fahrenheit 451 r - snes
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FAHRENHEIT 451... Ray Bradbury est mort, le roman
a 60 ans ; la dystopie(1) nâest-elleplus dâactualitĂ© ?Le mĂ©pris durant cinq ans pour laculture en gĂ©nĂ©ral, les humanitĂ©sclassiques en particulier, les espacesde cerveau Ă gaver de publicitĂ© dâunpatron de TF1, la casse de lâĂdu-cation nationale, le dĂ©labrement duministĂšre de la Culture ont mis enĂ©vidence le mĂ©pris de la droite pourtout ce qui contribue Ă une auto-nomie de la pensĂ©e et Ă la libertĂ©.Ătat spectacle, dictature de lâimageressassĂ©e, aussi vite jetĂ©e, expertsomniprĂ©sents trop bien payĂ©s pourĂȘtre honnĂȘtes nâont pas empĂȘchĂ©lâalternance. Mais sommes-noussĂ»rs dâavoir comme les vieux Ă©ruditsdu roman de R. Bradbury apprispar cĆur chacun un livre pourtransmettre aux gĂ©nĂ©rations futuresrĂ©flexion et savoir ?La libertĂ© a aussi besoin de matiĂšre,les nourritures de lâesprit ne com-pensent pas les autres.Nous attendons des actes positifspour nous, retraitĂ©s vouĂ©s Ă la vin-dicte des nantis et de leurs servi-teurs. Nous nâavons pas oubliĂ© noslectures, nous saurons demeurervigilants et nous mobiliser. â
JEAN-PAUL BEAUQUIER, BĂNĂDICTE VRAIN
secrétaires de catégorie
(1) Contre-utopie, utopie pessimiste...
PORTRAITRené Vautier
LOISIRS/CULTUREVoyage en Palestine
SANTĂ/SOCIĂTĂVivrons-nous tous jusquâĂ cent ans ?
ACTUALITĂAprĂšs la dĂ©faite de la droite
SupplĂ©ment Ă LâUS n° 721 du 2 juin 2012
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ACTUALITĂ
APRĂS LA DĂFAITE DE LA DROITE
Lâattente dâune rupture avec les choix prĂ©cĂ©dents Les attentes des Ă©lecteurs sont fortes et diverses, signe du refus des politiquesdâaustĂ©ritĂ© et de rĂ©gression sociale du prĂ©cĂ©dent gouvernement. Le ras-le-bolde la population â et le vote des retraitĂ©s le montre bien â a permis cechangement, mais la persistance de la droite extrĂȘme, la forte abstentiondu premier tour des lĂ©gislatives montrent des Français inquiets, dĂ©sabusĂ©s,peu sĂ»rs dâune Ă©volution favorable de leur situation.
S O M M A I R EĂDITORIAL p. 1
ACTUALITĂAPRĂS LA DĂFAITE DE LA DROITELâattente dâune rupture avec les choix prĂ©cĂ©dents p. 2LES PEUPLES SOUS LE JOUGDE LâAUSTĂRITĂLâexemple portugais p. 3LENDEMAIN DâĂLECTIONSUne nouvelle donne pour le syndicalisme p. 4ACTUALITĂ SYNDICALEEntretien avec Daniel Robin p. 5SANTĂ-SOCIĂTĂESPĂRANCE DE VIE ET ESPĂRANCE DE VIE EN BONNE SANTĂVivrons-nous tousjusquâĂ cent ans ? p. 6ANNĂE DU VIEILLISSEMENTACTIF ET DE LA SOLIDARITĂINTERGĂNĂRATIONNELLEVieux dĂšs 50 ans p. 7PERTE DâAUTONOMIE,DĂPENDANCESĆurs Touraine et Delaunay, ne voyez-vous rien venir ? p. 7VIE SYNDICALEREIMS 2012Un congrĂšs pas tout Ă fait comme les autres p. 82 AU 6 AVRIL 2012 :LE SNES Ă REIMSDeux questions Ă deux congressistes p. 9CONGRĂS 2012 DE LA FGREn revenant de Narbonne p. 10LES ĂQUIPES SE RENOUVELLENTPassages de tĂ©moin p. 11CONGRĂS DE NARBONNETrois questions Ă HĂ©lĂšne Pougnant p. 11DOSSIERUNE REVENDICATION OUBLIĂELe droit Ă la paresse p. 12
INFOS PRATIQUESAchat sur Internet p. 18Sigles et dĂ©finitions p. 18LOISIRS CULTURELE CITOYEN JEAN-JACQUESAU PAYS DES COMMĂMORATIONSUn tricentenaire gĂȘnant p. 19VOYAGE en Palestine p. 20UN ROMAN POUR LâĂTĂQuand on est nĂ© du mauvais cĂŽtĂ©... p. 22UNE AUTRE PROPOSITIONLes nouveaux esclaves p. 22ĂTĂ 2012 DANS LE LOTUne histoire de thĂ©Ăątre p. 22JACKY BRENGOU A LU POUR VOUSAprĂšs le temps du muguet... le temps des cerises p. 23PORTRAITRenĂ© Vautier p. 24
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Le contexte de crise, le « poids de la dette »pour les gĂ©nĂ©rations futures, la question de solvabi-litĂ© des Ătats sont agitĂ©s pour justifier les attaquescontre toutes les garanties sociales considĂ©rĂ©escomme les responsables de la dĂ©gradation de lâem-ploi et de la conjoncture financiĂšre.Les ruptures avec les politiques libĂ©rales exigent dene pas baisser la garde, pour faire entendre nos exi-gences. La crise financiĂšre sâĂ©tend, sâaggrave auniveau europĂ©en et menace lâemploi, les servicespublics, les acquis sociaux, les droits des salariĂ©s etdes citoyens. Les premiĂšres mesures ponctuelles dunouveau gouvernement (SMIC, retraites Ă 60 anssous conditions...) respectent les promesses du can-didat mais les dossiers majeurs restent devant nous :rĂ©forme fiscale en profondeur pour assurer une rĂ©elleprogressivitĂ© de lâimpĂŽt et garantir le financement desservices publics, mesures pour lâemploi, les pen-sions, les salaires, rĂ©forme des retraites...
LâĂ©ducation et la santĂ© ont subi tant dâattaques et dedĂ©gradations quâau-delĂ des plans dâurgence, il fautexiger des mesures de fond pour rĂ©pondre aux besoinsde la population. Pour les retraitĂ©s, qui, loin de nâĂȘtrequâun poids, participent comme les actifs Ă la vitalitĂ©de la sociĂ©tĂ©, les demandes sont prĂ©cises. Ils refusenttoute sĂ©grĂ©gation dans le traitement de leur situationet exigent que soient pris en compte tous les aspectsde leur vie dans la sociĂ©tĂ©.
Quelques exemples ciblĂ©sâą Pouvoir dâachatLe coĂ»t des dĂ©penses courantes pĂšse de plus en plusdâoĂč notre demande dâune revalorisation rapide des pen-sions les plus faibles, et dâun rattrapage pour tous ainsique de la rĂ©vision des rĂ©formes sur les retraites (notam-ment des dĂ©cotes qui pĂ©nalisent surtout les femmes).âą SantĂ© et autonomieLâespĂ©rance de vie en bonne santĂ© est en train de
Le congrĂšs de Reims nâa pas oubliĂ© les retraitĂ©s.
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ACTUALITĂACTUALITĂ
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diminuer, le systĂšme de santĂ© publique se dĂ©grade, ilest urgent de revenir sur la logique de rentabilitĂ©des ARS, les dĂ©passements dâhonoraires, les fran-chises Ă la charge du patient, le coĂ»t des mutuelles,la baisse ou disparition des subventions pour lesassociations dâaide Ă la personne. Le dossier de laperte dâautonomie est Ă reprendre sans attendre.âą SolidaritĂ©, culture et loisirsBeaucoup dâassociations ne fonctionnent que grĂąceĂ des retraitĂ©s : leur action, complĂ©mentaire decelle des services publics, est tributaire des aides et
subventions des pouvoirs publics. Or leur existenceest de plus en plus menacĂ©e par les restrictionsbudgĂ©taires. Câest tout un pan de cohĂ©sion sociale qui risque dese dĂ©sagrĂ©ger. VoilĂ quelques sujets dâinterventiondes retraitĂ©s dans les mois qui viennent.Droit Ă la paresse, revendique le dossier ? Oui, sansdoute mais pour en jouir pleinement, quoi de mieuxque le contrepoint du travail et dâune intense mobi-lisation pour les retraitĂ©s ! â
MICHĂLE OLIVAIN
RĂFORMES STRUCTURELLES Ces deux mots fleurissent dans tous les discours des multiples experts qui prĂŽnent lâaustĂ©ritĂ©... pourles peuples.Curieusement ils nâinvoquent jamais parmi les « charges » Ă allĂ©ger, les « rĂ©munĂ©rations » des PDG etdes super-cadres ou les parachutages divers et les « retraites-chapeau »...Une prime de non-concurrence de plusieurs centaines de milliers dâeuros a Ă©tĂ© versĂ©e Ă un dirigeantdâAir France, limogĂ© pour « gestion dĂ©sastreuse ». LâassemblĂ©e des actionnaires sây oppose ; lâĂtat secontente dâespĂ©rer un remboursement « spontanĂ© » par le bĂ©nĂ©ficiaire. Serait-il inconcevable queceux qui ont pris la dĂ©cision contestĂ©e en soient comptables sur leurs deniers ?Quant Ă A. LagardĂšre, prĂ©sident du conseil dâadministration dâEADS qui ne daigne mĂȘme pas assisteraux rĂ©unions et qui a jadis miraculeusement vendu ses actions de lâentreprise avant que les dĂ©boiresde lâA380 ne les fassent chuter, ne relĂšve-t-il pas lui aussi dâune rĂ©forme structurelle ?Et ce ne sont lĂ que deux exemples. PIERRE TOUSSENEL
LES PEUPLES SOUS LE JOUG DE LâAUSTĂRITĂ
Lâexemple portugais : entretien avec Ligia GalvĂŁo(1)
La troĂŻka (Commission europĂ©enne, Banque centrale europĂ©enne et Fonds monĂ©taire international)impose aux peuples dâEurope sa stratĂ©gie dâaustĂ©ritĂ© fondĂ©e sur la rĂ©duction drastique des dĂ©pensespubliques â en particulier pour lâĂducation et la SantĂ© â et sur la « dĂ©valuation interne », câest-Ă -direla rĂ©duction des salaires et des retraites. Une syndicaliste portugaise tĂ©moigne.
>Quel a Ă©tĂ© lâimpact des politiquesdâaustĂ©ritĂ© sur les conditionsde dĂ©part Ă la retraite ?Aujourdâhui, pour partir avec une retraite complĂšte ilfaut ĂȘtre ĂągĂ© de 65 ans et avoir 40 annĂ©es de cotisations.Jusquâen 2005, il fallait avoir 60 ans et avoir cotisĂ© 36ans. La dĂ©gradation des conditions de travail dans lesĂ©coles, la bureaucratisation de lâenseignement et lâachar-nement avec lequel les gouvernements calomnient lesenseignants auprĂšs de lâopinion publique ont eu commeconsĂ©quence de provoquer un mouvement de retraiteanticipĂ©e chez de nombreux enseignants, mĂȘme quandla consĂ©quence est une rĂ©duction de la pension de30 % ou 35 %. En 2010, 80 % des retraitĂ©s sont partisavec une pension rĂ©duite. En effet, on peut partir enretraite dĂšs lâĂąge de 55 ans pourvu quâon ait 30 annĂ©es
de cotisations, mais la pension est alors tout à faitmisérable en conséquence des pénalisations.Si on parle de pension complÚte, la pension moyenneest environ 1 750 ⏠net. Si on parle des retraites anti-cipées, il y a des pensions dÚs 600 ⏠net.
Et pour les retraitĂ©s eux-mĂȘmes ?Les retraitĂ©s ont subi, comme les actifs, une baisse despensions dâenviron 15 % par la suppression de lâĂ©qui-valent de deux mois de revenus ; ils subissent Ă©ga-lement lâaugmentation du coĂ»t de tout ce qui estessentiel (alimentation, transports, mĂ©dicaments...) etla hausse continue des impĂŽts.
(1) L. Galvão est responsable des retraités au sein du secrétariatnational de la FENPROF, branche enseignante de la CGTP.
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ACTUALITĂ
LENDEMAIN DâĂLECTIONS
Une nouvelle donne pour le syndicalismeDĂšs le 24 mai, F. ChĂ©rĂšque et L. BĂ©rille, responsables de la CDFT et de lâUNSA, ont ensembledans LâExpress appelĂ© Ă lâinstauration dâun nouveau pacte social fondĂ© sur lâacceptationde « rĂ©formes structurelles ». Dans le mĂȘme temps la presse se dĂ©lecte des difficultĂ©s internes de la CGT et les plans de licenciement sortent du bois...
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Pour les actifs ?En 2005, il y avait 140 000 enseignants Ă lâĂ©colepublique. Aujourdâhui il nây en a plus que 115 000,consĂ©quence des nombreux dĂ©parts en retraite non com-pensĂ©s. Les mesures annoncĂ©es (regroupement dâĂ©colesjusquâĂ 4 000 Ă©lĂšves, rĂ©duction du nombre dâheures declasse par semaine, etc.) vont jeter dans le chĂŽmage Ă peuprĂšs 20 000 enseignants et cela au moment oĂč il devientobligatoire de frĂ©quenter lâĂ©cole jusquâĂ 18 ans.Dâautre part, les enseignants ĂągĂ©s de plus de 50 ansbĂ©nĂ©ficiaient dâune rĂ©duction du temps de travail (jus-quâĂ 2005 on lâappliquait Ă partir de 40 ans). Elle existeencore, mais en thĂ©orie seulement, car tous les ensei-gnants sont maintenant obligĂ©s de passer un temps mini-mum Ă lâĂ©cole, pour des activitĂ©s dites non collectives.
Quelle est lâimplication des retraitĂ©sdans les luttes contre lâaustĂ©ritĂ©imposĂ©e par la troĂŻka ?Les retraitĂ©s participent au combat principalement ausein de la CGTP, mais aussi dans la FENPROF elle-mĂȘme. Le 19 avril, la FENPROF a organisĂ© Ă Lis-bonne une rencontre nationale des professeurs etĂ©ducateurs retraitĂ©s oĂč elle avait invitĂ© trois syndi-cats Ă©trangers : OLME (GrĂšce), la FECCOO(Espagne) et la FSU. Nous sommes partie prenantede la lutte collective contre les politiques imposĂ©espar la troĂŻka et sommes disposĂ©s Ă y contribuer avecnotre expĂ©rience pour la construction du futur denotre pays. â
PROPOS RECUEILLIS PAR DANIEL RALLET
Syndicalisme de la marge ?Le contexte mĂ©rite quâon ne sâen tienne pas au constatquâune Ă©niĂšme tentative de rapprochement entre deuxorganisations syndicales, lâUNSA et la CFDT, est encours mĂȘme si on a dĂ©jĂ connu cela, ni que la suc-cession Ă la CGT rendrait notre dĂ©marche dâunifica-tion momentanĂ©ment vaine, aussi bien pour la FSU quepour notre activitĂ© de SFR et nos relations avec lesUCR pour 15 Ă 16 millions de retraitĂ©s, alors que denouveaux dĂ©fis arrivent et que des dossiers en suspensreviennent. Les rĂ©formes « structurelles » Ă©voquĂ©es parle tandem ne visent pas Ă modifier substantiellementle capitalisme financier mondialisĂ© mais, au mieux, Ă le rendre supportable en le « moralisant », câest-Ă -direĂ rogner un peu la capacitĂ© prĂ©datrice des managers.Quand la formule de « rĂ©formes structurelles » seretrouve sous la plume des nĂ©olibĂ©raux de Bruxelles,on sait que cela signifie plus de privatisations et moinsde services publics sans que soit jamais apportĂ©e lapreuve dâune efficacitĂ© quelconque pour la croissancedu PIB, de lâemploi et du bien-ĂȘtre commun. Or lesretraitĂ©s et personnes ĂągĂ©es, en perte dâautonomie oupas, ont besoin de ces services collectifs et solidaires.
Quelle sociĂ©tĂ© civile ?LâidĂ©e quâun renforcement de la responsabilitĂ© despartenaires sociaux pourrait aller de pair avec un
renforcement de leur autonomie, est plus rhĂ©toriqueque thĂ©oriquement fondĂ©e.La complĂ©mentaritĂ© entre dĂ©mocratie politique etdĂ©mocratie sociale est un concept vide si on neprĂ©cise pas le sens des termes sociĂ©tĂ© civile etsociĂ©tĂ© politique. Si lâavis des organisations syn-dicales, dont la division rĂ©elle et la faiblesse quan-titative en France affaiblissent cependant la lĂ©giti-mitĂ©, doit ĂȘtre pris en compte pour lâensemble dessujets structurants Ă©numĂ©rĂ©s (protection sociale,politique de lâemploi, conduite de lâĂ©conomie, vieau travail), alors le rĂŽle et les contours de la sociĂ©tĂ©civile vue par MM. ChĂ©rĂšque et BĂ©rille doivent ĂȘtreredĂ©finis.Ce qui, pour eux, relĂšve de la nĂ©gociation se limiteĂ des ajustements dans des cadres dĂ©finis sans eux,alors que la rĂ©novation du marchĂ© du travail, la sĂ©cu-risation des parcours professionnels renvoient auxgaranties lĂ©gales dâun code du travail maintes foisamoindri dans les droits des salariĂ©s.Loin dâĂȘtre la manifestation trĂšs mĂ©diatique dâungage de loyautĂ© auprĂšs du nouveau pouvoir, laconfĂ©rence sociale de juillet doit permettre lâĂ©coutede besoins rĂ©els et des revendications des salariĂ©set fonctionnaires du pays. Câest lâintĂ©rĂȘt des actifset des retraitĂ©s. â
J.-P. BEAUQUIER
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ACTUALITĂ
Nouveau PrĂ©sident, nouveaugouvernement... donc nouvelledonne pour la rentrĂ©e ?Le changement politique modifie bien sĂ»r consi-dĂ©rablement la donne. Nous avons aujourdâhuiface Ă nous un gouvernement qui se dĂ©clare attachĂ©Ă un vrai dialogue social et dont nous pouvonslĂ©gitimement espĂ©rer quâil soit attentif Ă nosdemandes. Nous passons donc dâune situation oĂčnous Ă©tions dans lâaffrontement et dans une posturedĂ©fensive Ă une dynamique de proposition, de dia-logue et de nĂ©gociations.Pour autant, nous ne sommes pas naĂŻfs et les rap-ports de force sociaux demeurent nĂ©cessaires. Ilssont mĂȘme la garantie dâune vĂ©ritable rupture avecla politique prĂ©cĂ©dente. Dans le secteur de lâĂdu-cation, les tenants de lâĂcole fondamentale recy-clĂ©e en « Ă©cole du socle » sont toujours lĂ et lesdĂ©bats que nous avons connus depuis les annĂ©es 70demeurent.
Le congrĂšs du SNES Ă peine terminĂ©, celui de la FSU sâannonce...Le congrĂšs de la FSU va se tenir dans le nouveaucontexte politique Ă©voquĂ© prĂ©cĂ©demment. Au-delĂ de la question de la stratĂ©gie syndicale, notre fĂ©dĂ©-ration doit ĂȘtre offensive sur toute une sĂ©rie dedossiers, particuliĂšrement ceux pour lesquels desdĂ©bats demeurent en son sein. Construire un projet cohĂ©rent autour de la culturecommune sâopposant Ă la vision passĂ©iste de lâĂ©coledu socle, construire des propositions sur la forma-tion des maĂźtres, son contenu et la place duconcours en tenant compte des spĂ©cificitĂ©s respec-tives du premier et du second degrĂ© font partiedes enjeux essentiels. Mais la FSU doit aussi rĂ©flĂ©chir Ă son avenir. Ledernier congrĂšs du SNES a proposĂ© dâapprofondirnotre dĂ©marche dans la construction dâun nouveloutil syndical ; le congrĂšs de la FSU devra luiaussi sâemparer de cette question et faire despropositions permettant dâavancer effectivementdans cette voie.
Plus dâun syndiquĂ© du SNESsur dix est un retraitĂ© ; est-il bien dĂ©fendu parson organisation syndicale ?Pour des raisons que jâai dĂ©jĂ exprimĂ©es dans cespages, le syndicalisme doit sâinterroger sur sa façonde prendre en compte les attentes et les aspira-tions des retraitĂ©s.Il faut bien sĂ»r quâils occupent toute leur placedans le fonctionnement des organisations syndicalesmais aussi dans la construction de leur pensĂ©e col-lective. Mais si la dĂ©fense collective de leurs intĂ©-rĂȘts est relativement bien prise en compte, nouspouvons nous poser la question de lâabsence rĂ©ellede dĂ©fense individuelle, de structure dâaide et deconseil individuel quasi inexistante dans nossyndicats.Il y a lĂ un terrain essentiel Ă couvrir. Les compĂ©-tences et lâactivitĂ© militante de nombreux retraitĂ©ssont autant dâatouts qui doivent nous permettre depouvoir relever ce dĂ©fi. â
>ACTUALITĂ SYNDICALE
Entretien avec Daniel RobinLe mois de juin est plutĂŽt propice aux projets de voyages, aux projets dâescapades Ă la mer ou Ă lamontagne ; mais aprĂšs le congrĂšs du SNES, aprĂšs des mois de mai et juin annonciateurs de changements,Daniel Robin nâa pu Ă©chapper Ă nos questions.
Daniel Robincosecrétaire
général du SNES©
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SANTĂSOCIĂTĂ
>ESPĂRANCE DE VIE ET ESPĂRANCE DE VIE EN BONNE SANTĂ
Vivrons-nous tous jusquâĂ cent ans ? EnquĂȘte de lâINED(1) : des faits nouveauxLâespĂ©rance de vie est une interrogation pour chacun, parfois une inquiĂ©tude, elle est aussi unecomposante du dĂ©bat gĂ©nĂ©ral sur les retraites et les politiques de santĂ©. Ă lâĂ©chelle des temps humains,lâaugmentation de lâespĂ©rance de vie Ă la naissance est relativement rĂ©cente. Elle est le fruit de rĂ©volutionsmĂ©dicales et de la mise en Ćuvre de politiques de santĂ© publique. Le bilan est certes contrastĂ© selonles Ătats, les territoires, lâoffre de soins, lâactivitĂ© professionnelle ; mais un cercle vertueux sâestincontestablement enclenchĂ© au XXe siĂšcle. Le XXIe rĂ©ussira-t-il Ă relever encore ce dĂ©fi de croissance ?
objectif dâun gain de deux ans dâici 2020. Nousnâen prenons pas le chemin. Câest un recul inĂ©dit quiest constatĂ© en France entre 2008 et 2010 tant chezles femmes (de 64,6 Ă 63,5 ans) que chez les hommes(62,7 Ă 61,9 ans). Si lâon examine le rapportEVSI/EV, soit la durĂ©e de vie en bonne santĂ©, câestla SuĂšde qui lâemporte de loin avec 90 % dâespĂ©-rance de vie sans limitation ; la France se situant enrevanche au dixiĂšme rang (76 %). Quant Ă lâAlle-magne, pourtant prĂŽnĂ©e comme modĂšle absolu debien vivre en Europe, ce nâest pas un Ătat oĂč lâonpeut vieillir en bonne santĂ© surtout pour les pluspauvres. LâespĂ©rance de vie Ă la naissance desfemmes est de 83 ans et 78 ans pour les hommes.LâEVSI sâest effondrĂ©e pour les plus pauvres endix ans : de 60 Ă 56,7 ans pour les hommes et de 64,3Ă 57,7 ans pour les femmes. Les rĂ©formes Schröderont produit des effets indĂ©niables.Plusieurs constats sâimposent : le recul partout enEurope des dates de dĂ©part Ă la retraite Ă taux pleinsont bien au-delĂ de lâEVSI ; mais lorsque les poli-tiques de santĂ© maintiennent leurs efforts sur laprĂ©vention des risques, lâEVSI est manifestementplus important. En France, seuls 6 % des dĂ©pensesde santĂ© sont consacrĂ©s Ă la prĂ©vention. Si nousvoulons « rajouter de la vie aux annĂ©es » selonlâadage et mĂȘme peut-ĂȘtre dĂ©jà « rajouter des annĂ©esĂ la vie » ce nâest ni en reculant lâĂąge du dĂ©part Ă laretraite, ni en augmentant le reste Ă charge desmalades, ni en sacrifiant la prĂ©vention que noustrouverons le chemin dâune vie plus longue et enbonne santĂ© pour le plus grand nombre. BonnesantĂ© dĂ©finie par lâOMS dans son prĂ©ambule consti-tutif de 1946 comme « un Ă©tat complet de bien-ĂȘtrephysique, mental et social, et ne consiste pas seu-lement en une absence de maladie ». â
GEORGES BOUCHART
(1) Publication INED, avril 2012, sous la responsabilitĂ©de J.-M. Robine, directeur de recherche Ă lâINSERM.©
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Pour devenircentenaires,
cinq légumes par jour
suffisent-ils ?
En France, en 2010, lâespĂ©rance de vie Ă lanaissance (EV) sâĂ©tablit Ă 85,3 ans pour les femmes(1er rang de lâUE), 78,2 ans pour les hommes. Legain annuel a Ă©tĂ© de lâordre du trimestre mais tendĂ diminuer. On constate dĂ©sormais une stagnationaux Ătats-Unis et un effondrement en Russie : 9 ansde moins que la moyenne de lâUE (63 ans pour leshommes 74,8 pour les femmes) qui sont les consĂ©-quences des brutalitĂ©s sociĂ©tales des annĂ©es 1990 etde la destruction du systĂšme de santĂ©.Si lâon considĂšre lâespĂ©rance de vie sans incapacitĂ©(EVSI) â câest-Ă -dire lâautonomie sans maladiechronique â, on relĂšve que cet indicateur de santĂ©intĂ©grĂ© Ă la politique europĂ©enne sâest vu assigner un
SANTĂSOCIĂTĂ
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SANTĂSOCIĂTĂ
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>PERTE DâAUTONOMIE, DĂPENDANCE
SĆurs Touraine et Delaunay, ne voyez-vous rien venir ?Jean-Marc Ayrault a fait le choix de deux ministĂšres diffĂ©rents, lâun pour les « personnes ĂągĂ©es et ladĂ©pendance » et lâautre pour « les personnes handicapĂ©es » sous la responsabilitĂ© dâun grand ministĂšredes Affaires sociales et de la SantĂ© confiĂ© Ă Marisol Touraine. Certes toutes les personnes ĂągĂ©es nesont heureusement pas « dĂ©pendantes » et Ă©videmment les personnes handicapĂ©es ne sont pas toutesdes personnes ĂągĂ©es ; mais un tel choix interroge.
Le rapport du Parlement europĂ©en de juillet 2011 adĂ©crĂ©tĂ© que lâannĂ©e 2012 devait mettre en lumiĂšre le rĂŽle utile des per-sonnes ĂągĂ©es, cinquantenaires compris, encourager la mise en Ćuvrede mesures leur permettant dâĂȘtre actives plus longtemps quâactuel-lement et mĂȘme au-delĂ de lâĂąge de la retraite. Traduction concrĂšte :rester plus longtemps sur le marchĂ© du travail et pratiquer le bĂ©nĂ©volat.Cette recommandation permet aussi de rappeler Ă ceux des Ătats qui nelâauraient pas compris quâil convient de prolonger la durĂ©e dâactivitĂ© pro-fessionnelle, institutionnaliser le bĂ©nĂ©volat, le rendre quasi obligatoire.La France nâa pas attendu le dĂ©clic europĂ©en pour rappeler ses retraitĂ©sinfirmiers, mĂ©decins, surveillants de prison, magistrats... et professeurset les remettre au travail tout en continuant Ă supprimer des postes quirĂ©pondraient aux besoins et permettraient lâemploi des jeunes. OĂč est la solidaritĂ© intergĂ©nĂ©rationnelle qui voudrait que les anciens aidentles jeunes et vice versa si câest pour travailler Ă leur place Ă coĂ»t rĂ©duitou nul ? La rĂ©serve judiciaire, qui sâinspire de la rĂ©serve pĂ©nitentiaire crĂ©Ă©edeux ans plus tĂŽt, vient de fixer Ă 75 ans au lieu de 65 lâĂąge maximum
de ses rĂ©servistes. La rĂ©serve sanitaire crĂ©Ă©e en 2007 a lancĂ© mi-mars unegrande campagne de recrutement pour passer de 3 250 membres (Ă©tu-diants, retraitĂ©s, actifs) Ă 10 000. DestinĂ©e Ă anticiper des situations decatastrophes, elle a Ă©tĂ© mobilisĂ©e cet hiver au moment des grands froidspour assurer la prĂ©sence de mĂ©decins auprĂšs des SDF, par exemple.Les retraitĂ©s ont des engagements bĂ©nĂ©voles nombreux, sociaux,familiaux, politiques. Ils ne sont pas prĂȘts pour autant Ă sâinscrire dansun bĂ©nĂ©volat dâĂtat qui compenserait la diminution des moyensorganisĂ©e par la RĂ©vision gĂ©nĂ©rale des politiques publiques (RGPP) !Et pour clore le chapitre, une annonce qui laisse perplexe : le nouveauministre de lâĂducation nationale, Vincent Peillon, Ă©voque la possi-bilitĂ© de solliciter et rĂ©munĂ©rer des retraitĂ©s qui pourraient jouer un rĂŽlede tuteurs auprĂšs des jeunes. â ANNIE EVENO
Le SNES a toujours prĂ©fĂ©rĂ© utiliser le termede perte dâautonomie. Les mandats du congrĂšs de Reims sonttrĂšs clairs sur la question. Il faut dĂ©finir nos exigences : « pour undroit universel Ă compensation de la perte dâautonomie et duhandicap, innĂ© ou acquis, sans condition dâĂąge ; pour un servicepublic pour lâautonomie de toutes les personnes de la naissanceĂ la fin de vie... ».Toutes ces personnes doivent ĂȘtre intĂ©grĂ©es dans la sociĂ©tĂ© ; il fautleur donner les moyens pour quâelles puissent mener une vie indĂ©-pendante : construction de logements adaptĂ©s et intĂ©grĂ©s, crĂ©ation deservices sociaux de toute nature... Ce qui implique des salariĂ©s Ă domi-
cile qualifiĂ©s, rĂ©munĂ©rĂ©s en consĂ©quence et relevant dâun des statutsde la fonction publique. Le SNES avec de nombreuses organisations syndicales de retraitĂ©s adĂ©fini des prioritĂ©s pour les personnes ĂągĂ©es. InterrogĂ©e sur la question,MichĂšle Delaunay nâa donnĂ© que des rĂ©ponses relativement Ă©vasives,« nous allons faire des rĂ©unions de concertations ». LâĂ©tat des lieuxa Ă©tĂ© fait sous le prĂ©cĂ©dent gouvernement qui nâa pas rĂ©alisĂ© la rĂ©formepromise. Les conclusions de tous les dĂ©bats, tables rondes... nâĂ©taientpas Ă la hauteur des exigences des partenaires sociaux. Nous attendonsdu gouvernement des rĂ©ponses rapides et un plan dâurgence sur le pro-blĂšme crucial de la perte dâautonomie. â FRANĂOISE EIDEN
ANNĂE DU VIEILLISSEMENT ACTIF ET DE LA SOLIDARITĂ INTERGĂNĂRATIONNELLE
Vieux dĂšs 50 ans En dĂ©crĂ©tant 2012 annĂ©e europĂ©enne du vieillisse-ment, les dĂ©putĂ©s europĂ©ens ont aussi apportĂ© Ă celles et ceux qui pensaient que le vieillissementcommençait avec la naissance un dĂ©menti : câest lafin de la cinquantaine qui sonne lâheure !
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Le travail, câest la santĂ©, ne rien faire ...
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>Ce qui a changĂ©. Dâabord la place occupĂ©econcrĂštement par les questions qui concernent direc-tement les retraitĂ©s. Ainsi dans le thĂšme III : « Pourdes alternatives Ă©conomiques, sociales et gouverne-mentales », prĂšs de 10 % du texte sont consacrĂ©s auxretraitĂ©s ; il en va de mĂȘme dans le thĂšme IV : « Pourla rĂ©novation du syndicalisme ».Ensuite, et ceci explique en partie cela, le nombreimportant dâinterventions de retraitĂ©s dans les travauxde commissions comme en plĂ©niĂšre.
Un champ syndical Ă©largiMais en partie seulement parce quâune autre hypo-thĂšse me semble pouvoir ĂȘtre avancĂ©e : lâappro-fondissement de nos dĂ©bats sur les questions desociĂ©tĂ© a sans doute des effets positifs sur la priseen compte, par lâensemble du SNES, de sujets quiintĂ©ressent directement les retraitĂ©s : politique derelance Ă©conomique, politiques publiques conçuescomme rĂ©ductrices dâinĂ©galitĂ© et facteurs de progrĂšs
social, fiscalitĂ©, rĂŽle des services publics, finance-ment et niveau de la protection sociale, politique desantĂ©, de logement, droit de mourir dans la dignitĂ©...Tous ces sujets ont Ă©tĂ© traitĂ©s dans le thĂšme III, Ă travers un dĂ©bat, en commission puis en plĂ©niĂšre,qui a dĂ©bouchĂ© sur des analyses et des propositions,parfois un mandat dâĂ©tude. En tout cas, lâĂ©ventaildes sujets Ă©voquĂ©s montre Ă quel point le SNES estaujourdâhui dĂ©cidĂ© Ă investir, au-delĂ du champ dusecond degrĂ©, le champ social, dans toute la com-plexitĂ© et la portĂ©e politique des enjeux actuels.Dans le thĂšme IV : « Pour la rĂ©novation du syndi-calisme », Ă cĂŽtĂ© des sujets traditionnels que sont laconstruction de lâunitĂ© au plan confĂ©dĂ©ral ou larĂ©flexion sur la dĂ©mocratie au sein de la FSU, lecongrĂšs a traitĂ© sous des angles nouveaux la place desretraitĂ©s dans le SNES, la FSU, la FGR-FP. Nousavons prĂ©cisĂ© lâintĂ©rĂȘt et lâimportance de lâengage-ment militant dans la FGR-FP ; nous avons insistĂ© surla nĂ©cessitĂ© de renforcer le rĂŽle des SFR aux niveaux
REIMS 2012
Un congrĂšs pas tout Ă fait comme les autresPlusieurs dizaines de retraitĂ©s Ă©taient prĂ©sents au dernier congrĂšs national du SNES ; ils ont lâimpressiondây avoir tenu une place importante ; ils ont eu le sentiment dâun changement dans lâapproche desquestions liĂ©es aux retraitĂ©s, mais une forte attente demeure.
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Reims 2012 : un moment dâattente
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Jean-Yves : Quâest ce qui vous a le plusmarquĂ© dans ce congrĂšs ?Serge : La jeunesse des participants, leurcapacitĂ© Ă intervenir sans aucun tabou, sanscomplexe. Martine : Pour ma part, jâai Ă©tĂ© Ă©mue par lesinterventions des invitĂ©s Ă©trangers, les Turcs,les Palestiniens, les QuĂ©bĂ©cois, par cette prisede conscience collective que nous sommescitoyens du Monde, que les attaques libĂ©-rales convergent ; mais aussi que nos acquissociaux, en France, nous permettent peut-ĂȘtre de mieux rĂ©sister, font de nous des rĂ©fĂ©-rences, une chance dâouverture et de solida-ritĂ© pour dâautres comme les Portugais ettous ceux qui sont dans des situations extrĂȘ-mement dramatiques.
Jean-Yves : Quels Ă©taient pour vous les vraisenjeux du congrĂšs ?Serge : Jâattendais un dĂ©bat sur les thĂšmes, plus enphase avec les rĂ©ponses politiques Ă apporter Ă la crise.Martine : Jâattendais aussi un positionnement syn-dical plus rigoureux. Il me semble que le dĂ©bat nâapas Ă©tĂ© assez fourni pour prendre en compte lesalternatives que prĂ©sente aujourdâhui une gauchediverse, comme si nous Ă©tions plus attachĂ©s Ă obte-nir rapidement quelques acquis quâĂ ĂȘtre porteurs detransformations sociales.Serge : Il aurait peut-ĂȘtre fallu, dĂšs lâouverture destravaux, introduire la problĂ©matique dâun projet desociĂ©tĂ©. Mais le congrĂšs sâest bien repositionnĂ©avec lâĂ©laboration du plan dâurgence, les proposi-tions du secrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral.Martine : Et lâappel clair Ă battre Sarkozy. â
> 2 AU 6 AVRIL 2012 : LE SNES Ă REIMS
Deux questions Ă deux congressistes Parmi les nombreux retraitĂ©s prĂ©sents dans les dĂ©lĂ©gations acadĂ©miques, Martine Beaulu-Barlier pour lâacadĂ©miede Versailles et Serge Compagnon pour celle dâAmiens. Jean-Yves Barbier a recueilli leurs impressions.
départemental, régional et national ; nousavons amélioré nos propositions pour uninvestissement plus marqué des retraités dansles instances du SNES mais aussi pour unemeilleure offre syndicale en direction desretraités et notamment des néoretraités.
La liaison actifs-retraitĂ©sLâinsistance sur cette notion est une nouveautĂ©indĂ©niable dans nos travaux. ArticulĂ©e autourde questions aussi diverses que le principe dusalaire continuĂ© ou la perte dâautonomie, lapolitique de santĂ© ou le financement de la pro-tection sociale, elle contribue Ă mieux cernerles convergences, voire lâidentitĂ© des intĂ©rĂȘtsdes retraitĂ©s et des actifs ; elle amĂ©liore noscapacitĂ©s de propositions dans la FSU ; ellenourrit nos interventions dans le champ poli-tique, comme lâa montrĂ© dans plusieurs dĂ©par-tements la dĂ©marche unitaire dâinterpellationdes candidats aux lĂ©gislatives.Reste que nous pouvons faire mieux : uncongrĂšs qui ne dure que cinq jours nâest paspleinement rĂ©ussi ! Je veux dire que nosmotions seront dâautant plus complĂštes et prĂ©-cises quâelles auront Ă©tĂ© prĂ©parĂ©es largement enamont, par un travail de rĂ©flexion qui engagedavantage de syndiquĂ©s ; nos dĂ©bats gagneront
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Les retraités se sont fait entendre.
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en clartĂ© et en efficacitĂ© si les enjeux sontexposĂ©s plus tĂŽt, si la rĂ©flexion thĂ©orique irrigueplus souvent les rĂ©unions de nos diffĂ©rentes ins-tances, si la discussion en plĂ©niĂšre prend toujoursle pas sur la confrontation. Mais ceci est uneautre histoire ! â JEAN-YVES BARBIER
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Les dĂ©lĂ©guĂ©s ont consciencieusementparticipĂ© aux dĂ©bats. Et pourtant, que la ville estbelle sous le soleil, avec ses chefs dâĆuvre architec-turaux chargĂ©s dâhistoire, dĂ©couverts dĂšs le premier soirgrĂące Ă lâapĂ©ritif offert par le maire. Lâorganisation Ă©taitparfaite, la convivialitĂ© de mise, jusquâau repas defin de congrĂšs animĂ© par un groupe local qui nous arĂ©galĂ© de chansons du temps de notre jeunesse. Et lesĂ©nateur Courteau, qui fut Ă lâinitiative de deux lois surle droit des femmes, a captivĂ© son auditoire qui lui aensuite posĂ© de nombreuses questions.Le rapport dâactivitĂ©, comme le rapport financier, a Ă©tĂ©adoptĂ© Ă lâunanimitĂ©, et les intervenants ont exprimĂ©leur satisfaction dâavoir vu la FGR-FP appeler Ă par-ticiper Ă toutes les luttes, mais aussi leur espoir quâaprĂšsdes annĂ©es de dĂ©molition une nouvelle majoritĂ© prennemieux en compte nos aspirations et nos revendications,en sachant quâil y aura des rĂ©sistances.Dans les commissions comme en sĂ©ance plĂ©niĂšreles Ă©changes furent souvent sereins, parfois vifs,notamment sur la protection sociale. Les questions endĂ©bat seront Ă©tudiĂ©es. La motion revendicative etles deux rĂ©solutions finales ont Ă©tĂ© adoptĂ©es Ă une trĂšsforte majoritĂ©. Tous ces textes seront publiĂ©s dans leprochain Courrier du RetraitĂ©.
Les dĂ©lĂ©guĂ©s des syndicats de la FSU se sont largementexprimĂ©s, et sur certains sujets ils Ă©taient bien lesseuls ; ainsi la crĂ©ation dâun groupe de travail sur laplace des retraitĂ©s dans la sociĂ©tĂ© nâa Ă©tĂ© saluĂ©e que parle SNES et le SNUipp.Le vote par mandats pour lâĂ©lection des 16 dĂ©lĂ©guĂ©s quisiĂšgent Ă la CE nationale, avec les dĂ©lĂ©guĂ©s rĂ©gionauxet les reprĂ©sentants des syndicats les plus importants ennombre, a suscitĂ© un dĂ©bat. La direction sortante vou-lait que soit Ă©lu un groupe reprĂ©sentatif des adhĂ©rents :7 FSU, 7 UNSA, 1 FO et 1 SNUI, volontĂ© partagĂ©e parles syndicats de la FSU. Or deux candidatures dâadhĂ©-rentes directes, donc ne reprĂ©sentant quâelles-mĂȘmes, sesont ajoutĂ©es, obligeant les congressistes Ă rayer deuxnoms donc Ă choisir de respecter ou non lâĂ©quilibre dĂ©finiplus haut. La secrĂ©taire gĂ©nĂ©rale a clairement appelĂ© Ă rayer les noms des deux adhĂ©rentes directes, ce quâontfait les dĂ©lĂ©guĂ©s appartenant aux syndicats de la FSU,qui ont par ailleurs votĂ© pour tous les autres candidats.La CE issue des votes sur les bases dĂ©finies plus hauta dĂ©signĂ© le bureau : 2 FSU, 2 UNSA, 1 SNUI.La FGR-FP sort de ce congrĂšs renforcĂ©e ; le souci delâunitĂ© favorisera lâimportant travail de rĂ©flexion nĂ©ces-saire Ă la reconstruction de notre sociĂ©tĂ©. â
BĂNĂDICTE VRAIN
CONGRĂS 2012 DE LA FGR
En revenant de NarbonneLe congrĂšs de la FGR-FP sâest tenu Ă Narbonne du 12 au 14 juin. Des retraitĂ©s du SNES y Ă©taient pour reprĂ©senter leur syndicat ou leur section dĂ©partementale.
Narbonne, villechargĂ©e dâhistoire et haut lieu de convivialitĂ©
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Ă la FGR, BĂ©nĂ©dicte Vrain, prĂ©sentĂ©e par leSNES, a Ă©tĂ© Ă©lue Ă la Commission ExĂ©cutivenationale ; la CE a adoptĂ© Ă lâunanimitĂ© lacomposition du bureau prĂ©sentĂ© par la secrĂ©-taire gĂ©nĂ©rale Annick Merlen. Dans ce bureau,BĂ©nĂ©dicte est plus particuliĂšrement chargĂ©e dela protection sociale, responsabilitĂ© quâassuraitavec la plus grande rigueur Jacqueline Pasquierdepuis huit ans et qui souhaitait passer la main.Annie Eveno-Clavel continuera Ă reprĂ©senter leSNES Ă la CE de la FGR.Au SNES, une nouvelle Ă©quipe de secrĂ©taires decatĂ©gorie vient dâĂȘtre Ă©lue : J.-P. Beauquier etBĂ©nĂ©dicte Vrain sont remplacĂ©s par MarylĂšneCahouet et Jean-Yves Barbier.Un grand merci aux partants pour leur travail, etaux « nouveaux », plein de courage pour menerlâaction. â GĂRARD NIOT
LES ĂQUIPES SE RENOUVELLENT
Passages de témoinAprÚs le congrÚs du SNES à Reims et celui de la FGR à Narbonne, lesnouvelles équipes se mettent en place, pour ce qui concerne les militantsretraités du SNES.
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Tu nâen es pas Ă ton premier congrĂšs ; quâest-cequi tâa paru essentiel dans celui de Narbonne ?Sans hĂ©siter, la montĂ©e de la cohĂ©sion entre lescongressistes. Cela sâest manifestĂ© par le vote Ă laquasi-unanimitĂ© de la motion revendicative etdes autres textes, et par lâĂ©lection Ă la CE natio-nale de 16 dĂ©lĂ©guĂ©s respectant lâĂ©quilibre descomposantes syndicales de la fĂ©dĂ©ration et garantsdu caractĂšre syndical pour lequel les adhĂ©rents sesont prononcĂ©s lors du dĂ©bat sur lâavenir.
Cependant des avis diffĂ©rents se sontexprimĂ©s ?Câest normal dans un congrĂšs, et câest un appel Ă lâapprofondissement de notre rĂ©flexion Ă venir.Ainsi par exemple sur la prĂ©sence ou non et sous
quelle forme dâadhĂ©rents directs comme dĂ©lĂ©-guĂ©s nationaux Ă la CE, ou bien sur les moyensdâassurer lâaccĂšs de tous Ă des soins de qualitĂ©, surle financement de la protection sociale, ou encorele rĂŽle des services publics dans la prise en chargedes personnes en perte dâautonomie.
Le prochain congrĂšs aura lieu dans ton dĂ©par-tement. ApprĂ©hendes-tu cette nouvelle respon-sabilitĂ© ?Pas du tout. De congrĂšs en congrĂšs lâinvestissementdes sections dĂ©partementales organisatrices prouveson efficacitĂ©. Et comme je suis aussi impliquĂ©edans la prĂ©paration du congrĂšs de la FSU qui setiendra au mĂȘme endroit lâannĂ©e prochaine,jâaurai eu lâoccasion de me faire la main. â
CONGRĂS DE NARBONNE
Trois questions Ă HĂ©lĂšne Pougnant RetraitĂ©e du SNETAP-FSUSecrĂ©taire de la section FGR-FP de la Vienne, HĂ©lĂšne Pougnant vient dâĂȘtre Ă©lue Ă la CE nationale. Elle Ă©tait au congrĂšs de Narbonne ; elle a rĂ©ponduaux questions de BĂ©nĂ©dicte Vrain.
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FINANCEMENTDE LA PERTE
DâAUTONOMIEInquiĂ©tante position
de la MGENLa MGEN a Ă©ditĂ© son livreblanc sur la protection so-ciale, qui prĂ©sente la syn-thĂšse et les principales pro-positions de cette mutuellesur le systĂšme de santĂ©, sonfinancement et les Ă©volutionsnĂ©cessaires.Nous pouvons sans rĂ©serveadhĂ©rer Ă quatre des cinqmesures clĂ©s pour passerdâun systĂšme de soins Ă unsystĂšme de santĂ© : la rĂ©vi-sion tarifaire des praticiens li-bĂ©raux, lâaccessibilitĂ© dusystĂšme de soins sur tout leterritoire, le renforcement dela prĂ©vention et la restructu-ration du tissu hospitalierfrançais permettant de re-donner Ă lâhĂŽpital public uneplace centrale dans le par-cours de soins.En revanche, nous dĂ©sap-prouvons les rĂ©ponses don-nĂ©es Ă la prise en chargepour la dĂ©pendance, laMGEN considĂšre en effetque la prise en charge durisque de dĂ©pendance doitrelever dâune cinquiĂšmebranche de la SĂ©curitĂ© so-ciale. Dâautre part elle rĂ©af-firme la nĂ©cessitĂ© dâunecomplĂ©mentaritĂ© des finan-cements avec une optionsupplĂ©mentaire facultativepour cette prise en chargede la dĂ©pendance. Si nous sommes dâaccordpour rĂ©flĂ©chir Ă un finance-ment global de notre protec-tion sociale, nous rĂ©affirmonsque « la perte dâautono-mie » comprend un volet ma-ladie qui doit ĂȘtre pris encompte par le risque maladiede la SĂ©curitĂ© sociale et unvolet de service Ă la person-ne qui doit pris en charge parles services sociaux.
FRANĂOISE EIDEN
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Jacqueline Pasquier lors du congrĂšs de Narbonne.
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DOSSIER
Moins dâun mois aprĂšs lâarrivĂ©e du FrontPopulaire au gouvernement, dans la nuit du 7 au 8 juin,1936 sont signĂ©s les accords de Matignon entre le prĂ©sidentdu Conseil, LĂ©on Blum, le patronat et la CGT : outre la gĂ©nĂ©-ralisation des conventions collectives et la crĂ©ation desdĂ©lĂ©guĂ©s du personnel ils prĂ©voyaient une augmentation desalaire de 12 %, la semaine de 40 heures et lâoctroi dequinze jours de congĂ©s payĂ©s.Ces congĂ©s payĂ©s, comme les quarante heures nâĂ©taient pasdans le programme du Front Populaire... Câest la grĂšve gĂ©nĂ©-rale « des grĂšves joyeuses » Ă©crit DaniĂšle Tartakovsky(1), quiĂ©clata au lendemain du second tour des Ă©lections, avant laconstitution mĂȘme du gouvernement, qui accĂ©lĂ©ra la prise de
UNE CONQUĂTE SOCIALE EMBLĂMATIQUE
Des congĂ©s payĂ©s pPour beaucoup, le Front Populaire câest lâimage desdans les annĂ©es qui prĂ©cĂ©dĂšrent la victoire de la gane fut guĂšre posĂ©e : lâobjectif premier en cette pĂ©rio
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UNE REVENDICATION OUBLIĂE
« Le droit à la paresse »La réduction du temps
de travail, le droit au repos,
aux congés payés, à la retraite
sont des revendications
portĂ©es dĂšs lâorigine par
la classe ouvriĂšre. Chaque
pĂ©riode dâavancĂ©es sociales
a été marquée par des
progrĂšs dans ces domaines ;
en 2012 va-t-on en rester
au « travailler plus »...
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Dossier réalisé par MarylÚne Cahouet, Annie Clavel-Eveno et Jean-Pierre Billot
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DOSSIER
dĂ©cisions ; elles allĂšrent plus loin que prĂ©vu ! LescongĂ©s payĂ©s existaient dĂ©jĂ pour les fonctionnaires,pour des employĂ©s et ouvriers de certaines corpora-tions. Leur gĂ©nĂ©ralisation, leur inscription dans la loiarrivĂšrent avec le nouveau gouvernement.Avant les accords de Grenelle, une minoritĂ© de sala-riĂ©s bĂ©nĂ©ficiaient de repos payĂ©s, lĂ oĂč les syndicatsĂ©taient organisĂ©s. AprĂšs, câest lâensemble des salariĂ©sfrançais qui bĂ©nĂ©ficient dâau moins quinze joursouvrables de congĂ©s payĂ©s. Il fallut attendre la LibĂ©-ration pour entendre la revendication de la troisiĂšmesemaine de congĂ©s payĂ©s accordĂ©e par la rĂ©gie Renaulten 1955 et Ă©tendue Ă tous en 1956, une quatriĂšme fut
octroyĂ©e en 1962 et câest seulement en 1981, avec leretour de la gauche au pouvoir que fut instaurĂ©e unecinquiĂšme semaine de congĂ©s.
Profiter du temps libéréDÚs juillet 1936 les 600 000 premiers travailleurspartent en vacances, bénéficiant pour certains dubillet de chemin de fer à 40 % de réduction créédébut août, le « ticket Léo Lagrange » ; des réduc-tions furent négociées pour accéder aux héberge-ments, développer le camping.
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pour tous s départs en vacances en bandes joyeuses, des premiers bains de mer ; et pourtantauche en 1936, la question des congés payés et de la réduction de la durée du travailode de crise était de préserver les conditions de travail et de lutter contre le fascisme.
Comme en 1936 : un acquis des luttesdu Front Populaire
AVANTLE FRONT
POPULAIRE Bien avant que les congĂ©spayĂ©s soient un droit acquispour les travailleurs français,ils lâĂ©taient dans dâautrespays, en Allemagne, en Nor-vĂšge, en Pologne. En Franceentre 1919 et 1935 la ques-tion des congĂ©s payĂ©s futposĂ©e au cours de 79 grĂšves.Mais Ă partir au dĂ©but desannĂ©es 30 cet objectif sem-blait avoir disparu. âą 1853 : les fonctionnairesâ par dĂ©cret impĂ©rial âobtiennent de sâabsenterquinze jours par an sanssubir de retenue de salaire âą 1900 : les employĂ©s dumĂ©tro bĂ©nĂ©ficient de dix joursde repos payĂ© par an.âą 1905 : les ouvriers de lacompagnie dâĂ©lectricitĂ© de dixjours, puis douze en 1907.âą 1906 : ceux des usinesĂ gaz, dix jours.âą 1907 : les mineurs revendi-quent des congĂ©s payĂ©s.âą 1920 : 15 000 ouvriĂšres de lacouture parisienne ont entresix et douze jours de congĂ©s.âą 1921 : les correcteurs(industrie du livre) obtiennentsix jours.âą 1926 : le congrĂšs de la CGTrevendique le droit Ă descongĂ©s payĂ©s.âą 1926 : les ouvriers des cuirset peaux obtiennent entre sixet douze jours. âą 1928 : 2 000 ouvriers (surun effectif de 12 000) desindustries des mĂ©taux (bijoux)obtiennent quinze jours, puisvingt-et-un.âą 1929 : un accord patronat-organisations ouvriĂšres (in-dustrie du livre) Ă©tend les sixjours aux ouvriers des grandsjournaux.âą 1929 : accords de Grenelle.Suite page 14 ïżœïżœ
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En 1981, comment est nĂ©e â dans lâesprit de FrançoisMitterrand â lâidĂ©e de « ministĂšre du Temps libre » ?Savoir comment fonctionnait lâesprit de François Mit-terrand relĂšve dâune mission impossible ; en rĂ©alitĂ©,lâidĂ©e du « temps libre » venait de Pierre Mauroy,prĂ©sident de la FĂ©dĂ©ration LĂ©o-Lagrange, qui avaitlancĂ© le projet dâune « confĂ©dĂ©ration du temps libre »,regroupant toutes les organisations touchant de prĂšsaux loisirs. François Mitterrand, lorsquâil me fit veniraprĂšs le 10 mai 1981, Ă©voqua en effet LĂ©o Lagrange,pour souhaiter quâun prolongement symbolique fĂ»t faitavec lâĆuvre du crĂ©ateur des premiers congĂ©s payĂ©s.Il sâagissait surtout de donner un sens au temps libĂ©rĂ©par la perspective des 35 heures, en liaison avec lesmunicipalitĂ©s, conseils gĂ©nĂ©raux, rĂ©gionaux et prin-cipalement avec le mouvement associatif. Le pro-gramme de F. Mitterrand comprenait le droit Ă laretraite Ă 60 ans, la cinquiĂšme semaine de congĂ©spayĂ©s et surtout les 35 heures. Les deux premierspoints furent vite dĂ©cidĂ©s mais la conjoncture Ă©cono-mique bloqua le troisiĂšme Ă 39 heures. De ce fait lepilier essentiel du ministĂšre du Temps libre (MTL) ne
pouvant ĂȘtre acquis, ce ministĂšre original qui regrou-pait aussi la Jeunesse, les Sports et le Tourisme, sâar-rĂȘta en avril 1983.
Quelles ont Ă©tĂ© les actions marquantesde ce ministĂšre ?On peut synthĂ©tiser lâaction du MTL en six points :âą refonte des diplĂŽmes qualifiants pour lâencadrementdes activitĂ©s de vacances et de loisirs ;âą dĂ©mocratisation des loisirs de neige, par la dissocia-tion de la cinquiĂšme semaine de congĂ©s ;âą rĂ©habilitation de lâĂducation populaire, thĂšme oubliĂ©depuis trente ans et qui revient heureusement aujour-dâhui dans lâintitulĂ© du ministĂšre Jeunesse ct Sportsactuel ;âą Ă©talement des vacances par lâincitation Ă la non-fer-meture des entreprises en aoĂ»t... ;âą crĂ©ation du Conseil national de la vie associativeâ toujours en place â pour financer la formation dansles associations ;âą crĂ©ation du chĂšque-vacances par le systĂšme dâĂ©pargnepopulaire bonifiĂ©e. Cette rĂ©alisation est une rĂ©ussite
INTERVIEW DâANDRĂ HENRY, ANCIEN MINISTRE
Le Temps libre, un ministĂšre Ă©phĂ©mĂšre En 1981, AndrĂ© Henry Ă©tait le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la FĂ©dĂ©ration de lâĂducation nationale qui comptaitalors 350 000 syndiquĂ©s ; le SNES Ă©tait le deuxiĂšme syndicat de la fĂ©dĂ©ration en nombre dâadhĂ©rents.Elle Ă©tait trĂšs proche des associations et mouvements de jeunesse, de loisirs, de vacances et dâĂ©ducationpopulaire dâobĂ©dience laĂŻque. Câest ainsi quâun instituteur vosgien se vit confier un ministĂšre de pleinexercice ; il nâavait pas eu de prĂ©dĂ©cesseur ; il nâeut pas de successeur. Son ministĂšre nâa pas survĂ©cu Ă la politique dâaustĂ©ritĂ© mise en place en 1983. AndrĂ© Henry a rĂ©pondu aux questions dâAnnie Clavel-Eveno.
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Le Front Populaire fit de lâac-quis des congĂ©s payĂ©s autre chose quâun « temps denon-travail » en Ă©laborant une vĂ©ritable politiqueculturelle du temps libĂ©rĂ©, offrant aux salariĂ©s,outre des moyens dâaccĂšs Ă©conomiques Ă des acti-vitĂ©s, la possibilitĂ© de sâenrichir, de construire unevie sociale hors entreprise.
« Le ministĂšre de la Paresse »Câest ainsi quâont Ă©tĂ© crĂ©Ă©es et subventionnĂ©es â souslâĂ©gide de LĂ©o Lagrange, sous-secrĂ©taire dâĂtat auxSports et Ă lâOrganisation des loisirs, un ministĂšrenouveau â de nombreuses associations et structuresĂ vocation sportives, culturelles, touristiques, Ă lâop-posĂ© dâun ministĂšre de la Paresse comme le dĂ©si-gnaient les forces de droite.
Câest de 1936 que date le dĂ©veloppement de la FSGT(la FĂ©dĂ©ration sportive, gymnique du travail), desauberges de jeunesse, des gĂźtes ruraux, des futures« maisons de la culture », des clubs de cinĂ©ma.Lâexposition internationale des arts et techniques de1937, programmĂ©e avant 1936, offrit lâoccasion deconstruire, rĂ©nover de nombreux musĂ©es, le MusĂ©ede lâHomme en particulier.Le ministre de lâĂ©ducation nationale, Jean Zay, pritsa part en demandant Ă Charles Dullin un rapport surce que la France devait faire en matiĂšre de thĂ©Ăątre.Le programme du Front Populaire ne lâavait pasprĂ©vu, et si lâHistoire se rĂ©pĂ©tait ! â
(1) LâAvenir nous appartient : une histoire du Front Populaire, deDaniĂšle Tartakovsky et Michel Margairaz (Ă©ditions Larousse, 2006).
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1982 : création des chÚquesvacances par le ministÚredu Temps libre
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DOSSIER
exemplaire au bĂ©nĂ©fice des familles Ă revenus modestes.La droite a tentĂ© Ă trois reprises de privatiser le chĂšque-vacances, sans succĂšs. LâAgence nationale, crĂ©Ă©e enseptembre 1981 pour le gĂ©rer, compte aujourdâhui175 000 prestataires de services, pour plus de 5 millionsde bĂ©nĂ©ficiaires.
Il nây a plus de ministĂšre du Temps libre depuis plus de trente ans...Ce ministĂšre est sans doute venu trop tĂŽt car il
nâavait plus de sens dĂšs lors que lâon ne faisait pasles 35 heures. Quand Lionel Jospin et MartineAubry les ont imposĂ©es en 1998, ils nây ont paspensĂ© ! Leur rĂ©forme aurait eu plus de force etdâenvergure si le temps libre avait fait lâobjet dâunepolitique incitative.Aujourdâhui le ministĂšre de V. Fourneyron a en chargelâĂducation populaire. Câest un levier pour revenirvers les associations et les aider Ă donner sens autemps libre. On peut du moins lâespĂ©rer. â
UN DROIT TRĂS CONTROVERSĂ
Le droit Ă la paresse Pour le gendre de Marx : « les socialistesrĂ©volutionnaires ont Ă monter Ă lâassaut de la moraleet des thĂ©ories sociales du capitalisme ; ils ontĂ dĂ©molir dans les tĂȘtes de la classe appelĂ©eĂ lâaction, les prĂ©jugĂ©s semĂ©s par la classerĂ©gnante ». Il a explicitĂ© dans un texte cĂ©lĂšbreles principes quâil professait.
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Câest depuis Sainte-PĂ©lagie, Ă Paris, oĂč il est empri-sonnĂ© en 1882 pour propagande rĂ©volutionnaire que Paul Lafarguefait rĂ©Ă©diter son ouvrage provocateur : Le Droit Ă la Paresse(1).Il a quarante ans, il est riche dâune vie militante exceptionnelle :Ă©tudiant en mĂ©decine Ă Paris, lecteur de Proudhon, Blanqui, Fou-rier, il avait Ă©tĂ© exclu Ă vie de lâUniversitĂ© parisienne en 1865 pouravoir attaquĂ© lâordre social et profanĂ© le drapeau tricolore auquelil disait prĂ©fĂ©rer le drapeau rouge.Sa rencontre, en Angleterre, avec Marx dont il Ă©pousa la fille,orienta le reste de sa vie.Membre de lâInternationale des travailleurs on le retrouve en1871 Ă Paris dâoĂč chassĂ© par Thiers il dut fuir vers lâEspagne, puisLisbonne, puis Londres Ă nouveau oĂč il devint lâassistant deKarl Marx avant de revenir Ă Paris oĂč il fonda lâInternationaleouvriĂšre sous lâinfluence de Engels, avec Guesdes.« Il Ă©tait convaincu, dira JaurĂšs, que par lâorganisation du travail,grĂące au progrĂšs de la science appliquĂ© au travail, la surabon-dance des produits permettrait dâeffacer la limite des Ă©goĂŻsmesmisĂ©rables et que tous les hommes pourraient alors jouir ensemblede tous les bienfaits de la nature en les dominant. »Le Droit Ă la paresse, opposĂ© au Droit au travail, suscita bien descontroverses, pour les tenants mĂȘme de la lutte des classes ! SoncĂŽtĂ© provocateur nâa pas fini dâĂ©tonner le lecteur.PersuadĂ© de lâimportance du dĂ©veloppement de la productionquâapportait le machinisme, il opposait le risque le risque desurproduction Ă lâesclavage de la classe ouvriĂšre et des enfants etil Ă©tait rĂ©voltĂ© de constater que le temps de travail et les salaires
de misĂšre ne permettaient pas de vivre ; il invitait le prolĂ©tariatà « quâil se contraigne Ă ne travailler que trois heures parjour... ». Donner du sens Ă une rĂ©duction du travail doit sâac-compagner dâune augmentation des salaires dans le mĂȘme tempsprofessait-il encore, « afin de pouvoir consommer aussi les mar-chandises quâils produisent ». Tout un programme. â
(1) Le droit à la paresse, Paul Lafargue, 1880 et 1883, rééditions,François Maspero éditeur, Paris, 1969, Altiplano éditeurs, Paris 2007.
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DOSSIER
TROIS QUESTIONS Ă ĂVELYNE VENDRAME
Carpe diemProfesseur de Lettres classiques retraitĂ©e, Ăvelyne VendrameconnaĂźt la valeur de lâotium â pas lâoisivetĂ© mais lâactivitĂ© librementchoisie â et applique le conseil du poĂšte Horace « carpe diem »,jouir du moment prĂ©sent. Elle sâest confiĂ©e Ă Françoise Eiden.
>Tâes-tu prĂ©parĂ©e Ă ta retraite ?Non pas du tout. En revanche, je pouvais et voulais par-tir Ă 60 ans bien que le montant de ma retraite soit de67 % de mon traitement dâactive. Je nâai pas pensĂ© Ă ce que je ferais de ma retraite. Jâai passĂ© ma vie pro-fessionnelle Ă courir aprĂšs le temps, rythme dĂ©lirant descours Ă prĂ©parer, des changements incessants de pro-grammes, des copies, des rĂ©unions qui se multipliaientde plus en plus au fur et Ă mesure des annĂ©es. La seulechose que jâavais prĂ©parĂ©e Ă©tait le passage de tĂ©moinde mon activitĂ© syndicale. Quand le 1er septembre2011 est arrivĂ©, jâai fait un grand ouf, jâavais lâim-pression de descendre dâun TGV et de me retrouver surle quai. Changement de rythme brutal.
Comment sâest passĂ©e cette premiĂšre annĂ©e de retraite ?Jâai dĂ©couvert que jâĂ©tais maĂźtre de mon temps. Jepouvais le consacrer Ă des loisirs choisis auxquelsjâavais renoncĂ© pendant longtemps. Je suis devenue plusdisponible pour ma famille, mes amis. Jâai pu faire delongues promenades dans les bois pour herboriser ; mapassion pour les fleurs et mon jardin pouvait sâassou-vir sans remords, jâai passĂ© des heures Ă chiner dans desbrocantes Ă la recherche dâobjets coup de cĆur. Etsurtout jâai dĂ©couvert la lenteur du temps, lâoisivetĂ© ausens culturel du terme, jâai dĂ©vorĂ© une centaine delivres choisis au hasard de flĂąneries dans les librairiesou de conseils dâamis... et dans dix ans jâaurai, peut-ĂȘtre,
LES SENIORS : TOUJOURS EN VACANCESVOILĂ LâIMAGE COMPLAISAMMENT VĂHICULĂE
Un million de retraitĂ©s vivent sous le seuilde pauvretĂ©, selon les donnĂ©es de lâINSEE ;les associations caritatives constatent surle terrain une prĂ©sence significative despersonnes ĂągĂ©es dans les lieux dâaccueil,et parmi les demandeurs dâaides...Lâusure du mĂ©tier est aussi un fait et lâĂągede dĂ©part Ă la retraite toujours plus tardifprive donc des milliers de personnes deleurs meilleures annĂ©es de vie aprĂšs
60 ans. Alors, du temps libre, mais pourquoi faire quand tout semble se dĂ©rober ?Certains retraitĂ©s souffrent aussi de lâisole-ment et affirment ne pas assez recevoir desoutien social. Les voyagistes et autresmarchands de loisirs ont bien compris cetenjeu et font donc des retraitĂ©s une de leurcible privilĂ©giĂ©e, leur proposant voyagesorganisĂ©s lointains ou de proximitĂ©, croi-siĂšres « de rĂȘve » et sĂ©jours idylliques.
Les rĂ©sultats ne sont pas Ă hauteur deleurs espĂ©rances : comme chez les actifs,un retraitĂ© de moins de 70 ans sur deux nepart jamais en vacances ; aprĂšs la pro-portion passe rapidement Ă deux sur trois.Seules diffĂ©rences : des sĂ©jours un peuplus longs et pour une part notable (40 %)pris en dehors des vacances scolaires.DâoĂč peut-ĂȘtre le dĂ©calage entre lâimageet la rĂ©alitĂ©.
MMix, peinture originale Ă Saint-Paul de Vence
enfin acquis la culture pour enseigner correctement lalittĂ©rature... je plaisante Ă peine ! Cette annĂ©e a Ă©tĂ©aussi lâannĂ©e dâun grand nettoyage dans ma tĂȘte. Jâaifait le point sur ma vie, sur les choix que jâavais fait surles plans personnel et professionnel. Jâai pris du recul,je voulais absolument savoir ce que je ferais de ma vielibĂ©rĂ©e des contraintes professionnelles.
Comment penses-tu continuer cette nouvelle vie ?Depuis longtemps mon mari et moi avions rĂ©flĂ©chi Ă uncertain style de vie quand nous serions tous les deux enretraite, nous avions le projet dâaller dâune vie Ă uneautre, de quitter la ville pour les lieux de nos racines, leMorvan et la Toscane, pour sâouvrir Ă dâautres rythmeset pour sâenrichir de nouvelles expĂ©riences. Nous rĂ©a-liserons ce rĂȘve. Le recul que jâai pris mâa permis desavoir que je reprendrais des activitĂ©s militantes dans desassociations qui me tiennent Ă cĆur. Pour moi deux pro-blĂšmes urgents Ă rĂ©soudre, la sauvegarde de lâeau danstous les pays et celui de la Palestine. â
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DOSSIER
POUR NE PAS CONCLURE
« Câest pour parvenir au reposque chacun travaille »Jean-Jacques Rousseau lâavait dĂ©jĂ Ă©critLe repos pour le philosophe du XVIIIe, câest lâactivitĂ© libre, possibilitĂ© quâon est en droit dâattendre de congĂ©s ou dâune retraite bien mĂ©ritĂ©s, Ă condition dâen avoir les moyens.
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J.-J. Rousseau lâavait Ă©crit ; N. Sarkozyne lâa pas repris ; notre ancien PrĂ©sident a une toutautre philosophie : « Travailler plus » disait-il, enajoutant pour faire passer le message « pour gagnerplus ». DerriĂšre ce slogan, tout le monde a vitecompris, « travailler plus pour gagner moins ».Effectivement, si la productivitĂ© horaire du salariĂ©français est une des plus Ă©levĂ©e dâEurope, le salairenâa pas suivi et le pouvoir dâachat a diminuĂ©, fautedâun partage Ă©quitable des gains de productivitĂ©entre les salariĂ©s et les actionnaires.« Travailler plus » ? Mais alors quand trouver letemps pour soi ? « Ă quels jeux employer si tarddans la journĂ©e la vacance insolite des mains, lalibertĂ© provisoire, de la promenade des prison-niers »(1). Les hommes ne sâĂ©panouissent pas quedans le travail surtout quand ce dernier est subi,asservissant, mutilant et quâil annihile les rĂȘves,les espoirs : il faut une autre dimension pour ĂȘtre unhomme et « les hommes ne sont pas des crabes :leurs parties amputĂ©es ne repoussent pas toutesseules »(1).« Pour gagner moins » ? De 2000 Ă 2010, les inĂ©ga-litĂ©s ont explosĂ© ; lâĂ©cart entre revenu du travail etrevenu du capital sâest encore accru : 10 % desretraitĂ©s, 13,5 % des actifs vivent sous le seuil depauvretĂ© et les statisticiens ont Ă©tĂ© obligĂ©s de consi-dĂ©rer une nouvelle catĂ©gorie de salariĂ©s : les tra-vailleurs pauvres.Comment envisager des vacances, financer des loi-sirs quand lâessentiel est si difficile Ă garantir,quand le temps manque et la fatigue telle, quâelleanesthĂ©sie le dĂ©sir ? La lutte pour le droit au repos,aux loisirs est insĂ©parable dâune lutte pour un droitau « vrai travail, sain, fĂ©cond et gĂ©nĂ©reux. Quirend le peuple libre et rend lâhomme heureux ? »comme lâĂ©crivait V. Hugo(2).Le virage vers une politique dâaustĂ©ritĂ© en 1983 aemportĂ© « le temps libre », les 35 heures ont Ă©tĂ©mises Ă mal par les gouvernements qui viennent desĂ©vir, et le droit Ă la retraite a considĂ©rablement
reculĂ© dans ces vingt derniĂšres annĂ©es. Le droit dutravail est sans cesse remis en cause et le chĂŽmagegangrĂšne les sociĂ©tĂ©s europĂ©ennes. Mais les 40 heures, les congĂ©s payĂ©s, le droit auxloisirs, Ă la culture nâĂ©taient dans le programmedu front populaire, et pourtant... â
(1) Aden dâArabie, de Paul Nizan (1931), rĂ©Ă©ditionMaspero, 1960, prĂ©face de Jean-Paul Sartre(2) OĂč vont tous ces enfants ? Melancholia, Les Contem-plations, 1856, Victor Hugo
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INFOSPRATIQUES
> >Dans cette rubrique, Robert Jacquin est prĂȘt Ă vous rĂ©pondre ; envoyez vos questions Ă LâUS-RetraitĂ©s, 46, avenue dâIvry, 75647 Paris Cedex 13 ou par mail Ă [email protected]
SIGLES ET DĂFINITIONSâŠ
Ă lâheure de ladĂ©claration dâimpĂŽtĂ propos de la CSG (Contributionsociale gĂ©nĂ©ralisĂ©e) : elle a Ă©tĂ© mise en placeen 1991, câest un prĂ©lĂšvement Ă la source individuel etproportionnel qui a une assiette plus large que lâimpĂŽtsur le revenu, elle comporte un seul taux par type derevenus. Son taux a Ă©tĂ© portĂ© progressivement Ă 7,5 %pour les revenus dâactivitĂ©. Il est de 6,6 % pour les reve-nus de remplacement (retraites) et de 8,2 % pour lesrevenus des placements. La CSG appliquĂ©e aux reve-nus dâactivitĂ© et de remplacement est soumise auxrĂšgles des cotisations de SĂ©curitĂ© sociale alors que laCSG qui pĂšse sur les revenus du patrimoine relĂšve desdispositions du code gĂ©nĂ©ral des impĂŽts.La CSG est donc une cotisation qui fonctionne commeun impĂŽt affectĂ© exclusivement Ă la SĂ©curitĂ© sociale etĂ ses fonds de financement.Le revenu brut est celui qui est comptabilisĂ©par lâorganisme payeur. Une partie de ce revenu estamputĂ©e par les prĂ©lĂšvements opĂ©rĂ©s Ă la source par lesorganismes sociaux et fiscaux. Le revenu perçu correspond au revenu brutdĂ©duction faite de ces prĂ©lĂšvements.Le revenu dĂ©clarĂ© sur la feuille dâimpĂŽt est Ă©galau revenu perçu majorĂ© de la CSG non dĂ©ductible(2,4 %). Ce revenu dĂ©clarĂ© est ensuite minorĂ© par lesabattements, frais financiers ou dĂ©ductions.Le revenu imposable est obtenu en dĂ©duisantdu revenu dĂ©clarĂ© (revenu brut global) certainescharges (pension alimentaire versĂ©e par exemple).
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Portail de la consommation Ă©ditĂ© par lâInstitut national de la consommation :www.conso.net
Achat sur InternetAvec une carte de crédit et une connexionInternet tous les achats semblent possiblessans quitter son domicile ; objets, livres, services, locations pour les vacances... Quelques conseils simples.
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LOISIRSCULTURE
Haut lieu de lâutopie, reflet de lâespritdes LumiĂšres, la Saline royale dâArc-et-Senans, fidĂšle Ă lâesprit de sonc o n c e p t e u rN. Ledoux, cĂ©lĂšbrele tricentenaire deJ.-J. Rousseau. Unjeu interactif pro-posĂ© aux visiteurset aux habitants des villages voisinspermet dâapprendre Ă connaĂźtremieux le citoyen-philosophe, lâĂ©cri-vain ; le musicien et le botaniste nesont pas oubliĂ©s : de dĂ©but juin Ă finoctobre, « Les amitiĂ©s vĂ©gĂ©tales » seproposent dâĂ©voquer dans les jar-dins de la Saline, en dix crĂ©ationsvĂ©gĂ©tales, les dix RĂȘveries dâun pro-meneur solitaire. Un dispositif sonoreet musical conçu par le composi-teur Jacopo Baboni Schilingi, ins-tallĂ© parmi les vĂ©gĂ©taux et les plansdâeau, ponctue le parcours et vientjudicieusement rappeler lâintĂ©rĂȘt delâauteur du Contrat social pour lamusique.La passion de Rousseau pour labotanique est nĂ©e lors de son exil Ă MĂŽtiers, en territoire neuchĂątelois.LâUniversitĂ© de NeuchĂątel en colla-boration avec celle de Besançon adĂ©cidĂ© de faire revivre, au cours delâĂ©tĂ© 2012, les liens unissant Rous-seau Ă la nature dans des exposi-tions « sur les pas de Rousseau »au MusĂ©um dâhistoire naturelle etau jardin botanique de NeuchĂątel.
J.-P. Billot
Arc-et-Senansâą Programme
des manifestationswww.salineroyale.com
Se rendre à Arc-et-Senans : par laroute : A36 sortie Dole ou A39 sor-tie Poligny. Par le train : gare TGVDÎle ou Besançon, puis TER.
Neuchùtel⹠Programme « Rousseau,
chemins ouverts »www.rousseau300.ch
Accéder au jardin botanique de laville : 58, chemin du Pertuis-du-Sault, Neuchùtel, Suisse (tél. :+ 4132182350)
Lors dâune Ă©mission rĂ©cente Ă laradio, Michel Serres rappelait, en sâap-puyant sur Le Contrat social, Les Confes-sions, LâĂmile, tout lâapport du citoyen deGenĂšve Ă la modernitĂ© et aux transformationsdont il fut parfois le prĂ©curseur. Au dĂ©but duContrat social, on peut en effet lire la phrasesuivante : « Si jâĂ©tais prince ou lĂ©gislateur, jene perdrais pas mon temps Ă dire ce quâilfaut faire ; je le ferais, ou je me tairais. NĂ©citoyen dâun Ătat libre, et membre du souve-rain, quelque faible influence que puisse avoirma voix dans les affaires publiques, le droit dâyvoter suffit pour mâimposer le devoir de mâeninstruire ».
On ne peut que regretter que ces solides prin-cipes nâapparaissent pas Ă nos lĂ©gislateurs,mandataires momentanĂ©s de la souverainetĂ©nationale pour des objets prĂ©cis, comme lefondement mĂȘme de leurs devoirs, des missionspremiĂšres de lâĂ©cole, de la conservation delâĂ©galitĂ© et de la libertĂ© civile.Il semble en effet, et la construction euro-pĂ©enne en montre maints exemples, que lesĂ©lus lĂ©gislateurs et les successeurs du princeque sont les tenants de lâexĂ©cutif aient quelquepeu tendance Ă penser aussi Ă la place ducitoyen, voire Ă se passer de son avis pour desquestions jugĂ©es soit trop techniques, soit tropdĂ©cisives... Curieuse Ă©volution ; mais commeRobespierre et Saint-Just avaient, eux, lu Rous-seau, on peut comprendre la rĂ©ticence desconnivents Ă honorer le fondateur de leurs cri-tiques et leur refus de baptiser une voie dunom de lâIncorruptible Ă Paris...
Ămile ou lâenfant au centreCe fut dit et redit, mais LâĂmile marque lâentrĂ©ede lâenfant en tant que tel dans la consciencecollective, avec ses droits propres, ses goĂ»ts, samorale mĂȘme. Le dix-huitiĂšme siĂšcle est celui dela redĂ©couverte de lâenfant, les travaux de PhilippeAriĂšs en tĂ©moignent et les mouvements pĂ©da-gogiques modernes doivent plus Ă Rousseauquâaux pĂšres jĂ©suites ; pour les structures du sys-tĂšme scolaire il en va diffĂ©remment. « Si la fatalefaux vient moissonner en lui (lâenfant) la fleur denos espĂ©rances, nous nâaurons point Ă pleurer Ă la fois sa vie et sa mort (...) ; nous nous dirons :Au moins, il a joui de son enfance (...) ». Les fĂ©mi-nistes nous diront que Rousseau fut moins com-prĂ©hensif pour les femmes et les esprits chagrinsquâil nâa gardĂ© aucun des enfants que lui donnaThĂ©rĂšse Levasseur... Relisons les Confessionset pour le reste qui est beaucoup, mĂ©ditonsles leçons Ă©clairĂ©es dâun homme du siĂšcledes LumiĂšres. â JEAN-PAUL BEAUQUIER
Rousseauen son domaine> LE CITOYEN JEAN-JACQUES AU PAYS DES COMMĂMORATIONS
Un tricentenaire gĂȘnantOn a quelquefois reprochĂ© aux autoritĂ©s de la RĂ©publique dâavoir un goĂ»tprononcĂ© pour les commĂ©morations. Certaines ont pu en effet paraĂźtreexagĂ©rĂ©es. Il est non moins vrai que certains anniversaires ont Ă©tĂ© carrĂ©ment omis : le 4e Centenaire de la naissance de Corneille par exemple... Mais que la RĂ©publique parle si peu de Rousseau demeure singulier.
Un cadre pour« Les amitiés végétales »
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>Voyage en Palestine
On ne va pas en Palestine parhasard, ni pour faire uniquement dutourisme car la situation est bien particu-liĂšre. Dâabord parce que les Palestiniens sebattent pour la reconnaissance de leur Ătat,ensuite parce quâils sont sous le joug delâĂtat dâIsraĂ«l, prisonniers notamment dâunmur qui serpente sur tout le territoire,confrontĂ©s aux checkpoints.
Pour entrer en Cisjordanie, ilfaut passer par Tel Aviv avec tous lescontrĂŽles que cela implique, tant enFrance que sur place. Dix retraitĂ©s, donthuit du SNES, ont fait un pĂ©riple entre le3 et le 9 janvier 2012 qui les a conduits enCisjordanie, mĂȘlant dĂ©couverte du patri-moine architectural religieux et profane,patrimoine rural et urbain, paysagesimpressionnants entre plaines, montagneset dĂ©serts, approches gĂ©opolitiques etsociologiques, et rencontres avec desassociations, des centres culturels notam-ment dans un camp de rĂ©fugiĂ©s, visites decoopĂ©ratives.
Incontournable, la visite de la vieille villedans JĂ©rusalem-Est revendiquĂ©e par IsraĂ«l.Inlassablement et en toute impunitĂ©, IsraĂ«lgrignote les demeures palestiniennes,expulse, sâinstalle et plante le drapeauisraĂ©lien. Il faut suivre au hasard le dĂ©daledes ruelles, les Ă©talages colorĂ©s et dĂ©couvrirles lieux mythiques romains, chrĂ©tiens,musulmans, juifs, armĂ©niens... et lâEspla-nade des MosquĂ©es dont lâaccĂšs est limitĂ©.Le mouvement sioniste, consacrĂ© par lâoc-cupation de la vieille ville en 1967 nâa eude cesse de multiplier les attaques indivi-duelles ou collectives contre les lieux : en2000, le dĂ©ploiement de 3 000 soldats israĂ©-liens dans JĂ©rusalem provoque lâIntifada.
Autre lieu de rassemblement, leMur des Lamentations, partie occidentale delâenceinte du temple dâHĂ©rode. Ă lâĂ©glise duSaint-SĂ©pulcre rĂ©pond la basilique de laNativitĂ© Ă BethlĂ©em. Mais il y a aussi enIsraĂ«l une volontĂ© de nier lâHistoire. Ainsiun cimetiĂšre mamelouk a Ă©tĂ© dĂ©truit pourconstruire un « centre de la tolĂ©rance ».
Aujourdâhui
encore,
on ne va pas
en Palestine
par hasardâŠ
LOISIRSCULTURE
JĂ©rusalem : le DĂŽme du Rocher
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Rencontres et dĂ©bats passionnants auCentre de JĂ©rusalem sur les droits sociauxet Ă©conomiques ; Ă lâĂcole biblique etarchĂ©ologique française de JĂ©rusalempour apprendre Ă mieux distinguer his-toire et mythe.Notre pĂ©riple en Cisjordanie sâest pour-suivi par les visites dâHĂ©bron, BethlĂ©em,JĂ©richo, de la vallĂ©e du Jourdain, de Ramal-lah et Naplouse.Depuis 1967 sous occupation israĂ©lienne,la Cisjordanie abrite plus de deux millionsde Palestiniens : certains sont Ă©tablis depuislongtemps, dâautres sont rĂ©fugiĂ©s. Sanscompter les colonies israĂ©liennes qui sedĂ©veloppent souvent sur les collines oudans les villes mĂȘmes : 500 000 colonsdont la moitiĂ© pour JĂ©rusalem-Est.Impossible dâĂ©chapper au mur qui sĂ©pareJĂ©rusalem des villages environnants, coupedes villages palestiniens, supprime lâaccĂšsaux cultures et Ă lâeau, complique lâaccĂšsaux Ă©coles et aux hĂŽpitaux.Ce « mur de lâapartheid » est constituĂ© dedalles de bĂ©ton de huit mĂštres de haut,avec des miradors. Il sert pour les Palesti-niens de support Ă la crĂ©ation artistique,exprimant lâespoir, la colĂšre, le dĂ©fi... lebesoin pressant de communiquer. Les cinq villes palestiniennes visitĂ©es prĂ©-sentent le mĂȘme contraste. Dâun cĂŽtĂ©, unpassĂ© prestigieux qui garde les vestiges dela plus vieille ville du monde comme JĂ©ri-cho, lâempreinte des trois religions avec letombeau des Patriarches Ă HĂ©bron, lesruines romaines de Naplouse, et Ă BethlĂ©emle lieu mythique de la basilique de la Nati-vitĂ©. De lâautre cĂŽtĂ©, des villes meurtries quiont bien du mal Ă vivre. Ainsi Ă HĂ©bron, des boutiques fermĂ©es,
des rues barrĂ©es et des colons installĂ©sdans la vieille ville, protĂ©gĂ©s par lâarmĂ©e,agressifs : une ville oĂč les Palestiniens ten-dent des filets pour se protĂ©ger des orduresjetĂ©es par les colons, une ville oĂč les Pales-tiniens sâaccoudent aux barriĂšres quâils nepeuvent franchir.
Depuis lâarrivĂ©e de lâAutoritĂ©palestinienne, Ramallah a pris desallures de capitale administrative, cultu-relle et politique ; câest lĂ que se trouve letombeau dâArafat. Comme les IsraĂ©liensnâont pas voulu quâil soit enterrĂ© Ă JĂ©rusa-lem-Est, les Palestiniens ont plantĂ© prĂšsde son tombeau un olivier provenant desEsplanades des MosquĂ©es.Autre contraste : la vie qui sâexprime dansles souks, dans les cafĂ©s autour de lâaracket des musiciens, la jeunesse extrĂȘmementnombreuse et des habitants accueillants quine renoncent pas. En tĂ©moigne la coopĂ©ra-tive olĂ©icole prĂšs de Ramallah qui ne peutĂ©couler ses produits vers la Jordanie et labande de Gaza, et se tourne vers lâEuropeet un marchĂ© de qualitĂ©. Câest aussi le sou-tien scolaire, le groupe de thĂ©Ăątre et dedanse fondĂ© dans le camp de rĂ©fugiĂ©sdâAĂŻda riche de 5 000 habitants issus de48 villages dĂ©truits en 1948. Ici 66 % de lapopulation sont des jeunes de moins de 18ans et le chĂŽmage est de 70 %. Câest aussile ComitĂ© pour la rĂ©habilitation dâHĂ©bronqui, dans une situation trĂšs difficile, face auxobstacles crĂ©Ă©s par lâoccupant, a permis leretour de 5 500 Palestiniens en centre villeet la rĂ©habilitation de bĂątiments historiques.
Dans ces actions, la solidaritéinternationale est importante.
Ainsi, prÚs de Jérichonous avons échangéavec des bénévoles de« vallée du JourdainSolidarité » qui appor-tent leur appui pouraider à la reconstruc-tion des villages et auxtravaux agricoles. Unjeune Irlandais nous aemmenés chez unhomme dont la mai-son a été détruite trois
fois par lâarmĂ©e israĂ©lienne. Ă Naplouse,lâassociation « Project Hope » met en placedes cours de français, dâanglais, de thĂ©Ăątre,de danse, prend en charge les femmesemprisonnĂ©es et un centre sanitaire. Ăchaque bĂ©nĂ©vole Ă©tranger est adjoint unPalestinien, Ă©tudiant le français. Rana, quinous sert de guide alors, aimerait ĂȘtre uneguide accrĂ©ditĂ©e. Peu dâespoir pour ellecar les infrastructures touristiques sontrares.Rencontre marquante Ă©galement avec unmembre de lâInstitut des Ătudes palesti-niennes qui fait le point de la situationpolitique Ă la lumiĂšre du printemps arabe.Ce dernier aura-t-il un impact sur une situa-tion bloquĂ©e ? La Cisjordanie dĂ©pend Ă©co-nomiquement dâIsraĂ«l. Les colonies pro-gressent. La sociĂ©tĂ© palestinienne estĂ©clatĂ©e, aux Palestiniens des territoiresoccupĂ©s sâajoutent les Palestiniens citoyensisraĂ©liens, ceux des camps de rĂ©fugiĂ©ssituĂ©s au Liban, en Syrie et en Jordanie,et ceux de la diaspora.Peu de place dans ces quelques lignes pourĂ©voquer les cafĂ©s, les restaurants au cĆurde la rĂ©alitĂ© palestinienne et les plaisirs dela table. Ce voyage fait dĂ©couvrir lâhospi-talitĂ© et la dignitĂ© de ces habitants, et donnelâenvie dây revenir encore et encore.Si lâoccasion vous en est donnĂ©e, courezvoir Antigone, par le ThĂ©Ăątre national dePalestine, en tournĂ©e en France actuelle-ment. Vous comprendrez que la cause pales-tinienne nâest pas une cause humanitaire : lesPalestiniens ne rĂ©clament pas lâaumĂŽnemais seulement le droit Ă lâexistence. â
MARYLĂNE CAHOUET
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LOISIRSCULTURE
Ă SAVOIRLe territoire en Cisjordanie est divisĂ©en trois zones :âą Zone A : 2 % sous contrĂŽle de lâau-toritĂ© palestinienne (les villes)âą Zone B : 26 % sous contrĂŽle partielde lâautoritĂ© palestinienne (les villages)âą Zone C : 72 % sous contrĂŽle israĂ©lien.Tout Juif a droit au retour sur sa terre(loi du retour, 1950).La loi sur la propriĂ©tĂ© des absents per-met Ă IsraĂ«l de rĂ©cupĂ©rer les terres detout Palestinien absent (du fait parexemple du mur ou dâune expulsion).
Ă dĂ©faut dâabattre un mur, on peut le faire parler.
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UN ROMAN POUR LâĂTĂ
Quand on est né du mauvais cÎté...
Ce rĂ©cit, Ă©crit en 1966, vient justede paraĂźtre en France. Le pro-logue donne le ton avec ladĂ©pression de 1929 qui « sĂ©vissaitdĂ©jĂ depuis deux ans dans ce coinde lâEst de lâOregon », avec desamants terribles qui se sĂ©parent,
meurent en laissant un enfant. Deux paumĂ©s : lui quisâembauche comme cow-boy au plus offrant :« peut-ĂȘtre avait-il peur de devenir lâun de ces adultesĂ lâexpression vide ». Elle, en rupture familiale vitchez les Indiens et travaille comme serveuse. Deuxvies fauchĂ©es : Harmon, 26 ans, Annemarie 24 ans.Et le roman raconte la vie de leur fils. DĂ©classĂ©, il nâarien et veut tout. Est-il possible dâenvisager uneissue quand on est nĂ© du mauvais cĂŽtĂ© ? Romanlumineux â en dĂ©pit du titre â pour une humanitĂ© quirefuse sa dĂ©chĂ©ance annoncĂ©e et lâapitoiement.
MARYLĂNE CAHOUET
âą Sale temps pour les braves, de Don Carpenter, traduit delâanglais par CĂ©line Leroy. Ăditions Cambou
UNE AUTRE PROPOSITION
Les nouveaux esclavesLâĂ©diteur prĂ©sente ce romancomme un roman noir et câest bienle cas. Nous sommes dans uneentreprise, une plate-forme dâap-pels. Soixante personnes sĂ©parĂ©espar des cloisons et le ronronne-ment des postes informatiques.« ChronomĂštre intĂ©grĂ© dans lâordinateur, tout estretranscrit en direct au supĂ©rieur hiĂ©rarchique : lenombre dâappels par heure, le temps de rĂ©ponse, lenombre de ventes, le temps de retrait ». Et desrĂšgles qui changent toutes les semaines, la concur-rence entre salariĂ©s avec lâaffichage des rĂ©sultats dechacun, les objectifs insensĂ©s, le flicage... Des mala-dies, des suicides, le narrateur est une femme,mĂ©decin du travail dans lâentreprise. « Ăcouter, aus-culter, vacciner, notifier, produire des statistiques.Mais aussi : soulager, rassurer. » Et trĂšs vite, elle sesent impuissante, fait des cauchemars, souffre dâan-goisse. Mais elle part aussi en guerre car « quand unsalariĂ© souffre ou meurt, assassinĂ© ou suicidĂ©, celaconcerne tout le monde, les collĂšgues, les familles,les journalistes, les salariĂ©s, la sociĂ©tĂ© tout entiĂšre ».Roman noir qui dĂ©crit un univers sombre et sanspitiĂ©, mais aussi thriller au suspens prenant. M. C.
⹠Les visages écrasés, de Marin Ledun, Roman noir,éditions du Seuil
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LOISIRSCULTURE
>LOISIRS
CULTURE
ĂTĂ 2012 DANS LE LOT
Une histoire de théùtre
Celle quâĂ©crit depuis douzeans la ville de Champollionavec le thĂ©Ăątre et ses artistes. Ville dâartet dâhistoire, grand site de Midi-PyrĂ©-nĂ©es, Figeac mĂ©rite aussi dâĂȘtre connuepour son Festival de ThĂ©Ăątre, un des ren-dez-vous emblĂ©matiques qui participentau rayonnement culturel de la rĂ©gion. AprĂšs dix annĂ©es de complicitĂ© avec lesTrĂ©teaux de France de Marcel MarĂ©-chal, ce sont Michel Fau et OlivierDesbordes qui maintiennent la traditionavec enthousiasme et gĂ©nĂ©rositĂ©. Cette annĂ©e, cinq crĂ©ations sontproposĂ©es :âą Les NumĂ©ros-cabaret, des textesdâHanokh Levin mis en scĂšne parRichard Mitou ;âą Lost in the Stars, de Kurt Weill, unfort rĂ©quisitoire contre lâApartheid ;âą Lâhomme de paille, un FeydeaudĂ©jantĂ© par Benjamin Moreau ;âą Inventaires, une piĂšce de PhilippeMinyana quasi classique proposĂ©e parRobert Cantarella ;âą et enfin, comme axe principal, lâhu-mour grinçant dâHenri de Montherlantavec Demain il fera jour, oĂč se mĂ©lan-gent mĂ©pris, peur et mort dans un
terrible rĂ©quisitoire entre LĂ©a Drucker,Michel Fau et LoĂŻc Mobihan. Autourde ce foisonnement crĂ©atif, des invitĂ©sviennent complĂ©ter lâaventure : BrunoSermonne qui lit Pierre Michon, PierreEtaix qui nous livre son Clown, JudithMagre sa Rose, Benjamin Lazar sonCyrano, Eric Perez son LĂ©o Ananar...et bien dâautres qui liront au coin desrues leur amour des textes et du thĂ©Ăątre. Du 18 juillet au 1er aoĂ»t, reprĂ©senta-tions, lectures publiques et gratuites,apĂ©ros dans les jardins, comĂ©diens auxterrasses seront autant de moments pri-vilĂ©giĂ©s de rencontres que les specta-teurs, les artistes, les comĂ©diens et lesmetteurs en scĂšne pourront partageren toute proximitĂ©. Pour un Ă©vĂ©nementfestif dont le but affichĂ© est de « diver-tir, dĂ©passer la rĂ©alitĂ© tout en parlantde la complexitĂ© de lâĂąme humaine ». â
JEAN-LOUIS VIGUIER
Informations/rĂ©servations au 05 65 3828 08, en ligne ou par le rĂ©seau Fnac, Car-refour, GĂ©ant, 0 892 683 622 (0,34 âŹ/min),www.fnac.com. Tout le programme surwww.festivaltheatrefigeac.com
Figeac : place des Ăcritures, lieu dâĂ©changes et de rencontres
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AU FIL DELA PRESSE
JACKY BRENGOU A LU POUR VOUS
AprĂšs le temps du muguet... le temps des cerisesLa campagne de la prĂ©sidentielle a donnĂ© lieu Ă une avalanche de discours ; la droite sâest distinguĂ©e par des propos injurieux Ă lâĂ©gard de certains et par la mise en cause des organisations syndicalesqui dĂ©fendent les principes qui fondent notre sociĂ©tĂ© : Ă©galitĂ©, solidaritĂ©, laĂŻcitĂ©, etc.
>Cliver encore, cliver toujoursSarkozy a voulu opposer les salariĂ©s« Provocation ? DĂ©voilement ? Lâannonce par Nicolas Sarkozydâun grand rassemblement autour du âvrai travailâ le 1er mai, auChamp-de-Mars, Ă Paris suscite une vive Ă©motion. (...) Tout estparti dâune phrase du candidat prĂ©sident au lendemain de sadĂ©faite du premier tour.Le 1er mai, nous allons organiser la FĂȘte du travail, mais la FĂȘtedu vrai travail, de ceux qui travaillent dur, qui souffrent et qui neveulent pas que, quand on ne travaille pas, on puisse gagner plusque quand on travaille. On dĂ©fendra, nous, le travail. Pas lestatut, le travail. »
25 avril 2012
1er Mai : jour « glorieux » des travailleurs, nâoublions pas !« Le 20 juin 1889, alors quâon travaille 10 Ă 12 heures par jour,6 jours sur 7, le congrĂšs de la IIe Internationale socialiste (...) dĂ©cidedâorganiser une âgrande manifestation Ă date fixe de maniĂšre Ă ceque, dans tous les pays et dans toutes les villes Ă la fois, le mĂȘmejour convenu, les travailleurs mettent les pouvoirs publics endemeure de rĂ©duire lĂ©galement Ă 8 heures la journĂ©e de travailâ.Le jour retenu le sera en mĂ©moire du mouvement ouvrier du1er mai 1886 Ă Chicago, en faveur de la journĂ©e de 8 heures. »
26 avril / 2 mai 2012
Ă la derniĂšre seconde, les derniers coups bas du gouvernement FillonSarkozy voulait sauver sa TVA sociale « Nicolas Sarkozy a laissĂ© un cadeau empoisonnĂ© Ă son succes-seur. Le dĂ©cret mettant en Ćuvre une TVA dite âsocialeâ le1/10/2012 a Ă©tĂ© publiĂ© in extremis le 6 mai au Journal officiel.Cette mesure (...) allĂšge les cotisations patronales finançant lapolitique familiale, au prĂ©texte de favoriser la compĂ©titivitĂ©des entreprises et de rĂ©former le financement du systĂšme deprotection sociale. Elle conduit en rĂ©alitĂ© Ă augmenter la TVAde 19,6 % Ă 21,2 % et Ă transfĂ©rer les cotisations des entreprisesvers les mĂ©nages. »Le nouveau PrĂ©sident, François Hollande, a promis dâabroger ledĂ©cret.
10 mai 2012
La dĂ©pendance des personnes ĂągĂ©es est le « dĂ©fimajeur de nos sociĂ©tĂ©s » selon MichĂšle Delaunay, ministredĂ©lĂ©guĂ©e chargĂ©e des Personnes ĂągĂ©es et de la DĂ©pendance. « Lebon Ă©tat de santĂ© que beaucoup de gens connaissent vers 60 ansconduit Ă la question du report de lâĂąge de la retraite. Certainssouhaiteraient mĂȘme le fixer Ă 75 ans, arguant du lien entre espĂ©-rance de vie et maintien en activitĂ©. Certes, les Ă©tudes montrent quele travail conserve, mais soyons prĂ©cis : le travail conserve... ceuxquâil nâa pas tuĂ©s ! Il y a environ dix ans dâĂ©cart dâespĂ©rance de vieentre un ouvrier et un professeur de facultĂ©. Et que notre Ă©mer-veillement face Ă lâĂ©volution de lâespĂ©rance de vie ne nous cachepas la rĂ©alitĂ© : environ 35 % des Français meurent avant 75 ans.Parmi ces 35 %, on sâen doute, beaucoup plus dâouvriers quedâavocats, dâaides-soignants que de psychanalystes. Alors, mĂ©fions-nous des discours qui demandent aux premiers dâavoir le mĂȘmerapport au travail que les seconds... »
JĂ©rĂŽme Pelissier, Le temps ne fait rien Ă lâaffaire, Ă©ditions de lâAube
Et pour certains, on achĂšve bien les chevaux !« Dans une Ă©tude rĂ©cente, le FMI sâalarme du coĂ»t de lâallongementde lâespĂ©rance de vie, laquelle semble avoir Ă©tĂ© sous-estimĂ©ejusquâici de trois ans au moins. (...) Ce quâil nomme opportunĂ©mentce ârisque de longĂ©vitĂ©â menace dâores et dĂ©jĂ , selon lui, de saperla viabilitĂ© des finances publiques, confrontĂ©es par ailleurs auxpoids de la crise et de la dette (...) au regard des recommandationsformulĂ©es : lier lâouverture des droits Ă la retraite aux Ă©volutionsrĂ©elles de la longĂ©vitĂ© (ce qui ferait au moins 67 ans pour nous),augmenter fortement les cotisations, diminuer les prestations. (...)Mais allons plus loin. Les vieux vivant de plus en plus longtemps etcoĂ»tant de plus en plus cher, les actifs finiront par ne plus travaillerque pour eux en espĂ©rant bĂ©nĂ©ficier plus tard du fruit de leursefforts. Cela reviendra Ă sacrifier sa vie pour sa survie, et sajeunesse pour sa vieillesse. (...) Mieux vaut mourir plus tĂŽt. »
Billet de Favilla 24 avril 2012
Amour : la perte dâautonomie, Palme dâor Ă Cannes « Amour Ă©voque la vieillesse dâun couple. Lâhistoire dâun mari amou-reux et attentionnĂ© accompagnant son Ă©pouse qui sâen va vers la mort(...). Le film a sĂ©duit par la pudeur, la force du propos et lâinter-prĂ©tation de ce vieux couple aimant en fin de parcours (...). MomentdâĂ©motion encore quand Jean-Louis Trintignant a, en un sourire, citĂ©PrĂ©vert : âet si on essayait dâĂȘtre heureux, ne serait-ce que pourdonner lâexempleâ. » Agevillage, 30 mai 2012
LâUniversitĂ© Syndicaliste, suppl. au no 721 du 2 juin 2012, hebdomadaire du Syndicat national des enseignements de second degrĂ© (FSU) â 46, avenue dâIvry, 75647 Paris Cedex 13NumĂ©ro coordonnĂ© par J.-P. Billot et J.-L. Viguier â Directeur de la publication : Roland Hubert ([email protected]) â Compogravure : C.A.G., Paris â Imprimerie : S.I.P.E. (91) â No CP : 0113 S 06386 â ISSN no 0751-5839
PORTRAIT
> UN CINĂASTE ENGAGĂ
Le petit blanc à la caméra rougeProfondément pacifiste, René Vautier a toujours considéré sa caméra comme sa seule arme, une arme qui ne tue pas. Le fil rouge de sa production cinématographique, ce sont des films militants qui englobent tous les engagements progressistes de la seconde moitié du XXe siÚcle.
Né le 15 janvier 1928, René Vautier est réalisateur et
scénariste. De famille ouvriÚre, il mÚne sa premiÚre activité
militante en 1943 dans la RĂ©sistance, ce qui lui vaut plusieurs
dĂ©corations. En 1948, il est diplĂŽmĂ© de lâInstitut des hautes
études cinématographiques (IDHEC), section réalisation.
En 1950, il réalise son premier film, Afrique 50, commande de
la Ligue de lâEnseignement, destinĂ© Ă mettre en Ćuvre la
mission Ă©ducative de la France dans ses colonies. Sur place, il
dĂ©cide de tĂ©moigner de ce quâil voit et tourne le dos Ă la
commande. Le film sera interdit pendant plus de 40 ans. Ce sera
le premier film anticolonialiste français qui lui vaudra treize
inculpations et la prison militaire dâabord Ă Saint-Maixent,
puis Ă Niederlahnstein en zone française dâoccupation en
Allemagne. Il sort en 1952. Engagé en Afrique sur plusieurs
tournages, il rejoint lâAlgĂ©rie clandestinement par les maquis
et participe à la lutte aux cÎtés du FLN. Il filme les soldats de
lâALN dans les AurĂšs-Nementchas. Les luttes intestines le
conduisent en prison sur le sol tunisien oĂč il est torturĂ©. Dans
une lettre à sa mÚre il écrit : « Il faut dire aux gosses que la
RĂ©volution algĂ©rienne [...] ça doit ĂȘtre ceux qui ont Ă©tĂ© aux cĂŽtĂ©s
de leur pÚre au djebel algérien ; ceux qui ont été à ses cÎtés
dans la prison, ceux qui lâont aidĂ© Ă vivre, par leur amitiĂ© ».
Ă lâindĂ©pendance, il sâinstalle Ă Alger oĂč il est nommĂ© directeur
du Centre audiovisuel dâAlger et produit notamment Un peuple
en marche (1963). De retour en France en 1966, il fonde en
1970 lâUnitĂ© de production cinĂ©ma Bretagne.
Comme Jean-Luc Godard, il participe Ă lâaventure des Groupes
Medvekine en 1968 (collectifs cinéastes-ouvriers).
Pour réaliser Avoir 20 ans dans les AurÚs qui relate un épisode
de la guerre, René Vautier connaßt les pires difficultés. Ce
nâest quâen 1971 quâil a pu le mener Ă bien et, aprĂšs une grĂšve
de la faim, le film remporte Ă Cannes le prix de la critique
internationale. Il vit aujourdâhui en Bretagne et prĂ©pare un film
sur la censure. â
MARYLĂNE CAHOUET
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Titres extraits dâune abondante filmographieâą 1969 : Classe en lutte un classique sur les luttes sociales âą 1950 : Afrique 50âą 1954 : Une nation : lâAlgĂ©rie sur la lutte anticolonialeâą 1965 : Le glas conte le racisme et contre lâapartheid en Afrique du sudâą 1985 : Ă propos de... Autre dĂ©tail sur la torture en AlgĂ©rie
et contre lâextrĂȘme droiteâą 1995 : Hirochirac contre la pollution âą 1977 : Quand les femmes ont pris la colĂšre sur le fĂ©minismeLa liste nâest pas exhaustive... mais pour terminer une autobiographie âą CamĂ©ra citoyenne, mĂ©moires de RenĂ© VautierEt une biographie filmĂ©eâą Le petit blanc Ă la camĂ©ra rouge, film de R. Hamon (2009)
René Vautier
QUEL
QUES
TIT
RES
CINĂASTE