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Observatoire e-management Dauphine-Cegos, 2001 11/03/03 -Page 1/18 L’entreprise numérique : quelle réalité en France ? Henri Isaac, Université Paris dauphine, Lorsque l’on postule à l’existence du e-management, on postule préalablement la présence des outils nécessaires à son exercice à savoir un ensemble de technologies informatiques et de télécommunications que l’on résume sous l’acronyme NTIC. Dans cet ensemble hétéroclite cohabitent par exemple, le courrier électronique, les applications de la gestion de la relation client, les progiciels de gestion intégrée, mais aussi, les ordinateurs portables, les téléphones mobiles. L’objectif de ce chapitre est de dresser un panorama de ces outils électroniques et leur présence effective dans les entreprises. Ces outils sont-ils communément utilisés ? Y-a-t-il des différences entre secteurs d’activités ? Pour synthétiser les résultats des enquêtes, la présentation des résultats s’effectuera autour de la notion de numérisation de l’entreprise. En effet, l’ensemble des technologies dont nous avons cherché la présence et leur utilisation tendent à transformer l’entreprise traditionnelle en une entreprise numérique ou digitale dans la mesure où les informations sont essentiellement véhiculées grâce au système d’information numérique. Cette numérisation est-elle avancée ? Peut-on parler d’entreprise virtuelle ? L’objectif de ce chapitre est d’apporter un début de réponse à ces questionnements. La numérisation consiste en la transformation d’activités physiques ou à support physique en activité immatérielle grâce à des outils informatiques ou de télécommunications. L’informatisation des entreprises n’est certes pas récente et le début de la numérisation des activités économiques remonte à la fin des années 1960 avec l’introduction des ordinateurs type mainframe dans les grandes organisations (banques, administrations, industrie aéronautique, etc.…). Cette numérisation s’est ensuite poursuivie jusqu’à aujourd’hui avec une accélération récente que l’on peut clairement associer à l’introduction des technologies Internet dans les entreprises au milieu des années 1990. Cette dernière vague se distingue des précédentes dans la mesure où à travers une application comme le courrier électronique, l’informatique touche à des processus au cœur de l’entreprise : la communication et la coordination. En outre, la numérisation atteint désormais la presque totalité des personnels dans l’entreprise. Parallèlement, les progrès des technologies informatiques autorisent désormais des traitements d’information quasiment en temps réel. Cette évolution devrait également avoir des conséquences sur les processus de décisions dans l’entreprise à la fois

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„ Observatoire e-management Dauphine-Cegos, 2001 11/03/03 -Page 1/18

L’entreprise numérique : quelle réalité en France ?Henri Isaac, Université Paris dauphine,

Lorsque l’on postule à l’existence du e-management, on postule préalablement la présence des

outils nécessaires à son exercice à savoir un ensemble de technologies informatiques et de

télécommunications que l’on résume sous l’acronyme NTIC. Dans cet ensemble hétéroclite

cohabitent par exemple, le courrier électronique, les applications de la gestion de la relation

client, les progiciels de gestion intégrée, mais aussi, les ordinateurs portables, les téléphones

mobiles.

L’objectif de ce chapitre est de dresser un panorama de ces outils électroniques et leur

présence effective dans les entreprises. Ces outils sont-ils communément utilisés ? Y-a-t-il des

différences entre secteurs d’activités ? Pour synthétiser les résultats des enquêtes, la

présentation des résultats s’effectuera autour de la notion de numérisation de l’entreprise. En

effet, l’ensemble des technologies dont nous avons cherché la présence et leur utilisation

tendent à transformer l’entreprise traditionnelle en une entreprise numérique ou digitale dans

la mesure où les informations sont essentiellement véhiculées grâce au système d’information

numérique. Cette numérisation est-elle avancée ? Peut-on parler d’entreprise virtuelle ?

L’objectif de ce chapitre est d’apporter un début de réponse à ces questionnements.

La numérisation consiste en la transformation d’activités physiques ou à support physique en

activité immatérielle grâce à des outils informatiques ou de télécommunications.

L’informatisation des entreprises n’est certes pas récente et le début de la numérisation des

activités économiques remonte à la fin des années 1960 avec l’introduction des ordinateurs

type mainframe dans les grandes organisations (banques, administrations, industrie

aéronautique, etc.…). Cette numérisation s’est ensuite poursuivie jusqu’à aujourd’hui avec

une accélération récente que l’on peut clairement associer à l’introduction des technologies

Internet dans les entreprises au milieu des années 1990. Cette dernière vague se distingue des

précédentes dans la mesure où à travers une application comme le courrier électronique,

l’informatique touche à des processus au cœur de l’entreprise : la communication et la

coordination. En outre, la numérisation atteint désormais la presque totalité des personnels

dans l’entreprise. Parallèlement, les progrès des technologies informatiques autorisent

désormais des traitements d’information quasiment en temps réel. Cette évolution devrait

également avoir des conséquences sur les processus de décisions dans l’entreprise à la fois

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„ Observatoire e-management Dauphine-Cegos, 2001 11/03/03 -Page 2/18

dans sa nature et dans sa forme. Enfin, les dernières évolutions technologiques rendent

accessibles l’information depuis n’importe quel poste informatique dans l’entreprise ou en

dehors de l’entreprise, depuis un téléphone mobile dans certains cas.

Cette numérisation concourt à la virtualisation croissante des activités économiques. La

virtualisation de l’entreprise peut se décomposer en trois niveaux d’analyse :

• Virtualisation du travail. Il s’agit de la dématérialisation du poste de travail. Les

technologies les plus récentes le rendent de fait totalement mobile.

• Virtualisation des processus opérationnels. Les processus opérationnels sont de plus

en plus numériques dans la mesure où les clients entrent en contact avec l’entreprise

par une interface numérique : le web. Ainsi, la gestion de la relation client, la chaîne

logistique, la production et les processus internes sont de plus en plus pris en charge

directement par le système d’information, comme la facturation, la gestion des stocks.

• Virtualisation de l’organisation. On considère désormais l’entreprise comme un

ensemble de ressources matérielles (outil de production) et immatérielles (brevets,

savoir-faire). L’entreprise virtuelle consiste à articuler des ressources internes et

externes grâce au système d’information afin de créer des avantages concurrentiels,

reconfigurables de façon instantanée pour répondre aux évolutions de la demande. Le

développement des technologies de l’information rend désormais possible cette

interconnexion des ressources disséminées dans l’espace au travers de réseau Extranet

ou de place de marchés. L’organisation de cette offre est virtuelle dans la mesure où

elle ne répond qu’à une demande à un moment donné pour un client donné.

Plusieurs technologies rendent possible cette virtualisation. Le tableau (non exhaustif) ci-

dessous rassemble les outils électroniques et les principales applications qui correspondent

aux trois niveaux de virtualisation.

Tableau 1 : Outil électronique et numérisation.Degré de numérisation Outils électroniques Applications

Bureau virtuel

Ordinateur de bureau,Ordinateur portable,Téléphone mobile,Assistant personnelélectroniqueVisioconférence

Courrier électroniqueIntranetForum interneAgenda partagéWorkflowGroupware

Processus virtuels Ex. : gestion d’unecommande, gestion destocks, facturation,gestion de notes de frais

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ERPSCMCRM

commande, gestion destocks, facturation,gestion de notes de frais

Organisation virtuelleEDI, ExtranetPlace de marché

CRMSCMCPFR

1. Le bureau virtuel.

Le poste de travail d’un salarié est potentiellement équipé d’un certain nombre d’outils

électroniques : ordinateur de bureau et/ou portable, téléphone portable, assistant personnel

numérique. Ces outils permettent au salarié d’accéder au système d’information de

l’entreprise par le biais d’un Intranet, fédérant selon les cas, des applications de

communication, de coordination et des applications métiers. Depuis environ 5 ans,

l’innovation majeure sur le bureau du salarié, c’est l’arrivée de l’intranet.

L’intranet peut se définir comme une variante de l'Internet pour les réseaux privés

d'entreprise qui utilise des protocoles et des outils de l'Internet dans la mise en oeuvre

d'applications internes. De fait, il s’agit d’une unification de l’interface homme/machine

au travers de l’utilisation systématique du navigateur Internet comme application centrale

sur le poste de travail. De plus, les évolutions récentes des technologies Internet et

téléphoniques ont permis de rendre l’intranet accessible depuis un téléphone mobile un

agenda électronique ou un ordinateur portable par le biais d’une connexion Internet,

apportant la caractéristique d’ubiquité au bureau du salarié. Le salarié peut plus facilement

travailler en déplacement depuis l’ordinateur d’un client ou encore depuis son domicile.

Mais d’une entreprise à l’autre, un intranet intègre des fonctionnalités bien différentes.

Quelles sont donc ses fonctionnalités minimales ? A minima, un intranet permet l’accès à

une messagerie électronique (courrier électronique), des listes de diffusion internes, des

informations sur l’entreprise, un accès au réseau Internet. Un Intranet plus évolué

intègrera un agenda partagé et des fonctions de travail collaboratif à distance.

Avec l’introduction des technologies Internet, c’est aussi l’ensemble des fonctions de

groupware qui migrent vers l’Intranet. Les technologies de groupware rassemblent des

outils et logiciels qui rendent possible le travail de groupe à distance de façon synchrone

(messagerie instantanée par exemple) ou asynchrone (forum en ligne par exemple).

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De proche en proche se dessine donc un bureau virtuel, accessible de n’importe quel

endroit possédant un accès Internet, autorisant le travail en groupe à distance et une

grande facilité d’accès à l’information nécessaire à l’exécution de la mission du salarié.

Ce « bureau virtuel » est-il une réalité dans les entreprises françaises ?

Tableau 2 : Bureau virtuel, taux d’équipement

ÉlémentsEnquêtesalariés*

Enquêteentreprises**

Ordinateur de bureau 99,1% n. a.Ordinateur portable 31,4% n. a.Téléphone portable 71,6% n. a.Agenda numérique personnel 15,9% n. a.Accès Internet 87,3% 90,3%Courrier électronique 92,4% 91,3%Intranet : 80,5% 43%1. Listes de diffusion 89,8% n. a.2. Informations générales sur l’entreprise 86,9% 77,3%3. Agenda partagé 62,6% 48,8%4. Travail collaboratif à distance 55,6% 51,8%* n= 3216 salariés** n= 514 entreprises

1.1. Numérisation du bureau ?

Quasiment tout salarié français utilise désormais un ordinateur dans son travail quotidien

et ce quel que soit le secteur d’activité de son entreprise. Internet apparaît désormais

généralisé dans les entreprises, tout comme le courrier électronique comme le montre le

tableau 2 et ce quel que soit le secteur d’activité de l’entreprise. Cependant, au sein de

l’entreprise, l’accès Internet reste encore en retrait dans les niveaux hiérarchiques les

moins élevés (62 % des ouvriers ont un accès Internet et un accès au courrier

électronique). Par ailleurs, l’accès Internet apparaît beaucoup plus présent dans les grandes

entreprises (93 %) que dans les PME (84 %).

L’accès Internet s’effectue pour 80,5 % des salariés par le biais d’un Intranet, mais la

présence de l’Intranet est très disparate selon la taille de l’entreprise. Seules 56,9 % des

entreprises de moins de 50 salariés ont déployé un Intranet contre 97,8 % des entreprises

de plus de 5000 salariés. En outre, les entreprises du secteur du BTP, du commerce et de

l’hôtellerie apparaissent relativement moins équipées (67,5 %) que celles des

télécommunications (94 %). Ces différences trouvent en partie leur origine dans l’activité

de ces secteurs (chantier de travaux publics, accueil des clients en hôtel) pour lesquelles

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l’Intranet n’apparaît comme un outil à même de répondre au besoin de ces entreprises. Ces

différences peuvent aussi s’expliquer en partie par des questions de coût d’un tel système

pour une petite entreprise.

1.2. Amélioration de l’accès à l’information ?

L’intranet offre aux salariés dans plus de trois quarts des cas un accès à une information

générale sur l’entreprise, mais également à des données nécessaires à leur travail. Cet

accès à l’information apparaît comme plus efficace à plus de deux tiers des salariés

(67 %). Outre la pertinence, c’est la circulation de l’information qui apparaît améliorée

qu’il s’agisse de la circulation de l’information entre les services (65 %) et au sein d’un

service de l’entreprise (58 %). En outre, la communication de l’information avec l’échelon

hiérarchique supérieur apparaît plus facile pour 53 % des salariés. Par ailleurs, pour 70 %

des salariés, la présence d’un intranet favorise le partage de l’information au sein de

l’entreprise et amène les salariés à diffuser davantage l’information dont il dispose. Par

ailleurs, la communication avec les partenaires externes (clients, fournisseurs) se trouve

également facilitée pour 61% des salariés.

L’intranet apparaît donc bien comme une technologie qui modifie profondément la gestion

de l’information au sein de l’entreprise et facilite sa circulation. Il devient l’outil de travail

essentiel pour 58 % des salariés. Ceux-ci sont amenés à prendre plus rapidement

davantage de décisions à partir du système d’information. Plus on occupe des fonctions de

managers plus l’utilisation de l’outil devient important dans la prise de décision : 70 % des

cadres supérieurs déclarent prendre des décisions directement à partir des données issues

du système d’information. S’il modifie l’accès à l’information et sa circulation, l’intranet

modifie-t-il pour autant les processus de communication entre individus et le travail en

groupe ?

1.3. Virtualisation des échanges et de la communication ?

La virtualisation des échanges peut s’appréhender au travers des échanges qui désormais

transitent par le courrier électronique, la conférence téléphonique, la visioconférence ou

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encore les forums électroniques internes à l’entreprise ou encore des applications de

travail collaboratif à distance (groupware).

En l’espace de peu d’années, et dans tous les secteurs d’activités, le courrier électronique

est devenu un outil de communication dans l’entreprise au même titre que le téléphone.

19% des salariés reçoivent plus de 21 courriers électroniques par jour, mais dans

l’ensemble, un salarié reçoit en moyenne entre 10 et 20 courriers électroniques par jour

contre moins de 5 appels téléphoniques sur son téléphone portable professionnel. En

revanche, dans les petites entreprises, 56% des salariés reçoivent moins de 10 de courriers

électroniques, et le secteur du BTP ce taux s’élève à 61%.

L’information est plus facilement distribuable dans la mesure où l’entreprise met en en

place des listes de distribution ciblée sur une catégorie de personnels ou sur un service. La

plupart des intranets possèdent des listes de distribution structurées (89,8%).

Contrairement à une idée très répandue, les salariés ne se semblent pas être submergés par

un courrier électronique surabondant. Seul un gros tiers des salariés (36%) déclarent

recevoir trop de courriers électroniques dont ils ne peuvent tirer bénéfice dans la mesure

où ils n’ont pas le temps de les traiter. En outre, seul un tiers des salariés considère

recevoir des courriers inutiles dont ils ne devraient pas être destinataires. Mais dans les

très grandes entreprises (plus de 10 000 salariés), ce taux augmente sensiblement (45%). Il

semble donc que dans les grandes entreprises, on diffuse l’information avec moins de

discernement dans la mesure où l’on a une moindre connaissance des destinataires finaux.

Cette pratique tend à réduire l’efficacité du courrier électronique pour le salarié.

Par conséquent, le courrier électronique apparaît comme un outil de communication très

répandu, plutôt efficace, qui concourt à faciliter la diffusion de l’information.

En revanche, les forums en ligne ne connaissent pas le même succès. Un forum en ligne se

caractérise par son caractère collectif et asynchrone. L’intérêt du forum est de pouvoir

structurer et archiver les débats, constituant potentiellement une source de connaissance

accessible aux salariés. Seuls 13,1% des salariés déclarent poursuivrent des discussions de

travail dans des forums. L’enquête auprès des entreprises confirme ce chiffre puisque

seules 14,3% des entreprises déclarent utiliser les forums en ligne pour prolonger les

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réunions internes. Ce très faible taux d’utilisation trouve vraisemblablement son origine

dans la jeunesse de cet outil de partage de l’information et dans le caractère collectif par

rapport au courrier électronique qui maintient l’idée d’une relation bilatérale.

L’introduction des ces outils de communication liés aux technologies Internet n’a pas pour

autant fait disparaître les modes traditionnels de communication que sont l’échange en

face à face, le téléphone et le courrier. Pour fixer une réunion, par exemple, le premier

moyen de communication reste encore le téléphone (87%) l’échange direct (86%), et le

courrier interne (67,5%). Les entreprises dans lesquelles les réunions s’appuient sur des

outils de communication eux-mêmes (conférence téléphonique, visioconférence) ne sont

pas encore majoritaires, loin s’en faut : seules 18,7% des entreprises utilisent

régulièrement la visioconférence et 45,3% des conférences téléphoniques. Ceci est

confirmée par l’enquête auprès des salariés : pour 71% d’entre eux la fréquence des

réunions de travail n’a pas diminué.

Si l’on assiste bien dans l’ensemble à une virtualisation des processus de communication

au sein de l’entreprise, plusieurs nuances doivent être apportées. Les outils électroniques

se superposent aux outils de communication existants plus qu’ils ne les remplacent. Les

outils permettant la communication à plusieurs de façon synchrone ou asynchrone ne sont

pas encore massivement mobilisés. En outre, les pratiques restent orientées dans des

processus de communication bilatéraux et non collectifs.

1.4. Développement du travail collaboratif à distance ?

Longtemps restées marginales les applications de travail collaboratives ont connu un

engouement important depuis l’apparition de l’Internet et le développement des Intranets.

Le succès d’une application comme Lotus Notes‘ a considérablement modifié l’image

des outils traditionnels de groupware. Le fait que désormais cet outil de travail soit

désormais accessible par le biais d’un navigateur Internet a facilité son implantation dans

les entreprises. Un logiciel de groupware comporte généralement des fonctions

d’annuaires, d’agenda, de communication (messagerie), de workflow, et des applications

partagées.

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Les deux enquêtes confirment qu’un peu plus de la moitié des entreprises possèdent

désormais une application de groupware permettant le travail collaboratif à distance. Près

des deux tiers des salariés (62,6%) déclarent avoir accès à un agenda partagé dans leur

entreprise. L’enquête auprès des entreprises affiche un taux d’équipement des entreprises

de 48,8%. Ce taux d’équipement s’avère bien plus élevé dans les grandes entreprises

(68,5%) et dans le secteur des télécommunications et les services informatiques (68%). Il

n’est pas encore évident que l’agenda partagé améliore sensiblement la coordination

interindividuelle. Certes, près d’un salarié sur deux (49,1%) dont l’entreprise est équipée

d’un agenda partagé constate une meilleure visibilité du planning de ses collaborateurs

contre seulement 25% des salariés dans les autres entreprises. Il n’est pas évident que la

maîtrise de ces outils soit encore suffisamment forte pour que les avantages d’une telle

application soit réellement effectifs.

Le groupware favorise le développement du travail à distance et ce phénomène est encore

plus sensible pour les managers : plus de 50% des managers déclarent travailler davantage

à distance contre 35% des salariés en moyenne. Cependant, la coordination d’équipe à

distance reste encore peu développé : un faible tiers des managers (31%) déclarent diriger

leur équipe à distance. Cette pratique reste encore le fait des grandes entreprises.

Ce type d’application déplace de fait le bureau du salarié dans le temps et l’espace

pouvant même conduire à une frontière floue entre lieu de vie/ lieu de travail, temps de

travail, temps personnel. Seul un quart des salariés déclarent constater un tel effet sur leur

temps de travail, mais près de le moitié des cadres (49%) constatent un empiètement de

leur temps de travail sur leur temps personnel. Ce faible taux de travail à distance

s’explique en partie par un faible taux d’équipement en outil de mobilité.

1.5. Mobilité du poste de travail ?

De fait, la mobilité du poste de travail ne semble pas encore avoir gagné l’ensemble des

entreprises et des postes au sein de l’entreprise. Seul un tiers des salariés est équipé d’un

ordinateur portable et environ seul un salarié sur six est équipé d’un assistant numérique

personnel (du type Palm Pilot ou iPaq par exemple). En l’état actuel, ces équipements sont

encore l’apanage du seul management : 64% de cadres supérieurs dotés d’un ordinateur

portable contre 7% des employés et 13% des techniciens. Il en va de même avec l’agenda

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numérique personnel dont 27% des cadres supérieurs sont équipés, contre 9,7% chez les

employés.

Le téléphone portable, autre outil de la mobilité, équipe près de trois quarts des salariés

avec des différences significatives en fonction de la position hiérarchique dans l’entreprise.

Si 92% des cadres supérieurs en sont dotés, seuls 55,5% des employés en possèdent un. En

revanche près des deux tiers des agents de maîtrise et des techniciens en sont équipés.

Malgré des taux d’équipement disparates, il n’y a pas de différences significatives quant au

nombre d’appels reçus quotidiennement (moins de 5 appels par jour pour 60% des

salariés).

En 2001, les managers sont donc dans leur majorité équipés des outils électroniques de la

mobilité à la notable exception de l’agenda numérique personnel, outil encore assez récent

sur le marché. Internet et le courrier électronique apparaissent désormais comme des outils

de travail quotidien pour une grande majorité de salariés. Il n’en demeure pas moins, que la

présence de ces outils ne garantit pas à l’heure actuelle le développement des pratiques de

travail collaboratif à distance. Celui-ci demeure encore relativement marginal. Les outils

sont en grande partie là , les pratiques effectives restent encore à inventer et à développer.

2. L’entreprise numérique : virtualisation des processus

opérationnels.

Une grande partie des processus opérationnels a depuis longtemps été automatisée grâce à

l’informatisation. Celle-ci a débuté avec la comptabilité et les applications financières de

gestion de trésorerie et les applications d’optimisation de la gestion de la production. Le

développement de ces applications a dans un premier temps répondu aux attentes des

entreprises.

Puis sont apparus des progiciels de gestion intégrée, les ERP (Enterprise Ressource

Planning). Dérivés des applications de gestion de la production (MRP, Manufacture

Ressource Planning), ces progiciels ont connu un succès important en Europe et dans le

reste du monde tout en suscitant de nombreuses critiques et réserves. Trop complexes, trop

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coûteux, trop long à déployer ont été les critiques les plus entendues. Cependant les

avantages d’une telle application sont nombreux : une seule et même application gère et

coordonne différents processus opérationnels : commercial, production, contrôle de

gestion, stocks, trésorerie, etc… L’unicité de traitement et la modularité du progiciel sont

censés assurer un traitement plus efficace, plus rapide et décharger l’entreprise de

processus de soutien (back office) coûteux, ne participant pas directement à la création de

valeur.

Avec, l’ERP la numérisation des processus opérationnels prend une ampleur jusqu’alors

inégalée. Si un ERP est déployé dans sa totalité (ce qui est très rare), il prend en charge la

totalité des processus opérationnels d’une entreprise. L’unicité du référentiel de données et

l’unité d’administration d’un ERP assure un coût d’exploitation bien plus faible que de

nombreuses applications sur-mesure souvent uniquement développées pour l’entreprise et

dont la maintenance dans le temps s’avère très coûteuse. Avec les enjeux du passage à l’an

2000 des systèmes d’information et la mise en œuvre de l’euro, nombreuses sont les

entreprises qui ont saisi l’occasion de remettre à plat leur système en s’appuyant sur un

ERP.

L’explication au fait qu’un ERP ne soit pas déployé dans sa totalité réside dans le fait que

chaque module pris indépendamment se révèle parfois moins performant comparativement

à un logiciel dédié. Il en est ainsi dans deux domaines particuliers : la gestion de la chaîne

logistique (supply chain management) et la gestion de la relation client (customer

relationship management) pour lesquelles il existe des solutions spécifiques bien plus

performantes.

La chrono-compétition, l’hyper-compétition ont conduit les entreprises à optimiser la

gestion de leur chaîne logistique afin de répondre aux attentes de leurs clients et de

diminuer les coûts financiers liés aux immobilisations de marchandises. Pour y parvenir,

les entreprises ont souvent externalisé leur logistique nécessitant par là-même

l’interconnexion des systèmes d’information entre l’entreprise, le logisticien, le client et les

fournisseurs en amont. Pour ce faire, des applications dédiées ont été mises sur le marché

par de nombreux éditeurs, dont le plus connu est i2.

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Enfin, plus récemment, pour accroître leur niveau de service et pour abaisser leur coût

d’exploitation, certaines entreprises ont ouvert leur système d’information logistique à

leurs clients dans la perspective de développer des pratiques collaboratives de type CPFR

(Collaborative Planning Forecasting and Replenishment).

Afin de conserver leurs clients et développer leur chiffre d’affaires dans un contexte

concurrentiel très vif, de nouvelles approches de la gestion de la relation commerciale ont

vu le jour, comme la notion de one-to-one. Dans cette perspective, le portefeuille client

doit être valorisé en fonction de la valeur d’un client. Pour augmenter la valeur d’un client,

une bonne connaissance de ce dernier est indispensable et nécessite donc une collecte de

l’ensemble des données client au sein d’une seule application. Très variées dans leur

nature, les applications de la gestion de la relation client permettent la plupart du temps de

synthétiser les données sur le client, de personnaliser la relation, et d’offrir un niveau de

service en fonction de la valeur du client dans le portefeuille. Elles doivent la plupart du

temps être en mesure de coupler l’informatique et la téléphonie, le web et le centre

d’appels téléphoniques.

ERP, CRM, SCM : ce triptyque constitue aujourd’hui la base de la numérisation des

processus opérationnels d’une entreprise. Qu’en est-il dans les entreprises françaises ?

2.1. L’ERP le cœur de l’entreprise numérique ?

L’ERP autorise la gestion effective de plusieurs domaines de l’entreprise par des modules

intégrés assurant une collaboration des processus au travers d’une interface unique,

identique pour tous les salariés.

L’enquête auprès des salariés révèle que 43,1% des salariés savent que leur entreprise

utilise un progiciel de gestion intégrée, mais parallèlement 22,9% des salariés ne savent

pas répondre à la question sur la présence d’un ERP au sein de leur entreprise. En

revanche, l’enquête auprès des entreprises met en évidence une pénétration plus importante

de l’ERP : 57,2 % en sont équipés. Dans les faits, de nombreuses entreprises installent un

seul module. L’enquête montre que, lorsqu’il est présent, l’ERP comporte au moins trois

modules installés, ce qui est la minimum pour parler d’intégration des processus

opérationnels. Les modules les plus répandus sont les suivants : contrôle de gestion (79, 9

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%), trésorerie (77,6 %), gestion de la production (71,8 %). Seules 52,7 % des entreprises

possédant une ERP ont déployé le module de pilotage stratégique qui consolident

automatiquement les données dans des tableaux de bord pour le management.

L’ERP est relativement plus installé dans l’industrie (63 %) que dans les services

financiers (40 %) et majoritairement déployé dans les entreprises organisées par fonction.

De fait, l’ERP semble avoir pour fonction principale de palier les défauts de cette

organisation, à savoir la circulation de l’information entre les différentes fonctions de

l’entreprise. Ceci est en partie confirmé par l’enquête auprès des salariés. Dans les

entreprises où les salariés perçoivent une amélioration de la circulation de l’information, le

taux d’équipement en ERP est significativement plus élevé. Plus l’environnement est

international et perçu comme concurrentiel par l’entreprise, plus l’entreprise est équipée

d’un ERP. De fait, la majorité des petites entreprises (C.A. < 50 MF) ne possède pas

d’ERP, sauf à appartenir à un groupe international. Cette dernière caractéristique semble

déterminante dans la mise en œuvre d’un ERP puisque 72 % des entreprises qui

appartiennent à un groupe sont dotés d’un progiciel de gestion intégrée.

Enfin, l’intégration des différents modules d’un progiciel de gestion intégré permet

d’obtenir une vision rapide et synthétique de l’ensemble des processus opérationnels en

cours. Les entreprises qui déclarent pouvoir facilement construire des tableaux de bord de

pilotage à partir des données de ventes ou des données de production sont celles qui sont le

plus équipés d’un progiciel de gestion intégrée (69%). Enfin, parmi les 50,1 % des

entreprises qui déclarent être en mesure d’avoir des tableaux de bord de pilotage

stratégique en temps réel, on constate un taux d’équipement significativement supérieur

(68%) au autres entreprises.

En conclusion, même si l’ERP reste souvent l’apanage des grandes entreprises engagées

dans un environnement international compétitif, il est assez présent dans les entreprises

françaises. Il semble que ces entreprises cherchent à améliorer la circulation de

l’information interne pour faciliter le pilotage de l’entreprise et prendre des décisions plus

rapides.

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„ Observatoire e-management Dauphine-Cegos, 2001 11/03/03 -Page 13/18

2.2. L’intégration de la chaîne logistique : quelle réalité ?

Le recentrage des entreprises sur leur cœur de métier a conduit à de nombreuses opérations

d’externalisation d’une partie de leurs processus opérationnels afin de consacrer l’essentiel de

leurs ressources à leur avantage concurrentiel. La logistique amont ou aval constitue souvent

une des premières opérations d’externalisation dans la mesure où de nombreux prestataires

(UPS, Federal Express, Geodis, etc…) ont constitué une offre très développée en la matière,

offrant de réels avantages surtout dans une perspective internationale, voire mondiale. Dans

cette perspective, l’entreprise s’appuie sur les compétences et les économies d’échelle que

peuvent dégager les prestataires logistiques.

Mettre en place une chaîne logistique intégrée peut conduire à se séparer de pans entiers

d’activités comme la facturation, l’emballage, l’assemblage de produits finis, le stockage, le

transports, les activités douanières. Plus l’externalisation sera importante, plus le système

d’information devra être ouvert aux différents acteurs de la chaîne logistique. Ce degré de

délégation peut s’analyser au travers des flux d’informations qui transitent dans la chaîne

logistique : commandes, information sur le client, facturation, règlement, livraison, etc….

Quelles sont les informations de cette chaîne qui font l’objet d’un traitement numérique

automatique ?

La difficulté fondamentale de la mise en place d’une chaîne logistique intégrée du point de

vue du système d’information est constitué par l’hétérogénéité des systèmes informatiques

des différents intervenants de la chaîne. L’existence depuis de nombreuses années des

protocoles d’EDI (Echange de Données Informatiques) n’a jamais suffit à vaincre les

obstacles d’interopérabilité des différents systèmes compte tenu d’une mise en œuvre souvent

coûteuse.

Globalement, il est difficile de conclure, à ce jour, à l’existence d’un fort développement de la

gestion de la chaîne logistique du point de vue de la numérisation du processus. Certes, l’EDI

existe pour la facturation dans près d’une entreprise sur deux (43,6 %), mais le paiement ne

transite pas par ce type canal numérique puisqu’à peine plus du tiers (35,8 %) des entreprises

interrogées déclarent y recourir. Le réassortiment automatique des stocks par EDI ne

concernent qu’une entreprise sur quatre (25,8 %).

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Tableau 3 : éléments de la chaîne logistique intégrée.

ElémentsDonnées

entreprises*Saisie unique de la commande client 72,6 %Facturation automatique des clients par EDI 43,6 %Paiement automatique des fournisseurs par EDI 35,8 %Réassortiment automatique des stocks 25,8 %Approvisionnement en ligne (e-procurement) 26,1 %Prise de commande en ligne 24,6 %Alimentation automatique du S.I. par la commande en ligne 18,5 %* n= 514 entreprises

Les secteurs qui recourent le plus aux échanges de données informatisées sont le commerce et

la distribution ainsi que les transports et les secteurs ou les données sont plus facilement

numériques (télécommunications, activités financières). Ceci s’explique assez bien dans la

mesure où en France, la grande distribution a depuis longtemps mis en place ce type d’outils

(notamment au travers de l’ECR ou Efficient Consumer Response) afin de réduire les coûts

d’approvisionnements et de réassortiments des hypermarchés. L’utilisation de ces

technologies est significativement liée à la taille des entreprises. Ceci s’explique par le fait

que la mise en place de l’EDI est encore une opération coûteuse réservée à des entreprises qui

ont une certaine assise financière.

La montée en puissance du commerce électronique devrait permettre aux Pme comme aux

grandes entreprises d’accéder à des technologies moins coûteuses et développer les échanges

de données informatiques. Mais cela risque de prendre du temps car le système d’information

doit s’adapter à cette nouvelle donne et s’ouvrir vers ce nouveau canal d’entrée des données.

Prendre des commandes grâce à un site Internet s’avère désormais techniquement assez

simple. Que cette commande se transforme automatiquement en une livraison ou un ordre de

production dans le système d’information, ceci reste à ce jour plus délicat. Moins d’une

entreprise sur quatre (24,6 %) offre la possibilité au client de passer une commande en ligne.

Pour seulement 18,5 % des entreprises interrogées, cette commande est automatiquement

intégrée dans le système d’information.

Par conséquent, il reste de vastes chantiers pour parvenir au développement de véritables

chaînes logistiques intégrées efficaces. Le chemin à parcourir est parsemés de nombreux

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„ Observatoire e-management Dauphine-Cegos, 2001 11/03/03 -Page 15/18

obstacles au rang desquels le choix de l’ERP figure en bonne place. L’architecture globale du

système d’information est directement en jeu dans cette perspective.

2.3. La gestion de la relation client : quelles pratiques ?

Aux précédents chantiers, viendra s’ajouter la gestion de la relation client (CRM, Customer

relationship management). Cette nouvelle approche du client est à la fois une révolution

managériale et une révolution technologique et repose d’abord sur une gestion optimisée du

portefeuille client dans un environnement d’hyper-compétition. L’idée fondamentale du CRM

est la maximisation du chiffre d’affaires sur une base client existante, comme on cherche à

maximiser un portefeuille boursier. Cela est pertinent dans la mesure où le coût de recrutment

d’un nouveau client est très élevé. Dès lors, il est moins coûteux de convaincre des anciens

clients que des nouveaux clients. Par conséquent, une bonne connaissance du client (chiffre

d’affaires, coût des ventes, ventes futures potentielles, ventes induites) est absolument

nécessaire.

A cet égard, les technologies de l’information joue un rôle déterminant. En effet, les centres

d’appels et les web-center permettent de prendre en charge la relation client grâce à des

applications qui centralisent toutes les informations sur celui-ci et permettent de lui apporter

une réponse personnalisée quelque soit le canal de communication utilisée par le client

(téléphone, fax, courrier électronique, messagerie SMS). En outre, la nécessité de partager

l’information sur le client dans cette nouvelle approche, trouve sa réponse dans des bases de

données clients reposant sur des entrepôts de données (datawarehouse). Ceux-ci permettent à

la fois de structurer l’information historique sur le client et d’analyser le portefeuille client en

hiérarchisant les clients sur la base de leur rentabilité et à la fois dégager des règles de gestion

grâce à l’analyse de données (datamining), notamment dans une perspective de vente croisée

(cross-selling). Les outils permettent donc de collecter des informations sur le client dans le

système d’information de l’entreprise ou directement auprès du client grâce à des sites web

sur lesquelles la personnalisation de l’offre est rendue possible . L’utilisation de sites internet

permet également au client de déclarer ces caractéristiques. Dès lors, l’entreprise est à même

de traiter le client de façon plus personnalisée.

Pour une majorité d’entreprise (53,3 %), les technologies de l’information on effectivement

permis de mieux prendre en considération les attentes du client. Mais la connaissance des

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„ Observatoire e-management Dauphine-Cegos, 2001 11/03/03 -Page 16/18

attentes est loin de déboucher sur la mise en œuvre d’une relation personnalisée puisque

seulement 37,1 % des entreprises déclarent utilisée cette information pour personnaliser la

relation avec le client. Autre aspect de la gestion de la relation client et qui concorde avec le

chiffre précédent, la hiérarchisation des clients par leur valeur : seules 40,1 % des entreprises

structurent leur portefeuille client en classant leurs clients par leur rentabilité. Enfin, les

pratiques de ventes croisées sont encore peu répandues : 23,3 % des entreprises utilisent le fait

qu’un client soit d’ores et déjà client pour lui proposer d’autres produits ou services.

La gestion de la relation client est plutôt en phase d’émergence. Globalement, les entreprises

ont conscience de l’apport des technologies dans ce domaine (notamment pour la

personnalisation), mais l’exploitation de la base client n’est pas encore l’apanage d’un grand

nombre d’entreprises. Il s’agit là manifestement d’un chantier pour les années à venir.

3. L’organisation virtuelle : l’entreprise étendue.

La développement des processus électroniques, l’intégration des technologies internet dans la

gestion des opérations et dans les processus internes conduisent progressivement à considérer

l’entreprise comme un ensemble de ressources interconnectées à des ressources externes. Le

recentrage sur les activités de cœur de métier conduit à s’appuyer sur des réseaux de

partenaires afin de construire un système d’offre. On parle alors d’entreprise étendue. Quelle

est la place des technologies de l’information dans une telle perspective ? Les technologies

comme l’EDI et plus récemment , les technologies XML permettent d’envisager clairement

l’automatisation des flux d’informations entre partenaires d’une même filière, ce que certaines

place de marché esquissent d’ores et déjà. Il n’en demeure pas moins que les obstacles au

développement de l’entreprise étendue sont nombreux du point de vue des technologies de

l’information du fait même des spécificités de chaque système d’information.

3.1. L’entreprise étendue.

Premier constat, le développement partenarial est une réalité pour près de deux tiers des

entreprises interrogées (64,5%), même si les données manquent pour préciser la nature de ces

partenariats. Encore une fois, il apparaît clairement que la taille de l’entreprise soit

déterminante pour le choix d’un tel développement : le développement stratégique des

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„ Observatoire e-management Dauphine-Cegos, 2001 11/03/03 -Page 17/18

grandes entreprises reposent davantage sur les partenariats que pour les petites entreprises

(83,3%). Ce développement partenarial ne consistent pas uniquement en l’externalisation de

processus: seules 40 % des entreprises déclarent s’appuyer sur l’externalisation dans leur

développement stratégique et particulièrement dans le secteur du bâtiment travaux-publics (50

%).

Tableau 4 : L’entreprise étendue et la coopération électronique.

ElémentsDonnées

entreprises*Le développement stratégique s’appuie sur des partenariats 64,5 %Le développement stratégique s’appuie sur de l’externalisation d’activités 38,1 %La coopération repose sur des outils électroniques 35,3 %Référencement sur une ou plusieurs place(s) de marché électronique(s) 25,6 %* n= 514 entreprises

Les entreprise engagées dans des partenariats sont plus utilisatrices d’outils de collaboration

électronique que les entreprises qui ne le sont pas. Il n’en reste pas moins que cescoopérations ne s’appuient guère sur les outils électroniques que dans un peu plus du tiers des

cas (35,3 %). Ce faible chiffre s’explique à notre avis par les aspects techniques de la mis enœuvre de telles outils!: standards coûteux (EDI) ou solutions spécifiques sans pérennité

garantie. A cet égard, il est intéressant de constater que d’ores et déjà un quart des entreprises

interrogées ont référencé leur offre sur une place de marché électronique, autre forme actuellede la coopération électronique. Les secteurs les plus en pointe sur ce dernier aspect sont le

secteur des services aux entreprises, les services informatiques, les activités financières et lecommerce et la distribution.

3.2. L’intégration des partenaires dans le système d’information.

L’entreprise étendue, par nature, amène nécessairement l’échange de données opérationnelles

et par là même la mise en place de systèmes permettant de faciliter de tels échanges. Une

étape supplémentaire est franchie lorsque les partenaires rentrent dans une véritable logique

de coopération et dépassent les logiques d’affrontement dans le partage de la valeur. A cet

égard, les outils électroniques jouent un rôle non négligeable en ce qu’ils permettent de

rendrent cette coopération effective en faisant collaborer directement les processus

opérationnels des différents partenaires dans la chaîne de valeur. L’examen de la chaîne

intégrée logistique a permis de mettre en évidence les progrès à réaliser dans l’interconnexion

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„ Observatoire e-management Dauphine-Cegos, 2001 11/03/03 -Page 18/18

des systèmes entre partenaires. Afin de convaincre les entreprises réticentes, il est intéressant

de noter que 40 % des entreprises déclarent être passées d’une logique de confrontation avec

leurs fournisseurs à une logique de collaboration grâce aux outils électroniques mis en place

dans les coopérations. Cependant, il apparaît globalement que les entreprises soient encore

loin d’une telle logique de développement. L’intégration des différents processus

opérationnels amènent de très nombreuses remises en question dans la définition même des

processus et par la même dans les méthodes de travail. Ces changements organisationnels

induits semblent bien être une des raisons du relatif développement de l’entreprise étendue et

plus généralement de l’entreprise virtuelle. Même si les technologies de l’information

constituent un argument puissant de développement dans cette voie, elles ne suffisent pas à

entraîner les dirigeants dans un tel développement.

Conclusion.

En 2001, la numérisation des entreprises françaises est en marche sans pour autant que l’on

puisse conclure à l’existence massive de l’entreprise digitale. Les grandes entreprises sont

clairement plus avancées que les PME. La taille s’avère donc un facteur déterminant dans la

numérisation des processus et de l’organisation. Si l’on s’intéresse aux outils de

communications interpersonnels, leur diffusion est réelle mais les pratiques ne semblent pas

encore confirmée. A cet égard, on assiste plutôt à un empilement des différents moyens de

communication plutôt qu’à une substitution entre outil ; ceci est particulièrement vrai en ce

qui concerne le courrier électronique et les outils de travail collaboratif. Dès lors, l’efficacité

de tels outils n’a pas encore été pleinement perçue. L’efficacité se fait parfois au détriment de

d’autres aspects comme l’empiètement du temps de travail sur le temps personnel,

particulièrement pour les managers.

La numérisation des processus apparaît relativement avancée en ce qui concerne les processus

opérationnels grâce au développement des progiciels de gestion. En revanche, la numérisation

de la chaîne logistique la gestion de la relation client et des processus collaboratifs de

l’entreprise étendue est beaucoup moins développée.

Améliorer l’utilisation des outils de communication interne, développer les outils collaboratifs

pour bâtir des systèmes d’offre modulaires pour répondre aux évolutions de la demande, tels

semblent être les enjeux des années à avenir.