inspection du travail

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DFIS DE L'INSPECTION DU TRAVAIL AU MAROCLa lgislation du travail vise essentiellement protger les travailleurs contre les risques lis lexercice de leurs professions. Lapplication de ces mesures de protection a t toujours considre par les employeurs comme des sources de dpenses inutiles do leur rsistance les faire appliquer. La cration dune inspection du travail charge de veiller au respect de la lgislation sociale simpose comme une ncessit pour rendre ces lois effectives sur le terrain. Linspection du travail est apparue au cours du 19e sicle en vue dassurer lapplication des premires lois relatives la protection physique des travailleurs, en particulier dans le domaine de lhygine, de la scurit et de la rglementation du travail des femmes et des enfants. Depuis lors, linspection du travail a vu ses activits et ses responsabilits slargir au fur et mesure du dveloppement de la lgislation sociale travers notamment diverses conventions de lorganisation internationale du travail (OIT). Telles que la convention internationale n81 du 11 juillet 1947sur linspection du travail dans lindustrie et le commerce ; suivie par la convention n129 de 1969 et par la convention n178 respectivement sur linspection du travail dans les secteurs agricole et maritime. Linspection du travail a volu diffremment dun pays un autre. Dans certains pays ont t adopt un systme dinspection spcialis avec des services distincts possdant une comptence spcialise pour tel ou tel secteur de lconomie ou telle ou telle partie de la lgislation. A ce titre nous pouvons citer le systme dinspection britannique. Tandis que dans dautres pays le systme dinspection sest largi par laugmentation des effectifs et le renfoncement des moyens daction au sein dun service unique comptence gnralise comme cest le cas pour le systme dinspection du travail du Maroc. Linspection du travail a t cre au Maroc par le dahir du 13 juillet 1926 portant rglementation du travail dans les tablissements industriels et commerciaux. Ce dahir a t abrog par le dahir du 2 juillet 1947 portant rglementation du travail. A lpoque, linspection du travail tait confie divers agents rpartis en sept catgories. Ces agents avaient lgalement pour mission dassurer lapplication de la lgislation du travail, mais jouaient dans la pratique les rles de conciliateur et de mdiateur lors des conflits individuels et collectifs du travail . Avec lavnement du nouveau code du travail en 2004, linspection du travail sest vue attribuer davantage de missions notamment celles quelle exerait dans la pratique au par avant. En raison de la diversit du domaine dintervention de linspection du travail, nous allons nous contenter dans cette tude danalyser linspection du travail dans les secteurs industriel, commercial et agricole qui occupent actuellement la quasi-totalit de la masse salariale au Maroc. A lheure actuelle, il est important de sinterroger sur la place quoccupe cet organe de contrle dont la structure et les missions ont t ramnages par le nouveau code du travail de 2004. Nous allons ainsi examiner lorganisation de linspection du travail afin de savoir si elle est en mesure dassurer le respect de la lgislation du travail. Ensuite, nous allons prsenter les ralisations de linspection du travail dans ses missions puis recenser les difficults et les contraintes lies ce travail. I- LORGANISATION DE LINSPECTION DU TRAVAIL : Linspection du travail se trouve sous la tutelle du ministre de lemploi et de la formation professionnelle. Dans ce ministre, elle relve du dpartement de lemploi qui est structur en diffrentes directions notamment celle du travail o se trouve linspection du travail et linspection mdicale du travail. A- Linspection du travail : 1- Statut des inspecteurs du travail : Linspection du travail compte actuellement environ 400 agents de tous les grades confondus. Le corps inspectoral est organis de faon hirarchique. Au sommet se trouvent les

inspecteurs chefs divisonnaires ou inspecteur du premier grade, suivis des inspecteurs divisionnaires ou inspecteurs du deuxime grade, des inspecteurs du travail ou inspecteurs du troisme grade, les inspecteurs adjoints du travail, contrleurs du travail et les agents administratifs. Ils relvent de la direction du travail qui comprend quatre divisions notamment: - la division de la Scurit,de l'Hygine et de la Mdecine du Travail; - la division du Contrle des Lois Sociales en Agriculture; - la division de la Rglementation et des Organismes Internationaux ; - la division du Contrle de l'application de la lgislation du travail qui comprend le service de linspection du travail et le service des rlations pofessionnelles. Au niveau local, linspection du travail est reprsente dans 43 dlgations du travail travers le Royaume. Ces dlgations sont structures en circonscriptions (au nombre de 78) qui comprennent des sections . Par exemple au niveau de la dlgation prfectorale de Rabat nous retrouvons quatre circonscriptions comptant chacune environ 300 tablissements placs sous le contrle dun inspecteur du travail. Enfin, chaque circonscription est place sous la responsabilit dun chef qui est aussi inspecteur du travail. Les inspecteurs du travail sont des agents publics. Ils taient soumis au statut particulier du personnel du ministre du travail et des affaires sociales promulgu par le dahir du 2 fvrier 1967. Suite aux rvendications de lassociation marocaine des inspecteus du travail et des recommandations du BIT, il a t adopt en juillet 2008 un nouveau statut particulier pour les agents chags de linspection du travail. Ce nouveau statut est cens leur apporter plus de stabilit et de garanties juridiques. Ils sont, par ailleurs, tenus de prter serment exig des agents verbalisateurs avant de commencer leurs fonctions.En outre, ils demeurent soumis aux dispositions du dahir du 14 fvrier 1958 portant statut gnal de la fonction publique en ce qui concerne seulement le secret pofessionnel et lobligation de discrtion. Ils sont pnalement sanctionns en cas de violation de ces obligations dontologiques . Aprs avoir dfini leur statut, la lois a pris le soin de dfinir les missions et moyens daction dont disposent ces agents. 2- Missions et moyens daction de linspection du travail: a- Missions : Linspection du travail a trois types de missions qui sont entre autres : le rle de contrle et de conseil au profit de lemployeur et les salaris ; le rle dinformation au profit de ladministration centrale et un rle de pr-conciliation en cas de conflits individuels du travail. Les agents de linspection du travail sont chargs, en premier lieu et en vertu de larticle 5321 du nouveau code du travail, dassurer lapplication des dispositions lgislatives et rglementaires relatives au travail. Ce qui suppose quils doivent avoir les connatre dans le dtail et devront en faire une juste interprtation. Do limportance de leur formation et leur perfectionnement sur les plan juridique et humain. Ils doivent aussi fournir des informations et des conseils techniques aussi bien aux employeurs quaux salaris, notamment sur les moyens les plus pertinents pour respecter les nomes du travail qui leur sont applicables (Art.532-2 NCT). Le nouveau Guide de mthodologie de contrle en sant et en scurit labor par le ministre de lemploi et de la formation professionnelle permettra ces agents de faire face ces attributions pdagogiques. Par ailleurs, larticle 532-3 du nouveau code du travail confie aux inspecteurs du travail le soin de porter lattention de leurs suprieurs de ladministration centrale, par lintermdiaire de leurs dlgations rgionales, prfectorales ou provinciales, les lacunes ou les dpassements de certaines dispositions lgislatives et rglementaires en vigueur. A ce titre, les statistiques

fournis par linspection du travail sont dune aide inestimable pour lautorit gouvernementale afin de suivre lvolution de la lgislation du travail et valuer son efficacit. Ce rle de veille juridique dont assure linspection du travail aurait pu tre plus productif sil stendait la totalit de la lgislation du travail. Mais les inspecteurs du travail ne porter la connaissance de lautorit gouvernementale charge du travail que des insuffisances des normes lgislatives et rglementaires. Les circulaires et directives de leurs suprieurs sont exclues de cette surveillance. Enfin, les inspecteurs du travail sont chargs de procder des tentatives de conciliation en cas de conflits individuels du travail. Ces tentatives de conciliation sont consignes dans le procs-verbal sign par les parties au conflit et contresign par linspecteur du travail. Ce procs-verbal a une force probante seulement dans la limite des montants y indiqus qui ont reu laval des parties au conflit (Art.532-4 NCT). Cette nouvelle attribution des inspecteurs du travail devrait contribuer allger la surcharge la fois de la justice tatique et des instances non juridictionnelles de conciliation et darbitrage. Par ailleurs, il est regrettable que la loi ait rserv seulement au procs-verbal de conciliation une force probante assez limite qui dvalorise leffort accompli par linspecteur du travail. En plus de cela, la loi aurait d rendre cette phase de pr-conciliation obligatoire pour que les parties, notamment lemployeur, soient tenues de ngocier de bonne foi. Dans la pratique lemployeur, connaissant la lenteur de lappareil judiciaire, sabsente la convocation de linspecteur du travail ou refuse de ngocier avec bonne foi. Dans ces cas linspecteur du travail ne peut consigner les dires du salari puis lorienter vers le tribunal. b- Moyens daction : La loi a prvu un certain nombre doutils susceptibles de permettre linspection du travail daccomplir valablement ses diverses attributions qui dcoulent essentiellement du nouveau code du travail. Ces pouvoirs reconnus aux inspecteurs du travail sont de deux sortes. Dune part, ils disposent dun pouvoir dinvestigation qui leur donne le libre accs aux entreprises avec toutefois des limites ce pouvoir et dautre part, ils ont le pouvoir de constater des infractions la lgislation du travail comme un officier de la police judiciaire. Mais quen estil de la suite rserve ses procs verbaux de constatation. - Pouvoir dinvestigation de linspection du travail Dabord, les inspecteurs du travail peuvent procder des visites dinspections. Dans la pratique ces visites sont de trois types : les visites systmatiques ; (les visites gnrales, les visites cibles, les visites de suivi et les contre-visites) ; les visites sollicites (par les syndicats ou salaris, lemployeur etc.) et les visites durgence (en cas daccident du travail ou une dclaration de maladie professionnelle). Les agents de linspection munis des pices justificatives de leurs fonctions, sont autoriss pntrer librement et sans avertissement pralable toute heure du jour ou de la nuit dans tout tablissement assujetti leur contrle. Ils sont galement autoriss pntrer entre 6heure et 22 heure dans les locaux o est susceptible de saccomplir une activit soumise au droit du travail, y compris dans les locaux o les salaris domicile effectuent des travaux. En outre, lorsque le travail seffectue dans un lieu habit, linspecteur du travail ne peut y pntrer quaprs avoir obtenu lautorisation des habitants. Cette exception qui sinscrit dans le cadre du respect du domicile priv rend difficile la protection des salaris domicile qui sont souvent exploits. Par ailleurs, linspecteur du travail loccasion de ses visites dinspection, doit informer de sa prsence lemployeur ou son reprsentant, mois quil nestime dun tel avis risque de nuire lefficacit de son contrle (Art. 534-1 NCT). Les inspecteurs du travail peuvent galement contrler les entreprises qui relvent du secteur de linformel. Mais linsuffisance des moyens et des impratifs sociaux (Risque de voir fermer beaucoup dentreprises et des salaris au chmage) les empchent dtendre leur contrle ce secteur

o la lgislation du travail est prs quinexistante. La non dclaration des entreprises linspecteur du travail constitue un obstacle majeur aux visites dinspection. En plus des visites de lieu, les inspecteurs du travail sont autoriss procder tous examens, contrles et enqute quils jugent ncessaires pour sassurer que les dispositions lgislatives et rglementaires sont effectivement respectes. Ils peuvent aussi interroger, soit seuls, soit en prsence de tmoins, lemployeur ou le personnel de ltablissement sur toutes les matires utilises. Ils ont le doit de prlever et emporter aux fins danalyses des chantillons de matires et des substances utilises ou manipules par les salaris. Ntant pas spcialis dans toutes ces domaines la loi autorise les inspecteurs du travail recourir laide des experts dans les domaines scientifiques et techniques, telles la mdecine, lingnierie et la chimie pour mieux sassurer du respect des dispositions lgislatives et rglementaires. Il est signaler que ces analyses sont effectues aux frais de lemployeur et les rsultats lui sont communiqus en vertu de la loi. Linspecteur du travail peut exiger ce que laffichage des avis dont lapposition est requise par les dispositions lgislatives, et des affiches portant le nom et ladresse de lagent charg de linspection du travail dans ltablissement soient ralises. La loi reconnait galement linspecteur du travail le droit de se faire communiquer les livres, registres et divers documents dont la tenue est prescrite par la lgislation du travail, en vue de vrifier leur conformit avec les dispositions lgales et den prendre copies ou den tablir des extraits. Un registre dinspection, destin garder les mises en demeure et des observations ventuellement signifies lemployeur ou ses prposs doit tre tenu dans chaque tablissement, ses annexes et succursales ainsi que dans chaque chantier (Art.536-1 NCT). Linspecteur du travail peut demander lemployeur ou ses prposs une liste des chantiers temporaires et ces personnes ont lobligations de linformer par crit de louverture des chantiers occupant au moins dix ouvriers ou devant durer plus de six jours (Ar.538 NCT). En outre, loccasion de la rdaction dun procs-verbal, lemployeur ou son prsentant est tenu de prsenter linspecteur du travail sa pice didentit et lui fournir tous les enseignements et indications relatives lapplication du code du travail. Enfin, linspecteur du travail doit rdiger un apport sur chaque visite effectue, dont le modle est tabli par lautorit gouvernementale charge du travail. Ce rapport comporte 32 observations dont 30 sont dordre gnral et deux sur la sant, lhygine et la scurit. Il convient de signaler que ce document fait foi jusqu preuve de contraire en matire de procdure judiciaire. Quen est-il donc de la constatation des infractions par les inspecteurs du travail qui soulvent beaucoup de problme. - Pouvoir de constatation des infractions : *La ncessit des avertissements ou observations pralables adresses lemployeur ou ses prposs avant de rdiger le procs-verbal: Les inspecteurs du travail assurent un rle prventif des dangers pouvant atteindre la sant et la scurit des travailleurs. Ils peuvent ainsi adresser au dirigeant dentreprise, ou toute unit technique de production, des avertissements ou observations leur invitant se conformer aux dispositions lgales et rglementaires en matire de sant et scurit au travail. Cette procdure pralable vise surtout permettre lemployeur de se mettre en conformit avec les dispositions lgales et rglementaires dune part, et dautre part dviter des contestations des infractions constates par procs-verbal. Il peut mme tre reproch lagent, de ne pas avoir procd une mise en demeure de lemployeur qui contrevient aux dispositions de la loi, par ses suprieurs ou par la juridiction rpressive saisie. Linspecteur du travail doit parfois observer un dlai avant dtablir le procs-verbal. Il sagit notamment, en cas de violation des prescriptions lgislatives ou rglementaires relatives lhygine et la scurit ne mettant pas en danger imminent la sant des travailleurs, linspecteur du travail ne peut dresser le procsverbal de constatation quaprs lexpiration dun dlai imparti pour la signification de

lavertissement lemployeur. Ce dlai est fix en tenant compte des circonstances de chaque cas mais sans pour autant tre infrieur 4 jours. Toute fois, il est permis lemployeur de saisir dune rclamation le suprieur hirarchique de lagent, en occurrence lautorit gouvernementale charge du travail. Cette saisine doit intervenir avant lexpiration du dlai prescrit pour lavertissement et au plus tard dans les quinze jours qui suivent celui-ci. La rclamation en question produit ainsi un effet suspensif en ce qui concerne ltablissement du procs-verbal. La dcision pise par lautorit comptente est ensuite notifie lintress dans les formes administratives et lagent en est inform de sa teneur afin quil lui rserve les suites requises. Il est sans doute vident que ces limitations la libert de linspecteur du travail dtablir ou non un procs-verbal diminuent considrablement ses pouvoirs et son indpendance. Nous allons voir plus loin les exigences imposes par les conventions internationales pour que linspecteur du travail puisse avoir une indpendance au niveau de la prise de dcision. *Le recours ltablissement du procs-verbal : Les agents chargs de linspection du travail constatent par des procs-verbaux qui font foi jusqu preuve contraire, les infractions aux dispositions lgislatives et rglementaires relative au travail. Les procs-verbaux doivent tre rdigs en trois exemplaires dont un est adress directement la juridiction comptente par le dlgu provincial charg du travail, un autre la direction du travail de ladministration centrale et le troisime est conserv dans le dossier rserv ltablissement. Lorsque les actes ou les ngligences de lemployeur ou de ses prposs mettent en danger imminent la sant et la scurit des travailleurs, lagent charg de linspection du travail doit, dans ce cas encore, les mettre en demeure dexcuter immdiatement les mesures ncessaires pour essayer de mettre un terme ce danger. Toute fois, si lemployeur ou son reprsentant refuse ou nglige de se conformer aux prescriptions de lavertissement, linspecteur du travail tablit seulement un procs-verbal justifiant ce refus et le transmet immdiatement par la voie de requte au prsident du tribunal de premire instance territorialement comptent en sa qualit de juge des rfrs (Art.543 NCT). Le prsident du tribunal ou son reprsentant ordonne toute mesure quil juge approprie aux fins de mettre fin au danger imminent. Mais il peut accorder lemployeur un dlai pour arrter le danger, voire lui ordonner la fermeture de ltablissement par ncessit en fixant la dure de cette mesure. La fermeture de ltablissement constitue donc une mesure extrme, qui ne peut tre prise que par un magistrat. Cest au juge des rfrs dapprcier, suivant les faits tablis dans le procs-verbal de linspecteur du travail, sil sagit vraiment dun danger imminent comme cela a t avanc par lagent. En cas de fermeture temporaire de ltablissement, lemployeur est tenu de verser aux salaris dont le travail a t suspendu, les salaires, indemnits et avantages, qui leur sont dus et quils touchaient avant la date de la fermeture, durant la priode de fermeture de tout ou partie de ltablissement (Art.301 NCT). Lorsque lemployeur na pas rpondu positivement ce qui lui a t demand, malgr lordonnance du prsident du tribunal statuant en rfr aprs sa saisine par linspecteur du travail. Cet agent tablit un nouveau procs-verbal quil adresse au procureur du Roi auprs du tribunal territorialement comptent. Le procureur doit soumettre le procs-verbal la chambre correctionnelle du tribunal de premire instance dans un dlai de huit jours compter de la date de la rception. Les juges du fond peuvent tre amens dcider nouveau, linstar du juge des rfrs, la fermeture temporaire ou dfinitive de ltablissement. Une telle procdure complmentaire aux dmarches prcdentes constitue une garantie supplmentaire pour lemployeur bien que ce dernier soit tenu de verser son personnel les salaires et leurs accessoires en cas de fermeture temporaire ou des indemnits et dommages-intrts prvus en cas de licenciement si la fermeture dfinitive simposera. Lemployeur peut aussi tre oblig par le tribunal effectuer des travaux de scurit et de

salubrit. Il dcoule de lanalyse de cette procdure que linspecteur du travail ne peut pas saisir directement le tribunal comptent mais doit passer par la dlgation provinciale du travail pour informer parquet. Linspecteur du travail a seulement la facult de saisir directement le prsident du tribunal de premire instance en cas dextrme urgence. Par ailleurs, une meilleure protection de la sant des travailleurs ncessite lintervention des agents spcialiss en occurrence les mdecins inspecteurs du travail et des ingnieurs qui accompagnent les tablissements en matire dhygine et scurit. Mais ces derniers ne sont pas pour le moment oprationnels au niveau de toutes les dlgations du travail (Seulement au niveau dune dizaine de dlgations). Pour cette raison, ils ne seront tudis ici. B- Linspection mdicale du travail : 1- Statut des mdecins inspecteurs du travail : Les mdecins inspecteurs du travail relve du mme statut juridique que les autres agents chargs de inspection du travail. Ils se distinguent de ceux par leur spcialisation et ne sont soumis aux attributions et obligations de linspection du travail que dans la limite de leur spcialit (Art.535-1 NCT). Le mdecin inspecteur du travail est un agent public. Il se distingue du mdecin du travail qui est un salari de lentreprise. Contrairement au mdecin inspecteur du travail, dernier assure un rle prventif des maladies et accidents du travail dans les entreprises. Il existe actuellement huit mdecins inspecteur du travail repartis en quatre circonscriptions dinspections mdicales du travail travers le Royaume : -Dans la zone Casa-sud : quatre mdecins inspecteurs du travail ; -Dans la zone Rabat Nord-Ouest : deux mdecins inspecteurs du travail ; -Dans la zone Fs- Centre Nord : Un mdecin inspecteur du travail ; -Dans la zone Mekns Centre- oriental : Un mdecin inspecteur du travail. Ce nombre des mdecins inspecteurs du travail est videmment insuffisant pour assurer efficacement le contrle de la lgislation dans le domaine de la sant et lhygine au travail. 2- Les attributions du mdecin inspecteur du travail : Les mdecins inspecteurs du travail sont chargs dassurer les missions suivantes : De veiller lapplication de la lgislation relative lhygine du travail. Dassurer le contrle permanent de lorganisation et du fonctionnement des services mdicaux du travail ; Dapporter un appui technique aux acteurs de la prvention des risques professionnels. De recevoir et dexaminer les dclarations des maladies professionnelles. De recevoir les dclarations des accidents du travail, ce qui permettrait au mdecin inspecteur du travail didentifier les secteurs dactivit professionnelle risques au niveau de ses comptences territoriales ; De raliser des expertises dans le domaine de la prvention des risques professionnels. De coordonner les recherches, tudes et enqutes en relation avec la sant et la scurit au travail. Ils disposent, en outre, les mmes moyens daction que les autres agents chargs de linspection du travail et peuvent aussi procder la constatation des infractions aux dispositions lgislatives et rglementaires relatives au travail dans leur domaine. Enfin, linspection du travail et linspection mdicale du travail arrivent, grce leurs interventions maintenir une paix sociale assez fragile, en dpit dinnombrables problmes quelles connaissent dans la ralisation de leurs missions. II- LES DIFFICULTES ET REALISATIONS DE LINSPECTION DU TRAVAIL : Linspection du travail au Maroc rencontre un certain nombre de problmes qui sont dorigines diverses et tmoignent surtout de la non-conformit des textes rgissant linspection du travail avec les normes internationales. Linspection du travail, malgr les insuffisances dont elle souffre parvient raliser des efforts concrets sur le terrain.

A- Les difficults lies linspection du travail : Les contraintes dont fait face linspection du travail relvent la fois de labsence dun statut adapt leur profession et de linsuffisance des moyens humains et matriels. 1- Problme de statut des inspecteurs du travail : Au Maroc, les inspecteurs du travail relevaient du statut particulier du personnel du ministre du travail et des affaires sociales qui les considre comme des fonctionnaires publics au mme titre que les autres personnels sans prendre en compte la particularit de cette fonction qui exige une certaine indpendance et de la stabilit. La ncessit de doter linspection dun statut spcial dcoule de larticle 6 de la convention internationale n81 de lOIT de 1947, ratifie par le Maroc en 1958. Les dispositions de cette convention exigent que l e personnel de linspection du travail soit compos de fonctionnaires publics dont le statut et les conditions de service leur assurent la stabilit dans leur emploi et les rendent indpendants de tout changement de gouvernement et de toute influence extrieure indue . Cette indpendance ne signifie pas que linspection du travail ne doit pas tre sous tutelle administrative mais elle concerne seulement lindpendance au niveau de la prise de dcision qui se trouve considrablement rduite lors de la constatation des infractions. Lexigence de la stabilit tend protger linspecteur du travail contre les mutations arbitraires. La condamnation , en 2004 , dun inspecteur du travail de Marrakech 10 ans de rclusion pour faux et usage de faux par cour dappel sur la base du tmoignage de 12 tmoins recueilli par deux adouls a instaur au sein du corps inspectoral un climat de peur entrainant une rduction considrable du nombre de constatation dinfraction (Voir B- Les ralisations de linspection du travail). Ce nest quen juillet 2008 quun nouveau statut particulier a t adopt par dcret aprs une certaine opposition de la part du gouvernement. Ce nouveau statut, propos par lassociation marocaine des inspecteurs du travail (AMIT), obit certaines exigences de la convention n81 de lOIT sur linspecteur du travail dans le secteur industriel et commercial. Toute fois, le nouveau statut a omis de leur reconnaitre le pouvoir de dcision notamment pour verbaliser et de donner le pouvoir aux inspecteurs du travail de solliciter lassistance de la force publique lors des visites dinspection. Ce point est dautant plus important que dans la mesure o ces visites dinspection se droulent gnralement dans un climat assez tendu. Enfin une redfinition attributions de chacune des trois entits (inspecteurs, mdecins et ingnieures) charges du contrle de la lgislation du travail serait utile pour mettre fin au chevauchement qui existe entre le domaine dintervention de chacune delles. Le caractre gnraliste de linspection du travail marocain nuit lefficacit du contrle car les agents chargs de linspection du travail ne peuvent faire que des observations gnrales en relation avec lapplication de la lgislation. Mais les autres aspects du contrle technique (Hygine, scurit et la sant) sont laisss pour compte. Il est donc important dvoluer vers une inspection du travail spcialise ou dassurer une mise niveau permanente des agents dj sur le terrain. Mais encore faut-il avoir suffisamment de personnels et de moyens matriels pour amorcer cette spcialisation sein de linspection du travail. 2- Problme de moyens humains et matriels : Linspection du travail compte actuellement 400 agents dont 318 seulement sont des agents de terrain, pour contrler environ 50000 tablissements. Selon les standards internationaux, il faut un inspecteur pour 250 tablissements alors quau Maroc, ce chiffre nest pas respect. Dans le secteur agricole, il ya seulement 30 inspecteurs du travail pour tout le Royaume . Alors quen raison du nombre assez lev des salaris quoccupe le secteur agricole o les travailleurs manipulent souvent des produits dangereux pour la sant, il devrait y avoir davantage dinspecteurs du travail pour ce secteur. Cette insuffisance du nombre

dinspecteurs du travail a pour consquence une forte baisse du nombre dentreprises couvertes par les visites dinspection qui ne dpasse pas 24% des tablissements structurs, sans compter le secteur informel. Ce taux continue de diminuer avec les dparts volontaires la retraite de ces dernires annes qui ont vus partir environ 70 inspecteurs du travail la retraite. Cependant larticle 10 de la convention n81 de lOIT fait obligation aux Etats signataires de doter linspection du travail de moyens humains suffisants pour lui permettre dassurer lexercice efficace des fonctions du service dinspection. Et fixe mme les critres en fonction desquels leur nombre devrait tre dtermin. En plus de linsuffisance de leur nombre, les agents chargs de linspection du travail ont seulement une formation gnrale insuffisante qui ne leur permet pas daccomplir certains aspects techniques de leurs attributions. Une formation initiale suffisante et des formations continues de ces agents de contrle simposent comme une ncessit , car la protection physique des salaris sur le lieu du travail (hygine, scurit et sant) nest pas assez assure. Ils doivent galement avoir une connaissance suffisante de la lgislation du travail pour tre en mesure de veiller son application. Cependant, dans la pratique, il nest pas rare de rencontrer des inspecteurs du travail qui ne matrisent pas les dispositions lgales et rglementaires du travail. Par ailleurs, le rle de conciliateur confi aux inspecteurs du travail en matire de conflits individuels ou collectifs du travail ncessite galement une formation approprie de ces agents aux techniques du dialogue social afin de russir efficacement cette mission. Ensuite, il est remarquer quaujourdhui les bureaux des inspections du travail ressemblent beaucoup aux bureaux darbitrage et de conciliation, car ces agents de terrain se trouvent retenus durant toute la journe par le rglement des conflits individuels ou collectifs. Ce qui a une consquence dramatique sur les autres aspects importants de leurs missions qui ont tendance tre ngligs. Pour pallier cette recrudescence des conflits sociaux, il faudrait dvelopper des programmes de promotion du dialogue social et principalement encourager la conclusion des conventions collectives qui sont des outils adapts pour maintenir la paix sociale. En plus de ces insuffisances, il faut ajouter une mconnaissance prs que totale, par beaucoup demployeurs, des dispositions lgales et rglementaires en matire de sant, dhygine et de la scurit au travail. Par ailleurs, linspection du travail souffre de difficults matrielles qui se traduisent par labsence de moyens de transport lors des visites dinspection, linsuffisance dquipements appropris pour tester des installations etc. Les inspecteurs du travail doivent, seulement avec 500 dhs, effectuer une vingtaine de visites dinspection par mois. Ce montant est assez insuffisant pour encourager les inspecteurs du travail plus de rigueur dans les contrles. Mais avec le nouveau statut une disposition a enfin t introduite prvoyant le remboursement des frais et dpenses effectus par linspecteur du travail lors de lexercice de ses fonctions comme cela avait t prvue par larticle 11 de la convention n81 de lOIT. Enfin, le caractre drisoire des amendes en cas dinfractions certaines dispositions lgales et rglementaires (20 dirhams au maximum pour la non dclaration dun accident de travail) et le dveloppement du secteur informel (seulement 24% des entreprises sont structures ) sont entre autres des contraintes extrieures qui rendent difficile lexercice efficace des missions de linspection du travail. B- les ralisations de linspection du travail: Linspection du travail, en dpit des insuffisances quelle connat, arrive raliser des rsultats concrets sur le terrain notamment en matire de contrle et de gestion de conflits individuels et collectifs du travail. 1- Les efforts en matire de contrle :

Dabord en matire de contrle, les inspecteurs du travail ont effectu en 2004 plus de 23478 visites dinspection. Ce chiffre a connu une certaine diminution ces dernires annes en raison dune rduction du nombre des inspecteurs du travail par les dparts volontaires la retraite. Le ministre de lemploi et de la formation professionnelle ambitionne daugmenter le nombre de visites des inspecteurs du travail dans les annes venir pour atteindre au moins 45 % des entreprises structures contre 25% actuellement. Pour atteindre ces objectifs le ministre a labor un guide de mthodologie de contrle pour mettre lordre dans lactivit de contrle. Il compte aussi recruter plus dagents et fixer des objectifs atteindre chaque circonscription dinspection en matire de contrle. Pour motiver les inspecteurs, le ministre compte galement instituer une prime compos dune partie fixe et dune partie variable selon latteinte des objectifs fixs chaque linspecteur du travail. Source : Ministre de lEmploi En 2008, les inspecteurs du travail ont adress aux employeurs 831588 observations portant sur diverses irrgularits. Les observations dordre gnral viennent en tte avec 76% suivies par celles en matire de non respect du SMIG 5,86% et de la scurit 4,70% du nombre total. Ces chiffres montrent lincomptence des inspecteurs du travail faire aux dfis de protection des travailleurs contre les risques lis lhygine, la scurit et la sant. Sur les 32 observations que compte le rapport de visite dinspection, ces agents ne peuvent contrler que les 30 aspects qualifis de gnraux tandis que les deux autres qui apparaissent primordiaux sont ngligs par faute de personnels qualifis notamment les mdecins inspecteurs du travail et les ingnieurs. Les observations portant sur le travail des femmes et des enfants, la cration des institutions reprsentatives de salari ne dpassent pas 1%. Cela ne signifie pas que ces aspects sont conformes au code du travail. Mais toute simplement, parce que les inspecteurs du travail ne sont pas forms pour faire face au travail des enfants et daccompagner efficacement les entreprises sajuster par rapport aux dispositions du nouveau code du travail, en dpit du fait que le ministre ait initi des programmes dans ce sens Enfin, le nombre de procs-verbaux dresss par les inspecteurs du travail ne dpasse pas 229 en 2008. Ce chiffre tmoigne la faiblesse des pouvoirs de linspecteur du travail en matire de rdaction des PV, mme sil est en augmentation par rapport aux annes prcdentes. La volont des autorits de faire de linspecteur un conseill et accompagnateur des partenaires sociaux au dtriment de son rle de gendarme explique le nombre peu lev des procsverbaux. Mais la violation de lordre public social est-elle moins grave que lordre public gnral ? En tout cas les deux ne sont pas sanctionns de la mme manire. 2- Les efforts en matire de gestion de conflits individuels et collectifs : Par ailleurs, les inspecteurs du travail arrivent rsoudre plusieurs conflits sociaux. Par exemple en 2008 il a t recens 37271 conflits collectifs et 37538 conflits individuels. On estime actuellement que les inspecteurs du travail parviennent par leur intervention rsoudre environ 70% des conflits qui naissent entre les employeurs et les travailleurs, titre individuel ou collectif. Ils arrivent aussi sauvegarder en moyenne 6000 emplois par an et contribuent empcher le dclenchement de plusieurs grves. Ces chiffres montrent, dune part, linsuffisance du droit conventionnel au Maroc, alors que le nouveau code du travail a pris le soin dorganiser ce domaine mais le manque de maturit des partenaires sociaux et leur refus de toute expertise des autorits comptentes font que la situation est loin de samliorer. Dautre part, ces efforts montrent que linspection du travail occupe une place non ngligeable dans le contrle de la lgislation du travail. La convention bilatrale passe entre le Maroc et le Danemark pour la promotion du dialogue social travers la formation des inspecteurs marocains du travail contribuera peut tre dans les annes venir diminuer les conflits sociaux.

En dfinitive, il suffit donc de rpondre favorablement certaines exigences de cet organe de contrle qui se sent dmunis face aux multiples attributions qui lui incombent et lutter contre le secteur informel pour que le respect du code du travail puisse tre effectif sur le terrain.