L’AUTEURE

Enseignante, chercheuse en sciences et histoire de l’éducation, Laurence De Cock travaille sur l’histoire scolaire et sur les pédagogies alternatives. Elle a publié Sur l’enseignement de l’histoire, Libertalia, 2018.

n°13Septembre 2021

Juniors

L’Histoire en ligne pour les 10-14 answww.lhistoire.fr

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L’Histoire, 8, rue d’Aboukir, 75002 Pariscourrier@histoire.presse.fr - Tél. : 01 70 98 19 51

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© L’Histoire 2021

Adapté du dossier « Gengis Khan », Jan Bemmann, Timothy Brook, Nicola Di Cosmo, Marie Favereau, Bertrand Guillet, L’Histoire n° 483, mai 2021.

GengisKhan

Portrait Peinture sur soie de Gengis Khan, xive siècle.

2 / Gengis KhanJuniors

Gengis Khan et l’Empire mongolPar Laurence De Cock

Une aventure qui commence dans la steppe asiatique

On appelle « steppe » des paysages formés d’immenses étendues de

végétation basse presque sans arbres. Il y fait très froid en hiver et très chaud en été. Au xiie siècle la steppe orientale, correspondant à l’actuelle Mongolie, est divisée entre plusieurs peuples nomades qui sont alliés ou ennemis, comme les Mongols, les Tatars, les Kereit ou les Merkit. Ils ont leur propre langue et sont organisés en clans et lignages entre lesquels se nouent des alliances mais qui peuvent aussi être rivaux. Il y a par exemple une quarantaine de clans chez les Mongols. C’est donc dans une région très divisée que naît Gengis Khan. B

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Gengis Khan fait l’objet de nombreuses légendes. Si vous prononcez son nom auprès de l’actuel président de Chine Xi Jiping, il risque de voir rouge ! Il est le fondateur du plus grand empire du monde, l’Empire mongol, qui réussit à soumettre et diriger les Chinois il y a huit cents

ans, et le régime actuel n’aime pas qu’on le lui rappelle.

MOT CLÉ Couronnement Temüjin prend le titre de Gengis Khan en 1206. A droite, son tug, étendard de paix aux neuf queues blanches de cheval (miniature tirée de la Somme des histoires de Rashid al-Din, vers 1430).

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ClanUn ensemble de familles qui considèrent qu’elles ont un ancêtre commun.

4 / Gengis KhanJuniors

« Le souverain océanique »

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Gengis Khan est un titre royal. A sa naissance autour de 1162 dans la

vallée de l’Onon, une rivière au nord de la Mongolie, il se prénomme Temüjin. C’est à la fois le nom d’un ennemi tatar vaincu, mais ce mot signifi e aussi « forgeron », un métier très valorisé car non seulement le forgeron fabrique les armes des guerriers mais il est surtout considéré par les Mongols comme l’intermédiaire entre le monde réel et le monde divin. Des récits racontant son histoire en font un héros prédestiné à accomplir de grandes choses. L’un d’eux prétend par exemple qu’il est venu au monde en serrant dans son poing droit un caillot de sang. Temüjin fi nit par s’imposer et prendre la tête du peuple mongol grâce à ses talents militaires et diplomatiques. En 1206, après une victoire militaire décisive, il est proclamé « Gengis Khan », c’est-à-dire le puissant souverain des peuples de la steppe. C’est la fondation offi cielle de l’Empire mongol.

L’extension de l’empire Les avancées et conquêtes de Gengis Khan ne cessent plus jusqu’à sa mort. La steppe est petit à petit « mongolisée ». En 1215 Gengis Khan réussit à conquérir Pékin (ancienne Zhongdu) après un siège long et meurtrier. Désormais, la Chine du Nord est entre les mains des Mongols, dont le rayonnement commence à être immense. Cette mainmise des Mongols provoque des résistances d’autres peuples, et c’est lors d’un

soulèvement des Tangout que Gengis Khan est pris d’une forte fi èvre et meurt en 1227. Sa mort est tenue secrète plusieurs mois jusqu’à la victoire, ainsi que le lieu de sa sépulture. Ses successeurs poursuivent l’extension de l’empire vers la Chine du Sud, la Corée, la Russie, l’Iran, et l’Irak et, en Europe, jusqu’aux frontières de la Hongrie. L’empire atteint sa taille maximale en 1279 mais il est rapidement divisé en plusieurs parties et décline au XIVe siècle.

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MOT CLÉ

KhanUn titre qui désigne le chef chez certains peuples d’Asie comme les Mongols, les Tatars, ou les Turcs.

1219-1221

1211-1215

1231

1221

1221

1222

1236-1242

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1209

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1230

1217-1219

CAUCASE

KHORASSAN

TRANSOXIANE

MONTS ALTAÏ

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PLAINE DE SIBÉRIE OCCIDENTALE

TIBET

PÉNINSULED’ARABIE

PLATEAUX DE SIBÉRIE CENTRALE

BASSINDU TARIM

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DÉSERT DE GOBI

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MONTS KHANGAÏ

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Sinaï

1223 Kalka

PAMohi 1241

Zagreb 1241

Legnica 1241

JALAÏR

MERKIT

KEREIT

NAÏMAN

BOURIATES

OUÏGOURS

KARLUK

BULGARS

TÜMET

OÏRAT

KIRGHIZ

KIPTCHAK

KIPTCHAK

ALAINS

KHONGIRAD

JÜRCHEN

TATARS

ÖNGÜT

Jérusalem

Karakorum

Konya

Erzurum

Saray

Tabriz

Bagdad

Alep Maragheh

Damas

Tbilissi(1221)

Buda (1241)

Kiev (1240)

(1220) Boukhara Samarkand(1220) Kachgar

(1217)

Rayy

Ispahan

Herat(1221)

Kaboul

Ghazna

Balkh

Merv(1221)

Nishapur(1221)

Zhongdu (Pékin)(1215)

Ourguentch(1221)

Otrar(1220)

Bolgar (1236)

Le Caire

Acre

Constantinople

Chengdu

Beshbalik

Almalik

Chiraz

Kirman

TalasBalasagun

Lhassa

Kaifeng (1233)

Daming

Hangzhou

Quanzhou

Xiangyang

Soudak

Moscou(1238)

Riazan (1237)

Vladimir (1238)

Souzdal (1238)

VarnaSplit

Novgorod

Lac Balkhach

Lac Baïkal

Yangzi

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Gange

Brahmapoutre

Amour

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Mer Noire

Mer Caspienne

Mer d’Aral

Mer Méditerranée

MerBaltique

OCÉANINDIEN

OCÉANPACIFIQUE

Mer de Chineorientale

Mer de l’Est

Golfe Persique

EMPIRE SONG

ROYAUME DE HONGRIE

ROYAUME DE POLOGNE

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ABBASSIDE

SULTANAT

ROYAUMEDE DALI

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ROYAUMEDE GÉORGIE

ROYAUME DE GORYEO

EMPIRETANGOUT

EMPIRE JIN

EMPIRE

EMPIRE DU KHAREZM

PRINCIPAUTÉS RUSSES

EMPIRE DE NICÉE

EMPIRE LATIN DECONSTANTINOPLE

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Principale bbataille (victoire mongongole)Peuple conquinquis ou

é papar les Mongolseee cccooonqnqnqnqnquuuiiisssngis Khan

Étriers forgés en or et en argent du XIIe-XIVe siècle (musée d’Oulan-Bator).

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6 / Gengis KhanJuniors

Un empire nomade ?

L’Empire mongol est sans cesse en déplacement et ne dépend d’aucun centre fixe. Cela peut paraître surprenant car nous avons à l’esprit l’image d’un

empire centré sur une capitale, comme l’Empire romain. Or l’Empire mongol repose sur un tout autre modèle, un système très original de hordes . Il y en avait des dizaines sur tout le territoire, dont la horde impériale, dite « grande hord  ». Cette dernière est un campement immense, composé de milliers de personnes, qui se déplace au gré des circonstances politiques, militaires et économiques. C’est là où réside le centre politique de l’empire. C’est en quelque sorte une ville qui marche et qui impressionne tous ceux qui croisent sa route : des yourtes , du mobilier, des familles avec des femmes très actives, des animaux…

MOTS CLÉS

HordeEn Asie centrale, c’est le nom donné aux tribus nomades qui se déplacent avec toutes leurs affaires.

YourteL’habitation traditionnelle d’Asie centrale qui ressemble à une très grande tente ronde avec une ossature en bois.

Campement Nous n’avons pas de représentations des hordes à l’époque de Gengis Khan mais on imagine que cela ressemblait à ce genre de campement mongol du xviiie ou xixe siècle, avec les yourtes et les troupeaux.

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Passeport Ces laissez-passer ou passeports (paiza, gerege) étaient portés à la ceinture par les fonctionnaires impériaux. Ils permettaient d’accéder au yam.

Grâce au Yam , qu’empruntent des fonctionnaires

impériaux pour se transmettre des informations de horde à horde, le territoire de l’empire est intégralement sous contrôle.

Les Mongols ont néanmoins fondé une grande ville, Karakorum, où l’empereur prend l’habitude de séjourner un mois par an. La ville, dont le site avait été choisi par Gengis Khan lui-même, permet de montrer le pouvoir du khan et de l’Empire mongol.

MOT CLÉ

« Yam »Un système de poste qui permettait à des cavaliers de passer de relais en relais afin de diffuser des messages importants pour l’organisation de l’empire.

Tortue l’une des quatre tortues de pierre (Bixi) qui déterminaient les limites de Karakoroum, l’ancienne capitale.

?Une petite soifChez les Mongols, on adorait le lait de jument fermenté appelé l’aïrag. Excellent pour la santé, on lui attribuait des fonctions de fertilité et à

la cour du khan l’aïrag coulait à flots pour les invités de marque.