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Technologie maritime 92 La recherche et le dĂ©veloppement des chantiers de construction de navires se sont focalisĂ©s ces derniĂšres annĂ©es sur un concept de navires « tout Ă©lectrique ». Ainsi le projet Advansea, portĂ© par DCNS, vise un navire de 120 mĂštres et de plus de 4 000 tonnes, capable d'atteindre 28 nƓuds et dotĂ© d’une puissance Ă©lectrique de 20 MW soit nettement plus que les navires d'aujourd'hui. Cette derniĂšre devrait couvrir les besoins de la propulsion, mais aussi des systĂšmes d’armes dont certains trĂšs futuristes : un laser Ă  « lĂ©talitĂ© variable » ainsi que des canons Ă©lectriques dont les charges d'Ă©nergie permettront de propulser des obus en remplaçant la pou- dre. Quelle est la situation actuelle ? P arler aujourd’hui du «navire tout Ă©lectrique», c’est commettre un abus de langage ou faire Ɠuvre d’anticipation. Pour de nombreuses annĂ©es encore, les navires ne disposeront pas d’une soute Ă  ampĂšres-heures oĂč il suffirait de puiser pour alimenter la propulsion, les armes, les Ă©quipements et les servitudes. Une Ă©nergie primaire est toujours nĂ©cessaire, mais il est vrai qu’on la transforme de plus en plus en Ă©nergie Ă©lectrique avant de la distribuer. Actuellement, le «tout Ă©lectrique» se rapporte Ă  la propulsion qui utilise des « arbres Ă©lectriques » selon le joli mot employĂ© pour le Normandie (le paquebot de 1936). Ils se substituaient dĂ©jĂ  aux longues « lignes d’arbres » qui continuent de donner bien des soucis, comme l’avarie du porte-conteneurs gĂ©ant Emma Maersk vient de le rappeler, en fĂ©vrier 2013. Il n’en est pas moins vrai que de plus en plus de clients se prĂ©sentent Ă  l’usine Ă©lectrique embarquĂ©e qui, d’une part substitue sa production Ă  la combustion (cuisines), Ă  l’explosion (moteurs), Ă  la pyrotechnie (canon) ou Ă  la dĂ©tente thermique (turbines et catapultes), et qui d’autre part permettra d’alimenter des innovations (armes laser et hyperfrĂ©quence, blindage Ă©lectromagnĂ©tique, destructeur de dĂ©chets au plasma). C’est ainsi que les concepteurs des CVN 78 (Gerald R. Ford) ont consacrĂ© un rĂ©acteur nuclĂ©aire de 300 MW Ă  la satisfaction des besoins Ă©lectriques nouveaux L’énergie Ă©lectrique embarquĂ©e Bernard Collin Capitaine de vaisseau (h) DĂ©cembre 2013

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Technologie maritime

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La recherche et le dĂ©veloppement des chantiers de construction de navires se sontfocalisĂ©s ces derniĂšres annĂ©es sur un concept de navires « tout Ă©lectrique ». Ainsi le projetAdvansea, portĂ© par DCNS, vise un navire de 120 mĂštres et de plus de 4 000 tonnes, capable d'atteindre 28 nƓuds et dotĂ© d’une puissance Ă©lectrique de 20 MW soit nettementplus que les navires d'aujourd'hui.

Cette derniĂšre devrait couvrir les besoins de la propulsion, mais aussi des systĂšmesd’armes dont certains trĂšs futuristes : un laser Ă  « lĂ©talitĂ© variable » ainsi que des canonsĂ©lectriques dont les charges d'Ă©nergie permettront de propulser des obus en remplaçant la pou-dre. Quelle est la situation actuelle ?

Parler aujourd’hui du «navire tout Ă©lectrique», c’est commettre un abus delangage ou faire Ɠuvre d’anticipation. Pour de nombreuses annĂ©es encore,les navires ne disposeront pas d’une soute Ă  ampĂšres-heures oĂč il suffirait

de puiser pour alimenter la propulsion, les armes, les Ă©quipements et les servitudes.Une Ă©nergie primaire est toujours nĂ©cessaire, mais il est vrai qu’on la transforme deplus en plus en Ă©nergie Ă©lectrique avant de la distribuer.

Actuellement, le «tout Ă©lectrique» se rapporte Ă  la propulsion qui utilise des« arbres Ă©lectriques » selon le joli mot employĂ© pour le Normandie (le paquebot de 1936). Ils se substituaient dĂ©jĂ  aux longues « lignes d’arbres » qui continuent de donner bien des soucis, comme l’avarie du porte-conteneurs gĂ©ant Emma Maerskvient de le rappeler, en fĂ©vrier 2013.

Il n’en est pas moins vrai que de plus en plus de clients se prĂ©sentent Ă  l’usineĂ©lectrique embarquĂ©e qui, d’une part substitue sa production Ă  la combustion (cuisines),Ă  l’explosion (moteurs), Ă  la pyrotechnie (canon) ou Ă  la dĂ©tente thermique (turbineset catapultes), et qui d’autre part permettra d’alimenter des innovations (armes laseret hyperfrĂ©quence, blindage Ă©lectromagnĂ©tique, destructeur de dĂ©chets au plasma).

C’est ainsi que les concepteurs des CVN 78 (Gerald R. Ford) ont consacrĂ© unrĂ©acteur nuclĂ©aire de 300 MW Ă  la satisfaction des besoins Ă©lectriques nouveaux

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susceptibles d’apparaĂźtre au cours du demi-siĂšcle de vie de ces bĂątiments. La nĂ©cessitĂ©de produire ces mĂ©gawatts sous-entend que l’électricitĂ© n’est pas l’énergie primaireembarquĂ©e, stockĂ©e en quantitĂ© suffisante et susceptible d’ĂȘtre dĂ©livrĂ©e de façon conti-nue ou sous forme impulsionnelle. Production, stockage et distribution de l’électricitĂ©sont les problĂšmes Ă  rĂ©soudre en amont des « clients».

Les quelques points abordĂ©s dans cet article concernent ces clients, actuelsou potentiels, de l’énergie Ă©lectrique embarquĂ©e, ainsi que les moyens susceptibles demettre cette Ă©nergie Ă  leur disposition.

Le stockage

Le premier client qui vient Ă  l’esprit est le sous-marin dont l’impĂ©ratif de discrĂ©tionfait rechercher une autonomie Ă©nergĂ©tique qui, aujourd’hui encore, n’est quetemporaire. Certes on a dĂ©passĂ© les 100 nautiques franchissables par les

Gymnote et Farfadet à la fin du XIXe siÚcle, mais les batteries lithium-ion associées à unsystÚme AIP (Air Independent System) limitent encore à trois semaines en immer-sion à basse vitesse une patrouille de sous-marins ScorpÚne.

Ce sont ensuite des prĂ©occupations Ă©cologiques qui amĂšnent les bĂątiments desurface vers une propulsion hybride oĂč la partie Ă©lectrique est de plus en plus signifi-cative.

Le Princesse Benedikte, premier ferry germano-danois à utiliser temporaire-ment une propulsion purement électrique, dispose de 415 batteries lithium-polymÚredont les 27 tonnes sont installées en pontée et produisent 2,7 MWh.

Le Waterspreeuw, du type Damen Patrol Vessel 1304 Hybrid, est dotĂ© d’un propulseur de 130 kilowatts (plus un propulseur d’étrave de 11 kilowatts) alimentĂ© par13 batteries au lithium polymĂšre qui autorisent une autonomie de 6 heures Ă  10 km/h.

On est loin d’une autonomie opĂ©rationnelle, mais depuis les batteriesplomb/acide, les ratios sont passĂ©s de 160kg/kWh Ă  8kg/kWh pour les batteries au lithium polymĂšre.

L’objectif industriel actuel est de diviser encore par 2 ce ratio pour atteindreles 250 Wh au kilogramme.

Quant aux piles Ă  combustible, elles peinent Ă  atteindre leur maturitĂ© entermes de puissance, d’autonomie et de sĂ©curitĂ© pour une version navalisĂ©e. A titred’exemples : la pile Ă  combustible HydroGen4 fournissant 93 kW au vĂ©hicule de General Motors se compose de 440 cellules connectĂ©es en sĂ©rie ; l’hydrogĂšne est stockĂ©sous 700 bars. La version U32 que Siemens propose pour les sous-marins allemandsU212 affiche 120 kW et assurerait 18 jours en plongĂ©e.

La propulsion

Le « tout Ă©lectrique » mĂȘme limitĂ© Ă  la propulsion nĂ©cessite donc une source primaire ; dĂšs lors, le sujet n’est pas nouveau puisque c’est en 1933 qu’Alsthom-Belfort installe Ă  bord du Normandie un systĂšme turboĂ©lectrique

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bĂ©nĂ©ficiant de l’expĂ©rience des porte-avions USS Lexington et USS Saratoga livrĂ©s en1927 avec un systĂšme General Electric Co. Le cĂąblage Ă©lectrique se substituait auxlongs arbres d’hĂ©lice et permettait de rĂ©partir les masses de l’appareil propulsif avec moinsde contraintes et plus de sĂ©curitĂ©.

Ainsi, les 29 chaudiĂšres du Normandie alimentaient en vapeur les turbo-alternateurs qui eux-mĂȘmes alimentaient les moteurs de propulsion en courant triphasĂ© 5 500 V, le tout rĂ©parti en 6 tranches. Le volant de manƓuvre commandaitla vitesse de la turbine entraĂźnant l’augmentation de la frĂ©quence du courant et doncla vitesse des moteurs ; Ă  30 nƓuds, chaque nautique coĂ»tait deux tonnes de mazout.

Quatre-vingts ans ont passĂ© et les diesels, les turbines Ă  gaz, les alternateurs,les redresseurs-onduleurs Ă  thyristors, les moteurs Ă  induction et le cĂąblage haute ten-sion permettent de fournir les 20 MW nĂ©cessaires aux pod d’un navire de 20 000 t pourle propulser Ă  20 nƓuds, tandis que 8,8 MWT permettent aux FREMM françaises (5 600 t) d’atteindre 15 nƓuds avant l’entrĂ©e en action de leur turbine Ă  gaz.

L’utilisation de cetype de propulsion permetde rĂ©duire la vulnĂ©rabilitĂ©grĂące Ă  la dispersion desmoyens dans le bord et Ă  lamultiplication des postes decommande ; elle permetaussi de sĂ©rieuses Ă©conomiesen personnel : le matĂ©rielexige moins d’interventionssur place et le contrĂŽle dufonctionnement se fait Ă  dis-tance, de façon centralisĂ©e.

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SchĂ©ma de la propulsion d’une FREMM

ÉcorchĂ© d’un POD

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Les catapultes

Description

L’EMALS (Electromagnetic Aircraft Launch System) du CVN-78 Gerald R. Ford estune totale nouveautĂ©. En aval du rĂ©acteur nuclĂ©aire affectĂ© aux besoins en

électricité du bord, l'EMALS est composé de quatre principaux éléments : 1) Un moteur à induction (linear induction motor [LIM]) qui consiste en un

double alignement de plusieursdouzaines de solĂ©noĂŻdes sĂ©parĂ©spar une fente de moins de 10 cm.Ces deux longerons jouent sur 90 m le rĂŽle du rotor d'un mo-teur conventionnel, prenant ensandwich une navette de 6 m enaluminium solidaire du sabot quisera reliĂ© Ă  l’aĂ©ronef.

Depuis son point de départ et au fur et à mesure dudéplacement du sabot, seuls lessolénoïdes voisins de la navettesont alimentés selon une séquencequi minimise la consommation.

Dans la plus grande partie de la catapulte, les bobines

supraconductrices sont disposĂ©es Ă  intervalles rĂ©guliers et synchronisent leurs courants avec la bobine solidaire du sabot pour atteindre l’accĂ©lĂ©ration souhaitĂ©e. Dansla seconde partie, cette accĂ©lĂ©ration est maintenue constante par des bobines disposĂ©esĂ  distances croissantes. Environ 50% de l'Ă©nergie Ă©lectrique consommĂ©e est trans-formĂ©e en Ă©nergie cinĂ©tique de la charge projetĂ©e.

Sur les 90 m de la catapulte, le LIM accĂ©lĂšre un avion de 45t pour luifaire atteindre 130 nƓuds, puis le sabot stoppe sur une distance de 5 Ă  6 m avantde reculer doucement pour reprendre sa position initiale. Techniquement, uneaccĂ©lĂ©ration de 14g peut ĂȘtre obtenue, encore faut-il qu’elle soit supportable parle pilote et sa machine.

2) Un sous-systĂšme de stockage d’énergie (Energy storage subsystem de Curtiss-Wright). Étant donnĂ© que le LIM rĂ©clame une grande puissance Ă©lectriqueen quelques secondes, quatre volants d’inertie (disques-alternateurs montant Ă  6 400 tr/min) sont nĂ©cessaires pour emmagasiner 100 mĂ©gajoules chacun en 45 secondes Ă  partir du rĂ©seau du bord et les restituer au LIM pendant les troissecondes du catapultage qui nĂ©cessite 122 MJ.

3) Un cycloconvecteur qui pilote, en frĂ©quence et en tension, l’énergie Ă©lec-trique distribuĂ©e en sĂ©quence aux solĂ©noĂŻdes du LIM.

4) Des consoles qui permettent de contrĂŽler la bonne distribution de

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Portion de LIM

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l’énergie pendant les 45 secondes de chaque cycle et de s’assurer de la constancede la force de traction pendant le catapultage.

IntĂ©rĂȘt

L’intĂ©rĂȘt de ce nouveau systĂšme est d’en diminuer le poids, l’encombrement, lecoĂ»t d’utilisation et la maintenance ; d’amĂ©liorer les performances des catapultes

et d’augmenter la gamme des aĂ©ronefs pilotĂ©s ou non pilotĂ©s susceptibles d’ĂȘtre misen Ɠuvre Ă  partir d’un porte-avions. L’accĂ©lĂ©ration Ă©tant progressive, les contraintessur les cellules des aĂ©ronefs sont moins sĂ©vĂšres, et d’autre part elle peut ĂȘtre calibrĂ©e

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SchĂ©ma des 4 Ă©lĂ©ments de l’EMALS

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en fonction de la masse de l’appareil à mettre en l’air. La vitesse en bout de coursepeut varier de 28 à 103 m/s (D = +/-1.5 m/s).

Enfin, la suppression de la vapeur entraßne un moindre besoin en eau douce(environ 600 kg de vapeur par coup) et donc en désalinisation.

État d’avancement

DÚs la fin 2011, les essais effectués au Naval Air Systems Command (NASC) testcenter de Lakehurst (New Jersey) avaient permis de faire décoller un F/A-18E avec

des charges utiles (missiles, bidons
), un E-2D Advanced Hawkeye, un T-45C Goshawk de BAE Systems/Boeing et un C-2A Greyhound de Northrop Grumman.

Pendant ce temps, dans les chantiers de Huntington Ingalls Industries Inc. (HII)Ă  San Diego, General Atomics Electromagnetic Systems Group (GA-EMS) procĂ©daitau montage Ă  bord du CVN 78 Gerald R. Ford des divers composants de l’EMALS.Les 12 ensembles de stockage et de fourniture d’énergie ont Ă©tĂ© livrĂ©s entre mai 2011et janvier 2012, bien avant que le bĂątiment en construction ne prenne la forme d’unporte-avions puisque la partie supĂ©rieure de l’étrave n’a Ă©tĂ© mise en place que le 9 avril 2013 Ă  la suite de l’ülot (26 janvier 2013).

Les brins d’arrĂȘt

En mĂȘme temps que les catapultes abandonnent la vapeur, les brins d’arrĂȘt hydrauliques sont remplacĂ©s par un systĂšme Ă©lectromagnĂ©tique (AAG = Advanced Arresting Gear).

Le programme dĂ©veloppĂ© par General Atomics vise Ă  rĂ©duire la tension maxi-male supportĂ©e par le brin d’arrĂȘt ainsi que le choc endurĂ© par la crosse d’appontageet par la cellule de l’aĂ©ronef lors de la dĂ©cĂ©lĂ©ration.

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ÉcorchĂ© d’un pont de PA sous les brins d’arrĂȘt

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La technique utilisĂ©e fait appel Ă  un combinĂ© turboĂ©lectrique : des turbineshydrauliques couplĂ©es Ă  un gros moteur Ă  induction absorbent l’énergie d’une façoncontrĂŽlĂ©e. L’installation comprend trois sous-systĂšmes :1. une water turbine passive ;2. une machine tournante spĂ©cifique ;3. un moteur gĂ©nĂ©rateur constituĂ© d’un rotor cylindrique enserrĂ© entre deux stators

concentriques ; il fournit un fort couple et une faible inertie, c’est lui qui permetd’adapter le systùme au type d’appareil recueilli.

Le nouveau systĂšme permettra de recueillir une plus grande gamme d’aĂ©ro-nefs, avec une plus grande fiabilitĂ©, tout en rĂ©duisant le personnel et la maintenancenĂ©cessaires.

Les armes

L utilisation de l’électricitĂ© au profit des systĂšmes d’armes n’est pas une nou-veautĂ© : les conjugateurs ou les Ward-LĂ©onard ne datent pas d’hier mais lesinnovations sont intervenues dans deux domaines qui ne sont ni le calcul ni

le pointage : il s’agit d’utiliser l’électricitĂ© pour transmettre la vitesse initiale Ă  unprojectile balistique (canon Ă©lectromagnĂ©tique Railgun) ou pour se substituer auxcharges militaires cinĂ©tiques (arme hyperfrĂ©quence, laser de puissance ou hauteĂ©nergie).

Le canon électromagnétique EM Railgun

Plusieurs millions d’ampĂšres sous plusieurs milliers de volts sont nĂ©cessaires pourimprimer une trĂšs grande vitesse initiale Ă  un projectile inerte. Les 32MJ quiont Ă©tĂ© obtenus en avril 2013 Ă  Dahlgren sont Ă  rapprocher des 122 MJ exigĂ©s

par l’EMALS. Le canon Ă©lectromagnĂ©tique utilise la force d’interaction entre un courant

Ă©lectrique et un champ magnĂ©tique (loi de Lenz – Faraday). L’objectif est d’atteindre64 MJ, une vitesse initiale de Mach 7 propulsant un projectile d’une dizaine de kg (dĂ©pourvu de charge explosive) Ă  200 nautiques en 6 min, Ă  une cadence de 10 coups/minute et avec une prĂ©cision de 5 mĂštres.

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SchĂ©ma des 4 Ă©lĂ©ments d’un EM Railgun

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La premiĂšre quinzaine du mois de juillet 2013 a constituĂ© une Ă©tape im-portante en marquant la fin de la phase 1 du contrat de l’US Navy (ONR) quimettait en concurrence General Atomics et BAE Systems. L’attribution de la phase2 Ă©choit Ă  BAE (alliĂ© Ă  IAP et SAIC) pour un montant de 34,5 millions de dollars.BAE utilise des bancs de condensateurs pour stocker l’énergie alors que son concur-rent utilisait des alternateurs contrarotatifs.

AprĂšs avoir dĂ©montrĂ© la faisabilitĂ© du tir d’un coup, il s’agit maintenant depasser Ă  des tirs rĂ©pĂ©titifs en rĂ©solvant les problĂšmes thermiques et de rechargement.L’horizon pour l’installation Ă  bord est 2020/2025.

En France, c’est l’Institut de Saint-Louis (ISL + DCNS + MBDA) qui a lescompĂ©tences sur le sujet. Il affiche un dĂ©lai de 15/20 ans entre l’étude exploratoire etl’intĂ©gration Ă  bord.

Le laser

Les armes laser envisagĂ©es pour Ă©quiper les bĂątiments sont des armes d’auto-dĂ©fense destinĂ©es Ă  abattre des drones aĂ©riens et Ă  neutraliser des petites embarcations.

Leur intĂ©rĂȘt opĂ©rationnel est d’avoir une durĂ©e de trajet quasi nulle et doncde confondre but actuel et but tirĂ© ; leur intĂ©rĂȘt Ă©conomique est de ne nĂ©cessiterni projectile ni soute Ă  munitions ni dispositif de chargement, le prix du coup tirĂ©est celui de l’électricitĂ© consommĂ©e. Mais les essais ont confirmĂ© l’effet nĂ©faste desturbulences atmosphĂ©riques et l’insensibilitĂ© de certains matĂ©riaux (aluminium) Ă l’illumination laser.

Les problĂšmes Ă  rĂ©soudre concernent la fourniture de l’énergie Ă©lectrique, lechoix de la nature du laser et de sa frĂ©quence, la finesse du faisceau, la quantitĂ© d’éner-gie transportĂ©e, la prĂ©cision du pointage pendant la rafale d’engagement d’une cible.

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L’EM Railgun testĂ© par BAE Systems

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L’affĂ»t supporte trois tubes laser : - le premier faisceau est un « poisson pilote » qui permet d’apprĂ©cier les perturbations

atmosphériques et de calculer les corrections de pointage pour en tenir compte,- le deuxiÚme faisceau assure la poursuite de la cible afin de permettre son illumina-

tion en un point prĂ©cis pendant quelques secondes,- le troisiĂšme faisceau transporte l’énergie nĂ©cessaire au dĂ©pĂŽt d’une vingtaine de kW

sur une partie sensible de l’embarcation ou du drone assaillants. Compte tenu de la puissance exigĂ©e du rayon laser, de son rendement (10

Ă  20%) et du temps d’appli-cation du faisceau sur la cible (quelques secondes), des centaines de MJ sont nĂ©ces-saires par engagement. On notera que le systĂšme Ă  l’essaien 2013 comportait sa propresource d’énergie en shelter, Ă©vitant ainsi de mettre Ă  contri-bution la gestion Ă©lectrique dubord.

Plusieurs types delaser peuvent ĂȘtre envisagĂ©s :laser Ă  Ă©tat solide, laser chimique, laser Ă  Ă©lectrons libres. Au bĂ©nĂ©fice de la sĂ©curitĂ© etde l’encombrement, c’est le laser Ă  Ă©tat solide qui est utilisĂ© pour le matĂ©riel naval.

A la suite des essais conduits lors de l’étĂ© 2012 au large de San Diego Ă  bordde l’USS Dewey (DDG 105), la Marine amĂ©ricaine a choisi l’USS Ponce (LPD 15)

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La plage AR de l’USS Dewey lors des essais

L’arme laser essayĂ©e Ă  bord de l’USS Dewey

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pour poursuivre les essais, avec comme objectif l’installation de l’arme laser en 2016à bord des DDG Arleigh Burke et des Littoral Combat Ships.

La protection

Le CVN 78 Gerald Ford est partiellement Ă©quipĂ© d’une ceinture Ă©lectromagnĂ©-tique (DAPS = Dynamic Armor Protection System). Il s’agit d’un blindage creuxdans lequel circule une Ă©norme charge Ă©lectromagnĂ©tique dĂ©clenchĂ©e par

l’impact d’un projectile.

L’objectif est de protĂ©ger certains locaux, soutes ou compartiments contrel’effet des charges creuses qui constituent la charge militaire de la plupart des missilesantinavires. L’effet dĂ©vastateur de la charge creuse est dĂ» l’émission d’un jet de plasmade 5 000°C Ă  10 000 m/s.

Ce dard, aprĂšs avoir percĂ© la paroi extĂ©rieure de la coque est neutralisĂ© parl’intense champ Ă©lectromagnĂ©tique qui – tel le soufflement d’une bougie – dispersel’énergie du plasma entre les deux parois qui protĂšgent ainsi le local contigu.

Les servitudes

Une utilisation intensive de l’électricitĂ© plus inattendue que les prĂ©cĂ©dentesconcerne la destruction des dĂ©chets. Il ne s’agit plus d’annihiler l’effet duplasma comme dans le DAPS mais au contraire de gĂ©nĂ©rer un plasma pour

détruire des déchets préalablement déchiquetés ou broyés.

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Dispersion d’un jet de plasma par un champ Ă©lectromagnĂ©tique

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Deux entreprises canadiennes – NSWC Carderock et PyroGenis – travail-lent depuis plus de 20 ans sur l’utilisation du plasma pour effectuer une rĂ©ductionpropre des dĂ©chets. AprĂšs une installation civile sur le M/S Carnival Fantasy, c’est un marchĂ© au profit de l’USS Gerald Ford qui a permis de mettre au point une usinecapable de traiter 3 tonnes de dĂ©chets par jour dans un encombrement cinq fois moin-dre qu’un incinĂ©rateur et avec un taux de rejet de 124 mg (CO) / MJ.

Une torche Ă  plasma de 5000°C transforme carton, bois, plastique, canettes,bouteilles, aliments, huile de vidange 
 en gaz dĂ©polluĂ©s, en blocs vitrifiĂ©s et en lingots mĂ©talliques.

La mise en Ɠuvre (simple commande marche/arrĂȘt) et l’entretien (nettoyagedes suies) ont satisfait l’équipe de l’USS Carl Vinson chargĂ© de la recette en usine avantla livraison au Gerald Ford qui a eu lieu dĂšs novembre 2011.

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SchĂ©ma d’une torche Ă  plasma (Plasma Arc Torch)

Introduction dans le déchiqueteur

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