risque de change gestion et methodes de couverture

111
Université Mohammed I er Faculté des Science Juridiques, Économiques, et Sociales Oujda MEMOIRE DE FIN D’ETUDES LICENCE EN SCIENCES ECONOMIQUES ET GESTION Option : « Gestion comptable et financière » RISQUE DE CHANGE, SA GESTION, ET SES METHODES DE COUVERTURE. Présenté par : ISSAM BOUSALAM IMAD BOUSALAM Tuteur : K. HASSANI

Upload: oumhamd

Post on 29-Oct-2015

414 views

Category:

Documents


15 download

TRANSCRIPT

Université Mohammed Ier

Faculté des Science Juridiques, Économiques, et SocialesOujda

MEMOIRE DE FIN D’ETUDESLICENCE EN SCIENCES ECONOMIQUES ET GESTION

Option : « Gestion comptable et financière »

RISQUE DE CHANGE,SA GESTION, ET SES METHODES DE COUVERTURE.

Présenté par :ISSAM BOUSALAMIMAD BOUSALAM

Tuteur :K. HASSANI

Mai 2010

REMERCIEMENT

La rédaction du présent mémoire a été possible grâce à dieu et puis grâce au soutien et à la contribution, de plusieurs personnes. Dans les lignes qui suivent nous leur affirmons notre infinie gratitude. Nous avons une pensée particulière pour :

Le DIEU tout puissant

Eternel Dieu tout puissant, on vous dis merci pour tous les moments difficiles où tu ne nous as jamais abandonné. Même dans les moments de désespoir, on vous dit merci pour tout ce que tu nous as donné, et pour ce que tu nous donneras. Tu es toujours présent à nos côtés, nous apportant l'espoir, le soutien, et l'aide dont nous en avons besoin.

La famille.

Nous remercions de tout nos coeurs, notre père, notre mère. Votre soutien moral, financier et votre affection ont été une arme qui nous a permis de faire face à tous les défis, les obstacles, les difficultés, et d'arriver là où nous somme aujourd'hui.

Monsieur Kamal HASSANI

Nous tenons à remercier notre cher encadrant pour ses conseils avisés, son soutien, sa disponibilité et l’aide qu’il nous a apporté dans la rédaction de ce mémoire.

Toutes les personnes qui, de près et jamais de loin, ont participé à la réussite de ce modeste travail.

SOMMAIRE

INTRODUCTION GENERALE.......................................................................1

CHAPITRE I : CADRE CONCEPTUEL DU RISQUE DE CHANGE ET DU MARCHE DE CHANGE.............................................................................5

A. DÉFINITION ET GÉNÉRALITÉS DU RISQUE........................................5B. LES FACTEURS QUI ENTRAÎNENT LE RISQUE DE CHANGE.............6

I. Les risques de change liés aux opérations commerciales.......................6II. Les risques de change liés aux opérations financières............................7III. Les risques de change liés aux investissements transfrontaliers.............7IV. Les risques de change liés aux opérations économiques........................8

C. LE MARCHE DE CHANGE.......................................................................8I. Les different types de marché de change...............................................12

a) Le marché au comptant (Spot)...........................................................12b) Le marché de dépôt (marché interbancaire).......................................14c) Le marché à terme..............................................................................18

D. LE MARCHÉ DE CHANGE MAROCAIN................................................23

CHAPITRE II : LA GESTION DU RISQUE DE CHANGE.......................24

A. POURQUOI GÉRER LE RISQUE DE CHANGE....................................25B. PROCESSUS DE GESTION DU RISQUE DE CHANGE........................26

CHAPITRE III : TECHNIQUES DE COUVERTURE CONTRE LE RISQUE DE CHANGE....................................................................................29

A. TECHNIQUES INTERNES DE COUVERTURE......................................29I. Comment éviter le risque de change ?...................................................29

a) Règlement au comptant : une solution simple, mais rare à l’international............................................................................................30b) Ouverture d’un compte en devise au Maroc ou à l’étranger..............30c) Choix de la devise de facturation : monnaie nationale ou autre devise

31d) L’affacturage, «factoring»..................................................................33

II. Comment réduire le risque de change ?................................................34

a) Termaillage : « leads and lags»..........................................................37b) Clauses monétaires dans le contrat....................................................38

B. TECHNIQUES EXTERNES DE COUVERTURE.....................................40I. Recours aux marchés financiers par l’intermediare des banques........41II. Recours à l’assurance : COFACE.........................................................49

a) Police CIME.......................................................................................49b) Assurance Change Négociation.........................................................50

CHAPITRE IV : CULTURE DU RISQUE DE CHANGE CHEZ LES ENTREPRISES MAROCAINES....................................................................53

A. LES ENTREPRISES MAROCAINES : APPROCHE, ÉVOLUTION, ET NOUVEAUX CHALLENGES...........................................................................53B. COMPORTEMENT DES ENTREPRISES MAROCAINES VIS-A-VIS DU RISQUE DE CHANGE....................................................................................55

I. Le manque d’information :....................................................................55II. le manque de personnel qualifié, et le faible taux d’encadrement........56III. le coût élevé de l’adoption de certaines techniques de couvertures contre ce risque............................................................................................56IV. La gestion de ce risque constitue une charge lourde pour beaucoup d’entreprises.................................................................................................57V. Manque de produits offerts par les institutions spécialisées en matière de couverture des entreprises contre le risque de change...........................57

C. ETUDE EMPIRIQUE CHEZ DEUX ENTREPRISES MAROCAINES D’IMPORT/EXPORT, CONCERNANT LEUR COMPORTEMENT ET LEUR GESTION DU RISQUE DE CHANGE............................................................58A. QUESTIONNAIRE 1.................................................................................59

I. Analyse et conclusion tirées de la rencontre et du questionnaire.........60B. QUESTIONNAIRE 2.................................................................................60

CONCLUSION GENERALE.............................................................................61

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

INTRODUCTION GENERALE

epuis la fin de la 2éme guerre mondiale et surtout depuis une trentaine

d’années, s’est développé l’internationalisation des entreprises qui est le

résultat du phénomène de la globalisation et de l’entrée de nouveaux acteurs1 sur

le marché international, Ceci a conduit a des modifications dans le

fonctionnement de ces entreprises qui devenaient ouvertes de plus en plus à de

multiples opportunités. En effet elles se sont lancées dans le marché étranger par

l’exportation de leurs bien et services ou à l’inverse, c’est à dire l’importation

des produits dont elles ont besoin. Leurs prêts et emprunts en devises et leurs

investissements à l’étranger (établissement de filiales) traduisent bien

l’internationalisation de leurs activités, cela va engendrer de nombreuses

contraintes liées aux fluctuations des cours de devises impliquées par la

réalisation de ces transactions ; le cours d’une devise étant le prix d’achat ou de

vente d’une devise contre une autre. Il faut savoir qu’une devise forte est une

devise dont la valeur s’accroît par rapport à la monnaie nationale : une monnaie

qui s’apprécie. A l’inverse, une devise dont la valeur a tendance à baisser par

rapport à celle de la monnaie nationale est dite faible : qui déprécie.

D

Un autre phénomène qui a fortement modifié l’environnement financier

mondial est le passage d’un régime de change  fixe à un régime de change

flottant2. En juillet 1944 furent signés les Accords de Bretton Woods3 qui

instaurèrent un régime de change fixe, où toutes les devises étaient convertibles

en une monnaie de référence, à savoir le dollar. Les taux étaient alors

relativement constants et ne pouvaient fluctuer que dans une fourchette 1 Libéralisation progressive des politiques économiques des pays de l’Est, et développement des pays

émergents en Amérique Latine, en Asie.2 Voir aussi « http://fr.wikipedia.org/wiki/Régime_de_change »3 Accords signés par 44 pays. Bretton Woods est située aux Etats-Unis, dans le New Hampshire.

1

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

déterminée, et tout dépassement de cette fourchette entraînait l’intervention des

Banques Centrales. Peu à peu, avec la mondialisation des échanges, les taux de

changes ont commencé à fluctuer. En 1971 la convertibilité du dollar en or fut

supprimée et deux ans plus tard, on passa à un régime de change flottant où

toutes les devises fluctuaient librement en fonction de l’offre et la demande de

devises.

Ainsi, les entreprises vont être confrontées au plus important marché

financier appelé le marché des changes ou « marché FOREX » : Selon Romain

DELACRETAZ4 « c'est le commerce d'une devise ou d'une monnaie contre une

autre, par exemple l'achat de 100 euros contre 150 dollars ou la vente de 150

dollars contre 100 euros. Le FOREX est un marché interbancaire, donc qui n'est

pas centralisé comme une place de marché. Le taux de change est le prix

d'échange entre deux monnaies. Pour Eur/usd, si le cours est de 1.5468, cela

veut dire que pour 1 euros vous obtenez en échange 1.5468 dollars... » ; Ce

marché est très liquide dans le sens où il est ouvert 24h/24 à travers des places

financières dans le monde entier : « les premières transactions de la journée sont

enregistrées à Sydney en Australie et à Wellington en Nouvelle-Zélande. (…)

Quand les marchés de Los Angeles et San Francisco s’arrêtent, s’ouvre alors à

Wellington et à Sydney une nouvelle journée de transaction »5.

Dans le contexte d'une économie internationale caractérisée par des

fluctuations de grande ampleur des cours des monnaies et le flottement des

devises, les entreprises ont mis en place des systèmes en utilisant des

instruments dérivés pour se prémunir de ces risques quand elles n'ont pas

spécialisé des services entiers en leur sein pour lutter contre ces chocs

imprévisibles. Ces instruments dérivés doivent leur succès à la forte volatilité

des marchés monétaires, obligataires et boursiers. Qui dit volatilité dit également

4 Romain DELACRETAZ , trader reconnu sur les marchés financiers et fondateur de l'Institut de la Bourse

5 5 D’après Techniques financières Internationales de Samir MANNAI et Yves SIMON. page11.

2

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

risque. Chaque risque est source de dangers et d'opportunités : danger de subir

des pertes, comme lors des krachs, opportunités de réaliser un gain découlant

des fluctuations des cours .Une saine gestion de ces risques est la clé de succès

de tout investissement.

Comment les entreprises gèrent-elles le risque de change?

Quelles sont les différentes méthodes de couverture de ce risque ?

Quelle Culture du risque de change chez les PME marocaines ?

L’objet sera donc d'apporter des éléments de réponse sur ces questions tout

au long de ce mémoire.

Ainsi, dans un premier chapitre, il sera question de définir le risque de

change, déterminer les facteurs qui l’entraînent, et présenter le marché de

change avec ses différents types.

Cette étude approfondie nous permettra dans un second chapitre de présenter

le processus de gestion du risque de change. Les différentes techniques de

couverture du risque de change qui s’offrent actuellement aux entreprises

souhaitant intervenir sur le marché mondial seront appréhendées dans un

troisième chapitre ; Cet aperçu permettra de se rendre compte des avantages et

inconvénients que chacune de ces techniques présente et des conditions qu’elles

requièrent pour être utilisées. L’entreprise effectue son choix en fonction des

réglementations en vigueur (contrat, réglementation sur le marché des

changes…), de ses partenaires commerciaux, mais aussi en fonction du coût

qu’engendre le recours à chaque technique, comparé au gain que son utilisation

pourrait rapporter à l’entreprise. Le choix d’une méthode de couverture n’est

donc pas sans importance et doit être mûrement réfléchi. Toutes ces solutions

variées permettent aux entreprises de parvenir à la solution la plus adéquate

selon leurs objectifs.

3

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

Un quatrième chapitre va concerner la culture de ce risque chez les PME

marocaines, cela d’une part. D’autre part on se rendra compte sur quelques

raisons pour lesquelles une grande partie des PME marocaines sous-estime ce

fameux risque de change.

Cela dit, l’étude empirique se trouvera au niveau du quatrième chapitre avec

deux questionnaires qui ont été administrés auprès de deux entreprises

marocaines dont les secteurs d’activité sont différents.

4

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

CHAPITRE I : CADRE CONCEPTUEL DU RISQUE DE CHANGE ET DU MARCHE DE CHANGE

Pour mieux comprendre cette notion de risque de change nous commençons

dans un premier chapitre par la définir, et déterminer les différents facteurs qui

l’entraînent.

A. DÉFINITION ET GÉNÉRALITÉS DU RISQUE.

Le risque de change est l’effet de la variation des cours des monnaies. Il est

lié au fait que les activités de l’entreprise (prêts et emprunts, achat et vente,

investissements a l’étranger…) impliquent différentes devises, dont le cours

varie sans cesse sur le marché des changes. Le risque couru est synonyme

d’incertitude. Cette incertitude peut être positive ; on parle alors de « gain »,

lorsque par exemple (pour un exportateur) la valeur de la devise de facturation

augmente par rapport à celle de la monnaie nationale. Si au contraire

l’incertitude est négative, ce sera une « perte » ; La situation s’inverse pour

l’importateur qui préfèrera une devise de facturation dont le cours diminue ; il y

gagnera car sa dette sera réduite. Le risque de change est qualifié de certain6

lorsqu’il porte sur une opération effectivement en cours (comme un contrat déjà

conclu) et il est donc aléatoire s’il porte sur des positions de changes éventuelles

comme des devis ou des offres faites au client. Ce risque dépend de la position

de change de l’entreprise. Elle doit connaître en permanence sa position de

change par devise et vérifier sans cesse son évolution, ce qui est facilité par

l’établissement d’un tableau de la position de change. Elle est formée par toutes

les opérations effectuées en devises par l’entreprise (dettes et créances à court et

à long terme). Connaissant sa position de change, l’entreprise peut alors mieux

évaluer et par la suite gérer son risque de change.

6 6 Annexe 1 : Le schéma proposé dans le site www.eur-export.com illustre ce passage du risque aléatoire au risque certain.

5

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

B. LES FACTEURS QUI ENTRAÎNENT LE RISQUE DE CHANGE

Le risque de change peut résulter des transactions commerciales ou

financières effectuées par l'entreprise au plan international. Il peut également,

dépendre du développement international de l'entreprise et des investissements

qu'elle a réalisés à l'étranger. Il existe un risque économique plus général qui

peut porter atteinte à la rentabilité et à la bonne santé de l'entreprise.

On peut ainsi distinguer plusieurs catégories de risque de change, à savoir :

- Les risques résultant des opérations commerciales ;

- Les risques résultant des activités financières ;

- Les risques liés aux investissements à l'étranger ;

- Les risques économiques appelés parfois risques de compétitivité ou

risques induits.

Les risques concernant les opérations commerciales et certaines opérations

financières sont parfois appelés risques de transaction.

I. LES RISQUES DE CHANGE LIÉS AUX OPÉRATIONS

COMMERCIALES

Toute entreprise qui réalise des transactions commerciales libellées en devise

est soumise à un risque de change : le règlement financier de cette transaction

peut se réaliser à un cours différent de celui qui a été retenu au moment de

l'engagement de la transaction.

Le risque de change est dû au décalage temporel qui peut exister entre le

règlement de la transaction et de l'engagement de cette transaction.

6

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

Toute entreprise exportatrice de biens ou services, payés en devise à une

certaine échéance, est exposée à une baisse éventuelle de la devise de

facturation, à l'inverse, l'importateur est confronté à un risque de change lorsque

la devise de facturation croît entre la période de la commande et celle du

règlement du prix d'importation en devise.

II. LES RISQUES DE CHANGE LIÉS AUX OPÉRATIONS

FINANCIÈRES

Toute entreprise qui prête ou emprunte en devises étrangères, à court, moyen

ou long terme, s'expose à un risque de change.

Une entreprise, en empruntant, craint une appréciation de la devise dans

laquelle est libellé son emprunt, car elle pourrait être amenée à payer un montant

plus élevé que celui qu'elle a contracté.

Egalement, une entreprise qui prête prend le risque de voir se déprécier la

devise dans laquelle elle a libellé son prêt, ce qui aura pour effet de diminuer le

capital qui lui sera remboursé.

III. LES RISQUES DE CHANGE LIÉS AUX

INVESTISSEMENTS TRANSFRONTALIERS

Le développement international d'une entreprise et les investissements

réalisés à l'étranger peuvent engendrer plusieurs types de risques. Ces risques de

change peuvent porter soit sur les flux financiers provenant des filiales par

exemple, le paiement des devises ou des redevances, soit porter sur la valeur des

actifs possédés à l'étranger et la conversion de la valeur de ces actifs en monnaie

nationale dans les comptes consolidés.

Notons enfin, qu'il peut exister un risque de change conditionnel résultant,

par exemple, des cautions souscrites en faveur des filiales à l'étranger.

7

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

IV. LES RISQUES DE CHANGE LIÉS AUX OPÉRATIONS

ÉCONOMIQUES

Le risque de change économique est lié au futur de l'entreprise. Par

définition, il est donc difficile à apprécier et à mesurer. En effet, il s'agit de

prendre en compte toutes les conséquences que pourra avoir une variation du

taux de change sur une entreprise (c'est-à-dire sur ses coûts de production, sur

son chiffre d'affaires...). La rentabilité de l'entreprise et sa compétitivité peuvent

être remises en cause du fait de variations de change.

Ce risque de change économique est parfois appelé risque de compétitivité7,

risque induit ou encore risque industriel.

C. LE MARCHE DE CHANGE

Le marché de change est la première manifestation concrète de la réalité

internationale. Toute entreprise qui exporte ou importe, tout particulier qui se

rend à l'étranger, tout traiteur ou emprunteur en devises est immédiatement

confronté à un problème de change.

Le marché des changes encore appelé FOREX (pour Foreign Exchange) est

le marché le plus grand du monde. A la différence des marchés boursiers, qui

ont une localisation géographique précise, il n'existe qu'un seul marché des

changes. Les transactions sur les devises se font de gré à gré8, aussi bien à Paris

qu'à Londres, New York ou Tokyo.

Compte tenu du décalage horaire entre les différentes places financières, le

marché des changes fonctionne en continu, 24h/24 du dimanche soir au vendredi

7 Une variation des taux de change d’une monnaie par rapport à une devise peut affecter la compétitivité des produits de l’entreprise, les rendant plus ou moins chers pour les acheteurs étrangers selon que le pays dévalue ou réévalue.8 L'expression de gré à gré signifie à l'amiable, d'un commun accord. Une transaction de gré à gré est une transaction entre deux parties libres de contracter et normalement informées (notamment en immobilier). Elle est à l'opposée d'une transaction forcée, soit par expropriation, par liquidation de faillite, etc.

8

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

soir. Ainsi, à n'importe qu'elle heure, il est toujours possible pour un opérateur

d'acheter de l'euro, du dollar ou n'importe quelle autre devise.

Le volume journalier moyen des transactions sur le marché des changes

représente trois (3) fois plus le volume de tous les marchés futures et actions

mondiaux combinés. En 2007, c'était l'équivalent de 3 500 milliards de dollars9

qui ont ainsi été échangés chaque jour sur le marché des changes.

Les volumes échangés ont connu une croissance très rapide à la fin des

années 1990 avec la création de l'Euro et le développement de l'Internet haut-

débit qui a rendu l'accès à ce marché beaucoup plus simple pour les

investisseurs, qu'ils soient institutionnels ou particuliers.

Le marché de changes est donc un marché financier sur lequel s'effectuent des

transactions sur les principales devises. Les noms des devises sont réduits à 3 lettres pour

répondre à des besoins de clarté des tableaux sur écrans. Ces noms ont été développés par

l'Organisation internationale pour la standardisation et sont appelés les codes ISO

ou (SWIFT). Nous utiliserons la convention ci dessous tout au long de ce mémoire.

USA USD Indonésie IDR

Union Européen EUR Chine CNY

Maroc MAD UAE AED

Japon JPY Bahrayn BHD

Hong Kong HKD Arabie Saoudite SAR

Australie AUD Nouvelle Zélande NZD

Canada CAD Danemark DKK

Norvège NOK Afrique du sud ZAR

9 D’après LEXPRESS.fr, publié le mardi 29 avril 2008.

9

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

Angleterre GBD Corée KRW

Les supports utilisés sur le marché des changes, sont en dehors des billets de

banques, les lettres de change et surtout les virements interbancaires. Il s'agit

dans ce dernier cas, d'envoyer un ordre de débiter un compte libellé dans une

devise X pour créditer simultanément un autre compte libellé en devises Y.

Il est possible de traiter plus de 170 paires de devises différentes sur le

marché de change mais les devises les plus traitées sont le dollar américain

(USD), le yen japonais (JPY), la livre sterling (GBP), le franc suisse (CHF), le

dollar canadien (CAD), le dollar australien (AUD) et, plus récemment, l'euro

(EUR). Ces devises sont communément appelées les « majors », par opposition

aux « minors » ou « émergentes » et même aux devises « exotiques », qui

représentent l'ensemble des autres devises négociables sur le FOREX.

Le marché des changes comprend plusieurs compartiments :

Sur le marché au comptant, l'échange des devises est effectif, on parle de

marché spot. Ce marché n'est cependant pas le plus utilisé.

C'est sur le marché des changes à terme que l'on compte le plus grand

nombre d'opérations. Sur ce marché, il s'agit alors de négocier aujourd'hui

l'échange de deux devises mais pour une date de livraison ultérieure. Ce marché

est très utilisé par tous les agents qui veulent se couvrir contre le risque de

change.

Enfin, il existe aussi un marché des produits dérivés de change sur lequel

s'échange notamment les contrats « Futures sur devises » et « les options sur

devises ».

10

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

Le marché des changes est réservé aux banques centrales, aux banques

commerciales et aux institutions financières qui interviennent pour leur propre

compte ou pour celui de leurs clients. Il est donc indispensable pour un

opérateur privé de faire appel à un organisme financier pour procéder à toute

opération de change. Afin de bénéficier d'un meilleur accès à ce marché,

plusieurs grands groupes industriels créent des filiales financières ou bancaires

dont l'objectif principal est de réaliser au meilleur coût de nombreuses

opérations de change des différentes filiales du groupe.

Les banques centrales interviennent également sur le marché des changes. Le

but de ces ordres est d'exécuter des ordres de leur clientèle captive telle que les

administrations ou les organismes internationaux mais également et surtout de

contrôler le marché des changes local et de tenter d'influencer l'évolution du

taux de change de la monnaie nationale.

Les principales devises cotées sur le marché des changes au comptant sont le

dollar américain, l'euro, le yen japonais et le deutschemark. La livre sterling, le

franc suisse et le dollar canadien sont également cotés sur l'ensemble des places

financières mais de manière moins continue. Le dollar américain reste la

monnaie de référence puisque les cotations directes sont font contre le dollar et

que les cotations des autres devises entre elles se font avec le dollar comme

monnaie de référence.

Le marché des changes est un marché à part entière, où l'offre et la demande

se confrontent. Toutefois, le développement des échanges internationaux et les

progrès enregistrés dans le domaine des nouvelles technologies de l'information

et de la communication ont modifié son fonctionnement. On parle de « marché

réseau ».

Le marché des changes est caractérisé par :

· Le marché au comptant ;

11

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

· Le marché du dépôt ;

· Le marché à terme ;

I. LES DIFFERENTS TYPES DE MARCHE DE CHANGE

a) Le marché au comptant (Spot)

Le marché au comptant, appelé aussi « marché spot », est le marché sur

lequel des devises sont échangées entre banques. Le marché est qualifié de

comptant car les livraisons de devises s'effectuent dans les deux jours ouvrables.

Les devises sont échangées contre la monnaie nationale sur toutes les places

financières du monde. De ce fait, le marché des changes n'est pas

géographiquement limité. Par exemple, le compartiment de l'euro comprend non

seulement les transactions de la monnaie européenne contre les autres devises

réalisées sur les places financières de l'Europe des 12 mais également comme le

dit KINDLBERGER : « les marchés des changes actuels suivent le trajet du

soleil autour du globe par l'intermédiaire des satellites de télécommunications.

C'est pour l'on dit que le marché des changes est un marché transnational. »

Les premières transactions de la journée sont enregistrées à Sydney

(Australie), Wellington (Nouvelle Zélande), s'ouvrent ensuite les marchés d'Asie

du Sud-est avec la place de Tokyo, Hong Kong, Singapour puis ceux du Moyen

Orient. Les marchés de Londres, Paris, Frankfort, Zurich et de toutes les autres

places européennes de moindre importance prenant le relais après la fermeture

des marchés asiatiques.

Les transactions débutent à New York et à Montréal avant la fermeture des

marchés européens. Elles sont ensuite relayées par celles qui se déroulent à

Chicago et Toronto. Quand les marchés de Los Angeles et de San Francisco

12

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

s'arrêtent, s'ouvre alors à Wellington et Sydney une nouvelle journée de

transaction.

On comprend dans ces conditions que le marché est continu et fonctionne

24h/24 sur les différentes places financières et 5jours/7. Pendant le week-end,

les transactions sont ralenties car seules les tables de change du monde fertile

sont actives.

Fondamentalement, jusqu'au milieu de la décennie 1990, le marché des

changes était un marché interbancaire. Les transactions étaient décentralisées

auprès de nombreuses institutions financières ; chacune d'elles étant soumise à

l'intense concurrence de toutes les autres. Le marché des changes interbancaire

était le marché de gré à gré « over the counter market ».

Il serait faux cependant de croire que le marché se réduisait à des échanges

entre banques pour au moins 2 raisons :

- En premier lieu, les intervenants sur le marché des changes se sont

diversifiés et de nombreux opérateurs particulièrement actifs aujourd'hui sur le

marché des changes n'ont pas un statut bancaire ;

- En deuxième lieu, de nouveaux compartiments se sont développés au début

de la décennie 1970. Ces compartiments sont des marchés boursiers (on utilise

parfois l'expression -marché organisé- pour les opposer au marché de gré à gré

considéré aussi comme organisé). Ils sont dotés d'une chambre de compensation

et c'est en leur sein que sont négociés des contrats à terme (future contracts) et

options sur les contrats à terme (options ou futures).

Depuis 1995, l'introduction de la technologie dans le marché des changes au

comptant (courtiers électroniques, plate-forme de transaction Internet) en a

profondément transformé la physionomie. De gré à gré qu'il était, le marché est

devenu un marché quasi boursier. Décentralisées qu'elles étaient, les transactions

13

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

électroniques d'une telle qualité que le marché interbancaire des produits dérivés

est à son tour l'objet de la même transformation.

b) Le marché de dépôt (marché interbancaire)

i) Présentation

C'est le marché sur lequel se traitent les opérations de trésorerie en devises

sous forme d'emprunts et de prêts. Ce marché appelé aussi marché interbancaire

est organisé selon des règles précises quant aux taux, aux durées et aux calculs

d'intérêts.

Le marché des changes interbancaire bénéficie d'une grande liquidité grâce à

la diversité de ses intervenants. Selon leurs objectifs, leur aversion au risque et

leurs horizons temporels, il est possible de distinguer six catégories d'agents sur

ce marché.

ii) Les participants au marché des changes interbancaires

Le marché des changes est réservé aux institutions financières. A l'origine, le

marché était strictement interbancaire et les entreprises opéraient toujours par

l'intermédiaire des banques. Par la suite, les investisseurs institutionnels et les

entreprises sont devenus de très importants opérateurs intervenant pour certains

d'entre eux directement sur le marché. Tous ces acteurs agissent pour leur propre

compte et pour celui de leur clientèle. Ils peuvent négocier directement entre eux

ou bien passer par l'intermédiaire de courtier.

Parmi les intervenants sur le marché des changes interbancaires on peut

citer entre autres :

1) Les banques commerciales et d'investissement :

14

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

Une banque commerciale collecte les ressources du public, principalement

par le biais de la tenue des comptes, et prête aux entreprises. Les banques

commerciales se distinguent ainsi des banques d'affaires (cf. banques d'affaires)

ou des banques d'investissement. Cette distinction est en partie révolue

aujourd'hui car les banques commerciales ont développé des activités de

banques d'investissement.10

2) Les banques centrales :

La banque centrale d'un (ou de plusieurs) pays est une institution chargée par

l'État (ou un ensemble d'États dans le cas d’une zone monétaire comme la zone

euro) de décider d'appliquer la politique monétaire. Elle joue tous ou partie des

rôles suivants :

Assurer l'émission de la monnaie fiduciaire et contribuer à fixer ainsi les

taux d'intérêt ;

Superviser le fonctionnement des marchés financiers, assurer le respect

des réglementations du risque (ratio de solvabilité) des institutions

financières (en particulier des banques de dépôts) ;

Jouer le rôle de banquier de dernier ressort en cas de crise systémique.

Les banques centrales n'ont pas de rôles strictement identiques ou la même

organisation dans tous les pays ; elles peuvent notamment partager leurs

pouvoirs avec d'autres institutions. Cette institution peut être indépendante du

pouvoir politique, totalement comme l'est la Banque centrale européenne (BCE),

ou partiellement, comme la Réserve fédérale des États-Unis (la Fed) où

coexistent une agence fédérale The Federal Board Of Governors et un réseau de

banques à capitaux privés, les 12 banques fédérales11.

10 Voir lexique financier de « Vernimmen ».11 D’après « Les Banques centrales doivent-elles être indépendantes ? » de Edwin Le Héron, et Philippe Moutot, Edition Prométhée (2008).

15

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

3) Les institutions financières non bancaires (IFNB) :

Ce sont des Institutions qui ne reçoivent pas de dépôts du public mais qui

participent au financement de l’économie en octroyant des crédits (sur leurs

fonds propres ou d’emprunts) ou en effectuant des opérations financières ayant

des incidences sur le secteur monétaire (émission des obligations). Les

Institutions Financières non Bancaires sont constituées essentiellement des

compagnies d’assurances et de réassurances, des établissements de crédit-bail et

de leasing, des sociétés financières et de participation, etc.

4) La clientèle privée :

La clientèle privée n'intervient pas directement sur le marché des changes,

elle achète et vend des devises en s'adressant aux banques commerciales qui ont

une activité importante sur ce marché. La clientèle privée regroupe 3 catégories

d'opérateurs :

Les investisseurs particuliers

les entreprises industrielles et commerciales (corporates)

les institutions financières qui ne disposent pas de fonds propres

requis pour participer directement à ce marché.

5) Les entreprises multinationales :

Elles interviennent en général sur le marché des changes dans le but de payer

un fournisseur étranger ou de rapatrier des profits faits dans d'autres devises.

Elles interviennent aussi fréquemment sur le marché pour gérer le risque de

changes auquel elles sont exposées. Certaines grandes entreprises

16

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

multinationales disposent de véritables salles de marché et cherchent également

à effectuer des plus-values sur le marché.12

6) Les courtiers :

Les courtiers sont des entreprises ou des personnes qui servent

d'intermédiaire pour une opération, le plus souvent financière, entre deux

parties (les acheteurs et les vendeurs de devises); ils permettent l'accès au

marché et informent les opérateurs des cours auxquels se vendent et s'achètent

les différentes monnaies.

Il est en conséquence, plus facile pour un cambiste13 d'utiliser leur source

plutôt que de contacter plusieurs banques susceptibles de lui vendre la devise

qu'il cherche ou de lui acheter celle dont il veut se débarrasser.

Le courtier est particulièrement utile pour la négociation des devises qui ne

font pas l'objet de change très fourni.

Les courtiers ne sont jamais obligés de dévoiler le nom des banques qu'ils

mettent en relation. Cette discrétion est très utile pour les institutions qui ne

veulent pas faire apparaître en un moment donné leur position acheteuse ou

vendeuse dans telle ou telle devise.

Une fois la transaction effectuée, le courtier relève à chaque cambiste le

nombre de sa contrepartie pour que chacun puisse enregistrer dans ses comptes

l'opération réalisée.

La qualité d'un courtier s'apprécie à la qualité et à la quantité des relations

qu'il entretient avec les institutions financières actives sur le marché des

changes.

12 Voir a ce propos « Entreprises Multinationales : Stratégie, restructuration, gouvernance » de Olivier Meier et Guillaume Schier, Edition Dunod (2005)13 Le cambiste est un opérateur chargé de vendre et d'acheter des devises en essayant, si possible, d'en dégager un bénéfice, et seulement la où les monnaies sont convertibles entres elles.

17

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

Les courtiers traditionnels (boys brokers) qui ont dominé l'activité de

courtage jusqu'au milieu des années 1990 ont été soumis à la concurrence des

courtiers électroniques.

Le développement du courtage électronique a trois (3) conséquences

importantes :

Les cambistes peuvent accéder directement et instantanément à de

nombreuses banques ;

Les courtiers électroniques permettent aux cambistes de réaliser des

transactions en rapprochant automatiquement les ordres d'achat et les

ordres de vente et en fournissant une confirmation immédiate de la

transaction ;

Toutes les banques clientes d'un système de courtage électronique peuvent

accéder quelque soit leur taille aux meilleurs cours effectués sur les

écrans.

Les deux (2) plus importants courtiers électroniques sont : Reuter et EBS

(Electronic Bankerage System).

Aussi L'activité de courtage est réglementée dans de nombreux pays, afin de

protéger les intervenants sur le marché.

c)Le marché à terme

Aussi appelé marché de futures. Ils proposent des contrats à terme

standardisés afin d'obtenir une liquidité suffisante permettant d'acheter ou de

vendre toutes sortes d'actifs : devises, taux d'intérêt, matières premières

minérales, agricoles ou d'énergie,... Les intervenants sur les marchés à terme

peuvent ainsi fixer aujourd'hui un prix pour une transaction qui interviendra

dans quelques mois. Ils sont alors couverts. D'autres utilisateurs peuvent à

18

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

l'inverse chercher à en prendre des risques grâce à l'effet de levier que procure le

paiement à terme du prix de la transaction. Cependant, l'existence de chambres

de compensation permet d'éliminer les risques de contrepartie que supporteraient

en leur absence les utilisateurs des marchés à terme14.

i) Le marché à terme et le risque de change

L'exportateur qui a signé un contrat commercial en devises étrangères

redoute une baisse du cours de sa devise de facturation. S'il veut se couvrir

contre le risque de change à l'aide du marché interbancaire à terme, dès la

signature du contrat, il va vendre à terme sa créance. Ainsi, dès ce jour, il va

connaître la somme en FRF15 qu'il recevra à terme (c'est-à-dire lors du règlement

par son client). De ce fait, il est insensible aux éventuelles fluctuations des cours

de change entre la date de la signature de son contrat et le moment de

l'encaissement de sa créance.

L'importateur qui effectue des achats en devises étrangères et qui bénéficie

d'un certain délai de règlement, lui, craint, une hausse du cours de sa devise de

facturation. En effet, cette hausse se traduirait pour lui par un renchérissement

du coût de ses achats. De ce fait, s'il veut se couvrir contre le risque de change,

dès la conclusion de son contrat d'achat, il peut acheter à terme les devises qui

lui seront nécessaires pour régler sa dette.

Ainsi, il connaîtra immédiatement le montant de son achat en FRF en ayant

recours au cours à terme.

■ Remarques :

- Un achat à terme de devises ne nécessite pas de sorties de fonds. Le

transfert de fonds n'intervient qu'à l'échéance, ce qui est un avantage conséquent

par rapport à un achat au comptant de devises ;14 Pour plus de détails, voir la page 1096 du Vernimmen 201015 Fonds de roulement financier (FRF) : (voir la page 287 du Vernimmen 2010)

19

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

- Le coût de ce type de couverture apparaît à travers l'expression du taux de

change à terme qui est dépendant du taux de change au comptant. Ainsi, lorsqu'il

y a report, le taux de change à terme étant supérieur au taux de change au

comptant, le coût d'achat des devises à terme est plus élevé que le coût d'achat

de devises au comptant (mais dans ce cas, la vente à terme de devises est plus

intéressante que la vente de devises au comptant). En revanche, en situation de

déport le coût d'achat à terme de devises est plus faible que le cours d'achat au

comptant de devises. Par conséquent, le coût d'une couverture sur le marché

interbancaire à terme est dépendant du différentiel de taux entre le cours au

comptant et le cours à terme.

ii) Les contrats à terme

Un contrat à terme correspond à une position fermée sur un marché organisé

de prendre livraison ou de donner livraison à une date donnée d'un produit sous-

jacent à un prix prédéterminé.

Les produits sous-jacents d'un contrat à terme peuvent être des actifs

financiers, tels que des indices boursiers ou des obligations, ou encore des

marchandises ou des matières premières telles que les produits pétroliers, les

céréales ou les métaux. Ces contrats standardisés précisent la quantité et la

qualité des actifs qui constituent le sous-jacent du contrat.

iii) L'intérêt des contrats à terme

Un contrat à terme sur un marché organisé consiste à prendre une position

fermée d'achat ou de vente d'un sous-jacent à un prix fixé à l'avance, à une

échéance déterminée et pour une quantité donnée. A titre d'exemple, on peut

citer les contrats à terme qui portent sur les obligations de première signature ou

les contrats à terme de marchandises tels que les contrats de blé ou de cuivre,

d'aluminium et de zinc. Ces contrats permettent de fixer un prix d'achat ou de

20

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

vente pour une échéance future. Ils offrent une possibilité de gestion du risque

de prix de marchandises ou du risque du taux d'intérêt.

Les principales activités sur le marché des changes

Couverture

La couverture contre le risque de change, correspond à l'essence même du

marché des changes. Cette opération s'adresse principalement aux banques, aux

institutions financières et aux entreprises. Elle correspond au transfert au marché

d'un risque que l'on ne souhaite plus assumer.

Spéculation

La spéculation à la hausse consiste à acheter un bien dont la valeur doit

s'apprécier dans le temps. L'opérateur espère réaliser un profit en revendant le

bien à un prix supérieur au prix d'achat. La spéculation à la baisse consiste, à

l'inverse, à vendre le bien s'il doit se déprécier. L'opérateur espère alors réaliser

un profit en rachetant le bien à un prix inférieur à son prix de vente. Le jeu est

de ce fait l'élément fondamental du comportement humain et le marché est un

moyen de satisfaction très attractif.

On spécule sur le marché des changes dans le but d'obtenir une plus-value,

on peut distinguer  divers profils selon la durée de la prise de risque :

Les scalpers : effectuent des allers-retours très rapides (quelques

minutes) ;

Les days-todays traders : qui débouchent leurs positions en fin de

journée ;

Les long term traders : travaillent sur des horizons plus lointains.

Ce sont des individus qui gèrent des portefeuilles d'actifs et qui sont

constamment à la recherche de la maximisation du couple « rendement/risque ».

21

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

Dans le cas général, cette hypothèse est exacte, mais ces derniers prennent

également des positions à terme afin de réduire le risque total du portefeuille.

L'arbitrage

Technique consistant à repérer les imperfections de toute nature du marché

(mauvaise propagation, désinformations, réglementations) et d'en tirer profit

sans aucune prise de risque.

Le Market Making

Un market maker, ou « teneur de marché », est une entreprise, généralement

une banque d'investissement, ou une personne qui, sur le marché des changes,

fournit constamment, soit uniquement à sa clientèle, soit, dans certains cas, à

l'ensemble du marché, y compris donc à ses concurrents, des prix à l'achat (bid)

et à la vente (ask)16. On dit aussi qu'il « cote » les devises.

En principe, le market maker cherche à capter une partie de la différence

entre ses deux prix, on parle de spread ou de « fourchette », puisque :

· Quelqu’un qui voudra vendre, le fera sur le bid du market maker,

· Et, à l'inverse, un autre qui voudra acheter, le fera sur son offre.

Si ces deux opérations ont lieu alors que le marché n'a pas bougé, le market

maker empoche l'écart de prix. Cela est néanmoins rarissime.

Le spéculateur prend dans ses livres une position opposée à celle de sa

contrepartie : elle est longue face aux courts et courte face aux longs. Si

l'opérateur gagne de l'argent, il perd d'autant.

16 Le bid et l'ask (l'offre et la demande) sont les termes employés sur les marchés financiers pour désigner le prix auquel les intervenants vendent ou achètent des actifs, en particulier les monnaies.

22

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

D. LE MARCHÉ DE CHANGE MAROCAIN

Avant le 03 juin 1996 l’ensemble des transactions et tous les ordres d’achat

et de vente des devises émanant des intermédiaires agrées devaient

impérativement transiter par le canal de Bank Al Maghrib. La totalité des

recettes d’exportation de biens et de services ainsi que tous les autres produits,

revenus ou moyens de paiements internationaux avait un caractère

obligatoirement cessible auprès de l’institution d’émission.

Cela laisse remarquer le monopole de la banque centrale qui est venu pour

instaurer une rigidité agissant négativement sur les dates de valeurs et limitant la

possibilité de suivre l’évolution du marché mondial.

De ce fait, la création d’un marché des changes interbancaires au Maroc

traduit la volonté de donner aux banques la possibilité de conserver et de gérer

leurs positions de change au comptant et à terme. C’est le couronnement d’un

long processus de déréglementation et de libéralisation entamé par les pouvoirs

publics au début des années 80, dans le cadre de la mise en œuvre du PAS17.

Au Maroc, c’est la circulaire 1633 de l’Office des changes qui a annoncé

l’institution du marché des changes. Elle est datée du 01 Avril 1996, car le

marché devait démarrer le 02 Mai 1996. Mais à la demande des banques, et avec

l’accord des autorités monétaires, le démarrage fut décalé d’un mois

supplémentaire, soit le 03 Juin 1996.

En Janvier 1997, le marché des changes Marocain a été ouvert au marché

international des capitaux pour permettre aux banques d ‘effectuer des

opérations de change de devises contre devises auprès de leurs correspondants

étrangers.

17 PAS : « programme d’ajustement structurel » ,un programme de réformes économiques que le Fonds monétaire international (FMI) ou la Banque mondiale mettent en place pour permettre aux pays touchés par de grandes difficultés économiques de sortir de leur crise économique.

23

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

CHAPITRE II : LA GESTION DU RISQUE DE CHANGE

Dès qu'une entreprise réalise une opération commerciale en devise, elle

est confrontée au risque de change.

En effet, il existe forcément un délai entre la conclusion d'une transaction

commerciale (dont le prix est fixé) et le règlement en devise dont le cours (et

donc la contre-valeur en monnaie nationale) ne pourra être connu que le jour du

règlement.

Comme nous l'avons vu précédemment, dans certains cas le risque doit

être pris en compte bien avant la facturation, par exemple lors de la parution

d'un catalogue18.

Banque et entreprises doivent donc mettre en place un système

d'information performant et définir une politique de change afin de préciser, par

exemple, le montant à partir duquel elle se couvrira ou la perte qu'elle sera prête

à assumer ou encore l'absence de couverture sur certaines devises (cette

politique peut d'ailleurs parfois découler de contraintes réglementaires).

Ensuite, il faudra définir les différentes stratégies de couverture, c'est à

dire préciser quels seront les différents instruments à utiliser pour couvrir les

positions.

Le trésorier ou le cambiste devront être en mesure de connaître de façon

très précise et si possible en temps réel la position de change19 sur chacune des

devises sur laquelle il travaille.

18 Voir le schéma proposé dans l’annexe 1.19 On peut définir la position de change comme étant la différence entre les devises possédées (ou à recevoir) et les devises dues (ou à livrer).Si les dettes l'emportent sur les créances, on dit que la position est courte (short), à l'inverse on dira que la position est longue (long).

24

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

Par ailleurs, il ne faut pas confondre prise en compte du risque de change

et couverture systématique. Pour beaucoup de trésoriers, il s'agit bel et bien

d'une gestion du risque de change tout en suivant un processus bien définis.

A. POURQUOI GÉRER LE RISQUE DE CHANGE

Certaines entreprises jugent que la gestion du risque de change est trop

complexe, trop coûteuse où exige trop de temps. D’autres estiment ne pas

connaître assez les instruments et les techniques de couverture, ou pensent que

les opérations de couverture sont intrinsèquement spéculatives. Pourtant, les

entreprises qui choisissent de ne pas gérer leur risque de change se trouvent dans

les faits à tenir pour acquis que les taux de change resteront à leur niveau actuel

ou évolueront dans un sens qui leur sera favorable, une décision qui ressemble à

s’y méprendre à de la spéculation.

De nombreuses études ont établi qu’il est possible d’atténuer le risque de

change en appliquant des méthodes de gestion judicieuses. La gestion du risque

de change offre les avantages suivants à de nombreuses entreprises marocaines

ainsi internationales :

Elle minimise les effets des fluctuations des taux de change sur les

marges bénéficiaires.

Elle accroît la prévisibilité des mouvements de trésorerie à venir.

Elle élimine la nécessité de prévoir avec précision dans quel sens

évolueront les taux de change.

Elle facilite la fixation des prix des produits vendus sur les marchés

d’exportation.

Elle protège temporairement la compétitivité d’une entreprise dans

un contexte d’appréciation du Dirham Marocain (MAD) (procurant

par le fait même à l’entreprise le temps d’accroître sa productivité).

25

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

Lorsqu’il est possible d’atténuer un risque à un coût raisonnable, il est

généralement admis que les gestionnaires d’une entreprise doivent prendre les

mesures qui s’imposent pour le faire. La décision d’acheter des instruments de

couverture de change est semblable à la souscription d’autres formes

d’assurance. Le risque assuré, dans ce cas, est l’affaiblissement de la position de

trésorerie et des marges bénéficiaires causées par une évolution défavorable des

taux de change. De nombreuses entreprises protègent sans hésiter leurs comptes

clients contre le risque de non paiement et toutes les entreprises se prémunissent

contre d’éventuelles catastrophes en souscrivant une assurance sur leurs biens

(exemple de l’assurance SMAEX au Maroc)20. Elles le font afin de protéger leur

position de trésorerie et afin de s’assurer que leurs efforts et leurs talents servent

d’abord et avant tout à exercer les activités commerciales de base de leurs

entreprises. Pour de nombreuses entreprises marocaines actives sur les marchés

internationaux, la gestion du risque de change est semblable à la gestion d’autres

risques assurables.

B. PROCESSUS DE GESTION DU RISQUE DE CHANGE

La gestion du risque de change est un processus en quatre étapes illustrées

à la figure ci-dessous21.

La première étape consiste à définir et à mesurer le risque de change que

l’entreprise souhaite atténuer.

20 SMAEX «société marocaine de l’assurance à l’exportation » offrant des différents produits qui permettent la couverture contre les risques politiques et de non transfert…21 Source : service de la recherche d’EDC (Exportation et développement Canada) www.edc.ca

26

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

Comme nous l’avons mentionné précédemment, la plupart des entreprises

souhaitent plus particulièrement gérer le risque de transaction. Pour mesurer le

risque de change, une société exportatrice payée en Dirham marocain doit, par

exemple, soustraire les paiements en Euro qu’elle prévoit toucher sur une

période d’un an de la quantité d’Euro dont elle aura besoin pour effectuer ses

paiements en Euro au cours de la même période. La différence détermine le

risque à couvrir. Si l’entreprise possède déjà des Euro en banque, il faut

également soustraire le solde de ce compte pour établir l’exposition nette.

Certaines entreprises incluent à leur calcul uniquement les transactions

confirmées en devises étrangères, tandis que d’autres incluent aussi les

transactions anticipées en devises étrangères.

Dans une deuxième étape, lorsque le risque a été mesuré, il faut formuler

la politique de change de l’entreprise. Cette politique devrait être avalisée par la

haute direction et normalement, elle devrait permettre de répondre de manière

détaillée aux questions suivantes :

À quel moment faut-il couvrir le risque de change?

Quels sont les outils et les instruments qui peuvent être utilisés et

dans quelles circonstances?

À qui incombe la responsabilité de gérer ce risque?

Comment les résultats des opérations de couverture de l’entreprise

seront-ils mesurés?

Quelles sont les obligations en matière de communication de

l’information relative aux activités de couverture du risque de

change?

Le moment à partir duquel une entreprise a intérêt à couvrir le risque est

une question intéressante. Comme la figure ci-dessous l’illustre, le risque de

transaction est présent beaucoup plus tôt dans le processus que le risque

comptable. De plus, le risque préalable à la transaction ne peut être ignoré, car

27

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

vu l’état actuel des marchés mondiaux, les prix de vente, une fois qu’ils ont été

communiqués au client, peuvent rarement être modifiés. Par conséquent,

l’entreprise doit soigneusement évaluer à quel moment il convient de couvrir

votre risque de change.

Source : Accountancy (septembre 2002) et Service de la recherche d’EDC

La troisième étape consiste à mettre en place des couvertures conformes

à la politique de l’entreprise. Elle voudra peut-être, notamment, augmenter la

valeur des matières premières achetées en Europe afin de contrebalancer en

partie le risque créé par les ventes effectuées auprès d’acheteurs européens.

Autre solution : Elle peut aussi procurer des instruments de couverture

financiers auprès d’une banque ou d’un courtier de change. Les instruments de

couverture financiers les plus souvent utilisés seront décris ultérieurement dans

le chapitre concernant.

La quatrième étape exige que l’entreprise évalue périodiquement si les

instruments de couverture atténuent dans les faits le risque couru par elle. La

formulation d’objectifs et de points de référence clairs facilitera ce processus.

Elle atténuera aussi, chez ceux à qui il incombe de mettre en oeuvre la politique,

le sentiment d’avoir de quelque manière commis une erreur si le taux de change

évolue de manière favorable à l’entreprise et que les instruments de couverture

qu’ils ont mis en place empêchent celle-ci de profiter de cette évolution

favorable du taux de change.

28

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

CHAPITRE III : TECHNIQUES DE COUVERTURE CONTRE LE RISQUE DE CHANGE

Afin d’éviter totalement ou de limiter le risque de change, les entreprises

ont à leur disposition un éventail de possibilités.

Toutefois, avant d’y avoir recours, elles peuvent mettre en place des

mesures « internes » visant à limiter leur exposition au risque de change et ainsi

repousser l’utilisation de techniques de couvertures « externes », plus coûteuses.

Dans une première partie de ce chapitre nous expliciterons les différentes

méthodes « internes » permettant à l’entreprise de se prémunir contre le risque

de change. Une deuxième partie sera réservée aux autres méthodes dites

« externes ».

A. TECHNIQUES INTERNES DE COUVERTURE

Les techniques de couverture internes à l’entreprise visent à réduire

l’exposition de celle-ci au risque de change. Elles sont déjà nombreuses et

permettent aux entreprises de ne pas se lancer dès leurs premières opérations de

commerce international22 dans des dépenses supplémentaires en faisant appel

aux techniques externes. Ces techniques internes vont se présenter sous la forme

de clauses contractuelles ou d’aménagements dans leur trésorerie, ce qui leur

permet de s’exposer le moins possible au risque de change. Elles vont être

appréhendées du point de vue de l’exportateur et/ou l’importateur.

I. COMMENT ÉVITER LE RISQUE DE CHANGE ?

Voici trois procédés (règlement au comptant, choix de la monnaie de

facturation et ouverture d’un compte en devise) qui permettent à l’exportateur de

ne pas avoir à faire face au risque de change, puisqu’ils lui permettent de l’éviter

complètement. Se sont les premières mesures ainsi que les moins coûteuses à

prendre lorsqu’on se lance dans l’exportation.22 Importations, exportations, prêt ou emprunt en devise, implantation à l’étranger.

29

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

a) Règlement au comptant : une solution simple, mais rare à

l’international

C’est évidemment (avec le choix de la monnaie de facturation) la solution

la plus simple mais ce n’est pas la plus adaptée à la majorité des transactions

internationales. En effet, le règlement au comptant est en quelques sortes la

situation idéale23 pour éviter d’être confronté aux variations des taux de change

mais la plupart des paiements internationaux sont effectués plusieurs jours voire

plusieurs mois après la facturation. Ceci rend inévitable la présence d’un risque

de change. Ainsi, s’il est pratiquement impossible d’obtenir des règlements au

comptant, il est important d’éviter des délais de paiement trop longs, ce qui est à

négocier avec le client au moment de la conclusion du contrat.

b) Ouverture d’un compte en devise au Maroc ou à l’étranger

« Le compte en devise est  un compte ouvert librement, sans autorisation

de l'Office des Changes qui permet d'effectuer des opérations en devises. Ce

compte peut recevoir des virements en provenance de l'étranger, des

encaissements de chèques, des "traveller’s cheque" ou tout autre moyen de

paiement libellé en devises, etc. On peut procéder à des prélèvements sur ce

compte pour effectuer des virements à destination de l'étranger, pour le

règlement de chèques libellés en devises.» 24

Cette possibilité existe mais exige une condition. En effet, pour ne pas

subir de risque de change, il est préférable que l’entreprise qui ouvre un compte

en devise réalise régulièrement des opérations d’importation (de matières

premières par exemple) et d’exportation dans la devise en question, ce qui n’est

pas toujours le cas. Il faut également savoir que l’entreprise peut ouvrir ce

compte en devise soit au Maroc, soit à l’étranger, et le client paiera directement

23 Un règlement effectué immédiatement ne laisse pas le temps aux cours de fluctuer, raison pour laquelle le risque est évité.24 Source : www.bmcebank.ma , offre permettant l’ouverture d’un compte en devise.

30

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

sur ce compte. Ceci est nécessaire car les devises obtenues grâce aux

exportations vont, au lieu d’être changées en monnaie nationale (ce qui pourrait

occasionner un risque de change), servir à payer les dettes de l’entreprise portant

sur des importations25 facturées dans cette même devise. Aucune des deux

parties n’aura de protection à prendre puisque ni l’une ni l’autre n‘aura à

changer sa créance ou sa dette contre une autre devise.

On peut donner pour exemple un producteur Marocain du prêt-à-porter en

matière de cuir qui exporterait ses produits en Europe mais qui en importerait les

machines à coudre, pigments et colorants etc. ce qui constitue des activités

régulières d’export et d’import avec l’Europe et donc des flux réguliers de l’euro

européen (€) dans les deux sens. Dans ce cas, l’exportateur de prêt-à-porter peut

ouvrir un compte en Euro (€) Au Maroc ou à l’étranger, et se prémunit ainsi

contre tout risque de change, tout comme son partenaire commercial, facilitant

ainsi les échanges.

c) Choix de la devise de facturation : monnaie nationale ou autre

devise

Cette limitation des délais évitera d’autant plus tout problème de risque de

change quand la monnaie de facturation est la monnaie nationale. Le choix de la

monnaie de facturation est un moyen de ne subir aucun risque de change car ce

risque intervient dès qu’une monnaie autre que la monnaie nationale entre en

jeu. Les parties peuvent également choisir une autre devise de facturation, c’est-

à-dire celle de l’une des deux parties ou une devise tierce, et ce peut être toute

autre monnaie convertible26.

- Principe et avantages pour l’exportateur :

25 Celles-ci peuvent être des importations à régler en provenance d’un pays facturant dans la même devise que celle du compte.

26 Annexe 3 : Liste et caractéristiques des devises mondiales sur le site Internet : http://www.iso.org/

31

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

Choisir la monnaie de facturation, qui est la monnaie dans laquelle sera

libellé le contrat de vente ou d’achat international, permet à l’exportateur de

connaître parfaitement la somme qu’il recevra à l’échéance prévue par ce contrat

et évite des manipulations comptables supplémentaires. L’exportateur qui

parvient à ce que sa monnaie nationale soit la monnaie de facturation ne subira

aucun risque de change. Ce sera donc l’autre partie contractante, c’est à dire

l’acheteur étranger, qui subira ou profitera (si c’est un gain) du risque de change

induit par les variations du cours de la devise choisie.

- Inconvénients pour l’exportateur :

Cette pratique n’est pas toujours possible car il est évident que les deux

parties ont des intérêts opposés : chacune préfèrerait que la facturation s’effectue

dans sa monnaie nationale, ou du moins dans une devise qui a l’avantage, c’est-

à-dire une devise forte pour un exportateur: Toutefois, dans le contexte actuel où

l’Euro ne cesse de s’apprécier27 par rapport au Dirham Marocain (MAD)28, la

facturation en euro, monnaie actuellement forte, est à la fois synonyme de perte

pour un exportateur marocain mais aussi de perte de compétitivité pour un

exportateur français car ses produits sont de plus en plus onéreux, ce qui peut

décourager certains clients et les attirer vers des concurrents dont les produits

sont moins chers.

d) L’affacturage, «factoring» : transmission du risque de change à

une société d’affacturage (Exemple de « Maroc factoring » filiale de

BMCE bank, leader de l’affacturage au Maroc)

L’affacturage est une technique de financement29 régie par le même

principe que le forfaitage30, mais il s’en démarque car il est utilisé pour des

27 Ce phénomène inquiète les entreprises et gouvernements comme l’explique Gérard MOETTI, dans un article du journal le Monde le 03/11/2004.28 A titre indicatif, 1euro = 11,217 Dirham Marocain le 13/02/2010, d’après http://exchange-rates.org29 C’est à la base un mode de couverture contre le risque de crédit.30 Le Forfaitage ou « forfaiting » ou encore « escompte à forfait » est une modalité de financement.

32

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

montants plus élevés que le forfaitage, sur un portefeuille de clients assez

important et pour des ventes dont l’échéance du paiement ne dépasse pas les 6

mois: ces trois points constituent donc les conditions selon lesquelles un

exportateur peut avoir recours à cette technique. Cette pratique consiste pour

l’exportateur à vendre sa créance à une société de recouvrement appelée «

affactureur31 » ou « factor ».

L’exportateur, après avoir conclu le contrat avec son client, va faire appel

à cette société qui va prendre en charge la suite des opérations en contrepartie du

paiement de 2 commissions :

- Une commission d’affacturage qui représente entre 0.5% et 3% des

créances cédées selon le chiffre d’affaires à affacturer, la taille moyenne des

factures et la qualité des clients.

- Une commission de financement : Elle correspond aux intérêts que paie

l’exportateur pendant la période qui s’étend du jour de la conclusion du contrat

entre l’affactureur et l’exportateur jusqu’à l’échéance du paiement par le client.

C’est à l’affactureur que l’importateur règlera la facture qu’il devait

initialement à l’exportateur. Cela signifie que tout risque de change potentiel est

transféré à l’affactureur qui doit se couvrir. Cela permet à l’exportateur de se

décharger à la fois de tout risque de non-paiement ainsi que du risque de change.

Lorsque l’intermédiaire a été réglé, il va à son tour payer l’exportateur selon les

conditions du contrat qui aura été signé entre eux. Cette technique est

fréquemment utilisée aux Etats-Unis pour gérer le risque de crédit, qui est un

autre type de risque qu’une entreprise court en s’internationalisant32.

31 Voici quelques noms d’affactureurs : International Factors Group, (http://www.ifgroup.com), Natexis Factorem (http://www.factorem.fr)32 L’affacturage permet, comme l’emprunt en devises, que nous verrons prochainement, de cumuler deux fonctions en une seule opération, ce qui constitue son avantage.

33

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

Ces quatre instruments de couverture laissent à l’exportateur une variété

de recours pour se prémunir du risque de change. Seul l’affacturage n’est

possible et rentable que pour des entreprises dont l’activité est conséquente et à

un coût très élevé; les autres sont accessibles à tout type d’entreprise. Eviter ce

risque n’est pas toujours possible, c’est pourquoi la partie suivante apporte un

complément concernant une couverture effective, bien que partielle.

II. COMMENT RÉDUIRE LE RISQUE DE CHANGE ?

Les techniques qui suivent ne visent pas, contrairement aux précédentes, à

éviter le risque de change, mais à se trouver moins exposé à celui-ci, afin de

minimiser dans un premier temps la position de change sur laquelle portera le

risque, et ainsi, minimiser le recours à des moyens de couverture plus coûteux et

nécessitant l’intervention d’un organisme tiers : bancaire ou d’assurance.

a) Compensations internes et « netting ».

L’entreprise va compenser d’elle-même ses encaissements et

décaissements (entrées et sorties d’argent dans la caisse) dans une même devise

afin que sa position de change ne porte que sur le solde de ceux-ci. Cela signifie

que l’encaissement d’une créance dans une devise lui servira à régler une dette

qu’elle doit dans cette même devise. Pour pouvoir procéder à cette technique,

deux conditions doivent être remplies:

- D’une part, l’entreprise doit être vigilante aux délais, car il lui faut assez

d’entrées de devise (paiement de créances par ses clients) pour compenser les

sorties de devise (ce qu’elle doit à d’autres entreprises dans la même devise).

- D’autre part, il est mieux de limiter la quantité de devises utilisées afin

d’optimiser ce système de compensation33. Cette pratique ne doit être utilisée

33 Si l’entreprise utilise des yens japonais, des dollars australiens, des livres sterling, il lui sera plus difficile de faire des compensations que si elle ne traite qu’avec une ou deux devises différentes, selon l’ampleur de ses transactions.

34

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

que si l’entreprise dispose d’une bonne gestion de sa position de change, car elle

doit « jongler » entre entrées et sorties de devises. Cette pratique va donc

entraîner des coûts supplémentaires liés à la gestion de ces devises.

Compensation bilatérale   : utile en cas de relation commerciale

réciproque.

Supposons les entreprises A (Marocaine) et B (Française). L’entreprise A

est à la fois cliente et fournisseur de l’entreprise B et vice versa. La monnaie de

facturation de leurs transactions réciproques est Dollar Américain (Choix de

monnaie tierce comme monnaie de facturation). Par compensation, elles peuvent

simplifier deux transactions en une :

Supposons que A doit 1 000 000 $ à B, qui à son tour doit 1 300 000 $ à

l’entreprise A. Par compensation, seule B doit 300 000 $ à son fournisseur. Le

risque de change est ainsi réduit. L’entreprise A n’est ainsi pas exposée au

risque de change pour cette transaction, et B n’y est exposée que pour une

position de change d’un montant de 300 000 $ au lieu de 1 300 000 $

initialement.

Source : www.eur-export.com

Le « netting » : technique de compensation spécifique aux grands groupes

Illustration de compensations bilatérales

AA BB BBAA

Sans compensationSans compensation

Doit 1 000 000 $Doit 1 000 000 $

Doit 1 300 000 $Doit 1 300 000 $

Doit 300 000 $Doit 300 000 $

Avec compensationAvec compensation

35

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

Le netting est une technique de compensation spécifique aux grands

groupes multinationaux. L’objectif est de réduire le nombre et le montant des

transferts à l’intérieur du groupe afin de minimiser les frais financiers. Les

compensations des différentes créances, dettes et toutes transactions financières

vont permettre au groupe de réduire son exposition au risque de change puisque

seul le solde de toutes ces opérations y seront exposées et gérées par le groupe et

non par chacune des filiales. L’outil utilisé par le groupe pour gérer et

compenser tous ces mouvements est un tableau de bord multi-entrées.

Toutes ces techniques de compensations démontrent la nécessité, pour y

avoir recours, d’effectuer des entrées et sorties dans une même devise

suffisamment importantes pour qu’elles se compensent.

a) Termaillage : « leads and lags34»

Avoir recours au termaillage signifie modifier les délais de règlement afin

de profiter de l’évolution favorable des cours. Cette technique peut être utilisée

par l’exportateur ou l’importateur et consiste à retarder ou avancer la date de

paiement selon la variation anticipée des cours. L’opérateur doit avant tout

vérifier si la pratique n’est pas interdite ou limitée par le marché des changes qui

34 Lead : avance ≠ lag : retard

36

Illustration de compensations multilatérales

AA

DD CC

BB

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

est un marché très réglementé. Prenons l’exemple du producteur marocain de

prêt-à-porter:

- La monnaie de facturation (MAD) a tendance à se déprécier par rapport

à l’EUR.

Cela peut correspondre au cas du producteur du prêt-à-porter qui exporte

ses produits vers l’Europe. Comme l’acheteur va régler l’exportateur dans une

devise faible (comme le Dirham marocain en Février 201035), l’exportateur, par

la technique du termaillage cherchera à raccourcir l’échéance du règlement le

plus possible. Cette attitude s’explique car il anticipe que le cours de la devise

de facturation va continuer à baisser par rapport à l’euro et donc que moins il

attendra, moins le montant de ses créances baissera. Cependant, l’exportateur ne

peut pas avoir recours au termaillage sans tenir compte de deux éléments :

- Tout d’abord il ne faut pas perdre de vue que s’il demande le

raccourcissement du délai de paiement à son client, il se devra de lui accorder

un escompte car l’importateur avait prévu une certaine échéance et ce

raccourcissement peut venir perturber sa trésorerie.

- Ainsi, l’exportateur devra comparer ce que va lui coûter cet escompte

au gain que cette réduction de délai pourrait lui rapporter, ce qui est un réflexe

à avoir systématiquement avec toutes les techniques de couverture. Si le gain

attendu est supérieur au coût engendré par l’escompte, alors le recours au

termaillage est valable, et inversement.

- La monnaie de facturation (MAD) a tendance à s’apprécier par rapport

à l’euro 36 .

35 Voir Annexe 5 : Graphique affichant l'historique des taux de change entre le Dirham marocain (MAD) et l'Euro (EUR) entre le 17/08/2009 et le 12/02/2010.36 D’après www.veille.ma « En août 2006, le Dirham marocain (MAD) s’est apprécié, en une semaine, de 0.05% par rapport a l’Euro »

37

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

Ceci est la situation inverse à la précédente. Ici l’exportateur se trouve

face à une devise de facturation dont le cours augmente par rapport à la monnaie

européenne. Il est dans son intérêt de laisser le cours de cette devise augmenter

en repoussant le paiement de sa créance dans l’optique que le taux auquel son

client le règlera sera plus élevé qu’à l’échéance prévue initialement. Cet

allongement de délai lui occasionnera un coût supplémentaire car il aura cette

rentrée d’argent plus tard que prévu. Il faut donc qu’il ait étudié s’il est rentable

d’attendre plus longtemps pour être payé compte tenu du montant du coût

engendré.

b) Clauses monétaires dans le contrat

En recourant à ces instruments, l’entreprise a la possibilité d’adapter le

prix d’achat (pour l’importateur) ou de vente (pour l’exportateur) aux

fluctuations des taux de change, afin, au mieux, d’éviter le risque de change, ou

du moins une grande partie. On peut retenir 3 grands types de clauses

monétaires :

La clause d’adaptation des prix en fonction des variations des taux

de change

En insérant cette clause dans le contrat, l’importateur et l’exportateur

s’engagent à accepter les conséquences des fluctuations des cours sur le prix

facturé : à savoir que si la monnaie de facturation s’apprécie entre la conclusion

du contrat et l’échéance du paiement, le prix sera réduit. Si, dans le cas inverse,

le cours de cette monnaie baisse, le prix augmentera.

De plus, il existe une alternative à cette clause : la clause d’adaptation

avec franchise. Celle-ci préconise que le prix facturé n’augmentera ou ne

baissera que si le cours de la devise de facturation est au-delà ou en deçà d’une

fourchette fixée par les parties. Par exemple, la clause peut stipuler que le prix

facturé n’augmentera que si le cours de l’Euro par rapport au MAD est au

38

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

dessous de 11.30 ou au-dessus 11.20 MAD, afin de laisser une marge de

manoeuvre aux deux parties.

La clause de risque partagé

Cette clause de risque partagé prévoit que les parties se partageront (par

moitié ou une autre proportion) le risque qui aura été occasionné par les

variations des taux de change entre la date de conclusion du contrat, ou celle de

facturation (selon choix des parties) et l’échéance. Ceci signifie qu’ils se

répartiront les pertes mais aussi les gains qui résulteront de ces fluctuations.

Ainsi, prenons l’exemple du cours du MAD en euro : si entre la date de

conclusion du contrat et l’échéance du paiement, le cours a augmenté de 0.10

euro par MAD (perte pour l’importateur marocain mais gain pour l’exportateur

européen), et les parties ont intégré au contrat une clause de risque partagée à

50%, chacun aura un risque de 0.05 euro par MAD, sur lesquels chacun devra se

couvrir.

La clause d’option de devises est le caractère exhaustif de ces

clauses

La clause d’option permet à l’opérateur d’avoir recours à une autre devise

que celle prévue initialement par le contrat au cas ou la variation du cours de

celle-ci lui serait défavorable, dans les proportions mentionnées dans le contrat.

Cette clause d’option peut être une clause multidevises ou clause de change

multiple qui spécifie la possibilité pour l’acheteur ou le vendeur de choisir

comme devise de facturation celle qui, parmi les devises retenues par la clause,

sera la plus avantageuse au moment de l’échéance. Ces clauses monétaires sont

très nombreuses et peuvent être personnalisées par les parties dans leur contrat,

selon ce qu’elles auront négocié ensemble. Elles s’imposent aux parties car le

contrat est considéré comme la loi des parties.

39

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

Certaines des techniques citées dans ces deux sections peuvent permettre

à l’entreprise d’éviter le risque de change, mais dans le cas où le risque est limité

ou couvert partiellement, elle peut avoir recours à d’autres instruments proposés

par des organismes externes. De ce fait, même si l’entreprise aura des coûts liés

à leur utilisation, elle en aura toujours moins que si elle n’avait pas pris des

mesures préalables pour réduire son exposition. Toutefois, elle peut également

choisir ou être contrainte de n’avoir recours qu’aux techniques externes pour

gérer ce risque.

B. TECHNIQUES EXTERNES DE COUVERTURE

Si les moyens mis en oeuvre décrits précédemment ne suffisent pas pour

diverses raisons, l’entreprise devra se prémunir autrement contre le risque de

change. Elle va pour cela faire intervenir les banques sur le marché des changes

ou souscrire à une police d’assurance. Banques et Assurance proposent des

contrats et autres solutions visant à couvrir soit partiellement, soit totalement les

opérateurs extérieurs contre le risque de change.

I. RECOURS AUX MARCHES FINANCIERS PAR

L’INTERMEDIAIRE DES BANQUES

a) Contrat de change à terme : vente à terme pour l’exportateur

Cette technique est très employée par les entreprises en général et facile à

utiliser étant donné que les banquiers servent d’intermédiaire pour ces

opérations de change à terme.

La couverture à terme se fonde sur un échange d’une devise contre une

autre, sur la base d’un cours comptant (ou cours spot37) fixé avec livraison

réciproque à une date convenue.

37 On parle de cours spot lorsqu'on considère le cours actuellement en vigueur pour une transaction immédiate. Le cours spot s'oppose aux cours forward qui est l’équivalent du cours à terme. (Pour plus de détails, voir la page 318 et le chapitre 52 du Vernimmen 2010).

40

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

Deux opérations sont possibles :

L’achat à terme pour les importations

La vente à terme pour les exportations

Le change à terme permet de fixer aujourd’hui un cours d’achat ou de

vente de devises pour une échéance future. Il s’agit d’un contrat fermé. Aussi le

change à terme ne permet pas de beneficier d’une evolution favorable du cours

de change

■ L’exportateur se protége contre une dévaluation Þ vend à

terme sa créance.

■ L’importateur se protège contre une réévaluation Þ achète à

terme le montant de sa dette.

Exemple de couverture d’une exportation :

AEG, producteur allemand d'équipements électroniques et électriques, vend à un acheteur marocain pour 1 million MAD, payable à trois mois.

Les cours sont les suivants (Bid – Ask)38 :

- Cours au comptant EUR/MAD : 11,2300 – 11,2400

- Cours à trois mois EUR/MAD : 11,3025 – 11,3939

AEG, qui veut se couvrir, vend à 3 mois le million de MAD. Elle est ainsi assurée de recevoir 1 000 000 / 11,3939 = 87766.26 EUR

- Si dans trois mois, 1 EUR = 11,41 MAD, AEG sera satisfait de s’être protégé sur le marché des changes

- Si dans trois mois, 1 EUR = 11,35 MAD, AEG pourrait regretter de s’être couvert sur le marché à terme

Cette technique appelle une certaine remarque du fait que l’exportateur

doit tenir compte du déport et report de la devise avant de choisir de vendre à

terme.

38 Bid = le prix auquel un bureau de change par exemple achète vos EurosAsk = le prix auquel il désire vous vendre des Euros

41

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

L’exportateur se couvrira s’il prévoit que la monnaie de règlement de ses

créances va se déprécier, c’est-à-dire que son cours va baisser. Cette prévision

ne prend en compte que le taux de change au comptant, ce qui ne suffit pas pour

bien anticiper les variations du cours d’une devise. En effet, il doit également

tenir compte du taux de change à terme et de l’écart entre celui-ci et le cours

spot, ce qui renvoie aux notions de « report » et « déport »:

Etant donné que le cours à terme de l’euro par rapport à la devise de

facturation peut être supérieur ou inférieur au cours au comptant, on parle de «

déport » par rapport à la devise lorsque le cours à terme de l’euro est inférieur au

cours au comptant, et « report » s’il est supérieur à celui-ci.

Report et décision de couverture de l’exportateur

Hypothèse d’une

appréciation future de la devise

Taux d’appréciation prévu

supérieur au taux de report

Pas de

couverture39

Taux d’appréciation prévu

inférieur au taux de report

Couvert

ure

Hypothèse d’une

dépréciation future de la devise

Taux de dépréciation prévu

supérieur au taux de report

Couvert

ure

Taux dépréciation prévu

inférieur au taux de report

Couvert

ure

Déport et décision de couverture de l’exportateur

Hypothèse d’une

appréciation future de la devise

Taux d’appréciation prévu

supérieur au taux de déport

Pas de

couverture

Taux d’appréciation prévu

inférieur au taux de déport

Pas de

couverture

Hypothèse d’une Taux de dépréciation prévu Couvert

39 Lecture du tableau : Si l’exportateur anticipe une appréciation future de la devise et que ce taux d’appréciation anticipé est supérieur au taux de report, alors l’exportateur n’a pas intérêt à se couvrir.

42

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

dépréciation future de la devise

supérieur au taux de déport ure

Taux dépréciation prévu

inférieur au taux de déport

Pas de

couverture

Source : «   Techniques financières Internationales   » de S.MANNAI et Y.SIMON, Chap 15, p 378-379

Ces deux tableaux illustrent le comportement que l’exportateur doit

adopter lorsqu’il doit décider s’il va se couvrir à terme ou non, en fonction des

deux éléments cités ci-dessous :

- L’anticipation de l’évolution du cours de la devise en question d’une

part : le taux prévu.

- Le taux auquel le cours à terme est supérieur ou inférieur au cours au

comptant (Spot) : report ou déport.

Ceci montre bien qu’il ne suffit pas que la devise concernée se déprécie

pour que l’exportateur ait à se couvrir.

i) Marché des options de devises

Un moyen pour l’exportateur de se protéger contre la baisse des cours

Une option de devises est un droit40 d’acheter ou de vendre un certain

montant de devises, ce qui signifie que celui qui possède l’option a le droit de la

faire appliquer ou non selon sa situation à son avantage. Par ces options,

l’opérateur se prémunit contre une perte de change mais peut bénéficier d’un

gain de change, s’il n’exerce pas son option, étant donné que celle-ci n’est en

rien une obligation. L’achat d’une option se fait contre le paiement d’une prime

dont le montant varie selon plusieurs paramètres, dont la devise en question, le

cours déterminé, l’échéance de l’option … Il faut donc que celle-ci serve à

40 C’est un actif financier « asymétrique » dans le sens ou son usage n’empêche pas l’opérateur de profiter d’une évolution favorable des cours, contrairement au contrat de change à terme, qui est un actif « symétrique ».

43

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

couvrir un montant suffisamment important pour pouvoir compenser la prime

payée lors de l’achat. Il existe différents types d’option de devises :

L’option d’achat de devises dite option « call ».

L’option de vente de devises dite option « put ».

La règle est que la mise en application de l’option doit se faire au « prix

d’exercice », c’est-à-dire au prix déterminé au moment où l’entreprise prend

possession de l’option. De plus, l’entreprise ne peut exercer son option qu’à la «

date d’exercice », si on est dans le cas d’une option européenne, ou jusqu’à

celle-ci, dans le cas d’une option marocaine.

Plusieurs possibilités s’offrent à l’exportateur selon le rythme de la baisse des

cours

Après cette présentation générale, il s’agit maintenant de s’intéresser au

cas de l’exportateur : il va acheter un put MAD (une option de vente) s’il

anticipe une baisse41 de la devise dans laquelle il sera réglé ultérieurement par

son client marocain. A l’échéance de l’option, qu’il importe de faire

correspondre à celle du paiement de la créance, l’exportateur aura deux

possibilités selon l’évolution des cours.

Si le cours du MAD baisse par rapport à l’EUR, comme il l’avait anticipé,

alors l’exportateur peut soit exercer son option put selon le cours déterminé, soit

vendre sa créance en devises sur le marché au comptant tout en vendant l’option

de vente.

Si, en revanche, le dirham marocain s’apprécie par rapport à l’euro,

l’exportateur peut ne pas exercer son option et revendre sa créance sur le marché

au comptant pour obtenir des euros, ou revendre son option.

41 L’achat d’une option de vente est adapté à l’anticipation d’une baisse importante du cours d’une devise, alors que la vente d’option d’achat est plus utilisée lorsque la baisse est modérée.

44

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

ii) Emprunt « avance » en devises à sa banque: technique de

financement et couverture sur le marché monétaire

En quoi consiste cette pratique   ?

L’emprunt en devises est à la fois une technique de financement d’une

transaction internationale et une technique de couverture contre le risque de

change lié à cette transaction. C’est une technique assez onéreuse pour

l’entreprise qui souhaite y avoir recours bien qu’elle lui permette de disposer de

trésorerie. Cette transaction s’effectue sur le marché monétaire.

En effet, imaginons le cas d’un grand producteur et exportateur

d'équipements électroniques et électriques qui a vendu des articles à un client

marocain qui doit le régler à 60 jours 100 000 MAD. Le problème est qu’il a

besoin de cette trésorerie rapidement.

Solution :

Il va dans un premier temps emprunter ces 100 000 MAD à sa banque qui lui fait une « avance en devises ».

Puis il va revendre immédiatement ces 100 000 MAD (sur le marché au comptant) contre des EUR afin de disposer de trésorerie.

Il remboursera cet emprunt 60 jours plus tard dès que son client lui règlera les 100 000 MAD qu’il lui doit.

Cet exportateur devra, avant d’avoir recours à cette technique, observer

les niveaux de taux d’intérêt lié à cet emprunt en devise et ceux lié à un crédit en

monnaie nationale42.

Dans quelle mesure fait-elle office de couverture contre le risque de

change ?

42 Il n’est pas intéressant d’emprunter en devises pour se financer s’il est plus intéressant financièrement d’emprunter en monnaie nationale, c’est-à-dire si le taux d’intérêt de l’emprunt national est moins élevé que celui de l’emprunt en devises.

45

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

Cette technique fait également office de couverture contre le risque de

change car comme l’exportateur reçoit les devises immédiatement, il ne subira

aucune variation du cours de celle-ci. Il faut tout de même tenir compte du fait

que l’entreprise ne pourra bénéficier d’aucun gain de change, étant donné que

cette mesure permet d’éliminer tout risque de change (gain et perte). Pour que

l’emprunt en devises constitue vraiment une technique de couverture contre le

risque de change, l’exportateur doit être également attentif au fait que la devise

empruntée soit identique à celle dans laquelle est libellée sa créance, mais aussi

aux délais : la durée de l’emprunt doit correspondre à l’échéance du paiement de

la créance qu’il possède sur son client étranger.

Cette double fonction de l’emprunt en devises implique que l’exportateur

ne peut avoir recours à ce moyen de couverture contre le risque de change

seulement s’il a un besoin de trésorerie, ce qui limite les possibilités d’utilisation

mais qui peut être d’un autre côté un moyen d’économiser pour l’entreprise qui

répond ainsi à 2 besoins différents par une seule opération, le premier étant celui

de se financer et le deuxième de se couvrir contre le risque de change.

Cas particulier : le SWAP de change ou SWAP combiste.

Description :

Un swap de change est donc une transaction par laquelle 2 contreparties

s'échangent des flux financiers (des dettes) de même nature libellés dans 2

devises différentes.

Le swap de change est également appelé swap cambiste car il était utilisé

à l'origine par les cambistes de banques pour réaliser des opérations de trésorerie

sans que celles-ci ne soient inscrites au bilan.

Le swap cambiste est une transaction combinant une opération de change

au comptant (ou spot) avec une opération de change à terme (ou Forward).

46

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

Ces 2 opérations sont négociées simultanément avec la même contrepartie

et le même cours de change comptant de référence.

Mécanisme :

Tout se passe comme si les 2 contreparties échangeaient leur dette.

Cas d’une entreprise marocaine avec une autre européene

Les étapes sont donc classiques :

Echange du capital : les 2 contreparties échangent les montants

nominaux de leur dette respective. Cette opération est généralement

réalisée au cours spot du moment. Il s'agit d'une opération de

change au comptant.  

Remboursement du capital : à l'échéance, chacun remboursera à

l'autre le montant du capital intérêts inclus. Ceci équivaut

également à une opération de change dont le cours induit est le

cours à terme de l'opération.

Les flux montrent bien qu'il s'agit en réalité d'une opération de trésorerie

avec versement du capital en date spot et remboursement du capital et des

intérêts à l'échéance.

47

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

Notons que dans la pratique, un swap porte sur le même montant en

devise principale au comptant comme à terme (bien qu'il soit possible de

déroger parfois). On dira par exemple que l'on a conclu un swap 6 mois

EUR/MAD pour 10 millions d'EUR. Où sont passés les intérêts de la devise

principale ?

Ils n'ont pas été couverts. Dans ce cas, soit la Banque fait « l'impasse »

avec tous les risques de change que cela comporte, soit elle peut chercher à

conclure une opération de terme sec (ou outright) pour la seule couverture des

intérêts.

II. RECOURS A L’ASSURANCE : COFACE

L’assurance est une autre possibilité de couverture pour les entreprises. La

COFACE (Compagnie Française d’Assurance pour le Commerce Extérieur) a

été créée en 1946 et a pour objectif de faciliter les échanges entre les entreprises

issues du monde entier. Elle propose aux entreprises exportatrices et

importatrices des polices d’assurance pour se couvrir complètement (gain

comme perte) contre le risque de change moyennant une prime d’assurance.

a) Police CIME

Cette police d’assurance – change import/export existe depuis 1992 et

permet de couvrir une entreprise contre le risque de change dans le cas de flux

réguliers d’importations ou d’exportations facturées en devises. L’entreprise qui

souscrit a la possibilité de bénéficier d’un intéressement à la baisse de l’euro

dans le cas d’une exportation.

La facturation peut s’effectuer dans 5 devises différentes : le dollar

américain (USD), le dollar canadien (CAD), le yen japonais (JPY), la livre

sterling (GBP) et le franc suisse (CHF). En souscrivant à cette assurance change,

48

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

l’entreprise exportatrice n’aura aucun risque de variation des cours des devises à

supporter. Elle est de ce fait assurée d’une stabilité de ses revenus.

Le principe est simple : si l’entreprise subit une perte de change, elle sera

indemnisée par la COFACE grâce à la souscription de cette police. Dans le cas

inverse d’un gain de change, c’est à l’entreprise de reverser à la COFACE

l’intégralité de ce gain, ou une partie de celui-ci, si elle a souscrit une police

avec intéressement (qui induit qu’une partie du gain lui revient).

Le montant de la prime de cette assurance varie selon de nombreux

facteurs tels que la devise prise en compte, le montant garanti, la durée, et le

taux d’intéressement.

b) Assurance Change Négociation

Cette police d’assurance est destinée aux opérations internationales

ponctuelles et ne concerne que les offres de devises. Cela signifie que

l’exportateur qui va lancer un appel d’offre en devises sera protégé contre toute

variation des taux de change entre sa monnaie et la devise dans laquelle il a

formulé l’offre. Cette protection sera valable depuis le moment où il recevra une

réponse à l’offre jusqu’à celui où, effectivement, il sera payé en devises par son

client.

L’exportateur couvert connaît le montant qu’il recevra dans sa monnaie

nationale. Le principe qui régit ce système est similaire à celui de la police

CIME, à savoir l’entreprise ne perd rien, ni ne gagne rien, sauf dans le cas où

elle a souscrit une police avec intéressement.

En ce qui concerne les coûts qu’engendre le recours à cette police, ils sont

composés d’une prime fixe que l’exportateur devra régler à la COFACE au

moment de la souscription, et qui est fonction du montant garanti par l’assurance

ainsi que d’une autre prime qui ne sera à payer que si le contrat est signé.

49

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

Ces techniques de couverture sont utilisées par des entreprises de petites

tailles et n’étant pas très informées sur les techniques de couverture contre le

risque de change.

Tableau récapitulatif de comparaison des techniques de couverture

contre le risque de change pour l’exportateur

Technique de

couvertureCoût

Etendue de la

couverture

Type d’entreprise ou

situation concernée

Règlement au comptant

Pas de coût Totale

Impossible d’obtenir des règlements au comptantSituation très rare

Choix de la monnaie de facturation

Coût d’opportunité

Totale : Gain et perte (risque transmis à l’acheteur)

PME-PMI ne maîtrisant pas Techniques du commerce international.

Termaillage Agios - -De moins en moins

utilisé

Compte en devise

Frais d’ouverture de compte

Totale : Gain et perte

Entrées et sorties assez régulières d’argent en devises

CompensationsCoût de gestion de

la position de change

Réduction du risque par réduction de la position de change

Activité suffisamment importante+existence d’entrées et de sorties de devises.

Clauses monétaires

- -Réduction du

risqueTout type

50

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

Affacturage

Commission d’affacturage (0.5 à 2.5% du montant couvert) + commission de financement (calculée au prorata du temps et selon les taux d’intérêt) : élevé

Totale : Gain et perte (risque transmis au factor)

Montants élevés+gros portefeuille de clients

Contrat de change à terme

Commission bancaire

Totale : Gain et perte

Tout type

Emprunt en devises

Commission bancaire

Totale : Gain et perte

PME-PMI car combinaison financement et couverture

Options de devises

- -Partielle : perte

seulementTout type

Assurance change CIME

750 euros par dossier + prime

Totale : Gain et perte (sauf si intéressement)

Idéal pour les petites entreprises non habituées aux techniques du commerce international

Assurance change Négociation

150 euros min par dossier + prime engagement + prime conclusion

Totale : Gain et perte (sauf si intéressement)

Réservée aux appels d’offre internationaux

51

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

CHAPITRE IV : CULTURE DU RISQUE DE CHANGE CHEZ LES ENTREPRISES MAROCAINES

Au Maroc comme dans plusieurs pays en développement où le risque de

dépréciation de la monnaie est le plus élevé, se couvrir contre le risque de

change n’a pas de grande importance pour beaucoup d’entreprises marocaines ;

ce qui traduit une méconnaissance presque générale de ce risque voir même le

niveau de l’exposition des entreprises à ce dernier.

Nous verrons tout au long de ce chapitre dans un premier lieu une vue sur

le tissu des entreprises marocaines ainsi les facteurs entraînant d’une part, la

méconnaissance de ce type de risque, et d’autre part la négligence et la non mise

en place d’aucune disposition pour se couvrir contre ce dernier chez les

entreprises marocaines. Ainsi une étude empirique sera faite chez deux

entreprises d’import et/ou d’export.

A. LES ENTREPRISES MAROCAINES : APPROCHE, ÉVOLUTION, ET NOUVEAUX CHALLENGES.

Représentant, selon la Fédération de la PME, 95 % du tissu économique43

et occupant plus de 50 % des salariés du secteur privé, la part des PME dans les

exportations marocaines et les investissements privés nationaux se situerait

respectivement à 31 % et 51 %. Alors qu’elles constituent plus de 90 % du tissu

industriel et qu’elles contribuent à environ 40 % de la production, les PME, qui 43 En l’absence de statistiques fiables, et compte tenu de la part importante de l’économie informelle, il reste, cependant, très hasardeux de quantifier le nombre de PME présentes au Maroc.

52

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

ne participent, en revanche, qu’à hauteur de 10 % à la valeur ajoutée, constituent

un facteur déterminant de la croissance économique du Maroc au cours des

années à venir.

Dans ce sens, une étude a été faite pour déterminer l’augmentation du

nombre des entreprises au Maroc par l’Office marocain de la propriété

industrielle et commerciale (OMPIC), cette dernière a recensé 11 395 nouvelles

entreprises créées durant les cinq premiers mois de l’année 2008, contre 10 790

durant la même période de 2007.44

Les PME marocaines, constituant un levier de développement

économique, sont appelées à jouer un rôle de moteur de la croissance ; Mais

elles continuent, néanmoins, à se heurter à de nombreuses contraintes qui

freinent leur développement dont on trouve entre autres :

Le manque de préparation et d’ouverture à l’international des

dirigeants et surtout dans un cadre de libéralisation des échanges.

(Voir plus loin dans ce même chapitre)

Les obstacles culturels à l’amélioration de la compétitivité dont les

plus importants sont : le faible taux d’encadrement, et l’absence de la

culture orale des affaires.

Dans le cadre de sa stratégie globale d’ouverture et de libéralisation, le

Maroc, pays qui se veut plus compétitif sur le niveau international doit affronter

ces nouveaux challenges, la raison pour laquelle le Maroc a commencé dès la

signature de l’accord du libre échange Barcelone (Novembre 1995) a parler sur

les pans entiers de l’industrie marocaine qui seront appelés à disparaître. En

effet, Abdelali berrada Ex président de l’AMITH (association marocaine de

l’industrie textile et de l’habillement) révèle « qu’un tiers seulement des

entreprises ne pourront affronter cette ouverture et cesseront leurs activités, un

44 Selon l’agence marocaine de développement des investissements. « www.invest.gov.ma »

53

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

tiers auront la possibilité de réussir leur mise à niveau et un dernier tiers sont

d’ores et déjà au niveau des meilleures entreprises européennes, compétitives et

ne nécessitant pas de restructuration et /ou de mise à niveau particulières »45.

Dans ce sens, le tiers devant réussir leur mise à niveau doivent entre

autres être conscientes de l’importante exposition au risque de change, des

méthodes de couverture contre ce dernier et les différentes offres sur le marché

qui la permettent ; Bref, la culture du risque de change.

B. COMPORTEMENT DES ENTREPRISES MAROCAINES VIS-A-VIS DU RISQUE DE CHANGE.

Parmi tous les facteurs qui contribuent à la sous-estimation du risque de

change on trouve quelque uns liés aux perceptions, croyances, attitudes et

comportements des agents non seulement vis-à-vis du risque de change mais

également en ce qui concerne les outils qui permettent de le gérer46. Le choix

d’une couverture va donc dépendre de l’exposition objective de l’entreprise au

risque de change et également de la façon dont l’exploitant perçoit ce risque et

son impact sur les résultats de son entreprise.

I. LE MANQUE D’INFORMATION :

Le contexte économique marocain se caractérise par le manque

d'informations sur les techniques déjà existantes et d’autres qui sont nouvelles

permettant de mettre l’entreprise à l’abri de ce risque.

Cependant Les PME n'ont pas les moyens (humains, financiers, matériels)

d'avoir une intelligence économique propre. Le créateur d'entreprise ne dispose

pas d'informations précises sur les nouveaux produits, techniques et offres qui le

45 K.hassani . Analyse de la dynamique des PMI marocaines dans la perspective du partenariat Maroc-Union européene. Thése de doctorat Sciences économiques. lieu de soutenance :Rabat ,Univérsité Mohammed V-agdal. 2004. 415 p.46 Voir PENNINGS & LEUTHOLD [2000, 2001] pour une application de cette approche dans le cadre de l’utilisation des contrats à terme sur les produits agricoles.

54

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

permette de se couvrir et qui peuvent l'intéresser sans investigation personnelle.

Ces investigations sont généralement partielles, incomplètes et parfois erronées.

Il n'existe pas encore au Maroc de base de données informatisées et actualisées.

II. LE MANQUE DE PERSONNEL QUALIFIÉ, ET LE FAIBLE

TAUX D’ENCADREMENT

Les PME se plaignent d'une manière générale de manque de personnel

qualifié notamment dans les services de gestion, et surtout de ne pas trouver à

l'embauche des personnes spécialisés correspondant aux emplois offerts. Cette

remarque vaut d'ailleurs également pour les grandes entreprises, mais la

situation se trouve aggravée chez les PME par les méthodes même de caractère

passif, qu'elles suivent en matière d’embauche, celles-ci sont faites au coup par

coup sous la pression des événements immédiats : par retenue d'une candidature

spontanée, recommandé par un membre de la famille, ce qui mène à des erreurs

nombreuses, multiples essais, coût et perte de temps. Bien évidemment pour la

plupart des PME marocaines le taux d’encadrement (nombre de cadres rapportés

à l’effectif) est très faible, « taux d’encadrement moyen par entreprise

représente entre +12,7% pour le panel et +24% pour les entreprises

accompagnées »47

III. LE COÛT ÉLEVÉ DE L’ADOPTION DE CERTAINES

TECHNIQUES DE COUVERTURES CONTRE CE RISQUE

Les frais liés à l’adoption des différentes techniques permettant la

couverture contre ce risque demeurent jusqu’à présent très élevés que les patrons

ou bien plus précisément les dirigeants des entreprises jugent coûteuses surtout

que leurs transactions et activités sont de montants modestes qui ne permettent

pas de générer des bénéfices ou des pertes jugés importants au cas de

fluctuations éventuelles des cours de change, cela revient essentiellement à la

47 Journal «La Vie éco» ; Le 09-03-2009

55

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

stabilité du cours de change du Dirham marocain par rapport à l’Euro ces

dernières années. «En fait, explique Karim Al Aynaoui, directeur des études et

des relations internationales à Bank Al Maghrib, entre 2005 et 2007, le dirham,

en termes réels, est resté quasiment stable, et depuis 2001, il s’est déprécié de

6% à 7% par rapport aux pays partenaires». Entre janvier et février 2008,

précise encore M. Al Aynaoui, le dirham s’est apprécié de 1,30% par rapport au

dollar et déprécié de 0,20% par rapport à l’euro48.

IV. LA GESTION DE CE RISQUE CONSTITUE UNE

CHARGE LOURDE POUR BEAUCOUP D’ENTREPRISES

Il parait évident qu’une entreprise qui effectue des activités modestes ne

va pas générer de grands montants quand il s’agit de gain de change et elle

privilégie de supporter la perte éventuelle au cas d’une évolution défavorable

des cours de change sur au lieu de recruter un gestionnaire financier pour la

gestion de ce risque ou de constituer un service qui va se préoccuper,alors que

cela va constituer des charges supplémentaires qu’elle ne pourra pas supporter

en fin de compte.

V. MANQUE DE PRODUITS OFFERTS PAR LES

INSTITUTIONS SPÉCIALISÉES EN MATIÈRE DE

COUVERTURE CONTRE LE RISQUE DE CHANGE.

Contrairement à la Coface « Compagnie française d'assurance pour le

commerce extérieur » l'un des principaux assureurs crédits mondiaux à

l'exportation qui donne la possibilité de recourir à deux types de primes

d’assurance spécialement pour la couverture contre le risque de change

« Assurance change CIME ; Assurance change négociation ». La SMAEX49,

48 Extrait d’un article de Salah Agueniou paru dans le journal de « La vie éco » le 7 mars 200849 La « Société Marocaine d’Assurance à l’Exportation » est une société d’économie mixte créée par Dahir portant loi N° 1-73-366 du 29 Rabia 1er 1394 (23 avril 1974) tel que complété par le Dahir portant loi N°1-92-282 du 29 décembre 1992 et modifié par le Dahir portant loi N° 1-04-09 du 21 avril 2004..

56

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

acteur principal de la sécurité des marchés à l’exportation ayant pour objet la

gestion du système d’assurance à l’exportation au Maroc, n’offre que des polices

d’assurance couvrant les risques commerciaux, politiques, catastrophiques, de

non transfert, et de non-paiement ; le risque de change étant peu considéré par

les polices d’assurance offertes par la SMAEX.

C. ETUDE EMPIRIQUE CHEZ DEUX ENTREPRISES MAROCAINES D’IMPORT/EXPORT, CONCERNANT LEUR COMPORTEMENT ET LEUR GESTION DU RISQUE DE CHANGE.

Afin d’appuyer ce qui a été dit précédemment concernant le

comportement de quelques PME marocaines vis-à-vis du risque de change, une

enquête par questionnaire portant sur la gestion du risque de change a été

réalisée chez deux entreprises ayant une activité d’importation et/ou

d’exportation, notamment l’entreprise « SLAMA bois s.a.r.l. » de Nador,

grossiste de bois et de matériaux de construction, et l’entreprise « SICOPA

s.a.r.l. » de Casablanca.

Fil conducteur   :

La première étape fut d’élaborer un questionnaire basé sur le résultat de

nos recherches et donc de la première partie de notre mémoire, et en accord avec

notre tuteur. Ce questionnaire est divisé en trois parties, du général au particulier

: situation générale de l’entreprise, activité et organisation internationale de

l’entreprise, comportement de l’entreprise vis-à-vis du risque de change.

Le but premier de cette enquête est de trouver quelques réponses qui

soient les plus représentatives possible de la réalité et qui puissent concrètement

nous permettre de tirer des conclusions sur les meilleures techniques de

couverture contre le risque de change à préconiser. Cette enquête a été

également réalisée afin d’obtenir une confirmation ou infirmation de ce qui

ressort du comportement contre ce dit risque.

57

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

Rencontre avec Monsieur Slama Mustapha   (propriaitaire de SLAMA

BOIS S.A.R.L ):

Au cours du mois de janvier 2010, une rencontre a été faite avec

Monsieur Slama Mustapha, propriétaire de l’entreprise « SLAMA bois s.a.r.l. »

de Nador, importateur de bois. Durant ce rendez-vous il a expliqué d’une

manière générale le comportement de son entreprise vis-à-vis du risque de

change, l’impact de ce dernier sur son activité, ainsi que les procédures suivies

concernant ce risque, qui se résume dans la méthode dite « termaillage »

(comme mentionné au questionnaire suivant, et rempli par lui-même).

A. QUESTIONNAIRE 1

58

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

I. ANALYSE ET CONCLUSION TIRÉES DE LA RENCONTRE

ET DU QUESTIONNAIRE

Dans un premier lieu on constate que 100% de ses achats sont importés et

payés en monnaies étrangères ce qui veut dire que l’imposition au risque de

change est évidente, alors qu’on trouve que l’entreprise sous-estime ce dernier,

et le considère peu important voire même sans aucun impact sur son résultat,

ainsi que le questionnaire montre une méconnaissance presque totale des

différentes techniques de couverture hormis celle de « termaillage » et celle du

« contrat à terme » vu leur simplicité et garantie.

B. QUESTIONNAIRE 2

59

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

CONCLUSION GENERALE

Parmi les techniques qui permettent de se protéger contre le risque de

fluctuation des cours des devises, toutes ne sont pas adaptées aux entreprises

marocaines qui sont presque toutes des Petites et Moyennes Entreprises. Etant

donné que ces produits bancaires et d’assurance permettent aux entreprises de ne

pas avoir à passer trop de temps sur la gestion du risque de change pour au

contraire se concentrer sur son activité principale. Toutefois, si l’optique de ces

entreprises est de se développer à l’international, alors il est dans leur intérêt de

se familiariser à toutes ces techniques afin de choisir la plus adaptée à leur

activité, et de ne pas considérer ce risque comme faible (comme le cas de

plusieurs entreprises). Il ne faut pas oublier non plus qu’une bonne gestion du

risque de change peut même permettre aux entreprises d’enregistrer des gains de

change, qui viennent augmenter leurs résultats. Les techniques évoluent sans

cesse mais quelques standards demeurent très efficaces et les formules

proposées par les banques et assurances seront de plus en plus diversifiées et

personnalisées : toute entreprise peut ainsi trouver la meilleure solution en

fonction de ses moyens financiers, la valeur et fréquence de ses activités à

l’étranger.

60

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

TABLE DES ANNEXES

ANNEXE 1 : Illustration risque certain et incertain

ANNEXE 2 : Liste des codes ISO de quelques monnaies

internationales et des types de fonds

ANNEXE 3 : l'historique des taux de change entre le

Dirham marocain (MAD) et l'Euro (EUR)

ANNEXE 4 : Offres de BMCE bank

ANNEXE 5 : Lettre d’appui du questionnaire

61

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

ANNEXE 1

POLITIQUE GENERALE DE COUVERTURE : DISTINCTION ENTRE RISQUE DE

CHANGE ALEATOIRE (« potentiel ») ET RISQUE DE CHANGE CERTAIN

Source : Exporter (COFACE)

http://www.eur-export.com/francais/apptheo/finance/rischange/politiquecouverture.htm, s.d.

62

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

ANNEXE 2

ISO 4217 : Liste des codes de quelques monnaies internationales et des types de

fonds

Entité MonnaieCode

alphabétique

Code

numérique

AFGHANISTAN Afghani AFN 971

AFRIQUE DU SUD Rand ZAR 710

ALGÉRIE Dinar algérien DZD 012

ARABIE

SAOUDITERiyal saoudien SAR 682

BELGIQUE Euro EUR 978

BRÉSIL Real de Brésil BRL 986

CAMEROUNFranc CFA -

BEACXAF 950

CHINE Yuan Ren-Min-Bi CNY 156

COSTA RICAColon de Costa

RicaCRC 188

DANEMARK Couronne danoise DKK 208

ÉGYPTE Livre égyptienne EGP 818

ÉRYTHRÉE Nakfa ERN 232

GHANA Ghana Cedi GHS 936

HONG-KONGDollar de Hong-

KongHKD 344

63

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

IRAQ Dinar iraquien IQD 368

LIBAN Livre libanaise LBP 422

MAROC Dirham marocain MAD 504

TUNISIE Dinar tunisien TND 788

TURQUIE Nouvelle Livre TRY 949

VENEZUELA Bolivar Fuerte VEF 937

VIET NAM Dong VND 704

YÉMEN Riyal du Yémen YER 886

ZIMBABWEDollar du

ZimbabweZWL 932

Liste complète sur : www.iso.org

64

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

ANNEXE 3

Graphique affichant l'historique des taux de change entre le Dirham marocain

(MAD) et l'Euro (EUR) entre le 17/08/2009 et le 12/02/2010.

65

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

ANNEXE 4

QUELQUES OFFRES DE BMCE BANK LEADER DE L’AFFACTURAGE AU MAROC

CHANGE AU COMPTANT OU (SPOT)   :

Une opération de change au comptant - ou Spot - vous permet d’échanger immédiatement des devises contre dirham à un cours déterminé en fonction des conditions du marché. Le dénouement (règlement / livraison) des transactions au comptant s'opère deux jours ouvrables après leur conclusion (date de valeur : J+2).

Caractéristiques   :

- Montant minimum : 200 000 DH

Devises traitées : toutes les devises autorisées par Bank Al Maghrib.

- Commission réglementaire versée à Bank Al Maghrib : 1‰ inclus dans le cours communiqué.

- Date de livraison : 2 jours ouvrables

- Conditions : opérations documentées et autorisées par l’Office des Changes.

CHANGE A TERME CLASSIQUE   :

L’opération de change à terme vous permet de fixer dès aujourd’hui un cours d’achat ou de vente de devises pour une échéance future, afin d’éliminer tout risque de change.

Cette solution permet à l'importateur/exportateur de se prémunir efficacement contre le risque de change en figeant son niveau d'achat/cession des devises à échéance.

Caractéristiques   :

- Montant minimum : 300 000 DH

- Devises traitées : Devises cotées par Bank Al Maghrib (BAM).

- Commission réglementaire versée à Bank Al Maghrib : 1‰ inclus dans le cours communiqué.

- Echéance maximale : pas de limitations d’échéance.

- Conditions : opérations documentées et autorisées par l’Office des Changes.

66

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

CHANGE À TERME FLEXIBLE   :

Autre variante du change à terme classique, l’opération de change à terme flexible vous permet de fixer dès aujourd’hui un cours d’achat ou de vente de devises en offrant une souplesse et flexibilité dans les dates d’échéance.

Cette solution permet à l'importateur/exportateur de se prémunir efficacement contre le risque de change en figeant son niveau d'achat/cession des devises à échéance sur une période de sortie déterminée à l’avance et non pas à une échéance unique.Caractéristiques   : - Montant minimum : 300 000 DH - Devises traitées : Devises cotées par Bank Al Maghrib (BAM). - Commission réglementaire versée à Bank Al Maghrib : 1‰ inclus dans le cours communiqué. - Echéance maximale : Dans les limites de la période définie sur le contrat. - Conditions : opérations documentées et autorisées par l’Office des Changes.ANNEXE 5LETTRE D’APPUI DU QUESTIONNAIREBousalam Issam ; Bousalam ImadUniversité Mohammed IFaculté des sciences juridiques, économiques, et sociales OUJDATel : 06 67 17 93 34Email : [email protected]été « SLAMA BOIS s.a.r.l »119, rue de l’hôpital – NADOROUJDA, le 23/02/2010Monsieur,Etudiants en troisième année, sciences économiques, option gestion comptable et financière à l’Université Mohammed premier Oujda, on vient par la présente solliciter votre entreprise afin de réaliser une étude relative à la gestion et la couverture du risque de change. Cette étude est réalisée dans le cadre de notre mémoire de licence, dont le tuteur est Monsieur Kamal El Hassani.Vous trouverez ci-joint un questionnaire portant sur la gestion du risque de change, appliquée par les entreprises importatrices et exportatrices. Il va de soi que toutes les informations recueillies resteront strictement confidentielles et ne seront en aucun cas utilisées à d’autres fins. Ainsi, on vous remercie d’avance de l’attention que vous porterez à ce questionnaire.Cette enquête nous permettra d’analyser vos attentes en matière de protection contre le risque de change, inévitable dans le cadre de l’internationalisation de vos activités, et d’apporter divers outils pratiques et concrets pour y faire face.Vous pouvez renvoyer ce questionnaire par voie postale à l’adresse suivante :Quartier Al Fi...…,Rue El………, N° 123456, Oujda, Maroc.Dans l’attente d’une réponse de votre part, nous restons à votre disposition pour tout renseignement complémentaire concernant cette opération, et on vous prie d’agréer, Monsieur, nos salutations distinguées.Bousalam Issam ; Bousalam ImadP.J : questionnaire (4 pages)BIBLIOGRAPHIEOuvrages- Mannai Samir, Yves Simon, « Techniques financières internationales », ECONOMICA, 1998, 720p.- Pierre Vernimmen, Pascal Quiry, Yann Le Fur, « Finance d'entreprise », DALLOZ, 2010, 1000p, (Dalloz Gestion)- Olivier Meier, Guillaume Schier, « Entreprises Multinationales : Stratégie, restructuration, gouvernance », DUNOD, 2005, 328p, (Gestion sup).- Pennings, Joost M E & Leuthold, Raymond M, « A Behavioural Approach towards Futures Contract Usage», Australian Economic Papers, Blackwell Publishing, 2001, pp. 461-78.Thèses et mémoires- Kamal Hassani, « Analyse de la dynamique des PMI marocaines dans la perspective du partenariat Maroc-Union européen », thèse de doctorat Sciences économiques, Rabat , Université Mohammed V – Agdal, 2004, 415p.- Rajaa Berrkia, « Analyse fondamentale du marche des changes Marocain », Master ès science finance d'entreprise, Rabat, HEM Rabat, 2007, 105p.- Carole Maurel, « Gestion des risques de change, application à l’exportation de vin des cotes du Rhone », mémoire de sciences de gestion, Université

67

Le risque de change, sa gestion et méthodes de couverture

d’Avignon et des pays de Vaucluse, 2005, 66p.- Madihou Niakasso, « gestion  des risques de change », Master, Institut privé de gestion de Dakar, Dakar, 95p.Sites Internet

http://www.trader-forex.fr

http://www.eur-export.com

http://www.wikipedia.com

http://www.lexpress.fr

http://www.edc.ca

http://www.bmcebank.ma

http://www.exchange-rates.org

http://www.lemonde.fr

http://www.ifgroup.com

http://www.factorem.fr

http://www.veille.ma

http://www.invest.gov.ma

http://www.lavieeco.com

68