québec ag factum in mainville reference

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500-09-02461 8-1 42 Cour d'appel du Québec Montréal Renvoi à la Cour d'appel du Québec relativement à l'article 98 de la Loi constitutionnelle de 1867 PROCUREURE G É N É RALE DU QU É BEC Appelante c. PROCUREUR G É N É RAL DU CANADA Intimé et ASSOCIAT ION CANADIENNE DES JUGES DES COURS PROVINCIALES LE GRAND CONSEIL DES CRIS (EEYOU ISTCHEE), LE GOUVERNEMENT DE LA NATION CRIE CONSTITUTIONAL RIGHTS CENTER ROCCO GALATI 1 ntervenants M É MOIRE DE LA PROCUREURE G É N É RALE DU QU É BEC Me J ean-Yves Bernard, Ad. E. Me Francis D emers Me André Faut eux Bernard, Roy (Justice-Québec) Direction générale des affaires juridiques et législatives 1 , rue Notre-Dame Est, 8 e étage Montréal (Québec) H2Y 1 B6 Tél. : 5 1 4 393-2336, poste 5 1 467 Téléc. : 5 1 4 873-7074 jean-yves.bern[email protected].qc.ca andre.f [email protected]a Procureurs pour la Procureure générale du Québec Me Maris e Visocchi Me J ean-François Beaupré Me Mari e-Catherine Bolduc Direction du droit public Direction générale des affaires juridiques et législatives 1200, route de l' É glise, 2 e étage Québec (Québec) G1V 4M1 Tél. : 41 8 643-1 477 Téléc.: 4 1 8 644-7030 [email protected].qc.ca [email protected] Procureurs pour la Procureure générale du Québec Thémis Multifactum inc. · - ' 4, rue Notre-Dame Est, bur. 100, Montréal (Québec) H2Y 188 Téléphone: 514 866-3565 Télécopieur: 514 866-4861 [email protected] . .

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The factum filed by the Québec Attorney General to argue that the appointment of a federal court judge to the Québec Court of Appeal is unconstitutional***Le mémoire du Procureur général du Québec soutenant que la nomination d'un juge d'une cour fédérale à la Cour d'appel du Québec est inconstitutionnelle.

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Page 1: Québec AG Factum in Mainville Reference

500-09-02461 8-1 42

Cour d'appel du Québec

Montréal

Renvoi à la Cour d 'appel du Québec relativement à l'article 98 de la Loi constitutionnelle de 1867

PROCUREURE GÉNÉRALE D U QUÉBEC Appelante

c.

PROCUREUR GÉNÉRAL DU CANADA Intimé et

ASSOCIATION CANADIENN E DES JUGES DES COU RS PROVINCIALES

LE GRAND CONSEIL DES CRIS (EEYOU ISTCHE E), LE GOUVERNEMENT DE LA NATION CRIE

CONSTITUTIONAL RIGHTS CENTER

ROCCO GALATI 1 ntervenants

MÉMOIRE DE LA PROCUREURE GÉNÉRALE D U QUÉBEC

Me Jean-Yves Bernard, Ad. E. Me Francis Demers Me André Fauteux Bernard , Roy (Justice-Québec) Direction générale des affaires jurid iques et législatives 1 , rue Notre-Dame Est, 8e étage Montréal (Québec) H2Y 1 B6

Tél. : 5 1 4 393-2336, poste 5 1 467 Téléc. : 5 1 4 873-7074 [email protected] [email protected]

Procureurs pour la Procureure générale du Québec

Me Marise Visocchi Me Jean-François Beaupré Me Marie-Catherine Bolduc Direction du droit public Direction générale des affaires jurid iques et législatives 1 200, route de l'Église, 2e étage Québec (Québec) G 1 V 4M1

Tél. : 41 8 643-1 477 Téléc.: 4 1 8 644-7030 [email protected] [email protected]

Procureurs pour la Procureure générale du Québec

Thémis Multifactum inc. li·o;'I-'� 4, rue Notre-Dame Est, bur. 100, Montréal (Québec) H2Y 188 Téléphone: 514 866-3565 Télécopieur: 514 866-4861

[email protected] !il": .

� � .

Page 2: Québec AG Factum in Mainville Reference

LlSTE DES PROCUREURS

Me Claude J oyal Me Alexander Pless Ministère de la J ustice Canada Complexe G uy Favreau Tour Est, ge étage 200, bou l . René-Lévesque Ouest Montréal (Québec) H2Z 1 X4

Tél . : 5 1 4 283-8767 T éléc. : 5 1 4 283-3856 [email protected] [email protected]

Me James O'Rei l ly, Ad. E. Me Patricia Ochman O'Rei l ly & Associés 1 1 55 , rue University, bur. 1 007 Montréal (Québec) H3B 3A7

Tél . : 5 1 4 871 -81 1 7 Téléc. : 5 1 4 871 91 77 james.orei l [email protected]

Procureurs pour le Procureur général Procureurs pour Le grand consei l du Canada des Cris (Eeyou Istchee)

Me Sébastien Grammond Faculté de d roit Université d 'Ottawa 57, rue Louis-Pasteur, pièce 203 Ottawa (Ontario) K1 N 6N5

Tél . : 61 3 562-5902 Téléc. : 61 3 562-51 21 sebastien [email protected]

Procureur pour l'Association canadienne des juges des Cours provinciales

Rocco Galati Dushahi Sri bavan Galati , Rocco, Law Firm Professional Corporation 1 062 Col lege St. Toronto, Ontario M6H 1 A9

Tél . : 41 6-530-9684 T éléc. : 41 6-530-81 29 rocco@id i rect.com info@dushahi law.com

et le gouvernement de la Nation Crie

Paul Slansky Slansky Law Professional Corporation 637 College St. , Su ite 203 Toro�o (O�ario) M6G 1 B5

Tél . : 41 6 536-1 220 T éléc. : 41 6 536-8842 paul [email protected]

Procureur du Constitutional Rights Center

Thémis Multifactum inc. 4, rue Notre-Dame Est, bur. 100, Montréal (Québec) H2Y 188

Téléphone: 514 866-3565 Télécopieur: 514866-4861 [email protected]

Page 3: Québec AG Factum in Mainville Reference

i . Mémoire d e la Procureure générale du Québec Table des matières

TABLE DES MATIÈRES Page

LES FAITS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1

Il LES QUESTIONS EN LITIGE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

I I I LES ARG UMENTS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

1 . LES PRI NCI PES D'INTERPRÉTATION APPLICABLES À UNE DISPOSITION CONSTITUTIONNELLE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

1 . 1 Les d ispositions de la Constitution doivent recevoir une interprétation contextuelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

1 .2 Une d isposition constitutionnelle exprimant un compromis fondamental doit être i nterprétée de manière à mettre en œuvre ce compromis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

1 .3 L'interprétation d'une d isposition constitutionnel le doit être conforme aux principes constitutionnels sous-jacents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

1 .4 L'interprétation de d ifférentes d ispositions constitutionnel les visant le même objet doit être cohérente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

2. L'EXPRESS ION «COURS DE QUÉBEC» À L'ARTICLE 98 DE LA LOI CONSTITUTIONNELLE DE 1867 VISE LES COURS DU QUÉBEC DONT LES JUGES SONT NOMMÉS PAR LE GOUVERNEUR GÉNÉRAL (QUESTION 1 ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

2. 1 Le partage des compétences dans l 'administration de la justice au Canada et la nom ination des juges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

2 .2 L'expression «cours de Québec» à l 'article 98 de la Loi constitutionnelle de 1867 vise la Cour supérieure et la Cour d'appel du Québec . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 2

3. EN VERTU DE L'ARTICLE 98 DE LA LOI CONSTITUTIONNELLE DE 1867, SEULS LES MEMBRES DU BARREAU DU QUÉB EC OU D'UN TRIBUNAL JUDICIAIRE DU QUÉBEC PEUVENT ÊTRE NOMMÉS À LA COUR SUPÉRIEURE OU À LA COUR D'APPEL DU QUÉBEC (QUESTION 2) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 4

3 . 1 L'objet de l 'article 98 de la Loi constitutionnelle de 1867 est d'assurer la protection d u système civi l iste d u Québec . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 4

3. 1 . 1 La protection d u système civi l iste pendant la période préconfédérative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 5

Page 4: Québec AG Factum in Mainville Reference

iL Mémoire de la Procureure générale du Québec Table des matières

3. 1 .2 L'article 98 de la Loi constitutionnelle de 1867 consacre un compromis fondamental relatif à la protection d u système civi l iste au Canada . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 8

3.2 L'article 98 de la Loi constitutionnelle de 1867, interprété en fonction de son objet, permet uniquement la nomination des membres du Barreau et des tribunaux jud iciaires du Québec aux cours supérieures du Québec . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

3.2 . 1 L' interprétation de l'article 98 de la Loi constitutionnelle de 1867 doit permettre la m ise en œuvre d u compromis h istorique relatif à la protection du système civi l iste au Québec . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

a) La méthode d' interprétation d'une d isposition constitutionnelle exprimant un compromis h istorique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

b) Le sens à donner à l'expression « parm i les membres du barreau de cette province » ou «from the Bar of that Province» à l'article 98 de la Loi constitutionnelle de 1867 à la lumière du compromis historique relatif à la protection du droit civil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

c) Le rôle de la Cour d'appel du Québec dans la m ise en œuvre d u compromis historique relatif à l a protection du droit civil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29

3.2.2 L'interprétation de l'article 98 de la Loi constitutionnelle de 1867 doit être cohérente avec celle des autres d ispositions relatives aux nominations judiciaires protégeant le système civil iste au Québec . . . . . . . . . . . . . 31

a) Le principe de cohérence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31

b) La cohérence dans l ' interprétation des d ispositions sur la nomination des juges qui protègent le système civi l iste au Québec . . . . . . . . . . . 33

c) L'article 3 de la Loi sur les juges i nterprété à la lumière de l 'article 98 de la Loi constitutionnelle de 1867 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35

IV LES CONCLUSiONS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38

V LISTE DES SOURCES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39

Annexe 1 Décret concernant un renvoi à la Cour d'appel du Québec relativement à l'article 98 de la Loi constitutionnelle de 1867 et aux conditions de nomination des juges des cours du Québec, D 729-201 4, 201 4 G .O.Q. Il , 2999 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .41

Renvoi concernant l'article 98 de la Loi constitutionnelle de 1 867, Procès-verbal , 500-09-02461 8-1 42, Cour d 'appel du Québec, 1 0 septembre 201 4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43

Page 5: Québec AG Factum in Mainville Reference

i i i . Mémoire de la Procureure générale du Québec Table des matières

Annexe I l Les lois Onglet

Loi constitutionnelle de 1867 (R-U), 30 & 31 Vict. c 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1

Loi sur les renvois à la Cour d'appel, RLRQ c R-23, art. 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2

Loi sur les tribunaux judiciaires, RLRQ c T-1 6 , art. 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

Loi sur les juges, LRC 1 985, c J-1 , art. 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .4

Loi sur la Cour suprême, LRC 1 985, c S-26 , art. 6 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

ATTESTATION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 75

Page 6: Québec AG Factum in Mainville Reference

Mémoire de la Procureure général du Québec

C A N A D A PROVINCE DE QUÉBEC DISTRICT DE M ONTRÉAL

C O U R D' A P P E L

PROCUREURE GÉNÉRALE DU QUÉBEC Appelante c.

PROCUREU R GÉNÉRAL DU CANADA I ntimé et

ASSOCIATION CANADIENNE DES JUGES DES COURS PROVINCIALES

LE GRAND CONSEIL DES CRIS (EEYOU ISTCHEE), LE GOUVERNEMENT DE LA NATION CRIE

CONSTITUTIONAL RIGHTS CENTER

ROCCO GALATI I ntervenants

MÉMOIRE DE LA PROCUREURE GÉNÉRALE D U QUÉBEC

Page 7: Québec AG Factum in Mainville Reference

1. Mémoire de la Procureure générale du Québec Les faits

LES FAITS

1 . Le 1 3 ju in 201 4, le m in istre fédéra l de la Justice, M . Peter MacKay, a annoncé

la nomination de M . le juge Robert Mainvi l le à la Cour d'appel du Québec.

- J ustice Canada , communiqué, « Nominations à la magistrature du Québec » , ( 1 3 j u i n 20 1 4) , en l ig ne: S ite officiel du m inistère de l a Justice du Canada <http: //www .justice.gc.ca/fra/nouv-news/nj-ja/2014/doc_33076. html>. preuve du P .G .Q . , ong let 1 .

2 . Préalablement à sa nomination, celu i-ci occupait un poste de juge à la Cour

d'appel fédérale depuis juin 201 0 et, auparavant, i l s iégeait à la Cour fédérale

depuis ju in 2009. Avant sa nomination à la m agistrature fédérale, le juge

Mainvi l le pratiquait le dro it au Québec et était membre du Barreau du Québec

depuis 1 976.

- Justice Canada, commun iqué, « Nominations à la magistrature du Québec » , ( 1 3 ju in 20 1 4) , en l igne: S ite officiel du min istère de la Justice du Canada <http : //www . justice .gc.ca/fra/nouv-news/nj-ja/20 1 4/doc_33076. html>. preuve d u P .G .Q . , onglet 1 .

3. I l s'ag it de la première fois qu'un juge de la Cour fédérale ou de la Cour d'appel

fédérale est nommé à la Cour d 'appel du Québec.

- Voir Tableau sur la provenance des juges des cours supérieures du Québec de 1 849 à 20 14 confectionné à partir de :

Claire Barrette-Joncas, Les juges du Québec de nomination fédérale de 1849 à 2009 .' Cour suprême du Canada, Cour d'appel du Québec, Cour supérieure du Québec, Cour de l'échiquier, Cour fédérale et Cour d'appel fédérale du Canada, Cour canadienne de l'impôt, Québec, Direction des com m unications du Min istère de la J ustice du Québec, 201 0, aux pp . 26-37, 44-1 08, 1 1 1 -383; Cour supérieure du Québec, «Les honorables juges de la Cour supérieure du Québec» (22 octobre 2014) , en l igne : Cour supérieure du Québec <http : //www.tribunaux.qc.ca/c-superieure/liste-juges. html>; Cour d 'appel d u Québec, «Composit ion» (22 octobre 20 1 4) , en l igne : < http: //courdappelduquebec.ca/a-propos-de-Ia-cour/com position >;

Page 8: Québec AG Factum in Mainville Reference

2. Mémoire de la Procure ure générale du Québec Les faits

Cour suprême d u Canada, «Les juges actuels» (22 octobre 201 4), en l igne : Cour suprême d u Canada <http: //www. scc-csc.gc.ca/court­cour/judges-juges/current-actuel-fra .aspx>; Ministère de la Justice d u Canada, « Nominations judiciaires» (22 octobre 2014) , en l igne Ministère de la Justice du Canada <http://www.justice.gc.ca/fra/nouv-news/nj-ja.asp?tid=4>; preuve du P .G .Q. , onglet 2 .

4 . Le 1 6 ju in 20 1 4, une procédure contestant la val id ité de la nomination d u juge

Mainvi l le à la Cour d 'appel du Québec a été déposée devant la Cour fédérale

par Rocco Galati et le Constitutional Rights Center I nc. Au soutien de cette

contestation , i ls invoquent notamment que cette nomination contrevient à

l'article 98 de la Loi constitutionnelle de 1867 (ci-après L. C. 1867). Ce dossier

est présentement suspendu devant la Cour fédérale.

- Galati c. P.G. Canada, notice of appl ication, T-1 428- 1 4, Cour fédérale, 1 6 juin 201 4, preuve du P .G .Q . , onglet 3;

- Loi constitutionnelle de 1867 (R-U), 30 & 31 Vict, c 3, art.98, reprodu ite dans LRC 1 985, ann I l , n05 (ci-après, L.C. 1867), mémoire du P .G .Q. , annexe I l , onglet 1 .

5 . Le 24 ju i l let 201 4, le gouvernement du Québec adoptait le décret 729-201 4 par

lequel i l demande à la Cour d'appel son avis relativement à l ' interprétation de

l'article 98 L. C. 1867.

- Décret concernant un renvoi à la Cour d'appel du Québec relativement à l'article 98 de la Loi constitutionnelle de 1867 et aux conditions de nomination des juges des cours du Québec, 0729-20 1 4, 20 1 4 G .O.Q. I l , 2999, mémoire d u P .G .Q . , annexe l , p. 41 ;

- Loi sur les renvois à la Cour d'appel, RLRQ c R-23, art. 1 , mémoire du P .G .Q. , annexe I l , onglet 2 .

6. Le 1 0 septembre 201 4, la juge en chef tenait une conférence de gestion dans le

présent dossier et fixait un échéancier condu isant à l'audition de ce renvoi le

3 décembre 201 4.

- Renvoi concernant l'article 98 de la Loi constitutionnelle de 1867, Procès-verbal , 500-09-02461 8-1 42 , Cour d 'appel d u Québec, 1 0 septembre 20 1 4, mémoire d u P .G.Q. , annexe l , p . 43.

Page 9: Québec AG Factum in Mainville Reference

3. Mémoire de la Procureure générale du Québec Les questions en l itige

Il

LES QUESTIONS EN LITIGE

7. Le décret 729-20 1 4 adopté le 24 ju i l let 20 1 4 par le gouvernement du Québec

prévoit deux (2) questions portant sur l ' interprétation de l'article 98 L. C. 1867.

8. Cette d isposition prévoit :

98. Les juges des cours de Québec seront choisis parm i les membres d u barreau de cette province.

98. The judges of the Courts of Quebec shal l be selected from the Bar of that Province.

9 . La première question se l i t comme suit:

1 . Quel les sont les cours du Québec visées par l 'article 98 de la Loi constitutionnelle de 1867?

1 0 . Selon la Procureure générale du Québec, l'expression «cours de Québec» à

l'article 98 L. C. 1867, réfère aux cours du Québec dont les juges sont

nommés par le gouverneur général en vertu de l'article 96 L. C. 1867.

1 1 . En effet, la structure de la L. C. 1867 et plus spécifiquement le paragraphe

92( 1 4) et la section intitulée «Jud icature» , comprenant les articles 96 à 1 01 ,

révèlent un partage des rôles dans l'organisation judiciaire entre le

gouvernement fédéral et les provinces. Ce partage permet au gouvernement

fédéra l de nommer les juges des cours supérieures du Québec mais

uniquement dans la mesure où les cand idats sont choisis conformément à

l'article 98 L. C. 1867.

1 2. La deuxième question vise à défin i r l'expression «parm i les membres du

barreau de cette province» ou «from the Bar of that Province» uti l isée à

l'article 98 L. C. 1867:

2 . Quel les sont les cond itions de nomination des juges des cours du Québec requises par l 'article 98 de la Loi

Page 10: Québec AG Factum in Mainville Reference

4. Mémoire de la P rocureure générale du Québec Les questions en l itige

constitutionnelle de 1867 et cet article permet-i l la nom ination de personnes qui sont membres des cours fédérales?

1 3. Selon la Procureure générale d u Québec, seuls les membres d u Barreau du

Québec ou d 'un tribunal jud iciaire du Québec au sens de l'article 1 de la Loi

sur les tribunaux judiciaires peuvent être nommés juges à la Cour supérieure

et à la Cour d'appel d u Québec. Ainsi , un juge de la Cour d'appel fédérale ne

peut être nommé à la Cour d'appel du Québec.

- Loi sur les tribunaux judiciaires, RLRQ c T-1 6, art. 1 , mémoire du P .G .Q. , annexe Il , onglet 3 .

1 4. L'article 98 L. C. 1867 incarne un élément d u compromis constitutionnel

fondamental relatif à la protection du système civil iste du Québec. À cet

égard , i l permet uniquement la nomination des membres d u Barreau d u

Québec o u des tribunaux jud icia ires d u Québec qu i ont accédé à la

m agistrature parce qu' i ls étaient, préalablement à leur nomination , membres

d u Barreau d u Québec. En effet, seuls les membres actuels d u Barreau du

Q uébec et les membres actuels des tribunaux jud iciaires d u Québec ont

conservé un l ien continu avec le m il ieu juridique québécois leur permettant

d'assurer la protection d u droit civi l .

Page 11: Québec AG Factum in Mainville Reference

5. Mémoire de la P rocureure générale du Québec Les arguments

III

LES ARGUMENTS

1 5. Le présent renvoi ne porte évidemment pas sur la compétence de monsieur

le juge Robert Mainville. I l s'agit plutôt, pour la Cour, de se prononcer sur les

cond itions constitutionnelles objectives permettant à une personne d'être

nommée j uge aux cours supérieures du Québec.

1 6 . En o utre, la Procureure générale d u Québec n' invite pas la Cour à se

prononcer sur la valid ité constitutionnelle de l 'article 3 de la Loi sur les juges

qui prévoit certaines cond itions de nomination des juges «d'une jurid iction

supérieure d 'une province» .

- Loi sur les juges, LRC 1 985, c J-1 , art. 3 , mémoire du P .G .Q. , annexe Il , ong let 4.

1 7. En effet, comme i l sera démontré, l'article 3 de la Loi sur les juges doit

recevoi r une interprétation se conciliant ple inement avec les exigences

constitutionnelles de l'article 98 L. C. 1867.

1. LES PRINCIPES D'INTERPRÉTATION APPLICABLES À UNE DISPOSITION CONSTITUTIONNELLE

1 8. Pu isqu' i l s'agit de la première fois qu'un tribunal doit analyser la portée de

l'article 98 L. C. 1867, i l convient d'abord d'établ ir les principes d' interprétation

nécessai res à un tel exercice. Les principes d ' interprétation de la Constitution

sont b ien connus et les tribunaux ont récemment eu l 'opportunité de les

réitérer et de les clarifier.

- Renvoi relatif à un projet de loi fédéral relatif au Sénat, 201 3 QCCA 1 807, par. 30-33, cahier de sources du P .G .Q. , onglet 1 ;

- Renvoi relatif à la réforme du Sénat, [201 4] 1 RCS 704, par. 25-26, cah ier de sources du P .G .Q. , onglet 2 ;

- Renvoi relatif à la Loi sur la Cour suprême, art. 5 et 6, [201 4] 1 RCS 433, par. 1 9 , ci-après «Renvoi sur la Cour suprême», cah ier de sources du P .G .Q . , onglet 3 .

Page 12: Québec AG Factum in Mainville Reference

6. Mémoire de la Procureure générale du Québec Les arguments

1.1 Les d ispositions de la Constitution doivent recevoir une i nterprétation contextuelle

1 9. Au moment de se prononcer sur une i n itiative fédérale relative à la réforme

d u Sénat, la Cour d'appel du Ouébec a interprété les d ispositions de la

Constitution qu i prévoient les procédures de modification constitutionnelle.

Elle indiquait que cette interprétation doit se fai re :

[E]n lisant ces d ispositions dans leur contexte linguistique, philosophique et historique, afin de bien en cerner leur véritable portée.

- Renvoi relatif à un projet de loi fédéral relatif au Sénat, 201 3 OCCA 1 807, par. 30, cah ier de sources du P .G .O. , onglet 1 ;

- Voi r également Renvoi relatif à la réforme du Sénat, [201 4] 1 RCS 704, par. 25-26, cahier de sources du P .G .O. , onglet 2 .

20. L'im portance de l'analyse contextuelle dans l' interprétation d 'une d isposition

constitutionnelle a été réitérée récem ment par la Cour suprême du Canada

dans le Renvoi sur la Cour suprême:

[L]es art. 5 et 6 de la Loi sur la Cour suprême contiennent une caractéristique essentielle de la Cour suprême du Canada - sa composition - que protège la partie V de la Loi constitutionnelle de 1982. À ce titre, ils doivent être interprétés généreusement en fonction de leur objet et examinés dans leurs contextes linguistique, philosophique et h istorique. (Nous soulignons)

- Renvoi sur la Cour suprême, [201 4] 1 RCS 433, par. 1 9 , cahier de sources du P .G .O. , onglet 3.

2 1 . En l'espèce, le contexte entourant l'élaboration de l'article 98 L. C. 1867 et sa

relation avec les autres articles relatifs à l'organisation jud iciaire permettront

de défin ir son objet et sa portée.

1.2 Une d isposition constitutionnelle exprimant un compromis fondamental doit être i nterprétée de manière à mettre en œuvre ce compromis

22. L'analyse contextuelle d'une d isposition constitutionnelle révèle parfois que

cette d isposition constitue un compromis fondamental dans l'architecture

constitutionnelle canad ienne. À cet égard , la Cour suprême d u Canada a

indiqué que ces d ispositions devaient recevoi r une interprétation particulière.

Page 13: Québec AG Factum in Mainville Reference

7. Mémoire de l a Procureure générale du Québec Les arguments

Renvoi sur la Cour suprême, [2014] 1 RCS 433, par. 59, cahier de sources du P .G.O. , onglet 3 .

23. Ces d ispositions doivent être interprétées de façon plus précise et de

manière à ne pas dénaturer les garanties qu'elles protègent, et ce, afin de

respecter l'objet et le but du compromis.

- MacDonald c. Ville de Montréal, [1986] 1 RCS 460, 500-501, cahier de sources du P .G .O. , onglet 4;

- Société des Acadiens c. Association of Parents, [1986] 1 RCS 549, 578, cah ier de sources du P .G .O. , onglet 5;

- Renvoi sur la Cour suprême, [2014] 1 RCS 433, par. 59 et 69, cahier de sources du P .G.O. , onglet 3 .

1.3 L'i nterprétation d'une disposition constitutionnelle doit être conforme aux principes constitutionnels sous-jacents

24. L'interprétation de l'article 98 L. C. 1867, com me l'ensemble de la structure

constitutionnelle canad ienne, doit profiter de l'éclai rage des principes

constitutionnels sous-jacents.

25. Selon la Cour suprême :

Ces principes gu ident l' interprétation d u texte et la défin ition des sphères de compétence, la portée des dro its et obligations ainsi que le rôle de nos institutions polit iques. Fait tout aussi important, le respect de ces principes est indispensable au processus permanent d'évolution et de développement de notre Constitution [ ... ].

- Renvoi relatif à la sécession du Québec, [1998] 2 RCS 217, par. 52, cahier de sources du P .G .O. , onglet 8.

26. Les principes constitutionnels sous-jacents utiles dans le cadre du présent

renvoi sont : le fédéralisme et la protection des m inorités.

27. Le principe d u fédéralisme permet une interprétation du texte constitutionnel

qui reconnaît la diversité des composantes de la fédération canadienne

notamment dans le partage constitutionnel de la souveraineté lég islative. En

1867, un État fédéral était la seule structure qu i permettait aux quatre (4)

provinces fondatrices d'en arriver à une entente.

Page 14: Québec AG Factum in Mainville Reference

8. Mémoire de la Procureure générale du Québec Les arguments

- Renvoi relatif à la sécession du Québec, [1 998] 2 RCS 21 7, par. 59, cahier de sources du P .G.Q . , onglet 8.

28. Enfin , le principe de la protection des m inorités se reflète notamment dans

les nombreux compromis historiques qui ont permis la création du Canada et

dont l'existence se reflète dans le texte de la Constitution canad ienne. Ces

com promis doivent être considérés dans l'interprétation constitutionnelle.

- Renvoi relatif à la sécession du Québec, [1 998] 2 RCS 21 7, par. 80-81 , cahier de sources d u P .G.Q. , onglet 8 .

1.4 L'interprétation de différentes dispositions constitutionnel les visant le même objet doit être cohérente

29. En matière d' interprétation législative, on suppose qu' i l existe une cohérence

entre les d ifférentes règles, et ce, de manière à ce que l'ensemble des

éléments du corpus législatif s'accordent les uns avec les autres.

- P ierre-André Côté avec la collaboration de Stéphane Beaulac et Mathieu Devinat, L'interprétation des lois, 4e éd . , Montréal, Éd itions Thémis, 2009 , à la p. 395, cahier de sources du P .G .Q. , onglet 1 4.

30. Ce principe de cohérence s'applique également au moment d ' interpréter la

Constitution. La Cour suprême du Canada a d'ailleurs ind iqué «que la

Constitution du Canada forme un tout et do it être lue com me un ensemble».

- Québec (Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse) c. Communauté urbaine de Montréal, [2004] 1 RCS 789 , par. 1 6 , cah ier de sources d u P .G .Q. , onglet 7.

31 . Dans le Renvoi relatif à la sécession du Québec, la Cour insiste sur le fait

que chaque élément de la Constitution est lié aux autres et doit être

interprété en fonction de l'ensemble.

- Renvoi relatif à la sécession du Québec, [1 998] 2 RCS 21 7, par. 50, cahier de sources d u P .G.Q. , onglet 8;

- Voir également: Renvoi relatif à la réforme du Sénat, [201 4] 1 RCS 704, par. 26 , cah ier de sources d u P .G .Q. , onglet 2 .

Page 15: Québec AG Factum in Mainville Reference

9. Mémoire de la Procureure générale du Québec Les arguments

2. L'EXPRESSION «COURS DE QUÉBEC» À L'ARTICLE 98 DE LA LOI CONSTITUTIONNELLE DE 1867 VISE LES COURS DU QUÉBEC DONT LES J UGES SONT NOMMÉS PAR LE GOUVERNEUR GÉNÉRAL (QUESTION 1)

32. La première question posée à la Cour dans le cadre du présent renvoi l'invite

à déterm iner le sens de l'expression «cours de Québec» à l'article 98 L. C.

1867.

33. Selon la Procureure générale du Québec, le sens de cette expression peut

se dédu i re d'une part, de la compétence des provinces en matière

d'administration de la justice et, d 'autre part, de la structure de la section VI I

de la L. C. 1867, i ntitulée «Jud icature» , comprenant les articles 96 à 1 01 .

2.1 Le partage des compétences dans l'administration de la justice au Canada et la nomination des juges

34. En 1 867, dans le cadre des d iscussions entourant la création du Canada ,

l'administration de la justice a fait l'objet de négociations dont le résultat se

retrouve au paragraphe 92(1 4) et à la section «Jud icature» de la L.C. 1867

(art. 96 à 1 01 ).

35. Le paragraphe 92(1 4) L.C. 1867 prévoit la compétence des provinces sur

l'adm inistration de la justice:

92. Dans chaque province la législature pourra exclusivement faire des lois relatives aux matières tom bant dans les catégories de sujets ci-dessous énumérés, savoir:

[ . . . ]

(14) L'adm inistration de la justice dans la province, y com pris la création , le maintien et l'organisation de tribunaux de justice pour la province, ayant juridiction civile et crim inelle, y com pris la procédure en

92. In each Province the Legislature may exclusively make Laws in relation to Matters com ing within the Classes of Subjects next hereinafter enumerated ; that is to say,

[ . . . ]

(14) The Administration of J ustice in the Province, including the Constitution , Maintenance, and Organization of Provincial Courts, both of Civil and of Crim inal Jurisdiction , and includ ing Procedure in Civil Matters in

Page 16: Québec AG Factum in Mainville Reference

10. Mémoire de la Procureure générale du Québec Les arguments

matières civiles dans ces those Courts. tribunaux;

- L. e. 1867, art. 92(1 4), mémoire du P .G .O. , annexe I l , onglet 1 .

36. Récem ment, dans l'arrêt de la Cour suprême Ontario c. Criminal Lawyers'

Association of Ontario, la juge Karakatsanis, pour la majorité de la Cour,

traçait a insi les pourtours de cette compétence provinciale:

Dans l'exercice de ce pouvoir, les lég islatures provinciales édictent des lois et prennent des règlements sur les tribunaux, les règles de procédure et la procédure civile, ou elles délèguent cette fonction à une autre entité. En outre, elles adoptent des lois pour assurer aux tribunaux l' infrastructure et le personnel nécessaires à leur fonctionnement, et elles créent des programmes qu i permettent la représentation par avocat d'une partie à une instance jud iciaire . La législature provinciale vote les fonds nécessaires au fonctionnement du système de justice dans la province, et l'exécutif, surtout par l' i ntermédiaire d u bureau d u procureur général, est chargé de la gestion de ces fonds et, de façon plus générale, de l'adm inistration de la justice elle-même. Comme l'a affirmé le juge D ickson dans Di lorio c. Gardien de la prison de Montréal, [1 978] 1 R.C.S. 1 52 , p. 200, « [d]epuis la Confédération , ce sont les procureurs généraux des provinces qu i , en pratique, ont vu à "l'adm inistration de la justice" au sens le plus large de l'expression. Ce sont les contribuables provinciaux qui en ont assumé les frais élevés. )}

- Ontario c. Criminal Lawyers' Association of Ontario, [201 3] 3 RCS 3, par. 33, cah ier de sources du P .G .O. , onglet 9.

37. C'est en vertu du paragraphe 92( 1 4) L.C. 1867 que les provinces, qui ne

d isposa ient pas déjà d 'une cour supérieure au moment de leur entrée dans

la Confédération , ont pu en établir une.

- Acte de la Cour Suprême, SM 1 871 , c 2 , art. 1 , (Man.), preuve du P .G.O. , onglet 4;

- Act respecting the Supreme Court, SA 1 907, c 3 , art. 3 , (Alb .) , preuve du P .G .O . , onglet 5 ;

- Judicature Act, SS 1 907, c 8, art. 4, (Sask.), preuve du P .G.O. , onglet 6 .

38 . L'article 96 L. C. 1867 indique quant à lu i :

Page 17: Québec AG Factum in Mainville Reference

11. Mémoire de la Procureure générale du Québec Les arg uments

96. Le gouverneur-général nommera les juges des cours supérieures, de d istrict et de comté dans chaque province, sauf ceux des cours de vérification d ans la Nouvel le-Écosse et le Nouveau-Brunswick.

96. The Governor General shal l appoint the J udges of the Superior, District, and County Courts i n each Province, except those of the Courts of Probate i n Nova Scotia and New Brunswick.

- L. e. 1867, art. 96 , mémoire d u P .G .Q. , annexe I l , onglet 1 ;

39. L'article 96 L.C. 1867 constitue une exception à la compétence provinciale

en m atière d'administration de la justice en prévoyant que les juges de

certaines cours provinciales, notamment les cours supérieures, seront

nommés par le gouvernement fédéra l .

- G i l les Pépin , Les tribunaux administratifs et la Constitution: Étude des articles 96 à 101 de l'A.A.N.B., Montréal , Les Presses de l 'Université de Montréal , 1 969 , à la p . 89, cah ier de sources du P .G.Q. , onglet 1 5 ;

- Peter W. Hogg , Constitutional Law of Canada, 5e éd , feu i l les mobi les, à la p . 7-5, cah ier de sources du P .G .Q. , onglet 1 6.

40. Pour sa part, l 'article 1 01 L.C. 1867 permet au Parlement fédéral de «créer,

maintenir et organiser» une cour générale d 'appel pour le Canada et de

façon p lus générale, des cours pour l 'appl ication d u droit fédéral . C'est en

1 875 que le Parlement fédéral a uti l isé cette compétence afin de créer la

Cour suprême d u Canada et la Cour de l 'Échiquier. En 1 970, la Cour

fédéra le et la Cour d'appel fédérale succèdent à la Cour de l 'Échiquier en

certaines matières.

- Acte de la Cour suprême et de l'Échiquier, SC 1 875, c 1 1 , art. 1 , preuve d u P .G .Q. , onglet 7 ;

- Loi sur la Cour fédérale, SRC 1 970, 2e suppl , c 1 0, a rt. 3-4, preuve d u P . G . Q . , onglet 8 .

41 . En somme, cette description révèle que les provinces d isposent de la

compétence de principe sur l 'administration de la justice a lors que le

Parlement fédéra l peut nommer les juges des cours supérieures provinciales.

Page 18: Québec AG Factum in Mainville Reference

12. Mémoire de la Procureure générale du Québec Les arguments

Enfin , le Parlement fédéral d ispose d'une compétence législative sur les

tribunaux fédéraux créés en vertu de l'article 1 01 L. C. 1867.

2.2 L'expression «cours de Québec» à l'article 98 de la Loi constitutionnelle de 1867 vise la Cour supérieure et la Cour d'appel du Québec

42. Dans le cad re de ce partage des responsabilités en matière d 'administration

de la justice , i l peut paraître singulier que les provinces a ient accepté que le

gouvernement fédéral nomme les juges de certaines cours provinciales.

- Gi lles Pépin, Les tribunaux administratifs et la Constitution: Étude des articles 96 à 101 de l'A.A. N. B. , Montréal, Les Presses de l'Université de Montréal, 1 969, aux pp. 84-85 , cah ier de sources du P .G .Q. , onglet 1 5;

- Voi r également Peter W. Hogg, Constitutional Law of Canada, 5e éd , feu i lles mobiles, à la p . 7-5, cah ier de sources d u P .G .Q. , onglet 1 6.

43. Peu importe la raison réelle ayant motivé ce choix en 1 867, l' i mportance que

revêtait l'adm inistration de la justice pour les provinces et en particulier pour

le Québec en raison de son système de dro it civil, nécessitait que ce pouvoi r

de nom ination accordé au gouvernement central soit encadré.

44. L'article 98 L. e. 1867, en prévoyant certaines l im ites au pouvoir de

nom ination d u gouvernement fédéral, com plète ainsi la structure du partage

des com pétences en matière d'adm inistration de la justice. Selon le

professeur Peter W. Hogg:

The result of the jud icature sections of the Constitution Act, 1 867 is com pulsory co-operative federalism . It is for the provinces under s. 92( 1 4) to create ail provincial courts, and to determine how many judges are to be appointed . But, with respect to the higher courts, the actual appointments m ust be made by the federal government (from the bar of the province), and the judges' salaries m ust be provided by the federal Parliament.

- Peter W. Hogg, Constitutional Law of Canada, 5e éd , feu illes mobiles, à la p . 7-7, cahier de sources du P .G .Q . , onglet 1 6 .

45. Dans ce cadre, l'article 98 L. C. 1867 constitue a insi une garantie pour le

Québec.

Page 19: Québec AG Factum in Mainville Reference

13. Mémoire de la P rocureure générale du Québec Les arg uments

[E]n obl igeant le gouverneur général à ne désigner que des membres du Barreau de la province concernée, le législateur se trouvait en même temps à reconnaître que ce pouvo ir de nomination avait une importance politique et que certaines précautions devaient en conséquence être prises, notamment pour empêcher la nom ination d'avocats peu fam i l iers avec le droit de la province concernée - une condition sine qua non de la survie du droit civi l québécois [ . . . ] .

- G i l les Pépin, Les tribunaux administratifs et la Constitution: Étude des articles 96 à 101 de l'A.A. N.B. , Montréal, Les Presses de l'Université de Montréal, 1 969 , à la p . 87, cah ier de sources du P .G.Q. , onglet 1 5;

- Voi r également: Joseph Cauchon, L'union des provinces de l'Amérique Britannique du Nord, Québec, I mprimerie de A. Côté et cie, 1 865, à la p. 1 1 4 , cah ier de sources du P.G.Q. , onglet 1 7;

- Jacques-Yvan Morin et José Woehrl ing, Les constitutions du Canada et du Québec du régime français à nos jours, Montréal, Éditions Thémis, 1 992, à la p. 337, cah ier de sources du P.G.Q. , onglet 1 8.

46. L'article 98 L. C. 1867 vise donc à encadrer le pouvoir fédéral de nomination

des j uges des cours supérieures du Québec. Ainsi, l'expression «cours de

Québec» à l'article 98 ne peut viser que les cours dont les juges sont

nommés par le gouvernement fédéral, soit la Cour supérieure et la Cou r

d'appel d u Québec.

47. La doctrine s'attardant au sens de l'expression «cours de Québec» à l'article

98 L. C. 1867 est essentiel lement unanime à cet égard.

- Joseph Cauchon, L'union des provinces de l'Amérique Britannique du Nord, Québec, I mprimerie de A. Côté et cie, 1 865, à la p. 1 1 4, cahier de sources du P .G .Q. , onglet 1 7;

- G i l les Pépin, Les tribunaux administratifs et la Constitution: Étude des articles 96 à 101 de l'A.A. N. B. , Montréal, Les Presses de l'Université de Montréal, 1 969 , aux pp. 86-87, cahier de sources du P .G .Q. , onglet 1 5 ;

- Peter H . Russel l , The Judiciary in Canada, Toronto, McGraw-Hi l l Ryerson, 1 987, à la p. 1 60, cah ier de sources du P .G.Q. , onglet 1 9;

- Jacques-Yvan Morin et José Woehrl ing, Les constitutions du Canada et du Québec du régime français à nos jours, Montréal, Éditions Thémis, 1 992, à la p. 337, cah ier de sources du P .G.Q. , onglet 1 8;

- Peter W. Hogg, Constitutional Law of Canada, 5e éd, feu i l les mobi les, à la p. 7-5 , cahier de sou rces du P.G.Q. , onglet 1 6 ;

Page 20: Québec AG Factum in Mainville Reference

14. Mémoire de la Procureure générale du Québec Les arguments

- Henri Brun, Guy Tremblay et Eugénie Broui l let, Droit constitutionnel, 6e éd, Cowansvi l le, Éditions Yvon Blais, 201 4, à la p. 858, cahier des sources du P .G .Q. , onglet 20.

3. EN VERTU DE L'ARTICLE 98 DE LA LOI CONSTITUTIONNELLE DE 1867, SEULS LES MEMBRES DU BARREAU D U QUÉBEC OU D'UN TRIBUNAL J UDICIAIRE DU QUÉBEC PEUVENT ÊTRE NOM MÉS À LA COUR SUPÉRIEU RE OU À LA COUR D'APPEL DU QUÉBEC (QUESTION 2)

48. La deuxième question soumise à la Cour dans le cadre du présent renvoi

porte sur le sens de l'expression « parm i les membres du barreau de cette

province » ou « from the Bar of that Province » à l'article 98 L. C. 1867.

49. De l'avis de la Procureure générale, l'article 98 L. C. 1867 doit être i nterprété

de manière à viser les membres du Barreau du Québec et les membres des

tribunaux judicia ires du Québec énumérés à l'article 1 de la Loi sur les

tribunaux judiciaires (Cour d'appel, Cour supérieure, Cour du Québec et les

cours mun icipales).

- Loi sur les tribunaux judiciaires, RLRQ, c T-1 6, art. 1 , mémoire du P .G.Q. , annexe I l , onglet 3 .

50. Afin de respecter l 'objet de l'article 98 L. C. 1867, seuls les membres des

tribunaux judiciaires du Québec qu i ont accédé à la magistrature parce qu'i ls

étaient, préalablement à leur nomination, membres du Barreau du Québec,

ont conservé un l ien suffisant avec le m il ieu juridique québécois et peuvent

conséquemment être nommés à la Cour supérieure o u à la Cour d'appel du

Québec.

5 1 . Ainsi, les juges de la Cour fédérale et de la Cour d'appel fédérale ne peuvent

être nommés juges à la Cour d'appel du Québec.

3.1 L'objet de l'article 98 de la Loi constitutionnelle de 1867 est d'assurer la protection du système civi l iste du Québec

52. Selon la méthode de l'analyse contextuelle, i l est nécessai re de se pencher

sur le contexte h istorique ayant mené à la rédaction de l'article 98 L. C. 1867,

et ce, afin de faire ressortir son objet.

Page 21: Québec AG Factum in Mainville Reference

15. Mémoi re de la Procureure générale du Québec Les arg uments

3.1.1 La protection du système civi l iste pendant la période préconfédérative

53. L'exigence prévue à l'article 98 L. C. 1867 quant à la qual ification des juges

du Québec s'inscrit dans le cadre historique relatif à la protection continue du

droit civil au Canada.

54. Rappelons que la Proclamation royale de 1763 met un terme au régime

m i l itai re qui a suivi la conquête de la Nouvel le-France par la

Grande-Bretagne. L'un des effets de la Proclamation est de substituer le droit

civil anglais au droit civil français qu i était, jusqu'alors, en vigueur en

Nouvelle-France.

- Jacques-Yvan Morin et José Woehrl ing, Les constitutions du Canada et du Québec du régime français à nos jours, Montréal, Éditions Thémis, 1992, à la p. 47, cah ier de sources du P .G.Q. , onglet 18.

55. Quelques années plus tard, en 1774, l'Acte de Québec marque la naissance

du bijuridisme par le rétabl issement du droit civil français au Québec. Selon

la juge L'Heureux-Dubé tel qu'el le s'exprime en 1989 dans l'affaire

Laurentide Motels Ltd. : « L'Acte de Québec de 1774, a scellé le sort des

deux grands systèmes juridiques qui al la ient régir le droit applicable au

Québec [ ... ] ».

- Laurentide Motels Ltd. c. Beauport (Ville), [1989] 1 RCS 705, 737, cah ier de sources du P.G.Q. , onglet 10.

56. Par la suite, tant l'Acte constitutionnel de 1791 que l'Acte d'union de 1840 ont

préservé l 'existence du droit civil sur le territo ire de ce qu i al lait devenir en

1867 la province de Québec.

- Jacques-Yvan Morin et José Woehrl ing, Les constitutions du Canada et du Québec du régime français à nos jours, Montréal, Éditions Thémis, 1992, à la p. 52, cah ier de sources du P .G.Q. , onglet 18;

- André Tremblay, Les compétences législatives au Canada et les pouvoirs provinciaux en matière de propriété et de droits civils, Ottawa, Éditions de l 'Université d'Ottawa, 1967, à la p. 36, cahier de sources du P.G.Q. , onglet 21.

Page 22: Québec AG Factum in Mainville Reference

16. Mémoire de la Procureure générale du Québec Les arguments

57. Sous le régime de l'Acte d'union de 1 840, malgré la fusion pol itique du

Haut-Canada et du Bas-Canada, ceux-ci ont conservé leur structure

j udiciaire distincte. Ainsi, toute entente future sur une un ion fédérale devait

préserver le contrôle du Bas-Canada sur son système judiciaire.

- Martin L. Friedland, Une place à part: l'indépendance et la responsabilité de la magistrature au Canada, Ottawa, Consei l canadien de la magistrature, 1 995, à la p. 260, cah ier de sources du P.G.Q., onglet 22.

58. D'a i l leurs, en 1 849, une réforme législative majeure a m is en place la Cour

supérieure du Québec et la Cour du Banc de la Reine, ancêtre de la Cour

d'appel du Québec telle que nous la connaissons aujourd'hu i.

- Acte pour amender les lois relatives aux cours de jurisdiction civile en première instance, dans le Bas-Canada, 1 2 Vict, c 38, 1 849, art. III, preuve du P.G.Q., onglet 9;

- Acte pour établir une cour ayant juridiction en appel et en matières criminelles, pour le Bas-Canada, 1 2 Vict, c 37, 1 849, art. I l , preuve du P.G.Q. , onglet 1 0.

59. La Cour du Banc de la Reine nouvel lement créée est décrite ainsi par Me Luc

Huppé:

Composée de quatre juges, soit un juge en chef et tro is juges puînés, el le possède une double juridiction de première instance et d'appel : en matières crim inel les, el le possède la même compétence dans le Bas-Canada que les diverses Cours du Banc de la reine possédaient avant leur abol ition ; el le exerce aussi une compétence d'appel en matières civiles et à titre de cour de pourvoi pour erreur, dans toute l'étendue du Bas-Canada.

- Luc Huppé, Histoire des institutions judiciaires au Canada, Montréal, Wilson & Lafleur, 2007, à la p. 31 7, cahier de sources du P.G.Q., onglet 23.

60. La lo i créant la nouvelle Cour du Banc de la Reine prévoit également les

principales conditions de nomination des juges à cette cour:

[P]ersonne ne sera nommé juge-en-chef ou juge puisné comme susdit, à moins d'avoi r été, lors de sa nomination, juge de l 'une des diverses cours du banc de la Reine dans le Bas-Canada, ou juge de la cour supérieure, ou juge de

Page 23: Québec AG Factum in Mainville Reference

17. Mémoire de la Procureure générale du Québec Les arguments

circuit, ou à moins d'avoi r été avocat pratiquant pendant au moins dix ans au barreau du Bas-Canada [ . . . ] (Nous soul ignons)

- Acte pour établir une cour ayant juridiction en appel et en matières criminelles, pour le Bas-Canada, 1 2 Vict, c 37, 1 849, art. I l , preuve du P.G.Q., onglet 1 0 ;

- Voi r au même effet pour les nominations à la Cour supérieure : Acte pour amender les lois relatives aux cours de jurisdiction civile en première instance, dans le Bas-Canada, 1 2 Vict, c 38, 1 849, art. IV, preuve du P.G.Q., onglet 9 .

6 1 . Cette disposition est reproduite dans les lois refondues du Bas-Canada de

1 861 avec quelques modifications m ineures.

- Acte concernant la Cour du Banc de la Reine, SRB-C 1 861 , c 77, art. 1 (2), preuve du P.G.Q., onglet 1 1 .

62. Ainsi, à la vei l le de la Confédération, l 'accession à la Cour du Banc de la

Reine du Bas-Canada est l im itée aux personnes qu i étaient, au moment de

leur nomination, membres du Barreau du Bas-Canada ou d'un tribunal

supérieur du Bas-Canada. À cet égard, notons qu'à cette époque, les

conditions de nomination à la Cour du Banc de la Reine prenaient en compte

le fait que de nombreux juges des tribunaux i nférieurs n'ava ient pas à être

membres du Barreau préalablement à leur nomination.

- À titre d'exem ple: Acte concernant les cours de commissaires pour la décision sommaire des petites causes, SRB-C 1 861 , c 94, art. 1 , preuve du P.G.Q. , onglet 1 2 ; Acte concernant la qualification des juges de paix, S RC 1 859, c 1 00, art. 1 , preuve du P.G.Q., onglet 1 3.

63. Les conditions de nomination à la Cour du Banc de la Reine excluaient donc

les candidats provenant du Barreau ou de la magistrature du Haut-Canada

ou d'une autre colonie britannique, ou même ceux provenant du Royaume­

Uni .

64. Enfin, bien que le contexte législatif relatif aux conditions de nomination des

juges ait changé à quelques reprises après l'entrée en vigueur de l 'article 98

L. C. 1867, les j uges des cours supérieures du Québec ont toujours été

choisis parm i les membres i nscrits au Barreau du Québec ou parm i les juges

Page 24: Québec AG Factum in Mainville Reference

18. Mémoire de la Procureure générale du Québec Les arguments

d'un tribunal judiciaire québécois. Depuis 1 849, la nom ination du juge Robert

Mainvil le, le 1 3 ju in 201 4, constitue la seule exception à cet égard.

- Sur l'évolution du contexte législatif concernant la nomination des juges après la Confédération: L.C. 1867, art. 1 29, mémoire du P.G .Q. , annexe I l , onglet 1 ; Acte concernant les statuts révisés du Canada, SRC 1 886, art. 5 (2) et ann A, preuve du P .G.Q. , onglet 1 4; Acte concernant les Statuts Refondus de la Province de Québec, 50 Vict, c 5, art. 5(2), appendice A; preuve du P .G .Q. , onglet 1 5 ; Loi modifiant la Loi sur les juges, 2 George V, c 29, art. 9, preuve du P.G.Q. , onglet 1 6;

- Voi r Tableau sur la provenance des juges des cours supérieures du Québec de 1 849 à 20 1 4, preuve du P .G .Q. , onglet 2 .

3.1.2 L'article 98 de la Loi constitutionnelle de 1867 consacre u n compromis fondamental relatif à la protection du système civi l iste au Canada

65. La protection du droit civi l au Québec a fait l 'objet d'un compromis historique

fondamental qu i se retrouve dans la L. C. 1867. Selon les professeurs Morin

et Woehrl ing, la L.C. 1867 permettait a insi aux Québéco is de protéger leur

spécificité :

[À] l' intérieur d'un ensemble fédératif, les francophones du Québec, tout m inoritaires qu'i ls fussent en Amérique du Nord, formera ient la majorité dans leur province et pourraient de ce fait en contrôler les institutions pol itiques afin de m ieux défendre leur triple spécificité tenant à la langue francaise, à la foi cathol ique et au droit civil . (Nous soul ignons)

- Jacques-Yvan Morin et José Woehrling, Les constitutions du Canada et du Québec du régime français à nos jours, Montréal, Éditions Thémis, 1 992, à la p. 1 54, cahier de sources du P .G.Q. , onglet 1 8.

66. Cette particularité du système juridique québécois, par rapport au système

existant dans les autres colonies britanniques d'Amérique du Nord, constitue

d'ai l leurs l 'une des principales raisons ayant mené à l'adoption d'un régime

fédéral pour le Canada en 1 867 :

Nous l'avons vu, les différences existant entre les systèmes juridiques du Bas-Canada et des autres provinces étaient, de l'avis même de Macdonald, une des causes profondes de l ' impossib i l ité de réal iser l 'union législative ; le maintien

Page 25: Québec AG Factum in Mainville Reference

19. Mémoire de la Procureure générale du Québec Les arguments

obl igatoi re de ces différences conduisait donc à la fédération . Jamais le Bas-Canada n'aurait accepté un régime qu i l'aurait dépossédé des avantages de l 'Acte de Québec ou qu i aura it rendu aléatoi res les bénéfices de la codification de ses lois civi les.

- André Tremblay, Les compétences législatives au Canada et les pouvoirs provinciaux en matière de propriété et de droits civils, Ottawa, Éditions de l'Université d'Ottawa, 1 967, à la p. 43, cahier de sources du P .G .Q. , onglet 2 1 .

67. L'article 98 L. C. 1867, en prévoyant les conditions de nomination des juges

qu i auront à appl iquer le droit civil au Québec, constitue donc un élément

fondamental du compromis relatif à la protection du droit civi l .

- G i l les Pépin , Les tribunaux administratifs et la Constitution: Étude des articles 96 à 101 de l'A. A. N.B. , Montréal , Les Presses de l'Université de Montréal , 1 969, aux pp. 86-87, cahier de sources du P .G .Q. , onglet 1 5 ;

- Gérald-A. Beaudo in , La Constitution du Canada, 3e éd, Montréal , Wilson & Lafleur, 2004, à la p. 1 89 , cah ier de sources du P .G .Q. , onglet 24;

- W.H. McConnel l , Commentary on the British North America Act, Toronto, McMi l lan, 1 977, aux pp. 31 6-31 7, cah ier de sources du P .G .Q. , onglet 25;

- Bayard Reesor, The Canadian Constitution in Historical Perspective, Scarborough, Prentice-Hal l , 1 992, à la p. 254, cah ier de sources du P .G .Q . , onglet 26.

68. D'a i l leurs, dès les premières discussions entourant l 'union des colonies

britanniques en Amérique du Nord, une proposition de résolution portant sur

les conditions de nomination des juges du Québec est mise de l'avant. Cette

résolution adoptée en 1 864 lors de la Conférence de Québec prévoyait:

35. The J udges of the Courts of Lower Canada shall be selected from the Bar of Lower Canada.

- Joseph Pope, éd., Confederation: being a series of hitherto unpublished documents bearing on the British North America Act, 1 895, à la p. 45, preuve du P .G .Q . , onglet 1 7.

69. En 1 865, lors des débats sur le projet d'union au sein de l'Assemblée

législative du Canada-Uni , S i r Hector-Louis Langevin , sol l iciteur général du

Canada-Un i , répondait ainsi aux députés qu i cra ignaient que les nominations

du gouvernement fédéral ne viennent mettre en danger le système civil iste:

Page 26: Québec AG Factum in Mainville Reference

20. Mémoire de la Procureure générale du Québec Les arg uments

Il est bon de remarquer, en passant, que, dans la constitution proposée, il y a un article qu i porte que les juges des cours du Bas-Canada seront choisis parm i les membres du barreau de cette section. Cette exception n'a été faite que pour le Bas-Canada, et el le est une magnifique garantie pour ceux qui craindraient le système projeté.

- Débats parlementaires sur la question de la Confédération, 3e Session, 8e Parlement provincial du Canada, 1 865, (H.-L. Langevin) à la p. 394, preuve du P.G.Q., onglet 1 8.

70. Cet article sera finalement entériné à la Conférence de Londres en 1 866 et

deviendra, en 1 867, l'actuel article 98 L. C. 1867.

- Joseph Pope, éd. , Confederation: being a series of hitherto unpublished documents bearing on the British North America Act, 1 895, aux pp. 1 05 et 273, preuve du P.G.Q., onglet 1 7.

7 1 . Dans le cadre de l'examen de la garantie relative à la protection du droit civil,

le professeur Russel l insiste sur l ' importance, pour les représentants du

Bas-Canada de l'époque, de disposer d'un système judiciaire distinct se

reflétant dans le choix des juges:

[Traduction] . . . l'antipathie pour l'idée que des juges d'une tradition juridique étrangère interprètent le Code civil du Bas-Canada ne reposait pas simplement sur une préoccupation à l'égard de la pureté ou de la justesse du droit. El le découlait plus souvent de la prémisse plus fondamentale que le système de droit civil du Québec constituait un ingrédient essentiel de sa culture distinctive et devait par conséquent, de droit, être protégé par des j uges empreints des pratiques judicia ires et des valeurs sociales inhérentes à cette culture. [En ital ique dans l'original.]

- Renvoi sur la Cour suprême, [20 1 4] 1 RCS 433, par. 49, cahier de sources du P.G.Q., onglet 3, la majorité citant avec approbation Peter H. Russel l , The Supreme Court of Canada as a Bilingual and Bicultural Institution, Ottawa, Commission royale sur le bi l inguisme et le bicultural isme (Laurendeau-Dunton), 1 969, à la p. 8, cah ier de sources du P.G.Q., onglet 27.

Page 27: Québec AG Factum in Mainville Reference

21. Mémoire de la Procureure générale du Québec Les arg uments

72. Par a i l leurs, il importe de distinguer l'article 98 L. C. 1867 de l'article 97 qu i

prévoit que les juges des provinces de common law seront choisis parmi les

barreaux respectifs de ces provinces.

97. J usqu'à ce que les lois relatives à la propriété et aux droits civi ls dans Ontario, la Nouvel le-Écosse et le Nouveau-Brunswick, et à la procédure dans les cours de ces provinces, soient rendues un iformes, les j uges des cours de ces provinces qu i seront nommés par le gouverneur­général devront être choisis parm i les membres des barreaux respectifs de ces provinces.

97. Unti l the Laws relative to Property and Civil Rights in Ontario , Nova Scotia, and New Brunswick, and the Procedure of the Courts in those Provinces, are made un iform , the J udges of the Courts of those Provinces appointed by the Governor General shal l be selected from the respective Bars of those Provinces.

- L. C. 1867, art. 97, mémoire du P .G.Q. , annexe I l , onglet 1 .

73. Contrairement à l'article 98 qui représente une garantie fondamentale pour le

Québec, l 'article 97 L. C. 1867 constituait plutôt un élément de droit

transitoi re . En effet, le constituant avait formé le projet, subséquemment à la

Confédération , d'un ifier le droit privé dans les provinces de common law. En

vertu de l 'article 94 L. C. 1867, les provinces de com mon law pouvaient

consentir à ce que le Parlement fédéral légifère afin «de pourvoir à

l 'un iform ité de toutes les lois ou de parties des lois relatives à la propriété et

aux droits civils [ . . . ] et de la procédure dans tous les tribunaux [ . . . ]». Puisque

le Québec n'était pas visé par l 'article 94 L. C. 1867, i l obtenait la garantie que

ses lois en matière civile, et la procédure civi le devant ses tribunaux, ne

pourraient être un iformisées avec celles du Parlement fédéral et des autres

provinces.

- L. C. 1867, art. 94, mémoire du P .G .Q. , annexe I l , onglet 1 .

74. L'obl igation de choisir les juges des provinces de common law dans les

barreaux respectifs de ces provinces devait disparaître au moment de

Page 28: Québec AG Factum in Mainville Reference

22. Mémoire de la P rocureure générale du Québec Les arguments

l 'un iformisation du droit privé et de la procédure civi le dans les provinces de

com mon law. Ainsi, en 1 867, seul le Québec se voyait octroyer la garantie

que les juges de ses cours supérieures ne proviendraient jamais d'un autre

barreau.

- Peter H. Russell , The Judiciary in Canada, Toronto, McGraw-Hi l i Ryerson, 1 987, aux pp. 1 60-1 6 1 , cah ier de sources du P.G.Q., onglet 1 9.

75. Le projet d'uniformisation du droit dans les provinces de com mon law n'a

finalement jama is été m is en œuvre.

* * * * * * * * * *

76. Le contexte historique et législatif entourant la naissance du Canada

démontre l'existence d'un com promis constitutionnel relatif à la protection du

droit civil au Québec. Dans ce cadre, l'objet de l'article 98 L. C. 1867 est de

permettre aux cours supérieures du Québec d'assurer la protection du

système civi l iste québécois. Cette protection est assurée par une

représentation adéquate de la tradition juridique et des valeurs sociales du

Québec au sein des cours supérieures du Québec.

3.2 L'article 98 de la Loi constitutionnelle de 1867, i nterprété en fonction de son objet, permet uniquement la nomination des membres du Barreau et des tribunaux judiciaires du Québec aux cours supérieures du Québec

77. Dans la recherche du sens à donner à une disposition législative ou

constitutionnel le, l'interprète, bien que partant des termes uti l isés par le

législateur, ne doit pas s'en ten ir au seul sens l ittéral mais doit plutôt

rechercher l ' intention du législateur en fonction de l'objet de l'article.

Il faut toutefois admettre que l' interprétation textuelle connaît des l im ites. [ . . . ] C'est pourquoi notre Cour considère désormais que, même en présence d'un texte en apparence clair et concluant, i l importe néanmoins d'examiner le contexte global dans lequel s'inscrit la disposition sous étude.

Page 29: Québec AG Factum in Mainville Reference

23. Mémoire de la Procureure générale du Québec Les arg uments

- Pharmascience inc. c. Binet, [2006] 2 RCS 51 3, par. 32 , cah ier de sources du P.G.O. , onglet 1 1 .

78. L'objectif de cette démarche d'interprétation est de dégager la portée ou

l 'effet de la disposition. Pour ce fai re , i l faut déterminer notamment quels sont

les intérêts à protéger ou quel les sont les règles à réformer. L'interprète

s'appuie sur le texte mais sans se l im iter au strict sens des mots uti l isés.

79. Dans le cadre de cette démarche, il faut constamment se préoccuper de

l 'harmonisation des lois et des normes entre el les. Le résultat de

l ' interprétation doit être cohérent avec les interprétations antérieures.

3.2.1 L'i nterprétation de l'article 98 de la Loi constitutionnelle de 1867 doit permettre la mise en œuvre du compromis historique relatif à la protection du système civi l iste au Québec

a) La méthode d'interprétation d'une disposition constitutionnelle exprimant un compromis historique

80. Rappelons, tel que mentionné précédemment, que la Constitution comporte

certaines dispositions qui expriment des compromis fondamentaux relatif à la

langue (art. 1 33 L. C. 1867), aux systèmes scolaires confessionnels (art. 93

L. C. 1867) et à la protection du droit civil (art. 6 Loi sur la Cour suprême) .

Ces dispositions doivent recevoi r une interprétation particul ière permettant

de les mettre en œuvre.

- MacDonald c. Ville de Montréal, [1 986] 1 RCS 460 , 500-501 , cahier de sources du P.G.O. , onglet 4;

- Renvoi relatif à la Loi sur l'instruction publique (Qué) , [1 993] 2 RCS 51 1 , 529-530 , cah ier de sources du P.G.O. , onglet 6 ;

- Renvoi sur la Cour suprême, [201 4] 1 RCS 433, par. 59 et 69, cahier de sources du P.G.O., onglet 3 ;

- Loi sur la Cour suprême, LRC 1 985, c S-26, art. 6 , mémoire du P.G.O. , annexe I l , onglet 5.

8 1 . Récemment, la Cour suprême a précisé que la présence de trois juges du

Ouébec au sein de la Cour était constitutionnellement protégée. Selon la

Cour, cette exigence relative à la composition de la Cour met en œuvre le

compromis historique relatif à la protection du droit civi l. La majorité de la

Page 30: Québec AG Factum in Mainville Reference

24. Mémoire de l a Procureure générale du Québec Les arguments

Cou r indiquait alors à propos de l' interprétation de l'article 6 de la Loi sur la

Cour suprême :

[L]'art. 6 commande une interprétation plus restrictive des conditions d'admissib i l ité pour qu'il reflète le compromis h istorique destiné à protéger les traditions juridiques et les valeurs sociales du Québec. (Nous soul ignons)

- Renvoi sur la Cour suprême, [20 1 4] 1 RCS 433, par. 69, cahier de sources du P.G.Q. , onglet 3.

82 . Ainsi, parce qu'i l incarne également le compromis relatif à la protection du

droit civi l , l'article 98 L. C. 1867 doit être abordé avec plus de retenue, et ce,

afin « qu' i l reflète le com promis historique destiné à protéger les traditions

juridiques et les valeurs sociales du Québec. »

83. Cette méthode d'interprétation est, par ai l leurs, conforme aux principes

constitutionnels sous-jacents du fédéral isme et de la protection des

m inorités. Elle permet ainsi de mettre en valeur une des particularités du

Québec qu i a justifié le choix du fédéral isme comme mode de gouvernement

en 1 867. Elle permet également le maintien d'un compromis historique

bénéficiant aux Québécois en tant que m inorité dans l'ensemble canadien.

Voi r par. 24 à 28 du présent mémoire .

b) Le sens à donner à l'expression « parmi les membres du barreau de cette province » ou «from the Bar of that Province» à l'article 98 de la Loi constitutionnelle de 1867 à la lumière du compromis historique rel atif à la protection du droit civi l

84. Dans la recherche du sens à donner à l'expression « parmi les membres du

barreau de cette province » ou «from the Bar of that Province» à l'article 98

L. C. 1867, une lecture strictement l ittérale de la version française - qui ne

prendrait pas en compte le contexte - conduirait à un résultat de toute

évidence non conforme à l' intention du constituant.

85. En effet, l'expression « parm i les membres )} semble indiquer que seules les

personnes membres du Barreau du Québec au moment de leur nomination

Page 31: Québec AG Factum in Mainville Reference

25. Mémoire de la Procureure générale du Québec Les arguments

peuvent être nommées juges à une cour supérieure au Québec. Toutefois,

cette i nterprétation empêcherait que les membres du Barreau qu i sont par la

suite devenus membres des tribunaux judicia ires du Québec puissent être

nom més à une cour supérieure du Québec. Selon Lord Denning:

Sans aucun doute, la tâche de l'avocat - et du juge - est de découvrir l ' intention du législateur. Pour y parvenir, i l faut, assurément, partir des termes de la loi , mais non s'en ten ir là [ . . . ] .

- Lord Denning, The Discipline of Law, Londres, Butterworths, 1 979 , à la p . 9 , cité dans Pierre-André Côté avec la collaboration de Stéphane Beaulac et Mathieu Devinat, L'interprétation des lois, 4e éd, Montréal, Éditions Thémis, 2009, à la p . 320 , cah ier de sources du P .G.Q. , onglet 1 4.

86. En l'espèce, i l n 'existe aucun indice dans les débats parlementai res relatifs à

l'article 98, dans la doctrine ou dans la jurisprudence qu i révèle que le

constituant ait pu vouloir réserver les nom inations des juges des cours

supérieures du Québec aux seuls avocats en exercice. La pratique constante

des nom inations des juges à une cour supérieure du Québec, en particul ier à

la Cour d'appel du Québec, apparaît concluante à cet égard.

Voi r Tableau sur la provenance des juges des cours supérieures du Québec de 1 849 à 201 4, preuve du P .G .Q. , onglet 2 .

87 . De plus, i l existe une différence entre les versions anglaise et française de

l 'article 98 L. C. 1867 qui appuie une interprétation compatible avec cette

pratique. La version anglaise - la seule officiel le - réfère au barreau en

général, « from the Bar of that Province » et non aux « membres du barreau

de cette province » que l'on retrouve dans la version française. I l est donc

cla ir que le constituant réfère à un critère de rattachement au m i l ieu juridique

et non au fait que les juges doivent être réel lement membres du Barreau au

moment de leur nom ination.

88. Ainsi, pour être conforme à l 'intention du constituant, l 'expression « parm i les

membres du barreau de cette province » ou « from the Bar of that Province »

Page 32: Québec AG Factum in Mainville Reference

26. Mémoire de la Procureure générale du Québec Les arguments

à l 'article 98 L. C. 1867 doit nécessai rement inclure les membres actuels du

Barreau et les membres actuels des tribunaux judicia ires du Québec, qui

préalablement à leur nomination, devaient être membres du Barreau du

Québec.

89. Le choix d'un simple critère de rattachement au m i l ieu juridique dans le

l ibel lé de l 'article 98 L. C. 1867, s'explique par certaines préoccupations des

Pères de la Confédération relatives à l'organisation judicia ire au Québec.

D'une part, le constituant voula it éviter de figer l 'organisation judicia ire au

Québec en énumérant les tribunaux d'où pouvaient provenir les juges

éventuellement nommés à une cour supérieure. D'autre part, une mention

plus générale relative à la magistrature du Québec aurait permis que certains

juges qui n'étaient pas membres du Barreau au moment de leur nomination

originale puissent être nommés à une cour supérieure. Rappelons, à cet

égard, que plusieurs des juges des tribunaux inférieurs du Québec n'avaient

pas à être membres du Barreau préalablement à leur nomination.

- Acte concernant les cours de commissaires pour la décision sommaire des petites causes, SRB-C 1 861 , c 94, art. 1 , preuve du P .G .Q . , onglet 1 2; Acte concernant la qualification des juges de paix, SRC 1 859, c 1 00, art. 1 , preuve du P .G .Q. , onglet 1 3.

90. En somme, l 'article 98 L. C. 1867 vise à protéger l 'appl ication du droit civil par

les cours supérieures en garantissant que les juges qu i y sont nommés sont

issus du m i l ieu juridique québécois. En exigeant que les j uges des cours

supérieures du Québec proviennent du Barreau , le constituant souhaitait

mettre en place une exigence relative à la continuité du l ien avec le mi l ieu

juridique québécois. Le constituant s'assure ainsi que les juges seront à

même de préserver la spécificité du système civil iste, et qu' i ls seront perçus

comme tels, rehaussant a insi la confiance du public dans l'adm in istration de

la justice.

Page 33: Québec AG Factum in Mainville Reference

27. Mémoire de la P rocureure générale du Québec Les arguments

9 1 . Selon l a Procureure générale du Québec, u n juge de la Cour d'appel

fédérale (ou de la magistrature fédérale) ne peut être nommé à la Cour

d'appel du Québec parce qu'au moment de la nomination, i l n'est pas « from

the Bar of that province » suivant le texte de l'article 98 L. C. 1867. Une tel le

interprétation est conforme à l' intention du constituant de réserver les postes

de j uge à la Cour supérieure ou à la Cour d'appel aux membres actuels du

m i l ieu juridique du Québec.

92. En effet, la protection du système civi l iste au Québec nécessite que les juges

des cours supérieures soient sélectionnés parmi les membres du Barreau du

Québec ou parmi les membres des tribunaux judiciaires ayant conservé un

lien continu, tangible et concret avec le m i l ieu juridique québécois. À ce titre,

seuls les membres des tribunaux judiciaires du Québec qui ont accédé à la

magistrature parce qu' i ls étaient, préalablement à leur nomination, membres

du Barreau du Québec, ont conservé ce l ien.

93. Le caractère continu, tangible et concret du lien avec le m i l ieu juridique

québécois apparaît nécessaire afin que les j uges puissent préserver la

particularité du système civi l iste québécois. À cet égard, l'exigence relative

au maintien du l ien avec le mi l ieu juridique n'est pas satisfaite par une simple

formation en droit civi l ou même par une expérience pertinente qui ne serait

pas contemporaine à la nomination .

94. Dans le Renvoi sur la Cour suprême, la majorité insiste sur le fait que les

traditions juridiques et les valeurs sociales du Québec sont à la base du

com prom is relatif à la protection du droit civi l . Ce faisant, elle réfute la

prétention du Procureur général du Canada voulant qu'un juge détenant

« une formation et de l'expérience en droit civi l » puisse suffire à assurer la

protection du droit civi l :

Le procureur général du Canada plaide que l'art. 6 vise seulement à garantir que tro is membres de notre cour possèdent une formation et de l'expérience en droit civil québécois. Il soutient que la nomination d'avocats du

Page 34: Québec AG Factum in Mainville Reference

28. Mémoire de la Procureure générale du Québec Les arguments

Québec, actuels ou anciens, qui possèderaient de toute façon une formation et de l'expérience en droit civil, permet de réal iser cet objectif.

B ien que les arguments du procureur général du Canada fassent ressortir un objectif important de l'art. 6 , un examen de l'h istorique législatif révèle que cette disposition possède un objectif additionnel de caractère p lus général .

En effet, l'article 6 exprime le com promis historique qu i a mené à la création de la Cour suprême. [ . . . ] Une interprétation téléologique de l 'art. 6 doit refléter la conclusion de ce compromis et non saper celui-ci .

- Renvoi sur la Cour suprême, [201 4] 1 RCS 433, par. 46-48 , cahier de sources du P .G.Q. , onglet 3 .

95 . I l importe de rappeler que le système civi l iste du Québec ne se confine pas

au seul droit civi l , puisqu' i l imprègne l'ensemble de la législation québécoise :

[L]a culture québécoise ne se confine pas, en matière juridique, au droit civil pur, et qu'au contra ire el le s'étend à tout ce qu i émane du législateur québécois et imprègne même ces lois que le législateur emprunte à d'autres systèmes juridiques. Ainsi, par exemple, la Loi de la protection du consommateur est aussi "civi l iste" que le Code civil, et la responsabi l ité des municipal ités et des corporations, quoiqu'établ ie par des lois insp i rées de la common law, doit s'apprécier en termes "civi l istes".

- Robert Décary, « La Cour suprême et la dual ité canadienne » , ( 1 979) 57 R. du B. Gan. , 702, à la p . 706, cahier de sources du P .G.Q. , onglet 28.

96 . Cette influence du droit civil dans de mu ltiples domaines du droit confirme la

nécessité qu'une personne nommée au sein d'une cour supérieure du

Québec a it maintenu un l ien continu avec le m i l ieu juridique québécois. Cette

expérience contemporaine dans ce mi l ieu permet de garantir que le candidat

choisi a it des l iens tangibles et concrets avec la tradition civi l iste du Québec.

97. Le critère de sélection présenté ic i - soit la nécessité que les juges des cours

supérieures du Québec soient sélectionnés parm i les membres du Barreau

du Québec ou les mem bres des tribunaux judiciaires du Québec - n'impose

pas de l imites exceptionnel les au pouvo ir de nomination du gouverneur

Page 35: Québec AG Factum in Mainville Reference

29. Mémoire de la P rocureure générale du Québec Les arguments

généra l . Cette interprétation de l'article 98 L.C. 1867 ne modifie aucunement

la pratique antérieure de sélection des juges québécois. Elle ne fait

qu'affirmer un critère min imal de protection du système civi l iste québécois

dans la sélection des juges des cours supérieures du Québec.

98. Conformément aux enseignements de la Cour suprême relativement à

l 'interprétation d'un compromis constitutionnel, i l importe donc d'adopter une

interprétation des conditions de nomination des juges aux cours supérieures

du Québec qui exclut la possibi l ité de nommer un juge d'une cour fédérale.

99. Selon la Procureure générale du Québec, une interprétation de l'article 98

L. C. 1867 qui exclut les membres de la Cour fédérale ou de la Cour d'appel

fédérale, est la seule interprétation qu i permet le respect du compromis relatif

à la protection du droit civi l . Une tel le interprétation permet de mainten ir le

rôle fondamental de la Cour d'appel du Québec dans la m ise en œuvre de ce

com pro m is.

c) Le rôle de la Cour d'appel du Québec dans la mise en œuvre du compromis historique relatif à la protection du droit civil

1 00 . Depuis leur création, le rôle des cours d'appel provinciales a grandement

évolué. El les n'ont plus un iquement la fonction de corriger les décisions des

tribunaux de première instance. El les jouent également un rôle important

dans l'orientation du droit :

l n the emergence of cou rts of appeal as distinct institutions at the top of the provincial court h ierarchy we can also see a growing understanding of the legislative role of appel late cou rts. Once the policy-making elite i n the justice field come to recognize that the court of appeal is not sim ply correcting error but is also developing the law of the province, there is a greater emphasis on the need for continuity and col legial ity in its structure and operation .

- Peter H . Russell , The Judiciary in Canada, Toronto, McGraw-Hi l i Ryerson, 1 987, à la p. 293, cah ier de sources du P .G.Q. , onglet 1 9.

Page 36: Québec AG Factum in Mainville Reference

30. Mémoire de la Procureure générale du Québec Les arg uments

1 0 1 . En raison du particularisme l ié au système civi l iste au Québec, le rôle de la

Cour d'appel du Québec au sommet de la h iérarchie judiciaire québécoise a

pris une importance particul ière. Les professeurs Brun, Tremblay et Brou i l let

constatent :

Par ses j ugements, la Cour d'appel exerce un double rôle de révision et de régulation du droit. À maints égards, et particul ièrement en matière de droit civi l , la Cour d'appel constitue dans les faits le tribunal de dernier ressort. L'avènement de la Charte canadienne des droits et libertés a en effet conduit la Cour suprême à restreindre de façon importante le champ de ses interventions dans les matières autres que crim inelles et constitutionnelles d'intérêt national.

- Henri Brun, Guy Tremblay et Eugénie Brou i l let, Droit constitutionnel, 6e éd, Cowansvi l le, Éditions Yvon Blais, 20 1 4, à la p. 843, cah ier de sources du P.G.Q. , onglet 20.

1 02 . Ainsi , en tant que gardienne de la tradition civi l iste au sein des institutions

j udicia ires, la Cour d'appel du Québec joue un rôle fondamental dans la

protection du droit civil au Québec. Sa vocation est donc distincte de celle

des cours d'appel des autres provinces. Il apparaît ainsi d'autant plus

important que les juges qui la com posent soient en mesure, de par leur

expertise en droit civi l et la continuité de leur l ien avec le mi l ieu juridique

québécois, de représenter les valeurs sociales et la tradition juridique

québécoises.

- Renvoi sur la Cour suprême, [201 4] 1 RCS 433, par. 69, cahier de sources du P .G .Q . , onglet 3.

1 03. Dans le cadre constitutionnel canadien, c'est l'article 98 L. C. 1867 qui assure

que la Cour d'appel du Québec continue de jouer son rôle dans la protection

du droit civil québécois. * * * * * * * * * *

1 04. En som me, l'article 98 doit être interprété dans son contexte global en tenant

compte du fait qu' i l incarne un comprom is relatif à la protection du système

civil iste au Québec. Ainsi , l'expression « parm i les membres du barreau de

Page 37: Québec AG Factum in Mainville Reference

31. Mémoire de la Procureure générale du Québec Les arguments

cette province » ou « from the Bar of that Province » ne peut être interprétée

de façon à permettre uniquement la nom ination des personnes qu i sont

actuellement membres du Barreau du Québec. El le doit plutôt être

interprétée de manière à permettre la nomination des personnes qu i ont

accédé aux tribunaux j udiciaires du Québec parce qu'elles étaient membres

du Barreau du Québec. La pratique des nominations à cet égard est

d'a i l leurs constante. Cette interprétation permet le respect du com promis

incarné par l 'article 98 L. C. 1867.

1 05 . Conséquemment, les membres de la Cou r fédérale et de la Cour d'appel

fédérale ne sont pas él igibles à une nomination au sein d'une cour

supérieure au Québec, et ce, même s'i ls ont, préalablement à leur

nom ination, été membres du Barreau du Québec.

3.2.2 L'interprétation de l'article 98 de la Loi constitutionnelle de 1867 doit être cohérente avec cel le des autres dispositions relatives aux nominations judiciaires protégeant le système civi l iste au Québec

1 06 . L'interprétation de l'article 98 L. C. 1867 présentée par la Procureure générale

est cohérente avec les autres dispositions constitutionnelles visant le même

objectif.

a) Le principe de cohérence

1 07. Bien que les tribunaux n'élaborent pas souvent sur le principe de cohérence

dans l' interprétation des lo is, il sous-tend toute méthode d'interprétation et

prend ainsi une importance particul ière en matière d'interprétation

constitutionnel le.

L'interprète doit donc favoriser l 'harmonisation des lois entre el les plutôt que leur contradiction, car le sens de la loi qui produit l'harmonie avec les autres lois est réputé représenter plus fidèlement la pensée de son auteur que celu i qu i produit des antinomies.

- Pierre-André Côté avec la collaboration de Stéphane Beaulac et Mathieu Devinat, L'interprétation des lois, 4e éd. , Montréal, Éditions Thémis, 2009, à la p. 395, cah ier de sources du P .G.Q. , onglet 1 4.

Page 38: Québec AG Factum in Mainville Reference

32. Mémoire de la P rocureure générale du Québec Les arguments

1 08 . Malgré la multipl icité des instruments jurid iques dont elle est formée, la

Constitution canad ienne doit, au bout d u compte, offrir un ensemble cohérent

et i ntel l ig ib le à l ' interprète:

Ces règles et principes d' interprétation ont amené la Cour à conclure que la Constitution possède une « architecture i nterne » , ou une « structure constitutionnel le fondamentale » . La notion d'architecture exprime le principe selon lequel « [clhaque élément ind ividuel de la Constitution est l ié aux autres et doit être interprété en fonction de l'ensemble de sa structure. Autrement d it, la Constitution doit être interprétée de façon à d iscerner la structure de gouvernement qu'elle vise à mettre en œuvre. Les prémisses qui sous-tendent le texte et la façon dont les d ispositions constitutionnel les sont censées interagir les unes avec les autres doivent contribuer à notre i nterprétation et à notre compréhension du texte, a insi qu'à son appl ication . (Nous soul ignons)(Références o mises)

- Renvoi relatif à la réforme du Sénat, [201 4] 1 RCS 704, par. 26, cahier de sources du P .G .Q. , onglet 2.

1 09 . L e principe d e l a cohérence apparaît particul ièrement important au moment

de donner un sens à une d isposition constitutionnel le portant sur

l 'organisation du système jud iciaire. En effet, la Cour suprême a maintes fois

affirmé que la confiance du publ ic dans l'adm inistration de la justice constitue

une pierre d 'assise du système judiciai re . Ainsi , dans la mesure où

l ' interprète a le choix entre deux possibi l ités, cel le offrant une interprétation

cohérente entre deux d ispositions visant le même objectif doit être

privi légiée.

Renvoi sur la Cour suprême, [20 1 4] 1 RCS 433, par. 56, cahier de sources du P .G .Q. , onglet 3.

Page 39: Québec AG Factum in Mainville Reference

33. Mémoire de la Procureure générale du Québec Les arguments

b) La cohérence dans l'interprétation des dispositions sur la nomination des juges qui protègent le système civil iste au Québec

1 1 0 . En mars 201 4, dans le cadre d u Renvoi sur la Cour suprême, la Cour

suprême du Canada a eu à se prononcer sur l 'adm issibi l ité du juge Marc

Nadon à l 'un des postes de la Cour suprême réservés au Québec.

Préalablement à sa nomination, le juge Nadon était juge à la Cour d'appel

fédérale.

1 1 1 . L'article 6 de la Loi sur la Cour suprême prévoit les cond itions de

nominations des juges de la Cour pour les postes réservés au Québec. I l

précise que les juges doivent provenir du Barreau , de la Cour supérieure ou

de la Cour d'appel d u Québec. Or, selon l 'avis de la majorité de la Cour, pour

être nommé à la Cour suprême à l 'un des postes réservés au Québec, une

personne doit être : soit membre du Barreau d u Québec au moment de sa

nom ination , soit j uge à l 'un des tribunaux énumérés à l 'article 6 de la Loi sur

la Cour suprême.

1 1 2 . L e fait qu'un juge de l a Cour d 'appel fédérale ait été, préalablement à sa

nomination, membre d u Barreau d u Québec pendant plus de vingt-cinq (25)

ans, ne lu i permet pas de satisfai re les cond itions de nom ination.

Conséquemment, le juge Nadon n'était pas adm issible à une nomination à la

Cour suprême pour l 'un des postes réservés au Québec.

1 1 3. La Cour en arrive à cette conclusion en identifiant l 'article 6 com me étant un

élément du com promis fondamental relatif à la protection du dro it civil au

Québec. Selon la Cour :

[L] 'objectif sous-jacent de l 'art. 6 consiste à consacrer le com promis historique qui a permis la création de la Cour, en restreignant les cond itions d 'admissib i l ité aux postes de juge réservés pour le Québec. I l sert à l im iter le pouvoi r d iscrétionnaire par ai l leurs large d u gouverneur en consei l de nommer des juges, afin de garantir que la Cour suprême possède une expertise en dro it civil et que les traditions jurid iques et les valeurs sociales du Québec y soient

Page 40: Québec AG Factum in Mainville Reference

34. Mémoire de la Procureure générale du Québec Les arguments

représentées, a insi qu'afin de renforcer la confiance des Québécois envers la Cour. (Nous soul ignons)

- Renvoi sur la Cour suprême, [20 1 4] 1 RCS 433 , par. 59, cahier de sources du P .G .Q. , onglet 3 .

1 1 4. Dans la réponse à une autre question du renvoi , la Cour ind ique que l 'article

6 de la Loi sur la Cour suprême est, depuis 1 982, protégé par la Constitution.

Une mod ification de l 'article 6 de la Loi sur la Cour suprême constituerait

conséquemment une mod ification constitutionnel le.

- Renvoi sur la Cour suprême, [20 1 4] 1 RCS 433, par. 1 05 , cah ier de sources du P .G .Q. , onglet 3.

1 1 5 . Ainsi , l 'article 9 8 L. C. 1867 et l 'article 6 d e l a Loi sur la Cour suprême sont

tous les deux des articles enchâssés constitutionnellement; ils énoncent tous

les deux des cond itions de nomination pour des juges du Québec; ils visent

tous les deux à l im iter le pouvoir discrétionnaire de nom ination du

gouvernement fédéra l et i l s ont tous les deux le même objet, c'est-à-d ire la

m ise en œuvre du compromis h istorique relatif à la protection du système

civi l iste au Québec.

1 1 6 . I l serait à tout le moins paradoxal qu'un juge de la Cour d'appel fédérale ne

puisse pas assurer la protection d u dro it civil au sein de la Cour suprême

mais qu' i l pu isse rempl i r ce rôle au sein de la Cour d'appel du Québec.

1 1 7 . Dans le choix entre deux interprétations possibles, la Cour devrait choisir

cel le offrant le plus de cohérence quant à la portée des d ispositions

constitutionnel les visant le même objet. Conséquemment, l 'article 98 L. C.

1867 et l 'article 6 de la Loi sur la Cour suprême doivent recevoi r une

interprétation cohérente selon laquelle les critères énoncés à l 'un et l'autre

empêchent la nom ination d'un juge de la Cour d'appel fédérale.

1 1 8 . Par ai l leurs, une interprétation cohérente permet d 'éviter qu'une des

garanties offertes par la Constitution soit vidée de sa substance par

l ' interprétation donnée à une autre d isposition.

Page 41: Québec AG Factum in Mainville Reference

35. Mémoire de la Procureure générale du Québec les arguments

c) l'article 3 de la Loi sur les juges interprété à la lumière de l'article 98 de la Loi constitutionnelle de 1867

1 1 9 . Le principe général de la cohérence dans l' interprétation des lois s'incarne

dans la présomption de valid ité d'une loi selon laquelle un interprète doit,

entre deux interprétations possibles, choisir celle qui est conforme à la

Constitution.

[Q]uoique cette Cour ne doive pas ajouter ou retrancher un élément à une d isposition législative de façon à la rendre conforme à la Charte, elle ne doit pas par ai l leurs interpréter une d isposition législative, susceptible de plus d'une interprétation , de façon à la rendre incompatible avec la Charte et, de ce fait, i nopérante.

- Slaight Communications Inc. c. Davidson, [1 989] 1 RCS 1 038, 1 078 (en m atière de d roits et l ibertés), cahier de sources du P .G.Q. , onglet 1 2 .

Lorsqu' i l est possible de qual ifier une loi de deux façons, nous devons normalement opter pour cel le qui étaye la constitutionnal ité de cette lo i .

- Siemens c. Manitoba (P. G.), [2003] 1 RCS 6 , par. 33 (en matière de partage des compétences), cahier de sources du P .G .Q. , onglet 1 3.

1 20 . L'article 3 de l a Loi sur les juges prévoit :

3. Peuvent seuls être nommés j uges d 'une jurid iction supérieure d'une province s'i ls rem plissent par ai l leurs les cond itions légales :

a ) Les avocats inscrits au barreau d 'une province depuis au moins d ix ans;

b ) les personnes ayant été membres d u barreau d'une province et ayant exercé à tem ps plein des fonctions de nature jud iciaire à l 'égard d 'un poste occupé en vertu d'une loi fédérale ou provinciale après avoir été inscrites au barreau , et ce pour une durée totale d 'au moins d ix ans.

3. No person is elig ib le to be appointed a judge of a superior court in any province unless, in addition to any other requirements prescribed by law, that person

a) is a barrister or advocate of at least ten years stand ing at the bar of any province; or

b) has, for an aggregate of at least ten years,

i) been a barrister or advocate at the bar of any province, and

ii) after becoming a barrister or advocate at the bar of any province, exercised powers and performed duties and functions of a jud icial nature

Page 42: Québec AG Factum in Mainville Reference

36. Mémoire de la Procureure générale du Québec Les arguments

on a fu l l-time basis in respect of a position he Id pursuant to a law of Canada or a province.

- Loi sur les juges, LRC 1 985 , c J-1 , art. 3 , mémoire du P .G .Q. , annexe I l , ong let 4.

1 2 1 . L'article 3 de la Loi sur les juges énonce des cond itions générales de

nomination s'appl iquant à toutes les provinces.

1 22 . D e l'avis de la Procureure générale, i l faut interpréter l 'article 3 de façon

conforme à l'article 98 L. C. 1867 qui énonce une garantie min imale à l 'égard

des nominations des juges des cours supérieures d u Québec.

1 23. Ainsi , b ien que le paragraphe 3a) de la Loi sur les juges ne spécifie pas de

quel barreau doit provenir le candidat, i l est évident que l 'article 98 L. C. 1867

fait en sorte que seuls les membres d u Barreau d u Québec peuvent être

nommés juges d'une cour supérieure d u Québec.

1 24. De la même manière , le paragraphe 3b) do it aussi être interprété à la lumière

de l 'article 98 L. C. 1867 et de son objet, c'est-à-d ire assurer la protection du

système civi l iste au Québec. Conséquemment, i l ne doit permettre que la

nomination , pour le Québec, de personnes membres d 'un tribunal jud iciaire

d u Québec.

1 25 . Seule une mod ification constitutionnelle de l'article 9 8 L. C. 1867 effectuée

conformément à la partie V de la Loi constitutionnelle de 1982, pourrait

permettre une interprétation de l'article 3 de la Loi sur les juges autorisant la

nomination d'un juge d'une cour fédérale à la Cour d'appel du Québec.

1 26 . D'ai l leurs, sous réserve de la récente nomination du juge Mainvi l le, la

pratique des nominations jud icia ires par le gouvernement fédéra l au Québec

a toujours été conforme à une interprétation de l 'article 3 qui se conci l ie avec

l 'article 98 L. C. 1867.

* * * * * * * * *

Page 43: Québec AG Factum in Mainville Reference

37. Mémoire de la Procureure générale du Québec Les arguments

1 27. L'article 98 L. C. 1867 énonce une garantie constitutionnel le relativement à la

protection de la tradition civi l iste au Québec. À cet égard , seuls les membres

actuels du Barreau d u Québec et les membres actuels des tribunaux

jud iciaires du Québec satisfont au critère de l 'article 98 L. C. 1867 parce qu' i ls

ont maintenu un l ien continu avec le mi l ieu juridique québécois. Dans cette

perspective, un juge d 'une cour fédérale ne peut accéder à un poste à la

Cour d'appel du Québec parce que le l ien de continu ité avec le mi l ieu

jurid ique québécois s'est rom pu . L'article 3 de la Loi sur les juges doit donc

s'interpréter comme excluant, pour le Québec, les juges des cours fédérales.

Page 44: Québec AG Factum in Mainville Reference

38. Mémoire de la P rocureure générale du Québec Les conclusions

IV

LES CONCLUSIONS

1 28 . La Procureure générale du Québec demande à la Cour d'appel de répondre

aux questions de la manière suivante :

QUESTION 1: Seules la Cour supérieure et la Cour d'appel du

Québec sont visées par l'expression «cours de Québec» à l'article

98 de la Loi constitutionnelle de 1867;

QUESTION 2: Seuls les membres du Barreau d u Québec ou d'un

tribunal jud iciaire du Québec au sens de l'article 1 de la Loi sur les

tribunaux judiciaires peuvent être nommés juges à la Cour

supérieure et à la Cour d'appel du Québec. Ainsi , un juge de la

Cour d'appel fédérale (magistrature fédérale) ne peut être nommé

à la Cour d'appel du Québec.

Le tout respectueusement soumis.

Montréal le 30 octobre 201 4

(S) BERNARD, ROY

Bernard , Roy (Justice-Québec) Procureur de la Procureure générale du Québec

Page 45: Québec AG Factum in Mainville Reference

39. Mémoire de la P rocureure générale du Québec Liste des sources

v

LISTE DES SOURCES

J U RISPRUDENCE

Renvoi relatif à un projet de loi fédéral relatif au Sénat, 201 3 QCCA 1 807, par. 30-33 .

Renvoi relatif à la réforme du Sénat, [20 1 4] 1 RCS 704, par. 25-26.

Renvoi relatif à la Loi sur la Cour suprême, art. 5 et 6, [201 4] 1 RCS 433, par. 1 9 , 46-49, 56, 59, 69, 1 05.

Macdonald c. Ville de Montréal, [1 986] 1 RCS 460, 500-50 1 .

Société des Acadiens c. Association of Parents, [1 986] 1 RCS 549, 578.

Renvoi relatif à la sécession du Québec, [1 998] 2 RCS 21 7, par. 50, 52 , 59, 80-81 .

Québec (Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse) c. Communauté urbaine de Montréal, [2004] 1 RCS 789, par. 1 6.

Ontario c. Criminal Lawyers' Association of Ontario, [201 3] 3 RCS 3, par. 33.

Laurentide Motels Ud. c. Beauport (Ville), [1 989] 1 RCS 705, 737.

Pharmascience inc. c. Binet, [2006] 2 RCS 5 1 3, au par. 32.

Renvoi relatif à la Loi sur l'instruction publique (Qué) , [1 993] 2 RCS 5 1 1 , 529-530 .

Slaight Communications Inc. c. Davidson, [1 989] 1 RCS 1 038, 1 078.

Siemens c. Manitoba (P. G.) , [2003] 1 RCS 6 , par. 33.

DOCTRINE

Pierre-André Côté avec la col laboration de Stéphane Beaulac et Mathieu Devinat, L'interprétation des lois, 4e éd . , Montréal , Éd itions Thémis, 2009, aux pp . 320, 395.

Par.

1 8-1 9

1 8-31 -1 08

1 8-1 9-20-22-23-71 -80-81 -94-1 02-1 09-1 1 3-1 1 4

23-80

23

25-27-28-31

30

36

55

77

80

1 1 9

1 1 9

29-85-1 07

Page 46: Québec AG Factum in Mainville Reference

40. Mémoire de la Procureure générale du Québec Liste des sources

Gil les Pépin, Les tribunaux administratifs et la Constitution: Étude des articles 96 à 1 0 1 de l'A. A. N.B. , Montréal , Les Presses de l 'Université de Montréal , 1 969, aux pp. 84-87, 89 .

Peter W. Hogg, Constitutional Law of Canada, 58 éd , feui l les mobiles, aux pp. 7-5, 7-7.

Joseph Cauchon , L'union des provinces de l'Amérique Britannique du Nord, Québec, I mprimerie de A. Côté et cie, 1 865, à la p . 1 1 4.

Jacques-Yvan Morin et José Woehrl ing, Les constitutions du Canada et du Québec du régime français à nos jours, Montréal , Éd itions Thémis, 1 992, aux pp. 47, 52, 1 54, 336-337.

Peter H. Russel l , The Judiciary in Canada, Toronto, McGraw-Hi l i Ryerson, 1 987, aux pp. 1 60-1 61 , 293.

Henri Brun , G uy Tremblay et Eugénie Brou i l let, Droit constitutionnel, 68 éd , Cowansvi l le, Éd itions Yvon B lais, 201 4, aux pp. 843, 858.

André Tremblay, Les compétences législatives au Canada et les pouvoirs provinciaux en matière de propriété et de droits civils, Ottawa, Éd itions de l 'Université d'Ottawa, 1 967, aux pp. 36 , 43 .

Martin L . Fried land , Une place à part: l'indépendance et la responsabilité de la magistrature au Canada, Ottawa, Conseil canad ien de la magistrature, 1 995, à la p. 260

Luc Huppé, Histoire des institutions judiciaires au Canada, Montréal , Wi lson & Lafleur, 2007, à la p . 31 7

Gérald-A. Beaudoin , La Constitution du Canada, 38 éd , Montréal , Wi lson & Lafleur, 2004, à la p. 1 89 .

W.H. McConnel l , Commentary on the British North America Act, Toronto , McMil lan, 1 977, aux pp. 31 6-31 7 .

Bayard Reesor, The Canadian Constitution in Historical Perspective, Scarborough , Prentice-Hal l , 1 992, à la p . 254.

Peter H. Russel l , The Supreme Court of Canada as a Bilingual and Bicultural Institution, Ottawa, Com mission royale sur le bi l inguisme et le bicultural isme (Laurendeau-Dunton) , 1 969 , à la p . 8

Robert Décary, « La Cour suprême et la dual ité canadienne » , ( 1 979) 57 R. du B. Can. , 702 , à la p . 706.

39-42 -45-4 7 -67

39-42-44-47

45-47

45-47-54-56-65

47-74-1 00

47- 1 0 1

56-66

57

59

67

67

67

71

95

Page 47: Québec AG Factum in Mainville Reference

A N N E X E 1

Page 48: Québec AG Factum in Mainville Reference

!'IUMÉRO 729-2014

41

DÉCRET GOUVERNEMENT DU QUÉBEC

CONCERNANT un renvoi à la Cour d'appel du Québec relativement à l'article 98 de la Loi constitutionnelle de 1 867 et aux conditions de nomination des juges des cours du Québec

--0000000-

24 JUILLET 2014

ATTENDU QUE, l e 1 3 juin 2014, l e ministre fédéral de la Justice, Peter MacKay, a annoncé la nomination de M. le juge Robert Mainville de la Cour d'appel fédérale à la Cour d'appel du Québec;

ATTENDU QUE, le 1 6 juin 201 4, Me Rocco Galati et le Constitutional Rights Centre Inc. ont déposé devant la Cour fédérale une procédure contestant la validité de la nomination du juge Mainville;

ATTENDU QUE cette contestation s'appuie principalement sur l'article 98 de la Loi constitutionnelle de 1 867 qui prévoit que les juges des cours du Québec doivent être choisis parmi les membres du Barreau du Québec;

. ATTENDU QUE cet article vise à protéger la tradition civiliste du Québec;

ATTENDU QUE la nomination d'un juge de la Cour d'appel fédérale à la Cour d'appel du Québec pourrait contrevenir à cet article;

ATTENDU QU'un renvoi devant la Cour d'appel du Québec permettrait ' d'obtenir plus rapidement l'avis de la Cour d'appel sur l'interprétation de cet article et ainsi d e clarifier les conditions de nomination des juges à la magistrature québécoise;

ATTENDU QUE la Loi sur les renvois à la Cour d'appel (chapitre R-23) prévoit que le gouvernement peut soumettre à la Cour d'appel, pour audition et examen, toutes questions quelconques qu'il juge à propos, et que celle-ci transmet au gouvernement, pour son information, son opinion certifiée sur les questions ainsi soumises;

Page 49: Québec AG Factum in Mainville Reference

42

729-20 1 4

I L EST ORDONNË. e n conséquence. sur la recommandation de la ministre de la Justiçe et Procureure générale du Québec :

.

QUE soit confié à la Procureure générale du Québec le mandat d'entreprendre un renvoi à la Cour d'appel du Québec afin d'obtenir l'avis de la Cour sur l'interprétation de l'article 98 de la Loi constitutionnelle de. 1 867 et sur les conditions de nomination des juges des cours du Québec;

QUE soient soumises à la Cour d'appel, pour audition et examen, les questions. constitutionnelles suivantes :

1 . Quelles sont les cours d u Québec visées par 'l'article 98 de la Loi constitutionnelle de 1 867?

2. Quelles sont les conditions de nomination des juges des cours d u Québec requises par l'article 98 d e l a Loi constitutionnelle de 1 867 et cet article permet-il la nomination de personnes qui sont membres des cours fédérales?

COPIE CONFORME lE SECRÉTAIRE GÉNÉRALASSOCIË

DU SECRÉTARIAT DU CONSEIL EXÉCUTIF

�:tJ?L

Page 50: Québec AG Factum in Mainville Reference

43

COUR D'APPEL

CANADA PROVINCE DE QUÉBEC DISTRICT DE MONTRÉAL

No de dossier C.A. : 500-09-02461 8-1 42 Renvoi relatif à l'article 98 de la Loi constitutionnelle de 1867 et aux conditions de nomination des juges des Cours du Québec Décret n° 729-201 4

PROCÈS-VERBAL

DATE: 1 0 septembre 201 4

PARTIE APPEl-ANTE

Procureure générale du Québec

PARTIE INTIMÉE

Procureur Général du Canada

AVOCATS

Me Jean-Yves Bernard , Ad. E. Me André Fauteux

Direction générale des aft. jur. et légis.

AVOCATS

Me Claude Jayal, Ad. E. Me Alexander Pless

Ministère de la Justice Canada

.< ::. . .

'. . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . ' . . . .. : . . .... ' ... .. . . . . '. :.: .. : . : .i ;4Nf�BY��ANT� '. ':.' : .' .. . .. .. AVQçNf� .. . .. '. : : " ' , .. : .. .... . .... . . Associ ation canadienne des juges des Cours provinciales

Le grand conseil des Cris (Eeyon Istchee) Le gouvernement de la Nation Crie

Constitutional Rights Center

Me Rocco Galati

Me Sébastien Grammond

Me James D'Reilly, Ad. E. Me Patricia Dchman

Q'Reilly & Associés

Me Paul Slansky (absent)

Se représente

Me Dushahi Sribavan

PRÉSIDENTE : L'honorable Juge en chef Nicole Duval Hesler

GREFFIÈRE : Me Jul ie Devroede

Page 51: Québec AG Factum in Mainville Reference

44

2

PROCÈS-VERBAL - CONFÉRENCE DE GESTION

1 . I ntroduction

[1 ] L'objectif de la rencontre est notamment de disposer des requêtes en intervention ainsi qu� .

de convenir d'un échéancier pour la mise en état du dossier.

[2] Me Slansky est absent et représenté par Me Galati aux fins de la présente conférence de

gestion .

2 . Requêtes en intervention

[3] Du consentement des parties, il est convenu que l 'honorable juge en chef Nicole Duval

Hesler dispose séance tenante des requêtes en intervention.

[4] Les requêtes n'étant pas contestées, elles sont accueil l ies, sans frais.

NICOLE DUVAL HESLER, J .C.Q,

3. Échéancier

[5] Après discussions, il est convenu de l 'échéancier suivant.

[6] Les mémoires de toutes les parties, accompagnés des documents pertinents à leur étude

et des autorités à leur soutien, devront être produits, après avoir été dûment signifiés aux

autres parties, au plus tard le 31 octobre 201 4.

[7] Les répl iques de toutes les parties devront être produites, après avoir été dûment signifiés

aux autres parties, au plus tard le 1 4 novembre 201 4.

4. Longueur et nombre d'exemplaires des mémoires

[8] Après discussions, le nombre de pages alloué aux parties pour la présentation de leur

argumentation écrite est le suivant:

• Procureure générale du Québec: Au p lus 40 pages

• Procureur général du Canada: Au plus 40 pages

• Association canadienne des juges des Cours provinciales: Au plus 30 pages

• Le grand .conseil des Cris (Eeyon Istchee) et Le gouvernement de la Nation Crie: Au plus 30 pages

• Constitutional Rights Center: Au plus 30 pages

Page 52: Québec AG Factum in Mainville Reference

• Rocco Galati: Au p lus 30 pages

45

[9] Les répliques de chacune des parties comprendront au p lus 15 pages.

3

[1 0] Les mémoires, répliques et les documents qui les accompagneront devront être produits

au greffe de la Cour d 'appel à Montréal, sur support papier en d ix (1 0) exemplaires (1 original +

9 copies) .

[1 1 ] Dans la mesure du possible, les mémoires, répliques et les documents qui les

accompagneront seront également produits sur support informatique en d ix (1 0) exemplaires

(1 original + 9 copies) .

[1 2] Afin de faci l iter le travail de la Cour, les parties conviennent d'échanger entre elles en

vue de produire un h istorique législatif et/ou un recueil de législation et/ou un cahier d'autorités

comm uns. Le cas échéant, ces documents seront produits en même temps que les mémoires,

soit au plus tard le 31 octobre 201 4. Si cette solution est retenue, il demeure que les parties

pourront compléter cette documentation commune en produisant des documents additionnels

en annexe de leurs mémoires respectifs.

[1 3] Du consentement des parties, ces documents pourront être signifiés entre elles par voie

électronique. 1\ demeure que deux (2) exemplaires sur support papier devront par la suite être

acheminés à chacune des parties.

5. Date et durée de l'audition

[1 4] L'audition aura l ieu au cours des trois premières semaines du mois de décembre 201 4,

devant une formation composée de la juge en chef, l'honorable Nicole Duval Hesler, ainsi que

des honorables France Thibault, Yves-Marie Morissette, Allan R. Hi lton et Jean Bouchard ,

jj .c.a.

[1 5] Les avocats sont donc avisés de demeurer d isponibles au cours de cette période. Me

Grammond indique qu'i l n'est pas d isponible au cours de la semaine du '1 5 décembre 201 4,

mais tentera de prendre les arrangements pour se l ibérer si cela était nécessaire.

[1 6] Le temps d'auditi,on sera réparti ainsi :

• Argumentation de la Procureure générale du Québec: 90 minutes

• Argumentation du Procureur général du Canada: 90 minutes

• Argumentation de l'Association canadienne des juges des Cours provinciales: 30 minutes

• Ar umentation du Grand consei l des Cris 'Ee on Istchee et du Gouvernement de la

Page 53: Québec AG Factum in Mainville Reference

46

Nation Crie: 30 minutes

• Argumentation du Constitutional Rights Center: 30 minutes

• Argumentation de Rocco Galati: 30 minutes

• ' Réplique de la Procureure générale du Québec: 5 minutes

• Réplique du Procureur général du Canada: 5 minutes

[1 7] L'ensemb le sera entendu au cours d'une seule journée d'audience.

6. Autres remarques

4

[1 8] Me Rocco Galati et le Constitutional R ights Centre se désistent de la conclusion quant

aux dépens qui est contenue à leurs requêtes en intervention.

[1 9] La compétence professionnelle du juge Mainville est admise par toutes les parties.

[20] I l est entendu que les avocats impl iqués dans le dossier qui ne sont pas membres du

Barreau du Québec devront faire les démarches nécessaires, le cas échéant, pour être

autOrisés à agir devant la Cour d 'appel du Québec. Me Galati s'engage à en aviser Me

Slansky.

7. Demande ou requête

[21 ] Toute demande incidente pourra, si les parties le souhaitent, être présentée à la juge

en chef jusqu'à ce qu'une date d'audition soit déterminée. Une telle demande devra être faite

sous forme de lettre adressée à l'honorable juge en chef Nicole Duval Hesler, avec copie aux

avocats des autres parties et à Me Julie Devroede. Sur réception d'une demande, la juge en

chef pourra aviser les parties de présenter la demande par requête au juge unique ou à la

Cour, selon le cas. Les parties devront alors se conformer aux Règles de procédure de la

Cour.

[22] Les parties peuvent s'adresser à Me Julie Devroede pour toute demande ou question

relative au processus de gestion de l ' instance (téléphone 51 4-393-2022 poste 51 259 1

télécopieur : 51 4-864-4662) .

/ Me Julie Devroede Greffière adjointe

Page 54: Québec AG Factum in Mainville Reference

A N N E X E I l

Page 55: Québec AG Factum in Mainville Reference

47

CANADA

Codification administrative des

LOIS

CONSTITUTIONNELLES

DE

1 867 à 1982

MINISTÈRE DE LA JUSTICE CANADA

Lois codifiées au 1er janvier 2013

Page 56: Québec AG Factum in Mainville Reference

48

Loi constitutionnelle de 1867

1 7. Les poids et mesures.

18 . Les lettres de change et les billets promissoires.

19. L'intérêt de l'argent.

20. Les offres légales.

2 1 . L a banqueroute et la faillite.

22. Les brevets d' invention et de découverte.

23 . Les droits d'auteur.

24. Les Indiens et les terres réservées pour les Indiens.

25. La naturalisation et les aubains.

26. Le mariage et le divorce.

27. La loi criminelle, sauf la constitution des tribunaux de juridiction criminelle, mais y compris la procédure en matière criminelle.

28. L'établissement, le maintien, et l'administration des pénitenciers.

29. Les catégories de sujets expressément exceptés dans l'émmlération des caté­gories de sujets exclusivement assignés par la présente loi aux législatures des provinces.

Et aucune des matières énoncées dans les catégories de sujets énumérés dans le présent article ne sera réputée tomber dans la catégorie des matières d'une nature locale ou privée comprises dans l'énumération des catégories de sujets exclusive­ment assignés par là présente loi aux législatures des provinces. (47)

POUVOIRS EXCLUSIFS DES LÉGISLATURES PROVINCIALES

Sujets soumis au contrôle exclusif de la législation provinciale

92. Dans chaque province la législature pourra exclusivement faire des lois rela­tives aux matières tombant dans les catégories de sujets ci-dessous énumérés, sa­voir :

(47) D'autres lois out conféré une autorité législative au Parlement. Voir la note en fin

d'ouvrage 3 pour les détails.

27

Page 57: Québec AG Factum in Mainville Reference

49

Loi constitutionnelle de 1867

1 . Abrogé. (48)

2. La taxation directe dans les limites de la province, dans le but de prélever lUl revenu pour des objets provinciaux;

3 . Les emprunts de deniers sur le seul crédit de la province;

4. La création et la tenure des charges provinciales, et la nomination et le paie­ment des officiers provinciaux;

5 . L'administration et la vente des terres publiques appartenant à la province, et des bois et forêts qui s'y trouvent;

6. L'établissement, l'entretien et l'administration des prisons publiques et des maisons de réforme dans la province;

7. L'établissement, l 'entretien et J 'administration des hôpitaux, asiles, institu­tions et hospices de charité dans la province, autres que les hôpitaux de ma­rine;

8 . Les institutions municipales dans la province;

9. Les licences de boutiques, de cabarets, d'auberges, d'encanteurs et autres li­cences, dans le but de prélever un revenu pour des objets provinciaux, lo­caux, ou municipaux;

10. Les travaux et entreprises d'une nature locale, autres que ceux énumérés dans les catégories suivantes :

a) Lignes de bateaux à vapeur ou autres bâtiments, chemins de fer, ca­naux, télégraphes et autres travaux et entreprises reliant la province à une autre ou à d'autres provinces, ou s'étendant au-delà des limites de la province;

b) Lignes de bateaux à vapeur entre la province et tout pays dépendant de l'empire britannique ou tout pays étranger;

c) Les travaux qui, bien qu'entièrement situés dans la province, seront avant ou après leur exécution déclarés par le parlement du Canada être pour l'avantage général du Canada, ou pour l'avantage de deux ou d'un plus grand nombre des provinces;

(48) La catégorie 1 a été abrogée par la Loi cOllstitutiollnelle de 1982. Texte de la catégo­

rie .1 :

1 . L'amendement de temps à autre, nonobstant toute disposition contraire énoncée dans le présent acte, de la constitution de la province, saufles dispositions relatives à la charge de lieutenant-gouverneur;

L'article 45 de la Loi constitutionnelle de 1982 autorise désormais une législature à adopter des lois pour modifier la constitution de sa province. Les articles 38, 41, 42 et

43 de cette loi autorisent les assemblées législatives à approuver, par des résolutions,

certaines autres modifications de la Constitution du Canada.

28

Page 58: Québec AG Factum in Mainville Reference

5 0

Loi constitutionnelle de 1867

I l . L'incorporation des compagnies pour des objets provinciaux;

12. La célébration du mariage dans la province;

1 3. La propriété et les droits civils dans la province;

14. L'administration de la justice dans la province, y compris la création, le maintien et l 'organisation de tribunaux de justice pour la province, ayant ju­ridiction civile et criminelle, y compris la procédure en matières civiles dans ces tribunaux;

1 5 . L'infliction de punitions par voie d'amende, pénalité, ou emprisonnement, dans le but de faire exécuter toute loi de la province décrétée au sujet des matières tombant dans aucune des catégories de sujets énumérés dans le pré­sent article;

16. Généralement toutes les matières d'une nature purement locale ou privée dans la province.

RESSOURCES NATURELLES NON RENOUVELABLES, RESSOURCES FORESTIÈRES ET ÉNERGIE ÉLECTRIQUE

Compétence provinciale

92A. Cl) La législature de chaque province a compétence exclusive pour légifé-rer dans les domaines suivants ;

a) prospection des ressources naturelles non renouvelables de la province;

b) exploitation, conservation et gestion des ressources naturelles non renouve­lables et des ressources forestières de la province, y compris leur rytlune de pro­duction primaire;

c) aménagement, conservation et gestion des emplacements et des installations de la province destinés à la production d'énergie électrique.

Exportation hors des provinces

(2) La législature de chaque province a compétence pour légiférer en ce qui concerne l'exportation, hors de la province, à destination d'une autre partie du Canada, de la production primaire tirée des ressources naturelles non renouvelables et des ressources forestières de la province, ainsi que de la production ct' énergie électrique de la province, sous réserve de ne pas adopter de lois autorisant ou pré­voyant des disparités de prix ou des disparités dans les exportations destinées à une autre partie du Canada.

Pouvoir du Parlement

(3) Le paragraphe (2) ne porte pas atteinte au pouvoir du Parlement de légiférer dans les domaines visés à ce paragraphe, les dispositions d'une loi du Parlement

29

Page 59: Québec AG Factum in Mainville Reference

5 1

Loi constitutionnelle de 1867

adoptée dans ces domaines l'emportant sur les dispositions incompatibles d'une loi provinciale.

Taxation des ressources

(4) La législature de chaque province a compétence pour prélever des SOlmnes d'argent par tout mode ou système de taxation :

a) des ressources naturelles non renouvelables et des ressources forestières de la province, ainsi que de la production primaire qui en est tirée;

b) des emplacements et des installations de la province destinés à la production d'énergie électrique, ainsi que de cette production même.

Cette compétence peut s'exercer indépendamment du fait que la production en cause soit ou non, en totalité ou en partie, exportée hors de la province, mais les lois adoptées dans ces domaines ne peuvent autoriser ou prévoir une taxation qui éta­blisse une distinction entre la production exportée à destination d'une autre partie du Canada et la production non exportée hors de la province.

« Production primaire )}

(5) L'expression « production primaire » a le sens qui lui est donné dans la sixième annexe.

Pouvoirs ou droits existants

(6) Les paragraphes (1) à (5) ne portent pas atteinte aux pouvoirs ou droits déte­nus par la législature ou le gouvernement d'une province lors de l'entrée en vigueur du présent article. (49)

ÉDUCATION

Législation au sujet de l'éducation

93. Dans chaque province, la législature pourra exclusivement décréter des lois relatives à l 'éducation, sujettes et conformes aux dispositions suivantes :

( 1 ) Rien dans ces lois ne devra préjudicier à aucun droit ou privilège conféré, lors de l 'union, par la loi à aucune classe particulière de personnes dans la province, relativement aux écoles séparées ( denominational ) ;

(2) Tous les pouvoirs, privilèges et devoirs conférés et imposés par la loi dans le Haut-Canada, lors de l'union, aux écoles séparées et aux syndics d'écoles des sujets catholiques romains de Sa Majesté, seront et sont par la présente étendus aux écoles dissidentes des sujets protestants et catholiques romains de la Reine dans la province de Québec;

(49) Ajouté aux termes de l 'article 50 de la Loi constitutionnelle de 1982.

30

Page 60: Québec AG Factum in Mainville Reference

5 2

Loi constitutionnelle de 1867

(3) Dans toute province où un système d'écoles séparées ou dissidentes existera pal' la loi, lors de l'union, ou sera subséquemment établi par la législature de la province - il pouna être interjeté appel au gouverneur-général en conseil de toute loi ou décision d'aucune autorité provinciale affectant aucun des droits ou privilèges de la minorité protestante ou catholique romaine des su­jets de Sa Majesté relativement à l' éducation;

(4) Dans le cas où il ne serait pas décrété telle loi provinciale que, de temps à autre, le gouverneur-général en conseil jugera nécessaire pour donner suite et exécution aux dispositions du présent article, - ou dans le cas où quelque décision du gouverneur-général en conseil, sur appel inteljeté en veltu du présent article, ne serait pas mise à exécution par l'autorité provinciale com­pétente - alors et en tout tel cas, et en tant seulement que les circonstances de chaque cas l 'exigeront, le parlement du Canada pourra décréter des lois propres à y remédier pour dOlll1er suite et exécution aux dispositions du pré­sent article, ainsi qu'à toute décision rendue par le gouverneur-général en conseil sous l'autorité de ce même article. (50)

Québec

93A. Les paragraphes ( 1 ) à (4) de l 'article 93 ne s'appliquent pas au Québec. (51)

UNIFORMITÉ DES LOIS DANS ONTARIO, LA NOUVELLE-ÉCOSSE ET LE NOUVEAU-BRUNSWICK

Uniformité des lois dans trois provinces

94. Nonobstant toute disposition contraire énoncée dans la présente loi, - le parlement du Canada pourra adopter des mesures à l 'effet de pourvoir à l 'uniformité de toutes les lois ou de palties des lois relatives à la propriété et aux droits civils dans Ontario, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick, et de la procédure dans tous les tribunaux ou auctm des tribunaux de ces trois provinces; et depuis et après la passation de toute loi à cet effet, le pouvoir du parlement du Canada de décréter des lois relatives aux sujets énoncés dans telles lois, sera illimité, nonobstant toute chose au contraire dallS la présente loi; mais toute loi du parlement du Canada pour­voyant à cette uniformité n'aura d'effet dans une province qu'après avoir été adop­tée et décrétée par la législature de cette province.

(50) Des solutions de rechange ont été adoptées pour quatre provinces. Pour plus de dé­

tails, voir la note en fin d'ouvrage 4.

(51) Ajouté par la Modification constitution11elle de 1997 (Québec) (voir TR/97-141).

3 1

Page 61: Québec AG Factum in Mainville Reference

5 3

Loi constitutionnelle de 1867

PENSIONS DE VIEILLESSE

Législation concernant les pensions de vieillesse et les prestations additionnelles

94A. Le Parlement du Canada peut légiférer sur les pensions de vieillesse et prestations additionnelles, y compris des prestations aux survivants et aux invalides sans égard à leur âge, mais aucune loi ainsi édictée ne doit porter atteinte à l'appli­cation de quelque loi présente ou future d'une législature provinciale en ces ma­tières. (52)

AGRICULTURE ET IMMIGRATION

Pouvoir concurrent de décréter des lois au sujet de l 'agriculture, etc.

95. Dans chaque province, la législature pourra faire des lois relatives à l'agricul­ture et à l' immigration dans cette province; et il est par la présente déclaré que le parlement du Canada pourra de temps à autre faire des lois relatives à l'agriculture et à l' immigration dans toutes les provinces ou aucune d'elles en particulier; et toute loi de la législature d'une province relative à l'agriculture ou à l' immigration n'y aura d'effet qu'aussi longtemps et que tant qu'elle ne sera incompatible avec aucune des lois du parlement du Canada.

VII. JUDICATURE

Nomination des juges

96. Le gouverneur-général nommera les juges des cours supérieures, de district et de comté dans chaque province, sauf ceux des cours de vérification dans la Nou­velle-Écosse et le Nouveau-Brunswick.

Choix des juges dans Ontario, etc.

97. Jusqu'à ce que les lois relatives à la propriété et aux droits civils dans Onta­rio, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick, et à la procédure dans les cours de ces provinces, soient rendues uniformes, les juges des cours de ces provinces qui seront nommés par le gouverneur-général devront être choisis parmi les membres des barreaux respectifs de ces provinces.

Choix des juges dans Québec

98. Les juges des cours de Québec seront choisis parmi les membres du barreau de cette province.

(52) Modifié par la Loi constitutionnelle de 1964, 12-13 Elizabeth II, ch. 73 (R.-V.). Ori­

ginalement édicté par L 'Acte de l'Amérique liu Nord britannique, 1951, 14-15 George

VI, ch. 32 (R.-V.), l 'article 94A se lisait comme suit :

94A. Il est déclaré, par les présentes, que le Parlement du Canada peut, à l 'occasion, légiférer sur les pensions de vieillesse au Canada, mais aucune loi édictée par le Parlement du Canada à l 'égard des pensions de vieillesse ne doit atteindre l'application de quelque loi présente ou future d'une législature provinciale relativement aux pensions de vieillesse.

32

Page 62: Québec AG Factum in Mainville Reference

54

Loi constitutionnelle de 1867

Durée des fonctions des juges

99. ( 1 ) Sous réserve du paragraphe (2) du présent article, les juges des cours su­périeures resteront en fonction durant bOlme conduite, mais ils pourront être révo­qués par le gouverneur général sur tille adresse du Sénat et de la Chambre des Com­munes.

Cessation des fonctions à l 'âge de 75 ans

(2) Un juge d'une cour supérieure, nommé avant ou après l'entrée en vigueur du présent article, cessera d'occuper sa charge lorsqu'il aura atteint l'âge de soixante­quinze ans, ou à rentrée en vigueur du présent article si, à cette époque, il a déjà atteint ledit âge. (53)

Salaires, etc. des juges .

100. Les salail'es, allocations et pensions des juges des cours supérieures, de dis-trict et de comté (sauf les cours de vérification dans la Nouvelle-Écosse et le Nou­veau-Brunswick) et des coUrs de l'Amirauté, lorsque les juges de ces dernières sont alors salariés, seront fixés et payés par le parlement du Canada. (54)

Cour générale d'appel, etc.

101. Le parlement du Canada pourra, nonobstant toute disposition contraire énoncée dans la présente loi, lorsque l'occasion le requerra, adopter des mesures à l 'effet de créer, maintenir et organiser une cour générale d'appel pour le Canada, et établir des tribunaux additionnels pour la meilleure administration des lois du Canada. (55)

VIII. REVENUS; DETTES; ACTIFS; TAXE

Création d'un fonds consolidé de revenu

102. Tous les droits et revenus que les législatures respectives du Canada, de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick, avant et à l'époque de l 'union, avaient le pouvoir d'approprier, - sauf ceux réservés par la présente loi aux législatures respectives des provinces, ou qui seront perçus par elles confonnément aux pou­voirs spéciaux qui leur sont conférés par la présente loi, - formeront un fonds

(53) Modifié par la Loi constitutionllelle de 1960, 9 Elizabeth II, ch. 2 (R.-V.), en vigueur

le 1 cr mars 1961. Texte de l'article original :

99. Les juges des cours supérieures resteront en charge durant bonne conduite, mais ils pourront être démis de leurs fonctions par le gouverneur-général sur une adresse du Sénat et de la Chambre des Communes.

(54) Voir la Loi sur les juges, L.R.C. (1985), ch. J-1.

(55) Voir la Loi sur III Cour suprême, L.R.C. (1985), ch. S-26, la Loi sllr les Coursfédé­raies, L.R.C. (1985), ch. F-7, et la Loi sur la COllr canadienne de l'impôt, L.R.C. (1985),

ch. T-2.

33

Page 63: Québec AG Factum in Mainville Reference

5 5

Loi constitutionnelle de 1867

Fonds consolidé du revenu provincial

176. Les droits et revenus que les législatures respectives du Canada, de la Nou­velle-Écosse et du Nouveau-Brunswick avaient, avant l'union, le pouvoir d'appro­prier, et qui sont, par la présente loi, réservés aux gouvernements ou législatures des provinces respectives, et tous les droits et revenus perçus par elles conformément aux pouvoirs spéciaux qui leur sont conférés par la présente loi, fOllneront dans chaque province un fonds consolidé de revenu qui sera approprié au service public de la province.

IX. DISPOSITIONS DIVERSES

DISPOSITIONS GÉNÉRALES

127. Abrogé. (64)

Sennent d'allégeance, etc.

128. Les membres du Sénat ou de la Chambre des Communes du Canada de­vront, avant d'entrer dans l'exercice de leurs fonctions, prêter et souscrire, devant le gouverneur-général ou quelque personne à ce par lui autorisée, - et pareillement, les membres du conseil législatif ou de l'assemblée législative d'une province de­vront, avant d'entrer dans l'exercice de leurs fonctions, prêter et souscrire, devant le lieutenant-gouverneur de la province ou quelque personne à ce par lui autorisée, -le serment d'allégeance énoncé dans la cinquième annexe de là présente loi; et les membres du Sénat du Canada et du conseil législatif de Québec devront aussi, avant d'entrer dans l 'exercice de leurs fonctions, prêter et souscrire, devant le gouverneur­général ou quelque personne à ce par lui autorisée, la déclaration des qualifications énoncée dans la même rumexe.

Les lois, tribunaux et fonctionnaires acttlels continueront d'exister, etc.

129. Sauf toute disposition contraire prescrite par la présente loi, - toutes les lois en force en Canada, dans la Nouvelle-Écosse ou le Nouveau-Brunswick, lors de l'union, - tous les tribunaux de juridiction civile et criminelle, - toutes les com­missions, pouvoirs et autorités ayant force légale, - et tous les officiers judiciaires, administratifs et ministériels, en existence dans ces provinces à l 'époque de l 'union, continueront d'exister dans les provinces d'Ontario, de Québec, de la Nouvelle­Écosse et du Nouveau-Brunswick respectivement, comme si l'union n'avait pas eu

(64) Abrogé par la Loi cie 1893 slIr la revision du clroit statlltaire, 56-57 Victoria, ch. 14

(R.-V.). Texte de l'article original :

127. Quiconque étant, lors de la passation du présent acte, membre dti conseil législatif du Canada. de la Nouvelle-Écosse ou du Nouveau-Brunswick. et auquel un siège dans le Sénat sera offert, ne l'acceptera p�s dans les trente jours, par écrit revêtu de son seing et adressé au gouverneur-général de la province du Canada ou au lieutenant-gouverneur de la Nouvelle-Écosse ou du Nouveau-Brunswick (selon le cas), sera censé l 'avoir rentSé: et quiconque étant, lors de la passation du présent acte, membre du conseil législatif de la Nouvelle-Écosse ou d� Nouveau-Brunswick, et acceptera un siège dans le Sénat, perdra par le fait même son siège à ce conseil législatif.

3 8

Page 64: Québec AG Factum in Mainville Reference

5 6

Loi constitutionnelle de 1867

lieu; mais ils pourront, néanmoins (sauf les cas prévus par des lois du parlement de la Grande-Bretagne ou du parlement du Royaume-Uni de la Grande-Bretagne et d'Irlande), être révoqués, abolis ou modifiés par le parlement du Canada, ou par la législature de la province respective, confonnément à l'autorité du parlement ou de cette législature en vertu de la présente loi. (65)

Fonctionnaires transférés au service du Canada

130. Jusqu'à ce que le parlement du Canada en ordonne autrement, - tous les officiers des diverses provinces ayant à remplir des devoirs relatifs à des matières autres que celles tombant dans les catégories de sujets assignés exclusivement par la présente loi aux législatures des provinces, seront officiers du Canada et continue­ront à remplir les devoirs de leurs charges respectives sous les mêmes obligations et pénalités que si l'union n'avait pas eu lieu. (66)

Nomination des nouveaux officiers

131. Jusqu'à ce que le parlement du Canada en ordonne autrement, - le gouver­neur-général en conseil pouna de temps à autre nommer les officiers qu'il croira né­cessaires ou utiles à l'exécution efficace de la présente loi.

Obligations naissant des traités

132. Le parlement et le gouvemement du Canada auront tous les pouvoirs néces­saires pour remplir envers les pays étrangers, comme portion de l'empire Britan­nique, les obligations du Canada ou d'aucune de ses provinces, naissant de traités conclus entre l'empire et ces pays étrangers.

Usage facultatif et obligatoire des langues fi-ançaise et anglaise

133. Dans les chambres du parlement du Canada et les chambres de la législature de Québec, l'usage de la langue française ou de la langue anglaise, dans les débats, sera facultatif; mais dans la rédaction des archives, procès-verbaux et journaux res­pectifs de ces chambres, l'usage de ces deux langues sera obligatoire; et dans toute plaidoirie ou pièce de procédure par-devant les tribunaux ou émanant des tribunaux du Canada qui seront établis sous l 'autorité de la présente loi, et par-devant tous les tribunaux ou émanant des tribunaux de Québec, il pourra être fait également usage, à faculté, de l 'lme ou de l 'autre de ces langues.

(65) Le Stlttut de Westminster de 1931, 22 George V, ch. 4 (R.-U.), a supprimé la restric­

tion frappant la modification ou l'abrogation de lois édictées par le Royaume-Uni ou

existant sous l'autorité des lois de celui-ci, sauf à l'égard de certains documents consti­

tutionnels. La partie V de la Loi constitutionnelle de 1982 prévoit la procédure de modi­

fication de la Constitution du Canada.

(66) Périmé.

39

Page 65: Québec AG Factum in Mainville Reference

5 7

Loi constitutionnelle de 1867

Les lois du parlement du Canada et de la législature de Québec devront être im­primées et publiées dans ces deux langues. (67)

ONTARIO ET QUÉBEC

Nomination des fonctionnaires exécutifs pour Ontario et Québec

134. Jusqu'à ce que la législature d'Ontario ou de Québec en ordonne autrement, - les lieutenants-gouverneurs d'Ontario et de Québec pourront, chacun, nommer . sous le grand sceau de la province, les fonctionnaires suivants qui resteront en charge durant bon plaisir, savoir : le procureur-général, le secrétaire et régistraire de la province, le trésorier de la province, le commissaire des terres de la couronne, et le commissaire d'agriculture et des travaux publics, et, - en ce qui concerne Qué­bec, - le solliciteur-général; ils pourront aussi, par ordonnance du lieutenant-gou­verneur en conseil, prescrire de temps à autre les attributions de ces fonctionnaires et des divers départements placés sous leur contrôle ou dont ils relèvent, et des offi­ciers et employés y attachés; et ils pourront également nommer d'autres fonction­naires qui resteront en charge durant bon plaisir, et prescrire, de temps à autre, leurs attributions et celles des divers départements placés sous leur contrôle ou dont ils relèvent, et des officiers et employés y attachés. (68)

(67) Une disposition semblable a été édictée pour le Manitoba par l'article 23 de la Loi de 1870 sur le Manitoba, 33 Victoria, ch. 3 (confirmée par la Loi constitutionnelle de 1871, 34-35 Victoria, ch. 28 (R.-U.) . Texte de l'article 23 de la Loi de 1870 sur le Mani­toba :

23. L'usage de la langue française ou de la langue anglaise sera facultatif dans les débats des Chambres de la législature; mais dans la rédaction des archives, procès-verbaux et journaux respectifs de ces chambres, l'usage dc ces deux langues sera obl igatoire; ct dans toute plaidoirie ou pièce de procédure par dcvant les tribunaux ou émanant des tribunaux du Canada, qui sont établis sous l'autorité de la Loi constitutionnelle de /867, et par de­vant tous les tribunaux ou émanant des tribunaux de la province, i l pourra être également fait usage à faculté. de l'une ou l 'autre de ces langues. Les lois de la législature seront imprimées et publiées dans ces deux langues.

Les articles 17 à 19 de la Loi constitutionnelle de 1982 énoncent de nouveau les droits

linguistiques que prévoit l'article 133 à l'égard du Parlement et des tribunaux qui sont

établis en vertu de la Loi cOllstitutiollllelle de 1867 et garantissent également ces droits à l'égard de la législature du Nouveau-Brunswick et des tribunaux de cette province.

Les articles 16, 20, 21 et 23 de la Loi cOllstitutionnelle de 1982 reconnaissent des

droits linguistiques additionnels concernant la langue française et la langue anglaise; l'article 22 préserve les droits linguistiques et les privilèges des langues autres que le

français et l'anglais.

(68) Périmé. Ces dispositions sont maintenant prévues, en Ontario, par la Loi sur le Conseil exécutif, L.R.O. 1990, ch. E.25 et, au Québec, par la Loi sur l'exécutif, L.R.Q.

ch. E-18.

40

Page 66: Québec AG Factum in Mainville Reference

58

CANADA

A Consolidation of

THE

CONSTITUTION

ACTS

1867 to 1982

DEP ARTMENT OF JUSTICE CANADA

Consolidated as of January 1, 2013

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59

Constitution Act, 1867

27. The Criminal Law, except the Constitution of Courts of Criminal Jurisdic­tian, but inc1uding the Procedure in Criminal Matters.

28. The Establishment, Maintenance, and Management ofPenitentiaries.

29. Such Classes of Subjects 'as are expressly excepted in the Enumeration of the Classes of Subjects by this Act assigned exclusively ta the Legislatures of the Provinces.

And any Matter coming within any of the Classes of Subjects emmlerated in this Section shall not be deemed ta come within the Class of Matters of a local or prî­vate Nature comprised in the Emm1eration of the Classes of Subjects by this Act as­signed exc1usively ta the Legislatures of the Provinces. (47)

EXCLUSIVE POWERS OF PROVINCIAL LEGISLATURES

Subjects of exclusive Provincial Legislation

92. In each Province the Legislature may exclusively make Laws in. relation ta Matters coming within the Classes of Subjects next hereinafter enumerated; that is ta say,

1. Repealed. (48)

2. Direct Taxation within the Province in order to the raising of a Revenue for Provincial Purposes.

3. The borrowing ofMoney on the sole Credit of the Province.

4. The Establishment and Tenure of Provincial Offices and the Appointment and Payment of Provincial Officers.

5. The Management and Sale of the Public Lands belonging ta the Province and of the Timber and Wood thereon.

6. The Establishment, Maintenance, and Management of Public and Reforma­tory Prisons in and for the Province.

(47) Legislative a uthority has been conferred on Parliament by other Acts. For further

details, see endnote 3.

(48) Class 1 was repealed by the Constitutioll Act, 1982. As enacted, it read as follows:

1 . The Amendment from Time to Time, notwithstanding anything in this Act, of the Constitution of the Province, except as regards the Ofl:ïce of Lieutenant Governor.

Section 45 of the Constitution Act, 1982 now authorizes legislatures to make laws

amending the constitution of the province. Sections 38, 41, 42 and 43 of that Act autho­

rize legislative assemblies to give their approval by resolution to certain other amend­

ments to the Constitution of Canada.

28

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6 0

Constitution Act, 1867

7. The Establishment, Maintenance, and Management of Hospitals, Asylums, Charities, and Eleemosynary Institutions in and for the Province, other than Marine Hospitals.

8 . Municipal Institutions in the Province.

9. Shop, Saloon, Tavem, Auctioneer, and other Licences in order to the raising of a Revenue for Provincial, Local, or Municipal Purposes.

1 0 . Local W orks and Undertakings other than such as are of the following Classes:

(a) Lines of Steam or other Ships, Railways, Canals, Telegraphs, and other Works and Undertakings connecting the Province with any other or others of the Provinces, or extending beyond the Limits of the Province:

(h) Lines of Steam Ships between the Province and any British or Foreign Countly:

(c) Such Works as, although wholly situate within the Province, are before or after their Execution decIared by the Parliament of Canada to be for the general Advantage of Canada or for the Advantage of Two or more of the Provinces.

I l . The Incorporation of Companies with Provincial Objects.

12. The Solemnization of Marriage in the Province.

1 3 . Property and Civil Rights in the Province.

14. The Administration of Justice in the Province, inc1uding the Constitution, Maintenance, and Organization of Provincial Courts, both of Civil and of Criminal Jurisdiction, and including Procedure in Civil Matters in those Courts.

1 5 . The Imposition of Punishment by Fine, Penalty, or Imprisonment for enforc­ing any Law of the Province made in relation to any Matter coming within any of the Classes of Subjects enumerated in this Section.

1 6. Generally a11 Matters of a merely local or private Nature in the Province.

NON-RENEWABLE NATURAL RESOURCES, FORESTRY RESOURCES AND ELECTRICAL ENERGY

Laws respecting non-renewable natufal resources, forestty resources and electrical energy

92A. (1) In each province, the legislature may excIusively make laws in relation to

(a) exploration for non-renewable natural resources in the province;

29

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6 1

Constitution Act, 1867

Existing powers or l'ights

(6) Nothing in subsections (1) to (5) derogates from any powers or rights that a legislature or govemment of a province had immediately before the coming into force ofthis section. (49)

EDUCAT10N

Legislation respecting Education

93. In and for each Province the Legislature may exclusively make Laws in rela­tion to Education, subject and according to the following Provisions:

( 1) Nothing in any such Law shall prejudicially affect any Right or Privilege with respect to Denominational Schools which any Class ofPersons have by Law in the Province at the Union;

(2) Ail the Powers, Privileges, and Duties at the Union by Law conferred and imposed in Upper Canada on the Separate Schools and School Trustees of the Queen's Roman Catholic Subjects shall be and the same are hereby ex­tended to the Dissentient Schools of the Queen's Protestant and Roman Catholic Subjects in Quebec;

(3) Where in any Province a System of Separate or Dissentient Schools exists by Law at the Union or is thereafter established by the Legislature of the Province, an Appeal shaH lie to the Govemor General in COlU1Cil from any Act or Decision of any Provincial Authority affecting any Right or Privilege of the Protestant or Roman Catholic Minority of the Queen's Subjects in re­lation to Education;

(4) In case any such Provincial Law as from Time to Time seems to the Gover­nor General in Council requisite for the due Execution of the Provisions of this Section is not made, or in case any Decision of the Govemor General in Council on any Appeal under this Section is not duly executed by the proper Provincial Authority in that Behalf, then and in every such Case, and as far only as the Circunlstances of each Case require, the Parliament of Canada may make remedial Laws for the due Execution of the Provisions of this Section and of ally Decision of the Govemor General in Council under this Section. (50)

(49) Added by section 50 of the Constitution Act, 1982.

(50) Alternative provisions have been enacted for four provinces. For further details,

see endnote 4.

3 1

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62

Constitution Act, 1867

Quebec

93A. Paragraphs (1) ta (4) of section 93 do not apply to Quebec. (51)

UNIFORMITY OF LAWS IN ONTARIO, NOVA SCOTIA, AND NEW BRUNSWICK

Legislation for Uniformity ofLaws in Three Provinces

94. Notwithstanding anything in this Act, the Parliament of Canada may make Provision for the Uniformity of aU or any of the Laws relative ta Property and Civil Rights in Ontario, Nova Scotia, and New Brunswick, and of the Procedure of all or any of the COUlis in those Three Provinces, and from and after th.e passing of any Act in that Behalf the Power of the Parliament of Canada to make Laws in relation ta any Matter comprised in any such Act shaH, notwithstanding anything in this Act, be unrestTicted; but any Act of the Parliament of Canada making Provision for such Uniformity shaH not have effect in any Province unless and until it is adopted and enacted as Law by the Legislature thereof.

OLD AGE PENSlONS

Legislation respecting old age pensions and supplementary benefits

94A. The Parliament of Canada may make laws in relation to oId age pensions and supplementary benefits, including survivors' and disability benefits irrespective of age, but no such law shaH affect the operation of any law present or future of a provincial legislature in relation ta any such matter. (52)

AGRlCUL TURE AND IMMIGRATION

Concurrent Powers of Legislation respecting Agriculture, etc.

95. In each Province the Legislature may make Laws in relation to Agriculture in the Province, and ta Immigration into the Province; and it is hereby declared that the Parliament of Canada may from Time to Time make Laws in relation ta Agri­culture in an or any of the Provinces, and ta Immigration into aU or any of the Provinces; and any Law of the Legislature of a Province relative ta Agriculture or ta Immigration shaH have effect in and for the Province as long and as far only as it is not repugnant ta any Act of the Parliament of Canada.

(St) Added by the Constitution Amendmeflt, 1997 (Quebec) (see 81/97-141).

(52) Amended by the COllstitution Act, 1964, 12-13 Eliz. II, c. 73 (U.K). As originally

enacted by the British North America Act, 1951, 14-15 Geo. VI, c. 32 (U.K), which was

repealed by the Constitution Act, 1982, section 94A read as follows:

94A. It is hereby declared that the Parliament of Canada may from time to time make Jaws in relation to old age pensions in Canada. but no law made by the Parliament of Canada in relation to old age pensions shall affect the operation of any law present or future of a Provincial Legislature in relation to old age pensions.

32

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6 3

Constitution Act, 1867

VII. JUDICATURE

Appointment of Judges

96. The Governor General shaH appoint the Judges of the Superior, District, and County Courts in each Province, except those of the Courts ofProbate in Nova Sco­tia and New Brunswick.

Selection of Judges in Ontario, etc.

97. Until the Laws relative to Property and Civil Rights in Ontario, Nova Scotia, and New Brunswick, and the Procedure of the Courts in those Provinces, are made uniform, the Judges of the Courts of those Provinces appointed by the Governor General shaH be selected from the respective Bars ofthose Provinces.

Selection of Judges in Quebec

98. The Judges of the Courts of Quebec shaH be selected from the Bar of that Province.

Tenure of office of Judges

99. ( 1 ) Subject to subsection (2) of this section, the judges of the superior courts shaH hold office during good behaviour, but shaH be removable by the Governor General on address of the Senate and Bouse of Commons.

Termination at age 75

(2) A judge of a superior court, whether appointed before or after the coming in­to force of this section, shaH cease to hold office upon attaining the age of seventy­five years, or upon the coming into force of this section if at that time he has already attained that age. (53)

Salaries, etc., of Judges

100. The Salaries, Allowances, and Pensions of the Judges of the Superior, Dis­trict, and County Courts (except the Courts of Probate in Nova Scotia and New Brunswick), and of the Admiralty Courts in Cases where the Judges thereof are for the Time being paid by Salary, shaH be fixed and provided by the Parliament of Canada. (54)

(53) Amended by the Constitution Act, 1960, 9 Eliz. II, c. 2 (V. K.), which came into

force on March 1, 1961. The original section read as follows:

99. The Judges of the Superior Courts shall hold Office during good Behaviour. but shall be removable by the Governor General on Address of the Scnate and House ofCommons.

(54) Now provided for in the Judges Act, R.S.C. 1985, c. J-l.

33

Page 72: Québec AG Factum in Mainville Reference

64

Constitution Act, 1867

General Court of Appeal, etc.

101. The Parliament of Canada may, notwithstanding anything in this Act, from Time to Time provide for the Constitution, Maintenance, and Organization of a General Court of Appeal for Canada, and for the Establishment of any additional Courts for the better Administration of the Laws of Canada. (55)

VIII. REVENUES; DEBTS; ASSETS; TAXATION

Creation OfCollsol idated Revenue Fund

102. AlI Duties and Revenues over which the respective Legislatures of Canada, Nova Scotia, and New Brunswick before and at the Union had and have Power of Appropriation, except such Portions thereof as are by this Act reserved to the re­spective Legislatures of the Provinces, or are raised by them in accordance with the special Powers conferred on them by tlùs Act, shaH form One Consolidated Rev­enue Fund, to be appropriated for tlle Public Service of Canada in the Manner and subject to the Charges in this Act provided.

Expenses of Col lectioll, etc.

103. The ·Consolidated Revenue Fund of Canada shall be pennanently charged with the Costs, Charges, and Expenses incident to the Collection, Management, and Receipt thereof, and the same shaH form the First Charge thereon, subject to be re­viewed and audited in such Manner as shall be ordered by the Governor General in Council until the Parliament otherwise provides.

Interest of Provincial Public Debts

104. The annual Interest of the Public Debts of the several Provinces of Canada, Nova Scotia, and New Brunswick at the Union shaH fmnl the Second Charge on the Consolidated Revenue Fund of Canada.

Salary of Governor General

105. Unless altered by the Parliament of Canada, the Salary of the Governor General shaH be Ten thousand Pounds Sterling Money of the United Kingdom of Great Britain and Ireland, payable out of the Consolidated Revenue Fund of Canada, and the same shaH form the Third Charge thereon. (56)

(55) See the Slipreme CourtAct, R.S.C. 1985, c. S-26, the Federal Courts Act, R.S.c. 1985, c. F-7 and the Tax COllrt of Clmada Act, R.S.C. 1985, c. T-2.

(56) Now covered by the Governor General's Act, R.S.C. 1985, c. G-9.

34

Page 73: Québec AG Factum in Mainville Reference

6 5

Constitution Act, 1867

nor General, or some Person authorized by him, the Declaration of Qualification contained in the saille Schedule.

Continuance of existing Law�, Courts, Officers, etc.

129. Except as otherwise provided by this Act, all Laws in force in Canada, No­va Scotia, or New Brunswick at the Union, and aIl Courts of Civil and Criminal Ju­risdiction, and a11 legal Commissions, Powers, and Authorities, and a11 Officers, Ju­dicial, Administrative, and Ministerial, existing therein at the Union, sha11 continue in Ontado, Quebec, Nova Scotia, and New Brunswick respectively, as if the Union had not been made; subject nevertheless (except with respect to such as are enacted by or exist under Acts of the Parliarhent of Great Britain or of the Parliament of the United Kingdom of Great Britain and Ireland,) to be repealed, abolished, or altered by the Parliament of Canada, or by the Legislature of the respective Province, ac­cording to the Authority ofthe Parliament or ofthat Legislature under tlùs Act. (65)

Transfer of Officers to Canada

130. Until the Parliament of Canada otherwise provides, a11 Officers of the sever­al Provinces having Duties to discharge in relation to Matters other than those com­ing witlùn the Classes of Subjects by this Act assigned exclusively to the Legisla­tures of the Provinces sha11 be Officers of Canada, and sha11 continue to dis charge the Duties of theu' respective Offices tmder the same Liabilities, Responsibilities, and Penalties as ifthe Union had not been made, (66)

Appointment of new Officers

131. Until the Parliament of Canada otherwise pro vides, the Governor General in Council may from Time to Time appoint such Officers as the Governor General in Council deems necessary or proper for the effectuaI Execution of t1ùs Act.

Treaty Obl igations

132. The Parliamellt and Governrnent of Canada sha11 have a11 Powers necessary or proper for perfonning the Obligations of Canada or of any Province thereol� as Part of the British Empire, towards Foreign Countries, arising under Treaties be­tween the Empire and such Foreign Countries.

(65) The restriction against altering or repealing laws enacted by or existing un der

statutes of the United Kingdom was removed by the Statl/te of Westminster, 1931, 22 Geo. V, c. 4 (U.K.), except in respect of certain constitutional documents. Compre­

hensive procedures for amending enactments forming part of the Constitution of

Canada were provided by Part V of the Constitution Act, 1982.

(66) Spent.

39

Page 74: Québec AG Factum in Mainville Reference

6 6

Constitution Act, 1867

Use of English and French Languages

133. Either the English or the French Language may be used by any Pers on in the Debates of the Houses of the Parliament of Canada and of the Houses of the Legislature of Quebec; and both those Languages shaH be used in the respective Records and Journals of those Houses; and either of those Languages may be used by any Pers on or in any Pleading or Process in or issuing from any Court of Canada established under this Act, and in or from aU or any of the Courts of Quebec.

The Acts of the Parliament of Canada and of the Legislature of Quebec shaH be printed and published in both those Languages. (67)

(67) A similar provision was enacted for Manitoba by section 23 of the Manitoba Act, 1870, 33 VicL, c. 3 (confirmed by the Constitution Act, 1871, 34-35 VicL, c. 28 (U.K.)).

Section 23 reads as follows:

23. Either the Englîsh or the French language may be used by any person in the debates of the Bouses of the Legislature, and both these l anguages shall bc used in the respective Records and Journals of those Houses; and either ofthose languages may be used by ally person, or in any Pleading or Process, in or issuing from any Court of Canada established under the British North America Act, 1 867, or in or from ail or any of the Courts of the Province. The Acts of the Legislature shall be printed and published in both those languages.

Sections 17 to 1 9 of the C011stitutio11 Act, 1982 restate the l�nguage rights set out in

section 133 in respect of Parliament and the courts established under the COllstitution Act, 1867, and also guarantee those rights in respect of the legislature of New

Brunswick and the courts of that province.

Sections 16, 20, 21 and 23 of the Constitution Act, 1982 recognize additional language

rights in respect of the English and French languages. Section 22 preserves language

rights and privileges of languages other than English and French.

40

Page 75: Québec AG Factum in Mainville Reference

Loi sur les renvois à la Cour d'appel 67

Québec���� © Éditeur officiel du Québec

chapitre R-23

LOI SUR LES RENVOIS À LA COUR D'APPEL

Page l of 1

À jour au 1 er octobre 2014 Ce document a valeur officielle.

1 . Le gouvernement peut soumettre à la Cour d'appel, pour audition et examen, toutes questions quelconques qu'il juge à propos, et, sur ce, la cour les entend et les examine.

S. R. 1 964, c. 1 0, a. 1 ; 1 974, c. i i , a. 2.

2. La majorité des juges de la Cour d'appel peut faire les règles de pratique nécessaires à la mise à exécution des dispositions de la présente loi.

S . R. 1 964, c. 1 0, a. 2; 1 974, c. 1 1 , a.2.

3. Le juge en chef de la Cour d'appel, ou, s'il est absent ou malade, tout autre juge de cette cour, peut fixer un jour pendant ou en dehors des termes pour la tenue de l'audience, l 'audition, l'examen et la décision des questions soumises en vertu de la présente loi.

S. R. 1 964, c. 1 0, a. 3; 1 974, c. 1 1 , a. 2.

4. La cour peut ordonner que la date de l 'audience, lors d'un renvoi d'une question à la cour en vertu de la présente loi, soit notifiée à toute personne intéressée, ou, si une classe de personnes est intéressée, à une ou à plusieurs personnes comme représentant cette classe; et ces personnes ont le d roit d'être entendues sur la question.

S. R. 1 964, c. 1 0, a. 4.

5. La cour transmet au gouvernement, pour son information, son opinion certifiée sur les questions ainsi soumises, en donnant ses raisons à l'appui de son opinion, de la même manière que dans le cas des jugements rendus sur appel porté devant cette cour.

Tout juge qui diffère d'opinion avec la majorité donne également son opinion certifiée et ses raisons à l'appui.

S. R. 1 964, c. 1 0, a. 5.

5.1 . L'opinion certifiée de la cour sur les questions ainsi soumises doit être considérée comme un jugement de cette cour et i l peut en être interjeté appel à la Cour suprême du Canada comme d'un jugement dans une action.

1 987, c. 99, a. 1 .

6. (Cet article a cessé d'avoir effet le 1 7 avri/ 1987).

1 982, c. 21 , a. 1 ; R.-U. , 1 982, c. 1 1 , ann. B, ptie l, a. 33.

ANNEXE ABROGATIVE

Conformément à l'article 1 7 de la Loi sur la refonte des lois (chapitre R-3) , le chapitre 1 0 des Statuts refondus, 1 964, tel qu'en vigueur au 31 décembre 1 977, est abrogé à compter de l'entrée en vigueur du chapitre R-23 des Lois refondues.

http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge. php ?type=2&fi.. . 2014-10-16

Page 76: Québec AG Factum in Mainville Reference

Court of Appeal Reference Act

Québec �::: © Éditeur officiel du Québec

chapter R-23

COURT OF APPEAL REFERENCE ACT

6 8 Page 1 of 1

Updated to 1 October 201 4 This document has official status.

1 . The Government may refer to the Court of Appeal, for hearing and consideration , any question which it deems expedient, and thereupon the court shaH hear and consider the same.

R. S . 1 964, c. 1 0, s . 1 ; 1 974, c. 1 1 , s. 2.

2. The majority of the judges of the Court of Appeal may make the rules of practice n ecessary for carrying out the provisions of this Act.

R. S . 1 964, c. 1 0, s. 2; 1 974, c. 1 1 , s. 2.

3. The Chief Justice of the Court of Appeal, or if he be absent or sick, any other judge of that court, may fix any day or days, in or out of term, for the hearing, consideration and decision of any question referred under the authority of this Act.

R. S . 1 964, c. 1 0, s. 3; 1 974, c . 1 1 , s. 2.

4. The court may order that any persan .interested, or if there be a class of persons, any one or more persans as representing su ch class, be notified of the date of the hearing upon any reference ta the court under this Act; and such persans shaH be entitled to be h eard.

R. S . 1 964, c. 1 0, s . 4 .

5. The court shaH send to the Government for its information its opinion duly certified upon the questions sa referred, giving its reasons in support thereof, in like manner as in the case of judgments rendered upon appeals brought before the said court.

Any judge who differs fram the majority shall , in like manner, give his opinion duly certified and his reasons in support thereof.

R . S . 1 964, c. 1 0, s . 5 .

5.1 . The certified opinion o f the court upon any question s a referred shaH b e deemed ta be a judgment of the said court and an appeal lies therefrom ta the Supreme Court of Canada as from a judgment in an action.

1 987, c. 99, s. 1 .

6. (This section ceased ta have effect on 1 7 April 1987).

1 982, c. 21 , s . 1 ; U . K., 1 982, c. 1 1 , Sch. B, Part l , s. 33.

REPEAL SCHEDULE

ln accordance with section 1 7 of the Act respecting the consolidation of the statutes (chapter R-3) , chapter 1 0 of the Revised Statutes, 1 964, in force on 31 December 1 977, is repealed effective from the coming into force of chapter R-23 of the Revised Statutes.

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Page 77: Québec AG Factum in Mainville Reference

69 Loi sur les tribunaux judiciaires

Québec::�� © Éditeur officiel du Québec

chapitre T -1 6

LOI SUR LES TRIBUNAUX JUDICIAIRES

1 . Les tribunaux du Québec, en matières civiles, criminelles ou mixtes, sont

La Cour d'appel;

La Cour supérieure;

La Cour du Québec;

Les Cours municipales.

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À jour au 1 er octobre 2014 Ce document a valeur officielle.

S. R. 1 964, c. 20, a. 1 ; 1 965 We sess.), c. 1 7 , a. 1 ; 1 966-67, c. 1 8, a. 1 ; 1 974, c. 1 1 , a. 1 ; 1 977, c. 20, a. 1 38; 1 988, c. 21 , a. 1 ; 1 992, c. 61 , a. 61 2.

2. Les compétences de la Cour d'appel, de la Cour supérieure et de la Cour du Québec sont générales et s'étendent à tout le Québec; celle des Cours municipales est restreinte à des localités et celle des juges de paix est prévue par la loi ou par leur acte de nomination.

S. R. 1 964, c. 20, a. 2; 1 965 We sess.) , c. 1 7, a. 3; 1 974, c. 1 1 , a. 4; 1 977, c. 20, a. 1 38; 1 975, c. 7, a. 2; 1 988, c. 21 , a. 2; 1 992, c. 61 , a. 6 1 3 ; 1 995, c. 42, a. 46.

3. La Loi sur les employés publics (chapitre E-6) , la Loi sur la fonction publique (chapitre F-3.1 . 1 ) et le Code du travail (chapitre C-27) ne s'appliquent pas aux juges de la Cour du Québec ni aux juges de paix ni aux juges municipaux lorsqu'ils agissent en cette qualité.

1 965 (1 fe sess.) , c. 1 7, a. 3; 1 965 ( 1 fe sess.) , c. 1 4, a. 82; 1 965 (ife sess.), c. 1 5, a. 1 ; 1 977, c. 20, a. 1 38; 1 978, c. 1 5, a. 1 40; 1 983, c. 55, a. 1 61 ; 1 988, c. 21 , a. 3; 1 988, c. 74, a. 7; 1 990, c. 44, a. 1 ; 1 992, c. 61 , a. 61 4.

4. Les officiers de justice sont: le shérif, le greffier de la Cour supérieure, le greffier de la Cour du Québec et tout autre officier nécessaire à l'administration de la justice au Québec.

Ces officiers sont nommés par'arrêté du ministre de la Justice qui peut leur donner compétence dans plus d'un district. ,

S. R. 1 964, c. 20, a. 3; 1 965 (1 fe sess.) , c. 1 7, a. 2; 1 983, c. 54, a. 87; 1 983, c. 41 , a. 209; 1 986, c. 86, a. 35; 1 988, c. 2 1 , a. 4; 1 992, c. 6 1 , a. 6 1 5; 1 995, c. 42, a. 47; 1 999, c. 40, a. 324.

4.1 . Un greffier spécial visé au paragraphe e de l'article 4 du Code de procédure civile (chapitre C-25) peut se voir attribuer, conformément à ce paragraphe, compétence dans plus d'un district judiciaire, même s'il n'a pas été nommé greffier pour chacun de ces districts.

1 983, c. 28, a. 65; 1 992, c. 57, a. 705; 1 995, c. 42, a. 46; 1 995, c. 42, a. 47.

5. Le ministre de la Justice nomme aussi, par arrêté, un greffier des appels à Montréal, un greffier des appels à Québec et autant de greffiers adjoints des appels qu'il le juge nécessaire.

S. R. 1 964, c. 20, a. 4; 1 965 We sess.), c. 1 7, a. 4; 1 983, c. 54, a. 88.

5.1 . Malgré toute autre disposition législative, le greffier d'un tribunal n'est tenu de fournir, lors d'une audience, afin de remplir les fonctions d'huissier-audiencier, que les huissiers-audienciers dont i l dispose.

1 982, c. 58, a. 79; 1 995, c. 42, a. 47.

5.2. I l est interdit à un employeur ou à son agent de congédier, de suspendre ou de déplacer un employé, d'exercer à son endroit des mesures discriminatoires ou des représailles, ou de lui imposer toute autre sanction pour le motif que ce

http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynarnicSearch/telecharge.php ?type=2&fi... 2014-10-16

Page 78: Québec AG Factum in Mainville Reference

70 Courts of Justice Act

Québec �:�: © Éditeur officiel du Québec

chapter T -1 6

COURTS OF JUSTICE ACT

1 . The Courts of Québec. in civil . cri minai and mixed matters. are:

The Court of Appeal;

The Superior Court;

The Court of Québec;

The M unicipal Courts.

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R. S. 1 964, c. 20. s. 1 ; 1 965 (1 st sess.) . c. 1 7. s. 1 ; 1 966-67. c. 1 8. s. 1 ; 1 974. c. 1 1 . s. 1 ; 1 977. c. 20. s. 1 38; 1 988. c. 21 . s. 1 ; 1 992, c. 61 . s. 6 1 2.

2. The jurisdictions of the Court of Appeal, the Superior Court and the Court of Québec are general and cover the whole of Québec; the jurisdiction of the Municipal Courts is restricted to localities and the jurisdiction of the justices of the peace is provided for by law or by their deed of appointment.

R. S. 1 964. c. 20. s. 2; 1 965 (1 st sess.) , c. 1 7, s. 3; 1 974, c. 1 1 . s. 4; 1 977. c. 20. s. 1 38; 1 975. c. 7. s. 2; 1 988, c. 21 , s. 2; 1 992, c. 6 1 . s. 6 1 3.

3. The Public Officers Act (chapter E-6). the Public SeNice Act (chapter F-3. 1 . 1 ) and the Labour Code (chapter C-27) shall not apply to the judges of the Court of Québec. the justices of the Peace or the municipal judges acting in that capacity.

1 965 (1st sess.). c. 1 7, s. 3; 1 965 (1 st sess.) . c. 1 4 , s. 82; 1 965 (1 st sess.) . c. 1 5 . s. 1 ; 1 977. c. 20. s. 1 38; 1 978. c. 1 5 . s. 1 40; 1 983. c. 55, s . 1 61 ; 1 988. c. 21 , s. 3; 1 988. c. 74, s. 7; 1 990. c. 44, s. 1 ; 1 992. c. 6 1 . s. 6 1 4.

4. The officers of justice shall be: the sheriff. the clerk of the Superior Court. the clerk of the Court of Québec and ail other officers n ecessary for the administration of justice in Québec.

The officers of justice shaH be appointed by order of the M inister of Justice who may assign them jurisdiction in more than one district.

R . S. 1 964, c. 20, s . 3; 1 965 (1 st sess.) , c. 1 7, s. 2; 1 983. c. 54. s. 87; 1 983. c. 41 . s . 209; 1 986. c. 86. s . 35; 1 988. c. 21 . s. 4; 1 992, c. 6 1 . s. 6 1 5 ; 1 995 . c. 42, s . 47; 1 999, c. 40, s. 324.

4.1 . A special clerk contemplated in subparagraph e of article 4 of the Code of Civil Procedure (chapter C-25) may, in accordance with the said subparagraph . be given jurisdiction in more than one judicial district. even if he has not been appointed clerk of each of those districts.

1 983. c. 28, s. 65; 1 992, c. 57. s. 705; 1 995. c. 42. s. 47.

5. The M inister of Justice shall also, by order. appoint a clerk of appeals for Montréal. a clerk of appeals for Québec. and as many d eputy clerks of appeals as he may deem n ecessary.

R . S . 1 964, c. 20, s. 4; 1 983, c. 54, s. 88.

http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge.php?type=2&fi.. . 2014-10-16

Page 79: Québec AG Factum in Mainville Reference

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CANADA

CONSOLIDATION

Judges Act

R.S.C., 1 985, c. J-l

Current to September 29, 2014

Last amended on June 1 9, 20 14

Published by the Minister of Justice at the following address: http://laws-Iois.justice.gc.ca

CODIFICATION

Loi sur les juges

L.R.C. ( 1 985), ch. J- l

À jour au 29 septembre 2014

Dernière modification le 19 juin 2014

Publié pal' le ministre de la Justice à l'adresse suivante : http://lois-Iaws.justice.gc.ca

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JlIdges - Sep/ember 29, 2014

Eligibility for appointment

PART I

JUDGES

ELlGlBlLlTY

3. No person is eligible to be appointed a judge of a su peri or court in any province un­less, in addition to any other requirements pre­scribed by law, that person

(a) is a barrister or advocate of at least ten years standing at the bar of any province; or

(b) has, for an aggregate of at least ten years,

Ci) been a barl'Îster or advocate at the bar of any province, and

Cii) after becoming a barrister or advocate at the bar of any province, exercised pow­ers and performed duties and functions of a judicial nature on a full-time basis in re­spect of a position held pursuant to a law of Canada or a province.

R.S., 1985, c. J- I , s. 3; 1 992, c. 5 1 , s. 3; 1 996, c. 22, s. 2.

4. to 6. [Repealed, 1 990, c. 1 7, s. 28]

7. [Repealed, 1 992, c. 5 1 , s. 4]

AGE OF RETIREMENT

Retirement age 8. ( l) A judge of the Supreme Court of British Columbia who held the office of a judge of the County COUlis of British Columbia on March l , 1 987 and on June 30, 1 990 may retire at the age of seventy years.

Retirement age (2) A judge of the Superior Cou li of Justice in and for the Province of Ontario who held the office of a judge of the District Court of On­tario on March 1, 1987 and on August 3 1 , 1990 may retire at the age of seventy years.

Idem (3) A judge of the Supreme Court of Nova

Supreme Court of Canada

Scotia who held the office of a judge of the County Court of Nova Scotia on Mat'ch 1 , 1 987 and on the coming into force of this subsection may retire at the age of seventy years. R.S., 1985, c. J-I, s. 8; R.S., 1985, c. 16 (3rd Supp.), s. 1 ; 1 992, c . 5 1 , s . 4 ; 1998, c . 30, s . 1 .

SALARIES

9. The yearly salaries of the judges of the Supreme Court of Canada are as follows:

PARTIE l JUGES

CONDITIONS DE NOMINATION

3. Peuvent seuls être nommés juges d'une juridiction supérieure d'une province s' ils rem­plissent par ailleurs les conditions légales :

a) les avocats i nscrits au barreau d'une pro­vince depuis au moins dix ans;

b) les personnes ayant été membres du bar­reau d'une province et ayant exercé à temps plein des fonctions de nature judiciaire à l'égard d'un poste occupé en vertu d'une loi fédérale ou provinciale après avoir été ins­crites au barreau, et ce pour une durée totale d'au moins dix ans.

L.R. (1 985), ch. J-I , art. 3; 1 992, ch. 5 1 , art. 3; 1 996, ch. 22, art. 2.

4. à 6. [Abrogés, 1 990, ch. 17, art. 28] 7. [Abrogé, 1 992,. ch. 5 1 , art. 4]

LIMITE D' ÂGE

Appartenance au barreau

8. ( 1 ) Les juges de la Cour suprême de la Limite d'àge Colombie-Britannique qui occupaient le poste de juge de cour de comté dans cette province le 1" mars 1987 et le 30 juin 1990 peuvent prendre leur retraite à l'âge de soixante-dix ans.

(2) Les juges de la Cour supérieure de jus- Limite d'âge

tice de l'Ontario qui occupaient le poste de juge de la Cour de district de cette province le 1" mars 1987 et le 3 1 août 1 990 peuvent prendre leur retraite à l'âge de soixante-dix ans.

(3) Les juges de la Cour suprême de la Nou- Idem velle-Écosse qui occupaient le poste de juge de

2

la cour de comté de cette province le 1" mars 1 987 ainsi qu'à l 'entrée en vigueur du présent paragraphe peuvent prendre leur retraite à l 'âge de soixante-dix ans. L.R. ( 1 985), ch. J-I, art. 8; L.R. (1 985), ch. 16 (3' suppl.), art. 1 ; 1 992, ch. 5 1 , art. 4; 1998, ch. 30, art. 1 .

TRAITEMENTS

9. Les juges de la Cour suprême du Canada reçoivent les traitements annuels suivants :

Cour suprême du Canada

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CANADA

CONSOLIDATION

Supreme Court Act

R.S.C., 1 985, c. S-26

Current to September 29, 2014

Last amended on December 12, 201 3

Published by the Minister o f Justice at the fol lowing address: http://laws-Iois.justice.gc.ca

CODIFICATION

Loi sur la Cour suprême

L.R.C. ( 1 9 85), ch. S-26

À jour au 29 septembre 2014

Dernière modification le 12 décembre 20 13

Publié par le ministre de la Justice à l ' adresse suivante : http://lois-Iaws.justice.gc.ca

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Supl'eme COlll't - Septembel' 29, 2014

"Sllpreme Court" « Cour suprême ) ou « Cour » Uwitncss" « témoin »

"Supreme Court" has the meaning given in this section to "Court";

"witness" means any person, whether a party or not, to be examined under this Act.

Application to (2) For the purposes of this Act, the expres-.the territories sion "highest COUlt of final resort in a province"

includes, in Yukon, the Northwest Territories or Nunavut, the Court of Appeal of that territo­ry.

Original Court continued

Constitution of COllrt

Appointrnent of judses

R.S., 1985, c. S-26, s. 2; 1993, c. 28, s. 78; 2002, c. 7, S. 237(E).

THE COURT

3. The court of law and equity in and for Canada now existing under the name of the Supreme Court of Canada is hereby continued under that name, as a general court of appeal for Canada, and as an addition al court for the better administration of the l aws of Canada, and shall continue to be a court of record. R.S., 1985, c. S-26, s. 3; 1 993, c. 34, s. 1 1 5(F).

THE JUDGES

4. (1) The Court shaH consist of a chief jus­tice to be called the Chief Justice of Canada, and eight puisne judges.

(2) The judges shaH be appointed by the Governor in Council by letters patent under th!! Great Seal. R.S., c. S-19, s. 4.

Who rnay be 5. Any person may be appointed a judge appointedjudges who is or has been a judge of a superior court

of a province or a barrister or advocate of at least ten years standing at the bar of a province. R.S., c. S-19, s. 5.

For srcater 5. 1 For greater certainty, for the purpose of certainty section 5, a person may be appointed a judge if,

at any time, they were a barrister or advocate of at least 10 years standing at the bar of a province. 20 13, c. 40, s. 47 1 .

Thrce judgcs 6. At least three of the judges shall b e ap-from Quebec pointed from among the judges of the Court of

Appeal or of the Superior Court of the Province of Quebec or from among the àdvocates of that Province. R.S., c. S-19, s. 6; 1 974-75-76, c. 1 9, s. 2.

« témoin » Quiconque, paltie ou non à l ' ins­tance, doit être interrogé sous le régime de la présente loi.

(2) Pour l'application de la présente loi, l'expression « le plus haut tribunal de dernier ressort dans une province » vise aussi la Cour d'appel du Yukon, celle des Territoires du Nord-Ouest et celle du Nunavut. L.R. ( 1985), ch. S-26, art. 2; 1 993, ch. 28, art. 78; 2002, ch. 7, art. 237(A).

LA COUR

3. Tribunal de droit et d'equity du Canada, la Cour suprême du Canada est maintenue sous ce nom à titre de cour générale d'appel pour l'ensemble du pays et de tribunal additionnel propre à améliorer l 'application du droit cana­dien. Elle continue d'être une cour d'archives. L.R. (1 985), ch. S-26, art. 3; 1993, ch. 34, art. 1 1 5(F).

LES JUGES

4. (1) La Cour se compose du juge en chef: appelé juge en chef du Canada, et de huit juges puînés.

(2) La nomination des juges se fait par lettres patentes du gouverneur en conseil revê­tues du grand sceau. S.R., ch. S-19, art. 4.

5. Les juges sont choisis parmi les juges, ac­tuels ou anciens, d'une cour supérieure provin­ciale et parmi les avocats inscrits pendant. au moins dix ans au barreau d'une province. S.R., ch. S-19, art. 5.

5.1 Pour l'application de l'article 5, i l de­meure entendu que les juges peuvent être choi­sis parmi les personnes qui ont autrefois été inscrites comme avocat pendant au moins dix ans au barreau d'une province. 2013, ch. 40, art. 47 1 .

6. A u moins trois des juges sont choisis par­mi les juges de la Cour d'appel ou de la Cour supérieure de la province de Québec ou parmi les avocats de celle-ci. S.R., ch. S-19, art. 6; 1 974-75-76, ch. 1 9, art. 2.

2

« témoin » "wilness"

Application aux territoires

Maintien

Composition de la Cour

Nomination

Conditions de nomination

Précision

Représentation du Québec

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Mémoire de la Procureure générale du Québec L'attestation

ATTESTATION

Conformément à l 'article 73 des Règ les de pratiq ue , je soussigné, Jean-Yves

Bernard , avocat, atteste que le mémoire de la Procureure générale d u Québec et les

annexes sont conformes aux Règ les de pratique de la Cour d 'appel .

Montréal , le 30 octobre 2014

(S) JEAN-YVES BERNARD

Me Jean-Yves Bernard , Ad . E . Procureur de la Procureure générale du Québec

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