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PLONGEON DANS L’INCONNU HARLEM GLOBE TROTTEUSE Azealia Banks, nouvelle Nicki Minaj ? ALICE AU PAYS DES MERVEILLES Arutkin-Naish, LA rencontre Red Bull Stratos et Felix Baumgartner au pas de charge ! Red Bull Stratos et Felix Baumgartner au pas de charge ! PLUS : Nicolas Cage / Alysia Montaño / Gerard Butler / Grammy Awards / Loch Lomond / Air / Christophe Ono-dit-Biot Téléchargez gratuitement notre appli iPad MAGAZINE SPONSORISÉ Retrouvez ce supplément gratuit tous les mois avec L’Équipe FÉVRIER 2012 UN MAGAZINE HORS DU COMMUN

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Fevrier 2012

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Plongeon dans l’inconnu

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fÉvrier 2012Un magazine hors dU commUn

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RED BULL DONNE DES AIIILES.

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strastosphériquele dormeur va se réveiller. Felix Baumgartner, 43 ans le 20 avril prochain, reprend du service. dans le cadre du projet Red Bull Stratos, l’autrichien va aller voir ce qu’il se passe là-haut, très loin au-dessus de nos têtes. À plus de 35 000 mètres, soit à la frontière de l’espace, là où séjournent les satellites géostationnaires. la vue doit y être saisissante, page 8.

alors que la Saint-valentin approche, il nous semblait opportun à la rédaction de The Red Bulletin d’apporter un semblant de sensibilité dans ces quelques pages. Qu’on le veuille ou non, les femmes bonifient l’existence. elles sont l’avenir de l’homme aux côtés… des hommes. femmes de tous bords, adorables, abordables, délurées, débordées, bornées, amantes, aimantes, sensibles,

extrêmes, possessives, libertines, jalouses et, surtout, courageuses. Soit, de nos jours, une belle forme d’exploit.

le terme n’est pas galvaudé. Celles que vous découvrez dans ces pages ont toutes largement atteint les limites du dépassement de soi et de l’anti-conformisme. il y a cette séquence charme avec ces filles bourrées de talent, Betty et noor, qui enfilent combis et mettent les mains dans le cambouis en plein territoires

palestiniens, page 50. Plongez aussi au cœur de la guyane française avec ces croqueuses… d’aventures, page 58. Porté par le duo alice arutkin-Robby naish et mis en scène par The Red Bulletin, « Coup de foudre sur les bords de Seine » se feuillette sous les embruns de l’almanarre ou au pied des stations de ski, page 64.

nous vous présentons aussi l’athlète alysia montaño qui vise l’or sur 800 mètres aux Jo de londres cet été, la surdouée du groove – coming straight from Harlem – azealia Banks. Rien que pour vous, une voix se détache. Comme une évidence. Sana zeineddine vous réchauffe, page 26. une Amy qui vous veut du bien.

enfin, nous avons le plaisir de vous inviter sur la page www.facebook.com/redbulletin. devenez fan et accédez au monde infini de The Red Bulletin.

votre Rédaction

Notre rédacteur, Werner Jessner (à gauche), en entretien avec Felix Baumgartner. « Que vous inspire le grand saut ? » Réponse de l'Autrichien : « Discipline et Perfection. »

« Entre la course auto et le sexe ?

Je choisis la course. »

Noor Daoud, 22 ans, Speed Sister, page 50

Téléchargez l’appli The Red Bulletin !

Retrouvez ce mois-ci en exclusivité sur votre iPad :Red Bull Stratos : dossier spécial avec des vidéos inédites sur le projet mené par F. BaumgartnerAzealia Banks : la nouvelle super star du hip-hop en action !

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S O M M A I R E

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Action

Bullevard

84 VOYAGESSauvage Alaska. Deux pages spéciales sur la nature exception-nelle du 49e état des États-Unis

86 CUISINE Les secrets d’un chef ou une recette souvent épicée

88 PRENEZ LE PLI Frank Zorn déploie son matos

90 ENTRAÎNEMENT En vol avec Radka Máchová

92 SORTIR Au Caire, ça bouge, dans la rue et sur les pistes de danse

93 MUSIQUE Loch le monde

93 MUSIQUE Dans l’Air du temps

94 AGENDA Tour du monde des meilleurs plans Red Bull

96 FOCUS À ne pas louper

98 PLEINE LUCARNE La plume d’Ono-dit-Biot

36 TROU NOIRDécouvrez les Sandhogs de NYC

46 SCOTT TOUJOURSGerard Butler se livre pour vous

50 SISTER ACTESElles sont pilotes de course en Palestine

58 WONDER WOMENReportage avec 225 filles en Guyane

64 LA BELLE ET LA BÊTEQuand Alice rencontre Robby

68 LES CANAUX DE VENISERachel Armstrong se bat pour Venise

74 PAPIER GLACÉEnvolez-vous pour l’Antarctique avec les meilleurs base-jumpers de la planète

Tous les mois

06 LA GRIFFE SIGNÉE KAINRATH18 GALERIE PHOTOS98 DANS LA LUCARNE

26 TOUTE L’ACTU FRAN�AISERed Bull France a fait un raid, RBMA lance son année et Sana vous séduit

27 MON CORPS ET MOIAlysia Montaño, objectif Londres 2012

30 FUTURE STARAzealia Banks casse la baraque

31 DANS LA TÊTE DE...Nicolas Cage, véritable machine à films

32 ARC-BOUTÉSLe tir-à-l’arc décortiqué

34 CHIFFRES DU MOISTout savoir sur la cérémonie des prochains Grammy Awards

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LE MONDE DE RED BULL FÉVRIER

EXTRA08 RED BULL STRATOS10 pages sur le projet pharaonique de Red Bull en 2012 avec une interview de Felix Baumgartner, l’homme-oiseau

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D’ESPRITDE CORPSPLUS

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En janvier 2010, le base-jumper Felix Baumgartner lance le très prometteur projet red Bull Stratos, 50 ans après la tentative de Joe Kittinger (à droite). Une mission à la frontière de l’espace dont l’objectif est moins d’établir de nouveaux records que de recueillir des données en vue de futures missions spatiales. Après une pause juridique, red Bull Stratos revient sur la rampe de lancement.

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Sacré défi . Pure folie ou folie pure ? Felix Baumgartner envisage de plonger dans le vide depuis la nacelle d’un ballon situé à 36 000 mètres au-dessus de nos têtes. Exploit inédit. D’ordinaire, un parachutiste n’a pas une car-rière à rallonge. L'Autrichien n'en a que faire et enchaîne les exploits depuis quelques années. Baumgartner aspire, ici, à dépasser le mur du son.

Red Bull Stratos se défi nit avant tout comme un projet scientifi que dans le sillage d’Excelsior. Le 16 août 1960, le Colonel Joe Kittinger sautait d’une altitude de 31 000 mètres. L’Américain est aujourd’hui le mentor de Baumgartner. Les deux hommes ne vont plus se quitter jusqu’à la réalisation effective du projet.

Si la peur n’évite pas le danger, le monde de l’inconnu reste bien présent dans Red Bull Stratos. Au cours de l’entretien qu’il nous a ac-cordés, Baumgartner revient sur ces 24 derniers mois, particulièrement tendus pour les équipes concernées par cet insensé projet.

À partir de ce numéro, The Red Bulletin vous propose un feuilleton mensuel jusqu’au grand saut. Premier acte, un portrait saisissant du pionnier Joe Kittinger, un croquis explicatif très détaillé et, enfi n, cette discussion désarçonnante avec Felix Baumgartner.

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THE RED BULLETIN : FELIX, LE PROJET Red Bull Stra-tos ÉTAIT AUX ABONNÉS ABSENTS PENDANT DE LONGS MOIS. QUE S’EST-IL PASSÉ ?FELIX BAUMGARTNER : Arrêtons-nous un instant sur la période qui précède l’arrêt du projet (l’action en justice concernant la paternité originelle s’est réglée à l’amiable, ndlr). En décembre 2010, nous avions procédé aux derniers essais avec combinaison spatiale. J’ai alors réalisé que j’avais un réel problème là où je m’y attendais le moins. Un problème d’ordre psychologique lié à la combinaison. J’avais du mal à la porter. Plus les jours passaient, moins ça s’arrangeait. À la fin, je ne la supportais pas plus de deux minutes !Pouvez-vous décrire les symptômes ?La combinaison était censée être une deuxième peau. Ça n’a jamais été le cas. La perception et les mouvements sont limités. Une fois la visière fermée, le silence et la solitude sont oppressants. La combinaison devient une prison. Il ne nous est jamais venu à l’idée de faire un test préalable qui prévoit de porter la combinaison, visière fermée, pendant 5 heures, soit la durée totale de la mission. J’ai fait beaucoup de choses extrêmes dans ma carrière. Mais, à ce jour, personne, moi y compris, n’aurait pu penser que le simple fait de porter une combinaison spatiale pouvait mettre la mission en danger. Cela m’a mis dans un état de totale panique.Vous exagérez là, non ?Pas du tout, au contraire ! Lorsqu’il a fallu passer au test dans la cabine pressurisée en recréant les conditions réelles de la mission (-60° et pression atmosphérique de haute altitude) sous l’œil des caméras, du personnel de l’US Air Force et des scientifiques, j’ai compris que je n’y arriverais pas. J’étais dans l’impasse. J’avais courageusement surmonté jusque-là le prétendu obstacle de la chute libre et voilà que le mental me laisse tomber.

1Felix Baumgartnerinterview2 JAnVier 2012SALZBOurG/AutriCHe À quelques mois de son incroyable épopée, Felix

Baumgartner détaille dans cet entretien les secrets de Red Bull Stratos. Du procès à la préparation, élancez-vous dans le vide avec The Red Bulletin et cet étonnant Autrichien.texte : Werner Jessner Photos : Gian Paul Lozza

« J’ESPÈRE CONNAÎTRE UNE FIN HEUREUSE »

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1 Inconnu du grand public, Felix Baumgartner épate le monde le 15 avril 1999 lorsqu’il

s’élance en tenue de ville du 88e étage des fameuses Petronas Towers de Kuala Lumpur. Ce saut de 451 mètres constitue, à l’époque, un nouveau record du monde.

2 Le 7 décembre de la même année, Baumgartner se prend pour James Bond

et s’accapare la main droite du Corcovado de Rio de Janeiro. Ce saut de 29 mètres de haut est un des plus petits pour un parachutiste.

3 Cette fois-ci, Baumgartner innove. Comme il se doit. Nous sommes le

31 juillet 2003. L’Autrichien devient le premier homme à survoler la Manche à l’aide d’ailes en carbone. Ce vol a grandement influencé le projet Red Bull Stratos.

4 Sur cette photo, Felix Baumgartner s’élance dans un trou noir et profond

en Croatie. Effectué en 2004, ce saut est particulièrement dangereux car étroit.

américain Mike Gervais. Il a bien cerné la problématique et m’a donné les outils nécessaires pour surmonter tout cela. En moins de deux semaines, il a réussi à me faire passer de 30 minutes sous la combinaison à pas d’heure. Ce fut ma plus grande victoire à ce jour, à savoir trouver les limites que j’ai cherchées tout au long de ma carrière. J’ai réussi avec Mike à surmonter cette peur. Même si cette phrase semble banale, je me sens plus fort que jamais.Visiblement, cela vous a fait du bien. Comment Mike Gervais s’y est pris dans le détail ?Avec l’artillerie lourde. Je devais expliquer à un fils fictif ce que Red Bull Stratos signifiait pour moi. Pas évident, mais je suis prêt à tout si cela sert mon objectif. Quand je portais le casque, je devais établir une note allant de 1 à 10 sur mon état psychique : de 1 pour « très détendu » à 10 pour « panique ». J’étais aussi équipé d’un pulsomètre. Curieusement, ma fréquence cardiaque était la même pour les notes allant de 3 à 8. C’était important d’en avoir conscience. Ensuite, nous avons analysé ma routine, laquelle consistait en une perte systématique d’appétit durant les 24 heures précédant le port de la combinaison, doublée d’une terrible angoisse. Surtout lorsque je me rendais chez Art Thompson, notre chef de mission. Mike avait travaillé par le passé avec un spécialiste des sports de combat qui éprouvait les mêmes difficultés avant de monter sur le ring. Dans sa tête, le combat était perdu avant même d’avoir asséné le premier coup. Mike m’a décrit ces mécanismes et donné les outils pour les déjouer comme il se doit.Pouvez-vous nous citer un exemple ? Car cela reste complexe pour nous simples humains...Un homme ne peut penser qu’à une seule chose à la fois. Il peut passer en un éclair d’une pensée à l’autre mais il n’en traite qu’une à la fois. Quand des pensées négatives me viennent, il faut que, mentalement, je quitte mon casque, en épelant des mots à l’envers par exemple. Rien de mystique, juste des outils qui te servent pour la vie. Mike m’a poussé à aller au bout de ma pensée : que se passerait-il si on me ligotait dans ma combinaison et que je disjoncte ? J’ai pensé que j’allais me débattre, pousser des cris hystériques jusqu’à la crise cardiaque. Faux. Quand l’énergie de l’énervement est épuisée, l’homme redevient calme et peut à nouveau penser de manière logique. Son cerveau se régénère et s’apparente à une mer

Un homme peut passer en un éclair d’une pensée à une autre mais il n’en traite qu’une seule à la fois.

Du coup, au lieu de me rendre à Brooks (Texas) pour le test, je suis allé à l’aéroport et j’ai fuis l’Amérique par le premier avion. J’en ai pleuré. Ce fut le pire moment de ma vie. Jusqu’ici, j’avais toujours su affronter les problèmes. À l’évidence, cette fois, mes limites ont été atteintes.Évidemment, vous refusez d’admettre ces limites…Les nombreuses expériences réalisées lors des entraînements l’ont été dans une démarche médicale ayant pour but d’optimi-ser ma condition physique et améliorer ma résistance au stress. Mais bon, ça fait 20 ans que je pratique les base- jumps les plus extrêmes. J’ai suffisamment fait preuve de résistance au stress sans avoir à passer des heures sur l’ergomètre. Le trai-tement du problème demandait donc une autre approche.J’imagine qu’elle vous a marqué dans la suite de votre préparation. De quoi s’agit-il ?Grâce au psychologue Ph

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NomFelix Baumgartner

Date et lieu de naissance20 avril 1969 à Salzbourg

RésidenceSalzbourg et Los Angeles

ProfessionPilote d‘hélicoptère et base-jumper

Nom de codeB.A.S.E 502

PalmarèsDétenteur des records du monde des plus petits et plus grands sauts de base-jump (de 1997 à 2007)

ObjectifMarquer pour l‘éternité son passage sur terre avec Red Bull Stratos

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36 576 m

36 576 mBaumgartner ouvre la porte et saute.

−23°À cette altitude, c’est presque l’été...

Baumgartner dégaine son parachute cinq minutes après le début de sa chute. L’Autrichien touche terre un quart d’heure plus tard.

1 500 m

28 000 mÀ cette altitude, l’air est plus dense ce qui a le mérite de freiner la descente de Baumgartner. danger de vrille !

En 35 sec...Baumgartner atteint sa vitesse maximale.

Jusqu’à −60°C’est la température la plus froide à laquelle doit se frotter Baumgartner. Nous sommes ici dans la troposphère.

8 848 mEVEREST

15 447 mPLANEURS

11 000 mAVIONS DE LIGNE (HAUTEUR MAX.)

ALTITUDE DE PROTECTION MAXIMALE DE LA COUCHE D’OZONE

25 929 mSR-71 / BLACKBIRD

SITE DE LANCEMENTROSWELL (NOUVEAU MEXIQUE, ÈTATS-UNIS)

Tout comprendre de Red Bull Stratos

LA mission

Troposphère

Tropopause

Stratosphère

5 h du mat’À cette heure-ci, le silence est d’or et le vent doit être nul. Red Bull stratos peut voir le jour.

5 heuressoit la durée totale de la mission (aller-retour).

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douce et placide. Cette certitude que la tempête finira par passer et que tout redeviendra calme me rassure et me détend.On peut se demander dans ces cas-là si tout ceci vous a permis de gagner en humilité ?(Il hésite) En fait, non. Peut-être plus indulgent envers la faiblesse des autres. Jusque-là, je n’ai jamais eu besoin de qui que ce soit pour mes projets. À présent, avec ce que j’ai appris, j’assume mieux l’idée que les autres ne sont ni immortels ni parfaits.Dans quels domaines votre vision du projet vous a-t-elle permis d’évoluer ? Car il semble que vous soyez resté le même depuis quelques années.J’ai plus de respect. Les nantis que nous sommes – un base-jumper, un groupe de boissons et quelques audacieux – se sont lancés dans des activités d’ordinaire réservées à l’US Air Force et à la nASA en pensant accomplir en trois ou cinq ans ce que ces deux entités très respectables ont mis des décennies à réaliser. nous étions naïfs et pensions qu’il suffisait d’acheter une capsule, trois ballons, une combinaison et sauter pour rentrer dans l’histoire. Grave erreur ! La marche est bien plus élevée. nous ne sommes pas en concurrence avec Ferrari ou McLaren, ni avec la nASA ou l’US Air Force : nous faisons de la science. nous sommes des pionniers et nous évoluons en permanence en terrain inconnu. notre projet est gigantesque et constitué de multiples niveaux qui doivent être opérationnels dans le détail et avoir une vision globale. Quand un seul rouage d’une montre casse, tout s’arrête.À l’instar du dossier récupéré par les avocats…

En décembre 2010, « ma boîte à outils mentale » était au point et les tests menés avec succès. Le projet aurait pu reprendre de plus belle. Le procès en a d écidé autrement. J’avais résolu mon problème mais le projet a été interrompu, arrêté plus exactement ! Après le coup de téléphone, j’ai passé 4 heures en voiture à conduire sans but et en écoutant Bruce Springsteen. J’ai passé un mois au camp d’entraînement. Je me suis dit : « La guerre doit s’arrêter avant même d’avoir tiré un seul coup de feu ? » C’était la deuxième fois en l’espace d’une courte période que le monde s’écroulait autour de moi.Qu’avez-vous fait ?Pour éviter de ronger mon frein, j’ai basculé sur le plan B : le vol en hélico. J’ai travaillé ces derniers mois comme pilote professionnel. J’en ai profité pour passer les

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qualifications sur sept différents hélicoptères avant de suivre une formation en montagne et d’accumuler les heures de vol. Pendant tout ce temps, l’idée d’abandonner le projet ne m’a jamais traversé l’esprit. Je savais qu’un jour, j’allais échanger ma combinaison de pilote pour une combinaison pressurisée.Comment a réagi votre entourage à l’arrêt du projet ?C’était intéressant. Beaucoup se sont mis à dire ce qu’ils pensaient vraiment du projet. Même ma mère ! « on est bien content que tu ne sautes plus. » Je lui ai dit alors qu’elle ferait mieux de ne pas penser que Red Bull Stratos était mort. Il ne s’agissait pour moi que d’une simple question de temps. Tôt ou tard, le jour viendrait où j’irai tout là-haut pour sauter de la capsule et revenir sur Terre à la vitesse du son.Basculer de pilote professionnel à « stratonaute » était simple pour vous ?Facile. J’avais psychologiquement rangé la combinai-son pressurisée dans une boîte. Je l’ai ressortie.Avec le recul, cette pause était-elle finalement une bonne chose ?Absolument. Cela nous a permis de revoir quelques « process ». Depuis, il règne un nouvel esprit au cœur de ce projet. nous sommes régulièrement dans les temps de passage, ce qui était loin d’être le cas avant. Bien-sûr, il nous arrive encore de nous planter mais nous en sortons grandis et apprenons de nos erreurs. Un exemple : pour le premier vol test, sans équipage, il fallait que le ballon soit en l’air au plus tard à 7 h 30 à cause du vent prévu peu après. La première fois, le fabricant du ballon l’avait mis à l’envers dans sa caisse et le remettre à l’endroit nous a pris 25 minutes. Quand nous étions prêts, il était déjà 8 heures et le vent a littéralement soufflé le ballon. Il s’est élevé quelques instants pour mourir sous nos yeux. Ce ne sont pas les gros trucs qui te brisent la nuque, mais plutôt les petits détails auxquels personne ne pense.Le mental des troupes est capital…Exactement. Je veux avoir un œil dans le poste de commandements pour que la pause-café s’arrête et les portables soient mis de côté lorsque j’enfilerai ma combinaison. La sécurité se gagne à force de répétitions. Toutes les unités d’élite entraînent leurs soldats sans relâche jusqu’à ce qu’ils maîtrisent leurs gestes à la perfection. Il y a beaucoup de facteurs sur lesquels on n’a aucun contrôle. nous sommes exposés. Le monde entier nous regarde. nous n’avons droit à aucune erreur. Un pilote de F1 ne s’entraîne pas au stand avec une cigarette dans la bouche et un portable à la main…À quoi pensez-vous lorsque vous évoquez le jour J ?Perfection et discipline extrême. Quand tu sais que des caméras t’observent, tu changes même ta façon de te brosser les dents. La pression est énorme. nous devons non seulement en faire abstraction mais aussi être parfaits. nous passons un examen pour lequel nous nous sommes

Le ballon en lui-même

Cigare ou trompette géante ? Au départ, le ballon fait 168 m de haut (213 m avec la capsule). La pression atmosphé-rique faiblissant, il se gonfle jusqu’à atteindre 122 m de diamètre.

4ReCoRds1 Vitesse en

chute libre

Vitesse visée : Mach 1 soit environ 1 200 km/hLe record actuel de Mach 0,9 (988 km/h), est détenu par... Kittinger.

2 Hauteur de la chute

Altitude visée : 35 000 mètres mini*Le record actuel de 31 333 mètres est détenu par... Kittinger.

3 Durée de la chute

durée visée : 5 minutes et 35 secondes Le record actuel de 4 minutes et 36 secondes est détenu par... Kittinger.

4 Altitude maximale

dans un ballon habité

Hauteur espérée : 36 576 mètresLe record actuel de 34 667 mètres est détenu par Victor Prather et Malcolm Ross (4 mai 1961).

* Felix Baumgartner active son parachute à en-viron 1 500 m d’altitude.

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parfaitement préparés. Ça n’est jamais une partie de plaisir quand on risque sa vie. J’essaie autant que possible de ne pas oublier à quel point ce moment est unique. Je ne retournerai plus jamais là-haut, je ne porterai plus la combinai-son, ne serai plus jamais assis dans la capsule et l’équipe ne travaillera jamais plus ensemble de cette manière. Une fois sur le podium, certains champions olympiques ont été déçus parce qu’ils s’étaient imaginés ce moment encore plus beau. J’essaie d’éviter cela en appréciant chaque étape du voyage.Où serez-vous dans un an ?

Soit enfermé à la maison parce que j’aurais déçu tout le monde, soit dehors pour répondre à l’appel de la foule. J’aimerais fêter les prochaines fêtes de fin d’année avec mon équipe : Joe (kittinger) a 82 ans et l’âge moyen de mon staff est de 70 ans. C’est la famille avec laquelle j’ai passé les cinq dernières années, une famille qui, à l’évidence, ne sera pas là encore longtemps. J’aimerais louer une maison. on y mettrait un sapin, la femme de Joe nous cuisinerait une dinde, nous nous donnerions la main autour de la table et nous remercierions ensemble Dieu de nous avoir permis de mener à bien notre mission. J’espère connaître une fin heureuse et être encore en vie. Voilà ce que je voudrais.Sans vouloir imaginer le pire, si ça ne se passe comme vous le souhaitez... Vous y avez pensé ? Vous vous attendez à quoi dans ce cas-là ?J’aurais probablement un problème. Une fin de carrière sans la réussite de ce saut serait comme une maison sans porte d’entrée. Ça fait 25 ans que je mets en pratique mes idées et mes visions. Réussir ce dernier grand projet est véritablement mon objectif cette année.

Joseph KittingerPortrait13 MAi 2009ALBuQuerQue/ÉtAtS-uniS

Réussir ce dernier grand projet est mon objectif. Cela fait 25 ans que je mets en pratique mes idées et mes visions.

La mode des sixties : Joe Kittinger dans sa combinaison spatiale.

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joe, fou volantÀ une époque où les fusées en étaient encore à leurs balbutiements, Joseph kittinger connaît les joies de la très haute altitude. Plus d’un demi-siècle après son saut record, l’Américain reste LA référence.texte : Herbert Völker

Même à plus de quatre-vingt ans, un colonel américain reste toujours un colonel. Si son embonpoint et l’allure décontractée ont remplacé le corps affûté d’autrefois, c’est ce même mélange d’assurance et de naturel qui nourrit notre représentation de Joseph kittinger. L’homme a atteint l’âge de la sagesse. Bientôt, on aura même le droit de l’appeler Joe.

C’est alors l’occasion rêvée de lui sortir illico une de ses dizaines de milliers de citations répertoriées et des plus délurées, telle : « More guts than brains » (Plus chanceux qu’intelligent). Marque déposée ?

Joe est bienveillant et nous pouvons sans crainte lui poser cette question. Il s’agit là d’une phrase sortie de son contexte. Un jour, Joe, officier pilote d’essai, postule pour un projet et son chef répond : « Approved, more guts than brains ». La remarque en dit moins sur kittinger que sur l’époque pionnière de la navigation spatiale où l’audace remplace les incertitudes du tout là-haut, cet espace inconnu.

Le plus simplement du monde, Joe kittinger affirme qu’il est le premier homme dans l’espace avant Youri Gagarine et Alan Shepard. Rien que ça. Il admet néanmoins que la question « où commence l’espace ? » reste un éternel débat. Pour ce qui est de la survie de l’homme, les conditions dans la stratosphère sont équivalentes à celles de l’espace. Au-delà de 19 km d’altitude, la pression atmosphé-rique est si faible que, sans combinaison pressurisée, l’eau dans le sang se mettrait à bouillir dans le corps. Joe est allé bien plus haut. C’est en somme un pré- astronaute, terme qu’il accepte bon gré, mal gré.

Dans les années 50, au paroxysme de la Guerre Froide USA-URSS, les militaires américains considèrent la navigation spatiale comme étant de la science-fiction. La nASA n’existe pas encore et l’US Air Force finance ses propres expériences. Un groupe de spécialistes aspire à déterminer

jusqu’où peut-on monter à condition d’y survivre un court instant. Il est nécessaire qu’il s’agisse d’un ballon dont la hauteur est hors de portée des vols réguliers.

En 1957, Joseph kittinger, « simple » capitaine à l’époque, monte à près de 30 000 m dans la stratos-phère et redescend à l’aide d’un ballon. L’Amérique célèbre alors le « premier homme dans l’espace ». on salue plus ici le héros que le projet en lui-même. Six mois plus tard, les choses évoluent rapidement. Les Russes mettent Spoutnik sur orbite. Cela provoque la naissance du concept de « Menace de l’espace ». Une course à la conquête spatiale pacifique est lancée. Les États-Unis investissent des milliards dans la recherche et créent la nASA. Dans la foulée.

Durant les quelques années qui suivent l’électro-choc Spoutnik et le programme Mercury initié par la nASA, l’US Air Force poursuit ses tests techniques et médicaux, histoire de résoudre la question suivante : comment l’homme va-t-il intégrer intellectuellement les menaces liées à ce monde jusque-là inconnu ?

C’est dans ce contexte que le saut de Joe kittinger du 16 août 1960 marque une étape décisive dans l’exploration de la stratosphère. Un demi-siècle plus tard, trois records tiennent toujours : le saut en parachute le plus haut (31 332 mètres), l’homme le plus rapide en chute libre (988 km/h), la chute libre la plus longue (4 minutes et 36 secondes). Ils sont désormais dans le viseur de Felix Baumgartner. Plus haut, plus long, plus rapide sans oublier de dépasser la vitesse du son que kittinger a lou-pé de peu à l’époque.

Pour quelles raisons ces records résistent encore ? La nASA et les Soviétiques ont poursuivi leur conquête de l’espace au moyen de fusées, histoire d’être certains d’atteindre les altitudes en question. Cepen-dant, la stratosphère – située à la limite de l’espace – reste toujours un sujet d’intérêt important pour nous

Dans les années 50, la NASA n’existe pas et l’US Air Force finance ses propres expériences.

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autres, humbles terriens. Et le ballon représente encore l’unique moyen d’y séjourner quelques secondes contrairement à l’avion ou la fusée. Cela favorise la chasse aux records et confère un certain charme à cette quête même si le sujet reste avant tout scientifique. Les nombreux projets qui ont échoué ces dernières décennies, contribuent

à accroître la place de Joseph kittinger dans l’histoire de la conquête spatiale.

kittinger se prononce « kittinguer » contrairement à l’homme politique henry kissinger. Celui-ci a opté pour une prononciation anglophone, dont l’origine allemande est bien plus directe. En 1783, âgé de 14 ans, l’arrière- arrière-arrière-grand-père de kittinger immigre outre- Atlantique avec sa famille. Les kittinger sont originaires de la région de zurich. Ils cultivent avec assiduité la pomme de terre. Sur la côte est, rien ne change. Ils s’installent en Pennsylvanie et vivent de ce qu’ils savent faire : cultiver le plus ancien des légumes. Depuis, la famille s’est agrandie et compte de nombreux descendants aux quatre coins des États-Unis. Un seul se prénomme Joe. Il semble destiné à se frotter à la vitesse du son.

Entre ce qu’a vécu Joe, il y a un demi-siècle, et ce qui attend Baumgartner cette année, les ressemblances sont nombreuses. Seule la préparation mentale a bien changé. Les méthodes ont évolué. Pour tester sa claustrophobie, Joe a été enfermé pendant 24 heures dans une caisse de 1m³. kittinger : « C’était comme être dans un cercueil, étroit et sombre, se souvient-il. La discipline que vous vous imposez aide à vaincre la claustrophobie. Le fait de savoir qu’un succès signifie la poursuite de l’aventure au sein du programme a été un facteur motivant. »

Bien que le premier test de Felix Baumgartner en combinaison spatiale dans une cabine pressurisée soit techniquement plus poussé, la pression reste cependant comparable pour un individu non habitué à être oxygéné à outrance. kittinger et Baumgartner se rejoignent finalement dans leurs parcours divers et variés. Les décennies ont peu d’effet sur leur approche de la situation.

kittinger est un homme de ballon expérimenté, formé spécialement pour le saut en parachute d’urgence. À l’époque, il se laissait tomber comme un sac de patates avec son kit de survie accroché aux fesses. Baumgartner, lui, est un acrobate aérien, un artiste du mouvement avec plus de 3 000 sauts à son actif. Seul hic, il a dû apprivoiser le ballon. Pilote de chasse, Joe kittinger s’est souvent retrouvé à 15 000 mètres d’altitude, équipé d’une combinaison pressurisée. La cabine ? Il l’a testée des centaines de fois. Sa combinaison ? Il a eu huit ans pour s’y habituer avant son grand saut. Les combinaisons pressurisées sont extrêmement rigides, chaque mouvement de bras ou de jambes prend la forme d’un effort surhumain.

Sportif de l’extrême, Baumgartner n’est pas habitué à de telles contraintes. Il a d’abord dû surmonter psychologiquement les obstacles que constituaient la cabine et la combinaison pressurisée et apprendre une nouvelle façon de se mouvoir. kittinger : « Être à l’aise avec la combinaison en toute circonstance est une nécessité. Sans quoi tu es un homme mort... »

Tu ne sens pas le vide. Il est pourtant là, inquiétant et hostile.

Dramatique solitude à 31 km d’altitude. 50 ans plus tard, les images du saut de Joe Kittinger n’ont rien perdu de leur intensité.

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L’ascension en ballon prévue pour l’Autrichien est calquée sur celle de kittinger. Seul le volume en mètres cubes du nouveau ballon est différent. La version 2012 est dix fois plus importante. Indispensable pour atteindre les 5 000 mètres supplémentaires.

Un danger majeur plane au-dessus de la tête de Baumgartner. Il a pour nom flat spinning, c’est à dire « descente en vrille ». Personne n’est mieux placé que kittinger pour détailler la descente en vrille. Il a assisté aux premiers largages de mannequins – 200 rotations/minute (140 rotations sont mortelles pour l’homme) – et testé toutes les améliora-tions apportées par la suite.

Il a surtout fait lui-même l’expérience d’une descente en vrille. Impuissant. « J’ai tournoyé comme une hélice », témoigne-t-il aujourd’hui. kittinger fait ses adieux à la vie, perd connaissance et revient à lui 20 kilomètres plus bas, accroché à son parachute. Miraculeux. Le spinning représente bel et bien le danger majeur d’un saut initié depuis la stratosphère.

« Lancé dans le vide », signifie que le corps ne rencontre ni courant atmos-phérique, ni résistance de l’air. Les mou-vements mille fois répétés par l’athlète finissent ici littéralement… dans le vide.

Après les 2 000 premiers mètres de saut, kittinger réussi à ouvrir un petit parachute de stabilisation. Ça ne le freine pas mais le protège tout de même du spinning. Le vrai parachute ne s’ouvre que 25 kilomètres plus bas où l’air est plus dense.

Le débit de kittinger s’accélère, comme pour ne rien louper. Les souvenirs pleuvent. Comme si c’était hier. Top départ. « Tu ne sens pas le vide. Il est pourtant là, inquiétant et hostile, avance-t-il, le regard azimuté. La vue sur la planète Terre s’étend sur sept cent kilo-mètres, le ciel au-dessus de toi est d’un noir profond et l’horizon décline le bleu dans tous ses tons. Sous l’effet de la réflexion, elle est bleue. Dans le vide,

2SoMMaIReArt Thompson, Chef de projet, et son équipe de techniciens vousdévoilent toutes les ficelles de Red Bull Stratos: • Capsule• Communication• Système de survie

proChAin épisode : 14 MArs

la lumière n’est pas réfléchie. Impossible aussi de voir les étoiles. Les yeux sont éblouis, c’est pour cela que les pupilles se rétractent fortement. »

Bluffant. kittinger débite encore et toujours. Il aborde le danger lié à l’euphorie d’altitude pendant les neuf minutes passées tout là-haut. Discours fleuve. « L’environnement hostile est toujours palpable et une overdose d’oxygène ne provoque pas d’euphorie. Le silence de mort fait le reste, précise-t-il. J’avais fait ce saut des milliers de fois dans mon imagination et, quand c’était l’heure, I was ready for it. »

Et la chute libre ? Comment vit-on à 1 000 km/h ? « En raison de l’absence totale de vent, on ne les ressent pas. Au début, c’est un bonheur de descendre sans vriller. Après deux minutes, les nuages foncent sur toi et tu dois te convaincre que ce n’est que de la vapeur... Avant le saut, je me suis dit : “Lord, take care of me now.” Quand mon parachute s’est ouvert, je l’ai remercié très poliment. »

À l’orée de la tentative de Felix Baumgartner, kittinger couclue par ses mots, sans une once de nostalgie : « À l’époque, il n’était pas question de record, glisse-t-il. nous y sommes allés pour savoir si une sortie d’urgence était possible à cette altitude. Aussi, je ne me suis jamais préoccupé de savoir si mes performances étaient enregistrées par une f édération sportive ou par qui que ce soit. »

Pas de regrets, ni même celui de ne pas avoir foulé le sol lunaire. « Quand le projet Mercury a été lancé, j’ai eu la possibilité de me porter volontaire, avoue-t-il. Je ne l’ai pas fait. Je n’ai jamais regardé en arrière en me disant que j’aurais aimé être un astronaute du défi Mercury pour aller sur la lune. J’étais très heureux avec ce que j’avais accompli. »

on ne peut pas dire que la suite a été de tout repos pour kittinger. Il est appelé au Vietnam dès le début du conflit. Propulsé à la tête d’un escadron de F4 Phantom où il a abat même un MIG, kittinger touche rapidement du doigt la dramaturgie de ce genre de conflit en étant lui-même abattu et conduit en prison au tristement célèbre « hanoi hilton ».

kittinger est libéré un an plus tard. Cet épisode de sa vie l’a marqué à tout jamais. Aujourd’hui, il a encore du mal a en parler. En 1978, il quitte l’US Air Force pour se consacrer au ballon. C’est la meilleure décision qu’il ait prise depuis belle lurette. Dans la foulée, kittinger décroche un nouveau record du monde, celui du voyage en solo le plus long (durée et distance confondues). Il est aussi le premier homme à traverser l’Atlantique seul. « Je ne veux pas moisir à la retraite », dit-il avec ce sourire d’homme apaisé, rictus de celui qui a atteint avec fierté les objectifs qu’il s’était fixé.

Quand Felix Baumgartner s’envolera pour son voyage de cinq heures au-dessus de nos têtes, Colonel Joe sera aux avant-postes, dans la salle de contrôle des ingénieurs chargés de surveiller la mission de l’Autrichien. kittinger ne veut rien louper. Les 82 ans et la forme resplendissante de l’Américain restent le meilleur témoignage d’un défi permanent à la densité atmosphérique. Comme quoi, s’envoyer en l’air dans l’espace, ça conserve un homme.www.redbullstratos.com

Avant le saut, je me suis dit : « Lord, take care of me now. » Quand mon parachute s’est ouvert, je l’ai remercié poliment.

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D u r b a n , a f r i q u e D u S u D

arc-en-cielLa somptueuse enceinte Moses Mabhida de Durban (70 000 places) a été conçue pour le… football. Logique. C’est sur ce terrain que l’Espagne a concédé son unique défaite lors de la Coupe du monde 2010 (0-1 face à la Suisse le 16 juin dernier). Le trialbiker sud- africain Brian Capper n’en a cure. Il s’intéresse à cet impressionnant arc de 380 mètres de long qui surplombe la pelouse. Sa hauteur maximum culmine à 106 mètres : « Depuis la fin de sa construction, une seule idée m’obsédait, c’était de rouler dessus, raconte-t-il. Dans la descente, les freins étaient en surchauffe, mais que d’émotions ! »Toujours plus de figures sur www.briancapper.co.za

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MOBY DiGUeLorsqu’on est triple Champion du monde de BMX Flatland

(surface plane), on peut se permettre d’être exigeant sur le décor de ses prestations. Avant d’être en mesure

d’enchaîner des figures sur cette digue proche du fameux phare de la cité basque, Matthias Dandois (22 ans)

a repéré les lieux, vélo à l’épaule. Il ne semble pas inquiet outre mesure à l’idée de chevaucher sa monture sur

les bords de l’Atlantique. Le Français en a vu d’autres.Vidéos et infos sur www.matthiasdandois.com

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au C KL a n D, n O u V e LLe-Z É L a n D e

eSSOraGeLes Néo-zélandais appelle ça le Surf Lifesaving, un sport à mi-chemin entre le sauvetage en mer et un traditionnel bras de fer. Courir, nager, surfer, voilà le programme de ces régates de surfboat. Soit un max d’action. Ici à l’image, les cinq membres de l’équipage 100 % féminin, Piha Women, surprise par une vague lors d’une compétition de rame dans la baie d’Auckland. Le risque de noyade est minime. La plage est bondée de maîtres-nageurs. Plutôt une bonne nouvelle.Compétitions à suivre sur www.surflifesaving.org.nz

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Tiercé gagnantÀ 24 ans et 98 jours, Sebastian Vettel est devenu le plus jeune double Champion du monde de F1. Seb, pour ton info, voici les plus jeunes vainqueurs de trois couronnes.

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SUPER HÉROSEn 2012, les acteurs se transforment. En super héros tant qu’à faire...

Quand il s’agit de héros de BD, même un homme aguerri comme Nicolas Cage retombe en enfance. « Hulk ou Ghost Rider m’ont toujours fasciné. Je n’arrivais pas à com-prendre comment quelqu’un avec une telle apparence pouvait quand même être bon », dit l’acteur de 47 ans. L’Amé-ricain incarne à nouveau cette année Johnny Blaze, le cascadeur de Ghost Rider- Spirit of Vengeance. Le britannique Andrew Garfield effectue ses grands débuts dans la peau de Spider-Man (The Amazing Spider-Man) en juillet. Christian Baile enfile pour la deuxième fois le masque de Batman (The Dark Knight Rises) tandis que Robert Downey Jr. glisse en mai dans l’armure de Iron Man (The Avengers). TE

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BullevardÉnergisant... à petites doses

Rottnest Island Sur la côte ouest de l’Australie, les kitesurfeurs se préparent pour une traversée de 20 km jusqu’à Perth. Ian Regnard

Rottnest Island l’Australie, les kitesurfeurs se préparent pour une traversée de 20 km jusqu’à Perth.

JACKIE STEWART(34 ANS 90 JOURS)

« Sir John » s’adjuge son 3e titre mondial en 1973, sur Tyrell.

Dans la foulée, il met un terme à sa carrière en F1.

MICHAEL SCHUMACHER(31 ANS 279 JOURS)

Septuple Champion du monde, l’Allemand est sacré en 2000 sur Ferrari. C’est son 3e titre,

le 1er de la Scuderia depuis 1979.

AYRTON SENNA(31 ANS 213 JOURS)

Décédé accidentellement en 1994, le Brésilien décroche son 3e

et dernier titre mondial en 1991 à Suzuka au volant d’une McLaren.

Tiercé gagnantÀ 24 ans et 98 jours, Sebastian Vettel est devenu le plus jeune double Champion du monde de F1.

vainqueurs de trois couronnes.

www.sebastianvettel.de

Andrew Garfield (Spider-Man), Nicolas Cage (Ghost Rider), Robert Downey Jr. (Iron Man)

UN INSTANT SVP !

LES IMAGES DU MOIS

Les meilleures photos envoyées seront tirées au sort. Le ou la gagnante repartira avec la gourde suisse SIGG siglée The Red Bulletin.

Téléchargez les scènes de vie trépidantes de nos lecteurs assidus – dont vous faites partie – sur :www.redbulletin.com

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Pingan International Finance CentreShenzen, Chine

Hauteur : 648 m. Ce sera en 2015 le

2e immeuble le plus haut au monde après

le Burij Khalifa à Dubaï, 826 m.

Hiver comme été, Rainer Hertrich skiait. Au Chili, dans les Alpes ou en Argentine, l’Allemand n’avait qu’un seul objectif : améliorer son propre record du monde de mètres accumulés dans une descente de télémark sur une période de jours successifs. Tous ses congés y passaient (l’homme est dameur de pistes de ski aux États-Unis) et chaque année, il en allait de 10 000 $ de sa poche. Pourquoi cela ? Pour le seul et même objectif du Livre des Records. « Il me faut parcourir plus de 30 millions de mètres d’altitude, soit 4 921 fois l’Everest », dit Hertrich. Sa mission s’est brutalement arrêtée le 10 janvier dernier, après 2 993 jours consécutifs passés sur des skis. Victime d’arythmie, le quinquagénaire a passé une nuit aux urgences. Il ne lui restait que quelques semaines pour réaliser son rêve. Malgré tout, c’est un homme heureux qui nous accueille à l’hôpital. « Je suis fier de ce que j’ai effectué. Je pense que mon record restera. » Son portrait en vidéo ? www.youtube.com, mot-clé « Rainer Hertrich »

Au sommetTrois gratte-ciels dans le sprint final

Lima Ce pilote a vécu un amerrissage dans la bonne humeur devant les 20 000 spectateurs du Red Bull Flugtag. Renzo Giraldo

Istanbul En décembre, des œuvres d’art à base de matériaux bleu-argenté ont été exposés dans la métropole turque. Suat Erman

Guatemala City Les skateurs locaux ont fait preuve d’imagination avec le hippie-jump ou le slalom. Juan José Marroquín

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Le duo britannique est l’un des plus talentueux porté par la dance-music. Avec des hits comme Block Rockin Beats et cinq albums classés numéro 1 ces quinze dernières années, les voici à présent à la tête de leur premier film-concert au cinéma sous la direction du metteur en scène Adam Smith. 20 caméras ont été utilisées pour saisir leurs prestations aux festivals de Glastonbury et de Fuji-Rock au Japon. Don’t Think est une tempête d’images fulgurantes avec des beats remarquables.

: Pourquoi un film live ? : Voir les Chemical Brothers sur scène est magique. C’est une expé-

IMAGE DANSANTELes Chemical Brothers live sur écran géant

Don’t Think : le premier film-concert en Dolby Surround 7:1.

The Shard Londres, Angleterre

Hauteur : 310 m. Le plus haut bâti-

ment du continent en mai prochain.

Mercury City TowerMoscou, Russie Hauteur : 327 m.

La tour la plus haute d’Europe sera livrée

en 2012.

Rainer Hertrich, chasseur de records au quotidien.

rience spirituelle qu’il faut vivre au moins une fois pour comprendre. Je voulais capter ce moment. Je n’ai pas été déu, j’ai eu tout ce que je voulais.C’était comment de se voir sur scène ? ( ) : Assez excitant ! J’adore les moments où les caméras balayent au-dessus des têtes du public. Avez-vous retravaillé le son ? : Non. Nous l’avons à peine amélioré. Le son ressemble à celui d’une nuit entière d’enregistrement – très rauque et réaliste. Mais j’adore ça. Et puis, la musique formatée, ce n’est pas ce qui manque de nos jours. www.thechemicalbrothers.com

PHOTOGAGNANTE

Hertrich stoppé en pleine descente

Ed Simons, à gauche, et Tom Rowlands

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Bangalore Chanceux vainqueur ! Il gagne le droit de visiter Milton Keynes. Aditya Bedre, Red Bull Kart Fight

Mexico City On jongle et on s‘amuse sous le soleil de Mexico... sans sombrero. Marcos Ferro, Red Bull Tirazo

Angkor Vat On se demande si l’hiver fera un jour son apparition au Cambodge... Stefan Oberleitner

RBMA premièreHeureuse nouvelle ! Les inscriptions sont lancées pour la prochaine Red Bull Music Academy (New York, fin 2012). En avant-goût, venez assister le 4 mars prochain au Café Carmen à Paris (dès 14 h) à une RBMA Session. Dominique Blanc-Francard (ci-dessus) rencontre Boombass pour évoquer 50 ans de studio en France, d’Hérouville à la French Touch. Boombass n’est autre qu’Hubert Blanc-Francard, fils de DBF.

Sur la corde RaidDans le cadre du coup d’envoi de l’année 2012, les salariés de Red Bull France se sont donné rendez-vous sur les bords du Lac de Saint-Cassien, dans le Var. Au menu, un raid (4 km de canöe, 19 de VTT et 10 de course à pied) et quelques soirées bucoliques. À la surprise géné-rale, c’est un intrépide quatuor composé de Thomas Medevielle et Gauthier Hautin au canöe, Nicolas Martin – auteur d’une fantastique chevauchée sur son VTT passant de la 25e à la 3e place – et Jean-Robert Bellanger (alias « J.R. ») en trail-running qui s’impose. Chez les filles, l’équipe de charme composée de Sophie Granpera, Virginie Onorato, Virginie Lalanne et Stéphanie Wax n’a laissé que des miettes à ses adversaires.

The Red BulleTin : Quel est votre parcours musical ?Sana Zeineddine : J’ai découvert la musique à l’âge de 8 ans, à hounslow, en angleterre. À cette époque, mon oncle m’avait donné ses cassettes avant de partir en voyage. il y avait là Marvin Gaye, Diana ross, aretha Franklin et Michael Jackson notamment. J’ai telle-ment aimé que j’ai commencé à réécrire les paroles que je comprenais pour chan-ter sur la bande son. Je préférais faire ça plutôt que de jouer à la poupée. quand je suis arrivée en France à l’âge de 11 ans, ma tante m’a emmenée dans les karaokés de Tours. J’ai commencé comme ça, en chantant dans ce genre d’établissement ! puis, j’ai été attirée par le r’n’B. J’ai beau-coup appris avec Missy elliot, erykah Badu, Mariah Carey, les TlC, les Fugees, etc. J’aime suivre mon instinct. si ça ne me parle pas, si je ne ressens rien de particulier, je ne cherche pas plus loin.

On a dû vous le dire souvent, votre voix ressemble à s’y méprendre à celle d’Amy Winehouse. Drôle de coïncidence, non ?oui, on m’a souvent comparé à elle. au début, c’était à cause de mes nombreux tatouages et de mon style vestimentaire, parfois d’une autre époque. C’était un peu pesant par moments. puis, avec la sortie de mon premier CD Crystal Maze, on a commencé à me parler de ma voix. J’ai trouvé ça flatteur. après, je ne suis pas amy mais sana et nos styles musicaux sont totalement différents !2012 est-elle l’année du décollage ?Je rêve d’aller voir plus loin. Je viens de signer chez Cleck Cleck Boom (paris). Ça se passe super bien. Je viens de sortir un premier morceau (Calling me avec Minis-ter x) via le distributeur anglais de Cleck Cleck Boom. l’idée est de faire du live pour ce retour direct d’émotions.

Sana l’air de rienCharme incandescent, yeux ravageurs, voix sublime, voici Sana. The red Bulletin vous présente une future star.

www.sanamusic.frwww.redbull.fr/rbma

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MON CORPS ET MOI

JEUNE FILLE EN FLEURDotée d’une rare explosivité pour une athlète de 800 mètres, Alysia Montaño est une pépite

musculaire qui sait aussi se montrer féminine. Découvrez cette New Yorkaise de 25 ans en quête d’or aux JO de Londres cet été sur le double tour de piste.

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Vidéos et infos sur www.alysiamontano.com

LUTTE D’EGO Courir est aussi mental que physique. Le mental aussi ça s’entraîne. J’ai besoin de me faire violence. Vous devez vous mettre ça dans la tête. Vous devez révéler en vous votre part d’égoïsme. Dans la vie, personne n’aime les gens suffisants. Dans votre tête vous devez adopter cet état d’esprit et vous dire que vous êtes la meilleure.

FLOWER POWER

Un jour, nous jouions au football avec

mes potes. Un adversaire m’a balancé

une réflexion méchante. Je me suis

éloignée et j’ai ramassé une fleur que j’ai

piquée dans mes cheveux en lui balançant :

« Ouais, je suis une fille qui joue au foot.

Il y a un problème ? » Je l’ai taclé,

avec les compliments de la fille à la fleur.

TRAVAIL PERMANENTJ’ai différents cycles d’entraînement. Quatre jours par semaine je suis dehors à 7 h 30 le matin. J’essaie de program-mer trois séances quotidiennes (deux de course et une de musculation). C’est mieux de commencer tôt le matin sinon tu finis à 21 heures. Je commence l’année par du fond et beaucoup de kilo-mètres puis j’ajoute du travail spécifique comme les sprints. L’idée est d’arriver au sommet pour la période de compétition.

JAMBE DE BOIS Ma jambe droite est légèrement plus

courte que la gauche. Je le ressens

quand je dois travailler mon explosi-

vité. Le haut de ma jambe se bloque

dans la hanche. Je consulte régulière-

ment pour l’assouplir. Sinon l’articu-

lation chauffe vite et ça touche le

muscle piriforme (reliant le bassin

à la cuisse) – en gros les fesses –

et peut très vite bloquer pendant

un long mois les muscles du dos.

POULET AU CITRONLe corps, c’est comme une voiture. Si vous y mettez du bon carburant,

vous obtenez le max. Selon mon mari, je suis plutôt une bonne cuisinière.

J’adore la nourriture méditerranéenne et j’aime cuisiner un beau poulet

au citron. Je le sers avec du hummus fait maison et des galettes de pain.

Avec ça, vous consommez des glucides et des protéines.

Je l’accompagne de légumes sautés.

LONDON CALLING J’ai connu une grave blessure. C’était

en 2008, une fracture de fatigue

au pied droit. Les os étaient tassés

sur eux-mêmes. Aux sélections

olympiques cette année-là, tout s’est

aggravé : je ne me rappelle même pas

des derniers mètres de ma course.

Après avoir utilisé un électro-

stimulateur pour soigner les os

pendant un an, je suis de retour.

Mon rêve olympique est intact.

B U L L E V A R D

Page 28: The Red Bulletin_1202_FR

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SKI-DOO K60 1960

Au départ, Joseph-Armand Bombardier souhaite baptiser son traîneau à moteur « Ski-Dog » en raison de sa ressemblance avec le traîneau à chiens. Mais une erreur typographique en décide autrement. Lors de l’assemblage du premier prototype, le « g »

devient un « o » et la coquille reste. Dès les années 20, ce québécois, bricoleur fou, réalise ses premiers véhicules à chenilles conçus pour la neige. En 1959, les Ski-Doos, équipés à l’avant de skis directionnels en bois massif et d’un petit moteur quatre-

temps de 7 chevaux pour les chenilles, étaient largement répandus. À l’époque, l’accélérateur n’est qu’un levier actionné par le pouce avant de passer sur la poignée du guidon. Aujourd’hui, les K60 ont disparu.www.snowmobilehalloffame.com

HIER ET AUJOURD’HUI

SKI BI-DOOCela fait maintenant un demi-siècle que l’attelage « skis à l’avant, chenilles à l’arrière » a envahi les stations de sports d’hiver. La motoneige a su évoluer et devenir une passion pour certains. Le leader mondial est resté le même : Ski-Doo. Ce nom est né d’une coquille. Explications.

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SKI-DOO MX Z X-RS 800 2012

Le nom de ce scooter est symptomatique de la variété des modèles de motoneige en 2012. À chaque type d’utilisation ou à chaque terrain de jeu correspond un véhicule bien précis. Vous voulez traverser une forêt à grande vitesse et faire grimper votre taux

d’adrénaline ? Alors le MX Z X-RS 800 est ce qu’il vous faut. Son moteur essence bicylindre à injection directe de 800 cm³ pour 120 chevaux, fabriqué par l’autrichien Rotax peut atteindre 160 km/h en vitesse de pointe ! Son excellente tenue de route est

assurée par les suspensions haut de gamme du fabricant japonais KYB et un châssis en chromoly. Si vous trouvez que MX Z X-RS va trop vite, vous pourrez toujours vous rabattre sur un modèle moins puissant.www.ski-doo.comPH

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vous faire oublier la raison initiale de votre venue. » est-ce votre cas ? « non, dit-elle avec un beau sourire sur le visage. Je suis vaccinée, j’y suis née. »

c’est à harlem qu’azealia banks a grandi. après avoir fréquenté un établissement religieux, ses parents l’envoient à la Guardia, école d’art renom-mée par où sont également passés liza Minnelli, al Pacino et nicki Minaj justement. « la scène m’a toujours attirée, se rappelle-t-elle. le fait d’avoir un pénis fait d’une personne un homme de façon incon-testable. Être artiste, c’est un peu la même chose. tu l’es ou tu ne l’es pas. »

À 14 ans, elle est attirée par le théâtre. Puis, deux ans plus tard, elle a le coup de foudre pour le rap. inspirée par Missy elliot et lil’ kim, elle se lance dans l’écriture de textes. bien que kanye West ou Mumford & sons comptent déjà parmi ses fans, elle repousse jusque-là toutes les offres des labels. son argument ? « Pourquoi un label quand on peut tout simplement mettre ses morceaux sur le net ? » elle apprécie collaborer avec les musiciens électro under-ground comme Machinedrum ou lunice, canadien formé à la red bull Music academy. « Je joue selon mes règles, dit banks. » Prochaine étape, londres où elle enregistrera son premier album avec Paul epworth, producteur de adele, bloc Party et Primal scream. rien que ça.

« Ça va être de la bombe », dit-elle toujours ornée de ce large sourire. elle saute du lit et remonte le store. la chambre est envahie de lumière. le soleil brille. À l’instar de la jeune carrière de banks.www.azealiabanksforever.com

En solo

AzeAliA BAnksElle est née au cœur de Harlem, a 20 ans, un talent fou et une personnalité pétillante. the red bulletin a craqué pour azealia banks. Portrait.

Une chambre d’hôtel, lumière tamisée. Près de la porte, une valise à roulettes, à moitié éventrée, d’où débordent des pulls de toutes les couleurs. sur la table, une brosse à dents est posée. indices d’une arrivée récente ou prémices d’un départ imminent ? Difficile à dire avec azealia banks. la musicienne de vingt ans est là, assise sur le grand lit blanc, regard perdu, dans le vide, visiblement épuisée. hier, concert à Paris, demain à amsterdam. entre les deux ? « J’essaie de dormir, dit-elle en se couvrant la tête avec la capuche de sa veste douillette. tuer le temps n’est pas au programme. Pour cela il faudrait d’abord que j’en ai, et c’est loin d’être le cas ! »

Une situation inédite pour la jeune rappeuse, souvent assimilée à la nouvelle nicki Minaj dans la planète musique. ce buzz est parti d’un morceau que banks avait simplement mis sur Youtube il y a quelques mois et intitulé 212, le code postal de new York. Un morceau speed d’électro et de house sur lequel banks balance son rap hargneux, truffé de mots à faire rougir toutes les mères. « c’est un mor-ceau pour soirée, dit-elle. Je me moque des gens qui vont à new York en quête de célébrité. ils ignorent tout de la capacité de cette ville à vous aspirer jusqu’à

Naissance31 mai 1991, Harlem

FamilleBanks a été élevée par sa mère. Son père est décédé quand elle avait deux ans.

Premier succès Le morceau 212 a dû être retiré du net peu après sa mise en ligne en raison d’un problème de droits d’auteur. Le morceau est de nouveau en ligne. Un million de clics ont été enregistrés.

Nomination À l’instar de Jessie J, Banks a été finaliste des BBC Sounds of 2012.

Azealia Banks est très cool sur son vélo dans

les rues de Harlem.

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exploration

Cage ta joie !L’année débute sur les chapeaux de roue pour le taciturne Nicolas Cage. Après Le Pacte début

janvier, l’Américain est à l’affiche du nouvel opus de Ghost Rider (sortie le 15 février).

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sailor et elvis

En 1990, Cage est Sailor dans Sailor et

Lula, road-movie déjanté. Un rôle

magnifique pour lui, directement inspiré

d’un de ses héros, Elvis Presley (avec

notamment une version mémorable de

Love me tender). Cage, fan du King, a

d’ailleurs acquis une de ses Cadillac et

son film Honeymoon in Vegas, tourné en

1992, met largement en scène chansons

et sosies d’Elvis. Décidément, quand on

aime, on ne compte pas.

noir c’est noir Tom Cruise, Robert Redford, Johnny Depp, Warren Beatty, Leonardo DiCaprio, Cary Grant. Tous ces grands noms partagent avec Nicolas Cage une incongruité. Celle de ne jamais avoir reçu l’oscar du meilleur acteur. En 1995, Cage avait pourtant fait l’unanimité dans Leaving Las Vegas où il joue un scénariste alcoolique et suicidaire. Attention, film noir...

entre deuxActeur génial ou cabotin de

série B ? Avoir un oscar est

significatif, enchaîner les succès

d’audience est autre chose. Référence

à ses films d’action sans intérêt – Hell

Driver, Bangkok Dangerous, Le dernier

des Templiers – ou à cette scène

dans laquelle il avale un cafard

vivant (Embrasse-moi Vampire).

En 1999, Sean Penn dit de Cage

qu’il « n’est plus un acteur ».

rock attitude « Quand nous avons choisi Nicolas Cage pour le rôle dans The Rock, reconnaît Jerry Bruckheimer, le célèbre producteur, cela pouvait ressembler à une erreur de casting pour un film d’action. » En 1995, Cage était encore affublé d’une étiquette d’acteur en devenir. Deux ans plus tard, après The Rock, Les ailes de l’enfer et Volte face, Cage est une star.

éclosion Il a dû trouver un pseudo pour s’éviter des accusations de népotisme. Trois des dix premiers rôles tenus par Cage l’ont été dans des films réalisés par l’oncle Francis Ford : Outsiders, Rusty James, et l’excellente comédie Peggy Sue s’est mariée. En 1987, l’année de ses 23 ans, sa carrière décolle avec Arizona Junior et Éclair de lune, deux rôles similaires.

flambeurCage a connu des problèmes avec le fisc américain et s’est montré réticent pour régler ce qu’il devait. Selon son ancien homme d’affaires, Cage a possédé jusqu’à 15 résidences, dont des châteaux en Angleterre et en Allemagne, une île aux Bahamas et pas mal de voitures et yachts. Plusieurs de ses propriétés ont été revendues pour régler ses dettes.

super cage Son nom de scène vient de Luke Cage,

super héros des Marvel Comics. Fan de BD,

Cage a aussi appelé son fils Kal-El, le

prénom de naissance de Clark Kent, alias

Superman. En 2000, on lui vole un exem-

plaire de la première BD de Superman. En

avril 2011, l’album, retrouvé dans un garde-

meubles, lui est rendu. Cage le revend pour

1,4 millions d’euros, soit quatorze fois le

prix originalement payé en 1997.

nic ton père Nicolas Kim Coppola a fêté son

48e anniversaire le 7 janvier dernier.

Oui, vous avez bien lu : Coppola,

comme Francis Ford, l’homme du

Parrain et d’Apocalypse Now, comme

la réalisatrice Sophia, l’actrice Talia

Shire (l’épouse de Rocky au cinéma et

la sœur de Francis), l’acteur Jason

Schwartzman (Rushmore). Le père

de Nicolas, professeur de littérature,

était le frère aîné de Francis.

à la chaîneOn reproche souvent à Cage de privilégier la quantité à la qualité. Depuis 2000, il a joué dans 25 films et a

prêté sa voix dans quatre autres. Dans le même temps, Matt Damon en a accumulé 30, dont cinq figurations et prêté cinq fois sa voix. Matt fait dans « l’alimentaire ».

Nicolas, lui, est accusé de ne faire que ça.

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Il est indispensable de tenir compte de la force d’attraction terrestre

avant d’atteindre la cible en plein dans le mille.

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PHYSIQUEMENT« L’effet de la gravité sur la trajectoire d’une flèche dépend de la distance à laquelle vous vous trouvez de la cible, explique Philip van Buren, quintuple champion de Grande-Bretagne de tir à l’arc. Vous devez composer avec ça. C’est une affaire d’expérience et d’instinct. »

Avec un arc traditionnel, comme ceux utilisés au Moyen-Âge, vous alignez votre flèche pour viser au- dessus de la cible afin de compenser l’attraction. Si vous prenez un arc comme ceux utilisés aux JO, il possède un viseur réglable pour la distance, le vent et la visibilité. Votre arc sera orienté vers le haut pour permettre à la flèche de décrire correctement une courbe en l’air. Vous pouvez également viser directement la cible. Si la distance la plus longue en compétition est de 90 m, vous pourrez sans problème tirer au-delà de 120 m. »

PHYSIQUE« En 1605, Galilée est le premier à souligner le “principe d’inertie”, avance le Dr Martin Apolin, de l’Institut des sciences physiques de Vienne. Il démontre que peu importe la vitesse horizontale d’un objet, il retombera toujours verticalement au même moment. »

Calculons la distance de chute selon s = (g/2)×t². L’accélération gravitationnelle (10 m/s²) est représen-tée par g et t correspond au temps de la chute en secondes. Sur la base de t = 1, vous obtenez 5 m comme hauteur de chute. Un objet retombera à 5 m, peu importe sa vitesse ascensionnelle.

Le principe d’inertie est une préoccupation essen-tielle pour les archers. En compétition, ils peuvent réaliser des vitesses incroyables de tir – jusqu’à 360 km/h (100 m/s) – avec une flèche qui atteint en 0,9 secondes sa cible à 90 m. Prenez le temps retenu et vous tombez sur une hauteur de chute de 4 m. L’archer doit régler sa hausse 4 m au dessus de la cible.

Dans la réalité, la situation est beaucoup plus complexe car la flèche perd de la vitesse quand elle est en vol (ce qui donne une courbe balistique asymétrique plutôt qu’une belle parabole aérienne).

L’archer doit donc adapter son tir vers le haut. Pour quel angle ? Considérons l’angle de tir (a), la distance de vol (x) et (nonobstant le principe d’inertie) la hauteur de cible (y) : la relation trigonométrique entre les trois s’établit ainsi : tan a = y/x. À partir de là, nous pouvons calculer que a = arctan (y/x) = 2,5°. Un tout petit angle, difficile à distinguer à l’œil nu.

Le principe d’inertie n’est d’aucune aide pour Legolas, l’archer du Seigneur des anneaux, ou Robin des bois : tirer des flèches à l’horizontale est impos-sible. Avec ces arcs trop lents, les archers de contes de fées doivent viser plus haut pour atteindre leur cible.Plus de cordes à votre arc sur www.archery.org

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FORMULE GAGNANTE

ARC-BOUTÉSLes archers rivalisent d’ingéniosité dans le seul but de défier la gravité terrestre. On est loin ici du Seigneur des Anneaux ou de Robin des Bois qui ont vulgarisé le tir à l’arc.

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B U L L E V A R D

1,9Dans sa ville natale de Ridgway au Colorado, John Billings est surnommé Monsieur Grammy. Depuis 30 ans, ce sexagénaire conçoit dans son atelier chaque trophée avec ses doigts de fée. Pour couler, plaquer et graver chaque gramo-phone, 15 heures sont nécessaires. Une fois la cérémonie terminée et les lauréats connus, les sculptures de 1,92 kg parcourent chaque année 1 000 km en convoi sécurisé jusqu’à Los Angeles. Des reproductions sont utilisées pendant la soirée de remise des prix afin d’éviter toute tentative de vol.

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CHIFFRES DU MOIS

GRAMMYPHONEDe Coldplay à Adele en passant par les Red Hot Chili Peppers, le gratin de la musique se retrouve

la semaine prochaine pour la 54e édition des Grammy Awards. Décryptage chiffré.

26 000 000Dès 1959, la National Academy of Recording Arts & Sciences (NARAS) veut, à l’instar du cinéma et de ses Oscars, récompenser ses pairs. Le premier nom du trophée est « Eddy » en hommage à Thomas Edison. Mais c’est Gramophone Award, devenu depuis Grammy, qui finit par s’imposer. Le 4 mai 1959 a lieu la première cérémonie simultanément à New York et à Los Angeles. Depuis 1971, l’événement est retransmis en direct à la télévision américaine. Il a réuni l’année dernière plus de 26 millions de téléspectateurs.

31Georg Solti, chef d’orchestre britannique d’origine hongroise, a été récompensé à 31 reprises. Un record. Il entame cette série en 1959 (première édition des Grammy) et parachève l’ensemble de son œuvre, en 1996. Parmi les poursuivants, on trouve Quincy Jones et Stevie Wonder avec respectivement 27 et 22 distinctions. En 1976, ce dernier veut recevoir son Grammy depuis le Nigéria où il se trouve alors. Lorsque la liaison satellite est établie, Andy Williams, le présentateur de la cé-rémonie lui lance : « Stevie, vous nous voyez à présent ? » C’est la dernière participation de Williams aux Grammys. 1989

La catégorie « meilleur groupe hard rock-mé-tal » n’existe que depuis 1989. Les groupes

de heavy-metal remplissent les salles de concert dès les années 60. L’année où Metallica sort son célèbre album And justice for all, la récompense

leur semble acquise mais c’est sans compter avec les vétérans du groupe Jethro Tull

qui repartent avec le trophée sous les huées des fans de hard. L’amertume de Metallica s’est

depuis effacée. Neuf Grammys décorent tout de même la cheminée du groupe américain.

78La première édition de 1959 comprend

22 catégories. En 2011, il y en a 109, allant du meilleur album Polka à la meilleure

pièce radiophonique de l’année. Beaucoup trop selon le comité de l’Académie qui réduit

la liste cette année à 78 récompenses. Une décision injuste selon Carlos Santana,

autre habitué des Grammys : « On ne peut pas éliminer le gospel, la musique hawaiienne ou le latin jazz de cette liste. Ces musiques illustrent

le mieux ce que sont les États-Unis, à savoir une expérimentation sociale permanente. »

0Quel point commun ont Rod Stewart, Queen, Bob

Marley ou encore les Beach Boys ? Ils n’ont jamais été récompensés. En revanche, Milli Vanilli s’est distingué, époque Girl you know it’s true. Primé en 1990 dans la catégorie meilleure révélation,

le duo germanique a été obligé de rendre son Grammy. Ils remuaient les lèvres

sur un playback qui n’était pas le leur ! Milli Vanilli a même été condamné par un tribunal américain à dédommager

toute personne en possession de l’album.

La cérémonie des Grammys a lieu le 12 février prochain au Staples Center de Los Angeles. Infos et nominations sur www.grammy.com

Quel point commun ont Rod Stewart, Queen, Bob Marley ou encore les Beach Boys ? Ils n’ont jamais

été récompensés. En revanche, Milli Vanilli s’est distingué, époque en 1990 dans la catégorie meilleure révélation,

26 000 000Dès 1959, la National Academy of Recording Arts & Sciences (NARAS) veut, à l’instar du cinéma et de ses Oscars, récompenser ses pairs. Le premier nom du trophée est « Eddy » en hommage à Thomas Edison. Mais c’est Gramophone Award, devenu depuis Grammy, qui finit par s’imposer. Le 4 mai 1959 a lieu la première cérémonie simultanément à New York et à Los Angeles. Depuis 1971, l’événement York et à Los Angeles. Depuis 1971, l’événement est retransmis en direct à la télévision américaine. Il a réuni l’année dernière plus de 26 millions de téléspectateurs.

Georg Solti, chef d’orchestre britannique d’origine hongroise, a été récompensé à 31 reprises. Un record. Il entame cette série en 1959 (première édition des Grammy) et parachève l’ensemble de son œuvre, en 1996. Parmi les poursuivants,

York et à Los Angeles. Depuis 1971, l’événement

1989

La première édition de 1959 comprend 22 catégories. En 2011, il y en a 109, allant

du meilleur album Polka à la meilleure pièce radiophonique de l’année. Beaucoup

trop selon le comité de l’Académie qui réduit la liste cette année à 78 récompenses.

Une décision injuste selon Carlos Santana, autre habitué des Grammys : « On ne peut pas

éliminer le gospel, la musique hawaiienne ou le latin jazz de cette liste. Ces musiques illustrent

le mieux ce que sont les États-Unis, à savoir une expérimentation sociale permanente. »

sur un playback qui n’était pas le leur ! Milli Vanilli a même été condamné par un tribunal américain à dédommager

toute personne en possession de l’album.

Dans sa ville natale de Ridgway au Colorado,

avec respectivement 27 et 22 distinctions.

alors. Lorsque la liaison satellite est établie,

La catégorie « meilleur groupe hard rock-mé-

de heavy-metal remplissent les salles de concert dès les années 60. L’année où Metallica sort son célèbre album

Une décision injuste selon Carlos Santana, autre habitué des Grammys : « On ne peut pas

éliminer le gospel, la musique hawaiienne ou le latin jazz de cette liste. Ces musiques illustrent

le mieux ce que sont les États-Unis, à savoir une expérimentation sociale permanente. »

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CarlosSantana

Metallica

Milli Vanilli

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noirTrou

New York ne dort jamais. C’est bien connu. Elle a aussi une vie souterraine. Les Sandhogs

œuvrent dans l’ombre à la modernisation de Manhattan et de ses environs.

Welcome dans les entrailles d’un monstre. Texte : Paul Wilson Photos : Gina LeVay

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en profondeurKenneth Schnell, au fond

d’un puits, à l’embranchement de la section Manhattan du

New York City Water Tunnel n°3. Gina LeVay, photographe :

« J’ai adoré les sept années de collaboration avec ces hommes.

C’était extraordinaire. »

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out n’a pas été si simple. Afin de gagner la confiance des Sandhogs de New York – ces ouvriers qui ont à leur actif les fondations de Brooklyn Bridge, ainsi que les tunnels

routiers et ferroviaires, dont le métro de NYC – Gina LeVay les a d’abord rejoints. Sans appareil photo. « Je leur ai juste expliqué ce que je voulais faire, raconte-t-elle. Ils me répondaient alors : “Les photographes, ils descendent juste une fois, prennent les photos et disparaissent.” » Ce n’était pas gagné !

À force de persuasion, Gina LeVay s’est peu à peu rapprochée de ces hommes en les fréquentant d’abord dans leur quartier général du Bronx. En surface.

Fin 2003, elle effectue sa première descente. Au départ, elle veut réaliser un sujet pour sa thèse. Cela s’est transformé en une étroite collaboration. « De 2003 à 2006, je suis descendue plusieurs fois par mois, se sou-vient-elle. Entre 2 et 4 heures à chaque fois. »

Cela a abouti à une grande exposition dans la gare new-yorkaise de Grand Central – « Je voulais que les gens, au milieu de leurs allées et venues quotidiennes, s’arrêtent et décou-vrent les couches d’épaisseur du corps de cette ville » – et la parution d’un livre : Sandhogs. « Ces hommes ont respecté mon travail et ont compris ma détermination. Ils le méritent. »

A c t i o n

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dessus dessous Jason McCormick et Eammon

Greenan dans un tunnel au Nord de Manhattan (octobre

2005). À gauche, en haut : Pete Reynolds, chef de la

sécurité, se dirige vers une cage d’ascenseur (septembre 2004).

John Wademan, 3e génération de Sandhog dans la famille

(septembre 2007).

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Lourd TribuT Andy Hickey, Jim et Eammon O’Donnell tractent vers la surface une locomotive de 20 tonnes. Le travail des Sandhogs est dur et non sans danger. Le chantier souterrain pour le NYC Water Tunnel n°3 a débuté en 1970 et ne sera complètement achevé qu’en 2020. À ce jour, 23 ouvriers sont décédés pendant les travaux.

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gueuLes de L’empLoi De gauche à droite et de haut en bas : Neil Hickey, Patrick Donovan, Mickey Jiminez, Joe Picozzi ; Hickey et Jiminez en studio, les autres in situ. « J’ai eu l’idée de faire venir les Sandhogs en studio juste après une journée de travail, glisse Gina LeVay. Je pouvais ainsi capter tous les restes d’une rude journée sur leurs visages et leurs habits. Je pensais qu’ils ne seraient que 5 ou 6 mais ils étaient une trentaine ! Je me retrouvais donc à traverser Manhattan sous bonne escorte. J’ai appelé mon assistant et lui ai dit : “On va avoir besoin de plus de bières !” »

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au bouT du TunneL À hauteur de Croton Filtration Plant,

le bassin de traitement des eaux usées, situé dans le Bronx. « Tous les

deux mètres, il y a 80 façons d’être tué, écrasé ou déchiqueté, balance

Kevin Tucker, un Sandhog. Tout est dangereux. Tu risques sans cesse de te

blesser. Tu dois avoir en permanence les yeux dans ton dos. »

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Chargez, feu ! À gauche : Neil Hickey et Ralph Huggler truffent un énorme rocher de charges explosives (janvier 2007). Ci-dessus : vue souterraine d’une section de tunnel longue de 245 m (novembre 2006). Ci-contre : de haut en bas et de gauche à droite, Brian Thorne, Kerwin A. Antoine, John Hammer, Dennis O’Neill.

Lorsque Moïse a séparé les flots de la Mer Rouge, la légende raconte qu’il a trouvé là, sous les eaux, un groupe de Sandhogs. Les hommes qui ont travaillé sur la section Manhattan du tunnel n°3 (maintenant achevée, les câblages pour le pompage et les machineries auxiliaires seront opérationnels l’an prochain et le chantier, dans sa globalité, sera terminé courant 2020) travaillent maintenant sur un projet d’accès sur l’East Side. Le chantier, à l’horizon 2016, reliera via un tunnel le réseau ferré de Long Island à la nouvelle inter-connection ferroviaire en cours de construction dans Manhattan. Après un intermède de deux ans, Gina LeVay est revenue travailler auprès des Sandhogs. « Cette mission est peut-être encore plus risquée pour eux, constate la photographe. Ils doivent percer les galeries sous les gratte-ciels de New York et passer entre toutes les fondations. »www.ginalevay.com

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« Le truc le plus rafraîchissant que j’ai fait dans ma vie ? J’ai joué sous le maillot du Celtic glasgow lors d’un match de charité, contre manchester United, s’emballe-t-il. Ça, c’était un truc grisant, sensation-nel. » gerard Butler se souvient de ce match comme si c’était hier. « J’étais là, sur la pelouse du Celtic park, avec le maillot rayé vert et blanc et je jouais avec henrik Larsson – l’ancienne star du club écossais – et le manager Neil Lennon. en face, tu avais notam-ment Roy Keane, teddy sheringham et Dwight yorke. Ce match, c’est tout simplement le point culminant de ma carrière. Jusqu’à présent… »

Un match de football donc comme meilleur souvenir d’une carrière d’acteur. Étonnante sortie de la part de celui qui partage la vedette dans Playing the Field aux côtés de Catherine Zeta-Jones, Jessica Biel ou Uma thurman. C’est que l’Écossais de 42 ans n’est pas tout à fait l’homme que vous imaginez.

Dans ce fameux match joué à glasgow en août 2011 à l’occasion du jubilé de l’ancien défenseur central écossais John Kennedy, Butler a tout de même disputé les deux tiers de la rencontre. il n’y fit pas de la figuration au milieu des anciennes gloires et des stars de cinéma amoureuses du ballon rond. Une standing-ovation salua même sa prestation.

« par chance, dans Playing the Field, je joue un ancien footballeur professionnel reconverti en coach dans une équipe scolaire – qui s’investit pleinement auprès des mamans de ses joueurs – j’ai beaucoup travaillé physiquement, reconnaît-il. J’ai fait pas mal de foot, du surf, de randonnée, de course à pied et de vélo. J’étais en forme pour ce match qui me tenait à cœur. Je suis supporter du Celtic depuis toujours. »

Direction Londres. Nous sommes dans la suite d’un hôtel cosy de soho. La star se la joue incognito ou presque : polo noir, pantalon treillis et grosses bottines militaires. ses cheveux mi-longs lui taquinent les épaules, une barbe de quelques jours le chatouille, look savamment entretenu, l’air de rien. Beau gosse, l’homme est rafraîchissant, jovial, modeste en diable et, surtout, très drôle.

Un peu le contre-pied de ce que l’on pourrait redouter d’un acteur qui affole les compteurs du box-office. sa cote de popularité le place devant les oscarisés Colin Firth et Daniel Craig, prisonnier de performances inégales en dehors de son costume de James Bond. Le banquier de Butler est désormais plus serein. Des rumeurs parlent de chèques à huit chiffres pour l’Écossais, définitivement installé à Los angeles. huit chiffres, ça fait toujours plaisir à un Écossais. malgré tout, ça crève les yeux, l’homme a su raison garder.

il apprécie la remarque : « Nous, les Écossais, nous avons les pieds sur terre, nous connaissons les bonnes manières et, si je commençais à avoir les chevilles un peu trop grosses, je me ferais remettre en place très rapidement par mes amis et ma famille, plaide-t-il. J’aime ce que je fais, je pense que je suis plutôt bon dans mon boulot. Je n’ai rien à prouver à quiconque et je ne porte pas de poids particulier sur les épaules. Je n’ai pas besoin de prendre de grands airs ni de minauder. C’est aussi le bon côté de la personnalité des Écossais : là-bas, cela ne sert à rien d’avoir le melon parce que ces crises d’ego ne sont pas vraiment tolérées ! » Butler s’envoie quelques gorgées d’eau minérale dans la foulée.

gerard Butler a longtemps noyé son mal être dans l’alcool, sans jouer la comédie. Devenu un des acteurs les plus bankable d’Hollywood, l’Écossais excelle aujourd’hui sous les mots de Shakespeare, sublime les comédies romantiques et les fi lms d’action. the Red Bulletin a rencontré un drôle de type. Introspection. Texte : Chris Sullivan

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une seule rumeur qui soit vraie sur moi.

J’en ai bien profité, mais il n’y a pas

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il y a peu, l’acteur a dû se contraindre à un exercice de renoncement de sa personnalité écossaise pour tenir son rôle dans Machine Gun Preacher, dirigé par mark Foster, le réalisateur de Quantum of Solace et de World War Z. Dans ce film, sorti en 2011, Butler tient avec brio le rôle d’un ancien junky membre d’un gang de motards, laissé pour mort dans un échange de coups de feu. Quasiment ressuscité, il devient prêcheur. sam Childers est missionnaire dans ce qu’on appelle aujourd’hui le sud-soudan. il aide les victimes civiles de la guerre après avoir assisté aux exactions du chef autoproclamé Joseph Kony à la tête d’une armée sans foi ni loi, l’armée de résistance du seigneur (LRa).

Le LRa erre dans le bush, massacre les adultes, enlève les enfants orphelins puis les utilise comme soldats ou esclaves sexuels. on estime que 66 000 enfants ont été victimes de cette barbarie. Childers construit un orphelinat et répond au feu par le feu, débusque les soldats du LRa et leur arrache ces enfants captifs dans des raids armés.

Un rôle phare dans la filmographie de Butler, qui essaie de comprendre les convictions de cet homme armé. « au cours de mes recherches, j’ai regardé des vidéos terribles, comme celle de cet enfant de six mois, porté dans un sac à dos par sa mère, mais tailladé à mort. il n’y a pas de négociation politique possible avec ces bâtards qui ne savent faire qu’une chose : tuer et oppresser un peuple à coups de machettes, s’emporte-t-il. C’est d’une telle violence qu’on peut comprendre qu’il y ait des gens prêts à se battre à mort avec eux. Jusqu’à ce qu’on réalise que beaucoup d’entre eux ont d’abord été des enfants enlevés et endoctrinés par ces monstres du LRa. Certains d’entre eux ont neuf ans. Des hommes enfants. C’est déchirant ».

Le film débute par une scène épouvantable : un jeune homme est contraint de tuer sa propre mère. aussi cruel et incroyable que cela puisse paraître, ce procédé est régulièrement utilisé par le LRa. Quelle portée auront ces crimes lorsqu’ils deviendront adultes ? Derrière quelle conscience pourront-ils se retrancher ? Butler : « La seule famille que peut avoir alors l’enfant déraciné est ce clan de bâtards qui lui a fait commettre l’épouvantable. Ce sont des malades ces mecs. il n’y a aucune règle, dans ce pays. J’ai eu du mal à saisir la situation, qui n’existe nulle part ailleurs dans le monde, souffle-t-il. Ces gens tuent pour le plaisir de tuer. » Une fois que Butler eut retrouvé ses esprits face à l’indicible, il s’employa à dresser un portrait fidèle de Childers, passant du temps avec lui au double titre de comédien et de producteur exécutif. La rencontre avait quelque chose de surréaliste.

« J’ai passé un mois sur la route avec sam, pour ce film. il est aussi dur que les autres. Childers était une âme perdue, membre actif d’un gang de motards, drogué, un criminel armé d’un fusil de chasse mais, quand j’ai lu le script, j’ai pensé que cela ne corres-pondait pas à la réalité, témoigne Butler. plus tard, j’ai découvert que, dans le film, nous n’avons fait qu’effleurer la complexité du personnage. il est fait de furieuses contradictions qui ne sont pas si faciles que ça à retranscrire dans un scénario. il était à la fois suspicieux face à notre démarche et impression-né par notre volonté de faire un film sur lui. »

gerard Butler naît le 13 novembre 1969 à paisley, à une vingtaine de kilomètres de la banlieue ouest de glasgow. son père edward est bookmaker et un peu mauvais garçon. sa mère margaret élève les enfants. gerard a six mois quand sa famille, à laquelle il faut ajouter son grand frère Brian et sa grande sœur Lynn, s’envole pour montréal, où le mariage se brise. « ma mère était tout pour moi, se souvient gerard. elle était à la fois ma mère et mon père et elle nous donnait tout ce qu’elle pouvait, autant qu’elle le pouvait. Je ne serais sans doute pas là à vous parler si je ne le faisais pas pour elle. »

Butler continue d’être un excellent élève, il est même premier de la classe dans son lycée de paisley. en 1985, après 14 ans d’absence, le papa de gerard revient dans sa vie. père et fils tentent de rattraper le temps perdu. six ans plus tard, Butler senior décède d’un cancer. Le fiston vient tout juste d’être diplômé en droit. il part aux États-Unis pendant un an avec un plan de vol défini par son hédonisme effréné : « L’ado de 16 ans qui brûle la vie par les deux bouts était devenu un jeune homme de 22 ans qui n’en avait rien à faire de mourir dans son sommeil ».

il revient en Écosse, à Édimbourg, où il entre en stage dans un cabinet d’avocat réputé. il épate surtout par ses qualités de fêtard invétéré. Butler est rapidement remercié. « J’avais pris l’habitude de boire jusqu’à ne plus me souvenir de rien, se souvient-il pourtant. il y avait sans doute une volonté morbide derrière cette folie. J’avais gâché ma carrière. J’étais détruit. »

La seule réponse qu’il peut alors trouver : s’exiler. il part à Londres, où il reprend contact avec une ex- petite amie devenue directrice de casting. elle le pousse à tenter sa chance pour une production shakespearienne, Coriolanus, dirigée par steven Berkoff. il y décroche un rôle. À 27 ans.

« Je n’avais jamais appris la comédie, mais j’avais déjà ressenti tellement d’émotions dans ma vie que cela pouvait avoir la même valeur. Cela n’avait pas fait de tort à sean Connery. » alors, comme le maître écossais, Butler migre lentement du théâtre pour de petits rôles au cinéma et à la télévision. mais il a

CINQ MAJEUR

Gerard Butler n’est pas le seul écossais à avoir conquis les US. Voici les cinq autres.

EWAN McGREGOR

14 mois  le séparent  

de Butler.  Fort de dix  années 

d’expérience,  McGregor entre  

dans la phase creuse d’une carrière qui  

a débuté de manière spectaculaire avec 

Transpotting, en 1996. Il défend néanmoins 

quatre films en 2012, dont Haywire et  The Impossible.

KELLY McDONALD

Pendant dix ans, elle n’est que la fille de 

Trainspotting, jusqu’à No Country for Old 

Men, en 2007. Depuis, elle brille dans la série Boardwalk Empire, sur 

HBO, et est aussi  à l’affiche de Brave,  

le nouveau film  de Pixar. Elle prête  

sa voix dans ce film dont la sortie est 

 prévue en juin.

un jeune homme de 22 ans qui s’en foutait de mourir.

L’ado de 16 ans qui brûlait la vie était devenu

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besoin d’autre chose. en 2001, après cinq ans passées à faire l’acteur dans les îles britanniques, gerard s’installe à Los angeles et met un terme au gros point noir de sa vie.

Le problème de la boisson réglé, sa carrière prend une autre tournure. À l’incarnation d’attila dans une mini-série télé succède un rôle romantique dans Lara Croft Tomb Raider : le berceau de la vie aux côtés d’angelina Jolie, en 2003. L’année suivante, il acquiert un statut de star aux côtés d’emily mortimer dans le film britannique Cher Frankie puis dans la version de Joel schumacher Le fantôme de l’Opéra, effaçant lors du casting John travolta et Nicolas Cage. et, en 2007, c’est lui qui est à l’affiche de 300, bouille d’ange et abdos en béton, grâce à son rôle du roi Léonidas de sparte.

« L’analogie que je fais régulièrement, c’est que, jusqu’à ce rôle, j’étais comme un train qui peine et avance à très petite vitesse vers le sommet d’une montagne mais qui, grâce à ce film, parvient à franchir le col. ma carrière a accéléré grâce à sa propre impulsion. »

Dans le polar Rock’n’Rolla, sorti en 2008, le réalisateur guy Ritchie choisit Butler pour le rôle de one two, un bad boy charismatique qui veut devenir homme d’affaires. « C’était un rôle qui me correspondait tout à fait, lâche-t-il, faisant sans doute référence à ses rebonds de carrière ou à la vision de la vie de son père, un rien marginale. Je connaissais cet homme, au fond de moi ».

Butler incarne aisément un des plus anciens per-sonnages de hollywood : l’homme dur en surface, doux au fond. mais, avec lui, il ne semble pas y avoir de règle. il est à la fois l’homme sans limites qui vit se-lon ses propres envies et un personnage profond qui cherche, chez lui et les autres, ce qu’il y a de meilleur.

Butler montre ensuite qu’il sait jouer d’autres muscles que ses biceps – et ses cordes vocales – dans Le fantôme de l’Opéra. il tient la vedette dans différentes comédies romantiques, dont PS I love you aux côtés de la double oscarisée hilary swank, L’abominable vérité, avec Katherine heigl ou encore Le chasseur de primes dont il partage l’affiche avec Jennifer aniston. « on doit tout essayer, n’est-ce pas ? on ne risque rien à le faire. J’aurais pu rester fidèle à ma carrière d’acteur de films d’action, mais j’ai préféré aller faire un film pour les enfants, L’île de Nim, une palanquée de films romantiques et Que justice soit faite, un polar noir sur un serial killer, avec Jamie Foxx, précise-t-il. ma façon de voir les choses ? D’accord, je sais faire les films d’action mais laissez-moi voir ce dont je suis capable dans les drames et comédies romantiques. »

aujourd’hui, il tient une des toutes premières places sur les listes de vœux des producteurs

américains. il truste la page d’accueil des moteurs de recherche et les unes de la presse people où se font insistantes ses rumeurs sur d’improbables aventures sentimentales avec Jennifer aniston, Cameron Diaz, Naomi Campbell ou le mannequin sarah Carroll. il en sourit : « Je suis juste un acteur écossais qui a réussi dans une ville où se concentrent les plus belles femmes. Je peux affirmer que j’ai bien profité de la vie mais, sincèrement, il n’y a pas une seule de ces rumeurs qui soit exacte. Je me suis très bien comporté, ce qui n’était pas le cas quand je traînais le fardeau de l’alcool. »

Que sa réputation d’homme à femmes soit fondée ou non, la question mérite d’être posée : comment vit-il le fait d’être l’acteur britannique le plus sexy d’hollywood ? il s’esclaffe : « Je ne suis pas du tout sûr d’être l’acteur le plus sexy de La, s’emporte-t-il. mais, et c’est l’avocat en moi qui parle, en imaginant que cela soit vrai, je trouverais cela merveilleux ! pour être très honnête, c’est mon boulot que je trouve vraiment gratifiant et je suis très honoré de le faire. Je cherche juste à être bon dans ce que je donne. »

sa dernière prestation d’importance dans le cinéma donne l’impression qu’il a bouclé la boucle. il tient en effet un rôle principal dans Coriolanus aux côtés de Ralph Fiennes, réalisateur pour la première fois. Dans ce rôle, Butler a modernisé son jeu. L’Écossais remonte le fil du temps : « Le rôle de Coriolan fut mon premier cachet d’acteur (voir plus haut), se souvient-il. même si je n’avais alors que six ou sept lignes à dire… Quelques années plus tard, je vois arriver un scénario sur mon bureau et mon agent m’explique que Ralph a tenté de me joindre à de multiples reprises. il me veut pour ce rôle. J’ai simplement pensé : “Oh mon Dieu !” alors, ce retour dans le passé avec ce rôle de tullus aufidius, l’archer ennemi de Coriolan et leader des rebelles, c’était un cadeau des Dieux. »

afin de prouver qu’il ne se prend pas trop au sérieux, il ajoute : « avant de tourner ce film, j’ai fait une voix off pour Dragons, un travail qui est complètement à l’opposé. À chaque fois qu’on me propose un rôle, je ne sais pas si je serai capable de le tenir, avoue-t-il. Je sens que je dois le faire quoi qu’il arrive parce que j’ai besoin de challenges. Vous savez, j’ai expérimenté beaucoup de vies différentes avant de devenir acteur. pour moi, c’est un boulot comme un autre et, comme dans n’importe quel autre travail, j’ai besoin de me tester, de me pousser vers l’avant et d’expérimenter des choses, afin que cela reste tout le temps intéressant. »

KEVIN McDONALDUn Oscar pour Un jour en septembre, docu réalisé en 1999 sur  les JO de Munich,  en 1972. Son grand-père était Emeric  Pressburger, légende du  cinéma britannique.

CRAIG FERGUSONDavid Letterman  a The late show,  émission culte de la télé US. Ferguson, lui, a animé The late late show, pendant sept longues années. Tout  Hollywood se pressait chez l’humoriste.

IAIN NEILQui est-il ? L’heureux propriétaire de  11  Oscars ! La plupart pour la conception d’optiques de camé-ras. Seuls Walt Disney et le designer Cedric Gibbons ont récolté plus de récompenses. 

Coriolanus sort actuellement sur les écrans. Playing the Field est prévu pour ce printemps. Machine Gun Preacher sera  disponible en DVD en mars. www.machinegunpreacher.org

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S I ST E R AC T E SElles sont jeunes, jolies et détonnent dans le décor des territoires palestiniens. The Red Bulletin vous propose de découvrir les Speed Sisters, ces fi lles passionnées de sport automobile et pilotes hors pair.Texte : Ruth Morgan Photos : Taz Darling

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onitruante arrivée un samedi soir, à Bethléem. Palestine. Le cœur de la ville est déjà assoupi quand, peu avant minuit, les crissements de pneus d’une voiture déchirent soudain le silence ambiant. Au volant de sa Golf GTI rouge, Betty Saadeh déboule pleins gaz devant le parvis de la Basilique de la Nativité. Ongles argentés agrippés au volant et paire de hauts talons posés sur les pédales, pas de doute, elle fait sensation.

Sa robe noire est particulière-ment moulante. Elle a passé son après-midi devant la glace pour se poser des ajouts capillaires sur ses cheveux blonds. Ce soir, elle est de sortie. Féminine à souhait. La veille, cette chrétienne, mère de deux enfants, est devenue officiellement, à 32 ans, au volant de cette même Golf, la femme la plus rapide de Cisjordanie à l’issue du Championnat féminin de vitesse de Palestine.

Difficile à croire. En peu de temps, le véhicule a subi une grosse transformation. Ce matin, ce n’était encore qu’une coque, débarrassée de tout objet à l’exception du siège baquet de course. En un après-midi, Maher, le mécanicien de Betty, a tout remis en place et, à présent, les seules signes visibles rappelant la course de la veille sont les stickers posés sur la carrosserie. Sur une vitre s’étale en grandes lettres oranges le nom du premier et seul team automobile féminin de Palestine : The Speed Sisters.

Betty est venue accompagnée de Noor, 22 ans, autre membre de l’équipe, également fondue de sport auto et propriétaire d’une BMW noire. Au moment où les deux jeunes femmes entrent dans le night club au sous-sol du Jacir Palace Hotel, elles provoquent : « T’as vu l’article dans le journal aujourd’hui ? » Les mots de Betty sont couverts par la puissante sono. « Il y est écrit : “Betty, reine des voitures !” Mon mécano m’a dit que les mecs me regardaient tourner en

se disant : “Et si elle nous battait ?” » Noor lui suce la roue, face au barman désabusé : « Mais tu bats déjà beaucoup de mecs ! »

Les jeunes femmes sont les membres d’un team composé de six personnes qui a profondément bouleversé l’univers des sports mécaniques excessivement conservateur en Palestine. Quand Noor et Betty rejoignent la piste de danse, avec un verre dans leurs mains couvertes de bijoux, on est très loin des relents d’huile moteur, de la sueur et de la testostérone qu’elles affrontaient il y a quelques heures encore.

Musulmanes ou chrétiennes, les Speed Sisters – âgées de 20 à 35 ans – sont unies par la même rage de courir. Dans l’enclave des territoires occupés, la notion d’espace est une denrée rare et il faut se contenter de petites routes hachées par les check-points militaires incessants. Du coup, les pilotes doivent dénicher des aires improbables : un héliport désaffecté à Bethléem ou une place de marché fermée à Jénine.

À la tombée de la nuit, ce jeudi, dans la vieille ville de Jéricho, le vrombissement des moteurs et l’odeur d’essence des carburateurs recouvrent le centre ville depuis l’étage supérieur d’un parking devenu temporairement le point de ralliement de la communauté des pilotes de la région. On est à la veille de l’épreuve finale de la saison. C’est l’heure des vérifica-tions techniques. 55 véhicules doivent être contrôlés et enregistrés. En petits groupes, les hommes bavardent en fumant. On discute marques et modèles. On profite du moment pour se remémorer quelques souvenirs.

L’accès au téléphérique de Jéricho reliant la ville au Mont de la Tentation, site historique de la Bible, se trouve juste à côté. Les chauffeurs des bus touristiques redoublent de coups de klaxon pour s’extirper du flot de voitures de courses qui accèdent encore au parking. Devant une telle cohue, la scène laisse perplexes les passa-gers des bus.

Betty et Noor, jean et baskets, cheveux tirés en arrière, se joignent à la mêlée. Accompagnées par la famille de Betty, elles avancent vers le petit bureau de fortune où sont

enregistrées les inscriptions. Betty salue ses collègues. Elle baigne dans la course automobile depuis son plus jeune âge. Son frère, George, a été sacré en 2009. Leur père Jalil, a remporté un rallye au Mexique, son pays de naissance. Betty n’avait pas vraiment d’autre choix que de se tourner à son tour vers la compétition.

« J’avais l’habitude de dire : “Mais Maman, il n’y a que des garçons !”. Quand je m’y suis mise, j’ai ressenti la montée d’adrénaline. À l’époque, il n’y avait que trois filles en compétition. Au début, on était l’objet de beaucoup de moqueries de la part de certains. La plupart me disent “Mahbrook !” maintenant. »

À TOUTE VITESSE Ci-contre : Betty travaille en tant qu’assistante  administrative  à la mission  mexicaine de  Ramallah et  partage un quatre pièces avec deux autres jeunes femmes. Ses week-ends sont  intégralement consacrés au sport automobile. Elle compte de plus en plus de supporters.  « Je vais à leur rencontre, dit-elle. C’est super agréable comme sensation. Nous avons beaucoup d’encourage-ments. » En bas à droite : sous l’oeil  bienveillant  de ses fans,  la Speed Sister Noor Daoud  met à jour le  niveau d’eau  de sa BMW  pendant la  dernière épreuve de la  saison  à Jéricho.

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Néanmoins, ça n’a pas été aussi facile pour les autres Speed Sisters. Marah Zahalka, 20 ans, étudiante en économie à Jénine, est la benja-mine de l’équipe. Elle a commencé à conduire à 10 ans. Elle avait empilé des coussins sur le siège conducteur de la Golf de sa mère avant de partir faire un tour dans les rues du quartier.

Aujourd’hui, elle court encore avec la voiture maternelle. Cette fois, avec sa permission. La famille de Marah – mère instructrice d’auto-école et père technicien dentaire – l’a encouragée. Ses proches ne se sont pas laissés convaincre aussi facilement.

« Quand mes oncles et tantes ont découvert que je faisais de

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la compétition automobile, ils ont pensé que c’était d’abord pour fréquenter des garçons, raconte-t-elle adossée au mur du parking. Ils étaient tellement remontés contre moi qu’ils ne m’ont plus parlé. » Marah a quand même continué de participer à des courses jusqu’à devenir une des meilleures pilotes. Depuis, sa famille la considère de nouveau.

Changer les mentalités est aussi une des missions du team Speed Sisters. Il a vu le jour en 2010, par le biais d’un employé du Consulat britannique de Jérusalem. Le Consulat fournit des entraîneurs britanniques pour améliorer le pilotage, offre également des casques et des combinaisons, une vieille BMW pour l’entraînement et trouve le plus important :le nom du team, histoire de donner une forte identité à ces filles et susciter ainsi l’intérêt vital des sponsors.

Car les sports mécaniques restent très onéreux. La Palestine n’y fait pas exception. Un simple train de pneus coûte au minimum 920 euros. Trouver des fonds n’est pas une mince affaire. Tous les membres des Speed Sisters ont recours à l’aide de leur famille et économisent shekel par shekel sur leur salaire pour pouvoir participer aux compétitions.

Pour Marah et sa copine des Speed Sisters, Mana Ennab, 25 ans, vrai garçon manqué, le coût de mise aux normes de leur voiture est trop élevé pour qu’elles puissent s’aligner en course. Elles viennent quand même fêter la fin de saison avec les autres. Mais les rêves de Marah de défendre son titre conquis en 2010 se sont déjà envolés.

De l’autre côté du parking, un joli petit bout de femme serre sur sa poitrine un bloc-notes et trottine en suivant une troupe d’officiels très sérieux qui effectue une impi-toyable tournée d’inspection. Même si elle ne sait pas encore conduire, Hadeel Jaradat, 20 ans, étudiante en mécanique, est la dernière recrue du groupe. Son père, grand joueur d’échecs, a fini par donner son ac-cord pour qu’elle prenne des leçons. « Il dit qu’aux échecs, tu dois imagi-ner que ton adversaire est la per-sonne la plus intelligente au monde. Il dit aussi que, sur la route, tu dois penser que les autres conducteurs sont les plus stupides. »

TOUTES EN PISTEDe gauche à droite et de haut en bas : Betty chauffe  la gomme de  ses pneus en  effectuant des freins à main  sur place.  Les drapeaux  palestiniens  flottent avec fierté au-dessus de la ligne de départ. Haut perchés  ou au bord du  tracé, certains spectateurs ne ratent rien du spectacle proposé. Si la chambre  de Noor est  un sanctuaire  dédié au sport  automobile, Hadeel, de son côté, met tout juste en pratique ses leçons de  mécanique.  Certains hommes ne sont pas très adroits. Au volant de sa vieille BM, celui-ci heurte  un plot posté  sur la piste.  Betty et Noor  reconnaissent  le circuit à pied. Enfin, voici une des voitures  spécialement conçue pour  la course.

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Pour l’instant, Hadeel apprend le boulot. Elle file un coup de main à la fédération de sport auto. Elle est une des trois seules filles ayant intégré cette année le groupe de 300 étudiants en génie mécanique à l’université de Ramallah, au grand dam de ses parents qui envisageaient une carrière professionnelle plus « convenable » pour une jeune femme, loin de l’environnement très masculin de la compétition automobile.

Hadeel a tenu bon et n’en croyait pas ses yeux quand elle a découvert l’existence des Speed Sisters. « Cela a aidé mes parents à comprendre qu’il peut y avoir un avenir pour une jeune femme dans ce domaine en Palestine. Là, je vais apprendre et pouvoir préparer les voitures pour les courses. Voir ces femmes qui courent, ça me donne aussi une sacrée confiance en moi. Je veux être prête pour les rejoindre en compétition en mars. »

Un jour de course s’étire dès l’aube. En Palestine comme ailleurs. Le soleil apparaît tout juste au- dessus des collines jordaniennes qui dominent Jéricho quand les premiers participants ont déjà lancé leur véhicule dans de specta-culaires et bruyants demi-tours sur place. Sur une surface faite de cailloux et de sable et située juste derrière l’aire de course, chacun chauffe la gomme de ses pneus.

La scène se déroule tout près de la frontière orientale qui délimite la Cisjordanie, près d’un grand check-point militaire israélien. Le seul garde en faction observe le ballet des voitures depuis son mirador.

Les spéciales chronométrées sont une source de fierté pour les Palestiniens, d’autant plus que les Israéliens n’ont pas d’équivalent sur leur sol. « Ils adoreraient venir et courir ici, avance Monty, un offi-ciel de la fédération palestinienne, en regardant le drapeau de l’état hébreu qui flotte au loin au-dessus des arbres. Mais les choses sont ainsi faites, cela n’arrivera pas. »

Les premiers spectateurs sont arrivés. Ils se pressent autour des échoppes où l’on vend du mais grillé. Certains ont déjà pris place sur les tôles ondulées des baraque-ments qui entourent l’aire de compétition. Près des spectateurs et du portique enjambant la ligne de départ et d’arrivée aux couleurs

du drapeau palestinien, on a installé une aire VIP où on aime se montrer dans ce genre d’occasions. De grandes photos de Yasser Arafat et du Premier ministre Mahmoud Abbas sont posées derrière des rangées de chaises en simple plas-tique blanc. Des policiers, dans leur uniforme bleu et noir, surveillent le tout à quelques mètres de là.

Alors que la foule grossit de plus en plus, Betty, vêtue d’une combi-naison de course rouge, arpente le circuit en compagnie de son frère George. Avant la compétition, elle vient repérer méthodiquement chaque mètre du tracé qui slalome autour des plots. Elle note aussi sur son petit calepin les trajectoires idéales. Dans sa main, elle a pris le plan officiel du circuit, souligné de traits aux feutres bleu et orange.

Combinaison noire et jaune roulée à la taille, Noor est accroupie près de sa BMW garée dans le « parc fermé ». Elle appose très délicatement sur la carrosserie l’autocollant portant le numéro 53 sous l’œil de gamins ébahis. L’habitacle intérieur a été débarras-sé de tout élément superflu pour gagner du poids. La mère de Noor, qui tient avec sa fille une boutique

de vêtements dans Ramallah, lui a fait cadeau... de sa voiture. C’est dans ce même véhicule qu’elle avait l’habitude d’installer Noor pour l’emmener à l’école pendant de longues années. « Elle a été choquée quand elle a vu pour la première fois la voiture ainsi transformée, dit Noor d’une voix rauque. Je me souviens qu’à l’époque c’était une voiture qui sentait bon le parfum de ma mère. Aujourd’hui, avec ce cadeau, elle me montre avant tout son envie de me voir heureuse. Je le suis ! »

Noor est une sportive née. Elle a pratiqué la boxe, le tennis et le football aux côtés des hommes avant de se lancer dans la compéti-tion automobile dans les rues de Ramallah en 2008. Elle est repérée par le patron de la fédération des sports mécaniques. Grâce au passe-port américain dont elle bénéficie par son père, elle a été retenue parmi dix pilotes sur 7 000 pour conduire en F2 Series, en Israël.

« J’aime les voitures depuis que je suis toute petite, confie-t-elle en plissant ses yeux marrons pour se protéger du soleil couchant. Si quelqu’un me demande ce que je préfère entre le sexe et la course

« J’aI VU lES SPEEd SISTErS ET JE mE SUIS dIT : POUrqUOI PaS mOI ? » Sahar Jawabrah, 44 aNS.

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une enseignante de 44 ans, a vu les images de ces jeunes femmes en action à la télé. C’est ce qui l’a décidé à les rejoindre. Elle est même la seule pilote en compéti-tion qui porte le hijab. Aujourd’hui, c’est sa quatrième course. Elle assure prudemment sa manche et sort de la voiture avec le sourire, dissimulant tant bien que mal son visage sous son voile. La foule se presse autour des vitres de son véhicule. À son âge, elle a l’impres-sion de revivre. « Ma famille n’apprécie pas ce genre de choses, confesse-t-elle après sa course. Mais, moi, j’adore ça. C’est une forme de liberté dans un contexte compliqué compte tenu de la situa-tion politique dans la sous-région. J’ai vu les Speed Sisters et je me suis dit : “Si elles le font, alors pourquoi pas moi ?” Avec une bonne dose d’idées et de volonté, parfois de récup, on peut y arrriver... »

Noor lance sa deuxième manche par un demi-tour sur place endia-blé qui arrache les hurlements hys-tériques de spectateurs. À travers la poussière, on l’aperçoit, concen-trée et lèvres serrées. Sa voiture chauffe. Elle est en difficulté puis abandonne. Normal, son véhicule n’en peut plus.

Betty s’est offert une manche beaucoup plus rapide pour s’assurer une place en finale au milieu des hommes. Marah, elle, s’empresse de saisir le micro pour expliquer timidement aux 1 500 spectateurs présents les raisons de son abandon et les problèmes rencontrés. Quand la finale est annoncée, il est presque 18 heures. L’ambiance est à son paroxysme. Les Black Eyed Peas déversent leurs BPM dans la sono.

Betty slalome avec souplesse entre les cônes du circuit et boucle impeccablement son tour avec le meilleur chrono de la journée. Elle s’adjuge logiquement le Championnat féminin. Cerise sur le gâteau, elle décroche la première place, tous pilotes confondus, dans la catégorie GTI.

Les Speed Sisters achèvent une nouvelle année de succès, contribuant à promouvoir la popularité du sport auto au cœur de la Palestine. Joli exemple dans une société qui multiplie les efforts vis-à-vis des femmes.www.speedsisters.tv

EN bOUT dE COUrSECi-dessus : Betty file un coup de main à Maher,  son mécano.  Il transforme ici  sa voiture de course en véhicule de ville. À gauche :  au lendemain de l’épreuve, Noor n’oublie pas de  se faire belle dans  le salon situé  au-dessus du  magasin de vête-ments de sa mère, à  Ramallah. Elle est prête pour  une  petite virée  nocturne, histoire de fêter le titre de sa copine Betty.

automobile, je réponds sans hésitation la course. C’est un truc magnifique. Quand la voiture donne toute sa puissance, tu la contrôles. Tu es le maître. Il n’y a pas de montée d’adrénaline plus forte que ça. Quand j’irai courir en Israël, ce sera un type de compé-tition totalement différent mais je serai à la hauteur. Je vais montrer au monde de quoi sont capables les Palestiniens ! » Fumante démonstration. On a hâte.

À 9 heures, la course est sur le point de démarrer. Les Speed Sisters regardent ça du haut de l’emplace-ment qui leur a été désigné. L’équipe est au complet avec le team manager et sixième membre de l’équipage, Mayson Jayyusi, 34 ans. Elle vient juste d’arriver de Ramallah où elle possède une boutique. Elle a amené T-Shirts, casquettes et une grande bannière avec le logo jaune des Speed Sisters.

Au milieu d’une foule quasi exclusivement masculine, on distingue les trois silhouettes féminines, côte à côte, en bord de

piste. Les gamins sont perchés, les adultes sortent leur téléphone portable pour saisir une photo. Un speaker déchaîné présente chaque pilote avant que les bolides ne slaloment sur le circuit dans d’as-sourdissants crissements de pneus.

Chaque pilote participe à deux manches. Les dix plus rapides en disputeront une troisième pour se départager. Si tous les véhicules peuvent concourir, ils sont en revanche répartis en cinq catégo-ries de puissance. La première manche de Betty avec sa GTI est propre. Noor ne va pas avoir autant de chance. Elle se trompe de direction à la sortie d’un virage en fin de manche et heurte un plot violemment. En plus, le moteur de sa voiture a chauffé. « Je dois y aller vraiment à fond dans la prochaine, assure-t-elle une main sur sa voiture encore fumante. Si ça prend feu, tant pis ! J’aurais donné le max, je suis comme ça, je fais tout à 100 %. »

Les Speed Sisters ont suscité des vocations. Sahar Jawabrah,

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Wonder WomenCourir, pédaler, pagayer, (mal) dormir six petites heures par 40°, moustiques inclus. Tel est le programme de 225 nanas lâchées au cœur de la Guyane Française dans le cadre du Raid Amazones. The Raid Bulletin s’est intéressé à trois équipes. Prêtes ? Pagayez !Texte : Patricia Oudit Photos : Markel Redondo

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Sur l’eau ou devant le miroir, ces filles assurent.

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Entourée par ses coéquipières et d’autres concurrentes, Fabienne prend la pose avec sa prothèse (centre).

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La beLLe et La bête

D’un côté, Robby Naish, 48 ans, légende vivante du funboard, de l’autre, Alice Arutkin, 20 ans dans 48 heures, Championne du monde junior « Vagues » l’an dernier. The Red Bulletin les a réunis à Paris cet hiver.Textes : Christophe Couvrat Photos : Will Sanders

…ing traffic ! » Le ton est donné. Robby Naish vient de

traverser la moitié de la planète pour rallier Roissy, en provenance

de l’archipel des îles Hawaii. Et il a rai-son. Comme toujours. La circulation pari-sienne n’a rien perdu de son charme. Sous un ciel gris et un crachin ininter-rompu, Naish, séduit par les bords de Seine, conserve néanmoins un flegme… parfaitement britannique.

Sur le chemin, rien ne lui échappe. Ses yeux balaient le paysage de gauche à droite. Il scrute, regarde, admire. Malgré le décalage horaire, son esprit est vif et alerte. Seules quelques rides arrachées aux embruns de Maui ou Hookipa trahissent une cinquantaine toute proche. Robby Naish a gardé une relation particu-lière avec la France et ses habitants.

« Ce pays est précurseur et continue d’être au top. On l’a vu récemment avec Antoine Albeau. Dans les autres nations, la pratique de la discipline a diminué. Ça me rend triste, avoue-t-il. Je croise tou-jours des gars comme Patrice Belbeoc’h ou Raphaël Salles. Ils sont dans le métier. Je me souviens aussi des étapes de Coupe du monde à l’Almanarre, que je connais très bien. Il y a aussi La Torche et Brutal Beach. Même si mes trois meilleurs spots

sont évidemment à Hawaii (Hookipa, Diamond Head et Backyard), il y a, en France de superbes endroits. J’aimerai les découvrir autrement, en prenant le temps. Aujourd’hui, je l’ai. »

À 48 ans, Robby Naish, indissociable de sa voile rose siglée US 1111, explique aussi le virage récemment emprunté dans sa carrière. Aujourd’hui, il déclare avoir enclenché la touche « stop ». En théorie. Car il n’arrête jamais. Fun, kite, stand-up paddle, surf, il veut (sait) tout faire. « Je suis récemment resté près de deux mois hors de l’eau. J’étais comme un poisson, je ne pouvais plus respirer. »

Il n’a pas eu le choix. Naish obéit aux obligations de son médecin après avoir souffert le martyre. 24 fois Champion du monde (il a tout gagné de 76 à 83, ndlr), l’Américain n’a presque plus de cartilage, ni aux coudes ni aux épaules. « Toute ma vie, je suis resté avec les bras pliés, comme ça (il montre la position des funboarders en inclinant ses bras en V, ndlr). »

Pas le temps de divaguer. Juste celui de laisser filer la Tour Eiffel sur notre droite et de regarder les voitures, européennes – « Oh magnifique, une Fiat 500, une vraie... Trop cool ! » – et voici le moment de passer le témoin à lice Arutkin au cœur du Paris de la Bastille.

Restaurant « Les Portes », rue de Charonne. Nous retrouvons sur place Alain, le maître des lieux, Alice Arutkin, Michel, son papa, et Arthur, son petit frère, funboarder lui aussi. En quelques secondes, le regard de la Française, 20 ans dans 48 heures, s’illumine d’étoiles. Le rêve devient réalité.

La Nordiste s’est dit « P… j’espère que je vais pouvoir parler anglais » et bombarde soudain Robby de questions. Ça fuse. « Je suis allée en Corée du Sud, au Vietnam. C’était vraiment étrange là-bas », se souvient Arutkin. « En plus ils parlent français sur place », précise Naish. Le ton est donné. C’est parti pour un tour du monde. En questions.

D’ordinaire, deux amoureux de la glisse postés l’un en face de l’autre aiment « se renifler » et comparer leur matos. Là, Arutkin sort son regard malicieux et titille le « vieux », sous un parapluie tendu par le photographe sur les pavés du Port de la Bastille. « Tu te souviens m’avoir remis un prix à Leucate ? J’avais 14 ans ! » Naish, surpris : « Non... Je suis honteux ! ».

Arutkin saisit la balle au bond et prend la défense du plus jeune Champion du monde de l’histoire de la planche à voile. C’était en 1976 aux Bahamas. Naish avait... 13 ans : « Nous étions 340 sur

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Robby et Alice battent le pavé à deux pas de

la Place de l a Bastille, sous un traditionnel

crachin parisien.

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l’eau ! » Une époque préhistorique. Les windsurfers naviguaient à la seule force de leurs bras et ne pouvaient se faire plaisir que sur une épreuve : course racing, comme aux JO. Pas de harnais, pas de footstraps. Ce n’est qu’à son retour à Hawaii que Naish développe son aisance démentielle dans les vagues et le matériel qui va avec dont les fameux customs des années 80, taillés sur mesure.

Planches raccourcies et ultra-profilées, il ne manque plus qu’à fixer les pieds. Avec l’arrivée des footstraps à la fin des années 70, les possibilités sont nettement plus grandes. Le champ d’action est décuplé. « Tu peux soudain sauter plus facilement, faire ce que tu veux de ta planche », plaide Naish.

Dans la foulée, les étapes de Coupe du monde s’enrichissent notamment des épreuves de vagues et de slalom. La disci-pline décolle. « C’est un champion trans-générationnel. Il a fait rêver mon père. Il est humble, gentil, simple. Il m’a dit : “Go big or go home (envoie du lourd ou reste chez toi, ndlr) !” Tout est dit », s’enthousiasme Alice Arutkin, devant Michel, son paternel, aux anges. Le débat s’enflamme et part dans tous les sens. La Française n’en perd pas une miette.

Entre deux poses photo, Naish, au téléphone, s’empare du skate pour filer sur le trottoir parisien, autour de la Bastille, devant nos yeux, incrédules. Le sol est détrempé. Peu importe. Il enchaîne. « Tout est une question d’en-traînement. Plus tu passes de temps dans l’eau, mieux c’est. J’ai trop souvent croisé des jeunes qui ne s’éloignent pas de leur spot. Ils restent sur un carré de 100 mètres de côté alors que 10 km plus loin, tu peux avoir un super endroit. Et il faut toujours avoir envie de gagner, dis-tille Naish de son éternelle voix douce. Tu dois sacrifier un peu de plaisir pour faire carrière. Arriver sur le spot 30 minutes avant les autres, bien préparer sa manche, ça fait partie du quotidien d’un bon pro. »

Alice et Robby sont dans le même bateau. La journée s’achève autour d’une bavette-échalotes pour tout le monde. « Ça fait du bien, elle est vraiment très bonne », s’emporte Naish, couvé du regard par Alain. Le tenancier des « Portes », succulente rôtisserie, débouche une bouteille. Il est aux petits soins pour nos invités de marque.

L’Américain se lève, salue ses ouailles et prend la tangente, soucieux de profiter d’une petite sieste post jet-lag. Le conte de fées vient de s’achever. Alice était bien au Pays des Merveilles.

Naish et sa fameuse voile rose us 1111 « Je cherchais une couleur facile à photographier.

Il n’y en a que deux : le jaune et l’orange. Le rouge, seul, est trop noir surtout si la lumière n’est pas

parfaite. Au début, tout le monde avait des voiles jaunes. André Lefebvre, designer de voiles, m’indique

qu’une boîte française utilise le rose. Je suis déjà marié, j’ai un enfant donc aucun lien possible avec

une hypothétique homosexualité. Depuis, c’est resté. Quant au chiffre, au début je n’avais qu’un seul 1 sur

ma voile. Puis, le sport s’est professionnalisé au début des années 80. Ken Winner (Champion du monde

avant Naish, ndlr) avait le US 1. Fais ch… Je n’avais pas envie d’être US 2 ou 5 ou 29,

donc j’ai décidé de mettre le max de chiffres autorisés par le règlement, soit 4. Je serai donc US 1111. Facile à faire, le look est top, différent des autres. Let’s go. À la première étape officielle de Coupe du monde

en 83, aux Canaries, j’étais donc US 1111. »

Naish gamiN « Mon père a pris ma planche un an après que j’ai

acheté la mienne. Je suis né en Californie, à La Jolla (nord de San Diego, ndlr). Ce n’est qu’après

le déménagement de mes parents à Hawaii que je me suis mis à la planche. J’avais 11 ans. À l’époque, je ne pouvais pas savoir que je serai windsurfer pro. C’était un sport tellement petit. J’étais quaterback

en foot US, je pratiquais le hawaïan canoe, le surf, je faisais du hobie cat. Quand le windsurf est arrivé,

il combinait surf et voile. Ça a fait tilt ! Combinaison parfaite de mes deux sports préférés… »

Naish et la peur « Quand tu sautes, tu ne réfléchis pas. Sur une vague, tu peux être nerveux, avoir peur, surtout quand elle est grosse. Je pense que c’est bien d’avoir peur mais

pas trop. Je ne me dis pas : “Ok, je vais prendre celle-là ou celle-ci.” C’est juste instinctif. »

Naish et le Kite « Pas de désir particulier. Tous ces sports sont

proches de la même famille. Je fais du windsurf avec un kite. Développer le matériel m’intéresse aussi. Sauter sans vagues, ça me plaît vraiment. C’est incroyable. Ça reste le truc le plus dingue

du kite. Moi je veux voler ! »

Naish et BjörN DuNKerBecK « Je l’ai découvert aux Canaries. Il avait neuf ans. Il était déjà très fort. En 87, je gagne le général de

la Coupe du monde pour la dernière fois. Björn s’impose en slalom. On s’est bien tiré la bourre.

On est resté bons amis. Ce n’est pas quelqu’un de très marrant. Même quand il s’amuse, il n’est pas

très drôle. Il est toujours au top niveau (vainqueur de la Coupe du monde de slalom en 2011, ndlr). »

Naish et Kai leNNy « Je le connais depuis une dizaine d’années.

C’est un phénomène. Il faut le suivre celui-là… »

sur uNe plaNche Alice 10 ans / Robby 11 ans

jiBe (demi-tour  

sans perdre de vitesse) Alice 12 / Robby 11

taBletop (sauter une vague et  retourner le fun avec  

ses pieds afin de pointer  le dessous au ciel)

Alice 14 / Robby 19 il n’y avait pas de footstraps 

(fixation sur la planche  pour caler les pieds)

BacKloop (saut périlleux arrière) Alice « essaie encore », Robby « aussi » (rires)

victoire eN compétitioN

Alice 14 ans (Championnats de France)

Robby 13 ans (Championnats du monde 

aux Bahamas en 1976)

waterstart Alice vers « les 12 ans »,  Robby « idem, car j’étais 

 petit et les planches  étaient très lourdes.  

J’ai conservé mes premiers boards et mes premiers 

bones (de Wishbone) chez moi. À l’époque,  

c’était pour moi  le meilleur matos  de la planète ! »

Les premières

Fois d’aLice et robby

Le saviez-vous ?

Voir Alice et Robby en action sur www.alicefra111.fr et www.naishsails.com

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RoBBY NaisH PRoPuLse aLiCe aRuTKiN suR La RaMPe De LaNCeMeNT Du suCCÈs.

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En surface, Venise est un décor de toute beauté. Sous le niveau de l’eau, on découvre ces piliers de bois pourris qui soutiennent les bâtiments et menacent l’avenir de la cité. Avec son projet « Sauver Venise », le Dr Rachel Armstrong (à gauche) veut introduire des milliards de proto-cellules sous l’eau afin de créer un récif vivant qui se solidifierait, comme une croûte, autour des bâtiments (les petits points blancs à droite) .

Visionnaire, Rachel Armstrong s’attaque à l’avenir de notre

planète. Rien que ça. Première étape, l’utilisation de cellules

vivantes pour... sauver Venise !Texte : Anthony Rowlinson

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des structures auto-régénératrices dans le cas où elles seraient endommagées.

ces propriétés peuvent sembler primaires et sans intérêt. elles sont à la base de l’idée révolutionnaire du Dr Armstrong. Venise s’enfonce inexora-blement de 1 à 2 cm tous les dix ans dans les eaux de l’Adriatique. c’est un fait. la cité peut être sauvée par une solution totalement organique. sans user et abuser du mortier et des traditionnelles briques de l’architecture contemporaine. il s’agit tout simplement d’édifier un récif calcaire vivant sous les palais vénitiens.

mieux encore, la scientifique voit plus loin. elle est persuadée que la démonstration de son hypothèse sur un site tel que celui de Venise peut nous amener à imaginer des solutions nouvelles pour l’avenir environnemental de notre planète.

Avec Venise comme vitrine mondiale de son expérimentation, Rachel Armstrong pense que l’idée d’ingénierie organique est susceptible d’inspirer une conception radicalement différente dans d’autres domaines avec un impact positif sur la nature. l’anglaise estime que l’homme doit se focaliser sur son bien le plus précieux : la planète bleue.

en résumé, la biologie artificielle et la chimie minérale – soit la tendance « punk » de la recherche traditionnelle en laboratoire – pourraient sauver Venise sans acier ni béton comme c’est le habi-tuellement le cas.

il suffit d’utiliser ces proto-cellules, les cultiver et les entraîner à effectuer des tâches spécifiques comme la constitution de structures architecturales vivantes. un type de construction biologique ou organique. Vous ne rêvez pas, on parle bien ici de culture intensive de cellules.

les proto-cellules sont conçues à l’aide d’une membrane rigide. Assemblées par milliards, elles pourraient former une croûte organique autour des vieux piliers de bois pourrissants sur lesquels sont situés la plupart des palais vénitiens. et donc une structure assez solide pour em-pêcher la « sérénissime » de s’enfoncer dans les eaux de la lagune.

Accompagner la croissance de ce récif demande beaucoup de temps. la techno-logie du Dr Armstrong doit encore faire ses preuves. De longs mois de recherche sont nécessaires. une fois la technique mise au point, le processus devrait prendre des années pour se développer. Des essais seront nécessaires sur le terrain et seulement dans des zones où l’on ne court pas le risque de voir les canaux de Venise obstrués par une propagation incontrôlée de proto-cellules.

Rachel Armstrong n’a pas peur de grand chose. toute de noir vêtue et chaussée de bottes en caoutchouc, mèches blondes relevées en chignon, un trait de rouge éclatant sur les lèvres, elle est à l’opposé du stéréotype de la chercheuse de laboratoire en blouse blanche et un masque de protection. ne vous y trompez pas ! À 42 ans, Rachel Armstrong est une pure londonienne diplômée d’oxford et de cambridge (« J’ai fait l’une puis je me suis dit pour-quoi pas l’autre ? »), capable de penser si brillamment qu’il est difficile de ne pas se sentir idiot.

elle sait charmer son interlocuteur et expliquer sans relâche ses idées de façon simple en utilisant des concepts clairs, histoire de vous faire comprendre l’essen-tiel. il serait aussi démesuré de vouloir courir un 100 mètres aux côtés d’usain bolt que d’oser s’aligner sur les capacités intellectuelles du Dr Armstrong.

« nous devons apprendre à réfléchir, assène-t-elle. Que peuvent faire les ma-chines ? Quelles sont leurs limites ? À partir de là, nous devons penser de façon totalement différente. » Je me demande si j’ai en face de moi une scientifique ou une philosophe. ou les deux. Quoi qu’il en

aquarium, dentifrice, tube de colle et moule vivante, grattée sur le bord d’un canal, Venise, tout à la fois magnifique, triste et promise à être ensevelie sous les eaux d’ici quelques décennies,

pourrait être sauvée avec ces quelques ustensiles et organismes vivants. Aussi étonnant que cela puisse paraître.

pompeusement baptisée Naomi, cette moule est le fruit d’une réaction chimique volontairement provoquée et maîtrisée par le Dr Rachel Armstrong. elle a déposé quelques points de colle, du dentifrice et un peu d’huile sur la coquille lisse de naomi puis replacé le tout dans l’aqua-rium rempli par l’eau des canaux de Venise avant de remuer généreusement pendant quelques minutes.

une technique destinée à donner nais-sance à des proto-cellulles, organismes cellulaires capables de répondre à certains stimuli (ils ne possèdent pas d’ADn et ne sont pas considérés comme des « cellulles vivantes »). on crée par exemple des proto-cellulles attirées par la lumière, d’autres par l’obscurité. cer-taines sont capables d’absorber du gaz carbonique et de se solidifier, d’autres, regroupées en colonies, peuvent former

Les proto-cellules imaginées par le Dr Armstrong sont biologiquement créées par blocs, similaires à ceux montrés ici. Les cellules normales reconfigurées ont un rôle bien spécifique. Dans le cas de Venise, ces proto-cellules seraient posées autour des piliers de bois sous les bâtiments afin d’y créer artificiellement un récif qui agirait comme une croûte solide et stopperait à terme l’enfoncement des constructions dans l’eau.

la biologie artificielle et la chimie minérale pourraient

sauver venise sans utiliser l’acier ou le béton.

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Les canaux de Venise souf-friraient un jour de s’arrêter de respirer sous l’invasion de cellules organiques néfastes (haut et bas). Celles-ci pourraient soutenir les piliers sur lesquels les bâtiments sont construits (milieu).

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soit, cette femme a bien des qualités, dont celle, majeure, d’être visionnaire.

Agenouillée au bord d’un canal avec des éprouvettes en main et quelques cel-lules élémentaires à ses pieds, Armstrong poursuit : « nous faisions exactement la même chose dans les années 70. nous agissons peut-être un peu plus intelligem-ment aujourd’hui. nous produisons de fa-çon un peu plus propre mais rien de qua-litativement différent. nous avions déjà les énergies solaire et éolienne à cette époque. ne me dites pas que ce sont les idées les plus novatrices que l’on puisse avancer quarante ans plus tard ! »

le Dr Armstrong évoque une exposi-tion sur léonard de Vinci présentée à Venise, cite le philosophe français de la déconstruction Jacques Derrida, l’envi-ronnementaliste James lovelock, père de la théorie gaïa, ou le philosophe russe mikhail bakhtine, et aime faire référence au shintoïsme japonais ou au boud-dhisme. « les retombées futures de ce chantier vont sauver l’humanité. » en aparté, elle enfonce le clou : « léonard de Vinci ne se demandait pas comment un homme pouvait cuire un œuf. il voyait beaucoup plus loin et s’interrogeait sur la possibilité pour l’homme de voler. »

on pourrait dire la même chose de Rachel Armstrong. elle parle de la tech-nologie comme d’une « plaie » et enchaîne sur cette révélation un jour à new york. elle découvre à manhattan des dizaines et des dizaines d’étages de logements et de bureaux tous équipés individuellement de leur système d’air conditionné. « Je n’y ai vu qu’une épidémie de technologie », jure-t-elle fermement.

elle pointe du doigt – comme si elle les voyait – les émissions invisibles de gaz polluants rejetés directement dans l’atmosphère. « s’il s’agissait de déchets solides à cet endroit, on aurait alors vite trouvé un système de traitement. cela aurait été une nuisance à éradiquer impé-rativement. » et même si les Américains ont accumulé du retard à ce niveau là, gageons qu’ils auraient entamé les efforts nécessaires avec acuité.

un peu plus tard, alors que nous marchions au bord des canaux à la recherche d’un endroit pour une séance photos, je lui demande si elle dort norma-lement la nuit (en raison de son hyper activité mentale, ndlr). elle s’en offusque aussitôt jusqu’à ce que je la rassure en précisant qu’il n’y a rien de mal intention-né dans ma question. Je me demandais

« léonard de vinci ne se demandait pas comment

cuire un œuf. il voyait plus loin et s’interrogeait sur

l’éventualité de voler. »

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juste si elle faisait une pause de temps en temps dans ses réflexions. « Je n’ai pas besoin de beaucoup de sommeil. et de toute façon, je dors bien », avoue-t-elle timidement, sourire en coin.

son exigence intellectuelle lui a forgé l’intime conviction selon laquelle l’homme doit arrêter de voir en la machine toutes les solutions à ses malheurs. ce n’est pas une néo-luddite* qui s’exprime sur le XXie siècle. elle n’est pas contre l’emploi des techniques méca-niques. elle est même accro à la technolo-gie dans la vie de tous les jours et dans l’imaginaire cinématographique. son combat est mené contre l’hyper dépen-dance de « l’approche industrielle ».

« la robotisation excessive est une conséquence de la technologie qui elle même est une déclinaison de l’homme et de ses envies au fil des ans, poursuit-elle. l’ère industrielle nous a rendus paresseux et irresponsables. si nous imaginons un instant que les machines sont des chevaux et que leur crottin peut nous tuer, nous ferions aussitôt quelque chose pour arrêter cela. c’est exactement ce qui est en train de se passer ici. pourtant, nous continuons à raisonner selon un schéma renforcé tout au long de la seconde moitié

du XXe siècle et associant la vie à une machine. » cQfD.

les machines ont évolué jusqu’à pouvoir mimer certains comportements de l’homme. elles se reproduisent (des machines peuvent fabriquer d’autres ma-chines) et respirent en inhalant l’oxygène puis rejetant d’autres gaz. « mais elles ne peuvent pas s’adapter à l’évolution permanente de l’environnement ou gérer l’imprévu. un organisme vivant peut, au contraire, s’adapter aux changements environnementaux. Quand il a été détruit à 90 % par un changement radical dans l’environnement, les 10 % restants peuvent survivre et s’adapter à nouveau, s’enflamme Rachel Armstrong. il a toujours la capacité à nous surprendre et possède une robustesse et une flexibilité que les machines n’ont pas. »

l’humanité est aujourd’hui confrontée à un changement environnemental majeur et doit s’adapter ou mourir. « le changement, quand il survient, n’est pas progressif, explique-t-elle, il est soudain, douloureux. Regardez ce qui est arrivé l’année dernière au Japon. » Aux grands maux, les grands remèdes. la biologie artificielle et la chimie minérale peuvent sans aucun doute apporter des réponses intelligentes. Rachel Armstrong est encouragée en ce sens par les recherches menées dans d’autres domaines comme l’informatique alternative ou la physique quantique. les limites sont infinies.

observer le travail du Dr Armstrong avec un regard profane n’engendre pas un grand émerveillement. on distingue juste des amas de minuscules points blancs, pas plus gros qu’un grain de sel, soucieux de se multiplier à vitesse rapide. Rachel Armstrong est enchantée par les résultats de son expérience car ils démontrent, s’il le fallait, la faculté chimique d’une pos-sible osmose avec l’éco-système unique et délicat de la lagune vénitienne. soit une petite victoire pour la britannique.

la scientifique est persuadée que cela apporte une preuve supplémentaire qu’il existe une vraie alternative au projet mose – un système de défense anti- marée coûteux et très controversé – pour protéger Venise des dégâts causés par l’acqua alta (marées hautes).

mené par des ingénieurs de fiat, mose représente exactement le contraire du projet de proto-cellules. il est mécani-sé et le produit d’une réflexion indus-trielle. son véritable impact sur l’environ-nement n’est pas évalué. malgré tout, il a été désigné comme étant le meilleur projet pour protéger Venise. il est le fruit d’un travail collectif associant les plus brillants ingénieurs transalpins.

Dans une italie en proie à d’innom-brables difficultés économiques tout au long de l’année 2011, il semble que les politiques récemment propulsés au som-met de la pyramide prennent leur temps avant de donner un avis, favorable ou non, aux projets existants. il y a sans doute à leurs yeux des priorités bien plus importantes que le sauvetage d’une des plus belles villes au monde, berceau d’his-toire, de romantisme et de couleurs éclatantes.

c’est justement sur ce terrain que l’idée des piliers en proto-cellules reste la plus décriée. il faut surmonter une forte opposition régionale et nationale. « si vous me demandez s’il y aura de la résis-tance à mon idée, je vous dirais que oui, avance Armstrong. il y a tellement d’inté-rêts en jeu. ce n’est pas une raison pour baisser les bras et éviter de faire évoluer les mentalités. Je suis prête à me battre. nous devons simplement être plus radi-caux. les scientifiques doivent se remettre en question plus régulièrement. »

Armstrong reconnaît avoir besoin de soutien financier permanent pour conti-nuer ses recherches sur le long terme. elle s’en sort pour l’instant avec des crédits universitaires souvent trop limités. bien peu pour espérer voir son idée géniale se concrétiser. même sans cela, elle garde espoir dans l’ouverture d’esprit des géné-rations futures. « Je parle avec les adoles-cents et je suis sans cesse surprise par leur indépendance d’esprit et leur imagina-tion. J’espère les encourager à résoudre des problèmes que nous n’imaginons pas encore. ils surgiront à la fin de ce siècle et peut-être même au delà. »

le long des grands murs de l’arsenal de Venise, nous évoquons l’histoire de la cité. elle a su protéger la puissance de sa flotte militaire des attaques extérieures et de l’espionnage industriel. il n’y a aucune ambiguïté là-dessus. À sa création en 1104, l’arsenal, était le plus grand com-plexe industriel d’europe, bien avant que la révolution industrielle, portée par la vapeur, le charbon et l’acier, sortent le vieux continent de son calme ancestral.

en son temps, la République sérénis-sime avait révolutionné la construction navale, remplaçant le travail à la main par de véritables lignes de production. si rien n’est fait, ce témoignage précieux de l’histoire disparaîtra un jour inélucta-blement sous les eaux. ce serait amusant d’imaginer qu’il puisse être sauvé par un aquarium, quelques recettes de chimie et une moule surnommée Naomi.www.ted.com

À gauche : Armstrong et le superviseur du projet, Martin Hanczyc, utilisent l’eau de Venise pour vérifier si le système proto-cellulaire peut produire une substance aussi dure que la pierre. Le test doit prouver la solvabi-lité à grande échelle du projet.Ci-dessous, à gauche : des travaux ont constamment lieu dans les canaux pour maintenir la citée au dessus des eaux. La solution des pieux pour renforcer les fondations n’est efficace qu’à court terme. Il faut trouver autre chose pour durer dans le temps.

* Mouvement moderne d’opposition à tout ou partie du progrès technologique.

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74

A c t i o n

papierLe photographe Thomas Senf a suivi le Russe Valery Rozov, véritable star du base-jump, jusqu’en Antarctique. Voici le récit d’une aventure unique.Texte : Thomas Senf Photos : Thomas Senf et Predrag Vuckovic

glacé

La chaîne de montagnes Drygalski niche au cœur d’une langue de glace située dans le Queen Maud Land. Ces sommets transpercent cette mer blanche immaculée tels des crocs aiguisés. L’an dernier, le base-jumper russe Valery Rozov s’y rend avec une expédition d’une demi-douzaine d’hommes. L’idée est de s’élancer du plus haut sommet, le pic Ulvetanna, haut de 2 931 mètres. Le photographe suisse Thomas Senf fait partie de l’expédition et nous livre un récit en images d’une époustouflante beauté.

AMÉRIQUE DU SUD

AFRIQUE

ANTARCTIQUE

Page 75: The Red Bulletin_1202_FR

Valery Rozov au sommet du pic Holtanna (2 880 m d’altitude).

Thomas Senf : « Le plus excitant dans une telle aventure pour

un photographe est de réaliser le cliché qui reproduit à la

fois l’incroyable émotion de l’environnement et la dimension

sportive de l’exploit. »

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ntArctiqueEn norvégien, Ulvetanna signifie « croc de loup ». On ne pouvait pas mieux décrire cette montagne. J’avais déjà vu des photos d’Ulvetanna et je n’oublie-rai jamais l’impression dont j’ai été saisi la première fois que je suis arrivé sur place : des centaines de kilomètres de paysage gelé et, au milieu de tout ça, les Drygalski, bizarrement taillées avec d’impression-nant pics qui ressemblent à des canines géantes.

C’était un jour de grand soleil. Tout ce décor brillait et scintillait. L’expédition de Valery Rozov comptait huit membres et nous étions tous agglutinés contre les hublots pour admirer le paysage. Personne n’a dit mot. Valery devait s’élancer du sommet de cette montagne quelques jours plus tard.

On n’est maître de rien lors d’une expédition dans l’Antarctique. En quelques minutes, une journée ensoleillée peut virer à l’enfer avec du blizzard et une tempête de neige forte agrémentée de rafales de plus de 100 km/h.

Avant même de poser le pied sur le sol, on comprend que les décisions prises ici en une fraction de seconde peuvent avoir d’énormes conséquences. Le pilote de notre petit avion doit imprimer le paysage – son relief – et réagir dans la seconde. Il doit connaître le terrain sur le bout des doigts. Indispensable pour trouver le meilleur endroit et se poser. Ni trop loin ni trop près de la montagne afin de concilier deux paramètres primordiaux : s’épargner de longues heures de marche et trouver le meilleur spot pour l’installation du camp de base (éviter l’ombre, synonyme de froid extrême).

Notre petit avion s’est posé à bonne distance de la montagne. L’atterrissage a été plutôt compliqué et dur comme du béton. Résultat, le bi-moteur a été pas mal amoché. On doit réparer sur place. Dans l’instant. C’est ce même appareil qui doit nous rame-ner au cœur du monde occidental au terme des trois semaines d’expédition. Autant qu’il soit opérationnel.

jour Après jourIl n’y a pas vraiment de nuit en Antarctique à cette période de l’année. Vous établissez vous même votre emploi du temps quotidien. Idéalement, il convient de se coucher et de se lever à la même heure pour ne pas casser le rythme. La principale différence entre la période de jour et celle de nuit est la température. Dans la période diurne, un grand soleil vous assure un très agréable -10° mais, la nuit, la température peut dégringoler à -30°.

76

A c t i o n

aThomas Senf a grandi à Leipzig (Allemagne) avant de s’installer en Suisse en 2002, à l’âge de 21 ans, par amour de la montagne. Senf possède à la fois des compétences aiguës en alpinisme et en photographie. Très expérimenté, il a réussi plusieurs « premières » en montagne, notamment dans l’Himalaya, sur le versant indien, avec des spécialistes comme Stephan Siegrist et Ines Papert.

Page 77: The Red Bulletin_1202_FR

Chaque début d’ascension démarre toujours par

ces questions cruciales : « Que dois-je prendre sur

mon dos et que dois-je laisser au camp de base ? »

Question poids, mieux vaut ne pas se louper. Les alpinistes doivent uniquement emporter

l’équipement indispensable pour progresser sur la roche et la glace. Pas de superflu.

En comptant le matériel photographique, le sac de

Thomas Senf pesait environ 15 kg.

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A c t i o nA c t i o n

Notre camp de base était relativement confortable. Il y avait une grande tente pour les repas pris ensemble – avec assez de place pour que chacun puisse cuisiner et déjeuner et à côté – des petites tentes pour dormir. Nous avons aussi construit des murs de neige pour se protéger du vent. Mais ils ne nous auraient été d’aucune aide si nous avions subi de grosses tempêtes. En Antarctique, vous devez être prêt à passer toute la nuit à vous accrocher à ce que vous pouvez dans votre tente si vous ne voulez pas vous envoler avec elle. Parfois, même des vents légers peuvent causer de gros soucis. La sensation de froid dope la température dans le mauvais sens : de -10° avérés au thermomètre à -20°, voire -30° ressentis sur votre peau. Ce n’est pas seulement désagréable. C’est réellement dangereux. À de telles températures, vous pouvez abandonner l’idée de grimper car vos doigts, gelés, perdent toutes leurs sensations.

Le soleil vous fait vraiment du bien pendant la période diurne, particulièrement pour un photographe. Ce n’est pas qu’une question de lumière. Il est plus facile de travailler sans gants, les sensations sont évidemment meilleures. Mais, attention, ne sous-estimez pas la puissance du soleil. On devait s’étaler chaque jour une épaisse couche de crème protectrice sur le visage. Dans le cas contraire, nous aurions été sérieusement brûlés.

Thomas Senf : « Cette photo de moi, penché au dessus du vide, a été prise par le Serbe Pedrag Vutkovic, autre photographe de l’expédition. Quand Valery a sauté du haut d’Ulvetanna, Pedrag assurait le départ. Cela me laissait la possibilité de trouver le meilleur point de vue pour la série de photos. »

VAleryJe connaissais déjà Valery Rozov. Nous avions effec-tué ensemble quelques expéditions dans les Alpes et l’ascension du Mont Elbrouz, dans le Caucase. Je l’ai accompagné vers le plus haut sommet d’Europe quand il est devenu le premier homme à s’y élancer.

J’aime voyager avec lui. Il est précis, professionnel et très humble. Quelqu’un qui ne le connaît pas ne peut imaginer tout ce qu’il a déjà accompli dans sa vie. Il a une expérience incroyable. Valery n’est pas le genre de type triste. Au camp de base, il n’est pas le dernier à mettre de l’ambiance avec un bon coup de vodka. Il est important pour lui que chacun se sente bien. Il endosse à la fois le costume de leader et d’équipier. C’est un sentiment fort et cela a rapidement soudé notre groupe de huit personnes. Et puis, si un saut s’avère trop risqué, il ne s’y aventurera pas. Il renifle le danger et sait dire non.

ulVetAnnALe grand jour de l’ascension vers le sommet d’Ulvetanna a vraiment démarré quand nous avons quitté notre camp de base avancé – le second camp – à 6 heures du matin. Nous avions installé des cordes sur le parcours les jours précédents si bien que nous étions plus mobiles avec le matériel photo-vidéo et l’ascension a pu se faire plus rapidement. Nous avons effectué le parcours en quatre heures et atteint

Page 79: The Red Bulletin_1202_FR

were at the track as it spent centre of the

sporting universe. Movie stars, corporate

ceos, kings, princes –

Senf : « Le soleil vous fait vraiment du bien

pendant la période diurne, particulièrement pour

un photographe. Ce n’est pas qu’une question de

lumière. Il est plus facile de travailler sans gants,

les sensations sont évidemment meilleures. »

rozoV est un mythe ViVAnt pour lA plupArt des bAse-jumpers.

d’un bAttement d’Aile, le russe prend son enVol, plonge dAns le Vide, seul Au milieu de nulle pArt.

Page 80: The Red Bulletin_1202_FR

A c t i o nlA réussite de cette expédition se joue dAns les premières secondes du sAut.

Posé sur le casque, le caméscope miniature de Valery Rozov a délivré de sublimes images, disponibles sur plusieurs plate-formes internet.

Page 81: The Red Bulletin_1202_FR

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le sommet à 17 heures. Il nous restait encore 12 longueurs de cordes après ça.

Quand vous y êtes, vous ressentez un grand soulagement. Que du bonheur. Ces émotions pourraient être fatales dans une expédition comme la nôtre. Le photographe ne doit pas se reposer sur ses lauriers. Il doit rester très attentif. Toute la réussite de ce genre d’expédition se joue dans les deux ou trois premières secondes du saut. Vous devez avoir choisi l’angle idoine. Le matériel doit fonction-ner à la perfection par ce froid extrême et vous devez décider du bon moment pour « shooter ». Si quelque chose se passe mal durant ces quelques secondes, vos photos ont de grandes chances d’être loupées.

Au même moment, Valery porte juste une fine combinaison de vol. Il est frigorifié par ce froid polaire. Il a envie de s’élancer rapidement afin de raccourcir ce laps de temps et cette sensation de se transformer en glaçon. Je ne possédais pas plus de deux ou trois minutes pour tout préparer et prendre les photos. Si le sauteur est déjà frigorifié quand il s’élance, il perdra encore plus de chaleur durant les 45 secondes de la descente, perdra des sensations dans ses mains et aura du mal à contrôler son jump. Autant de paramètres qui peuvent rendre cette affaire particulièrement périlleuse. Dans ces cas là, on n’a qu’une envie : une bonne couette et un chauffage efficace disponibles en bas de la descente.

sur le retourSi vous accompagnez un base-jumper en haute montagne, vous n’allez évidemment pas redescendre avec lui. C’est le « triste » sort réservé au « base- photographe ». Après l’envol de Valery, nous avons rejoint le camp de base vers minuit. Il y a longtemps qu’il avait terminé de dîner. Parfois, à la télé, on voit des alpinistes célébrer leur retour après avoir réussi une ascension. Nous étions épuisés et affamés.

Nous n’avons réalisé que quelques jours plus tard la portée de cet exploit. La façon dont nous avons exprimé notre joie avait quelque chose d’assez inhabi-tuel. Comme nous avons eu pas mal de chance avec la météo – ce qui nous a permis de réussir rapidement l’expédition – il nous restait encore quelques jours à passer ensemble au camp pour faire du tourisme.

Nous en avons profité pour grimper deux « petits » sommets : Tungespissen (2 277 m) et Holtanna (2 650 m). Question alpinisme, il n’y avait pas de grosses difficultés. En revanche, le paysage valait le détour. Il était à couper le souffle. Valery a sauté dans le vide du haut de ces sommets. C’est qu’il n’est jamais rassasié le bougre, ersatz de Robocop amoureux des glaces éternelles.

Plein les yeux. Telle pourrait être la devise de cette expédition. Le retour soudain à la civilisation et le matérialisme exacerbé risque d’être un sacré choc.

Rozov aime descendre très rapidement d’une montagne... Il n’y a pas plus rapide ! Senf : « Deux ou trois personnes l’attendaient en bas dans l’aire d’atterrissage. Elles ont aussi filmé la descente. Pendant ce temps-là, nous sommes revenus au camp de base. Quand on est arrivé, Valery avait fini de dîner... »

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Dans une discipline où il ne faut pas manquer de courage, Radka Máchová assure comme une vraie professionnelle (page 90).

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s d’espritde corpsplus

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Sommaire

84 VOYAGESSauvage Alaska

86 CUISINE Les secrets d’un

chef ou une recette souvent épicée

88 PRENEZ LE PLI Franky Zorn

déploie son matos

90 ENTRAÎNEMENT En vol avec Máchová

92 SORTIRAu Caire, ça bouge

92 MUSIQUELoch le monde

93 MUSIQUEDans l’Air du temps

94 AGENDA Tour du monde

des meilleurs plans Red Bull

96 FOCUS À ne pas louper

98 L’ŒIL DE CODB

Page 84: The Red Bulletin_1202_FR

Nichés à une cinquantaine de kilomètres au Nord de Haines, un burger, quelques maisonnettes en bois, une pompe à essence improvisée et un héliport vous accueillent au milieu de nulle part. C’est aussi dans ce coin paumé que se trouve « Alaska Heliskiing », la société d’héliski de Sean Dog.

D’une franche poignée de main, Sean, au look de parfait bûcheron, accueille tous ses clients. Ne vous fiez pas aux apparences, Sean est un très bon skieur. Te

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Blanc comme neigeHeliski Haines, alaska Poudreuse immaculée, descentes abruptes et accès en hélico. invitation au paradis des accrocs de neige vierge.

il sait exactement ce que cherchent ses ouailles. Dans les environs, les descentes accessibles en hélico peuvent atteindre 53° de dénivelé mais ne constituent pas un domaine réservé aux seuls skieurs ou snowboardeurs de l’extrême. en Alaska, chacun peut trouver son paradis de poudreuse. Surtout en snow car la planche convient mieux dans ce style de terrain. Par ailleurs, d’autres comme richard Permin (voir The Red Bulletin du mois de janvier 2012, ndlr) ont élu domicile dans ces contrées majestueuses en multipliant les voyages initiatiques.

l’ambiance entre amoureux de la glisse est totalement dépendante du climat. Dans un endroit où les distractions sont quasi-inexistantes, elle varie entre euphorie lorsque le soleil est éclatant et l’enneigement récent, et déprime, en cas de vent glacial et de chutes de neige discontinues. les downdays, autrement dit « jours sans » obligent les hélicos à rester cloués au sol. et ils sont nombreux ici.

Seules trois routes permettent de quitter la ville. Deux d’entres elles

s’arrêtent au bout de 30 minutes à l’orée de réserves naturelles. la troisième part en direction de la frontière canadienne en passant devant le « 33 Mile House » et l’héliport de Sean Dog.

on a vite fait le tour du propriétaire. entre une visite dans le zoo de Steve kroschel pour vérifier de près la légen-daire férocité d’un glouton, considéré ici comme l’animal le plus dangereux, et une escapade en bateau, histoire d’observer lions de mer et baleines. Par mauvais temps, ces activités de plein air ne sont pas forcément une promenade de santé.

le Pioneer Bar, unique pub du coin, sert de dernier salon où l’on cause. Tout Haines y a ses habitudes. on peut aussi y croiser les pros du freeski et du snow-board que sont Tanner Hall ou Travis rice, venus tourner des films pour les meilleurs boîtes de prod (on l’a vu avec The Art of Flight, ndlr).

en revanche, le retour du beau temps transforme l’héliport en véritable rampe de lancement pour touristes. le ballet des hélicos est permanent. on a vite fait de se retrouver soi-même assis sous le rotor

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let’s go

Le bon pLan du mois

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S’y rendreSeattle-Juneau avec Alaska Airlines. Rejoindre Haines en voiture (passage en ferry à pré-voir) ou prendre un petit avion.

DormirDes chambres en Motel ou maisons individuelles, les prix oscillent entre 140 et 1 200 $ par personne et par semaine.

MangerMosey’s Cantina : restaurant mexicain, portions généreuses et prix raisonnables.Bamboo Room : les meilleurs Fish’n’Chips du coin. Deli : situé dans le Mountain Market, on y boit un excellent café européen.

HeliskiPour réserver, un simple mail suffit à condition de l’envoyer trois mois avant votre départ

Infos

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avec pilote, guide et quatre mordus de poudreuse, la bave aux lèvres.

le transfert vers de vertigineux som-mets se fait en un rien de temps. À perte de vue, ce ne sont que glaciers, formes extravagantes de neige, de glace et gigan-tesques congères. l’hélico se pose, chacun s’extirpe tant bien que mal et agrippe son matos. Nous ne reverrons Al, pilote expé-rimenté et ancien vétéran du Vietnam, qu’après la descente. Pour l’heure, nous restons seuls, au beau milieu de la montagne quelque part en Alaska.

les descentes ? De l’adrénaline pure. les guides les appellent « rollover ». Avant de les affronter, il délivre ses dernières consignes. Très précises. « Ne quittez jamais la ligne de crête. Si les glissements de neige provoqués par le passage des skis déclenchent une petite avalanche, passez rapidement sur le côté opposé. Ne vous arrêtez jamais et descendez de manière fluide et rapide. À l’arrivée, sur la droite, se trouve la falaise de 120 mètres de haut, celle que vous avez tous vu de l’hélico. Évitez de vous en approcher ! » www.alaskaheliskiing.com ou www.haines.ak.us

Bateaux de pêche dans le port de Haines. Au fond, les montagnes du Coast Range. Lions de mer dans le Fjord de Taiva.

Après une descente de 1 200 mètres, une photo de groupe s’impose. Le légendaire Pioneer Bar de Haines, lieu de rendez-vous des freeriders.

Haines

CAnADA

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([email protected]). Indiquez le nombre de personnes et la date d’arrivée. Un acompte est nécessaire.

MétéoLa meilleure période s’étale de mars à mi-avril. Prévoir un séjour d’un mois pour 7 journées dans la montagne.

PrixCompter entre 750 et 1 250 $ la journée complète d’Héliski incluant six à dix vols.

PrévoirUn bip, une pelle et une sonde sont indispensables en cas de problème majeur entre deux crevasses. Des skis pour pou-dreuse sont vivement recom-mandés. Les snowboarders doivent choisir des planches plus longues. Un airbag pour avalanches n’est pas de trop.

Avec qui ?Aucun niveau de ski ou de snowboard n’est exigé pour venir en Alaska. Les descentes se font toujours à plusieurs. Il est important que les skieurs d’un même groupe soient d’un niveau homogène.

Page 86: The Red Bulletin_1202_FR

Som toutesom tam Voici une salade Thaï à base de papayes. Palais sensibles s’abstenir à moins de réduire la dose de piments rouges.

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Vous dites épicé ? Tout est une question d’habitude culinaire. En Thaïlande, il n’est pas rare de voir plusieurs piments parsemés dans une jolie assiette de condiments venus de l’intérieur du pays.Un plat orné de quatre piments rouges aiguiserait certainement l’appétit d’un client d’Asie du Sud-Est, mais pour un estomac européen cela peut vite devenir une mauvaise mise en bouche... Le sympathique piment rouge thaïlandais utilisé dans la salade de papayes « Som tam » se nomme « Prik Sod Dang ». Souvent orné de ses 6 piments (!), le Som Tam est, avec les soupes Tom Yum Goong et Pad Thai, chacune à base de nouilles, un des plats nationaux à Bangkok. Le piment a pour fonction principale de relever le goût fade des papayes vertes, ingrédient de base de ce plat. Elles sont utilisées avant leur maturité et donnent au plat texture et fraîcheur. La particularité de cette salade vient de la poudre à canon rouge qu’elle contient.

Pour 4 personnes2 papayes légèrement vertes de 250g chacune 4 à 8 piments rouges Thai Prik Sod Dang2 gousses d’ail

4 cuillères à café de sucre roux 4 c. à c. de jus de citron vert4 c. à c. de nuoc-mâm 16 tomates cerises20 g de cacahuètesCoriandre en garniture

Bien rincer les ingrédients avant de commencer. Découper les papayes en tranches fines. Piler soigneusement les piments dans un mortier avec les gousses d’ail. Ajouter le sucre roux, le jus de citron vert, le nuoc-mâm et les tranches de papaye. Mélanger jusqu’à ce que les papayes deviennent molles. Couper les tomates cerises en deux et les ajouter dans le mortier avec les cacahuètes. Écraser le tout jusqu’à ce que les tomates soient complètement broyées. Garnir de coriandre frais et servir.

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CUISINE GLOBALE

Laissez Le monde décorer votre

assiette

p l u s d e c o r p s e T d ’ e s p r i T

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Aux faux airs de papy du rock, Franky Zorn déballe l’ensemble

de son matos dans son atelier de Saalfelden, non loin de Salzbourg.

PRENEZ LE PLI

L’INDISPENSABLE POUR LES PROS

P L U S D E C O R P S E T D ’ E S P R I T

Vas-y Franky !FRANKY ZORN. Originaire d’une petite bourgade proche de Salzbourg, ce quadra damne le pion aux russes en Ice Speedway. L’Autrichien sait tout faire.

1 Protège mains AcerbisIndispensable pour faire face aux éclats de glace. Les gants classiques sont insuffisants.

2 Bottes Alpinestars SVXLes plus confortables que je connaisse. Pour le pied gauche, celui à l’intérieur du virage, Carbotech m’a conçu une protection légère et rigide.

3 Groupe électrogène Honda EU 20iContrairement à la plupart des groupes électrogènes, celui de Honda est très silencieux. Un vrai bonheur.

4 Moto – Mon œuvre d’art Je construis moi-même mes bécanes et les baptise tout simplement F1 et F2, F pour Franky. Je soude le châssis en acier, transforme la fourche avant – celle que j’ai actuelle-ment provient d’une routière, la KTM RC-8 – et reconstitue le puzzle. Il n’y a que pour le réglage du moteur que je suis assisté d’un pro du tuning qui, en temps normal, a les mains dans le moteur de la F1 de Vettel. Le moteur Jawa monocy-lindre développe environ 60 PS en traction arrière. La moto utilisée en course pèse 116 kg et coûte 20 000 Euros.

5 Ski de fond CRS Skating Vasa par FischerJe fais du ski de fond sur une piste à deux pas de chez moi et, l’été, je me torture avec la course en montagne.

6 Combinaison Waco Nylon Elle n’est pas en cuir comme on pourrait le penser mais en nylon léger. Ça sèche rapide-ment. Les parties recouvrant les épaules, les bras et la cuisse gauche sont renforcées avec des plaques en aluminium. Elles sont les plus exposées aux contacts des clous.

7 Casque Shoei VF-XJe suis passé du casque intégral au casque ouvert d’Enduro et je ne regrette pas, bien au contraire. Je me suis bricolé une protection contre les éclats de glace et le froid au nez.

8 Lunettes Gloryfy GP2Elles sont incassables et anti-buée grâce à leurs doubles verres. La visière tear off préserve parfaitement le champ de vision pendant la course.

9 Gilet de protection AcerbisSe porte sous la combinaison pour protéger le buste et la colonne vertébrale.

10 Genouillères et protège- tibiasFabriqués par mes soins. Nécessaires uniquement pour le côté gauche, à l’intérieur du virage car nous courons exclusi-vement dans le sens contraire des aiguilles d’une montre.

11 Soudage au Migatronic Pilot 1500 HPLe soudage électrique est dépassé. J’utilise un mélange d’argon et d’azote. Mes motos et l’ensemble de l’aménage-ment de mon atelier ont été réalisés avec cette machine à souder. Comment ai-je appris ? Je suis autodidacte mais quand j’étais conducteur de grue dans une autre vie j’ai acquis les ficelles du soudage dans une serrurerie voisine.

12 OuchankaJ’ai acheté celui-ci à Saransk, ville principale de la Mordovie, au cœur de la Russie. Ceux qui y sont allés en hiver savent pour-quoi les Russes les portent…

13 Pneus cloutésTrois jours me sont nécessaires pour fixer et visser les 290 clous sur les pneus (120 à l’avant et 170 à l’arrière). Un pneu équipé pèse 4,6 kilos. Après un week-end de course, la gomme est complètement usée et les vis doivent être remontées sur un autre pneu. L’idéal, ce sont des pneus glace Speedway gardés deux ans au sec et dans l’obscurité dans mon garage.

14 Jerricane de méthanolLes bécanes marchent au méthanol, de l’alcool pur. Le réservoir peut contenir au maximum un litre et demi.

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www.frankyzorn.at

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« Mon sport demande moins de force physique que d’expérience, glisse Radka Máchová. La précision et une prise de décision rapide et juste sont nécessaires. » Aujourd’hui âgée de 63 ans, la Tchèque obtient son brevet de pilotage en 1971 alors qu’elle est étudiante à l’Université de Žilina. Quatre décennies plus tard, son expérience la propulse à la tête de l’escadrille des Flying Bulls. Cette mère de deux garçons n’est pas pour autant immunisée contre les énormes pressions physiques pouvant aller de +5 à -5 forces G dans son monomoteur Zlin 50LX. Les manœuvres tête en bas provoquent une pression forte sur les cervicales. « La natation et la plongée en apnée améliorent le sens de l’orientation dans l’espace aérien », dit Máchová. L’hiver, ski alpin et ski de fond permettent à la Pragoise de garder la forme.

Haut volRADKA MÁCHOVÁ. Depuis 2002, la pilote de voltige aérienne d’origine tchèque est à la tête des Flying Bulls.

Lundi Repos. Grasse matinée jusqu’à 10 heures puis détente : dormir, manger et remettre en état ma combinaison de pilotage pour le show à venir.

Mardi Réveil à 8 h 30 et petit-déjeuner copieux suivi de 20 minutes de vélo. Puis j’effectue des tâches administratives basiques. L’après-midi, je fais 50 à 80 km à vélo ou en rollers (environ 2 heures).

Mercredi Réveil à 8 h 30. 15 à 20 minutes de vélo suivi d’une heure de musculation (principalement le dos et les bras). Puis je me mets à l’ordinateur pour préparer le prochain meeting aérien : étude des prévisions météorologiques, itinéraires de vol, contrôle des documents de vol, ravitaillement en carburant, vérification des réglementations en vigueur du lieu de meeting. L’après-midi, une à deux heures de vélo dans Prague ou une heure de natation le soir. Je peux vous assurer qu’après ça, je passe une bonne nuit. Jeudi Réveil à 8 h 30. Après une courte séance de vélo je me remets à l’ordinateur pour établir les itinéraires de vol optimaux, confirmer les vols, déterminer un aéroport et des itinéraires de vol alternatifs et récupérer les cartes de vol. Je prépare ensuite mes bagages en y incluant documents, appareil photo et ordinateur portable. L’après-midi départ pour l’aéroport de Jaromer (80 km à l’est de Prague), notre base. Dans la soirée, entraînement avec la

formation au complet (pilotes remplaçants inclus) pour répéter les nouveaux éléments du show. L’entraînement est enregistré puis analysé. Enfin, je veille à l’entretien des avions, mais je vous rassure, ce sont les mécanos qui mettent les mains dans le cambouis.

Vendredi Réveil à 7 h. Si le temps du vol jusqu’à l’aéroport le permet, un autre entraînement de la formation est prévu, suivi de la préparation des avions pour le départ, avec ravitaillement en carburant et pièces de rechange nécessaires. À l’aéroport de destination, les avions sont révisés et mis dans un hangar.

Samedi Réveil à 7 h. Transfert de l’hôtel à l’aéroport. Contrôle des niveaux, carburant et huile pour le système de fumée. Ensuite, réunion avec l’organisateur pour recevoir les informations concernant l’espace aérien, la hauteur de vol minimale, les protocoles de communication, les dernières données météoro-logiques et la fenêtre de temps exact du show. Dernière nuit de repos pour nos montures.

Dimanche La matinée est similaire à celle du samedi. L’après-midi est consacrée au meeting. Puis, c’est déjà l’heure des préparatifs de retour à la base. Dès l’atter-rissage à l’aéroport de Jaromer les avions sont nettoyés et mis au hangar. Un débriefing et une première réunion préparatoire au meeting suivant concluent la semaine. www.flyingbulls.com

Vivement dimanche prochainLa semaine type de Radka Máchová entre deux meeting aériens.

À 63 ans, Radka Máchová affiche une belle maîtrise de son appareil.

Exercice de précisionRadka Máchová se fie à son expérience, à ses collègues et à l’énergie d’une boisson pas tout à fait inconnue…

« Derrière une performance aux allures de jeu d’enfant se cache beaucoup de travail , précise la photographe amateur. La voltige aérienne exige non seule-ment une grande expérience de pilotage mais aussi une confiance absolue dans ses partenaires car, en formation, la moindre erreur est fatale. Mais pour Radka, les vols de transfert par mauvais temps représentent une source de stress bien plus grande que les voltiges aériennes. Contre le mal de cœur, l’experte nous livre l’astuce suivante : deux heures avant le vol, consommer uniquement des aliments en petites quantités comme du fromage, du yaourt ou du jus de tomate. Pour les vols long-courriers, il faut surtout bien s’hydrater. Ma potion secrète : trois unités d’eau pour une de Red Bull. »

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AU BOULOT

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RED BULL DONNE DES AIIILES.

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Lotus d’ÉgypteTAMARAI, LE CAIRE. Faire la fête sur les toits de la ville et danser en admirant le Nil. Voici le club le plus exclusif d’Égypte qui associe charme oriental, design élégant et les meilleurs sons.

Tamarai Restaurant & BarNile City Towers, 3e étage, BeaulacLe Caire, ÉgypteTel : +2 0122 456 6666www.tamarai-egypt.com

Si le club était un film...... la scène de danse de Fergie dans le film Nine.Le lieu s’active réellement...... vers minuit quand environ un millier de personnes dansent en même temps.Le meilleur cocktail est...... le « All Nighter » : mélange de Cointreau, Galliano, Red Bull et liqueur de fraise.Le morceau qui cartonne...... I’m Sexy and I Know It, l’hymne house de LMFAO.Le meilleur plat des environs servi aux noctambules...... à la Pizzaria Maison Thomas dans le quartier de Zamalek, très connu pour son club de football.Un taxi retour direction le centre coûte...... pas grand-chose, soit 20 Livres égyptiennes (environ 2 euros).Réponses signées Radwa Awad, Marketing Manager.

Le nom du club signifie…… fleur de lotus égyptienne, en langue Tamil.Quand vous avez ouvert en 2009, vous vouliez…... avoir au cœur du Caire la première boîte avec une ambiance internationale. Un design innovant allié à une cuisine de qualité tout en respectant la culture égyptienne.Le Tamarai est...... un toit en terrasse posé sur l’une des tours les plus connues de la ville avec vue sur le centre et le Nil. Des papyrus et des oliviers parsèment l’intérieur du lounge bar. Vos habitués sont...... les plus importants acteurs et faiseurs de mode de la ville.

Si l’on s’en tient uni-quement au discours de Ritchie Young, leader des huit membres de la bande (« 34 personnes nous ont rejoint, puis quitté depuis quelques années »), Loch Lomond ne serait qu’un « obscur groupe Indie ». Un de plus parmi ceux que compte la très vivante Portland dans l’Oregon. Depuis que le trialbiker Danny MacAskill a diffusé la chanson Wax and Wire dans sa vidéo Way Back Home, Loch Lomond a gagné un nouveau statut. Et quel statut ! 16 millions de personnes ont écouté ce son si particulier sur YouTube. Soudain, des fans ont poussé comme des champignons et les concerts ont affiché complet aux quatre coins de la planète.

: À quel point la vidéo de Danny MacAskill vous a-t-elle été bénéfique ? : On a fait nos gam-

mes à Portland. Maintenant, tout le monde nous

connaît. On a vendu plus de 150 000 disques de cette chanson. Ç’aurait pu nous prendre des années pour atteindre ce chiffre. Donc, oui, c’est la meilleure chose qui nous soit arrivé !Et les concerts ?Jouer aux US est sympa mais rébarbatif. Voyager en Europe est une récompense. On préfère être à Gand plutôt qu’à Phoenix !

« Merci Danny ! »LOCH LOMOND. Voici un groupe qui doit sa notoriété à un coup de chance phénoménal.

Wax and Wire : la chanson de la vidéo MacAskill.

Dernier album : Little Me Will Start A Storm. Loch Lomond est en tournée : dates surwww.lochlomondmusic.com

Ritchie Young (à gauche) et ses acolytes de Loch Lomond

La jeunesse branchée du Caire se retrouve au Tamarai.

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TOP CLUBS

AU CŒUR DE LA BOULE À FACETTES

DANS LES

BACS NOUVEAUTÉ

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Johnny Guitar (1954)Je devais avoir cinq ans quand j’ai vu ce western pour la première fois. Le thème de la mélodie m’a tellement accroché que j’ai demandé à mon père de me l’apprendre à la guitare. Avec le recul, je pense que ce moment a été mon premier souvenir musi-cal même si à l’époque j’avais déjà une batterie. Mon frère était à bout tellement je la massacrais tous les jours. Du coup, tout le monde était ravi de mon intérêt nouveau pour la guitare.

New York 1997 (1981)J’ai dû mentir sur mon âge pour aller le voir au cinéma. Un mensonge que je n’ai jamais regretté. La bande originale du film a déclenché en moi une passion pour les vieux synthétiseurs et si, aujourd’hui, les synthés analogiques Korgs, Moogs et autres s’entassent dans mon studio d’enregistrement, c’est aussi en raison de ce chef d’oeuvre signé John Carpenter. Pour la BO de Virgin Suicides nous avons beaucoup emprunté à Carpenter. Musicalement, ce film représente à mes yeux le summum des années 80. Le top du top à cette époque.

Bullit (1968)J’adore ce film et plus parti-culièrement le crissement des pneus dans la course poursuite. J’ai essayé de reproduire ce son dans le morceau Cosmic Trip dans la BO pour Le voyage dans la lune. Sans oublier la bande son jazzy de Lalo Shifrin avec un groove hallucinant. Le thème se construit lentement et monte pour atteindre son point de rup-ture. Un véritable orgasme.

Safe (1995)J’aime beaucoup ce film des années 90. C’est l’histoire d’une femme, interprétée par Julianne Moore, atteinte d’une phobie des microbes. Cette maladie pousse l’héroïne à s’isoler de plus en plus jusqu’à se retirer dans le désert. La bande originale crée une forte atmosphère de menace, rendue par un mur de son épais et abstrait produit par le synthé. Cette musique n’est pas sans rappeler celle des films de Michael Mann. On retrouve aussi ce son dans certains passages de nos morceaux.

La Planète des Singes (1968)Charlton Heston, Dr Zaius et bien sûr la statue de la liberté à la fin... Quand, enfant, j’ai vu le film, j’étais en état de choc. La bande son y était aussi pour quelque chose. Son compositeur Jerry Goldsmith a utilisé un « Waterphone », instrument composé d’un disque en métal avec un tube à résonance et de petites baguettes sur les bords.

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Le charme des vieux films de science-fiction, l’élégance du design scandinave et la mélancolie d’un dimanche après-midi pluvieux, tel est l’atmosphère musical du groupe Air. Le premier album du duo français Moon Safari (1998) avait déjà ce son électronique empreint de douceur cosmique évoquant la bande originale d’un film des sixties qui n’a jamais vu le jour. Rien d’étonnant à cela, Nicolas Godin et Jean-Benoît Dunckel ont pour affinité principale le goût prononcé pour les bandes sons. Leur chemin croise ensuite celui de Sofia Coppola pour les BO de Virgin Suicides (2000) et Lost in Translation (2003). Par la suite, Air a été sollicité pour la BO du film muet Le voyage dans la lune, un classique du genre réalisé par Georges Méliès en 1902. « Nous adorons ce film, confie Godin. Il a quelque chose de magique. Quand on s’est lancé dans la composition, la musique s’est imposée d’elle-même, comme une évidence. Très organique et psychédélique. Tout s’accordait parfaitement pour recréer l’atmosphère de renouveau qui devait régner dans le Paris Fin de Siècle et plus tard dans le Londres des sixties. » Godin nous révèle ici les bandes originales qui l’ont influencé dès sa tendre enfance.

Ils ne manquent pas d’Air

Le voyage dans la lune,Air (EMI) :http://fr.aircheology.com/

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AIR. Le duo français qui compose le groupe Air est au sommet depuis plus de dix ans. Sofi a Coppola avait fl airé leur talent pour les musiques de fi lm. Explication.

EXPRESSLE SON ÉCOUTÉ

PAR LES MUSICIENS

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DU CARNAVAL DE RIO À LA FASHION WEEK DE... CHARLESTON, VOICI DIX BONNES RAISONS DE SORTIR !

AgendaFév-Mars 2012

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AgendaAgenda

18-19/02, HONG KONG

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4 Dans une ville plus connue pour ses gratte-ciels, un énorme trail de 100 kilomètres vous

propulse au cœur de la nature environnante. Quittez les buildings par le port, non sans un regard pour ces îles qui font le charme du lieu – ah, la forêt qui mange la péninsule de Sai Kung – pour partir à l’assaut du Tai Mo Shan, le point culminant de l’enclave. Le dénivelé total n’est que de 4,5 kilomètres. Une broutille que va se faire un plaisir d’engloutir le Sud-africain Ryan Sandes, tenant du titre de ce trail à couper le souffle.

26/02, PHILLIP ISLAND, AUSTRALIE

FIM Championnat du monde de Superbike

5 Depuis 25 ans, la saison des deux roues sur circuit débute en fanfare avec le Championnat

du monde de Superbike. Nous déclarons ouverte la chasse au tenant du titre, Carlos Checa, premier Champion du monde espagnol de l’histoire du Superbike ! Phillip Island et son tracé de 4,35 km s’étale à 120 kilomètres au sud-est de Melbourne.Gregor Schlierenzauer à l’assaut d’un 2e sacre.

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Sports24-26/02, VIKERSUND, NORVÈGE

FIS Mondiaux de saut à ski

3 Le tremplin de Vikersundbakken est le plus grand du monde, le plus redouté et le plus

prestigieux. Un cadre idéal pour ces Championnats du monde 2012. Sa piste de 225 mètres accueille ses quatrièmes mondiaux en cinquante ans. Plus de 25 000 spectateurs massés autour de la zone d’atterrissage assisteront à la lutte entre le Suisse Simon Amman, double Champion olympique et tenant du titre, le favori autrichien Gregor Schlierenzauer et le phénomène norvégien Johan Remen Evensen, qui a marqué 2011 avec son record du monde à 246,5 mètres.

Musique21-26/02, SAN FRANCISCO, CALIFORNIE

Noise Pop 20121 Wye Oak, Die Antwoord et Built to Spill

animeront le 20e anniversaire du festival de San Francisco consacré à la musique, au cinéma et à l’art indépendant. Parmi les films à l’affiche, Hit so hard, la biographie de Patty Schemel, la batteuse du groupe légendaire Hole. Aussi, une expo photo sur l’histoire de la Noise Pop : les meilleurs clichés de Peter Ellenby, Jeanne Ellenby, Joe Raeen et Charlie Homo investissent le bas de la colline, sur la 17e rue.

Ghostland Observatory secoue Vail.

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2-4/03, VAIL, COLORADO

Snowball Festival2 On peut s’attendre à du lourd quand les

organisateurs d’un festival recommandent de ne pas finir dans les eaux glacées du lac voisin. « Nottingham Lake est un lac gelé, pas un champ et I-70 n’est pas un chemin de promenade », prévien-nent-ils. Sur votre agenda : Ghostland Obervatory, Unknown Mortal Orchestra, Rusko, Bassnectar et TV on the radio. Après, c’est la fiesta à Samana Lounge et à Vendetta dans le village de Vail, ainsi que dans les clubs Agave et Loaded Joe, situés à Avon.

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Rio sait recevoir en février…

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À Charleston, la Fashion Week est sexy.

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18/02, INAZAWA, JAPON

Hadaka Matsuri9 Hadaka Matsuri signifie « Festival du nu ».

Chaque année, en février, 9 000 hommes débarquent dans la petite ville de Inazawa pour se promener dans la neige. Ils ne sont pas tout à fait nus mais portent seulement de petits pagnes ou le traditionnel « happi-coat ». Cette coutume shintu a vu le jour en 767 après J.-C. Depuis, des hommes court vêtus viennent expier leurs péchés et contrecarrer leurs infortunes en rendant grâce au Shin-Otoko, l’homme de Dieu, qui les lavera de leurs impuretés et leur assurera de passer une bonne année.

20-24/02, CHARLESTON, CAROLINE DU SUD

Charleston très Fashion !10 Vous connaissez la furia de la mode quand elle

débarque à Paris, Milan ou New York. Et bien il en est de même à la fashion week de Charleston, où l’on découvre les créateurs émergeants avant leur show-off et leur accès à la notoriété. Nombreux sont les couturiers de renom à avoir assisté au défilé de leur modèles à Charleston : Mychael Knight, Carol Hannah Whitfield and Gordana Gehlhausen de « Project Runway ».

28-3/02, MASCATE, OMAN

Extrême Sailing Series7 Quand ces petits catamarans de 40 pieds,

ultra nerveux et rapides en diable taquinent les 70 km/h dans des accélérations foudroyantes au plus près des côtes, oui, c’est de la voile extrême. Et c’est beau. Le calendrier de l’année comprend huit dates, dont une en France, à Nice, mi-octobre. Premier rendez-vous de l’année, donc, à Mascate, dans le charmant et richissime Sultanat d’Oman – à découvrir ! L’an passé, le Red Bull Sailing Team, avec Roman Hagara à la barre, a taquiné les sommets. Le double Champion olympique de Tornado.

Culture18-21/02, SAMBADROME, RIO DE JANEIRO, BRÉSIL

Carnavalesque !8 Samba, paillettes et costumes multicolores

vont enivrer la plus grande fête du monde et le couronnement annuel du Roi Momo, symbole de toutes les folies. 160 000 personnes assistent au défilé des 13 meilleures écoles de samba de la ville. Elles font étalage de leur savoir-faire. L’heure a sonné pour les 5 000 danseurs, certains perchés sur les chars follement décorés. Ils ont une heure pour bluffer et étonner leur monde au terme des 700 mètres du Sambadrome, totalement rénové pour accueillir 80 000 spectateurs par jour.

Le Red Bull Sailing Team à Oman.

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18/02, ÅRE, SUÈDE

Red Bull Crashed Ice6 Les Championnats du monde font leur retour

en Suède, lieu de naissance du Red Bull Crashed Ice. Ce sera le 3e rendez-vous de l’année. Déjà. Le championnat de Ice Cross Downhill (patinage de descente extrême) secouera la station de Åre, où l’agitation sera plus forte que dans la halle du marché aux poissons de Stockholm, qui a hébergé le premier temps fort de l’année. Des bagarres au coude à coude, des gamelles et de la frénésie sont au menu sur cette piste où, histoire de pimenter l’empoig-nade, se succèdent des sauts et des obstacles, pour la plus grande joie des milliers de spectateurs.

Arttu Pihlainen (en rouge) veut s’imposer à Åre.

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Bienvenue dans l’enfer blanc.

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4 FÉVRIER-17 MARS, SIX NATIONS

Coqs en pâte Le calendrier du Tournoi des Six Nations est plutôt favorable au XV De France cette année. Après avoir débuté à Saint Denis face à l’Italie le week-end der-nier, les hommes de Philippe Saint-André reçoivent l’Irlande samedi soir avant de se déplacer en Écosse et au Pays de Galles. Entre les deux, il y a un certain France-Angleterre, revanche du quart de finale de la dernière Coupe du monde (12-19), le 11 mars prochain. Ancien coach de Sale, PSA connaît le XV de la Rose sur le bout des doigts.

SI LES FRIMAS DE L’HIVER ONT PRIS LEURS QUARTIERS D’ÉTÉ, PLACE AUX EMBRUNS COLORÉS.

FocusFév-Mars 2012

22 FÉVRIER-13 MARS, OM-INTER MILAN

Comme un seul OM ?

11-12 FÉVRIER, LA TRANSJURASSIENNE

Jurassienne parcCréée en 1979 par Jacky Mandrillon et Georges Berthet (elle s’appelait alors la « Progressime »), la première Transjurassienne a lieu en 1980. L’édition 79 a été annulée pour manque de neige. Cette épreuve est ensuite devenue le plus grand événement de masse du ski français : 4 000 concurrents s’époumonent chaque année sur les 76 km d’un parcours traversant les départements du Jura et du Doubs, avec une petite incursion en Suisse voisine, dans la Vallée de Joux. Ce marathon de ski de fond ne s’adresse qu’aux sportifs chevronnés.www.transjurassienne.com

Les deux hommes se connaissent par cœur. Lorsqu’il était entraîneur de l’AS Monaco, Didier Deschamps avait éliminé le Chelsea de Claudio Ranieri avant de s’incliner en finale de la Ligue des Champions 2004. Les retrouvailles sont programmées pour les 22 février et 13 mars prochains, respectivement au Vélodrome et à San Siro. Arrivé à l’Inter en cours de saison, Ranieri joue gros sur cette double confrontation. www.om.net

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14 FÉVRIER-7 MARS, LYON-APOEL NICOSIE

Lyon se met ApoelUne chance au tirage ? L’Olympique Lyonnais a hérité de la plus faible équipe encore en lice en 8es

de finale de la Ligue des Champions. Les hommes de Rémy Garde devraient se qualifier sans encombres même si le match aller a lieu à Gerland le 14 février prochain. L’OL espère se qualifier pour la 5e fois de son histoire pour les quarts de finale, voire les demis, comme ce fût le cas en 2010 (éli-miné par le Bayern Munich après deux défaites).

l’Irlande samedi soir avant de se déplacer en Écosse et au Pays de Galles. Entre les deux, il y a un certain France-Angleterre, revanche du quart de finale de la dernière Coupe du monde (12-19), le 11 mars prochain. Ancien coach de Sale, PSA connaît le XV de la Rose sur le bout

22 FÉVRIER-13 MARS, OM-INTER MILAN

Comme un seul

Les deux hommes se connaissent par cœur. Lorsqu’il était entraîneur de l’AS Monaco, Didier Deschamps avait éliminé le Chelsea de Claudio Ranieri avant de s’incliner en finale de la Ligue des Champions 2004. Les retrouvailles

cours de saison, Ranieri joue gros DidierDeschamps

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Avec les JO en bout de ligne droite, 2012 peut être l’année Lemaître.

25-26 FÉVRIER, ATHLÉTISME, CHAMPIONNATS DE FRANCE EN SALLE

En salle d’attenteLa plupart des athlètes français, à l’exception de Teddy Tamgho, suspendu, devraient être présents à Aubière, dans la grande banlieue de Clermont-Ferrand, au cœur de l’Auvergne. Ces championnats nationaux sont qualificatifs pour les Mondiaux en salle d’Istanbul (9-11 mars), à condition, bien sûr, de réaliser les mi-nima. Mais il faudra surtout être au pic de sa forme à Londres en juillet prochain.www.athle.org

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Agrégé de lettres, Christophe Ono-dit-Biot est l’auteur de quatre romans, dont Birmane, prix Interallié 2007.

J’avoue que je ne sais plus tellement pourquoi j’aime les filles. Je les regarde pourtant. et j’adore ça. Je leur parle aussi,

et j’adore ça. J’écoute leurs rires et leurs silences, gênés, ambigus, et j’adore ça. J’aime leurs courbes, habillées par leurs robes, et leurs robes, sculptées par leurs courbes. J’aime les colliers sur leur peau, leurs bas, leurs bottes, leurs escarpins, recouverts de cuir sauvage, de python, de velours. J’aime le lissé de leurs jambes, les cheveux qui dévalent dans un cou, ou qu’un nœud, une pince, un pinceau, retient en chignon pour mieux livrer la nuque blanche, ou brune, aux regards et puis parfois à autre chose.

J’aime leurs yeux sombres, bleus ou verts, la lumière qu’on trouve sous le soyeux des cils. J’aime leurs colères, leurs folies, les perles mobiles qui ornent leurs jolies oreilles de chattes, j’aime évidem-ment leurs dents qui luisent derrière le rouge des lèvres, leurs cuisses et ce qu’elles y cachent, leur ventre, leurs fesses d’amazone ou d’odalisque, et puis leurs seins qui se délivrent de la pression d’un textile. J’aime les différents fruits que leur forme m’évoque, les tableaux auxquels ils me ramènent, les souvenirs d’enfance, de plage, d’embruns, de fêtes lycéennes dans des bunkers, flashs initiatiques palpitants.

J’aime le battement de leur cœur, les veloutés de leur épiderme, l’imprudence de leur chair, leurs différents parfums – « odor di femina » – ceux qui rappellent l’orient doré et le musc des harems, l’herbe fraîchement coupée dans un pré de montagne, l’odeur des sous-bois quand la pluie vient de frapper, ou la fleur agonisante qui vient de se faire cueillir... J’aime, évidemment, passionnément, les femmes.

Mais quand même, parfois, les efforts que cela demande… le choix d’un lieu de rencontre, d’un restaurant, d’un cinéma, d’un banc, d’une voiture, le stress que cela engendre : va t-elle trouver ça assez chic,

trop guindé ? va-t-elle simplement… aimer ? Mange t-elle, d’ailleurs ? et quoi ? Boit-elle ? et moi ? les pressions qu’on supporte lors d’un premier rendez-vous ! et plus encore, lors d’un deuxième ! l’enfer qu’est l’engrenage minuté et archi-intéressé des « dates » américains, ces rendez-vous amoureux progressifs dont les activités sensuelles semblent devoir être cochées l’une après l’autre comme les items de la très officielle check-list de « sécurité du patient au bloc opératoire. »

« le bonheur est une femme », disait nietzsche, mais « la femme est le grand mensonge du rêve », reconnaissait aussi Maupassant. et qu’il avait raison :

le néant sous l’illusion. nietzsche en a été rendu fou : elle s’appelait lou, la sienne. ah, ce qu’on peut projeter parfois, dans une femme, et qui nous revient en boo-merang : le goût de cendre qui remplace celui de l’ambre solaire ! Comme c’est, parfois, plombant, décourageant, une femme ! Comme ça vous ramène au terrestre, alors que vous ne vouliez que vous élever en vous abîmant en elle...

Choquante, mais finalement pas étonnante, l’apparition, au Japon, de cette nouvelle classe de jeunes mâles qu’on appelle « herbivores » parce qu’ils ont perdu le goût de la viande. de la viande féminine : trop compliqué, trop onéreux en temps et en argent, de sortir à tokyo ou nagoya pour aller compter fleurette à de jeunes filles qui précisé-ment ne s’en laissent plus assez conter. alors ils restent chez eux bien au chaud à ruminer, les yeux devant un écran parfois libérateur… ah, si les compteurs Geiger qu’on utilise là-bas depuis fukushima pouvaient mesurer les pulsations du sentiment amoureux, les montées du désir. on serait sûr, alors !

allons, ce n’est pas sérieux ! Mesurer, calculer, et ne jamais vivre ! Ce deuxième paragraphe, je n’en pense pas un mot. soyons un peu Casanovesques, bon dieu ! « dans l’examen de la beauté d’une femme, la première chose que j’écarte sont les jambes », disait le divin Giacomo. et ce genre de maximes ne lui a pas si mal réussi, non ? Quelle vie magnifique, que de rencontres, de plaisir, d’éclats de rire, d’aventures ! de chagrins aussi. Mais le jeu de l’amour n’en vaut-il pas la chandelle ? Casanova, encore : « si les plaisirs sont passagers, les peines le sont aussi. » et maintenant vivons.

Pleine lucarne

Février, mois des amours, impose certains devoirs,

comme celui de recommencer à vivre.

the red bulletin n°5 sera disponible le 14 mars 2012

The Red BulleTin France n°4 / Février 2012 : The Red Bulletin est publié et édité par Red Bulletin Gmbh directeur de la publication Alexander Koppel directeurs Généraux Alexander Koppel, Rudolf Theierl directeur de la rédaction Robert Sperl directeur adjoint de la rédaction Alexander Macheck Rédacteur en chef France Christophe Couvrat Ont participé à ce numéro Suzanne Fortas, Patricia Oudit, Christine Vitel, Etienne Bonamy, Christophe Ono-dit-Biot, Frédéric Pelatan Responsable de la production Marion Wildmann Rédacteur en chef photos Fritz Schuster Rédactrice en chef adjointe Susie Forman Booking photos Valerie Rosenburg, Catherine Shaw, Rudolf Übelhör Maquette Erik Turek (DA), Patrick Anthofer, Martina de Carvalho-Hutter, Miles English, Ken Ulrich Paasche, Kasimir Reimann, Esther Straganz Publication coroporate Boro Petric (directeur), Christoph Rietner, Nadja Zele (rédacteurs en chef) ; Dominik Uhl (DA) ; Markus Kucera (directeur photos) ; Lisa Blazek (rédactrice) Production Managers Michael Bergmeister, Wolfgang Stecher, Walter Omar Sádaba Reprographie Clemens Ragotzky (chef), Claudia Heis, Nenad Isailovic, Karsten Lehmann, Josef Mühlbacher, Thomas Posvanc Service financier Siegmar Hofstetter, Simone Mihalits Marketing et management international Barbara Kaiser (directrice), Stefan Ebner, Lukas Scharmbacher, Johanna Troger ; Matthias Preindl, Martina Ripper (design) ; Klaus Pleninger (ventes) ; Peter Schiffer (abonnements) ; Nicole Glaser (abonnements et et ventes marketing) The Red Bulletin est publié simultanément en Autriche, Allemagne, France, Irlande, Koweït, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud, Suisse, Mexique, Grande-Bretagne et aux États-Unis, www.redbulletin.com Siège social Red Bulletin GmbH, Am Brunnen 1, A-5330 Fuschl am See, FN 287869m, ATU63087028. Siège social France Red Bull SASU, 12 rue du Mail, F-75002 Paris, +33 1 40 13 57 00 Siège autrichien Heinrich-Collin-Strasse 1, A-1140 Vienna, +43 (1) 90221 28800 imprimé par Prinovis Ltd & Co. KG, D-90471 Nuremberg Responsable publicité Cathy Martin, +33 7 61 87 31 15 ou [email protected] dépôt légal/iSSn 2225-4722 nous écrire [email protected]. Les journalistes de la SNC L’Équipe n’ont pas pris part à la réalisation de The Red Bulletin.La SNC L’Équipe n’est pas responsable des textes, photos, illustrations et dessins qui engagent la seule responsabilité des auteurs.

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