Martnez de la RosaMara Cristina de Borbn MendizbalMara Cristina de Borbn Espartero

4. La rgence de Marie Christine (1833-1840)

Le dclenchement de la guerre carliste rduisit considrablementles marges de manoeuvre de largente Marie-Christine qui, aprs l'chec de Cea Bermdez, fut contrainte de se plier aux exigences des modrs du libralisme et surtout des militaires (le marquis de Miraflores, les gnraux Llauder et Quesada) qui seuls taient capables de prserver le trne de sa fille. Elle fit appel au libral modr Martnez de la Rosa en janvier 1834 qui se vit confier la prparation de la runion des Corts constituantes. Le texte adopt en avril 1834, appel Statut Royal, fut pens comme un pacte permettant de procder aux rformes ncessaires et gagner la guerre contre le carlisme.

PREMIRE GUERRE CARLISTE (1833-1840)Soulvement des partisansde Don Carlos dans tout lepaysLa rgion basco-navarre fut la plus affecte. En Castille, la zone de Soria et Burgos concentra les actions les plus nombreusesTrois phases de la guerre:- la premire jusqu' l't de 1835;- la deuxime, jusqu' l'chec de l'Expedition Royale de 1837;- la dernire phase (1838-1840)Premier moment d'un vastemouvement anti-libral etanti-rvolutionnaire, capablede mobiliser et d'armer surla longue dure, du dbutdes anns 1820 la guerre civile de 1936-1939.Le carlisme est l'hritier de la pense contre-rvolutionnairequi s'tait dveloppe la faveur de la guerre d'Indpendanceet de la rsistance aux librauxsous le Triennat libralLe carlisme est un phnomne complexe de communauts menacesdans leur cohrence par les fondements individualistes de larvolution juridique librale

L'accolade de Vergara (1839)

STATUT ROYAL(1834)Charte octroye brve,incomplte et flexibleExtrmement modreSouverainet partage parle Trne et les CortsCorts avec 2 Chambres (Estamentode Prceres et Procuradores)Corts sans initiative lgislative,seulement avec droit de petitionet possibilit d'adopterles nouveaux imptsCorps lectoral trs rduit (0,15% de la population), avec Un revenu minimum pour leslecteurs (12.000 reales)La Couronne continue tre la principale institution politique,mais elle n'est plus absolueD'autres lmentsdu systme politiqueDcret de Javier deBurgos (1833)Nouvelles lois autour De la juridictionordinaire,le Tribunal Suprmeet les AudienciasNouvelle organisationagricole (depuis 1836),qui encourageles principes de libertde proprit, d'exploitation et de commerce

LA RGENCE DE MARIE-CHRISTINE (1833-1840)Recration de la milice nationalepour assurer la dfense du rgime l'chelle localeRetour partiel quelques liberts(de presse, de runion)Une part de plus en plus grandede procurateurs acceptait malla subordination du lgislatif l'xecutif et reclamait unautenthique rgime parlementaireLes soulvements urbains dests de 1835 et 1836 exprimaientla volont d'une relle rupturelibrale

Le soulvement de 1835contraignit la rgente changer le gouvernementet appeler sa tte Juanlvarez MendizbalLe soulvement urbain de 1836, l'apparition de juntes dans les plus grandes villes et la rbellion d'un groupe de sous-officiers de la garnison de La Granja contraignit la rgente proclamer le rtablissementde la constitution de 1812 et la convocation deCorts constituantes. Elle dsigna le progressisteJos Mara Calatrava la tte du gouvernement

Les soulvements urbains de 1835 et 1836 s'insrent dans une longue srie de soulvements du mme type qui ont dbut en 1808, que l'on retrouve en 1820, puis sous Isabelle II en 1840, 1843, 1854, 1868 et enfin lors de la grande rvolte cantonaliste de 1873. Dans chacun des cas, la rvolte populaire suscite la cration de juntes qui agissent comme de vritables pouvoirs autonomes de gouvernement qui arment la milice nationale, relvent les impts, nomment et rvoquent aux emplois publics. Ces juntes, composes de reprsentants des lites locales et des classes moyennes, canalisent la rvolte populaire en cartant les options les plus radicales et en tentant d'viter les dbordements rvolutionnaires violents. Sous les rgences et sous Isabelle II, l'pilogue est toujours le mme: la couronne doit cder et nommer un nouveau gouvernement cens restaurer ou garantir les acquis de la rvolution librale. l'exception de 1843, les libraux progressistes sont alors appels au pouvoir mais demandent trs rapidement la dissolution des juntes. (...)

Le terme de Parti progressiste a t forg en 1836 pour dsigner les partisans d'un progrs rapide et de rformes profondes. Il est hritier du libralisme exaltado du Triennat libral sans en constituer toutefoir un simple prolongement car les conditions politiques, sociales et le contexte idologique n'taient plus les mmes. Il ne s'agit pas d'un parti au sens moderne mais d'une mouvance dont les reprsentants sont responsables des principales lois de rupture avec l'Ancien Rgime, adoptes entre 1835 et 1837.La commission charge par les nouvelles Corts runies le 24 octobre 1837 d'adapter la constitution de Cadix est symboliquement prside par Agustn de Argelles, le grand vtran de 1812.

Source: Jordi Canal (dir.): Histoire de l'Espagne contemporaine.

CONSTITUTIONDE 1837Constitution flexibleSouverainet nationaleDivision des pouvoirstat confessionnel ettolrance religieuseCorts avec 2 Chambres:Congrs et SnatCorps lectoral qui atteint 2,2% de la populationLa Couronne partagel'initiative lgislative, sanctionneles lois et a droit de veto absolu.Elle peut dissoudre lesCorts et nommer et sparerles ministres. En ralit,on a suivi un systme de double confiance

Le texte promulgu le 18 juillet 1837 traduit tout le chemin parcouru par le constitutionnalisme libral dans un sens conservateur. Le systme n'est plus unicamral: un Snat dsign selon un mode semi-lectif sige dsormais aux cts du Congrs des dputs. Le pouvoir de la Couronne est renforc par rapport 1812: le pouvoir lgislatif n'est plus le monopole des Corts, mais est partag avec le souverain qui dispose d'un droit de veto absolu, a le pouvoir de convoquer, suspendre ou dissoudre le Congrs et dispose de la facult de nommer et rvoquer librement ses ministres. La loi lectorale accrot le corps lectoral (2,2% de la population contre 0,15% sous le Statut Royal) sans pour autant rtablir le quasi-suffrage universel de Cadix.La lgislation adopte entre 1835 et 1837 dmantle dfinitivement l'Ancien Rgime conomique et social avec la suppression des dmes, du rgime seigneurial, des juridictions cclesiastiques pour les lacs, des majorats, des monastres et des couvents masculins. La lgislation des Corts du Triennat libral en matire de vente des biens du clerg est rtablie et les achats raliss cette poque sont confirms. Enfin, la libert de la presse sans censure pralable est rtablie.() Le reflux carliste de 1838 et la victoire des modrs aux lections de 1838 et 1840 redonnrent un poids politique la rgente. Elle appuya en 1840 les projets modrs qui envisagaient de revenir sur certains acquis de 1835-1837 (la libert de presse, la suppression des dmes) et de procder une rforme municipale visant limiter l'autonomie du pouvoir local au profit de l'tat central et reduire le corps lectoral pour les lections municipales. La protestation vhmente des municipalits et de l'oppossition progressiste conduisit la rgente tenter d'obtenir l'appui du gnral Espartero devenu trs prestigieux duc de la Victoire (). Conscient de la situation de force dans laquelle il se trouvait, ce dernier conditionna son soutien au retrait du projet de loi sur les municipalits. () Marie-Christine renona la rgence le 12 octobre et s'exila en France...

Source: Jordi Canal (dir.): Histoire de l'Espagne contemporaine.

4a. La rgence d'Espartero (1840-1843)

Baldomero Espartero (1793-1879) fut probablement l'homme le plus populaire de l'Espagne du XIXe sicle. D'une origine sociale modeste (avec un pre charretier dans la Manche), il termina sa vie avec le titre de prince de Vergara et, fait exceptionnel, le rang d'altesse royale. Les victoires de la guerre carliste lui permirent d'accumuler en sept ans les titres de commandant gnral des provinces basques, de comte de Luchana, de duc de la Victoire et de Grand d'Espagne. Son action partir de 1840 a consist remettre en vigueur les mesures prises par les gouvernements progressistes de 1835-1837. Les dmes furent ainsi dfinitivement abolies. Les principales mesures nouvelles concernent la vente des biens du clerg sculier (1841) et la loi sur les douanes, qui confirme la mise en place progressive d'une politique protectionniste entame depuis le Triennat libral.

La guerre carliste transforma [les militaires] en protecteurs des droits d'Isabelle II, mais leur confra dans le mme temps un pouvoir de contrle et de pression sur les gouvernements. ()Espartero eut surtout se battre sur deux fronts: celui de l'opposition modre et celui des progressistes civils. Les premiers fomentrent trs tt des conspirations prpares le plus souvent de Paris par Marie-Christine et son entourage. Le premier qui eut lieu du 27 septembre au 7 octobre 1841 choua et dclencha un soulvement de soutien au rgent dans quelques villes, en particulier Barcelone. ()En parallle, les relations avec les progressistes se dgradaient aux Corts. Une partie de plus en plus importante des progressistes n'acceptait pas la drive autoritaire du pouvoir. Nombreux taient ceux qui s'taient opposs au printemps 1841 la rgence unique. Ils dnonaient aussi le manque d'autonomie de ministres choisis parmi ceux que l'on surnommait les ayacuchos (en rfrence la grande dfaite espagnole de 1824), c'est--dire les anciens compagnons d'armes du rgent lors des guerres d'indpendance amricaine. L'insurrection de Barcelone en novembre-dcembre 1842 enleva Espartero son soutien le plus constant: celui du peuple libral. En effet, la nouvelle de la possibilit d'un accord commercial de libre-change avec la Grande-Bretagne sur le coton dclencha l'meute dans une capitale catalane dj marque par une forte industrialisation. La rponse du rgent fut d'une grande brutalit: la ville fut bombarde le 3 dcembre, puis punie par une forte amende. Lors du premier semestre de 1843, une coalition htrogne et sans stratgie se constitua pour chasser Espartero. Selon un processus classique, des soulvements urbains donnrent lieu la constitution de juntes partir e la fin mai 1843. Aux progressistes et dmocrates, habituels insurgs, s'ajoutrent aussi des modrs ainsi que des villes conservatrices comme Burgos ou celles du Pays Basque. L'insurrection urbaine se doubla de pronunciamientos militaires dirigs par une nouvelle gnration...: Narvez, Serrano, Prim. la fin juillet, Espartero s'exila en Angleterre.Source: Jordi Canal (dir.): Histoire de l'Espagne contemporaine.

Caricature contre l'accord de libre-change avec la Grande-Bretagne (El Republicano, 1842)

Le bombardement de Barcelone (dcembre 1842)