textes de nabe, carlos, pound, arundhati roy, a-s benoit
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LA VĂRITĂMensuel Janvier 2004
Terrorisme - PĂ©guy - Argent - Pub - Saddam Hussein - Michel Drucker - Milosevic - Daniel Schneidermann
Textes de Nabe, Carlos, Pound, Arundhati Roy, A-S Benoit, Yann Moix,JĂ©sus-Christ - Dessins de Vuillemin
« Suis-je devenu votre ennemi en vous disant la vĂ©ritĂ© ? » Ăpitre de Paul aux Galates (4.16)N°3
ON A TROUVĂ LâAXE DU MAL !
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EZRA POUND VOUS PARLE !Toujours par amour de la vĂ©ritĂ©, Ezra Pound effectue un retour sur l'AmĂ©rique qu'il a aimĂ©e, celle de la RĂ©volution et de ses fondateurs (Adams, Jefferson,etc..). Il revient sur l'esprit de la Constitution qui sâest perdu Ă la fin du XIXe siĂšcle Ă travers, notamment, des lois sur l'Or et l'Argent qui ont fait du dol-lar une monnaie pervertie. Juste un mot encore (avant de laisser la parole Ă notre cher Ă©ditorialiste) pour signaler que le fameux « Archie » dont il parlen'est autre que Archibald MacLeish, poĂšte amĂ©ricain et ancien ami d'Ezra, qui lutta contre le fascisme et qui devint dĂšs 1939, sous l'impulsion deRoosevelt, bibliothĂ©caire de la bibliothĂšque du CongrĂšs.
Inédit
Perduration
Jâai dit la derniĂšre fois que mongrand-pĂšre en avait fait partieavant moi. Dit que câĂ©tait MA
guerre, et que mon grand-pĂšre avait Ă©tĂ©dedans avant moi. Et nous Ă©tions etnous sommes encore du mĂȘme cĂŽtĂ©. LaderniĂšre fois que jâai vu le vieux, jedevais avoir environ 12 ans. Je le voisencore assis dans ce quâon appelait labibliothĂšque Ă Wyncote, dans un grandrocking-chair, devant une drĂŽle degrille de foyer en fer avec au-dessus leportrait de mon arriĂšre grand-mĂšre.CâĂ©tait lâautre partie de la famille quipensait quâils Ă©taient supĂ©rieurs Ă nous.
LâarriĂšre-arriĂšre-petit-fils dâunbaleinier passait son temps Ă Ă©tudier legrec, pendant que ceux de lâautre cĂŽtĂ©allaient Ă lâuniversitĂ©. Bien. Il arriva queje partis pour lâĂ©tranger, et je savais trĂšspeu de chose sur lui, et puis par chancemon pĂšre est venu me rendre visite et aapportĂ© des albums de souvenirs. Et il yavait des coupures de journaux avec desvieilles bagarres politiques, 1878,Grover Cleveland, etc. Lâarnaque de ladĂ©monĂ©tisation du mĂ©tal-argent..
CâĂ©tait ça lâAmĂ©rique.CâĂ©tait une promesse.
Je pourrais Ă©crire toute une histoiredes Etats-Unis Ă travers des personnesinconnues, quatre ou cinq familles. Maisla Guerre a Ă©tĂ© toujours la mĂȘme. JohnAdams, Jefferson, Van Buren, et Jacksonet finalement Abe Lincoln. Tous luttantcontre les usuriers enjuivĂ©s, tousessayant de gagner leur croĂ»te honnĂȘte-ment. Tous essayant de faire que lâar-gent de lâEtat soit honnĂȘtement dĂ©pen-sĂ©. Je nâai pas lu la vie de Gallatin parHenry Adams, que ce Juif ait Ă©tĂ© hon-nĂȘte ou plus simplement habile. Je laisseça aux personnes qui peuvent avoiraccĂšs Ă la vie dâAlbert Gallatin parHenry Adams et la documentationultĂ©rieure. Si Jefferson avait soutenuJohn Adams, au lieu de se rĂ©concilieravec lui quand ils Ă©taient tous les deuxretirĂ©s des affaires, les choses auraientĂ©tĂ© diffĂ©rentes. Mais lâHistoire ne sâin-tĂ©resse guĂšre Ă ce qui aurait pu sepasser si. Jefferson au moins a tenu tĂȘteĂ Alex Hamilton. Deux grandes amitiĂ©s,Ă la base de lâhistoire des Etats-Unis.John Adams et Jefferson, Van Buren etAndy Jackson. On peut passer sontemps Ă lire cette histoire-lĂ . Lesgarçons qui la lisent seront de meilleurscitoyens. Ca rend tout jeune hommeplus amĂ©ricain Ă condition quâil sâentienne dâabord Ă la vraie histoire amĂ©ri-caine avant dâavaler les perversionsexotiques.
Comment en est-on arrivĂ© lĂ ?POURQUOI Signor Zobi offrait-il en1850 les U.S. Ă lâadmiration de lâEurope ?Racontant George Washington Ă seslecteurs. Pourquoi Landor, connu de laplupart dâentre vous pour la civilisationgrecque, sâest-il dĂ©tournĂ© de Pericles et
dâAspasie pour Ă©crire un poĂšme Ă lagloire du gĂ©nĂ©ral Jackson ? CâĂ©tait çalâAmĂ©rique. CâĂ©tait une promesse. Jedirai quâil y avait une promesse et beau-coup plus encore. Tu vois ça Archie,lâAmĂ©rique ce nâĂ©tait pas quâunepromesse. LâAmĂ©rique, câĂ©tait lâarchi-tecture coloniale, la bonne nourriture,mĂȘme dans ma jeunesse, le cuisiniernoir savait faire un vrai ragoĂ»t. Je nâaijamais eu droit Ă de la mauvaise cuisineavant de me mettre Ă manger dans lesrestaurants quand jâĂ©tais Ă lâuniversitĂ©.Et Ă cette Ă©poque lĂ , nom de Dieu, unemarmite dâhuĂźtres câĂ©tait une marmitedâhuĂźtres. Je veux dire en ce qui con-
cerne la cuisine, personne nâĂ©taitmeilleur que nous.
Les chefs français câĂ©tait du flan.Mais la crĂšme glacĂ©e faite avec de laCRĂME, de la crĂšme et des pĂȘches, devraies pĂȘches, nâĂ©tait pas dĂ©passĂ©e parSindar. Il nây avait rien comme ça enEurope.
Une loi sâest faufilĂ©e, quimettait fin au mĂ©tal-argent. Et jamais plus il nâya eu au CongrĂšs suffisam-ment de forces honnĂȘtespour faire passer une loihonnĂȘte sur la monnaie.
Les orfĂšvres amĂ©ricains, le mobili-er colonial amĂ©ricain, mĂȘme le simpletravail de sculpture sur les pierres
tombales. La maison de Jefferson,comme maison dâhomme fortunĂ©, ou entous cas dâun homme qui vĂ©cut commesâil Ă©tait riche et avait fait faillite. Lamaison de Monroe, celle dâun hommequi vivait plus simplement que sesmoyens le permettaient. La maisondâAdams, les deux maisons, celle dâunhomme pauvre et fils de pauvre. Toutesces maisons vous enseignaient quelquechose, quelque chose concernant lapolitique, dans le sens Ă©levĂ© que cevieux Harry Stotle dĂ©fendait, dĂ©fendaitpour lâadmiration de tous. Quelquechose de plus Ă©levĂ© que lâĂ©thique, uneextension de tout ce quâil y a de plus
sain dans lâĂ©thique. Et puis quelquechose a cassĂ©. En 1867 ça a cassĂ© ou çaa Ă©tĂ© cassĂ©. Et les documents sontdisponibles. La correspondance deSherman, Ikleheimer, Rothschild. Maisquand est-ce que vous autres vous allezvous mettre Ă rĂ©flĂ©chir ? Puis, dix ansplus tard, une loi sâest faufilĂ©e, qui met-tait fin au mĂ©tal-argent. Et jamais plus ilnây a eu au CongrĂšs suffisamment deforces honnĂȘtes pour faire passer uneloi honnĂȘte sur la monnaie. Des tracts,des tentatives dâamendements poursauver ce qui pouvait lâĂȘtre. Tentant deconserver en circulation, comme mon-naie dâĂ©change, une partie de la dettequi ne supportait pas dâintĂ©rĂȘts.Calhoun aurait compris ça, aurait com-pris cette idĂ©e concernant la partie de ladette qui ne payait pas dâintĂ©rĂȘt. BiensĂ»r, inutile de lâĂ©mettre comme de ladette. Calhoun aurait compris le sens decette idĂ©e. Au moins une partie de la
dette ne supportait pas dâintĂ©rĂȘt. Netaxait pas lâhomme ordinaire, tous leshommes des Etats-Unis, nuit et jour.John Adams aurait compris ça, Lincolnaurait compris ça. ET COMMENT.
Adressez-vous Ă M. Sandburg, dis-moi, Carl, demande Ă Archie, ce quâil enest de cette question de la partie de ladette exonĂ©rĂ©e dâintĂ©rĂȘts. Quâa Ă direlâĂ©minent directeur de la bibliothĂšquedu CongrĂšs quant Ă cette notion ? et sinon, pourquoi non ? AprĂšs tout ArchienâĂ©tait pas impliquĂ© Ă lâĂ©poque danscette sociĂ©tĂ© vĂ©reuse du PrĂ©sident,lancĂ©e au moment de lâinflation enAllemagne. Archie sâest assis relative-ment tardivement Ă la table des« kikes ». JâespĂšre quâon ne vous a pasdonnĂ© Ă manger de la semelle.
Mais qui doit Ă©mettre ledollar ?
Et puis bien sĂ»r il y a lâaffaire dumĂ©tal-argent. On voulait briser lemonopole de lâor, mais pas de façonvraiment honnĂȘte. On voulait empĂȘcherque le racket de lâor soit exclusif, maisau moyen dâun autre racket. Des typesbien qui sentaient quâils avaient besoinde soutien, comme Sir Montagu Webb,ayant les hommes du mĂ©tal-argent aveceux, mais ne disant pas tout. Cas de con-science trĂšs difficile. Un type entre auCongrĂšs grĂące au soutien des milieuxde lâargent. A le droit de demander lesmĂȘmes droits pour le mĂ©tal-argent quela vermine de lâor pour son or. MAIS :veut que ses droits soient transformĂ©sen racket. Se fout complĂštement desdroits des hommes, du mouton ou descĂ©rĂ©aliers. Bien, câa a Ă©tĂ© la faiblesse delâArgent. Aucune matiĂšre premiĂšrenâest supĂ©rieure de droit aux autres eten plus on ne mange pas de MĂTAUX.
Le dollar comme matiĂšre premiĂšre ;ce vieux Warren avait raison sur ceplan-lĂ . Mais qui doit Ă©mettre le dollar ?Il faut retourner Ă notre vieilleConstitution, vieille et trahie. Mais queraconte le Baltimore Sun, ou le New YorkSun, au sujet de la Constitution desEtats-Unis ? Quâa Ă dire le colonelMcCormick au sujet de la Constitution ?Il mâa foutu dehors, ou en tous cas sestrouillards de rĂ©dacteurs mâont foutu Ă la porte trop tĂŽt de son journal de Paris.Aucune importance. Mais quâa-t-il Ă dire MAINTENANT Ă propos de laConstitution des Etats-Unis ? Peut-ĂȘtrequâil a attendu 20 ans, peut-ĂȘtre plus,mais câest vingt ans de trop.
On se reverra. Que disent les par-venus du mĂ©tal-argent Ă propos de lamonnaie nationale ? Non je ne suis pasun bienfaiteur. Jâai dĂ©passĂ© cette voie -lĂ . Je suis un homme de la monnaie demon pays.
Et il devrait y avoir PLUSdâAMĂRICAINS AVEC MOI.
9 mai 1942. Discours improvisé à Radio-Rome.«The Duration». Traduction : Anne-SophieBenoit
Ezra Pound
Ezra Pound à Venise à la fin des années 20
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RĂ©flĂ©chissez au lieu de hurler. DepuislâAttentat des attentats (comme on dit leCantique des cantiques) du 11 septembre
2001, aucun acte terroriste dans le monde nâestidiot, insensĂ© ou incomprĂ©hensible. Câest ça quâainventĂ© Ben Laden : lâattentat intelligent. La moin-dre bombe explosera pour une bonne raison !Câest toujours pour punir les collabos qui aidentles Yankees Ă rĂ©duire les Arabes en esclavage queles attentats ont lieu. Faites la liste.
Le 11 avril 2002, attentat de Djerba. Pourquoi ?Parce que les Tunisiens sont des MaghrĂ©bins ram-pants qui nâen ont rien Ă foutre des problĂšmes duvrai Orient, et que les terroristes sont les dernierssur terre Ă dire, violemment, que le tourisme estun mal. Terrorisme contre tourisme, la voilĂ lavraie guerre de fond : câest elle qui a Ă©galementsuscitĂ© lâattentat de Bali. Celui de Karachi, le 14juin 2002, les terroristes le justifieraient (si on leleur demandait poliment) par la volontĂ© de dĂ©tru-ire le consulat amĂ©ricain, ce qui est de bonneguerre. En mai 2003, câest le cercle de lâAllianceisraĂ«lite qui saute Ă Casablanca. Pourquoi ? Parceque le Maroc est un autre pays du Maghreb quisert dâoasis royal Ă tous les Pieds-Noirs en maldâexotisme, Ă tous les friquĂ©s du show-biz et desLettres qui Ă©taient contre la guerre en Irakuniquement par peur quâon leur fasse sauter leursvillas Ă Marrakech! Lâattentat de Ryad en novem-bre 2003 nâest pas plus « gratuit ». Pas detouristes ni dâAmĂ©ricains dans les lieux saintsdâArabie Saoudite, ce pays de pourris ! Quediraient les ChrĂ©tiens si on installait un « Stringfellows » ou un « Hulster club » Ă Lourdes ?Rien, bien sĂ»r, car les Catholiques sont devenusdes larves. Tant mieux si les Musulmans qui veu-lent prĂ©server leur Mecque nâen sont pas !
En Irak, depuis la « fin » de la guerre, les atten-tats sont encore plus faciles Ă expliquer.Lâambassade de Jordanie a Ă©tĂ© visĂ©e pour hautetrahison, car la Jordanie a Ă©tĂ© le seul paysfrontalier Ă avoir laissĂ© passer les colonnes de GIet favorisĂ© lâespionnage contre leur voisin arabeagressĂ©... Le siĂšge des Nations-Unies Ă Bagdad futla cible dâune attaque-suicide corsĂ©e parce quelâONU (Sergio Vieira de Mello ou pas) est uneorganisation ponce-pilatienne, une salope aban-donneuse, responsable des sanctions de lâembargoet du lĂąchage total du pays le plus vulnĂ©rable aumoment oĂč il aurait eu le plus besoin de sa pro-tection... Rien dâĂ©tonnant non plus Ă ce que descasernes dâItaliens ou des postes de Polonais etdâEspagnols (tous alliĂ©s de Bush), ou encore descommissariats de police bourrĂ©s dâindics et detraĂźtres irakiens, ex-du Baas reconvertis dans ladĂ©nonciation de leurs compatriotes, reçoiventrĂ©guliĂšrement sur la tronche des « bombes de lamort »... Et mĂȘme, dans le sanctuaire chiite deNadjaf, la voiture dâun ayatollah a Ă©tĂ© piĂ©gĂ©e.Pourquoi faire semblant de se demanderpourquoi ? Comme lâautre qui avait Ă©tĂ© poignardĂ©Ă son retour dâ« exil » londonien, celui-ci Ă©tait unvendu total qui, en plein mausolĂ©e dâAli ! appelaitles Irakiens Ă ne pas chasser les AmĂ©ricains...Enfin, si lâhĂŽtel Rashid a Ă©tĂ© criblĂ© de balles, câestparce que sây trouvait cette ordure de PaulWolfowitz au dĂ©but du Ramadan !
Tout sâexplique. Si toutes ces actions Ă©taientremises dans le contexte historique du combat desrĂ©sistants contre les nazis pendant la deuxiĂšmeguerre mondiale, beaucoup de gens les trouveraittrĂšs justes. Les guerriers de la RĂ©sistance, quâilsappartiennent Ă al Qaida, Ă la Jemaah Islamiyah,ou bien Ă lâancienne garde de feddayine deSaddam, nâont quâun seul but : la LibĂ©ration dâunpays arabe occupĂ©. Et on appelle ça du fanatismereligieux ! Câest une lutte armĂ©e pour dĂ©fendre sa
terre, exactement comme la pratiquaient les Sioux.Rien ne mâa semblĂ© plus tristement symboliqueque dâapprendre que, dans un attentat Ă Mossoul,un soldat «amĂ©ricain » tuĂ© Ă©tait un descendant deCrazy Horse !...
Quand Le Monde titre Ă la une : « Les attentatsen Turquie visent lâislam modĂ©rĂ© » (22 novembre2003), câest faux. Ce nâest pas parce que la Turquiea instituĂ© un « islam modĂ©rĂ© » (sic !) quâelle a Ă©tĂ©visĂ©e par lâ« islam radical »; câest parce quâellesoutient aujourdâhui lâAmĂ©rique comme elle avaitsoutenu lâAllemagne pendant la guerre de 14-18...Sous prĂ©texte quâils sont des Musulmans laĂŻques,les Turcs ont ouvert leur port Alexandrette auxtroupes amĂ©ricaines, et laissĂ© survoler leur terri-toire par les chasseurs US. Sous prĂ©texte quâilsveulent Ă tout prix entrer dans lâEurope (sansabjurer le massacre des ArmĂ©niens), ils font lalĂšche Ă lâAngleterre. Sous prĂ©texte que leursKurdes (dĂ©jĂ des traĂźtres) avaient Ă©tĂ© mis au paspar Saddam Hussein, ils Ă©taient prĂȘts Ă envoyerdix mille soldats contre lâIrak. La Turquie a trahi :elle paye !
MĂȘme Pierre Loti aurait du mal Ă dĂ©fendre laTurquie, dirigĂ©e comme elle est par des hypocritesqui veulent bouffer au rĂątelier occidental. Lui quise mĂ©fiait dĂ©jĂ de lâeuropĂ©aniste Mustapha KĂ©mal,abolisseur du califat et premier responsable ducomplexe occidentaliste des Turcs, ce peuple sichouette entre Europe et Asie, comme disent lesprospectus... Un pays entre deux chaises : ellesviennent de sâĂ©crouler. Attentats sanglants pourfĂȘter la fin du Ramadan Ă Istanbul. Deux syna-gogues en flammes, le consulat anglais en lam-beaux. Câest triste et douloureux pour unamoureux du Bosphore comme moi, mais câĂ©taitpresque inĂ©vitable vu la grande crapulerie du gou-vernement turc depuis plus dâun an. Les Turcsnâont-ils pas compris que lâIrak Ă©tait aussi leurcombat ? Comme celui de tous les rĂ©sistants dumonde, dans tous les domaines ? Et pendant cetemps Ă Londres, les deux brutes endimanchĂ©esBush et Blair, hypnotisĂ©s par leur idĂ©alisme demidinettes dĂ©mocratiques, continuent, malgrĂ© lesmanifs, Ă baver par tous les pores de leur indĂ©-cence leur discours sur la « libertĂ© » et le « Bienqui triomphera». Quây a t-il de plus intelligent Ă leur opposer que du terrorisme ?
Ăa ne suffit plus de manifester son dĂ©sir dâun« autre monde » et de brandir des pancartesdans les rues de Rome, de Madrid... Ou mĂȘme deCancun : ça aussi, ça fait partie de lâobscĂ©nitĂ© occi-dentale. Les derniers attentats en plein Orient con-tre lâOccident au moment du sommet amĂ©ricano-britannique, câest aussi une façon de demanderaux manifestants de cesser de faire lâenfant. Il y ena encore qui sont « contre la guerre en Irak », sixmois aprĂšs la chute achetĂ©e de Bagdad !
Ceux qui ont participĂ© Ă cette injustice suprĂȘme,divine, extraterrestre du dĂ©but du troisiĂšme millĂ©-naire quâa Ă©tĂ© la guerre en Irak nâont rien Ă crain-dre du « terrorisme ». Et pourtant, lesFranchouillards tremblent de peur que deskamikazes sâĂ©crasent cet hiver sur la Tour Eiffel !Ah, les abrutis shootĂ©s au Camembert ! Moins devingt-quatre heures aprĂšs le carnage de Stamboul,les Français se plaignent dĂ©jĂ du manque Ă gagner... « Le monde du tourisme est inquiet ».« Beaucoup dâannulations de voyages pour lesvacances». Il nây a que ça qui les prĂ©occupe, alorsquâon nâa pas encore enlevĂ© les cadavres du trot-toir de Beyoglu... Comment sâappitoyer sur desgens pareils ? Comment respecter des demeurĂ©sdâune telle bassesse ? « Jihad is the language theyunderstand», comme il est Ă©crit sur les tee-shirtspalestiniens...
Le seul moyen dâarrĂȘter le terrorisme, câest delaisser les terroristes sâexpliquer sur les raisons deleurs actions et non de condamner dâabord, parprincipe moral, leur maniĂšre dâagir. Rien que dâad-mettre publiquement que sur le fond, ils nâont pastout Ă fait tort de cibler tel ou tel traĂźtre Ă la justecause dâun monde affranchi de lâimpĂ©rialismeamĂ©ricain, ça ferait, jâen suis sĂ»r, baisser lafrĂ©quence et la violence des attentats. Au lieu deça, les gendarmes du « Bien » ne veulent riensavoir : ils condamnent ! Il faut beaucoup dejugeotte pour ne pas juger. LâOccident nâa pas cettematuritĂ©-lĂ , je ne parle mĂȘme pas dâintelligence.
Lâintelligence, pour lâinstant câest le terrorismequi la possĂšde. Quâon me trouve un seul attentatgratuit depuis deux ans dans le monde ! Un seulqui soit animĂ© par lâabsurditĂ© aveugle et la hainepure pour « lâautre », par lâintĂ©rĂȘt ou la rancoeur,le non-courage, le non-dĂ©sespoir, ou la non-volon-tĂ© de faire bouger les choses, autant de sentimentsqui dĂ©finissent parfaitement la mentalitĂ© occiden-tale. On ne se rend plus compte, en Occident igno-ble, ce que ça veut dire que de vendre son Ăąme, etmĂȘme pas la sienne, celle de Dieu, pour quelquesdollars de plus !... Un «islamiste » dâAl Qaida quifait la « guĂ©rilla » dans le « triangle sunnite »(plus mystĂ©rieux dĂ©sormais que celui desBermudes !) nâa rien Ă foutre de lâIrak, ni mĂȘme deSaddam Hussein. Il ne cherche pas Ă imposer lâis-lam comme religion au reste du monde commeveulent le faire croire les mauviettes athĂ©es, il veutjuste rendre une certaine dignitĂ© aux peuples quirĂ©sistent Ă lâoccupation occidentaliste, câest tout.
Avant, le terrorisme nâĂ©tait pas si pertinent.MĂȘme celui dâAction Directe . Pendant que SergeJuly se pavanait sur son boulevard de la LibĂ©rationpercĂ© grĂące Ă leurs idĂ©es, les « terros » MĂ©nigonet Rouillan dessoudaient le patron de chezRenault, par idĂ©alisme et fidĂ©litĂ© Ă leurs convic-tions... Abattre Georges Besse sur son trottoirparce que câĂ©tait un enfoirĂ© du systĂšme capitalistedes annĂ©es soixante-dix, ce nâĂ©tait pas une bonneaction directe. Les attentats aujourdâhui volentquand mĂȘme plus haut ! TrĂšs bien organisĂ©s,excellents stratĂšges et insaisissables, lesterroristes sont de plus en plus intelligents et doncde plus en plus mĂ©chants : ils frappent oĂč ça faitmal, pas lĂ oĂč il faudrait que ça soit bien de frap-per. Seuls les professeurs de dĂ©mocratie sâac-crochent encore au fantasme dâune « croisadepour Allah», et affirment que câest au «Christ desJuifs et des chrĂ©tiens » que les mĂ©chants martyrssâattaquent. Non ! Aucun idĂ©alisme religieux chezlâIrakien qui cache un lance-roquettes dans unecariole de lĂ©gumes tirĂ©e par un Ăąne, et qui vise lafaçade de lâhĂŽtel Ishtar... Quel est lâĂȘtre humain quipeut encore trouver ça indigne sans se vomirdessus de honte ? AndrĂ© Glucksmann peut-ĂȘtre,qui voit du terrorisme partout et jamais de rĂ©sis-tance nulle part. Au fait, comment considĂšre-t-ilses chers TchĂ©tchĂšnes qui luttent contre lâimpĂ©ri-alisme russe, si ce nâest comme des rĂ©sistants ? LĂ ,comme par miracle, ce ne sont plus des « terror-istes » ! On est toujours le terroriste de quelquâunqui ne vous considĂšre pas comme rĂ©sistant.
Quand lâindiffĂ©rence sera vaincue, le terrorismesera jugulĂ©. Câest tout simple. Regardez le nombrede gens qui crĂšvent quâon ne les Ă©coute pas ! Dansle mĂ©tro, au boulot, et mĂȘme au dodo, il nây a queça : des hommes et des femmes qui nâont jamaiseu le droit de dire quâils sont mal. Donner la paroleĂ celui qui ne lâa pas, ça le vide de toutes ses rages.Câest magique ! On nâa plus envie de poser unebombe grosse comme un coeur, si on a lâoccasionde dire enfin tout ce quâon avait dessus.
Marc-Ădouard Nabe
INTELLIGENCE DU TERRORISME
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Amérique Latine
PĂšre Ubu : Je veux faire les lois maintenant.Plusieurs magistrats : Nous nous opposons Ă tout change-ment.PĂšre Ubu : Merdre. Dâabord les magistrats ne seront pluspayĂ©s.Magistrats : Et de quoi vivrons-nous ? Nous sommes pau-vres.PĂšre Ubu : Vous aurez les amendes que vous prononcerez etles biens des condamnĂ©s Ă mort.Magistrats : Horreur â Infamie â Scandale â IndignitĂ©, nousnous refusons Ă juger dans des conditions pareilles.PĂšre Ubu : A la trappe les magistrats.MĂšre Ubu : Eh ! Que fais-tu PĂšre Ubu ? Qui rendra main-tenant la justice ?PĂšre Ubu : Tiens ! moi. Tu verras comme ça marchera bien.MĂšre Ubu : Oui, ce sera du propre.(Ubu Roi, Alfred Jarry - 1888.)
Aujourdâhui, Petit Ubu met Ă la trappe leministre de la justice, les magistrats,quelques policiers dont la tĂȘte dâailleurs
ne lui revient pas, les autres Ă©tant chargĂ©s desous-traiter la justice, et placarde les africains,les arabes et les musulmans dont la sĂ©rĂ©nitĂ©dĂ©range ce petit homme tous nerfs dehors.TrĂšsbientĂŽt, le Petit Ubu va remplacer les magistratset les avocats par des policiers, ce sera plus sim-ple et plus Ă©conomique. Dâici peu, ils auront toutsur place, les empreintes gĂ©nĂ©tiques que lâon tir-era au sort pour dĂ©signer les coupables, les
enregistrements audiovisuels numĂ©risĂ©s,retraitĂ©s pour les rendre plus jolis.Quand il va Ă Dakar, Petit Ubu, câest le marchĂ©aux poissons qui le passionne. Il aime cesinstants Ă©ternels pleins de poĂ©sie, tout comme cemoment magique du matin, quand il se rasedevant le miroir.Petit Ubu est toujours joyeux et ardent pourgrimper sur lâOlympe, sur les Ă©paules du vieuxCapitaine Bordure.Il sâoccupe de tout mais nâa quâune toute petitephobie qui le gratte derriĂšre lâoreille, LE SANI-TAIRE. Quiconque prononce ce mot haĂŻ devantlui, part aussitĂŽt Ă la trappe : Merdre !Il hait Le Sanitaire, Petit Ubu, les quinze millemorts de chaud, ce nâest pas lui, il ne sâoccupepas du Sanitaire, il a horreur de ça. Il nâa rien su,on ne lui a rien dit, câest le Grand Carabin qui lesa mis Ă la trappe. Pourtant, il est aussi le boss dela SĂ©curitĂ© civile des citoyens et par seulement lechef bien aimĂ© de la police.Il a tort le Petit Ubu, dâĂ©vacuer ce dĂ©tail qui pour-rait devenir plus grand que lui.
Isabelle Coutant-Peyre
LE PETIT UBU BONNE ANNĂE2004
Tous les bons chrĂ©tiens devraient porter le deuil dela capture de Saddam Hussein, vendu. Le prĂ©sidentde lâIrak a protĂ©gĂ© les chrĂ©tiens, garantissant leurs
droits et construisant des lieux de culte dignes de ces anci-ennes communautĂ©s monophysites plus ou moins âvatican-isĂ©esâ depuis 250 ans.
La âcroisadeâ de Bush Jr. lâest aussi contre les chrĂ©tiensdâOrient. ParallĂšle Ă faire avec la guerre contre les Taliban,laquelle livre lâAfghanistan nettoyĂ© de drogues Ă des ban-des armĂ©es de narco-trafiquants travestis en âmoudjahi-dineâ alliĂ©s de âlâAmĂ©riqueâ.
Mes vĆux les meilleurs pour les lecteurs de LA VĂRITĂ.JOYEUX NOĂL DE RĂSISTANCE en Terre Sainte, en
MĂ©sopotamie, et chez la Fille aĂźnĂ©e de lâĂglise.2004 sera une annĂ©e de durs combats pour la LIBERTĂ
des peuples et la SOUVERAINETĂ des nations.Jây participerai. Avec mon stylo.AmitiĂ©s rĂ©volutionnaires,
CARLOS
Si le PĂšre Ubu avait un fils, qui ça pourrait bien ĂȘtre... Pourquoi pas un de nos ministres ?
I l y a encore quelques jours, dans lâun de mes coursde langues, jâai eu le droit Ă une vieille rengaine.Câest notre pain quotidien (trop cuit) Ă nous, les
expatriĂ©s latino-amĂ©ricains. Il faut dire que je lâai bienmĂ©ritĂ© : jâai osĂ© poser un petit bĂ©mol Ă la belle phraseque lâun de mes Ă©lĂšves venait de pondre, tant bien quemal, en espagnol. Il sâemportait contre les Arabes quiviennent se faire plastiquer « chez nous » tout en levantlâindex, en concluant que câĂ©tait dans lâordre des choses,liĂ© au choc des civilisations⊠Le tract de HuntingtonâŠQue visiblement Monsieur nâavait mĂȘme pas lu. Et aprĂšslui avoir expliquĂ© en quelques minutes â de la façon laplus gentille possible et dans mon espagnol de cours deniveau 1 â que Huntigton Ă©tait una buena mierda,Monsieur lâĂ©lĂšve se croisa les bras et se contenta derĂ©pondre la phrase fatidique : « Et bien voyez-vous,mon cher ami, vous pensez comme un latino-amĂ©ri-cain ».
Aujourdâhui, je me demande encore ce que veut biendire penser « comme un latino-amĂ©ricain ». JâaidemandĂ© une analyse plus prĂ©cise⊠Monsieur lâĂ©lĂšveĂ©tait aux anges⊠Et a bien profitĂ© de lâoccasion pourmâillustrer la façon dâĂȘtre de tout le «sous-continent » :il paraĂźt que nous sommes tous des rĂ©volutionnaires(sauf Vargas Llosa, quand mĂȘme, lâexception culturellede la rĂšgle), que nous adorons les coups dâĂ©tat (et lescoups tout court), la fiesta, la tequila et le football, et voy-
ager en Europe. Nous sommes tous dâextrĂȘme-gauche,avons les cheveux longs et portons des chemises du Che.Monsieur ignore sĂ»rement que le Che lui-mĂȘme nâauraitjamais portĂ© une chemise Ă son effigie, comme les adosparisiens le font dĂšs lâĂąge des premiers boutons sur lagueule. Un jour, jâai demandĂ© Ă un jeune qui traĂźnait Ă Beaubourg sâil savait qui Ă©tait le bonhomme imprimĂ©sur son t-shirt. Il mâa rĂ©pondu que ce type avait Ă©tĂ© unestar du rock des annĂ©es 70, tout comme Jimmy Hendrixet Carlos Santana.
Le plus triste est que Monsieur mon Ă©lĂšve ne fait querĂ©pĂ©ter les bĂȘtises que des « spĂ©cialistes des questionslatino-amĂ©ricaines » profĂšrent dans la presse nationale,qui nâest dâailleurs pas mĂȘme foutue de reproduire unecarte du sous-continent sans confondre joyeusementlâUruguay avec le Paraguay, ou de mettre des Castro,Marcos et des hĂ©ritages incas ou aztĂšques partout ou dementionner PerĂłn pour justifier en cinq minutes lesmalheurs de nos pays. Nous latino-amĂ©ricains, onapprend en lisant les analyses des Adler, des Couffignalet autres spĂ©cialistes que pour son mouvementzapatiste, Marcos sâest inspirĂ© Ă fond dâAlthusser et delâinusable Debray, que la gauche mexicaine est unhĂ©ritage aztĂšque, que nos crises Ă©conomiques rĂ©cur-rentes ne sont pas le produit des plans Ă©conomiquessuivis depuis 20 ans, mais les suites des traumatismes dela conquĂȘte du XVIĂšme siĂšcle de nos Ă©tats-nations en
quĂȘte dâidentitĂ©, et que la guerre entre lâHonduras et ElSalvador en 69 est dĂ» au 3-0 dâun match retour, commesi la dĂ©composition de lâEx-Yougoslavie Ă©tait le rĂ©sultatdes bagarres de supporteurs de lâEtoile Rouge et leDynamo de Zagreb. On simplifie, on fait vite et en plus,il faut vous donner raison, Ă vous autres Français, car sion vous contredit, câest sĂ»rement Ă cause de notre cĂŽtĂ©contestataire et rĂ©volutionnaire, et donc voilĂ finalementcomment vous avez toujours eu raison dĂšs le dĂ©part.
Donc en Ă©crivant ceci jâai commis un crime de lĂšse-pensĂ©e française : je mâavoue profondĂ©ment latino-amĂ©ricain et pourtant jâai Ă©crit quelques lignes sans lamoindre trace de rĂ©alisme magique, folklore indien,danseurs de Tango ni appel Ă la RĂ©volution. Jâavoue quede surcroĂźt je nâaime pas danser, je ne sniffe pas et quede PerĂłn, on se fout pas mal en Argentine. Quant Ă monballon de foot, il ne me reste quâun ballon imaginaire,faute dâespace dans mon petit studio. Dâailleurs jâaimebeaucoup le balancer dans la gueule de mes Ă©lĂšvesfrançais qui me demandent si dans ces pays-lĂ on faittoujours des sacrifices humains, si lâon parle catalan, quipensent que nos dictatures Ă©taient toutes communistes(alors que Castro Ă©tait lâexception) et qui me demandentsi mon pĂšre porte son sombrero. Inutile de raisonner unhabitant du pays de la CultureâŠ
Jorge Rodriguez-Lasso
LE CHE NâAURAIT JAMAIS PORTĂ UNE CHEMISE Ă SON EFFIGIE
Molle et morte, la critiqueaime ce qui est mou et mort.Craignant que lâhomme armĂ©dâune idĂ©e ne pousse un cri
quâon nâait pas lâhabitudedâentendre, elle prĂ©fĂšre, et debeaucoup, ceux qui Ă©crivent
pour ne rien dire.
ERNEST HELLO1872
SALUT NELLY KAPRIĂLIAN !
Je mâappelle Abdel.Tu vas voir ce qui va tâarriver un de ces soirs, quand tu rentreras
chez toi, toute seule, dans le noir...
Message personnel
5
Service Public
STOP PUB RAJOUTE UNE COUCHE DE PUB !
Depuis quelques mois, les panneaux publicitaires du mĂ©tro parisien se couvrentde tags. Câest le fruit des opĂ©rations Stop Pub oĂč des centaines de personnesregroupĂ©es en petites bandes sillonnant les stations de mĂ©tro pour se faire les
panneaux avec leurs marqueurs ou leurs pots de peinture. Difficile de trouver une affichequi nâait pas Ă©tĂ© «visitĂ©e » par les nouveaux casseurs de pub.
En finir avec la pub omniprĂ©sente est une initiative heureuse mais le rĂ©sultat desactions commando de Stop Pub est, lui, trĂšs malheureux. Stop Pub en rajoute une couchesur la pub en parsemant les affiches du mĂ©tro de petits commentaires Ă la Debord, imbĂ©-ciles, aigris et moralisateurs. Les tags sont pitoyables : « Pub sexiste » ; « la femme nâestpas une marchandise » ; «La Pub ou la vie» ou sur les affiches promouvant les concerts deFlorent Pagny des « Tâas de la chance tu paies de gros impĂŽts ». Sur les encarts de tourisme,les commentaires crayonnĂ©s rappellent que le prix du voyage proposĂ© est Ă©gal au SMIC etque les pauvres ne peuvent se payer de tels voyages. Comme dâhabitude, les contestatairesse trompent de cible : ce qui est Ă©cĆurant ce nâest pas le prix du voyage, câest le voyage lui-mĂȘme.
Les messages rajoutĂ©s en surimpression sur les publicitĂ©s dĂ©cuplent lâintĂ©rĂȘt que lâonporte aux publicitĂ©s. Alors que lâon ne les voyait plus, on commence soudainement Ă lesregarder plus attentivement. La Pub a gagnĂ©. Recouvrir toutes les publicitĂ©s de peinture
blanche ou dâimages de champs de coquelicots, câest sĂ»rement ce que devrait faire Stop Pub pour enfin dĂ©truire la publicitĂ©. Cela fait bien longtemps que la Pub a intĂ©-grĂ© les tags pour vendre. Stop Pub risque bien de continuer Ă ĂȘtre le dindon de la grosse farce qui fatigue tout le monde. Câest lâacte, le message. Il ne faut jamais ajouterde message et encore moins ses commentaires personnels (le plus grand attentat du monde ne fut pas revendiquĂ©), lâacte doit se suffire Ă lui-mĂȘme. Pas dâexplication,pas dâargumentation. Ne jamais perdre son temps Ă contester un systĂšme : le dĂ©truire !
Une absence totale de publicitĂ© sur les panneaux, des murs redevenus blancs, des champs de blĂ©s ou de fleurs, câest ce qui nous soulagerait ou nous stupĂ©fieraitprofondĂ©ment, nous, les voyageurs du mĂ©tro plutĂŽt que dâĂȘtre obligĂ©s de se fader la Pub et les tags moralisateurs de Stop Pub quand, par malheur, on nâa pas rĂ©ussi Ă trouver son exemplaire gratuit de 20 minutes. A-S. B
MICHEL DRUCKER, 40 ANS DE TĂLĂVISION :QUELLE SANTĂ !
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Reportage
J'ai loué une Twingo chez Avis, direc-tion Villeroy, pour voir enfin à quoiressemblait la tombe de Péguy, « mort
au combat ». Parlons-en, de la mort deCharles PĂ©guy ! Charles PĂ©guy n'est pas mortau combat, non. Charles PĂ©guy s'est suicidĂ© aucombat. Dans son champ de betteraves, sabreau clair, pour se plomber la cervelle, il autilisĂ© une arme peu commune, une arme Ă grande Ă©chelle, une arme grandeur nature,une arme pas petit joueur : la France. Il s'esttuĂ© lui-mĂȘme avec l'honneur de la France. Ils'est mis un coup d'honneur de la France enpleine tĂȘte, septembre 1914. PĂ©guy en avaitparlĂ© dans ses livres, mais personne ne l'avaitlu. Il l'avait Ă©voquĂ© trĂšs souvent, le champ debetteraves. Il Ă©tait avec sa section, il faisaitplutĂŽt beau. Lieutenant, il donnait des ordres.Ses hommes se sont couchĂ©s : les AllemandsĂ©taient de l'autre cĂŽtĂ© de la luzerne. Ils Ă©taientlĂ -bas, tranquilles. Ils ne tiraient pas spĂ©-cialement. Ils tiraient un peu. Ils jouaientvaguement du fusil parce que c'Ă©tait laguerre. Mais c'Ă©tait une guerre qui ne savaitpas encore qu'elle Ă©tait la Grande Guerre, uneguerre qui ne se savait pas elle-mĂȘme entrain d'ĂȘtre la guerre de 14-18. Donc, lesAllemands ne tiraient pas exactementcomme ils auraient tirĂ© s'ils avaient su qu'ilsfaisaient la guerre de 14-18. Non : ils tiraientquelques coups de dĂ©but de guerre, desdouilles de septembre 14, ils rechargeaientleurs canons de morceau de guerre, de cam-pagne cool française, d'automne pas entamĂ©,de guerre qui sentait encore la paix d'hier.C'Ă©tait une guerre dĂ©butante ; c'Ă©tait uneguerre oĂč les Allemands Ă©taient encore desgens : de Francfort, de Hambourg, desgarçons sympathiques de Munich. Ce n'Ă©-taient pas des soldats de la guerre 14 ; ils nese battaient pas encore rĂ©ellement contre lesFrançais ; ils Ă©taient surtout dans un champavec des bottes, une gourde, un chef dont il neconnaissait pas le prĂ©nom, et un peu de soleildans les yeux.
La véritable horreur, c'estqu'un pinson se soit poséun lundi ensoleillé à 14 h 06sur un barbelé tùché desang.
Ce soleil-lĂ Ă©tait un soleil normal. Ons'imagine toujours que les saisons, les soleils,les oiseaux, les couleurs de l'Ă©tĂ© sont dif-fĂ©rents quand ils forment le dĂ©cor des grandsĂ©vĂ©nements tragiques de l'humanitĂ©. Non, ilssont trĂšs normaux. Les saisons ont passĂ©pareil sur Verdun. Il y avait, dans la cam-pagne verdissante et neuve des Ă©tĂ©s, Ă Verdun, des roitelets qui, patiemment, fai-saient leur nid. Des pies qui se posaientdoucement sur la branche, dans la fraĂźcheurjaune d'un matin d'Ă©tĂ© tout neuf, tout propre,tandis que remuait dans son terrier unrenard, ici une gentille taupe, et, par-dessusles arbres Ă©lancĂ©s qui respiraient bien, desnuĂ©es de canards oranges, des envolĂ©es belleset Ă©lancĂ©es, extrĂȘmement Ă©lĂ©gantes, d'oiessauvages comme dans la chanson de MichelDelpech. La nature vivait, le vert existait, jeveux dire : la couleur verte. Pour restituer lavraie rĂ©alitĂ©, il faut laver mentalementVerdun des couleurs verdunoises quel'Histoire nous a lĂ©guĂ©es : ce noir-et-blancbrumeux, pluvieux, dĂ©trempĂ©, historique, cessaisons documentaires faites de fumĂ©esnoires et d'hivers cramĂ©s de blanc, car la vĂ©ri-table horreur, c'est bien qu'un pinson se soitposĂ© un lundi ensoleillĂ© Ă 14 h 06 sur un bar-belĂ© tĂąchĂ© de sang. Que ce sang ait sĂ©chĂ© ausoleil, un beau soleil pour la saison. La vĂ©ri-table horreur, ce n'est pas le noir-et-blanc deVerdun, c'est le Technicolor, c'est la fin du
monde parmi les saisons, l'exterminationbucolique, les dĂ©cors de peintre et la respira-tion des chlorophylles alentour. Je prĂ©tendsdonc que la guerre 14-18 n'Ă©tait pas en noir-et-blanc. Je prĂ©tends, en mĂȘme temps, que lessoldats Ă©taient des gens, qu'ils ne marchaientpas en accĂ©lĂ©rĂ©, que les tranchĂ©es Ă©taientdans les tons boue, avec des morceaux fuch-sia, des endroits violets, que quelques bellesĂ©tendues vertes s'allongeaient sous les pas âet je me dis que souvent sur les charniers,que souvent sur les corps des Poilus de 14passaient quelques rares nuages dans un cielbien bleu.
Ce jour-lĂ , qui n'Ă©tait pas un jour commeles autres parce qu'il allait ĂȘtre, il s'apprĂȘtaitĂ ĂȘtre le jour de la mort de Charles PĂ©guy, cejour-lĂ ne savait pas vraiment qu'il Ă©tait unjour de guerre. Je me mets Ă la place de cejour-lĂ : je suis un samedi, et j'Ćuvre commeun samedi. Je ne m'inquiĂšte pas car je saisque PĂ©guy a une tĂȘte, je sais que PĂ©guy a unCV qui le porte Ă pĂ©rir un dimanche. Et c'estlĂ l'erreur ! Les gens qui ne comprennentrien Ă PĂ©guy en font un ĂȘtre dominical. Lescons ! C'est un fiĂ©vreux du samedi, Charles.Lorsqu'il allait Ă Suresnes, Ă pied, vers l'im-primerie oĂč il passait des heures Ă traquer lescoquilles des Cahiers (qu'il s'agĂźt de sa«copie » ou de la «copie » des autres) ehbien c'Ă©tait le samedi. Nombre de cahiers por-tent la date du samedi. C'est le cĂŽtĂ© Travoltade PĂ©guy â et c'est en Travolta, nous le ver-rons, en Travolta dansant la Carmagnole aumilieu des betteraves qu'il va mourir. La mortde PĂ©guy est dansante. Le suicide de PĂ©guyfut disco.
Nous sommes, je suis, un samedi. Appelez-moi, arbitrairement, «samedi 5 septembre1914» et je verrai ce que je peux faire. Je vaisvoir comment les vies humaines sedĂ©rouleront sur mon dĂ©cor. J'ai Ă©tĂ© un same-di trĂšs calme, trĂšs beau, il y avait, vu d'avion,des fermes posĂ©es sur des Ă©tendues jaunes,vertes, jaunes, et d'autres plus rousses (Ă cause de la moisson, je suppose, mais je nesuis pas trĂšs bon en agriculture). C'estaujourd'hui que Charles PĂ©guy a dĂ©cidĂ© defaire le malin. Ăa couvait depuis longtemps.Dans son Ćuvre, dans sa vie, dans son destin,dans son sommeil la nuit derniĂšre. Il Ă©taitprĂȘt. Il a dĂ» espĂ©rer que le suicide ne se ver-rait pas trop. Qu'il allait pouvoir le camou-fler sous l'habit d'une vraie mort, d'une mortau combat. Au milieu de l'action, sous lamitraille drue, on n'y verrait que du feu. Ilpourrait disparaĂźtre tranquillement, trichersur les motifs de sa mort, rouler tout lemonde, y comprit l'ennemi qui, croyant buter
un salaud de français, allait euthanasier legĂ©rant des Cahiers qui n'en pouvait plus degĂ©rer, qui n'en pouvait plus d'Ă©crire dans levide, n'Ă©crivant plus que pour se lire,n'Ă©crivant plus que Dieu, c'est-Ă -dire pourlui-mĂȘme. Il savait, pendant la derniĂšremarche de nuit avec sa section, quel'Allemand qui allait lui donner la mort exis -tait, qu'il Ă©tait quelque part, Ă quelques arbresde lĂ , Ă quelques fermes, Ă quelques lieues.L'Allemand, qui n'avait pas lu une seule lignede PĂ©guy, Ă©tait nĂ© un jour, en Allemagne, dis -ons Ă DĂŒsseldorf, ou plutĂŽt Ă Gelsenkirchen,et il avait passĂ© toutes ses jeunes annĂ©es sanssavoir qu'il Ă©tait celui qui allait mettre fin à « l'aventure des Cahiers de la Quinzaine ».Personne n'a jamais essayĂ© de pour savoirQUI a tuĂ© le lieutenant Charles PĂ©guy. QUI, cejour-lĂ , un samedi trĂšs pĂ©guyen, a rendu ceservice Ă PĂ©guy. Tout le monde a cru, tout lemonde croit que PĂ©guy est mort pour laFrance. C'est faux : il est mort pour lui. Ce quiest vrai, en revanche, c'est qu'il est mort PARla France. Il n'a pas servi sa patrie, oh non : ils'est servi de sa patrie pour mourir. Ceux quine me croient pas peuvent enquĂȘter cinqminutes : PĂ©guy est le premier mort de laBataille de la Marne, et, en gros, le premiermort de 14-18 tout court. C'est donc bien qu'ilavait hĂąte. Qu'il ne comptait pas attendre1918 pour profiter de l'aubaine. Il a quandmĂȘme fallu une guerre mondiale pour avoirraison de PĂ©guy !
Je suis le samedi 5 septembre 1914 et jesais de quoi je parle. La mort de CharlesPĂ©guy, c'est mon truc. Ma spĂ©cialitĂ©, mondomaine. J'enseigne cette matiĂšre. Je connaistout sur la betterave, les petits sentiers, lesbuissons de Villeroy, les chemins jaune pous-siĂšre qui mĂšnent au combat. J'emploie« mener » au prĂ©sent, parce que je suis arrĂȘtĂ©dans le temps. Je n'ai pas continuĂ© mon des-tin de samedi, je n'ai pas dĂ©bordĂ© sur lemoindre dimanche. Je suis figĂ©, condamnĂ© Ă ĂȘtre Ă©ternellement ce samedi-lĂ , en terre deFrance, entre Beuvronne, Thieux, pas trĂšsloin de Moussy-le-Neuf. Je suis cette journĂ©epour toute la vie.
PĂ©guy a toujours su qu'unseul homme serait capablede l'abattre et que cethomme, c'Ă©tait lui.
Je suis le samedi 5 septembre 1914 : le seuljour de la vie de PĂ©guy oĂč il fut Ă la fois vivantet mort, vivant le matin et mort le soir. Je suisle seul jour de toute l'histoire de l'humanitĂ©pour lequel on puisse dire, indiffĂ©remment :« PĂ©guy est vivant» et « PĂ©guy est mort ». Il ya eu, dans ce mĂȘme samedi, les deux vĂ©ritĂ©s.Je les contiens. Je vis avec. PĂ©guy mort etPĂ©guy vivant m'appartiennent Ă Ă©galitĂ©. Je lesaime tous les deux. Je ne fais, comme vousautres, aucune distinction entre les deux. Cesont mes enfants. Je n'ai pas de prĂ©fĂ©rence. Ilssont jumeaux.
La vĂ©ritĂ©, c'est que PĂ©guy, lui, faisait uneautre guerre, une guerre parallĂšle. Uneguerre intĂ©rieure. Avec lui-mĂȘme. PĂ©guy fai -sait la guerre Ă PĂ©guy. Lui qui n'avait eu quedes ennemis en tant de paix, vous croyez queça allait le gĂȘner d'en avoir en temps deguerre, c'est-Ă -dire dans une configurationoĂč tout un pays a des ennemis, oĂč des mil -lions d'hommes ont tout Ă coup desennemis ? La guerre, il l'avait fait toute sa vie.Jamais on ne lui ficha plus la paix qu'enguerre. Toute sa vie, les gens l'avaient com-battu, tuĂ©, humiliĂ©, frappĂ© : il Ă©tait ressortivivant de tout cette guerre pire que la guerre,puisque c'est la guerre, non des peuples etdes nations, mais des pigistes et des critiqueset des petits journalistes. Une guerre livrĂ©e
par les hommes de lettres. PĂ©guy a toujourssu qu'un seul homme serait capable de l'abat-tre et que cet homme, c'Ă©tait lui.
Regardez-le (je vous le prĂȘte quelquesinstants) sur le sentier, sur la route de Thieux,avec sa section, fourbu mais content, soleil etpoussiĂšre, Ă©glises, fermes, foin : on a l'im-pression, n'est-ce pas, qu'il n'a pas peur demourir. Eh bien non. Il a peur, en vĂ©ritĂ©. Peurde ne pas mourir ! Toute sa vie, il a vĂ©cu dansune boutique campĂ©e en face de la Sorbonne,son ennemie. Il s'apprĂȘte maintenant Ă camper la (plus petite encore) boutiquequ'est son corps en face d'un autre ennemi :les Allemands. Mais ni la Sorbonne nil'Allemagne ne sont ses vĂ©ritables ennemis :ils sont, au contraire, le moteur de son gĂ©nie.La Sorbonne voulait tuer son Ćuvre ;l'Allemagne va tuer sa vie. On l'a dĂ©corĂ© parcequ'il est mort en hĂ©ros. On l'a dĂ©corĂ© pour lesraisons symĂ©triquement opposĂ©es aux vraismotifs de sa mort. Lui qui a dĂ©tournĂ© le vraisens de la Guerre 14 pour servir son Ćuvre,lui qui est coupable de dĂ©tournement de con-flit mondial Ă des fins personnelles (se sup-primer physiquement pour allĂ©ger sonĆuvre du fardeau que reprĂ©sentait sa figurehumaine), le voici martyr de la GrandeGuerre, le voici copain des scouts de France,des limite-fachos, de quelques nationalisteset des types vieux jeux qui croient en laFrance Ă©ternelle et en un seul Dieu.
Il est parti pour nous laiss-er son Ćuvre, pour que sonĆuvre enfin, soit visible,soit lisible.
Ce qui est fascinant, c'est que PĂ©guy estrestĂ© dans nos, pardon : dans vos mĂ©moires,Ă cause de sa mort. Pas Ă cause de sa vie, maisde sa mort. Sa biographie se confond avec sanĂ©crologie. Quant Ă son Ćuvre : elle aussi, estenterrĂ©e. Ensevelie sous mille, dix mille hon-neurs rendus. Il a des rues, Charles, desĂ©coles, des avenues, des ruelles, des faubourgsparce qu'il est mort « au combat ». Qui a-t-ilcombattu ? L'Allemagne ? Vous plaisantez,j'espĂšre. Il s'est combattu lui-mĂȘme : il nesupportait plus que son corps fasse de l'om-bre Ă son esprit ; il est parti pour nouslaisser son Ćuvre, pour que son Ćuvre enfin,soit visible, soit lisible. Une Ćuvre dĂ©livrĂ©e deson auteur pour l'Ă©ternitĂ© - des milliers defeuillets que la prĂ©sence humaine, lourde,pataude, furax et maudite de Charles-PĂ©guy-l'ĂȘtre-humain ne contaminera plus jamais,n'abĂźmera pas, ne gĂąchera pas. Une Ćuvretoute seule dans sa postĂ©ritĂ©. Une ĆuvreabandonnĂ©e dans son infinie lisibilitĂ©. 229Cahiers de la Quinzaine Ă lire dans leur totalegratuitĂ© pure, sans l'inertie d'une vie qui lescontinue, les promeut, les dĂ©fend, lesimprime et les anime. Quatre tomes dePlĂ©iade virtuels, quatre tomes de PlĂ©iade pos-sibles qui attendent leur heure pour toujours,qui, Ă jamais dĂ©connectĂ©s du corps deCharles PĂ©guy, sont posĂ©s dans une lumiĂšrecalme, disponibles Ă tout moment, figĂ©s dansune prose qui se sait inĂ©dite Ă cent pour cent,Ă mille pour cent. Une prose qui n'a jamaisĂ©tĂ© lue mais qui sait, car elle a hĂ©ritĂ© de toutl'orgueil du mort, que des jeunes lecteurss'approcheront, sans crainte de l'obstacle quereprĂ©sentait la prĂ©sence physique du petitbarbu fĂąchĂ©-sanguin qui les eĂ»t insultĂ© detoute façon, et que, passĂ©e la zone de mĂ©fi-ance, ils la liront. Cette Ćuvre vacante, cetteĆuvre achevĂ©e, terminĂ©e, cette Ćuvre est lĂ .Elle est ici. Servez-vous. Vous pouvez Ă toutmoment vous la procurer. Elle est vivante.PĂ©guy est mort pour que vive son Ćuvre. Viveson Ćuvre !
Yann Moix
MORT PAR LA FRANCEAujourd'hui, PĂ©guy Ă©crirait dans notre journal. Et plus encore : c'est lui-mĂȘme qui ferait La VĂ©ritĂ©, tout seul avec quelques amis, dans sa boutique de larue de la Sorbonne ! VoilĂ pourquoi il faut reprendre Charles PĂ©guy aux faiseurs de notre Ă©poque qui osent se rĂ©clamer de lui. Les Edwy Plenel et lesFinkielkraut n'y comprennent rien. Notre collaborateur Yann Moix sâest rendu sur les lieux de la mort de PĂ©guy, au champ « dâhonneur».
Charles PĂ©guy en 1914
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TĂ©moignage
POURQUOI JE SUIS ANTISĂMITENotre collaborateur Wang-Chu-Lei souffre, lui aussi, en Chine, de la perpĂ©tuelle accusation dâantisĂ©mitisme dont chaque esprit libre est la victime.Journaliste idĂ©pendant Ă PĂ©kin, Wang-Chu-Lei a Ă©crit, pour La VĂ©ritĂ©, ce texte passionnant.
Wang-Chu-Lei
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DĂšs que jâai vu la tĂȘte deSaddam, je suis reparti. Pasquestion de rester pour les
fĂȘtes dans cet Occident triomphateur.Câest la jubilation des minables. EnOrient, vite ! Ah, si jâavais pu emporter latĂȘte du dictateur avec moi sous le bras.Les AmĂ©ricains lâont servie sur un plateauaux mĂ©dias du monde entier avec trop dedĂ©gueulasserie. On parle partout de pĂšreNoĂ«l qui se serait lui-mĂȘme offert encadeau Ă Georges Bush. Mais sur cesimages, Saddam a plutĂŽt un petit cĂŽtĂ©saint Jean-Baptiste, avec ses longscheveux et sa barbe de prophĂšte. LaSalomĂ© yankee a assez dansĂ©, elle a eu cequâelle voulait. Ă Fuir le cynisme, faire unpetit bilan au Liban.
Ă peine arrivĂ© Ă lâaĂ©roport deBeyrouth, un air de fraĂźcheur souffle. Ăane vient pas seulement de la mer, maisdes regards des familles libanaisesmassĂ©es derriĂšre la barriĂšre, et qui atten-dent les voyageurs avec une espĂšce depassion... Ici aussi câest la guerre, mais aumoins est-elle perdue. Au Liban, jerespire comme un poisson dans lâeau. Uneeau chaude et pure, dans laquelle on jettequelques fleurs dâoranger. Les Libanaisappellent ça un cafĂ© blanc. Câest excellentpour digĂ©rer. Il va mâen falloir du cafĂ©blanc, ici, sur la colline dâAcharfieh, toutprĂšs de lâĂ©glise de Notre Dame delâAssomption, pour digĂ©rer cette annĂ©e.
TrĂšs lourde, la 2003... Je pensaisquâelle allait se terminer mieux quâellenâavait commencĂ©. Au contraire, Ă lâauberouge, Saddam sâest fait piquer, trahi pardes Kurdes peshmergas. On lâa retrouvĂ©thĂ©Ăątralement dans une sorte de trou dusouffleur, mais la piĂšce Ă©tait finie... Ilavait Ă ses cĂŽtĂ©s une mallette de 750 000dollars et un seul livre de chevet. Je me ledonne en mille, Crime et ChĂątiment, enarabe. OĂč en Ă©tait Raskolnikov aumoment de la capture de son prestigieuxlecteur ? Seul son marque-page en formede poignard babylonien pourrait le dire...Lire DostoĂŻevski quand on a la tĂȘte deTolstoĂŻ, câest du vice !
Câest bien la fin du pre-mier chapitre de ce grandroman qui sâappelle leTroisiĂšme millĂ©naire !
Ă en croire les Occidentards, SaddamĂ©tait un monstre de bĂȘtise et de cruautĂ©qui ne cherchait quâĂ sâenrichir, Ă fairesouffrir par plaisir son peuple, Ă torturerdes opposants, Ă mettre des chapeauxbizarres, fumer des cigares Ă©normes etpersĂ©cuter les Chiites... Non, tout ça cesont les consĂ©quences de sa politique car-actĂ©rielle mais pas les raisons de soncombat. Et ce combat pendant trente ans,il a Ă©tĂ© trĂšs prĂ©cis. Objectifs : rassemblertous les Arabes, faire tirer la langue desOccidentaux sur le pĂ©trole et Ă©craser lavolontĂ© de puissance dâIsraĂ«l. Quel Arabeest contre ça, sâil ose encore se regarderdans la glace ? En France, je nâen connaispresque plus qui en soient capables, et ici,je demande Ă voir. Pour lâinstant, Ă Solidere, il y a surtout des serveursdĂ©guisĂ©s en costumes typiques rouge etjaune. Ils portent des sarouels, ces
pantalons Ă lâentre-jambe flasque. Ils nesemblent plus bons quâĂ entretenir uneseule flamme, celle des narghilĂ©s desclients. Comment ne pas penser alors queles Arabes prennent dĂ©sormais tout ce quibrĂ»le avec des pincettes, et quâenmarchant, ils ont tous lâair dâavoir chiĂ©dans leur froc ?
Câest bien la fin du premier chapitrede ce grand roman qui sâappelle leTroisiĂšme millĂ©naire! Petite expĂ©riencevisuelle : dâun cĂŽtĂ©, vous mettez le WorldTrade Center en fumĂ©e et de lâautre le vis-age de Saddam sorti de son « trou Ă rats »,comme disent les anti-racistes. Aucunrapport, puisquâon sait quâil nây avait pasde lien rĂ©el entre lâattentat de New York etla guerre en Irak, et pourtant il sâagit detoute une histoire racontĂ©e lĂ , celle delâOccident enculĂ© le 11 septembre 2001 etde lâOrient puni pour cela le 13 dĂ©cembre2003. Le crime et le chĂątiment, les revoilĂ ,Ă la grande joie des Occidentaux.Imaginer le rĂ©veillon de Bush me donneenvie de dĂ©gueuler. Ce nâest plus lavolaille immangeable quâil avait apportĂ©een surprise Ă ses boys Ă Bagdad que cesalaud va sâavaler, mais un bon groscadavre de dinde criblĂ©e de marrons. Riende tel aprĂšs avoir recouvert de crachats lePĂšre NoĂ«l ! Ici aussi, on crache sur lesPĂšres NoĂ«l, mon chauffeur de taxi ne segĂšne pas. Il dit que tous ceux qui pullulentdans les rues de Sodeco sont desmoukhabarats syriens sous leur barbeblanche, et il leur lance de grands glaviotspar la portiĂšre de sa voiture. « PTUIFF !»
Les Arabes savent bien aufond que ce nâest pasSaddam Hussein quâon ahumiliĂ©, câest eux.
Quelle annĂ©e 2003 ! De « The game isover » à « We got him». Tout est dit etpourtant il faut le redire et le redireencore, ça ne rentre pas assez, la guerreen Irak fut une ignominie et tous ceux quilâon approuvĂ©e, acceptĂ©e, tolĂ©rĂ©e oumĂȘme combattue sans rien faire sontcoupables. Coupables, les Arabes et lesnon Arabes qui croient peut-ĂȘtre encoreque sans Saddam le monde ira mieux ;avec Bush rĂ©Ă©lu, il va Ă sa perte Ă coupsĂ»r ! Il est clair que Bush, comme sonnom lâindique, se prend pour le buissonardent. Dieu parle Ă travers lui Ă MoĂŻse,tout son complexe biblique vient de lĂ , ilfallait lâĂ©teindre dĂšs le dĂ©but, maintenantcâest trop tard, le brasier a pris, câest luiqui a mis le feu Ă la planĂšte, ce nâest pasBen Laden. Lâincendie millĂ©nariste ne faitque sâĂ©tendre. cette guerre a Ă©tĂ© brĂšve carelle nâa Ă©tĂ© quâune allumette quâonscratche. Il y a un an Ă peine, on croyaitencore que les inspections sepoursuivraient jusquâau printemps, queHans Blix et les siens continueraient Ă chercher des armes de destruction mas-sive comme des Ćufs de PĂąques dans lejardin dâEden !
à Beyrouth, comme à Tripoli et à Saïda, tout le monde est déprimé.Chrétiens, Musulmans, Grecs orthodoxes,Druzes, Chiites, Sunnites, tous ne se con-tentent pas de rùler sur la violation de laconvention de GenÚve qui a permis de
voir ça : un chef dâEtat exhibĂ© comme ungrand singe du ZaĂŻre, dans les poilsduquel un infirmier glacial cherche despoux, ausculte la dentition et tripatouillela glotte, en toute impunitĂ©.Gorille groggy. En France, les Arabes deplus en plus passifs font semblant ne pasvoir quâil sâagit dâun des leurs. En Orient,les plus occidentalisĂ©s, qui se prennentpour des «PhĂ©niciens», savent bien aufond que ce nâest pas Saddam Husseinquâon a humiliĂ©, câest eux. Quâest ce quâilva leur falloir, de plus, aux Arabes de touspays, pour se rĂ©volter enfin ? Depuis deuxans, la plupart se terrent, terrorisĂ©s dâĂȘtrepris pour des terroristes. La dĂ©faite duplus grand chef panarabe du 20Ăšme siĂšcleaprĂšs Nasser est Ă lâimage de leur dĂ©con-fiture mentale.
On a oubliĂ© comment sâest prĂ©parĂ©ela guerre en Irak. Comment elle sâest faiteet comment elle sâest terminĂ©e ! Le tyrande Bagdad Ă©tait dĂ©chu bien avant quâil neprenne la fuite. Dans la grande cohĂ©rencede son destin, il sâest montrĂ© non pas telquâil est mais tel que tous les Occidentauxveulent que les Arabes soient. Sales, hir-sutes, peureux, dociles, mĂ©prisĂ©s, mĂ©pris-ables, inoffensifs, puants. Un jour, jâespĂšrequâil y aura un adjectif qui les fera rĂ©agir.Saddam nâavait pas Ă se prĂ©senterautrement, Ă©tant donnĂ© quâil a Ă©tĂ© trahi etvendu par les siens. Câest au contraire unefin magnifique qui en dit long sur tout cequi sâest passĂ© pendant cette annĂ©e trag-ique. Certains romantiques auraientvoulu quâil se dĂ©fende jusquâĂ la mort,quâil crĂšve la kalachnikov vide Ă la main,ou alors quâil se suicide Ă la Hitler dansson bunker. Mais il nâavait pas de bunker,je me suis tuĂ© Ă le dire ! Pas plus que desosies, câĂ©tait lui et lui seul dans sa grotteĂ moitiĂ© nu et fou, vautrĂ© sur son tas dedollars. DĂ©jĂ spectre comme lâAllemandperdu dans sa mine, tirant des balles dâorsur Blueberry !...
Saddam Hussein nâavait pas Ă finir en« hĂ©ros ». Il nâa pas Ă©tĂ© lĂąche, il a Ă©tĂ© lĂąchĂ©.Quand on lui a demandĂ© pourquoi il nesâĂ©tait pas suicidĂ©, il a rĂ©pondu enfrançais : « Merde ! ». Le loosergrandiose, voilĂ le hĂ©ros dâaujourdâhui etdonc de demain. Quel honneur y a tâil Ă avoir soudoyĂ© un plouc dâIrak pour quâil
donne la cachette de son ex-raĂŻs haĂŻ ?LesG.I. ne lâont pas trouvĂ© tout seuls, le spi-der hole, il a bien fallu quâon leur dĂ©signela trappe recouverte dâun petit tapispourri et quelques balayures dans la courdâune fermette dĂ©glinguĂ©e dâAl Dahourpour quâils en extraient le troglodyte.Câest comme PosĂ©idon sortant de lâeauque Saddam Ă jailli de sa cave. QuellemajestĂ© inversĂ©e ! Oui, câest comme çaque serait Saladin aujourdâhui, etNabuchodonosor. Lâimage dâĂpinal nâestplus permise. « Clodo de Tikrit », « men-diant de lâHistoire », « SDFdâApocalypse ». Les chansonniers et lesdessinateurs humoristiques sâen sontdonnĂ©s Ă cĆur joie, mais moi je sais quâilsnâont pas de cĆur, ni de joie. Honte Ă ceuxqui ont dessinĂ© des mouches autour duvaincu pour bien montrer quâil puait ausens propre ! Tous nâont su le comparerquâ Ă Karl Marx, au chanteur Antoine, oubien Ă Michel Simon dans Boudu sauvĂ©des eaux ! Pourquoi pas Ă Marek Alter ?MisĂšre de la gaudriole. Pas un observa-teur occidental, bien au chaud dans sonsentiment dĂ©mocrateux, tout Ă son bon-heur de voir enfin le tyran satanique prisau piĂšge, pour simplement fermer sagueule devant lâimage la plus indĂ©centede ce dĂ©but de siĂšcle.
Câest maintenant quâon peut dire quelâannĂ©e sâachĂšve , ça se lit dans le regardde Saddam, et pas besoin dâADN grattĂ© Ă la spatule, Ă lâintĂ©rieur de ses joues pourĂȘtre sĂ»r que câest lui. Ăa ne peut ĂȘtre quelui pour avoir ce regard lucide et fataliste,non pas «hagard » et «perdu » commelâaffirment les prĂ©sentateurs de journaltĂ©lĂ©visĂ© qui lĂ©gendent nâimporte quelleimage du contraire de ce quâelle exprimeĂ lâĂ©vidence. Il y a un ou deux plans decette fameuse vidĂ©o de la visite mĂ©dicaledu premier prisonnier du monde qui ontĂ©chappĂ© aux voyeurs. Ceux de sa trognedâogre digne et dĂ©goĂ»tĂ©, de RobinsonCrusoĂ© roublard encore vif et un tantinethautain, et toisant son destin comme unvrai MĂ©sopotamien. Les mĂ©dias amĂ©ri-canisĂ©s ont prĂ©fĂ©rĂ© montrer le cowardqui nâa pas voulu crever la gueuleouverte, et qui se tapote la barbe avantquâon le rase et quâon lui coupe lescheveux comme Ă Samson pour luienlever la derniĂšre force quâil lui reste :celle dâun homme qui nâen a plus. SiSaddam Hussein a souvent Ă©tĂ© ignobledans sa vie, il nâa jamais Ă©tĂ© plus nobleque le jour de sa capture.
On imaginait Saddam enFloride, Ă Miami, au bord desa piscine pleine de sessosies...
Tellement de conneries se sont ditesdepuis la chute de Bagdad ! SaddamdĂ©guisĂ© en bĂ©douin, passant de tente entente dans le dĂ©sert, ou alors sâĂ©chappantjusquâen Syrie par un tunnel creusĂ© souslâIrak. On a mĂȘme affirmĂ© que lâambas-sadeur russe Ă©tait revenu aprĂšs la guerrepour lâemmener avec lui dans son taxisous une couverture et que Poutine leplanquait depuis en BiĂ©lorussie ! FidelCastro aussi a Ă©tĂ© soupçonnĂ© de lâavoirrecueilli Ă Cuba via Damas, ou bien en
BILAN
Le ProphÚte Jérémie par Michel-Ange
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combine avec la CIA, les AmĂ©ricainsauraient tout montĂ© eux-mĂȘmes aprĂšsavoir bradĂ© Bagdad. On imaginaitSaddam en Floride, Ă Miami, au bord desa piscine pleine de ses sosies multipliantles acrobaties aquatiques pour le dis-traire. Saddam en chapeau de paille ausoleil de Malibu en train de sâactiverautour dâun barbecue ou de se taper unpoker en compagnie de ses derniersfidĂšles avec les fameuses cartes Ă leureffigie ! On racontait aussi que SaddamHussein Ă©tait un as de la prestidigitation.Il se faisait lui-mĂȘme disparaĂźtre ! OĂč estdonc le Saddam de pique, il Ă©tait ici, il nelâest plus, vous ĂȘtes sĂ»r ? GagnĂ©, perdu.Atroce bonneteau !
Que dirait-on si, du jourau lendemain, le prĂ©sidentdu BĂ©nin, pays devenu leplus puissant de la Terre,dĂ©cidait dâaller faire laguerre au Groenland ?
HĂ©las, comme disent les journalistes,tout sâest Ă©croulĂ© comme un chĂąteau decartes et avec ces cartes, les AmĂ©ricainsont fait le jeu des tĂȘtes mises Ă prix.Sinistre rĂ©ussite ! Pour Bush, la guerreest un jeu qui se joue seul. Il faut voircomment il a abattu lâas de cĆur et lâasde trĂšfle. La liquidation des deux fils deSaddam, le 22 juillet pour la sainte Marie-Madeleine fut lâun des crimes les pires delâoccidentalisme moderne. Et pourtantquelle antiquitĂ© ! Y a-t-il eu plus bibliqueque lâexĂ©cution de OudaĂŻ et QousaĂŻ dansune villa criblĂ©e de missiles Ă Mossoul ?Six heures de siĂšge et deux cents soldats,des hĂ©licos, des bombes, il a fallu tout celaaux Yankees pour dĂ©loger les deux petitsmonstres reclus comme GuĂ©rin dans sonfort Chabrol ou la bande Ă Bonnot dansleur garage. Bravo ! « Beau coup » commeon dit les journaux. Bush voulait unexemple, il a sorti les deux cadavresplombĂ©s et les a exhibĂ©s au nez et Ă labarbe de la convention de GenĂšve. On seserait cru porte de Clignancourt en 79quand les flics de Broussard ont transfor-mĂ© Mesrine en gibier trouĂ©. Champagnesur les macchabĂ©es embaumĂ©s Ă la va-vite et puis rigolade de G.I autour, etapologie de la dĂ©lation puisque OudaĂŻ etQousaĂŻ ont Ă©tĂ© vendus of course.
Les spectateurs qui nâont pas applau-di se sont contentĂ©s de baisser la tĂȘtedevant les deux fils rafistolĂ©s, il a falluleur refaire le visage tellement ils Ă©taientmĂ©connaissables. Et Moustapha le petit-fils, oĂč est-il passĂ© ? Lui aussi sâest battu,Ă 14 ans ! Tellement dĂ©chiquetĂ© par leflingage des lĂąches, il ne devait pas ĂȘtrebeau Ă voir et encore moins Ă montrer.Câest lâimage qui manque : le petit jokerescamotĂ©. Les dĂ©mocrates vont nous direque lui aussi Ă©tait un monstre potentiel,quâil fallait lâĂ©liminer comme son oncleOudaĂŻ la plus grande ordure jamais vuesur la terre, dâaprĂšs ce que les mĂ©disantsmĂ©dias disent, alors que câĂ©tait un simplefils Ă papa qui abusait de son pouvoir. Onlâa montrĂ© dans une discothĂšque pelotantune blonde et tirant sur des ballons enbuvant un whisky-coca comme si câĂ©tait
lâhorreur absolue mais des OudaĂŻ,grandes gueules destroy, voyous bourrĂ©squi cherchent la bagarre, il y en a desmilliers par week-end en boite de nuit...Un fĂȘtard surpris Ă lâaube dans le pluscheap night club de Dieppe serait toutaussi monstrueux. Dans le mĂȘme genre, jeme demande si Joey Starr nâest pas plusterrifiant quâOudaĂŻ Hussein!
Dommage pour lui, les AmĂ©ricainsavaient dĂ©cidĂ© de se le faire. Ils sontcomme ça les AmĂ©ricains, un pays lesdĂ©becquete, ils vont lâenvahir et commecâest au nom de la Justice, tout le mondetrouve ça juste. Que dirait-on si, du jourau lendemain, le prĂ©sident du BĂ©nin, paysdevenu le plus puissant de la Terre,dĂ©cidait dâaller faire la guerre auGroenland parce que la rĂ©gion polaire est
dirigĂ©e par un Esquimau particuliĂšre-ment cruel ? Oui, le chef du BĂ©ninlancerait soudain ses troupes dâAfricainssur-armĂ©s sur le pĂŽle Nord, direction labanquise. Les BĂ©ninois ne peuvent paspiffer les habitants de lâArctique dont lemode de vie les insupportent. Ils veulentprendre possession des glaces et on voitbientĂŽt des milliers de Noirs atterrir surdes icebergs ! Ils effraient les pingouins,poussent quelques ours, giflent deux outrois phoques et cassent de lâEsquimau.Le maĂźtre de Cotonou a bien le droit de nepas aimer le froid ! La neige est bientĂŽtrouge de sang. Tous les Esquimaux sonttrĂšs vite mis en esclavage par le grandNoir frileux. Ă ce scĂ©nario, qui trouveraitquelque chose Ă redire : LâONU, lâEurope,la France ?
Saddam Hussein ne plaĂźt pas Ă George W. Bush parce quâil a fait bobo Ă son papa, alors il dĂ©cide de lui massacrerson pays, bombarder ses villes, assassinerses fils, son petit-fils et maintenant luiregarder le fond de la gorge. On peutpenser quâil ne pourra pas aller plus loin,mais câest mal connaĂźtre le Protestant !La recherche bredouille des armes dedestruction massive ne sâarrĂȘte pas Ă lâin-spection du pharynx du RaĂŻs. Bush veutentrer dedans, se faire avaler commeJonas par la baleine, comme Pinocchiodans le cachalot Ă la recherche de sonpĂšre. Qui sait si ce nâest dâailleurs pas sonGepetto que Bush junior va retrouver
dans le corps caverneux du LĂ©viathan delâEuphrate ? Cette marionnette est capa-ble de tout. Son nez nâa pas arrĂȘtĂ© dementir. Et tous les oisillons des dĂ©mocra-ties occidentales se sont perchĂ©s dessusen frissonnant de peur.
Je ne crois pas un mot Ă la compas-sion que les commentateurs disent avoirressenti Ă la vision du visage de SaddamHussein. Câest un peu facile et bien troptard. Voici lâhomme. Il faut que lecriminel soit transformĂ© en Christ pourquâon le considĂšre comme un ĂȘtrehumain. Pour moi, pas de diffĂ©rence entreles journalistes qui versent une petitelarme de crocodile en voyant Ă la tĂ©lĂ© lelion domptĂ© par Monsieur DĂ©loyal et ceuxqui, dans la salle oĂč Paul Bremer, retenantses sanglots de virilitĂ© pathĂ©tique, leur aannonçé la bonne nouvelle, hurlaient derage, postillonnaient dâinsultes ettendaient le poing contre un vieuxcradingue dĂ©glinguĂ© avec la mĂȘme furieque les sacrificateurs demandĂšrent Ă Pilate de relĂącher Barrabas. « Ă mortSaddam ! Saddam Ă mort ! Quâil soit cru-cifiĂ© ! » Ce serait bien la premiĂšre foisquâon clouerait sur une croix made inOccident le corps dâun homme du doublede lâĂąge de JĂ©sus !
Câest Saddam qui a gagnĂ©.
Avec sa grande intelligence bibliquede se rĂ©signer Ă lâĂ©chec, Saddam Husseinest devenu en un instant plus chrĂ©tienque tous les Bush du monde. Si jamaisSaddam nâa Ă©tĂ© plus beau, câest quejamais il nâa Ă©tĂ© plus religieux ! Desimages de la Vierge et un calendrierdâune arche de NoĂ© retrouvĂ©s dans sabicoque ne sont encore rien commesignes, prĂšs de la tĂȘte quâil sâest fait enneuf mois. La tĂȘte de Dieu mĂ©langĂ©e Ă celle du fils de Dieu. Quelle orthodoxie !On lâavait quittĂ© pĂšre, on le retrouve fils.Le grand choc, il est lĂ . En ce sens, il nâestpeut ĂȘtre pas chrĂ©tien, mais christique,si ! Quâest ce quâun pĂšre devient quand ilest pris ? Un fils. Il fallait que les deuxsiens meurent pour lui laisser cette placesymbolique. La place qui gĂȘne tout lemonde, la place du martyr quâon ne peutplus considĂ©rer seulement comme undictateur sanguinaire.
Les tĂ©lĂ©s ont ressorti comme parhasard, et avec la veulerie qui les carac-tĂ©rise, les documents les plus sordides deses heures de gloire. Oreilles coupĂ©es,types qui explosent avec un bĂąton dedynamite dans la poche de la chemise,bĂ©bĂ©s Kurdes bleuis par les gaz et dissi-dents qui racontent comment le Baas leurĂ©lectrocutait les testicules... Rien de toutcela ne changera cette figure dâun hommequi a gagnĂ© ! Car câest Saddam qui agagnĂ© lĂ oĂč Hitler, Mao et Staline ontperdu. MĂȘme Mussolini, pendu Ă un crocde boucher, et Ceausescu fusillĂ© dans unecour dâĂ©cole avec maman nâont pas rĂ©ussileur sortie. Saddam, lui, ne lâa pas loupĂ©e.Il nous rappelle quâen 2003 nous sommestoujours Ă lâĂąge du Christ. En allant sâen-terrer dans le trou de sa naissance, il acompris que la victoire mystique luiappartenait sur la terre-mĂȘme oĂč sesancĂȘtres avaient exilĂ© les prophĂštesdâIsraĂ«l. Il est devenu celui des Arabes,
quoi quâen disent les traĂźtres et les colla-bos. Il nâa plus besoin de lancer desmenaces contre JĂ©rusalem ni mĂȘme de selamenter. Pourtant quâest ce quâil ressem-ble Ă JĂ©rĂ©mie peint par Michel Ange ! Tusais tout, ĂŽ Ăternel ! Souviens-toi de moi,ne mâoublie pas, venge-moi de mes persĂ©-cuteurs ! ( JĂ©. 15 )
LâIrak, câest fini mais unenouvelle guerre com-mencera bientĂŽt.
Mi-Che mi-Zeus, Saddam est lĂ pourlâĂ©ternitĂ© avec son infirmier de dos qui luiabaisse la langue : « Vous avez une rhinopharyngite, monsieur Hussein ! ». Le mes-sage des AmĂ©ricains est clair : câest ainsiquâon traite les «bougnouls » , commedes gibbons quâon Ă©pouille. Quâon se ledise, de BarbĂšs Ă Alexandrie ! La paranoĂŻaarabe sâemballe aussitĂŽt : les Yankeesauraient chopĂ© Saddam le 28 juin et lâau-raient droguĂ© pendant six mois enlâobligeant Ă se laisser pousser la barbe.Puis foutu dans le trou du cul du monde,parce que câest un « trou du cul », et ilslâen auraient sorti comme bouche-trou,juste avant la bĂ»che de NoĂ«l. Bouche,gorge, George, Bush... Non, les Yankees nesont pas si lacaniens ! Câest mal connaĂźtreleur simple bĂȘtise et lâincroyable pathosvulgaire de leur esprit. Câest vrai, ils ontfait dâun lion une descente de lit mais ilsvont se prendre les pieds dedans ! LâIrakcâest fini mais une nouvelle guerre com-mencera bientĂŽt. Je lâentends dĂ©jĂ .
Boom ! Boom ! Quâest ce que câestque ces deux explosions ? Je ne suispourtant pas Ă Bagdad, mais Ă Beyrouth,le dernier jour de lâan 2003. On mâex-plique quâil sâagit de chasseurs israĂ©liensqui passent de temps en temps au-dessusdu Liban et franchissent le mur du son,histoire de montrer quâils sont toujourslĂ . Depuis le raid contre la Syrie, la ten-sion est remontĂ©e jusquâici. Deux fois parsemaine, les avions de Sharon survolentle territoire libanais. Aucun autre Ătat nese permettrait ça ! Je vois mal lâarmĂ©e delâair espagnole faire boom ! Boom ! dansle ciel portugais. Personne ne bouge. OnreconnaĂźt le droit international a ce quâilse viole facilement ! Ă quand une nou-velle opĂ©ration « Raisins de la colĂšre » ? Ilnây a pas si longtemps finalement que lestroupes israĂ©liennes se sont retirĂ©es duSud-Liban. Et si câĂ©tait dâici que tout allaitrecommencer ? Je descends Ă RaouchĂ©,tout est calme au CafĂ© dâOrient. Deuxfemmes voilĂ©es fument leurs narghilĂ©s enlĂąchant des regards rĂȘveurs sur la grotteaux pigeons. La MĂ©diterranĂ©e ondulecomme de la tĂŽle. Le soleil nâa pas enviede se coucher.
Adieu 2003 ! Demain, câest la nouvelleannĂ©e : elle sera pire, câest-Ă -diremeilleure pour ceux qui ont compris quâilne sâagit plus dâĂ©crire autre chose que cequi se passe. Puisque ce qui se passe estdĂ©jĂ de lâĂ©criture ! Ătre Ă la hauteur de lafiction de la rĂ©alitĂ©, tel sera le travail detous ceux qui ne veulent toujours pas setaire.
Marc-Ădouard Nabe
31 décembre 2003, Beyrouth.
AU LIBAN
Le Clodo Saddam par George Bush
«Malheur Ă vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parceque vous fermez aux hommes le royaume des cieux,vous n'y entrez pas vous-mĂȘmes, et vous n'y laissez
pas entrer ceux qui veulent entrer.« Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce que
vous dévorez les maisons des veuves, et que vous faites pourl'apparence de longues priÚres ; à cause de cela, vous serez jugésplus sévÚrement.
« Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce quevous courez la mer et la terre pour faire un prosélyte et, quand ill'est devenu, vous en faites un fils de la géhenne deux fois plus quevous.
« Malheur à vous, conducteurs aveugles ! qui dites : "Si quelqu'unjure par le temple, ce n'est rien, mais, si quelqu'un jure par l'or dutemple, il est engagé ". Insensés et aveugles ! Lequel est le plusgrand, l'or, ou le temple qui sanctifie l'or ? Si quelqu'un, dites-vousencore, jure par l'autel, ce n'est rien ; mais, si quelqu'un jure parl'offrande qui est sur l'autel, il est engagé. Aveugles! Lequel est leplus grand, l'offrande, ou l'autel qui sanctifie l'offrande ? Celui quijure par l'autel jure par l'autel et par tout ce qui est dessus ; celui quijure par le temple jure par le temple et par celui qui l'habite ; et celuiqui jure par le ciel jure par le trÎne de Dieu et par celui qui y estassis.
« Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce quevous payez la dßme de la menthe, de l'aneth et du cumin, et que vouslaissez ce qui est plus important dans la loi, la justice, la miséricor-de et la fidélité : c'est là ce qu'il fallait pratiquer, sans négliger lesautres choses. Conducteurs aveugles ! qui éliminez le moucheron, etqui avalez le chameau.
« Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce quevous nettoyez le dehors de la coupe et du plat, et qu'au-dedans ilssont pleins de rapine et d'intempérance. Pharisien aveugle ! nettoiepremiÚrement l'intérieur de la coupe et du plat, afin que l'extérieuraussi devienne net.
« Malheur Ă vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce quevous ressemblez Ă des sĂ©pulcres blanchis, qui paraissent beaux au-dehors, et qui, au-dedans, sont pleins d'ossements de morts et detoute espĂšce d'impuretĂ©s. Vous de mĂȘme, au-dehors, vous paraissezjustes aux hommes, mais, au-dedans, vous ĂȘtes pleins d'hypocrisieet d'iniquitĂ©.
« Malheur Ă vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce quevous bĂątissez les tombeaux des prophĂštes et ornez les sĂ©pulcres desjustes, et que vous dites : Si nous avions vĂ©cu du temps de nospĂšres, nous ne nous serions pas joints Ă eux pour rĂ©pandre le sangdes prophĂštes. VOUS tĂ©moignez ainsi contre vous-mĂȘmes que vousĂȘtes les fils de ceux qui ont tuĂ© les prophĂštes. Comblez donc lamesure de vos pĂšres. Serpents, race de vipĂšres ! comment Ă©chappe-rez-vous au chĂątiment de la gĂ©henne ? C'est pourquoi, voici, je vousenvoie des prophĂštes, des sages et des scribes. Vous tuerez et cruci-fierez les uns, vous battrez de verges les autres dans vos synago-gues, et vous les persĂ©cuterez de ville en ville, afin que retombe survous tout le sang innocent rĂ©pandu sur la terre, depuis le sangdâAbel le juste jusqu'au sang de Zacharie, fils de Barachie, que vousavez tuĂ© entre le temple et l'autel... Je vous le dis en vĂ©ritĂ©, tout celaretombera sur cette gĂ©nĂ©ration. »
JĂ©sus-Christ
Dans l'Ăvangile selon Matthieu (23, 1-36), JĂ©sus a la haine desscribes et des pharisiens, c'est-Ă -dire des intellos et des colla-bos. Quelle inspiration quand il s'agit d'insulter ceux qui font« peser sur les hommes de lourds fardeaux, portent de largesphylactĂšres et de longues franges Ă leurs habits, et se placentaux premiers rangs dans les synagogues». Bref, les « assisdans la chaire de MoĂŻse qui disent mais ne font pas ». LeChrist, lui, aime les actes ! Ah, qu'on ne nous dise plus jamaisque JĂ©sus-Christ est un doux rĂȘveur maso venu apporter« l'amour» et la « paix » sur Terre... Plus jamais !
« RACE DE VIPĂRES ! » Pamphlet MĂ©dias
Parents de Daniel Schneidermann tombés sur le culen apprenant que leur fils était passé du Monde à Libération
SOUS LA TOMBE DâEZRA POUND
Je suis allĂ©e Ă Venise raconter Ă ci-gĂźt Ezra Pound quâil collabore Ă La VĂ©ritĂ© depuis novembre. Jâai pris levaporetto 42 depuis les Fondamente nuove pour le cimetiĂšre sur lâĂźle de San Michele. AprĂšs ĂȘtre allĂ©e saluerDiaghilev, le baron Corvo et la petite fille de la famille Bembo morte il y a plus dâun siĂšcle (câest ma tombe
prĂ©fĂ©rĂ©e), jâai cherchĂ© de longues minutes dans le carrĂ© protestant Ă©vangĂ©lique la tombe du seul rĂ©dacteur mortdu journal pour lâinstant, dâautres suivront. Il pleuvait sur lâĂźle, terre fourrĂ©e aux morts, nella vulva umidadellâEuropa. Ădeux doigts de dĂ©sespĂ©rer, jâai trouvĂ© Ezra Ă cĂŽtĂ© dâOlga. Pas de pierre, juste de la terre, une plaquesans date, des fleurs et un nom recouvert de feuilles.
Jâai remarquĂ©, enfoncĂ© dans la terre, quelque chose qui brillait, jâadore les trĂ©sors, alors jâai creusĂ© un petitpeu et jâai dĂ©terrĂ© un stylo en bois gorgĂ© dâeau avec un capuchon en or. AprĂšs lâavoir essuyĂ© et essayĂ©, je lâaireplantĂ© parce quâil ne faut pas profaner les tombes.
Jâai voulu reprendre le vaporetto, mais sur le quai il venait de partir. Je me suis dit que câĂ©tait trop dommagede ne pas Ă©crire mon prochain article dans le journal avec un stylo-bille offert par Ezra Pound. Comme jâavais20 minutes avant le prochain bateau et, remplie de trouille dâattirer sur moi la malĂ©diction dâun mort ou de deuxmorts si la personne qui a enterrĂ© ce stylo nâest plus de ce monde, je suis retournĂ©e au carrĂ© protestant sous lapluie pour nĂ©gocier le stylo. Ă nouveau je lâai dĂ©terrĂ©, Ezra nâa pas dit un mot et jâai enterrĂ© mon bic bleu Ă laplace. Jâai mis mon nouveau stylo dans la poche de mon manteau rouge en jurant Ă Ezra que je le lui rapporteraiet que je ne laisserai jamais personne dâautre que moi Ă©crire avec.
La tombe dans le dos, je suis partie en essayant de ne pas courir. En serrant le stylo dans ma poche je mesuis dit que jâallais peut-ĂȘtre me mettre Ă parler avec une voix dâhomme ou avoir des vers et des serpents quiallaient sortir de mon corps. Sur le quai, Ă la sortie du cimetiĂšre, il ne faut surtout pas se retourner parce que siça se trouve, Ezra est juste derriĂšre toi, tout mort avec sa barbe et ses orbites vides qui te serre le bras avec sesphalanges vertes en te redemandant son stylo. Je suis montĂ©e dans le bateau et sur la lagune, jâai fait un pari avecla mer. Je lui ai promis que je ne⊠plus jamais de⊠et que jeâŠtoujours. Et pour que ce ne soit pas des parolesen lâair, jâai jetĂ© une⊠dans laâŠ
Petit Ă petit, mon stylo dâEzra Pound est redevenu lisse et sec. Aujourdâhui, il brille, nous sommes en bonnesantĂ©, et il Ă©crit trĂšs bien.
Audrey Vernon
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Tourisme
Sciences
IL Y A DE LA VIE SUR MARS !
11
Marchés
Tous les arguments de nos« anti-américains » contre lapolitique « impérialiste »
amĂ©ricaine ne valent rien. Des argu-ments, ce ne sont que des paroles, chaquecamp en trouvera toujours de meilleurscontre lâautre. Une phrase, pour convain-cre, doit ĂȘtre un acte. Câest ce que les« terroristes » ont, depuis longtemps,compris. Bush aussi. MalgrĂ© ses discoursque nos petits français estiment« dĂ©biles», Bush nâargumente pas, il agit :il fout directement sur la gueule de sonennemi, en lâoccurrence Saddam Husseinet son pays lâIrak.
Etre vraiment «anti-amĂ©ricain »pour un europĂ©en aujourdâhui ce nâestpas argumenter contre les Etats-Unis envertu de je ne sais quels Droits-de-lâHomme mais agir ! En commençantpar prendre conscience que noussommes tous responsables de ce pouvoirque possĂšdent aujourdâhui les Etats-Uniscar nous y participons et le consolidonschaque jour. Il ne sâagit pas de dĂ©signeridĂ©ologiquement un ennemi mais desavoir prĂ©cisĂ©ment contre quoi on lutteconcrĂštement ! Le vĂ©ritable ennemi nâestpas Georges Bush mais le maĂźtre quâilsert, en lâoccurrence lâargent, cettemachinerie qui tourne Ă vide et qui estdevenue la seule «valeur » de notremonde Occidental. Cette fausse valeurque lâAmĂ©rique et nous-mĂȘmesimposons au monde entier tout en piĂ©ti-nant ce quâil a de plus sacrĂ©, ce quâil a deplus profondĂ©ment humain. Un con-tenant quâon fait passer pour un contenu.
George Bush tient Ă la gorge tous lespetits « anti-amĂ©ricains » europĂ©ens quilui donnent des leçons de morale oudâidĂ©ologie mais qui continuent pourtantĂ vivre tranquillement dans une sociĂ©tĂ©qui est une sociĂ©tĂ© de type amĂ©ricain, quifonctionne sur le mode amĂ©ricain,exactement comme il tient Ă la gorge unbon nombre de chefs dâĂ©tats qui votenttoujours « comme il faut » Ă lâONU afinde sauvegarder, soit leurs intĂ©rĂȘts per-sonnels, soit les petites affairesĂ©conomiques de leur nation.
Il faudrait commencer parse demander ce que notrecivilisation a à défendre ouproposer.
La vĂ©ritable force des Etats-Unis nâestpas leur armĂ©e mais leur pouvoirĂ©conomique, lâaura quâil exerce, autantdire la force de persuasion quâa aujour-dâhui lâargent dans notre monde. Inutilede se voiler la face et de nier le pouvoirdâattraction du modĂšle amĂ©ricain et lesmilliers â si ce nâest les millions âdâĂ©trangers qui rĂȘvent chaque jour derentrer aux Etats-Unis. « USA go homeand take us with you » comme on dit auMoyen-Orient. LâhospitalitĂ© sacrĂ©e orien-tale nâa dâailleurs pas fait long feu devantles primes octroyĂ©es pour la capture de lafamille Hussein.
LâIrak nâest pas un pays que lesAmĂ©ricains ont envahi un beau jourcomme Saddam a envahi le KoweĂŻt, câestun pays qui a Ă©tĂ© ACHETĂ. Morceau parmorceau. Semaine aprĂšs semaine. Et lepire est que ce pays a Ă©tĂ© vendu par tous,« anti-amĂ©ricains » compris. LâONU futla premiĂšre Ă le troquer en Ă©change de satranquillitĂ©. Tous les pays dĂ©cideurs delâONU, mĂȘme la France malgrĂ© ses
pinaillages de circonstance, ont baissĂ©leur froc par peur de reprĂ©sailles. LesgĂ©nĂ©raux Irakiens ont Ă©tĂ© achetĂ©s etBagdad fut livrĂ©e presque clĂ©s en mains.Les enfants de Saddam Hussein ont Ă©tĂ©trahis et criblĂ©s de balles pour 30 mil-lions de dollars et Saddam Hussein luimĂȘme a Ă©tĂ© vendu. Ce pays a Ă©tĂ© laminĂ©non pas grĂące aux armes sophistiquĂ©esdes forces amĂ©ricaines mais grĂące aupouvoir de lâargent et ses avatars : intim-idation, chantage, falsification, et par-dessus tout une incitation Ă la dĂ©lationtoujours fortement rĂ©compensĂ©e.
Choc de civilisations ? Guerre dereligions ? Mais tout cela ne veut riendire⊠Des dĂ©bats dâintellectuels de pro-amĂ©ricains contre anti-amĂ©ricains.. Ilfaudrait peut-ĂȘtre commencer par sedemander ce que notre civilisation a Ă dĂ©fendre ou proposer ? LibertĂ©,dĂ©mocratie ? Des mots qui ne signifientplus rien... La perte de signification detous les mots de notre langage est lapreuve mĂȘme de notre dĂ©chĂ©ancespirituelle. Quâest-ce que la libertĂ© si ellenâa pas de sens ? La tyrannie, mal -heureusement, inspire quelquefois plusles hommes. Et câest dâinspiration quâontbesoin les hommes ! A quoi sert ladĂ©mocratie quand on ne sait pas pourquoi voter !
Câest une dictature delâargent que les AmĂ©ricainset nous-mĂȘmes imposons aumonde.
Quâest-ce que notre civilisationaujourdâhui a Ă offrir aux autres peuples ?Rien ! Il nây a pas de choc de civilisa-tions, câest le NĂ©ant qui engloutit la Vietout simplement. Nous nâavons rien Ă offrir aux pays arabes si ce nâest laspoliation pure et simple. Quâon arrĂȘte dedire quâun kamikaze palestinien ou BenLaden est « nihiliste » quand nousautres, Occidentaux, ne pouvons mĂȘmepas dire pour quoi nous serions capablesde donner notre vie. Posez-vous la ques-tion ! Pour quoi pourriez-vous donnervotre vie ? Je pense quâun arabe, unafricain, un indien peut rĂ©pondre trĂšsvite Ă cette question mais nous autres ilnous faut pas mal de temps pour y rĂ©pon-dre, il nous faut chercher une rĂ©ponse quine coule pas de source pour la simple rai-son que, pour la plupart dâentre nous,notre vie nâa pas de vrai sens et câestpourquoi nous ne pouvons mĂȘme pas ladonner. Rien Ă donner. Rien. Personne,ici, ne donnerait quoi que ce soit pour cequâil croit ĂȘtre la VĂ©ritĂ© parce que pournous il y a, Ă©videmment, des vĂ©ritĂ©sâŠDonc rien ne vaut le coup⊠Tout est vrai,tout est faux. Et bien, câest ça lenihilismeâŠ
On sâĂ©tonne de lâintĂ©grisme religieuxdes Musulmans mais cet intĂ©grisme est larĂ©ponse mĂȘme Ă notre propre intĂ©-grisme : celui de lâargent. Câest une dic-tature de lâargent que les AmĂ©ricains etnous-mĂȘmes imposons au monde en tantque modĂšle de vie et que nous nommons« dĂ©veloppement », « libertĂ© » et« dĂ©mocratie ». Il est tout Ă fait normalque Saddam Hussein, le « dictateur » aitĂ©tĂ© un des derniers remparts face Ă ladĂ©ferlante amĂ©ricaine. Ce que nousappelons la « folie » de Saddam (gal-vanisant son peuple dans une guerre per-due dâavance contre les USA) est sĂ»re-ment la derniĂšre forme dâhygiĂšne
spirituelle. Saddam Hussein a Ă©tĂ© lavĂ© dusang quâil avait sur les mains le jourmĂȘme oĂč les AmĂ©ricains ont posĂ© unpied en Irak. Câest ce que tout « anti-amĂ©ricain » qui ose encore dĂ©nigrerSaddam Hussein devrait comprendre.
Qui peut croire que lâIrak gardera cequi lui reste dâĂąme avec une Ă©conomie demarchĂ© ou une dĂ©mocratisation quâilnâest pas prĂȘt Ă recevoir ? Peu de payslâont gardĂ©e. Il suffit de regarder IsraĂ«l.Oubliez les histoires de sionisme ou dâan-tisionisme, il nâest pas Ă©vident que ce soitAriel Sharon et ses co-Ă©quipiers quipourrissent ce pays (ou leurs ennemis), ilest encore plus pourri par lâargent quepar sa politique nĂ©vrotique. La vĂ©ritĂ© estque la « Terre Promise » nâexcite plusbeaucoup de monde mis Ă part les Juifscontraints de fuir leur pays dâoriginepour problĂšmes fiscaux. Nous sommesdĂ©jĂ bien loin dâIsraĂ«l et de ses kibboutzsoixante-huitards. IsraĂ«l nâa plus dâĂąme,pas mĂȘme une Ăąme factice et ce ne sontpas les Palestiniens qui la lui ont enlevĂ©e.Ce pays a beau jeu de construire un muranti-kamikazes... On se demande bienpourquoi IsraĂ«l, afin dâĂ©viter les attentats- suicide, nâinterdit-il pas tout simple-ment lâentrĂ©e de tout Palestinien sur sonterritoire. Parce quâIsraĂ«l a besoin desPalestiniens comme main-dâĆuvre pourremplir ses usines et faire tourner ses McDo et, pour son malheur, il se trouve quedans le lot il y en a quelques uns que Dieu« fanatise » plus que lâargent.
Chaque personne devrait se deman-der pour quoi elle travaille. Les « anti-amĂ©ricains », au lieu de gueuler avec lesloups, devraient, avant tout, se poser cettequestion. Tous les Occidentaux vont tra-vailler chaque jour pour faire tourner lagrosse machine Ă lâĂąme amĂ©ricaine. Ilsvendent leurs mains et, pire encore, leurintelligence pour des entreprises detoutes nationalitĂ©s dont ils savent Ă peinece quâelles vendent rĂ©ellement et surtoutpour quoi elles les vendent. La plupartdes entreprises sont dâailleurs tellementdĂ©connectĂ©es de la rĂ©alitĂ© quâelles nevendent que des services qui permettrontĂ un autre de vendre autre chose. Oui,câest ça brasser de lâair. Cette civilisationnage en plein surrĂ©alisme.
Les raisons pour lesquelles GeorgesBush a envahi lâIrak sont aussi insignifi-antes (au sens littĂ©ral du mot) que cellesde lâindividu europĂ©en qui se lĂšve chaquematin pour travailler sans comprendreprofondĂ©ment pourquoi il travaille.Travailler est une chose souhaitable. Seprostituer en est une autre. Bush mĂšneune politique du profit mais il ne faut pasoublier que câest aussi celle que mĂšne leplus petit salariĂ© ou la minuscule PME.Ce nâest pas parce quâon gagne moinsquâon est moins salaud. Ce nâest pas parcequâon est exploitĂ© quâon est moins pourrique lâexploiteur. Il va falloir finir par lecomprendre. Les plus virulents de nos« anti-amĂ©ricains », sont toujours ceuxqui sâestiment laissĂ©s-pour-compte dansnotre sociĂ©tĂ© : chĂŽmeurs,« intermittents » , paysans dĂ©goĂ»tĂ©s parle cassage des prix, ouvriers, etc..Donnez-leur de lâargent, un travailgrassement payĂ©, leur four Ă micro-ondeset comme par enchantement leur « anti-amĂ©ricanisme » disparaĂźt.
Une casquette Nike, une canette deCoca , un Ă©pi de maĂŻs transgĂ©nique nesont pas dĂ©testables en eux-mĂȘmes, câestle systĂšme qui les colporte qui doit ĂȘtredĂ©testĂ©. Les « anti-amĂ©ricains » sont trĂšs
fiers de boycotter Coca-Cola et dâacheterdu Mecca-Cola (« Buvez engagĂ© ! ») maisil nây a aucune diffĂ©rence fondamentaleentre ces deux produits ! Lâacheteur deMecca-Cola (quel nom inepte) sâoffre ensupplĂ©ment une bonne petite consciencepolitique. Câest dâailleurs cela quâon luivend prĂ©cisĂ©ment ! Les deux entreprisessont aussi capitalistes lâune que lâautre,câest-Ă -dire aussi profondĂ©ment amĂ©ri-caines dans leurs rouages lâune quelâautre. Mecca-Cola octroie 10 % de sesdividendes (bĂ©nĂ©fices nets) aux enfantsPalestiniens mais Coca-Cola aussi donneaux orphelins du Maroc ou Ă je ne saisquelle cause qui fait vendre. Que Mecca-Cola donne 100 % de ses dividendes Ă laPalestine et cette entreprise aura unsens ; cette entreprise assĂšnera un vĂ©rita-ble coup au capitalisme et Ă lâamĂ©rica-nisme.
Certains Irakiens ont trahipour de lâargent, tous icinous trahissons chaquejour pour de lâargent.
Toutes les religions et les mouve-ments politiques « contestataires » sonttoujours acceptĂ©s quand ils collaborentĂ©conomiquement, câest-Ă -dire quand ilsreconnaissent une valeur en soi Ă lâar-gent. Arlette Laguillier et ses confrĂšrestrotskistes adorent lâargent quand il estdonnĂ© aux ouvriers et aux camarades, etla seule rĂ©volution de la LCR consiste Ă manifester pour augmenter ses points-retraite (du fric ! ). Aucune diffĂ©renceentre nos rĂ©volutionnaires et AlainMadelin sauf un systĂšme de distributionde lâargent en opposition. LibertĂ© de sâen-richir pour Madelin contre Ă©galitĂ© de ladistribution des dollars pour Laguillier.Au lieu de saccager des usines par dĂ©pitou de brĂ»ler leurs rĂ©coltes invendues, lescontestataires feraient mieux de brĂ»lerleurs billets, de foutre en lâair absurde-ment leur salaire. La voilĂ la RĂ©volution !La vraie LibĂ©ration ! Ce nâest pas haĂŻr, dubout de sa laisse, le patron capitaliste,lâennemi « amĂ©ricain » mais se libĂ©rer dulien qui vous attache Ă lui.
Certains Irakiens ont trahi pour delâargent, tous ici nous trahissons chaquejour pour de lâargent. Toute concession, laplus infime, faite au nom de lâargent estdu pro-amĂ©ricanisme. Nous ne devonspas travailler pour gagner de lâargentmais plutĂŽt en gagner pour pouvoir tra-vailler , câest-Ă -dire faire quelque chosequi donne un sens Ă la vie humaine. Jeterson fric par la fenĂȘtre voilĂ ce que toutepersonne saine dâesprit doit faire. Le pau-vre comme le riche. Que lâargent soit niĂ©,par celui qui le donne, et par celui qui lereçoit, et nous Ă©changerons vraimentquelque chose Ă cet instant prĂ©cis.
Câest cela, vĂ©ritablement, ĂȘtre «anti-amĂ©ricain », pas besoin de thĂ©ories, demanifestations dans la rue ou de je nesais quel alter-mondialisme. Des actes !Tout de suite, dans sa propre vie, car tousnous sommes responsables de ce quâil sepasse en Irak en collaborant chaque jourĂ un systĂšme inhumain. Ce nâest pas enDieu que croit le pouvoir amĂ©ricain, câesten nous, câest en vous tous, le plus petitcomme le plus grand. Apprenez Ă lire : ilnâest pas Ă©crit « In God we trust » sur lesdollars amĂ©ricains mais « In You weTrust ».
Anne-Sophie Benoit
GUERRE ET ARGENT
12
Georges W. Bush est pour lapeine de mort : pas moi.Mais Georges W. Bush est
roi du monde. Et pas moi. Je nâairien Ă dire, moi. On ne mâinvite pas Ă douter, Ă dĂ©battre, Ă mâinsurger, onme contraint au contraire Ă baisserpavillon, Ă me soumettre Ă lâidĂ©olo-gie parasitaire ambiante. Point. Pourpenser W, je dois donc mâadapter.DigĂ©rer lâidĂ©ologie parasitaireambiante et la recracher dans ungros vomi conventionnel. Pensercomme W. Mâengouffrer dans le tun-nel de sa doctrine. Savoir ce que Wpenserait de lui sâil Ă©tait, commemoi, par la force des choses, devenulâennemi intime de W. Ce quâil feraitĂ ma place et moi Ă la sienne.Respecter W Ă la lettre .
De ce point de vue, le verdict nesouffre pas de discussion : W mesomme dâabattre W. W mâordonnedâĂ©liminer W une bonne fois pourtoutes. Non seulement parce que West sur le plan philosophique, mili-taire, civique et racial pour la peinede mort. Parce que zigouiller sonprochain est en somme son hobby.Le train-train de son quotidienhomicide, par temps de paix commepar temps de guerre. Mais parce queW milite pour la suppressionphysique de tous ceux qui se mettentsur la voie glorieuse de W. Parce quâilest ontologiquement pour lâextermi-nation dĂ©finitive de tout opposant.Pire ennemi de Saddam quâil colleavant jugement au poteau dâexĂ©cu-tion, W est aussi minĂ©ralement, West aussi intimement que moi le pireennemi de W. Câest indiscutable.
RĂ©cusant la peine capitale, goĂ»-tant peu la vue du sang, je nâai pasune tĂȘte dâassassin. Je nâai jamaisrĂ©ussi Ă dĂ©gommer une ampoule delampadaire avec un lance-pierre.
Jâen profite donc, moi simple alterego, pour passer une petite annonce.
Tel DiogĂšne, W bis arpente lescolonnes de ce journal Ă la recherchedâun homme. Pas nâimporte lequel. Ilcherche le nouveau Lee Harwey.LâOswald du troisiĂšme millĂ©naire. Ăadoit se trouver, ça. Non ?LâAmĂ©rique a dĂ©gringolĂ© bien bas,mais tout de mĂȘme. Mais enfin. Unmarginal dans la mouscaille, un fouarmĂ© jusquâaux dents, un extrĂ©mistede droite-ou-gauche sans rien dansla cafetiĂšre, les States doivent enavoir quelques lĂ©gions en rĂ©serve.Les banlieues pourries de la CitĂ©-Monde doivent regorger de typesprĂȘts Ă en dĂ©coudre. Un bon cave. Leportrait-robot du bouc-Ă©missaireidĂ©al. Celui qui va endosser le crimestratĂ©gique ultime que nul nâosecommettre, parce que nous sommestous devenus si frileux, si« humains », si idĂ©ologiquementparasitairement nuls.
W aurait bien dĂ©jeunĂ© ce matin-lĂ . Un bretzel chaud avalĂ© de bonnehumeur avec un Coca light. Ilgagnerait sa limousine dĂ©capotable.Il serait assis sur le siĂšge arriĂšredroit. Il ferait beau. Les drapeauxclaqueraient au vent. Mme Wprendrait place Ă ses cĂŽtĂ©s, entailleur rose. On serait peut-ĂȘtre ducĂŽtĂ© de Dallas. Le long cortĂšge prĂ©si-dentiel dĂ©marrerait au quart de tour.W serait rayonnant, avec une petitebandaison en route sur la route deson destin. Il Ă©craserait un petdominateur sur la banquette cirĂ©e.Et puis tout Ă coup, alors que laparade tourne Ă gauche pour sâen-gager devant un dĂ©pĂŽt de livres sco-laires, bang bang bang ! Trois bastosdans la gueule. Son regard de pri-mate se vrille. Il tire la langue dâoĂčsâĂ©coule un filet de bave en dentelles.
Câest fini.Recommandations pour ce
coup-ci : 1° dans le cas oĂč une tiercepersonne est atteinte, ne pas brandirune balle intacte pour expliquer legrand nombre des blessures, ça nefait pas crĂ©dible ; 2° ne pas fairedescendre le suspect par le patrondâune boĂźte de strip-tease liĂ© Ă lamafia, mais plutĂŽt le laisser mettrefin Ă ses jours dans son cachot,comme le grand garçon dĂ©sĂ©quili-brĂ© quâil est ; 3° laisser enfin les jour-nalistes faire leur travail : vu leurtalent dâenquĂȘteurs, on peut ĂȘtresĂ»rs quâils ne dĂ©couvriront jamais lefin mot de lâhistoire.
Le temps jouera pour nous. LesWilliam Reymond et les ThierryMeyssan du futur, les rĂ©visionnistesmĂ©diatiques de tout poil diront for-cĂ©ment que lâhistoire est plus com-pliquĂ©e que ça. Que notre assassinest 100% innocent. Un jour oulâautre, le pauvre mec sera rĂ©habilitĂ©.Il nâaurait pas fait de mal Ă unemouche. Blanchi total. La moraleserait sauve : personne nâaurait tirĂ©ce jour-lĂ . Bush aurait Ă©tĂ© abattu parun fantĂŽme, en quelque sorte. Parlui-mĂȘme, au fond. On ne sauraitjamais que cet article subliminal(Ă©crit par un hypnotisĂ©) a Ă©tĂ© ledĂ©tonateur des trois dĂ©tonations.Personne nây serait pour rien et onrespirerait un peu mieux dans lesprovinces du monde. Lâavenir auraitcomme des lueurs dâaurore.
Câest concevable, vous ne croyezpas, que lâhistoire se dĂ©roule ainsi ?Quâun complot libĂ©rateur soit ourdiet triomphe en secret ? Sinon câest Ă dĂ©sespĂ©rer de Hegel et de la thĂ©oriemarxienne du possible. Abattez-le !
Paul-Ăric Blanrue
ABATTEZ-LE !CATSAP
Himmler est mon idole.
Nul n'est prophĂšte dans son lit.
C'est quand on est dans la merde qu'on reconnaĂźt la crotte deses amis.
Tous les goûts sont dans la culture.
Il n'y a d'Ă©chec que lĂ oĂč la culpabilitĂ© palpite.
Ce que je sais de moi, je l'ai appris en m'ennuyant.
J'aimerais qu'on dise de moi : « Dire qu'il a existé... ».
Quelle gloire Ă ĂȘtre connu quand on s'aime dĂ©jĂ ?
C'est ce que je n'ai pas Ă©crit qui me perdra.
Entre baiser une conne et violer une intellectuelle, je préfÚreme branler.
Vivre me paraĂźt un peu juste pour exister.
Avant de tirer la chasse, je dis à mon caca : « au revoir, chéri».
J'offre des fleurs pour sentir bon.
Savoir qu'on va mourir n'est pas une raison pour réussir sa vie.
J'adorerais que le mot « enculé» fasse penser à moi.
Ce que j'ai de plus que les autres ? Je prends trois prozac parjour.
J'aime bien faire la vaisselle, j'ai l'impression de me purifier.
Le bisou nous protĂšge du reptile.
Tant d'anus et si peu de sodomie !
J'ai envie de baiser avec une tortue.
Ce n'est pas d'amour qu'on a le plus besoin, c'est d'indulgence.
Un peu de malheur, et la vie est belle.
Philosophie
VICTOIRE DâUN CRIMINELMilosevic, inculpĂ© pour gĂ©nocide et crimes de guerre, vient pourtant dâĂȘtre Ă©lu au parlement serbe. Il ne pourra pas Ă©videm-
ment siĂ©ger Ă Belgrade puisquâil siĂšge dĂ©jĂ sur le banc des accusĂ©s au Tribunal PĂ©nal International de La Haye. On se demandesi le prochain scrutin « dĂ©mocratique » en Irak ne verra pas Ă©lire, mĂȘme sâil ne sâest pas prĂ©sentĂ©, Saddam Hussein. Les
ressemblances avec Milosevic finissent par ĂȘtre frappantes⊠Comme il est Ă©trange quâun chef dâĂ©tat chrĂ©tien orthodoxe Ă©lu dĂ©mocra-tiquement et quâun dictateur arabe laĂŻc prĂ©sentent tant de similitudesâŠ
Saddam Hussein sâest pris une flanquĂ©e de bombes pour des raisons aussi surrĂ©alistes que celles pour lesquelles lâOTAN a bombardĂ©la Yougoslavie. Il a Ă©tĂ© vendu par son pays (25 millions de dollars ?) comme Milosevic que le gouvernement serbe livra Ă la Haye en Ă©changede quelques dizaines de millions de dollars dâaide Ă©conomique. On cherche toujours les armes de destruction massive en Irak comme oncherche toujours les charniers du Kosovo, preuve du gĂ©nocide des Albanais Kosovards. Les AmĂ©ricains ne se sont pas gĂȘnĂ©s pour produiredes faux Ă lâONU afin de lĂ©gitimer lâinvasion de lâIrak. Carla Del Ponte, PrĂ©sidente du TPI qui se croit Ă Nuremberg, sâest aussi fendue defaux, Ă lâĂ©poque, pour ĂȘtre sĂ»re dâenfoncer Milosevic.
Le jour approche oĂč les institutions dites internationales vont se retrouver aux prises avec la dĂ©mocratie, oĂč elles vont devoir finir paravouer quâau fond elles luttent contre la dĂ©mocratie. Câest ce qui est en train de se passer en Serbie. A-S.B
Fantasme
Mon
tage
Arn
aud
Bau
man
n
13
SixiĂšme sens
MĂ©sopotamie. Babylone. Le Tigre etlâEuphrate. Combien dâenfants,dans combien de classes Ă travers
combien de siĂšcles, ont naviguĂ© dans le passĂ©,transportĂ©s par ces mots⊠Et maintenant lesbombes sont tombĂ©es, humiliant et dĂ©truisantcette civilisation ancienne. Sur les torses dâaci-er de leurs missiles, les soldats amĂ©ricainsadolescents ont griffonnĂ© des messages col-orĂ©s de leur Ă©criture dâenfant : « For Saddam,from the Fat Boy Posse » [Pour Saddam, avecle meilleur souvenir de la bande des grosbras]. Un bĂątiment sâest Ă©croulĂ©. Un marchĂ©.Une maison. Une fille qui aimait un garçon.Un enfant qui nâavait jamais voulu que joueravec les billes de son grand frĂšre.
Le 21 mars, le jour suivant lâinvasion illĂ©-gale et lâoccupation de lâIrak par les troupesUS et britanniques, un correspondant de CNNĂ Bagdad interviewait un soldat US : « Jeveux y aller et mordre du terrain », disait lePremiĂšre-Classe A.J. « Je veux me venger du11 Septembre. » Le correspondant de CNNsuggĂ©ra faiblement que, jusquâĂ ce jour, il nâyavait aucune preuve dâun quelconque lienentre le gouvernement irakien et les Ă©vĂ©ne-ments du 11 septembre. Le PremiĂšre-ClasseA.J. tira la langue jusque sur le menton :« Ouais⊠Tout ça me dĂ©passe. »
Quand les USA ont envahi lâIrak, unsondage du âNew York Timesâ et de âCBSNewsâ estimait Ă 42 % ceux qui croyaientSaddam Hussein directement respons-able des attaques du 11 septembre sur leWorld Trade Center et le Pentagone. Unsondage ABC Ă©valuait Ă 55% le nombredâAmĂ©ricains qui pensent que SaddamHussein soutien Al-Qaeda. Aucune de cesopinions nâest basĂ©e sur des preuves (puisquâilnây en a pas). Tout cela est basĂ© sur desinsinuations, de lâautosuggestion et de sim-ples mensonges que font circuler les mĂ©diasUS.
Une civilisation ancienne a étédécimée par une trÚs récente ettrÚs brutale nation.
Le soutien public amĂ©ricain pour la guerreen Irak Ă©tait basĂ© sur un Ă©difice Ă plusieursniveaux de mensonges et de tromperies coor-donnĂ©s par le gouvernement US et fidĂšlementamplifiĂ©s par la presse. Il y a eu les liensinventĂ©s entre lâIrak et Al-Qaeda. Nous avonseu la panique organisĂ©e Ă propos des âarmesde destruction massiveâ de lâIrak. Aucunearme de destruction massive nâa Ă©tĂ© retrou-vĂ©e. Maintenant que la guerre a Ă©tĂ© faite etgagnĂ©e, que les contrats de reconstruction ontĂ©tĂ© signĂ©s, le âNew York Timesâ publie que :« LA CIA a entrepris une Ă©tude afin de dĂ©ter-miner si oui ou non lâensemble des servicessecrets sâest fourvoyĂ© dans ses affirmationsdâavant-guerre au sujet du gouvernementirakien et de son programme dâarmement. »
Pendant ce temps-lĂ , une civilisation anci-enne a Ă©tĂ© dĂ©cimĂ©e par une trĂšs rĂ©cente et trĂšsbrutale nation. Pendant plus dâune dizainedâannĂ©es, les AmĂ©ricains et les Anglais ontlarguĂ© des milliers de missiles et de bombessur lâIrak. Les terres irakiennes ont reçu 300tonnes dâuranium appauvri.
Au cours des bombardements, la coalitiona visĂ© et dĂ©truit les usines de traitement delâeau, sachant trĂšs bien quâelles ne pouvaientĂȘtre rĂ©parĂ©es sans une assistance Ă©trangĂšre.Dans le sud de lâIrak, il y a eu une multiplica -tion par quatre de cancers chez les enfants.
Pendant les dix ans de sanctionsĂ©conomiques qui ont suivi la premiĂšre Guerredu Golfe, les civils irakiens se sont vus refuserlâaccĂšs aux soins, aux ambulances, Ă lâeaupotable â les bases de la vie. On estime Ă undemi million le nombre dâenfants irakiensmorts de ces sanctions. Les mĂ©dias ont jouĂ©un vĂ©ritable rĂŽle en taisant les nouvelles de la
dĂ©vastation de lâIrak et des Irakiens. Ils ontprĂ©parĂ© le terrain avec la mĂȘme routine demensonges et dâhystĂ©rie pour une guerre con -tre la Syrie, lâIran et, qui sait, contre lâArabieSaoudite.
Câest drĂŽle comme les intĂ©rĂȘtsdes sociĂ©tĂ©s US sont si souvent, sidĂ©libĂ©rĂ©ment confondus avec lesintĂ©rĂȘts de lâĂ©conomie mondiale.
La prochaine guerre sera peut-ĂȘtre le joyaude la couronne de George W. Bush pour sacampagne Ă©lectorale de 2004. Il nâaura peut-ĂȘtre pas Ă aller jusque-lĂ puisque lesDĂ©mocrates ont annoncĂ© leur stratĂ©gie pour2004 : prouver que les RĂ©publicains sontfaibles en matiĂšre de sĂ©curitĂ© nationale. Oncroirait entendre lâado du village qui trouveque la mafia a trop de scrupules.
Les Ă©lections prĂ©sidentielles US semblentdevoir ĂȘtre une perte de temps pour tout lemonde. Rien de nouveau lĂ -dedans.
Lâinvasion de lâIrak par les USA Ă©tait peut-ĂȘtre la guerre la plus lĂąche de toute lâhistoire.AprĂšs avoir utilisĂ© les âbons servicesâ de la
diplomatie de lâONU (sanctions Ă©conomiqueset inspection des armements) pour sâassurerque lâIrak Ă©tait sur les genoux, aprĂšs sâĂȘtreassurĂ©e que la plupart des armes Ă©taientdĂ©truites, la âCoalition des Volontaires, plusconnue sous le nom de âCoalition des Bruteset des Vendusâ, a envahi lâIrak.
Alors les mĂ©dias se sont glorifiĂ©s dâune vic -toire juste et brillante !
Les tĂ©lĂ©spectateurs sont tĂ©moins du bon-heur apportĂ© Ă lâIrakien par lâarmĂ©e amĂ©ri -caine. Tous ces gens nouvellement libĂ©rĂ©s, agi -tant des drapeaux amĂ©ricains, quâils avaientprobablement accumulĂ©s pendant les annĂ©esde sanctions.
Quâest-ce que ça peut faire si le dĂ©boulon-nage de la statue de Saddam Hussein placeFerdaous (montrĂ© et remontrĂ© Ă la tĂ©lĂ©) Ă©taitun ballet soigneusement exĂ©cutĂ© par unepoignĂ©e de figurants dirigĂ©s par les Marines ?Robert Fisk a parlĂ© de « la plus grande miseen scĂšne depuis Iwo Jima ».
Quâest-ce que ça peut faire si, dans les joursqui suivirent, les soldats amĂ©ricains ont tirĂ©sur des manifestants irakiens pacifistes, nonarmĂ©s, qui rĂ©clamaient le dĂ©part des troupesdâoccupation ? Quinze personnes sontmortes.
Quâest-ce que ça peut faire si, quelquesjours plus tard, les soldats amĂ©ricains ont tuĂ©deux autres personnes et blessĂ© bien dâautresqui protestaient contre le fait quâon puissetuer de simples manifestants ? Ne vousinquiĂ©tez pas : ils ont tuĂ© dix-sept personnesĂ Mossoul. Ne vous inquiĂ©tez pas : la tuerie vase poursuivre (mais elle ne sera pas retrans-mise Ă la tĂ©lĂ©).
Il ne faut pas que ça vous tracasse quâun
pays laĂŻc soit poussĂ© au sectarisme religieux.Ăa ne vous tracasse pas dâailleurs que le gou-vernement amĂ©ricain ait soutenu SaddamHussein lors de son accĂšs au pouvoir et pen-dant ses pires excĂšs, y compris la guerre dehuit ans contre lâIran et le gazage en 1988 desKurdes de Halabja (des crimes qui, quatorzeans plus tard, ont Ă©tĂ© rĂ©chauffĂ©s et resserviscomme de bonnes raisons pour attaquerlâIrak).
Ăa ne vous dĂ©range pas quâaprĂšs la pre-miĂšre Guerre du Golfe, les AlliĂ©s aient fomen-tĂ© un soulĂšvement des Shias de Bassora avantde se dĂ©tourner et laisser Saddam HusseinĂ©craser la rĂ©volte et tuer des milliers de gens.
AprĂšs lâinvasion de lâIrak, les chaĂźnes detĂ©lĂ©vision occidentales, qui dĂ©veloppaient unecuriositĂ© sordide pour les charniers, ont vitechangĂ© de sujet quand elles ont compris queles corps Ă©taient irakiens, morts Ă la guerrecontre lâIran et pendant la rĂ©volte Chiite. Larecherche de charniers appropriĂ©s, dĂ©cents, sepoursuit.
Que cela ne vous dĂ©range pas : les troupesamĂ©ricaines et britanniques avaient reçu lâor-dre de tuer, pas de protĂ©ger. Leurs prioritĂ©sĂ©taient claires. La sĂ©curitĂ© du peuple irakiennâĂ©tait pas leur souci. La protection de ce quirestait des infrastructures irakiennes nâĂ©taitpas leur souci. Mais la protection des puits depĂ©trole, oui. Les puits ont Ă©tĂ© âsĂ©curisĂ©sâpresque avant que lâinvasion ne dĂ©bute.
Il est intĂ©ressant de souligner que la recon-struction de lâAfghanistan â qui se trouvedans un Ă©tat bien plus lamentable que lâIrak ânâa pas rencontrĂ© le mĂȘme enthousiasmeĂ©vangĂ©lique que celui qui prĂ©side Ă la recon-struction de lâIrak. MĂȘme lâargent promispubliquement Ă lâAfghanistan nâa pas encoreĂ©tĂ© entiĂšrement versĂ©. Peut-ĂȘtre parce quelâAfghanistan nâa pas de pĂ©trole ? Et quâil nây aguĂšre dâargent Ă extraire de ce pays vaincu.
Dâun autre cĂŽtĂ©, on nous a dit que les con-trats de reconstruction de lâIrak pourraientbooster lâĂ©conomie mondiale. Câest drĂŽlecomme les intĂ©rĂȘts des sociĂ©tĂ©s US sont sisouvent â et avec autant de succĂšs ! â sidĂ©libĂ©rĂ©ment confondus avec les intĂ©rĂȘts delâĂ©conomie mondiale. Le discours sur lepĂ©trole irakien aux Irakiens, sur la guerre delibĂ©ration, sur la dĂ©mocratie et les Ă©lectionslibres a eu son temps. Et son utilitĂ©.Aujourdâhui, les choses ont changĂ©âŠ
AprĂšs avoir escortĂ© une civilisation vieillede 7000 ans vers lâanarchie, George Bush aannoncĂ© que les Etats-Unis sont en Irak poury rester « indĂ©finiment ».
Les USA, en fait, ont promis que lâIrak pou-vait avoir un gouvernement reprĂ©sentatif,mais seulement sâil reprĂ©sente les intĂ©rĂȘts descompagnies pĂ©troliĂšres amĂ©ricaines. Endâautres termes : vous avez la libertĂ© dâex-pression tant que vous dites ce que nousvoulons vous entendre dire.
Le 17 mai, le âNew York Timesâ Ă©crivait :« Retournement brutal de situation : les USAet lâAngleterre retardent Ă lâinfini le plan quiaurait permis aux forces dâopposition iraki-enne de former une assemblĂ©e nationale et ungouvernement intĂ©rimaire dâici Ă la fin dumois. Au lieu de cela, les diplomates amĂ©ri-cains et britanniques qui conduisent lâeffortde reconstruction ici ont dit ce soir aux chefsen exil que les officiels alliĂ©s conservaient ladirection de lâIrak pour une pĂ©riodeindĂ©finie. »
Bien avant que lâinvasion ne commence, leshommes dâaffaires du monde entier se fĂ©lici-taient des sommes dâargent que la reconstruc-tion de lâIrak mettrait en jeu. On lâa intitulĂ©eâle plus gros effort depuis la reconstructionde lâEurope aprĂšs la DeuxiĂšme GuerreMondiale par le plan Marshallâ. La firmeBechtel, siĂ©geant Ă San Francisco, mĂšne lahorde de chacals qui sâinstalle en Irak.CoĂŻncidence : lâancien secrĂ©taire dâĂtat G.Schultz, est un des directeurs de Bechtel et il
se trouve quâil a Ă©galement siĂ©gĂ© en tant queprĂ©sident de la âSection Conseilâ du ComitĂ© deLibĂ©ration de lâIrak. Quand le âNew YorkTimesâ lui a demandĂ© sâil Ă©tait concernĂ© ounon par lâexistence dâun conflit dâintĂ©rĂȘts,monsieur Schultz a rĂ©pondu : « Je ne pensepas que Bechtel en soit particuliĂšrementbĂ©nĂ©ficiaire. Mais sâil y a du travail Ă faire,Bechtel est le genre de compagnie compĂ© -tente. Mais personne ne regarde ce travailcomme fructueux. »
Bechtel a dĂ©jĂ un contrat de 680 millions dedollars mais, selon le âNew York Timesâ, « desestimations indĂ©pendantes chiffrent Ă 20 mil -liards de dollars le coĂ»t final de lâeffort dereconstruction dans le contrat Bechtel-USAID ».
LâIrak nâest plus un pays. Câestune ressource. LâIrak nâest plusgouvernĂ©. LâIrak est possĂ©dĂ©.
Dans un article judicieusement titré« FrĂ©nĂ©sie souterraine : toutes lescompagnies du monde veulent leur part dugĂąteau », le âTimesâ Ă©crit (sans la moindreironie) : « Les gouvernements mondiaux etles sociĂ©tĂ©s qui les soutiennent ont fait le siĂšgede Washington afin dâobtenir un morceaudâIrak Ă reconstruire » ; «Les Anglais,bien que leur demande soit discrĂšte, prĂ©sen-tent lâargument le plus convaincant pour lâad-ministration Bush : ils ont versĂ© du sang enIrak. » Le sang de qui ? Ce nâest pas trĂšs clair.Le âTimesâ nâĂ©voquait sĂ»rement pas le sanganglais ou amĂ©ricain. Il Ă©voquait sans doute lefait que les Anglais ont aidĂ© les AmĂ©ricains Ă verser du sang irakien. Donc, « le cas le plusconvaincant », en matiĂšre de reconstruction,câest quand un pays peut se vanter dâĂȘtre com-plice des meurtres dâIrakiens.
Lady Simmons, le dĂ©putĂ© chef de laChambre des Lords, sâest rĂ©cemment renduaux USA avec quatre industriels anglais. Outrele fait dâappuyer ses exigences sur son statutde co-assassin, la dĂ©lĂ©gation britannique aaussi Ă©voquĂ© son passĂ© colonial â Ă nouveausans la moindre ironie â insistant sur la « rela-tion de longue date avec lâIrak et ses marchĂ©sdepuis lâĂ©poque impĂ©riale du dĂ©but du XXĂšmesiĂšcle jusquâaux sanctions internationales desannĂ©es quatre-vingt-dix. » NĂ©gligeant de sesouvenir que la Grande-Bretagne avaitsoutenu Saddam Hussein dans les annĂ©essoixante-dix et quatre-vingt.
Ceux dâentre nous qui appartiennent Ă dâanciennes colonies voient lâimpĂ©rialismecomme un viol. Donc, vous violez. Puis voustuez. Puis vous exigez le droit de violer lecadavre. Câest ce que lâon appelle de lanĂ©crophilie.
Poursuivant cette analogie Ă©cĆurante,Richard Perle disait rĂ©cemment : « LesIrakiens sont plus libres aujourdâhui, et noussommes davantage en sĂ©curitĂ©. DĂ©tendez-vous, et profitez-en. » Au bout de quelquesjours de guerre, le prĂ©sentateur du journaltĂ©lĂ©visĂ© Tom Broxant, ajoutait : « Une deschoses que nous nous refusons Ă faire câestdĂ©truire les infrastructures de lâIrak parce quedans quelques jours ce pays nous appartien-dra. » Maintenant, les contrats de possessionsont en train dâĂȘtre signĂ©s. LâIrak nâest plus unpays. Câest une ressource, une propriĂ©tĂ©, unbien. LâIrak nâest plus gouvernĂ©. LâIrak est pos-sĂ©dĂ©. Et lâIrak appartient pour la plus grandepartie Ă Bechtel. Peut-ĂȘtre que Halliburton etune ou deux sociĂ©tĂ©s anglaises obtiendrontquelques os.
Notre combat doit ĂȘtre menĂ© contre lesoccupants et contre les nouveaux propriĂ©-taires de lâIrak.
Arundhati Roy« Day of the Jackals». 31 mai 2003.Traduction Anne Dion.
LE TEMPS DES CHACALSArundhati Roy est nĂ©e en 1961 d'une mĂšre chrĂ©tienne et d'un pĂšre Hindou. Elle a grandi dans le milieu syrien chrĂ©tien Ă Kerala, une ville oĂč coexistaient quatre " reli-gions " : Christianisme, Islam, Hindouisme et Marxisme. Personne n'a oubliĂ© Le Dieu des petits riens (" The God of small things "), qui a reçu le cĂ©lĂšbre Booker Prizeen 1997. Depuis, Arundhati Roy n'Ă©crit plus de fictions et prĂ©fĂšre en dĂ©coudre avec la rĂ©alitĂ©. C'est ce qu'elle fait en continuant Ă publier des textes " politiques " ou enprenant la parole dĂšs qu'elle le peut, comme dans ce discours prononcĂ© Ă Washington, au National Anti War teach- in . Un texte restĂ© jusqu'Ă prĂ©sent inĂ©dit en français.
En ces temps d'incertitude gĂ©nĂ©rale, de bordelnihiliste, voici qu'au dĂ©tour d'un kiosque Ă jour-naux, je dĂ©couvre le journal "LA VERITE". DĂ©jĂ , jeme dis, putain, y zont pas peur d'ĂȘtre modestes ! etpuis, attirĂ© par le dessin de Vuillemin sur les signesreligieux Ă l'Ă©cole, je me dis "boaaf ! peut-ĂȘtre unconcurrent de charlie-hebdo ? Je dĂ©bourse donc lestrois euros demandĂ©s et commence ma lecture. Et lĂ ! suite de bondieuseries haineuses et politisĂ©es,d'ambiguĂŻtĂ©s toutes plus pourries les unes que lesautres (Ezra pound, Leni Riefenstahl... vous avezraison, pas de censure ! Ă©duquons notre bellejeunesse Ă coup de "Mein Kampf" !), prise de particatholico-islamique intĂ©griste, dĂ©fense de cetteracaille de Tarik ramadan et de Ben Laden ?! et c'estalors que je vois, en derniĂšre page, le nom du con-cepteur-dictateur de cet immonde torchon : Marc-Ădouard Nabe ! Tout s'explique ! Le pape des grosbourgeois mondains qui ont besoin d'Ă©motionsfortes !
PS : Pour le voile, tu devrais commencer par lemettre sur ta tronche, ça nous épargnerait !
PIERRE, chĂŽmeur, 31 ans 14/12/03
Déçu. La VĂ©ritĂ© m'a déçu au plus haut point. J'airelu hier mes deux numĂ©ros de L'EternitĂ©: ça, c'Ă©taitun journal ! mais La VĂ©ritĂ© - et le second numĂ©roplus encore que le premier - ne peut soutenir la com-paraison avec L'Eternité⊠dĂ©cevant donc⊠Je passesur le rĂšglement de comptes avec Cancer ! , c'est effec-tivement idiot d'avoir accueilli Dupin et Monvillepour d'aussi minuscules attaques. Non seulement cesdeux pages n'avaient rien, mais rien, de " littĂ©raire "mais en plus on y sentait une jalousie et un ressenti-ment sordides⊠Pourquoi Nabe a-t-il commis l'er-reur de publier ces rĂšglements de compte qui ne leconcernent pas ? Est-ce Ă cause de l'excellent textede Bruno Deniel-Laurent sur Simone Weil ? Nabeaurait-il Ă©tĂ© jaloux qu'on lui vole sa chĂšre Simone ?Je trouve aussi que les collaborateurs de Nabe sontbien mĂ©diocres : Audrey Vernon est une jolie fillemais elle ferait mieux de ranger sa plume. Est-ce Ă cause de sa petite notoriĂ©tĂ© mĂ©diatique ( Canal Plus)que Nabe l'a embarquĂ©e dans sa galĂšre ? Les apho-rismes de Catsap sont d'une nullitĂ© dĂ©sespĂ©rante.Les " billets " de Carlos n'ont aucun intĂ©rĂȘt sinon delire un Ă©niĂšme radotage marxiste. Le texte de DekraLiman sur Ben Laden, digne du premier siteislamiste venu, n'est pas plus intĂ©ressant. Quant Ă Anne-Sophie Benoit, elle ferait bien d'arrĂȘter de" singer " le style de Nabe et de soigner plutĂŽt lamaquette du journal⊠Je ne suis pas d'accord avecle rĂ©dacteur du Grain de sable qui a Ă©crit Ă Anne-Sophie Benoit que son texte Ă©tait l'un des meilleurssur le sujet de l'euthanasie. Je pense au contraire quece texte Ă©tait trĂšs mauvais, sans charitĂ©, sanshumanitĂ©, scandaleux au mauvais sens du terme.Un texte bĂȘte et mĂ©chant. Anne-Sophie a sans doutevoulu imiter Nabe dans son cynisme mais elle n'a
pas les Ă©paules de son maĂźtre⊠Et puis quel intĂ©rĂȘtde publier les discours de Saddam Hussein ? il n'y apas plus de " vĂ©ritĂ© " dans la propagande irakienneque dans celle des AmĂ©ricains. C'est le mĂȘme dis -cours plat et formatĂ©. Bien sĂ»r, on trouve quelquestextes intĂ©ressants, par exemple l'interview avecl'immense Braxton, le texte du docteur Carton et lesdessins de Vuillemin sont toujours aussi drĂŽlesâŠMais cela ne rattrape pas le niveau gĂ©nĂ©ral de LaVĂ©ritĂ©. S'ennuyer ferme en lisant un journal publiĂ©par Nabe, quelle ironie ! et quelle dĂ©ceptionâŠ
Christophe GUINOISEAU 16/12/03
Je suis un fidÚle non abonné ! je continuerai à l'acheter au numéro !
Cela me permet Ă chaque fois de placer Votrejournal en meilleure place et en Ă©vidence dans lesrayons des maisons de la presse ...
Bonne continuation !
Marc-Pierre JULIEN 18/12/03
Je tiens à vousdire que l'articlede Anne-SophieBenoit sur VincentHumbert (dans lepremier numérode La Vérité ) estune abomination,une glose absolu-ment répugnante.Les rédacteurs deLa Vérité sontobsédés par"l'indécence" denotre société maisils la pratiquentallÚgrement. Lemépris d'Anne-Sophie Benoitpour un garçonminé par la mal-adie la plus pro -fonde et la plus douloureuse est absolumenteffrayant. Comment cette fille, qui a la chance dejouir d'un corps, d'une bonne santé et d'une totaleliberté de mouvement, peut-elle se permettre dejuger les actes d'un garçon réduit à l'état de"légume" ? Qu'a-t-elle vécu pour pouvoir juger l'indi -cible, pour pouvoir juger un supplication ? Depuisquand le confort a-t-il le droit de juger le malheur ?Cela me fait penser à cette phrase de la Bible : « Al'infortune, le mépris » opinent les gens heureux, "uncoup de plus à qui chancelle !" (Job 12 -5)
Le texte d'AS Benoit est instructif : Plus Nabe etde ses suiveurs se réclament de certaines valeurs (lavérité, la charité, la décence), plus ils les foulent aupied. Plus ces gens parlent de vérité, plus ils mentent.Plus ils parlent sur la charité, moins ils sont capablesdu moindre beau geste. Leur discours de catholiqueagressif n'est que le cache-sexe de leur incapacité à l'amour véritable, lumineux. L'aigreur explose à chaque page. Et je suis triste de voir CatherineEmmerich, Paul Carton, et Léon Bloy défendus parde tels gens.
Anne-Claire CHARPENTIER 20/12/03
Cher Monsieur,
Cette lettre, peut-ĂȘtre un peu longue, pour vousposer un certain nombre de questions.
VoilĂ deux ans que je vous suis, depuis votre"Une Lueur d'espoir". Je trouvais enfin un Ă©crivaincontemporain qui avait quelque chose Ă dire, mĂȘmesi j'Ă©tais loin de partager toutes vos idĂ©es. Je me suisdonc empressĂ© de lire vos Journaux, Je suis mort,Alain Zannini, L'Ăge du christ, Visages de turcs,Printemps de feu etc. Puis je me suis mis Ă vousĂ©couter, chez Ardisson, TaddĂ©ĂŻ et mĂȘme Chancel etses Figures de proue. Je comprenais ainsi quellesĂ©taient vos motivations, l'origine (souvent justifiĂ©e)de vos "esclandres" supposĂ©es. Votre engagement lit-tĂ©raire m'apparaissait de façon nette. Puis quand LaVĂ©ritĂ© est sortie, je me suis prĂ©cipitĂ©, content de lireenfin la presse! Mais pour le second numĂ©ro, monengouement fut amoindri. En effet, quels sont en faitvotre message, votre thĂšse, votre philisophie (celledu journal bien sĂ»r). Le Nabe qui m'intĂ©resse c'estcelui de Parker ou de Suares, et non celui qui laissepublier les articles de Pound ou de Hussein !
Sous prĂ©texted'ĂȘtre anti amĂ©ri-cain et pro arabe,faut-il Ă chaque foisy intĂ©grer deuxtrois ingrĂ©dients Ă la limite de la haineraciale, car si je lisbien le texte dePound, il y a de celalĂ dedans, oue x p l i q u e z - m o i ?Idem pour Hussein,qui pour moi Ă©taittout sauf un rĂ©sis-tant !!! Un lĂąchesurtout vu la façondont il s'est faitcueillir !! Mais peuimporte, j'ai peur devoir les intellectuelsaujourd'hui, quisous prĂ©texte dedĂ©fendre une cause
(ici les humiliés), perpétuent le shéma ignoble de lahaine de l'autre, de la xénophobie. Choisir HusseinplutÎt que Bush.
Alors je sais bien qu'on vous accuse de celadepuis 20 ans, et que comme vous l'Ă©crivez dans lalettre Ă Ramadan, vous y rĂ©agissez par l'attaque etnon par la dĂ©fense. Moi-mĂȘme, je ne me faisaisaucune idĂ©e lĂ -dessus, j'avais bien lu Coups d'Ă©pĂ©edans l'eau ; mais lĂ expliquez-moi le pourquoi de cesdeux textes ? Sans oublier Carlos. Quel est l'intĂ©rĂȘtde demander Ă ce type d'Ă©crire sa vision de la poli-tique ?? Refuser ce monde pourri (dixit vous dansParis DerniĂšre), trĂšs bien, mais n'utilisez-vous pasd'autres moyens eux-aussi, ignobles pour y par-venir ? Bref, voici des questions qu'un lecteur assidude vos Ă©crits en tous genres (car il y a des articlesauxquels j'adhĂšre ; merci Ă Anne Sophie Benoit pourson hommage Ă "Flocon de Neige") aimerait voirfleurir de quelques bribes de rĂ©ponses.
Cette lettre n'est pas du tout une lettre d'injures,comme je vous l'ai Ă©crit, loin de moi d'attaquer cejournal pour ce qu'il est ; mais ces questions sem-blent importantes pour que je continue Ă vous suiv-re, notamment le 9 janvier. Bien Ă vous.
J-L GLĂMIN 23/12/03
Alfred, clochard du mois,
Ta prĂ©sence muette capturĂ©e par lâĆil pho-tographique dâArnaud Baumann mâa beaucouptouchĂ©. Comme une caresse dâoutre-tombe.
UN INCONNU qui te croise souvent, uninconnu qui pense souvent Ă toi. 19/12/03
Bonjour Ă toute l'Ă©quipe.. de Marc-Edouard Ă Ilitch Ramirez, en passant par Isabelle, Anne-Sophieet les autres...
Je viens de rentrer du Moyen-Orient, si cher à nous tous, et je découvre la Vérité ! Enfin ! Une bouf-fée d'air frais dans le PIF
(Paysage de l'Information Française...)A trÚs bientÎt et bonne continuation.
Ammar ABD RABBO 20/12/03
Ă ! Toi ! âLa VĂ©ritĂ©â , mon amour
Je vous Ă©cris du fin fond de la France. Je prĂ©fĂšrene pas dire oĂč. Câest prĂ©fĂ©rable. Jâaime laisser le mys-tĂšre de lâanonymat planer sur ma fragilitĂ©. Ma dĂ©li-catesse nâa pas de prix, alors je mâoffre .
Jâai adorĂ© votre beau journal qui me fait jouir,chaque mois, lorsque je vais chez mon marchand dejournaux et lui demande, avec un sourireĂ©vangĂ©lique, sâil a âLa VĂ©ritĂ©â ?⊠et il lâa ! GrĂące Ă vous âLa VĂ©ritĂ©â est partout. Merci, bravo, et contin-uez !PS : jâai songĂ© Ă quelques slogans de propagandepour âLa VĂ©ritĂ©â. Les voici :âLa VĂ©ritĂ©â, le journal qui prend Ă la gorge !âLa VĂ©ritĂ©â, le journal qui dit tout haut ce que Dieupense tout bas !âLa VĂ©ritĂ©â, le journal qui a la grĂące !âLa VĂ©ritĂ©â, le journal qui rĂ©veille la France !âLa VĂ©ritĂ©â, le journal qui rassure en faisant peur !âLa VĂ©ritĂ©â, le journal qui nâĂ©carte pas les cuisses !âLa VĂ©ritĂ©â, le journal qui lave plus noir !âLa VĂ©ritĂ©â, le journal qui broie du blancâLa VĂ©ritĂ©â, le journal qui aime son prochaincomme vous-mĂȘme ! âLa VĂ©ritĂ©â, le journal qui a des couilles au cul !âLa VĂ©ritĂ©â, le journal qui donne envie de vivre !âLa VĂ©ritĂ©â, le journal qui ne craint que Dieu !âLa VĂ©ritĂ©â, le journal qui fait lâamour Ă seslecteurs !âLa VĂ©ritĂ©â, le journal qui dĂ©livre du Mal !La VĂ©ritĂ©â, le journal qui sâimprime avec le sang duChrist !âLa VĂ©ritĂ©â, le journal qui ridiculise toute la pressefrançaise !âLa VĂ©ritĂ©â, le journal qui se relit avant dâĂȘtre lu !
PATRICK 22/12/04
Fais gaffe...
Marcel ZANINI 27/12/03
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Courrierdes lecteurs
Jâaurais aimĂ© souhaiter aux dĂ©tracteurs de lâIslam unebonne et heureuse annĂ©e 2004, mais ils comprendront quecela mâest impossible puisque je ne suis encore quâen
1424 ! Le Moyen Age, comme vous dites ! Un Ăąge quâeux-mĂȘmes nâont pas trop de mal Ă me rappeler ! 15Ăš siĂšcle : MevoilĂ donc retenue dans un harem oĂč, pour le plus grand bon-heur du « fils dâAllah » qui mâa acquise pour quelques dinars,je passe le plus clair de mon temps, « cinq fois par jour », aumoins, « le derriĂšre en lâair» comme dit Oriana Fallaci ! (Voussavez comme les Arabes sont pratiquants !)
Mais, enfermĂ©e dans cette Ă©troitesse que certains espritsme prĂȘtent, comment pourrai-je enfin traverser les siĂšcles quinous sĂ©parent pour parvenir Ă leur entendement, au progrĂšs, Ă lâintelligence et Ă la tolĂ©rance qui sont les leurs ? SoucieuxdâĂ©tablir le contact, mes contemporains et moi avons souventeu recours aux pigeons voyageurs. Avant le 11 septembre 2001,ceux-ci semblaient plutĂŽt fiables.
Les derniers « pigeons » ont pourtant achevĂ© de nousbannir, de nous tenir aussi Ă©loignĂ©s que possible de ce siĂšclequi sâouvre Ă peine pour les autres, mais qui pour nous, et pournous seuls, est dĂ©jĂ Ă jamais fermĂ©. NĂ© des cendres new-yorkaises, sâĂ©lĂšve depuis, le plus solide, le plus haut, le plusinfranchissable des Murs. Câest dĂ©cidĂ©, les Arabes resterontderriĂšre !
Certains dâentre nous, qui refusent de lâadmettre, qui ne serĂ©signent pas Ă devenir invisibles pour le monde dâaujour-dâhui, se confectionnent dâĂ©tranges machines Ă remonter letemps. Celles-ci, apparemment mal rĂ©glĂ©es, finissent toujours
par leur exploser Ă la figure. Pauvres de nous, il est vrai quedepuis lâinvention des chiffres... ! Cependant, si nous,Orientaux, vous avons gĂ©nĂ©reusement lĂ©guĂ© notre gloire, vouspermettant ainsi de sortir du Moyen Age que vous nousattribuez Ă prĂ©sent, sâil est vrai que lâon nâa rien gardĂ© pournous et que notre histoire depuis se rĂ©sume Ă une longue ago-nie, est-ce une raison pour cautionner, pour inciter, pour vousrĂ©jouir autant de notre actuelle tragĂ©die ? Oui, « tragĂ©die » !Penserez-vous encore que lâArabe que je suis exagĂšre ? Car jepeux aussi dire « descente aux enfers », celle-lĂ mĂȘme quevotre hĂ©ros, Bush, et le nĂŽtre, Ben Laden, ont Ă eux deux sisavamment prĂ©cipitĂ©e. Lâenfer sur leur terre ou le paradisdâAllah : reprocherez-vous Ă ceux que vous refusez dâappeler« rĂ©sistants », Ă ces simples « candidats au suicide », dâavoirtrop vite fait leur Shoah ? Pardon, leur « choix » ?
En ce qui me concerne, câest lâindĂ©cision, plus que lecourage, qui mâoblige ainsi Ă vivre notre sort les yeux grandouverts. Internet, presse Ă©crite, tĂ©lĂ©vision, « littĂ©rature » si jepuis dire : je ne peux plus y Ă©chapper. Aucun dâentre nous nele pourra, les images sont claires : nous serions aussitĂŽt faitscomme des « rats », Ă moins quâon ne dise dĂ©jà « faits commedes Arabes » ? Le monde nous est-il devenu hostile ? Tousnos malheurs ne rĂ©sulteraient-ils que de cette dite, de cettemaudite « islamophobie » ?
Eh bien moi, je ne crois pas ! Dâabord, parce que nousavons aussi notre part de responsabilitĂ©s dans cette« Histoire ». Cette part nâest ni celle que sâempresse volontiersde nous accorder TF1, ni celle que nĂ©gligerait presque Al
Jazeera. Cherchons plutĂŽt quelque « part » entre les deux.Ensuite, parce quâen « victimisant » les miens Ă outrance, jene voudrais pas, monsieur Cukierman, prendre le risque devous voler la vedette. Je ne vous suivrai donc pas sur ce ter-rain-lĂ , ni sur aucun autre terrain dâailleurs, alors inutile deretrousser vos manches, vous nâaurez pas de mur Ă exhausserentre nous !
Sâil est un affront, cependant, que je me permettrais devous faire, câest celui de nâavoir personnellement jamais pu« haĂŻr » vos coreligionnaires ! Nâinsistez pas, tout ce que vouspouvez dire ou faire nây change rien. Certains artistes âhumoristes, musiciens ou poĂštes â dignes de leur Electiondivine... et humaine, parviendront toujours Ă me faire oubliervos oeuvres et « leur chef » que je reprends ici : le score deJean-Marie Le Pen au premier tour est « un message auxmusulmans leur indiquant de se tenir tranquilles » ! Vousrendez-vous compte, monsieur Cukierman, de ce que celaimpliquerait si « les musulmans », mĂȘme les plus dĂ©sespĂ©rĂ©s,dĂ©cidaient soudain de vous obĂ©ir et de « se tenir tranquilles » ?Monsieur Bush et monsieur Sharon ne vous auraient-ils doncrien appris ?
Pendant que les Occidentaux formulent leurs voeux pour2004, je crois quâil vaut finalement mieux que moi jâen reste Ă mon annĂ©e 1424. Mes coreligionnaires et moi devons enprofiter autant que possible : il ne nous reste plus quequelques dĂ©cennies avant que ne soit dĂ©couverte lâAmĂ©rique !
Dekra Liman
LE SIĂCLE SE LĂVERA-T-IL ENCORE SUR LâORIENT ?
LE BILLET DE CARLOS
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RĂ©dactrice en chef : Anne-Sophie Benoit Conseiller artistique : Marc-Ădouard Nabe
Imprimeur : ICT Villejuif DépÎt légal : Janvier 2004. ISSN : en cours - Commission paritaire : en cours.
© 2003 â La Rose de TĂ©hĂ©ran.Ont participĂ© Ă ce numĂ©ro :
Arnaud BaumannAnne-Sophie Benoit
AurĂ©lie BenoitPaul-Ăric BlanrueAlain Bourmaud
Carlos,Catsap
Isabelle Coutant-PeyreAnne Dion
Marco DolcettaDekra LimanYann Moix
Marc-Ădouard Nabe Jorge Rodriguez-Lasso
Audrey Vernon Vuillemin
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Jâai visitĂ©lâIrak pour lapremiĂšre fois
en 1975. Jâai gardĂ©depuis une demeureĂ Bagdad, ville oĂčhabitent nombre demes camarades etdes amis proches.
Les relations denotre O.R.I(Organisation deRévolutionnairesInternationalistes)avec le Gouvernentirakien, étaient ami-cales et arquées parle respect mutuel.
Le Parti Baas et ses structures de pouvoir nâinterfĂ©raientpoint avec nos camarades ou notre travail organisation-nel, et nous ne nous immiscions pas dans leurs affairesintĂ©rieures.
Pendant sa prĂ©sidence, feu le MarĂ©chal AhmedHasssan avait exprimĂ© Ă lâoccasion ses sentimentschaleureux pour un jeune vĂ©nĂ©zuĂ©lien, et pour sescamarades internationalistes venus se battre pour laCause arabe.
Contrairement au PrĂ©sident Jacques Chirac, je nâaipas maintenu de relations personnelles avec SaddamHussein, Ă qui je conserve nĂ©anmoins intact tout monrespect et ma solidaritĂ©.
Jacques Chirac envoyait mĂȘme Ă Saddam Hussein descostumes sur mesure et des cravates Ă la mode, quand ilĂ©tait encore Vice-PrĂ©sident du Conseil deCommandement de la RĂ©volution.
Les relations entre lâIrak et la France Ă©taient trĂšsĂ©troites (mĂȘme trop Ă notre goĂ»t), dans TOUS lesdomaines, renseignements inclus.
Suite au meurtre du Général René Audran, et à lalibération de Bruno Bréguet aprÚs Magdelena Kopp, jefus invité à Bagdad par le Directeur des
« Moukhabarate » (Direction des RenseignementsGĂ©nĂ©raux), feu le Lieutenant-GĂ©nĂ©ral Fadel Al-Barrak,qui « mettant le paquet » ( il me fera mĂȘme cadeau deson pistolet personnel ), me demande « dâhomme Ă homme » dâintervenir personnellement pour ramenerle calme en France, aprĂšs mâavoir expliquĂ© en dĂ©tailcomment les terminaux pĂ©troliers iraniens sur le Golfeavaient Ă©tĂ© dĂ©truits avec des missiles Exocet lancĂ©s pardes avions Super-Ă©tendards â empruntĂ©s â Ă lâAĂ©ronavale française.
La France participa intensĂ©ment Ă la guerre dâagres-sion contre la RĂ©publique Islamique dâIran, seule puis-sance dĂ©mocratique de la rĂ©gion.
La France a Ă©tabli une relation stable dâamitiĂ© aveclâIrak aprĂšs lâĂ©lection de ValĂ©ry Giscard dâEstaing Ă laprĂ©sidence de la RĂ©publique.
En 1974, Jacques Chirac Ă©tant le Premier Ministre, jâaipassĂ© par Paris Ă lâĂąge de 24 ans. Un cadre clandestin dela RĂ©sistance Palestinienne me transmet une invitationĂ visiter lâambassade dâIrak, qui demandait NOTRE avissur la nouvelle donne politique en France.
Pour des raisons Ă©videntes de sĂ©curitĂ© jâai dĂ©clinĂ©lâinvitation, mais jâai fait transmettre mon analyse pourle reprĂ©sentant de la RĂ©sistance, avec la recommanda-tion dâaider Jacques Chirac, politiquement et financiĂšre-ment.
Ămon souvenir, lâaile Chaban-Delmas de lâUDR avaitreçu cette annĂ©e-lĂ 4 millions de dollars.
Lâacte fondateur du RPR en dĂ©cembre 1976 fut trans-mis en DIRECT par la tĂ©lĂ©vision irakienne, puisretransmis en boucle sur la chaĂźne TV en languesĂ©trangĂšres, accompagnĂ© de commentaires dithyram-biques sur Jacques Chirac.
Je me trouvais Ă Bagdad, oĂč des responsables baa-sistes me disaient sans ambages et avec beaucoup defiertĂ©, que le RPR Ă©tait une « ORGANISATION SĆUR »,fondĂ©e avec les Dinars irakiens. Ce qui nâempĂȘchera pasla distribution dââenveloppesâ aux autres partis poli-tiques français, Ă la gabonaise, mais en plus volu-mineux.
Un officier des Renseignements irakiens me con-
firmera en souriant que mon ârapportâ de 1974 Ă Parisavait Ă©tĂ© trĂšs bien reçu et quâil coĂŻncidait avec la vue de« Monsieur le Vice-PrĂ©sident » point par point.
Je nâai pas fait en Irak des contacts officiels avec lesresponsables français⊠mais jâai Ă©tĂ© tenu au courantpar les autoritĂ©s de leurs dĂ©marches ; nos opinionsâĂ©clairĂ©esâ sur la France Ă©taient enregistrĂ©es avec beau-coup dâintĂ©rĂȘt par nos hĂŽtes irakiens.
La France a Ă©tĂ© le principal alliĂ© et complice de lâIrak,câest un indĂ©niable fait historique.
Je raconte ces faits anecdotiques sans aucun espritopportuniste.
Jâai Ă©tĂ© un partisan de Chirac dans toutes les Ă©lec-tions dĂšs le premier tour, jusquâen 2002, je â vote â alorsArlette Laguillier, et au deuxiĂšme tour Jean-Marie LePen, sans regrets.
La suite mâa donnĂ©, hĂ©las, raison.Saddam Hussein a Ă©tĂ© capturĂ© dans une ferme sur la
rive orientale du Tigre face Ă sa rĂ©gion natale, vraisem-blablement, par des commandos de lâUnion Patriotiquedu Kurdistan, aprĂšs avoir Ă©tĂ© neutralisĂ© avec un gazincapacitant.
Les villageois ont observĂ© que tous les moutons quipaissaient dans les environs de la ferme avaient Ă©tĂ©âdroguĂ©sâ.
Vendu pour 25 millions de dollars, exhibĂ© titubantpar lâacheteur yankee Ă lâintention des mĂ©dias com-plaisants, au mĂ©pris des Conventions de GenĂšve.
Les dĂ©clarations malheureuses du PrĂ©sident de laRĂ©publique Française, qui a joint sa voix Ă©hontĂ©e auconcert haineux des soi-disant GRANDS de ce monde,est le summum de lâingratitude.
Jacques Chirac « a perdu une bonne occasion de setaire ».
PETITE PRĂCISIONIl paraĂźt quâil y a plusieurs vĂ©ritĂ©s dans la presse française. La nĂŽtre est celle de Dieu,elle nâest donc ni « pornographique » (VĂRITĂS), ni « trotskyste» ( La vĂ©ritĂ© ), il nây aaucune confusion possible entre nous qui travaillons pour la VĂ©ritĂ© et les militants detous bords qui travaillent pour les mensonges du sexe et de la politique. Quand unmagazine publiera sur sa couverture une photo de LĂ©on Trotsky tout nu, nous envi-sagerons de changer de titre !