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Responsabilité et Assurance Construction Mise à Jour août 2007 DJF/ASS - 07-226 – août 2007 1

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Responsabilité entre maitre d'ouvrage, maitre d'ouvrage délégué, maitre d'oeuvre et entrepreneur en matière de construction

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  • RReessppoonnssaabbiilliitt eett AAssssuurraannccee CCoonnssttrruuccttiioonn Mise Jour aot 2007

    DJF/ASS - 07-226 aot 2007 1

  • F.F.B. Responsabilit et Assurance Construction

    Sommaire

    Pages LES RESPONSABILITES EN MATIERE DE CONSTRUCTION LES ACTEURS DE LA CONSTRUCTION

    4

    LA CHARGE DES RISQUES AVANT RECEPTION 6

    UNE ETAPE ESSENTIELLE : LA RECEPTION .. 10

    LA LOI DU 4 JANVIER 1978 - LES GARANTIES DUES PAR LENTREPRENEUR . 19 La garantie de parfait achvement .. 24 La responsabilit dcennale . 27 La garantie de bon fonctionnement . 40

    LA RESPONSABILITE CONTRACTUELLE EN MARGE DES GARANTIES LEGALES Applications classiques . 44 Les lments dquipements usage exclusivement professionnel . 47

    LE CAS PARTICULIER DU SOUS-TRAITANT .. Responsabilit lgard de lentrepreneur principal .. 51 Responsabilit lgard du matre douvrage . 53 Les dlais de prescription .. 55

    RESPONSABILITE SOLIDAIRE DU FABRICANT DEPERS 57

    LASSURANCE CONSTRUCTION

    LE SYSTEME DE LASSURANCE CONSTRUCTION 64

    LASSURANCE DECENNALE OBLIGATOIRE 65

    LES GARANTIES FACULTATIVES .. 78

    LES SOLUTIONS DASSURANCE 86

    LES MODALITES DE GESTION

    LE RISQUE A ASSURER ET LES LIMITES DE LASSURANCE . 105

    LA GESTION DES SINISTRES .. 111

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  • F.F.B. Responsabilit et Assurance Construction

    1re PARTIE

    LES RESPONSABILITES EN

    MATIERE DE

    CONSTRUCTION

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  • F.F.B. Responsabilit et Assurance Construction

    LES ACTEURS DE LA CONSTRUCTION

    Lopration de construction sarticule principalement autour de trois grandes fonctions : matrise douvrage, matrise duvre et ralisation. I LA MAITRISE DOUVRAGE Le matre douvrage est la personne physique ou morale pour le compte de laquelle sont effectus les travaux. Son rle est de dfinir le programme de construction en fixant ses exigences en matire de prix, dlais, qualit. Il veille au bon droulement de lopration de construction et devra procder la rception de celle-ci, une fois termine.

    Les matres douvrage peuvent tre des personnes morales de droit public (Etat, collectivits locales), des personnes prives, physiques ou morales (particuliers, socit civile), des matres douvrage professionnels qui font construire en vue de la revente (vendeur, promoteur).

    Un matre douvrage dlgu est le mandataire du matre douvrage. Il conduit lopration de construction pour son compte. II LA MAITRISE DOEUVRE En fonction de la mission que lui confie le matre douvrage, le matre duvre conoit louvrage, dirige et contrle lexcution des travaux. Il est charg des fonctions architecturale, technique et conomique. Il peut galement assister le matre douvrage lors de la rception des travaux. Les matres duvre peuvent tre des architectes, des ingnieurs-conseils, des bureaux dtudes techniques, et tous autres techniciens III LES ENTREPRENEURS Ils construisent louvrage. Ce sont donc les entreprises titulaires dun march de travaux. Ce peut tre une entreprise gnrale ou, au contraire, une entreprise titulaire seulement dun lot, voire une entreprise sous-traitante. La diffrence tient aux relations contractuelles quelles ont avec le matre douvrage ou avec les autres intervenants : lentreprise gnrale, titulaire dun march unique pass avec le matre douvrage, est engage pour la totalit des travaux ; lentreprise titulaire dun lot nest engage qu lgard des travaux relevant de sa comptence (maonnerie, peinture, lectricit.) ; lentreprise sous-traitante nest pas lie contractuellement au matre douvrage.

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  • F.F.B. Responsabilit et Assurance Construction

    IV LE CONTROLEUR TECHNIQUE Cest une personne agre par le ministre charg de la construction. Son rle, inscrit dans la loi du 4 janvier 1978 sur lassurance construction, est de contribuer la prvention des diffrents alas techniques susceptibles d'tre rencontrs dans la ralisation des ouvrages . Il intervient la demande du matre de l'ouvrage et donne son avis ce dernier sur les problmes d'ordre technique . Ses avis portent notamment sur les problmes qui concernent la solidit de l'ouvrage et la scurit des personnes . Sa prsence ne dcharge en rien les autres intervenants des responsabilits leur incombant en tant que constructeurs. V LES NEGOCIANTS - FABRICANTS

    Les ngociants - fabricants fournissent les divers matriaux, composants ou lments dquipement ncessaires la ralisation de louvrage. Ils sont gnralement lis aux entrepreneurs, mais sous certaines conditions, ils seront solidairement responsables au titre du rgime dcennal avec lentreprise titulaire du march, vis--vis du matre douvrage.

    Matre douvrage Personne pour le compte de laquelle est ralis louvrage : - particulier - socit civile - promoteur - Etat ou collectivit locale

    Contrat de louage douvrage

    Entrepreneurs Construisent louvrage

    - entreprise gnrale - entreprise titulaire dun lot

    Matre duvre Conoit louvrage, dirige et contrle lexcution des travaux

    - architectes - ingnieurs - bureaux dtudes techniques

    Contrat de louage douvrage

    Contrat de sous-traitance

    Entreprise sous-traitance

    Fabricants

    Contrleur technique

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    LA CHARGE DES RISQUES AFFECTANT LES TRAVAUX

    DE LENTREPRISE AVANT RECEPTION

    Lentrepreneur est li au matre douvrage par un contrat de louage douvrage. Au titre de son contrat, il est tenu envers son donneur dexcuter les travaux convenus dans le dlai prvu (articles 1779-3 et suivants du Code civil).

    Lentrepreneur nest pas un simple excutant, il est un acteur de la construction. En effet, la ralisation par lentrepreneur, de louvrage command, ne se limite pas seulement lassemblage des matriaux entre eux. Le choix des matriaux et leur contrle accompagnent bien videmment lexcution des travaux et lentrepreneur se voit galement mettre sa charge une obligation de conseil lgard de tous les intervenants du chantier, et plus particulirement lgard du matre d'ouvrage. Nous laisserons de ct tout ce qui touche lexcution du march, pour nous pencher plus particulirement sur les articles 1788, 1789 et 1790 du code civil qui font peser sur l'entrepreneur la charge des dommages affectant ses travaux en cours de construction. Il ne sagit pas ici dune question de responsabilit, il sagit de dterminer qui, de l'entrepreneur ou du matre d'ouvrage, doit supporter la charge des risques de perte des travaux dj raliss. L'entrepreneur tant tenu de livrer un ouvrage exempt de vice, le code civil met sa charge la perte de ses travaux avant leur rception. Deux situations doivent cependant tre distingues selon que l'entrepreneur :

    FOURNIT LA MATIERE = article 1788 du code civil NE FOURNIT PAS LA MATIERE = articles 1789 et 1790 du code civil Nous limiterons aujourdhui notre tude au 1er cas qui constitue la grande majorit des situations. LENTREPRENEUR FOURNIT LA MATIERE Fournir la matire signifie fournir les matriaux ncessaires la ralisation des travaux commands, et puis les mettre en oeuvre. Les dispositions de larticle 1788 du code civil sappliquent a priori dans ce cadre : si dans le cas o louvrier fournit la matire, la chose vient prir, de quelque manire que ce

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  • F.F.B. Responsabilit et Assurance Construction

    soit, avant dtre livre, la perte en est pour louvrier, moins que le matre ne ft en demeure de recevoir la chose . A Lobligation porte sur les seuls travaux de lentrepreneur C'est--dire :

    - louvrage ou la partie douvrage quil avait ralis, au moment de la perte. - et en cas de travaux sur des existants, sur les travaux neufs raliss par

    l'entrepreneur (et non sur la partie ancienne de limmeuble qui reste soumise aux rgles classiques de la responsabilit).

    B - Quels sont les dommages concerns ? TOUS : quelle quen soit lorigine (inexcution ou vnement extrieur). Cela englobe donc toute altration de louvrage qui empcherait sa livraison, conformment au march pass entre l'entrepreneur et son client.

    Perte signifie donc selon le code civil, destruction totale ou partielle dune partie douvrage ou de lensemble de louvrage ainsi que les dommages, quels quils soient, survenus en cours dexcution sur louvrage de l'entrepreneur. C - Quels sont les vnements qui peuvent tre lorigine des dommages

    concerns ? . Principe : TOUS . Consquences : aucune cause nest exclue de ce rgime, mme la force majeure (Cass. Civ.

    3, 29/01/98, RDI 1998-2).

    Louvrage de l'entrepreneur pourra avoir t atteint par un incendie, un vol, par vandalisme mais aussi par un attentat, une catastrophe naturelle, une tempte... cela peut tre aussi un dfaut de la construction (ex. : dsordre inesthtique Cass. Civ. 3 19/06/96 et 3/07/96 RDI 4 1996, 581) ou le fait dun autre entrepreneur. D - Qui supporte les risques de perte de louvrage avant rception ? . Principe : L'ENTREPRENEUR pour ses travaux jusqu leur livraison au client.

    . Consquences : - l'entrepreneur supporte les risques de louvrage qui lui a t command face au

    matre d'ouvrage, - le sous-traitant supporte les risques de son ouvrage face l'entrepreneur

    principal (Cass. Civ. 2/11/83). E - Pendant combien de temps l'entrepreneur supporte-t-il ces risques ? Du commencement des travaux jusquau moment o louvrage est en tat dtre livr au matre d'ouvrage. Le terme rception (article 1792-6 du Code civil) tend recouvrir automatiquement le terme livraison (article 1788 du Code civil).

    Pour tre dcharg de son obligation vis--vis du matre d'ouvrage, il appartient l'entrepreneur dapporter la preuve que les travaux taient en tat dtre livrs et quil lavait fait savoir au matre de louvrage (une clause de prise de possession de louvrage inscrite

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    dans le contrat ou une mise en demeure de recevoir les travaux adresse au matre d'ouvrage peuvent la limit tre utilises). F - Rgime juridique de larticle 1788 du code civil Le matre d'ouvrage dispose dun droit rparation AUTOMATIQUE sur chaque entrepreneur pour ses propres travaux.

    Cest une garantie et non une responsabilit. En consquence, sauf si lorigine est clairement impute au matre douvrage l'entrepreneur ne dispose daucune exonration possible, que louvrage ait t dtrior par suite de force majeure (catastrophe naturelle, tempte...) ou du fait de la faute dun tiers (autre l'entrepreneur par exemple), que les auteurs soient connus ou pas. G - Quelles sont les consquences pratiques pour l'entrepreneur ? Tout dpendra des circonstances, la preuve de ces circonstances tant la charge exclusive de l'entrepreneur : . Si force majeure tablie :

    - les obligations contractuelles seffacent pour le futur, - ni l'entrepreneur ni le matre d'ouvrage ne se doivent de dommages et intrts,

    mme sil y a rsiliation du contrat (Montpellier 1re Ch. 15/3/94), - le matre d'ouvrage doit se retrouver dans ltat o il tait au dpart, - cest--dire que l'entrepreneur ne sera pas rgl de ses travaux, - il devra rembourser les acomptes quil a reus (cass. civ. 3 15/11/95 Bull civ. III n 234),

    sauf sil excute les travaux convenus. . Si faute de l'entrepreneur est tablie (cela aggrave la situation par rapport la prcdente) :

    - l'entrepreneur ne sera pas rgl de ses travaux, - il devra rembourser les acomptes quil a reus, - il devra excuter ses frais louvrage convenu (Cass. Civ. 3 28/10/92), - il devra dventuels dommages et intrts au matre d'ouvrage si celui-ci a subi

    des prjudices complmentaires, mme sil y a rsiliation du contrat (cass. civ. 3 15/11/95 cit).

    . Si la cause de la perte de louvrage est inconnue :

    - l'entrepreneur ne sera pas rgl de ses travaux, - il devra rembourser les acomptes quil a reus, - il devra excuter ses frais louvrage convenu (cass. civ. 3 28/10/92), - on se reportera aux cas de rsiliation prvus par le contrat.

    . Si faute dun autre entrepreneur :

    - principe : chaque entrepreneur est tenu de ses propres travaux vis--vis du matre d'ouvrage. Le matre d'ouvrage dispose donc dun recours sur chaque entrepreneur pour lui demander de reprendre ses travaux,

    - il appartient l'entrepreneur dont les travaux sont altrs de refaire son travail ses frais et dexercer son recours contre le vritable responsable. Il lui appartiendra donc de prouver la faute de lentrepreneur fautif sur la base du rgime issu des articles 1382 et suivants du code civil,

    - le matre d'ouvrage nest pas tenu dattendre le rsultat dun ventuel recours, - il devra rembourser les acomptes quil a reus (cass. civ. 3 15/11/95 Bull civ. III n 234),

    sauf sil excute les travaux convenus, - le fait du sous-traitant nest pas exonratoire.

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    Lentrepreneur peut sassurer pour ce risque. Il dtermine avec son assureur les vnements quil souhaite voir assurer. H - Le chantier peut-il tre interrompu par suite des dommages louvrage de

    l'entrepreneur avant rception ? Aucune automaticit, il faut se reporter aux clauses du march. Si le cas nest pas prvu, le chantier ne doit pas sinterrompre, sauf ngociation avec le matre d'ouvrage. I - Validit des clauses drogeant au rgime de larticle 1788 du Code civil ?

    Ce rgime juridique nest pas dordre public

    Il est donc tout fait possible de droger, en tout ou partie, lapplication de ces rgles dans les clauses dun march. Do lintrt pour l'entrepreneur davoir veill, lors de la ngociation du march, faire insrer dans les documents contractuels des clauses spcifiques, par exemple en cas dinterruption de chantier pour une raison indpendante de son fait ou autre (cf. circulaire DJF n 52/93 du 9/04/93). Le CCAG -Travaux du 21 janvier 1976, applicable aux marchs publics de travaux qui sy rfrent expressment, prvoit que lexception des seules sujtions mentionnes dans le march comme ntant pas couvertes par les prix, ceux-ci sont rputs tenir compte de toutes les sujtions dexcution des travaux qui sont normalement prvisibles dans les conditions de temps et de lieu o sexcutent ces travaux Toutefois, larticle 18.3 du CCAG -Travaux prcise que en cas de pertes, avaries ou dommages provoqus sur ses chantiers par un phnomne naturel qui ntait pas normalement prvisible, ou en cas de force majeure, lentrepreneur peut tre indemnis pour le prjudice subi Ce fut le cas des temptes de dcembre 1999 en France.

    Lentrepreneur doit nanmoins, pour tre indemnis, avoir pris un minimum de prcautions :

    - avoir pris les dispositions ncessaires pour que les approvisionnements, matriels et installations de chantier ainsi que les ouvrages en construction ne puissent tre enlevs ou endommags par les temptes, les crues, la houle et tous autres phnomnes naturels normalement prvisibles dans les conditions de temps et de lieu o sexcutent les travaux (article 18.2 du CCAG -Travaux du 21 janvier 1976).

    - avoir signal immdiatement au matre duvre et au matre douvrage les faits par crit.

    En revanche, aucune indemnit ne peut tre accorde lentrepreneur pour perte totale ou partielle de son matriel flottant, les frais dassurance de ce matriel tant rputs compris dans les prix du march.

    Sur les conditions respectives dapplication des articles 1788 1790 et 1792 du Code civil (Versailles 4 Ch. 21/01/94, RDI 1994-3).

    ______________

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    UNE ETAPE ESSENTIELLE :

    LA RECEPTION DES TRAVAUX dans les marchs privs

    I - GENERALITES A - La dfinition

    La loi n 78-12 du 4 janvier 1978 relative la responsabilit et l'assurance dans le domaine de la construction, qui s'applique aux contrats relatifs aux chantiers dont la dclaration rglementaire d'ouverture (DROC) a t tablie postrieurement au 1er janvier 1979, institue un article 1792-6 du Code civil ainsi rdig : "La rception est l'acte par lequel le matre de l'ouvrage dclare accepter l'ouvrage avec ou sans rserves. Elle intervient la demande de la partie la plus diligente, soit l'amiable, soit dfaut judiciairement. Elle est, en tout tat de cause, prononce contradictoirement. La garantie de parfait achvement, laquelle l'entrepreneur est tenu pendant un dlai d'un an, compter de la rception, s'tend la rparation de tous les dsordres signals par le matre de l'ouvrage, soit au moyen de rserves mentionnes au procs-verbal de rception, soit par voie de notification crite pour ceux rvls postrieurement la rception. Les dlais ncessaires l'excution des travaux de rparation sont fixs d'un commun accord par le matre de l'ouvrage et l'entrepreneur concern. En l'absence d'un tel accord ou en cas d'inexcution dans le dlai fix, les travaux peuvent, aprs mise en demeure reste infructueuse, tre excuts aux frais et risques de l'entrepreneur dfaillant. L'excution des travaux exigs au titre de la garantie de parfait achvement est constate d'un commun accord, ou dfaut, judiciairement. La garantie ne s'tend pas au travaux ncessaires pour remdier aux effets de l'usure normale ou de l'usage." B - Les effets de la rception La rception, qu'elle soit prononce avec ou sans rserves, est un acte trs important et revt une importance fondamentale puisque sa date d'effet :

    - arrte le cours des pnalits de retard, le cas chant,

    - couvre les malfaons et les dfauts de conformit apparents s'ils n'ont pas fait l'objet de rserves,

    - entrane le transfert au matre de l'ouvrage de la garde de l'ouvrage et des risques qui y sont lis,

    - rend exigible le solde des travaux, sous rserve de la retenue de garantie ventuelle,

    - constitue le point de dpart du dlai de restitution de la retenue de garantie ou de libration de la caution qui la remplace,

    - constitue le point de dpart des garanties lgales : garantie de parfait achvement, garantie de bon fonctionnement et garantie dcennale (et bien souvent dsormais, de la responsabilit contractuelle de droit commun aprs rception).

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    Le point de dpart unique des responsabilits et garanties

    est donc la rception des travaux, avec ou sans rserves.

    Les garanties biennale et dcennale ne commencent pas courir le jour de la leve des rserves mais ds la rception (Cass. 3e ch. civ. 23 avril 1986). En consquence, tant que la rception nest pas prononce, le matre de louvrage peut faire jouer la responsabilit contractuelle de droit commun fonde sur larticle 1147 du Code civil et les entrepreneurs restent, ce titre, soumis une obligation de rsultat et gardien de leur ouvrage. Lassurance obligatoire de responsabilit dcennale des constructeurs, qui ne couvre que les dommages de nature dcennale, ne peut donc tre mise en uvre. La Norme AFNOR NF P 03-001, cahier des clauses administratives gnrales applicable aux travaux de btiment faisant lobjet de marchs privs (dition dcembre 2000), rappelle dans ses articles 17.1.2 et 17.1.3 que la rception libre l'entrepreneur de toutes ses obligations contractuelles autres que celles concernant la garantie de parfait achvement et que la date de rception est le point de dpart des responsabilits et garanties institues par les articles 1792, 1792-2, 1792-3, 1792-6 et 2270 du Code civil. II - LE CARACTERE D'ORDRE PUBLIC DE L'ARTICLE 1792-6 DU CODE CIVIL Larticle 1792-5 du Code civil nonce que les dispositions des articles 1792, 1792-1, 1792-2, 1792-3, 1792-4 et 1792-6 sont d'ordre public. III - LE PROCESSUS DE LA RECEPTION A - Un acte unique Au sens de larticle 1792-6 du code civil, la rception est unique. La Norme AFNOR NF P03-001 le rappelle en son article 17.1.1 : la rception "ne comporte pas de phase provisoire et est dfinitive en une seule fois". On ne doit pas confondre :

    la double rception qui n'existe plus (elle tait constitue d'une rception provisoire et d'une rception dfinitive, entranant chacune des effets juridiques distincts),

    les oprations pralables la rception, la pr-rception, qui constitue le constat de la bonne finition des ouvrages de corps

    d'tat ayant effectu des travaux en amont ; intervenant entre l'entrepreneur et le matre d'uvre, ou bien entre deux entrepreneurs (par exemple, en cas de sous-traitance), elle n'a pas valeur de rception,

    la rception partielle qui ne vaut rception que si le march le prvoit expressment ; elle concide avec des tranches de travaux, ou des catgories d'ouvrages d'un mme march, ou des btiments, mais trs rarement par corps d'tat ; la rception partielle des ouvrages ne peut constituer rception, que sil en a t convenu ainsi contractuellement.

    B - Qui la demande ? La rception est demande par la partie "la plus diligente".

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    Ainsi, l'entrepreneur qui a un intrt bien compris dclencher le processus des oprations de rception, pourra la demander ds qu'il considrera les travaux en tat dtre reus, et ce mme s'il reste quelques menues imperfections. L'entrepreneur demandera donc par crit en recommand avec accus de rception au matre de l'ouvrage, avec copie au matre d'uvre s'il existe, de bien vouloir lui indiquer le jour et l'heure auxquels il lui conviendrait de procder la visite de rception ; toutes fins utiles, il pourra mme proposer une date au matre d'ouvrage. La Norme AFNOR P 03-001 diffrencie (dans son article 17.2.1 "demande de rception"), le cas des entrepreneurs groups et celui des entrepreneurs spars ou de l'entrepreneur gnral. Pour les entrepreneurs groups (article 17.2.1.1.1), "la rception est demande par le mandataire commun, qui signale par lettre recommande avec avis de rception au matre de l'ouvrage, avec copie au matre d'uvre, que les ouvrages peuvent tre rceptionns partir d'une date qu'il fixe et qui doit tre comprise entre le 8me et le 15me jour suivant le jour de l'expdition de la demande, sauf accord du matre de l'ouvrage pour une date plus rapproche . Pour les entreprises spares et lentreprise gnrale (article 17.2.1.2) "la rception est demande par l'entrepreneur dans les mmes conditions qu' l'article 17.2.1.1." cest--dire par lettre RAR, avec copie au matre duvre. La rception ne peut tre demande qu lachvement des ouvrages prvus au march de lentrepreneur. C La rception est prononce unilatralement et contradictoirement L'article 1792-6 du Code civil prvoit que la rception des travaux est prononce unilatralement par le matre de l'ouvrage, tout en tant, "en tout tat de cause, prononce contradictoirement". Il y a lieu d'insister sur le fait que, seul, le matre de l'ouvrage a qualit pour prononcer la rception : en effet, l'opinion couramment rpandue selon laquelle cest l'architecte qui prononce la rception est errone. L'architecte, ou le matre d'uvre, peut organiser les oprations pralables la rception et prparer le projet de procs-verbal. Mais, moins que le matre de l'ouvrage n'ait donn mandat exprs l'architecte pour procder aux oprations de rception en l'y remplaant, un procs-verbal sign par l'architecte ne vaut pas rception par le matre d'ouvrage et ne le lie donc pas. De faon contradictoire signifie que, si c'est le matre de l'ouvrage qui prononce la rception avec ou sans rserves, l'entrepreneur doit tre convoqu en bonne et due forme aux oprations de rception afin de pouvoir fournir au matre de l'ouvrage toute prcision, justification ou claircissement qui pourraient se rvler ncessaires pour permettre au matre de l'ouvrage de prendre sa dcision. Toutefois, l'absence du ou des entrepreneurs ne fait pas ncessairement un obstacle au prononc de la rception. La norme AFNOR NF P 03-001 stipule que "le matre de l'ouvrage aprs avis du matre d'uvre, fait connatre la date de la visite de rception dans un dlai de 15 jours dater de la rception de la demande de l'entrepreneur" (article 17.2.2.1.1). Dans ce cadre, la date de la visite de rception ne peut tre loigne de plus de 20 jours de la date de rception de la demande de l'entrepreneur. Ce dlai peut tre augment pour tenir compte des congs pays (article 17.2.2.1.2). IV - LACHEVEMENT DES TRAVAUX EST-IL UNE CONDITION A LA

    RECEPTION ? Principe dgag par la jurisprudence : linachvement des travaux ne fait pas obstacle

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    une rception expresse ou tacite (Cass. 3e civ. 11 fvrier 1998 Juris Data n000533).

    Linachvement peut : rsulter dune dcision commune entre le matre de louvrage et lentrepreneur : dans

    cette hypothse, les deux parties ont convenu de rduire limportance du march et le prix que le matre de louvrage devra payer en contrepartie. Au march dorigine est substitu un autre march. On ne peut donc rellement parler dinachvement, la rception tant prononce normalement en ltat du nouvel accord intervenu.

    Rsulter dun arrt brutal des travaux si lentrepreneur quitte le chantier ou disparat : il est de lintrt du matre de louvrage de faire constater ltat dexcution des travaux au jour o lentreprise a quitt le chantier. Ceci est dautant plus important sil y a ensuite continuation des travaux par une autre entreprise. Peut-on qualifier cette opration de rception ? tout dpend de la situation. Rappelons cependant quune rception par voie judiciaire sera le plus souvent subordonne lachvement des travaux : cest au juge quil revient alors de dterminer sil y a ou non achvement. Cest donc une question de fait.

    A noter que certains tribunaux apprcient la notion dachvement des travaux en retenant comme critre lhabitabilit effective de limmeuble (Cass. 4 juin 1997 Garnier c/ St des Maisons Traditionnelles et adaptes et Cass. 3me Civ. 21 mai 2003 n 608 F8 PB). En cas de rsiliation du march aprs un dbut d'excution, l'entrepreneur ne doit pas oublier de demander au matre de l'ouvrage de procder l'amiable un constat contradictoire des ouvrages excuts avec tablissement d'un procs-verbal dont les parties doivent prvoir quil emportera rception des travaux et donc les effets dcrits prcdemment. Cette constatation de l'tat des travaux est expressment prvue l'article 22.4.1 de la Norme AFNOR NF P 03-001.

    Dans l'hypothse o le matre de l'ouvrage refuserait d'effectuer ce constat l'amiable, l'entrepreneur doit le mettre en demeure dy procder sous un certain dlai et linformer quil fait tablir un constat de ltat de la construction son dpart par huissier de justice valant rception des travaux dj excuts et transfert des risques sur le matre de louvrage. Si une rception judiciaire devait intervenir par la suite, le juge pourrait se servir du procs-verbal de lhuissier. Mais attention un constat dhuissier ne vaut pas en soi rception au sens de larticle 1792-6 du Code civil, surtout sil na pas t fait en prsence des 2 parties (Cass. 3me Civ. 3 mai 1989, MGF c/ MAIF). V - LES DIVERSES FORMES DE LA RECEPTION A - La rception expresse

    La rception doit tre prononce de faon telle qu'elle puisse avoir une date certaine, prcise et incontestable : il faut en dduire que la forme normale de rception est celle rsultant d'une manifestation expresse de volont du matre de l'ouvrage, suffisamment claire pour pouvoir tre consigne par crit dans un procs-verbal. Lorsque le matre de l'ouvrage accepte de fixer une date pour procder aux oprations de rception des travaux et la prononce expressment, l'entrepreneur doit ncessairement rcupr un procs-verbal dat, sign par le matre de l'ouvrage et comportant une date d'effet de la rception.

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    En signant le procs-verbal de rception, le matre de l'ouvrage accepte les travaux et constate ainsi leur bonne excution et leur conformit aux prvisions contractuelles. Il faut insister sur le fait que les dfauts de finition ou les malfaons peu importantes ne font pas obstacle ce que le matre de l'ouvrage prononce la rception, ce qu'il fera dans ce cas en l'assortissant de rserves, comme le lui permet l'article 1792-6 du Code civil qui prvoit expressment que la rception de l'ouvrage intervient "avec ou sans rserves". B - La rception, avec ou sans rserves A l'issue de la visite de rception, le matre de l'ouvrage se prononce : il peut dcider dune rception avec rserves, ou sans rserves, ou refuser la rception. Ds lors, le procs-verbal de rception ou de refus de rception, prpar par le matre d'uvre, doit tre sign imprativement par le matre de l'ouvrage, et remis l'entrepreneur sance tenante ou bien notifi dans un dlai de 5 jours compter du dernier jour de la visite de rception (article 17.2.3.3 de la norme AFNOR NF P 03-001). Titulaire d'un procs-verbal de rception, l'entrepreneur supprimera ainsi une source importante de contestations ultrieures. Si, malgr tout, un litige dbouche sur une action judiciaire, l'entrepreneur qui, dispose d'un procs-verbal de rception dat et sign, se trouve ncessairement dans une position plus solide pour contrer les revendications injustifies que pourrait mettre le matre de l'ouvrage. Dans la plupart des marchs, la rception est prononce avec rserves. Dans ce cas, celles-ci sont mentionnes dans le procs-verbal de rception. Elles correspondent des dsordres apparents au moment de la rception et doivent tre leves par lentrepreneur dans le cadre de lachvement de ses travaux. Il faut donc que ces rserves soient prcises , tant en terme de quantit que de localisation, pour pouvoir tre leves facilement de faon librer lentrepreneur. Les dsordres apparents lors de la rception, mais non mentionns la rception comme "rserves" sur le procs-verbal de rception, sont couverts par celle-ci et ne peuvent, en consquence, relever ni de la garantie de parfait achvement ni faire l'objet - s'ils sont de nature dcennale ou relvent de la garantie de bon fonctionnement - d'une action ce titre l'encontre des constructeurs. C - La rception sans rserves La rception sans rserves couvre les vices et les dfauts de conformit apparents (Cass. 3me Civ. 12 septembre 2006, Soc. TRULLI Imprimerie et autres, c/ SOCOTEC RDI, IV, 2005 p. 471). Faute de rserves, les dommages apparents ne peuvent plus tre dnoncs postrieurement la rception. Cependant, labsence de rserves la rception nexclut pas la dnonciation postrieure dautres dommages et dfauts de conformit non apparents. La rception constituant le point de dpart de toutes les garanties, le matre de louvrage aura le choix dagir lencontre des constructeurs sur la base des articles 1792 (garantie dcennale), 1792-3 (garantie biennale) ou 1792-6 (garantie de parfait achvement) du Code civil sil dnonce le dommage dans le dlai de un an partir de la date deffet de la rception. Mais si les dsordres ne se manifestent que postrieurement lanne suivant la date deffet de la rception, seules les garanties biennale (article 1792-3 du Code civil) et dcennale (articles 1792 et 1792-2 du Code civil) pourraient tre mises en jeu pour des dsordres

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    entrant dans leur champ dapplication. D - La rception avec rserves : la leve des rserves Les dlais ncessaires l'excution des travaux de rparation de leve des rserves sont fixs d'un commun accord par le matre de l'ouvrage et l'entrepreneur concern.

    Tant que les rserves n'ont pas t leves, les travaux correspondants relvent de la garantie de parfait achvement (cf. infra garantie de parfait achvement ) ou au del de cette garantie, de la responsabilit contractuelle de l'entreprise (cf. infra les responsabilits en marge des garanties lgales ).

    En l'absence d'un tel accord ou en cas d'inexcution dans le dlai fix, les travaux peuvent, aprs mise en demeure reste infructueuse, tre excuts aux frais et risques de l'entrepreneur dfaillant (cf. infra garantie de parfait achvement ).

    Le caractre extrme d'une telle sanction doit inciter l'entrepreneur : - veiller ce que, ct des rserves mentionnes, soit prcise la nature des

    travaux excuter pour y remdier, - bien vrifier qu'est prcis le dlai global d'excution des travaux ncessits par les

    rserves et que ce dlai soit raliste. La Norme AFNOR NF P 03-001 prvoit, dans son article 17.2.5.2, qu' dfaut d'accord entre les parties susvises, l'entrepreneur a 60 jours au maximum compter de la rception pour excuter les corrections et complments demands.

    Si certaines rserves sont injustifies, l'entrepreneur doit les contester, tout d'abord si possible sur le procs-verbal de rception, et dans tous les cas, par lettre recommande avec accus de rception.

    La Norme AFNOR susvise indique que l'entrepreneur dispose de 20 jours aprs la notification du procs-verbal pour contester les rserves (article 17.2.3.4). S'il les conteste, et dfaut de solution amiable, le diffrend sera rgl soit par arbitrage, soit par voie judiciaire. Pass ces 20 jours, l'entrepreneur est rput avoir accept les rserves s'il ne les a pas contestes. Une telle clause implique que l'entrepreneur reste vigilant et n'hsite pas contester immdiatement les rserves qui ne lui paraissent pas fondes. Lorsque l'entreprise a excut les travaux visant satisfaire aux rserves, ceux-ci doivent tre constats d'un commun accord, entre l'entrepreneur et le matre de l'ouvrage, par un procs-verbal de leve de rserves. L'entrepreneur doit l'exiger car il lui appartient dapporter la preuve quil a excut les travaux ncessaires la leve des rserves (Cass 3e Civ. 1er avril 1992 Bull civ. n109 p.67). Ce formalisme est dailleurs clairement exig par la Norme AFNOR NF P 03-001 (article 17.2.5.4) qui prvoit "qu'immdiatement aprs leur achvement, l'entrepreneur doit, par lettre recommande avec avis de rception, demander la leve des rserves". Si certains ouvrages ne sont pas entirement conformes aux spcifications du march, le matre de l'ouvrage peut renoncer ordonner la rfection des ouvrages estims dfectueux et proposer l'entrepreneur une rfaction sur le prix. Cette transaction doit tre formalise par un crit de faon constituer la fin des relations contractuelles entre lentrepreneur et le matre de louvrage. En ce cas, lobjet de cette transaction ne peut pas faire l'objet de rserves dans le procs-verbal de rception. E - La rception tacite La loi 78-12 du 4 janvier 1978, tout en consacrant la rception expresse comme mode de rception, n'a pas exclu formellement la rception tacite des travaux par le matre de l'ouvrage. La question a t tranche par deux arrts de la Cour de cassation du 23 avril

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    1986 puis confirme par la Cour de cassation dans un arrt du 16 juillet 1987 : "aprs avoir exactement nonc que l'article 1792-6 du Code civil laisse substituer la possibilit d'une rception tacite, la Cour d'Appel, en relevant que M. G. avait pris possession des ouvrages et les avait accepts sans rserves, n'en contestant que le prix, a par ces constatations, caractris la rception des travaux en conformit avec les exigences lgales". Puis Cass. Civ. 3 mai 1990 ou encore 14 mars 2001. En pratique, si le matre de l'ouvrage ne prononce pas la rception d'un ouvrage ou sil prend possession de louvrage sans autre formalit, il appartiendra lentrepreneur de dmontrer quil y a eu rception des travaux. A ce titre, la prise de possession de louvrage nemporte pas obligatoirement rception. Ce nest quun indice pris en considration mais en complment avec dautres actes ou faits comme par exemple, le paiement intgral des travaux. Ainsi, un arrt de la Cour d'appel de Paris, dans la ligne de la jurisprudence de la Cour de cassation, carte la rception tacite en constatant que la prise de possession des ouvrages ne peut valoir acceptation des travaux puisque le matre de l'ouvrage en a dnonc les vices et imperfections. Et le paiement intgral du prix ne suffit pas non plus caractriser la rception tacite par le matre de louvrage (Cass. 30 septembre 1998 Laskri c/ Huot Juris Classeur dcembre 1998 p.9). Les juges admettent que la rception des travaux peut tre tacite, condition que la volont du matre de l'ouvrage de recevoir les travaux apparaisse dnue d'quivoque (Cass. 3e Civ. 22 mai 1997 Gazette Palais 1998 I Panor.cass p.4). La cour de cassation sanctionne ainsi une cour dappel qui ayant relev lachvement de louvrage, la prise de possession des lieux et le paiement du prt, na pas justifi une volont non quivoque du matre de louvrage daccepter les travaux. La volont non quivoque du matre de louvrage daccepter les travaux est une condition systmatiquement contrle par la Cour de cassation, qui casse les dcisions qui ne caractrisent pas la volont du matre de louvrage daccepter les travaux (Cass. 3e civ 4 octobre 1989, Bull Cass III n 176 ; 3 mai 1990 Bull Civ. III n104 ou encore 3 dcembre 2002). En consquence, rien ne vaut un PV de rception exprs, avec ou sans rserves, car la rception tacite est chaque fois une question despce qui oblige lentrepreneur apporter des lments susceptibles de convaincre de la volont du matre de louvrage. La Norme AFNOR NF P 03-001 envisage clairement la possibilit pour l'entrepreneur d'obtenir une rception tacite en cas d'inertie ou de carence du matre de l'ouvrage : en effet, le premier alina de l'article 17.2.2.1.3 dispose que si le matre de l'ouvrage ne fait pas connatre la date de la visite de rception dans les dlais impartis, ou s'il ne se prsente pas celle-ci, ou ne s'y fait pas reprsenter, l'entrepreneur peut, une fois expir le dlai prvu au 17.2.2.1.2 le mettre en demeure par lettre recommande avec avis de rception de fixer la date de visite de rception dans les mmes conditions de dlais. Dans ce cas, si le matre de l'ouvrage ne fixe pas de date de visite, ou s'il ne se prsente pas la visite ou ne s'y fait pas reprsenter, l'entrepreneur fait constater par huissier de justice la carence du matre de l'ouvrage et le lui fait signifier par exploit. Le matre de l'ouvrage dispose d'un dlai de 15 jours, compter de la date de cette signification, pour faire connatre dans les mmes formes sa dcision l'entrepreneur ; dfaut, la rception est rpute acquise sans rserve. La date d'effet de la rception, qu'elle soit rpute acquise sans rserve, ou qu'elle ait t notifie par le matre de l'ouvrage dans les dlais et les formes prvues dans le prsent paragraphe, est celle laquelle celui-ci a reu la mise en demeure prvue au 1er alina de l'article 17.2.2.1.3.

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    Prcisons que la rception tacite acquise dans ces conditions est rpute satisfaire la condition du prononc contradictoire exig par l'article 1792-6 du Code civil. F - La rception judiciaire L'article 1792-6 du Code civil prcise que la rception intervient "soit l'amiable, soit dfaut judiciairement", et c'est ce que reprend l'article 17.1.4 de la Norme AFNOR NF P 03-001.

    Il peut arriver que le matre de l'ouvrage refuse de prononcer la rception. Un tel refus ne peut se justifier que par un inachvement de l'ouvrage ou un ensemble d'imperfections suffisamment graves pour qu'on puisse raisonnablement considrer qu'elle quivaut un inachvement.

    Des imperfections minimes n'autorisent pas le matre de l'ouvrage refuser de prononcer la rception. Il doit alors la prononcer en l'assortissant de rserves. Face un refus non justifi, l'entrepreneur peut saisir le juge pour obtenir une rception prononce judiciairement et le cas chant des dommages et intrts sanctionnant la rsistance fautive du matre de l'ouvrage (cf. : infra).

    L'article 17.2.6 de la Norme AFNOR NF P 03-001 prcise que le refus de rception ne peut tre motiv que par l'inachvement des ouvrages ou par un ensemble d'imperfections quivalant un inachvement ou ncessitant des reprises d'ouvrage. Les motifs de refus de rception doivent tre indiqus au procs-verbal.

    Devant le refus injustifi du matre de l'ouvrage de prononcer la rception des travaux, l'entrepreneur peut demander au juge judiciaire de la prononcer. Cette procdure est aussi prvue l'article 17.3 de la Norme AFNOR NF P 03-001.

    Si la loi du 4 janvier 1978 prcise que la rception peut tre prononce judiciairement, elle passe sous silence les modalits de la rception judiciaire, notamment la question des pouvoirs du juge comptent.

    Peuvent demander la rception judiciaire les parties au contrat ; en principe, cest lentreprise qui a un intrt bien compris la demander au juge. En revanche, lassureur dommages ouvrage ntant pas partie au sens de larticle 1792-6 du Code civil la rception de louvrage na pas qualit pour agir en fixation judiciaire de la date de rception (Cass. 3e civ. 23 avril 1997 compagnie gnrale daccident c/socit E.I.F.C.O.R. et Rsidence Magnolias RGDA 1997 n3 p.771). Le juge peut se substituer aux parties. Il examine dabord les conditions dachvement et de qualit des travaux et peut fixer la date laquelle la rception est rpute intervenir, qui pourra tre celle o limmeuble tait effectivement habitable (Cass. 3e ch 14 janvier 1998 Bull III n5), de la prise de possession des lieux par le matre de louvrage ou le jour o la rception devait tre prononce si le refus du matre de louvrage de la prononcer a t abusif.

    Il peut prononcer cette rception avec rserves (Cass. 3e civ. 30 octobre 1991 RDI 14(4) octobre-dcembre 1992). VI LA RECEPTION DES TRAVAUX DU SOUS-TRAITANT Le contrat type de sous-traitance mis au point par la FFB et la FNTP (dition 2005 disponible la SEBTP) fixe les modalits de la rception en ce qui concerne les travaux excuts par des entreprises sous-traitantes. L'article 8 du contrat stipule :

    8-1 La rception des travaux est simultane pour toutes les entreprises et concide avec la rception prononce par le matre de l'ouvrage l'gard de l'entrepreneur principal. Ds quil obtient le procs-verbal de rception, lentrepreneur principal, en transmet une copie au sous-traitant.

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    8-2 Le sous-traitant doit procder aux travaux ncessaires la leve des rserves qui relvent de sa prestation dans les dlais fixs aux conditions particulires. A dfaut, l'entrepreneur principal peut, aprs mise en demeure adresse en recommand avec accus de rception, reste infructueuse plus de dix jours, faire excuter les travaux par une autre entreprise aux frais du sous-traitant sans que celui-ci puisse s'y opposer".

    8-3 Les conditions particulires peuvent prvoir le transfert de la garde des ouvrages excuts par le sous-traitant avant la rception par le matre de louvrage. Dans cette hypothse, un relev contradictoire des travaux est effectu en prsence de lentrepreneur principal et du sous-traitant dment convoqu . Depuis 2005 (ordonnance du 8 juin 2005) le sous-traitant se voit expressment opposer la rception de louvrage et les dlais de responsabilit identiques lentreprise principale en ce qui concerne les dsordres de construction survenant aprs rception et qui sont de la nature de ceux viss par la loi du 4 janvier 1978 (1 an, 2 ans et 10 ans). Le sous-traitant, comme l'entrepreneur principal, doit demander la rception de ses travaux et en obtenir la preuve par tous les moyens, notamment par un procs-verbal de rception, soit spcifique et sign par l'entrepreneur principal, soit copie de celui sign par le matre de l'ouvrage.

    MIEUX VAUT DISPOSER DUN PV DE RECEPTION AVEC RESERVES QUE PAS DE RECEPTION

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    LA LOI DU 4 JANVIER 1978

    LES GARANTIES LEGALES(1) DUES PAR LENTREPRENEUR :

    La responsabilit dcennale des constructeurs est fort ancienne. Dj le droit romain la prvoyait. Elle est ensuite passe dans lancien droit franais et de l dans le code Napolon en 1804. A cette poque, seuls 2 articles traitaient de la responsabilit dcennale des constructeurs : les articles 1792 et 2270 du code civil, et on parlait alors ddifice et de ruine . Les premires modifications lgislatives ont lieu en 1967. Le texte entrine en quelque sorte les volutions jurisprudentielles de lpoque : la responsabilit dcennale est tendue dautres que les architectes et entrepreneurs, ddifice on passe la notion de gros ouvrages... et une garantie biennale est galement cre pour les menus ouvrages. Le 4 janvier 1978, la loi SPINETTA , est venue :

    - rformer le rgime de responsabilit des constructeurs, - instaurer une double obligation dassurance dcennale, - rformer le contrle technique.

    La loi du 4 janvier 1978 transforme radicalement les garanties et responsabilits des constructeurs et augmente considrablement le nombre de personnes soumises ce rgime.

    La loi abandonne notamment la distinction fonde sur les ouvrages -gros et menus ouvrages- au profit d une distinction fonde sur le caractre fonctionnel des ouvrages (la fonction construction englobant les ouvrages de viabilit, de fondation, de clos, dossature ou de couvert, et la fonction quipement ). Mais cette distinction ne suffit pas dterminer les garanties applicables puisquil convient de sintresser la gravit des dsordres atteignant ces ouvrages ou parties douvrages.

    Dsormais, compter de la rception, qui est unique, avec ou sans rserves, trois garanties lgales commencent courir au bnfice des propritaires successifs de louvrage :

    - La garantie de parfait achvement (1 an) cf supra partie rception et garantie de parfait achvement ,

    - la garantie de bon fonctionnement (2 ans), - la garantie dcennale (10 ans).

    La loi cre galement une responsabilit solidaire la charge de certains fabricants de composants . Elle laisse de ct les sous-traitants qui ne sont pas viss par ce rgime lgal.

    (1) Articles 1792 1792-6 du Code civil, sans la garantie de parfait achvement.

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    I - DATE DAPPLICATION La loi du 4 janvier 1978 s'applique tous les chantiers dont la dclaration rglementaire douverture est postrieure au 1er janvier 1979.

    II - LA RECEPTION : CLE DE VOUTE DU SYSTEME SPINETTA Les garanties lgales dcoulant de la loi du 4 janvier 1978 ne trouvent sappliquer que lorsquil y a eu rception des travaux. Cette rception est unique et constitue une condition pralable indispensable. La rception peut tre expresse, tacite ou judiciaire (cf supra partie rception ).

    III QUELS SONT LES CONSTRUCTEURS CONCERNES ? Larticle 1792-1 numre les personnes rputes "constructeurs" de l'ouvrage soumises aux dispositions de la loi. Il sagit de :

    Toute personne lie au matre de louvrage : Il sagit, des architectes, entrepreneurs, techniciens et plus gnralement des personnes lies au matre douvrage par un contrat de louage douvrage. Les sous-traitants ntant pas lis au matre de louvrage, ne sont pas considrs comme des constructeurs au sens de la loi. Quant laction directe du matre douvrage contre le sous-traitant, elle est de nature dlictuelle (cf. infra partie cas particulier du sous-traitant ). Le vendeur aprs achvement

    Il sagit de toute personne qui vend, aprs achvement, un ouvrage quelle a construit ou fait construire . Cela concerne donc aussi bien lentrepreneur promoteur, qui vend aprs achvement un immeuble quil a construit ou fait construire, que le particulier qui vend sa propre habitation, quil a fait construire ou quil a construit lui-mme, dans le dlai de 10 ans de sa construction, de sa rnovation ou de son agrandissement : Cass. 3me Civ. 12 mai 1997, D. 1998 pour un agrandissement ; Cass. 3me Civ., 14 janvier 1998 pour un amnagement des combles (y compris travaux touchant au couvert et lisolation thermique ; Cass. 3me Civ. 2 octobre 2002 : pour une dmolition/reconstruction de la faade ; mme solution pour un appartement vendu dans les 10 ans de sa construction Cass. 3me civ. 28 novembre 2001 ; et ce mme si le dsordre est apparent au moment de la vente, sauf transaction spcifique portant sur ce point : Cass. 3me civ. 28 fvrier 2001, JCP 2001.IV.1740. Le castor est galement un constructeur au sens de larticle 1792-1 du civil, lorsquil vend aprs achvement un ouvrage quil a construit (Cass. 3me Civ. 12 mars 1997 : Juhel c/ Conti). La solution sapplique aussi au marchand de biens qui vend un immeuble aprs rnovation (Cass. 3me Civ. 28 mai 2002, SMABTP c/ Mme C. Marty).

    Le mandataireLarticle 1792-1, 3 du code civil nonce quil sagit de toute personne qui, bien quagissant en qualit de mandataire du propritaire de louvrage, accomplit une mission assimilable celle dun locateur douvrage . Cela peut concerner diffrents prestataires, promoteurs ou assimils, la double condition quils agissent comme mandataires du propritaire de louvrage, et quils accomplissent une mission assimilable celle dun locateur douvrage. Par exemple, des socits dconomie mixte dans le cadre de lexcution dun contrat de conduite dopration les liant une collectivit locale et dans la mesure, bien videmment, o la conduite dopration concerne impliquerait la participation de la socit dconomie mixte la coordination technique des travaux ou encore leur surveillance technique.

    Le contrleur technique

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    Larticle L. 111-24 du CCH, modifi par lordonnance du 8 juin 2005, nonce expressment que le contrleur technique est soumis, dans les limites de la mission lui confie par le matre de louvrage, la prsomption de responsabilit dicte par les articles 1792, 1792-1 et 1792-2 du code civil qui se prescrit dans les conditions prvues larticle 2270 . Il nest cependant tenu vis--vis des autres constructeurs supporter la rparation des dommages qu concurrence de la part de responsabilit susceptible dtre mise sa charge dans la limite des missions dfinies par le contrat le liant au matre de louvrage (ordonnance du 8 juin 2005). Le vendeur dimmeuble construire

    La loi du 4 janvier 1978 a mis en harmonie le texte de larticle 1646-1 du code civil dsormais rdig comme suit : le vendeur dun immeuble construire est tenu, compter de la rception des travaux, des obligations dont les architectes, entrepreneurs, autres personnes lies au matre de louvrage par un contrat de louage douvrage, sont eux-mmes tenus, en application des articles 1792, 1792-1, 1792-2 et 1792-3 du code civil. Ces garanties bnficient aux propritaires successifs de limmeuble . Le vendeur dimmeuble rnover (loi du 13 juillet 2006)

    Cest larticle L 262-2 du Code de la construction et de lhabitation qui soumet le vendeur dimmeuble rnover aux garanties lgales. Le vendeur nest tenu de ces garanties que pour les travaux nouveaux alors que le vendeur dimmeuble construire est tenu pour tous les travaux, nouveaux ou existants. A la diffrence du promoteur, ces garanties commencent compter de la rception et non de la livraison.

    Le promoteur de larticle 1831-1 du code civil Larticle 5 de la loi du 4 janvier 1978 nonce expressment que le promoteur est notamment tenu des obligations rsultant des articles 1792, 1792-1, 1792-2 et 1792-3 du code civil . Le promoteur immobilier, au sens troit du terme, est donc soumis la responsabilit dcennale (Cass. Civ.3me, 9 juin 1999).

    Le constructeur de maisons individuelles Larticle 6 de la loi du 4 janvier 1978, complt par la loi du 19 dcembre 1990 relative au contrat de construction dune maison individuelle applicable, rpute galement constructeur de louvrage au sens de larticle 1792-1 du code civil, le constructeur de maisons individuelles.

    Le fabricant dEPERS(1) (cf. infra partie la responsabilit solidaire du fabricant dEPERS ) Larticle 1792-4 du code civil, cr par la loi du 4 janvier 1978, dclare, sous certaines conditions, que certains fabricants (et assimils) sont solidairement responsables des locateurs douvrage qui ont mis en uvre leur fabrication.

    CAS PARTICULIERS

    Le vendeur dun immeuble en cours de construction Ce vendeur ntant pas assimil un vendeur dimmeuble aprs achvement (Cass. Civ. 3me, 9 juin 1999, RDI 21 (3) juilsept 1999, p. 408 ; Cass. 3me civ. 14 mars 2001, Prodhomme c/ Blouin) ; nest pas un constructeur au sens de la loi du 4 janvier 1978.

    Le matre douvrage dlgu (MOD) nest pas considr comme un constructeur Il nest pas un constructeur , sil ne dpasse pas lobjet de sa mission, qui est de conduire lopration de construction jusqu sa rception, pour le compte du matre douvrage comme celui-ci le ferait lui-mme, cest--dire sans simmiscer dans la construction (CE 13/11/87 RFD Imm. 1998 330 ; 10/07/96 RDP 1998 1444).

    (1) Elment pouvant entraner la responsabilit solidaire.

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    Le coordonnateur scurit SPS Transposant en droit franais la directive europenne du 24 juin 1992, la loi du 31 dcembre 1993 a impos lintervention dun coordonnateur charg de veiller au respect des normes de scurit et dhygine sur les chantiers de btiment ou de travaux publics. Deux circulaires, lune du 11 fvrier 1996 du ministre de lquipement, lautre du 10 avril 1996 du ministre du travail, ont nonc que le coordonnateur nest pas un constructeur au sens de larticle 1792-1 du code civil, et de ce fait, non tenu dune responsabilit dcennale. En revanche, un courrier du ministre de la Justice au Prsident de la FNPC laissait supposer le contraire. La doctrine a dnonc, juste titre, le syllogisme de la Chancellerie reposant sur une conception errone de larticle 1792-1 du code civil qui ne saurait sappliquer au seul prtexte de lexistence dun contrat de louage douvrage. Le Bureau central de tarification (BCT), saisi par un coordonnateur, du refus dun assureur de couvrir sa responsabilit dcennale, a rendu le 10 dcembre 1997 une dcision considrant, sous rserve de lapprciation souveraine des tribunaux, que le coordonnateur SPS mme salari, ne peut tre assujetti, ni la responsabilit dcennale, ni, en consquence, lobligation dassurance de cette responsabilit . Saisie de cette question par le ministre de lEmploi et de la Solidarit, par le garde des sceaux, par le ministre de la Justice et celui de lEquipement, des Transports et du Logement, le Conseil dEtat a mis le 16 juin 1998 un avis, selon lequel sous rserve de lapprciation souveraine des juridictions comptentes, la responsabilit du coordonnateur vis--vis du matre douvrage nest pas susceptible dtre engage sur le fondement des articles 1792 et suivants du code civil, et que, ds lors, larticle L 241-1 du code des assurances, prvoyant que les personnes dont la responsabilit peut tre engage sur ce fondement doivent tre couvertes par une assurance, est sans application .

    Un expert judiciaire Lexpert judiciaire ds lors quil intervient dans le cadre de sa mission dauxiliaire de justice nest pas constructeur au sens de la loi du 4 janvier 1978 faute dexistence dun lien contractuel avec le matre de louvrage (Cass. Civ. 3me, 27 juin 2001, Pierre Sirugue c/ Soc. Savac).

    IV QUELS SONT LES BENEFICIAIRES DE LA LOI DU 4 JANVIER 1978 ?

    La prsomption de responsabilit bnficie au matre de louvrage et tous les propritaires successifs de louvrage.

    La jurisprudence prcise que ne bnficie pas de la loi :

    - un crdit preneur, mme ayant la qualit de matre de louvrage dlgu (Cass. Civ. 3me, 27 mai 1999, RD Imm 21 (3)juillet septembre 1999, p.409),

    - un locataire agissant contre les locateurs douvrage (Cass. Civ. 3me, 8 avril 1987, D 1987 IR 108) ou contre son propritaire (Cass. Civ. 3me, 17 fvrier 1999, 1999 RGDA n 2 p. 381) en labsence de contrat de louage douvrage (cette jurisprudence est galement applique par le Conseil dEtat qui considre que le locataire na pas qualit pour rechercher ni la responsabilit des constructeurs, ni celle du matre douvrage dlgu : CE, 30 dcembre 1998, St Laitire de Bellevue, Req. N150 297),

    - une association charge de la ralisation des travaux au profit de la Collectivit propritaire des ouvrages affects des dsordres litigieux (CE, 17 juin 1998, Dpartement de la Marne, Req. N149 493).

    En revanche, conserve le droit dexercer laction en garantie dcennale un matre douvrage qui, aprs le transfert de proprit de limmeuble, a un intrt direct et certain, ce qui est le

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    cas :

    - du matre douvrage ayant support les dpenses de remise en tat du btiment (CE, 7 octobre 1998) ;

    - du vendeur dimmeuble construire, qui a men lopration en tant que matre douvrage, actionn par les acqureurs, lorsquil agit contre les constructeurs responsables de dsordres de nature dcennale et leurs assureurs (Cass. Civ. 1re, 3 fvrier 1998).

    V LA LOI DU 4 JANVIER 1978 EST DORDRE PUBLIC

    Larticle 1792-5 du Code civil, modifi par la loi du 19 dcembre 1990, rpute non crite, toute clause qui aurait pour objet :

    1. dexclure ou de limiter la porte de : - la responsabilit de la dcennale : article 1792, 1792-1 et 1792-2 du Code civil ; - la garantie de bon fonctionnement : article 1792-3 du Code civil - la garantie de parfait achvement : article 1792-6 du Code civil

    2. dcarter ou de limiter la solidarit dcennale : article 1792-4 du Code civil

    VI CUMUL DES GARANTIES LEGALES

    Les garanties lgales ne sont pas exclusives les unes des autres. Elles jouent en fonction de leur champ dapplication.

    Ds lors, le matre douvrage dispose seul du droit doption de la garantie quil entend faire appliquer par le constructeur (Cass. 3me civ., 23 avril 1983, JCP 1987.11.20812). Ainsi pendant la premire anne qui suit la rception, les 3 garanties lgales peuvent sappliquer au choix du matre d'ouvrage. VII LEXCLUSION DES EQUIPEMENTS PROFESSIONNELS (nouvel article 1792-7 du code civil introduit par lordonnance du 8/06/2005) Est insr dans le code civil, aprs larticle 1792-6, un article 1792-7 rdig comme suit :

    Ne sont pas considrs comme des lments dquipement dun ouvrage au sens des articles 1792, 1792-2, 1792-3 et 1792-4 les lments dquipement, y compris leurs accessoires, dont la fonction exclusive est de permettre lexercice dune activit professionnelle dans louvrage

    A compter du 10 juin 2005 (date du march de lentreprise), les lments dquipement dont la destination est exclusivement professionnelle sont totalement sortis du rgime de 1978.

    Ds lors, la responsabilit de lentrepreneur qui met en oeuvre ces lments ne se trouve plus rgie par les garanties lgales : garantie de parfait achvement (1 an), garantie de bon fonctionnement (minimum de 2 ans) et garantie dcennale (10 ans), mais par les responsabilits de droit commun, adaptables entre 2 professionnels (Cf. infra partie les responsabilits contractuelles en marge des garantis lgales ).

    _______________________

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    LA GARANTIE DE PARFAIT

    ACHEVEMENT

    Aux termes de larticle 1792-6 du Code civil, la garantie de parfait achvement, laquelle lentrepreneur est tenu pendant un an, compter de la rception, stend la rparation de tous les dsordres signals par le matre de louvrage, soit au moyen de rserves mentionnes au procs-verbal de rception, soit par voie de notification crite pour ceux rvls postrieurement la rception Lexcution des travaux exigs au titre de la garantie de parfait achvement est constate dun accord commun, ou dfaut judiciairement. La garantie ne stend pas aux travaux ncessaires pour remdier aux effets de lusure normale ou de lusage . I QUI LA DOIT ? Larticle 1792-6 fait supporter la GPA : aux seuls entrepreneurs, dans les travaux desquels se situent les dsordres. Les autres constructeurs, au sens de larticle 1792-1 ny sont donc pas tenus. A noter la loi du 19 dcembre 1990, qui assimile le constructeur de maisons individuelles un entrepreneur, le soumet galement la garantie de parfait achvement. La GPA bnficie aux propritaires successifs du bien.

    II DOMAINE DE LA GPA La garantie de parfait achvement nest applicable que si la loi du 4/01/1978 est applicable (travaux de construction immobiliers...).

    La GPA vise la rparation des dsordres, quelle que soit leur gravit : ayant fait lobjet de rserves la rception, notifis par le matre d'ouvrage pendant lanne qui suit la rception,

    l'entrepreneur dans les travaux duquel se situent les dsordres, sans aucune recherche de responsabilit pralable.

    III REGIME JURIDIQUE DE LA GPA Cest une garantie objective due par le seul l'entrepreneur, ds lors que les dsordres ou rserves se situent dans ses travaux. Elle est automatique et l'entrepreneur ne peut sen exonrer quen rapportant la preuve que les dsordres rsultent de lusure normale ou de lusage.

    IV DUREE DE LA GARANTIE DE PARFAIT ACHEVEMENT La garantie de parfait achvement est la fois un dlai de dnonciation et daction. Laction en rparation des dsordres ayant fait lobjet de rserves la rception ou la rparation des dsordres apparus aprs la rception doit tre faite dans le dlai de un an suivant la date deffet de la rception (Cour de cassation 3e ch 19 avril 1989 Bull cass III n80 ; 10 mai 1994 RCA aot 1994 n294).

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    Ce dlai de un an ne peut tre ni interrompu ni suspendu, cest un dlai prfix.

    Ds lors, le matre d'ouvrage qui na pas agi en rparation contre l'entrepreneur dans le dlai dun an qui suit la rception :

    - pour les rserves : il peut encore en rclamer la rparation sur la base de la responsabilit contractuelle de droit commun,

    - pour les dsordres notifis dans lanne : il perd ses droits, sauf si les dsordres sont de nature relever des autres garanties (garantie de bon fonctionnement, dcennale...).

    V MISE EN UVRE DE LA GARANTIE DE PARFAIT ACHEVEMENT A - Conditions Rserves : l'entrepreneur concern doit lever les rserves pour tre dgag de son

    obligation. Dsordres rvls postrieurement la rception : le matre d'ouvrage doit notifier, par

    crit et dans le dlai dun an les dsordres l'entrepreneur concern.

    B Les dlais dexcution de la rparation La loi ne fixe aucun dlai. Elle prvoit que le matre d'ouvrage et l'entrepreneur doivent fixer dun commun accord les dlais de rparation. A dfaut, le dlai peut tre fix par le juge. Pour les rserves, le procs-verbal de rception peut indiquer le dlai imparti pour lever les rserves. La Norme AFNOR NF P 03-001 prvoit, dans son article 17.2.5.2, qu' dfaut d'accord entre les parties susvises, l'entrepreneur a 60 jours au maximum compter de la rception pour excuter les corrections et complments demands.

    C Constatation de lexcution de la rparation

    La loi prvoit que le matre d'ouvrage et l'entrepreneur doivent constater dun commun accord lexcution des travaux de rparation. A dfaut, la constatation peut tre judiciaire. En ce qui concerne les rserves, le PV de leve des rserves constate lexcution des rparations.

    D Sanction du dfaut dexcution de la rparation

    a) excution aux frais et risques de l'entrepreneur dfaillant Le dfaut daccord sur le dlai dexcution des travaux comme leur inexcution par lentrepreneur dans le dlai convenu sont sanctionns trs svrement par la loi. Aprs mise en demeure reste infructueuse, le matre de louvrage peut faire excuter les travaux aux frais et risques de lentrepreneur dfaillant. Les normes AFNOR prvoient galement une sanction identique.

    b) possibilit de recourir lexcution force par voie judiciaire Le matre douvrage peut mme demander, par voie de rfr, la condamnation de lentrepreneur excuter les travaux dont sagit, et ventuellement sous astreinte, ds lors que les conditions de mise en jeu de la garantie de parfait achvement ont t respectes.

    VI - CUMUL DE LA GARANTIE DE PARFAIT ACHEVEMENT AVEC LES AUTRES RESPONSABILITES

    La mise en jeu de la garantie de parfait achvement nest pas exclusive des autres responsabilits, mme une fois le dlai dun an expir, ds lors que les conditions de ces

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    autres responsabilits sont runies.

    a) La responsabilit contractuelle de droit commun Les dsordres rservs et non rpars relvent galement de la responsabilit contractuelle de droit commun de lentrepreneur fonde sur larticle 1147 du Code civil (Cass. 3e ch.civ.14 janvier 1998 Constanzo c/ Lefebvre... GP 20 au 22 dcembre 1998 p.18).

    b) La responsabilit pour dsordres intermdiaires Le constructeur engage sa responsabilit pour les dsordres apparus postrieurement la rception sur des ouvrages de construction, ds lors que ces dsordres ne sont pas de nature mettre en jeu sa garantie dcennale et que le matre de louvrage prouve sa faute (Cass. 3e ch 22 mars 1995 Maisons Enec Bull cass III n80).

    c) Les autres garanties lgales

    Les dsordres apparus postrieurement la rception pendant le dlai de garantie, peuvent relever de la garantie de bon fonctionnement ou de la garantie dcennale sils entrent dans le champ dapplication de ces dernires. Le cumul de la garantie de parfait achvement et de la garantie dcennale a donn lieu un arrt de principe du 4 fvrier 1987 (Bull Cass. III n 16) qui admet que le matre de louvrage dispose dun droit doption entre la garantie de parfait achvement et les autres garanties lgales, ds lors que leurs conditions dapplication sont runies.

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    LA GARANTIE DECENNALE Articles 1792, 1792-1 et 1792-2 du code civil

    I QUELS SONT LES TRAVAUX CONCERNES ? La responsabilit dcennale sous le rgime de la loi du 4 janvier 1978 stend aux :

    - travaux de construction dun ouvrage immobilier, - Y compris les lments d'quipement (dun ouvrage), sauf ceux dont la destination

    exclusive est de permettre lexercice dune activit professionnelle (article 1792-7 du code civil),

    et dpend - de la nature et de limportance des travaux (cas des travaux sur existants) ; - et de la gravit des dsordres qui affectent louvrage.

    A Domaine de la garantie dcennale Tous les ouvrages de construction, c'est--dire aussi bien :

    - ceux de gnie civil (barrages, routes, ponts...) ; - que de btiment (habitation, bureau, entrept...).

    y compris leurs accessoires.

    B - La notion douvrage de construction La prsomption dicte par larticle 1792 du code civil concerne tout constructeur qui participe la ralisation dun ouvrage de construction avec ses lments d'quipement.

    La loi ne donne cependant aucune dfinition de la notion douvrage.

    La notion douvrage est multiple dans la loi, elle sentend de :

    la globalit des travaux (ensemble immobilier) avec ou sans lments d'quipement- quil sagisse dun btiment ou non. Cest une notion trs large qui englobe lensemble des travaux ncessaires la ralisation de constructions de toutes sortes, btiment ou gnie civil,

    dune fraction de lensemble. Cest en ce sens que larticle 1792-2 du code civil parle des ouvrages de viabilit, de fondation, de clos, dossature ou de couvert et que larticle 1792-4 vise le fabricant dun ouvrage ou dune partie douvrage .

    Dans tous les cas, le caractre immobilier des travaux constituant louvrage ou la partie douvrage est un critre essentiel (rattachement au sol, ou au sous-sol, ou limmeuble, lorsquil sagit de partie douvrage)

    Cest une notion en perptuelle volution au fil de la jurisprudence. A titre dexemple la jurisprudence a retenu qutaient des ouvrages au sens de larticle 1792 :

    - des cltures dune maison individuelle considres en elles-mmes (Cass. Civ. 17 fvrier 1999) ; considres galement en tant quaccessoires des immeubles, voir galement Rp. Min. n 17 180 (JO Snat Q, 4 novembre 1999 p.3637) ;

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    - les serres, ce qui est de nature ouvrir un contentieux important, les serres nayant pas la mme rsistance que les autres btiments (Cass. Civ. 3me, 2 mars 1999 ; CA Grenoble, 2me Ch. Civ., 4 janvier 1999, Bull. 279p.2640) ;

    - une piscine, en bton ou en coque (Cass. Civ. 3me, 22 fvrier 2007, M-T S c/ AGF) ; - des travaux confortatifs dun ouvrage (Cass. Civ. 3me, 6 dcembre 2006, RDI.I.90) ; - les VRD, mme non rattachs un btiment (Cass. Civ. 3me, 17 dcembre 1997 et 6 novembre

    2002) ; - les travaux, eux-mmes considrs comme tant des ouvrages, raliss en

    adjonction dun ouvrage principal : tel est le cas dune vranda difie sur un balcon (Cass. Civ. 3me, 4 octobre 1989 - RDI (1) 1990), dune chemine (Cass. Civ. 3me, 29 fvrier 1998, Bull. Civ. III n 16).

    C Les lments d'quipement indissociables de louvrage Larticle 1792-2 du code civil tend la prsomption de responsabilit dcennale aux dommages affectant la solidit des lments d'quipement indissociables dun ouvrage .

    2 notions cumulatives sont ici considrer :

    - la notion dlments d'quipement ; - le caractre indissociable de ces lments d'quipement.

    A noter : lordonnance du 8 juin 2005 a supprim le terme btiment et la remplac par le terme ouvrage . En consquence larticle 1792-2 nest dsormais plus limit au seul domaine du btiment, mais concerne tous les types de construction, gnie civil comme btiment. a) la notion dlments d'quipement

    La loi ne donne aucune dfinition des lments d'quipement. On peut considrer a contrario que ce ne sont pas les lments qui constituent la fonction construction, cest--dire de viabilit, de fondation, de clos, dossature ou de couvert. Ds lors, les lments dquipement viendront complter ces ouvrages pour en assurer lutilisation.

    Exemples : chauffage par le sol, lectricit, climatisation... On reviendra plus loin sur le sort particulier des quipements installs sur des existants ou ceux usage professionnel, qui visent plus particulirement les quipements dissociables . b) le caractre indissociable des lments d'quipement concerns

    Larticle 1792, alina 2, prcise quun lment dquipement est considr comme formant indissociablement corps avec lun des ouvrages lorsque sa dpose, son dmontage ou son remplacement ne peut seffectuer sans dtrioration ou enlvement de matire de cet ouvrage .

    Ainsi, peu importe que la dpose, le dmontage ou le remplacement de lquipement dtriore un peu louvrage ds lors que ce dernier est laiss intact.

    C Les travaux sur existants sont galement concerns, sous certaines conditions Sur un plan gnral, la loi ne distingue pas selon quil sagit des travaux neufs ou des travaux raliss sur des ouvrages existants. Mais les travaux sur existants posent le problme de dterminer chaque fois sils relvent de la loi ou non. Ainsi, pour tre soumis aux mmes dispositions que les travaux neufs, les travaux raliss sur des ouvrages existants doivent constituer par eux-mmes une opration de construction.

    La jurisprudence n'est dans ce domaine pas facile systmatiser. On constate cependant depuis le dbut des annes 2000 une volution tendant exclure un plus grand nombre de

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    travaux du champ de la garantie dcennale. En gnral, le principe est le suivant :

    Les travaux sur existants qui ne sont pas assimilables des travaux de construction dun ouvrage, ne relvent pas du rgime de la loi du 4 janvier 1978 et ne sont donc pas soumis garantie dcennale.

    Prenons lexemple des travaux de peinture : les travaux de ravalement/peinture et la peinture intrieure qui ne jouent quun rle esthtique sans participer la fonction construction nentrent plus dans le champ de la loi (aucune garantie lgale ne sapplique ces travaux) (Cass. 3me Civ. 27 avril 2001) alors quau contraire les travaux de ravalement/tanchit qui participent la fonction clos de louvrage continuent de relever de la loi.

    En gnral, les travaux sur existants ds lors qu'ils prsentent une certaine importance (touchant l'ossature, le clos ou le couvert...) entrent dans le champ de la dcennale :

    - la rnovation lourde : transformation dune gare en immeuble de bureaux (Cass. 3me Civ. 31 octobre 2001), ou travaux touchant les murs, cloisons, planchers, plafonds (Cass. 3me Civ. 29 janvier 2003) - ramnagement dun local commercial en RDC et sous-sol, avec modification de la dalle du plancher, trmie, rfection de llectricit (PARIS. 31 janvier 2001, SARL le Gamin).

    - lagrandissement dun immeuble (Versailles, 11 dcembre 1987) ; - la cration dune salle de loisirs (Paris, 12 mai 1987, J.D. n 022534) ; - la construction d'une vranda (Cass. 3me Civ. 4 octobre 1989 ; Bull Civ.1989).

    Deux critres peuvent ainsi tre retenus pour considrer que des travaux sur existants sont soumis aux dispositions de la loi du 4 janvier 1978 :

    - importance des travaux raliss et leur assimilation un ouvrage : on apprcie les travaux raliss par l'ensemble des intervenants et non pas seulement par un corps dtat, le pltrier ou le peintre, par exemple) - (CA Paris, 19me Ch. A, 31 janvier 2001, RDI.III.251).

    - gravit des dsordres, c'est--dire le risque que des dsordres de la nature de ceux soumis garantie dcennale affectant les travaux neufs, portent ou non atteinte la solidit de louvrage ou le rendent impropre sa destination.

    Cest sur ces deux points, pris de faon successive mais cumule, que la cour de cassation exerce son contrle (Cass. 3me Civ. 7 dcembre 2005).

    A titre dexemple la jurisprudence a considr que les travaux suivants relevaient des dispositions de la loi du 4/01/78 :

    - installation dune chemine intrieure dans une maison (Cass. Civ. 3me, 25 fvrier 1998, D 98 IR 79) ou dun insert (cass. 3me civ. 31 mai 1995, RGAT 1995 1995 618) ;

    - ralisation de lassise maonne dune piscine en kit (Cass. Civ. 3me, 23 juin 1999) ; - rfection des toitures et faades dun village de vacances (CA Paris 23me Ch. B,11 mars

    1999, RD Imm. Avril-juin 1999) ; - ravalement tanchit ou gros uvre - (Cass. Civ. 3me, 20 juillet 1999, n J97 20.981 arrt

    n1342 D) ; - rnovation et redistribution de lespace intrieur dun immeuble impliquant une

    sparation des logements par des cloisons isolantes, linstallation de salles deau et de cuisine, la rfection de llectricit et la cration de rseaux deau et dvacuation indpendants, louverture de portes dans le mur de faade et dans celui du jardin, la rfection de la couverture, la pose de volets (CA Paris 19me Ch. B, 15 avril 1999) ;

    - Remplacement des parties pourries, assainissement des parties humides, piquage et rebouchage des fissurations et pose dune dalle (Cass. 3me Civ. 30 mars 1994) ;

    - Dcapage des faades avec rfection des joints et des pares soleil (pour remdier aux infiltrations antrieures) - (Cass. 3me Civ. 18 dcembre 1996 et 28 janvier 2003) ;

    En revanche, ne sont pas soumis la garantie dcennale :

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    - les travaux consistant en une simple vrification avec nettoyage, sans apport de matriaux nouveaux (Cass. Civ. 3me, 7 octobre 1998).

    - La redistribution de pices intrieures (Cass. 3me Civ. 6 novembre 1996). - Ravalement peinture ou les peintures intrieures (Cass. Civ. 3me, 18 mai 2001 et 4 avril

    2002). - Isolation thermique par enduit sans modification de la surface existante -seulement

    nettoye (Cass. Civ. 3me, 26 juin 2002). - Quant aux peintures intrieures, quil sagisse de travaux neufs ou sur existants, ne

    constituant pas un ouvrage de construction au sens de larticle 1792 du code civil, ils ne relvent plus du domaine de la loi du 4 janvier 1978 (Cass. Civ. 3me, 27 avril 2000 et 16 mai 2001).

    De mme, la cour de cassation opre petit petit un virage en ce qui concerne le rgime de responsabilit applicable certains lments dquipement dissociables installs sur un existant, elle considre quil ne sagit plus de travaux de construction faisant lobjet des garanties lgales et les exclut donc de lapplication de la loi du 4 janvier 1978. Ainsi :

    - Installation de chauffage et de climatisation dans un hall dexposition dun garage existant (Cass. Civ. 3me, 19 dcembre 2002, RDI.II.163).

    - Installation complte dun appareil de production deau chaude, avec canalisations, tuyauteries, raccordements (Cass. Civ. 3me, 26 avril 2006).

    - Revtement de sol le produit employ et la technique de mise en uvre nont entran aucune atteinte ou modification de la surface existante (Cass. Civ. 3me, 18 janvier 2006).

    - Pose dun insert en change standard (Cass. Civ. 3me, 16 septembre 2003).

    II LES EQUIPEMENTS PROFESSIONNELS EXCLUS (article 1792-7 du code civil) En introduisant un nouvel article 1792-7 dans le code civil, lordonnance du 8 juin 2005 a apport une restriction lgale au champ dapplication de la loi :

    Ne sont pas considrs comme des lments dquipement dun ouvrage au sens des articles 1792, 1792-2, 1792-3 et 1792-4 les lments dquipement, y compris leurs accessoires, dont la fonction exclusive est de permettre lexercice dune activit professionnelle dans louvrage

    Les lments dquipement dont la destination est exclusivement professionnelle sont dsormais totalement sortis du rgime de 1978. Ds lors, la responsabilit de lentrepreneur qui met en oeuvre ces lments ne se trouve plus soumis aux garanties lgales : garantie de bon fonctionnement ou garantie dcennale, mais la responsabilit contractuelle de droit commun, quil est possible damnager entre 2 professionnels.

    La jurisprudence avait cependant anticip cette rforme lgislative en excluant dj du rgime de la loi du 4 janvier 1978 :

    - les dommages affectant des machines de production dlectricit dune micro-centrale (Cass. 3me civ. 6 novembre 1996, RGDA 1997 n 2 p. 503), ou le process industriel destin automatiser une fabrication (cuves) du champagne (Cass. 3me 4 novembre 1999, bull III n 209) ;

    - et ceux affectant une machine soupe destine lalimentation de porcs dans une porcherie (Cass. 3me 22 juillet 1998, RGDA 1998 n 4 p. 745).

    (cf. infra, partie les responsabilits contractuelles en marge des garanties lgales )

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    III LES DESORDRES RELEVANT DE LA GARANTIE DECENNALE

    A - Le vice lorigine des dsordres doit tre cach a) Le caractre apparent ou cach du vice s'apprcie la date de rception de l'ouvrage.

    Le vice apparent est couvert par la rception, Ce qui signifie que le matre de louvrage qui ne mentionne pas un vice apparent en tant que rserve sur le PV de rception, ne peut plus ensuite en imputer la rparation aux constructeurs.

    Le vice cach selon la loi du 4 janvier 1978 est celui qui est :

    non apparent la date de rception Le caractre apparent ou non du vice sapprcie par rapport au matre d'ouvrage. Le matre d'ouvrage est rput a priori profane en matire de construction, sauf preuve par le constructeur quil est un professionnel en la matire. Le fait quun architecte suive lopration ne modifie pas cette rgle dans la relation de l'entrepreneur avec le matre douvrage (cass. 2 civ. 19/05/58 : JCP 1958.II.10808 et 14/05/85, D. 1985.439).

    Le vice doit en fait pouvoir tre dtect l'il nu par le matre d'ouvrage, c'est--dire tre constat par toute personne n'ayant aucune connaissance technique.

    Pour tre considr comme apparent la rception, le vice doit respecter un certain nombre de conditions, cest dire tre apparent dans :

    - ses manifestations (= extrieurement visible), - ses causes (= vice clairement identifi par le matre d'ouvrage), - ses consquences dommageables (= tendue des dsordres connue et tout fait

    prvisible). (Cass. 3 civ. 3/11/83, GP. 1984.2.577 et CE 22 et 25/02/91 : n43650 et 68709/02/91).

    Aux vices et dsordres apparents sont assimils ceux qui, mme non apparents, taient effectivement connus du matre d'ouvrage lors de la rception (Cass. 3 civ. 19/03/86, JCP 1986.IV.151 et 15/06/88, JCP 1988.V.297 ; pour des difficults daccs aux garages : Montpellier, 22/01/93).

    La charge de la preuve du caractre apparent du vice appartient celui qui linvoque. Ds lors que le constructeur veut sexonrer de sa responsabilit, il lui appartient donc de dmontrer que le vice tait apparent au jour de la rception.

    ou apparent, mais ne rpondant pas aux 3 conditions ci-dessus : le matre d'ouvrage peut tre est fond rclamer la rparation de ces dsordres (mme rservs) au constructeur au titre du rgime de la loi du 4/01/78.

    b) - Le dsordre rparable doit tre certain, mais il peut aussi tre futur

    Les garanties ne sappliquent que lorsquil y a dsordre.

    Pourtant, certains dsordres ne se rvlent pas immdiatement dans toute leur gravit. Il faut alors distinguer les dommages dits volutifs, de ceux futurs mais certains :

    - dsordres volutifs (aggravation) : ces dsordres correspondent une extension dun dommage de nature dcennale dnonc et rpar en tant que tel dans le dlai dcennal. Cette question ne se pose que pour des dommages survenus aprs lexpiration du dlai de 10 ans suivant la rception de louvrage. Ds lors que ces dommages (survenus aprs 10 ans) sont considrs comme la suite des premiers dommages (survenus et rpars pendant les 10 ans), ou la reproduction des premiers mmes causes, mmes effets ils bnficient, du mme rgime que le dommage initial, du fait de leur premire dnonciation antrieurement lexpiration de la responsabilit dcennale (cf. RDI 2000, p. 115, article JM. BERLY).

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    - dsordres futurs : il sagit de dsordres qui au jour de leur dnonciation dans le dlai dcennal, nont pas la gravit requise pour mettre en jeu la garantie dcennale. Mais une expertise de ces dommages peut rvler, de faon certaine, quils atteindront ultrieurement le degr de gravit dcennale. Toute la question est alors de savoir si ce degr de gravit sera effectivement atteint avant ou aprs lexpiration de la responsabilit dcennale.

    Pendant longtemps la jurisprudence a assimil les dommages futurs aux dommages dj raliss, ds lors quil apparaissait certain quils atteindraient un jour, mais sans limite de temps, la gravit de ceux rparables au titre des garanties lgales.

    Dsormais la cour de cassation exige que la preuve soit rapporte que la gravit dcennale du dommage intervienne avec certitude dans le dlai dcennal (Cass. 3me Civ. 2 arrts du 29 janvier 2003 Bull. Civ. III n 117, RDI 2003, p. 185).

    Ds lors, sont considrs comme non rparables au titre de la garantie dcennale :

    - les dsordres futurs qui ne sont pas du domaine de la certitude (Cass. Civ. 3me, 6 mai 1998, RDI. 20 (3) juillet septembre 1998 p. 375) ;

    - les dsordres qualifis par lexpert de futurs mais inluctables sans prciser quand ils atteindront la gravit requise (CA Paris 23me Ch. B, 25 fvrier 1999, SARL In Dco c : Synd-copr. Les Louisianes).

    B Le dommage doit prsenter une certaine gravit Cest la gravit des dsordres qui dtermine la garantie applicable.

    Sont ainsi soumis la dcennale tous les "dommages graves" : - compromettant la "solidit" de l'ouvrage (c'est--dire affectant la fonction construction

    qui comprend la viabilit, les fondations, l'ossature, le clos et le couvert) : article 1792 du code civil. Exemples : effondrement dune charpente, fissuration des fondations, affaissement de la structure...

    - compromettant la "solidit" dun lment d'quipement indissociable dun btiment : article 1792-2 du code civil.

    - ou rendant louvrage "impropre sa destination" : . soit qu'ils affectent un des lments de la fonction construction . soit qu'ils affectent un lment d'quipement (dissociable ou indissociable).

    Une garantie potentielle de 10 ans

    La loi du 4 janvier 1978 ne distingue plus, comme c'tait le cas auparavant dans le rgime de la loi de 1967, les diffrents corps d'tat ou les parties d'ouvrage ralises, pour dterminer les dlais de garantie applicables.

    L'une des originalits de cette loi, est d'attacher les dlais applicables l'importance des dsordres et leurs consquences par rapport des notions de solidit ou d'utilisation de l'ouvrage. Il ne s'agit plus de dterminer des dlais a priori mais plutt a posteriori, c'est--dire lorsque le dommage est ralis. Ce qui revient en fait considrer que toute partie d'ouvrage ds lors qu'elle peut tre affecte de dommages qui rendent l'ensemble de l'ouvrage impropre sa destination, est potentiellement soumise garantie dcennale.

    Or, le critre dimproprit la destination a t interprt de plus en plus largement au fil de 20 annes de jurisprudence, ce qui permet ainsi de soumettre potentiellement toutes les parties dune construction la dcennale ds lors que les dsordres prsentent mme une certaine gne.

    DJF/ASS- 07-226 aot 2007 32

  • F.F.B. Responsabilit et Assurance Construction

    A ce titre, la jurisprudence fournit de nombreuses illustrations de limproprit la destination :

    - dfaut de scurit : plusieurs arrts retiennent la responsabilit dcennale des constructeurs du fait de limproprit la destination par dfaut de conformit de limmeuble aux normes de scurit incendie, quel que soit le sige des dsordres (cass. civ. 3me, 30 juin 1998 et CA Paris, 25 janvier 1999) ou atteinte la scurit des personnes : carrelage fissur/affaiss, susceptible daggravation dans une salle de sjour (cass. 3me civ. 25 juin 1997).

    - dfaut dimplantation de limmeuble dcouverte par le matre de louvrage postrieurement la signature du procs verbal de rception sans rserve, constitue un vice cach et porte atteinte la destination de limmeuble en raison du risque grave dinondation, mme en labsence de dsordres (cass. civ.3me, 8 avril 1998 JCP n 19/20 n 1137) ;

    - Fissurations : si passage dair ou infiltrations = dcennale Si non infiltrantes = pas de dcennale (cass. 3me civ. 6 octobre 1999, n 1517D) ;

    - dsordres esthtiques : des fissures superficielles qui ont un caractre purement esthtique, ne compromettent pas la solidit de louvrage et ne le rendent pas impropre sa destination (cass. civ. 3me, 9 dcembre 1998, Responsabilit civile et assurances fvrier 1999, p. 17) ;

    - des bruits provenant dune maison mitoyenne ne rendent pas limmeuble impropre sa destination (cass. civ. 3me, 10 novembre1998, Responsabilit civile et assurances- janvier 1999, p. 12), en revanche les grincements des parquets du hall et du dgagement dune maison portent atteinte sa destination (19 novembre 1997, RDI 20 (1) janvier 1998 97)

    - dommages aux lments d'quipement dissociables : la garantie dcennale est applicable au dfaut affectant les portes palires de limmeuble, ds lors quelles assurent bien le clos dans des conditions normales dutilisation (cass. civ. 3me, 3 fvrier 1999, Socit Crdit Immobilier Alpes c/ Mutuelles du Mans, Construction urbanisme, avril 1999, p. 11).

    Les juges apprcient limproprit la destination dans sa globalit et en fonction de lusage concret quen attend le matre douvrage. Ainsi le luxe dun ouvrage peut amener rparer des dsordres esthtiques au titre de la dcennale.

    A noter que le dfaut de conseil constituant une obligation que doit respecter le professionnel, il peut tre lorigine dun dommage de nature dcennale dont les consquences sont alors rpares dans le cadre de ce rgime.

    III QUEL REGIME APPLIQUER AUX DOMMAGES AUX EXISTANTS ? Le rgime dcennal est-il applicable aux dommages affectant les parties existantes de la construction ? Il na jamais t contest que la loi du 4 janvier 1978 sappliquait tant la construction dun ouvrage neuf quaux travaux neufs raliss sur un existant. Cependant il tait galement admis que seuls les dommages affectant la partie neuve de la construction taient susceptibles de relever du rgime de la responsabilit dcennale et donc de lobligation dassurance, alors que ceux affectant les parties anciennes, mme du fait des travaux neufs, devaient tre couverts par une assurance volontaire.

    Mais la jurisprudence a progressivement tendu le champ de la responsabilit dcennale, et donc celui de lassurance, aux existants quand des dommages de nature dcennale affectaient la fois la partie neuve et la partie ancienne. Voici pour mmoire quelques dcisions montrant lvolution du raisonnement de la cour de cassation :

    DJF/ASS- 07-226 aot 2007 33

  • F.F.B. Responsabilit et Assurance Construction

    Cass. 1re 3/7/1990 considrant que les existants taient techniquement indivisibles des

    travaux neufs ; Cass. 1re 29/2/2000 considrant q