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L’eau en poésie

REPONDRE A LA QUESTION SUR LE CORPUS (pas plus d’une heure, 30 à 60 lignes maximum)

Question : L’eau est-elle un symbole1 dans les textes du corpus ? 1 Symbole : une image évoquant quelque chose d’autre : la rose peut être simplement une fleur, mais aussi le symbole de l’amour, ou celui du parti socialiste.

L’ANALYSE AU BROUILLON : 1° Surlignez les mots clefs de la question : « L’eau est elle un symbole dans les textes du corpus? »

2° Dans les textes surlignez les exemples qui permettent de répondre à la question. (Voir ci-dessous)

Et notez vos analyses sur le brouillon

Texte A. La Fontaine, « Le Cerf se voyant dans l'eau » Texte B. Victor Hugo, « Un jour, je vis… »

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Dans le cristal d'une fontaine miroir Un Cerf se mirant autrefois métaphore Louait la beauté de son bois1, narcissisme Et ne pouvait qu'avecque peine Souffrir ses jambes de fuseaux2, Dont il voyait l'objet se perdre dans les eaux. lieu « Quelle proportion de mes pieds à ma tête ! Disait-il en voyant leur ombre avec douleur : Des taillis les plus hauts mon front atteint le faîte3 ; Mes pieds ne me font point d'honneur. » Tout en parlant de la sorte, Un limier4 le fait partir ; Il tâche de se garantir5 ; Dans les forêts il s'emporte6. Son bois, dommageable ornement, L'arrêtant à chaque moment, Nuit à l'office7 que lui rendent Ses pieds, de qui ses jours dépendent. Il se dédit alors, et maudit les présents Que le Ciel lui fait tous les ans8. Nous faisons cas du Beau, nous méprisons l'Utile ; Et le Beau souvent nous détruit. Ce Cerf blâme ses pieds qui le rendent agile ; Il estime un bois qui lui nuit.

1 UN jour je vis, debout au bord des flots mouvants, Passer, gonflant ses voiles, lieu Un rapide navire enveloppé de vents, De vagues et d’étoiles ; lieu Et j’entendis, penché sur l’abîme des cieux, 5 Que l’autre abîme touche, Me parler à l’oreille une voix dont mes yeux Ne voyaient pas la bouche : « Poète, tu fais bien ! poète au triste front, Tu rêves près des ondes, 10 Et tu tires des mers bien des choses qui sont Sous les vagues profondes ! métaphore inspiration La mer, c’est le Seigneur9, que, misère ou bonheur, Tout destin montre et nomme ; Le vent, c’est le Seigneur ; l’astre, c’est le Seigneur ; 15 Le navire, c’est l’homme. » Symbole de dieu explicite : le destin

1 « ses bois » : les cornes du cerf 2 « de fuseaux » : maigres 3 « Le faîte » : le sommet 4 « un limier : un chien de chasse 5 «tâche à se garantir » : tâche de se protéger 6 « Il s’emporte » : il s’enfuit 7 « à l’office » : aux services 8 les bois des cerfs repoussent tous les ans 9. « Le Seigneur » : Dieu

Texte C : Baudelaire, « L'Homme et la Mer »

Homme libre, toujours tu chériras la mer! La mer est ton miroir; tu contemples ton âme Dans le déroulement infini de sa lame1, Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer. Miroir, métaphore âme humaine 5 Tu te plais à plonger au sein de ton image; Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton cœur Se distrait quelquefois de sa propre rumeur 2 Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage. Personnification : mer = intériorité Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets: 10 Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes; O mer, nul ne connaît tes richesses intimes, Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets! Personnification + louange Et cependant voilà des siècles innombrables Que vous vous combattez sans pitié ni remords, 15 Tellement vous aimez le carnage et la mort, O lutteurs éternels, ô frères implacables! Personnification => dimension épique 1. lame : vague 2. rumeur : bruit, tumulte

Texte D : Guillaume Apollinaire : "Le pont Mirabeau",

1 Sous le pont Mirabeau coule la Seine lieu Et nos amours Faut-il qu'il m'en souvienne La joie venait toujours après la peine

5 Vienne1 la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure

Les mains dans les mains restons face à face Tandis que sous Le pont de nos bras passe 10 Des éternels regards l'onde si lasse Personnification

Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure

L'amour s'en va comme cette eau courante L'amour s'en va comparaison ; eau = fuite, disparition 15 Comme la vie est lente Et comme l'Espérance est violente

Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure

Passent les jours et passent les semaines 20 Ni temps passé

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L’eau en poésie

Ni les amours reviennent Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure lieu

1 « Vienne la nuit » : que vienne la nuit

3° Essayez de trouver deux ou trois arguments qui constitueront votre plan de réponse (Un § par argument)

LE PLAN DE REPONSE AU BROUILLON ! § Dans la plupart des poèmes, l’eau n’est pas un symbole au premier abord, elle fait partie du cadre spatial (LF = une fontaine, Hugo = la mer, Apollinaire : la Seine) procédés : compléments de lieu « dans les eaux » « au bord des flots mouvants »

§ Elle peut prendre une dimension symbolique

La Fontaine : le miroir, symbole de Narcisse, métaphore du cristal « Dans le cristal d'une fontaine »

Hugo : « Le seigneur » symbole du destin, métaphore v.12 « La mer, c’est le Seigneur9, que, misère ou bonheur,/Tout destin montre et nomme ; »

Apollinaire : le temps qui passe, personnification « L'amour s'en va comme cette eau courante «

Hugo et Baudelaire y voient une source d’inspiration intérieure ; « Et tu tires des mers bien des choses qui sont

Sous les vagues profondes ! (Hugo v . 11) « Tu te plais à plonger au sein de ton image; » (Baudelaire v. 5)

§ Mais seul Baudelaire fait de la mer un symbole très complet de l’esprit humain grâce à des métaphores filées

(Baudelaire = modèle des symbolistes)

Vérifiez que chacun des arguments répond bien à la question posée !

REDIGEZ Intro : présentation du corpus et de la question

2 ou 3 paragraphes (un par argument avec plusieurs exemples analysés)

Une conclusion rapide (deux lignes) qui revient sur la question posée en donnant une réponse synthétique.

Exemple de réponse rédigée à une autre question assez proche, mais différente…

Q : Quels liens établissent les poètes entre l’eau et la poésie ?

Le corpus est composé de quatre poèmes évoquant l’eau, une Ode de Ronsard « A la Fontaine Bellerie », publiée en 1550, un sonnet de Marbeuf adressé « A Philis » extrait de Recueil de vers datant de 1688, le poème en prose « Ondine » paru en 1842 dans Gaspard de la Nuit d’Aloysius Bertrand et un poème d’Éluard « La Plage » illustrant un dessin de Man Ray publié en 1936 dans le recueil Les Main libres. Quels liens établissent les poètes entre l’eau et la création poétique?

D’abord, certains poètes établissent un lien musical entre l’eau et la poésie. La Fontaine Bellerie de Ronsard est « jasarde » (v. 34). Elle émet « un enroué bruit » que soulignent les allitérations en [r]. De même, Ondine, le personnage d’Aloysius Bertrand tente d’enchanter le poète par une « chanson murmurée » (l. 10). Quant à Marbeuf et Éluard, ils imitent dans leurs poèmes le rythme de la mer : certains alexandrins de Marbeuf sont balancés comme le rythme des vagues : « Et la mer et l’amour ont l’amer pour partage,/Et la mer est amère, et l’amour est amer » (v. 1-2), selon une régularité que l’on retrouve dans le troisième vers de « La Plage » : « De ciel et d’eau d’air et de sable ». Qu’il s’agisse de la source ou de la mer, l’eau est un élément qui suscite l’inspiration des poètes, par son rythme, ses sonorités, mais aussi sa symbolique féminine.

En effet, l’eau est parfois assimilée à la muse. Ronsard personnifie ainsi la Fontaine Bellerie lorsqu’il lui déclare : « Tu es la nymphe éternelle/ De ma terre paternelle » (v. 8-9) ; il lui adresse des offrandes et une ode, comme à Cassandre. Dans le dessin de Man Ray qui a inspiré le poème d’Eluard une gigantesque figure féminine est allongée dans le ciel, au dessus des minuscules baigneurs assis sur la plage. Elle semble veilleur sur eux. L’eau/nymphe peut donc jouer un rôle de protectrice, comme la source de Ronsard qui abrite le poète, les bergers et les troupeaux de la canicule.

Mais elle peut aussi jouer d’autres rôles. Aloysius Bertrand, de son côté, est tenté par la figure aquatique et ensorceleuse d’Ondine, (peut-être une allégorie de l’imagination), qui lui propose d’« être le roi des lacs » (l. 11) mais il la repousse pour « une mortelle » (l. 12). Cependant, leur bref échange a donné naissance au poème « Ondine ». Chez Marbeuf, le rapport est plus subtil : le poète compare les dangers de la mer à ceux de l’amour. Cependant, il regrette dans la chute que la « mer de [ses] larmes » (v. 14) ne puisse éteindre sa souffrance. Peut-être la transposition de cette souffrance en un sonnet élégiaque est-elle plus efficace ?

Les liens entre l’eau et la poésie sont donc variés et complexes. Il est intéressant de noter que les images aquatiques sont souvent assimilées à des figures féminines protectrices (la muse), ou tentatrices (comme les sirènes) selon le point de vue de l’écrivain.