l'expression des formes - institut de l'information
TRANSCRIPT
f
L'expression des formes de commerce
- L'émergence du commerce moderne organisé
- Quelques caractéristiques du commerce non sédentaire
L ' é m e r g e n c e d u c o m m e r c e m o d e r n e o r g a n i s é
L a France semble être la terre d'élection des révolutions : entre la révolution politique de
1794 et la révolution sociale de 1 9 6 8 , elle connut en 1852 sa première révolution
commerciale.
Le mot n'est pas trop fort car, comme les autres, cette révolution-là consacre une rupture
définitive avec le passé, « un bouleversement - aux conséquences durables - dans les
modes d'échange socio-culturels » [Le Petit Roberfj.
Jacques du Closel dévoile l'essence de ce changement profond. Il est le fruit d'une
convergence de facteurs nouveaux, dont la composante technologique n'est pas la
moindre : industrie de masse cherchant des débouchés croissants, population urbaine
accrue, développement des transports. Le temps des grands magasins parisiens est venu,
relayé quasiment un siècle plus tard, sous la poussée des mêmes facteurs, par les
hypermarchés (1963) .
L'extraordinaire développement tous azimuts que connut la période 1 8 5 0 - 1 9 6 0 suscita
l'émergence d'un commerce organisé industriellement. L'essor de la communication écrite
(presse, prospectus et catalogues) contribua à l'utilisation de la publicité. Pour établir une
nouvelle relation avec le client, les magasins véhiculaient désormais une image. Tous les
ingrédients du marketing étaient déjà en place pour entrer dans ce siècle.
Celui-ci devait se caractériser par l'ère de la communication. Caroline Desaegher et
Bernard Siouffi évoquent tout ce que la Vente Par Correspondance lui doit. Communi
cation sociale entre la forte demande des ruraux et la localisation urbaine de l'offre, entre
la province et le « parisianisme », pour lesquels la VPC tira un trait d'union magique.
Communication électronique qui seule rendit possible le traitement des milliers de
commandes quotidiennes affluant dans les entreprises de VPC, puis acheva de transformer
ce commerce en service grâce au téléphone puis au Minitel.
L'exemple de l'Italie, détaillé par Vera Zamagni, conforte la description du processus
d'émergence du commerce organisé mais en montre aussi les limites : plus qu'un élément
social, le commerce est d'abord une composante culturelle. Le petit commerce céda plus
vite en France, pays de tradition jacobine, qu'en Italie où l'unification tardive et le
caractère latin favorisèrent sa remarquable vivacité.
Mais, ici comme là, les réponses aux défis posés par le changement de paysage furent
identiques : il fallait se regrouper pour se renforcer. L'on vit alors apparaître les magasins
à succursales multiples, créés par fusion de maisons de détail à la recherche de coûts
minimisés, ou par transformation de maisons de gros souhaitant s'adresser directement au
client final, pour la même raison... Jos Dan cet éclaire ici notre paysage quotidien de la
toujours grande actualité de ses remarques faites en 1 9 2 5 .
Dans le cadre de cette concurrence accrue, naquirent les coopératives. Jean Holler nous
montre comment cette forme ultime du partenariat entre commerçants passera progressi
vement, poussée notamment par la franchise, du groupement d'achat au groupement de
vente et de services, symbolisant ainsi la remarquable évolution du commerce en l'espace
d'un siècle.
F. Goux-Baudiment