klinkenberg - de l epopee a la comtabilite - on barthes and the tour

Download Klinkenberg - De l Epopee a La Comtabilite - On Barthes and the Tour

If you can't read please download the document

Upload: tim-adams

Post on 18-Dec-2015

221 views

Category:

Documents


5 download

DESCRIPTION

Roland Barthes famous essay on the Tour de France revisited and updated.

TRANSCRIPT

086-092 ARTICLE Klinkenberg-7

LA REVUE NOUVELLE, no.7 (July, 2003), pp. 86 -92. DE LPOPE LA COMPTABILIT Du ct des commentateurs sportifs, lre du discours pique, truffe de surnoms et totems, semble close. Lvolution de leurs commentaires traduit-elle une autre vision du sport, plus gestionnaire, o malgr la persistance du nationalisme et du panache de certains simposent plutt des critres defficience dans laffrontement sans merci entre sponsors quest devenue toute comptition? O des quipes soudes contrlent la situation au prot de hros devenus plus sages dans leffort? PAR JEAN-MARIE KLINKENBERG Parmi les textes quaura suscits le Tour de France, la petite mythologie de Roland Barthes, Le tour de France comme pope , reste coup sr un des plus inoubliables. Dans ce texte, Barthes excelle nous faire voir les oppositions qui, mieux que celle de laxe du mal, structurent notre imaginaire. dcrire la morale ambige o les impratifs chevaleresques semlent aux rappels brutaux du pur esprit de russite. analyser le grossissement des effets et la mythologie des espaces. Mais, en ce dbut de sicle, lre du discours pique semble bien close, comme celle des surnoms et des totems qui dsignaient nagure les coureurs en vue. Aujourdhui, le Cannibale (Merckx), le Blaireau (Hinault), le Grand Fusil (Geminiani), LAigle de Tolde (Bahamontes), lEmpereur de Herentals (Van Looy) ou Maitre Jacques (Anquetil) font partie dune histoire dans laquelle ne reviennent plus que les Jaja ou Panda (Jalabert), Il Magnico (Cipollini) ou Il Pirato (Pantani) , se lamente un journaliste, lequel croit pouvoir assigner deux sources cette perte. Cest dune part la technicisation de la discipline, dautre part larrive dans le Tour des nationaux jusque-l rfractaires la Petite Reine , mergence qui, ayant suscit lavnement dans le milieu de langues nouvelles, aurait provoqu un recul du franais qui se payerait par une plus grande timidit langagire.

TOUR DE FRANCE p.87On peut observer dautres changements encore dans la langue du Tour. Nous les avons observs dans un seul journal, Le Soir, et pour le seul Tour de France 2002. Tous se manifestent travers des manipulations rhtoriques subtiles, et sont rvlateurs des mutations que lunivers du sport connait. Ce sont le maintien du discours nationaliste, en dpit de lorganisation de lpreuve en quipes de marque, limpassibilit du dcor, qui donne laction laspect dun pur affrontement et, nouveaut principale, la disparition du coureur en tant quindividu isol, au prot dun appareil de gestion. LES ACTEURS: NATIONALIT ET QUIPES DE MARQUES Ce qui se manifeste spectaculairement ici, cest la tendance nommer un individu en le dsignant comme lchantillon privilgi de la classe laquelle il appartient. Dans le cas du Tour, ce mouvement de classement favorise assurment la nationalit. En vertu de ce schma, Indurain est lEspagnol, comme Igor Gonzalez Galdeano ou Joseba Beloki, et Johan Bruyneel est le Belge, Lance Armstrong est lAmricain, Michal Boogard le Nerlandais et RaimondasRumsas le Lituanien. la rigueur, on peut dsigner un coureur par un ensemble apparent la nation : rgion historique, zone gographique ou entit administrative. Patrice Halgan est ainsi le Breton, Lance Armstrong le Texan et Virenque le coureur varois . Plus rarement, cest la ville dorigine qui intervient : Laurent Jalabert est ainsi Le Mazamtain, Karsten Kroon Le natif de Dalen et Roberto Heras le Catalan de Bejar . En dpit de cas comme celui du Flandrien , ou du Nordiste Philippe Crpel , on aurait tort de croire que ces dnominations renvoient la gographique dun univers mythique propre au cyclisme, un univers o les pavs du Nord dialogueraient avec les crtes pyrnennes, par-dessus le Ventoux. Comme le montre lexemple du natif de Dalen et du Catalan de Bejar (allez, rpondez vite sans tricher: o est Dalen? o est Bejar?), le journaliste ne crache pas sur le condentiel, et il peut mme se gargariser de son savoir tout neuf, comme il le fait avec Jan Kirsipuu qui est tantt l Estonien dAG2R ou le sprinter estonien . Que lon applique ici un prcepte stylistique que lon nous serine depuis lcole primaire ( Bannissez la rptition! ) nest pas douteux. Cela nous vaut, en journalisme politique, le locataire de la Maison-Blanche pour G. Bush et, en philosophie, le stagyrite pour Aristote. Mais au-del du prcepte, cette manire de dire est signicative. La gure o un individu est le reprsentant par excellence de sa nation est certes frquente dans le vocabulaire du sport dans son ensemble. Quoi dtonnant ? De la mme manire que la guerre est, selon Clausewitz, la politique continue par dautres moyens, le sport nest-il pas la guerre mene par dautres moyens? (George Orwell: Pratiqu avec srieux, le sport na rien voir avec le fair-play. Il dborde de jalousie haineuse, de bestialit87

, du mpris de toute rgle, de plaisir sadique et de violence ; cest la guerre, les fusils en moins ). Or, cest trop vident, nation et guerre ont indubitablement partie lie. Plus que dun simple souci de varit, il sagit donc l dun moule disponible, qui renvoie une architecture du monde, architecture soutenue par de grands strotypes. Sa frquence dans la rhtorique du Tour se rvle particulirement signicative quand on considre dautres sports. En football, il est, par exemple, courant de dsigner une quipe par la spcialit professionnelle dominante de la ville reprsente par cette quipe. (Les reprsentants du C.S. Verviers sont ainsi frquemment dsigns par lexpression les Lainiers , alors quaucun joueur na sans doute jamais t ni marchand de ploquettes ni fabricant dapprts. Et de toute manire lindustrie lainire nest plus quun souvenir au bord de la Vesdre.) Le vocabulaire du cyclisme aurait parfaitement pu se plier ce modle, dautant plus que les quipes sont dsormais organises sur le mode corporatiste. Certes, la marque du sponsor elle-mme apparait parfois. Elle le fait de deux manires: elle apparait au dtour dune phrase lorsquil sagit dun coureur au singulier ( Une bagarre australo-allemande favorable au coureur de la Telekom , Le coureur de Domo na pas t en mesure daccrocher lautobus , LEstonien dAG2R ), et elle apparait sous forme de synecdoque lorsquil sagit dun collectif ( Les Euskatel ). Mais on ne trouve presque jamais, au singulier, lexpression le Tlphoniste ou lHorloger . Seule exception, toujours au pluriel et chaque fois entre guillemets: Les Postiers , dsignant les membres de lquipe U.S. Postal ( Les Postiers ont ainsi livr le courrier une vitesse record , prendre les choses en main, ce que les Postiers rent avec la mme maitrise , Heras a dcid de rejoindre [] les Postiers ). Est-ce l une hirondelle qui ne fait pas le printemps? Ou est-ce laveu enn arrach la presse dun mouvement de marchandisation qui ne date pas dhier ? LE DCOR: UN PARTENAIRE DSORMAIS IMPASSIBLE Comme on sen doute, la gographie du Tour fait partie de sa mythologie. Pour Barthes, la course est ici la fois priple dpreuves et exploration totale des limites terrestres : dans le plan horizontal, cest lenfer du Nord, sur laxe vertical, cest le Tourmalet, le Galibier et surtout le Ventoux, vritable Moloch qui fait payer aux cyclistes un tribut injuste de souffrances . On doit donc sattendre ce que ce dcor soit abondamment rhtoris, et il lest. Mais il est intressant de voir que, dans la rhtorique du Tour, les mtaphores sont dsormais trs rarement animes. Comparons le discours du cyclisme sportif avec celui dune discipline apparemment parente: la randonne pdestre. Pour cela prenons le guide du sentier de grande randonne qui va de la mer du Nord la Mditerrane. Au hasard, nous tombons sur la description de litinraire qui joint Vis Dalhem. On y lit que le G.R. se glisse droite , puis dgringole droite par une range descaliers . Il bifurque , monte , vire schement ,LA REVUE NOUVELLE

TOUR DE FRANCE sinchit gauche , serpente dans une lande boise , croise un chemin de campagne . Litinraire blanc et rouge senfonce ensuite dans la valle de la Berwinne , puis le balisage se glisse tout droit dans un sentier , etc. Laissons ce sentier europen gagner lArdenne puis les Vosges, le Jura et les Hautes-Alpes, trajet au cours duquel il obliquera, stirera, dvalera, lera, sinsinuera, dominera, longera, empruntera, virera, scartera, appuiera et musardera. Mais si nous le laissons, ce ne sera pas sans noter que sil y a un personnage particulirement absent de cette description, cest bien le randonneur. De temps en temps, celui-ci aperoit un village, ou est invit laisser un diverticule. Mais la plupart du temps, il sest tout bonnement fondu dans un itinraire qui fait tout pour lui, ou au moins a-t-il t amen se soumettre un dynamisme dans lequel son libre-arbitre et sa volont passent au second plan. Le vritable acteur est le chemin, un acteur dont la bienveillance est si grande quil dispense son partenaire dexister. Dans le Tour, rien de semblable. Contrairement ce quon pouvait observer il y a une vingtaine dannes, le dcor ne fait presque plus jamais lobjet de mtaphores o il serait dot de conscience ou daction. Plus de mouvement dans ce paysage rendu sa minralit : peine peut-on signaler LAlpedHuez dmnage La Plagne . Cest que nous sommes dsormais dans ltre et dans lessence. Penchonsnous sur cette image culinaire un tantinet ridicule: Le Galibier, la Madeleine et la Plagne dans la mme journe, ce sont trois tartiettes: une au petit djeuner, une au djeuner et lautre au diner. Bon mais indigeste. Il sagit ici de mettre en vidence une qualit du dcor, qualit contre laquelle laction du cycliste devra porter. La personnalisation est donc rare (et dailleurs, elle est souvent dnie: La Madeleine, dont on vous jure quelle na rien dune pin-up ). Le dcor est donc un pur opposant, dont les caractristiques font mieux ressortir la valeur de celui qui sy oppose. Barthes encore: Le coureur est aux prises, non pas avec telle ou telle difficult naturelle, mais avec un vritable thme dexistence, un thme substantiel. Cette observation conrme que nous ne sommes pas ici dans la fusion entre le cycliste et son paysage, comme on lest chaque page de Besoin de vlo, ce superbe petit livre de Paul Fournel (2001), mais bien dans la pure performance et le pur affrontement. Limpassibilit du dcor nest pas totale, on sen doute. Mais cest prcisment quand il accentue son rle de rvlateur quil accepte de sen dpartir. Exemple : La splendide tape alpestre qui effrayait lensemble du peloton depuis sa prsentation a accouch dune souris. 89

LACTION: QUAND LE COUREUR DISPARAIT Pour Barthes, la dynamique du Tour ne connait que quatre mouvements: mener, suivre, schapper, saffaisser , actes couls dans le vocabulaire emphatique de la crise. Mener, acte dhrosme pur de qui se sait sacri; suivre, acte qui relve dun arrivisme insoucieux de lhonneur ; schapper, pisode potique destin illustrer une solitude volontaire . Comme on doit sy attendre dans un contexte qui continue privilgier la nationalit, la mtaphore de la bataille continue bien fonctionner : il est encore frquemment question de duel , doffensive en solo et de camarades de combat , et si Armstrong concde une demi-heure, cest une bande de baroudeurs . Et il suffit quune tape traverse la Normandie pour que les souvenirs de Dbarquement excitent limagination des journalistes. Le thme ne cesse de se manifester de manire discrte: les multiples expressions aborder , continuer sur une lance , y aller , faire cavalier seul , garde bleue , coup de bambou le confortent. Limage de la bataille se fait parfois plus spectaculaire: comme dans tout combat, il y a ici des morts, au point que les admis poursuivre lpreuve sont les survivants . Comme dans toute arme, il y a des corps spcialiss, sapeurs et articiers, commandos et voltigeurs: cest ainsi que Virenque allume la premire mche , que Boogard remit une cartouche , que Roberto Heras est le lance-fuse dArmstrong et que lon voit en Jalabert une sorte de dmineur des espaces ariens quand la route slve . Comme dans toute milice, il y a des suprieurs et des hommes de troupe: [Heras] nest encore quun lieutenant. Mais qui pourrait prendre du grade moyen terme. On ne stonnera donc pas que lomniprsente mtaphore militaire se le volontiers : Le carnage a frapp les gnraux, pas seulement les vaillants soldats. Mais nous touchons peut-tre ici une spcicit de la rhtorique cycliste daujourdhui: une discrte mutation nous a fait passer de la mtaphore du combattant isol a celle de larme organise. Lre du chevalier errant ou du samoura solitaire est dnitivement close. Comme dans les dserts du Proche-Orient, lheure a sonn de lamnagement et de la technicit. Ainsi, lordre mental relativement fruste de la Boucle dautrefois nest plus. (Ordre fruste: comme celle des fourmis, lintelligence du routier de nagure tait limite mais efficace ; tout entire investie dans de basiques stratgies, durer est le premier idal quelle sassignait ; lconomie deffort trouvait principalement se dployer dans lattaque sournoisement place.) Lespce voluant, il a fait place la rexion labore ainsi qu des projets collectifs qui vont bien au-del de ceux que dcrivent les quatre actions de base numres par Roland Barthes. Do lexploitation dune nbuleuse de mtaphores nouvelles, la consistance encore peu vidente, mais do mergent nettement trois lignes de force. Il y a dune part la prsence du verbe et du symbolique, qui occupent une place quon ne leur connaissait pas jusque-l. Ce qui agit est non plus le muscle de la jambe, mais celui de la parole. Simon et Kirilev [] avaient LA REVUE NOUVELLE

TOUR DE FRANCE prolong les dbats , Hras a une explication muscle avec un concurrent en haut dun col et les postiers [lquipe US Postal] ont ainsi livr le courrier une vitesse record . Le rsultat est bien sr toujours de lordre du jeu et du spectacle, ou de lordre du jeu et de lart : on parle dabattre un poker sur la table du tour , de dposer un carr das sur la table , de mettre la pdale douce , et dorchestrer un autre festival . Les mtaphores les vont dans le mme sens : Lance tisse une toile que Rubens [surnom du suisse Bertogliati] peint en jaune . On le voit: ce qui tait nagure donn comme la puret de la passion se rsout dsormais dans la ncessit pragmatique, laquelle doit ncessairement sexprimer par le verbe ou le chiffre. La deuxime ligne de force est, sinon labolition de lindividu isol (on ne peut pas plus sen passer que dans lentreprise), au moins son intgration un projet collectif. Cest bien la construction dune microsocit quon assiste. Une socit qui, comme la socit globale, valorise dsormais le seul travail. Courir a ainsi cess dtre un sport pour tre un pur labeur: Aerts fait le plus gros du travail. Il nettoie les curies dAugias. Dans cet univers, schapper et saffaisser ont cd la place aux mmes mouvements qui dnissent la exibilit sur le march professionnel daujourdhui (qui, de son ct, a repris son compte le discours du sport guerrier; mais ceci est une autre histoire). Lenjeu est en effet dun simplicit biblique: ou sortir ou rentrer , partir ou tre repris ( McGee tente de sortir seul mais il est repris par Zabel qui rgle OGrady et Jalabert , Nerveux, le peloton ne chmait pas, ce qui nempcha pas trois hommes de sen extraire ). Comme on dirait : avoir du travail ou pas. Comme la vraie, celle o des techniciens pressent des boutons, mettent en branle des systmes experts et traitent des objectifs , la guerre quest le Tour a donc dsormais cess dtre principalement physique. Le modle type de laffrontement contemporain est surtout celui de la bataille de nerfs ; comme dans la comptition conomique, il faut avant toutes choses avoir le jus, le mental et la conviction , et quand on appelle des renforts, cest pour le dmnagement . Si le coureur solitaire na plus sa place dans le rcit cycliste contemporain, ce nest toutefois pas au prot dune communaut dindividus. Car la collectivit laquelle il participe a perdu son caractre humain. Dans le Tour nouveau, cest au prot des moyens techniques que lindividu se dissout. Coureur isol, coureurs groups, ne sont que des prnoms: Machine est leur nom de famille : Une fois que les locomotives des sprinters sont en route, la perte de place est souvent synonyme dchec , Cest une locomotive lance haute vitesse qui propulse son leader vers la ligne darrive , Le coureur de Domo na pas t en mesure daccrocher lautobus [] Un autobus qui a failli ne pas respecter son horaire [] Dans cet auto-bus riche de soixante-neuf coureurs guraient cinq Belges . Cette dissolution de lindividu dans le tout est pay par un autre mouvement, descendant celui-l: la disparition de cet individu se conrme par le bas, grce un mouvement de parcellarisation et datomisation : il ny a plus 91

de coureur, il ny a plus que des organes, tendons, muscles et nerfs, tensions et toxines. Si on nous montre la dfaillance des coureurs, cest pour diagnostiquer : Les organismes sont au point de rupture. Du tout, dj mcanis, on passe sa partie. Armstrong nest rien dautre quun agrgat de prothses couteuses : un rouleau compresseur amricain qui enroule petit, mais trs vite sur son plateau dargent . Comme dans les lms o ce sont les effets spciaux qui comptent dsormais, les affrontements se dcrivent par un gros plan sur le dtail technique des armes quon y mobilise: par exemple quand il sagit d en remontrer au cow-boy jaune, moulin caf du drailleur , avec un coup de douze dents et des risques prendre . Mais une chose na pas chang: comme jadis, ce qui est recherch est toujours lordre. Toute laction collective est tendue vers un but unique: mettre de lordre . Il sagit dsormais moins de combattre que de grer: les membres de telle quipe contrlent sans forcer leur talent . Toute la socit du Tour est ainsi devenue une sorte de service de gestion des res-sources humaines, le rle de contrleur tant dvolu linstance anonyme quest le peloton : Ils reprennent les trois chapps peu aprs la descente, mais sous limpulsion des Once, le peloton opre le regroupement , le jeune Oriol [] reoit la bndiction du peloton . Certes, toute personnalisation na pas disparu. Le patronat sexhibe parfois, m par une sagesse qui lui souffle de prendre lui-mme ses responsabilits : The boss is back , annonce-t-on avec fracas. Mais lorsquil agit, cest souvent de loin, et toujours m par ce discernement ( il envoie Hras dans lchappe pour ramener ses compatriotes la raison ). Mais chez nous, le boss se doit dtre bonhomme. La simplicit, toujours la simplicit ! Voil bien plus beau compliment que lon puise faire un boss, ou un roi : il sait tre simple. Cette simplicit trouve parfaitement sinscrire dans lunivers de la petite consommation, qui vient ajouter sa mythologie aux autres. Et cest pourquoi le paysage ne laisse que difficilement apparaitre ses lignes de force, masques par les briquets jetables, boissons nergisantes, casquettes de papier, tablettes de gommes mcher, montres spectaculaires, gazettes de la dernire minute Jean-Marie Klinkenberg