martine gavaret service de neurophysiologie clinique ... · glande pinéale ou épiphyse. chez les...
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Physiologie du sommeil
Martine GavaretService de Neurophysiologie Clinique
Hôpital de la Timone, Marseille
Marc ReyService de Neurophysiologie Clinique
Hôpital de la Timone, Marseille
Le sommeil
Le sommeil occupe 1/3 de notre vie.
Définition comportementale:
Suspension des activités conscientes.
Définition électrophysiologique:
Ondes cérébrales spécifiques.
Le sommeil est présent chez tous les mammifères et, probablement, chez tous les
vertébrés.
Une privation prolongée de sommeil entraine la mort chez l’animal.
Sommeil lent / Sommeil paradoxal.
L’enchainement des états de sommeil est régi par différents noyaux du tronc
cérébral qui projettent largement sur le cerveau et la moelle épinière.
Certains des aspects majeurs du sommeil restent inexpliqués: A quoi sert le sommeil
paradoxal? Est‐il important de rêver? Pourquoi le sommeil repose‐t’il?
Plan ‐
Physiologie du sommeil
Pourquoi dort‐on ?
Organisation d’une nuit de sommeil et comment l’enregistrer
Rythme circadien
Structures et mécanismes cellulaires veille et sommeil
Quelques pathologies du sommeil
Pourquoi dort‐on ?
La plupart des adultes ont besoin de 7 à 8h
de sommeil.Les nourrissons ont besoin de 17h de
sommeil ou plus.
Les adolescents: 9h en moyenne.
Pour les personnes âgées:
‐
le temps de sommeil nocturne diminue
‐
les éveils nocturnes sont plus longs et plus
fréquents
‐
les sujets se couchent plus tôt et se lèvent
plus tôt.
Sommeil lent / Sommeil paradoxal
Sommeil lent:Il est difficile de réveiller le dormeurLe sommeil est le plus profondEEG: ondes lentesEMG: quelques mouvements du corpsEOG: mouvements lents des yeuxRespiration lente et régulière
Sommeil paradoxal:EEG: rapide, proche de celui de la veilleEMG: pas de mouvement du corps, quelques mouvements fins du visageEOG: mouvements rapides des yeuxRespiration irrégulièreRéveillé, le dormeur rapporte généralement un rêve, riche sur le plan visuel, précis,chargé
émotionnellement.
EEG: électroencéphalogrammeEMG: électromyogrammeEOG: électro‐oculogramme
Pourquoi dort‐on ?
Maturation du sommeil chez l’enfant:
Organisation peu à peu des nuits de sommeil.
Les nourrissons s’endorment de façon physiologique en sommeil paradoxal
(pathologique chez l’adulte, narcolepsie)
Le besoin de sommeil dépend de votre typologie
Typologie selon la durée:
court dormeur (TST< 6h30, 10% des adultes)
long dormeur
(TST > 9h, 15% des adultes).
Typologie selon l’heure du coucher:
sujet du matin ou «couche tôt»
(avant 22h)
sujet du soir ou «couche tard»
(après minuit).
Cette typologie est en partie génétiquement
déterminée, en partie fonction de l’âge:
‐
les adolescents sont plus «du soir»
que les sujets du 3ème âge,
‐
les enfants dorment plus que les adultes.
TST: Temps de sommeil total.
Les fonctions du sommeil
Retentissement du sommeil sur le corps:
‐
la privation aigue de sommeil modifie peu les performances physiques
‐
la privation chronique de sommeil prédispose à
l’obésité
Retentissement du sommeil sur le fonctionnement cérébral
‐
le manque de sommeil s’accompagne de troubles de la mémoire et de
réduction des performances cognitives.
‐
la privation de sommeil prolongée entraine sautes d’humeur et hallucinations.
Le sommeil est indispensable pour bien retenir les apprentissages de la journée….
Les 3 états de vigilance chez les mammifères
La Veille:
EEG rapide
Interaction forte
Le Sommeil Lent:
EEG lent
Interaction faible
Le Sommeil Paradoxal:
EEG rapide
Interaction faible
La mesure du sommeil chez l’hommeElle repose sur l’analyse de différents signaux:
1/ L’activité
électrique du cerveau (EEG: Electroencéphalogramme)
2/ L’activité
des muscles de la face, menton +/‐
jambes (EMG: Electromyogramme)
3/ L’activité
des globes oculaires (EOG: Electro‐oculogramme)
4/ Le rythme respiratoire, la SaO2
5/ L’ECG
Système 10‐10, American EEG society
Système 10‐20. Jasper, 1958.
Electroencéphalogramme (EEG)
Définition: Enregistrement des variations de
potentiels électriques cérébraux depuis la
surface du scalp.
‐ électrodes positionnées sur le scalp‐ une référence‐
montages monopolaire / bipolaire.
Différences de potentiels de quelques
microvolts (V).
EEG,
256 électrodes.
EEG
Activités électriques cérébrales spontanées
Classification Fréquence Niveau de vigilance
Rythme < 3 Hz sommeil profond stades 3 et 4
Rythme 4‐7 Hz somnolence, sommeil stades 1 et 2
Rythme 8‐12 Hz éveillé, calme, yeux fermés
Rythme 13‐30 Hz vigilant, yeux ouverts
Rythme 30‐120 Hz
1 sec
Activité
de fond postérieure de type alpha, réagissante à
l’ouverture/fermeture des yeux
FY
EEG
Activités électriques cérébrales spontanées en fonction de l’âge
Tracé
EEG d’un nouveau‐néprématuré
âgé
de 28 SA.bouffée d’activité
électrique sur un
tracé
très discontinu.
1 sec
Tracé
EEG d’un enfant
de 18 mois.Tracé
EEG d’un adulte.
EEG
Activités électriques cérébrales spontanées en fonction de la vigilance
Critères de Rechtschaffen et Kales, 1968:
Veille calme: rythme
postérieur réagissant à l’ouverture des yeux
Sommeil lent stade 1:morcellement de l’, +/- pointes vertex
Sommeil lent stade 2:fuseaux de sommeil, K complexesondes
diffuses
Sommeil lent stades 3 & 4:activité
diffuse
Sommeil paradoxal:activité électrique cérébrale de bas voltageMouvements des yeux / irrégularité respiratoire
INa Ik ICa
D’après Stériade, 1988 & 2006
RE: noyau reticulaire thalamiqueTC: thalamo-corticalCx: cellules pyramidales du cortex
Générateurs des fuseaux de sommeil: les noyaux réticulaires thalamiques
Le besoin de sommeil
Le besoin de dormir
dépend de l’heure de la journée et de la durée de la veille préalable.
Le rythme circadien
Le sommeil de l’homme revient
avec une périodicité
circadienne.
Pour synchroniser les processus
physiologiques avec
l’alternance obscurité‐lumière,
l’horloge biologique doit
détecter l’intensité
lumineuse.
Photorécepteurs rétiniens.
Faisceau rétino‐hypothalamique
Noyau supra‐chiasmatique (NSC) de l’hypothalamus antérieur.
Noyau para‐ventriculaire (NPV) de l’hypothalamus
Projection sur la moelle
Projection sur la glande pinéale (épiphyse) qui synthétise la mélatonine (hormone
favorisant le sommeil).
Le cycle circadien veille‐sommeil
Glande pinéale ou épiphyse.
Chez les personnes âgées, l’épiphyse produit moins de mélatonine, ce qui explique
peut‐être pourquoi elles dorment moins et ont davantage d’insomnies.
Le noyau supra‐chiasmatique (NSC) de l’hypothalamus est considéré
comme l’horloge
maîtresse et gouverne différentes fonctions synchronisées avec le rythme veille‐
sommeil:
La température corporelle
La sécrétion d’hormones
(cortisol, hormone de
croissance ou GH)
La pression artérielle
La diurèse
Le sommeil lent
Le cortex est désactivé. Il existe une modification des relations thalamo-corticales responsables de l’apparition des fuseaux et des ondes lentes.
Le sommeil paradoxal
‐
Augmentation de la pression artérielle
‐
Augmentation de la fréquence cardiaque
‐
Mouvements oculaires rapides
‐
Constriction des pupilles
‐
EEG: rapide, proche de la veille
‐
Paralysie des muscles massifs
‐
Tressaillements de petits muscles (doigts, visage..)
‐
Erection du pénis
‐
Rêves, hallucinations visuelles, émotions
Le sommeil paradoxal
La paralysie du sommeil paradoxal est due à
l‘augmentation d’activité
de
neurones GABAergiques de la formation réticulaire pontique qui projettent sur
des neurones inhibiteurs se projetant sur les motoneurones spinaux.
Les sujets réveillés pendant le sommeil paradoxal rapportent des rêves détaillés,nets, imagés et chargés d’émotion.
Les sujets réveillés en sommeil lent donnent beaucoup moins souvent des récits derêves et lorsqu’il y en a, ils sont flous, moins réalistes et avec peu de contenuémotionnel.
Sommeil et rêves
Noyaux du tronc
cérébralNeurotransmetteurs VEILLE SOMMEIL
LENTSOMMEIL
PARADOXAL
Noyaux
cholinergiques de
la jonction ponto‐
mésencéphalique
Acétylcholine Actifs Inactifs Actifs
Locus coeruleus Noradrénaline Actifs Inactifs Actifs
Noyaux du raphé Sérotonine Actifs Inactifs Inactifs
Noyaux
tubéromamillairesOrexine
(hypocrétine)Actifs ‐‐‐ ‐‐‐
Quelques pathologies du sommeil
Insomnies: Incapacité
de dormir assez longtemps pour se sentir reposé. Plus
fréquent chez les personnes âgées. Pathologie fréquente +++ consommation de
benzodiazépines en France….
Apnées du sommeil: arrêts de la respiration au cours du sommeil, affaissement des
voies respiratoires favorisés par le surpoids, peu de sommeil lent profond,
hypersomnolence diurne. Pathologie fréquente +++
Paralysies du sommeil: réveil mais persistance de la paralysie musculaire du sommeil
paradoxal. Bénin mais angoissant.
Parasomnies: somnambulisme, terreurs nocturnes…
surtout chez l’enfant.
Narcolepsie: pathologie rare. Accès de sommeil paradoxal, hypersomnolence
diurne. Passage brutal de la veille au sommeil paradoxal. Attaques de cataplexie.
Sd des jambes sans repos: mouvements périodiques des jambes dans la journée et
la nuit, responsables d’un sommeil haché.
Conclusion Physiologie du sommeil
La succession du sommeil lent et du sommeil paradoxal est régie par l’activité
de structures du tronc cérébral:
‐
Noyaux de la jonction ponto‐mésencéphalique‐
Locus coeruléus‐
Noyaux du raphé‐
Noyau tubéro‐mamillaire
Sous l’influence de l’horloge circadienne du noyau supra‐chiasmatique et du noyau
POVL (pré‐optique ventrolatéral) de l’hypothalamus.
Tous les animaux possèdent un cycle réparateur de repos faisant suite à
l’activitémais ce n’est que chez les mammifères que cette période de repos est divisée en
phases distinctes de sommeil lent et de sommeil paradoxal.On ignore pourquoi les mammifères ont besoin d’une phase de récupérationcomportant suspension des activités conscientes, réduction du métabolisme, abaissement de la température corporelle.