la gazette du square...un roman d’espaces, de vies et de livres, absolument magistral ! robert...
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Une sélection commentée par l’équipe du Square
Des romans, de la poésie, des policiers, des essais, des livres d’art,
des DVD, des bandes dessinées et des livres pour enfants…
La Gazette du Squareun Noël 2017
2 place Dr Léon Martin 38 000 GRENOBLET 04 76 46 61 63 www.librairielesquare.fr
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L i t t é ra t u re
Orhan Pamuk, Istanbul, souvenirs d’une ville, Gallimard, 35 € (édition illustrée)
On ne présente plus Istanbul de Pamuk, paru en 2007. Retrouvez cette
riche plongée autobiographique dans l’univers stambouliote des années
50-60 dans une édition en format beau livre. Une nouvelle introduction,
et surtout deux fois plus de photographies (430 au total) dont les dimen-
sions raviront l’œil curieux du lecteur. Et pour poursuivre l’exploration
de cette ville, on pourra lire Cette chose étrange en moi, dernier roman du Nobel, paru simul-
tanément, dont l’histoire déroule le fil des décennies suivantes.
Jean-Marie Blas de Roblès, Dans l’épaisseur de la chair, Zulma, 20 €
Jean Marie Blas de Roblès esquisse le portrait d’un père tanguant de
Tyrone Power à Don Corleone. Avec un humour maîtrisé et des espoirs
réfléchis, il noie les drames historiques avérés dans ce destin incroyable.
Mais surtout, sous la houlette d’un perroquet bien bavard nommé
Heidegger, il plonge dans une histoire « ni pied noir, ni française, ni espagnole :
une histoire de deux hommes, un fils et un hombre ». Malicieux et intrépide.
Robert Penn Warren, Tous les hommes du roi, Monsieur Toussaint Louverture, 13,50 €
1936, sud des États-Unis. Vous êtes assis dans une Cadillac au milieu
d’une bande improbable toute dévouée au Boss. Et, dans la voiture, le
Boss lui-même, Willy, inadapté épris d’idéal, qui a investi cette maison
aux colonnes blanches où l’on mange des glaces à la pêche au petit-dé-
jeuner. Passant du lyrisme à l’âpreté, l’écriture vous plonge dans un
roman stupéfiant où les hommes, ni innocents, ni coupables, prennent
conscience des limites de l’utopie. Magistral.
Jean-Philippe Toussaint, M.M.M.M., Minuit, 29 €MMMM ou l’amour décliné par Jean-Philippe Toussaint. Mots épurés pour
saisir l’embrasement permanent des sens et sentir l’insolence d’une pas-
sion réelle. Musique inouïe pour que l’ivresse continue s’amplifie s’enraye,
existe. Mensonge idéal et élaboré pour atteindre une vérité nouvelle, en-
diablée et sensuelle. Marie, son corps évanescent et fascinant, à l’image
des mouvements paradoxaux des âmes amoureuses. MMMM, Magnétique.
L i t t é ra t u re
Paulo Cognetti, Les Huit Montagnes, Stock, 21,50 €La montagne, c’est d’abord le seul lieu où l’été, le père de Berio s’apaise. Il
l’entraîne avec Bruno, un petit copain de ce village perdu du Val d’Aoste,
dans des courses folles, toujours plus haut. Quelques années plus tard, le
père meurt et laisse en héritage une bicoque en ruines dans les alpages.
Un legs en forme d’espace pour remplir de vie ce qui n’a pu se dire. Berio
et Bruno vont alors ensemble franchir le seuil de l’âge d’homme… Amitié,
filiation, plénitude de la nature, Paulo Cognetti fait de la montagne un
roman absolu, un miracle.
Tessa Hadley, Le Passé, Bourgois, 22 €Une parenthèse hors du temps s’offre aux membres d’une famille réunie
pour les vacances. Mais passé la quarantaine, les valises des uns et des
autres sont peut-être moins légères qu’il n’y paraît… Merveilleuse de finesse
psychologique, c’est un peu de nos vies ordinaires que Tessa Hadley déploie,
non sans ironie : choix, désirs, espoirs et peines. Un savoureux moment de
lecture ponctué de scènes inoubliables !
Marie-Hélène Lafon, Nos Vies, Buchet Chastel, 15 €Jeanne fait ses courses chez Franprix. Elle passe toujours à la caisse
numéro 4, celle de Gordana. Mais, cette dernière ne sourit pas, ne lève
pas l’œil, ne parle pas. Alors, Jeanne, à la vie désertée, s’enfonce dans les
vies des anonymes et repeuple son quotidien. D’une langue délicate et
gourmande, Marie Hélène Lafon effeuille leurs romans, les réinvente,
les épure, les gazouille et les susurre, et nous ouvre les yeux. Nos vies, un
roman adamantin !
Georges Perros, Œuvres, Gallimard, Quarto, 32 €Voici un vrai cadeau, un joyau littéraire. L’occasion de (re)découvrir un
immense écrivain. Perros, homme qui vécut si chichement, encouragé
par Gérard Philippe et surtout Jean Grenier, vous surprendra très cer-
tainement. De ces Papiers collés si incroyables ou de la poésie de La Vie
ordinaire au bouleversant Ardoise magique, nous tenons là en un seul livre,
plus qu’une œuvre, une vie. Ne ratons plus Georges Perros, sa discrétion
ne doit pas nous faire oublier qu’il reste indispensable.
L i t t é ra t u re
Émile Guimet, Félix Régamey, Promenades japonaises, À propos, 59 €
Ce beau livre est la réédition d’un ouvrage paru en deux tomes en 1878
et 1880. Il a pour origine le voyage d’Émile Guimet au Japon en 1876.
L’Occidental qu’il est y raconte son admiration pour l’épure conjuguée
à la beauté du mode de vie nippon. Le délicat mélange de l’architecture
traditionnelle et d’une nature patiemment travaillée lui fait apparaître la
culture japonaise comme une harmonie d’ensemble où tout semble chargé de signification.
On y découvrira, par la même occasion, des scènes de vie croquées par son compagnon de
voyage. Un témoignage sur cet art de la simplicité et de la sophistication sur lequel semble
se fonder l’esthétique japonaise.
Patrick Deville, Taba-Taba, Seuil, 20 €Un enfant derrière la grille d’un asile, regardant l’estuaire de la Loire, et à
côté de lui, un homme malade, compagnon de jeu singulier, scandant dans
sa langue, le malgache, « Taba-Taba… », comme un alexandrin plein de dou-
ceur et d’énigme. Cet enfant c’est le petit Patrick Deville qui, dans ce livre,
remonte à l’appel qui lui fut alors lancé : celui du lointain, de la poésie… Et
une nouvelle fois, dans une exploration de la France, Deville convoque les
temps et les constellations. Un roman d’espaces, de vies et de livres, absolument magistral !
Robert Bober, Vienne avant la nuit, POL, 32,90 €Pendant du magnifique Récit d’Ellis Island, coécrit avec Georges Perec,
Vienne avant la nuit raconte la vie de l’arrière-grand-père de Robert Bober,
refoulé de « l’île des larmes » pour un trachome et qui repartit s’installer
à Vienne, dans la vieille Europe. Une ville où il sera le contemporain de
Zweig, Schnitzler, Roth, Freud… Avec une infinie tendresse, Bober redes-
sine et chante un monde au crépuscule.
Mahmoud Pahlavane, Robâ’iyât, Harpo, 21 €Dans l’esprit d’Omar Khayyâm et de ses quatrains, ces robâ’iyât sont
autant d’invitations à accueillir la joie du moment présent. Mahmoud
Pahlavane (1247-1326), artisan et poète ouzbek, dans la pure tradition
de la poésie persane, nous livre une méditation sur le temps qui passe, sur la poussière
que nous sommes et sur l’éclat que nous pouvons lui apporter. On y retrouve les grands
thèmes de toute une civilisation et de son art de vivre : la beauté, l’ivresse, la musique,
l’amour. Un petit, mais élégant, livre réalisé en typographie dont émane une profonde et
sincère générosité.
L i t t é ra t u re
Philip Roth, Romans et nouvelles, Gallimard, La Pléiade, 64 €
L’entrée en Pléiade de Philip Roth est une belle consécration, méritée, pour
ce géant de la littérature américaine. On trouvera ici des œuvres publiées
entre 1959 et 1977.Si Portnoy et son complexe reste le roman scandaleux (à
l’époque), n’oublions pas son tout premier livre, le magnifique Goodbye
Colombus écrit à 26 ans à peine. C’est une œuvre sublime qui prend forme,
provocatrice mais déjà mature, mélancolique et surtout jubilatoire.
Julie Wolkenstein, Les Vacances, POL, 18,90 €Un jeune chercheur en cinéma, une universitaire en lettres bientôt à la re-
traite doivent se partager un même fonds d’archives à l’Imec. Car les deux
veulent en savoir plus sur le premier film d’Eric Rohmer, jamais achevé,
une adaptation des Malheurs de Sophie. Ils vont s’unir dans leur enquête et
l’on joue avec le récit que chacun fait, tour à tour, de cette aventure. C’est
vif, drôle, aérien. Une fantaisie d’une rare fraîcheur.
Vita Sackville-West, Journal de mon jardin, Klincksieck, 17,50 €
Quelle splendeur que cet ouvrage-là ! Amateurs de littérature et ama-
teurs de jardins trouveront ici leur bonheur. Au fil des saisons, Vita
Sackville-West consigne ses impressions de jardinière très confirmée.
Avec son style littéraire classique et sa connaissance de la flore, cet
ouvrage, beau et singulier, deviendra vite indispensable à toutes les
bibliothèques. Traité pratique, philosophique et particulièrement hé-
doniste, c’est un vrai trésor !
Jacob et Wilhelm Grimm, Contes, Corti, 39 €On réédite les contes des frères Grimm en un volume. 201 contes dont
les célèbres Blanche-Neige, Chaperon-rouge, Cendrillon… qui nous évoquent
évidemment notre enfance. Mais plus d’un conte surprendra le lecteur.
Tout ici n’est pas destiné aux enfants. Le génie des Grimm est autant de
nous donner des cauchemars que de nous offrir des rêves. On choisira
donc ses lectures du soir en fonction de ses auditeurs, mais quoi qu’il
en soit, ce sera de la belle littérature, universelle et intemporelle.
L i t t é ra t u re
Daniel Mendelsohn, Une odyssée, Flammarion, 23 €Lorsque Jay Mendelsohn, 81 ans, mathématicien à la retraite et père de
l’auteur, décide de suivre les séminaires de son fils consacrés à l’Odyssée
d’Homère, c’est non seulement une aventure intellectuelle qui débute mais
aussi et surtout une épopée familiale merveilleuse. Père et fils entament
alors un voyage des plus formidables. L’Odyssée fait alors écho à l’histoire
des deux hommes qui aiment converser, se promener, être tout simplement ensemble. Un
récit autobiographique érudit, passionnant et tellement poignant.
Piero Chiara, Le 28 octobre, La Fosse aux Ours, 13 €Par un froid matin d’automne, Peppino Ballinari fuit sa petite ville de Luino,
pour s’enterrer à la frontière de l’Autriche où il a été nommé fonctionnaire.
De nature plus frivole, il ne se destinait pas à cette vie rangée. Alors il se
souvient de ce fameux 28 octobre 1932, dixième anniversaire de la marche
sur Rome… Tout y était réuni : cocasserie honteuse, fierté dissimulée, plai-
sirs inénarrables et volupté mémorable. Un Casanova est né.
Christophe Migeon, Wilfred Thesiger, Paulsen, 25 €Voici le portrait et le récit d’une existence hors du commun, celle de
Wilfred Thesiger, aventurier britannique, figure incontournable de la
littérature de voyage à la personnalité complexe. Né en 1910 à Addis
Abeba, il vit de nombreuses années en compagnie des Bédouins et
enrage très vite devant la bureaucratie anglaise. Rebelle au style
dépouillé et malgré tout préoccupé par la mise en scène de sa propre
personne, Thesiger est un aventurier haut en couleur. On ne peut
voir dans ses écrits une ethnographie narrative « objective », toutefois, et c’est ce qui fait
son charme, il n’en reste pas moins une dimension épique dans la grande tradition des
explorateurs avant l’usurpation des touristes.
Marie Richeux, Climats de France, Sabine Wespieser, 21 €Lorsqu’elle découvre à Alger la cité Climat de France, que Fernand
Pouillon a construite, Marie Richeux reconnaît un lieu, elle a elle-même
grandi en banlieue parisienne dans un ensemble conçu par l’architecte.
Naît alors une interrogation : qu’est-ce qui relie les deux espaces, qu’ont
en commun leurs habitants ? Elle y répond en révélant des voix, en les
croisant, redessinant ainsi une histoire vibrante, incarnée de la France
et de l’Algérie. Un livre lumineux, généreux, qui réaffirme par l’infime, ce que nous avons
en commun.
L i t t é ra t u re
Peter Geye, L’Homme de l’hiver, Actes Sud, 22,50 €Dans une petite ville du Minnesota, le vieux Harry Eide, malade, décide de
quitter son lit de mort pour s’enfoncer dans la forêt. On ne le retrouvera plus.
Les deux êtres qui l’ont le plus aimé prennent la parole pour nous raconter
qui fut Harry. D’abord son fils Gus, puis Berit, le grand amour de sa vie, femme
droite, discrète mais ô combien admirable. Un roman bouleversant, beau
dans sa simplicité.
Vladimir Nabokov, Lettres à Véra, Fayard, 36 €Albert Camus, Maria Casares, Correspondance, Gallimard, 32,50 €
Deux magnifiques correspondances viennent d’être éditées
pour la première fois : celle de Nabokov avec sa femme Véra,
ainsi que celle d’Albert Camus et Maria Casarès. Dans ces
temps hivernaux, on se réchauffera le cœur à l’évocation
de l’amour indéfectible et passionnel qui les unit. Tant de belles phrases que l’on aimerait
extraire pour se les susurrer. L’occasion aussi de découvrir le quotidien intime et profes-
sionnel de ces grands noms de la scène littéraire et artistique du xxe siècle.
Alfred Hayes, C’en est fini de moi, Gallimard, 17 €Mettez dans un shaker « quatre doigts de lait, un de Galiano, un de crème de
menthe, un soupçon de Kahlua et de la glace pilée ». Secouez. Vous obtiendrez un
cocktail sans nom, inattendu et détonant, à l’image de l’écriture de Hayes.
Son héros suranné se heurte à l’arrogance de ses deux jeunes acolytes. Sa
langue frappe par ses audaces chaotiques et ses descriptions de New York
illuminent le spleen ambiant. C’en est fini de moi enivre.
Nobuo Ayukawa, Poèmes, La barque, 24 €Ayukawa Nobuo est l’un des poètes les plus influents de la période
d’après-guerre au Japon. Traducteur de l’anglais et fondateur de la revue
La Terre vaine, sa poésie est marquée par l’expérience de la guerre. Poète
d’une extrême sensibilité, il n’a eu de cesse de se faire témoin, passeur.
Sa poésie est une succession de frissons, nobles et froids, « un cri sans
voix/ouvre sa bouche en face de la mer et du ciel/et un petit oiseau tombe
dans la fenêtre du crépuscule/puis le silence se met à chanter/une prière qui n’est pour
aucun dieu/devenant une fillette muette ». Ayukawa Nobuo se fait le miroir de la réalité
nue, s’opposant ainsi à l’idéologie nationaliste japonaise.
Dennis Lehane, Après la chute, Rivages, 22 €Pour le meilleur et pour le pire ! Voilà qui résume bien l’histoire de Rachel
Childs, héroïne aux vies multiples, dont le mariage a priori parfait pour-
rait bien être en fait un immense piège. Auteur de romans noirs plus
que reconnu, Dennis Lehane prouve qu’il sait marcher hors des sentiers
battus et signe un thriller psychologique vertigineux doublé d’un superbe
portrait de femme.
Jacky Schwartzmann, Demain c’est loin, Seuil, 17 €Natif de la cité des Buers à Lyon, avec un nom de juif et une tête
d’arabe, François Feldman cumule les handicaps. Et les choses ne vont
pas s’arranger pour lui quand il se retrouve en cavale forcée aux côtés
de sa détestée banquière, Juliane Baccardi, qui vient d’écraser un petit
caïd de la cité sous ses yeux. Mais en grand optimiste, François pourrait
bien réussir à tirer parti de la situation… Drôlissime et complètement
décalé !
Peter Farris, Le Diable en personne, Gallmeister, 20,50 €Ligotée et enfermée dans un coffre de voiture, Maya, jeune prosti-
tuée qui en sait beaucoup trop sur les affaires de son éminent client,
semble en fâcheuse posture. Mais c’est sans compter sur l’intervention
explosive de Leonard Moye qui ne tolère pas que quelqu’un d’autre
que lui tue sur ses terres. Quand deux personnages solitaires et bien
abîmés par la vie se rencontrent sous la très belle plume de Peter
Farris, on assiste à la naissance d’un des duos les plus attachants du
roman noir américain.
Hidéo Yokoyama, Six-quatre, Liana Levi, 23 €« Six-quatre » est le nom de code de l’enquête sur l’enlèvement et le
meurtre d’une enfant de six ans, une affaire toujours en cours mais sur
le point de rejoindre les « Cold cases », la prescription des faits appro-
chant. C’est autour de ce dossier que va se jouer le combat titanesque
entre une police régionale acculée à cause de son échec, un ministère
de la Police tokyoïte au rêve hégémonique, arrivant avec son armée de
technocrates, et une meute de jeunes journalistes aux dents longues…
Un contexte épineux pour le commissaire Mikami qui souhaite découvrir la face cachée
du « six-quatre »…
Po l i c i e r s
Patrick Chamoiseau, J’ai toujours aimé la nuit, Sonatine, 14 €
À genoux, doigts noués derrière la nuque, les yeux rivés sur le canon
de l’arme, le commissaire Pilon attend son exécution… Mais Archange
semble surseoir au verdict. Débute alors sa confession, comment il
s’est mué en tueur en série qui ne commet pas d’erreur, l’histoire de sa
vie, de son combat, de sa folie. Jusqu’à ce vendredi 13, nuit où son rituel
s’est vu perturbé et sa piste trouvée. Ses paroles sont entrecoupées du
récit en flash-back de la traque nocturne menée par le commissaire
dans les bas-fonds de Fort-de-France, et la description de la misère, de la drogue et de la
prostitution nous laisse un goût amer… Vraiment efficace !
Yana Vagner, L’Hôtel, Mirobole éditions, 22,90 €Un groupe d’amis se retrouve pour quelques jours dans un chalet complè-
tement coupé du monde et alors qu’une tempête s’abat sur la montagne,
le corps de l’une d’entre eux est retrouvé dans la neige. Seul l’un des huit
autres participants au séjour a pu commettre le crime et tous ont une rai-
son d’en vouloir à la victime… Grâce à un savant dosage entre mystère et
terreur, Yana Vagner orchestre un huis clos glaçant parfaitement réussi !
Luca d’Andrea, L’Essence du mal, Denoël, 21,90 €À Siebenhoch, village enfermé dans les montagnes des Dolomites, il
n’est pas très bien vu de chercher à exhumer les secrets bien enfouis du
passé. Jeremiah Salinger, documentariste américain qui vit là-bas avec
sa famille, en fera l’amère expérience en tentant de faire la lumière sur
un triple meurtre arrivé trente ans plus tôt. Un premier roman sous
haute tension où Luca d’Andrea réussit à nous tenir en haleine jusqu’à
la dernière page !
Liu Cixin, La Forêt sombre, Actes sud, 23,80 €Dans le volet précédent, Le Problème à trois corps, un signal extra-ter-
restre était capté par la Chine, alors en pleine révolution culturelle. Dans
cette suite, l’humanité dispose de 400 ans pour s’entendre et organiser
sa défense. Ce récit d’anticipation décrit à la fois la création d’une pla-
nète unie sur le plan politique, militaire et économique pour un objectif
commun et le développement d’une science et d’avancées technologiques
crédibles. Une écriture plaisante et fluide qui modernise l’idée du « Cycle
de Fondation » d’Asimov.
Po l i c i e r s – S F
Maxime Rovere, Le Clan Spinoza, Flammarion, 23,90 €Le Clan Spinoza est une série de tableaux, de relations qui ont fait de Spinoza
ce qu’il était. Rovere redonne vie à une époque qui a vu naitre la raison mo-
derne. Entre tensions religieuses et expansion du commerce, révolution du
savoir et constitution des États modernes, on lit des destinées audacieuses
qui ont pour combat la liberté de pensée. Le Clan Spinoza est aussi un livre
sur la beauté de l’amitié. Ce que Spinoza formulait de la sorte : « Il est aussi impossible que
disparaisse l’amour qu’ils se portent les uns aux autres, fondé dans l’amour qu’a chacun
pour la vérité, que de ne pas embrasser la vérité elle-même une fois qu’on l’a conquise. »
Antoine Compagnon, Les Chiffonniers de Paris, Gallimard, 32 €
La modernité s’est construite avec le rebut. Pour faire ce xixe siècle de pa-
pier – la presse, l’imprimerie explosent– il a fallu du chiffon. Tout un peuple
traquait la nuit avec un croc et une lanterne ces lambeaux de tissu. Un
monde parallèle qui fascina les écrivains et qui disparut dans les années
1880 avec la fibre de bois. Avec une rare élégance, Antoine Compagnon
explore en ethnographe cet univers et en déploie l’imaginaire d’images et de mots.
Philippe Sands, Retour à Lemberg, Albin Michel, 23 €Comment deux juristes juifs forgèrent en 1945 les concepts de crime contre
l’humanité et de génocide ? C’est ce que nous raconte Philippe Sands dans
un récit qui transcende tous les genres. Quête intime sur les traces d’un
grand-père rescapé, Retour à Lemberg est aussi une superbe réflexion, à par-
tir des destins croisés de quatre personnages, sur le nazisme et la Shoah.
Absolument magistral.
Francis Wolff, Trois Utopies contemporaines, Fayard, 17 €Dans cet essai tranchant, Francis Wolff discute trois utopies. Le posthuma-
nisme qui souhaite nous faire sortir de notre condition en nous hybridant
à des machines. L’animalisme ou antispecisme qui a pour vocation d’abolir
toute différence entre les animaux et les hommes. Enfin, le cosmopolitisme
qui a pour tentation l’accomplissement d’une communauté morale et
politique par l’abolition des frontières. Le transhumanisme ne s’intéresse
qu’à la puissance des puissants et rêve d’augmenter à l’infini leur puis-
sance. L’animalisme se fonde sur la compassion et n’apparaît pas en mesure d’élaborer une
quelconque communauté. Le cosmopolitisme s’appuyant, lui, sur l’idée de justice semble
rendre possible le fait de fonder un nous.
E s s a i s
Jacques-Olivier Boudon, Le Plancher de Joachim, Belin, 24 €La réfection d’un plancher d’un château près d’Embrun dans les Hautes-
Alpes révéla une étonnante surprise. Au dos de chaque latte, il y a 120 ans,
un menuisier, Joachim Martin, a consigné impressions et secrets. « Heureux
mortel. Quand tu me liras je ne serai plus là. » À travers cette voix ordinaire
retrouvée, c’est tout un monde villageois, bouleversé par l’exode rural, les
crises politiques, qui est révélé. Fascinant.
Armand Marie Leroi, La Lagune, Flammarion, 29 €Borges écrivait que tous les hommes étaient aristotéliciens ou platoniciens.
Platon nous invite vers un monde d’abstractions, Aristote vers un monde
de choses tangibles. Borges dit juste pour Armand Marie Leroi, et c’est
pour cela que dénichant Histoire des animaux dans une librairie du vieil
Athènes il se lance sur les traces du philosophe. Dès lors, cet ouvrage se
transforme en une enquête. L’auteur cherche à comprendre d’où naissent
les intuitions d’Aristote sur le vivant. On découvre, au fil des pages, le portrait de celui qui
semble avoir inventé la science. Passionnante quête qui, au fond, proclame la beauté et la
dignité de la recherche des causes comme manière de vivre.
Peter Frankopan, Les Routes de la Soie, Nevicata, 27 €Le récit, toujours recommencé, de l’essor de l’Europe suite aux grandes
découvertes, a effacé, privé d’histoire d’autres parties du globe. Et on
oublierait que cette région d’Asie centrale, entre Ouest et Est, reliant
l’Europe au Pacifique a été, pendant des millénaires, l’axe de rotation
du monde. Dans un récit d’une remarquable clarté, Peter Frankopan
replace l’histoire au cœur du monde et montre combien les routes de
la Soie en sont « le système nerveux central ».
Frédéric Gros, Désobéir, Albin Michel, 19 €« Cesser de travailler, soi-même depuis soi-même, à sa propre aliéna-
tion, faire taire à soi le petit discours intérieur qui légitime d’avance
la puissance qui m’écrase » écrivait La Boétie. C’est aussi l’objet de cet
essai que de s’interroger sur le mécanisme social d’intériorisation de
la position d’assujettissement. La véritable question n’étant pas tant
de savoir pourquoi les gens se révoltent, les raisons ne manquent pas,
mais plutôt pourquoi ils ne se révoltent pas. Désobéir est un geste qui
demande un travail d’élaboration critique, une tension éthique. Gros, tel Antigone, inquiète
la possibilité même de l’ordre et ainsi invite à faire le choix de donner forme à sa liberté.
E s s a i s
Camille Morineau, Gabrielle Schor, Women House, Manuella, 35 €
En 1929, Virginia Woolf théorisait la question d’un espace émancipa-
teur pour les femmes dans Une chambre à soi. Près de 90 ans après, cette
exposition, à travers les œuvres de 39 artistes, redonne une visibilité
au genre féminin gommé de la place publique et cantonné au champ
domestique. Elle s’interroge sur ce qui fut une prison, mais également
un refuge, pour des millions de femmes. Féministe et poétique !
Julian Barnes, Ouvrez l’œil, Mercure de France, 24 €Quand Julian Barnes décide d’écrire sur l’art, cela donne un recueil de dix-
sept chroniques enthousiasmantes pour redécouvrir de grands tableaux
que l’on pensait déjà connaître par cœur. Grâce à son écriture pétillante,
nous voilà embarqués dans l’univers de Géricault, Valloton ou encore
Lucian Freud. Descriptions érudites et traits d’esprit so british, une belle
manière de ne pas oublier d’ouvrir l’œil, et d’apprendre à véritablement
regarder, pas seulement voir.
JR, Inside Out, Actes Sud, 49 €On ne présente plus JR, le street-artist voyageur. Dans son nouveau projet,
Inside Out, il continue à s’interroger sur la manière dont l’art peut changer le
monde et abolir les frontières. Pour cette œuvre participative, ce ne sont pas
moins de 250 000 participants de 129 pays qui se sont mobilisés, affichant
leur portrait géant sur les murs de leur ville, donnant ainsi de multiples
visages à l’humanité. Toujours plein d’espoir et toujours aussi lumineux !
Raphaëlle Bertho, Héloïse Conésa, Paysages français 1984-2017, BNF, 49,90 €
Robert Doisneau, La Banlieue en couleur, Carré, 21 €
Catalogue de la monumentale exposition de la BNF,
Paysages français revient sur la mission photogra-
phique de la Datar de 1984 et sur la façon dont les
photographes français se sont depuis emparés d’un paysage en plein bouleversement.
Doisneau participa à cette commande historique et on mesure aujourd’hui son audace :
il abandonna la tendresse de son noir et blanc et osa l’acide de la couleur. Cela a dérouté,
maintenant, on peut le dire, bravo Monsieur Doisneau !
B e a u x - a r t s
B e a u x - a r t s
Daniel Bergez, Peindre le rêve, Citadelles et Mazenod, 69 €De la Bible à l’interprétation psychanalytique, quand la métaphy-
sique rencontre la fantaisie, ce bel ouvrage retrace plus de 2000 ans
de représentations du rêve dans l’art, à travers une iconographie
riche et soignée. Laissez-vous glisser dans les bras de Morphée pour
explorer des mondes oniriques surréalistes, rencontrer des rêveuses
éthérées ou vous faire surprendre par des créatures cauchemardes-
ques. Un beau tour d’horizon du songe dans la peinture.
Malick Sidibé, Mali Twist, Éditions Xavier Barral, 45 €Il faudrait, comme à la Fondation Cartier où elles sont exposées,
voir ces images en musique. Car elles sont en vibration avec la folle
énergie d’indépendance qui irradiait alors Bamako. La photographie
comme un acte simple, d’évidence de part et d’autre de l’objectif.
Poser dansant sur les pistes ou droit dans le studio. Et l’œil de joie
de Sidibé qui compose avec les lignes. Éclate alors la vie, la vraie.
Magnétique.
Claire Bernardi, Ophélie Ferlier-Bouat, Gauguin l’alchimiste, RMN, 45 €
Gauguin, Ancien culte mahorie, Gallimard, 25 €
On peut penser avoir tout vu de l’œuvre de Gauguin, des
autoportraits bretons aux vahinés polynésiennes. C’est
oublier que l’artiste ne fut pas seulement peintre, mais également céramiste, sculpteur,
dessinateur et… écrivain. Délicatement illustré d’aquarelles, ce beau fac-similé permet de
découvrir un texte moins connu que Noa-Noa, en parallèle de l’exposition au Grand Palais
qui met en avant le caractère expérimental du travail du peintre alchimiste.
Pierre Pinchon, Marie-Charlotte Calafat, Contrebandes Godard, Matière, 40 €
On aurait du mal à associer un genre littéraire aussi kitsch que le
roman-photo à l’œuvre de Godard. Pourtant, celui-ci a toujours utilisé
le collage et la bande dessinée pour promouvoir ses films, ayant bien
compris l’impact populaire de ce médium longtemps méprisé. Mais ces
« romans-films » ne sont pas de pâles copies de leurs jumeaux animés,
mais bien des œuvres à part entière. Une manière originale et décon-
certante de redécouvrir les productions du cinéaste !
B e a u x - a r t s
Sandra Piesik, Habiter la planète, Atlas mondial de l’architecture vernaculaire, Flammarion, 125 €
De tout temps et en tout lieu, l’homme a tenté de s’adapter à son en-
vironnement. Ce magnifique atlas nous emmène aux quatre coins du
monde à la rencontre des stratégies architecturales mises en place par-
tout sur la planète. Il offre un beau panorama des constructions verna-
culaires, reflets des cultures et savoir-faire des peuples. On traverse les
différentes grandes zones climatiques, invités à découvrir bomas, isbas ou ruen pae.
Aurore Bagarry, Glaciers, vol 1 et 2, H’Artpon, 35 € l’un
Pendant 5 ans, Aurore Bagarry a procédé à un
inventaire photographique des glaciers du
Mont-Blanc. Et c’est toute la beauté sublime
de ces ogres qu’elle a réussi à capter, donnant
une dimension fantomatique et surréaliste à
ces couleurs bleutées profondes, ces découpes
accidentées et ces langues acérées. Deux beaux ouvrages pour nous rappeler la majesté
de ces monstres de pierre et de glace, malheureusement en danger.
Antoine de Baecque, Jean-Pierre Melville, une vie, Seuil, 32 €Peu de textes existent sur Jean-Pierre Melville. Antoine de Baecque
comble ce manque avec un portrait subtil de l’homme au stetson et
aux lunettes noires, cinéaste aux multiples facettes, parfois déstabili-
sant, souvent insaisissable. Retraçant, à travers de nombreuses photos
d’archives, la vie d’un réalisateur qui a rencontré la grande histoire, ce
livre tente de lever le voile sur une énigme, sans en ôter son mystère
ni son aura.
Stéphane de Freitas, DVD A voix haute, TF1 Vidéo, 15 €Ce merveilleux film nous plonge dans les coulisses d’Eloquencia, un
concours d’éloquence universitaire. On suit plus particulièrement des
étudiants de St-Denis qui découvrent le plaisir de s’exprimer avec les
outils de la poésie et du théâtre. Ce documentaire, touchant et drôle,
est un magnifique plaidoyer pour la parole comme moyen d’exister et
un portrait de la jeunesse loin des clichés sur la banlieue. Une vraie
pépite, dont on en ressort ému, souriant et plein d’espoir.
B e a u x - a r t s
Charlotte Sleigh, Zoo de papier, Citadelles et Mazenod, 49 €
Qu’aurait été l’étude de l’histoire naturelle sans les artistes qui, grâce
à leurs illustrations, permirent d’inventorier les découvertes des scien-
tifiques ? Avec plus de 250 œuvres naturalistes, cet ouvrage explore
cette discipline, au croisement de l’art et de l’éthologie. Couleurs vives
et détails soignés, animaux exotiques ou espèces domestiques, ces
planches continuent de nous émerveiller, tel un cabinet de curiosités.
Terry Burrows, La Fabrique du son, Textuel, 49 €On pense systématiquement à la création et à la composition de la mu-
sique. Mais qu’en est-il de son enregistrement ? L’évolution technique
est pourtant intimement liée aux révolutions culturelles, les artistes se
saisissant de la nouveauté pour repousser leurs limites. Terry Burrows
retrace un siècle d’expériences et d’innovations technologiques, du pre-
mier phonographe d’Edison au format mp3, de l’acoustique au numérique. Un livre qui se
regarde avec les oreilles !
Frédéric Migayrou, Japan-ness Architecture et urbanisme au Japon depuis 1945, Centre Pompidou-Metz, 39,90 €
Sophie Walker, Le Jardin japonais, Phaidon, 65 €L’architecture japonaise contemporaine n’aura eu de cesse,
depuis les années 50, de se nourrir de l’influence moder-
niste tout en s’adaptant à la complexité de son environnement et aux traditions ancestrales
qui imprègnent le quotidien du pays. Cet équilibre entre modernité et immuabilité, on le
retrouve également dans l’art du jardin, des riches compositions impériales aux créations
contemporaines. Deux ouvrages à regarder en miroir, entre minéral et végétal.
Corinne et Richard Zarzavatdjian, Cuisine d’Arménie, Solar, 28 €
Yotam Ottolenghi, Helen Gogh, Sweet, Hachette, 30 €On connaissait Ottolenghi cuisinier, le voici de retour créateur
de merveilleux desserts. Petits biscuits persans, cheesecakes
aériens et tartes colorées, gâteaux de fête à partager… Plein de
douceurs pour les becs sucrés ! Mais les amateurs de salé trouveront aussi leur bonheur avec
les saveurs de la cuisine arménienne, au carrefour des cultures orientale et européenne,
conviviale et familiale, si typiquement méditerranéenne.
B D
Marion Fayolle, Les Amours suspendues, Magnani, 35 €
Un homme marié mais grand séducteur collectionne les
amourettes platoniques. Le jour où sa femme le quitte,
incapable de vivre seul, il tente de ranimer la flamme avec
trois de ses anciennes conquêtes. Avec Les Amours suspen-
dues, la très talentueuse Marion Fayolle signe un tourbil-
lonnant marivaudage où graphisme et narration s’entremêlent à la perfection. Superbe !
Jacques Goldstein, Alex W.Inker, Panama Al Brown, Sarbacane, 24 €
Alfonso Teofilo Brown alias « Panama Al Brown », fut l’un
des plus grands boxeurs des années 30, pourtant, rares
sont ceux qui se souviennent encore de lui. Dans une
somptueuse biographie en noir et blanc – il ne pouvait en
être autrement – les auteurs racontent la vie étonnante
de ce dandy flambeur, ami et amant de Jean Cocteau, qui préférait boire du champagne
dans les boîtes de jazz que monter combattre sur les rings et qui mourut dans la misère et
l’oubli dans les bas-fonds de Harlem.
Aude Picault, L’Air de rien, Dargaud, 16,45 €Déjà dans Idéal Standard, Aude Picault narrait les aven-
tures d’une trentenaire en mal d’amour. C’est cette fois
sous forme de strips qu’elle s’amuse à croquer avec
légèreté les situations quotidiennes souvent cocasses,
parfois absurdes de ses congénères en milieu urbain.
Un album au trait aérien qui nous rappelle avec hu-
mour que nous avons tous nos failles et nos contradictions.
Marcello Quintanilha, L’Athénée, Çà et là, 20 €Le jeune Sergio, 11 ans, qui vient juste d’entrer à « L’Athénée »,
pensionnat réservé aux garçons de l’aristocratie brésilienne,
découvre les codes particulièrement retors auxquels il va de-
voir se soumettre durant ses années d’études. Et il va surtout
devoir choisir entre devenir victime ou bourreau, car il n’y
a pas d’autre choix possible. L’Athénée, roman d’apprentissage cruel devenu un classique
au Brésil, est ici brillamment adapté par Marcello Quintanilha dont le dessin contribue
largement à faire naître le malaise.
B D
Marguerite Abouet et Donatien Mary, Commissaire Kouamé, Un si joli jardin, Gallimard, 20 €
Fraîchement nommé au prestigieux poste de commissaire d’Abidjan,
Marius Kouamé doit enquêter sur le meurtre de son ami, le célèbre ma-
gistrat Traoré Compliqué. Accompagné de son fidèle lieutenant Arsène,
gros bras aux méthodes d’interrogatoire musclées, le commissaire
traque l’assassin sans relâche. Après Aya, Marguerite Abouet nous en-
traîne, avec ce nouveau héros, dans une course folle dans les rues de la capitale ivoirienne
et signe un polar drôle et savoureux.
Raphaël Meyssan, Les Damnés de la Commune, 1 A la recherche de Lavalette, Delcourt, 23,95 €
Raphaël Meyssan habite dans l’immeuble où a vécu un certain Lavalette
durant la Commune, joli prétexte pour partir sur les traces de ce per-
sonnage historique, vous ne trouvez pas ? Avec cet album exceptionnel,
entièrement réalisé à partir de gravures d’époque, l’auteur nous entraîne
dans le Paris de 1871 à la rencontre de celles et ceux qui ont contribué
à l’embrasement de la capitale et nous offre des témoignages absolument bouleversants.
Davide Reviati, Crache trois fois, Ici Même, 34 €Après avoir raté leur bac, Guido et ses amis tuent l’ennui à coups de
fumette et de picole. Non loin de leur repaire vit une famille tsigane, très
mal acceptée dans le village et dont la fille Loretta fascine le petit groupe
d’ados. Un magnifique et copieux roman graphique qui évoque à la fois
le destin tragique des Tsiganes pendant la guerre et le racisme ordinaire
dont ils sont encore victimes aujourd’hui. Bouleversant !
Sylvain Venayre, Étienne Davodeau, La Balade nationale, La Découverte/ La Revue dessinée, 22 €
Jean-Louis Brunaux, Nicoby, L’Enquête gauloise, La Découverte/La Revue dessinée, 22 €
Réunir Michelet, Jeanne d’Arc, Molière, Marie Curie, Dumas
(le père) et le maréchal Pétain (dans son cercueil) pour un périple à travers la France et
son histoire, voilà l’idée un peu folle mais ô combien originale qu’ont eu Sylvain Venayre
et Étienne Davodeau pour leur Balade nationale. À l’image de ce premier volume très réussi,
toute la collection de « L’histoire dessinée de la France » associera un historien et un auteur
de BD et aura pour ambition de raconter l’histoire de France autrement.
Je u n e s s e
Mona Leu-leu, Le Grenier, Seuil, 15,50 €, à partir de 3 ansOscar décide d‘explorer le grenier de la maison à la recherche d’un trésor.
Muni de sa lampe de poche, il découvre que les objets ont une âme. Le
récit sert de prétexte au jeune lecteur qui, grâce à une petite lampe de
lumière bleue (fournie avec le livre), cherche à révéler, à son tour, tous les
objets dessinés à l’encre invisible et parsemés dans les sombres recoins
du grenier. Un petit livre qui célèbre le délicieux plaisir de découvrir grâce à de petits détails
et comblera l’inépuisable richesse de l’imaginaire enfantin. Une réussite.
Shinsaku Fujita, Le Long d’un reflet, Nobi-nobi, 13,50 €, à partir de 3 ans
Une superbe promenade au fil de l’eau. Deux enfants, en une fin d’après-
midi, longent une rivière et voient la ville se refléter dans le cours d’eau.
Un texte concis qui s’allie parfaitement à un jeu graphique sur l’effet de
miroir. Le style réaliste fait de cette illusion une vraie invitation au voyage.
Jenni Desmond, L’Ours polaire, éditions des Éléphants, 14 €, à partir de 5 ans
C’est l’histoire d’un enfant qui un jour
prend sur son étagère un livre sur les ours
blancs et se plonge dans ses pages… Ce
livre, le lecteur le tient à son tour entre les mains, Voilà un documentaire ambitieux dans
sa forme ! Des aquarelles aux teintes pastel, une mise en page originale et une écriture
tantôt narrative, tantôt descriptive, magnifient avec une grande délicatesse la beauté de
l’environnement et le retour de ce roi des glaces à l’état de nature. Un beau voyage au cœur
des contrées gelées.
Charles Fréger, Carole Saturno, Parade, Les grandes personnes, 20 €, pour tousAuteur de séries photographiques emblématiques, Charles Fréger nous offre au travers
de cet éventail multicolore, une ribambelle de portraits d’éléphantes d’Inde, parées de
leurs plus beaux atours à l’occasion de la Holi, la fête de la couleur. Au dos de ce grand
paravent, des cartes, légendes,
informations nombreuses et
précises sur les pachydermes
et leur statut si particulier. Une
invitation à voyager chatoyante
pour le plaisir de tous.
Je u n e s s e
Anne-Laure Bondoux, L’aube sera grandiose, Gallimard, 14,90 €, à partir de 13 ans
Ce soir-là, quand Nine se fait embarquer par sa mère Titania, auteure à
succès de romans policiers, pour un long périple dans leur antique Opel
Kadett, elle enrage de rater une soirée entre copains et fustige l’autorité
maternelle. Mais cette nuit-là, Titania va tout raconter, sa jeunesse désor-
donnée qui dissimule un secret de famille romanesque et terrible. On se laisse entraîner
avec émotion dans cette histoire captivante qu’Anne-Laure Bondoux nous raconte avec une
justesse et une sensibilité qu’on a plaisir à retrouver à chacun de ses romans.
Martin Blasco, La Noirceur des couleurs, L’école des loisirs, Medium, 15,50 €, à partir de 14 ans
Buenos Aires, 5 avril 1885, 5 bébés sont enlevés à leur domicile. 25 ans plus
tard, un enfant réapparaît. Ses parents contactent alors un jeune journaliste
qui, intrigué, accepte de mener l’enquête. Le retour inattendu de deux des
autres enfants kidnappés, et leurs comportements étranges vont entraîner
notre héros dans les coulisses d’une expérience scientifique diabolique. En ponctuant son
récit d’extraits du journal intime du ravisseur, l’auteur nous embarque dans un thriller
rythmé dont le dénouement est aussi surprenant qu’effrayant.
Elena Favelli, Francesca Cavallo, Histoires du soir pour filles rebelles, Les Arènes, 19,90 €, à partir de 6 ans
Le voilà enfin traduit, ce livre phénomène dans de nombreux pays. 100 his-
toires de femmes, de Frida Kahlo à Maria Callas, qui ont poursuivi leur rêve
et ont obtenu la reconnaissance de tous. Chaque histoire est écrite comme
une courte fiction et commence par « il était une fois ». Et dans chacune, un
même message : « Aux filles rebelles du monde entier : Rêvez plus grand, visez plus haut,
luttez plus fort et dans le doute, rappelez-vous : Vous avez raison ». Un album essentiel.
Herman Melville, Anton Lomaev, Moby Dick, Sarbacane, 29,90 €, à partir de 9 ans
« Appelez-moi simplement Ismaël. Il y a quelques années – ne me demandez pas
d’être plus précis – je décidai de me remettre à naviguer. » Ici commence le récit
d’Ismaël, matelot d’infortune du baleinier Pequod, sur lequel on croisera
aussi son ami Queepeg le cannibale ou bien le funeste capitaine Achab
et sa soif de vengeance. Avec des bleus azur aux cobalts sous-marins, des
blancs bouillonnants, en dessinant des visages tranchants et émaciés, Anton Lomaev offre
une lecture intemporelle et capitale de ce classique.
© Ro
ber
t D
oisn
eau
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