expérience marocaine dans le domaine des petits barrages

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Préambule 5

Introduction 6

Expertise marocaine dans le domaine des études 10

Expérience marocaine dans la réalisation des petits barrages 13

Mode de financement 19

Bilan des réalisations 21

Impact sur le développement socio-économique 22

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Sommaire

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On dit souvent que "l'acte de bâtir est un acte collectif". En effet, ce sont plusieurs intervenants, àpriori indépendants, qui se mettent ensemble pour réaliser et réussir une œuvre collective :maître d'ouvrage, concepteur, entreprise, contrôleur.

Cette affirmation est particulièrement vraie dans le domaine des barrages.

La réalisation d'un barrage implique une présence continue, non seulement des équipespluridisciplinaires de l'entreprise chargée de la réalisation, mais également des responsables del'Administration, des Bureaux d'Etudes et du Contrôle.

En effet, la construction d'un tel ouvrage n'est pas une œuvre simple et requiert une grande réactivitéafin de s'adapter aux aléas qui peuvent apparaître au cours de sa réalisation. Tous les intervenantsdoivent coopérer pour trouver les solutions appropriées à des questions techniques souventcomplexes et inattendues.

Le représentant du Maître d'Ouvrage ne doit pas se cantonner dans un rôle de "gendarme" qui n'apour seul souci que de veiller à l'application des dispositions du contrat. Son rôle, en tant qu'ingénieur,en tant que technicien, est aussi de participer à l'élaboration des solutions aux problèmes querencontre la conduite du chantier.

La construction d'un barrage n'est pas un chantier comme les autres. Un barrage est par essence unouvrage complexe faisant appel à plusieurs disciplines scientifiques et techniques : hydrauliques,géologiques, géotechniques, terrassements spéciaux de grande masse, fondations spéciales, injections,galeries, bétons spéciaux, etc.

Une erreur peut être fatale.Aussi, n'y a-t-il pas de place à l'improvisation?

Nous tentons de le mettre en exergue à travers l'expérience du Maroc dans le domaine des petitsbarrages.

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Préambule

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Le Maroc est caractérisé par une pluviométrique dominée par une forte irrégularité dans l'espace et dans le

temps et par une alternance de séquences d'années de forte hydraulicité et de séquences de sécheresse

sévère, pouvant durer plusieurs années. Les précipitations annuelles peuvent atteindre 2000 mm dans la région

la plus arrosée du nord-ouest alors qu'elles dépassent rarement 200 mm dans les zones sud-atlasiques et 50

mm au Sahara.

Très tôt, le Maroc, sous l'impulsion des directives royales de Feu Hassan II, s'est engagé dans une politique

volontariste de mobilisation massive de ses ressources en eau grâce à :

• La réalisation de grands barrages réservoirs afin de stocker l'eau pendant les périodes humides pour l'utiliser

au cours des périodes sèches. Actuellement le Maroc dispose d'une importante infrastructure hydraulique

constituée de 128 grands barrages d'une capacité totale de près de 17.5 Milliards de m3 et d'une centaine

de petits barrages et lacs collinaires ;

• La réalisation d'ouvrages de transfert pour transporter l'eau des régions excédentaires vers les régions

d'utilisation. 13 ouvrages de transfert d'eau ont été réalisés, d'une longueur totale de près de 785 km et d'une

débitance de 175 m3/s.

Cette importante infrastructure hydraulique a permis :

• la sécurisation de l'approvisionnement des populations en eau potable ;

• le développement de l'irrigation à grande échelle (près 1.5 million d'hectares) ;

• la protection contre les inondations de vastes territoires qui, par le passé, subissaient des dégâts importants ;

• et la production hydro-électrique (puissance installée : 1700 MW ; productible annuel : entre 500 et 2000

GWH selon l'hydraulicité de l'année).

Derrière ce succès indéniable :

• la politique des barrages lancée en 1967 par le souverain visionnaire, Feu Hassan II, avec un rythme d'un grand

barrage par an, consolidée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu le glorifie, avec trois à quatre grands

barrages par an ;

• Le développement des compétences techniques et de recherche scientifique appliquée, bâti autour de

l'Administration de l'Hydraulique créée en 1967 par Feu Hassan II ;

• Une politique de planification à long terme lancée au début des années 1980 qui permet aux décideurs

d'anticiper la pénurie d'eau en donnant aux pouvoirs publics une visibilité à long terme (20 à 30 années) ;

• Et enfin, un cadre institutionnel adéquat et un arsenal juridique avant-gardiste, en l'occurrence la Loi 10-95

sur l'eau qui a consolidé la gestion intégrée, participative et décentralisée des ressources en eau à travers la

création des agences de bassins hydrauliques et l'introduction des mécanismes financiers de protection et

de préservation des ressources en eau.

Introduction

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Pour consolider ces acquis et relever les nouveaux défis liés au secteur de l'eau, Sa Majesté le Roi Mohammed

VI, que Dieu le glorifie, a donné ses hautes instructions en novembre 2007 pour élaborer une étude de mise

à jour de la stratégie nationale de l'eau dotant le secteur de l'eau de programmes d'actions articulés autour

d'une vision claire des réformes à mener à court, moyen et long termes.

L'originalité de cette étude réside dans le fait qu'elle prend en compte non seulement les facteurs endogènes,

mais aussi exogènes influençant le secteur de l'eau. Elle a été conduite par des experts nationaux et

internationaux dans un cadre de concertation élargie avec tous les acteurs concernés (départements

ministériels, établissements publics, bailleurs de fonds, …).

Composante essentielle de la politique de mobilisation de l'eau au Maroc, les petits barrages lancés à la fin des

années 80 ont mis en évidence leur efficacité dans le développement local à travers entre autres :

• la fixation de la population rurale et l'amélioration de leur condition de vie ;

• l'amélioration de la mobilisation des eaux de surface qui ne peuvent être régularisées par les grands barrages ;

• l'augmentation de la durée de vie des grands barrages en réduisant leur taux d'envasement ;

• la recharge des nappes souterraines ;

• l'écrêtement des crues et des ruissellements provoqués par les orages ;

• la création d'espaces récréatifs et la participation au développement du tourisme rural.

La pertinence de ce choix, conforté dans le cadre de la nouvelle stratégie du secteur de l'eau qui ambitionne

de réaliser 1000 petits barrages et lacs collinaires d'ici à 2030, est une évidence implicite pour le Maroc, pays

à dominance aride, où l'eau constitue un facteur clé, parfois limitant, dans son développement

socioéconomique.

Le présent document présente d'une manière succincte l'expérience marocaine dans le domaine des petits

barrages qui pourrait être utile pour d'autres pays en quête de développement du monde rural par ce mode

de mobilisation des eaux de surface.

Contexte hydro-climatologique

Les précipitations totales sur l'ensemble du territoire sont estimées en moyenne à 140 milliards de m3 et

varient de 50 à 250 milliards de m3. Elles sont généralement concentrées dans les mois pluvieux d'automne et

d'hiver et ne tombent que pendant un nombre limité de jours estimé à près de 15 jours au Sud et 50 jours au

Nord du pays.

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Cette irrégularité est encore plus marquée au niveau de l'écoulement d'eau de surface. Ce dernier estévalué en moyenne à 18 milliards de m3 et varie selon les années de 5 à 47 milliards de m3. L'essentiel desécoulements provient des crues généralement brèves et intenses et inégalement répartis avec 51% desressources en eau de surface de pays produites au niveau de seulement 7% de la superficie du Royaumeet 49% au niveau du reste.

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Au cours de ces dernières décennies, l'effet des changements climatiques s'est fait sentir avec acuité ets'est traduit par une baisse des précipitations et l'accroissement des phénomènes météorologiquesextrêmes : sécheresses et inondations.

La mobilisation des eaux de surface, couplée à la gestion de la demande en eau, est un outil adéquat pours'adapter aux effets néfastes induits par les changements climatiques. Les petits barrages complètent lesgrands ainsi que les techniques non conventionnelles et répondent efficacement à la satisfaction desdifférents besoins locaux en eau des populations tout en réduisant d'une manière sensible les disparitésentre l'amont des bassins versants et l'aval qui bénéficient exclusivement des eaux mobilisées par lesgrands aménagements hydrauliques.

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Expertise marocaine dans le domaine des étudesUn petit barrage (définition purement nationale car un bon nombre répond aux critères de définition desgrands barrages de la CIGB) est considéré au Maroc comme un réservoir de faible dimension, d'unehauteur variant de 10 à 25 m, et de faible capacité de stockage (0.5 à 2 Mm3). Le bassin versant contrôlépar un petit barrage varie souvent de 0,5 à 5 km2.

Toutefois et afin d'éviter toute confusion, il est à signaler que les petits et moyens barrages réalisés auMaroc sont relativement plus hauts que la moyenne adoptée dans certains pays. Ceci s'explique par lecontexte naturel du pays qui présente d'une part une morphologie des bassins versants caractérisée pardes pentes fortes, conjuguée à la complexité géologique associée à une forte dégradation des sols et uneperméabilité limitée, favorisant la genèse de crues et amplifiant leur débit de pointe, et d'autre part unclimat chaud favorisant l'évapotranspiration, associé à une hydraulicité irrégulière.

L'inventaire des sites potentiels des petits barrages répondant à un objectif donné passe par les étapespréliminaires suivantes :

• l'identification des sites sur les cartes topographiques au 1/50.000 et/ou les photos aériennes ;généralement au droit des verrous topographiques ;

• la prospection sur le terrain des sites repérés pour apprécier leurs caractéristiques géologiques etgéotechniques ainsi que les conditions d'implantation d'un petit ou moyen barrage ;

• les études topographique et hydrologique des sites inventoriés et prospectés qui aboutissent audimensionnement préliminaire des barrages. L'étude hydrologique des sites retenus consiste enl'évaluation de l'apport annuel au niveau de chaque site, l'évaluation des apports solides et le calcul devolume de la tranche morte destinée à recueillir les sédiments.

Afin de pouvoir comparer tous les sites inventoriés, un barème de notation est utilisé pour procéder auclassement des sites sur la base des critères topographiques, géologiques et géotechniques, d'utilisation,d'impacts économiques et sur l'environnement.

Après élimination des sites présentant un facteur limitant, les sites jugés plus ou moins favorables pourl'édification d'un barrage sont classés sur la base des notes attribuées à chaque site.

Les sites les mieux classés sont proposés pour faire l'objet des travaux topographiques et desreconnaissances géologiques et géotechniques afin d'obtenir des données précises sur les conditionsd'implantation et d'exécution des ouvrages projetés.

En vue de connaître la part des ressources en eau pouvant être régularisées par les petits et moyensbarrages, un inventaire exhaustif de tous les sites potentiels répondant aux critères techniques a étéréalisé en collaboration avec les services territoriaux et la population rurale concernée. Cet inventaire apermis d'identifier quelques 1500 sites dont la faisabilité technico-économique est intéressante, parmilesquels, 350 sont déjà étudiés et constituent une banque de données au niveau du Département de l'eau.

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Autant sur le soin à apporter dans l'exécution et le suivi des travaux sur chantier suivant des techniquesbien adoptées au terrain que sur la surveillance ultérieure de l'ouvrage, l'expérience a montré qu'il fautaccorder une attention particulière aux études préliminaires et aux études de suivi d'exécution. De mêmele coût de réalisation de tels ouvrages impose avant toute exécution une comparaison économiquesoignée des solutions et alternatives envisageables.

Il importe avant de concevoir un barrage de tenir compte des conditions spécifiques du site, à savoir : latopographie, la géologie, l'hydrologie et la disponibilité des matériaux de construction. Les études menéesà ce sujet tiennent compte des considérations suivantes :

• l'emploi massif de la main d'œuvre ;

• la nécessité de réaliser les ouvrages pendant les périodes sèches entre les mois de Mai à Septembre afind'éviter de grever les coûts de ces ouvrages par ceux d'une dérivation provisoire du cours d'eau;

• l'utilisation, le plus souvent, de technologies simples ne nécessitant pas des produits importés del'étranger ;

• la recherche de la simplicité dans la gestion du barrage après sa mise en eau.

Ces dispositions sont à l'origine des adaptations que le concepteur est amené à faire pour rendre sonprojet optimal du point de vue économique et délais d'exécution.

Pour mieux élucider les considérations précitées, quelques exemples de barrages ayant nécessité desadaptations en cours d'exécution sont cités ci-après :

Barrage Sehb El Merga dans la Province de Boulemane :

C'est un barrage de 27 m de hauteur sur fondation et d'un volume de stockage de 6,5 Mm3, destinéessentiellement à la protection du centre de Guigou contre les inondations, à la recharge de la nappe et àl'irrigation des périmètres agricoles avoisinants.

L'examen géologique du fond de fouilles en partie centrale du barrage pendant la réalisation des travauxd'excavation a mis en évidence la présence d'intercalations marneuses d'épaisseur centimétriques et des bancscalcaires karstiques présentant un pendage vers l'aval. Cette situation très défavorable à la stabilité du barragenécessite la prise de dispositions particulières pour assurer la stabilité de l'ouvrage, notamment par le clouage ducorps du barrage à sa fondation par des barres d'ancrage. Des travaux d'injection de consolidation et de bourragedes conduits karstiques développés dans les calcaires complèteront le traitement de cette fondation.

Barrage El Handek dans la Province de Beni Mellal :

Il s'agit d'un barrage de 25 m de hauteur, devant contribuer à la protection de la ville de Beni Mellal contre lesinondations. Lors de l'ouverture des fouilles, il a été constaté que le fond est constitué d'une superposition de grosblocs de calcaires cimentés par des argiles. Cette situation a obligé le concepteur à revoir le dimensionnement del'ouvrage pour l'adapter à l'approfondissement de la fondation.

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La réalisation de centaines d'études de petits barrages a permis le développement d'un pôle decompétence national qui s'exporte actuellement vers les pays étrangers qui souhaitent réaliser des étudesde conception de barrages, ou déléguer la maîtrise d'œuvre de réalisation des travaux.

Ainsi, l'expérience acquise par l'ingénierie nationale publique (Administration de l'Hydraulique) ou privée(Bureaux d'Etudes) a contribué à la réalisation d'un grand nombre de projets à l'exportation dontquelques exemples sont cités ci-après :

❑ Emirats Arabes Unies : Barrages Safad et Showkah et digues associées, études d'avant projet, dossierd'exécution, maîtrise d'œuvre des travaux de deux barrages de stockage en BCR et de 4 seuils en bétonconventionnel et en gabion (1999-2002) destinés à la recharge de la nappe souterraine ;

❑ Jordanie (1998-2002) : réalisation du barrage Wala d'une hauteur de 60 m et d'une capacité deretenue d'eau de 26 millions m3. Cet ouvrage mixte, comporte une partie centrale en béton compactéau rouleau (240.000 m3) et des ailes latérales en remblai à noyau argileux (400.000 m3). La fondationfortement érodable a nécessité la mise au point d'un traitement et d'un drainage sophistiqués, leréexamen de l'avant projet et l'adaptation des plans au moment des travaux ainsi que la mise àdisposition d'ingénieurs résidents sur le chantier ;

❑ Tunisie : intervention d'experts marocains pour les études de 6 barrages collinaires (1997-1998) ;

❑ Syrie : mise au point du logiciel « Condor », développé pour le traitement des mesures d'auscultationdes barrages ;

❑ Tchad : étude d'un petit barrage Kadjemeur dans la Province d'Arada- Prefecture de Biltine ;

❑ Niger : missions d'expertise pour la pré-évaluation d'un projet d'irrigation dans la région de Diffa(1989) ;

❑ Plusieurs pays africains : conception d'ouvrages, expertise et maitrise d'œuvre déléguée menées parles bureaux d'études CID et INGEMA.

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Expérience marocaine dans la réalisation des petits barragesLe programme des petits barrages a été lancé en 1985 dans le cadre de partenariat entre les départementsen charge de l'Intérieur et des Travaux Publics.Ainsi, la première convention bilatérale signée entre les deuxparties en 1985 avait pour objet de réaliser huit barrages collinaires dans les provinces d'Oujda, Khémisset,Settat, Marrakech et Agadir.

Le premier barrage en terre a été réalisé en régie dans la province de Jerada,Wilaya d'Oujda. Il s'agit dubarrage Sidi Ali situé sur l'oued du même nom à 15 km du centre d'Aïn Beni Mathar ; le climat de la régionest du type méditerranéen aride, les précipitations annuelles ne dépassent pas 300 mm et tombent sous formed'averses orageuses d'automne et du printemps. Les températures sont fortes en été dépassant 30°C, ce quifavorise une forte évaporation qui atteint 2.000 mm à Beni-Mathar comme moyenne annuelle.

La construction de ce barrage a contribué au développement de l'élevage en alimentant des points d'eaupérennes pour l'abreuvement du cheptel et à l'irrigation de petits périmètres dans le voisinage.

La réussite de cette opération a stimulé les ministères de l'intérieur et des travaux publics à engager en 1986une nouvelle convention pour la réalisation d'une seconde série de 14 ouvrages. Dans ce cadre, le barrage AïnKoreïma, situé sur l'Oued Akrech à 20 Km de la ville de Rabat a inauguré la nouvelle technique de constructiondes barrages en béton compacté au rouleau au Maroc (BCR). Cette opération s'est caractérisée par sonoriginalité d'utilisation des matériaux alluvionnaires naturels provenant des oueds environnants sans correctiongranulométrique. Le barrage Aïn Koreïma présente quelques particularités à savoir un talus aval en BCR sansprotection par du béton conventionnel et un parement amont incliné à 0.8H/1V réalisé par un coffrage perduconstitué de dalettes préfabriquées en béton.

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Les eaux stockées dans la retenue du barrage sont utilisées à des fins d'irrigation et d'abreuvement du cheptel.

Forte de cette expérience, l'Administration de l'Hydraulique a lancé un deuxième ouvrage (barrage Rwidat) avecla nouvelle technologie du béton compacté au rouleau. Cet ouvrage d'un profil symétrique a été conçu avec undéversement sur une grande partie de sa longueur et une crête aménagée pour la circulation des véhicules.L'absence des matériaux alluvionnaires convenables dans les cours d'eau avoisinants et l'abondance des carrièresdans la région ont plaidé en faveur de l'expérimentation du BCR à partir des matériaux concassés.

Les apports stockés dans la retenue du barrage d'une capacité de 2,9 millions de m3 servent à l'irrigationd'appoint d'un périmètre de 600 ha et à assurer l'abreuvement du cheptel élevé dans la région.

L'avenir prometteur de cette expérience de petits barrages au Maroc a incité les pouvoirs publics àsolliciter le soutien des pays amis du Maroc. Ainsi, depuis 1987, le Gouvernement Japonais a octroyé auMaroc plusieurs dons de matériel destiné à mécaniser les travaux des chantiers, dont le nombre etl'importance n'a cessé d'augmenter. D'autres pays amis tels que la Chine et la Belgique ont participé à ceteffort de mécanisation des chantiers des petits barrages. Les engins obtenus par ces dons ont rendu degrands services à la réalisation des petits barrages ayant à leur tour résolu les problèmes de déficit en eaudont souffraient plusieurs régions. L'exemple le plus frappant est somme toute celui de la ville de Targuist.

Pour répondre aux besoins croissants en eau de ce centre urbain, il fût décidé de réaliser le barrageJoumouaa sur l'oued du même nom situé à proximité de ce centre.

Avec sa retenue de 6.5 Mm3, le barrage Joumouaa assure en toute sécurité et sans déficit l'alimentationen eau potable de cette ville jusqu'au moins l'horizon 2030.

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2-1 La méthode régie, un bel exemple du pari gagné par l'Administration Marocaine

La méthode régie consiste à réaliser des ouvrages hydrauliques par les moyens humains et matérielspropres de l'Administration avec l'appui du secteur privé seulement pour l'approvisionnement deschantiers en matériaux de construction et petit matériel et pour la réalisation des travaux spéciaux telsque les injections, le drainage et l'hydromécanique.

Une structure appelée « Aménagement » est créée pour chaque chantier de barrage. Elle est composée :

• d'un ingénieur ou technicien confirmé chef de l'aménagement, responsable de la conduite technique destravaux du barrage ;

• un technicien responsable de l'organisation matériel (atelier) ;

• des agents de maîtrises conducteurs de travaux.

Le chef d'aménagement établit avant le démarrage des travaux un mémoire technique d'exécution faisantressortir la description du projet et ses caractéristiques, les besoins en main d'œuvre, en matériaux deconstruction, matériel de construction, carburant ainsi que le mode d'exécution des différentes phases del'ouvrage et le planning prévisionnel des travaux. Ce mémoire devient exécutoire après son approbationpar les services centraux de la Direction des Aménagements Hydrauliques. Les marchés afférents auxfournitures concernant le futur chantier sont ensuite lancés par les partenaires concernés par le projet,selon la répartition des tâches adoptée par la convention spécifique qui les lient dans ce cadre.

Le mode de réalisation en régie a été adopté comme solution pouvant engendrer des économiessubstantielles tant au niveau des études que de la réalisation des travaux grâce à la souplesse permise parl'adaptation du projet aux conditions réelles du site et le choix des procédés de construction simples,faciles à mettre en œuvre et peu coûteux. La complexité des travaux et la maîtrise de leur conduite sontcomparables aux modes classiques de réalisation mis en œuvre par les entreprises spécialisées. Mieuxencore, le mode de réalisation par régie directe a permis à la DAH de développer le sens de l'innovationau sein de son encadrement ; elle a très tôt testé la technologie de mise en œuvre du BCR au Maroc eta développé des axes de recherche dans le domaine de la mise en œuvre de cette technologie en utilisantau mieux les matériaux locaux naturels ainsi que dans le cadre de la substitution des gabions par descaissons alvéolaires plus résistants, moins exposés au vandalisme et d'un coût très compétitif. Ce nouveauprocédé sur lequel une réflexion a été longuement menée par un groupe de cadres de l'Administration,

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consiste en la construction de caissons cubiques par le jointement de 4 plaques en béton légèrementarmées à l'aide d'un mortier bien dosé créant ainsi des cages. Celles-ci sont remplies par la suite d'un tout-venant de l'oued bien compacté par dames.

Ce mode de construction en régie a fait l'objet d'une analyse comparative avec celui de la réalisation àl'entreprise. Les principales conclusions font ressortir les constats suivants :

• Pour le cas des barrages en BCR, l'économie réalisée par la méthode régie est de l'ordre de 30 % enmoyenne ;

• Pour le cas des barrages en terre, l'économie réalisée par la méthode régie est de l'ordre de 20 % enmoyenne. Plus la taille de l'ouvrage augmente plus ce gain devient important.

Il y a lieu de souligner également que la méthode régie se distingue de celle à l'entreprise par :

• Des installations générales modestes, dont le coût d'investissement est faible ; elles permettent undémarrage rapide des travaux de construction qui engendre une compression des délais de réalisation.

• L'emploi massif de la main d'œuvre locale disponible dans le milieu rural.

• Le recours à des méthodes simplifiées ou semi-mécanisées, ce qui engendre des coûts d'investissementfaibles et des frais généraux négligeables.

La pertinence du choix de la méthode de réalisation des ouvrages hydrauliques par régie a été appréciéepar des pays donateurs, notamment les gouvernements du Japon, de la Chine et de la Belgique, dont l'aidea permis de doter la DAH d'un important parc d'engins de travaux publics.

Avec ce parc, l'Administration a pu réaliser en régie d'importants ouvrages hydrauliques en BCR et enremblais à masque amont dont un échantillon est indiqué ci-après :

Désignation

Enjil

Sahla

Bouhouda

Bab Louta

36

57

55

56

12

62

56

37

Mokhtar Soussi 62 6.5

Hauteur (m)

BCR

Remblais à masque amont

Volume de la retenue (Mm3)

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Barrage Mokhtar Soussi

Barrage Sahla Barrage Injil

Barrage Bouhouda Barrage Bab Louta

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2-2 Expérience de l'entreprise marocaine dans la réalisation des petits et moyens barragesou l'expérimentation concrète d'une stratégie de Partenariat Public Privé pour ledéveloppement de l'Entreprise Marocaine

La mobilisation des ressources en eau, inévitable pour le Maroc à cause de son climat semi-aride a étéengagée depuis plusieurs décennies. Elle a nécessité la construction de nombreux barrages depuis lelancement de la politique des grands barrages en 1967 ; le pays a du faire appel à des entreprisesinternationales ayant l'expérience requise dans ce domaine.

Parallèlement, les Pouvoirs Publics ont encouragé la formation des compétences nationales pour prendreen charge au plus tôt cette activité tant au niveau des études qu'à celui de la réalisation des ouvrageshydrauliques.

C'est ainsi que, courant des années 80, des bureaux d'ingénieurs conseils et des entreprises de travauxont pu faire leur premier pas dans ce domaine, considéré jusque là hors de portée des compétencesnationales.

Les entreprises nationales ont peu à peu acquis l'expérience nécessaire à la construction des grandsouvrages hydrauliques tant au niveau de l'organisation que de la mobilisation et de la gestion des moyenshumains et matériels.

Le premier chantier de barrage confié à une entreprise marocaine a concerné la surélévation d'un ouvrageen béton existant faisant appel à la technologie la plus récente de mise en place de tirants précontraints.

Après ce test réussi, la construction des barrages s'est de plus en plus marocanisée dans le cadre d'uneconcurrence loyale et transparente avec les entreprises internationales de haut niveau.

Récemment, dans le cadre d'un Partenariat Public/Privé, le Gouvernement a conclu en 2004 avec laFédération Nationale du Bâtiment et des Travaux Publics (FNBTP) un contrat programme dont l'objectifessentiel consiste à asseoir une stratégie d'émergence d'une Entreprise Nationale compétente,performante et capable de satisfaire la grande majorité des besoins du Pays dans le domaine.

Aujourd'hui, la concertation entre la (FNBTP) et le Secrétariat d'État chargé de l'Eau et de l'Environnementse poursuit afin d'améliorer le cadre réglementaire et promouvoir de nouvelles entreprises (grandes,moyennes et petites) dans le domaine de la réalisation des ouvrages hydrauliques et ce pour faire face d'unepart à la réalisation de son vaste programme d'infrastructures et d'autre part exporter le savoir faire national.

La mise en place d'un système de qualification et de classification des entreprises souhaitant exercer uneactivité dans le secteur spécifique aux barrages, permet d'organiser en toute transparence la professionconcernée en encadrant sa professionnalisation.

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Mode de financement des petits barrages Le financement des projets est pris en charge à parts égales par les partenaires signataires des conventionsde partenariat couvrant les programmes de réalisation des petits barrages.

Dès 1984, la Direction Générale de l'Hydraulique a entrepris la réalisation de plusieurs projets enpartenariat avec les collectivités locales et la Promotion Nationale relevant du Ministère de l'Intérieur.Depuis cette date à aujourd'hui, 74 petits et moyens barrages et lacs collinaires ont été réalisés. Ils peuventstocker un volume de 400 Mm3 environ, destinés à l'irrigation de près de 23 000 ha, à l'alimentation eneau potable des populations limitrophes, à l'abreuvement du cheptel, à la réalimentation des nappessouterraines locales et dans certains cas à la protection des populations et des biens contre lesinondations.

Pour répondre aux innombrables requêtes des populations, une convention cadre couvrant la période(2004-2012) a été établie entre le Ministère de l'Intérieur et le Secrétariat d'Etat Chargé de l'Eau et del'Environnement dans le but de :

• définir les modalités de réalisation du programme de construction de petits barrages et des ouvragesd'aménagement des cours d'eau destinés à la lutte contre les inondations ;

• d'arrêter les interventions relevant de chaque partie concernée par ce programme ;

• et de définir les modalités de financement dudit programme.

Les deux parties s'engagent à mobiliser, chacune en ce qui la concerne, les moyens nécessaires à laréalisation des projets arrêtés en commun accord :

Le Ministère de l'Intérieur assure par le biais de la Direction de la Promotion Nationale la prise en chargedes prestations suivantes :

• Paiement de la main d'œuvre ordinaire et qualifiée (conducteurs d'engins ou de camions, coffreurs,ferrailleurs, maçons, manœuvres…….) ;

• Fourniture du carburant et du lubrifiant nécessaires au fonctionnement du matériel, des véhicules et desengins ;

• Fourniture d'une partie des matériaux de construction ;

• Mise à disposition pour chaque chantier d'une équipe composée d'un cadre délégué de la Direction dela Promotion Nationale, d'un responsable de la gestion administrative et d'un régisseur.

Le Secrétariat d'Etat Chargé de l'Eau et de l'Environnement prend en charge notamment:

• Les études d'exécution ;

• Le contrôle des travaux par un laboratoire agréé ;

• L'encadrement et l'assistance technique durant la durée des travaux par la mise en place d'une structuredite « Aménagement ».

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• La mise à disposition du matériel de terrassement et de mise en œuvre des matériaux ;

• La fourniture de complément de matériaux de construction et de petit matériel ;

• La fourniture et l'installation du matériel hydromécanique et d'auscultation.

Le champ de ce partenariat a été élargi à l'Agence de Développement et de Promotion des Provinces duSud du Royaume. Le programme retenu pour les prochaines années concerne 15 provinces et laréalisation de :

• 94 petits barrages ;

• 6 ouvrages d'aménagement de cours d'eau par voie de régie ;

• 3 ouvrages d'aménagement de cours d'eau par voie de l'entreprise ;

Chaque projet fait l'objet d'une convention spécifique agréée par les représentants de l'autorité locale etceux de la population (conseils provinciaux, Municipalité, Commune etc). Un comité composé desreprésentants de la Province, de la Commune concernée et de la Direction des AménagementsHydrauliques assure le suivi de toutes les phases de réalisation des ouvrages.

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Bilan des réalisations : Aujourd'hui plus de 74 petits barrages mobilisant plus de 400 Mm3 ont été réalisés depuis 1985. Cesouvrages dont la réalisation s'inscrit dans la politique de l'emploi productif du Gouvernement participentà la lutte contre la pauvreté des populations avoisinantes concernées par le projet, à l'alphabétisation desouvriers travaillant sur les chantiers et à leur formation aux métiers de construction tels que lamaçonnerie, le coffrage, le ferraillage, la fabrication et la mise en œuvre des bétons.

Les ouvrages réalisés intéressent toutes les régions du Royaume; leur nombre va sensiblement augmenterdans les années à venir pour se conformer aux objectifs de la nouvelle stratégie régissant le secteur del'eau qui prévoit de passer à la vitesse supérieure pour engager la réalisation de 50 petits barrages par ansur près de deux décennies.

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Impact des petits barrages sur le développement socio-économiqueLes petits barrages ont joué pleinement leur rôle en mobilisant des ressources en eau supplémentaires auprofit des zones rurales caractérisées par d'importants déficits en eau, ils ont, par ailleurs, induit la relancede l'économie de ces zones fortement dépendante des aléas climatiques, et partant participé à lasédentarisation de leur population.

La superficie susceptible d'être irriguée par ces ouvrages est estimée à près de 23 000 ha, le coût deréalisation de ces ouvrages a été de l'ordre de 2 Milliards de Dh dont plus de 60% ont profité aux petitesentreprises. Par ailleurs, cette dynamique a permis de créer principalement en milieu rural près de 9Millions de journées de travail.

L'impact des ouvrages réalisés par voie de régie sur le développement socioéconomique a été constatésur plusieurs plans en l'occurrence :

- Le développement agricole

L'agriculture pluviale, qui constituait la base de l'économie rurale, est devenue de moins en moins la sourcede subsistance des populations rurales à cause de sa dépendance des aléas climatiques. Les moyens etpetits barrages réalisés permettent de créer de petits aménagements hydro-agricoles utilisant lestechniques modernes de développement. C'est le cas des barrages Sahla et Bouhouda qui sont destinés àassurer respectivement, l'irrigation de 4.800 ha et 3.000 ha dans la plaine du moyen-Ouergha, et celui dubarrage Mokhtar Soussi qui va assurer l'appoint pour l'irrigation de 10.000 ha de vergers agrumicoles.

- Sur le plan de l'approvisionnement en eau domestique

Le développement socio-économique d'un certain nombre de centres se trouve entravé par le manqued'eau nécessaire à la satisfaction des besoins domestiques.

La mobilisation des ressources en eau par les moyens et petits barrages permet de s'affranchir de cettecontrainte et de résorber les déficits enregistrés particulièrement dans les zones où les eaux souterrainessont limitées voire inexistantes. C'est le cas du barrage Joumouâa, barrage Bab Louta et Sahla qui assurentrespectivement l'alimentation en eau potable du centre de Targuist, de la ville de Taza et villages avoisinantset le chef lieu de la province de Taounat soit une population globale de 300 000 habitants.

- Sur le plan de la protection des infrastructures hydrauliques

L'envasement intense des retenues des grands barrages ne cesse de s'amplifier induisant ainsi uneréduction de la capacité de stockage de près de 70 Mm3/an, et de la durée de vie de ces ouvrages parvoie de conséquence. Pour palier ce problème, les petits barrages sont construits à l'amont des grandsréservoirs de manière à piéger les sédiments dans leur retenue, atténuer l'ampleur du phénomèned'envasement et contribuer à l'amélioration de la régularisation au niveau des grands barrages. C'est lecas par exemple des ouvrages construits à l'amont du barrage Al Wahda.

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- Sur le plan de la promotion de l'emploi.

Les petits barrages réalisés ont eu un impact significatif sur la fixation de la population rurale par suitede la création de pôles d'activités économiques à l'échelle locale ou régionale qui a pour conséquence deréduire le chômage par l'utilisation massive de la main d'œuvre pendant le chantier et en phased'exploitation.

- Sur le plan du développement du savoir faire.

En plus des impacts positifs directs sur la population et l'environnement local et régional, la réalisation despetits barrages depuis 1984 a permis aux bureaux d'études et aux entreprises nationaux de développerun pôle de compétence de forte valeur ajoutée. En outre, les chantiers des travaux constituent des centresefficaces de formation professionnelle pour tous les corps de métiers de la construction : maçons,ferrailleurs, coffreurs.

- Sur le plan de l'innovation.

L'introduction des technologies innovantes de construction de barrages réalisées avec succès telles quela technique des barrages en béton compacté au rouleau utilisant les graves non traitées et les seuilsalvéolaires sont entre autre des exemples où les cadres nationaux se sont illustrés dans le domaine de laconstruction.

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