past future, cécile bourne-farrell, commissaire-invitée pour le pavillon

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Past Future 1 du 24 mai au 1 er septembre 2013 Tous les jours sauf le lundi matin, 10h-12h / 14h-18h. Entrée gratuite. Villa Beatrix Enea 2, rue Albert-le-Barillier 64 600 Anglet Les enfants sont sous la responsabilité des adultes qui les accompagnent pendant leur visite dans la maison et son parc. Le Pavillon Neuflize OBC, laboratoire de création du Palais de Tokyo a été créé par l’artiste Ange Leccia qui le dirige depuis son ouverture en 2001. Il accueille chaque année dix jeunes artistes et commissaires de toutes disciplines, recrutés à l’issue d’un concours international. L’ambition est de favoriser une expérience de création au croisement de différentes pratiques individuelles. La notion de discipline y est questionnée au regard d’autres systèmes de références artistiques, culturels, économiques et politiques. C’est la diversité des approches et des pratiques de l’art dans le monde qui fonde la dynamique particulière de ce programme. Le Pavillon constitue pour les résidents un moment d’histoire partagée, un temps de réflexion, de questionnement et de production d’œuvres individuelles et collectives. La Biennale invite les dix artistes du Pavillon à investir la Villa Beatrix Enea mais aussi son parc, son architecture et développer dans la spécificité de ses espaces des propositions inédites. Les œuvres présentées ont été élaborées à partir d’une réflexion sur le contexte de leur exposition et de nombreux échanges entre les résidents, processus créatif mené par la commissaire Cécile Bourne-Farrell. Les artistes de cette exposition viennent de huit pays différents. Carlotta Bailly-Borg (85,F), Feiko Beckers (83, Nl), Julie Béna (82, F), Daiga Grantina (85, Lv), Francesco Fonassi (86, It), Peter Miller (78, Us), Julien Perez (86, F), Agnieszka Ryszkiewicz (82, Pl), Gonçalo Sena (83, P) et Theo Turpin (86, Uk). Paul Campagne (1870-1941) et son épouse Julienne Moussempès (1879-1956) propriétaires du célèbre hôtel d’Angleterre à Biarritz firent construire, en 1900, une résidence secondaire dite « Marnoger », dont le nom est issu des prénoms de leurs trois enfants Marcel (1901-1918), Nora (1902-1956) et Roger (1905-1945), sur les plans de l’architecte Raymond Larrebat-Tudor. Différents propriétaires se succèdent, jusqu’à ce que la ville d’Anglet propose en 1985 à la dernière propriétaire de prendre en charge la maison qui s’appelle depuis 1934, Villa Beatrix Enea. Cette Villa de style néo-basque construite en pierre de Bidache est marquée de signes distinctifs de représen- tation sociale conservés tant dans la maison que dans le vaste jardin à l’anglaise. À partir d’histoires réelles ou fictives autour de cette propriété, les résidents du Pavillon ont construit des propositions artistiques iné- dites. Les artistes ont décliné la dimension domestique du rez-de-chaussée en y projetant leurs visions du lieu mais aussi des personnes de cultures et d’histoires dif- férentes qui y ont habité. Appelée aussi la maison du jeudi, la Villa et le parc aux essences remarquables sont ouverts à tous, tout le long de l’année. Si les usages de cette propriété correspondaient à ceux d’une famille aux contacts de clients prestigieux de l’époque, diffé- rents vécus se sont inscrits dans ces murs. La cheminée Wedgwood est toujours là, de nombreux indices 1900 demeurent ; vidée de ses meubles, la Villa est occupée dans ses étages supérieurs par l’administration de la ville d’Anglet. Dans cette exposition, une relation par- ticulière conjugue au « futur antérieur » les usages de cette maison et de son parc de jour comme de nuit. Les artistes ont ainsi tenté de cerner des traces subjectives au sein de cette maison qui est aussi le lieu de référence culturelle de la ville d’Anglet. Dans cette relation au futur antérieur Julien Perez pro- pose And Now ! qui, comme le dit l’artiste, est « un travail autour de la notion de suspense, comprise comme dra- matisation d’une situation d’attente. And Now ! signifie Et maintenant ! Ces deux mots ont une valeur performa- tive, le fait que l’événement annoncé tarde à advenir fait naître chez le destinataire un sentiment paradoxal puisqu’il ne parvient pas à se décider entre excitation et déception. La différence entre le mur maculé d’une trace de combustion et l’image du mur intact sur le téléviseur crée un jeu dans lequel la fiction peut opérer. Julien Perez Gonçalo Sena Daiga Grantina Theo Turpin Julie Béna Carlotta Bailly-Borg Peter Miller Francesco Fonassi Feiko Beckers Agnieszka Ryszkiewicz 1 1 5 2 2 8 8 9 9 10 10 10 10 10 10 10 10 3 3 5 5 2 2 4 4 6 6 8 7 7 1. En français : futur antérieur.

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Une exposition avec les résidents du Pavillon du Palais de Tokyo 2012/2013

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Page 1: Past Future, Cécile Bourne-Farrell, commissaire-invitée pour le Pavillon

Past Future 1du 24 mai au 1er septembre 2013Tous les jours sauf le lundi matin, 10h-12h / 14h-18h. Entrée gratuite.

Villa Beatrix Enea 2, rue Albert-le-Barillier 64 600 Anglet

Les enfants sont sous la responsabilité des adultes qui les accompagnent pendant leur visite dans la maison et son parc.

Le Pavillon Neuflize OBC, laboratoire de création du Palais de Tokyo a été créé par l’artiste Ange Leccia qui le dirige depuis son ouverture en 2001. Il accueille chaque année dix jeunes artistes et commissaires de toutes disciplines, recrutés à l’issue d’un concours international. L’ambition est de favoriser une expérience de création au croisement de différentes pratiques individuelles. La notion de discipline y est questionnée au regard d’autres systèmes de références artistiques, culturels, économiques et politiques. C’est la diversité des approches et des pratiques de l’art dans le monde qui fonde la dynamique particulière de ce programme. Le Pavillon constitue pour les résidents un moment d’histoire partagée, un temps de réflexion, de questionnement et de production d’œuvres individuelles et collectives.

La Biennale invite les dix artistes du Pavillon à investir la Villa Beatrix Enea mais aussi son parc, son architecture et développer dans la spécificité de ses espaces des propositions inédites. Les œuvres présentées ont été élaborées à partir d’une réflexion sur le contexte de leur exposition et de nombreux échanges entre les résidents, processus créatif mené par la commissaire Cécile Bourne-Farrell.

Les artistes de cette exposition viennent de huit pays différents. Carlotta Bailly-Borg (85,F), Feiko  Beckers (83, Nl), Julie  Béna (82, F), Daiga  Grantina (85, Lv), Francesco  Fonassi (86, It), Peter Miller (78, Us), Julien Perez (86, F), Agnieszka Ryszkiewicz (82, Pl), Gonçalo Sena (83, P) et Theo Turpin (86, Uk).

Paul Campagne (1870-1941) et son épouse Julienne

Moussempès (1879-1956) propriétaires du célèbre hôtel

d’Angleterre à Biarritz firent construire, en 1900, une

résidence secondaire dite « Marnoger », dont le nom

est issu des prénoms de leurs trois enfants Marcel

(1901-1918), Nora (1902-1956) et Roger (1905-1945), sur

les plans de l’architecte Raymond Larrebat-Tudor.

Différents propriétaires se succèdent, jusqu’à ce que la

ville d’Anglet propose en 1985 à la dernière propriétaire

de prendre en charge la maison qui s’appelle depuis

1934, Villa Beatrix Enea.

Cette Villa de style néo-basque construite en pierre de

Bidache est marquée de signes distinctifs de représen-

tation sociale conservés tant dans la maison que dans

le vaste jardin à l’anglaise. À partir d’histoires réelles

ou fictives autour de cette propriété, les résidents du

Pavillon ont construit des propositions artistiques iné-

dites. Les artistes ont décliné la dimension domestique

du rez-de-chaussée en y projetant leurs visions du lieu

mais aussi des personnes de cultures et d’histoires dif-

férentes qui y ont habité. Appelée aussi la maison du

jeudi, la Villa et le parc aux essences remarquables sont

ouverts à tous, tout le long de l’année. Si les usages de

cette propriété correspondaient à ceux d’une famille

aux contacts de clients prestigieux de l’époque, diffé-

rents vécus se sont inscrits dans ces murs. La cheminée

Wedgwood est toujours là, de nombreux indices 1900

demeurent ; vidée de ses meubles, la Villa est occupée

dans ses étages supérieurs par l’administration de la

ville d’Anglet. Dans cette exposition, une relation par-

ticulière conjugue au « futur antérieur » les usages de

cette maison et de son parc de jour comme de nuit. Les

artistes ont ainsi tenté de cerner des traces subjectives

au sein de cette maison qui est aussi le lieu de référence

culturelle de la ville d’Anglet.

Dans cette relation au futur antérieur Julien Perez pro-

pose And Now ! qui, comme le dit l’artiste, est « un travail

autour de la notion de suspense, comprise comme dra-

matisation d’une situation d’attente. And Now ! signifie

Et maintenant ! Ces deux mots ont une valeur performa-

tive, le fait que l’événement annoncé tarde à advenir

fait naître chez le destinataire un sentiment paradoxal

puisqu’il ne parvient pas à se décider entre excitation

et déception. La différence entre le mur maculé d’une

trace de combustion et l’image du mur intact sur le

téléviseur crée un jeu dans lequel la fiction peut opérer.

Julien Perez

Gonçalo Sena

Daiga Grantina

Theo Turpin

Julie Béna

Carlotta Bailly-Borg

Peter Miller

Francesco Fonassi

Feiko Beckers

Agnieszka Ryszkiewicz

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1. En français : futur antérieur.

Page 2: Past Future, Cécile Bourne-Farrell, commissaire-invitée pour le Pavillon

2. En français : Le triomphe du Temps sur la Force.

L’image vidéo va-t-elle révéler ce qui s’est passé ? La

musique entêtante, répétitive, ajoute à la tension. La

caméra qui surplombe le spectateur l’inclut dans le

dispositif. Au fil de ce suspense qui n’aboutit pas, se

dévoilent en creux les attentes et les désirs que nous

pouvons projeter dans une œuvre d’art. La trace de

combustion est moins celle d’un événement passé que

l’ombre du spectateur lui-même faisant l’expérience

d’un temps suspendu. En cela, cette pièce a aussi à voir

avec une certaine angoisse du vacancier dans laquelle

se mêlent le ressac des vagues, l’immensité de l’océan,

la répétition des activités de loisir ainsi que la morosité

des villes littorales. And Now ! cherche à mettre le spec-

tateur dans des dispositions propices à l’introspection,

l’encourageant à combler les vacances de l’image par

l’expérience intérieure.

Dans cette Villa qui a été traversée par des généra-

tions et des cultures différentes, Gonçalo Sena réactive

d’une façon phénoménologique ces espaces qui ont

aussi accueilli maintes expositions. Cette Villa a été

inlassablement parcourue de haut en bas, observée

du dehors au dedans, briquée de long en large. De ces

états d’observation Gonçalo Sena projette des œuvres

de formats et de matériaux divers qui se fondent dans

les usages de la maison. Les interventions de l’artiste

sont autonomes même si elles prennent en compte

l’architecture du lieu qui diffère du cube blanc auquel

l’art contemporain est souvent associé. Les proposi-

tions expérimentales de l’artiste sont des exercices

de sculpture qu’il conçoit comme un immense collage

de matériaux juxtaposés, de provenance industrielle

ou organique. Gonçalo  Sena  les associe au coin d’une

salle, au-dessus d’un radiateur ou devant une fenêtre. Il

s’emploie ici à signifier l’incidence de la lumière et com-

ment son intangibilité révèle la dimension vivante de

ses pièces qui, pour certaines, vont lentement se méta-

morphoser durant le temps de l’exposition.

L’omniprésence des matières se poursuit avec

Daiga Grantina qui décline des images en mouvement,

où la notion de transfert au sens littéral et méta-

phorique prédomine. Daiga  Grantina  nous propose

d’observer la notion de mouvement en projetant une

vidéo sur quatre panneaux d’aluminium recouverts

d’un collage dont la conception est empruntée au

Myriorama, format qui est apparu sous Napoléon dans

le but de proposer une observation du panorama à vues

interchangeables. Cette œuvre intitulée Ox-I-D-aisy est

dominée par une atmosphère muette noir et blanc ryth-

mée par des lignes de coupe zippées, de fausses têtes

de vis et des motifs distendus. On discernera certaines

matières plus ou moins transparentes, des reflets

métalliques-cuivre-argent. L’approche de l’artiste tient

du bricolage industriel sentimental qui enchevêtre

autant du papier que des bandes filmiques, de la colle

ou du marker balayé par une image super-8 délavée.

L’installation The Triumph of Time over

Strength2 de l’artiste Theo Turpin est une cita-

tion empruntée au philosophe écossais Lord

Kames du xixe qui parle de la ruine comme symbole

d’une certaine nostalgie du passé. L’artiste a inscrit au

canif cette phrase The Triumph of Time over Strength

sur la surface de cet élégant secrétaire français comme

une empreinte existentielle gravée à la main. Ce geste

romantique évoque le besoin de s’inscrire dans une cer-

taine histoire culturelle occidentale révolue. L’artiste

renvoie aux traces glorifiées d’une époque qui est aussi

celle de cette maison plongée dans la lumière tami-

sée d’une fin d’après-midi. Le vase posé sur cette table

contient un bouquet de fleurs spécifiquement choi-

sies pour ce qu’elles symbolisent : les glaïeuls pour la

réussite, le laurier pour la victoire et les branchages de

peuplier pour le funéraire. Les fleurs fanées sont dépo-

sées à même le sol, pour témoigner de la fugacité et de

la fragilité de l’existence.

L’empreinte dans la matière et le temps est à associer

aux œuvres de Julie Béna et de Carlotta Bailly-Borg qui

ont choisi de détourner des éléments iconographiques

du début du siècle, glanés dans les archives de la

famille Paul Campagne ainsi que dans celles de l’hôtel

d’Angleterre. Julie Béna propose un texte et une vidéo

présentés dans deux espaces adjacents. Les deux pro-

positions s’intitulent Talgne et nous plongent dans un

univers étrange où les êtres, comme la faune et la flore,

s’inscrivent hors du temps. Nous assistons à un drame

en trois actes où images et texte sont dissociés. Dans la

vidéo, les formes apparaissent et s’évanouissent selon

une rythmique musicale portée par la composition

d’Olivier Messiaen, Des Canyons aux étoiles, écrite en

1971. Tout n’est que bribes d’images, paysages recom-

posés, visages floutés. Le texte nous invite lui aussi, à

suivre le drame de Talgne, entre théâtre de l’absurde et

conte fantastique. À Talgne, le noir a tout envahi, reste

l’infini pour laisser les choses advenir.

Ces rapports au temps et aux usages n’ont pas non

plus échappé à Carlotta  Bailly-Borg qui propose un

hommage à Julienne Moussempès, la première femme

à vivre dans cette maison avec son mari. L’artiste a

choisi la fin du dîner de Noël 1902 donné dans l’éta-

blissement familial, où l’orchestre joua God Save The

King et où les hôtes anglais demandèrent à entendre

la Marseillaise. Cette anecdote montre la proximité

culturelle qui prédominait à cette époque et à laquelle

la Villa n’a certainement pas échappée. C’est

dans cet esprit que l’artiste a associé dans

une peinture3 deux éléments distinctifs de la

culture anglaise, à savoir le Jelly pudding et les

baguettes chinoises, autre élément constitu-

tif de l’empire britannique qui gérait alors les

trois quart du monde. Cette peinture spatiali-

sée et comme électrisée montre une image du profil et

de la coiffure sophistiquée de Julienne qui tombe dans

le fameux dessert anglais bleu translucide.

Dans un tout autre langage, Peter  Miller a le désir de

révéler ce qui est de l’ordre de l’invisible dans cette

maison. L’artiste, qui a pratiqué un certain temps la

prestidigitation, propose avec Looking-Glass4

un dispositif dans la salle où se trouve un mini-

théâtre, nous renvoyant ainsi à notre propre

image. Que donne le miroir, que prend-t-il en

échange ? Que se passerait-il si ce processus

faillait et que la notion de temps s’effaçait ?

Francesco  Fonassi  a acheté un vinyle en croyant qu’il

s’agissait d’un enregistrement de musique tribale afri-

caine, fruit d’une expédition lointaine. En fait, il s’agit

d’un objet produit et conçu par un compositeur français,

Michel Delaporte en 1975. Bien qu’il puise son inspira-

tion en Afrique, ce disque ne peut pas être considéré

comme de la musique ethnique. Il en propose une réin-

terprétation via le prisme de la musique occidentale.

Le constat de cette déconstruction met ainsi en abîme

la relation souvent erronée que l’on croit avoir avec la

notion d’originalité en musique comme avec la notion

de culture, que cette Villa révèle aussi de par son style

et ses empreintes stylistiques. Cet achat manqué est

une coïncidence qui met en évidence la question de la

réappropriation de la musique détournée de son utili-

sation originale. Diffusée dans un contexte extérieur,

cette musique devient le produit d’une nouvelle moda-

lité sonore qui se nourrit d’aller-retour dans le temps et

les cultures. Francesco Fonassi est intéressé par le fait

de rendre compréhensible le son comme un jeu de vases

communiquants : quand il n’y a pas de bruit, le son est

diffusé et lorsqu’il y a déplacement ou intrusion sonore,

le son diminue progressivement. Cette proposition inti-

tulée Declaration est une captation sonore qui procède

par soustraction dans l’espace extérieur.

Feiko Beckers a réalisé dans le parc l’installation intitu-

lée A Very Productive Day5 qui prend la forme

d’une construction hexagonale dans laquelle

est inséré un lecteur mp3. Grâce au casque

audio (disponible à l’accueil), l’artiste nous livre son

récit. Il évoque sa relation morale au quotidien, par-

tant du fait que dans la vie, on ne peut s’octroyer une

récompense que lorsqu’on la mérite. Cette concep-

tion existentielle, associée à la notion de bonheur ou

d’inachèvement est un sujet récurrent chez l’artiste.

Il travaille sur la condition humaine en créant des

situations où la notion d’attraction et de répulsion est

permanente, entre désir et rejet.

« Dès 1900 et jusqu’à ce que la première guerre mon-

diale bouleverse les habitudes de Marcel, Nora et Roger

Campagne, le jardin était l’endroit de leurs batailles, de

leurs premiers amours, ou d’autres actes initiatiques.

Qui étaient-ils ? À quoi jouaient-ils pendant les lents

après-midis ensoleillés ? » se demande plus de cent ans

après Agnieszka  Ryszkiewicz qui a choisi de travailler

dans le parc. « Balançoires, cachettes, passages secrets,

cet été le jardin de la Villa propose une plongée dans un

passé non éloigné de celui des enfants d’aujourd’hui

(pendant le travail de préparation pour la Biennale,

des enfants ont investi clandestinement le magnolia

géant pour y construire une cabane). Vestiges de jeux,

terrains pour l’imagination, les arbres – témoins de vie

de plusieurs générations – deviennent les protagonistes

des après-midis passés dans ce jardin ». De nuit comme

de jour, il y a ici une vie. L’artiste offre un parcours en

sept arbres qu’elle a choisi pour leur robustesse et sym-

bolique. En Orient, comme en Occident l’arbre de vie

est souvent renversé, selon une conception du rôle du

soleil et de la lumière dans la croissance des êtres : c’est

d’en haut qu’ils puisent la vie, c’est d’en bas qu’ils s’ef-

forcent de la faire pénétrer. Pour l’artiste, il ne s’agit ni

d’un parcours botanique, ni de santé, mais plutôt d’une

mise à disposition d’espaces pour des expériences à réa-

liser tant sur la balançoire qu’en levant la tête vers une

échelle improbable. Avec cet ensemble d’interventions

intitulé Les cabanes de Roger(s), Agnieszka Ryszkiewicz

procède par associations de gestes à expérimenter, de

façon solitaire ou collective, sous un mode équilibriste

ou poétique.

Durant le montage de cette exposition, des pins cente-

naires ont été abattus. La lumière n’est plus la même,

le Past Future s’est immiscé dans la Villa et a déjà com-

mencé à opérer.

Cécile Bourne-Farrell, commissaire de l’exposition.

3. Intitulée Nos Jolies barriotes ont tourbilloné à l’envie jusqu’à des heures indues, acrylique, 60 x 70 cm, construction en bois, 105 x 60 x 200 cm.

4. Through the Looking-Glass, and

What Alice Found There, roman de

Lewis Carroll, (1871), qui fait suite aux

Aventures d’Alice au pays des merveilles.

5. En français : Une journée très

productive.

Commissaire de la BiennaleDidier Arnaudet

Commissaire de l’expositionCécile Bourne-Farrell

Le Pavillon Neuflize OBC,  laboratoire de création du Palais de Tokyo

DirecteurAnge Leccia

Responsable Christian Merlhiot

Coordinatrice et chargée de productionChloé Fricout

Assistant des artistes et régisseurGérard Quiles

[email protected]

Cette exposition a été co-produite par le Pavillon Neuflize OBC,

laboratoire de création du Palais de Tokyo et la 5e Biennale d’art contemporain d’Anglet