organisation professionnelle est aujourd'hui une réalité. C'est l'Union régionale des
caisses d'assurance maladie qui, dans ce domaine, s'affirme comme le représentant
régional de l'assurance maladie (I).
Longtemps ignoré des relations entre professionnels de santé et Assurance
maladie, l'échelon régional existe aujourd'hui aussi bien comme niveau de
déclinaison des accords nationaux conventionnels qu'en tant que niveau autonome
de contractualisation. Il s'est construit plus sur l'échec des politiques nationales de
maîtrise des dépenses que sur sa propre capacité à réussir. Quelles sont les
perspectives et les conditions qui peuvent lui permettre de tenir un rôle efficace
demain (II).
I. La contractualisation directe entre les professionnels de santé et L'Union régionale des caisses d'assurance maladie
L'Assurance maladie dispose aujourd'hui d'une possibilité légale de s'engager aux
côtés des professionnels de santé sans référence explicite à la convention nationale
s'il s'agit de promouvoir la coordination ou l'installation des professionnels de
santé (A).
Les dispositifs les plus récents confirment le rôle confié aux URCAM pour financer
en région les réseaux de santé (B).
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A - Les contrats régionaux favorisant la coordination et l'installation des professionnels de santé
Il n'est, pour ainsi dire, pas de Loi de financement de la Sécurité Sociale qui ne se
soit penchée sur cette problématique des accords avec les professionnels de santé.
Celle pour 2004173 crée cette possibilité de contractualisation directe avec des
réseaux de professionnels de santé (1).
La loi du 13 août 2004 introduit la même possibilité pour favoriser le regroupement
des professionnels libéraux (2).
1. La contractualisation URCAM – réseaux de professionnels de santé libéraux
Le nouvel article L 183-1-1 du code de la Sécurité Sociale prévoit que "les
Unions régionales des caisses d'assurance Maladie peuvent passer des
contrats avec des réseaux de professionnels de santé conventionnés exerçant
à titre libéral dans une aire géographique définie. Les Unions régionales des
caisses d'assurance maladie peuvent associer à ces contrats, si elles le jugent
nécessaire et après accord avec les réseaux de professionnels de santé
concernés, des mutuelles…, des institutions de prévoyance…, ou des
entreprises régies par le code des assurances".
Jusqu'à présent, les territoires visés par des dispositifs législatifs étaient
strictement définis, il s'agissait le plus souvent de zones fragiles. Là c'est une
aire géographique qu'il revient au contrat de définir. C'est donc la possibilité de
contracter avec un réseau de professionnels particulièrement dynamique sur
un territoire de proximité ou sur celui de toute la région. La contractualisation
ne concerne pas que les médecins mais toute la communauté des
professionnels organisés dans un réseau.
Avec la possibilité d'associer les organismes complémentaires, on entrevoit
les possibilités de sanction positives pour le patient, particulièrement
responsabilisé dans l'auto - prise en charge de sa maladie, qui pourrait aller
jusqu'à une minoration des primes d'assurance complémentaire.
173 Loi n° 2003-1199 du 18 déc. 2003, art. 44, JO du 19 déc. 2003.
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Les thèmes susceptibles d'être embrassés par le contrat sont ceux déjà
rencontrés avec les Accords de bon usage des soins et les autres contrats
issus de la loi du 6 mars 2002 : "amélioration des pratiques, mise en œuvre de
références médicales, d'actions de prévention ou de dépistage". Par contre, on
ne parle pas de rémunération forfaitaire ou de reversement d'économies
réalisées mais plus globalement d'un financement du réseau. C'est un cadre
très similaire à celui du FAQSV mais financé sur l'enveloppe générale des
dépenses d'Assurance maladie.
Pour entrer en vigueur, ces contrats doivent recueillir l'avis de l'Union
régionale des médecins libéraux et l'approbation du collège des directeurs de
l'UNCAM. Cette procédure est aussi applicable aux dispositifs favorisant le
regroupement des professionnels.
2Une contractualisation régionale pour favoriser les regroupements de professionnels
C'est l'article 51 de la loi du 13 août 2004174 qui permet aux "Unions
Régionales des Caisses d'Assurance Maladie de conclure un contrat avec des
professionnels de santé libéraux dans le but de les inciter à un exercice
regroupé, notamment dans les zones rurales ou urbaines où est constaté un
déficit en matière d'offre de soins".
Les Missions régionales de santé doivent définir les zones éligibles aux aides
à l'installation175. Il ne fait aucun doute qu'il y aura plus de candidats que
d'élus176 compte tenu de la concentration des aides sur ces territoires. Le
dispositif de l'art. 51 permettra à l'Assurance maladie d'accompagner un projet
médical de coordination et de regroupement dans ces zones et au-delà. Le
texte reste muet sur la nature des incitations, il faut peut-être y voir tout
simplement la volonté de laisser la plus grande place à l'initiative régionale.
174 L'art. 51 crée un art. L 183-1-2 dans le Code de la sécurité sociale.175 Circulaire DHOS-UNCAM n° 2005-63 du 14 janv. 2005.176 La loi n° 2005-157 du 23 fév. 2005, J.O du 24 fév. 2005, chapitre 2, art. 109, sur les territoires ruraux a en effet instauré une exonération fiscale sur les revenus tirés des gardes et astreintes dans les zones fragiles arrêtées par la mission régionale de santé,
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B - Les URCAM toujours chargées du financement des réseaux de santé
Il ne s'agit pas ici de présenter le fonctionnement détaillé du FAQSV ou celui de la
DRDR mais de montrer que ces outils ont été les premiers mis à la disposition des
URCAM pour contractualiser avec les médecins et les autres professionnels de
santé en dehors des relations conventionnelles traditionnelles. Ils constituent à ce
titre une contribution à une allocation des ressources non organisée à partir des
centres de décision nationaux.
1. Le FAQSV renforce la relation entre l'Assurance maladie et les professionnels de santé
Institué par la Loi de financement de la sécurité sociale pour 1999 et le décret
n°99-940 du 12 novembre 1999, "le FAQSV participe à l'amélioration de la
qualité et de la coordination des soins dispensés en ville et contribue au
financement d'actions concourant notamment à l'amélioration des pratiques
professionnelles et à leur évaluation, à la mise en place et au développement
de formes coordonnées de prise en charge et notamment des réseaux de
soins liant des professionnels de santé exerçant en ville à des établissements
de santé" énonce l'article 1er du décret.
Ce sont plus de 400 projets, dont près des deux tiers sont des réseaux, qui
vont être financés et pour lesquels des professionnels libéraux mais aussi des
hospitaliers vont souscrire des engagements transcrits noir sur blanc dans des
conventions avec l'Assurance maladie.
2. FAQSV et DRDR ont donné à l'URCAM une place de décideur régional
Rendant compte de la délicate émergence d'un niveau régional, Rémi
FROMENTIN, ancien directeur d'URCAM écrit : "si les URCAM avaient eu une
quelconque importance, cela se serait su. Les professionnels de santé
auraient trouvé le moyen de tambouriner à leurs portes dans les périodes de
conflit. On aurait vu quelques banderoles, on aurait lâché ici ou là quelques
souris. Les médecins en colère sont allés mettre le souk dans les caisses, les
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internes sont allés murer quelques DRASS, les gynécologues sont allés
vociférer devant les fenêtres de l'ARH, mais personne ne s'est arrêté dans les
Unions"177.
Si le constat est sans doute juste, il n'en reste pas moins que le FAQSV crée
un lieu de décisions régionales vers lequel on se déplace et qui contribue à
affirmer l'expertise régionale sur les réseaux. C'est aussi l'affirmation du
contrat et du partenariat avec les professionnels libéraux qui portent les
dossiers. C'est enfin la culture du dialogue qui s'affiche, les décisions sont
prises au sein d'un bureau où siègent les professionnels de santé. Autant
d'éléments indispensables pour appuyer une politique contractuelle
d'importance à partir des régions.
L'arrivée de la Dotation régionale de développement des réseaux178 en porte
deux conséquences :
- la contractualisation expérimentale devient pérenne
- L'URCAM affirme sa stature d'interlocuteur régional incontournable avec le
mécanisme de la décision conjointe avec l'Agence régionale de
l'hospitalisation.
Si l'Assurance maladie peut aujourd'hui prétendre à un rôle dans la
contractualisation avec les professionnels de santé, elle le doit aussi à la
capacité qui a été la sienne de s'investir dans la promotion des réseaux de
santé.
II. Les perspectives de la contractualisation régionale
Le cadre régional est très lentement devenu un échelon incontournable des
relations entre les professions de santé et l'Assurance maladie. Le mouvement de
régionalisation concerne aujourd'hui aussi bien la déclinaison des accords
conventionnels nationaux qu'une possibilité encore très récente de
contractualisation directe entre les professions de santé et l'Assurance maladie en
région.
177 Rémi FROMENTIN, précité, p. 63.178 Loi n° 2001-1246 du 21 déc. 2001 de financement de la sécurité sociale pour 2002, art. 36, codifié aux art. L 162-4-3 à L 162-46 du code de la sécurité sociale.
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Ce mouvement est-il en mesure de se poursuivre ? La réponse est à l'évidence
affirmative car il est porté par la convergence des politiques des états européens et
des principales forces politiques françaises qui tendent toutes à confier une place
importante aux régions. Ce constat influe positivement sur le développement de la
contractualisation régionale (A).
Avoir une possibilité de contractualisation en région ne signifie pas sa mise en
œuvre et encore moins sa performance pour laquelle il faut sans doute des
conditions particulières (B).
A - Le développement de la contractualisation régionale suppose la poursuite du mouvement de régionalisation de la santé
Confrontés aux même difficultés de financement des dépenses de santé, de
persistance des inégalités, de cloisonnement du système de soins, les pays
européens qui ont réformé leur système de santé l'ont tous fait en reconnaissant un
rôle plus important à la région (1). En France, droite et gauche s'accordent pour
aller, avec des nuances, dans le même sens (2).
1. la régionalisation des politiques de santé est à l'œuvre dans nombre de pays européens.
La plupart des gouvernements européens ont procédé, dans les vingt
dernières années, à un réajustement du niveau de décision de leur système
de santé "la décentralisation est devenue dans de nombreux pays un élément
fondamental des réformes"179
En Espagne, la régionalisation de la santé a répondu à des motivations
politiques fortes. Inscrit dans la constitution de 1978, le transfert de la
responsabilité aux communautés autonomes a été progressif et s'est étendu
de 1981 pour la Catalogne à 2001 pour les dernières régions concernées.
Chaque communauté dispose de la compétence de principe en matière de
179 Marc DURIEZ, Diane LEQUET-SLAMA, Régionalisation et système de santé en Europe, adsp n° 29, déc. 1999, p. 29.
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planification sanitaire et de santé publique et assume les conséquences
financières de ses choix.
En Italie, une démarche du même type a été initiée en 1977. Les régions se
sont vues renforcées dans leurs pouvoirs en matière de santé avec, depuis
2001, une responsabilité exclusive pour l'organisation sanitaire et la gestion
des dépenses.
En Suède ou au Danemark, l'essentiel du service public de santé est confié
aux autorités politiques régionales. Le Royaume Uni marie une organisation
régionale avec des "Primary Care Group" qui regroupent les professionnels de
santé avec des patients, des représentants de l'administration pour l'achat de
soins.
Ces organisations ne sont pas sans poser de problème d'équité, notamment
que les états centraux s'emploient à régler, mais elles témoignent d'une
tendance lourde à laquelle la France n'échappera pas et qui conforte l'idée
d'une contractualisation régionale.
2. la régionalisation des politiques de santé en France conforte l'idée d'une contractualisation régionale.
En France, avec les ordonnances du 24 avril 1996, un pas vers la
régionalisation a été fait, il n'a pas été démenti depuis et ce, malgré
l'alternance des gouvernements. En mars 2000, Claude EVIN présente, au
nom de la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales de
l'Assemblée nationale, les conclusions d'un groupe de travail pluri-tendanciel.
Il propose "une réforme progressive et pragmatique" qui vise à terme, à
substituer aux ARH, des Agences Régionales de Santé (ARS)180.
Pour les autres formations politiques, la nuance est dans le délai nécessaire
pour la mise en place de ces ARS et leur niveau de décentralisation ou de
180 Claude EVIN, Synthèse des travaux et conclusions du groupe de travail sur la régionalisation du système de santé, Assemblée nationale, Commission des affaires culturelles, familiales et sociales, 7 mars 2000.
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déconcentration. Jean-Luc PREEL et l'UDF portent très en avant une politique
de santé décentralisée en région181.
Jean-François MATTEÏ182, puis Philippe DOUSTE-BLAZY, suivent la même
ligne d'horizon. Ce dernier a franchi un nouveau pas avec la mise en place
des Missions régionales de santé dans la loi du 13 août 2004183.
Ces démarches de régionalisation en Europe et en France, cet horizon
commun aux principales forces politiques ne peut qu'impacter le domaine
ambulatoire et donc favoriser la contractualisation entre les professionnels de
santé et l'Assurance maladie au même niveau. Cependant, il ne suffit pas,
comme l'a souligné l'IGAS, de transférer à l'échelon régional des politiques
nationales pour réussir là où celles-ci ont échoué184. Demain, une
contractualisation régionale pour exister et obtenir des résultats doit remplir
certaines conditions de départ. La proximité, si elle est une composante
indispensable, n'est pas en elle-même suffisante.
B - Les conditions de la réussite d'une politique de contractualisation régionale entre les professionnels de santé et l'Assurance maladie
Pour réussir une démarche de contractualisation régionale, celle-ci doit être
une véritable stratégie s'appuyant, côté assurance maladie, sur un acteur
clairement identifié (1).
Ses missions et son domaine de compétences doivent être précis (2).
181 Jean-Luc PREEL, proposition de loi n° 128 tendant à instaurer une régionalisation de la santé, Documents de l'Assemblée nationale, Commission des affaires culturelles, familiales et sociales, 24 juil. 2002.182 J.F. MATTEI, Le Figaro, mercredi 2 oct. 2002, "Peu à peu, je constate qu'un consensus émerge pour qu'entre le niveau national éloigné du terrain et le niveau départemental parfois trop petit pour disposer des compétences nécessaires, le niveau régional devienne l'unité de base de l'organisation du système de santé…Mes services étudient les différents scénarios possibles de création des agences régionales de santé".183 Loi n° 2004-810 du 13 août 2004, précité, art. 67.184"Il convient de ne pas parer la proximité d'un excès de vertu", IGAS, Politiques sociales de l'Etat et territoires, Rapport annuel, 2002.
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1. l'Assurance maladie doit se doter d'un échelon régional unique
Les orientations actuelles du gouvernement traduites dans la loi du 13 août
2004 confirment le rôle de l'Assurance maladie nationale pour mettre en
œuvre la politique de santé, réguler les dépenses et assurer le respect de
l'ONDAM fixé dans les lois de financement de la Sécurité sociale. Cette
réaffirmation du rôle de l'opérateur historique ne saurait dispenser d'une
réflexion sur le rôle de l'Assurance maladie au niveau régional. La même loi
affiche un renforcement des URCAM au niveau régional. Ainsi que le note
Pierre-Louis BRAS, la réforme est "susceptible de donner une plus grande
cohérence au réseau des Caisses d'assurance maladie et à la politique de
gestion du risque. Elle reste toutefois prudente et l'émiettement des autorités
sanitaires subsiste notamment au niveau régional"185.
L'Assurance maladie en région, c'est trois entités : URCAM, CRAM et
l'échelon régional du service du contrôle médical. C'est aussi des missions
régionales des CPAM telles que l'animation de certaines commissions
paritaires avec les professionnels de santé186. Une nouvelle impulsion de la
politique régionale de santé implique la réorganisation et un regroupement des
compétences grâce à l'identification d'un interlocuteur unique de l'Assurance
maladie. L'URCAM apparaît à ce jour comme la plus apte à jouer ce rôle187.
Cette étape de choix est incontournable car autrement, l'Assurance maladie
en région n'aura pas la légitimité pour conduire des négociations avec les
syndicats médicaux dont chacun s'accorde à reconnaître la force et la capacité
à traduire leurs revendications dans les accords conventionnels.
L'affirmation du point de vue de l'assureur public et des assurés sociaux
dépend donc en partie de l'autorité de l'instance régionale de l'Assurance
maladie.
La qualité de la contractualisation régionale dépend aussi de la clarté des
missions confiées à cet échelon régional de l'Assurance maladie.
185 Pierre-Louis BRAS, article précité.186 La CPAM du chef-lieu de région anime les Commissions paritaires régionales des centres de santé, des directeurs de laboratoires d'analyses médicales.187 Voir en ce sens, Rémi PELLET, précité, note 121; G. DUHAMEL, Rapport IGAS 2003, précité ; E.N.A., Rapport du groupe de travail sur la politique régionale de santé, promotion 2002-2004, L.S. SENGHOR, juil. 2003, p. 46.
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Le niveau régional ne doit intervenir que s'il apporte une plus value, s'il
contribue à rendre plus efficace les politiques de l'assurance maladie.
Aujourd'hui la concentration sur le niveau national aboutit à une théâtralisation
avec rebondissements et enjeux financiers tels qu'ils impactent bien au-delà
des parties. De plus, même lorsqu'il y a accord, comme c'est le cas depuis le
12 janvier 2005 avec la signature de 3 syndicats représentatifs et majoritaires,
cela ne garantit pas l'acceptation et l'application locale188.
La région peut alors apporter une contribution efficace au travers de :
- la mise en place d'un espace conventionnel régional décidé par la loi ou
par les acteurs conventionnels nationaux. En son sein, les partenaires
régionaux pourraient travailler sur la qualité des soins en intégrant au
contrat des dispositifs relatifs à la formation professionnelle, à l'implication
des professionnels libéraux dans les actions de prévention et en disposant
de possibilités de mise en place de rémunérations forfaitaires. Plus
traditionnellement, ils suivraient les objectifs nationaux de maîtrise
médicalisée des dépenses,
- l'émergence d'un cadre pour des pratiques innovantes : régionaliser des
Accords de bon usage des soins et les adapter aux ambitions régionales,
- le décloisonnement ville - hôpital avec l'utilisation des fonds du FAQSV et
de la DRDR,
- L'apport de propositions pour gérer les défis liés à la démographie des
professionnels de santé ou au vieillissement de la population.
C'est donc un vaste champ de contractualisation qui peut s'ouvrir demain au
niveau régional.
C'est aussi la place de l'Assurance maladie dans les futures ARS qui se joue
aujourd'hui. Une Assurance maladie structurée efficacement en région ne sera
pas intégrée aussi facilement qu'une entité divisée que l'on prendra un
morceau après l'autre.
188 Ainsi en est-il de l'avenant n° 4 non encore agréé à la convention médicale du 12 janvier 2005 qui définit la période de la permanence des soins comme allant de 20h à 8h alors que sur le terrain les médecins ne veulent le plus souvent que 20h – 0h.
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C'est aussi un formidable espoir de liberté que celui de pouvoir demain faire
appel en région à la créativité des professionnels de santé, des responsables
de l'Assurance maladie pour contracter ensemble, appuyés sur une mise en
responsabilité et sur la confiance des décideurs nationaux. Ceux-ci auraient
alors entendu cette aspiration exprimée par la présidente nationale de la
Mutualité Sociale Agricole, Jeannette GROS : "Laissez-nous agir !… Laissez-
nous expérimenter. Laissez-nous proposer des solutions nouvelles, nous
connaissons le milieu"189 et qui fait écho à la déclaration d'un autre grand
professionnel, le professeur Guy VALLANCIEN : "Laissez-nous inventer
l'hôpital de demain"190. C'est bien d'un cadre clair de responsabilité et d'une
liberté d'initiative dont a le plus besoin aujourd'hui la contractualisation entre
les professionnels de santé et l'Assurance maladie pour devenir un outil
efficace au service des objectifs convergents des politiques conventionnelles
nationales, de la qualité des soins et de la santé publique.
189 Jeannette GROS, La protection sociale à cœur ouvert, p. 147, Le cherche midi, 2004.190 Guy VALLANCIEN, Hôpital : tares et retards, Le Monde, horizons et débats, 20 avril 2003.
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Abréviations
ACBUS : Accord de Bon Usage des SoinsAFSSAPS : Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de SantéANAES : Agence Nationale d'Accréditation et d'Evaluation en SantéARH : Agence Régionale de l'HospitalisationARS : Agence Régionales de Santé CBP : Contrat de Bonne PratiqueCCPR : Commission Conventionnelle Paritaire RégionaleCMPR : Comité Médical Paritaire RégionalCMR : Comité Médical RégionalCNAMTS : Caisse Nationale d'Assurance Maladie des Travailleurs SalariésCNPF : Conseil National du Patronat Français CPP : Contrat de pratique professionnelleCROSS : Comité Régional d'Organisation Sanitaire et Sociale CRPS : Comité Régional des Politiques de SantéCRS : Conférence Régionale de SantéCSMF : Confédération des Syndicats Médicaux FrançaisCSP : Contrat de Santé PubliqueDNDR : Dotation Nationale Des RéseauxDRASS : Direction Régionale des Affaires Sanitaires et SocialesDRDR : Dotation Régionale de Développement des RéseauxFAQSV : Fonds d'Aide à la Qualité des Soins de Ville FMF : Fédération des Médecins de FranceLFSS : Loi de Financement de la Sécurité Sociale MRS : Mission Régionale de SantéOQN : Objectif Quantifié NationalORS : Observatoire Régional de la Santé PRAPS : Programme Régional d'Accès à la Prévention et aux SoinsRMO : Référentiel Médical Opposable SREPS : Schéma Régional d'Education pour la SantéSROS : Schéma Régional d'Organisation SanitaireTSAP : Tableau Statistique d'Activité des PraticiensUCCSF : Union Collégiale des Chirurgiens et Spécialistes FrançaisUNCAM : Union Nationale des Caisses d'Assurance MaladieURCAM : Union Régionale des Caisses d'Assurance MaladieURML : Union Régionale des Médecins Libéraux
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A N N E X E S
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Annexe 1 : L'accord régional sur la bonne utilisation de la visite à domicile en Bourgogne.
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ACCORD REGIONAL DE BON USAGE DES SOINSCONCERNANT LA BONNE UTILISATION
DES VISITES A DOMICILE EN BOURGOGNE
Entre, d'une part,
Madame Patricia MERCIER, Représentante régionale de la Fédération française des Médecins Généralistes MG France pour la région Bourgogne;
Et, d'autre part,
Madame Marie-Josèphe BAUMONT, Présidente de l'Union Régionale des Caisses d'Assurance Maladie de Bourgogne;
Considérant- l'article L.162-12-17 du code de la sécurité sociale qui définit les accords de bon usage des
soins ;- l'article L.162-3 du code de la sécurité sociale qui précise que "les consultations médicales
sont données au cabinet du praticien, sauf lorsque l'assuré ne peut se déplacer en raison de son état";
- le Protocole d'Accord conclu le 5 juin 2002 entre les trois caisses nationales d'assurance maladie et les syndicats nationaux représentatifs de médecins, qui entend, en contrepartie de la revalorisation tarifaire de l'acte de soins, revaloriser les soins au cabinet, cerner et mieux valoriser les visites médicalement justifiée, et qui prévoit la conclusion d'un accord national de bon usage des soins à domicile et des déclinaisons régionales de cet accord à compter du 1er
octobre 2002 ;- l'article 3 de l'avenant n°10 à la convention nationale des médecins généralistes qui prévoit
que les partenaires conventionnels signeront un accord national de bon usage des soins à domicile au plus tard le 1er juillet 2002 et que cet accord national sera décliné au niveau régional d'ici le 1er octobre 2002;
- l'accord national de bon usage des soins à domicile conclu le 1er juillet 2002 et approuvé par arrêté ministériel du 26 août 2002, qui précise dans ses articles 3-2 et 5-2 et 6 les objectifs et les dispositions que devront décliner les accords de bon usage des soins régionaux.
Il est convenu ce qui suit :
Préambule
Les parties signataires du protocole d'accord national du 5 juin 2002 entendent favoriser les soins dispensés au cabinet du médecin. En effet, sauf lorsque le patient n'est pas en capacité de se déplacer, les soins dispensés au cabinet du médecin apportent une meilleure garantie de qualité au patient, en même temps qu'ils améliorent les conditions d'exercice des médecins généralistes.La réalisation de cet objectif passe par une information des patients pour agir sur les comportements mais aussi par des actions destinées à cerner et mieux valoriser les visites médicalement justifiées.
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Les signataires du protocole d'accord du 5 juin 2002 ont par conséquent souhaité définir contractuellement les critères de pertinence des soins à domicile, afin de parvenir à une diminution progressive répondant ainsi à une double aspiration : celle des assurés de bénéficier de soins de qualité et celle des généralistes de privilégier leur activité au cabinet et réduire ainsi le temps consacré à des déplacements non justifiés.
Ainsi que l'ont demandé les parties signataires, les dispositions de ce protocole ont été reprises dans un avenant à la convention nationale des médecins généralistes en vigueur (avenant n°10 approuvé par arrêté du 28 juin 2002) et un accord national de bon usage des soins à domicile conclu le 1er juillet 2002 (approuvé par arrêté du 26 août 2002) a défini un référentiel des soins à domicile et les actions nécessaires pour agir en parallèle sur les comportements des assurés sociaux.
Pour répondre au souhait des parties signataires au niveau national de réduire les disparités entre régions constatés en matière de comportements d'usage de la visite, tout en permettant de prendre en compte des critères d'environnement spécifiques à chaque région, des déclinaisons régionales de l'accord national de bon usage des soins sont prévues.
Le présent accord de bon usage des soins a donc pour objectif de traduire la volonté des représentants en Bourgogne des médecins et des assurés sociaux de décliner pour la région les objectifs médicalisés d'évolution des pratiques concernant le bon usage des visites au domicile du patient tels qu'ils figurent dans le protocole d'accord du 5 juin 2002 et dans l'accord national de bon usage des soins à domicile du 1er juillet 2002, ainsi que les actions permettant de les atteindre.
Article 1er
Champ de l'accord
Le présent accord correspond à la déclinaison régionale, en Bourgogne, de l'accord national de bon usage des soins à domicile signé le 1er juillet 2002.
Il précise les engagements respectifs en terme d'objectifs, de moyens et de suivi, des parties signataires concernant :
- l'atteinte de l'objectif national, fixé dans l'article 3-1 de l'accord de bon usage des soins national, de réduction progressive des soins à domicile : diminution de 5% du nombre total des soins hors cabinet, pour la première année d'application de l'accord ;
- l'extension exceptionnelle en Bourgogne, à titre expérimental, pour une durée déterminée, du champ d'application de la majoration de déplacement pour critères médicaux – prévue à l'article 5 de l'accord national - à des soins dispensés au domicile des personnes dont les difficultés d'accès à des soins non programmés sont liés à l'insuffisance d'une offre de proximité cumulée à une situation personnelle qui entrave leur mobilité, conformément à des critères à la fois géographiques et médico-sociaux précisés dans le cadre de cet accord régional.
Les engagements pris par les parties signataires dans le présent accord régional concernent les organismes d'assurance maladie des trois régimes qui composent l'Union régionale des caisses d'assurance maladie de Bourgogne et les médecins généralistes conventionnés de la région Bourgogne.
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Article 2
Etat des lieux pour la région Bourgogne
2-1 Rappel de l'état des lieux national
En 2001, ainsi que le précise l'article 2-1 de l'accord national de bon usage des soins, 65 millions de visites (V) ont été remboursées par l'assurance maladie.Le taux de visites dans l'ensemble des actes cliniques (visites + consultations) était 23,5% en moyenne France entière.On estime qu'il y a environ 1100 visites pour 1000 habitants.De fortes disparités régionales existent, ainsi que le montre le tableau suivant.
Omnipraticiens libéraux
VISITES : variations régionales
Nombres de Visites
SNIR 2001Pour
1000 habitantspar an
Part de
Visites
dans le totalConsultations + Visites
en % en 200011- Ile-de-France 7 504 390 679 19,321- Champagne-Ardenne 1 555 662 1 147 22,822- Picardie 2 747 260 1 465 28,623- Haute-Normandie 1 617 888 900 18,424- Centre 2 425 322 984 21,525- Basse-Normandie 1 456 115 1 014 21,626- Bourgogne 1 731 943 1 065 23,231- Nord-Pas-de-Calais 8 138 706 2 017 33,641- Lorraine 2 615 621 1 121 22,042- Alsace 2 125 427 1 215 23,443- Franche-Comté 1 094 690 971 20,252- Pays-de-Loire 2 609 620 803 17,453- Bretagne 3 048 529 1 040 21,254- Poitou-Charentes 2 342 958 1 415 26,472- Aquitaine 4 740 211 1 615 29,773- Midi-Pyrénées 3 793 274 1 473 27,874- Limousin 1 204 061 1 676 30,582- Rhône-Alpes 3 045 108 535 14,083- Auvergne 1 410 118 1 067 23,191- Languedoc-Roussillon 3 951 400 1 707 30,493- Provence-Alpes-Côte d'Azur
5 638 201 1 240 25,3
94- Corse 355 658 1 354 30,8
TOTAL FRANCE METROPOLITAINE
65 152 162 1 103 23,5
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2-2 Etat des lieux en Bourgogne
En 2001, en Bourgogne, 1 731 943 visites ont été remboursées par l'assurance maladie.Le taux de visites dans l'ensemble des actes cliniques (visites + consultations) était de 23,2%, soit très proche de la moyenne nationale.On estime qu'il y a environ 1065 visites pour 1000 habitants en Bourgogne, soit un peu moins que la moyenne nationale.
Il ressort des études réalisées par l'Union régionale des caisses d'assurance maladie :En 2001, une majoration de maintien à domicile (MMD) était facturée pour 11% des visites
réalisées.En 2000, 30% des Bourguignons ont reçu au moins une fois la visite d'un médecin dans
l'année, soit environ 448 000 personnes.Parmi eux :
22% sont en ALD, soit environ 97 000 personnes (tous âges confondus) 12% ont plus de 80 ans, soit environ 53 000 personnes (29000 en ALD, 24000 hors ALD), ce
qui représente 66% de la population bourguignonne de plus de 80 ansEn moyenne, les bourguignons ayant eu recours à la visite d'un médecin ont eu 3,3 visites
dans l'année.Cette moyenne est un peu plus élevée pour :
- les personnes en ALD (tous âges) : 6 visites par an- les plus de 80 ans qui ne sont pas en ALD : 5,2 visites par an- les plus de 80 ans en ALD : 8,3 visites par an
Article 3
Déclinaison en Bourgogne de l'objectif médicalisé national d'évolution des pratiques concernant les soins hors cabinet
Considérant qu'en Bourgogne le taux de visites dans l'ensemble des actes cliniques (consultations + visites) est très proche de la moyenne nationale, les parties signataires du présent accord conviennent de s'inscrire dans l'objectif national de réduction du nombre total de soins hors cabinet, soit une réduction de 5%, et ce à fin 2003.
Article 4
Déclinaison en Bourgogne des objectifs nationaux concernant la mise en place à compter du 1er octobre 2002 d'une majoration de déplacement et les critères régissant sa facturation par le médecin
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4-1 Rappel des dispositions nationales concernant la facturation d'une majoration de déplacement pour critères médicaux
Les parties signataires du Protocole d'accord national du 5 juin 2002 ont convenu de définir contractuellement les critères de pertinence des soins à domicile, par la mise en place d'un référentiel de bon usage des soins à domicile, mentionné à l'article 5 de l'accord national de bon usage des soins du 1er juillet 2002 et qui lui est annexé.
Réglementairement, l'accord national prévoit que la majoration de déplacement (MD) pourra être facturée à compter du 1er octobre 2002 pour des visites auprès des personnes placées dans des situations médico-administratives citées par arrêté de nomenclature :
Arrêté du 28/04/00 (J.O du 29/04/00) :- les personnes âgées d'au moins 75 ans exonérées du ticket modérateur au titre des affections
mentionnées au 3° et 4° de l'article L 322-3 du code de la sécurité sociale.
Arrêté du 27/02/02 (J.O du 01/03/02) :- les bénéficiaires de l'allocation tierce personne au titre du 3° de l'article L 341-4 de l'article
L341-15 du CSS, du 3ème alinéa de l'article L 434-2 du CSS, de l'article L245-1 du code de l'action sociale des familles ;
- les titulaires de l'allocation personnalisée d'autonomie relative à la prise en charge de la perte d'autonomie des personnes âgées et à l'allocation personnalisée d'autonomie exonérées du ticket modérateur au titre de l'assurance maladie ;
- des patients ayant fait l'objet d'une intervention chirurgicale d'un coefficient supérieur à KCC 150 (visites effectuées dans les 10 jours suivant l'intervention) ;
- des patients en hospitalisation à domicile.
Arrêté du 26/08/02 (J.O. du 30/08/02) :- les personnes exonérées du ticket modérateur pour les ALD suivantes quel que soit leur âge :
accident vasculaire cérébral invalidant, forme grave d'une affection neuro-musculaire (dont myopathie), maladie de Parkinson, mucoviscidose, paraplégie, sclérose en plaques.
Les personnes concernées par ces situations médico-administratives doivent en outre être dans l’incapacité de se déplacer au sens du référentiel médical joint en annexe à l’accord national de bon usage des soins et repris en annexe au présent accord.
Exceptionnellement, pendant la phase d’évaluation, le médecin pourra percevoir une majoration de déplacement en cas de soins à domicile pour une personne qui ne relève pas de ces situations médico-administratives mais dont l'état de dépendance est manifestement conforme aux critères définis par le référentiel médical annexé à l'accord national. Le médecin, dans ce cas, doit pouvoir communiquer le motif de la facturation de la MD.
L'acte de soins à domicile sera remboursé au patient sur la base de 30 euros comprenant une visite (V) de 20euros et une majoration de déplacement (MD) de 10 euros.
4-2 Extension exceptionnelle et expérimentale de la facturation d'une majoration de déplacement à des situations correspondant à des
critères environnementaux définis contractuellement pour la région Bourgogne
Les parties signataires du présent accord prennent acte de la possibilité ouverte par l'accord national de bon usage des soins à domicile, dans son article 5-2, de définir régionalement des critères géographiques et médico-sociaux ouvrant droit à la facturation d'une majoration de déplacement, pour des personnes dont les difficultés d'accès à des soins non programmés sont
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liés à l'insuffisance d'une offre de proximité cumulée à une situation personnelle qui entrave leur mobilité.
Ces référentiels environnementaux devront, ainsi qu'il est précisé en annexe de l'accord national, décrire des situations environnementales ne permettant pas le déplacement du patient en dehors de son domicile dans les zones géographiques où ont été constatées des difficultés d'accès aux soins de premiers recours, notamment :
- personnes âgées de plus de quatre-vingts ans :
En Bourgogne, la zone géographique identifiée est la Bourgogne centrale.
La Bourgogne centrale est une partie de la région Bourgogne qui a été identifiée en 1999 par les acteurs institutionnels (préfecture de région et agence régionale de l'hospitalisation) comme une zone à problématique particulière : l'isolement sous plusieurs modalités.- enclavement géographique- isolement démographique- pauvreté économique relative- précarité sociale- problèmes difficiles d'accès aux soins et de prise en charge des urgences du fait de la dispersion de la population et des difficultés de circulation pendant la période hivernale.- poids relatif des personnes âgées très supérieur à la moyenne régionaleElle regroupe 49 cantons, qui concernent les 4 départements, pour 236 000 habitants (20 habitants/km²).15 180 personnes de plus de 80 ans vivent en Bourgogne Centrale, soit 0,94% de la population bourguignonne. Des études conduites par ailleurs permettent d'estimer qu'environ 1/3 d'entre elles pourraient bénéficier de la majoration pour critères environnementaux (1/3 ne "consomment" pas de visites, 50% sont en ALD et susceptibles de remplir les critères médicaux mentionnés plus haut – voir annexe pour plus de détails).
A partir des estimations réalisées, les parties signataires sont d'accord pour fixer une proportion attendue de majoration de déplacement pour critères environnementaux pour les plus de 80 ans en Bourgogne centrale, de 2% du total des visites.
- composition de la famille lorsqu'elle a une incidence sur la capacité à se déplacer au cabinet du médecin :
En Bourgogne, les parties signataires conviennent de ne pas fixer a priori de critères concernant ce deuxième point, mais de laisser aux médecins généralistes un espace de liberté et de responsabilité leur permettant de répondre aux situations particulières de certains de leurs patients.
Pour faciliter le suivi, la majoration pour critères environnementaux sera identifiée par le médecin en "MDE" sur la feuille de soins.L'acte de soins à domicile justifié par des critères environnementaux sera remboursé au patient sur la base de 30 euros comprenant une visite (V) de 20euros et une majoration de déplacement pour critères environnementaux (MDE) de 10 euros.
Le poids et la pertinence de ces critères fera l'objet d'un suivi particulier à partir des résultats des 6 premiers mois de mise en oeuvre.Le fonctionnement du dispositif sera appréciée par le comité de suivi régional qui se réserve la possibilité d'infléchir, voire de revenir sur les critères environnementaux.
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Article 5
Actions d'accompagnement de la mise en œuvre de cet accord
5-1 Actions de communication
Les parties signataires conviennent de la nécessité d'actions de communication pour modifier les comportements.Un plan de communication est prévu au plan national.Les parties signataires conviennent de ne pas lancer de communication régionale tant que la stratégie de communication nationale n'est pas lancée et connue, afin de ne pas disperser les messages.Elles s'engagent à relayer ce plan national et à étudier l'opportunité et les moyens de compléter les messages nationaux et de voir comment.
Un tableau récapitulatif des critères médicaux et environnementaux, destiné à aider le médecin dans sa décision de facturation d'une majoration de déplacement, sera élaboré et diffusé aux médecins généralistes de Bourgogne.
Elles estiment qu'il est important de travailler sur une communication ciblée en direction de deux types de publics :- les personnes dépendantes et anciens bénéficiaires de la MMD- les personnes en situation de précarité.Pour ces deux populations, il serait souhaitable de s'appuyer sur les relais sociaux existants.
De plus, elles conviennent de définir une stratégie de communication adaptée et de mettre en place des messages spécifiques autour des critères environnementaux qui permettent à titre expérimental l'extension de la facturation d'une majoration de déplacement en Bourgogne.
Toute communication sur les conditions d'application du présent accord devra se faire en concertation avec les représentants des médecins et de l'assurance maladie au sein du comité de suivi régional.
5-2 Autres actions destinées à favoriser la régulation des demandes de soins non programmés
Les parties signataires considèrent comme essentiel de promouvoir en parallèle les outils de régulation des demandes de soins non programmés, qui peuvent contribuer à l'objectif de réduction du nombre de visites telles que la régulation des appels via le centre 15, les maisons médicales…)
Les parties signataires s'accordent sur la nécessité d’associer les médecins libéraux en amont de toute initiative d'organisation de la régulation des appels pour demande de soins non programmés.
Article 6
Suivi de l'accord en Bourgogne
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Le Comité de suivi régional de l'accord du 5 juin, mis en place en Bourgogne le 10 juillet 2002 et composé des représentants régionaux des syndicats signataires du protocole d'accord du 5 juin 2002 et de représentants politiques et administratifs de l'assurance maladie, est chargé du suivi du présent accord.
Ce suivi consiste en :
- un suivi quantitatif des objectifs de l'accord :Un tableau de bord régional de suivi des objectifs du présent accord, en cours d'élaboration, servira au suivi quantitatif des objectifs du présent accord :- indicateurs de suivi de l'objectif de réduction de 5% du nombre total des visites, mentionné
à l'article 3 du présent accord- indicateurs de suivi des visites avec majoration de déplacement pour critères médicaux
(MD)- indicateurs de suivi des visites avec majoration de déplacement pour critères
environnementaux (MDE) (sous réserve pour les caisses d'assurance maladie de disposer d'outils de suivi adaptés)
La périodicité de ce suivi sera mensuelle.
- un suivi des actions d'accompagnement mises en œuvre
- un suivi du dispositif de majoration pour critères environnementaux
A partir des constats faits, le Comité de suivi pourra proposer des adaptations régionales des actions menées et proposer aux parties signataires nationales une évolution du dispositif.
Article 7
Entrée en vigueur de l'accord
Conformément à l'article L.162-12-17 du code de la sécurité sociale, le présent accord régional de bon usage des soins est soumis à l'avis des caisses nationales d'assurance maladie. Sous réserve d'avoir recueilli l'avis favorable de la Caisse nationale de l'assurance maladie des travailleurs salariés et d'au moins une autre caisse nationale, il sera ensuite soumis à l'approbation des ministres chargés de la santé et de la sécurité sociale.Il ne prendra effet qu'après approbation des ministres.
Conformément aux dispositions de l'article L. 162-15 du code de la sécurité sociale, il sera réputé approuvé si les ministres n'ont pas fait connaître aux signataires, dans le délai de quarante-cinq jours à compter de la réception du texte, qu'ils s'opposent à son approbation du fait de sa non-conformité aux lois et règlements en vigueur ou de son incompatibilité avec le respect des objectifs de dépenses ou des risques que son application ferait courir à la santé publique ou à un égal accès au soins.
Dès son approbation, cet accord sera transmis à l'ensemble des médecins généralistes de la région Bourgogne sous l'égide Comité de suivi régional, selon les modalités conventionnelles habituelles.
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Dès cette date, les organismes d'assurance maladie s'engage à permettre la facturation par le médecin et le remboursement de la majoration pour critères environnementaux sous réserve du respect des critères fixés par le présent accord.
Article 8
Durée de l'accord
Le présent accord est conclu pour une durée d'un an, renouvelable, à compter de sa date d'approbation ministérielle.
Article 9
Résiliation de l'accord
L'accord peut être résilié par décision d'une des parties en cas de :- violation grave et répétée des engagements de l'accord du fait de l'une des parties- modification législative ou réglementaire affectant substantiellement les rapports entre les
organismes d'assurance maladie et les médecins.
La résiliation s'effectue par lettre recommandée avec avis de réception à tous les signataires de l'accord. Elle prend effet à l'échéance d'un préavis de deux mois.
Fait à Dijon le 26 septembre 2002
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ANNEXE 1
REFERENTIELS MEDICAUXD’AIDE A LA JUSTIFICATION DU DEPLACEMENT
DU MEDECIN GENERALISTEAU DOMICILE DU PATIENT
Rappel de l'annexe de l'accord national de bon usage des soins du 10 juillet 200,approuvé par arrêté ministériel du 26 août 2002, concernant les référentiels médicaux
" REFERENTIELS MEDICAUX : ils décrivent des situations cliniques ne permettant pas le déplacement du patient en dehors de son domicile :- Incapacité concernant la locomotion par :
- atteinte ostéo-articulaire d’origine dégénérative, inflammatoire ou traumatique,- atteinte cardio-vasculaire avec dyspnée d’effort, angor d’effort ou claudication
intermittente,- atteinte respiratoire chronique grave,- atteinte neurologique avec séquelles invalidantes d’accident vasculaire cérébral ou liée à
une affection neurologique caractérisée,- trouble de l’équilibre,
- Etat de dépendance psychique avec incapacité de communication,- Etat sénile,- Soins palliatifs ou état grabataire,- Période post-opératoire immédiate contre-indiquant le déplacement,- Altération majeure de l’état général."
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ANNEXE 2
CARTE DE LA "BOURGOGNE CENTRALE"
Arnay-le-duc
Baigneux-les-juifs
Bligny-sur-ouche
Chatillon-sur-seine
Grancey-le-chateau-neuvelle
Laignes
Liernais
Montbard
Montigny-sur-aube
Pouilly-en-auxois
Precy-sous-thil
Recey-sur-ource
Saint-seine-l'abbaye
Saulieu
Semur-en-auxois
Sombernon
Venarey-les-laumes
Vitteaux
Brinon-sur-beuvron
Chateau-chinon(ville)Chatillon-en-bazois
Clamecy
Corbigny
Fours
Lormes
Luzy
Montsauche-les-settons
Moulins-engilbert
TannayVarzy
Autun-nordEpinac
Lucenay-l'eveque
Mesvres
Saint-leger-sous-beuvrayAutun-sudAutun
Ancy-le-franc
AvallonCoulanges-sur-yonne
Cruzy-le-chatel
GuillonL'isle-sur-serein
Noyers
Quarre-les-tombes
Tonnerre
Vermenton
Vezelay
Aignay-le-duc
DIJON
NEVERS
CHALON-SUR-SAONE
MACON
AUXERRE
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Annexe 2 : L' accord de bon usage des soins sur l'asthme en Franche Comté
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Annexe 3 : Le contrat régional et expérimental pour le dépistage du cancer colorectal de Bourgogne
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Notes et Documents
Décembre2005
Notes et documents n°37 –une publication de l’URCAM Bourgogne
Directeur de la publication et auteur : Pierre ROUTHIER.Rédacteur en chef : Jacques MONTANDONCouverture : Caroline L’HOTEImprimé par Dicolor Groupe – Dijon – décembre 2005
URCAM BOURGOGNE - 14 Rue Jean Giono - BP 3650521065 DIJON CEDEX - Tél. : 03.80.78.80.06 - Fax : 03.80.74.16.67E-mail : [email protected] : www.bourgogne.assurance-maladie.fr
Depuis 1971, un dispositif conventionnel national organise la participation de l’Assurance maladie aux remboursements des soins et prescriptions effectués par les professionnels de santé libéraux. Ce système vise à concilier les deux caractéristiques du système français de Sécurité Sociale : l'exercice libéral des professions de santé assorti de la liberté de prescription et du libre choix du médecin par le patient d'une part, un large remboursement socialisé des dépenses de soins par l'Assurance maladie obligatoire d'autre part. Sur la même période, un processus de régionalisation sanitaire s'est développé. Il remonte à la loi hospitalière de 1970 avec l'instauration de la carte sanitaire. Ce n'est qu'à partir des années quatre vingt dix que le cadre régional devient un pivot des réformes qui modifie très sensiblement le paysage sanitaire français. Le dispositif va concerner essentiellement la régulation de l'offre de soins hospitalière. Les conventions médicales, dont le contenu s'est pourtant étendu à la régulation des dépenses et à la modification des pratiques, ne vont pas suivre la même voie. Leurs négociateurs garderont même le cadre national au-delà du raisonnable, estime l’auteur, c’est à dire bien après que le législateur ait décidé de confier à la région la mise en œuvre des politiques de santé publique et créer des instances régionales nouvelles pour l'Assurance maladie.
La contractualisation régionale, aidée d'abord par le législateur, va l'être ensuite par la convention et devenir ainsi un outil pour conduire les politiques de maîtrise médicalisée des dépenses de santé. C’est pourquoi, P. ROUTHIER, estime que l’assurance maladie doit se doter d'un échelon régional unique. En effet si les orientations actuelles du gouvernement traduites dans la loi du 13 août 2004 confirment le rôle de l'Assurance maladie nationale pour mettre en œuvre la politique de santé, réguler les dépenses et assurer le respect de l'Objectif de Dépenses d’Assurance Maladie fixé dans les lois de financement de la Sécurité sociale, la même loi affiche un renforcement des URCAM au niveau régional. La qualité de la contractualisation régionale dépend aussi de la clarté des missions confiées à cet échelon régional de l'Assurance maladie. Le niveau régional doit intervenir s'il apporte une plus value, s'il rend plus efficace les politiques de l'assurance maladie. L’auteur estime qu’aujourd'hui la concentration au niveau national des discussions conventionnelles aboutit à une théâtralisation avec rebondissements et enjeux financiers impactant bien au-delà des parties. De plus, même lorsqu'il y a accord, comme c'est le cas depuis le 12 janvier 2005 avec la signature de 3 syndicatsmajoritaires, cela n’en garantit pas l'acceptation et l'application locale. La région peut alors apporter une contribution efficace par la mise en place d'un espace conventionnel régional décidé par la loi ou une convention nationale, d'un cadre pour des pratiques innovantes, du décloisonnement ville-hôpital avec l'utilisation du Fonds d’Aide à la Qualité des Soins de Ville et de la Dotation Régionale de Développement des Réseaux ou bien encore des propositions pour gérer les défis démographiques des professionnels de santé ou de la population.
C'est donc un vaste champ de contractualisation qui peut s'ouvrir demain en région. C'est aussi la place de l'Assurance maladie dans les futures ARS qui se joue aujourd'hui et un formidable espoir de liberté que celui de pouvoir demain faire appel en région à la créativité des professionnels de santé, des responsables de l'Assurance maladie pour contracter ensemble. Nous aurions alors entendu cette aspiration exprimée par la présidente nationale de la Mutualité Sociale Agricole, Jeannette GROS : "Laissez-nous agir !… Laissez-nous expérimenter. Laissez-nous proposer des solutions nouvelles, nous connaissons le milieu" ou celle d'un autre grand professionnel, le professeur Guy VALLANCIEN : "Laissez-nous inventer l'hôpital de demain".
Code barre
Pierre ROUTHIER est diplômé de 3ième cycle de Droit international et de la 26ième promotion de l’EN3S (école nationale supérieure de sécurité sociale). Après avoir dirigé un organisme de retraite des travailleurs indépendants, il prend en 2000 la direction de l’Union Régionale des Caisses d’Assurance Maladie de Bourgogne. Il pilote notamment l’expérience du Test de dépistage rapide de l’angine qui sera la genèse de la campagne nationale sur les antibiotiques. La présente étude est le fruit de la réflexion menée dans le cadre d’un master suivi à Sciences Po Paris et de l’expérience et du travail au plus près des réalités de terrain.