olivier demazet le temps d'un parcours
DESCRIPTION
Poésie agréable et divertissante composée de poièces courtes -TRANSCRIPT
De cette édition
il a été tiré
20 exemplaires
numérotés de 1 à 20
représentant l’édition originale
Olivier DEMAZET
Le Temps d’un Parcours
POÈMES
Montauriol - Poésie
Tous droits de traduction, reproduction, adaptation, réservés pour tous pays.
© Olivier Demazet. Montauriol Poésie, la Revue des Partisans d’Art.
A Mathilde, à Sylvie, Jérôme,à tous mes amis,
à tous ceux que j’aime.
« Le poème est un mystèredont le lecteur doit chercher la clé »
(MALLARMÉ)
« La poésie, génétiquement modifi catrice de l’espèce, conscience inouïe, est levier qui arrache l’homme de l’état de primate ».
HENRY CLAIRVAUX
7
Du même auteurFoi d’animal : Millas-Martin – Paris 1978Histoire de dire : Aquitaine-Expansion. Bordeaux 1982Silhouettes : Michel Fricker – Saint Estève 1984Préface de Gilbert PatoutNatures vives : Michel Fricker 1985Préface de Jean DarwellL’Enfance de l’Art : La Nouvelle Pléiade 1987Préface de Vital HeurtebizeLa Vie de poème : Michel Fricker 1988Préface de Jacqueline DelpyL’Amour de Vous : La Nouvelle Pléiade 1990Préface de Vital HeurtebizeLes Voisins du Ciel : Montauriol-Poésie 1992 et 2006Préface de Jean-Jacques HetzelNuméro spécial 13 : Montauriol-Poésie 1993L’Eclair de la Nuit : COREP-Bordeaux 1993Le Glaneur des regards : Montauriol-Poésie 1993Eclats de Rimes I : Montauriol-Poésie 1996 + II + IIIFlorilège des Poètes de Montauriol. Préface O. DemazetDentelle sylvestre : SASSEC Montauban 1996A Mains nues : Montauriol-Poésie 1997Florilège personnel. Préface de Claude Sicard (ouvrage de référence)Tarn-en-Poésie 2007 n° 69 : Montauriol-Poésie relatif à Vénus Khoury-Ghata (C.R. Olivier et Mathilde Demazet)« 36 Voces francesas par una antologia poética contemporanea » - (Ed. Ficciones – Granada – Librairie Caractères-Paris). Participation d’O. Demazet 2008
Retour à la source - Kristina MINDSZENTI
11
Note de l’auteurParfois, la beauté mystérieuse et attirante
d’un poème peine à se découvrir : elle s’avère incompréhensible. Hermétisme décourageant, semble-t-il, au premier abord.
L’ambiguïté volontaire, étudiée, relève de la mentalité artistique du poète : celui-ci exige de la part des mots une richesse profonde, élevée, une réelle musicalité relationnelle, mais surtout, une signifi cation, une intention. Il s’agit d’une véritable gymnastique verbale. On aperçoit ici l’ombre de Mallarmé, René Char.
Le texte se révèle seulement après plusieurs degrés de lecture, le plus souvent, il fi nit toujours par communiquer avec les inventions, les prouesses verbales, en nous laissant toute liberté d’interprétation. L’imaginaire du lecteur s’approprie ou non l’imaginaire de l’auteur. La beauté de l’œuvre se dégage en toute grâce ou en toute puissance du faste sémantique. Elle accompagne la compréhension intellectuelle. C’est une esthétique, une esthétique parmi d’autres.
O. D.
13
Ta poésie
Les gens aimerontta poésiele jour oùtes poèmesse dénuderontdevant la femmeque tu aimes.
Les gens aimerontta poésiele jour oùla femmeque tu aimesse dénuderadevant tes poèmes.
14
Sans mémoire
Beauté champêtredouce agressived’une baladeà rêve d’amour.
Dans le ciel noirbrille l’étoiledu temps perduMiroir sans mémoire.
15
Les prunelles
Les prunellesde tes yeuxse pâmentsur des feuillesde neigeElles tiennentpar la maindes phrasesen grappesinscrites surle mortierde la glacepour annoncerle glissementde tes caresseset l’implosiondes baisers-feux
16
Pour
Jeunessequi mèneune vie d’amouravec des motspour la direet des motospour mourirJeunessequi mèneune vie de mort
17
Les ressacs
Les ressacs barbarestsunamis du destindéchireraient-ils l’insomnied’un bonheur embruméjusqu’aux encabluresd’éternité ?
En écho, lugubres,par brassées offensives,glapissent les ricanements
Absence de quiétude planétaire.
Les voilures de l’espritdécident l’escalefragmentent les heuresvers midi vers minuit
18
L’œil
Aux Etats-Unisles gratte-cielme grattent l’œil
Dans ma plaine unieles champs du cielme fl attent l’œil
19
Mon antre
Entre dans mon antredis-toi bienje t’accueille
C’est ici queje lisj’écrisje vis
Si tu reviens dansmon antredis-toi bience n’est qu’un seuil
20
Lumière
Une douce lumièreparfume la musique
Transcendancede l’espace et du temps
Eternel mystérieux...merveilles des étoiles
21
Assez !
Assez ! Assez !Rompre une vieille amitié :seul geste qui fait pitié.L’ami présumé révèlela venue d’un haine-ami.Pauvre monde brise-tout,impossible asile fou...
Cessez ! Cessez !
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Vacances
Où donc passer les vacances ?
Bercy-Joli sur fi nances ?
On y danse tout en ronds,
à l’orchestre des Barons.
Les chants du Palais Grognard
au Théâtre des Avares ?
Où est l’Art ? Chambord ? Venise ?
L’esprit est-il marchandise ?
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Le chêne
Sous les coupuresdes tronçonneuses,le chêne émit juste
un craquementde douleur.Dignement,il s’écroula...
d’un bruissement sourdde branches encore feuillues.
Il y eut un vide :le deuil forestier.
24
Nervis
Des nervis outrancierséructent leur vésanie
par cascades hystériques.
Un vœu ? Phagocyterles momies égrotantes
en pleine agonie...
Dans la galaxie des marasmes,piètre noyade des rosaces axiales !
Les noctuelles constellaires nimberaient-elles les sommets
de nos villes exacerbées ?
25
Dégusté
J’ai dégustéune tarteaux raisinsde Corinthe.
J’ai dégustéune farceaux raisonsqui m’éreintent.
26
Un soleil
27
Dernier cri
Nombreux crève-la-faim,
peinés, se rassemblèrent
devant les préfectures
se mirent à crier :
« Famines, je vous hais ! »... *
Ce fut leur dernier cri.
*cf : « Familles, je vous hais » (André Gide)
28
Anniversaire
Bon anniversaire d’hiver en Avril.
Bon vent ma fi lleen vacances sylvestres.
Esquive à ski les aspérités des pentes,
comme on déroute sur les routes
les dingueries droguées du volant.
Aime toujours les droits cheminsde la vie joueuse,
les enfantines heures,
parmi les arômes des montagnes roses,
les neiges d’amour
qui éclairent nos jours.
29
Kumamoto*
Au pays de la moto
vers Kumamoto
un Japonais eut
un accident de moto.
Plein le cul de ma moto !
crie le Japonais
de Kumamoto
au pays de la moto.
*Ville du Japon
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Prises de sang
Guerre assassine tu te nourris de prises de sang qui rougeoient champs d’honneur et chants de mort : Stalines orgues !
Toi Médecine tu te nourris de prises de sang qui festoient champs d’honneur et meilleur sort Splendides orgues !
31
Artifi cielle démence
Englouti sous les vagues ventruesl’horizon étouffe-t-il les helvelles
incandescentescrachées par la volcance marine ?
Des épines solaires dardentleurs fl èches sanguinaires,
fantômes coralliens assassinés
Oursins des ombres infi ltrés,dans le ventr’ouvert
d’une souffrance vieillieArtifi cielle démence !
Raidillon clouté d’aspérités,douze colonnes
d’un temple sismifi és’écroulent.
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à Elise
Le clairon
Clic clac
La cliquedonna
une claqueau clairon
Clic clac
Le claironreprit sa clique
et sa claque
Clic clac
Il montrasa claqueau clodo.
33
Peut-on...
Peut-on restervautrés
dans nos hamacsles bras croisésles yeux fermésle cœur absent ?
Devant des montagnesde cris
des océans de larmesdes pics de souffrance ?
Peut-on rester vautrés ?
34
Un noviceBelle dame allongée sur le fl anc, toute nue, toute prête. Odalisque frémissante.
Un jeune garçon, agenouillé contre le lit, vibre au son du corps ce soir au fond de soi.
Emerveillement éberlué, jouissance murmurée, communion avec la brillance des yeux, le torrent blond de la chevelure, les courbes ondoyantes, la peau veloutée de sa chère égérie.
Le louveteau fermente, bout, bouillonne, brouillonne, embrasse, caresse, s’embrase. Tout à coup, c’est la ruée vers Laure.
Florentin tête les seins pointus, pétrit deux pommes qui se cambrent. Bouche à bouche affolés. Pluie de baisers sur tout ce corps offert. Accalmie parfumée avant le paroxysme de la tempête...
Fin du préambule... L’enfant de cœur* entre au « duostère » d’amour. La femme éduque, mitonne son novice.
* sens voulu
35
Désert
Sécheresse du Sudau Maroc/sur/Désert
Sources effi lochéesFleuve au fond calciné
Cigognes disparuesTêtes-tiges roussies
Oliveraies périesDattiers rendant leur âme
Céréales imberbesL’Homme s’est évanoui
dans la morne naturede la planète rase.
36
Ils ont vécu
– Non, tu ne sais pas si les extraterrestres ont vécu pas de preuves dans notre atmosphère
– Mais on sait papa que les intraterrestres ont vécu bien des preuves dans les cimetières
37
SangSangSangSang
Les hommes ces hommes les femmes ces femmes les enfants, ces enfants tous sacrés massacrés
par des gnomesdes sans âmeguet-apensdu secret
Ces sous-hommestas de squasmesfous de sangéchancrés
38
Les hurons
Une huronneendimanchéeen huronned’un seul coupsuccomba
pour son hurontrès emmanchégai luron...Un seul coup !Quel sabbat !
39
Interrogation
Cette interrogation :
« A quoi donc sert la vie ? »
s’écrie-t-il
Il se pend.
La question
reste seule
en suspens...
40
« Ils vous laisseront disparaître dans l’éternité de l’oubli sur soi refermée ». HENRY CLAIRVAUX
Renom
Poètes sans renom,que restera-t-il donc
de vos mondes-silences ?
Dialogues secretsvers les êtres vivants :messages d’univers
interrogations simplessur la marche du temps,
humanité d’amour,cordialité d’un mot,
vos choix des métaphores,les musiques de l’âme...
Poètes sans renom,que restera-t-il doncde vos poèmes-vies ?
41
La jolie jeune fi lle
La jolie jeune fi lle
aime bien
les gratouilles
sur son corps-papillon.
La jolie jeune fi lleaime bien
les chatouillessur son corps-carillon.
42
Sans travail
Toujours sans travail ! N’empêche !
Je mange au Resto du Cœur,
dors à l’Armée du Salut
et me soigne à la Croix-Rouge.
Toujours sans travail ! N’empêche !
J’éprouve un grand mal au cœur,
ne crois plus en mon salut,
en portant toujours ma croix.
43
Les truands
Les truands de l’horreurpillent, torturent, assassinent.
Les Pionces-Pilatesbottent en touche.
Les Princes-Piratesdes tribus barbares
tirent au butet marquent des points.
Leurs cris hachent la vie.
44
Nil
Assise sur un banc,une belle inconnue
penchéesur le Nil quintescent,
y découvritdes siècles d’énigmes
riches du parfumdes âmes...
cette jeune énamouréerêverait-elle déjà
d’une vie plus libertaire ?
45
Chance
– Je n’ai pas de chance.
– La chance, ça se fabrique.
– Il n’y a plus d’usines.
– Crée une usine.
46
Le roi des bons
Voici le roi des bons
qui dépense sa vie
faisant toujours le don
de sa pauvre survie
pour la bande d’ingrats
sur la planète bleue
où l’emprise des rats
ronge les gens de peu.
47
Taulard
Il croqua
bien des dollars
Il claqua
pauvre taulard
48
Tout un monde
Tout un monde !
Si le singe fait des singeries, il est singe.
Le chat s’amuse à des chatteries, il est chat.
Le chien déteste sa vie de chien, il est chien.
L’enfant commet des enfantillages, c’est l’enfant.
Si l’homme occulte l’humanité, est-il homme ?
Tout un monde !
49
J’écris
Dès la piquette du jour, il pleut sur Arcachon !Le Bassin se noie dans l’Aquitaine en pleurs.Ma nostalgie se cogne à l’Océan fou.J’écris... j’écris lettres ou poèmesà tous ceux que j’aime, même s’ils me délaissent.Leur silence craque sur mes tempes ombrageuses.Me répondront-ils ? Les reverrai-je ?
Idiotie de l’inertie, Incohérence des vacances.
50
Le poémeur
Le poémeurque rien n’arrête
comptait les piedsde ses poèmes.
Il se méfi aitd’écrire même
des vers moulustout dissolus.
Il se cassaun jour le pied...
et il pensaen vers boiteux.
51
Secrets
Dans l’univers de la nuit,parmi les désirs secrets
du nouveau palais des songes,fuse la lumière-amour.
Indicibles paroles banniesde la chambre éphèbe !
Temps fi xé sur baromètredes amours hypertoniques...
52
Mourir
Mourir pour la patrie :
opinion fort louable.
Mais si nous mourons tous,
qui donc la défendra ?
Aucun danger sans doute.
Notre mère-patrie
reste l’humanité.
53
En douce
Tu fais l’amour en douceavec la fi lle rousse.
Tu prends la fi lle noirepour l’amour d’un beau soir.
Tu gardes la plus blondepour l’aimer hors du monde.
Méfi e-toi de tes verves,du destin qu’elles réservent.
Souviens-toi des maldonnes,mortes feuilles d’automne
car le vent divergentchasse les Don Juan.
Amour bien trop sérieuxpour tout fol injurieux !
54
« A l’œuvre, on connaît l’artisan »(La Fontaine)
Sculptures
Expositionde sculptures
dites modernestout récemmentà Port-Flambant
Mascaradesde nos mandarins.
Exhibitionde bavures
dites badernesFemez le ban !
Art mort-vivant !Incartades
au contemporain.
55
Prière à qui de droit
Notre Père des Hauts Lieux,que ton Nom soit respecté,
que ta Volonté soit nettesur la Terre plus qu’au Ciel.
Donne-nous aujourd’huinos travaux quotidiens.Epargne nos souffrancescomme nous oublieronsle mépris des Puissants.
Ne nous laisse pas succomberdans la dépression.
Mais délivre-nous du fatal.Qu’il en soit ainsi.
56
Défaite des crabes
Métastasépar les multiples pinces
des crabesil en tomba tout médusé.
Il dut quitterce monde cruel
de requinsvieux loups de mer
engloutisseurs de murèneset de poissons-scies.
Trouvera-t-il son salutdans la paix
des oliveraiesoù se plaisent les colombes ?
57
Dégustation
Œil séduit par la roberouge intense rubiséede la bouteille généreuse
Nez fi n différenciédominé par les parfumscassis et groseilleSubtiles nuances d’épicesPetite musique fl orale
Bouche toute rondeharmonisée de soieà force de tanins
Toujours ces arômesde fruits vermeilsCes douces mélodiesde fl ûtes sous-boiséesNotes fi nales allongéesinsistantes intemporelles
58
Middlesex
J’en ai marre
pensa
le jouvenceau :
les femmes se libèrent,
les hommes délibèrent...
Je fous le camp
loin des cancans
des cache-sexe
du Middlesex.
59
Rendez-vous
Il avait pris rendez-vous,
s’était mis au garde-à-vous.
On lui dit « Eh ! Gare à vous » !
Il passa le garde-fou
pour l’ultime rendez-vous.
60
à Mathilde
Madrigal
Sachez-le bien Madame je dévore vos fl ammes Sachez-le bien mon cœur je résorbe ma peur Je vous aime Ravie car vous êtes ma vie.
61
Mai
Mai
40
58
68
81
88
mai
Joli
moi
s d
e m
aiJoli
mois d
e muguet
62
La rage
La rage de vivre la joie de vivre
Rencontrer le malheur un soir au coin d’un bois d’une rue d’une route
Rencontrer le malheur un jour au coin d’une vague d’une piste d’une tombe.
Rencontrer le malheur la rage au cœur la mort de vivre
63
Bronzé
– Vous êtes bronzé
comme un bonze
– Non, c’est la grâce
de la crasse
64
« Il faut des couleurs dans l’âme pour que l’enfance trouve à boire ».
HENRY CLAIRVAUX
Rompre
Rompre avec un enfant
d’amour et d’adoption
n’est pas du tout injuste
mais simplement indigne.
65
Génialité
La génialité
des poétisants
des écrivants
des parangons
s’ingénie
à bagosser
dans une langue
marâtre
sans génie
66
L’inertie
Pissenlits bleuset chiendent rouge
entrecroisésen plaine Sauvignonne
glissent leur dernière caressesur les vanités oniriques :
grâce artésiennede mort eunuque
La lune exagère l’inertie
67
Se taire
Un jour, l’âne Martinse prit pour Saint-Martin.
Il voulut partager ses idées :il faut bien s’entr’aîder.
Sans longtemps méditer,il se fi t éditer.
à mécompte d’auteursans trouver de lecteurs.
Ah ! Comme il coûte cherde ne savoir se taire !
68
Les tirs
Il pratiquearquebusetir à l’arc
et ball-trap
pour saisirune image
de sa marque
Prend pour ciblesdes personnes
bien visées
Mais il ratetous ses coups
Il ne tueque des rats.
69
Sujet
Dans sa vie militairele jeune homme
fut nomméaspirant
Sujet inspirant...
Dans sa vie civilele jeune homme
fut nommérespirant
Sujet transpirant...
Mais dans sa vie guerrièrele jeune homme
fut nomméexpirant
Sujet soupirant...
70
†u meurs
†u meurs
†umeur !
†u sors
†umeur ?
Si †u meurs
†umeur,
c’est la vie
à demeure,
Vive la vie !
Vive ta mort !
†umeur !
71
Résistez !
« Résistez !
Peu pliez,
peupliers ! »
Telle est la devise
du peuple
peuplier
contre la peopolisation
des vents et marées.
72
Faux
Les faux semblants cils seins
Les faux culs frères jetons
faussent les jeux de l’amour et du hasard.
73
Noirceur
Le soleil dit à la lune :« Si l’on faisait l’amouren plein soleil au clair de lune ?
Mettons-nous l’eau à la bouche, lovons-nous en boule de neige.On rayonnerait en vivant sur un nuage.On dirait : « après la pluie le beau temps ».
Des enfants-étoiles verraient le jour.Ils danseraient sur la voie lactée, fi leraient vers la Terre comme des météores.
Ils feraient de la Planète Humaine l’astre du quotidien ».
Le Soleil et la Lune s’aimeraientpour redonner vie au globe, qui se meurt de la noirceur des jours.
74
Alliés
Le ferronnier ? il portait un fer au cou un fer au pied, coup de pied, quelque part. Le prisonnier lui refaisait des pieds de niais, trois pieds de nez. Bref, le géôlier s’affole à lier.
Mais Le ferronnier, le prisonner, le géôlier, fumiste allié,
riaient et riaientsans bourse délier.
75
Fixe !
Fixe !
Elle souffre Il souffre
d’obsessions d’omissions
- idées fi xes - - pignon fi xe -
de songer de ronger
à l’amour son amour
Fixe !
76
Les éclats du ciel
Les éclats du ciel dévêtuappellent à contre-coupsnos soirs secrets de délivrance
Les bégonias du déserts’acharnent avec violencesur nos indifférences gavées
L’humilité de la rumeur acideassèche les grimoires d’acier
Une fl amme bigarréeécrase nos enfances débridées
La source amère de nos étoilessécrète la magie décharnéeen ce jour poignardé.
77
Les mains
78
Proche
Quelle anicroche !De proche en procheelle est approche-cœur
accroche-cœur.
Quelle anicroche !De proche en procheil est reproche-cœur
décroche-cœur.
79
Blanc cassé
Le bleu-roi du ciel et le bleu-marine
investissentle blanc-neige
mais ils n’obtiendront que du blanc-cassé
80
Lard
Avec des dollarsil fait
du lard.
Avec du lardil fait
de l’art.
81
au pointmort
A toujours prendre
A point
A toujours appuyer
les chemins
sur le champignon
il est arrivé
v
énéneux
82
Aurore
Le poète se fourvoiedans l’aurore des crocusdès l’entaille de l’étépour cueillir des papillonsaux ailes de vitrail
Dans le gable du ruisseaule poète translucideeffl eure ses espérancespour l’avenir compressible...Lividité néodyme
83
Le Japon
comme un poupon
comme une mère
très grognon
en pléthore
Notre terre a tremblé
comme la mort
en colère
Notre sort a tremblé
Le Japon a tremblé
84
à Mathilde
Musique
Symphonie envoûtante : Violence des tempêtes, Mugissements, rafales.
Elans des vagues folles, sur rochers résignés Obscurité du ciel.
Cris d’oiseaux terrifi és. Secousses effrayantes d’arbres abasourdis.
Insistance ambiguë des éléments sauvages, bonheur dans l’accalmie.
Enfi n... la maison sûre... Revient la symphonie sur la rive enchantée.
85
Laissés pour compte
Laissés pour compteces crève-la faimces crève de froid
vivent en crisede légitime dépense
Laissés pour compte Laissés pour compteces crève-la fringue ces crève-boulotces crève-l’auto ces crève-la fêtevivent en crise vivent en crisede légitime défense de légitime défi ance
Laissés pour compteces crève-l’amources crève-l’espoirvivent en crise,
de légitime démence
86
Hommage à Georges Piou, poète
Piou !
Piou !Petit oiseau
revient me voirtous les matins.
Piou !
Piou !Il reprend son envolà la tombée du jour.
Il picore et picoreses quelques vers de ciel
aux granulés d’étoilesPiou !
Piou !Mais je le reconnais
C’est Rouge-Georges !Chacun sait même
qu’il rend visiteaux amis, tous les oiseaux-poètes,
Piou !
87
La nappe
La nappe étendue grise
de la table du ciel
s’est trouée sur nos têtes
en déversant ses fl ots
de mil arrosoirs d’eau.
88
Des vautours
Des vautours gloutonsà tête de sang
dansent un vaudouavant de s’abattre
sur les ortolans
Des songes courtisansfl ânent parmi la pluie
et le soleil fi gévers l’abri du dolmen
ironiste lambin
89
Une bête
Elle n’est jamais contente Il faut qu’elle tourmente un tas de braves gens bien trop intelligents pour tout son boniment qui blesse énormément C’est une bête à prendre au piège qu’il faut tendre.
90
Lire
Tu devrais lire
l’Evangile
c’est capital.
J’ai lu
le Capital
c’est mon Evangile.
91
Excursion
Belle Auvergne du Nordtapissée de prairies
vieux pays de jeunesse.
Des rebords escarpésapparaissent les Causses
pâlis de sécheresse.
Des sources en fi letsdégoulinent des gorgespour grossir en torrents.
Montagnes cévenolessecrètes surprenantes
par une douceur feinte.
Paix opulente enfi ndu visage albigeois
imprégné de cathares.
92
Notre univers
Demain doit-il revenir ? Notre univers vit-il d’infinitude ? S’étale-t-il entre l’alpha et l’oméga ?
Des réponses obscures descendent des étoiles : des bruits détestables, des remue-ménage freinent les mouvements célestes.
On se demande si l’incendie des mystères enfouis, de l’amour de l’humanité ne s’enfonceront davantage dans les galaxies pour se ponctuer en une fi n sacrifi cielle.
L’impératrice nuit poursuit sa durée superfi cielle. L’endormissement des hommes hallucine ses bienfaits et plonge chacun dans une sédation miraculeuse.Demain se stabilise sur aujourd’hui qui retient hier, ...
93
A Clément
Après-demain
Le pépé fi t la biseau bébé pour lui dire
« Mon tout petit bonhommeje suis un très vieil homme
ma calvitie qui crânen’est pas venue d’hier
Toi, tu nais au présent ;jubile, bilboquet !
bien courte est notre vie...
Dépêchons-nous alorsde nous serrer la mainpour retenir les jours ».
94
Dévorante
Forêt envahissantenoyante dévorantemuette fi évreuseLumière fi ltréeMoiteur des lueursArbres tueurs d’arbresBoue puante accoucheusedes tiges et feuilles repoussantesFleurs nauséabondesÉlan vital géantTout exhorte les plantesà se gonfl er de viepour atteindreles plaques de cielet fi nir asphyxiéespar la moiteur noire et verteissues des profondeursÉternelle indécenceVégétale impérialeOstensible turgescence.
95
Académie
– Vous êtes ma belle Immortelle la plus belle Académie des Françaises
– Mais je suis simple mortelle, inconnue de l’Académie Française
– Ma petite Française, j’adore l’unicité de votre Académie.
96
Drame
Le drame intimede la vieillessevous caresseinexorablede sa main sournoise.Figure cafardeusede tulipe noire sulfureuseVeillée sur les nuits émaciéesde notre vie en fuitevers la mort déridée.
97
Tard
Il se fait tarddans la vallée
des larmes
Mais on entend
les riresd’une forêtqui pleure.
98
O.K.O
évoquéconvoqué
ok
provoquésuffoqué
ok
tout craquétout croqué
ok
J’en ai le hoquet
freluquet
KO
vous m’avez
99
à Elise
Les fl amants roses
Tout baignés d’ondes vertes
les fl amants roses
dansent d’amour
ballets et tangos bleus
Du fond de ces vallons
la gigue écholalise
100
« La culture, c’est comme la confi ture,moins on en a, plus on l’étale » (ANONYME)
Ex-poète
Je connus un poète
qui avait pur visage,
bel esprit, fi er talent
grand cœur, allure altière.
L’Ex-poète, affl igeant
mirliton, vermifuge,
hermétique infatué,
rayonnait par non-sens.
101
Mademoiselle
Le Champagne pétilledans la coupede Mademoiselle
Charlemagne frétillesous la croupede Mademoiselle
102
Travail
Autrefoisil travaillait toujoursà ne pas se fatiguer
au travail
Aujourd’huiil se fatigue toujours
sans s’arrêter de chercherdu travail.
103
Il peignait
Il peignait bien des fresquessur tous les murs en frasque
dans la villedans le val
sur les pontssur les toits
dans les ruessur les routes
Tout le monde ainsi bisquede vendre l’art en vrac
à l’état brusqueà l’état braque
104
Crachins
Les crachins sur la baie
Les machins des orfraies
Les pachins sur la Paix
crac
hent
crachent
crachent
105
Poésie
La poésie ne se donne, ne se prête, ni se vend, mais se partage entre fi ns gourmets
La poésie n’est pas là pour s’offrir aux fantômes des snacks à foultitudes sans goûts, ni cœur, sans âme.
La poésienous laissera
l’élégantepart de rêve,de confi ance.
Douce humaine espérance.
106
à Elise
Tournebroche
Un kangourouaimant les froufrous
apostrophesa limitrophe,
sa kangouroussequi en tousse !
– Alors, chérie, on attendun heureux événement ?
– C’est dans la poche,cher Tournebroche !
107
Dernier matin
– Qu’est-ce que le tout-nucléaire ?
– Un surgénérateur de guerre
– alors que faire ?
– Prendre un dernier bol d’air te mettre à l’abri si tu es très malin ou tu pries en ce dernier matin...
Bah ! C’est le dernier cri !
108
Rebelle
Rebelle engourdiil appréhendeles lucarnes malignesde l’asile fl agellaire
Stigmatisées...les pyramides vulcaniennesréfractairesaux suaves mirages
Lacisde rumeurs obséquieusesmurmurées sous les voussuresballonnées du seuil
Parmi les nuages diaphanesdes aromates nubileshèlentles délices languides
109
Et pourtant !
Quelque chose me hante :lorsque les poules chantentleurs pensées archipelles,qu’elles crient leurs séquellesde triomphe ogivalpar gorgées qui cavalent.Ces poules, savent-ellesvraiment si elles pondent,vraiment, ce qu’elles pondent,pour qui, comment, pourquoi ?Pourtant, elles se croientutiles, valeureuses,enchantées, très heureuses,leur monde est tout un monde !Et pourtant, elles pondent !
110
à Clément
Si je pars
Je m’amuse au pays !dit le cactus-pays.Si je pars,j’ai le mal du pays.Donc je reste au payspour l’amour du déi.
Je m’amuse au pays !dit le cactus-paysSi je pars,j’ai le mal du déi.Donc je reste au déipour l’amour du pays.
111
A voté !
Un citoyen selon la Constitution
consommateur selon la loi du Marché
assuré selon les lois de Sécurité
contribuable selon la loi de Finances
glisse son chèque d’impôts
dans l’urne de la Perception
en s’écriant : « A voté » !
112
Les serpents
Si la forêt froidecherche à dissimulerles serpents du désastrel’homme trouve Raimbaudfouillant dans les mots vierges
Au plus clair de lumièreétincellent des vespérités La sérénité blondeatténue la langueurdans le bain des étoiles.
113
Noël au tréfonds
Noël au tréfonds de nous, Noël !Pensons à ces pauvres hèresqui souffrent dans leur chair,sous le vent, la froidure.
Tête vide et mains vides ventre vide cœur vide
Tristesse et joie rage espérance rancœur douceur haine amitié
Noël au tréfonds de nous, Noël !Ne passons pas sans voir,écoutons leur silence.Pour Noël, si nous les regardions ?...
114
à Clément
Tout comme
Tout comme l’enfantqui déplie sa carte Michelin,
s’écrie, surpris :« C’est grand, la Terre ! »
L’homme dépliant la cartede ses rêves évanouis,
s’écrie, surpris :« C’est petit, la Terre ! »
115
Un p’tit coup
Après un p’titcoup de blancil travaillait au noirloin de la route.Discrétion...
Après un p’titcoup de rouge :la surprise au radaren cours de route...Déception...
116
Les mémoires
Les mémoires écumeusestraqueraient-ellesla chance des heures ?
Ô brumes transhumantes,échancrez-vous,prélassez-voussans laisser seule trace !
Caché derrière les hérissonsfusillés par ironie,surgit l’étranger du beffroi.
Sous la coupe de la terrecrevée par éboulements,la prairie rouge tremble,les masques lointains s’évaporent.
Hallucinationsmirages argentésvoilures du hasardgrisaillon
117
Petits, petits !..
Petits, petits, petits !..Ne soyez pas têtus.Becquetez donc ces graines ;elles ont un goût de haineet du poison qui tue.Petits, petits, petits !..
118
Les deux vierges
Une belle fi lle, telle une vierge, nue, sortait de l’étang, à la lisière du bois. Elle s’y était baignée tout naturellement.
Puis, sous la lumière pudique du soleil couchant, elle s’agenouilla, les yeux levés au ciel, extatiques, les mains jointes.
Elle pria doucement la Vierge qui s’auréolait.
Dans le silence dépouillé de la nuitée qui tombe, la piété de la Vierge du Lac fut accueillie par la Vierge du Ciel.
119
Mystère pictural*
Une main évanescente surgie d’une piscine suggérée ; rectangle vert, creusé dans une étendue rouge vif d’où l’autre main jaillit, à peine esquissée.
Les lignes de fuite plongent vers une église grise stylisée, plantée sur un espace plombé.
Ces deux mains élevées vers un ciel de zinc usé exprimeraient une hypothétique prière à un Dieu inconnu sur triomphe discret. Mystère accentué vers le fond par une ligne de montagnes inaccessibles.
* d’après une aquarelle d’Emmanuel Marteau (†)
120
Emprunté
Libéral
il a croulé
sous les emprunts
Machinal
il avait pris
l’air emprunté
121
à Elise
Trompettiste
Un trompettiste artiste« fi lait » ses gammes
dans la baignoire
arpégeait : ses lumièresau bruit de l’eauqui court ondule
Souffl e inspiré vitalaspergeant l’âme !
Vol de silence...
122
L’avion-taxi
L’avion-taxil’avion-Nancy
l’avion fantômeexige aumônepour atterrir
sans en mourir
Mais Orly fait attendrel’avion du moteur tendre
et le taxivreà l’incendie se livre
Fusée qui va s’inhumeDéplétion dans la brume
Débris de métal-chairqui saupoudrent la terre.
Subsistera la stèleSouvenir-citadelle.
123
Un bouc
Un bouc et une bique
se mirent donc d’accord
sous un beau soleil d’or
pour faire un gros bouquin
câlin, taquin, coquin...
n’eurent qu’un crayon-bic.
124
Parmi les allées
Parmi les allées de mémoirereviendrait-il l’ami sur les pelousescouvertures de la vie piétinée ?
S’illusionne tout sentimentsous la pesanteur du présenten plein marché des ombresoù se traquent tous les décembresd’irrésistibles métaphores.
Jours pleureurs de pluiepenchés sur les hanchesd’un destin piorne...appuyé sur les épaules pérenneschères aux renaissances estivales.
125
A l’horizon
126
Les satellites
Les satellites incommutables imaginent des processus dans leurs ordinateurs planétaires pour statufi er l’érotisme du monde.
127
Tourbillon
S’élève un tourbillon
de liberté mistrale.
La-bas, le jour s’enfuit
au carrefour étrange
des chemins épineux
pour déjà nous conduire
parmi les clapotis
des remords bien fi nis.
128
Débarcadère
Le soleil dévidepar touches légèresses teintes crépusculairessur le ciel en réveilqui camoufl e sa nuit.Un caminaire dénoueles céladons et les pastelsdu ruban collinaire,s’écrigne à l’écoutedes jasées partagéesen joyeuse compagnie.Vive la bonne marienneaprès la garbure débonnaire !Débarcadère des courbatures...
129
11 Note de l’auteur 13 Ta poésie 14 Sans mémoire 15 Les prunelles 16 Pour 17 Les ressacs 18 L’œil 19 Mon antre 20 Lumière 21 Assez 22 Vacances 23 Le chêne 24 Nervis 25 Dégusté 26 Un soleil 27 Dernier cri 28 Anniversaire 29 Kumamoto 30 Prises de sang31 Artifi cielle démence32 Le Clairon33 Peut-on...34 Un novice
35 Désert36 Ils ont vécu37 Sang38 Les Hurons39 Interrogation40 Sans renom41 La jolie jeune fi lle42 Sans travail43 Les truands44 Nil45 Chance46 Le roi des bons47 Taulard48 Tout un monde49 J’écris 50 Le poémeur51 Secret52 Mourir53 En douce54 Sculpture55 Prière à56 Défaite des crabes57 Dégustation58 Middlesex
Table des poèmes
131
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59 Rendez-vous60 Madrigal61 Mai62 La rage63 Bronzé64 Rompre65 Génialité66 L’inertie67 Se taire68 Les tirs69 Sujet70 Tumeur71 Résistez72 Faux73 Noirceur74 Alliés75 Fixe76 Les éclats de ciel77 Les mains78 Proche79 Blanc-cassé80 Lard81 Au point82 Aurore83 Le Japon84 Musique
85 Laissés pour compte86 Piou87 La nappe88 Les vautours89 Une bête90 Lire91 Excursion92 Notre univers93 Après-demain94 Dévorante95 Académie96 Drame97 Tard98 O.K.O99 Les fl amants roses100 Ex-poète101 Mademoiselle102 Travail103 Les satellites104 Crachins105 Poésie106 Tournebroche107 Dernier matin108 Rebelle109 Et pourtant !
133
110 Si je pars111 A voté112 Les serpents113 Noël au tréfonds115 Tout comme116 Un petit coup117 Petits, petits !118 Les mémoires119 Les deux vierges120 Mystère pictural121 Emprunté
122 Trompettiste123 L’avion-taxi124 Un bouc125 Parmi les allées126 A l’horizon127 Les Satellites128 Tourbillon129 Débarcadère130 Table135 Inscriptions légales
Achevé d’imprimer
à l’Imprimerie Forestié
Montauban
le 10 juillet 2009
Dépôt légal Juillet 2009 - ISBN n° 2-910-660-06-0