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Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire 1 Histoire du Moyen-âge I Aspects politiques et institutionnels Cours d’histoire de la civilisation du moyen -âge, dans une perspective globale, qui met en rapport les différents aspects. Plan du cours : I. Le Moyen-âge en questions ; II. La genèse politique du Moyen-âge ; III. Le monde carolingien, ses marges et ses voisins ; IV. L’essor des monarchies (10 e -13 e ); V. Le développement politique des villes, 11 e -15 e siècles ; VI. Les monarchies de la fin du Moyen-âge ; VII. Conclusions.

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Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

1

Histoire du Moyen-âge I Aspects politiques et institutionnels

Cours d’histoire de la civilisation du moyen-âge, dans une perspective globale, qui met en

rapport les différents aspects.

Plan du cours :

I. Le Moyen-âge en questions ;

II. La genèse politique du Moyen-âge ;

III. Le monde carolingien, ses marges et ses voisins ;

IV. L’essor des monarchies (10e-13e);

V. Le développement politique des villes, 11e-15e siècles ;

VI. Les monarchies de la fin du Moyen-âge ;

VII. Conclusions.

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Premier chapitre : Le Moyen-âge en questions

Délimiter, fixer le cadre interprétatif que l’on va aborder, déterminer un point de vue.

Dans quelle mesure est-il légitime de parler d’une civilisation médiévale ? Qu’entend-t-on,

que sous-entend-t-on par là ? Quelles connotations ? Quels malentendus éviter quand on

parle du moyen-âge ?

Fixer les intentions historiennes du cours

I. La période comme catégorie d’analyse

Toutes les périodes (nom, durée) sont choisies de façon arbitraire par les historiens. Ce

sont des catégories d’analyse, nécessaires pour mener à bien l’analyse.

Qu’est-ce qu’implique le choix d’une catégorie d’analyse plutôt que d’une autre ?

Question importante en ce qui concerne le moyen-âge, il n’existe pas en réalité.

À quelles conditions peut-on en parler ? Les gens d’époque ne se sont jamais

considérés comme médiévaux !

Quand on parle de moyen-âge, c’est bien un découpage arbitraire dans le temps et

dans l’espace ; ça constitue notre catégorie d’analyse, qui en exclut d’autre ! Ça porte

l’attention sur certaines évolutions, certains faits, au détriment d’autres faits ! C’est

l’interprétation qu’on va en faire qui dépend du choix de la catégorie d’analyse.

Certains historiens ont proposé d’autres catégories d’analyse en ce qui concerne les

périodes, allant même jusqu'à rejeter radicalement les catégories existantes (cfr citation de

1995). D’autres alternatives moins radicales pour intégrer l’idée traditionnelle du moyen-âge :

Notion proposée par Jacques Le Goff, le Long Moyen-âge. Ça va de la fin de

l’Antiquité jusqu’à la Révolution française et industrielle, beaucoup plus large ! Selon

lui, il ya pendant toute cette période il y a une continuité du mode de production et

aussi des structures sociopolitiques. La rupture ne se fait qu’avec la Révolution

industrielle et la Révolution française.

Certains historiens allemands vont utiliser une autre expression : Die vormoderne

(pré-moderne). Période qui englobe le moyen-âge et les 3 siècles avant le 19e siècle,

pour des raisons analogues à celles avancées par Le Goff.

Ces catégories alternatives tout à fait fondées ne s’imposeront jamais. Ne subsiste que la

division officielle, canonique, en 4 périodes. Elle continue de marquer l’enseignement de

l’histoire dans son organisation, et aussi l’organisation de la recherche en histoire, il y a une

sorte de pesanteur, peu satisfaisante mais toujours de mise, y compris pour les historiens dont

le métier est entre autre de revoir cette catégorie d’analyse (historiens). La périodisation

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classique est toujours présente, surtout pour des questions pratiques de transposabilité des

cours.

Pourquoi cette période porte le nom de moyen-âge ? L’appellation est donnée à posteriori,

par des gens qui n’y vivaient plus, et qui en ont fait (dans une perspective pas neutre) une

appellation assez dénigrante.

Désigner par cette appellation la période qui va de la fin de l’antiquité au 15e (un tout

spécifique, une période dans son ensemble) c’est le fait des Humanistes de la Renaissances,

savants et écrivains, dont le fondement de l’activité intellectuelle était de se reporter vers

l’Antiquité en négligeant tout ce qui s’était passé par après. Ils sont en rupture avec ce qui les

précède directement, selon eux cette période a salit les beaux modèles de l’antiquité. C’est

donc un âge moyen entre le monde idéal de l’antiquité, et le monde dans lequel ils vivent avec

l’espoir de faire renaitre cette belle utopie de l’antiquité.

- La première apparition de cette idée d’âge intermédiaire vient en Italie, en latin (//

Humanisme), vers 1469 : media tempestas.

- 1494 : media antiquitas

- 1518 : media aetas

- 1531 : medium tempus

- 1598 : saeculum medium

- 1604 : medium aevum

Depuis la seconde moitié du XVe, l’idée de cet âge entre 2 est présente. Au départ, cette

périodisation vaut surtout pour l’usage des lettres et de la langue latine. C’est de ça qu’ils

parlent quand ils utilisent cette expression.

Il faut attendre un peu plus longtemps pour que cette périodisation soit étendue et

généralisée à tous les aspects de l’histoire. On retrouve cette tripartition chez un humaniste et

historien allemand, Keller (Cellarius), auteur d’une suite de 3 ouvrages sur l’histoire du

monde :

1685, Historia antiqua.

1688, Historia medii aevi. Pour la première fois, l’histoire de toute cette période est

racontée.

1696 : Historia nova.

Aujourd’hui, nous sommes tributaires de la persistance de ces termes et aussi de

l’invention de nouvelles divisions au sein de la période, des sortes de sous-périodes. Nouvelle

subdivision en 3 : Haut Moyen-âge, Moyen-âge central et Bas Moyen-âge (les 2 derniers

siècles). Cette nouvelle division n’est pas tout à fait innocente non plus.

Équivalences et chevauchement chronologiques : Haut Moyen-âge, en anglais : Old

Midleages. Moyen-âge central = High Midleages. Bas Moyen-âge = Late Midleages => faux

amis !!!!!

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Vision implicite du sens de l’histoire du Moyen-âge : les caractéristiques d’une sous-

période vont être représentées en ce sens qu’elles rappellent ou préparent une autre période.

Le Moyen-âge central a le plus retenu l’attention des historiens au cours du XIXe

siècle : mise en place d’une civilisation perçue comme originale, différente de ce sui précède

et de ce qui suit. On peut l’admirer au souvenir des monuments et œuvres qui nous en restent,

qui constituaient un monde en soi aux yeux de ceux qui l’observaient, perçu comme une

source d’inspiration.

Perçu aussi comme un âge de foi intense, ou la foi régit tout la vie en société, et qu’on

va tenter d’imiter au XIXe siècle (néo-gothisme, renouveau du chant grégorien,

philosophes catholiques avec le néo-thomisme).

Côté libéral, ce moyen-âge central attire l’attention, mais pas pour les mêmes raisons :

âge de lutte pour les libertés (libertés urbaines, des villes, communes vues comme

entités démocratiques, annonce les avancées démocratiques de la bourgeoisie libérale

du XIXe).

Du point de vue nationaliste, on s’y intéresse aussi parce que c’est pendant ce moyen-

âge central que se mettent en place les grands espaces nationaux.

Pour la sensibilité romantique, il est vu comme une époque exotique, attirante et

différente, qui laisse de belles ruines, ça fait rêver en enflamme l’imagination

romantique.

Pour toutes ces raisons, ce moyen-âge central exerce rejet et fascination au XIXe.

Le Haut-Moyen-âge suscite moins d’intérêt car on a moins de sources pour celui-ci, sauf

des sources archéologiques, et qui sont encore peu nombreuses au XIXe. Les historiens ont

principalement une éducation classique au XIXe, et adoptent des préjugés à propos des

barbares qui ont mis à bout l’Empire romain. Âges sombres pour ce haut moyen-âge, qui est

donc soit vu comme une période de dépression, soit comme une période de préparation.

Dépression, régression, recul : de la culture écrite, de la notion d’&ta, du droit et de

l’administration, violence accrue des souverains germaniques… on va dès lors

interpréter comme signes des régressions tout des faits observés => cercle vicieux

Préparation, creuset au Moyen-âge central, on s’y intéresse, mais par rapport à ce

Moyen-âge central, qui a plus d’intérêt.

C’est cette 2e perspective qui a tendance à dominer. Elle est positive, mais seulement en

fonction d’une autre période. On veut montrer comment se rassemblent des matériaux divers

(latins, chrétiens, païens, germaniques…) pour former une civilisation, celle du Moyen-âge

central, ainsi que les étapes de la formation de cette civilisation. Le monde carolingien est

alors présenté comme le moment d’une première synthèse de ces éléments, une sorte d’essai,

mais pas une synthèse définitive (celle-ci se trouve au Moyen-âge central).

On resitue donc positivement le Haut Moyen-âge, mais il reste vu et perçu en fonction

du Moyen-âge central (perspective TELEOLOGIQUE). Le Moyen-âge central reste la

référence et tout est interprété en fonction de ce que l’on attend. Il faut se méfier de

cette perspective même si elle reste présente dans le cours.

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L’attention accordée au Bas moyen-âge l’a aussi été en fonction de ce que lui a apporté le

Moyen-âge central. On voit les caractères du Moyen-âge central se dégrader. Présence de

crises démographique, intellectuelle, économique, religieuse et spirituelle (fin des croisades

classiques, dégradation du sentiment religieux, schisme d’occident), crise artistique… les

jugements de ces crises donnent l’image d’un déclin de vivacité de la civilisation du moyen-

âge central, décrépitude.

Le référent est un Moyen-âge central idéalisé, stéréotypé, idéal que l’on ne retrouve

pas tout à la période suivante, d’où ce déclin.

Analyse (au XIXe) aussi du phénomène concurrent de la renaissance, qui est connotée

positivement car annonce la période moderne. Tri entre ce qui annonce la modernité et

ce qui sont les derniers signes d’une civilisation sur son lit de mort.

Cette période commence à être étudiée pour elle-même, ce n’est plus une simple période

de transition. Renaissance est un terme neutralisé, il n’y a plus de jugement de valeur au point

de vue historique. Dans la pratique de la recherche, on remarque depuis peu (25 ans) une

tendance des spécialistes du bas moyen-âge à annexer le 16e des colloques, projets de

recherches ou publications, surtout en ce qui concerne nos régions. On l’étudie de plus en plus

pour elle-même !

II. Le problème du moyen-âge dans son rapport au présent

En quoi ce que nous croyons savoir du moyen-âge peur avoir une influence sur la façon

dont on conçoit le monde actuel. Question de la formation, des cultures européennes, des

relations entre culture et état… question de la formation des cultures européennes et de la

construction européenne, sous l’angle du phénomène politique de la construction européenne,

phénomène récent (CECA, Traités de Rome…), que l’on tente de légitimer avec le passé, par

exemple avec la figure de charlemagne comme fondateur de l’Europe. Mais a-t-il vraiment

fondé quelque chose qui annonce l’union européenne d’ajd ? Dans l’hypothèse om ça serait le

cas, est-ce bien de tout l’union européenne dont il s’agit, ou de façon plus restreinte, d’un

espace plutôt correspondant à celui de l’Europe des 6 ? Est-ce que cette construction

médiévale a un sens pour l’espace actuel de l’union ou du continent européen ?

On distingue deux notions : l’histoire l’Europe comme continent, et comme civilisation.

Distinction importante pour clarifier le débat.

3 grandes traditions culturelles différentes qui ont marqué et marquent l’histoire du continent

européen.

Europe de tradition latine, marquée par l’église catholique romaine et les églises

marquées par la réforme, nées de la chrétienté latine du moyen-âge, zone politique et

géographique.

Zone de tradition grecque et orthodoxe, influence de l’empire byzantin et des

influences orthodoxe, russe, Ukraine…

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Zone de tradition musulmane (pas récente), tradition lointaine, présence en Espagne, à

Malte, en Italie du Sud, Sicile, Sardaigne, Balkans (toujours marquées par ces

traditions).

Quand on parle de civilisation européenne, o ne vise pas les 3, mais une seule, parfois de

manière inconsciente : clichés, Europe des cathédrales, des universités médiévales, des

humanistes et des artistes de la renaissance, de la république des lettres, des lumières…

héritage dont on peut se revendiquer, mis dans un contexte déterminé, tradition issue de la

chrétienté latine médiévale. Mais ça en veut pas dire que ce n’est pas partagé par les autres

civilisations, pas de fatalisme ou de déterminisme historique ! Par contre, sur le plan des

enjeux entre histoire et mémoire (représentation spontanée, voir instrumentalisée du passé, en

tout cas pas critique), question très importante : ça crée une sorte de mise à l’écart d’une

partie des traditions européennes ! Surgissement de nationalismes, des rancœurs…

III. Optique du cours et thématiques transversales

Plan du cours : critiquable !

Cours d’histoire politique, d’histoire des rapports de force entre différents groupes et

au sein de ceux-ci, groupes humains, tribus, royaumes, différence de régimes…

Histoire évènementielle aussi.

Étude du positionnement géographique des différents groupements humains, les

uns par rapport aux autres, aux frontières actuelles, aux éléments naturels, …

C’est aussi une histoire de la culture politique, des conceptions du pouvoir, de la

façon dont on se présente l’origine et la source de légitimité du pouvoir, les

comportements et habitudes, les façons de le contrôler, de l’acquérir, de l’exercer…

détection des influences, continuités et ruptures dans ce pouvoir.

C’est aussi une histoire des institutions et du droit, par pour elle-même mais pour

comprendre des configurations politiques successives et des mécanismes de

construction de ces politiques, souvent dans le long terme, de manière séculaire.

Montrer leurs origines, leur développement, les changements de sens avec le maintient

apparent d’une institution (nom qui reste mais fonction qui change), à son personnel et

le statut social de celui-ci, les réseaux…

Le droit en vigueur, au travers des sources formelles du droit : législation, coutume

(normes issus d’une formation spontanées au sein d’une population, souvent par

l’oralité), jurisprudence (droit issu d’un jugement), doctrine.

Le droit vu au travers du système judiciaire, compétences et personnel de ces

juridictions.

L’ambition du cours est de mettre en évidence un certain nombre de phénomènes qui ont

façonné ce qu’est devenu l’occident et l’Europe. Économie, culture, histoire religieuse…

partie II du cours.

Éléments récurrents : 8 thématiques

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Contacts, frictions, syncrétisme entre systèmes politiques différentes ;

Situations de droit et situations de fait, divergences, voir ce qui a primé, pragmatisme ;

Tension entre autocratisme et principe représentatif ;

Conception descendante ou ascendante du pouvoir (octroyé ou non par une base, qui

confie le pouvoir à quelqu’un) ;

Tension entre deux principes : hérédité ou principe électif ;

Tension entre sédentarité ou itinérance des institutions et du centre de gravité de la vie

politique ;

Tension entre tolérance religieuse ou imposition d’une religion officielle (peut aller de

paire avec des persécutions pour ceux qui refusent de s’y soumettre) ;

Séparation de l’Eglise et de l’Etat, configurations possibles (théocratie,

césaropapisme) ;

Lignes de force du cours, fils rouges de la matière, savoir recontextualiser.

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Second chapitre : La genèse politique du Moyen-âge

I. Le monde romain en mutation et les Barbares

Rencontre entre les 2, rencontre violente mais qui mène à une fusion, une acculturation

par la rencontre de différentes populations, amène aussi une dislocation de l’empire. Citation

de Sidoine Apollinaire, aristo gallo-romain, genre d’une empereur romain. Préfet des Gaules

et par la suite, il est devenu évêque de Clermont. Témoin de la rencontre entre le monde

romain finissante et le monde barbare, écrit des lettres et des poèmes. Il écrit à un de ses

correspondants la rencontre avec les Burgondes. Il se plaint de ces hommes, chevelus,

puants… moine Salvien, se plaint de leur odeur.

A. Le monde romain et les barbares (monde romain de la fin du bas empire,

en mutation, il a déjà évolué par rapport au monde classique)

Les Romains et Germains sont des voisins de longue date. Il ne faut pas croire que Rome

est d’un coup assiégée par des inconnus venus de nulle part. Leur voisinage alterne des phases

de conflits et de coexistence, d’échange, ce compris des relations commerciales. Après la

conquête de la Gaule, les romains mènent des incursions parfois très loin en Germanie,

conquêtes très temporaires, ils se retranchent derrière une frontière naturelle, le Rhin. Ils vont

constituer une ligne défensive, changement de stratégie de la part des romains (plus de

conquête) : le Limes. Très vaste, elle part du Rhin et suit le Danube. Entre les 2 fleuves, au

nord de la suisse actuelle, il y a un espace vide, une zone que les romains vont combler en

établissant une ligne de fortification pour réunir ces deux fleuves : les Champs décumates.

On en trouve l’équivalent en Bretagne pour protéger l’empire contre les pictes de l’écosse

actuelle, et les Scotts (Irlandais).

Que peut-on dire de la géopolitique des barbares au-delà du limes ? Ils sont connus des

romains, Tacite en parle. Ils ne s’appellent pas entre eux germains, c’est une exo-désignation

qui vient des gaulois, qui l’ont transmise aux romains.

Leur système sociopolitique est basé sur une assemblée des guerriers libres, d’où

émergent des figures : chefs de clans et rois. Le roi, dans ces peuples, est une figure qui a

deux aspects : politique et militaire, ou religieuse. Ce qui caractérise ces germains, c’est un

très fort particularisme ethnique, chaque groupe a ses chefs et ses coutumes et se distingue

donc des autres peuples. Il y a une très forte solidarité familiale dans ces groupes,

conséquences au point de vue militaire ou juridique.

Politiquement, ils ne sont pas unis, beaucoup d’ethnies, mais on a aussi des

regroupements, des confédérations et ligues de peuplades. Certains peuples que l’on connait

sont parfois des ligues de peuples, comme les francs.

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Sur le plan religieux, c’est aussi très diversifié. D’un côté, certains de ces peuples

germains sont marqués par le polythéisme (saxons, francs…) certains autres vont être

convertis au christianisme (Burgondes, Goths, Vandales…) mais ce n’est pas n’importe quelle

forme de christianisme : christianisme arien (nie la divinité du christ), doctrine condamnée

au IVe par le christianisme romain. C’est un christianisme hérétique. Cette conversion avant

l’entrée dans l’empire montre aussi qu’il n’y a pas de frontière étanche entre le monde romain

et le monde au-delà du limes.

L’historiographie a traité de manière différente le mouvement de ces peuples vers

l’empire : invasions, migrations, et (en langue allemande) völker wanderungen (randonnée

des peuples dans l’empire).

a) Nature de ces migrations :

- Mouvement lent, pluriséculaire

- Mouvements de peuples entiers, pas une armée seulement ! il y a aussi des familles

- Mouvement pas toujours spontané, parfois c’est parce qu’ils sont poussés par d’autres

peuples

b) Importance de ces migrations :

- Sur le long terme, elles déterminent une nouvelle carte géopolitique de ce qu’était

l’empire romain

- Entraine une redistribution sur le plan institutionnel et culturel ; nouvelles aires

culturelles, mouvements d’acculturation, moments de rencontre et d’adaptation

c) Causes de ces migrations

- Changements climatiques qui entrainent un lent déplacement depuis la Scandinavie,

déplacement vers le sud, mouvement de chassement. Vers la fin du II, le monde au-

delà du limes est bien agité de confusions ethno-politiques

- Séduction du monde romain, riche, opulent, tranquille, culture matérielle… les

germains connaissent ce monde parce que certains y ont été travaillés, par des produits

importés (courants commerciaux nombreux au-delà du limes)

d) Conséquences sur les frontières de l’empire (deux phénomènes)

- Des Germains mènent des raids à l’intérieur de l’empire, ce ne sont pas des invasions

militaires, on cherche à prélever des richesses puis revenir. Il y en a dès le III. Des

francs vont aller jusqu’en Espagne et en Afrique. Ça se pratiquait déjà entre peuples

germaniques. Incursions relativement temporaires.

- Apparition d’une motivation plus profonde : souhait des germains de s’installer dans

les structures du monde romain. On va aussi essayer de trouver des moyens pour

s’installer durablement dans le confort de l’empire, de se faire entretenir par les

romains. Le but n’est pas de détruire ou de conquérir, mais de s’installer dans ce qui

existe. Ce n’est pas un phénomène d’annexion. But = sorte de déménagement. Ça

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s’exprime parfois de manière violente mais permet aussi l’établissement de tout un

nombre de compromis entre les romains et les chefs de ces tribus germaniques.

B. Destinées du monde romain à la fin de l’antiquité

C’est un monde menacé, dualisé, autocratique et christianisé.

Il y a une dualité de plus en plus grande entre les deux parties de l’empire (est et ouest).

Cette dualité se marque à plusieurs niveaux :

- culturel, le grec domine de plus en plus à l’est, à l’ouest c’est le latin.

- économique, l’est est plus prospère que l’ouest. Le centre de gravité politique se

déplace donc vers les régions les plus prospères.

Rome se voit délaissée au profit d’autres centres politiques et de décision.

Autre évolution : changement de régime graduel qui évolue vers un régime

autocratique, d’abord sur un mode païen puis chrétien. Ça se traduit aussi dans l’économie ;

dans le bas empire, c’est un dirigisme très fort. Figure de l’empereur, c’est un maitre-dieu

(Dominus et Deus). Deux figures d’empereurs marquantes :

Dioclétien (284-305) : empereur-dieu, païen qui se présente comme empereur et comme

dieu, pouvoir autocratique, grand apparat de la cours autour de lui. C’est la fin des institutions

du haut empire, le pouvoir se fait au sein d’un conseil impérial (consistoire sacré), les

conseillers sont appelés Comes. Jusque là, l’empire avait maintenu une sorte de fiction

républicaine, régime du principat, l’empereur tenant théoriquement sa légitimité du sénat.

Ça prend fin avec Dioclétien, on impose la figure de l’empereur autocrate qui

gouverne à l’aide de son conseil impérial. Affirmation d’une forme plus autoritaire et

démocratique de domination.

Mais il est aussi un des premiers à beaucoup réformer l’organisation territoriale de

l’empire.

Il pratique une sorte de décentralisation. Il ne supprime pas les provinces mais les

regroupes en diocèses, groupements plus importants.

Il va aussi s’adjoindre un second empereur, chacun d’un sera épaulé par une sorte de

successeur désigné (le césar, l’empereur c’est l’auguste) : tétrarchie, pour pouvoir

mieux assurer la défense et la direction de l’empire.

Les pouvoirs vont être répartis sur une base territoriale. Dioclétien et son césar s’occupent

de la partie orientale de l’empire. De l’autre côté, on a le co-empereur de Dioclétien.

Capitales : Milan en Trèves, Rome perd sa fonction. Pourquoi ? Parce qu’on éprouve le

besoin de se rapprocher des frontières, s’il y a une incursion, pour mieux les contrôler.

Ce système, en réalité, ne va pas bien fonctionner. Quand Dioclétien et l’autre co-

empereur meurent, les césars sont empereurs et choisissent de nouveaux césars. Ce n’est plus

autoritaire, les fils ne sont pas contents ! La tétrarchie finit de fonctionner parce qu’il n’y a

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pas de consensus au sujet de l’élection. Guerre civile, Constantin le Grand en ressort, mate

une révolte à l’ouest vainc ses rivaux et se retrouve seul empereur.

Il maintient l’absolutisme de l’empire, l’aura divine de l’empereur, le cérémonial

autour de la personne.

Il garde aussi les institutions (conseil impérial).

Il réforme à nouveau les circonscriptions territoriales, divise l’empire en 4 préfectures,

chacune confiée à un préfet. Elles rappellent les 4 zones de la tétrarchie, les 4 quarts

de l’empire. Chacune de ces préfectures et divisée en diocèses, eux-mêmes divisés en

provinces. Le centre de gravité est à l’est. Les 2 préfectures occidentales sont Milan et

Trèves, à l’ouest on a Constantinople et Sirnium (Serbie).

Constantin induit aussi une rupture, premier empereur romain à être baptisé : empereur

chrétien. L’empire alors se transforme, devient romano-chrétien. On vient d’une situation ou

le christianisme n’était pas très bien vu mais aussi persécuté, y compris sous le règne de

Dioclétien. Le passage à un empire romano-chrétien est graduel, plusieurs étapes

Liberté religieuse, édit de Milan (313) => tolérance du christianisme

Apparition d’empereurs chrétiens, à partir de Constantin (sauf pour Julien), mais ce

n’est pas pour ça qu’ils vivent une vie de pauvreté et tout, leur conception politique est

toujours autocratique ! ils ne sont juste plus considérés comme des dieux mais

gouvernent au nom de celui-ci

Proclamation du catholicisme comme religion d’état (Théodose Ie le grand, règne

jusqu’en 395). Théodose s’immisce de plus en plus dans les affaires doctrinales de

l’église, il prend part aux discutions, impose ses vues et ses solutions. En 380, il

interdit l’arianisme dans la partie orientale de l’empire => religion interdite ! En 391 :

instaure le christianisme comme religion d’état, implique l’interdiction de tous les

cultes païens.

On a donc un passage progressif à un état romano-chrétien. Au terme de ce processus

plus politique que religieux, le caractère absolu de l’empereur a été maintenu et même

renforcé. C’est le chef politique qui domine le clergé, convoque les réunions d’évêque

(conciles).

Régime ou l’état a une religion officielle mais c’est le chef politique qui dicte sa loi au

chef religieux : césaropapisme.

À la mort de Théodose, l’empire est à nouveau partagé en deux parties : orient et occident.

Ce n’est pas si brutal, c’est déjà annoncé depuis Dioclétien ! Ce qui est nouveau, c’est que le

partage se fait entre les deux fils de Théodose et non entre deux empereurs « adoptés ». Il y a

bien hérédité. Honorius (cadet) reçoit l’occident, Arcadius reçoit l’orient. On évoque parfois

une coupure entre les deux parties de l’empire, nette et irrémédiable, mais c’est une vision

erronée ! La conscience d’une unité va demeurer et l’interaction entre les deux parties

subsiste, tout le monde reste romain ! Il faut plus parler la partie orientale de l’empire et de la

partie occidentale de l’empire. Il n’y a pas deux empires distincts ! Trèves et Milan à l’ouest,

Sirnium et Constantinople à l’est.

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Depuis le IIIe, l’empire de l’est est confronté à une triple pression extérieure. Au nord,

incursions des Goths, dans le Caucase, les Alains, à l’est, les Perses. En 332, des Goths vont

s’installer au sud du Danube, sont acceptés par l’empire pour garder les frontières. Côté

occidental, dès le IIIe, combats le long du limes.

L’armée romaine à l’époque a connu une évolution sur les plans tactiques et stratégique.

Sur le plan tactique :

- Au bas empire, c’est la cavalerie qui prédomine, armée d’arcs et de lances.

- L’infanterie n’est plus équipée du bouclier mais d’un bouclier rond, on abandonne

aussi le pilum classique, pour se mettre à la hauteur des nouveaux adversaires, les

germains, qui ont une cavalerie très développée.

- Souligner aussi l’importance des auxiliaires (barbares recrutés).

- Les généraux portent des titres nouveaux : Maitres (magister militum, équitum,

peditum).

Sur le plan stratégique : conséquence des incursions du IIIe.

- Les forces principales sont reculées à l’intérieur, pour pouvoir réagir et être déplacées

en fonctions de la menace. Elles sont commandées par un Dux ou un Comes.

- Aux frontières, on a des troupes de fortins, soldats de seconde catégorie.

- On a aussi des paysans soldats, germains installés à l’intérieur des frontières, qui

cultivent une zone de campagne et doivent prendre les armes pour défendre les

incursions.

- Enfin, les villes se dotent de remparts (Mayence, le duc a 11 préfets militaires sous ses

ordres, et en arrière, à Trèves, se trouve basée les troupes du magiter militum pour la

gaule).

C. Les germains de Rome

Avant de parler de la grande vague d’installation, on a une politique romaine d’installation

des germains :

- Incorporation de germains dans les armées, comme auxiliaires

- Installation d’une population ne groupe restreint dans les frontières, progressivement

ils sont romanisés. Ce sont des fédérés, ils sont alliés aux romains par un Foedus

(traité) mais peuvent conserver leur organisation interne, ils servent en bloc avec leur

chef. On a donc dans l’empire romain des armées de germains romanisés. Ils sont de

plus en plus nombreux et proviennent de différents peuples germains.

Silvanus, franc qui porte le titre de magister peditum ! Un des généraux au sommet de la

hiérarchie, défendra la gaule romaine contre les germains. Au milieu du IVe, il va mal tourner

et se proclamer empereur, mais sera assassiné quelques jours plus tard.

Bauton : franc, païen, porte le titre de magister militum, au somment de l’armée ! Lutte

contre les barbares dans la partie ouest de l’empire, en 395 il marie sa fille au nouvel

empereur d’orient Arcadius.

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

13

Stilichon : vandale romanisé, général de Théodose, épouse une des nièces de Théodose. Il

va aussi accompagner le 2e fils de Théodose en occident quand il succède à son père. Il sera,

dans les faits, le véritable maitre de l’occident.

C’est toujours un régime monarchique de caractère divin et absolu qui se maintient

avec la conversion au christianisme.

Les comes, au bas empire, ce sont des dignitaires civils mais aussi militaires. Comes

domesticorum : chef de la garde impériale. Dux : chef militaire souvent à qui est confiée la

défense d’une province frontalière. Importance de la classe sénatoriale (nobilitas), elle existe

toujours même si le rôle du sénat s’est amoindri. Les membres de cette classe prêtent le

serment de servir l’état.

Sur le plan socio-économique : grand dirigisme. Renforcement des liens de clientélisme.

Phénomène aussi de cloisonnement social. Tout ça est mis en place par voie législative. Dès

dioclétien, les gens sont attachés à leur condition. C’est ce monde romain qui entre dans le

Moyen-âge avec les barbares.

Sur le plan culturel, ce n’est pas la décadence, on parle d’une renaissance constantino-

théodosienne ! Époque intéressante sur le plan culturel. Point de vue littéraire, auteurs latins

mais aussi païens (Macrobe, Ammien Marcelin), chrétien aussi (Saint-Augustin).

On a affaire à un état monarchique, romano-chrétien, régime césaropapiste, nobilitas

au service de l’état, paysannerie fixée au sol et clientélisme important, état en partie

germanisé, grande hétérogénéité est-ouest.

D. Les randonnées des germains

1e séquence : arrivée des Goths dans l’empire d’orient. Il y a un groupe de Goths

(originaires de la Scandinavie). En 332, ils mènent un raid vers la Danube mais sont défaits et

une partie d’entre eux passent au service de l’empire. Ce sont les Wisigoths (« Goths

sages »), qui se sont soumis à l’empire. Ces Goths, durant le moment où ils sont là, sont

évangélisés vers 340. Mais ça va se faire par un arien, ils vont donc être convertis à l’hérésie

arienne, ça va marquer leur destin et conditionner leurs relations avec les romains.

Une autre branche des goths va rester au nord de la mer noir, les Ostrogoths (« Goths

brillants). Ils ont une sorte de territoire d’empire assez vaste, qui correspond plus ou moins à

l’Ukraine actuelle. Comme voisins, ils ont les Alains. Cet empire va s’écrouler en 375, à

cause de l’arrivée d’Asie centrale, les Huns (font partie de la grande famille des peuples

turcs). Ils s’écroulent d’un coup car ces empires sont des structures assez solides, des

guerriers qui dirigent des populations indigènes, un peu indifférentes à ceux qui les dominent.

Qu’advient-il de ses ostrogoths ?

- Certains vont se soumettre aux Huns et vont les suivre dans la suite de leur histoire.

- Une autre partie va prendre la suite et tenter de se réfugier auprès de l’autre branche

des Goths, les Wisigoths. Ceux-ci avaient été chassés en dehors de l’empire (367),

dans l’ouest de la Roumanie actuelle.

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

14

Quand les Huns arrivent, les Wisigoths se déplacent vers le sud et demandent à se

réfugier à l’intérieur des frontières romaines. Ils obtiennent donc un statut de fédérés. Ils sont

suivis par les Ostrogoths, là les Romains leur refusent le passage mais ils vont quand même

franchir le Danube. Ça pose problème car ils sont très nombreux, surtout au niveau

approvisionnement. Ça cause une révolte de ces Wisigoths et ces Ostrogoths. Ils vont aller de

plus en plus loin et franchir les Balkans, se retrouvent en Thrace, en Grèce. Ils battent là les

Romains. L’empereur (en train de combattre les Perses) revient dare-dare, le co-empereur le

rejoint en descendant la frontière le long du Danube. Malgré les conseils qu’on lui donne,

l’empereur ne veut rien entendre ni attendre les renforts, il ouvre la bataille contre les

Wisigoths, perd cette bataille et la vie aussi (Andrinople, 378). Ça va faire un tournant.

Le co-empereur survivant d’occident va se choisir un autre co-empereur, Théodose

(l’autre est mort à la bataille d’Andrinople). Les Wisigoths restants s’installent comme

fédérés avec des négociations. À terme, il y a un problème, car ils sont entrés en masse, ils

forment un corps derrière leur chef, ils gardent leurs coutumes et le souvenir d’une victoire

éclatante contre les romains ! Ici, ils sont difficilement assimilables, ils restent néanmoins

dociles sous Théodose mais le problème revient à la fin de son règne.

En occident, le rôle prépondérant est tenu par un général en chef, qui est un Franc

romanisé : Arbogast. Il défend les frontières contre les raids, y compris contre les Francs. Il a

même mené une incursion à l’extérieur. Le pouvoir génère envie et rumeurs, et quand le co-

empereur d’occident meurt (390), Arbogast est soupçonné d’avoir entrainé la fin subite de cet

empereur ! Il va lui-même, sans attendre l’avis de Théodose, proclamer un nouvel empereur,

un fantoche, parce que c’est Arbogast qui tire les ficelles.

Problème de matière religieuse : ce sont des païens. De l’autre côté on a Théodose,

instaurateur du christianisme comme religion d’état. Il attend un peu avant d’attaquer

ses deux ennemis. L’empereur est exécuté et Arbogast se suicide.

On est en 394. Ce qui est remarquable, c’est que l’armée romaine d’Arbogast est

composée de Francs et d’Alamans, et de l’autre côté l’armée de Théodose, on a des Alains,

des Goths… le général est Stilichon. Il a aussi deux autres généraux, Gainas et Alaric.

En 395, Théodose meurt, l’empire est partagé entre ses deux fils, Honorius et Arcadius

(rupture pas nette), encore jeunes, donc le pouvoir de fait appartient à d’autres :

- À l’est c’est Stilichon qui gère,

- À l’ouest c’est un des préfets du prétoire, Ruffin.

Alaric est désappointé car des promesses lui avaient été faites par Théodose. Il prend donc

la tête des Wisigoths et prend le titre de Rex (titre à connotation ethnique, pas territoriale,

porté par les chefs des peuplades fédérées) et ravage la Macédoine et la thrace, menace même

Constantinople mais se retire contre payement. Il va se retrouver face à Stilichon (qui accoure

de l’Occident avec l’armée entière de Théodose et les soldats des troupes d’Arbogast, ça

montre bien que la rupture n’est pas totale). Gainas reçoit alors l’ordre de Ruffin de revenir en

orient avec les troupes de Théodose, Gainas préfèrera ménager Alaric et les Goths afin que

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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celui-ci affaiblisse l’armée de Stilichon, qui retourne alors en occident. Gainas pourra donc

assassiner Ruffin, pour ensuite prendre sa place.

Alaric va prendre un titre important dans la hiérarchie militaire, il est nommé Magister

militum par la partie orientale (autorité sur l’ensemble de l’armée). Il est toujours en

même temps chef des Wisigoths et s’installer en Grèce.

Gainas, autre général Goth, est aussi Magister militum et on lui confie la mission de

mater la révolte des Ostrogoths qui ne reconnaissent plus l’autorité romaine. Plutôt

que ça, il va s’allier aux révoltés, se retourner sur le pouvoir de Constantinople où on

avait alors un autre préfet du prétoire.

Il entre dans Constantinople avec ses troupes en 399. Il quitte la ville en 400, certains

Goths restés en ville se font massacrer par la population et Gainas et déclaré ennemi public,

puis vaincu par un chef Goth resté loyal à l’empire. Il n’est pas capturé et se réfugie chez les

Huns. Ceux-ci entretiennent de bons rapport avec la partie orientale de l’empire, donc le chef

des Huns renvoie la tête de Gainas à Constantinople.

Ce sont bien des épisodes de guerres civiles, avec des héros qui se révoltent avec des

troupes germaniques, opposés à des troupes qui sont aussi composées d’éléments

germaniques. Contexte plus de guerre civile dans l’empire et de germanisation

progressive de cet empire, que dans un contexte d’invasion au sens classique du terme.

2e séquence : passage des Goths à l’Ouest : dans la partie occidentale, les Wisigoths vont

aller s’installer en Italie. Alaric passe à l’ouest avec les Wisigoths, commencent 10 ans de

péripéties.

En 401, il prend la ville d’Aquilée (pointe de l’Adriatique). La partie occidentale est

alors toujours dirigée par Stilichon mais il n’est pas disponible au moment où Alaric

arrive. Il est au nord des Alpes, en train de se battre pour contenir deux peuples

barbares : Alains et Vandales.

Il repasse alors les Alpes en ayant appelé des renforts de Gaule et de Bretagne en

Italie. Il est donc en train de dégarnir la gaule et la Bretagne. Grâce à ces troupes, il

peut vaincre Alaric en 402. Au terme de négociation, Alaric quitte l’Italie.

Il revient en 403, défaite à nouveau et négociation avec Stilichon qui ne souhaite pas

l’écraser mais le maintenir à distance respectable. Il doit à nouveau quitter l’Italie et

s’installe entre la Dalmatie et la Pannonie (Hongrie) => reste dans la partie occidentale

mais se retire par rapport au centre vital. Ça permet aussi au pouvoir occidental de

garder un pied dans la zone d’influence, partie intermédiaire de l’empire. Comme on a

des traités avec ces Wisigoths, on a un, peu la main sur cette région, enjeux politiques

très présents en termes de tentatives d’hégémonie.

Le siège du pouvoir, à cette époque, est déplacé à Ravenne, devient le siège des

institutions impériales, parce que c’est une ville plus protégée que Rome, par des marais et

des lagunes, et elle donne sur la mer donc on peut facilement atteindre la partie occidentale.

C’est toujours Stilichon qui a le pouvoir de fait même s’il y a un empereur.

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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À ce moment se déroule un raid d’Ostrogoths, dirigés par un païen, qui ravagent l’Italie

du nord. Dans l’armée de Stilichon, on a des Alains, des Huns donnés par le Kahn des Huns.

Il y a un chef, c’est Sarus (Goth rival d’Alaric). Avec cette armée très cosmopolite, Stilichon

remporte la victoire et on va lui élever un arc de triomphe à Rome, pour célébrer la victoire au

nom des deux empereurs (Honorius et Arcadius, fils de Théodose, on a bien un seul empire

avec des co-empereurs).

En 406, le Rhin était gelé, ça permet à trois peuples barbares de franchir le Rhin :

Vandales, Suèves et Alains. Stilichon ne bouge pas, il reste dans la zone méditerranéenne

parce qu’il cherche toujours à s’étendre vers l’est dans la partie intermédiaire de l’empire

(entre ouest et est).

En 408, Alaric se rapproche à nouveau de l’Italie mais s’installe au nord des alpes

(Bavière actuelle). Il ne reste pas inactif et demande un tribut à l’empire pour services

rendus, et Stilichon accepte cette transaction, il persuade le sénat romain d’accepter de

verser ce tribut.

Malheureusement pour Stilichon, il se produit à ce moment une révolte des troupes

romaines. Durant cette révolte, plusieurs hauts dignitaires sont massacrés par les troupes,

l’empereur s’en sort mais doit permettre aux insurgés de leur remettre Stilichon. Il n’est pas

là, il se réfugie à Ravenne dans une église mais il se laisse duper et sort sur de fausses

promesses, arrêté et décapité. L’homme fort de l’ouest vient de perdre la vie. Dans cette

révolte, un certain nombre d’auxiliaires germaniques et de leurs familles ont été massacrés,

certains se sont enfuis et ont rejoint Alaric qui est toujours chef des Wisigoths.

Celui-ci va tirer parti de la situation, il va franchir les alpes en entrer en Italie pour la

3e fois, assiège Rome en 440 !

Il obtient des promesses de payement pour qu’il se retire, et on lui promet d’arranger les

choses avec l’empereur de Ravenne (Honorius). En effet, il souhaite pouvoir s’établir comme

fédéré sur un territoire, dans des conditions que lui juge satisfaisante. Honorius va faire trainer

les négociations, Alaric s’énerve, fait pression par une marche sur Rome et impose au Sénat

de nommer un nouvel empereur. Ça doit se faire avec une apparence de légalité d’où le fait

qu’il s’adresse au sénat. On choisit un préfet païen qui est nommé empereur, il se fait baptiser

parce que ça fait mieux (religion officielle = christianisme) et pour asseoir la légitimité, son

autorité. Mais il choisit mal, il n’a pas pris un catholique mais un arien pour se faire baptiser,

ça pose problème face aux catholiques et aux orthodoxes.

Alaric est nommé général en chef des deux milices (Magister Utriusque Militiae,

fonctions des Magister militum et peditum)

Son beau-frère Athaulf est nommé Comes domesticorum, commandant de la garde

impériale.

Le rêve d’Alaric est-il accompli ? Sont-ils vraiment bien installés dans l’empire avec des

titres ? Non ! Les choses auraient pu s’apaiser mais quelqu’un va jouer un autre jeu politique

en restant fidèle à l’empereur de Ravenne :

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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le gouverneur de l’Afrique, va couper les approvisionnements qui proviennent de sa

province (primordial parce que l’Italie et Rome sont très dépendants de ça) : blocs

économique sur l’Italie pour contrecarrer l’entreprise d’Alaric. Il va alors déposer son

empereur et repartir dans des négociations avec l’empereur de Ravenne.

Mais pendant ce temps, le camp d’Alaric va être attaqué par le chef Goth Sarus, rival

d’Alaric. On peut penser qu’il a été envoyé par Honorius, mais ce n’est pas sur, ça

peut être aussi une action personnelle de Sarus, chef indiscipliné qui aurait agi pour

son propre compte pour assouvir sa rancœur contre Alaric.

Cette action contre le camp d’Alaric va faire stopper les négociations, il va marcher sur

Rome, ne veut plus négocier et va prendre la ville, la piller, sac de Rome en 410.

Il ne s’agit donc pas d’un choc de civilisation entre barbarie et romains, c’est

beaucoup plus complexe que ça. Les « barbares » qui s’opposent aux romains sont

issus de leurs rangs, ils ont servi pour eux.

Athaulf va succéder à Alaric (son beau-frère) à la tête des Wisigoths après la mort

d’Alaric en 410. En 412 il va les emmener en Gaule.

3e séquence : passage du Rhin et conséquences immédiates

Autour de 400, la frontière du Rhin semble assez tranquille grâce à Arbogast (Franc

romanisé dans l’armée romaine). Deux peuples germaniques trainent autour de la frontière :

Francs et Alamans. Ils se tiennent en bon voisinage grâce aux traités et à l’action de

pacification de la frontière. La situation semble tellement tranquille qu’en 401 Stilichon s’est

permis de rappeler les troupes de campagne (sont à l’arrière, masse de l’ensemble combattant,

les plus efficaces, nécessaires au bon fonctionnement du dispositif) en Italie lorsque Alaric se

pointe dans cette région. Le siège de la préfecture des gaules va être déplacé, non plus à

Trèves mais à Arles.

Stilichon ne pense pas prendre de risque en ramenant ces troupes, mais quelque chose va

modifier la situation. Les Huns, restés en bons termes avec l’Empire, peuple nomade, se

déplacent et en se déplaçant ils avancent vers la Hongrie actuelle (Pannonie) et entrainent

d’autres déplacements (dominos).

Devant eux, il y a les Vandales, qui vont bouger, ne passent pas par le nord de l’Italie

mais avancent le long du Limès vers l’ouest et se retrouvent à la frontière du Rhin.

Ils entrainent avec eux des Suèves et es Alains (viennent de loin, ont été intégrés dans

l’empire politique des Huns, certains vont suivre Vandales et Suèdes).

Ils se retrouvent sur la frontière du Rhin, près de Francs fédérés. Une partie des Alains se

rallie aux Romains, certains sont avec les Huns, d’autres avec les Vandales et Suèves (3

parties). Il y a des combats, les fédérés auraient pu repousser mais avec le Rhin gelé, c’est

difficile de stopper l’invasion. Les nouveaux venus se déplacent en Gaule, en saccageant,

brulant les villes qu’ils rencontrent, jusque dans le sud-ouest (province d’aquitaine).

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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Derrière eux, d’autres peuples vont profiter de la brèche pour s’engouffrer dans l’empire :

Alamans (ne respectent plus leur traité) et Burgondes. Les Francs fédérés vont aussi

chercher à étendre le territoire qu’ils dominent. En Italie, l’empereur ne bouge pas, occupé

avec Alaric et les Wisigoths, Stilichon occupé avec ses invasions vers l’est.

Quelqu’un va s’opposer à ça, un usurpateur, Claudius Constantin, en Bretagne. Il se

fait proclamer empereur et va traquer les peuples barbares dans l’empire Il ne sait pas

repousser les raids, ces peules restent en Gaule.

En 409, les Vandales, Suèves et Alains vont passer les Pyrénées et arrivent dans la

péninsule ibérique.

Peu après, sur le Rhin à Mayence, un nouvel usurpateur est nommé empereur,

favorisé par les Burgondes.

En même temps, 412, les Wisigoths d’Athaulf passent en Gaule aussi, arrivent par le sud

car viennent d’Italie. Or le siège du préfet du prétoire est à Arles. Le Préfet va convaincre

Athaulf de s’allier à l’empereur de Ravenne contre l’usurpateur nommé par les Burgondes.

Athaulf accepte et vainc l’usurpateur. Armée d’usurpateur = germains et armée de l’empereur

de Ravenne = germains aussi : pas d’unité dans le monde germanique entre les tribus ! Forte

solidarité dans une ethnie mais pas entre ces ethnies. Qu’est-ce qui a décidé Athaulf à prendre

le parti d’Honorius ? Parce qu’il a appris que Sarus avait pris le parti de l’usurpateur

Une relative stabilisation se dessine :

- Les Wisigoths vont être établis comme fédérés dans le sud ouest de la Gaule.

- Les Vandales, Suèves et Alains vont eux-aussi avoir des traités et s’établir dans une

zone de la péninsule ibérique.

Le problème, c’est que les obligations, quand on fait un traité, sont dans les deux sens.

Rome est dans une situation difficile point de vue économique et financier. La partie

occidentale a du mal à remplir ces obligations. Certains des fédérés vont tenter d’agrandir la

zone qu’ils dominent.

Athaulf étend donc son territoire et se donne un objectif politique : régénérer Rome

avec la force des Wisigoths, leur donner une certaine vigueur, va mettre son

programme à la lettre car va épouser la sœur de l’empereur Honorius, Calla Placidia.

Ils ont un enfant : Théodose, comme son grand-père. Nom romain, il est appelé à

devenir le nouvel empereur romain mais il a du sang germanique.

Le problème c’est quel l’enfant meurt et Athaulf va être assassiné. Circonstance de ce

meurtre, ce n’est pas un complot politique, c’est une affaire d’ordre privé. 415, Sarus a été

capturé et exécuté donc un de ses fidèles va le venger en assassinant Athaulf (deux structures

de base de la société germanique : devoir de vengeance et vassalité, fait qu’un fidèle doit se

dévouer pour le chef qu’il s’est engagé à suivre et à servir).

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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Suite à ça, chez les Wisigoths, on a une réaction anti-romaine. 2 rois vont se succéder

vite, le second va se remettre au service de Rome contre rémunération et accepte une

mission : se rend en Espagne pour combattre les 3 tribus qui y vivent et qui ne respectent plus

les clauses du traité. Honorius utilise donc les wisigoths contre les 3 peuples fédérés en

Espagne. Il les rappelle peu après et les replace dans le sud-ouest de la Gaule. Les 3 tribus

d’Espagne sont affaiblies :

- les Alains ont d’ailleurs fusionné avec les Vandales ;

- les Suèves ont été relégués au nord-ouest de la péninsule, ils ne sont plus vraiment

dangereux donc on refait le traité.

Les Wisigoths en Gaule sont chargés de protéger le littoral atlantique qui est en prise avec

les raids des Saxons, leur point de départ est en Allemagne, et pour lutter contre les autres

peuples germaniques installés dans la partie nord-est de la Gaule. Dans les régions où on a

des fédérés, les tribunaux, l’administration, l’organisation romaine subsiste, sauf qu’à la

place de l’armée romaine régulière, on a les armées des fédérées. Les Gallo-romains,

Hispano-romains sont toujours administrés à la romaine.

Honorius tente aussi de stabilisé les choses sur le plan politique. Comme empereur de la

partie occidentale, il va se choisir un associé, Flavius Constentius, il l’associe à sa famille en

le faisant épouser Calla Placidia. Un enfant nait mais est encore jeune quand Honorius et son

associé meurent (421-423). Situation difficile alors sur le plan militaire, le petit héritier va être

sauvé par les troupes qui viennent de l’Orient. De ce fait, la partie orientale va s’assurer une

suprématie sur la partie occidentale, l’ouest a besoin de l’est ! Le pouvoir à l’ouest est sous la

coupe du pouvoir de l’est.

Le pouvoir, à l’ouest va être exercé par deux personnes : Calla Placidia et un général,

Aetius. Aetius est un vrai romain, issu de la partie orientale de l’empire, famille illustre et

militaire. Son père est un comes. C’est pour cette raison que, enfant et adolescent, Aetius va

être confié comme otage à des peuples avec qui l’empire a scellé un accord, comme garantie.

Otage chez Alaric et ses Wisigoths, puis chez les Huns, où il va fréquenter le neveu du chef,

Attila. Il va ensuite prendre part aux séditions, prendre part pour un usurpateur avec une

armée de mercenaires Huns. Il revient ensuite au service du pouvoir légitime avec des

péripéties, doit à un moment se réfugier chez les Huns, revient avec une armée et se fait

donner de force le titre de Magister utriusque militiae et aussi le titre de patrice (père adoptif

de l’empereur).

On voit à quel point sont entremêlés deux types d’éléments : institutions romaines et

germaniques. Situation géopolitique, mélange de zones sous autorités directes des

romains et zones concédées où le pouvoir militaire est exercé par les fédérés.

Aetius va se concentrer sur la défense de la Gaule, où sont encore en mouvement toute

une série de peuples : Burgondes (de part et d’autre du Rhin) et Alamans (Alsace actuelle).

Les Francs eux-mêmes ont commencé à étendre leur zone d’influence malgré les traités.

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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Aetius va stopper les Francs dans leur expansion pour en faire des alliés de Rome

(pour les Francs Saliens, dont est issu Clovis et la dynastie mérovingienne, les autres

Francs sont rejetés sur la rive droite du Rhin).

Les Burgondes vont aussi êtres repoussés, leur roi Gunther va connaitre une défaite

face aux mercenaires Huns d’Aetius (// Chant des Niebelungen, raconte la défaite des

Burgondes face aux armées d’Attila, c’est une erreur parce que ces Huns étaient dans

l’armée d’Aetius).

Aetius ne va pas supprimer ces burgondes mais les installer dans une région au nord du

Lac Léman. Les Alamans vont alors profiter de la place libre pour s’étendre. Les Wisigoths

tentent aussi de s’étendre mais Aetius va les maintenir. Il y a encore en Gaule des zones sous

administration romaine directe mais il y a là un mécontentement social (économie qui zone un

peu…) que Aetius va stopper.

5e séquence : passage des Vandales en Afrique du Nord

Les Romains vont tenter une reconquête militaire de leurs provinces d’Espagne mais vont

échouer dans les années qui suivent, pourtant le roi des Vandales, Geiserich (Genséric) va

partir après avoir infligé une défaite aux Suèves. Il passe en Afrique, prend la ville d’Hippone

(évêque = Saint-Augustin, décède pendant le siège de la ville en 430). L’empire va céder les

provinces gagnées par Geiserich, en échange il envoie un de ses fils comme otage chez les

romains.

On assiste à des persécutions des catholiques par les Vandales (qui sont Ariens). Ils vont

aussi tenter d’étendre leurs territoires, prennent Carthage en 439 et coupent les

approvisionnements économiques de Rome. C’est un chef Vandale qui coupe els

approvisionnements (>< avec le gouverneur d’Afrique). Sur le conseil d’Aetius, la fille de

l’empereur va épouser le fils de Geiserich, déjà otage à Rome.

En conséquence, les Vandales s’établissent et fondent un royaume à la fois africain et

maritime avec une forte zone d’influence. C’est un royaume caractérisé par une forte

ségrégation des populations. Pas de mélange, pas d’alliance entre les familles (mis à

part cette opération au sommet), donc les cadres politiques et administratifs de ce

royaume sont faibles parce que ça ne colle pas vraiment entre vandales et romains

d’Afrique. Ça va durer un siècle, après il s’écroule face à une tentative de reconquête

venant de Constantinople par les troupes de Justinien.

En Espagne, il reste les Suèves, affaiblis, qui dominent plusieurs provinces romaines,

les tentatives militaires romaines contre eux échouent mais les Wisigoths vont en

profiter, prennent des territoires et sont donc des deux côtés des Pyrénées. Les Suèves

restent au nord-ouest.

En 451 : les Huns d’Attila font irruption (Attila a fait l’unité politique des Huns). Il mène

plusieurs opérations dans les frontières de l’empire d’orient, contre argent, puis se concentre

sur l’ouest avec un prétexte suite à une dispute au sein de la famille de l’empereur. La sœur de

l’empereur, exilée par son frère, avait envoyé son anneau à Attila, qui croit qu’elle le veut

comme époux, donc il vient réclamer sa femme et une partie de l’empire.

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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Il franchit alors les frontières en passant le Rhin et se trouve confronté à Aetius qui

vient à sa rencontre avec ses propres forces et des fédérés comme les Francs, les

Burgondes, les Wisigoths, pour l’affronter. Les Huns doivent battre en retraite, passent

le Rhin et passent l’hiver en Hongrie, le roi des Wisigoths meurt.

Les Huns reviennent au printemps, prennent Aquilée, Milan, pavie, on fait alors des

négociations et les Huns se retirent en Pannonie où meurt Attila.

L’Etat Hun = état hunnique, multiethnique et multilingue, avec des Huns, des Germains

(ostrogoths), Alains (peuples iraniens), Romains qui viennent de Pannonie, tous intégrés dans

la structure politique des Huns : multiculturalité dans la structure politique.

- Dirigé par un Khan (Attila) et un second, qui est un germain ;

- Secrétaire, Oreste (romain) ;

- Autre personnage d’origine grecque ;

- Premier ministre, romain de l’orient et de culture grecque ;

- Deux rois germains (roi des Ostrogoths et roi des Gépides).

Cet état est aussi non-sédentaire, l’économie des huns est d’abord une économie pastorale,

on suit les troupeaux en se déplaçant. C’est un état qui reste fragile, tient en grande partie de

la personne qui le dirige, avant il y avait 3 clans, qu’Attila a rassemblés, après ça c’est la fin.

Les Gépides et Ostrogoths se soulèvent, écrasent les Huns et Alains qui vont devoir prendre

la fuite vers l’est, sur les frontières de l’empire d’orient.

Pendant ce temps en Italie, en 454, on complote contre Aetius (qui a le pouvoir de fait),

qui va être assassiné de la main même de l’empereur (qui a le pouvoir de droit). Situation où

l’empereur s’est révolté contre sa sujétion à son, premier ministre. En 455, Aetius est vengé,

l’empereur est assassiné, par deux officiers de l’armée d’Aetius, des goths, vont venger leur

chef à la germanique (coutume d’application des liens de vassalité, accomplissent leur devoir

de vengeance : 2e épisode de ce type (//Athaulf)).

Désordre en Italie. Le roi des vandales, Genséric, fait un raid en traversant la

méditerranée jusque Rome en 455, sac de Rome à nouveau (//Alaric). Expédition sans

suite, on revient après, on ne cherche pas à s’établir.

456 : arrivée d’un barbare, Ricimer (porte des titres romains : Patris et Magister utriusque

militum). Il exercer donc un pouvoir en tant que représentant de l’autorité romaine, il détient

le réel pouvoir et les empereurs sont de véritables marionnettes, il en a destitué 3.

Pendant ce temps, les Ostrogoths qui ont provoqué la fuite des Huns vont se disperser :

- Une partie va passer en Italie et sera détournée vers la gaule et vont se mélanger à

leurs cousins wisigoths.

- Une autre partie va s’établir à la limite des parties orientales et occidentales de

l’empire.

En 473, Ricimer a fini de dominer le jeu politique en Italie et s’empereur d’orient va en

profiter pour imposer son candidat en Italie. Il ne s’agit donc pas de deux états différents mais

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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de deux parties d’une même entité. Ce candidat est Julius Nepos, il ne va pas rester longtemps

au pouvoir car va être victime d’une sédition militaire, les troupes se révoltent, menées par

Oreste (ancien secrétaire d’Attila, tout le monde s’est dispersé).

Il est un peu trop compromis pour pouvoir lui-même briguer le trône impérial, il ne se fait

pas proclamer empereur mais il fait proclamer son fils encore jeune, Romulus Augustule,

empereur de droit, son père sera empereur de fait. Proclamé empereur à Ravenne en 475, il ne

le sera pas longtemps. Les troupes sont de moins en moins romaines, ce sont des mercenaires

germains non-romanisés. On y trouve une partie des débris de l’armée des Huns (avec

Oreste). Elles vont se montrer exigeantes, exiger de bénéficier des règles de l’hospitalité,

comme un peuple fédéré. C’est une conséquence du traité, on leur cède des terres. Ça

fonctionne avec un peuple en tant que tel, mais pas avec une armée, ça leur est refusé, en plus

on est au cœur de l’Italie.

Elles se révoltent donc, menées par Odoacre, qui commandait la garde impériale, fils

d’un des favoris d’Attila. Oreste est décapité, son fils est destitué en 476. Odoacre va

renvoyer les insignes impériaux à Constantinople, signifie donc qu’un seul empereur

suffit pour tout l’empire !

Il faut un temps pour que les choses se tassent. Du point de vue de Zénon (empereur

d’orient), ça pose problème parce que Julius Nepos est toujours là. Il est assassiné en 481, et

Odoacre peut donc gouverner l’Italie au nom de l’empereur Zénon. Double titre, chef de

peuple fédéré (Rex) et aussi titre romain (Patris). Il est à la fois dignitaire romain et chef de

son peuple. C’est un peu fictif, parce que son peuple ce n’est que son armée.

Des royaumes barbares s’installent, (Afrique, Gaule, péninsule ibérique). En Gaule

subsistent des régions sous administration romaine directe et d’autres sous peuples fédérés.

Tous ces chefs germains continuent de porter des titres de dignitaires romains, ça montre la

place dans les structures en place.

II. Les premiers royaumes barbares et Justinien

Ce ne sont pas des royaumes extérieurs qui se sont étendus dans l’empire : ils sont venus

s’y installer et là ont créé des royaumes en utilisant les ressources de l’empire.

À l’est subsiste la partie orientale de l’empire avec deux attitudes :

- attentisme, on attend de voir comment ça va se passer

- réaction, ça va aller jusqu’à une reconquête militaire d’une partie des territoires pris

par les Germains.

A. Royaumes anglo-saxons

Ils prennent place dans l’ancienne Bretagne romaine. Plusieurs éléments s’y retrouvent :

- Élément romain (latin) ;

- Élément celte (substrat) ;

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

23

- Élément germanique (nouveaux envahisseurs).

En Bretagne, les romains ont été présents. Mais le territoire fut peu romanisé. On conserve

donc des traits préromains, celtiques. Le territoire avait déjà abandonné par l’armée romaine

car en 400 elle redescend en Italie. La structure romaine est donc très faible en Bretagne. Cela

entraine un sursaut celte : les coutumes reprennent le dessus. Quand les envahisseurs

germaniques se retrouvent face à des Bretons qui ont retrouvé leurs habitudes celtes => lutte

longue et acharnée. Pas d’arrangements.

Cette lutte va inspirer la Légende du roi Arthur, thème majeur de la littérature et de la

culture médiévale, le personnage est un Breton luttant contre l’envahisseur saxon. On ne sait

pas exactement comment ça s’est passé au Ve siècle mais on voit que durant le VIe et le VIIe

siècle, ce combat se poursuit, les germains repoussent les bretons vers l’ouest. Deux points de

base :

- East Anglia (chez les Angles) ;

- Wessex et Sussex (Saxons).

Les vaincus se soumettent, il n’y a pas d’osmose entre les Germains et les Bretons celtes.

Les substrats latins et celtes disparaissent, la langue et la culture anglo-saxonnes dominent,

première évolution linguistique de l’anglais. Deux points de résistance à la culture bretonne

celte : les Cornouailles et le Pays de Galle. D’autre part, on a aussi un important mouvement

d’émigration des bretons. Certains sont soumis et assimilés, d’autres ont été repoussés, d’autre

vont traverser la manche et se rendre en Armorique, la petite Bretagne (Bretagne actuelle),

vers le milieu du Ve siècle. Origine de la culture celte dans l’ouest de la Bretagne.

Les anglo-saxon dominent progressivement l’île mais il y a absence d’unité politique, ces

Germains se retournent les uns contre les autres, se divisent, il y a jusqu’à 16 ou 18 royaumes

différents dont vont émerger quelques royaumes principaux qui vont tour à tour tenter

d’éliminer les autres. Un de ceux qui va l’emporter, c’est le roi de Wessex, Alfred le Grand.

Ça implique qu’il y a aussi des institutions politiques différentes. Mais ils fonctionnent tous

sur le modèle germanique avec :

- un roi qui dirige ;

- des guerriers nobles qui forment l’entourage du roi, le protègent : les thanes ;

- des jeunes nobles placés près du roi pour le servir et être éduqués ;

- des sages, plus vieux, qui forment le conseil ;

- des esclaves et des affranchis.

B. Sur le continent…

On a des phénomènes de syncrétisme et d’osmose, reprennent des éléments romains et

germaniques.

On conserve le latin vulgaire, qui va être enrichi d’emprunts germaniques, sur le plan

du vocabulaire : creuset des langues romanes.

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

24

Une exception, le nord de la gaule, occupée par les Alamans, on trouve là l’origine de

la frontière linguistique actuelle entre les régions de langue romane et les régions de

langues germaniques, elle se fixe.

Existence du système de l’hospitalitas : les grands propriétaires terriens, nobles, doivent

céder une partie de leurs biens aux peuples fédérés en échange du service militaire rendu à

Rome. Mais ce n’est pas Rome qui rétribue les fédérés, mais les particuliers. Pas négligeable,

la portion cédée aux autres varie, pour les Ostrogoths c’est 1/3 de ses biens, pour les

Vandales, les Francs et les Burgondes, c’est ½ des biens, pour les Wisigoths, les 2/3.

Les structures administratives romaines sont récupérées, toujours présentes chez les

Wisigoths, Ostrogoths, Francs, pour administrer, percevoir els impôts, juger… sur le plan

judiciaire, phénomène de la personnalité du droit : le droit applicable ne dépend plus du

territoire mais en fonction de l’appartenance des personnes à tel ou tel peuple. Par contre, les

peuples fédérés qui se sont installés avec leurs coutumes, leurs chefs, conservent leurs

coutumes. Ça donne lieu à des codifications successives en latin de ces différentes lois

barbares. Chaque peuple a sa propre codification. Les structures romaines sont aussi présentes

en Italie, phénomène d’indépendance de fait sous l’autorité nominale de l’empereur, dans les

faits le pouvoir n’est plus détenu par le sommet de l’administration romaine.

À côté des cadres civiles, maintient des structures ecclésiastiques. L’état est

officiellement un état chrétien. Subdivision du territoire sous la responsabilité des évêques.

Dans chaque cité romaine, on a des civitas (cités) avec un évêque. Tous les évêques ne sont

pas sur le même pied : ceux qui ont leur siège dans une capitale de province romaine sont des

évêques métropolitains (// Reims, Tours…).

a) Royaume des Burgondes

Comprend la Suisse, la Bourgogne, la vallée du Rhône, mais pas de contact avec la

Méditerranée. Ils sont au départ fédérés par Aetius en 443 dans un territoire incertain (nord du

lac Léman), se sont étendus par la suite. Deux villes principales : Genève et Lyon. Ils sont de

conception arienne. Rapports avec les voisins : avec les Francs, histoire très mouvementée,

entre alliances et lutte, jusque sous Clovis et ses fils. En 534, le royaume est annexé par les

Francs.

b) Royaume des Alamans

Coincés entre les Burgondes et les Francs installés sur le Rhin, s’étendent entre Bâle et

Mayence. Ils vont ensuite être intégrés dans le royaume franc.

c) Royaume des Wisigoths

Il est d’abord à cheval sur la gaule et la péninsule ibérique. Capitale : Toulouse. Deux

grandes phases :

(1) D’abord, années de lutte contre les Romains alliés aux Francs, sur la Loire en Gaule,

ça ne les empêchera pas de conquérir l’Auvergne et la Gaule provençale. Lorsque la zone

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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romaine disparait, ils vont se battre contre les Francs, et face à Clovis en 507 : subissent la

défaite de Vouillé, contre les Francs alliés aux Burgondes.

(2) Conséquence : replis des Wisigoths sur l’Espagne, à l’exception d’une portion de la

côte (Languedoc). Là ils continuent de lutte contre les Suèves, annexent leur royaume, se

battent ensuite contre les romains de la partie orientale sur les côtes et contre des révoltes

internent, y compris une révolte entrainant la mort d’un roi qui sera assassiné. Capitale dans

cette 2e période = Tolède, fondée par un roi, Reccared, en 586, qui se convertit au

catholicisme (assez tardif).

La conversion du roi n’entraine pas la conversion de l’ensemble de son peuple, parce

qu’une partie du peuple va rester arien, conflits dans la société. Le poids de l’église catholique

va continuer de s’affirmer néanmoins. L’évêque métropolitain de Tolède prend une place

importante et va sacrer le roi en 672. C’est la première fois que ça apparait dans l’histoire

occidentale. Ils vont prendre des initiatives communes et ensemble présider le concile de

Tolède.

Perpétuation de traditions romaines : césaropapisme. Le roi préside au concile, il

précise ce qu’on va y faire. Un certains nombre de ces conciles prennent des décisions

non pas religieuses mais politiques et judicaires.

Période de renaissance des arts et des lettres autour d’Isidore de Séville.

L’administration écrite utilise les formules de chancellerie de type byzantin, comme en

orient (on fait comme les romains). Régime mixte, reconnait la personnalité du roi, qui prend

des initiatives. Alaric II va faire rédiger un condensé de droit romain pour le faire appliquer

aux populations ibériques, pour servir de base pour l’appliquer aux populations romaines de la

péninsule. Un code unique apparaitra pour l’ensemble des sujets au VIIe.

Rapprochement des populations par les mariages, l’armée, et la lutte commune contre

Suèves et byzantins. Cause de faiblesse, la noblesse n’est pas très fiable, s’est soulevée à

plusieurs reprises, le roi est soutenu par ses fidèles et l’église. Cette faiblesse sera fatale

lorsqu’au VIIIe la péninsule est attaquée par des Arabo-berbères. La victoire de ces

conquérants a été rendue possible par la trahison de nobles wisigothiques et d’un prétendant

un trône, contre le roi Rodrigue : écroulement du royaume Wisigoths, subsistent de petits

royaumes dans les montagnes au nord, pendant plusieurs siècles.

C. En Italie…

476 : Odoacre continue de gouverner l’Italie avec une souveraineté impériale nominale.

Moins de 15 ans plus tard, 489, arrivée de Théodoric (chef ostrogoth) en Italie. Il avait servi

d’otage à Constantinople, il connait bien le monde romain et va se trouver à la tête d’une

partie des Ostrogoths (qui avaient battus les huns puis s’étaient dispersés, une partie était

partie en Italie et s’était mélangée aux wisigoths, d’autres sous la conduite de Théodoric se

trouvent fédérés dans un moreau de l’empire d’orient).

Pourquoi se retrouvent-ils en Italie ? Il est envoyé par Zénon qui décide de changer de

direction en Italie, il ne veut plus soutenir Odoacre et le remplacer par quelqu’un d’autre :

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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Théodoric peut s’installer comme fédéré en Italie mais s’il chasse Odoacre. Après quelques

années de péripéties, Odoacre est défait et l’Italie est alors commandée par Théodoric, on

maintient les traditions romaines :

- don du titre de Magister utriusque militum, le titre de Consul, de Patris… à

Théodoric) ;

- conservation de la prédominance nominale de l’empereur ;

- maintient des magistrats ;

- monnaie à l’effigie de l’empereur ;

- classe sénatoriale ;

Comme un vrai romain, Théodoric distrait le peuple et préside les jeux du cirque, il répare

es édifices publics, ce n’est pas un régime d’anarchie ! En même temps, ces traditions

romaines sont combinées aux traditions germaniques : Théodoric est bien Rex pour son

peuple. Il est arien, pas catholique.

C’est un chef germain qui gouverne à la romaine, et qui s’intéresse à ce qui se passe

autour de lui, noue des alliances autour de lui avec d’autres fédérés : alliances

matrimoniales…

- avec les Francs, il épouse une des sœurs de Clovis ;

- avec les Vandales (marie sa sœur avec leur roi) ;

- avec les Wisigoths (marie sa fille avec leur roi) ;

- avec les Burgondes (marie une autre de ses filles avec leur roi).

Tous les royaumes germaniques encore indépendants ont une alliance familiale avec

Théodoric, se pose comme le principal des chefs germains, il va même diriger de faits le

royaume des Wisigoths, pendant une période de faiblesse, donne un protectorat sur le

royaume. Tout ça ne sera pas durable, sur ses vieux jours il devient parano par rapport aux

catholiques et les persécute, il craint aussi un complot byzantin :

Il reconnait l’autorité de l’empereur de Constantinople, mais s’en méfie, il a peur qu’il

veuille récupérer son pouvoir de fait : il va même emprisonner un de ses conseillers,

Boèce, ainsi que le pape, qui vont mourir en prison tous les deux.

Obstacle qui va empêcher l’osmose : opposition entre catholicisme et arianisme.

Théodoric meurt en 526, difficultés de succession, l’empereur Justinien tente de récupérer

l’est avec son armée, sous prétexte de mettre de l’ordre.

20 ans de conflits entre Byzantins et Ostrogoths, les byzantins gagnent, ostrogoths se

dispersent et disparaissent comme ethnie constitué.

D. Justinien et Byzance

Les Byzantins sont donc en Italie, Justinien et ses successeurs vont être confrontés à une

nouvelle difficulté : arrivée des Lombards, fédérés en Pannonie mais menacés par les Avars

(qui s’installent en Pannonie), qui les forcent à descendre en Italie. Ils font irruption en 568

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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dans la plaine du Pô : début de 2 siècles de lutte acharnée avec les Byzantins. Mouvement

long et lent de conflit entre deux zones.

Dans les zones prises par les Lombards, c’est un régime de conquête, confiscation de

terres, pas d’osmose, fin de l’organisation romaine. Mais en même temps, les Lombards ont

une faiblesse : ce n’est pas une ethnie mais plutôt un agrégat de populations. On a un

éclatement politique, des blocs lombards dirigés par différents chefs. C’est très tardivement

que les lombards vont être unis par le roi Liutrand. Le royaume, au début du VIIIe, entre dans

une phase d’unification et d’expansion définitive. Ils détiennent toute l’Italie du nord. En 751,

prise de Ravenne en 751.

Seule la ville de Venise va rester byzantine et va connaitre un destin particulier. On a aussi

un certain nombre de duchés lombards qui vont rester pour le pape. En effet, celui-ci fait

appel aux Francs pour reprendre les territoires lombards, ce que va faire Pépin le bref, qui va

ensuite les rendre au pape. Charlemagne va aussi épouser la fille du roi des Lombards. lorsque

celui-ci menacera les terres pontificales, le pape va appeler Charlemagne pour les reprendre.

Le souverain carolingien devra donc répudier sa femme pour annexer l’ensemble de

possessions lombardes, devient roi des Francs et des Lombards.

Dans la partie orientale, c’est la naissance de Byzance, mais c’est encore de l’histoire

romaine. On a un monde divisé et menacé.

Divisé par la diversité de ses provinces. On a un fort particularisme ethnique, aggravé par

des divergences religieuses très marquées. Ces divergences doctrinales vont engendrer des

divergences politiques. Perse, Syrie, on trouve des chrétiens influents. On a aussi des

chrétiens monotypiques. Menacé par la pression de l’empire perse. Et des Huns

Théodose II le jeune va opérer une première codification du droit romain en 438

(Code théodosien).

De 474 à 591, Zénon, reconnait Odoacre comme Patris en Italie, puis Anastase, donne

un diplôme de consul à Clovis.

Après on a Justin Ie, volonté de conquérir les provinces d’occident ;

Justinien (527-565).

Tentative politique de mainmise sur l’occident mais œuvre juridique aussi : œuvre de

codification en plusieurs étapes :

- 529, le Code de Justinien, reprend toutes les lois romaines depuis l’empereur

Hadrien (ce que les empereurs appelaient constitutions = lois provenant des

empereurs)

- 533 Digeste ou pandectes, reprend tout le droit ancien, antérieur à Hadrien (ius vetus)

- 533 : Institutes, pas un ensemble de textes mais manuel présentant les principes du

droit romain destiné à l’enseignement du droit romain.

(Textes en latin)

- Novelles, reprend les derniers textes rédigés plus récemment en langue grec.

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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C’est une œuvre importante de remise en ordre du droit romain, qui prend en compte le

substrat ancien du droit romain, sa base. Elle n’aura qu’un impact limité à l’ouest de l’empire,

il ne va pas imposer la codification dans les royaumes barbares. Mais ça va servir 6 siècles

plus tard pour la renaissance du droit romain en occident.

À côté de ça, on a les modifications politico-sociales de l’empire romain. Les biens de

l’état sont accaparés par les propriétaires privés, ils ont leurs propres fonctionnaires, des

villages sont pris sous la coupe de propriétaires terriens. Justinien va lutter contre ça mais peu

d’effet, c’est un mouvement de fond.

Intransigeance religieuse contre les chrétiens d’Egypte et de Syrie (qui sont des

hérétiques) et contre les philosophes qui sont encore païens. On fait fermer l’école d’Athènes

en 529. L’orthodoxie est renforcée comme religion d’état, à la demande du pape.

Ça sera une des justifications de sa volonté de reprendre l’occident. L’Italie,

l’Espagne, l’Afrique vont être reconquises. On souhaite reprendre le contrôle direct

sur les territoires mais aussi motif religieux contre Goths et Vandales, qui sont ariens.

Il y a aussi une opportunité, la paix qui vient d’être conçue avec la Perse, on peut donc

se préoccuper pour la reconquête de l’occident.

Blocus maritime contre ces royaumes attaqués puis offensive terrestre. Justinien entame

20 ans de guerre avec victoires, défaites, reculs et avancées. Contre les Ostrogoths d’abord,

puis remonte jusque Ravenne, puis reprend l’Italie. Pendant deux siècles, elle sera occupée

par les byzantins qui vont introduire une politique culturelle d’hellénisation.

- En Afrique, reprise longue et difficile ;

- En Espagne, contre les Wisigoths, le sud, l’est de l’Espagne seront finalement repris à

la peine d’un roi Wisigoth qui faisait sécession au roi.

- En même temps à l’est des Slaves menacent ;

- Des Huns font des raids en Crimée et menacent Constantinople ;

- Des Perses reprennent leurs offensives (Justinien devra signer un traiter pour payer la

paix avec eux).

L’époque de Justinien est aussi un moment important pour la culture, notamment à la

cour de Constantinople : premier âge d’or byzantin. Leur zone d’influence est la

Méditerranée, mais plus réduite que dans l’antiquité classique. C’est un univers politique qui

touche une série de régions qui vont être attachées à la civilisation occidentale. La papauté

elle-même est sous influence byzantine.

Conséquences des 20 ans de guerre, retour de la pais romaine pendant 50 ans, on est reliés

entre les parties de l’empire, nombreux échanges religieux, artistiques… on trouve des clercs

italiens, des savants à Constantinople ou a Antioche. Ça n’est qu’éphémère mais en Afrique

ça va durer plus longtemps. En Italie, jusqu’au VIIIe siècle on va connaitre une présence

byzantine, et surtout Venise et l’Italie du sud.

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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E. L’Italie byzantine

Les Romains reprennent le pouvoir direct, c’est après Théodoric, au nom de l’empereur

d’Orient, suite à des désordres qui vont fournir un prétexte à Justinien pour intervenir : l’Italie

devient romano-byzantine. Quelques années plus tard arrivent les Lombards. Lutte qui va

durer avec les Romains. Ça va durer longtemps avec des phases alternées de succès et de

reculs pour les uns et les autres. À Ravenne, on a un exarque qui siège (régime d’exarchat) :

territoire qui est gouverné par l’exarque au nom de l’empereur de Byzance.

C’est le retour de Rome, mais en même temps la partie orientale de l’empire influence

beaucoup : période d’hellénisation, parfois mal supportée par les anciens romains d’Italie.

Ravenne Elle-même va se révolter 3x. Les officiers et administrateurs sont grecs, les couvents

sont grecs, l’église de Ravenne suit le rituel grec, messe et prière en grec. Perturbant, ils sont

sous autorité de l’empereur de Rome, mais un empereur qui parle grec. Ça ne satisfait pas. La

ville de Rome joue aussi un rôle périphérique, le pouvoir est à Ravenne, le sénat de Rome est

un simple organisme municipal. Un moine grec est choisi pour être l’évêque de Rome, le

pape. C’est parfois le fils de dignitaires de la cour. L’évêque de Ravenne n’est pas n’importe

qui, il a le droit de siéger à la droite de l’empereur.

Période de résistance aussi face aux Lombards, ça va prendre du temps et se manifeste

de façon différente selon les lieux.

- L’intérieur des terres va être vite abandonné aux Lombards ;

- Le pouvoir de l’exarchat va se maintenir sur d’autres régions, villes, lagunes proches

comme celles de Venise, ville qui va naitre à ce moment car les circuits commerciaux

vont être redirigés vers cette lagune, on est plus en sécurité que sur les terres, comme à

Ravenne, aussi dans une lagune.

- Rome et le Latium restent aussi aux mains de l’exarchat ;

- Idem pour la région de Gênes, et le sud, région de Naples, Calabre et Sicile.

Dans l’exarchat, il y a des tensions à cause de l’hellénisation et ça mène à plusieurs

soulèvements de la population, dans certains cas l’exarque lui-même fera sécession. Il décide

de ne plus obéir à l’empereur et certains vont même parfois se déclarer empereur.

Fin de l’histoire de cet exarchat : en cédant petit à petit des territoires aux Lombards,

Ravenne est prise en 751 par les Lombards.

Byzance ne perd pas toute l’Italie mais recul de puissance. Il lui reste Venise dans le nord-

est (Lagune), elle a un Dux particulier depuis quelques années. Il est le dernier à résister aux

Lombards dans cette région, et quand les Francs arrivent pour battre les Lombards, Venise

va encore une fois rester byzantine, ne se fait pas avoir par les Francs. Charlemagne va

reconnaitre cet état de fait, Venise est bien une possession byzantine dirigée par son Dux. Par

la suite, ce lien politique avec l’empire va s’estomper, Venise devient autonome, un état qui

se forme avec un chef, le Doge.

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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L’Italie du sud est toujours aux byzantins : Calabre, Pouilles, où l’influence grecque sera

encore renforcée quand des moines vont y arriver, suite à des persécutions dans l’empire

d’orient liées à des divergences religieuses graves autour du culte des images :

Crise iconoclaste : certains rendent un culte aux icônes du christ, des saints, mais ça va

au-delà de la simple méditation, il reconnait aussi une sorte de pouvoir sacré à l’image

elle-même, culte promu par les monastères pour attirer les pèlerins. D’autres refusent

ce culte, ils trouvent que c’est de l’idolâtrie.

Querelle religieuse avec influence politique parce que tout le monde prend partit, même à

la cour. Parti iconoclaste qui domine, persécute alors les monastères (anti-monachique), à

cause des images et aussi à cause de l’emprise et du pouvoir que ces monastères avaient pris.

Moines qui se réfugient en Italie méridionale, influence byzantine.

III. La Gaule mérovingienne jusqu’en 751

Observer croissance et durée de structures politiques qui vont perdurer malgré des

partages, des divisions, des recompositions. Les structures se maintiennent, un royaume avec

plusieurs rois parfois mais toujours avec la possibilité que ce royaume se refasse. Ces

structures mérovingiennes vont rendre possible « l’Europe carolingienne ».

A. Francs

Au départ, la place des Francs dans la Gaule est très limitée. On va s’intéresser aux francs

saliens, territoires autour de la ville de Tournai. Plusieurs chefs vont se succéder : Mérovée,

Childéric et Clovis.

La Gaule est alors partagée en plusieurs zones. Egidius, suivit du comte Paul (chefs

romains issus de la classe sénatoriale romaine) vont s’allier aux Francs contre les Wisigoths.

Syagrius, administre la région de Soisson. Il a un grand prestige chez les Francs, un siècle

plus tard la mémoire collective le qualifie de Rex. Pourtant il n’est pas le chef d’un peuple

fédéré au sein de l’empire, il est chef des romains ! Titre qui a dû lui être donné de façon

anachronique et postérieurement. Confusion, certains parlent parfois du royaume de Syagrius.

a) Accroissement territorial

Les Francs vont petit à petit avoir toute la Gaule, ça accroit leur prestige et aussi celui de

leurs chefs. Clovis va réellement s’imposer à la fin de cette phase d’accroissement.

Au départ, la zone dirigée n’est pas très étendue, alentours de Tournai. Clovis et ses

parents sont encore païens (système polythéiste). Il prend le pouvoir vers 481-82. À ce

moment, l’évêque de Reims s’adresse à lui, saint Rémy, et félicite Clovis de son avènement,

ce qui lui dit renvoie au cadre administratif du système romain et dans le rôle des évêques en

Gaule. Reconnaissance de la filiation de l’autorité de Clovis sur ce territoire. Rappelle qu’il

doit s’incliner devant les conseils des évêques.

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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Clovis commence par agrandir son territoire dans deux directions, contre la partie de la

Gaule restée dans l’influence romaine : défaite, Clovis prend cette zone en 486. Il va aussi

unifier l’ensemble des petits royaumes francs, au départ il n’a que les Francs saliens. Il y a

encore à l’ouest du Rhin les Francs ripuaires, et on a aussi des zones qui sont des colonies

plus ou moins importante de francs dans la Gaule, Clovis va tout unifier.

Il va aussi prendre le royaume des Alamans, on ne sait pas exactement quand (496 ou

497). Il vainc les Alamans et leur impose une sorte de protectorat, ils sont autonomes mais

doivent reconnaitre l’autorité du royaume des francs.

Batille de Tolbiac : il se trouvera en difficulté. Impact important. Il avait épousé une

princesse burgonde, Clotilde, catholique. Pendant la bataille, il aurait invoqué le dieu

de Clotilde, et la remportera finalement. Ça l’aurait fait réfléchir sur le plan des

conceptions religieuses et annonce sa conversion au catholicisme.

Lutte contre les Wisigoths (ariens) : quand Clovis sera converti, ça va lui attirer le

soutient des populations et des élites gallo-romaines, dont l’épiscopat : ça l’aide dans sa lutte

contre les Wisigoths. Victoire de Vouillé en 507, les repousse au-delà des Pyrénées (sauf

Languedoc).

Les fils de Clovis continuent cette entreprise, notamment contre les Burgondes. En 534,

le royaume est annexé par le royaume franc. Royaume des Thuringe, perd son indépendance

et doit obéir aux Francs, puis idem pour la Bavière, soumis mais autonomie.

Ils étendent donc leur influence au-delà de l’ancienne zone romaine !

Échec face aux Saxons, plus au nord et à l’est. Expéditions lancées dans cette zone, raids

saxons en réplique, mais jamais les Francs ne soumettent cette zone même si à un certain

moment ils vont imposer un tribut aux Saxons, mais ce n’est pas une soumission durable.

C’est avec Charlemagne qu’ils seront finalement vaincus et intégrés au royaume Franc.

Les Francs se sont aussi unifiés, Clovis acquiert un monopole du pouvoir sur ce territoire :

- il n’hésite pas à éliminer les membres de sa famille qui seraient des concurrents

potentiels ;

- il se convertit au catholicisme, ça lui assure une position dominante. Il est baptisé par

l’évêque métropolitain de Reims, Rémy, à Noël, mais on ne sait pas en quelle année.

Effet important : suite à ça, toute l’Eglise gallo-romaine va se mettre pleinement au

service de la royauté, on le sert parce qu’il est le bras civil de la mission de l’église. On

retrouve les schémas anciens de l’état romano-chrétien ou l’état comme son peuple est

catholique. Les Gallo-romains s’allient donc avec les francs, comme ils sont tous catholiques

ils peuvent s’entendre. Vrai collaboration, construction d’un état romano-germanique.

b) Culture politique de ce royaume

(1) Premier rouage : le roi, qui a une légitimité double : germanique et romaine.

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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Il bénéficie d’une aura sacrée, d’un charisme, il est le Rex Crinitus, roi chevelu (la

chevelure longue est le signe tangible de son appartenance à une famille particulière

en relation avec le sacré, dimensions sacrée). Dimension du pouvoir encrée dans le

paganisme germanique. Légende qui raconte comment est né le grand-père de Clovis,

Mérovée. Sa mère aurait conçu son fils alors qu’elle allait se baigner, où elle a

rencontré un dieu. (culture germanique)

Il est d’abord un chef de guerre qui n’est pas seul, il est ce chef en tant qu’il est suivi

par ses guerriers, ce sont eux qui l’ont choisi, dimension élective, serment de fidélité

qui implique de suivre le chef au combat, serment personnel. (culture germanique)

Titres portés par Clovis et ses successeurs : gouverneur de province, consul (accordé

par Anastase, empereur d’orient, après la victoire sur les Alamans) (culture romaine)

Il est celui qui protège l’Eglise catholique et les évêques, rôle de protection qui se

renforce après la conversion au catholicisme, ils peuvent prendre la tête de cette église

à l’image de ce qu’on fait et font toujours les empereurs romains. Ils vont convoquer

un concile (réunion d’évêques pour prendre des décisions dans le domaine religieux,

ici le chef civil prendre le pas sur les chefs religieux) : césaropapisme, le pouvoir civil

l’emporte sur le religieux.

Tension entre une conception abstraite du pouvoir et une conception personnelle du pouvoir.

Conception abstraite = héritage romain, notion de Res publica, quelque chose d’abstrait

qui est propre à tous, implique la distinction entre fonction publique et personne qui l’exerce,

exercée pour le bien de la chose publique, fonction qui perdure de manière indépendante à

celui qui l’occupe.

Conception personnelle du pouvoir : guerriers liés à titre personnel au chef, ils prêtent

serment au chef et non à un Etat. Le charisme du chef est aussi un charisme personnel, il

l’incarne avec ses qualités, liées à sa personne. Question de la succession, typique du

royaume mérovingien : partagé entre ses fils. L’état normalement n’est pas divisible. Le terme

de Res Publica va disparaitre du vocabulaire politique dans les années 600.

Tensions entre ces deux conceptions du pouvoir. Un pan va l’emporter sur l’autre, la

conception personnelle du pouvoir. Mais c’est quand même un mélange, une sorte de

syncrétisme, les éléments se rejoignent pour former quelque chose de nouveau, ce

n’est pas un remplacement d’une conception par une autre, c’est une question de

dosage, l’une devient plus influente que l’autre.

La dimension élective qui ne disparait pas tout à fait, revient quand il y a des tensions, des

conflits, le choix d’un nouveau roi va pouvoir revigorer le principe électif.

C’est l’autorité du roi en tant que personne qui va prédominer, différent de l’autorité de

l’Etat. Elle se manifeste de 2 façons :

Ban du roi : droit de commandement ;

Mundium : protection personnelle accordée par le roi aux guerriers qui le suivent, de

la même façon qu’un maitre accorde sa protection à leurs dépendants. Serment de

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

33

fidélité prêté par les aristocrates, les Leudes (grands du royaume, à la fois des nobles

d’origine germanique et les nobles gallo-romains). Engagement unilatéral envers le

roi.

Le roi distribue aussi certaines charges publiques (élément qui relève de la conception

abstraite du pouvoir) : honores. Certaines mères ou épouses de roi ont pu jouer un rôle

politique à l’époque mérovingienne, comme régente, ou comme personne d’influence pendant

un règne. Mais le chef est exclusivement masculin.

(2) Second rouage : le palais, c’est plus une institution qu’un lieu. Ensemble des services qui

entourent le roi, il n’y a pas de capitale parce qu’il se déplace. Itinérance du gouvernement, ce

n’est pas neuf, il y avait déjà ça au bas-empire.

Éléments d’origine germanique : les personnages sont issus de la suite des guerriers

entourant le roi.

Comte du palais : rend la justice pour le roi.

Antrustions : relation personnelle particulière envers le roi. Serment de fidélité envers

le roi renforcé. Ils forment la garde personnelle du roi.

On a aussi d’autres grands nobles présents au palais : fils de Leudes qui son là pour

apprendre leur métier de guerrier, de futur détenteur d’un honneur confié par le roi.

Éléments issus de la tradition germanique, tous les gens sont plus liés à la personne du roi

par des relations personnelles. On a aussi des éléments d’origine plus romaine : secrétaires et

chanceliers, rédigent les actes émanant du palais, écrite en latin sur papyrus et selon des

formules préétablies.

L’ensemble des services du palais est dirigé par le maior domus : maire du palais,

majordome, plus grand de la maison. Progressivement, dans l’histoire mérovingienne,

il va prendre une place plus importante et avoir un réel pouvoir politique et va jusqu’à

menacer l’autorité du roi.

Dans les régions, ce sont les comtes, aristocrates soit francs soit gallo-romains, tirés de la

domesticité du toi (>< serviteurs). Il leur confie une charge, un honneur : exercer la fonction

comtale, représentant du roi dans une circonscription, un pagus. Les limites de ces pagi sont

calquées sur les limites de circonscriptions romaines (élément de continuité). Ce sont des

agents révocables et c’est une fonction pas héréditaire. Ils sont contrôlés :

- par un envoyé du roi (missus) ;

- sur le plan local aussi, par l’évêque, incrusté dans la structure de l’état (//

césaropapisme).

Le comte a des adjoints locaux, qui gouvernent des portions du pagus. La mission du

comte s’exerce par délégation du ban royal. Ça relève de la conception abstraite du pouvoir. 3

éléments de cette délégation : judiciaire, militaire et fiscale (//Recueil de Marculf, modèles,

formulaires avec des actes types).

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

34

L’armée, changement : ce n’est plus une affaire de mercenaires, plus de soldats payés. Elle se

compose des tous les hommes libres de chaque pagus.

c) La justice

On a deux types de tribunaux :

- un central (tribunal du palais) ;

- des tribunaux locaux (mallus), un dans chaque pagus.

Le tribunal du palais où le roi préside certains procès, ceux qui concernent les grands, les

agents royaux, les personnages qui bénéficient d’une immunité (immunistes) : fait d’échapper

à la juridiction normale du comte, d’être dispensé du pouvoir judicaire et fiscal du comte, on

dépend directement du roi. Ça concerne les évêques, les abbayes.

Le comte préside dans les mallus et est accompagné des hommes de biens, les boni viri

ou futurs échevins. Comment fonctionne le système ? on en revient à l’examen des traditions

germanique : obligation de vengeance privée (faide), les choses peuvent alors se régler en

échappant au tribunal, si personne ne vient porter plainte devant le tribunal (procédure

judicaire de type accusatoire (>< procédure inquisitoire, quand l’autorité publique fait une

enquête)). On a le choix entre lancer une vengeance, ou venir devant le tribunal accuser celui

qui nous a fait tort.

Cette procédure se renforce du fait que c’est le défendeur qui doit prouver son

innocence. La charge d’apporter la preuve incombe à l’accusé : pas de présomption

d’innocence !

Preuves rationnelles : aveu et témoignage. À défaut de preuve rationnelle, on recourt aux

peines irrationnelles.

- Serment purgatoire : jurer que l’on n’a pas fait ça, mais dans un monde très marqué

par la crainte de l’au-delà, ça impressionne ! il faut le prêter devant un public, sur des

reliques, avec des co-jureurs, liés à lui par solidarité familiale. Mais ces cojureurs

s’exposent aussi, s’ils font un faux serment, ils peuvent être damnés ! il peut aussi y

avoir de faux serments.

- Ordalies : on confie à dieu le soin de prouver l’innocence de l’accusé. Unilatérale (une

seule personne concernée : l’accusé. Ordalie du feu, de l’eau chaude…) ou bilatérale

(duel entre accusateur et accusé, l’issue du duel apporte la réponse)

Absence d’appel dans le système judicaire, contrairement au monde romain. Les tribunaux

jugent sans appel.

d) L’Eglise

Rôle des évêques : conseillent le roi et légitiment son pouvoir, déjà le cas avant la

conversion de Clovis, mais encore plus après. Important :

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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- Incarnation de la continuité de traditions romaines, inscrits dans la hiérarchie du

système de l’Etat.

- Recrutement social de ces évêques, issus de la population gallo-romaine, vieille

noblesse romaine, classe sénatoriale. Tradition dans la parenté, il y des gens qui ont

exercé/exercent des fonctions publiques.

De 475 à 576, 536 évêques ont été répertoriés dans les royaumes mérovingiens, la plupart

sont d’origine romaine ou gallo-romaine, presque pas de germaniques ! Sorte d’alliance

entre les deux.

Privilèges juridiques et fiscaux dont l’église va bénéficier : système des immunités,

accordées par le roi aux évêques et aux abbés des grands monastères. Ce sont des exemptions

de l’action des comtes en matière fiscale et judiciaire. Le comte ne peut pas exercer la justice

ou prendre des impôts vis-à-vis de l’évêque ou des grands monastères, qui relèvent

directement du comte du palais (autre niveau de pouvoir). Sur le plan fiscal, ils versent eux-

mêmes au trésor royal le montant demandé.

Faveur pour les évêques et les grands monastères mais ça se traduit du fait que le

clergé est chargé de lutter contre les abus des comtes.

Les circonscriptions dirigées par le comte correspondent à celles dirigées par l’évêque,

l’un sur le plan temporel et l’autre sur le plan spirituel, avec un droit de regard quand

même sur le politique.

Prétention du roi à régenter l’église, rien de barbare, assez romaine ! Il convoque les

conciles, les assemblées d’évêques. On retrouve là la tendance CÉSAROPAPISTE. Le

pouvoir religieux est subordonné au pouvoir public.

Ça montre l’imbrication d’un pouvoir de l’Eglise et du pouvoir royal. (question des

rapports église-royaume).

B. Particularismes ethniques au sein de la Gaule mérovingienne, du

royaume mérovingien.

Population composite, anciens Gallo-romains, Francs, autres germains vu que le

royaume s’étend chez les Burgondes, les Alamans, les Wisigoths, en Thuringe… les Francs

occupent vite une position prédominante, c’est chez eux que les rois choisissent les grands du

royaume, les comtes…

a) Ethnie

Développement d’un mythe relatif aux origines des Francs, dans le cadre de la

cohabitation avec les romains : mythe des origines troyennes des Francs. Après Troie, Enée

quitte la ville et s’établit dans le Latium, il est l’ancêtre de Romulus et Remus. On a un autre

personnage, Francion, fils d’Hector, qui quitte Troie aussi, s’installe sur les rives du Danube,

dont sont issus les Francs qui s’installent dans l’Empire. Donc les Francs et les Gallo-

Romains sont donc cousins, issus de la ville de Troie, prestigieux ! Mythe que l’on croit

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

36

jusqu’à la Renaissance. Il faudra attendre la Germanie de tacite pour comprendre que les

Francs sont bien des germains, pas issus de Troie.

Souci de l’aristocratie franque de se placer au même niveau que les Romains ! pas

d’inégalité foncière entre anciens romains et francs, ils sont à placer sur le même pied.

Origines aussi illustre que les romains. Mythe politique.

En même temps, à côté de ce conte qui renforce la légitimité des francs, on a aussi des

facteurs centrifuges, non négligeables, de longue durée.

- Région du sud-ouest qui ne sera jamais vraiment prise : Aquitaine, sous la

souveraineté des Francs mais garde une autonomie et se révoltera souvent.

- Burgondie et Alémanie (ancien royaume des Alamans) : annexées, perd indépendance

politique, mais il y a toujours des tendances particularistes, surtout pendant les

périodes de faiblesse royale.

Difficultés tenaces qui trouvent leur source dans la constitution du royaume,

particularismes qui vont ressurgir pendant plusieurs siècles.

b) Droit

On retrouve aussi des particularismes : phénomène de la personnalité du droit, situation

selon laquelle on est tributaire de règles juridiques différentes en fonction de particularismes

ethniques. On a des Romains, des Francs mais aussi Burgondes et Alamans, on a plusieurs

systèmes juridiques en application qui relèvent de sources différentes.

Coutume : droit transmis par tradition orale et qui va souvent être mis par écrit (pour

préserver des spécificités juridiques quand on est minoritaire, on la met par écrit) :

- Loi salique, ensemble des coutumes des Francs saliens, dès le début du VIe.

Problèmes critiques, on en connait plusieurs versions successives. Essence

coutumière ;

- Loi des Francs ripuaires, texte d’origine coutumière et mis par écrit au milieu du

VIIIe.

- Loi des Burgondes, sous le roi Gondebaud : loi Gombette. Ça n’est pas directement la

mise par écrit d’un fond coutumier, ici ce sont des normes édictées par le roi,

provenant de volonté royale. C’est plus de la législation que de la coutume ;

- Loi des Wisigoths, d’essence législative ;

- Loi des Alamans.

Droit romain sous une forme simplifiée. Ça avait été mis au point par Alaric II (506) :

Bréviaire d’Alaric. Texte bien fait, répond aux besoins de l’époque, inspiré du Code

théodosien. Conçu pour être appliqué aux romains d’origines Wisigothe, et quand la zone est

reconquise par les Francs, il est conservé puis étendu à l’ensemble des populations romaines

de Gaule mérovingienne, sauf pour les Burgondes à qui s’applique la loi romaine des

Burgondes.

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

37

Truste royale : fait partie des entrustillon, membre de la garde royale

Hiérarchie très forte, en fonction du statut social et aussi en fonction de l’ethnie.

L’essentiel du droit nous vient de ces codes. On a aussi quelques édits et canons

(décisions prises par les conciles).

c) Faiblesses majeures de cette monarchie

- Partages successoraux

- Essor du rôle de maire du palais

Partages successoraux : dès Clovis, la question du partage équitable entre ses fils est à

l’ordre du jour. Dès ce moment, la dimension élective a cédé le pas à la dimension dynastique

du pouvoir. Le royaume doit rester dans les mains d’une lignée. Ce sont les grands qui

choisissaient avant leur chef, maintenant c’est le roi qui répartit entre ses fils. Ces fils,

devenus rois, vont parfois collaborer entre eu eux et parfois lutter les uns contre les autres,

assassinats, ça va entrainer un phénomène de réunification aussi, un des rois qui élimine ses

concurrents… mais ces réunifications seront toujours temporaires, suivies de nouveaux

partages.

- Clotaire Ie : de 558 à 561 : il réussit à réunifier le royaume de Clovis ;

- idem par Clotaire II de 613 à 639, par le fait du hasard : Clotaire II avait deux fils,

Dagobert et Caribert, Caribert va mourir jeune donc Dagobert conserve le royaume

réuni par son père pendant un certain temps, il sera le dernier roi mérovingien a avoir

un pouvoir effectif. À son tour, il va partager son royaume entre ses deux fils (nés de

mères différentes).

Phénomène de recomposition constante. Au travers de cette instabilité, il y a une

constante, un royaume même s’il est parfois partagé. Cette idée d’unité est présente dans la

théorie politique mais aussi dans les faits. Si un roi meurt, on peut chercher dans une autre

partie un roi pour reprendre le pouvoir. Situation assez particulière pendant plusieurs siècles.

De grands ensembles vont petit à petit émerger :

- Austrasie, située à l’est du royaume des francs, vers le Rhin et au-delà (Thuringe et

Alamanie), apparait comme nom au milieu du VIe, capitale = Metz.

- Neustrie, ouest de la Gaule

- Burgondie, ancien royaume des burgondes, capitale = Châlons-sur-Saône.

(Aquitaine, partagée entre Burgondie et Neustrie).

3 ensembles qui vont acquérir petit à petit une personnalité même si parfois ils seront sous

la domination d’un seul roi. MAIS On conserve par contre, même en unité, 3 palais différents.

On aura donc des moments ou on a un roi et 3 maires du palais !

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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Deux lectures de cette situation :

Pouvoir royal considéré par ses détenteurs comme un attribut personnel, lié au choix

par les guerriers. Le royaume, dans cette configuration, est considéré comme un bien

patrimonial, qu’on peut partager, comme un bien privé. Pas de droit d’ainesse, donc on

doit partager, équitablement

Il existerait un principe de droit public qui imposerait de partager le territoire et la

fonction du roi (de nature coutumière).

Considérer qu’il y a un royaume qui peut se partager entre plusieurs personnes // partage

de l’empire romain.

Le Maire du palais, prend de plus en plus d’importance. Au départ il s’occupe des services

du palais, puis son rôle va être de plus en plus chargé politiquement.

Tendance à comprendre en fonction de l’importance des grands, des membres de

l’aristocratie gallo-romaine, qui font contrepoids au pouvoir du roi, et leur porte-parole

c’est le maire du palais, un grand parmi les autres que ses fonctions mettent en avant,

parfois même il va être dans des complots !

Au fil des décennies ce pouvoir se renforce, surtout après Dagobert. La réalité de

l’exercice du pouvoir est de plus en plus dans les mains du maire du palais // fin de l’empire

romain avec empereur et second. Ça va parfois jusqu’à gouverne en l’absence de roi, après la

mort de celui-ci par exemple.

Dans cette augmentation du rôle de maire du palais, une famille va s’illustrer, maire du

palais d’Austrasie, les Pippinides, avec Pépin de Herstal, va réunir les 3 partie du royaume, lui

succède son fils Charles Martel, puis Pépin le Bref, qui va franchir le pas et déposer le dernier

roi mérovingien, en 751, Childéric III, qui va être privé de ses longs cheveux et envoyé dans

un monastère : plus de signes du statut guerrier du roi, tonsuré comme un moine. Meurt en

755.

IV. La conquête arabe face à l’Empire romain et à la Perse (632-

750)

A. Le monde préislamique au VIe

Il se situe en dehors des grands empires (romain et perse), dans la péninsule arabique,

mais l’influence se fait sentir. Sur le plan politique, mode d’organisation tribale avec un

Cheik, pas d’unité politique, diversité politique aussi. Tribus regroupées en groupe avec leurs

propres traditions, avec des rivalités longues.

3 grandes zones :

- Sud : habitat sédentaire au Yémen : Hadramaout

- Hedjaz au nord

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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- Au centre et nord, populations nomades, bédouins.

Activité d’élevage de chameaux et production et pillage et caravanes. Cultures guerrière,

figure du chef en avant, honneur et hospitalité, notion de vendetta et de razzia.

Sur le plan religieux, polythéisme (djinns), animal totémique, incarné dans la pierre sacré

que l’on trimballe pour les nomades, temples cubiques pour les sédentaires. Diversité

religieuse quand même, présence dans les villes de judaïsme et de christianisme.

Absence d’unité politique ce n’est pas absence e tentative de créer une unité politique.

Tentative de créer des royaumes aux zones de frontière, de contact avec les grands empires,

tentatives qui n’ont jamais très bien réussi. Royaumes qui se mettent en place mais dans la

sphère d’influence de Byzance ou des perses, et s’ils tentent de s’en détacher, riposta des

perses ou de Byzance.

Début du VIIe à La Mecque et Médine : la Mecque, grand centre commercial de type

caravanière, centre financier, elle est en lien avec les grands marchés de l’Asie et de

l’Afrique, lieu de pèlerinage à la pierre noire, Kaaba. Elle est dirigée par les notables d’une

même tribu mais divisés en plusieurs clans.

B. Mohammed (570-632)

Orphelin qui fait partie de la famille dominante mais pas du bon clan, clan rival de celui

qui est à la tête de la tribu. Devient marchand itinérant au service de son oncle puis d’une

dame riche.

Vers 610, révélation monothéiste, se met à prêcher, ça lui amène l’hostilité des

notables de la ville, renforcée du fait qu’ils ne sont pas du même clan. Son cousin Ali

lui reste fidèle.

Conséquence d’ l’hostilité, il quitte La Mecque en 622, moment du départ : moment de

l’hégire. Il va à Yathrib, ville rivale avec une tribu ennemie. La ville prend le nom de Médine

(ville du prophète). Il reçoit là la suite de ses révélations et organise une série de fidèles selon

le principe de la soumission à la loi divine, induit une rupture avec le cadre rival traditionnel !

Il intègre ses anciens ennemis dans une même communauté vu que la loi divine est plus

importante que les clivages tribaux.

- Prières ensemble devant un mur tourné dans la direction de Jérusalem.

- Opérations de pillage vers La Mecque puis négociation : on demande la possibilité de

venir en pèlerinage à la pierre noire en 629.

- L’année suivante Mohammed brise les idoles païennes.

- En 632, les rites musulmans vont remplacer les rites païens.

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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C. Première phase de l’Islam (632-660)

Deux groupes qui s’opposent : partisans de Aicha, épouse préférée de Mohammed et fille

d’un marchand qui sera le premier calife, et les partisans de Ali, qui sera le 4e calife (épouse la

fille de Mohammed).

On se lance ensuite dans une stratégie de conquête dans la continuité des volontés de

construire des royaumes au nord de la péninsule pour s’étendre, ici il y a un facteur d’unité

politique :

- 636, Syrie Palestine prise à Byzance ;

- 642 Egypte prise à Byzance.

Dans le monde byzantin, on les accueille joyeusement, y compris pour les chrétiens

dissidents qui sont contents d’êtres débarrassés du pouvoir de Constantinople.

Progression arrêtée sur le Taurus (frontière de la Turquie), les Byzantins les arrêtent. S’il

y a expansion, il y a aussi un conflit bien présent, à la fois conflit de famille et conflit de

religion.

- D’un côté, on a ceux qui vont devenir les Chiites: partisans d’Ali, partisans de l’option

mystique. Question de comment gérer l’acquis de la révélation, comment gouverner la

communauté après la mort du prophète. On se base sur les seuls enseignements du

prophète et la légitimité politique est conférée à Ali lui-même et à ses descendants.

- Les Kharidjites : s’écart des plans des chiites parce que le califat pour eux doit être

dans une dimension élective ;

- Partisans de l’option politique : partisans d’un état et d’une dynastie : il faut créer une

structure durable dans le cadre d’un califat héréditaire donc il faut une interprétation

des directives du prophète.

L’option politique va prendre le dessus avec les Omeyades

D. Les Omeyyades

Victoire d’une des 3 options. Ça ne signifie pas que les autres vont disparaitre. Elle prend

le dessus, le chef de ce groupe est le gouverneur de la Syrie, fonde en 660 le califat des

Omeyyades.

Ce qui est en jeu, c’est la fondation d’un état musulman issu des pratiques byzantines,

conquise mais qui a gardé une emprunte romano-byzantine très forte. État implanté

dans l’ancien monde romain, byzantin. On choisit le fils qui doit succéder.

État qui se dote d’une vie de cour fastueuse, à l’image de ce qu’est un état sur le bord de

la méditerranée. Il s’inscrit dans une continuité, par le personnel politique, on récupère

l’ancien personnel politique du monde byzantin.

Impact culturel de cet état qui sera très grand aussi. L’architecture de la grande mosquée

de Damas de 705 va s’imposer comme modèle dans le monde musulman. Continuité par

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

41

rapport à ces structures, mais rupture aussi sur le plan linguistique : arabisation, on remplace

le grec par l’arabe. Ce n’est que vers 700 que le grec sera interdit dans les actes publics.

Situation de tolérance religieuse de la part des élites musulmane, mais limitée. Les

habitants des autres religions se voient reconnaitre une autonomie de culte et de régime

juridique (sorte de personnalité du droit), en échange d’un impôt payé par tête. Mais il y a des

limites aussi à cette autonomie : ils ne peuvent pas posséder d’armes, ni témoigner en justice,

signes vestimentaires distinctifs, ne peuvent pas prêcher ou exercer leur culte en public.

Toute une série de traités scientifiques vont être diffusés dans ce monde musulman. Sur

le long terme, on trouve l’origine des communautés chrétiennes du Moyen-Orient.

État musulman qui tire pari des racines byzantines avec une population hétérogène sur

les plans politiques et religieux

Expansion des Omeyades : rythme différent, pas très fulgurant. Seconde phase plus dure

avec une plus forte résistance de la part des adversaires.

Résistance des tribus berbères qui vont parfois l’emporter, ce n’est que vers 710 que

l’Afrique du nord sera conquise. L’armée arabe se trouvera alors renforcée grâce à ces

tribus.

Une fois l’Afrique du nord conquise, les armées arabo-berbères passent à l’invasion du

royaume wisigothique, en pleine crise successorale, division politique, certaines

parties vont s’allier aux arabo-berbères, victoire facilitée. Grande victoire en 711.

Invasion qui se poursuit et raids au nord des Pyrénées.

732, bataille de Poitiers, Charles Martel repousse les arabo-berbères, met fin à un raid,

qui n’est ni le premier ni le dernier. Pas d’occupation du territoire, juste une razzia.

Essor de la conversion des populations chrétiennes : attrait religieux pour la religion mais

aussi envie de sortir du statut juridique inférieur des populations musulmanes. Possibilité de

participer aux bénéfices de l’expansion du califat. Le calife lui-même a tenté de freiner les

conversions. Oppositions internes qui n’ont pas disparu du fait que s’est mis en place l’état

omeyade.

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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Troisième chapitre : Le monde carolingien, ses marges et ses

voisins

I. Naissance du monde carolingien

A. Coup d’état

Important : il émane de l’entourage royal, important ! 751. Comment expliquer ça ?

Revenir à la fonction de maire du palais, maior domus, exercé par la famille des pipinides,

donne 3 personnages importants : Pépin de Herstal (2e Pépin), son bâtard Charles Martel, son

fils, Pépin le Bref (3e Pépin).

Pépin de Herstal est un maire du palais important, tellement important qu’il rassemble les

3 mairies du palais, au départ de l’Austrasie. Mais à son décès, la Neustrie reprend son

indépendance et on peut avoir l’impression que les différentes parties vont s’affronter,

anarchie durable. Ce n’est pas le cas parce que Charles Martel va s’emparer du pouvoir (les

enfants légitimes étaient trop jeunes pour prendre le pouvoir), réunir les 3 mairies et s’imposer

comme personnage dominant, il va être qualifié de Dux francorum. À la tête de l’armée, il va

aussi mettre fin, à un raid musulman venu d’Espagne (Bataille de Poitiers en 732).

Ça renforce son prestige ce qui explique qu’en 737, il continue de gouverner sans roi.

Quand il meurt, ce sont ses fils qui reprennent le flambeau. Deux fils, Pépin le Bref et

Carloman. Les mairies du palais sont donc partagées :

- Pépin reçoit Neustrie et Burgondie ;

- Carloman l’Austrasie.

Mais il n’y a pas de roi => mécontentement, révolte. Les maires du palais vont donc

s’entendre pour nommer un roi afin d’asseoir leur légitimité. Ils nomment un roi en 743. Le

pouvoir de la fonction de maire du palais est tellement accru que le pouvoir royal n’est plus

que symbolique ! Le pouvoir réel est entièrement aux mains du maire du palais. Au départ

c’est l’assemblée des guerriers qui choisit son chef, ici c’est peut-être aussi un principe électif

mais c’est le maire du palais, un seul individu qui choisit. Roi fantoche qui n’est qu’un faire-

valoir au maire du palais // bas-empire.

Pendant 6 ans la situation dure et après, Carloman se retire de la vie politique et c’est son

frère qui cumule à nouveau les trois mairies du palais. Ça renforce d’autant plus son pouvoir .

À quoi sert encore ce roi ? Celui qui remporte les victoires, c’est le maire du palais, il

gouverne même sans roi, il choisit le roi à son gout !

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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Ça agite pas mal de membres de l’aristocratie, de l’Eglise. On envoie des diplomates chez

le pape, pour lui demander son avis sur la situation. La réponse du pape a été rapportée par les

chroniqueurs de l’époque : il vaut mieux appeler roi celui qui possède le pouvoir plutôt que

celui qui ne l’a pas, à afin que l’ordre du monde ne soit pas bouleversé. L’ordre du monde est

pour le pape un ordre voulu par dieu.

Ça va donner naissance à la notion de roi fainéant, se trouve déjà dans la propagande

carolingienne du moyen-âge, vu que les rois ne faisaient rien, il a bien fallu les

remplacer.

Coup d’état en 751 quand on apprend que le pape cautionne un changement de pouvoir.

Pépin le Bref dépose Childéric III, on ne le tue pas mais on le tonsure, on lui coupe les longs

chevaux qui sont signes de la royauté, on l’envoie dans un monastère, il est privé de son aura

charismatique, il devient un simple moine, il meurt 4 ans plus tard dans son monastère. Pépin

le Bref devient roi par l’élection et par l’onction :

- Élection parce que ça repose sur l’assentiment des grands ;

- Onction parce que la légitimité vient aussi des évêques.

B. Affermissement et expansions territoriales

Ce coup d’état est suivi par des opérations d’accroissement du territoire et

d’affermissement du pouvoir sur ceux-ci.

751, prise de Ravenne par les Lombards, fin de la présence byzantine en Italie du

Nord. En même temps, les Lombards menacent le duché de Rome.

Le pape fait appel à des secours contre les Lombards : les Francs. Pépin le Bref va

intervenir moyennant échange de services avec le pape : il profite qu’il a besoin de lui pour lui

demander de légitimer, de confirmer le pouvoir qu’il vient d’acquérir.

- Il avait reçu l’onction par l’évêque. Un simple évêque, c’est bien, mais le pape, c’est

encore mieux !

- Il s’agit aussi d’associer les deux fils de Pépin à la Royauté, ils sont aussi sacrés, ils

reçoivent l’onction.

- Dans le même temps, il donne un titre important auquel ses fils seront associés : titre

de Patris des Romains.

Lien juridique entre le roi des Francs et le pape, ça légitime aussi l’appel à l’aide du

pape envers Pépin.

Il mène deux campagnes contre les Lombards, leur reprend une série de terres qu’ils

avaient conquises sur le duché de Rome. Il restitue ces terres au pape lui-même, pas à

Byzance ! Le pape prétend avoir une légitimité sur ces territoires, selon un texte censé émaner

de Constantin le Grand, la Donation de Constantin autour de 300, qui aurait donné la

souveraineté sur ces territoires au pape.

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Point de départ d’un état qui va durer jusqu’en 1870 : l’Etat pontifical, état temporel

sous la souveraineté du pape, évêque de Rome. À ce moment, l’état n’est pas si

autonome que le pape l’espérait, il se trouve d’abord sous l’autorité franque, c’est une

sorte de protectorat. Il ne reste aux mains du pape que parce que le roi Franc le veut

bien !

L’affermissement et expansion territoriale est commencée par Pépin le Bref et continue

sous ses fils. En 768, Carloman et Charles. Ces fils vont être deux rois pour gouverner le

royaume mais ça ne dure pas longtemps parce que Carloman meurt en 771. Charlemagne

gouverne donc seul et va pouvoir affermir le royaume. On était dans une logique de partage

du pouvoir et à deux reprises, les circonstances font que ce partage ne va pas perdurer et faire

en sorte que le royaume soit réuni. Circonstances qui tiennent du hasard !

Charlemagne va donc s’étendre en Italie et aussi au-delà du Rhin. Il épouse la fille du roi

des Lombards, Didier. Quand le pape le rappelle pour l’aider, Charlemagne accepte (pouvoir

légitimé par la religion aussi) mais sera obligé de répudier sa femme pour pouvoir intervenir

contre les Lombards. Il annexe alors le royaume Lombard ainsi qu’une des autres entités

assez autonomes : duché de Bénévent. Cette fois, il les garde pour lui et prend le titre de roi

des Francs et des Lombards. Il implante une noblesse franque pour gouverner le royaume

intégré, y place son fils.

Influence durable. L’Italie du nord et du centre échappe définitivement au monde

byzantin, sur le plan politique, religieux et culturel.

Une exception, Venise, résiste aux Francs. Charlemagne concède cet état de fait et

reconnait Venise comme appartenant au monde byzantin. Venise ne va pas rester

longtemps byzantine, elle devient vite une république autonome, mais toujours

autonome par rapport à ce qui l’entoure.

Vers les autres frontières : mouvement d’accroissement territorial important :

Incorporation de la Frise, qui était toujours un peu autonome et revêche. Elle est

définitivement agrégée au royaume franc.

Bavière, duché qui était entré dans la sphère d’influence avec certains rois

mérovingiens, mais sans qu’il soit pleinement intégré dans le royaume. Gouvernement

autonome même s’ils servent dans l’armée mérovingienne et leurs payent des impôts.

Particularisme ethnique et politique très forte.

Tendance centrifuge très claire : à un moment, elle n’est plus vassale que du bout des

lèvres et il a fallu la mettre au pas parce que la situation était ambigüe. 3 expéditions

militaires pour s’en emparer. Tassilon, duc de Bavière : on parvient à s’en débarrasser au

terme de ces 3 campagnes, il est dépossédé de son pouvoir, on l’envoie dans un monastère

ainsi que son fils (on n’est jamais trop prudent). Comme il y a encore des mécontentements,

Charlemagne force Tassilon à apparaitre en public pour reconnaitre qu’il renonce à son

pouvoir de roi, ça frappe les esprits, il est habillé en moine. À la place, institutions franques

avec le beau-frère de Charlemagne à la tête du territoire.

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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Territoire des Avars : ce ne sont pas des germains, ils viennent d’Asie, semi-nomades.

Leur base est la plaine de Pannonie, sur la rive droite du Danube, là où étaient avant

eux installés les Huns (c’est à cause de l’arrivée des avars que les Lombards étaient

descendus en Italie).

Expéditions de pillages jusque dans les territoires francs. Victoire de Charlemagne contre

le Khan des Avars. Deux effets :

- conversion progressive des Avars à partir de l’évêché de Salzburg ;

- pacification progressive de ces territoires.

On revoit aussi l’organisation militaire des frontières face à ces zones qui rentrent petit à

petit dans l’hégémonie franque, et qui restent fluctuantes quant à leur fidélité au monde

carolingien. On organise des Marches, zones de frontière gouvernées par un comte qui prend

le nom de Comte de La Marche (Markgraf ou Marquis en français). Exemple : marche de

l’est, face aux Avars, pour sécuriser les frontières et pacifier les Avars (frontières Autriche

actuelle).

La Saxe. Ils sont païens. Charlemagne va mener des campagnes contre eux, une guerre

de conquête en plusieurs étapes pour contrôler le territoire. Ça n’est pas continu parce

que les opérations d’expansion sont parallèles, les armées ne peuvent pas être partout à

la fois. Dans ces campagnes, adversaire de taille, Widukind, chef des Saxons.

Suite à sa première victoire, Charlemagne va décréter la conversion des Saxons : passe

d’abord par le baptême forcé. Mauvaise méthode sur le plan spirituel, ils reviennent vite sur

leurs anciennes croyances. Il faut adopter une méthode plus progressive, moins radicale.

Au terme de 30 ans d’opération, la Saxe va être assimilée au monde de la chrétienté

latine. Agrandissement considérable à l’est, et aussi expansion du territoire sur lequel

se développe le christianisme latin.

Sud-ouest, Aquitaine. Elle fait partie de la gaule mérovingienne depuis la bataille de

Vouillé, mais il y a toujours eu un certain particularisme, et dès qu’il a été possible,

l’aquitaine a été marquée par des tendances autonomistes, assez marquées. Le duc

d’Aquitaine qui est un chef de file assez tenace, donc le roi des francs doit réduire cet

autonomisme en menant des campagnes en Aquitaine, pour arrimer ce territoire au

royaume.

Charlemagne va faire de l’Aquitaine un royaume au sein du royaume franc, le laisse à son

fils (symbolique à cours terme). Mise en place d’une royauté nominale en réduisant

l’autonomie réelle de l’Aquitaine.

Au delà de cette reprise en main de l’Aquitaine se dessine la frontière es Pyrénées, on

n’a plus de Wisigoths (royaume effondré au VIIIe), quelques petits royaumes

résiduels dans les montagnes.

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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Charlemagne va tenter de s’installer au sud des montagnes mais ça ne réussira pas,

épisode tragique de la Chanson de Roland, col de Roncevaux, des personnages importants

sont tués dans le col par des basques, dont Roland, comte de la marche de Bretagne.

Installation d’une tête de pont carolingienne en catalogne : territoire tampon pour

sécuriser la frontière, définir clairement les limites du royaume face à l’extérieur.

Importante aussi pour les contacts politiques et culturels entre le monde franc et les

autres petits royaumes des montagnes.

Permet un mouvement vers le sud (entreprise de Reconquista, accompagnée d’une

pénétration de l’Eglise catholique dans cette région).

II. Caractères du monde carolingien

A. Onction royale (751)

Origine dans les textes religieux et sacrés : pour le roi d’Israël, montre que le roi est

choisi par dieu, par l’intermédiaire du grand prêtre. Par l’huile, c’est comme si l’onction

imprégnait le roi. Ça signifie que le roi va gouverner au nom de Dieu. Il est imprégné de force

et de sagesse, légitimité de type sacrée, pas humaine.

Ce n’est pas gratuit, si Dieu fait ça, c’est pour donner une mission au roi : guider le

peuple élu par Dieu. Mission à la fois politique et religieuse.

Les rois francs n’ont jamais reçus l’onction avant mais il y avait un précédent : les rois

Wisigoths, à partir de 672, en reçoivent une. En 751, c’est l’onction des évêques. Comment

comprendre ce geste ? Les rois mérovingiens faisaient partie d’une famille particulière, aura

sacré dans la religion païenne germanique, origines divines à Clovis. Ils conservent donc un

peu de ce charisme, visible de par leur longue chevelure. Les usurpateurs (carolingiens) ne

peuvent pas s’en prévaloir !

On va donc remplacer ce charisme d’origine païenne par une nouvelle aura sacrée :

comme els rois d’Israël dans la bible, le roi franc reçoit l’onction de la part de

l’évêque.

Version chrétienne qui remplace l’ancien aura charismatique que l’on trouvait dans la

dynastie renversée. Création d’un lien entre dieu et le roi qui reçoit cette onction.

Ici, les fils aussi sont concernés, donc ça appuie le caractère dynastique ! Les fils sont

aussi associés au pouvoir, on bascule d’un système purement électif à un système qui

redevient dynastique.

La monarchie carolingienne dépend donc du pape, c’est aussi pour ça que

Charlemagne va intervenir en Italie contre les Lombards et permettre la création de

l’état pontifical.

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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B. Restauration de l’Empire romain

En 800, 49 ans après l’onction royale. Comment interpréter ce phénomène ? Pourquoi le

pape décide de créer un empereur ?

- Volonté de s’émanciper par rapport à Byzance, qui n’avait pas apporté son aide

contre les Lombards. en plus, le pape est de moins en moins ok avec l’évolution

théologique et doctrinale à Constantinople. Et avec le roi des Francs, on a quelqu’un

qui gouverne tout le monde chrétien d’occident (il a même été dans des territoires qui

n’ont jamais été romains) : appui politique beaucoup plus intéressant.

- Rapports juridiques peu clairs entre le pape et Pépin puis Charlemagne. Titre de

Patris des romains, sur la base de la fausse donation de Constantin ? pas très clair ! ici,

on clarifie.

Relancement de l’empire à l’ouest mais avec deux têtes : empereur et pape. Dans l’esprit

de Charlemagne, c’est moins clair, moins évident quand même. on pense que l’idée vient plus

des milieux pontificaux que du palais franc.

- Manifeste unité des Francs entre eux et aussi avec les peuples conquis.

- Moment favorable, apogée des rois francs, et pouvoir faible à Constantinople (Pouvoir

exercé par la mère de l’empereur, Irène, mais elle n’est pas reconnue.

Charlemagne accepte la couronne car considère qu’il n’y a plus d’empereur, et il faut que

ça change, et il décide de s’en charger. Se considère comme choisi par dieu pour assurer le

salut du peuple, pour que tout ne parte pas en couille. À Constantinople, voilà comment çaa se

faisait selon le rituel byzantin :

- Acclamation par le peuple et l’armée ;

- Couronnement : diadème posé par le patriarche ;

- Adoration : le patriarche er Constantinople s’incline jusqu’à terre devant l’empereur

qu’il vient de couronner.

Ici, on change l’ordre :

- Couronnement ;

- Acclamation ;

- Agenouillement.

Ici, c’est d’abord le pape qui décide, pas le peuple. Charlemagne ne s’arrête pas en

chemin, pour son couronnement qui n’est pas une onction, il va associer son héritier lors d’un

nouveau couronnement à Aix-la-Chapelle (acclamation puis couronnement)

C. Évolution dans la conception du pouvoir

Cette institution de l’empire va de paire avec une conception du pouvoir qui évolue. À

l’poque mérovingienne, on avait une tension entre :

- conception abstraite du pouvoir ;

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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- conception personnelle du pouvoir.

On a toujours ça, mais une nouveauté dans l’entourage des Carolingiens qui va renforcer

la fonction remplie par la personne et non la personne : conception ministérielle du pouvoir :

ministerium regis, fonction remplie par le roi. À partir de Louis le Pieux, on conçoit le

pouvoir royal comme une fonction, un ministère, comme celui du pape ou de l’évêque, un

service de roi rempli pour le peuple par celui qui exerce ce ministère. Distinction entre la

mission et celui qui la rempli.

Eglise et royaume devienne une seule et même chose, équivalence puisque tout est

réglé de la même manière.

Prise de position des évêques francs réunis au Concile de Paris, parlent de ce que c’est

que le ministère royal : gouverner et régir le peuple de dieu. Conçu comme un pouvoir au

service des plus faibles. Au service aussi de l’église. Le roi ne peut devenir un oppresseur du

peuple ou de l’église, mais pour les protéger. Leitmotiv qui revient à l’époque carolingienne

et aussi par après. Importance à long terme parce que ça va rester par la suite, même si le

régime politique va se désagréger, fond idéologique qui reste.

Jonas d’Orléans : gouverner et régir le peuple de Dieu // évêques. Équité et justice.

Mission de type religieux, cadrée, définie par les évêques. Mettre la force militaire au service

de l’église et au service d’idéaux de justice et de paix. CFR. Documents.

Dimension religieuse et eschatologique du pouvoir royal, lié au jugement dernier, à la

préparation du salut. Idée : Dieu = fondement du pouvoir, le pouvoir est délégué par Dieu au

roi du peuple franc, qui est élu. Le peuple et le roi sont donc choisis par Dieu. Le roi est là

pour guider ce peuple élu. Cette délégation est marquée par l’onction qui fait du roi le

représentant de dieu sur terre.

Après 800, le royaume de Charlemagne est considéré comme le dernier des royaumes

prophétisés par Daniel dans l’Ancien Testament, annoncés donc avant la naissance du Christ !

Quel est le but de ce roi ? Réaliser l’unité du peuple chrétien dans l’attente de la fin du

monde. C’est un peu le cas vu que à côté de ce royaume, on a des païens, des musulmans, des

anglo-saxons, des byzantins avec qui on se dispute… le monde se réduit à l’univers rassemblé

sous l’unité politique carolingienne.

Est-ce qu’on est dans une considération politico-religieuse ou le roi reçoit ses ordres des

clercs ? Non, le roi reçoit juste d’eux la légitimité, le conseillent aussi mais les évêques ne

vont jamais prendre le dessus. On est dans une logique césaropapiste. Pas de séparation entre

sphère religieuse et civile puisque le pouvoir du roi est d’essence religieuse. Mais la roi dirige

et prend les décisions.

Est-ce que le fait de rénover l’empire change quelque chose dans ces conceptions du

pouvoir ? Réponse à nuancer, s’observe sur une certaine durée :

Après Charlemagne, Louis le Pieux, la conception abstraite du pouvoir revient quelque

peu : es actes royaux utilisent à nouveau le mot res publica, la littérature et les traités

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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aussi, on est conscient de la réalité qu’il y a derrière (séparation fonction/personne).

Idée = empire = chose publique régie par l’empereur.

Mais la conception personnelle ou patrimoniale du pouvoir persiste. D’abord, le roi ne

peut pas gouverner seul, il a besoin de l’appui de la famille royale et aussi de la noblesse. Il

accorde des honores à la noblesse en échange d’un serment de fidélité. Pas neuf :

Charles Martel déjà s’était lié les grands du royaume en leur octroyant des bénéfices et

charges en échange d’un serment vassalique.

Avec Charlemagne, ça va se multiplier ;

Sous Charles le Chauve, il l’exige de tous les hommes libres, auprès des grands qui

sont liés au roi.

Quand on parle de serment de fidélité, ce n’est pas une conception abstraite du pouvoir, on

ne jure pas sur un texte, mais c’est un serment de fidélité personnel, envers une personne bien

précise ! Lien personnel. Si le roi meurt, on reprête serment devant le suivant. Soutient des

grands : le roi doit se faire acclamer par eux. On revient en même temps vers une logique

élective.

D. Institutions

On prolonge ce qui existe depuis les Mérovingiens. Ce qui disparait, c’est la fonction de

maire du palais mais le palais existe toujours et se développe de plus en plus, on a toujours le

comte du palais. Légifère avec les capitulaires (actes législatifs qui émanent du roi). Ce sont

toujours les comtes qui gouvernent avec un évêque.

Généralisation aussi de missions d’inspection auprès de ces responsables locaux parce

que ce royaume s’est élargi. Ce sont les envoyés du maitre : missi dominici, en duo (laïc et

ecclésiastique), inspectent les comtés.

Cette couche dirigeante, les comtes, sont issus d’un même milieu, ils ont reçu leur

formation dans l’entourage royal. Certains comtés sont particuliers quand ils sont dans une

zone de frontière, près d’un ennemi. Ça forme des marches, dirigées par des comtes de la

marque. Ça forme un tissus homogène sur l’ensemble du royaume, mais il y a des tendances

quand même assez centrifuges. Pas neuves :

- Aquitaine, conserve un particularisme.

- Ancien royaume des Burgondes

Empire qui est peut-être trop grand. Pour garantir la cohésion, multiplier les liens de

fidélité, à côté des structures politico-administrative des comtes. Pouvoir royal qui s’affaiblit.

E. Question successorale

Rien n’a changé, on divise entre les fils // fils de Pépin le Bref. Louis le Pieux, 3e dans les

fils de Charlemagne, seul survivant, déjà sacré, déjà associé au pouvoir devient empereur en

814, et règne seul.

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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Malgré le caractère impressionnant de cet empire, de cette unité, Louis le Pieux prépare

le partage de son royaume. En 817, il réalise un document, sorte de compromis. Il prévoit que

deux de ses fils seront rois d’une partie du royaume et que le dernier serait empereur, et les

autres lui devront allégeance. Situation où deux des héritiers sont un peu lésés ! Les frères

cadets doivent rendre visite à leur ainé, reconnaitre sa supériorité. Lothaire, dès le début,

associé au pouvoir. Déjà du vivant de Louis le Pieux, ses fils vont se disputer. Règne pas très

heureux.

En 817, 3 fils sont désignés pour la succession : Lothaire, Pépin, Louis le Germanique,

mais pas Charles le Chauve (demi-frère, pas la même mère).

Pépin meurt en 838, donc Charles va faire valoir ses droits.

Lutte de succession qui se poursuit après la mort de Louis, en 840.

Louis le Germanique et Charles le Chauve vont s’allier contre Lothaire, signer un

traité d’alliance à Strasbourg en 842 : secours mutuel. Premier texte en langue

vernaculaire, dans la langue de ses troupes : Serments de Strasbourg. Preuve qu’il y a

une disparité culturelle et linguistique au sein de l’empire.

843 : Traité de Verdun : prévoit le partage de l’empire en 3.

Francie médiance pour Lothaire (reconnu aussi comme empereur) ;

Francie orientale pour Louis le Germanique ;

Francie occidentale pour Charles le Chauve.

Cette division en 3 va rester durable dans ses effets mais elle ne va pas rester comme ça.

La Francie médiane va être aussi partagée parce que Lothaire a deux fils :

Lothaire II obtient la Lotharingie (partie du nord, entre la Mer du Nord et le Jura) ;

Louis II obtient le sud (Burgondie et Italie).

Au décès de Lothaire Ier, ses frères vont lui survivre et se liguer pour prendre à Louis II

(mort sans descendance) la Burgondie. En 869, la Lotharingie, à la mort de Lothaire II, va se

trouver disputée entre la Francie orientale et occidentale. Au Xe, la Lotharingie va être

divisée :

Haute-Lotharingie (Lorraine) ;

Basse-Lotharingie (est de l’Escaut = nos régions).

875, Charles le Chauve récupère la couronne impériale. Il reprend aussi l’Italie. Il a alors

reconstitué à peu près l’ensemble du royaume Franc (sauf l’est évidemment). Mais ça reste

temporaire parce que son fils est un incapable, meurt après 2 ans et ne sait pas gérer la

succession politique. Mais le neveu de Charles, fils de Louis le Germanique, Charles le Gros,

roi de Francie orientale, réussit au bout d’un certain temps à reprendre en 881 le titre impérial.

Eclatement de l’unité politique, territoriale carolingienne, ça ne s’est pas fait en un

coup, on partage et on recompose. Couronne impériale qui voyage.

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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La culture politique reste cependant la même, on a toujours des comtes, une même

conception de la fonction du roi… après Charles le Gros, le titre impérial n’aura plus de réelle

signification. Titre qui s’éteint en occident mais revient en saxe après.

III. Le califat abbasside (Bagdad) et ses concurrents (750-1258)

750, chute du califat omeyyade qui avait sa capitale à Damas, face à une double

opposition (ethnique et religieuse) :

- Ethnique parce qu’un groupe important de population se trouvait à l’écart (les Perses

>< Syrie) ;

- Religieuse : chiites. La famille des Abbassides, descendants d’Abbas, famille du

prophète.

Ce califat est marqué par une forte influence perse. C’est compréhensible parce que c’est

l’opposition iranienne qui a mené à la chute des omeyyades. Déplacement de la capitale en

Mésopotamie, Bagdad, entre le monde syrien et le monde iranien. Elle est fondée par le 2e

calife. Sur le plan politique, le calife abbasside dépend très fort de ses alliés Perses et de leurs

troupes, des lettrés et des fonctionnaires Iraniens. Langues différentes.

Transformation des conceptions du pouvoir : le calife devient quelqu’un de plus en plus

inaccessible dont les apparitions publiques sont limitées, et dans un cadre très pompeux. La

légitimité du calife abbasside est double :

- D’une part, il est un descendant du prophète (légitimité religieuse et familiale). Ils

ont dans leurs veines le sang du prophète et détiennent le manteau du prophète. Les

Omeyyades sont réputés avoir été des usurpateur, donc le coup d’état des abbassides a

servi à remettre les choses en place.

- De plus, le calife se prétend chef spirituel de tous les croyants : arabes, iraniens, …

de par la volonté divine ! composante perse ou iranienne dans cette conception du

pouvoir. Dans l’ancien empire de Perse, le pouvoir royal est à caractère divin et

absolu. Version monothéiste ici de cette vieille conception du pouvoir dans l’empire

perse. Pour manifester ça, il prend le titre d’Imam et va diriger la prière publique du

vendredi.

Nouveau personnage : le Vizir, dirige les bureaux du gouvernement (le diwan). Il impose

l’hérédité de la fonction (// maire du palais). Mais il ne vient pas du même monde, il est issu

d’une famille iranienne, persane ! Le calife a le commandement militaire et le vizir a le

gouvernement civil (sous autorité du calife) : il y a une spécialisation des rôles.

A. Division

Le califat abbasside ne va pas rester un monde uni. Le calife de Bagdad a des

concurrents : des parties de l’empire vont faire sécession.

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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a) Émirat de Cordoue (755)

L’Espagne a été conquise par les anciens califes omeyyades. La situation est tendue entre

tribus arabes et berbères qui occupent l’Espagne. Ils ne s’entendent pas, il y a un jeu

d’opposition tribale, clanique. Dans ce contexte arrive un Omeyyade qui a réussit à

s’échapper de Damas lors du coup d’Etat : Abd-Er-Ramman, se proclame émir de Cordoue. Il

lutte contre les attaques abbassides, contre les raids des petits royaumes chrétiens des

Asturies, contre l’anarchisme, contre les raids vikings. La situation va petit à petit se pacifier.

Au Xe, Abd-Er-Ramman III va se proclamer calife. Il prétend donc que le calife

abbasside n’est qu’un usurpateur !

Califat qui se développe dans le courant du Xe, devient brillant au point de vue

économique, culturel, artistique… exportation vers le nord, commerce avec les chrétiens. État

qui reste multiethnique et multi-religieux. Musulmans, juifs, chrétiens (mozarabes). Autour de

l’an 1000, à la mort du calife Al-Mansour, anarchie domine et royaume qui va se diviser

politiquement, jusqu’à 20 !

L’autorité nominale du calife de Cordoue reste mais ça n’a plus de sens

b) Nord de l’Afrique

Afrique du nord, Tunisie actuelle, les gouvernants vont fonder un nouvel état : Kairouan.

Plusieurs populations : arabes, grecs, latins d’Afrique, restent autonomes. Berbères qui

prennent le dessus dans des états, pas spécialement des arabes. Royaume berbère dans

l’actuel Maroc, ville de Fez fondée en 790.

Chiite de la famille d’Ali, au IXe, quitte le califat abbasside et se réfugie à Kairouan, se

présente comme l’imam masqué, attendu par les populations chiites. Forme un groupe rebelle

qui renverse l’émirat de Kairouan en 908. Il prend se pouvoir sur d’autres états d’Afrique du

nord. Nouveau califat de Kairouan : fatimide. Il s’empare aussi de l’Egypte et a donc une

grande partie de l’Afrique du nord. Califat fatimide du Caire. Très fort sur le plan politique,

maritime, mais anarchies et tensions dans les différentes composantes de l’armée.

Nouveau morcellement et prise d’autonomie de certains princes berbères.

3 Califes en tout, 2 sunnites (Cordoue et Bagdad) et un chiite (Le Caire).

B. Sécession et sédition religieuse

Schismes incessants, complots, guerres de rue et émeutes. Le pouvoir politique du calife

de Bagdad va s’affaiblir, face à l’arrivée de nouveaux barbares. Il cède son autorité à son chef

militaire, l’émir des émirs (il avait cessé de diriger lui-même les troupes) : charge militaire et

aussi politique ! D’abord Persan puis turc. Les premiers Turcs convertis à l’islam fournissent

des mercenaires et le corps d’élite des troupes. Le chef des mercenaires prend un pouvoir

effectif !

Dans les provinces restées fidèles, la situation n’est pas plus brillante. L’autorité des

chefs militaires prend le pas sur celle des autorités civiles. On fait aussi des concessions des

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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richesses fiscales ou douanières, ils peuvent prélever des impôts eux-mêmes pour payer des

troupes : système de l’iglâ. Problème dans le système administratif et fiscal. Morcellement de

l’autorité centrale, désorganisation de l’état, sorte de privatisation de l’armée dans les

provinces.

On constate qu’au terme de deux siècles et demi, le califat a perdu de nombreuses

provinces, des califats concurrents. Ce qui reste de l’empire abbasside proprement dit se

trouve morcelé en principautés autonomes. Le calife abbasside est aussi dirigé par son émir

(chef des mercenaires turcs). 3 dirigeants :

- Calife (pouvoir de plus en plus symbolique) ;

- Vizir (administration) ;

- Emir (politique et militaire).

Structure tricéphale. 3 ethnies différentes. // Installation des germains dans l’ancien

empire romain en installation des turcs dans l’empire abbasside.

Époque du philosophe Avicenne

IV. Le moyen-âge grec

L’ancien monde de Justinien qui évolue très profondément. Nouvelle culture politique

dans ce monde plus restreint géographiquement. Les fractures religieuses prennent une

importance croissante dans la politique intérieure. Conséquence sur les relations de Byzance

avec l’occident

A. Un monde très rétréci et menacé

Le monde est rétréci, épuisé financièrement (grandes expéditions, corruption, exemptions

fiscales donc moins de revenus, utilisation de mercenaires slaves) et divisé (particularisme

ethnique et religieux très fort).

Certaines régions n’opposent pas de résistance aux envahisseurs pour rompre avec

Constantinople. Palestine, Egypte sont prises par les Perses, puis reprises, puis

perdues face au premier calife.

Situation qui se stabilise par la suite, on voit naitre un régime de trêve, entrecoupée par

des raids, mais plus de mouvements de conquête, sauf sur les marges, les iles.

On a une sécession de Thomas le Slave, usurpateur soutenu par le calife, mais ça rate.

Envahisseurs lombards aussi dans ce monde byzantin, slaves dans les Balkans et en Grèce,

contre le royaume bulgare aussi qui installe en bordure du monde byzantin.

Face à ça, le monde byzantin est très rétréci. On se recentre sur les cultures des ces

régions, on instaure le système des thèmes et non plus des provinces romaines.

Certains de ces thèmes ont des titres particuliers : exarchats.

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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B. Naissance d’un moyen-âge grec (600-867)

Querelle des images et impact politique : épisode des iconoclastes >< iconodoules.

Problème religieux qui devient un problème politique et dégénère en conflit civil, opposition

très forte entre monde byzantin et monde occidental.

Autour de l’an 800, le trône de Byzance est vacant, occupé par Irène qui gouverne pour

son fils qu’elle a rendu aveugle. Elle est pour le culte des images et le fait rétablir par un

concile. On pense que ça va rétablir les relations entre Rome et Constantinople. Mais ça ne

suffit pas. La situation est renversée en 802 lors d’un coup d’état par Nicéphore Phocas,

général qui prend le pouvoir et reprend la persécution iconoclaste contre les moines. Un de

ces successeurs nomme un patriarche iconoclaste.

Conflit religieux qui est toujours politique aussi.

Le culte des images sera définitivement restauré en 843.

Remarques

Sur le plan intérieur c’est marquant pour le christianisme orthodoxe où les icones sont très

répandues. Ça marque culturellement une différence d’approche du culte dans les églises

d’orient et dans celles d’occident. Dans la doctrine iconodoule, il y a un élément de présence

réelle dans ces icones.

Sur extérieur, relations avec l’église latine qui se range derrière le pape de Rome, le

rétablissement du culte des images vient trop tard, le fossé s’est creusé très fort entre les deux

mondes. Ce fossé va s’accroitre, jusqu’en 1054 (église de Constantinople qui se sépare de

celle de Rome).

C. Second âge d’or byzantin (après celui de Justinien) 867-1111

Il n’y a plus d’unité méditerranéenne. On a l’ensemble des états musulmans, on a les états

issus des mouvements de peuples germaniques dont le royaume franc, et le monde grec est

donc à part.

867, début d’une nouvelle dynastie. Basile Ier, fils adoptif de l’empereur Michel III, et

pour être sur d’accéder au pouvoir il fait assassiner son père et monte sur le trône. Début de la

dynastie macédonienne. Très forte. Il installe comme patriarche de Constantinople son fils.

On truste donc à la fois le pouvoir politique et religieux.

De leur vivant, les empereurs vont s’associer un successeur. On met en place une

idéologie qui va exalter les princes nés de la famille royale. Idéologie qui devient

officiellement dynastique. Princes porphyrogénètes (né dans la chambre tendue de

pourpre). On place donc à part ceux qui sont nés dans la chambre impériale par

rapport aux autres.

Le pouvoir impérial reste fort, l’empereur devient un despote, il est chef de l’église,

vénéré par la foule (rite d’adoration de l’empereur inspiré par la liturgie religieuse, copie de

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

55

traditions orientales revues à la sauce chrétienne). Bureaucratisation et hiérarchisation de la

cour (jusqu’à 19 échelons). Il y a des rivalités entre les grandes familles de la cour.

D. Byzance et les bulgares

Ils sont tantôt rivaux, tantôt sous influence de Byzance. Ce sont un des peuples qui

arrivent de l’est, originaires des steppes du sud de la Russie. Ils vont s’allier aux byzantins

contre les Goths, ils vont aussi parfois suivre les Avars et faire un raid sur Constantinople. Au

VIIe, un premier royaume bulgare va éclater. Ils se séparent en plusieurs groupes :

- L’un deux va installer un royaume bulgare dans les Balkans ;

- D’autres sont installés dans les plaines du Danube par les Romains.

Seulement, ils continuent de progresser à partir de là, se développent aussi politiquement

avec une stratégie souvent agressive. La montée en puissance de ces bulgares peut se marquer

par différents indices. En 705, leur khan va prendre un titre d’inspiration romaine : il se fait

appeler César ou Tsar. Modèle de mimétisme par rapport à la structure étatique proche qui les

tient en respect et sur laquelle ils font pression. Ils sont tributaires de cette influence

byzantine. En 864, leur tsar se fait baptiser, naissance d’une église autonome avec un

patriarche.

Ils sont une menace constante pour Byzance, leurs incursions sont parfois très fortes,

notamment sous Siméon qui va fort étendre cet empire, jusqu’en Macédoine ou en Albanie,

même si ça va se rétracter par la suite. En 864, Siméon s’allie aux Musulmans d’Egypte pour

imposer un tribut à Basile. Les Byzantins vont parfois réussir à imposer la paix après des

défaites des Bulgares. Influence de plus en plus grande.

Vers 1000, le Tsar va vouloir mettre fin à cette hégémonie et se bat contre donc Basile II

Bulgarothon (tueur de bulgare). C’est après 1014 que se termine celle révolte et pendant deux

siècles, le monde bulgare reste dans la sphère byzantine.

Protectorat byzantin sur le monde bulgare. Politiquement, le tsar dépend donc de

Constantinople.

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

56

Quatrième chapitre L’essor des monarchies

Voir comment, à partir de la désagrégation et sur les bases du monde carolingien, se sont

développées des nouvelles structures politiques qui deviennent de nouveaux états qui vont

perdurer. On peut suivre leur évolution depuis avant l’an 1000 jusqu’à la Période moderne.

I. Contexte général

3 mondes bien différenciés existent :

- Moyen-âge occidental ;

- Moyen-âge grec ;

- Moyen-âge arabo-musulman.

Voir comment le monde occidental évolue. Deux angles de vue doivent être pris en

compte : interne et externe.

A. Point de vue interne…

La carte de l’Europe est redessinée. Les 3 Francie (et les royaumes anglo-saxons) sont

les bases sur lesquelles vont se développer les nouvelles entités politiques. Ils vont se

développer à long terme, sur les plans politiques et culturels. Ces sous-ensembles viennent

d’un monde commun : le monde carolingien (sauf les îles britanniques). Les dernières

invasions vont intégrer de nouveaux peuples dans le monde occidental, dernière fois où on

doit absorber de nouvelles populations : vikings, slaves.

Après ça, ça devient un mouvement d’expansion, de dilatation, au point de vue

économique, culturel, politique et militaire. Exemple : croisades ; Espagne, reconquête

depuis les petits royaumes du nord ; vers l’est aussi, monde slave, monde orthodoxe.

Développement progressif de la féodalité. Dès le monde franc, il y a des relations fortes

de fidélité entre les hommes libres, entre chefs et guerriers, entre roi et grands. Elles ont été

généralisées à l’époque carolingienne, pour contrer les nombreux particularismes régionaux.

Dès Charlemagne, en échange de la fidélité, de l’hommage, on obtient un fief, qui peut

être accompagné de l’honneur. Au début, cette concession est révocable.

Mais en fonction du contexte politique et local, les choses vont évoluer, à des rythmes

différents. Prise d’autonomie de plus en plus grande de ceux qui reçoivent le fief, qui

devient héréditaire donc plus révocable, donc le vassal a pris une position plus

importante que celui dont il dépend ! Plus de moyen d’influence pour le suzerain. La

possession du fief commence à primer sur la relation de fidélité.

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

57

Morcellement des ensembles. Cette conséquence se fait sentir dès le Xe siècle en Francie

occidentale, et plus tardivement en Lotharingie ou dans l’Empire. On voit apparaitre de

nouvelles entités politiques, des grands duchés, des comtés, autonomes par rapport au pouvoir

royal. Comme chaque détenteur a lui-même créé des liens de vassalité, ces principautés se

fragmentent aussi.

Mécanisme que l’on retrouve à l’échelle de l’ensemble des entités issues du monde

carolingien, avec des rythmes différents.

B. Point de vue externe

Éléments spécifiques liés à la dilatation du monde occidental. 3 nouveaux intervenants :

Vikings, Slaves, Hongrois.

a) Vikings / Normands

Les Vikings ou Normands (hommes du nord), populations germaniques, se répartissent en

trois groupes (Danois, Norvégiens et Suédois). Chacun va connaitre une expansion importante

à partir de 800. Des expéditions sont lancées à partir des régions d’origine de ces populations.

Les Suédois (Varègues) vont connaitre un mouvement d’expansion dans la mer baltique

et par les grands fleuves, pénétrer vers la Russie et l’Ukraine. Impact important par leur

activité commerciale et militaire sur le développement des principautés russes. Leur

commerce va les amener à rencontrer le monde byzantin.

Les Norvégiens, dès 800, lancent des raids vers l’ouest, en Angleterre, et aussi plus loin,

vers l’Irlande, l’Islande, le Groenland et des terres canadiennes.

Les Danois vont mener des incursions dans le monde carolingien. Là aussi, ils

commencent vers 800.

- Ils vont même jusqu’à toucher les terres de l’émirat de Cordoue.

- Ils sont aussi en lutte avec les Carolingiens aux frontières de la Saxe et du Danemark.

Ces incursions sont multiples, leur impact varie, ils ont pour but de piller, de menacer

pour avoir une rançon, un tribut. Ces incursions sont parfois violentes mais on a un mirage de

sources. Beaucoup des textes que l’on a sur ces Normands sont écrits par des moines, qui sont

directement visés par ces invasions, parce que les abbayes regorgent de richesses, non-

combattants, en plus ils ne savent pas se défendre. Dans bien des cas, les textes donnent dont

une image exagérée des dégâts infligés, de leur danger. Mais ça donne une image exacte de la

peur qu’ils ont inspirée. Il ne faut pas non plus minimiser les dégâts. En 881, Liège et Stavelot

sont détruites.

Progressivement, ils ne vont plus s’en tenir à de simples incursions. Ils remontent les

fleuves et vont s’implanter, mener des campagnes plus longues, installer des camps.

Rencontre plus durable entre ces deux mondes. Tentatives politiques, rapprochements entre

responsables locaux et chefs normands, entre princes et chefs normands. La plupart des

alliances n’ont pas duré, certaines ont été plus durables.

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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911, installation de Normands en Francie Occidentale. Charles le Simple donne à

Rollon un territoire qui devient le duché de Normandie. Rollon devient alors vassal du

roi et accepte de se convertir.

Certains vont aller plus loin. Au XIe, ils fondent des états durables en Italie ou en

Sicile.

Rapport entre le monde des normands et l’Angleterre : dès 800, il y a des incursions sur

le littoral anglais. Dans la 2e moitié du IXe, ça devient des entreprises de conquête, on

remonte la Tamise à partir de Londres, on commence à s’emparer de l’Angleterre. L’est de

l’Angleterre sera dominé par les Danois : le Danelaw (paye un tribut). Le roi du Wessex,

Alfred le Grand va leur résister. La partie sud et ouest reste sous sa domination.

En 1016, Cnut le Grand est chef des Normands et succède au roi d’Angleterre, se trouve à

la tête d’un grand empire qui regroupe l’Angleterre et la Scandinavie, se fait baptiser, épouse

la veuve du roi anglais et est élu roi par l’aristocratie anglo-saxonne. Il est donc roi

légitimement. Ça dure jusqu’en 1035. Moment de pacification aussi. Moment qui marque

l’agrégation de nouveaux groupes de populations au moyen-âge occidental.

Lui succède Edouard le Confesseur, fils du dernier roi anglo-saxon auquel Cnut avait

succédé. Après, 1066, arrivée des Normands, bataille de Hastings.

b) Slaves

Slaves, viennent de l’Ukraine actuelle, vont vers l’est et vers l’ouest. Raids sur

Constantinople.

- À l’est, ils vont être tributaires de l’influence byzantine. Tout un monde va naitre

autour de la principauté de Kiev.

- Vers l’ouest, ils suivent les derniers germains qui ont avancé. On les trouve sous la

domination de l’empire bulgare, d’autres vont former, sur les frontières de l’empire

carolingien, le royaume de Grande Moravie, ou plus au nord, la Bohème ou la

Pologne.

La Grande Moravie émerge autour de 900. Culture politique basée sur l’implantation de

sites fortifiés. Ils se trouvent à la confluence de deux zones d’influence : byzantine et

germanique. Certains missionnaires viennent de la marche d’Autriche, les Slaves vont s’en

méfier et demandent des missionnaires à Byzance : on leur envoie Cyril et Méthode. Ils

bénéficient de l’appui du pape face au clergé germanique (les ponts ne sont pas encore coupés

entre les 2). Il est impossible d’helléniser l’Etat mais on fonde alors une Eglise nationale avec

une propre langue liturgique que l’on développe : le slavon.

Bon départ mais ça ne donnera rien à cause de l’invasion des Hongrois, qui s’installent

dans une région entre la Grande-Moravie et le monde byzantin. Ça coupe les ponts

avec Constantinople et la Grande-Moravie va être christianisée par les germains.

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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La Bohème se trouve beaucoup facilement sous l’hégémonie de la Francie orientale, elle

reste en même temps autonome, elle ne sera jamais germanisée, garde sa langue et son

autonomie politique. Elle constituera le royaume de Bohème.

La Pologne. Plus large, au départ d’un petit noyau, d’autres parties vont être agrégée. 966,

baptême du duc polonais, qui entraine à sa suite l’aristocratie et l’ensemble de la population

dans le giron polonais. Elle connait un morcellement féodal très important au XIIe-XIIIe. Fin

XIIIe, début XIVe : tentative de reconstitution d’un grand royaume de Pologne.

Comme il n’y a plus un monde romain, mais deux mondes différents, les slaves sont

donc scindés entre deux zones : ceux intégrés dans le monde catholique, ceux intégrés

dans le monde byzantin.

c) Hongrois / Magyars

Ce sont les derniers venus, arrivent vers le IXe-Xe, se sédentarisent dans la Pannonie.

C’est une zone de départ aussi, lancent des raids et expéditions vers d’autres endroits. Ils sont

repoussés en 955 par un roi allemand : bataille du Lechveld, ça met fin aux incursions des

Hongrois, les force à une pacification. Le vainqueur en tire un prestige considérable : roi de

Francie orientale, porte à nouveau le titre d’empereur peu après. Ils sont aussi repoussés au

sud et à l’est par les Byzantins.

Une dynastie qui s’installe en Hongrie : les Arpad, prennent le contrôle du royaume de

Hongrie. Le roi Etienne se convertit en 1000 au catholicisme latin : encrage d’un nouveau

groupe de population dans le monde occidental. Des moines viennent pour assurer

l’organisation de ce nouveau royaume et vont jouer un rôle dans le développement de

l’administration et de l’économie de ce nouveau pays. Nouvelle phase d’expansion, vers la

Croatie, qui devient une dépendance de la Hongrie. Elle va marquer de manière durable la

frontière à l’ouest du monde occidental.

II. De la Francie de l’Ouest au royaume capétien

Côté occidental, après 843, Charles le Chauve règne sur un vaste territoire composite,

avec des particularismes : ancienne Neustrie, ancienne Burgondie, territoire des Aquitains,

Bretons qui n’ont jamais été très bien intégrés.

Territoire qui ne correspond pas à la France actuelle.

Culture politique qui est toujours franque, elle n’est pas liée à un territoire particulier mais

à l’ensemble du monde franc. Preuve que la France n’est pas encore fondée : les 3 frères

continuent de se réunir pour discuter entre eux malgré les luttes. Idée qu’il n’y a qu’un seul

royaume = pas perdue ! Charles le Chauve va restaurer à son profit l’empire, réunit

l’ensemble du monde franc, sauf l’est.

Il est un dernier souverain carolingien à l’ouest, après c’est une alternance entre

carolingiens et Robertiens, membres de la famille de Robert de Fort, un des comtes

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

60

carolingiens, comte de Paris, qui s’est illustré dans la lutte contre les Normands et qui tire de

là son prestige politique. Deux de ses fils vont être rois. La monarchie redevient une

monarchie élective, même si ça concerne seulement ces deux familles. Pourquoi ce retour à

une électivité ?

Ça montre la montée en puissance des grands du royaume, ce sont eux qui détiennent

la majeure part du pouvoir, et non plus le souverain. si le souverain en fonction est peu

efficace et qu’il y a des incursions + tendance à hérédité des fiefs et des charges : ce

sont les détenteurs d’un pouvoir régional qui vont s’emparer d’un pouvoir effectif. Ils

sont donc en mesure de se coaliser pour choisir eux-mêmes le roi.

A. Pouvoir domainial

987 : Election d’Hugues Capet, comte de Paris. Moment de fondation de la France ?

Non ! Ce n’est pas une nouvelle dynastie qui accède au pouvoir : Hugues Capet fait partie de

la famille des Robertiens et ça fait un siècle que sa famille est sur le trône en alternance avec

les Carolingiens. Le fait qu’il soit choisi montre que les grands dominent le roi, et de très

loin ! Il est juste un grand choisi par les autres pour occuper la fonction royale mais il n’a pas

plus de pouvoir qu’un autre grand. Et en plus, on est toujours dans la tradition carolingienne

pour la culture politique.

Le roi ne gouverne plus vraiment me royaume mais reste un personnage important.

Sur le plan du pouvoir effectif, il ne représente plus grand-chose.

Hugues Capet règne sur un petit territoire avec autorité directe. Le reste du royaume est

aux mains d’autres rois. 987 n’est donc pas un changement radical, on est encore dans une

continuité : effacement du pouvoir monarchique au profit des grands.

En même temps, c’est le début d’autre chose. Hugues a quand même quelques atouts :

Le domaine sur lequel il a un pouvoir effectif est très riche : Île-de-France, cœur du

royaume de Francie occidentale. Sur le plan géographique et agricole elle est très riche

et se trouve au cœur d’un nouvel essor économique.

Un autre facteur va asseoir le pouvoir de sa famille : continuité étonnante. Pendant

plusieurs siècles, il y aura une continuité : toujours un fils, toujours quelqu’un de

capable.

Quid du principe électif ? Il revient à une tradition déjà utilisée : association du successeur

au pouvoir. Il va faire sacrer son fils de son vivant.

- Le successeur devient alors le rex designatus, celui qui est appelé à succéder.

- Il a déjà reçu l’onction et le sacre, et est associé au rex coronatus.

À partir de ce moment, les grands n’ont plus d’autre choix que d’élire celui qui a été sacré.

Ça ne pose pas trop de problème parce que le pouvoir de ce roi n’est pas très étendu, l’enjeu

n’apparait pas capital et on ne veut pas contrarier le plan divin, il faut quelqu’un de sacré et ne

pas élire celui qui est déjà sacré, ce serait commettre une usurpation, se mettre en travers de la

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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volonté divine ! Pendant tout le Xe et XIe, les rois issus de la dynastie de Capet vont de leur

vivant faire sacrer leurs successeur.

Régime d’une électivité de droit mais d’une hérédité de fait. Légalement, sur le plan

théorique, ce sont bien les grands qui continuent d’élire le roi mais dans la pratique

une hérédité de fait est réinstaurée. Le système fonctionne parce qu’il y a toujours

quelqu’un de valable pour continuer le schmilblick. Entreprise de très longue haleine.

De ce point de vue là, 987 est un changement, mais un changement à terme. Dans le

courant du XIe, la monarchie s’est transformée en une espèce de principauté territoriale. Il se

comporte non plus en monarque mais en prince territorial. Nouvelle culture politique qui se

met en place et qui implique un resserrement géographique. Dans la pratique, le conseil du roi

ne sont plus les évêques et les comtes, ce sont les châtelains des différents châteaux d’Île-de-

France, ce sont eux qui sont présents lors de la rédaction de chartes. On aura aussi de simples

maires de villages.

Mais en même temps, dans ce territoire, le roi renforce progressivement son autorité.

Dans la première croisade, les chefs, ce sont les grands, pas le roi !

Vers 1100, le roi capétien a suffisamment renforcé son assise dans le domaine royal et sur

cette base il va s’imposer réellement comme étant à la tête véritable de la pyramide

vassalique. Il va utiliser ces relations, qui étaient jusque là un frein à l’expansion du pouvoir

royal, il va arriver à inverser ce mécanismes en jouant de ces relations et se présentant comme

le sommet de cette pyramide.

Louis VI le Gros avec Suger, abbé de Saint-Denis, conseiller du roi. Sous le règne de

Louis VII, il sera régent du royaume pendant que le roi part en Croisade ;

Extrait : description qu’un chroniqueur donne d’un des grands, le duc d’Aquitaine :

éléments qui font partie de la mission royale. Donne l’impression d’être un roi plutôt qu’un

duc. « Nul n’osait lever la main contre lui ». On n’a plus simplement un simple fonctionnaire,

il n’est plus révocable ! Personnage qui est devenu un prince quasi-indépendant. Contact avec

les souverains étrangers. Agit comme un roi vis-à-vis de l’Eglise. Considère qu’il n’est pas en

France ! Autorité de duc césaropapiste par rapport à l’Eglise, comparé aux empereurs d’un

passé récent (quand les Carolingiens occupaient encore le pouvoir) puis à Charlemagne.

On a donc en Francie occidentale un territoire très cloisonné, ça a des conséquences sur le

plan culture, il n’y a pas d’unité culturelle et politique en Francie occidentale au Xe-XIe, pas

d’unité linguistique non plus. Lyrique courtoise qui se développe dans des centres politiques

mais pas royaux !

Il faut attendre le XIIe Pour qu’il y ait une certaine unité politique en Francie

occidentale.

Le processus de morcellement qui est lié à la féodalisation des fonctions et à l’hérédité

des fiefs marque tous les grands du royaume, elles sont elles-mêmes morcelées en

seigneuries où des nobles prennent le pouvoir et s’établissent de façon autonome.

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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Extrait : érection de mottes castrales, décrit une situation semblable, vaut pour le Comté

de Flandre (morceau de la Francie occidentale). Marquée par un morcellement. Établissement

d’une seigneurie = opprimer les faibles.

Ce mouvement va être contrecarré, les ecclésiastiques vont tenter de le faire. Vers 1000,

on voit les évêques tacher d’établir la Paix de Dieu ou trêve de Dieu, qui tente de limiter les

violences entre les féodaux :

On tente de les calmer en agitant le risque de l’enfer, et de leur imposer des trêves

sous forme d’interdiction de se battre certains jours de la semaine ou périodes de

l’année.

Vendredi : jour de la crucifixion, jeudi, jours de l’eucharistie, mercredi, c’est la veille, samedi

on ne peut pas et dimanche jour de la résurrection donc on ne peut se battre que du lundi au

mercredi soir, et pas non plus pendant l’avent et le carême.

On tente aussi de christianiser la chevalerie : élaboration d’une idéologie chrétienne

pour la chevalerie, refreiner sa violence pour l’utiliser à des fins nobles. Le chevalier

met son épée au service de la justice, de l’église.

Origine d’un discours idéologique, petit à petit ça va marquer les comportements.

Ce mouvement de paix n’est pas le fait seulement des évêques, d’autres vont enchainer :

les princes territoriaux qui ont compris que les évêques étaient leurs alliés pour calmer leurs

féodaux qui font que de la merde. Le prince profite de ce mouvement de paix de dieu pour

rétablir l’ordre dans sa principauté. On est toujours dans cette logique de cloisonnement de la

principauté. Exemple : duché de Normandie : Guillaume, rétablit l’ordre, impose la trêve de

dieu, développe une administration. C’est lui qui va conquérir l’Angleterre quelques années

plus tard. Duc qui va disputer la couronne au roi d’Angleterre, le tuer à la bataille et le

remplacer sur le trône.

B. Pouvoir féodal

Tendance qui s’inverse : le roi va petit à petit prendre l’ascendant sur les princes

territoriaux, à partir de Louis VI le Gros (1108-1137) en affirmant d’abord son propre pouvoir

sur la zone qui lui appartient. À partir de là, ils vont affermir leur autorité en tant que prince

territorial dans le domaine royal, en s’aidant des villes qui se développent depuis 1000, elles

atteignent un poids suffisant pour peser dans la balance. Moment où l’économie redémarre.

Renforcement de leurs propres assises, ils sont encore des princes au même titre que

leurs voisins mais deviennent plus puissants parce que leur autorité, leur principauté

est renforcée ;

Seconde logique, ils tâchent de tirer parti de la logique des liens vassaliques. Les

grands étaient leurs vassaux, reconnaissaient l’autorité du roi mais plus d’assistance au

conseil royal ! il revendique d’être le seigneur féodal contre qui on ne peut pas se

retourner : le Lige.

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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Les rois capétiens mettent en avant le fait qu’ils ne sont pas des seigneurs comme les

autres, qu’ils ont reçu l’onction et le sacre ! Idée que si on est vassal du roi et France et aussi

d’un autre, c’est d’abord le roi de France qu’on va servir : idée de ligesse. Ils vont petit à petit

se retrouver au sommet d’une pyramide féodale bien organisée.

On va aussi tirer parti d’autres principes du système féodal en intervenant dans des

situations concrètes. Exemple, l’héritier d’un fief est mineur, le roi va prendre alors le fief

sous sa garde, exercer une sorte de tutelle sur le fief. Il va aussi marier les filles de ces

princes.

Philippe Auguste (1180-1223) : tributaire du mouvement opéré par Louis VI le Gros. Il va

se permettre de confisquer des fiefs, détenus par le roi d’Angleterre qui dans le courant du

XIIe s’est retrouvé être le détenteur de fiefs importants en France. Il juge Jean sans Terres et

prétend lui confisquer les terres en France pour l’enlèvement de la fiancée d’un de ses

vassaux. Le roi, en tant que seigneur féodal, prétend juger la cause. Ça mène à une guerre

mais on réussi à forcer le roi d’Angleterre à signer une paix et à céder une bonne moitié de ses

fiefs (// son nom).

A. Pouvoir royal

Dans le courant du XIIIe, le pouvoir du roi continue de se renforcer aussi, vis-à-vis surtout

des provinces du sud, autre monde linguistique, culturel et politique. Il aura fallu un élément

perturbateur important pour que les rois de France mettent le pied au sud : opérations

militaires contre l’hérésie cathare. Ils vainquent l’hérésie et annexent la principauté où ces

hérétiques vivaient : le comté de Toulouse. À partir de ce moment, ils ont un pouvoir effectif

aussi sur le sud de la France.

Le pouvoir des rois de France est donc vraiment établit. C’est Louis IX (saint Louis 1226-

1270) qui symbolise ce grand moment de la monarchie, le royaume est bien développé. On a

une monarchie capétienne qui a un pouvoir effectif sur un territoire largement unifié.

L’histoire de ce pouvoir royal peut se scander en 3 étapes :

- Pouvoir domanial, on ne règne que sur le domaine royal, prince territorial comme un

autre (Xe-XIe)

- Pouvoir féodal, renforce son autorité en mettant à profit les règles vassaliques, il

commence à émerger au sommet de la pyramide féodale (XIIe).

- Pouvoir royal ou monarchique (XIIIe). Il n’est plus seulement un prince qui domine

un domaine, ni seulement un sommet de la pyramide féodale, il est de nouveau

souverain, il va effectivement, sur l’ensemble du royaume, prétendre à exercer un

pouvoir politique, rendre la justice sur l’ensemble du royaume, prendre des mesures

législatives valables dans l’ensemble du royaume.

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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III. De la Francie orientale au Saint-Empire

A. Destinées de la Francie médiane

La Francie médiane va être morcelée. C’est la Francie orientale tire le gros lot en mettant

la main sur les débris de cette entité.

a) Italie

L’ancien royaume d’Italie va être récupéré par Otton Ie. Il s’arrête au centre de l’Italie

avec les Etats du pape. Au sud, résidus du pouvoir byzantin et musulman.

b) Bourgogne

À l’ouest, au-delà des Alpes, on trouve le royaume de Bourgogne, ancienne Burgondie,

ou royaume d’Arles (capitale). Plus large que la Bourgogne actuelle. Elle garde une existence

autonome mais liée au pouvoir des rois de Francie orientale. C’est un territoire sous

protectorat des rois de Germanie. Situation qui sera réglé en 1033 : le royaume d’Arles est

annexé au Saint-Empire.

c) Lotharingie

Royaume de Lothaire II, petit-fils de Louis le Pieux. Il règne sur ce royaume pendant peu

de temps (865-869). Ça a donné son nom à une entité géographique et politique, le nom va

rester pendant plusieurs siècles.

Il va se trouver en butte aux entreprises de Charles le Chauve, son oncle. Avec l’appui de

l’épiscopat, il va faire annuler le divorce de Lothaire II, qui avait répudié sa première épouse

et en avait épousé une autre pour avoir des enfants. Si ce divorce n’est pas reconnu, le

mariage qui suit n’est pas valide et les enfants qui en naissent non plus !

Charles va recevoir l’appui du pape dans cette entreprise, ça aboutit à faire reconnaitre

ce divorce comme non-légitime. Lothaire II n’a donc pas de descendant légitime. À sa

mort, Charles en profite et se fait couronner roi de Lotharingie.

Louis, son frère, ne veut pas que tout aille à son frère. Compromis entre les deux :

Traité de Meersen partage le royaume de Lothaire en 2, une partie pour Charles et une

pour Louis.

Ce n’est pas la solution dominante car en 880, on signe le traité de Ribemont qui

accorde toute la Lotharingie à la Francie de l’est.

Mais la noblesse de la Lotharingie va tenter de tirer ses avantages : on va voir la

Lotharingie indépendante avec un roi, Zwentibold, descendant des Carolingiens. Mais ça ne

va pas durer longtemps et elle se retrouve sous influence de la Francie orientale.

En 925, les choses sont jouées : le duc de Lotharingie entraine les nobles sous

influence orientale et la Lotharingie fait donc définitivement partie de la Francie

orientale, sous Henri l’Oiseleur, duc de Saxe.

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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B. Francie orientale

Montée en puissance de forces régionales. Arrive aussi le moment où la dynastie

carolingienne ne suffit plus à sa tache. Extinction des carolingiens directs. À l’ouest, c’est

l’alternance, ici il n’y en a plus du tout. On change de dynastie : élection et en 911, après la

mort du dernier carolingien direct, c’est Conrad Ie de Franconie qui est élu roi. Naissance de 4

grands duchés nationaux qui se partagent le territoire

- Duché de Saxe au nord (ancien territoire des saxons)

- Duché de Franconie (au-delà du Rhin, où se trouvaient les Francs)

- Souabe (Allemagne et Suisse alémanique, ancien territoire des Alamans)

- Duché de Bavière.

Ce ne sont pas 4 duchés ethniques, au fil des siècles les populations se sont mélangées, ce

qui est en jeu ce sont les maisons ducales qui vont se revendiquer d’une origine particulière.

Ces 4 duchés émergent autour de 900, quand le dernier carolingien est remplacé. En 925

s’ajoute un 5e, le duché de Lotharingie, qui sera divisé en Haute Lotharingie (Lorraine) et

Basse Lotharingie (nos régions).

La monarchie demeure élective mais va évoluer. Dès le 2e roi, c’est un Saxon, Henri Ie

l’Oiseleur, qui va réussir à assurer la succession à ses descendants, il va fonder une dynastie ;

le pouvoir est électif mais de son vivant on va associer son successeur au pouvoir royal. Otton

Ie est associé au pouvoir du vivant de son père (// Capétiens).

Otton Ie jouit d’un prestige très important. Roi avec qui le royaume va s’affermir et

s’agrandir. Son père déjà avait assuré la Lotharingie, lui va assurer l’Italie et imposer un

protectorat au royaume d’Arles. Il bénéficie aussi du prestige de ses victoires militaires. 955,

bataille du Lechveld contre les Hongrois. Prestige d’un roi à la tête d’un régime agrandit, et

victorieux, et il a réunit à la Germanie toutes les parties de l’ancienne Francie médiane, donc

pourquoi pas restaurer la dignité impériale tombée dans l’oubli ?

En 962, il restaure l’empire, et ça va durer jusqu’au début du XIXe, on va le connaitre

sous le nom de Saint-Empire romain de la Nation germanique. Idée de l’empire de

Charlemagne restauré. Le territoire est d’ampleur différente, le centre c’est la

Germanie.

La dynastie saxonne va régner pendant un siècle en Germanie et dans les zones voisines.

Elle ne va pas échapper au phénomène du morcellement, mais pour éviter que ça n’aille trop

loin, on met en place le système de l’Eglise impériale : confier les fiefs à ceux qui ne peuvent

pas avoir de descendance légitime, impossibilité d’hérédité des fiefs !

On est toujours dans une logique césaropapiste. L’évêque est choisi par l’empereur, ils

ne vont pas tacher de monopoliser le pouvoir vu qu’ils n’ont pas de famille à laquelle

le transmettre !

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

66

De plus, ils proviennent souvent de l’entourage royal, ont été formés au palais et

participent à cette idéologie césaropapiste. L’empereur exerce son pouvoir parce que

Dieu l’a voulu, le devoir de l’évêque est donc d’aider le roi à accomplir sa mission.

On va confier des principautés entières à ces évêques : principauté de Liège, de Cambrai,

d’Utrecht, de Cologne, de Trèves, de Mayence…

Exemple : Notger, évêque de Liège. Il vient de Souabe, allemand, formé au palais et envoyé

au siège de l’évêché de Liège. En 980, il reçoit un privilège d’immunité générale, ça veut dire

qu’aucun duc ne peut intervenir dans les terres de l’évêque, en matière de justice ou d’égalité,

il ne répond qu’à l’empereur lui-même. En 985, le territoire s’élargit quand on lui confie le

comté de Huy. On lui adjoint encore par la suite de nombreux comtés, devient une grande

puissance.

Ils restent très fidèles au roi et ça va permettre de conserver une autorité réelle au roi de

Germanie, alors qu’elle a disparu en Francie de l’ouest. Ici, ça reste des charges révocables, il

peut démettre le duc, il le choisit.

Le système va bion fonctionner jusque dans le dernier ¼ du XIe siècle. On a alors une

autre dynastie, les empereurs Saliens dont le duché d’origine est la Franconie. Ils continuent

la politique ottonienne mais Henri IV est confronté à un problème : la Querelle des

Investitures. De 1074 à 1122, au départ c’est un problème religieux, mais qui va rejaillir sur

le plan politique.

Point de départ : prétention des papes à imposer l’autorité du pape sur tout, même sur

les rois, au niveau politique. Inverse du césaropapisme traditionnel. Effet particulier

dans cette querelle : prétention des papes à voir échapper le choix des évêques à

l’ingérence des laïcs, donc de l’empereur !

Tout le système de l’église impériale qui risque de s’effondrer, donc risque de

morcellement si les fiefs reviennent à des laïcs. L’empereur refuse donc et ses évêques aussi.

C’est surtout une querelle entre les tenants de deux conceptions différentes, politiques et

religieuses. Les évêques impérieux restent fidèles à l’empereur. En 1122, compris entre les

partisans de la papauté et les fidèles de l’empereur (Henri V) :

Concordat de Worms (accord entre autorité religieuse et laïque) prévoit que les

évêques seront élus librement par le corps électoral naturel, chapitres de chanoines des

cathédrales. Ensuite, lorsqu’il aura été élu et sacré évêque et investit des insignes de

son pouvoir religieux, par son archevêque métropolitain (supérieur ecclésiastiques), il

pourra enfin être investit du pouvoir temporel par l’empereur, les fiefs qui lui sont

destinés.

Les conséquences de ce compromis sont catastrophiques. Le pouvoir échappe à

l’empereur et les princes laïcs vont prendre de plus en plus de pouvoir. Les derniers

empereurs saliens sont confrontés à un rapide morcellement de leur empire. On est au XIIe, à

ce moment l’autorité royale en France se raffermit !

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

67

Dans l’Empire, l’autorité impériale doit faire des concessions aux nobles, en leur

accordant des privilèges. Les comtes ne demandaient que d’accroitre leur autonomie.

Ils ont monnayé leur soutient à l’empereur contre des privilèges, des concessions, qui

ne sont pas révocables.

L’effet d’affaiblissement est tel qu’a la mort du dernier salien, en 1125, on ne sait pas

assurer leu succession et le principe électif revient. Divers prétendants, Lothaire de

Supplimbourg est élu, en 1137 c’est Conrad III de Hohenstaufen. On choisit toujours parmi

les prétendants le plus faible, celui qui est le moins susceptible d’imposer son autorité.

Ce n’est que progressivement que Conrad III va prendre le dessus et son fils Frédéric Ie

Barberousse va tenter de restaurer l’autorité impériale. Il ne peut pas revenir sur les

concessions qui ont été faites. Il essaye de se concilier les petits seigneurs, il va aussi jouer sur

les Ministériels : individu qui n’est pas de condition libre, mais de condition servile : serf des

domaines de l’empereur à qui on va confier des missions (activités politiques, militaires…)

mais il est dans la dépendance politique de l’empereur. Tentative d’utiliser un nouveau type

de fonctionnaires politiques. Réactions violentes des nobles.

Frédéric Ie Barberousse va s’affaiblir lui-même, les affaires d’Italie lui coutent beaucoup.

Il lègue à son fils Henri une situation plus ou moins restaurée. Au décès d’Henri IV, Frédéric

II n’a que 3 ans.

Différents prétendants vont se disputer le trône impérial, se disent élus par un corps

représentatif.

Innocent III s’en mêle, il a de grandes idées sur la suprématie de l’autorité pontificale

sur celle des laïcs. Il choisit un empereur, Otton IV, puis le révoque, et choisit Frédéric

II de Hohenstaufen.

Frédéric II restaure la fonction mais ses projets sont ailleurs, en Italie, et plus précisément

dans le sud, le royaume de Sicile. C’est parce qu’il s’intéresse d’abord à ça qu’il se

désintéresse de la situation en Allemagne. Il va devoir faire des concessions et l’Allemagne se

transforme en une sorte de confédération de princes laïcs, de comtes ecclésiastiques, de villes

libres, ça n’augure rien de bon.

À la mort de Frédéric II s’ouvre le Grand Interrègne, qui dure de 1250 à 1273, anarchie

dans laquelle s’opposent à plusieurs reprises plusieurs prétendants : fils et petit-fils de

Frédéric II et autres personnes soutenues par des principautés et des villes. Ils n’exercent

aucune autorité effective.

En 1273, un semblant d’ordre revient avec l’élection de quelqu’un jugé inoffensif :

Rodolphe de Habsbourg. Petit prince, quelques possessions, n’est pas de taille à se

mesurer à d’autres. Il ne va pas tenter de restaurer l’autorité impériale, ne cherche pas

à réduire l’autonomie des princes, mais va profiter de la couronne pour accroitre le

patrimoine de sa famille, en lui adjuvant des comtés en Autriche.

Au fil des élections qui vont suivre, les Habsbourg vont revenir à plusieurs reprises sur le

devant de la scène et à la fin du Moyen-âge, ils sont la grande famille qui conserve la

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

68

couronne après chaque élection. Ils auront un pouvoir de nature différente de celle d’Otton Ie,

c’est une fonction essentiellement protocolaire, honorifique au sein d’un ensemble d’états.

Son pouvoir tient avant tout de l’autorité qu’il a sur ses principautés personnelles.

C. Remarques

Poussée vers l’est (drang nach osten). La frontière orientale de l’empire est confrontée à

la présence de Slaves, qui créent des états en bordure de cet empire. Les Allemands vont

continuer le mouvement de pénétration culturelle, économique et politique dans les pays

slave. Mouvement de longue haleine, qui va connaitre un certain ralentissement à cause de la

Querelle des Investitures, en tout cas pour les empereurs. Mais certains vont continuer le

mouvement :

- Grand féodaux comme Albert l’Ours, margrave de Brandebourg ;

- Des ordres militaires comme celui des chevaliers teutoniques (moines guerriers) qui

vont conquérir la Prusse en construisant des forteresses. Ils vont aussi repousser de

plus en plus loin la frontière de la chrétienté latine, jusqu’aux pays baltes. Là

commence le monde orthodoxe ;

- Des ordres commerciaux comme celui de la Hanse.

Morcellement féodal progressif de ce Saint-Empire. En Germanie et en Lotharingie,

c’est seulement au XIe que les grands vont s’approprier les charges comtales en les

considérant comme héréditaires, et exercer leur autorité en leur nom propre, ils ne se

considèrent plus comme délégués du roi, comme révocables. En Francie occidentale, c’est le

cas dès le début du Xe. Dans l’empire ce n’est pas le cas à cause de l’autorité politique des

empereurs saxons et de l’église impériale. Au XIe ça va se développer :

- comme conséquence de la querelle des investitures ;

- parce que c’est une lame de fond qui devait revenir !

Comment ça se produit ?

Changement des relations de ceux qui ont une fonction comtale par rapport à leur

fonction ;

Politique d’expansion de son autorité, accumulation de comtés ;

Aux charges comtales vont s’ajouter des fonctions non-négligeables : avoueries sur une

abbaye. Charge d’un avoué (advocatus) : institution carolingienne qui change de sens et

d’importance. Chez les Carolingiens, c’est un personnage choisit pour exercer les différentes

prérogatives de l’état sur les terres des évêques et des abbés (immunités mais il fallait quand

même rendre la justice donc on nomme un avoué). Petit à petit, cette charge va devenir

héréditaire et ils vont prendre de l’importance à mesure que le pouvoir central du roi diminue.

C’est l’avoué qui devient le protecteur de l’abbaye. Problème, ils vont parfois outrepasser

leurs droits et s’en servir. En rassemblait des avoueries, ils vont former des principautés

territoriales ;

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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Ils s’emparent de droits régaliens : mettre la main sur des domaines royaux (fiscs) qui

sont intégrés au domaine princier. Ils vont s’emparer aussi des tonlieux (taxes perçues

sur la mise en vente et la circulation des abbayes), ils vont battre eux-mêmes monnaie.

Au sein de ces principautés vont parfois aussi se former des seigneuries, avec un sous

avoué ou un représentant du comte, usurper ainsi des droits, s’emparer de taxes… ils tiennent

souvent ce fief en échange de prestations. Diminution donc des possibilités directes d’action

du comte, notamment en matière de justice. Lorsqu’un vassal va cumuler plusieurs fiefs, se

repose comme ailleurs le problème de fidélités multiples. Quel seigneur servir s’ils sont en

guerre ?

Exemples

Comté de Hainaut : pagus franc, sur la Haine. On y trouve un lignage, celui des Regnier,

qui ont une résidence fortifiée à Mons. Au Xe, le comte est en conflit avec le roi de Germanie.

Le comte usurpe un certain nombre de droits mais le roi reste plus fort, donc il est démis et

exilé. Un de ses fils reprendra plus tard le comté et sera pour ça aidé par le roi de la Francie de

l’ouest. 998, on est proche du moment de basculement où des principautés vont s’émanciper

de l’autorité royale.

Dans la première moitié du XIe, le comté va véritablement se développer pour devenir

une principauté territoriale, en accroissant notamment ses territoires vers Chimay, vers

Couvin, vers Valenciennes, … le comte de Hainaut possédait le titre d’abbé laïc du monastère

de Sainte Waudru (remonte au monde carolingien ou on a confié des charges ecclésiastiques à

des non-clercs, qui protégeait l’établissement et profitaient de ses revenus). Cette charge a été

rendue héréditaire par les comtes de Hainaut donc ils pouvaient accaparer les terres de

l’abbaye, qui viennent grossir le territoire.

Comté de Louvain. Lambert Ie dirige le comté de Louvain (pagus de Brabant auquel il

ajoute le pagus de Hesbaye, le comté de Bruxelles et l’avouerie sur deux grandes abbayes :

Gembloux et Nivelles). En 1106, le comte Godefroy Ie est tellement puissant que le roi de

Germanie lui donne le titre de duc de Basse-Lotharingie. Charge comtale qui est devenue

héréditaire, l’empereur n’a plus aucune prise sur ce titre ! Le titre de duc voyage d’une famille

à l’autre, ici il est octroyé à la famille des comtes de Louvain. De plus, on lui donne aussi la

marche d’Anvers, implique un important agrandissement territorial vers le nord.

À partir de là, les comtes vont porter le titre de duc. Mais c’est une coquille vide, les

autres comtes ne leur obéissent pas ! Ils règnent effectivement sur les comtés qu’ils ont

rassemblés eux-mêmes. Dans la 2e moitié du XIIe, ils vont eux-mêmes changer leur titre et se

nommer ducs de Brabant, qui n’était qu’un petit morceau de leur territoire. Ils vont continuer

l’expansion de leur principauté sans se soucier de l’empereur. Les principautés

lotharingiennes vont, plus vite que les autres principautés de l’empire, prendre leur

autonomie.

Ce duché continue de s’étendre. 1288 : moment où le duc va annexer le duché de

Limbourg au terme d’une guerre de succession. Une fois que la principauté est constituée,

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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question des rapports avec les autres principautés. On tente d’en rassembler, par le biais de

mariage, de succession, etc.

Réunion définitive des principautés sous les ducs de Bourgogne.

IV. Angleterre

Empire fondé par Cnut : important par les contacts qu’il a permis de nouer avec les

autres composantes même si il disparait assez vite.

Après la mort de Cnut, le monde anglais va vite retrouver son autonomie par rapport au

monde scandinave. Edouard le Confesseur est sur le trône, il va gouverner avec l’aide des

normands du duché de Normandie. Certains s’installent déjà en Angleterre (clercs et

chevaliers). À la mort d’Edouard, problème. Le roi de Norvège en profite pour attaquer la

cote est, et on a deux prétendants :

- Harold, qui prend parti pour les danois (successeurs de Cnut) alors que lui est anglo-

saxon ;

- Guillaume de Normandie, qui prétend avoir eu des promesses de la part d’Edouard.

Guillaume traverse la manche, bat Harold et le tue à la bataille de Hastings en 1066.

L’armée de Guillaume n’est pas homogène, il y a des contingents avec des flamands, des

picards, des poitevins, des normands… ce n’est pas une invasion pure et simple, elle s’intègre

dans un processus de relation qui existait déjà, il y avait déjà des contacts, une présence

normande ! Guillaume veut juste rester dans la lignée d’Edouard.

Il est couronné roi d’Angleterre mais il y a des rebelles donc l’affrontement continue. Il y

a encore des incursions scandinaves, de danois, d’irlandais aussi. Pendant plusieurs années,

Guillaume reste sur le pied de guerre, ses chevaliers vont poursuivre la conquête et restés

groupés avant de recevoir des fiefs et de s’installer.

Suite à cette conquête, Guillaume va pouvoir vite construire un royaume bien

organisé, bien administré et assez centralisé. Ça tient au fait que la Normandie est déjà

administrée sur ce modèle-là, au caractère militaire de la conquête et à la continuité de

certaines institutions anglo-saxonnes.

Institutions anglo-saxonnes

Assemblée locale qui ne va pas disparaitre : la Hundred.

Au-dessus, on a le comté : shire, dirigé par le shérif, représentant du roi dans son

comté, officier du roi qui rend la justice et qui va surveiller les Hundred. Une de ses

fonctions est de faire une tournée d’inspection de ces Centaines.

Fidèles du roi : Earls, qu’il faut surveiller. Ce sont de grands nobles, mal fixés à la

terre. Ils ont des biens mais assez dispersés. Le shérif doit vérifier qu’ils ne

commettent pas d’usurpation.

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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Service militaire dans l’armée royale par tous les libres, pas que les nobles : le fyrd.

Les paysans de chaque comté forment un contingent qui est commandé par le shérif.

Il y a aussi un impôt généralisé du au roi : le Danegeld, tribu perçu par le roi et versé

au danois.

Tout ça va être maintenu sous les Normands.

Institutions normandes

En plus des earls, on va aussi avoir le système vassalique, le système féodal, les nobles

anglo-saxons vont entrer dans ce système. On reçoit un fief en échange de la fidélité.

Ils n’ont pas pu créer de grands fiefs, assez grands pour avoir des revenus mais

dispersés pour ne pas créer une base territoriale d’un pouvoir autonome.

On va aussi constituer de grandes marches mais uniquement sur les zones de frontière.

Quelque chose qui témoigne de la volonté de centraliser et d’administrer de façon précise

est le recensement que Guillaume organise en 1086 : Domesday book : inventaire des

composantes, des droits et devoirs de chaque domaine. Cas très précoce. Très vite aussi, la

cour du roi (curia regis) va se développer et se spécialiser, en plusieurs services.

Succède à Guillaume, en Angleterre, son second fils, Guillaume le Roux. Son fils ainé a

repris le duché de Normandie. Division ! Entretemps, la royauté est devenue indivisible en

Francie orientale et occidentale. Mais ici, on ne divise pas le royaume, mais on en sépare juste

le duché, ce n’est pas la même chose.

À la mort de Guillaume II le Roux, ses deux frères se disputent. Henri I Beauclerc devient

roi d’Angleterre en combattant son frère et réunit la Normandie au royaume. On a de nouveau

une union. Il a une fille, Mathilde, qu’il va faire reconnaitre comme héritière, veuve de

l’empereur et femme de Geoffroy d’Anjou, un Plantagenêt. Un usurpateur, Etienne de Blois,

va monter sur le trône.

Guerre civile entre les partisans d’Etienne et de Mathilde. Alternance de phases

d’essor et d’affaiblissement de la royauté.

Etienne de Blois, à la fin de sa vie, reconnait le fils de Mathilde, Henri II Plantagenêt, duc

d’Anjou, monte sur le trône en 1045. C’est un roi important, il y a aussi le Maine, le comté

d’Anjou, la Touraine. Il a épousé Aliénor d’Aquitaine, fille du duc d’Aquitaine, qui avait été

répudiée par le roi de France. Toute l’Aquitaine va entrer donc dans le giron des rois

d’Angleterre.

Situation inédite, les rois d’Angleterre ont l’Angleterre mais aussi la partie occidentale

de la France. Accroissement territorial très important. Royaume très fort et étendu.

Renforcement et développement des institutions anglaises, opposition à l’Eglise et à

son chancelier, Thomas Becket (Canterburry).

À la mort d’Henri II, ce sont ses fils, d’abord Richard puis Jean, qui lui succèdent. Jean va

devoir faire face à un triple mécontentement : église, ville de Londres et barons, parce que

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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l’autorité royale s’est renforcée très fortement, et à leurs dépends ! Comme le pouvoir royal

s’affaiblit sous Jean sans Terre (échecs divers dont à la bataille de Bouvines en 1214, ça a

couté très cher, contre France, Irlande, Ecosse) :

il se voit obligé de concéder une charte, Magna Carta, qui a pour but de limiter le

pouvoir royal face aux grands, à l’église, aux villes.

Ce texte va être renforcé en 1258 par les Provisions d’Oxford, impose au roi de

consulter les sujets sur les questions importantes dont la réclamation d’aides et de

moyens financiers.

V. La péninsule ibérique : Des Asturies à la Reconquista

On a, dans le nord de la péninsule, de petits états marginaux dans les montages près de la

marche d’Espagne. C’est de là que démarre le mouvement de la Reconquista : mouvement

d’offensive de ces royaumes pour reconquérir le sud, en profitant notamment au début du XIe

de la situation de guerre civile dans le califat de Cordoue. Quels sont ces états marginaux ?

Ancien royaume des Asturies (León), royaume de Navarre, royaume de Castille, royaume

d’Aragon, Catalogne (comté de Barcelone, ancienne marche carolingienne).

Au départ, royaume de Navarre qui va se diviser en 1029 en 3 entités : Castille,

Navarre et Aragon.

En 1037, le roi de Castille unit son royaume à celui du León, puis poursuit le

mouvement de conquête.

Date-clef : 1085, prise de Tolède, ville symbolique, assez ancienne. Épisode du Cid.

Au même moment, un comté se détache de royaume de León : comté de Porto, qui va

se comporter indépendamment dès 1094 et continuer la reconquête pour son compte.

En 1139, le comte prend le titre royal : fondation du Portugal.

L’Aragón va prendre Valence et les Baléares. La Navarre, elle, ne va pas participer à

ce mouvement d’expansion.

1212 : bataille de Las Navas De Tolosa, concrétisée en 1236 par la prise de Cordoue.

L’essentiel de la péninsule est donc aux mains des royaumes du nord. Il reste au sud le

royaume de Grenade qui va exister jusqu’en 1492.

Quel résultat à ce mouvement de reconquête ?

Laisse une péninsule divisée entre les différents reconquérants :

- Portugal ;

- León ;

- Couronne d’Aragon (catalogne, royaume de valence, Baléares, Aragon, chaque

ensemble garde ses propres institutions politiques mais un seul roi !) qui mène aussi

une politique d’expansion en méditerranée, vers l’Italie).

Sur le plan culturel et linguistique : différences linguistiques avec les Catalans, les

portugais, qui se ramifie entre le galicien et le portugais. Le léonais est parlé aussi dans la

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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frange conquise entre la zone portugaise et le reste, et aussi le castillan, très parlé parce que

grand territoire !

Culture politique très marquée par cette entreprise de Reconquista : monarchies à

caractère militaire très fort.

Ensemble composite sur les plans culturels et religieux. Communautés juives,

musulmanes qui restent sur place. Mudéjares. Coexistence de cultures et de religions

différentes.

Mouvement qui ne s’arrête pas tout à fait. C’est dans cette lignée qu’on enchaine sur

un mouvement de grandes découvertes extra-européennes

IV. De l’Italie byzantine et musulmane au royaume de Sicile

La Sicile ne reste pas longtemps byzantine car est intégrée dans les états musulmans. Elle

reste une zone de contact entre monde oriental et occidental. Ce sont les Normands du duché

de Normandie qui sont à l’origine de l’intégration de ces territoires au monde latin. Début

XIe, on voit des gens de cette région passer par l’Italie du sud pour aller à Jérusalem par

exemple. Ils sont armés, en groupe, et peuvent donc louer leurs services au retour, comme

mercenaires, aux ducs de la région. Ils sont de plus en plus nombreux à le faire, se rendent

nécessaires. Petit à petit, des chefs Normands vont prendre eux-mêmes le pouvoir, comme

Robert Guiscard et ses frères, qui vont prendre des territoires en 25 ans.

- Campagne contre les byzantins pour dominer le sud de l’Italie (Calabre et Pouilles) ;

- Contre les Arabes (Sicile) ;

- Contre les Lombards (Bénévent, Capoue, Salerne…).

- Il va même aller en Illyrie ou et Irpie, il revient en Italie aider le pape contre

l’empereur d’Allemagne.

- Révoltes de ses vassaux mais il reste le plus fort.

C’est une entreprise très longue, mais le résultat est un changement, ces régions échappent

aux musulmans et aux byzantins et se retrouve aux mains de nobles qui sont issus de la

chrétienté latine, et qui ont un lien avec le duché de Normandie. Mouvement d’expansion qui

ne s’arrête pas tout à fait. Ils vont participer dans un contingent de Normands à la 1e croisade.

Création aussi d’un espace politique original. Il y a une féodalité d’importation (inconnue

chez les Byzantins), mais les populations autochtones vivent toujours sous les institutions et

les droits byzantins. On conserve, dans les chancelleries, le formulaire byzantin. Église et

abbayes grecques qui persistent. Royaume de Sicile qui se développe d’une manière originale.

Constance, héritière de ce royaume, va épouser le fils de Frédéric Ie Barberousse.

Après la régence, Frédéric II va s’intéresser à la Sicile et monter sur le trône à Palerme

avec une importante cour. Il sera même couronné roi de Jérusalem. En 1231, avec les

constitutions de Melfi, il dote le royaume de Sicile d’une administration très forte. À la mort

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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de Frédéric II, son fils bâtard lui succède mais il va y avoir des luttes qui vont sceller le futur

de la Sicile. Le pape qui donne la Sicile aux angevins.

V. La papauté

On va assister à l’édification d’une monarchie. En quoi elle peut apparaitre comme une

monarchie ? On est à un tournant où l’église latine va se transformer sous l’impulsion de

l’Eglise latine et de la papauté.

- Au début, le pape est juste un évêque plus important, c’est le seul patriarche de

l’Eglise latine.

- Mais ça va se transformer, il va être à la tête d’une pyramide d’archevêques et

d’évêques.

En outre, cette position monarchique, le pape va tenter de l’exercer vis-à-vis des autres

monarques. Non seulement il va tâcher d’autre sur le même pied mais il va aussi prétendre à

une suprématie sur ces souverains. Assez inouï dans l’histoire, on était toujours dans une

logique césaropapiste. Les choses changent : mais c’est un mouvement qui dure au minimum

deux siècles. Mouvement progressif, changement incomplet aussi. La papauté va réussir à

atteindre un certain nombre de ses objectifs mais pas tous.

A. Autour de l’an 1000…

Point de départ : autour de l’an 1000, rapports césaropapiste et autorité politique morcelé. 3

acteurs : papauté, évêques, moines.

La papauté, est dans une position assez difficile. Pendant tout le Xe, le pape est une

créature des grandes familles romaines : les élites de Rome choisissent l’évêque de Rome et il

reste sous leur coupe. On n’a plus un protectorat de l’autorité impériale sur la papauté.

L’empire est plus loin des terres italiennes, et le pape, qui a aussi un petit état.

Les autres évêques sont aussi sur le plan politique dans une situation de dépendance.

Ceux qui se trouvent dans les terres impériales : leur évêché est un fief qu’ils tiennent du roi

(// Eglise impériale), et c’est l’empereur qui leur remet l’investiture de ce fief (dans les rituels

aussi). Certains de ces évêques ont acheté leur charge : évêques simoniaques. On a pu se

poser des questions sur la qualité de ces évêques qui sont souvent les cadets de familles

aristocratiques. Dans l’empire, en Lotharingie, on a des évêques de grande qualité au Xe-XIe :

parce qu’ils font partie d’un système dirigé par les empereurs, ils ont été formés à la cour

donc sont bien formés. Quelle que soit la qualité de leur action, ils sont dépendants du choix

d’une autorité politique ou vont utiliser des moyens financiers pour acquérir leur charge.

Le monde monastique, autour de 1000, a été profondément bouleversé par plusieurs

facteurs.

- Processus de sécularisation des biens monastiques : dans la mesure où elles ont été

fondées par des Grands et des membres de la famille royale, ceux-ci considèrent les

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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abbayes comme faisant partie de leur patrimoine, donc on n’est pas contre l’idée de

soustraire des biens à ces abbayes pour les confier à quelqu’un d’autre. L’ingérence

des laïcs dans la gestion de ces abbayes est nuisible à celles-ci !

- Parfois ça va plus loin, le roi va nommer un abbé laïc de l’abbaye.

De cette situation difficile dans le monde monastique va naitre un mouvement de réforme,

multiforme. Réformateurs divers, qui échangent leurs expériences. La Lotharingie est un

terrain fertile pour les expériences de réformes religieuses, parce qu’elle est riche et prospère,

aussi au niveau intellectuel, et parce qu’elle est un carrefour d’idées. Mais là, les mouvements

de réforme restent isolés. On a un autre mouvement plus large, dans le sud, en Francie

occidentale, en Bourgogne, on fonde Cluny en 910 : volonté d’une abbaye indépendante des

ingérences des laïcs.

Le fondateur a confié la sauvegarde de l’abbaye au pouvoir pontifical. Encore assez

symbolique parce que la papauté est assez faible. Mais c’est quelque chose qui a pour

but de mettre l’abbaye à l’abri.

Cluny va prospérer, se trouver à la tête d’un réseau important d’autres abbayes, premier

ordre religieux indépendant. Mouvement important, monté en puissance d’abbayes réformées,

où on a pu restaurer l’austérité de la vie religieuse. Dans le contexte de l’époque, l’austérité

est quelque chose de très important, s’éloigner du monde et de ses tentations pour se purifier

et se rapprocher du salut. Ces moines montrent l’exemple, source d’inspiration.

B. Monarchisation de l’Eglise

Au XIe, tendance à monarchiser l’Eglise toute entière, à transposer le comportement des

moines à l’ensemble des ecclésiastiques. Il faut commencer par être libre et indépendant pour

pouvoir imposer ce mode de vie. Il faut donc d’abord que la papauté soit libre.

Mouvement qui part de ma Curie romaine : composée de cardinaux, parmi eux, Imbert

de Moyenmoutier, lotharingien, il a baigné dans ce milieu de réformes monastiques. Il

va tout faire pour renforcer l’autorité du pape.

1054, il parvient à l’excommunication du patriarche de Constantinople qui voulait s’ériger

en docteur universel de l’église, il voulait mettre en place des doctrines valables pour tous, ce

qu’on ne pouvait pas accepter parce qu’en occident, l’évêque de Rome supplante tous les

évêques !

Dans les années qui suivent, deux élections pontificales. En 1057, le pape meurt, on en élit

un autre. Selon quelles modalités ?

Première élection : l’empereur n’est encore qu’un enfant (Henri IV), trop jeune pour

réagir et la cour ne propose personne, on laisse s’échapper l’emprise césaropapiste,

idem côté familles romaines, et c’est la curie romaine qui choisit le pape : Etienne X,

meurt peu après.

Seconde élection : les grandes familles romaines se sont ressaisies, choisissent un

concurrent (antipape) à celui choisi par la curie (légitime). Imbert aurait pu faire appel

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

76

à la cour impériale pour lutter contre cet antipape mais il refuse de le faire, sinon ça

aurait introduit à nouveau une ingérence laïque ! Nicolas II reste sur le trône

pontifical.

En 1059, Nicolas II va formaliser cette élection révolutionnaire en énonçant toute une

série de principes :

- le pape est élu par les cardinaux ;

- Interdiction à tout clerc de recevoir une charge des mains d’un laïc. Principe qu’il

essaie de généraliser. Idée = purifier l’église des interventions des laïcs, parce que le

modèle c’est l’austérité monastique.

C’est difficile à mettre en œuvre mais la curie va réfléchir, exhumer des textes pour bâtir

une théorie en allant reprendre des arguments chez différents auteurs :

- Chez saint Augustin ;

- Chez le pape Gélase Ie : en 494, il écrit à l’empereur de Constantinople pour lui dire

que l’autorité du pape (auctoritas) est supérieure au pouvoir détenu par l’empereur

(potestas) : il avait déjà essayé de démonter que ce n’est pas normal que les évêques

soient dans une position inférieure à celle de l’empereur !

Ça va servir d’arguments parce que ces vieilles conceptions sont utilisées par la curie

pontificale, qui va se lancer dans la 2e étape : obtenir la liberté des élections épiscopales. En

même temps, on vise aussi à affirmer, faire reconnaitre la primauté du pape sur les autres

clercs (centralisation du fonctionnement de l’Eglise) et aussi sur les laïcs. Universalité du

pape.

1075 : liste de revendications affirmées par Grégoire VII : Dictatus papae : c’est une

systématisation de ce qui avait déjà été affirmé en 1059, on les reformule : autonomie, plus

d’ingérence, primauté du spirituel sur le temporel, même sur le plan politique !

Renversement de perspective. L’autorité pontificale peut donc refuser de sacrer les

princes, le condamner s’il a commis une faute morale.

Début de la Querelle des Investitures (1075-1122). L’empereur n’a pas d’intérêt à

changer sa conception césaropapiste donc ne va pas accepter ce que le pape veut faire ! Le

pape va donc excommunier l’empereur, c’est un obstacle à prétendre qu’il continue d’exercer

son pouvoir par délégation divine ! Il va faire pénitence et rencontrer le pape en 1077 à

Canossa. Mais le combat ne fait que commencer entre plusieurs papes et plusieurs empereurs.

On aboutit finalement à un compromis : Concordat de Worms en 1122. Ça se base sur la

distinction entre la charge spirituelle de l’évêque et sa charge temporelle (charge politique sur

les principautés ecclésiastiques) :

- Dans un premier temps l’évêque est élu librement par le clergé de son diocèse, les

chanoines de sa cathédrale.

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

77

- Ensuite, celui qui est élu va être ordonné par son supérieur, l’archevêque

métropolitain, qui lui remet les insignes religieux de sa fonction (crosse et anneau).

- Enfin l’autorité laïque va pouvoir investir l’évêque des biens temporels liés à sa

fonction et recevoir, si nécessaire, le serment de fidélité de l’évêque. Il y a toujours un

lien politique entre les deux. Mais est-ce que c’es suffisant pour l’autorité impériale ?

Non parce que ce qui importait c’était de choisir qui on voulait pour remplir la

fonction !

Compromis qui laisse la porte ouverte à une série d’influences. Les élections sont le fait

du chapitre des chanoines et dans la pratique, l’empereur peut assister à l’élection ! Le prince

territorial aussi, par la suite, pourra intervenir sur les chanoines et ne s’en priveront pas.

L’indépendance religieuse n’est donc pas acquise mais ce qui a changé c’est qu’on

n’est plus dans un système césaropapiste, même si le prince joue encore un rôle. On

est dans une pré-séparation de l’Eglise et de l’Etat.

Autre élément (après la liberté des élections épiscopale, acquise dans les droits mais pas

dans les faits) : question de la primauté romaine et de la transformation de l’église en une

monarchie. Centraliser l’Eglise réduit le rôle des évêques. On va prétendre que le pape est un

évêque universel=

Il peut prendre des décrets pour l’ensemble de la chrétienté.

Universalité aussi par l’envoi de légats pour contrôler, surveiller, imposer ses

décisions.

Dans certains cas, il va prendre sur lui de déposer certains prélats, certains évêques.

Une fois le mouvement lancé, il va continuer de façon croissante.

Sur le plan judiciaire : le pape va ouvrir la possibilité de faire appel d’un certain

nombre de décisions des tribunaux épiscopaux devant son propre tribunal. Il permet un

appel devant sa propre juridiction, en créant un échelon supérieur. Il y a aussi des cas

réservés : instances qui ne peuvent être jugées que devant le pape. On réserve donc

certaines prérogatives à la papauté. Exemple : procès de canonisation.

Sur le terrain des nominations aussi, surtout vers le XIIIe, le pape intervient dans des

nominations d’évêques, d’abbés, de curés.

Au niveau de la fiscalité : en se centralisant, besoin de beaucoup plus de moyens

qu’on va faire venir des diocèses. Sommes très importantes !

L’église se transforme donc en une pyramide hiérarchisée. Mais ça va aller encore plus

loin quand le pape va prétendre dicter sa volonté non plus à l’église mais aux princes laïcs. On

veut leur dire comment gouverner dans le royaume, on est en train de s’ingérer dans les

affaires politiques des laïcs : renversement fondamental de la tendance, vers une tendance

théocratique. Système où les différents princes laïcs sont subordonnés à l’autorité du pape.

Innocent III (1198-1216) prétend pouvoir intervenir dans le champ politique mais de

façon limitée : pour éviter une faute, en cas de péché du pouvoir civil : ratione pecati. Il va

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

78

exercer son auctoritas sur les princes laïcs mais de façon ponctuelle : choisir un roi, démettre

un empereur, exiger de certains rois de devenir des vassaux de la papauté, intervenir dans les

luttes pour le pouvoir impérial aussi.

Innocent IV va être confronté à Frédéric II une fois que celui-ci est empereur. Il ne veut

plus se contenter de l’auctoritas mais revendique la plénitude du pouvoir : plenitudo

potestatis. Il détient potestas et aussi sa plénitude, à un titre meilleur que les princes laïcs.

Développement de cette position sur base d’arguments juridiques.

Celui qui va pousser ça plus loin : Boniface VIII. Il ne se contente pas d’arguments

juridiques mais va formuler un discours théologique. Il plaide pour l’autorité illimitée du

Saint-Siège mais c’est trop, il rencontre des opposants de plusieurs types :

Opposants du côté des monarchies elles-mêmes, qui se sont renforcées depuis (XIIIe),

comme les Capétiens. Résistance théorique vis-à-vis du pape avec des traités réalisés

dans les universités par les théologiens. On base leur travail sur la redécouverte d’un

auteur de l’antiquité : Aristote. Théories sur l’état, intervention entre humains et

nature. On commence à réfléchir sur l’Etat comme une société naturelle, sur l’Etat

comme corps naturel, et sur ce qui devient le droit naturel. Corpus théorique très

puissant pour s’opposer à la théologie pontificale.

Ecclésiastiques : canonistes, spécialistes du droit canon, théologiens comme saint

Thomas d’Aquin.

Ce sont les excès de la prétention théocratique des papes, l’importance des résistances et

la faiblesse de la papauté qui s’ensuit au XIVe qui entraient l’échec de la théocratie

pontificale.

Pendant ce temps, dans l’Eglise d’orient, on est toujours dans une tendance césaropapiste

qui va être là aussi dans la Russie des Tsars. Le césaropapisme en occident à disparu et les

positions de l’église et du pouvoir laïc se sont rééquilibrées. Il y a un jeu d’influence. L’Etat

garde une sphère d’autonomie, les évêques agissent toujours dedans, mais aussi avec plus

d’autonomie. Ils ne sont plus directement sous autorité des princes laïcs.

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

79

Cinquième chapitre : Le développement politique des villes,

11e-15e siècles

Essor politique des villes. Après l’an 1000, le phénomène urbain va prendre une

importance croissante. Elles deviennent des acteurs plus riches, leur poids change par rapport

à l’autorité d’un seigneur. Elles se développent avec de plus en plus d’autonomie sur le plan

politique, parfois ça ira jusqu’à l’indépendance selon les époques et les lieux.

Typologie des villes en distinguant 3 types de villes. Critère politique, lié au degré

d’autonomie des communautés urbaines

Villes d’échevinage ou de consulat : se gère de façon autonome mais sous autorité

d’un seigneur (petit seigneur local ou prince territorial). Il intervient dans le

fonctionnement des autorités urbaines. Ils bénéficient quand même d’une autonomie

sur un certain nombre de questions. Dirigée par l’assemblée des échevins (pour

l’empire et le nord de la France), ou de consuls (sud de la France).

Villes de communes : indépendance plus importances. Le pouvoir ne détient que la

souveraineté sur la ville mais n’intervient pas dans ses affaires (ex : Tournai, sous la

souveraineté du roi de France).

Villes libres : presque souveraine. Dans l’empire :

o villes de la Hanse (grande association de marchands et de villes marchandes

dans le nord de l’Allemagne. Du fait de leur association, de leur

développement économique important, elles ont acquis le statut de villes libres,

ne dépendent plus de l’empereur. À mesure que le pouvoir de l’empereur

devient symbolique, le pouvoir de ces villes devient petit à petit un pouvoir

tout à fait indépendant) ;

o en Rhénanie ;

o en Italie du nord aussi (relèvent d’une part de l’autorité de l’empereur), et qui

vont même parfois imposer leur autorité sur d’autres villes.

I. Lotharingie

Point de départ du processus d’émancipation politique des villes : le seigneur, laïc ou

ecclésiastique va accorder des privilèges, des libertés aux bourgeois de la ville. Ces libertés

sont consignées dans des chartes.

- La plus ancienne vient de Huy, accordée par le prince évêque, en 1066.

- À Tournai, elle reçoit les privilèges du roi de France en 1188.

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

80

Comment se voit-on accorder une autonomie de fonctionnement ? Les voies d’accès sont

diverses : négociation, paiement pour l’octroi de libertés (quand le seigneur a besoin d’argent

par exemple, il va encourager les négociations).

Organisation de cette autonomie locale ? Le pouvoir est souvent monopolisé par les élites

urbaines (élite marchande). À la tête :

- Le conseil des échevins (héritiers des scabini du Malus).

- Maire ou mayeur : délégués, nommés par le seigneur, d’abord à vie, ce sont les

officiers du seigneur (avec les échevins, ils sont 7 ou 14)

autonomie et dépendance en même temps !

- À côté de ça, on a d’autres responsables vers 1200 : des jurés et des bourgmestres,

représentent la population urbaine et vont prendre en charge les fonctions politiques et

administrative, donc les échevins sont relégués à des tâches judicaires surtout.

Quand les couches moins aisées de la population vont revendiquer de participer à

l’exercice du pouvoir. Après un certain temps, elles accèdent au gouvernement de la ville, ça

se fera au travers d’une certaine violente, un choc. C’est le cas à Liège en 1312 avec le Mal

Saint-Martin : révolte des artisans de la ville (se réfugient dans l’église Saint-Martin qui va

être brûlée). Résultat, on voit accéder les gens de métier accéder aux charges urbaines.

En même temps, ce n’est pas toujours liées mais on voit les charges devenir des

charges à terme. On a un processus régulier d’élection ou de cooptation. Corps

électoral assez limité.

En même temps, 3e phénomène : poids politique croissant des villes dans les principautés

desquelles elles font partie, le prince devra traiter de plus en plus avec elles. Ce sont des

sources de revenu pour le prince mais en contrepartie elles demandent des choses : que leurs

privilèges soient étendus, et aussi contrôler l’usage des deniers qu’elles vont donner aux

princes. Ils n’ont que les revenus de leur principauté. Les besoins financiers croissent aussi,

les ressources propres ne suffisent plus donc on demande des aides aux sujets. Les villes se

regroupent, les plus importantes prennent la parole contre ces princes, pour exiger de

participer au contrôle de l’utilisation de l’argent qui avait été donné.

Cette participation des villes au pouvoir politique c’est le départ des assemblées

représentatives.

Mouvement que se développe dans un royaume (états généraux en France), on en

Lotharingie avec la participation des villes aux décisions du duché (dirigé par le duc et les

villes, qui restent toutes des villes d’échevinage, avec le duc ou un vassal du duc comme

seigneur).

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

81

II. Italie

A. Italie du Nord

Contraste important, plusieurs de ces villes vont se retrouver sans seigneur ! Au point de

départ aussi, contraste. Ces villes sont dans une forte continuité avec le monde romain, il n’y a

pas d’évolution des distances non plus. La noblesse est aussi beaucoup plus présente qu’en

Lotharingie : officier princiers, vicomtes, qui ont leur propre maison forte dans la ville, avec

leur clientèle, ça forme des sortes de clans.

Quand ces villes vont se développer, les nobles vont participer au développement

économique et commercial de la ville. Les élites urbaines sont des élites qui proviennent de la

noblesse. Les villes se développent comme pouvoir communal avec des consuls, ça va

s’étendre au comté qui l’entoure, elle va s’imposer aux communautés et aux petits nobles de

ce Contado, qui va s’étendre. Ils deviennent les vassaux de la commune.

Elles vont aussi se montrer hostiles aux ingérences de l’empereur dans le fonctionnement

communal. Dès 1167, les communes du nord de l’Italie vont se regrouper pour former la

Ligue lombarde, qui va battre Frédéric Ie Barberousse en 1176, et avec qui elles vont signer

la Paix de Venise en 1177, il est obligé de reconnaitre cette ligue et donne à ces villes une

quasi-indépendance.

Point de vue interne, la ville est dirigée par les aristocrates, divisée en faction avec des

vendettas. On est donc obligé de recourir à un tiers, une sorte de personnalité neutre : le

podestat, à la fois un juge et un capitaine (judiciaire et chef militaire). Il va arbitrer els conflits

entre les factions. Pour éviter le favoritisme, on le choisit par principe en dehors de la ville, il

n’est pas lié au réseau des clans. On ne le nomme pas pour très longtemps, pour éviter qu’il ne

tente de prendre le pouvoir. Il est donc au service de la commune. Vie politique aussi entre

elles.

Vie politique en Italie du nord, du XIe au XIIIe : suite de conflits, alliances entre les

villes, le pape ou l’empereur.

- Gibelins : partisans de l’empereur.

- Guelfes : partisans du pape, reconnaissant l’empereur mais de très loin, on est contre

les excès de l’empereur, donc prennent le parti de lu pape. Mais quand le pape veut

profiter de la situation pour étendre le territoire pontifical au détriment des communes,

ils changent de camp. Pas de logiques très fortes, ce sont des logiques d’oppositions

locales, qui marquent la vie politique locale. Exemple : Dante, un guelfe blanc, doit

quitter Florence parce qu’il fait partie du mauvais parti. Guelfes blancs et noirs. Pas de

répartition, c’est plutôt une logique de Vendetta.

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

82

Sixième chapitre : Regards comparés sur le

développement des institutions

I. Les différentes sources formelles du droit

Coexistence de choses anciennes et de renouvellements considérables.

A. La coutume

Autour de 1000, ce sont les coutumes qui dominent : règles transmises par tradition orale,

liées au fonctionnement d’un groupe social donné et les autorités qui peuvent veiller au

fonctionnement et à l’application de ces coutumes.

On assiste à un morcellement du droit coutumier lié au morcellement politique en

principautés et en seigneuries. Impact sur le droit coutumier : rendu dès qu’une sentence est

prononcée.

Les tribunaux traditionnels ont disparu, on rend maintenant justice au nom du comte

ou du seigneur, usurpations ! C’est au niveau local que se développe le droit

coutumier.

On est plus largement dans un monde ou le recours à l’écrit à très fort diminué,

l’oralité domine, la preuve écrite est très peu présente voire inexistante.

Modes de preuve en matière pénale qui sont irrationnels. En matière civile aussi, on

recourt à des témoins. La preuve que c’est l’oralité qui domine c’est que même dans les cas

ou on garde un acte écrit, un des éléments importants de cette charte, ce sont les témoins, qui

sont presque plus importants au niveau juridique que le parchemin qui est réalisé ! Témoins

toujours choisis très nombreux et très jeunes (pour qu’ils vivent et puissent donc témoigner

longtemps)

société qui ne se fie pas à la documentation écrite pour les actes judiciaire et

juridiques.

Importance aussi de la place des gestes pour rendre symboliquement visibles ces actes

juridiques (cérémonies d’hommage vassalique).

B. Droit romain et droit canonique

Pendant les 3 siècles à venir, les choses vont changer progressivement, mais très

fortement. Quels facteurs vont jouer un rôle ?

développement des villes et de l’activité commerciale

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

83

renaissance du recours à l’écrit à des fins pratiques et administratives (parce que dans

les églises, les monastères, ça ne s’était pas perdu).

Ces deux facteurs sont liés : c’est parce que les activités commerciales se développent

qu’on a besoin de l’écrit, actions commerciales plus nombreuses, plus compliquées, donc on

se forme de plus en plus à l’écrit. On va voir renaitre, sur le plan juridique, un droit savant,

dans le courant du XIe. Très différent du droit coutumier. C’est d’une part le droit romain, et

d’autre le droit canonique (droit de l’église).

a) Droit romain

L’étude du droit romain va se développer dans le contexte de la Querelle des investitures.

Les juristes, au service de l’empereur, vont se mettre à la recherche d’arguments juridiques

pour soutenir l’autorité de l’empereur, face au pape. On recherche et on étudie les textes de

l’antiquité romaine. De vieilles copies de textes de droit romain sont recopiées, comme le

Digeste de Justinien. Ils sont commentés dans les écoles où on enseigne ce droit romain,

comme à Pavie ou à Bologne, où on a un spécialiste du droit romain : Irnérius, vers 1100. Il a

des disciples, il fait école, cet enseignement se répand et ça va donner des facultés de droit //

développement des universités. Changement fondamental, on commence à réfléchir à la

question du droit sur base de textes complexes, d’arguments savants.

Plusieurs écoles vont se succéder :

XII-XIIIe : école des Glossateurs, vont commenter (gloser) les textes de droit romain.

Commentaire parfois très simple, philologique. Fixé au milieu du XIIIe avec Accurse

qui rédige la Glose ordinaire (rassemble les commentaires) ;

Milieu du XIIIe : école des Postglossateurs. Va plus loin. Point de vue de la procédure

et du mode de preuve, on fait renaitre l’idée de la preuve rationnelle avec le droit

romain.

b) Droit canonique

En parallèle se développe un autre droit savant : le droit canonique. Champ d’application

très vaste, très large. Distinguer deux niveaux. Le droit canonique s’applique…

- En fonction des personnes : ratione personae (seulement chez les clercs)

- En vertu de certaines matières : ratione materiae (toute la population pour certains

domaines)

Ce qui est nouveau, au XIe, dans la 2e moitié, on va tâcher de rassembler l’ensemble des

matériaux du droit canonique pour en faire des collections, des décisions, de façon

systématique, en résolvant des contradictions entre textes et décisions, en ordonnant la

matière. Nouveau mouvement de rédaction qui se développe dans les milieux grégorien (curie

romaine). Ils cherchent aussi des arguments dans les textes pour renforcer le pouvoir de

l’Eglise et de l’autorité pontificale. Constitution d’un nouveau corpus de règles.

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

84

Va tirer parti de ce mouvement : Gratien, vers 1140, à Bologne // étude du droit romain.

Les mêmes recettes sont appliquées à l’étude des décisions ecclésiastiques. Il rédige le Décret

de Gratien (collection réalisée et ordonnée par Gratien). Travail de doctrine. Décret qui va

être commenté et enseigné, parce que ce n’est pas un droit mort ! >< droit romain. Il y a

toujours des décisions qui sont prises par des papes, des évêques.

- 1234 : nouvelle collection : Decretae de Grégoire IX. Mesure de type législative prise

par un pape.

- 1298 : Liber sextus.

- 1317 : Clémentines.

- Au XIVe, des collections pour reprendre celles qui ne font pas partie des Decretae :

Extravagantes de Jean XXII et Extravagantes communes.

Entretemps, durant le XIIIe, le droit canon est devenu une science autonome par rapport à

la morale, à la théologie. Elle a ses propres règles, ses propres spécialistes formés, les deux

disciplines s’étudient séparément !

c) Application

Possibilité de combiner les deux formations de droit (romain et canon).

- Droit canonique : vivant, fonctionnement de l’église, matières concernées.

- Droit romain, pourquoi ? Moins évident ! Ce qui s’applique, dans le siècle, c’est la

coutume.

Le droit romain a en fait un impact indirect :

Formation d’un nouveau type de personnel politique, apprennent à raisonner, à

répartir les choses en catégories, à citer les textes…Les monarchies vont de plus en

plus utiliser ces personnes formées dans les facultés de droit, ils savent argumenter, ce

sont de bons conseillers.

Influence aussi sur le droit canon en matière de preuves et de procédures, plus

rationnelles. Remise à l’honneur de la preuve écrite notamment. C’est l’Eglise elle-

même qui va juger inopportune l’application des ordalies, des preuves irrationnelles.

On estime même que le recours au jugement de dieu n’est pas une bonne chose sur le

plan des procédures judiciaires ! Concile de Latran IV : les Ordalies sont proscrites par

l’Eglise. Va se développer une procédure romano-canonique. Renversement de

tendance.

Le droit romain va aussi être important car va permettre le développement d’une

approche rationnelle, doctrinale, du droit coutumier, qui était aux mains de non-

spécialistes, ou alors de spécialistes du droit coutumier seulement. On a maintenant

des personnes en mesure de développer des raisonnements de type juridique.

Entreprise de mise par écrit du droit coutumier : travail qui se fait avec des références au

droit savant. Quand se développeront à nouveau de grands tribunaux dépendant de l’autorité

centrale, on va voir des juristes utiliser des éléments de droit romain quand ils ne trouvent pas

la réponse dans le droit coutumier au litige en question.

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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C. Législation

Autre source formelle du droit : la législation. Elle est très peu présente dans le monde

coutumier. C’est une norme de type édictale, repose sur une autorité qui a la capacité

d’imposer cette norme >< droit coutumier ou c’est la volonté du monde !

Après 1000, lente et progressive reprise de la législation. C’est une dérivée de la fonction

législative du prince. Argument : coutumes qui sont des mauvaises coutumes donc on doit les

réformer. Renaissance de la législation qui se fait en s’appuyant sur les autres lois en vigeur.

Angleterre, assez précoce sur ce plan, on voit des actes de législation dès Henri II

Plantagenêt au XIIe. Lié au fonctionnement des procédures, aux tribunaux. Législation

produite aussi entre le roi et les représentants de ses sujets, qui siègent au parlement.

Seconde moitié du XIIIe : on parle de statut pour parler d’une décision du roi prise

avec l’assentiment des représentants de ces sujets. Multiplication des interactions entre

le souverain et ses sujets.

France, au XIIe (début de la réimposition de l’autorité royale) : quelques normes

royales établies, mais c’est surtout le cas au XIIIe. Mais bien souvent, ces ordonnances

ne s’appliquent qu’au domaine royal, pas sur les territoires de ses vassaux ! il légifère

seulement come un prince. Il faut attendre le XIVe pour voir des mesures législatives

qui s’appliquent à tout le royaume.

Lotharingie, il y a assez vite des mesures législatives prises par les princes. Comté de

Flandre : fin XIIe. Elles se développent petit à petit par la suite. Ça se renforce lorsque

les principautés lotharingiennes échappent à l’autorité impériale, vers le XIIe.

On trouve des formes de législation aussi au niveau urbain. Les villes se sont

développées et le magistrat urbain va prendre des mesures réglementaires pour administrer la

ville. C’est un terrain très fertile au développement des actes législatifs car ce sont des milieux

ou les choses changent très vite ! >< À la campagne, on peut plus facilement rester fidèles à la

tradition. Mouvement qui s’accroit. Mouvements aussi de chassés croisés entre les différentes

autorités : un comte qui peut s’inspirer de ce qui se fait dans une ville pour l’appliquer à toute

la principauté.

II. Les institutions ecclésiastiques

Elles sont de divers types. Certaines s’appliquent à des communautés assez étroites :

règles des différents ordres religieux, qui se multiplient à cette époque (// Cluny). Ce qui

change, avec les mouvements de réforme, c’est qu’on va voir se multiplier des ordres

religieux nouveaux, avec de nouveaux objectifs, de nouvelles règles.

Ce qui est prédominant pour l’ensemble de la population :

- Structures paroissiales, qui structurent le territoire. Il peut y en avoir plusieurs par

ville ;

- Elles sont regroupées en doyennés de chrétienté, dirigés par un doyen de chrétienté ;

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

86

- Il dépend de l’évêque et de son diocèse ;

- Le diocèse est tributaire d’une province ecclésiastique et d’un archevêque ;

- Au sommet, on a la curie romaine avec le pape, sorte de gouvernement central de

l’Eglise.

Sur le plan judiciaire, l’Eglise est organisée aussi :

Chaque évêque dispose d’un tribunal, dirigé par un officier de l’entourage de l’évêque

(chanoine de sa cathédrale), l’official. Tribunal de l’officialité.

Possibilité de l’appel devant une juridiction supérieure introduite par le droit romano-

canonique.

On peut même aller en appel devant la cour romaine, la rote.

Réapparition de l’appel, c’est intéressant, crée une nouvelle dynamique judiciaire, c’est

possible à cause d’un changement au niveau des modes de preuves. Tant qu’on n’avait pas

remis à l’honneur les preuves rationnelles, il était difficile d’organiser des procédures d’appel

(aller en appel sur la volonté de dieu ?). il faut admettre la possibilité d’une erreur dans le

jugement.

Institutions aussi extraordinaires : tribunaux d’inquisition. Dans la période médiévale, on

les voit apparaitre quand se développent des grandes opérations de répression contre les

hérésies (cathares, XIIIe). Inquisition épiscopale : menée dans un diocèse, avec l’évêque qui

agit avec un inquisiteur, un dominicain.

III. Les institutions temporelles ou séculières

A. Francie occidentale

Curia regis : elle a fort changé depuis les temps carolingiens. Elle se réduit à quelques

officiers qui entourent le roi :

- Chancelier (gardent le sceau)

- Chambellans (gèrent l’hôtel)

- Vassaux (conseil pour le roi, rendre justice…)

En Francie occidentale il n’y a pas d’autre institutions centrales mais cette curia regis va

se développer, comporter plus de membres qui se spécialisent dans certaines tâches. On va

même recruter des gens pour accomplir certaines tâches (// canonistes formés dans les facultés

de droit).

De plus, un certain nombre de ces nouveaux services spécialisés vont devenir permanents.

Au XIIe, l’hôtel devient un ensemble hiérarchisé. Au XIIIe, la cour se spécialise :

- Cour des pairs (instance judiciaire)

- Conseil

Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire

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- Parlement (organe de justice : conseillers royaux spécialisés). Il se spécialise aussi au

XIV :

o Grande chambre

o Chambre des enquêtes (organisation de la procédure, recueil de preuves)

o Chambre des requêtes (but : filtrer l’accès au tribunal)

o Tournelle

Ce parlement est une nouveauté au XIIIe. Il rend la justice au nom du roi (délégué à ses

conseillers du parlement). Comment intervient-il ?

En tant que juridiction d’appel de juridictions inférieures (tribunaux seigneuriaux). Un

seul parlement, qui se trouve à Paris. Institution détachée de la curia regis mais qui

rend justice au nom du roi, spécialisée et sédentarisée. Appel repris aux juridictions

ecclésiastiques ! ça sert aussi, pour le roi, à renforcer la centralisation de son royaume,

au point de vue judiciaire. Chaque fois que le royaume s’agrandit, le ressort du

parlement de Paris est augmenté de façon à intégrer ces nouvelles entités.

L’appel fonctionne au civil, mais pas au pénal (la juridiction de premier degré,

normalement, légifère sans appel).

Mais pour certaines affaires, certains personnages, la cour royale sert de juridiction de

première instance. Certaines matières, les cas réservés, sont l’apanage de la justice

royale, comme la trahison à l’égard du roi ou la fausse monnaie. Pour gérer de plus en

plus, le roi va augmenter ces cas réservés.

Même type de développement dans les juridictions inférieures. Exemple : au sein du

comté de Flandre, et dans le duché de Brabant, spécialisation dans la cour du duc, spécialistes

nommés à titre définitif. Mouvement de démembrement de l’ancienne curia regis. À la fin du

Moyen-âge, institutions qui sont devenues autonomes par rapport au point de départ.

B. Angleterre

Démembrement de la curia regis, qui se manifeste différemment, notamment au point de

vue de la justice. Petit à petit, une justice royale va se mettre en place et s’imposer aux

juridictions locales : envoi de juges itinérants, juges royaux, qui se déplacent pour venir à la

rencontre du sujet. Dès lors, on peut directement faire appel aux juges royaux. On a aussi des

tribunaux spécialisés et centralisés :

- King’s Bengh (banc du roi) : juge de matières pénales, mettent en cause la paix du

royaume (crimes) ;

- Court of common pleas (cour des plaids communs): porte sur des matières de droit

civil, litiges opposants des sujets entre eux, sur des questions de droit foncier. Juges

professionnels, permanents. Fixée à Westminster dès 1215.

- Echiquier : institution de contrôle administratif et tribunal, pour contrôler les comptes

rendus par les différents shérifs. C’est aussi une juridiction administrative qui juge des

malversations des shérifs. Fixé aussi au XIIe à Westminster.

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À côté, on a aussi des juges itinérants qui incitent les sujets à recourir aux tribunaux

royaux >< France : on peut y aller directement aux tribunaux du roi, sans passer par la justice

locale. Seule condition : respecter une procédure formulaire. C’est un ordre, un bref, donné

par la chancellerie royale et qui a pour but de mettre en forme la procédure. 1e ¼ du XIIIe : 56

types de Brefs. Vers 1320 : 890 types différents !

Les juridictions inférieures vont perdre en importance. Ce qui gagne en importance,

c’est un droit commun (common law), applicable à l’ensemble du royaume, issu des

décisions des juges. Au fur et à mesure que ces juges rendent justice, on en garde la

trace et on s’en inspire pour les affaires suivantes : source = jurisprudence des

nouveaux tribunaux royaux. Droit de type jurisprudentiel.

Ce n’est pas un droit qu’on enseigne à l’université, qui s’apprend par la pratique, par des

études de cas, dans les Inns of Court, à Londres, où se réunissent les spécialistes qui forment

les plus jeunes. Formation qui va prendre un tour assez conservateur, on va répéter des

solutions judiciaires. Ça se marque aussi sur le plan linguistique. On est dans un bilinguisme

social (anglo-saxon pour le peuple, français pour l’aristocratie). On utilise le français dans les

cours, l’anglais reprend le dessus au XIVe. Mais dans les Inns of Court, on continue d’utiliser

le Français, le Law French, utilisé jusqu’au XIXe.

Développements importants qui modifient les institutions juridiques.

IV. Les conceptions du pouvoir (culture politique)

Miroir du prince : dit comment il doit se comporter. Un des premiers textes, écrit par un

évêque, Jean de Salisbury. Il connait très bien le fonctionnement de la monarchie capétienne

et Plantagenêt. Représente l’état comme un corps ; la tête c’est le roi, le cœur c’est les

conseillers, les bras ce sont les guerriers, l’âme c’est le clergé. Le roi doit être instruit pour

être sage, pas seulement guerrier. Différence entre prince et tyran : le prince obéit à la loi

quand il dirige le peuple. Le roi règne en délégation de ses sujets, pour le bien commun, en

respectant loi et raison.

Ce miroir est un des premiers de la tradition, beaucoup vont suivre. Ça met l’accent sur

quelque chose de nouveau : le roi a une mission, il est au service du bien commun donc il y a

un principe au-dessus du roi, ce bien commun, qui est quelque chose de naturel, au vue duquel

on peut juger l’action du roi, elle doit baliser le pouvoir du roi, si elle est bien utilisée, elle

peut accroitre le pouvoir du roi, et si elle est bien utilisée par les sujets, elle peut

contrebalancer le pouvoir du roi !

V. Les institutions représentatives

Lieux où les sujets vont pouvoir s’adresser à celui qui déteint le pouvoir. Idée de bien

commun mise en avant par tous. Idée de chose publique, de res publica, qui renait ici. Ce sont

aussi une forme de dénombrement de la curia regis. Sujets dont le roi veut prendre l’avis et

solliciter les moyens financiers. Quelles sont-elles ?

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A. Angleterre

Parlement anglais : il est composé de barons (grand seigneurs : Lords), et de deux

chevaliers par comtés et deux bourgeois par villes). S’organise progressivement, au XIV c’est

un système bicaméral :

- chambre des lords ;

- chambre des communes.

La chambre des communes a un porte-parole, le speaker, qui parle au nom des délégués

des sujets, qui peut interpeller le roi. Ce parlement a un droit l’initiative, peut proposer par des

pétitions des décisions. Ça va déjà très loin ! Il va même, en 1399, prendre la décision de

déposer un roi qui ne convient plus, et remplacé par un autre. Contrôle de l’autorité royale qui

va très loin, dès la fin du Moyen-âge.

Mais le développement n’est pas linéaire, il y a des creux et des retours en arrière,

certains rois vont adopter des politiques plus autoritaires face au parlement. Véritable

régime parlementaire stable fin XVIIIe.

B. France

Etats généraux, qui n’auront jamais le même pouvoir. Ils ne se réunissent que quand le

roi le demande, ils son beaucoup plus hétéroclites, pas structurés, sollicités pour des aides ou

des subsides financiers, mais ils n’auront pas participé de façon quasi-permanente à l’exercice

du pouvoir.

C. Chez nous

Niveau inférieur : duché de brabant : montée en puissance des villes. Charte de

Kortenberg en 1312 : le duc de Brabant permet à des représentants de ses sujets (nobles et

villes) de prendre part à l’exercice du pouvoir, de donner leur avis, de donner des accusations

contre certains officiers qui seraient coupables de malversations.

VI. Conclusion

Villes-état italiennes : on a des gouvernements de type républicains, qu’ils gardent

jusqu’à la fin de l’époque médiévale (Venise, Gênes…). À Florence aussi. Début XVe,

développement et inspiration de l’humanisme, nourris d’une expérience politique proche de la

république. Humanistes civiques qui connaissant une situation analogue à celle de la

république romaine. Mais à Florence, émergence d’une figure princière : Les Médicis. À

Milan, anciens officiers princiers qui vont se faire octroyer le titre de duc de Milan fin XIVe,

par l’empereur, qui n’a plus qu’un pouvoir symbolique en Italie.

Papauté, s’affaiblit quand elle part à Avignon. 1378, élection qui se passe mal, 2 papes

(grand schisme d’occident), les états se partagent entre ces deux papes. 1417, concile qui

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dépose les différents papes pour en choisir un nouveau. On a tenté de plaider la primauté du

concile sur le pape. Théorie qui n’a pas pu prendre le dessus, le pape va affirmer son autorité.

Le pouvoir effectif de l’empereur sur l’Italie est perdu, on a deux choses différentes :

empereur et empire. Cantons suisses qui quittent l’empire.

France et Angleterre : guerre de 100 ans, mais malgré tout, le développement d’une

culture politique autour de la monarchie, de la couronne, continue. À la fin du Moyen-âge,

pouvoir royaux forts au service d’un bien commun. Le roi est souverain, et c’est en tant que

souverain qu’il dirige le royaume.

Certains états échappent à ces monarchies : Bourgogne, duché de Savoie (dure jusqu’au

XIXe, devient un royaume avec une partie en Savoie et en Piémont). Péninsule ibérique :

s’unit fin moyen-âge par le mariage des souverains mais conservent une tendance autonome et

particulariste, persiste à l’époque moderne.