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Revue Écrite par les Étudiant-e-s en Lettres www.reelgeneve.ch R.E.E.L. FÉVRIER 2014 - NUMÉRO 8 14 ÉCRITURE CRÉATIVE 16 TRIBUNE DU RÉDACTEUR 18 SPORT, SANTÉ ET BIEN-ÊTRE 22 JEUX 24 REMERCIEMENTS 2 ÉDITORIAL 3 VIE ESTUDIANTINE 8 DOSSIER 12 CULTURE(s) SOMMAIRE (P.16) TRIBUNE DU RÉDACTEUR Dans les deux cas, c’est un choc : l’opinion publique est mal à l’aise. Carter et Fournier ne sont plus des photographes, mais des chas- seurs d’images, avides d’une reconnaissance bâtie au détriment de leurs sujets : une petite fille affamée, prostrée au sol et guettée par un vautour ; une adolescente de 13 ans, prison- nière de la boue et des décombres de ce qui fut jadis sa maison et vouée à la mort. Dans les deux cas, on s’interroge : pourquoi ne pas être intervenu ? Pourquoi avoir cherché à immor- taliser une telle scène si aucun secours n’était envisageable ? Un campus : Pour/Contre ? (P.4) Photographie : Alessandra Passaseo DOSSIER : Les trésors d'internet (P.8) Image issue de noob-tv.com

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Revue Écrite par les Étudiant-e-s en Lettres www.reelgeneve.ch

R.E.E.L.

FÉVRIER 2014 - NUMÉRO 8

14 ÉCRITURE CRÉATIVE16 TRIBUNE DU RÉDACTEUR18 SPORT, SANTÉ ET BIEN-ÊTRE22 JEUX24 REMERCIEMENTS

2 ÉDITORIAL 3 VIE ESTUDIANTINE 8 DOSSIER12 CULTURE(s)

SOMMAIRE

(P.16)TRIBUNE DU RÉDACTEURDans les deux cas, c’est un choc : l’opinion publique est mal à l’aise. Carter et Fournier ne sont plus des photographes, mais des chas-seurs d’images, avides d’une reconnaissance bâtie au détriment de leurs sujets : une petite fille affamée, prostrée au sol et guettée par un vautour ; une adolescente de 13 ans, prison-nière de la boue et des décombres de ce qui fut jadis sa maison et vouée à la mort. Dans les deux cas, on s’interroge : pourquoi ne pas être intervenu ? Pourquoi avoir cherché à immor-taliser une telle scène si aucun secours n’était envisageable ?

Un campus : Pour/Contre ? (P.4)

Photographie : Alessandra Passaseo

DOSSIER : Les trésors d'internet (P.8)

Image issue de noob-tv.com

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ÉDITORIAL

ÉDITORIAL- 2 -

COMITÉ

Pierre-Hugues Meyer, rédacteur en chefFredrik Blanc, membre du comitéMagali Bossi, membre du comitéNaïke Bravo, membre du comitéFabien Imhof, membre du comitéAriane Mawaffo, membre du comitéAlessandra Passaseo, membre du comité

CONTRIBUTEURS

Deniz Ates, rédacteurSven Ho, rédacteurRobin Junod, dessinateur de presse

IMPRIMÉ CHEZ :

CH Print - 1096 CullyNombre d’exemplaires : 1000

CORRECTEURS

Samuel FreitasLara JostMarie-Sophie PéclardAurélie PullaraSonia RussoJade SercomanensNoémie Zwicky

LOGOSilvain Correvon

GRAPHISTECéline Voyame

CONTACT :

[email protected]

IMPRESSUM

R.E.E.L. est affiliée à l’Association des Étudiant-e-s en Lettres

ous revoilà pour un nouveau numéro de R.E.E.L. et c’est déjà le huitième ! Celui-ci est placé sous le signe d’internet et des nombreux podcasts et autres web-séries devenus aujourd’hui la norme sur les réseaux sociaux et les sites de partage tels que YouTube, Vimeo ou encore Dailymo-tion. En effet, Pierre-Hugues Meyer vous fera, entre autres, découvrir cette fois-ci ces fameux YouTubers, ces chroni-queurs du web qui ont su profiter des possibilités du web pour créer de nouveaux contenus à la fois intéressants et drôles ainsi que souvent plus pertinents que bon nombre d’émissions plus conventionnelles du petit écran.

En effet, il y a plus de libertés sur le web, n’en déplaise à certains gouvernements désireux de contrôler de plus en plus ce qui s’y retrouve ainsi que les droits au partage. De même, les sites de partage eux-mêmes, YouTube en tête, resserrent de plus en plus l’étau sur les droits d’auteurs et l’utilisation de contenus tiers, alors même que les com-pagnies auxquelles appartiennent de tels contenus utilisés par les Youtubers pour illustrer leurs propos sont souvent soit indifférentes soit satisfaites de la publicité gratuite que cela leur fait. Un débat des plus tendus, car la même question revient sans cesse : comment réussir à innover, être créatif et débattre de précédents artefacts culturels en proposant du contenu bien construit et de qualité sans

pour autant nuire au droit d’auteur ? Une première réponse se trouve du côté des contenus libres de droits, mais pas toujours satisfaisants et, surtout, dénués des références culturelles qu’une chanson ou musique connue peut avoir ;une seconde se trouve quant à elle dans la réalisation qu’une chronique à des fins critiques, de commentaires et d’autres travaux de recherche rentre dans la catégorie du fair use, ou utilisation correcte et tolérée de contenus tiers. En d’autres termes et en théorie, bon nombre de Youtubers dits sérieux n’ont finalement pas grand chose à craindre.

Quoi qu’il arrive, les chroniques web deviennent de plus en plus la norme et permettent à nombre de personnes de non seulement s’exprimer, mais également d’instruire et de mobiliser ; un bel exemple serait celui de la critique littéraire et culturelle américano-canadienne Anita Sarkee-sian. Celle-ci, par le biais de sa chaîne YouTube et de son site internet FeministFrequency, analyse et met en lumière la représentation de la femme dans la culture populaire d’aujourd’hui et ce notamment dans les jeux vidéo. À voir et revoir absolument !Une très bonne lecture et bonne rentrée, Camarades !

Fredrik Blanc, pour le Comité.

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VIE ESTUDIANTINE- 3 -

Deniz Ates

VIE ESTUDIANTINEL’importance des études de Lettres

On reproche souvent aux études de Lettres de ne pas être utiles à la société. Cette remarque s’accompagne souvent d’une suite de clichés concernant les étu-diants, comme le fait qu’ils sont paresseux ou qu’ils ne pensent qu’à leur propre plaisir avant de prendre en compte leurs responsabilités. Pourtant, lorsqu’on fréquente des séminaires, on se rend compte que ces préjugés ne représentent qu’une minorité d’élèves. Mais alors d’où viennent ces stéréotypes ?

Lorsque quelqu’un nous demande ce qu’on aimerait faire une fois notre diplôme en poche, beaucoup se lancent dans une réponse évasive de ce genre : « Ben…on verra… peut-être l’enseignement ou le jour-nalisme… je ne sais pas… ». Je pense sincèrement qu’une grande partie de cette mauvaise réputation vient de là. En y réfléchissant bien, s’engager dans des études sans plan d’avenir peut facilement être interprété comme un refus de voir la réalité en face et une fuite de la société.

Si l’on souhaite étudier dans des conditions conve-nables et ne pas toujours passer derrière les autres facultés, on conviendra qu’il est nécessaire de nuan-cer cette réponse. En fin de compte, ces critiques ne sont que de vieux stéréotypes qui ne prennent pas en compte que les études n’ont pas pour unique voca-tion de former à un métier. Alors prenons le temps de nous poser sérieusement les questions suivantes : Pourquoi ai-je choisi les Lettres ? Qu’est-ce que ces études peuvent apporter ? À vous de réfléchir. Voici quelques éléments de ma réponse.

Les études de Lettres ne forment pas à un métier, elles font bien plus que cela puisqu’elles cultivent chez l’étudiant une manière d’être et qu’elles lui fournissent des outils dont il pourra se servir sa vie entière dans des situations très diverses. Cet esprit des Lettres, qui mûrit au fil des études, est entre autre caractérisé par la mobilisation répétée de l’esprit cri-tique et de la concentration. On sous-estime peut-être trop ces deux aspects qui, exercés de manière régu-lière, peuvent donner naissance à toute une chaîne d’autres qualités comme l’ouverture d’esprit, l’impar-tialité, l’anxiété saine, l’empathie, la connaissance ou encore l’intelligence. Ces éléments participent à notre émancipation, à notre épanouissement et dépassent de ce fait largement le simple cadre d’une préparation au milieu professionnel. Tout ceci influence nos pen-sées, mais aussi notre perception et nos actes. Alors,

en sortant des Lettres, ce n’est pas notre connais-sance qu’il faudra mettre en avant, mais notre expé-rience dans l’utilisation de l’esprit critique qui montre que nous sommes prêts à nous détacher de certains préjugés ou concepts, à observer notre environne-ment avec un certain recul et de ce fait à tirer des conclusions vastes.

Autre chose, beaucoup semblent oublier que ce sont des institutions comme l’université qui, à travers l’en-seignement de l’esprit scientifique, participent à main-tenir, voire à améliorer, certaines fondations sur les-quelles s’appuie notre société. On pense souvent que des notions comme la liberté ou la connaissance sont acquises, mais elles s’effriteraient si elles venaient à ne plus être entretenues. La connaissance est comme un feu qu’il faut nourrir et sans les combustibles pour la maintenir en vie nos héritiers perdraient bien vite les clefs permettant d’y accéder.

L’image négative des Humanités vient aussi du fait que notre société hiérarchise de plus en plus les dif-férents diplômes universitaires en fonction de leur uti-lité économique. On demande aux Lettres de s’insérer dans cette compétition, mais on ne devrait même pas avoir à se justifier sur cet aspect. Cette utilité est une vision très individualiste qui oublie que la recherche n’est pas la production d’un homme, mais qu’elle s’échelonne sur des milliers d’années et passe par des millions d’humains. Pour prendre un exemple, la théorie de la relativité d’Einstein ne sort pas de nulle part, c’est une brique ajoutée à cet édifice auquel ont aussi participé Aristote, Copernic, Newton et bien d’autres. Les conséquences de certains actes ne peuvent se mesurer à court-terme, c’est le cas des études de Lettres. Donnons moins d’importance aux Humanités aujourd’hui, demain rien n’aura changé. Mais atten-dons une ou deux générations et le manque se fera déjà cruellement ressentir.

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VIE ESTUDIANTINE

VIE ESTUDIANTINE

Pour un (Vrai) Campus Universitaire à Genève

On peut dire qu’il y a deux types d’universités, celles dotées d’un campus universitaire et celles qui en sont dépourvues. Les premières sont souvent situées hors de la ville et regroupent un grand nombre de bâtiments en tous genres sur une surface plus ou moins dense, devenant souvent de véritables villes parallèles, les se-condes ne font finalement qu’un avec la ville et, souvent dispersés, leurs bâtiments sont soumis aux impératifs urbanistiques des villes avec lesquelles elles cohabitent. Bien qu’il y ait des avantages et des inconvénients dans les deux cas, le présent article entend se prononcer en faveur d’un campus universitaire pour une Genève gan-grenée par la crise du logement.

Premièrement, un campus universitaire à part entière, qu’il soit ou non éloigné du centre-ville, permettrait la gestion et le maintien de bien meilleures infrastruc-tures à la fois pour les étudiants et pour les différents corps enseignants et techniques. Cela veut dire plus de locaux, plus de bureaux et de salles de classe. Ima-ginez qu’à l’Université de Lausanne (UNIL), partenaire de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), non seulement de nouveaux bâtiments sortent de terre chaque année pour pourvoir aux besoins d’une popu-lation estudiantine grandissante, mais les anciens bâti-ments, se voyant dégorgés d’un grand nombre de bu-reaux, permettent aux associations d’avoir leurs propres locaux, des salles spécialement pour étudiants, etc. Un exemple récent en est l’Anthropole, le siège de la Facul-té des Lettres, qui, après la construction du Géopolis, un nouveau bâtiment dédié aux Sciences Sociales et Politiques (SSP), s’est retrouvé avec un nombre impor-tant de salles disponibles (comparez avec Genève et ses Bastions, une salle de 13m² – c’est déjà très bien – pour plus de 2000 étudiant-e-s…). Ainsi, un campus universitaire, c’est souvent l’assurance de plus d’infras-tructures allouées aux associations. Sans compter les bars gérés par les étudiant-e-s (avec les prix qui vont avec), les coins et recoins où travailler, les cafétérias, etc.

Deuxièmement, un campus universitaire, surtout dans une ville où les mots crise du logement sont aussi com-muns que brosse à dent ou examens, permettrait de construire des logements spécialement équipés pour les étudiant-e-s, moins chers et, surtout, juste à proxi-mité de leurs lieux de cours. Évidemment, les étudiant-e-s ne sont pas les seuls touché-e-s par la crise et il n’y en aurait d’ailleurs pas forcément pour tout le monde. Cependant, là où cela devient une nécessité, c’est pour

les étudiant-e-s en échange. Ils sont des centaines chaque année à venir étudier dans la Cité de Calvin et il n’y a quasiment pas de logements prévus pour eux. Ils se retrouvent contraints, vu les loyers et la courte durée de leur séjour, de trouver une chambre chez l’habitant, alors qu’ailleurs une place dans un logement estudiantin leur est en général garantie. Pour une ville et une univer-sité comme Genève, c’est proprement minable.

En ce qui concerne les infrastructures de services tels que les supermarchés, magasins et autres boutiques, de nombreuses marques s’installent dans les campus, flairant la bonne affaire et ayant bien conscience des besoins des étudiants : Coop, Migros, Relay et même agences de voyage, salons de coiffure et autres librai-ries fleurissent entre les salles de cours et cafétérias de l’UNIL. Ainsi, les étudiants ont accès à (presque) tout ce qu’un centre-ville peut offrir en terme d’achats et de services. Bien sûr, il n’y a pas encore de Zara, H&M ou Louboutin à Dorigny, mais en a-t-on vraiment besoin au sortir d’un cours ?

Troisièmement, il est sûr qu’un campus, qu’il soit im-planté à Versoix ou à Lancy, voudra dire un plus grand éloignement avec le centre-ville selon son emplace-ment. Cependant, il pourrait très bien être installé près du futur CEVA, gage d’un raccourcissement des temps de trajets en ville. Être loin du centre-ville, c’est certes de plus longs déplacements, mais c’est sans compter avec les avantages que de nouvelles infrastructures ap-porteraient. Le campus de Dorigny n’est pas si loin du centre-ville de Lausanne : 10 minutes environ de Lau-sanne-Flon avec le M1. Un bien léger sacrifice. D’autant que les cyclistes et autres piétons, attirés par les loge-ments pour étudiant-e-s, pourront doucement se dépla-cer vers leurs lieux de cours.

Enfin, il est évident qu’aucune situation n’est parfaite et qu’économiquement, ce n’est pas forcément viable à court terme (le campus de l’UNIL et l’EPFL a mis plu-sieurs décennies avant de devenir ce qu’il est mainte-nant), mais il devient clair que si l’UNIGE veut pouvoir évoluer, ainsi que se maintenir au niveau des autres grandes universités mondiales, celle-ci doit opérer des changements pour pouvoir accueillir de nouveaux étu-diant-e-s. Cela passe indubitablement par la construc-tion de nouveaux bâtiments et l’investissement dans de nouvelles infrastructures. Un peu comme la ville de Genève, en somme…

Fredrik Blanc

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Pierre-Hugues Meyer

Studies and the City

De nombreuses universités sont dotées d’un « campus universitaire », c’est-à-dire d’un lieu où sont regroupés tous les enseignements donnés et où l’on trouve sou-vent des logements étudiants et de nombreux services destinés à ces derniers. Cette pratique, calquée sur le modèle anglo-saxon, tendrait même à devenir la norme. Forcément, quand on regarde ce qu’il en est pour l’Uni-versité de Genève, le constat diffère. La Faculté des Lettres, par exemple, utilise un grand nombre de bâti-ments différents : si la majorité des cours sont donnés à Uni Bastions, certains le sont aux Archives d’État, d’autres à Uni Mail et d’autres encore au Musée d’Art et d’Histoire. Si on totalisait tous les bâtiments utilisés par l’Université, nul doute qu’on serait proche de la cen-taine, le tout sur une surface très importante. On se dit immédiatement que cette solution choisie par l’Universi-té de Genève est peu fonctionnelle et sur-tout qu’elle est avant tout liée à une volonté économique (parce que ce serait très coûteux de construire un nouveau campus). Ce serait négliger les nombreux avantages de cette situation.

Ce dont il faut bien être conscient, c’est que si un campus uni-versitaire devait être créé, il le serait en de-hors de la ville de Ge-nève, vu le peu d’es-

VIE ESTUDIANTINE

VIE ESTUDIANTINE

Photographie : Alessandra Passaseo

pace existant en centre-ville. Cela aurait deux défauts principaux. Premièrement, l’accès serait nettement plus compliqué. Tous ceux qui ont déjà essayé de rejoindre l’UNIL depuis Genève s’en sont aperçus : la localisa-tion à Renens plutôt qu’à Lausanne rend cela nettement plus complexe. Il faut en général prendre le train jusqu’à Lausanne, puis changer pour arriver à Renens, puis de là monter dans le M1 qui dessert le campus à divers endroits. C’est totalement incomparable avec le fait que tous les trains s’arrêtent à la Gare Cornavin et qu’il est depuis là très facile de se rendre dans son lieu de cours. Assurément, il est nettement plus rapide d’aller de Lausanne à l’Université de Genève que de Genève à l’Université de Lausanne. Pour les habitants locaux, c’est encore plus marqué : nombreux sont ceux qui

viennent en cours à pieds ou à vélo. Comment feraient ces personnes si l’Université de Genève était localisée à Satigny ou à Versoix ? Certes, il est délicat d’accéder à Genève en voiture et le coût du parking est élevé. Ce-pendant, pour tous les utilisateurs de transports publics, il est beaucoup plus simple de se rendre au centre-ville qu’en périphérie.

Deuxièmement, étudier en ville, c’est l’assurance d’avoir tout à proximité. Coop, Migros, bons restaurants, FNAC, Payot, cinémas... Qui n’a jamais profité de deux heures de trou pour aller faire quelques courses dans l’un des grands magasins situés à côté de son lieu d’étude ?

En outre, même si on se plaint régulièrement du manque de travaux des Bastions, il faut reconnaître qu’il est

plaisant d’avoir des cours dans un bâti-ment classé. Certes, c’est spécifique à la Faculté des Lettres, mais c’est quand même un point à noter : de nouveaux bâtiments seraient en effet plus pratiques et technologiques, mais ils auraient aussi moins d’âme. Même sans être un défen-seur acharné de la tradition, il demeure toujours agréable de suivre des cours dans un bâtiment vieux de

plusieurs siècles (ce qui ne l’empêche pas d’être mis aux normes...) et chargé d’histoire.

Certes, cet espacement a des conséquences sur la communauté universitaire, qui est fatalement moins soudée. Rien qu’en Lettres, nombreux sont les étudiants que l’on ne croisera jamais, pour peu qu’ils suivent leurs cours dans d’autres bâtiments. Alors pour des étudiants de Facultés différentes... Néanmoins, si les étudiants sont plus divisés, ils n’en sont que mieux intégrés à la cité. Ils y vivent, étudient et s’amusent comme n’importe qui d’autre, qu’il s’agisse d’un collégien, d’un employé de banque ou d’un père au foyer. C’est ceci qui est le plus agréable.

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Pour le développement d’associations durables

VIE ESTUDIANTINE

VIE ESTUDIANTINE

Vous avez certainement déjà été – tout du moins je l'espère – confronté à une ou plusieurs associations. Vous connaissez sûrement l'association représen-tant votre département ou Faculté ; pour les Lettreux, j'imagine que les noms d'AEL (Association des étu-diants en Lettres), d'AEHG (Association des étudiants en Histoire générale) ou encore de PhilEAs (Associa-tion des étudiants en Philosophie) ne vous sont pas inconnus. Néanmoins, saviez-vous que la vie asso-ciative universitaire est loin de se limiter aux associa-tions départementales ou facultaires ? Vous avez par exemple assurément déjà entendu parler d'UniParty, qui s'occupe d'organiser chaque année une fête dans le hall d'Uni Mail et qui reverse ensuite l'argent gagné à des projets associatifs. Le groupe que nous évoque-rons aujourd'hui a une toute autre volonté, puisqu'il a avant tout pour but de sensibiliser les étudiants à l'écologie. Il s'agit de l'AGEDD, l'Association gene-voise des étudiants pour le développement durable.

Pour la fondation de celle-ci, un constat simple, mais sans appel : l'Université de Genève est très loin de constituer un modèle en terme de développement durable. Que ce soit par sa dépense énergétique trop importante (ah, l'isolation thermique des Bastions...), son manque de recyclage ou encore l'importante quantité d'objets jetés quotidiennement. Pour lutter contre ces problèmes, l'AGEDD a mis en place plu-sieurs projets, dont deux sur lesquels nous allons nous attarder ici.

Concernant le problème de recyclage, ils ont réussi à obtenir de l'Université des poubelles de tri. Celles-ci sont colorées et indiquées par des lignes au sol qui vous signalent où jeter quoi. Actuellement en phase de test à Uni Mail, les premiers résultats sont promet-teurs et le Rectorat envisage d'étendre cela à tous les bâtiments universitaires. Si tout se passe bien, vous n'aurez donc bientôt plus besoin de faire trois fois le tour d'Uni Bastions pour trouver une poubelle de tri (si la poubelle que vous recherchez existe bel et bien...) !

Autre grand projet de l'AGEDD, la vente de gourdes durables. Celles-ci ont pour but de lutter contre la quantité astronomique de gobelets jetés chaque jour dans les diff érentes cafétérias de l'Université, en inci-tant les étudiants à utiliser une alternative durable. Malgré certains défauts du premier modèle (il sem-blerait que les gourdes aient la fâcheuse tendance à s'ouvrir au mauvais moment et d'un point de vue

purement personnel, je les trouve très inesthétiques), les gourdes ont rencontré un important succès et nul doute que ces défauts seront bientôt réglés.

Bien sûr, il serait faux de ne résumer l'AGEDD qu'à ces deux projets. Plus globalement, ils tentent de pro-mouvoir le développement durable de bien des ma-nières, que ce soit en y sensibilisant les associations et les étudiants ou en proposant des produits locaux très appréciés.

Ce qu'il faut retenir, c'est que la vie associative de l'Université est un sujet très vaste ; on peut y retrou-ver des groupes d'intérêts aussi divers que variés. Ce qui compte, c'est d'avoir un projet : représenter un groupe d'étudiants, promouvoir le développement durable, monter une comédie musicale, etc. Une fois cette idée trouvée, il suffi t de s’investir et il est souvent possible de parvenir à un résultat très appréciable.

Pour plus d’informations : http://cms.unige.ch/asso-etud/agedd ; l’AGEDD tiendra aussi un stand dans le hall d’Uni Bastions le 04 mars de 10h00 à 13h30.

Pierre-Hugues Meyer

Vous êtes passionné par l’enseignement ? L’A.E.L. organise pour vous une soirée sur ce thème jeudi 27 février à 18h15 au premier étage d’Uni Bastions. De nombreux professionnels des métiers de l’enseignement seront là pour répondre à toutes vos questions et pour vous présenter leur rôle, alors n’hésitez pas à venir !

Enseignement

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VIE ESTUDIANTINE

VIE ESTUDIANTINE

L’EPI (English Proficiency Index) permet de comparer le niveau d’anglais entre les pays. R.E.E.L. est allée à la rencontre de Madame Sophie Buchmann, directrice de l’institut EF (Education First) pour la Suisse romande.

R.E.E.L. : L’EPI est, selon une brochure disponible sur votre site www.efswiss.ch, l’indice de compé-tence en anglais (English Proficiency Index). Pouvez-vous nous en dire plus ?

SOPHIE BUCHMANN : C’est l’indice de compétence en anglais, qui a été introduit il y a 4 ans. Il s’agit d’un test, introduit par EF, qui permet de mesurer le niveau de langue entre les pays. Chaque année, près de 60 pays font l’objet d’une évaluation¹.

R.E.E.L. : Quelles sont les raisons d’une telle étude ? Qu’est-ce que cela vous apporte ? Influence-t-elle d’une manière ou d’une autre la politique linguis-tique des pays concernés et, si oui, comment ?

S.B. : Nous souhaitons nous positionner en tant qu’ins-titution académique qui situe un pays dans l’univers lin-guistique et propose des solutions pour l’amélioration du niveau d’anglais de ce pays. Cependant, notre rôle se limite à cela. En effet, EF en tant qu’institution n’a pas le pouvoir d’intervenir au sein du système éducatif d’un pays pour ordonner qu’il y ait une réforme. Ce que l’EPI permet en revanche, c’est d’offrir un outil à la politique d’un gouvernement, de lui ouvrir les yeux sur la situation linguistique dans le pays en comparaison des autres et de se rapprocher de ces gouvernements afin que ceux-ci puissent penser à des stratégies. Par exemple, grâce à l’EPI, le Kazakhstan a complètement repensé sa politique linguistique et introduit des bourses pour un apprentissage à l’étranger.

R.E.E.L. : En quoi consiste-t-il ? Quelles conditions un pays doit-il remplir pour être éligible à l’étude ?

S.B. : Il faut qu’au moins 4000 personnes aient passé le test dans un pays pour qu’il puisse faire partie de l’étude. Le test est constitué d’une partie écrite et d’une partie orale. L’anglais standard, celui enseigné dans les écoles, est utilisé. Il a été créé en coopération avec l’Université de Cambridge.

R.E.E.L: Pouvez-vous nous rappeler ce qu’est EF ?

S.B. : EF est une entreprise suédoise fondée par Bertil Hult en 1965. L’idée était de donner la possibilité aux étu-diants et enfants suédois d’aller apprendre une langue

étrangère en s’immergeant sociolinguistiquement dans le pays d’accueil. Nous proposons notamment un ser-vice d’apprentissage de l’anglais en ligne, mais aussi, et il s’agit du plus grand département, des séjours linguis-tiques vers diverses destinations telles que l’Angleterre, le Japon, l’Afrique du Sud, l’Espagne ou l’Italie.

R.E.E.L. : Votre objectif est donc de favoriser l’ap-prentissage des langues étrangères grâce à des programmes tels que « Une année scolaire à l’Étran-ger » et « Apprendre une langue à l’étranger ». En pratique, comment cela s’applique-t-il ? Quel est le public-cible ?

S.B. : Tout le monde, dès 13 ans, peut participer à nos programmes tant qu’il y a la volonté concrète d’ap-prendre une langue. Nous offrons des séjours de 2 à 52 semaines qui s’apparentent plus à un séjour de décou-verte de l’autre culture. Le programme « Un an d’études à l’étranger » est le plus complexe, puisqu’il s’agit ici d’apprendre de manière intensive la langue. Aussi, l’une des premières étapes est de comprendre le but de celui qui veut partir et d’adapter la formule. On ajuste aussi les tarifs au niveau financier du postulant. Toutes les écoles de part le monde sont les nôtres, ce qui fait que nous sommes en mesure d’offrir un produit 100% EF du début à la fin.

R.E.E.L. : Avec les constants changements dans l’univers sociolinguistique, quel avenir pour l’anglais ? Connaissez-vous des pics significatifs dans le choix d’une langue par votre public ?

S.B. : Jusqu’à présent, environ 90 % des gens qui partent avec EF partent pour apprendre l’anglais. En Suisse, c’est un peu moins. L’espagnol est aussi beau-coup demandé.

R.E.E.L. : Un dernier mot ?

S.B. : Si vous avez la possibilité de partir dans un autre pays pour apprendre une autre langue, saisissez cette opportunité. L’humilité que l’on tire de cette expérience permet de devenir beaucoup plus respectueux des autres cultures et plus reconnaissant de ce qui est notre quotidien.

R.E.E.L. : Madame Sophie Buchmann, merci.

EPI, le test qui compare l’anglais au niveau international

1 Cette année, la Suède, la Norvège et les Pays-Bas se classent au sommet tandis que l’Algérie, l’Arabie Saoudite et l’Irak arrivent bon derniers. La Suisse est 16ème du classement, NDLR.

Ariane Mawaffo

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DOSSIER

DOSSIER- 8 -

Les trésors d’internet

Le développement d’internet a eu une grande influence sur la création. Si on trouve sur internet beaucoup de contenus issus de télévisions ou de journaux (légale-ment ou non), on peut surtout y découvrir un certain nombre d’œuvres créées par des amateurs (à la base du moins) et conçues dès le départ pour une diffusion sur internet. Ces œuvres, ce sont ce que j’appelle les « trésors d’internet », car ils n’auraient pu se développer sans ce moyen de communication.

En effet, le développement d’internet permet à n’im-porte qui de diffuser son travail à très large échelle. Si je le désire, je peux créer une vidéo sur YouTube ou un article sur reelgeneve.ch. Dès lors, il sera visible pour tous ; cela ne veut pas dire que ma vidéo aura forcément deux millions de vues, mais elle pourrait potentiellement les avoir. Le chiffre peut étonner, mais les vidéos de Joueur du Grenier font souvent des scores supérieurs, sans parler de Cyprien et Norman, les auteurs français les plus regardés de YouTube. En somme, leurs vidéos font des scores comparables à ceux des primes des chaînes de France Télévisions, par exemple. C’est dire l’importance qu’ils ont pris.

Pour expliquer ce phénomène, il faut voir qu’il s’agit de la concordance de deux causes. Premièrement, internet permet à chacun de diffuser ce qu’il désire. Or, nous vivons à une époque où chacun veut diffuser ce qu’il désire. Cela se voit avec la multiplication des blogs et surtout avec l’émergence de Facebook et Twitter : tout le monde profite de ces plateformes pour communiquer. En soi, de la part des auteurs les plus connus actuelle-ment, il n’y avait que ça au départ. Pour prendre Joueur du Grenier en exemple, à la base il s’agissait juste de deux personnes au chômage technique qui ont décidé de faire des vidéos pour leur plaisir. Ils ont ensuite choisi de poster ça sur un forum qu’ils fréquentaient (les fo-rums de Jeuxonline), puis ces vidéos ont eu un succès totalement imprévu, ce qui les a poussés à se profes-sionnaliser.

C’est probablement cela qui différencie le plus les au-teurs d’internet de ceux que l’on voit au cinéma, à la télévision ou dans la presse : à la base, aucun ne pen-sait gagner sa vie ainsi. Certains y sont parvenus, mais cela ne modifie pas le fait que leur œuvre est avant tout issue de leur passion. Nécessairement, le contenu qui en ressort est différent, nettement moins formaté et plus personnel. Or, c’est ce que recherchent actuellement de plus en plus de personnes ; c’est là la deuxième cause

de l’émergence de ces trésors d’internet. En effet, à notre époque, de plus en plus de personnes sont las-sées par le manque d’originalité des médias classiques. Ce n’est pas juste limité à ce secteur : en jeu vidéo ou en cinéma, les productions à gros budget sont de plus en plus regardées avec dédain, au profit des indépendants, qui ont généralement des idées plus originales. Concer-nant le contenu audio-visuel, c’est pareil : pourquoi re-garder une énième série de TF1 ou Canal + quand on peut regarder la Flander’s Company, dont le thème (les super-héros) intéressera davantage les jeunes que des enquêtes policières ? Ce que les gens recherchent sur internet, c’est avant tout de la fraîcheur et c’est ce qu’ils trouvent généralement, tout en gardant une certaine qualité de production malgré tout.

Il ressort de cela le développement d’une économie parallèle qui permet à certains auteurs de gagner leur vie, malgré la diffusion gratuite de ce qu’ils produisent. Nombreuses sont les sources de financement : revenu généré par les publicités sur YouTube (environ 1000 euros par million de vues), goodies vendus sur une bou-tique officielle, crowdfunding (système de financement basé sur les dons des fans), salaire versé par des or-ganismes tiers (jeuxvideo.com ou les éditeurs de jeux vidéo, par exemple), ... Toutefois, il faut garder à l’esprit que seule une petite partie des auteurs d’internet par-viennent à se professionnaliser.

Quoiqu’il en soit, internet se caractérise avant tout par l’incroyable liberté de contenu qu’il permet. Il est donc malaisé de constituer des genres, mais pour les besoins de ce dossier, nous allons nous en tenir à trois objets :les podcasts, les web-séries et enfin les sagas MP3. L’objectif dans les pages qui suivent sera à chaque fois de montrer la spécificité du genre étudié et de mon-trer en quoi il s’éloigne du contenu que l’on trouve sur d’autres médias.

Et R.E.E.L. dans tout ça ? Votre journal est aussi présent sur internet :

www.reelgeneve.chFacebook.com/reelgeneve#reelgeneve

Un projet de vidéos est même à l’étude !

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Les trésors d’internet : les podcasts

Les podcasts sont l’œuvre la plus courante que l’on peut trouver sur internet. À la base, ce terme désignait les fi chiers audio que l’on pouvait trouver sur la toile et mettre sur son IPod. Désormais, s’il fallait défi nir ce qu’est un podcast, le faire en quelques mots serait nettement plus compliqué. En eff et, on pourrait dire, sommairement, qu’il s’agit de l’ensemble des contenus audiovisuels (ou juste audio) diff usés sur internet et ne répondant pas à une dénomination plus précise. Ainsi, on pourrait classer dans la catégorie des podcasts les gaming live, qui consistent à se fi lmer en train de jouer et à diff user cela, avec pas ou très peu de mise en scène et de montage, mais aussi les vidéos d’auteurs comme Cyprien, qui sont plus proches des vidéo-blogs et des sketchs humoristiques, ou encore des contenus très travaillés, comme ceux de Joueur du Grenier.

En somme, les podcasts sont les émissions du net. Ils sont aussi diff érents les uns des autres que ne l’est un jeu télévisé du journal de 20h ou d’une émission de télé-réalité. On trouve de grandes variétés de contenu (le jeu vidéo, le cinéma, la mort, etc.) et de forme (certains pod-casts sont très courts, d’autres beaucoup plus longs). Existe-t-il malgré tout un point commun entre toutes ces formes ? Oui : la diff usion (presque toujours gratuite) sur internet, dont il découle une liberté d’expression qua-si-totale. Benjamin Daniel, plus connu sous le nom de Benzaie, nous a donné son avis sur son travail : « Ma liberté de ton est totale, c’est l’avantage numéro 1 du net. » C’est là l’élément majeur d’internet, qui explique une bonne partie de son succès : les auteurs sont tota-lement libres et vous trouverez donc des contenus que vous n’auriez aucune chance de voir à la télévision, parce qu’ils seraient jugés trop peu rentables ou trop choquants.

Néanmoins, il ne faut pas croire que cette liberté est un acquis défi nitif ni qu’elle a une valeur absolue. La crise récente entre les YouTubers et la plate-forme de diff u-sion le rappelle : même si on est habitué à trouver n’im-porte quoi de manière gratuite (et bien souvent illégale) sur internet, les règles du droit d’auteur s’appliquent malgré tout à ce milieu. Néanmoins, le risque majeur ne vient pas de là, mais des éditeurs de jeux vidéo, princi-palement. Ceux-ci n’hésitent pas à utiliser l’image des YouTubers les plus en vogue pour se faire de la publicité. Ainsi, si Cyprien, fait des vidéos sur Battlefi eld 4 ou la Xbox One, ce n’est pas par intérêt personnel, mais parce qu’il a été payé par Electronic Arts et Microsoft pour le faire. Le risque, c’est qu’à se vendre ainsi, les YouTu-

bers perdent la fraîcheur et la liberté de ton qui fait leur force. Plus encore, puisque rien n’indique quelles vidéos sont commandées par des éditeurs et lesquelles ne le sont pas, on risque un rejet général des podcasts liés au jeu vidéo, ce qui serait dommage pour les podcas-ters intègres (Benzaie, notamment, mais aussi Joueur du Grenier, par exemple).

Dans ce contexte, on ne peut qu’apprécier l’émergence de Jeuxvideo.com dans ce domaine. Grâce à ce site, une dizaine de chroniques peuvent exister et être diff u-sées gratuitement sur le net, en assurant une rémunéra-tion correcte aux auteurs. Il y a certainement une légère perte de liberté, mais à voir ce qu’a fait Usul pendant deux ans, cette perte est vraiment très mineure.

Malgré tout, il ne faut pas oublier que les podcasters sont les auteurs les plus chanceux d’internet. En eff et, grâce à YouTube et aux autres sources de fi nancement, une partie non négligeable d’entre eux parvient à vivre, ce qui est nettement plus compliqué pour les auteurs de web-séries ou de sagas MP3, comme nous le verrons dans les pages suivantes.

Nous recommandons :

Benzaie TV et Benzaie Live : http://www.youtube.com/channel/UC3SLk50bvlivTtnFZqk-bHQhttp://www.youtube.com/channel/UCOWsWZTixkbvQvtWO9RA0gA

Joueur du Grenier : http://www.joueurdugrenier.fr/

Looking for games : http://www.jeuxvideo.com/chroniques-video-looking-for-games.htm

Crossed : http://www.jeuxvideo.com/chroniques-video-crossed.htm

dans les pages suivantes.

Image issue de http://wikimedia.org ; crée par Yagraph

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Les trésors d’internet : les web-séries

Il est beaucoup plus simple de diviser les web-séries. Sommairement, on pourrait dire qu’il y a deux en-sembles : les web-séries professionnelles (ou presque) et les autres. Dans la première catégorie, au niveau fran-cophone, on retrouve Nerdz (qui s’est vendu à Ankama, acceptant une diffusion en partie payante), Le Visiteur du futur (coproduit par France Télévisions, via France 4) et désormais Noob, grâce au succès retentissant de leur crowdfunding (plus de 600 000 euros, ce qui constitue à ce jour le record d’Europe) et c’est déjà tout.

En effet, les web-séries sont moins lucratives, pour de multiples raisons. Tout d’abord, elles peuvent moins faire le buzz, puisqu’il faut avoir vu les 18 épisodes précé-dents pour regarder le dix-neuvième, alors que les pod-casts fonctionnent de manière indépendante. Ensuite, elles impliquent beaucoup d’acteurs différents, là où un podcast peut se faire seul ou à deux. Dès lors, il est com-pliqué de ne payer qu’une partie des acteurs, aussi le maigre argent récolté va plutôt dans la production que dans d’éventuels salaires. C’est là en effet le troisième problème des web-séries : les coûts sont nettement plus élevés. Si certains podcasts sont très épurés en termes de production et pourraient être réalisés par n’importe qui, il en est tout autrement pour les web-séries : cos-tumes, décors, caméras de bonne qualité, sons, ... Au final, nombreuses sont les sources de dépenses qui dévorent très vite les maigres revenus apportés par la diffusion. Alors, les web-séries sont-elles destinées à demeurer éternellement l’œuvre d’amateurs ? Pas nécessairement, puisque plusieurs signaux positifs existent.

Le premier, c’est l’intérêt de la télévision pour les web-sé-ries. Après une longue ignorance, les chaînes classiques commencent à s’intéresser à ces web-séries qui font plusieurs centaines de milliers de vues par épisode sur internet. Pour l’instant, ce n’est visible qu’avec Le Visiteur du futur et France 4, mais on est en droit d’espérer une pénétration plus importante dans les prochaines années. Deuxièmement, le succès retentissant du crowdfunding de l’équipe de Noob montre que les fans sont prêts à massivement investir dans un contenu qu’ils apprécient. Noob détient à ce jour le record d’Europe et le troisième score mondial pour une œuvre de fiction derrière le film Veronica Mars et celui de Zach Braff (Wish I was here), acteur de l’excellente série Scrubs. En somme, seules deux grosses productions, issues de séries mémorables diffusées sur de grandes chaînes américaines, font mieux. Rien que ça ! La veine a du reste directement été

1 Pour donner une comparaison, le budget de l’ensemble de la saison 5 de Noob était de 20 000 euros, pour un nombre équivalent d’épisodes que VGHS, mais d’une durée nettement plus courte (environ dix minutes contre trente).

Nous recommandons :

Noob : http://noob-tv.com/

La Flander’s Company : http://www.info-graphik.com/flanders/

Le Visiteur du futur : http://www.levisiteurdufutur.com/

Video Game High School (VGHS) : http://www.rocketjump.com/category/vghs

utilisée par Pen of chaos, qui est passé par un site de financement participatif pour l’adaptation en série d’ani-mation du Donjon de Naheulbeuk, avec succès.

Enfin, ultime source d’espoir, le modèle américain. Là-bas, les web-séries profitent de budgets nettement plus importants et certaines n’ont pas à rougir des produc-tions télévisées. Ainsi, Video Game High School dis-pose d’un budget de 25 000 dollars par épisode¹. For-cément, il y a un public beaucoup plus important pour le contenu en anglais et les web-séries anglophones en profitent. On trouve donc aux États-Unis des séries dif-fusées gratuitement sur le net qui ont une production de grande qualité, tout en conservant l’originalité propre aux contenus d’internet.

En sera-t-il bientôt de même en France ? On est légi-timement en droit de l’espérer, sinon de le croire. Tous les voyants sont au vert. Le nombre de web-séries dif-fusées sur internet a explosé ces cinq dernières années et impliquent désormais aussi de nombreux podcasters, que ce soit comme acteurs ou en tant qu’auteurs. De même, les pionniers du genre ont fait beaucoup de che-min depuis leurs débuts et cela se voit : Le Visiteur du futur a désormais une envergure suffisante pour intégrer à son casting Simon Astier (frère d’Alexandre Astier, acteur de Gauvain dans Kaamelott et auteur de la série Hero Corp, rien que ça !) et les créateurs de Noob sont en train de monter une entreprise qui se chargera d’édi-ter des contenus alternatifs.

Enfin et surtout, l’attente du public est grande : la diffu-sion du final de la saison 3 du Visiteur du futur au Poly-manga 2013 avait attiré de nombreux spectateurs, rem-plissant presque l’auditorium Stravinski (3500 places), et le dernier épisode en date de la web-série Noob a dépassé les 250 000 vues tous supports confondus, ce qui est un excellent résultat pour une web-série. Les web-séries deviennent de plus en plus une alternative plus que viable aux séries classiques et méritent donc qu’on s’y intéresse.

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Les trésors d’internet : les sagas MP3

Au commencement du monde (d’internet), il y avait le contenu audio. Vous avez certainement déjà entendu un épisode des Deux minutes du peuple de François Pérusse et vous êtes probablement déjà fan du Don-jon de Naheulbeuk (sinon, c’est une lacune qu’il faut combler d’urgence !). Aujourd’hui, la situation est très différente. Si de nombreux podcasters sont profes-sionnels et si les web-séries s’en approchent peu à peu, les sagas MP3 sont très en retrait à ce niveau. Seul Pen of chaos, le créateur du Donjon de Naheul-beuk, vit de son œuvre, mais c’est avant tout grâce aux romans et aux bandes-dessinées adaptés de la

Nous recommandons :

Adoprixtoxis puis Xantah : http://www.adoprixtoxis.com/

Le Donjon de Naheulbeuk : http://www.penofchaos.com/warham/donjon.htm

Les aventuriers du Survivaure : http://www.knarfworld.net/

L’épervier : http://www.lepervier-saga.com/

Pierre-Hugues Meyer

série audio originelle. Depuis quelques années, le format au-dio n’est plus lié qu’à quelques bonus ; c’est là le prix de la professionnalisation de John Lang (le véritable nom de Pen of chaos). Comment expliquer cet échec, alors que le contenu d’internet a connu un dévelop-pement phénoménal ?

Le premier problème, c’est que si les podcasts et les web-sé-ries bénéficient grandement de YouTube, ce n’est évidemment pas le cas des sagas MP3. Nico, l’un des auteurs d’Ado-prixtoxis et de Xantah, nous donne son avis sur cette ques-tion : « Je pense que les sagas audio n’ont pas de statut aussi clair que l’auraient un podcast ou une chaine YouTube qui bénéficient de plateformes de partage très efficaces qui s’ap-puient sur les réseaux sociaux. Les sagas MP3, à mon sens, sont restées des contenus internet qui se partagent par le bouche à oreille et qui nécessitent un « effort »de l’internaute pour les trouver, les télécharger et les écouter là où, pour d’autres contenus, un seul clic suffit. »

Le second problème est lié. En effet, nous vivons à une période où le visuel jouit d’une importance bien plus grande que l’audio seul. À une autre échelle, les radios connaissent aussi des difficultés face aux télévisions et au cinéma. Alors, les sagas MP3 sont-

elles un reliquat de l’évolution destiné à disparaître dans quelques années ? Pas nécessairement. Écoutons une fois encore Nico : « Tout passe par le son, ce qui est à la fois une force et une faiblesse. Une faiblesse, car, là encore, il faut demander à l’auditeur de faire un « effort »d’imagination, ce qui peut dérouter certains. Une force sur le plan narratif, car cet effort d’imagination, appuyé par de simples bruitages (quand ils sont de qualité) suf-fisent à faire intervenir dragons, vaisseaux spatiaux et autres robots dans nos histoires, ce qui coûterait cher à faire en vidéo pour un résultat sans doute un peu cheap quand on reste dans une logique de «fait maison ». »

Les sagas MP3 ont leurs quali-tés propres qu’il serait stupide de négliger. Ce n’est pas un ha-sard si Fabien Fournier, l’auteur de Noob, a réalisé quelques parodies MP3, parce qu’il ju-geait que c’était le format le plus adapté. De même, si Pen of chaos continue de produire des contenus audio, ce n’est à mon sens pas juste par fidélité envers ses fans de la première heure, mais parce qu’il consi-dère que l’audio est le meilleur moyen de transmettre ce qu’il désire évoquer.

Alors oui, il est peu probable qu’il y ait beaucoup d’auteurs de sagas MP3 qui se profes-sionnalisent. Tous resteront vraisemblablement guidés par le seul plaisir. Cependant, l’in-térêt de l’audio ne disparaîtra jamais totalement. Il faudra accepter des attentes longues

entre les épisodes, mais cette attente sera toujours remerciée par un contenu de qualité.

Image issue de noob-tv.com

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CULTURE(s)Les Hunger Games

J’imagine que bon nombre d’entre vous ont déjà enten-du parler de la série Hunger Games et qu’ils se sont dit « oh, encore un de ces romans pour adolescentes » et ont décidé de ne pas essayer, l’associant à la fièvre Twi-light. Bien évidemment, on y retrouve certains éléments comme la focalisation interne à travers une jeune fille de 16 ans ou encore le classique triangle amoureux. Néan-moins, celui-ci est assez ambigu, puisque pour Katniss, l’héroïne du roman, le sentiment amoureux n’est pas du tout clair et elle n’est pas obnubilée par cela. En effet, la préoccupation principale de l’héroïne est, que ce soit lorsqu’elle se trouve dans son district ou dans les Hun-ger Games, jeu où des personnes choisies au hasard doivent s’entre-tuer, de survivre. Les jeux de la faim sont l’outil de prédilection du Capitole (l’État) pour démontrer à sa population que c’est lui qui commande. La struc-ture politique de cette trilogie est ce qui, à mon sens, mérite le plus d’attention. La dystopie où est transporté le lecteur présente l’espace géographique des États-

Élémentaire, mon Sher... lock !

Londres, début du XXIe siècle. – Alors que d’étranges morts sont classées par New Scotland Yard comme des suicides en série, le docteur John Watson (interprété par Martin Freeman, qui incarne également Bilbon Saquet dans Le Hobbit de Peter Jackson), blessé en Afghanis-tan, est démobilisé. De retour en Angleterre, il cherche un logement. Ses pas croisent alors ceux d’un détec-tive-consultant sociopathe aux capacités de déduction hors norme : Sherlock Holmes (incarné par Benedict Cumberbatch, qui a prêté sa voix à Smaug dans Le Hobbit). – Ainsi débutent les aventures des plus fameux résidants du 221b Baker Street.

Voici pour l’incipit d’une des plus brillantes séries policières de ces trois dernières années : Sherlock (titre en VO).

Créée par Mark Gatiss et Steven Moffat (également scé-naristes de Doctor Who), produite et lancée en 2010 par la BBC, forte de trois saisons, cette nouvelle adaptation de l’oeuvre de sir Arthur Conan Doyle se veut novatrice : contrairement aux films réalisés par Guy Ritchie, Sher-lock n’est en effet pas « une énième version victorienne

LITTÉRATURE

Unis plusieurs années après leur destruction. Cet es-pace est réparti en districts, chacun ayant sa spécialité. C’est à travers un membre du district 12 que le lec-teur découvre cet univers et les règles qui le régissent. Cet angle d’approche n’est pas dépourvu d’intérêts, même s’il empêche une trop grande connaissance des ficelles que tire le Capitole. Il nous apprend comment une femme, plutôt débrouillarde, parvient à s’en sortir dans le district 12 et comment elle perçoit la politique du Capitole. Les Hunger Games sont aussi l’occasion narrative de montrer au lecteur ce qu’il en est dans les autres districts et de faire se rencontrer les membres de différents districts qui ne communiquent jamais entre eux en dehors de l’arène. Bien que la série s’adresse à un public d’adolescentes, se plonger dans la série des Hunger Games, c’est avant tout se plonger dans un jeu politique d’image et de contrôle.

de Sherlock Holmes »¹, mais joue habilement sur une transposition historique moderne du Canon holmésien. Ainsi, on notera des références constantes et subtiles à l’ensemble de l’oeuvre de Conan Doyle – (à savoir quatre romans et pas loin de cinquante-six nouvelles !) –, comme en témoignent par exemple les titres de cer-tains épisodes : « A Study in Pink » (rappel de A Study in Scarlet), ou The Hounds of Baskerville (réécriture de The Hound of the Baskervilles). Armé d’un esprit acéré et d’un smartphone dernier cri, le Sherlock Holmes mo-derne s’y oppose notamment au sinistre Jim Moriarty et à la sulfureuse Irène Adler… mais en cas de coup dur, le bon docteur Watson n’est heureusement jamais loin !

Bref, une adaptation contemporaine extrêmement fidèle et travaillée qui, avec son humour typiquement britan-nique, séduira les Holmésiens inconditionnels et les amateurs néophytes !...

Ref. : Sherlock, BBC, 2010 – en cours.

1 LEVET, Natacha, Sherlock Holmes : De Baker Street au grand écran, Autre-ment, Paris, 2012.

Magali Bossi

Ref. : Suzanne Collins, Hunger Games, Pockett Jeunesse, Paris, 2009.

Naïke Bravo

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SÉRIE

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CULTURE(s)

CAPITAINE ETC.

Bienvenue sur mon bateau, hardi matelots, hissez haut !!!

Le 3 mai 2014, le Capitaine Etc. a présenté son nou-vel album, « L’appel du Large ». L’album invite à l’éva-sion à bord de la frégate de ce groupe spécialisé dans la variété française. R.E.E.L. est allée à la rencontre de Guillaume Pidancet, chanteur principal et Capitaine... Etc. Interview intimiste, à propos de tout et de rien...

L’histoire : l’appel du large.

Capitaine Etc. naît d’un voyage de 8 mois en bateau autour de l'Atlantique, au cours de ma 8ème année, au cycle. Ce voyage, rendu possible grâce à l’association Mille Sabords, était une expérience intense. Au cours de ce voyage, je me suis glissé dans la peau d’un aventu-rier et j’ai pu vivre une expérience unique et inoubliable. Ainsi, j’ai vu le monde sous un jour nouveau. À mon re-tour, un fort sentiment d’injustice s’est emparé de moi :injustice tant face aux clivages sociaux que face aux destinées...J’ai donc décidé d’acheter un bateau afin de partir au loin, partir pour un ailleurs qui allait me confronter à une réalité autre que celle que j’avais toujours connue, « jouer » au capitaine... d’où le titre de notre premier album, "L'appel du Large". En attendant de devenir le capitaine d’un vrai bateau (que j’ai finalement pu ache-ter! rires ), je suis devenu le Capitaine de la troupe Capi-taine Etc., un bateau musical qui fait son bonhomme de chemin depuis bientôt une dizaine d’années.

Thème : le voyage

Oui. Mais aussi et surtout le naufrage. Tout commence par un naufrage et d’une certaine manière, tout se termine par un naufrage. Il est omniprésent dans nos textes. Mais il ne s’agit pas d’un naufrage dans ce qu’il a de plus définitif, non. Le naufrage, c’est aussi le début d’un voyage. Je pense que nous sommes tous un peu des Crusoé dans nos vies, dans nos têtes et nous avons souvent la sensation de ne pouvoir nous échapper des îles sur lesquelles nous nous sommes échoués. Or, ces îles sont des barrières que nous nous imposons dans la vie réelle et, dans mes textes, j’ai envie de traiter ces questions de limites et étudier les différents choix qui s’offrent à nous ainsi que leurs conséquences : soit en sortir ou soit y rester, mais dans les deux cas trouver le moyen d’être heureux. Le voyage, chez Capitaine Etc., a un aspect christique : mourir pour mieux renaître.

MUSIQUE

Histoire du groupe : une affaire de famille... et d’amis.

Le groupe commence avec mon frère Nicolas Pidancet qui joue du piano. Nous avions l’habitude, à la maison, de nous exercer, lui sur son instrument, moi à la voix, à partir de chansons connues. De fil en aiguille, nous en sommes arrivés à mettre en musique des textes que j’avais écrits. Nous avons décidé de monter un groupe et, dès lors, des amis se sont embarqués avec nous dans l’aventure : d’abord, Loic Quiquerez, qui fait de la trompette, de la flûte à bec et de l’harmonica, et Jéré-mie Breda, batteur-percussionniste, nous ont rejoints. Ensuite, Louis Honegger, au saxophone, et Delphine Zilhmann, au violoncelle, ont fait de même. Il y a aussi Antoine Rosselet qui s’occupe avec moi de l’écriture des textes. Aucun de mes parents n’est musicien et ils ne nous stressent pas en ce qui concerne l’orientation professionnelle ; ils nous encouragent et sont plutôt contents de voir leurs enfants, moi et mon frère, faire quelque chose ensemble et mener un projet jusqu’à ce point.

Projet : oui, partir, mais aussi ?

Nous avons eu la chance de tomber sur un bon copro-ducteur, Jean-Jacques Busino, qui nous a offert de travailler efficacement dans son studio et qui est plu-tôt rigoureux. Nous avons aussi bénéficié de l'aide de dizaines de fans qui ont chacun contribué pour le CD. Cela s’est fait en un mois sur le site wemakeit.ch, site de financement participatif. Et je leur en suis très recon-naissant ! Nous sommes tous conscients que nous pou-vons encore améliorer la qualité de ce qu’on fait, mais ce qu'on a pu faire jusque-là, c'est aussi grâce à eux !

Album déjà disponible et vernissage le 3 mai 2013 ? Des concerts prévus ?

Oui, il est disponible sur notre site capitaine-etc.net. Quant aux concerts, plusieurs sont programmés pour mars, avril et mai, avec un vernissage d'album qui se prépare sur un bateau... je ne vous en dis pas plus, si ce n'est que ça va être énorme ! Et ça démarrera le 15 mars au Café du Cinéma pour le festival « Voix de Fête, Bars en Fête ! ».

Un dernier mot :

Levez les yeux ; n’oubliez pas de vivre ; en bref : hissez haut ! Merci.

Ariane Mawaffo

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Tout s’est figé si vite, un flocon. Le temps pour le renne de brouter un petit bout de vent, lever la tête, la pen-cher, montrer un œil. Il ne bouge plus. Peut-être en a-t-il assez de courir, de jouer au chasseur et au renne. Peut-être va-t-il se retourner, là, maintenant, du haut de la colline, et haranguer la nuit et l’hiver pour une herbe plus fraîche. Peut-être a-t-il son cri à dire, son coup de cornes à donner. Peut-être s’est-il endormi ?

Un pas trop près. Le renne détale, dévale la pente. Je cours après le renne.

22h47

Il n’y a pas de fées en Islande. Ni autre part. Il n’y a pas non plus de petite souris, ni de dahu, ni de petit oiseau. Encore moins de lapin de Pâques. Quand je suis devenu adulte, par défaut, j’avais laissé tomber les histoires, les contes. Où est le merveilleux en hiver, quand il fait si noir ? Il n’y a même plus trop de neige et quand il y en a mes bonhommes ont l’air fatigués, pressés de fondre. Où sont les fantômes ? J’avais laissé tomber mes grands espoirs, devenir chef d’orchestre sur Mars, dompter des lézards, apprendre à parler aux tortues, toutes mes façons d’en finir avec l’éternité de cette linéarité où tout s’effrite gentiment, tranquillement pourrit. Il n’y a même pas eu de fin du monde. Ce n’est pas très drôle.

Je devais savoir pour les créatures, les fantômes, les choses des forêts et des fontaines, tout ce qu’on ra-conte, tout ce qui a traversé les oreilles des siècles pas-sés et qui s’est échoué en plein réel, et est mort. J’ai commencé à mener mon enquête il y a trois ans. J’ai voyagé pour savoir, j’ai exploré les lieux les plus sujets aux enchantements. Mais je n’ai rien trouvé. Il n’y a pas de fées en Islande. Ni autre part. Mais le Père Noël, le Père Noël existe peut-être.

C’est le dernier folklore qu’il me reste à interroger, le dernier qui puisse tout faire redevenir chaos, rendre sa féerie, son enfance au monde. Alors je cherche, je cherche de la magie, la magie du Père Noël et même si je n’en trouve pas, du moins l’aurai-je cherchée, cher-chée partout où elle peut être cherchée, en souvenir de toutes les fois qui ont été.

23h04

Dans la neige, ses traces creusent une route, mais c’est le renne lui-même que je suis. Il n’est pas très grand et sûrement pas bien vieux. Ses bois pas encore mûrs. Peut-être est-ce un renne nain ? Je cours. Il avance

trop vite, à quatre pattes contre deux jambes gourdes, un instinct et des sens vifs contre une lampe torche et des lunettes, mais il attend à chaque horizon que je le rejoigne, impatienté par ma lenteur d’adulte comme un gamin à vélo. Sauf que c’est un renne.

23h19

Personne n’avait jamais entendu parler du Père Noël dans les villages où je me suis arrêté. J’avais bien sûr été à la fameuse station touristique, ledit village dudit Père Noël, mais c’est là où on ne le connaissait plus qu’il fallait chercher. Ou plutôt là où on en parlait au-trement. Comme l’ombre mystique qui passe une nuit de fin décembre, avec des rennes et une énorme hotte qu’il renverse quelque part dans chaque village. Pas de manteau rouge, pas de ho-ho-ho, pas de bruit de clochettes ni de route d’étoiles dans le ciel. On raconte qu’il y a toujours un cadeau par habitant. Des sortes de poupées, grossières, des vêtements. J’avais pu en observer un : c’était fait main, pas très bien, mais quand même. On m’avait montré. Il y avait toujours une pe-tite coupure quelque part au bord d’un bonnet ou sur la manche d’une poupée. Sur le bras d’un pantin, un minuscule copeau manquait. Comme une marque ma-gique, la sienne.

23h26

Il m’attendait à l’orée de la forêt, enfin c’est ce que je crois. Il regardait dans ma direction, fixement. Il n’a pas fui en me voyant. Il s’est mis à me tourner autour, en gar-dant une certaine distance, mais il était très proche. Je voyais ses yeux un peu espiègles. Il poussait des petits gloussements de renne. J’ai cru qu’il voulait le sand-wich dans mon sac, mais tout à coup il s’est éloigné, se retournant et tournant en rond, étrangement agité, sautillant en panique comme un marsupilami mordu par un piranha.

C’était la fin de l’après-midi de ce 24 décembre, il com-mençait à faire sombre. Il s’est mis à galoper et je l’ai suivi.

23h36

Je l’imaginais gardant de chaque cadeau fini par les lutins ce petit bout de tout comme un souvenir, brin de laine, bille, doigt de pied de figurine, toute une boite à cadeaux en mémoire de ceux qu’il a faits. J’étais resté une semaine à vagabonder de village en village. J’avais demandé le plus d’informations possible, pris des

Sans parler du renne

ÉCRITURE CRÉATIVE

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notes. Apparemment, il ne se cachait pas. Il venait faire ses courses en secret. On l’avait vu passer chez des marchands, déguisé en pas-Père-Noël. Tout le monde l’avait vu, avait cru le voir, celui-là qui était tout le monde et personne. Pas deux n’en donnait la même descrip-tion : c’était un jeune-vieux aussi mince que trapu, aussi petit qu’un géant-nain, mais en bien plus court dans sa grandeur. J’avais cru à une autre vaste farce, bien que tout le monde ait semblé très sérieux, mais ils s’accor-daient tellement à dire qu’il y avait là de la magie, dans la façon qu’il avait de disparaître dès qu’il était vu et dans le laps de temps si court qu’il lui fallait pour distribuer ses jouets, que j’ai commencé, à mesure des récits, à y croire de plus en plus fort.

Et en plus, il y avait les rennes...

23h47

Je te donnerai un nom, renne. Rudolph si tu y tiens, ou bien Claude. J’ai prévu un peu de dinde et des patates à réchauffer, si tu en veux. Si le Père Noël en veut. J’es-père au moins qu’il aime. La neige s’est presque arrêtée. Il fait tout silencieux. Plus que le galop intermittent du renne et ma marche empâtée. Je m’attends presque à voir passer un traîneau dans le ciel, à découvrir la de-meure du Père Noël. Je croise fort les doigts pour.

Il va bientôt être demain.

23h52

D’abord je me présenterai. Ensuite, on boira du choco-lat chaud en discutant. Je lui dirai pour la petite souris, pour les fées en Islande. Ou peut-être que c’est lui qui me dira, que je me trompe, que tout est vrai, que ça n’est qu’une autre question de perspective. Je l’aiderai à faire les cadeaux, à remplir les hottes, à préparer l’at-telage. Plus tard dans la nuit, on filera à travers la neige. Deux hommes dans un traineau, sans parler du renne.

Il file, d’ailleurs, le renne. Il gambade de butte en butte, saute les congères, m’attend à chaque fois. Il com-mence à faire vraiment très sombre et je patauge plus que je ne cours. Lui reste majestueux. Qui es-tu parmi les autres ? Es-tu de ceux qui tirent le traineau ? Es-tu le renne père ou que sais-je ? Est-ce que c’est toi, le neuvième ? Es-tu là pour guider ceux qui sont perdus, ceux qui ont le droit de le voir, pendant que les autres rennes doivent travailler, rester auprès de lui, chercher des bûches pour ses gros pieds bourrus, déblayer sa cour dans l’hiver avec une grosse écharpe et des guir-

landes autour des bois ? Rennes de fêtes.

Il a plutôt l’air d’un sauvage, d’un renard qui viendrait juste de temps en temps dormir au chaud à côté de la cheminée et du renne porte-manteau, au coin du Père Noël.

Il ralentit. Je ralentis.

23h58

Tout s’est figé si vite, un flocon. Le temps pour le renne de brouter un petit bout de vent, lever la tête, la pen-cher, montrer un œil. Il ne bouge plus. Peut-être en a-t-il assez de courir, de jouer au chasseur et au renne. Peut-être va-t-il se retourner, là, maintenant, du haut de la colline, et haranguer la nuit et l’hiver pour une herbe plus fraîche. Peut-être a-t-il son cri à dire, son coup de cornes à donner. Peut-être s’est-il endormi ?

Un pas trop près. Le renne détale, dévale la pente. Je cours après le renne.

00h00

Du sommet de la butte je cherche le renne dans la nuit, mais je ne l’aperçois nulle part. En bas, la lumière d’une petite maison qui fume.

Sven Ho

ÉCRITURE CRÉATIVE

ÉCRITURE CRÉATIVE

Sans parler du renne (fin)

Après Molière, l’AEFRAM (Association des Étudiants en Français Moderne) vous em-mène voir Ô les beaux jours, d’après Samuel Beckett, le jeudi 20 mars à 19h00. Cela se passe toujours à la Comédie et cela ne vous coûtera une fois encore que 10.- si vous avez moins de 26 ans, alors ne manquez pas cette occasion de profiter d’une bonne pièce de théâtre en compagnie d’étudiant-e-s et à prix réduit !

Pour vous inscrire, il vous suffit d’envoyer un mail à [email protected] d’ici au di-manche 09 mars.

Sortie théâtre

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Essai sur la question du voyeurisme en photographie

LA TRIBUNEDU RÉDACTEUR

LA TRIBUNE DU RÉDACTEUR

À la base de cette réflexion sur le voyeurisme : deux cli-chés. Le premier s’intitule « La fillette et le vautour » et aura valu à son auteur – Kevin Carter – un Pulitzer et un suicide. Le second ne comporte pas de titre, mais 28 ans après la catastrophe d’Armero, le nom de la jeune fille, immortalisée par Frank Fournier, est resté célèbre. Elle s’appelait Omayra Sanchez ¹.Dans les deux cas, c’est un choc : l’opinion publique est mal à l’aise. Carter et Fournier ne sont plus des pho-tographes, mais des chasseurs d’images, avides d’une reconnaissance bâtie au détriment de leurs sujets : une petite fille affamée, prostrée au sol et guettée par un vau-tour ; une adolescente de 13 ans, prisonnière de la boue et des décombres de ce qui fut jadis sa maison et vouée à la mort. Dans les deux cas, on s’interroge : pourquoi ne pas être intervenu ? Pourquoi avoir cherché à immortali-ser une telle scène si aucun secours n’était envisageable ? Carter devient un monstre, coupable d’avoir laissé l’oiseau s’approcher si près de l’enfant, coupable de lui avoir privilégié son objectif et enfin coupable d’accor-der si peu de prix à une vie humaine déjà suffisamment malmenée. Fournier appartient à une autre catégorie de monstre, de celle qui n’hésite pas à montrer la mort imminente, à immortaliser la souffrance, la douleur et les grands yeux noirs d’une jeune fille que la vie abandonne peu à peu. Deux charognards, en somme.Ainsi eût-il mieux valu qu’ils abandonnent leurs cha-rognes, ces vautours de l’image. Qu’ils s’abstiennent de prendre le cliché que la morale réprouve afin de ne pas confondre information objective et voyeurisme pur.

Le terme « voyeurisme » est ambigu et ne nous apprend rien de particulier. Le voyeur est une « personne qui aime regarder, observer, en se tenant à l’écart » ². Quoiqu’il en soit, il s’agit ici d’un terme connoté péjorativement, où le regard devient objet de perversion. Le photographe accusé de voyeurisme perd donc son œil non seulement esthétique, mais également critique, au profit d’une dan-gereuse tendance à l’observation intéressée. La difficulté d’une telle accusation tend vers une définition plus ou moins large de ce que doit être une bonne et une mau-vaise photographie : à quel moment cesse-t-on d’être un photographe pour endosser le masque du voyeur ?Une première distinction doit être faite : Carter et Four-nier ne sont pas des photographes mus par une volonté essentiellement esthétique. Ce sont des photojourna-listes qui transmettent une information et documentent un sujet par l’image ³. La frontière entre une photogra-phie proprement « artistique » et un cliché qu’on pourrait définir comme étant « engagé » dans une thématique

sociale est poreuse, car la photographie ne peut jamais se défaire de sa constituante esthétique. Par esthétisme, on entend moins ici l’enjolivement d’un sujet ou d’une si-tuation que la volonté de rendre compte d’une ambiance et d’un ressenti.Le problème provient donc du moment clé où la pho-tographie cesse d’être une représentation imagée de la beauté pour incarner la laideur d’une chose, d’un être humain ou d’une situation. On n’utilise plus l’image comme une oeuvre d’art au sens propre, mais comme moyen d’expression où l’esthétique fait figure de pro-cédé émotif par lequel on cherche à atteindre l’œil – et la conscience – du spectateur.

D’esthétisme, les deux clichés qui nous intéressent n’en sont pas dépourvus. À la vision de « La fillette et levautour », on ressent avec une grande intensité l’im-mense solitude et le profond désespoir qui entourent cette enfant. Rien alentour, pas âme qui vive hormis l’in-quiétante présence de l’oiseau. Tout se passe comme si Carter avait trouvé le bambin esseulé sur son chemin et qu’il l’avait photographié. Ni plus, ni moins. Le portrait d’Omayra répond au même besoin esthétique : le visage centré, cette main à la peau fripée agrippée au morceau de bois et surtout ces yeux totalement noirs qui semblent fixer le spectateur. Comment peut-on chercher à esthéti-ser une chose aussi sordide et abominable que l’agonie d’un enfant bientôt emporté par la faim ou la maladie ? Toute la question réside à nouveau dans la perception que l’on se fait de la photographie. Elle est un support particulier dans la mesure où elle est vécue – particuliè-rement dans le cas du photojournalisme – comme le re-flet d’une réalité, comme un moment vécu, fixé, tangible. Du réalisme du cliché dépend tout le processus d’inter-prétation et la lecture qui en sera faite. C’est le réalisme qui bouleverse nos conventions et probablement éga-lement le fait que la thématique qui est immortalisée ici

1 Le seul titre actuellement référencé fait état d’un cliché intitulé « L’agonie d’Omayra Sanchez », mais il semble qu’il s’agisse d’un intitulé appliqué a pos-teriori.2 La première définition est bien moins heureuse et sexuellement connotée. C’est la définition du voyeurisme par extension qui nous intéresse ici, c’est-à-dire la volonté presque perverse d’observer des individus dans leur intimité ou se trouvant en difficulté.3 Carter appartenait par exemple au Bang-Bang Club, qui évoluait dans les townships sud-africains durant l’Apartheid au début des années nonante. Com-posé de quatre photographes (K. Carter, G. Marinovich, K. Oosterbroek et J. Silva), le Club avait pour mission de documenter la vie de ces quartiers dans une période charnière située entre l’Apartheid et les premières élections multiraciales sud-africaines. Fournier, lui, a notamment travaillé sur les attentats du 11 sep-tembre, les victimes de viol lors de la guerre civile en ex-Yougoslavie, les enfants atteints du Sida en Roumanie, le génocide du Rwanda, etc. Comme Carter, Fournier obtiendra un prix pour son cliché tant controversé et recevra le World press photo of the year de l’année 1985 pour son portrait d’Omayra Sanchez.

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LA TRIBUNEDU RÉDACTEUR

LA TRIBUNE DU RÉDACTEUR

Essai sur la question du voyeurisme en photographie (fin)

– à savoir la mort prochaine d’un enfant – représente un tabou absolu dans notre société.

Réalisme donc, mais tronqué, puisqu’il ne faut jamais perdre de vue que la photographie est toujours une figu-ration de la réalité. Par figuration, on entend non seu-lement le fait de se représenter quelque chose, mais surtout la manière de le concevoir et de le donner à percevoir. On cherche ainsi à montrer une réalité – la fillette prostrée au sol souffre effectivement de malnu-trition sévère et Omayra est effectivement prisonnière des décombres de sa maison – mais on s’interroge également sur la façon dont le spectateur percevra la situation. Carter a mis fin à ses jours quelque temps après avoir reçu le prix Pulitzer. Bien des années plus tard, Alberto Rojas, reporter à El Mundo, s’envole pour le Soudan et enquête sur ce cliché. Sur place, la vérité éclate : la fillette était en réalité un petit garçon, décé-dé une dizaine d’années plus tard des suites de fortes fièvres. Au moment où la photographie a été prise, l’en-fant se trouvait à proximité de sa tante, qui attendait la ration de nourriture distribuée par l’aide humanitaire. Sur place, personne n’a jamais eu connaissance de cette photographie et personne ne semble même choqué par la présence toute proche du vautour, tant l’animal est un habitué des lieux ⁴. Malaise. De cette mauvaise inter-prétation, on comprend néanmoins que le réalisme de toute photographie n’est qu’affaire de figuration et que le photographe opère systématiquement des choix dans sa prise de vue. Ce que l’on perçoit sur « La fillette et le vautour », c’est ce que Carter a bien voulu nous montrer : une enfance brisée par la faim, un danger perpétuel, le reflet d’une situation véritable dans ce Soudan ravagé par la guerre civile. La notion de hors-champ nous est inconnue. C’est en cela que la photographie peut rester un objet d’art autant qu’un témoignage solide. C’est son paradoxe, sa force et sa faiblesse à la fois.

Bien évidemment, cela ne signifie pas qu’il est permis de s’octroyer toutes les libertés imaginables en matière de photographie. Montrer pour montrer n’est pas une option. Que faire alors du portrait d’Omayra ? Cette fois, il n’y a aucune excuse possible. Pas de hors champ qui viendrait contrebalancer la première interprétation ; la mort de la fillette est inévitable, faute de matériel adé-quat. Pourquoi Fournier a-t-il alors cru nécessaire de faire ce cliché? C’est simplement que la photographie, au delà de son pouvoir de « monstration », permet éga-lement au sujet qui pose de ne pas sombrer dans l’oubli. À partir du moment où l’on photographie, on immorta-

lise, on fige son sujet hors du temps pour en garder une trace.

« Then there was this little girl and people were powerless to help her. […] When I took the pictures I felt totally powerless in front of this little girl, who was facing death with courage and dignity. She could sense that her life was going. I felt that the only thing I could do was to report properly on the courage and the suffering and the dignity of the little girl and hope that it would mobilise people to help the ones that had been rescued and had been saved. I felt I had to report what this little girl had to go through. » ⁵

C’est en cela que Fournier, au même titre que Carter, n’a rien d’un charognard. C’est ce qui fait la différence entre un chasseur d’images et un véritable photojourna-liste : dans ce cas, toute aide était impossible, ne restait alors que la possibilité de rentre hommage à l’incroyable courage d’une adolescente de 13 ans qui affronte son sort dans une dignité totale. De la même manière, on montre l’enfant guetté par le vautour comme exemple des innombrables ravages d’un conflit armé. Certains écrivent des articles, d’autres s’insurgent en silence et d’autres enfin sortent leur appareil photo pour que reste vivace l’image de ce qui les a tant marqués. On pho-tographie parce que c’est beau, parce que c’est abo-minable et que cela doit être dénoncé ou tout simple-ment parce que c’est digne d’admiration. Les raisons sont plurielles. L’intensité et la puissance de ces deux images ne sont que le reflet de ce que Fournier et Carter ont eux-mêmes perçu. Il n’y a rien d’anodin à immor-taliser la mort et la destruction: ils y sont régulièrement confrontés, mais cela ne signifie par pour autant que la démarche en devient évidente. Carter s’est suicidé, hanté par les fantômes dont il avait tant voulu raconter l’histoire. Sa démarche n’a rien de celle d’un voyeur à la recherche de l’Image ; c’est avant tout celle d’un photo-graphe qui refuse la censure et voit la photographie non seulement comme un formidable moyen d’expression, mais aussi comme une façon de combattre, de rendre hommage ou de faire le lien entre tous les petits garçons et les autres Omayra qu’il faut encore tenter de sauver.

4 http://www.elmundo.es/elmundo/2011/02/18/comunicacion/1298054483.html, consulté le 16 novembre.5 http://news.bbc.co.uk/2/hi/4231020.stm, consulté le 23 novembre.

Alessandra Passaseo

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SPORT,SANTÉ ET BIEN-êTRE

SPORT, SANTÉ ET BIEN-êTRE

Le financement dans le sport : opinion d’un sportif

Le 3 décembre dernier, nous publions un article sur la disparition de l’équipe nationale féminine de basket. Rappelons rapidement les faits : Swissbasketball a pris cette décision en raison d’un manque de fonds, ne par-venant pas à réunir les 200'000 francs nécessaires pour l’année 2014. La fédération suisse de basket a donc dû retirer son équipe des qualifications pour le prochain championnat du monde. Ceci a choqué l’ensemble du basket en Suisse et une action a été lancée, notamment par les clubs féminins. Le problème du financement est récurrent dans le sport suisse, surtout pour les disci-plines moins médiatisées. Il y a quelques années, le vol-leyball avait connu pareille mésaventure.

Aujourd’hui, R.E.E.L a souhaité se pen-cher sur le phéno-mène de l’intérieur, afin d’avoir la vision d’une personne di-rectement concer-née. Nous avons interviewé Lucas Tramèr, champion du monde et d’Europe en 2013 d’aviron en deux de pointe sans barreur, poids léger (discipline non-olympique), et fina-liste olympique en 2012, en quatre de pointe sans barreur, toujours en catégo-rie poids léger. L’avi-ron est, comme le basket, le volley et bien d’autres sports en Suisse, très peu médiatisé (même si, il faut bien le reconnaître, de plus en plus d’efforts sont fait en la ma-tière). Les médias privilégient le plus souvent les sports qui mettent en jeu beaucoup d’argent, comme le foot-ball ou le hockey. La présence dans les médias amène ensuite des sponsors à investir dans les sports concer-nés. Là où il y a de l’argent, il y a un soutien média-tique, ce qui amène de l’argent, etc. C’est un cycle sans fin. Dans des sports peu médiatisés comme l’aviron, il est parfois difficile de trouver les fonds permettant de financer une saison. Lucas Tramèr, qui suit en parallèle de sa carrière des études de médecine (il vient d’obtenir

son bachelor), est directement concerné par ces diffi-cultés. Pour R.E.E.L, il a accepté de faire part de ses impressions quant au financement du sport en Suisse.

R.E.E.L. : Bonjour Lucas, avec toi nous allons par-ler aujourd’hui du financement dans le sport. Pour commencer, quel est, pour un rameur de niveau international comme toi, le budget prévu pour une saison de compétitions ?

Lucas Tramèr : Cela dépend toujours des destinations des grandes compétitions. Par exemple, des champion-nats du Monde en Nouvelle-Zélande vont coûter plus

cher qu'à Amster-dam. Disons qu'une saison moyenne, avec tous les coûts liés au sport, repré-sente plusieurs di-zaines de milliers de francs par année.

R.E.E.L. : Rappelons que tu as été cham-pion d’Europe et du monde en 2013, et que tu as à ton actif une finale olym-pique à Londres en 2012. Ton palmarès est plus qu’enviable. Pourtant, afin de fi-nancer ta saison, tu dois chaque année faire appel à des sponsors privés. Pourquoi ?

L.T. : L'aviron reste un sport peu médiatique, donc les fédérations ont du mal à trouver des fonds pour sou-tenir les athlètes. Les primes au succès en Coupe du Monde n'existent pas, car la fédération internationale a déjà de la peine à s'autofinancer. La même chose se passe avec la fédération suisse d'aviron : les grands sponsors n'existent pas, ce qui veut dire que les ath-lètes sont obligés de partir eux-mêmes à la recherche de sponsors.

R.E.E.L. : Comment fonctionne ce sponsoring privé et cela marche-t-il bien ?

Image issue de http://www.lucastramer.ch

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SPORT,SANTÉ ET BIEN-êTRE

SPORT, SANTÉ ET BIEN-êTRE

Le financement dans le sport : opinion d’un sportif (fin)

L.T. : Une grande partie n'est pas du sponsoring privé, mais vient des fonds publics de subvention au sport d'élite, que ce soit de Swiss Olympic ou de l'État de Genève. Cette subvention est déjà considérable et me permet de financer une grande partie de mes activité sportives. Ensuite, je bénéficie d'un grand soutien finan-cier de mon Club (Club d'Aviron de Vésenaz) ainsi que des membres de mon club de soutien que j'ai fondé en 2010. Finalement, il y a les sponsors privés, individuels ou d'équipe, qui sont d'une très grande aide aussi.

R.E.E.L. : D’une façon plus générale, que penses-tu des moyens alloués au sport par la Confédération ?Privilégie-t-elle certains sports (je pense au foot-ball ou au hockey par exemple) en leur donnant plus qu’à d’autres, comme l’aviron ? Il est tout de même surprenant, d’un point de vue extérieur, de voir qu’un rameur de niveau international doive trouver lui-même des moyens pour financer sa carrière.

L.T. : Le fait d'attribuer plus d'argent aux grandes fé-dérations est tout à fait compréhensible et juste. Par contre, le problème se situe probablement plus haut dans la hiérarchie, c'est à dire la somme totale attribuée au sport d'élite en général dans notre pays. L'engage-ment de l'armée pour le sport d'élite est en plein essor en Suisse, mais est encore minimaliste quand on le compare aux structures d'autres pays européens.

R.E.E.L. : Il y a quelques temps, on apprenait la dis-parition de l’équipe nationale féminine de basket pour cause de manque de financement. Cela pour-rait-il t’arriver un jour (bien que nous ne le souhai-tions pas) ?

L.T. : Théoriquement, oui. Swiss Olympic verse aux fé-dérations chaque année une certaine somme d'argent compte tenu des résultats et de la taille de chaque fé-dération. Pour la fédération d'aviron, Swiss Olympic est de loin le plus grand sponsor et la fédération ne pourrait pas fonctionner sans ce financement. Si les résultats ne suivent pas pendant plusieurs années, consécutives, il peut arriver que Swiss Olympic déclasse une fédéra-tion, pour lui attribuer finalement beaucoup moins de fonds. Un tel déclassement signifierait la quasi-faillite pour beaucoup de petites fédérations.

R.E.E.L. : Swissbasketball avance un manque de visibilité dans les médias, ce qui induit un nombre faible de sponsors pour justifier sa décision. En tant

que sportif professionnel, tu vis ce phénomène de l’intérieur, si j’ose dire. Selon toi, la faute en revient-elle aux médias qui privilégient certains sports au détriment d’autres ? Est-ce plutôt la fédération qui est fautive en ne faisant pas tout pour obtenir cette visibilité ? Ou la raison est-elle encore à chercher ailleurs ?

L.T. : Il y a un peu des deux. Certains petits sports peu médiagéniques sont très populaires dans notre pays, alors que d'autres ne le sont pas ou plus. Il y a une dizaine d'années, personne ne parlait de ski de fond en Suisse et aujourd'hui le sportif suisse de l'année 2013 est un fondeur. Comme quoi, il faut parfois un athlète hors du commun qui attire l'attention et l'essor d'un sport est relancé. Ensuite, quelques fédérations font beaucoup plus pour obtenir cette visibilité. Il y a égale-ment beaucoup d'athlètes qui investissent énormément d'énergie pour augmenter leur visibilité. Personnelle-ment, je pense que c'est du domaine de la fédération de faire ce travail, mais malheureusement certaines fédérations, dont la mienne, n'ont pas les fonds ou le personnel pour le faire.

R.E.E.L. : Enfin, pour terminer, parlons de la saison qui s’annonce. Après une année 2013 plus que réus-sie (en plus de tes titres d’aviron, tu as obtenu ton bachelor de médecine), que vas-tu faire en 2014 ? Quels sont tes objectifs ?

L.T. : La saison 2013 a été une très belle saison et j'en-visage de continuer sur ma lancée en 2014. Le but est par contre de réintégrer un bateau olympique, pour vi-ser la qualification en 2015 pour les Jeux de 2016 à Rio. Du côté des études, j'espère terminer ma 4ème année de médecine en été, puis interrompre mon cursus uni-versitaire à la fin de l'année, le temps de me consacrer à 100% aux prochains Jeux olympiques.

Fabien Imhof

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Ah, sacré ventre !

SPORT,SANTÉ ET BIEN-êTRE

SPORT, SANTÉ ET BIEN-êTRE

Le ventre est l’une des zones sensibles de notre corps, difficile à cacher et que l’on tente – souvent sans suc-cès – de comprendre et de dompter. Pourtant, il existe diverses manières, non pas d’avoir le ventre plat dont nous rêvons tous, mais de l’accepter tel qu’il est et de se sentir mieux dans son corps.

Le printemps qui se rapproche est l’un des moments parfaits pour mettre en pratique ces quelques conseils que R.E.E.L. vous donne aujourd’hui :

1 Éviter comme la peste les vêtements amples : se dissimuler sous une tonne de vêtements n’est pas la solution. Que vous le vouliez ou non, votre ventre est bien là et ne s’en ira pas grâce à deux ou trois couches de tissu. Au contraire, plus vous rajoutez de couches, plus le gonflement s’accentue. De plus, les vêtements amples confèrent une fausse agréable sensation que votre « bidon » ne se voit pas et que vous pouvez tout vous permettre. Privilégiez des vêtements confor-tables, mais près du corps ; cela vous fera prendre non seulement confiance en vous, mais aussi vous encou-ragera à prendre les mesures nécessaires pour vous débarrasser des tours en plus.

2 Buvez beaucoup d’eau : on ne le dira jamais assez, l’eau, c’est le médicament miracle. En boire permet de drainer les toxines responsables en grande partie du gonflement de votre abdomen. Ce liquide précieux – et gratuit – joue un rôle essentiel dans la protection du foie, lequel assure une fonction d’épuration et est le seul organe permettant l'élimination du cholestérol. Pour savoir si vous buvez assez d’eau, vérifiez la cou-leur de votre urine : plus elle est jaune et plus vous avez besoin d’eau.

3 Laissez tomber les abdos. Du moins dans un pre-mier temps. En effet, travaillez ses abdos signifie tra-vailler les muscles situés dans la zone ventrale et les exercices dédiés ne suffisent pas à éliminer le principal problème, celui de la graisse. Privilégiez les exercices cardio-vasculaires, c’est-à-dire la course d’endurance, la marche rapide ou même la natation. Ce type d’exer-cice est réputé pour permettre de brûler rapidement des calories. L’effet positif, c’est que vous perdez de la graisse non seulement au niveau du ventre, mais aussi dans tout le corps.

4 Dormez suffisamment : on le sait, les nuits blanches et les études, ça fait un. Malheureusement, les effets

néfastes au niveau du ventre sont les invités surprise de ce couple. Le cortisol, hormone sécrétée pendant les moments de stress, est en grande partie respon-sable des graisses abdominales.

5 Enfin, gardez la motivation. Oui, c’est difficile, mais c’est faisable. Mesurez votre progrès à l’aide d’un mètre et marquez à chaque fois le nombre de tour de ventre perdu dans un cahier. Vous constaterez aussi des progrès sur votre humeur.

Ariane Mawaffo

Image issue de morguefile.com

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Un grand classique

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Pour cette deuxième participation à la version pa-pier, j’ai décidé de vous préparer une recette clas-sique, mais qui fait toujours plaisir : des pavés de boeuf dans leur sauce au poivre vert, accompagnés de frites maison.

Pour ce faire, vous aurez besoin de :4 fi lets de boeuf d’environ 200g ; 30 g de beurre2 c. à s. de vin rouge ; Crème à sauce (ou demi-crème)2 c. à s. de grains de poivre vert ; 600g de pommes de terre4 c. à s. de bouillon de bœuf

Pour le bœuf :1 Préchauff ez le four à 200°C.2 Dans une poêle, faites chauff er de la margarine et saisissez les fi lets de bœuf 2 minutes de chaque côté.3 Placez-les dans un plat et terminez la cuisson au four le temps de préparer la sauce.4 Déglacez la poêle encore chaude avec le vin rouge et le poivre vert. Grattez bien le fond avec une spa- tule.5 Incorporez le bouillon de bœuf et laissez frémir 1 minute.6 Ajoutez le beurre découpé en morceaux et mélan- gez pour qu’il se lie à la sauce.7 En fi n de cuisson, ajoutez un peu de crème (quanti- té à votre convenance) pour rendre la sauce plus onctueuse. Laissez chauff er 1 à 2 minutes à feu moyen, sans laisser bouillir.

Pour les frites :

Fabien Imhof

1 Faites chauff er une friteuse à 150 °C.2 Épluchez les pommes de terre et coupez-les en forme de frites assez grosses (environ la taille d’un doigt).3 Rincez-les bien.4 Plongez-les dans l’huile bouillante de la friteuse pendant 6 minutes.5 Retirez-les et absorbez la graisse à l’aide de pa-pier ménage.6 Faites chauff er la friteuse à 190°C.7 Plongez les pommes de terre dans l’huile pendant 4 minutes.

8 Retirez-les, absorbez à nouveau la graisse à l’aide de papier ménage, puis salez-les.

Il ne vous reste plus qu’à servir la viande nappée de sauce et accompagnée des frites. Débouchez une bonne bouteille de Bourgogne (si votre bœuf est du Charolais, l’alliance géographique sera parfaite) et dégustez !

Photographie : Fabien Imhof

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Mathieu Bernhard, professeur de français[Évoquant la semaine de lecture]

Nicole Hecquet-Noti, professeure de latin[Parlant de la campagne en Gaule de Jules César]

Emma Depledge, professeure d’anglais[À propos d'un portrait d'homme (John Bunyan) légère-ment déformé sur une diapositive]

Bjorn Paarmann, professeur d’histoire ancienne

Karel Bosco, professeur d’histoire contemporaine

Un étudiant

jEUx

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Phrases R.E.E.L.

R.E.E.L. vous présente quelques phrases glanées au gré des humeurs de vos professeurs. Si vous aussi vous entendez des phrases mémorables, envoyez-les à [email protected].

Philipp Benedict, professeur d’histoire moderne[Après avoir confondu deux étudiantes]

Nicolas Fornerod, professeur d’histoire moderne

Michel Porret, professeur d’histoire moderne

Frédéric Tinguely, professeur de français

« Les protestants comparaient les catholiques à des nettoyeurs de latrines. Ils étaient tellement dans la merde qu’ils ne la sentaient plus. »

« Elle est belle la signature de Jean Calvin, non ? Moi je voulais faire des t-shirts avec cette signature, mais je n'arrive pas à trouver les collaborateurs pour financer ce projet. Pourtant, je suis sûr que ça aurait beaucoup de succès avec les touristes américains. »

« Comme son nom l’indique, il s’agit d’une semaine qui devrait être consacrée à la lecture. Pour ma part, je vais en profiter pour me reposer et je pense que vous ferez pareil. »

« Les spartiates avaient des problèmes parce qu'ils avaient des demi-esclaves qui faisaient sans cesse des petites résurrections. »

« Vous avez de la chance de me voir. Tout à l’heure, j’avais très mal à la tête. Je me suis assis dans mon fau-teuil et je me suis endormi. J’ai été réveillé juste mainte-nant par un oiseau. Alors, si vous ne me voyez pas venir, frappez à ma porte. »

« L’histoire, c’est pas un salami. »

« Quand il est en Gaule, il n'est pas à Rome. »

« Les parents aimaient leurs enfants, même les petits bébés qui meurent. »

« En réalité, il n'était pas aussi gros, c'est juste un pro-blème de format. »

« C'est que vous êtes un peu similaires de forme géné-rale. »

« Sitting Bull a dit : "Nous sommes peut-être frères, nous verrons"…- Eh ben ils ont vu ! »

« Lincoln, sur la question de l'esclavage, il n’était pas tout noir ou tout blanc. »

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Mot caché : équipe suisse couronnée en 2003 et en 2007

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Horizontal

1: Meilleur tennisman suisse en 2013.2: Défaite ou coup au tennis.3: Le gardien en a besoin.4: Capitaine du Bayern Munich et premier buteur de la Coupe du monde 2006.5: Sport pour lequel il ne faut pas hésiter à se mouiller.6: Origine de nombreux sports, la marche qui y est associée est très à la mode.7: Sans lui, rien n’est possible.8: Nécessaire pour entrer au stade.9: Même la terre peut être battue dans ce sport.10: Certaines rencontres ont ce but.11: Nation championne du monde de foot en 2006.12: Sport préféré d’un des créateurs de ce jeu.13: Ils ont eu lieu à Sotchi.14: Rappelle la médaille du vainqueur.15: Nom de deux ballons d’or.16: Thème de ce jeu.

Vertical

1. Premier britannique vainqueur du Tour de France.

« Ces jeux d'un niveau olympique vous ont été proposés par Fabien Imhof et Pierre-Hugues Meyer »

Sécurité renforçée à Sotchi Mots croisés : Sport

8: Président (suisse) de la FIFA.14: Seul club français vainqueur de la Ligue des champions.17: Désigne un vainqueur anglais.18: Joueur de Naples et capitaine de l’équipe nationale suisse de football.19: Tenue portée par les sportifs.20: Plus grand club français des années 2000.21: Ni une victoire ni une défaite.22: En football, permet de marquer des buts ou d’envoyer valser des italiens (même si la seconde utilisation est plus polémique).23: Élément primordial en voile.24: Ville connue pour avoir organisé les premiers jeux olympiques modernes.25: Moyen de gagner très utilisé en sport, même s’il est peu licite.26: En tennis, désigne une balle qui tombe en dehors des lignes du court.27: Lieu où se pratique généralement le sport.28: Coureur cycliste espagnol champion olympique en 2008.29: Recordman du nombre de Ballon d’Or.30: En boxe, se dit d’un sportif inapte à poursuivre le combat.31: Skieur autrichien vainqueur du classement général de la Coupe du monde en 2006.32: Joueur français d’Arsenal connu pour les longs spaghettis qui lui servent de cheveux.33: Abréviation du sport le plus populaire.

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REMERCIEMENTS- 24 -

REMERCIEMENTS

Pour la rentrée de R.E.E.L., votre journal préféré vous propose de vous éloigner un moment de vos cours et de vous amuser en fêtant en compagnie de son équipe la sortie de ce huitième numéro.

R.E.E.L. vous invite donc au Chat Noir* le samedi 01 mars à 20h30. Cette soirée restera privée jusqu’à 22h00, mais durera jusqu’à la fermeture de l’établisse-ment.

L’entrée pour toute la soirée vous coûtera CHF 5.- avec prélocation ou CHF 10.- sur place. R.E.E.L. vous off re votre première bière ou minérale !

Les prélocations seront en vente tous les jours du lundi 24 au vendredi 28 février dans le hall d’Uni Bastions, à chaque fois de 11h30 à 14h30, et le 26 février dans le hall d’Uni Mail.

Nous vous donnons donc rendez-vous le samedi 1er mars à 20h30 au numéro 13 rue Vautier et nous nous réjouissons de tous vous y voir !

* : Le Chat Noir est interdit aux moins de 18 ans.

Vernissage de R.E.E.L. au Chat Noir !

Un grand merci à la CGTF, à la Faculté des Lettres, à l’Association des étudiants en Lettres, à la Comédie de Genève et au Chat Noir pour leur soutien, sans lequel ce journal ne serait pas entre vos mains aujourd’hui ; à Cé-line Voyame et Silvain Correvon pour leur travail sur tous les aspects graphiques ; à Robin Junod pour ses des-sins pleins d’humour ; et fi nalement à Samuel Freitas, Lara Jost, Marie-Sophie Péclard, Aurélie Pullara, Sonia Russo, Jade Sercomanens et Noémie Zwicky pour leurs corrections toujours avisées.

REMERCIEMENTS

Envie d’écrire ? Rejoignez l’équipe de R.E.E.L. !Envoyez-nous vos articles à l’adresse [email protected]. Le sujet est totalement libre. Si vous entendez une phrase mémorable, n’hésitez pas à nous l’envoyez aussi !

La date limite pour la prochaine version papier est fi xée au dimanche 09 mars, mais notre site internet (www.reelgeneve.ch) est en permanence à votre disposition pour vos articles.

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