les imaginaires collectifs dans l’écrit
TRANSCRIPT
Les imaginaires collectifs
dans l’écrit
Françoise Demougin / Dipralang-Didaxis Nîmes
21 mars 2012
Quelle communication à l’écrit?
Le monde, les référents
Destinateur Destinataire
Code, Canal, Message
Connaissance de la langue
Histoire personnelle Opinions, cultures…
Raisons d’accepter ou non de communiquer
Maillage
-Référents culturels, schèmes interprétatifs donnés -Stéréotypies linguistiques et extra-
linguistiques -De l’ordre du collectif et du constructible, de l’empilement -Espaces de fictionalisation délimités (axiologie – où est le bien, où est le mal ?…- cohérence mimétique par rapport au réel…) par l’existence de modèles de réception et de
production -Imaginaires institués
Texte construit / à construire Lecteur/scripteur « construit »
Les schèmes interprétatifs communs
comme filtre du réel Le stéréotype apparaît comme un élément, parmi d’autres, des connaissances préalables qui fondent la communication. L’ensemble de ces connaissances préalables est constitué d’éléments fragmentaires d’une part, liés à l’histoire du sujet et d’éléments systématiques d’autre part liés à l’inscription du sujet dans une collectivité. Tout individu a en effet à sa disposition des schèmes d’interprétation de la réalité quotidienne, en d’autres termes des évidences qui lui permettent d’évoluer dans des situations courantes. Ce sont ces évidences qui deviennent caduques lorsque l’individu change de manière temporaire ou définitive de langue-culture. Une partie importante de ces schèmes sont des éléments sémiotiques préfabriqués, emblématisés par la communauté qui les produit et s’en nourrit. Ces schèmes interprétatifs, ce sont les stéréotypes.
Le stéréotype : définition
- Inoriginé
- Banal, dénué d’effet esthétique
- Généralisant, simplifiant
- Plus une habitude qu’une vérité
- Mais permet le principe d’économie dans la communication
- Devenu négatif dans la création littéraire au XIXème siècle
Conséquences didactiques sur l’écrit
Des invariants techniques et des invariants culturels à maîtriser
Ecrire avec quoi?
des règles (cf ludus)
Des désirs (cf paideia)
Un imaginaire constitué
De l’imagination (la « reine des facultés »)
Perspective didactique
Des connaissances préalables nécessaires pour éviter le malentendu communicationnel
Des stéréotypes autour des personnages, des genres, des logiques narratives…
Une affaire d’imaginaire
Une affaire de réinvestissement : normes et écarts.
Au cœur de cela : le
stéréotype
Un citron?
Rond et jaune…
Le stéréotype et l’élève
Conception évolutive des connaissances
Approche systémique des pratiques
sociales
Pont entre domaines cognitif et culturel
Entrées, outils et repères dans la langue
Charge culturelle des mots et résonance
Une stéréotypie de plusieurs ordres
Linguistique « rouge comme… » une comparaison « cultivée »… Et JP Chabrol ? « rouge comme un gratte-cul »
Discursif
« Il était une fois… » « Je me souviens… » Des tremplins pour l’écrit à re-questionner justement / les écritures à
contraintes revisitées
Culturel Londres pluie et brouillard Loup noir et méchant…
Stéréotypies et automatismes,
Lien langue-culture
Le loup et le labyrinthe
Le chien
Les fins imaginées
Le jardin
La fontaine
La description
Finalités et approches
Faciliter l’entrée dans la langue en apportant sécurité linguistique (lexicale et syntaxique en particulier) et culturelle (imaginaire et imagination)
Agir sur un triple niveau : linguistique, discursif et culturel
Viser une appropriation (en propre et approprié)
Du côté du lexique…Le Chien
Entre Argos et Cerbère, La Fontaine et Idéfix…
Des résonances linguistiques et culturelles
Humanité et animalisme
Une expérimentation
Le choix de la GS de maternelle
Travailler la construction / déconstruction/appropriation des stéréotypes
Travailler sur des représentations entitatives à partir de stylisations littéraires et / ou
artistiques
Autour d’un personnage (loup) et d’un mot:
labyrinthe
La classe : celle de Florence
Constant
Les élèves
Les déficits constatés
Les phases de travail
Labyrinthe : comment le sens
vient aux mots
Premières représentations Qu’est-ce qu’un labyrinthe ?
Lise : « Là où on doit prendre un bon chemin pour arriver à une surprise. Loïrys : Où on prend le bon chemin pour arriver à un autre chemin qui n’est pas un labyrinthe. Manon M. : Parfois on trouve des indices. Laurène : Un labyrinthe, ça sert de jeu aux enfants. Anaïs : les labyrinthes, c’est où il y a une grande spirale, c’est grand. Cléa : pour aller à la chasse au trésor. Manon S. : Des fois, on peut se perdre, on peut plus se retrouver. Doriane : Le labyrinthe, on prend le chemin qui mène au labyrinthe puis on arrive de nouveau sur la route qu’on a prise. Sakoura : On peut voir des chevaux, des chèvres, des chouettes, des cochons. Idir : Y’a des chevaux des poissons dans l’eau. Isabelle : On peut voir des poneys. Rappel de la maîtresse : Qu’est ce qu’un labyrinthe ? Imane : Un labyrinthe, c’est où on prend le bon chemin quand on arrive devant le magasin puis après si on n’a pas pris le bon chemin, on repart. Mélissa : y’a des tortues, des chevaux dans un labyrinthe. Maîtresse : Nous allons chacun dessiner un labyrinthe tel qu’on l’imagine. »
Les détours nécessaires (1)
La géographie
La mythologie
Thésée, Ariane et le
Minotaure
Egée
Phèdre
Athènes
Dédale, Icare
Minos
Le fil d’Ariane…
Les détours nécessaires (2)
La peinture
La sculpture 1826 Les Tuileries
Labyrinthes…
Le loup
Construction du loup méchant
Un loup rusé, menteur aussi
Des expressions : avoir une faim de loup…
Déconstruction et littérature pour la jeunesse : émergence d’un contre-stéréotype,
distanciation et contextualisation
Appropriation par la production
Œuvres lues collectivement
« Le loup et l’agneau » fable de La Fontaine
C’est moi le plus fort (Ramos)
L’anniversaire de Guillaume (Vaugelade)
L’ogre, le loup, la petite fille et le gâteau (Corentin)
Le berger qui criait « au loup » !
Le déjeuner des loups (Pennart)
Le loup est revenu (Pennart)
Le loup et les 7 chevreaux (conte)
Le petit chaperon rouge (4 versions : Perrault, Grimm, Rascal, Lavater)
Le plus féroce des loups (Poillevée et Tallec)
Les 3 petites cochonnes (Stehr)
Les 3 petits cochons
Mademoiselle Sauve qui peut (Corentin)
Petit lapin rouge (Rascal)
Pierre et le loup
Plouf (Corentin)
Tête à claques (Corentin)
Un loup sentimental (Pennart)
Une branche du Roman de Renart
Une soupe au caillou (Vaugelade)
Approche située…
Peinture / illustration photos
Des loups et des hommes
Des loups…
déconstruit En jeu « loup-garou »
Émergence du stéréotype
Méchant : il mange tout ; il est toujours affamé ; il a toujours faim
Il est noir
Il a un gros museau long, une longue queue, de gros yeux noirs, de grandes dents pointues
Il hurle HOU ! HOU !
Expression :
« avoir une faim de loup » : avoir très faim
Ecrire…à partir d’images
Les images : une petite fille faisant de la balançoire, une maison près de la forêt, un chemin, une forêt, un loup méchant, une bouteille. Elina -Ombeline -Malena -Clarisse -Thibaut (Groupe d’élèves ayant des difficultés de mémorisation et de structuration dans le temps : difficultés à raconter des histoires lues ou à remettre des images séquentielles en ordre.) Il était une fois une petite fille qui allait à sa maison. Elle prend un chemin mais elle sait pas où elle est sa maison. Elle se perd dans la forêt. Quand la petite fille a fait du bruit, le méchant loup sort de ce trou. Il avance à pas de loup après la petite fille arrive ; il le mange ; (après discussion de l’enseignante qui dit ne pas comprendre) Le loup saute il la mange. Le loup mange la petite fille
Ecrire une fin pour Le loup est revenu
Première fin
Le loup va sauter sur les animaux mais Pierre va chercher son fusil dans la maison du lapin. Les animaux vont se cacher dans la grange après avoir fermé la porte à clef. Sauf Pierre qui tire une fois et met sa balle dans le cœur du loup directement. Le loup tombe par terre lentement. Pierre est content « Youpi, youpiiiii !!! ». Pierre va chercher un gros sac poubelle, met le loup dedans puis le jette dans une grosse poubelle. Celle-ci est vidée dans un camion poubelle qui écrase le loup. Pierre va ouvrir la grange et les animaux lui disent « Tu es gentil, Pierre, d’avoir tué le grand méchant loup. Bravo, bravo ! ».
Deuxième fin
Le loup va sauter sur les animaux, Pierre et le Petit Chaperon Rouge. Il mange les petits chevreaux, le Petit Chaperon Rouge, la maman chèvre et tout le monde ce qui fait 19 personnes. Il a une faim d’ours et ils les avale tout rond en moins de deux. Ensuite il va boire et faire sa sieste. Un chasseur passe. Il voit le loup et l’entend ronfler. Il lui ouvre le ventre avec un couteau et les animaux sortent du ventre les uns après les autres, du plus grand au plus petit. Ils mettent des cailloux dans le ventre du loup et le recousent. Le loup se réveille à 16h, il a très soif et il va à la rivière. Le loup se penche mais les pierres pèsent si lourd (200kg) qu’il tombe dans l’eau raide mort !
Le jardin
Un matériau linguistique (un lexique) et culturel (un archétype) à constituer
Par les objets culturels (littérature, peintures, photographies…)
Par le réel (visites)
À restituer Par le dessin
Par les mots (centons, descriptions…)
Et à Nîmes…
Le jardin de la fontaine…
La Provence : fontaines…
Dans ces villages qui s’éteignent, il y a toujours une fontaine au charme moussu ; fontaine chuchotant son eau légère depuis des centaines d’années ; confidente des rires et des pleurs de tant de visages inclinés sur ses vasques rondes, qu’elle en garde comme un reflet... Saint Marcoux Aelys et la cabre d’or ,1956.
Les fontaines, alourdies de cruches et de bennes, secouaient des grappes grésillantes de bavardes. Giono Naissance de l’Odyssée, 1938.
Et si on demande de décrire?
Qu’est-ce qu’on attend?entre normes et variations
Une norme orthographique et grammaticale?
Une norme discursive?
Une norme culturelle?
Une singularité? Laquelle?
Comment aider l’élève?
C’est en Provence et c’est une description
Entrées
socio-culturelle
et axiologique
Entrée
narratologique
Stéréotypes culturels Stéréotypes linguistiques et discursifs
Interlectures et fictionnalisations singulières
Lire/dire/écrire produire du sens produire du symbole
Quels résultats?
Ecrire pour penser, pour soi et avec les autres, avec soi et pour les autres
Apprendre à jouer de l’imposition d’une norme
Un comportement « écrivant » différent : le scripteur « avisé » et la pensée « élargie »
Former, par le souci (care) de la langue, l’attention et le discernement de l’élève
Reconfigurer le couple linguistique-littérature et le terme « humaniste » ou « humanités »
Ecrire au cœur de la langue…
Je vous remercie de votre attention.