regimesjiscaux en europe: leforfait d toutes les …...la base du regime «resident statut....

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MARDI 7 FEVRIER 2017 LE TEMPS Refcrouwsz tous les invites et les analyses sur: www.letemps.cln/forum_eco/ RegimesJiscaux en Europe: leforfait d toutes les sauces! Quand la couverture est trop petite, chacun la tire a lui, aux frais de la solidarite et de certains grands principes, ecartes plus ou moins vite et discretement... Cest ainsi que Ton voit fleurir partout en Europe diverses initiatives fis- cales incitatives pour inviter les plus fortunes a venir sinstaller dans un autre pays. He au milieu de 1Europe, la Suisse connait depuis longtemps la concurrence fiscale entre can- tons. Dun point de vue helve- tique, il ny a done pas de quoi etre choque en constatant que des Etats europeens se livrent a une concurrence fiscale. Mais que oela ne soit pas une excuse pour 1apa- thie: il est imperatif de se deman- der dans quelle mesure la Suisse reste interessante sur le plan international. Les surprises ne manquent en effet pas, et dies ne viennent pas toujours dou Ton pourrait croire. Les offres incroyables faites par divers Etats - quils penchent a droite ou a gauche! - pour appater le riche chaland meritent reflexion, ce dautant lorsque Ton se souvient a quel point le sujet du «forfait» a pu faire couler de 1encre en Suisse et etre instru- mentalise politiquement a 1exces par certains. Faisons ainsi un href tour dho- rizon des differents instruments a disposition des contribuables fortunes pour setablir avec des solutions fiscales «sur mesure*. Pour memoire, en Suisse, 1im- position dapres la depense, ou «forfait», constitue un accord fiscal indeniablement attractif puisquil permet a ceux qui y sont permettant aux contribuables, y dans quelle mesure le Brexit et la assujettis detre imposes sur la compris anglais, de (re-)venir y baisse veftigineuse de la livre base de leurs depenses presu- mees. Cette solution tres pragma- tique et seduisante nest toutefois pas a la portee de tous, les contri- buables vises devant etre en mesure de supporter des impots minimums annuels de 1ordre de 150000 francs a 200000 francs, selon le canton concerne. Toute nouvelle initiative en Ita- lic: juste avant de ceder sa place, Matteo Renzi a mis en oeuvre, en toute discretion, un systeme dont la portee est encore incertaine mais Iattractivite indeniable. Le «forfait a Iitalienne* permettra a present aux fortunes etrangeres, mais aussi italiennes, de setablir en Itaiie (sous certaines condi- tions) en plafonnant leurs impots a 100000 euros sur tous revenus de source etrangere encaisses pendant une annee fiscale. De plus, ces contribuables ne seront soumis ni a Iimpot sur les succes- sions ni a celui sur les donations sur les avoirs a 1etranger, ouvrant par la nombre doptions interes- santes pour une planification successorale efficace. Il est trop tot pour tirer un bilan de cette offensive italienne tres agressive mais il est evident quelle constitue un instrument attractif qui ne manquera pas de susciter un large interet. La principale fai- blesse du «forfait a Iitalienne* demeure ancree dans la mefiance legitime que 1on peut conserver envers 1Etat italien et la relative instabilite politique du pays. Rappelons que 1Angleterre offre elle aussi un «forfait a Ianglaise*, etablir leur residence fiscale sur sterling auront un impact sur ce la base du regime «resident statut. non-domiciled». Ce systeme per- Et la liste des pays offrant un met a ses beneficiaires de netre regime «forfaitaire» ne sarrete taxes que sur les fonds ramenes pas la: Malte, Chypre, le Portugal en Angleterre («remitted»). Les et 1Espagne proposent eux aussi revenus de source etrangere des solutions. Meme la France a conserves a 1etranger ne seront ses niches dexception, par ainsi pas imposes. exemple pour un grand collec- tionneur dart. Monaco offre encore une fiscalite zero mais des loyers exorbitants! Ce bref survol demontre la rude concurrence entre Etats et la rea- lite bien eloignee des dogmes. Il faut ainsi feliciter la clairvoyance des peuples suisse et genevois qui ont reaffirme leur soutien aux forfaits fiscaux en novembre 2014, tant au niveau federal que cantonal a Geneve. La concur- rence fiscale existe, elle est rude mais egalement saine. Elle est surtout une realite ineluctable que nos voisins pratiquent inde- pendamment de leurs orienta- tions politiques et de 1etat de leurs budgets. La Suisse na pas a rougir de ses pratiques et se doit au contraire de defendre un sys- teme intelligent et economique- ment interessant pour les finances publiques, avec des retombees indirectes impor- tantes pour les entreprises et prestataires de services locaux. «La concurrence fiscale existe, elle est rude mais egalement saine » Couple a une politique dimmi- gration attractive (qualite de vie, ecole, langue «internationale») et au dynamisme de Londres, le succes de ce statut fiscal ne se dement pas depuis des decen- nies, en particulier pour la clien- tele russophone et du Moyen- Orient. Des abus ont toutefois ete commis, provoquant un dureis- sement des regies, avec 1augmen- tation (jusqua 90000 livres ster- ling) de Iimpot de base du pour devenir «non-dom» et a 1intro- duction dune duree maximale de quinze ans. Lavenir nous dira JUUENTR0N AVOCAT, MEYERLUSTENBERGER LACHENAL, GENEVE

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MARDI 7 FEVRIER 2017LE TEMPS

Refcrouwsz tous les invites et les analyses sur: www.letemps.cln/forum_eco/

Regimes Jiscaux en Europe: le forfait d toutes les sauces!Quand la couverture est trop

petite, chacun la tire a lui, aux frais de la solidarite et de certains grands principes, ecartes plus ou moins vite et discretement... C’est ainsi que Ton voit fleurir partout en Europe diverses initiatives fis- cales incitatives pour inviter les plus fortunes a venir s’installer dans un autre pays.

He au milieu de 1’Europe, la Suisse connait depuis longtemps la concurrence fiscale entre can­tons. D’un point de vue helve- tique, il n’y a done pas de quoi etre choque en constatant que des Etats europeens se livrent a une concurrence fiscale. Mais que oela ne soit pas une excuse pour 1’apa- thie: il est imperatif de se deman- der dans quelle mesure la Suisse reste interessante sur le plan international. Les surprises ne manquent en effet pas, et dies ne viennent pas toujours d’ou Ton pourrait croire.

Les offres incroyables faites par divers Etats - qu’ils penchent a droite ou a gauche! - pour appater le riche chaland meritent reflexion, ce d’autant lorsque Ton se souvient a quel point le sujet du «forfait» a pu faire couler de 1’encre en Suisse et etre instru- mentalise politiquement a 1’exces par certains.

Faisons ainsi un href tour d’ho- rizon des differents instruments a disposition des contribuables fortunes pour s’etablir avec des solutions fiscales «sur mesure*.

Pour memoire, en Suisse, 1’im- position d’apres la depense, ou «forfait», constitue un accord fiscal indeniablement attractif

puisqu’il permet a ceux qui y sont permettant aux contribuables, y dans quelle mesure le Brexit et la assujettis d’etre imposes sur la compris anglais, de (re-)venir y baisse veftigineuse de la livre base de leurs depenses presu- mees. Cette solution tres pragma- tique et seduisante n’est toutefois pas a la portee de tous, les contri­buables vises devant etre en mesure de supporter des impots minimums annuels de 1’ordre de 150000 francs a 200000 francs, selon le canton concerne.

Toute nouvelle initiative en Ita­lic: juste avant de ceder sa place,Matteo Renzi a mis en oeuvre, en toute discretion, un systeme dont la portee est encore incertaine mais I’attractivite indeniable. Le «forfait a I’italienne* permettra a present aux fortunes etrangeres, mais aussi italiennes, de s’etablir en Itaiie (sous certaines condi­tions) en plafonnant leurs impots a 100000 euros sur tous revenus de source etrangere encaisses pendant une annee fiscale. De plus, ces contribuables ne seront soumis ni a I’impot sur les succes­sions ni a celui sur les donations sur les avoirs a 1’etranger, ouvrant par la nombre d’options interes- santes pour une planification successorale efficace.

Il est trop tot pour tirer un bilan de cette offensive italienne tres agressive mais il est evident qu’elle constitue un instrument attractif qui ne manquera pas de susciter un large interet. La principale fai- blesse du «forfait a I’italienne* demeure ancree dans la mefiance legitime que 1’on peut conserver envers 1’Etat italien et la relative instabilite politique du pays.

Rappelons que 1’Angleterre offre elle aussi un «forfait a I’anglaise*,

etablir leur residence fiscale sur sterling auront un impact sur ce la base du regime «resident statut.non-domiciled». Ce systeme per- Et la liste des pays offrant un met a ses beneficiaires de n’etre regime «forfaitaire» ne s’arrete taxes que sur les fonds ramenes pas la: Malte, Chypre, le Portugal en Angleterre («remitted»). Les et 1’Espagne proposent eux aussi revenus de source etrangere des solutions. Meme la France a conserves a 1’etranger ne seront ses niches d’exception, par ainsi pas imposes. exemple pour un grand collec-

tionneur d’art. Monaco offre encore une fiscalite zero mais desloyers exorbitants!

Ce bref survol demontre la rude concurrence entre Etats et la rea- lite bien eloignee des dogmes. Il faut ainsi feliciter la clairvoyance des peuples suisse et genevois qui ont reaffirme leur soutien aux forfaits fiscaux en novembre 2014, tant au niveau federal que cantonal a Geneve. La concur­rence fiscale existe, elle est rude mais egalement saine. Elle est surtout une realite ineluctable que nos voisins pratiquent inde- pendamment de leurs orienta­tions politiques et de 1’etat de leurs budgets. La Suisse n’a pas a rougir de ses pratiques et se doit au contraire de defendre un sys­teme intelligent et economique- ment interessant pour les finances publiques, avec des retombees indirectes impor- tantes pour les entreprises et prestataires de services locaux. ■

«La concurrence fiscale existe, elle est rude mais egalement saine »

Couple a une politique d’immi- gration attractive (qualite de vie, ecole, langue «internationale») et au dynamisme de Londres, le succes de ce statut fiscal ne se dement pas depuis des decen- nies, en particulier pour la clien­tele russophone et du Moyen- Orient. Des abus ont toutefois ete commis, provoquant un dureis- sement des regies, avec 1’augmen- tation (jusqu’a 90000 livres ster­ling) de I’impot de base du pour devenir «non-dom» et a 1’intro- duction d’une duree maximale de quinze ans. L’avenir nous dira

JUUENTR0NAVOCAT, MEYERLUSTENBERGER LACHENAL, GENEVE