Tome6:Renaissance

LOGANE

DumêmeauteurauxEditionsSharonKena

DefeuetdeglaceTome1

DefeuetdeglaceTome2

DefeuetdeglaceTome3

DefeuetdeglaceTome4

Lesraisonsducœurpartie1

Lesraisonsducœurpartie2

Lefruitd’unamourimpossiblepartie1

Lefruitd’unamourimpossiblepartie2

LoganeTome1

LoganeTome2

LoganeTome3

LoganeTome4

JaydenCrossl’intégraleCœurCriminel:AffectationMiseenscène

AngieL.DERYCKERE

Tome6:Renaissance

LOGANE

« LeCode de la propriété intellectuelle et artistique n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 del’articleL.122-5,d’unepart,queles«copiesoureproductionsstrictementréservéesàl’usageprivéducopiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtescitations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, oupartielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite »(alinéa1erde l’articleL.122-4). «Cette représentationou reproduction,parquelqueprocédéque cesoit,constitueraitdoncunecontrefaçonsanctionnéeparlesarticles425etsuivantsduCodepénal.»

©2015LesEditionsSharonKenawww.leseditionssharonkena.com

ÀJulieVasseur,

lapremièrepersonneàm’avoirencouragéedansl’écrituredecettesérie.

Remerciements:

Tout d’abord, je tiens à remercier plus particulièrement mon époux, Franck, et mes enfants quim’offrent le tempsnécessairepourmeplongerdansl’écrituredecetteaventure toutenm’encourageantcontinuellement.

UngrandmerciàJulieVasseur,c’estgrâceàellequej’aipoursuivicettesagajusqu’aubout.

ToutemagratitudevaàHafida.H,quiesttoujourslàpourmefournirlescouverturesdestomesdelasagacommejeledésire.

MerciàPascalePrudhommepourlacorrectiondelasaga(sanstoi,rienneseraitpareil).

J’aimerais aussi remercier toutes mes lectrices et mes lecteurs qui me soutiennent. L’intérêt etl’enthousiasme que vous manifestez pour ma saga Logane ont plus d’importance pour moi que je nepourraisl’exprimer.

UngrandmerciaussiàCyrielleWalquan,monéditrice,quim’apermisde réalisermes rêves,ainsiqu’àtoutel’équipe.

Jen’oubliepasaussilesmembresdemafamilleetmesprochesquimesoutiennenttoujours:

DjamelA.(tmtc)

AudreyetSylvieRobert(pouravoireudesenviesdemeurtreàmonégard,merci).Jevousaitouchéesaveccetteaventure,etjem’excuseencoredevousavoirruinéesenkleenex…

ÀVéroniqueBarrèrequi,mêmetroploin,arriveàm’encouragercommeilsedoit.

ÀFrédériqueCotret,mabinômequi attise toujoursmonenviede la faire sourireou la rendre follependantsalecture.

Merci aussi d’être là à Christelle Morize, Mélissa Letabareux, Audrey Robert, Valerye Husson,StéphanieDeRop-Moise,MyriamDecroie.

Et pour conclure,merci à tous ceux et celles qui ont cru enmoi pour poursuivre les aventures deLoganeetdeMichael…

Unepagesetournepourdebon,maisj’espèrequevousmesuivrezégalementpourlanouvellesagaencoursd’écriture:CœurCriminel…

Avectoutmonamour…

AngieALD.

Tabledesmatières

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Épilogue

1

Logane

Jefixeleplafondsanslevoir.

J’aifroid.JepourraisremonterlacouverturequeMilam’adonnée,maisjenelefaispas.Quitteàmesentirmal,autantlefairedanslesrèglesdel’art.

J’aijusteenvied’oublier.

OublierquelaconversationentreMichaeletMelatoutfaitbasculer,arouvertlaplaiedemoncœur.J’aimal,chaquejourestuncalvaire,chaquerepasestuncombat.

L’amertume me ronge depuis tellement longtemps. Le jour, elle m’empêche de vivre, la nuit, ellem’empêchededormir.Vilaineamie.

Lesinsomnies,jeconnais.J’enfaislesfraischaquenuitdepuismonenlèvement,maisquandj’ypense,cela date depuis bien plus longtemps. D’habitude, je me réveille en sursaut, recouverte de sueur, etMichael se retourneengrommelantpourm’enlacer,memurmurerquelquesmotsdouxapaisants.Alorsavecunpeudemal, jeparviens toutdemêmeàmerendormir,bercéeparsarespirationetsonsouffledansmescheveux.

Maiscesoir,j’aisimplementgardélesyeuxouvertsdepuisqueMilaabienvoulumentiràMichaelenjurantsesgrandsdieuxquejen’étaispaschezelle.

Descentainesdequestionstournoientdansmonesprit,ellesm’assaillentdetoutesparts.Etmalgréletemps qui passe, je me sens encore incapable aujourd’hui de répondre à ne serait-ce qu’à une seuled’entreelles.

Jen’ai jamais lemoindrerépit,monespritestcontinuellementenébullition.Àforce, jemesuisfaitune raison, j’ai ce petit côté sadomasochiste qui me pousse à aller au-devant de mes peurs, de mescauchemars.

Leslarmesbrûlentmespaupières,jeneluttepas.J’aimal.Tellementmal.J’aimeraisavoirlaforcedesurmontercequi,àchaqueinstant,metireverslebas.Maisj’ensuisincapable.Monpassémebouffe,soyonshonnêtes.ILmedétruit,mebrise.

Alors, je pleure. Comme une idiote, je pleure silencieusement, j’étouffe mes sanglots dans monoreiller.Jelaissemapeinecouleràtorrent,jedéversemarancœurparcequejenesuispascapabledefaireautrechose,quejesuisfaibleetlâche.

Garcianavaitraison,jesuisfaible…jenepouvaisrienajouterd’autre.J’étaismêmeprête,decefait,àluidirequ’ilavaitraisonsurtoutelaligne,sitoutefoisjesuiscapabledemerendreàmonrendez-vousdanslamatinée.

Jejetteuncoupd’œilversleréveilposésurlatabledenuitetsoupiredelassitudeenconstatantqu’ilestdéjàl’aube.Jemeredresseavecdifficultéetessuieleslarmessurmonvisageavantd’attrapermontéléphone.Jesecouelatêteeteffacedel’écrand’accueiltouslesappelsenabsencedeMichael,deMel,ainsi que de mon frère. Je n’ai pas envie de les voir, encore moins d’entendre leurs voix sur mamessagerie.Paspourl’instant,jen’enaiaucuneenvie,aucunbesoin.

Quandjemelèvedulit,quelquesminutesplustard,matêtesemetàtourner.Jefermelespaupièresetme concentre pour ne pas me mettre à pleurer à nouveau. Une faible douleur dans le bas-ventre merappellel’enfantquejeporte.Jeposeunemainsurmonabdomenetrouvrelesyeux.Ilfautquejetiennelecouppourlui,pourcetenfantquin’ariendemandé.

Alors, je décide de relever la tête et d’affronter tousmesmauxquand, soudain, un coup est frappécontrelaporte.

Logane?

Oui,jesuisréveillée,dis-jesansluiavouerquejen’aipasfermél’œildelanuit.

Milaouvrelaporteet,d’unregardcompatissant,meregardedanslesyeuxquejebaisserapidement.

Salut.

Commenttesens-tu?medemande-t-elled’unevoixdouce.

J’esquisse un léger sourire, ayant conscience quema vue se brouille par les larmes qui naissent ànouveausansquejenepuisselesralentir.

Çavaaller.

Eh…medit-elleavantdeposerlesmainssurmesépaules.Jenesaispascequis’estpassé,maisjesuissûrequetouts’arrangera,Logane.

Jehausseunsourcil,lafixed’unregardfroid.

Neluidispasquejesuisici.S’ilteplaît…jesaisqueMichaelesttonami,mais…

Toiaussi,tuesmonamie,Logane.

Jesouris,vraimenttouchéeparsesmots.

Écoute…j’aimeraiscomprendrecequinevapas,toutavaitl’aird’allerentrevouset…

Et?insisté-jesanslaquitterdesyeux.

Tuesenceinte,vousallezavoirunbébéet…ceseraitvraimentdommagequevousvousquittiez…

Tunesaisrien,Mila.Jesuisdésolée,maisjen’aipasenvied’enparler.Ilfautquejeparte,j’aiunrendez-vous.

D’accord,jeneteforcepasàdiscuterdetoutça,maissachejustequesituasbesoind’uneoreillepourt’écouteroudemonépaule,jesuislà.

Émue, jebalaieune larmed’unmouvementbrusqueavantqu’ellenecoule le longdema joueet laremercie.Milam’attirecontreellemais,malàl’aisefaceàcettedémonstrationaffective,jemereculelégèrementet,d’unevoixtrahissantmonembarras,jeluidemande:

Est-cequeje…pourraisrevenir?

Biensûrqueoui.

Jenesaispascommentjevaism’yprendredanslesprochainsjours,mais…

Tupeuxresteraussilongtempsquetuvoudras,Logane,mecoupe-t-elleensourianttendrement.

Merci,murmuré-je,émue,avantdequitterlachambred’unpasrapide.

2

Michael

Celafaitplusdedixheuresquejen’aipaseulamoindrenouvelledeLogane.Jen’aipaspufermerl’œil de la nuit. Mel est arrivée tôt ce matin. Nous avons essayé de comprendre les raisons pourlesquelles Logane a quitté précipitamment la réception, mais nous sommes tous les deux au point dedépart.

Laveille,j’avaispenséànouveauàunenlèvementquanduninviténousaconfirmél’avoirvus’enfuir.J’ai essayéde comprendre, dedécouvrir cequi apu sepasserpourqu’elleparte ainsi sansprévenir,maisjen’yparvienspas.Elleétaitheureuse,vivante.Elleavaitacceptémademandeenmariageettouts’écrouleànouveaupourjenesaisquellesraisons.

Jesoupiredelassitudeeténervé,frappesurlaconsoledusalonsousleregardinquisiteurdeMel.

Quoi?crié-je,fixantlamouedubitativequiseformesursonvisage.

Jenesaispasmais…

Mais?insisté-je,remarquantqu’elleaquelquechoseentête.

Ellesecouelatête.Jem’empressedelarejoindreetl’agrippeparlesbras.

Dis-moiàquoitupenses,Mel.

Jenesuispassûredecequej’avance,mais…ladernièrefoisquetuasvuLogane,c’étaitjusteavantquenousparlionsdansleparcdel’hôtel,touslesdeuxet…sielleavaitentendu?Michael,sielleavaittoutentenduàproposdeCurtis?

Jeresteahuri,incapabledequitterleregardbrillantdeMel.

Non…

Jerelâchemonemprisesurlameilleureamiedemafuturefemmeetfaisunpasderecul.Jesecouelatête,terrifiéàl’idéequ’ellepuisseavoirraison.

Cen’estpasimpossible,Michael.

Ilfautlaretrouver,murmuré-je,conscientdumalquenousluiavonsfaitsijamaisMelaraison.

JevaisprévenirMattque…

D’accord,lacoupé-jesansattendre.

JeperçoisleregardcompatissantetcoupabledeMel,maisjenem’attardepasetquittelesalon.Danslacuisine,j’attendsquelebruitdelaportequiserefermesurMelsefasseentendreetunefoisqu’elleestpartie,jesorsmontéléphonedelapochedemonjean.

J’essaieànouveaudejoindreLogane,maissonmobileestéteint.Soupirantdefrustration,jecherchelenumérodeMilaquandlasonneriesefaitentendre.

Jedécrocherapidementsansprendreletempsdevoirquim’appelle.

Bonjour,monchéri,commentvas-tu?

Maman…Loganen’estpasrentrée…Jenecomprendspascequisepasse.

Tuveuxquenouspassions?

Non,cen’estpaslapeine,refusé-jepoliment.Jevaisessayerdelaretrouver,elleaunrendez-vousdansmoinsd’uneheureavecsonmédecin.Jevaisyaller,enespérantqu’ellenel’apasannulé.

D’accord,mongarçon.Tiens-nousaucourant,nousattendronsquetoutaillebienpourreprendrel’avion.

Merci,maman.Embrassepapa,tuveux?

Biensûr,monchéri.Gardeespoir,Michael.

Merci.

Jecoupelaconversationetquittelamaisond’unpasrapide.JefrappeàlaportedeMeletlapréviensquejemerendsaucabinetdudocteurGarcian.

Laisse-moit’accompagner,Michael.

Non,çavaaller.Situasraison,ilvautmieuxquejeluiparle.

Melparaîtattristée.

Jet’appelle,O.K.?

Merci,medit-elleenhochantlatête,retenantdifficilementseslarmes.

Heureusement,MattnousrejointetrassureMelenl’attirantcontrelui.Jelesremercieetmontedansmavoitureavantdequitterl’alléedansuncrissementdepneus.

Logane

GaréedepuisplusdedixminutesdevantlecabinetprivédudocteurGarcian,jefixel’écrandemontéléphonequejeviensd’allumer.Michaelm’aappeléeplusieursfois,laissantunnombreincalculabledemessagesvocauxsurmonrépondeur.Maisvisiblement,iladûinquiétertoutlemonde.Paul,Mel,ainsiquemonpèreontessayédemejoindreégalement.

Agacée,jesoupiretoutenhésitantpendantunelongueminuteàécouterundeleursmessages,maisjem’enabstiens.Detoutefaçon,jesaispertinemmentqu’ilsmedemanderontdelesrappeler,derevenirleplustôtpossibleouquesais-jeencore?

Jesecouelatêteetappuiesurlenuméroenregistré,aveclafermeintentiondeprévenirmonpèrequ’ilestinutiled’appelerlesservicesdepolice.

Logane!

Salut,papa…

Oùes-tupassée?Toutlemondes’inquiète,dit-ilsansmelaissercontinuer.

Jerouledesyeux,pourunefoisqu’ils’inquièteluiaussi!

Jevaisbien,c’estinutiledevousalarmer.

Tupeuxmedirecequit’aprisdepartirainsi?Michaelvenaitdetedemandertamainet…

Tun’auraspasmanquéçaaumoins!lecoupé-je,d’unevoixpleined’amertume.Écoute,jen’aipasenviedeparlerdecequis’estpassé,jevoulaisjusteteprévenirquecen’estpaslapeined’appelerlapolice,jevaisbien.

Logane, s’il teplaît… je suisdésolédenepasavoirété làquand tuenavaisbesoin,mapuce,mais…

Letravail,ouijesais,etjenet’enblâmepas.Hier,tuétaislà,c’esttoutcequicompte.

Alors,pourquoiai-jel’impressionquetuasenviedem’arracherlesyeux?

C’estjusteuneimpression…et,malheureusement,ellessontsouventtrompeuses,papa.

Unblancs’installe.J’essaiedebalayerlesimagesdelaveilleausoirquis’incrustentdansmonesprit,maiscelam’estdifficile,voire impossible.Jenesuispasencorecapabled’entendre,sansdouleur, lesmots deMel quime hantent depuis : Curtis Brame l’a agressée et elle savait qu’ilme recherchait…Michaelaussisavait.

Jesecouelatêtepourmeconcentrerànouveausurcequeditmonpère,maisjeperdslamoitiédesaphrase.

…etjepourraispassertechercherpourquenousdiscutionsunpeutouslesdeux.

Quoi?Désolée,jen’aipasentendu…mentis-je,espérantqu’ilm’explique.

Tuvieillis,mapuce,oualorsc’est sidurd’imaginerdepartagerundéjeunerrienque tous lesdeux?

Euh…non,papa.Biensûrquenon.

Tuesd’accordalors?

Oui,bégayé-je,surprise.

Jepasseteprendrecheztoi?

Non,jen’ysuispasettulesais.

Logane,jet’enprie…

Dis-moioùtuveuxquejeteretrouve,etj’yserai,papa.

C’estvrai?

Oui,c’estpromis,lerassuré-je,unlégersourireauxlèvres.

Danscecas,soisauTrimarinàmidi.

J’yserai,luipromis-jeavantdemettrefinàlaconversation.

Une fois le téléphone jeté au fond demon sac, je prends uneminute pour retrouvermes esprits etdescendsenfindelavoiture.

Devantl’imposantbâtiment, jeserrelespoingsetinspireunegrandeboufféed’airfraisavantdemerendre au cabinet du docteur Garcian qui, sans aucun doute, saura être celui qui me conseilleraobjectivementvis-à-visdeMichael.

Paul

Il est presque onze heures etLogane n’a pas donné signe de vie à qui que ce soit. Fou de rage, jebalanceàtraverslapiècelejournalquemafemmem’aapportéilyaquelquesminutes.Jen’arrivepasàréfléchirniàmeconcentrersurautrechoseque les raisonsquiontpoussémasœurà fuircettesoirée

donnéeensonhonneur.

Jemelèved’unbond,prêtàrecomposerpourlacentièmefoislenumérodeLoganemaislasonneriedemonportableestplusrapide.

Jedécrochetoutaussivivement.

Papa?

Salut,fiston.

Tu as eu des nouvelles de Logane ? demandé-je, tout en trouvant étrange qu’ilm’appelle à cetteheure.

Ellevabien,Paul.

Oùest-elle?l’interrogé-je,foudecolère,maissoulagé.

Écoute,jenepeuxrientedired’autre,carjenesaispascequisepasse,maisellevabien,c’estleplusimportant.

Pourquoinem’a-t-ellepasappelé?

Elleasansdouteenvied’êtretranquille,Paul.Jesuissûrqu’ellefiniraparrentrertrèsvite,net’enfaispas,d’accord?

Surpris,souslechoc,jerestesansvoixetsecouelatêtecommesij’essayaisdesortird’uncauchemar.

Papa…ne le prends pasmal,mais je trouve vraiment bizarre qu’elle t’ait contacté alors qu’ellerefusedeprendremesappels,ainsiqueceuxdeMichael.

Tusaistoutcommemoiquetasœurn’estcommepersonned’autre.Laisse-moifaire,s’ilteplaît.PréviensjusteMichaeldenepass’enfairepourelle.

O.K.,réussis-jeàrépondred’untondubitatif.

Surce,ilraccroche,nemelaissantpasletempsd’insisteroudirequoiquecesoitd’autre.Rageant,jefourremontéléphonedanslapochedemavestequej’enfileavecdesgestesrapidesetsorsdechezmoidansl’intentionderetrouverMichaelsur-le-champ.

Michael

Un long soupir de soulagement m’échappe quand j’aperçois la voiture de Logane, garée devantl’immeubleoùlecabinetdeGarcianestinstallé.Rapidement,jesorsdelavoitureetclaquelaportière

avantdepénétrerdans l’établissementaupasdecourse.Jenesaispasquelleserasa réaction,maisàcetteseconde,jem’enmoque.Jecomptebiencomprendrelesraisonsdecettefuiteinexpliquéeetjenerentreraipassanselle.

M’avançantvers lescagesd’ascenseurs, jemestoppeetcherchelenomdumédecinsur lesplaquesaccrochéescontrelemurdanslehalld’accueil.

Deuxièmeétage,lis-jeavantd’appuyersurleboutondel’ascenseur.

Nerveux, j’attends qu’il arrive et me retourne vers les personnes qui se tiennent derrière moi. Jerépondsausalutsilencieuxd’unefemmequimedévisagesansmequitterdesyeux.

Rapidement,jemeremetsfaceàl’ascenseur,priantsilencieusementpourquelesportess’ouvrentauplusvite.

3

Logane

CelafaitplusdedixminutesquejesuisinstalléedanslefauteuilenfacedeGarcian,etjen’aitoujourspasouvertlabouche.Nousnousinterrogeonsduregard,etilsaitquejeneveuxpasparlerpourl’instant.C’estdrôle,avecluijemesensbien.Jen’aipasbesoindefairesemblant,carilsaitcequejeressensouéprouvesansnécessairement ledireavecdesmots.Pourtant, ilestpayépourmetirer lesversdunez,j’ensuisconsciente,etsansdoutequeluiaussi,maisiln’enacure.

LedocteurGarciansecontented’attendre.Attendrequej’éprouvelebesoindedirequelquechose.Ilnemeforcepas.Jepeuxresteravecluipendantdesheuressansdécrocherunmotetquandcelaarrive,ilm’écoute,lesourireaucoindeslèvres.

Chaquefoisqu’ilfaitça,cettemimiquem’agacemaisellemecontrôlesansquejeleveuillevraiment.Hypnotiséeparl’auraqu’ildégage,jepoursuis—leplussouvent—cequej’aiàdire.Maisaujourd’hui,celamesembleimpossible.Jesuisbientropénervéeetdéçueparlasoiréedelaveillepourluiimposermestracas.Peut-êtrequejen’aipasenviedeledécevoiràmontour,maiscontretouteattente,ledocteurGarciansepencheau-dessusdesonbureauetmefixedanslesyeux.Appuyésursescoudes,ilesquisseunlégersourirequim’agaceauplushautpoint.

Quoi?

Pourtouteréponse,ilhausselesépaulesetattend.Quoi?Jen’ensaisrien...enfin,si.Ilveutquejeparle,quejedisequelquechose.Alors,jesoupiredelassitudeetlefixedanslesyeuxàmontour.Jemerends compte à cet instant qu’il semble fatigué. Je poursuismon inquisition, constate alors qu’il a lescheveux ébouriffés. Je souris, amusée en l’imaginant en retard cematin, sortant d’un bond de son litdouillet,neprenantpaslapeinedesecoifferavantdevoirsespatientes.

Désolée,luidis-jequandunrirem’échappe.

Toutvabien,Logane.J’aimeassezêtrel’attractiondemespatientes.

Vousêtesvraiment…étrange, réponds-jeensecouant la tête,essayantvainementdecalmer le rirenerveuxquis’estinstallé.

J’avoue.

Saréponsemeclouelebec,dumoins,monrires’évaporetoutaussisubitementqu’ilestvenu.Nousnous dévisageons, le sourire aux lèvres comme si quelque chose venait de briser la glace que j’aiinstalléeàmonarrivée.

Jesuisdésolée,murmuré-jeavantdefuirsonregard.

Puis-jesavoirlesraisonspourlesquellesvousêtesdésolée?

Jerelèvelatête,ancremonregardausienethausselesépaulesd’unairnonchalant.

Je ne sais pas…peut-être parce que je vous fais perdre votre temps. Je suppose que vous devezavoird’autrespatientesquiméritentbienplusvotreaide…

Vousvoustrompez,Logane.

Ilvientdemecouperd’unevoixquineluiressemblepas.Lessourcilsarquésensigned’interrogation,jeconstatequ’ilbaisselesyeux.Ilmesembleémuetjen’encomprendsvraimentpaslaraison.

Qu’ai-jeditd’aussiinvraisemblable?

Pourquoi?demandé-jesansréfléchirdavantage.

Pourquoi quoi ? me demande-t-il avant de s’installer plus confortablement dans le fond de sonfauteuil. Pourquoi à mes yeux vous méritez mon aide et mon temps ? Pourquoi avez-vous l’air sibouleverséaujourd’hui?Etpourquoinepasm’avoirditquevousavezacceptélapropositiondemariagedeMichael?Vousvoyez,ilyatellementde«pourquoi»danscettepièce,Logane.Surtoutavecvous.Etjecompteobtenirtouteslesréponsesàmesquestions.Vousm’intriguez.

Jenesuispasdifférentedesautreset…commentsavez-vouspour…Michael?

Jeviensàpeinedeposerlaquestionquej’enconnaisdéjàlaréponse.LedocteurGarcianalesyeuxbraquéssurmabaguede fiançailles. Jebaissealors le regardet fixe lediamantdiscretque jen’ai suenleverdelanuit.

Vous êtes différente,Logane.Votre passé, vos souffrancesont fait de vous cequevous êtes, et jesupposequeMichaelvousacceptetellequevousêtes,non?

Jeserrelesdents.Contretouteattente,ilestentraindepercerleproblèmequimerongeencemoment.J’auraisdûmeméfier.

Jen’ensaisrien.C’estàluiderépondre.

J’aimeraisbeaucouplerencontrer.

Horsdequestion,docteur.Michaeln’apasbesoind’unpsy,ilajustebesoindecomprendrequejenesuispas…

Jem’interromps,souslechocdecequejem’apprêtaisàdire.

Continuez.

Jerefusedepoursuivre.

Logane?

Remarquantqu’ilestprêtàinsisterdavantage,jemelèved’unbondetmarchedanslapiècesansbutprécis. Cet homme a tendance à me tirer les vers du nez comme bon lui semble. Et je m’en veux,j’aimeraismemettreunebonnegiflepouréviterdesortirlesmotsquisontprêtsàfranchirmeslèvres.

Envain.

Logane…

J’aisurprisuneconversation,hier…lâché-jeàcontrecœur.

Je m’interromps un instant et me tourne vers lui pour vérifier l’expression de son visage. Je necomprendspas.Jen’arrivepasàpercercequ’ilpenseàcettesecondeetcelamerendfolle.Jesecouelatêteetlaprendsentremesmainsafindefairecesserlebourdonnementsordidedansmesoreilles.

Jeperçoisjustequelquesbruitsetcomprendsquelemédecinvientdeseleverpourmerejoindre.

Logane,murmure-t-ilenposantunemainsurmonépaule.

Àcegeste,jesursautelégèrementetmeretourne.Nosregardss’ancrentautomatiquementl’unàl’autre.

J’aiquittélasoirée…Jerefusedelevoir…ilm’amentidepuisledébut.LuietMel…etsansdoutetouslesautres.IlssavaienttouspourCurtis.

Quevousvoulezvousdirepar«ilssavaienttous»?

Jepesteintérieurementsurleslarmesquinaissentsousmespaupières.

Venezvousasseoir…

Non,lecoupé-jevivement.Jen’aipasenvie…

Logane,calmez-vous.

Garcianme regarde sans lamoindre compassion. Juste de la compréhension et je le remercie d’unhochementdetêteavantdememettreàdéballertoutcequimeronge,toutcequej’aisurlecœur…

Michael

Aussitôtl’ouverturedesportesdel’ascenseur,jesuisdébarrassédecetteadmiratricequivisiblementm’areconnu.Jemediriged’unpassûrverslebureaududocteurGarcian.

Oùallez-vous,monsieur?

Mince.

Jemestoppeetmetourneverslasecrétairequimedévisagecommesij’étaisunextraterrestre.

Vous…vousêtes…

Àsonbalbutiement, un sourire en coin se dessine surmes lèvres. Je n’ai jamais été aussi ravi quequelqu’unmereconnaisse.Jem’avanceverslafemmeàlachevelurenoirecorbeauetluitendslamain.

Bonjour,jesuisbienMichaelRoller.

Célina Cortez… je suis la secrétaire du docteur Garcian, me répond-elle, d’un ton presquesomnolent.

Jesouris,définitivementraviquemoncharmefassesoneffet.

C’estunplaisirdevousrencontrer,Célina.Vouspermettezquejevousappelleainsi?

Biensûr,sansproblème.

Appelez-moi,Michael.

Ohoui…Merci…Jevousaitoutdesuitereconnu.

Bonsang,qu’ai-jefaitpourqu’ellesoitautanthypnotisée?

Euh…écoutez,jesuisvraimentdésolédevousdéranger,maisj’aimeraissavoirsiLoganeRodriguezestbienenconsultationaveclemédecin?

Oui,elleestbienaveclui,merépond-elleenarborantunlargesourire.Vouslaconnaissez?

Oui…

Commençantàsentirlemal-êtres’infiltrerdansmachair,jelâchelamainqu’elletented’emprisonnerencoreunpeuentresesdoigtsetlafourredansmapochetoutengardantlesourire.

Vousvoulezquej’ailledireaumédecinque…

Non,non!lacoupé-jeensecouantlatête.Surtoutpas.

D’accord.Quepuis-jefairepourvous,Michael?

L’entendre prononcer mon prénom de cette façon, mielleuse et désirable, me donne le tournis.

Rapidement,jemereprendsettrouveleplusvieuxprétextequejeconnaissepouravoirlechamplibre.

Prenantunelongueinspiration,jem’approchedesonbureauetm’installesurlerebordtoutenplantantmonregarddanslesien—celui-cipétille.

J’aiunpetitserviceàvousdemander,maisjecomprendraisquevousne…

Ohnon!Sijepeuxvousaider,j’enserairavie,Mich…ael.

Jenepeuxquesourireetmedétesterenmêmetempspourcequejem’apprêteàfaire.

C’estvrai?luidemandé-je,toutheureux.

Oui!m’assure-t-elleavecentrain.

Bien…Voussavez,avecmonmétier,lespaparazzism’empêchentdemerendreoùj’enaienviesansqu’onme prenne en photo et qu’on dévoilema vie privée et je soupçonne que l’un d’euxm’ait suivijusqu’ici.

Oh,vousvoulezquej’appellelasécurité.

Non,non.C’estinutile,ris-je.Vouspouvez…

Jem’interromps,conscientquejeprofitedemonstatutpourmanipulercettefemme.

Maiselleinsiste.

Dites-moicequejepeuxfaireetjeleferai.

Vousenêtessûre,carjen’aipasenviequevousayezdesennuisàcausedemoi,jeseraisvraimentmécontentet…

N’ayezcrainte!Dites-moicequejepeuxfaire,insiste-t-elleensedandinantderrièresonbureau.

D’accord,maisvouspouvezrefuser.

Leregardqu’ellemelancem’engageàpoursuivre.

J’aimerais, si cela ne vous ennuie pas, bien entendu, que vous vérifiiez si vous ne voyez pasd’hommeavecunappareilphoto,letempsquemonamiesortedesaconsultation,jepensequ’ellen’enapluspourtrèslongtemps.

Ho,vousvoulezquej’aillefaireleguetpourvous?medemande-t-elled’untondéçu.

Non…vouspourriezjustesurveillerquepersonnenepuisseentrerici.C’estpossible?

Ellemefixecommesi jevenaisde luidemander la lune.Jememords la lèvre inférieure,déçuquemonplantombeàl’eauquand,soudain,ellecontournesonbureauetlissesarobevertejustedevantmoi.

Jedéglutis,malàl’aiseauregardmoqueurqu’ellemelance.

Jevaislefaire,c’estl’heuredemapauseetjevousprometsquepersonnenerentreradanscebureauavantqueLoganen’aitterminé,Michael.

Vousallez…lefaire?balbutié-je,surpris.

Elle hoche la tête fièrement et, aussi enthousiaste qu’un enfant qui se verrait confier la tâche desurveiller les rennes du Père Noël, Célina s’avance vers la porte, prête à faire barrage à quiconquevoudraitentrerdanscebureau.

Vouspouvezrestertranquillementici,Michael.

Ho,mercibeaucoup,Célina,vousêtesformidable.

Rougissante,ellemeremercieàsontourtimidementetmesalued’unsignedemainavantdesortirdelapièce.

Poussantunlonggémissementdesoulagement,jepasseunemainsurmoncrâneetm’avance,d’unpasrapide,verslaportedubureaudeGarcian.Là,jecollel’oreillecontreleboisacajouetmeconcentresurlesmotssortisdelabouchedemadouceet…cruelleLogane.

4

Logane

Vousnecomprenezpas!lecontré-jealorsqu’ilessaiedeprendreladéfensedeMichael.Toutallaitmieuxetilafalluquej’entendeçahier…alorsquejevenaisd’acceptersademandeenmariage!Ilm’amenti,ainsiqueMel!Jenecomprendspas…toutauraitétésisimplesi…

Vousnevousétiezpasamuséàécouterleurconversation?

Furieuse,jelefoudroieduregard.Ilm’énerve!Cesourireencoinqu’ilaffichesurleslèvrescommes’ilétaitcontentdesarépartiemeclouelebeccommejamais.

Rageantintérieurement,jeserreleslèvresetrefused’ajouterquoiquecesoit.Detoutefaçon,qu’ya-t-ild’autreàajouter?Je luiaiexpliquécequis’étaitpassépendant lapetite fêtesurprise,etmonsieurtrouvelemoyendemedirequetoutestdemafaute?Plusjamaisjenemeconfieraiàcetindividuingrat!

Logane,vousêtesencolèreet je lecomprends,carvousvousdétestezd’avoiragidelasorte.Neditespas lecontraire,crie-t-il,m’empêchantainsiderétorquer.J’aiapprisàvousconnaître,etdepuisl’épisodeCurtisBrame,vousvousêtespromisdeneplusjamaisfuir,or,hier,c’estcequevousavezfait.Néanmoins, je comprends votre réaction. Vous vous êtes sentie trahie par votre amie, par Michael,l’hommequevousaimez,maisvousêtes-vousdemandécommenteuxsesentaient?Jesaisqueoui,maisaujourd’hui, seulement.Après votre fuite.Vous aviez besoin d’éviter toute discussion, ce que je peuxcomprendre,comme jevous l’aidit,maisaprèscettedéception.Vousvousdemandez les raisonspourlesquelles ils vous ont caché l’agression deMel, pourquoi ils ne vous ont pas informéqu’il était auxÉtats-Unisdansl’intentiondevousfairedumal.N’est-cepas?

Leslarmesauxyeux,jeleconsidèrependantunlongmomentsansêtrecapablederépondrequoiquecesoit.Alors,remarquantque,cettefois,ilestàboutdepatience,j’acquiesced’unhochementdetête.

Pourtouteréponse,ilmesourit,decesouriresatisfaitquejedétestepar-dessustout.

MichaeletMeln’ontfaitquevousprotégeretvoussavezcequec’estquedefairecela,n’est-cepas?Vousn’avezjamaisditàMichaelcequeBramevousafaitsubir.Pourquoi?Pourleprotéger,répond-ilsansmelaisser le tempsdeplacerunmot.Vousêtesencolère,maisest-ceréellementversMichaeletMelquecettecolèreestdirigée?

Je ne sais que répondre. Il a vu juste. Je baisse la tête, refuse de lire l’expression de satisfaction

malsainequ’ilatendanceàafficherlorsqu’ilaraison.

Detoutefaçon,ilatoujoursraison.

Quediredeplus,sicen’est…

Jelesdéteste.

Unrirefuse.LeriredeGarcian,satisfaitetnauséeux.

Évidemment…Logane,reprenez-vous,s’ilvousplaît.Vousêtesunepersonneàpartentièreetilestnormalquevousressentiezdelacolèreenvous.Michaelvousaime,etvousl’aimezégalement.Iln’afaitquevousprotéger,etmêmesi,devotrepointdevue,ils’yestmalpris,ilaessayé.Retenezcela,c’estleprincipal dans l’histoire.Vousn’êtes pas seule,Logane.Ne les rejetezpas ainsi, pasde cette façon àcaused’unhommecruelquivousabrisée.

Jel’aitué…murmuré-je,laissantunelarmes’échapperdemapaupière.

Jen’osepaslirel’expressiondesonvisagesuiteàmonaveu.J’aihonte,jem’enveux…

Lesilenceestpesant,presquedangereux.Quand,toutàcoup,lamaindeGarcianseposesurmonbras.Desonautremain,ilm’obligeàrelevermonvisageruisselantdelarmes.

Là,croisantleregardvided’expressiondeGarcian,jeperdspiedetéclateensanglotsavantqu’ilnem’attirecontrelui.

Jesais…Calmez-vous,vousvoussentirezmieuxàprésent,jevouslepromets…dit-ilenmeserrantdanssesbras.

Jefermelesyeuxet,éprouvantlebesoinderépondreàcetteétreinteinattendue,jeleremerciedansunmurmureetmelaisseallercontrelui.

Michael

En ayant assez entendu, je sors précipitamment du bureau et me cogne contre Célina. Je l’avaiscomplètementoubliée,celle-là.

Désolé,jevousremercie,maisj’aiunempêchement,jenepeuxattendredavantage.

Oh,vousvoulezquejevousaccompagne?

Non,merci.Çaira.

Surce,jefileverslesascenseurssansmeretourner.Seuldanslacabine,jesoupiredefrustrationet

tented’éteindrelatristessequim’assaille.

D’ailleurs,jenesauraisdireexactementlesraisonspourlesquellesjemesenssiimpuissant,sitriste.Sansdouteparcequ’elleseconfieàunautrehommequemoi.

Jefermelesyeuxettentederetenirleslarmesquimenacentdecouler.Jedoismemontrerfort,jesaisqu’ellefiniraparguérirdumalquilaronge.

Quandjesorsdel’ascenseuretm’apprêteàquitterlehalldubâtiment,lasonneriedemonportablemesortdemespensées.

Jedécrochetoutenmarchantversmonvéhicule.

Paul?

Salut,Mike!T’espascheztoi?

Gagné.

Oùes-tu?

Enchemin,pourquoi?

Jesuischeztoi.Melm’adit…

J’arrive,attends-moi,lecoupé-jeavantdemettrefinàlaconversation.

Vivement,jemontedanslavoitureetjettemontéléphonesurlesiègeàmoncôtéavantdememettreenroute.Et pendant tout le trajet, jemedemande commentva être la suite des événements avecLogane.Quoiqu’ilensoit,jamaisjenelalaisseraimerejeter,mêmesil’undenousdoitensouffrir.

Logane

Quandjesorsducabinet,jemesensvidéedetoutesparts,maisaussiplusfortepouraffronterMichaeletlesautres,quiontgardélesecretsurBrame.

Le docteur a raison— comme toujours. Je ne peux indéfiniment en vouloir à l’homme que j’aimed’avoirvoulumeprotéger.Non,jenepeuxpasetjesuisprêteàm’excuserpourcela.

JeremercieànouveauGarcianquia insistépourm’accompagneràmavoitureet luiprometsquejel’appelleraileplusvitepossiblepourl’informerdessuitesdelasituation.

Faitesattentionàvous,Logane.

Jevouslepromets,murmuré-jeaprèsuneseconded’hésitation.

Profitezdecedéjeunerpourdiscuteravecvotrepère.

Jeleferai.Mercipourtout.

Àbientôt,Logane,medit-ild’unevoixdouce.

Jeserrelamainqu’ilvientd’emprisonnerdanslasienneetdéglutispéniblementàlalueurquejepeuxliredanssesyeux.

Vousêtesquelqu’undebien,vousaussi,dis-jeavantdereculeretdemonterdansmonvéhicule.

Quelquesminutesplustard,jeretrouvemonpèredevantleTrimarinaprèsavoirrassuréMilaparunappeltéléphoniquerapide.

Papa,crié-jeenouvrantlesbraslorsqu’ilestsurlepointdem’attirercontrelui.

Commenttuvas,mapuce?

Çava…mieux,continué-jeenrépondantàsondouxsourire.

C’estvrai,tuasl’aird’allerbien.

Jecontinuedesourireetluiemboîtelepasquandilm’inviteàentrerdanslerestaurant.Jelelaissediscuteraveclafemmequinousprendenchargeavantd’allernousinstalleràunetablequ’ilaprissoinderéserver.

Faceàfaceavecmonpère,jerestesilencieusetandisqu’ilcommandeunapéritifetunjusdefruitpourmoi.Jeleremerciedesonattentionet,unefoisquelaserveusedisparaît,ilagrippemesmainsquisontposéessurlatable.

Logane…dis-moicequisepasse,s’ilteplaît.Toutlemondes’estinquiétéhier.

Je…suisdésolée,papa.Vraiment…

Lerictusquisedessinesursonvisagemefaitpenserqu’iln’ycroitpasuneseconde,etpourtant,c’estbienlavérité,jesuisvraimentdésoléed’avoirtoutgâchéhier.

Gênéepar le regardunpeuautoritaireet impersonneldemonpère, jebaisse lesyeuxetplaqueunemainsurmonventre.Jeressensunepetitedouleur,maistrèsviteelledisparaît,commecesentimentdegênequivenaitdem’assaillir.

Jerelèvelatêteetfixemonpèredanslesyeux.

Écoute,jesaisquetuattendaisquejesoisunefilleirréprochable,maispermets-moidetedirequej’aimoiaussiétédéçuepartoncomportement.

Queveux-tudire?

Jerouledesyeux,agacée.

Tout à l’heure, j’ai été àmon rendez-vous avecmonpsy, ha oui, tu n’étais pas au courant que jesuivaisunethérapie,sansdoute?

Biensûrquesi.

Alorspourquoin’êtrejamaisvenumeparler?Prendredesnouvelles?

Tuesfolle?Quet’arrive-t-il,Logane?Jen’aifaitqueça,prendredetesnouvelles.

ÀPaul,Michael…maistuastoujoursrefusédevenirmevoirpourmeparler.Non,tuaspréféréfuirleproblème,papa,commetoujours.

Nedispasça…

Je suis comme toi. J’ai fui le problème qui s’est imposé àmoi, hier soir et, crois-moi, que tu leveuilles ounon, tu es pareil quemoi. Jem’enveux, pas parceque je te ressemblemais parceque jen’arrivepasàêtreheureuse,quejem’obstineàfuircoûtequecoûtecebonheurquim’estdonné,etparceque j’aurais voulu être comme elle... comme maman. Elle a toujours été franche, honnête, et s’estdémenéeàfaireleschosesparelle-même,mêmequandlamaladiel’empêchait,laplupartdutemps,debouger.Elleattendaitetelleyallait,elleallaitdroitaubutqueçaplaiseounonetn’attendaitjamaisquequelqu’unfasseleschosesàsaplace.Etjel’aitrahie…enquelquesorte,carj’auraisvouluêtrecommeelle,avoirsaforceetsoncouragepourresterdebout,prêteàmebattreenversetcontretout,maisnon,jen’yarrivepas.Jesuiscommetoi,papa.Jefuislesgensquej’aimeparcequej’aipeurdetoutperdreàtoutjamais.Commetoi,jepréfèremettreuntraitdéfinitifavantqu’onmel’imposeparcequejesuistropbornée.

Que dis-tu, ma chérie ? demande-t-il en serrant mes doigts fermement. Je sais que je vous aiabandonnées, toi et ta pauvre mère, mais j’essaie de réparer mes fautes… Hier, j’étais là, pour tesfiançailleset…

Ettumereprochesd’avoirprislafuite,etjenet’enveuxpas.Jem’enveux,commejetel’aidit.

Alorspourquoimedis-tuça?

Jesouris,baisse la têteet fixemonventrependantune longueminute.Jen’aipasenvied’aller troploin,deleblessersansaucuneraisonalorsquecettefois,jemeremetsenquestion.

Papa… j’ai beaucoup parlé aujourd’hui, et je me suis rendu compte que, quelles que soient leserreursquetupuissesfaire,jet’aimeraitoujoursalors…jedoisapprendreàpardonneràmontouret…

Machérie,mecoupe-t-il,ému.Ques’est-ilpassé,dis-le-moi?

Hiersoir,toutallaitbien…jusqu’àcequej’entendeMeletMichael.IlsdiscutaientdeCurtis,papa.

Remarquantsontroubleetsonvifmouvementdereculsursachaise,jefroncelessourcilsetdemande:

Tusavais,n’est-cepas?Tupeuxmeledire,jenet’envoudraipas.

Tusaistout…C’estça?

J’esquisseunlégersourire,histoiredelerassurertandisquelacolèreéclateenmoi,maisj’essaiedelacanalisertoutcommeledocteurGarcianm’ademandédelefaire.

Oui…ilaagresséMelet jesaisqu’ilss’enveulentdemel’avoircaché,mais…jemedisquesij’avaissu,j’auraisfaitattentionetCurtisn’auraitpasréussi…

Tutetrompes,mapuce,m’interrompt-ilenancrantunregardhumidedanslemien.

Jesecouelatête,necomprenantpascequ’ilvientdedire.

CurtisBramearéussiàdéjouerlesservicesdeprotectionquenousavionsmisenplaceautourdetoi,machérie.Oui,noust’avonscachélavérité,carnousavonsessayédelestopper…

Vousm’aviezmisdesgardesducorps sans…que je le sache? répété-je, secouant la têtecommepourmeréveilleraprèsunmauvaisrêve.

Pasquedesgardesducorps.LeFBIétaitprêtàentrerenactiondèslepremiersignedeBrame…tun’auraisrienpufairecontrelui,Logane.C’étaituneordureet…

Stop!crié-jeenprenantmoncrâneentrelesmains.

Ils’arrête,etjel’enremercieintérieurement.Jenesaisquepenser.Toutcequemonpèrevientdemedire,aufonddemoi,jelesavais.J’avaisconsciencequ’ilsessayaientdemeprotégeretcommentlesai-jeremerciés:enfuyant.

Jerelèvelatêteaprèsuninstantderéflexionetregardemonpèrequisembletrèsinquietquantàmaréactionprochaine.

Le docteurGarcian a définitivement raison sur toute la ligne. Papa… je suis sincèrement désoléed’avoir réagide la sorte,mais… j’étais furieusequevousm’ayezcachéqueMel s’était fait agresser.J’auraisvouluêtrelàpourelle,commeellel’atoujoursétépourmoiet…

Samainquivientrejoindrelamiennemefaitperdremesmots.Sanscompterles larmesquejevoisapparaîtredanssesyeuxetquimefontl’effetd’uncoupdepoignard.

Excuse-moi,papa.

Non,machérie…tusaistoutàprésent,etc’estmoiquisuisdésoléd’avoirdemandéàtonfrèredeneriendire.Jesavaisqu’illesurveillaitetj’aiessayédeconvaincredesrelationspourqu’ilslestoppentavantqu’ils’enprenneàtoi.J’aiéchouémoiaussietjenemepardonneraijamaisdenepasavoirétélàquand tuenavaisbesoin.Si tu savais comme je suisdésolé, répète-t-il tandisqu’une fine larmevients’étendrelelongdesajoue.

Émue,jeretiensdifficilementlesanglotétoufféquis’échappedemagorgeetserreàmontoursamain.

Jet’aime.

Machérie,jet’aimesifortmoiaussi.

Jen’aipasletempsdelevoirseleverqu’ilsetientdevantmoi,àmahauteur,etqu’ilm’attirecontrelui.

Heureuseetrassuréedeluiavoiravouécequej’avaissurlecœur,jefondsenlarmesdanssesbraspendantquemonsourires’élargitdanssoncouàsesmotsmurmurésprèsdemonoreille: Lespectaclequ’onestentraind’offriràcesgensseracertainementenpremièrepagedujournaldemainmatin.

Jem’enmoque,réponds-jeavantdefermerlesyeux,savourantl’étreintedemonpère.

5

Paul

Aprèsuneinterminableattente,j’aperçoisenfinlavoituredeMichaelaucoindelarue.J’informeMel,quim’a tenu compagnie jusqu’à ce que son voisin se décide à rentrer, et sors de chez elle.Michaeldescenddeson4x4quand,d’unpasrapide,jem’avanceverslui.

Tuenasmisdutemps!

Salut.

Jehausseunsourcil.C’est toutcequ’ilaàmedirealorsqueça faitplusd’uneheureque j’attendsqu’ilrentre?

Tum’asditquet’étaisenchemin,Mike.T’étaispasséoù?

Ilmejetteunregardnoiretneprendpaslapeinedemerépondre.Ils’avanceendirectiondechezlui.Agacé,jelesuisetpesteintérieurementquandilsetourneversmoietm’inviteàentrerd’untondétaché.

Unefoisàl’intérieur,jem’exclame:

Tupourraismerépondre!

Çava,Paul,medit-ild’unevoixcalme,tropcalme.

Jepeuxsavoircequit’arrive?Tuaseudesnouvellesdemasœur?

Non,maisellevabien.

Jesecouelatête,ilessaiedemerendrefououalorsjenecomprendsrienàcequisepasse.

Commentsais-tuqu’ellevabienalors?Monpèret’aappelé?

Non,maisilsdéjeunentensembleauTrimarin.

Surpris,jeplisselesyeuxetluidemande:

Commenttusaisça?

Jel’aisuivie.

Tuas…quoi?hurlé-je,furibond.

JemesuisrenduaucabinetdeGarcian,tusais,lemédecindeLogane…

Elleyétait?

Oui,maisjenel’aipasvue,situveuxtoutsavoir.

Ilme fixe sans ciller tandis que je passe unemain dansmes cheveux, désireux de les arracher aupassage.

Tul’assuivie!J’hallucine,tusaisquesiellet’avait…

Ellenem’apasvuetellevabien,mecoupe-t-ild’unevoixforte.Jel’aientendueparleravecsonpsyetpuis…jesuispartiavantqu’ellemedécouvreetj’aiattendu.Quandjel’aivusortirdubâtiment,jel’aisuivie.Elleétaitavecsonpère,toutvabien.

O.K.,acquiescé-je,soupçonneux.Alors…pourquoituasl’airtoutsimplementperdu?

J’aientenducequ’elleadit,murmure-t-ilens’installantd’ungestelasdanslecanapé.

Jerestesilencieuxtandisqu’untasdequestionsémergedansmonesprit.

Mel avait raison,Paul…elle sait tout, elle a tout entenduquand,hier soir, nous avonsdiscutédeBrame.

Merde,pesté-je,bienennuyéàprésent.

JeregardeMichael,ilhausselesépaulesd’unairnonchalant.

Ellenousdéteste,n’est-cepas?

Jenesaispas.Toutcequejecrois,c’estquenousaurionsdûluienparlerbienavantquetoutcelan’arrive,maisnousnepouvonspasrevenirenarrière,n’est-cepas?

Jesecouelatête,sachantpertinemmentquecen’étaitpasvraimentunequestionqu’ilm’adressait.

Loganeestbriséeparnotrefaute,murmure-t-il,leregardperdudanslevide.

Ellecomprendraque…

Arrête,mecoupe-t-ilenselevantprécipitammentdesonfauteuil.

Surpris,jelesuisduregardtandisqu’ilsedirigeverslacuisine.Rapidement,jevaislerejoindreaumomentoùilsortdesbièresduréfrigérateur.

Jel’aiperdue,Paul…toiaussitul’asperdue.Plusjamaisellen’auraconfianceenl’undenouset…attrape,medit-ilenmelançantunebière.

J’aijusteletempsdeleverlamainpourattraperlabouteille.Dubitatif,j’observeMichaelquiavaleunegrandegorgéed’alcool.

Tudoistetromper,Mike…Onn’afaitquelaprotéger…

Laprotéger?Onl’alaisséfilerdanslagueuleduloup!Ill’abattue,ill’avioléeet…c’estdenotrefaute,Paul!Ouvrelesyeux!

Jefaisunpasdereculàseshurlementsquirésonnentàmesoreilles.Moncœurseserreàseslourdsreprochesquim’accablentdepuislepremierjour.

Tuasraison…dis-jedoucementenbaissantlesyeux.J’ailaissémasœursefairetorturerparcequej’étaisincapabledemettrefinàcetterelationavantqu’ilnesoittroptard.Jesavaisqu’ellesouffraitaveccethommeetjen’airienfait.Tuasraison,Michael,c’estdemafaute,paslatienne.

Noussommestousresponsables…

Tun’asrienfaitpourêtreresponsabledetoutcequis’estpassé,Mike!Moi,j’auraisputoutarrêterdèsquej’aisuaufonddemoiquecetypeétaituneordure.

Jelevoiss’avancerversmoiensecouantlatête.

Non,j’auraisdûluidire…

Çan’auraitrienchangé,Michael.

Il s’arrête comme s’il venait de se cogner contre un mur invisible. Je l’observe dans un silencedouloureuxtandisqu’ils’installesurleborddelatable.

Ondoitluiparler…

Ilesttroptard,merépond-il,lagorgenouéeparlaculpabilité.

Donc…tunevaspastebattrepourelle?luidemandé-je.

Queveux-tuque je fassed’autre?Que jecoureaprèselle?Que je la fasse rentrerde forceà lamaisonetquejeluifasseunlavagedecerveau?C’estçaquetuveux?

Jesecouelatête,incompréhensif.

Toutpeuts’arranger,Michael,maiscen’estpasengardantcetteattitudequetu…

Stop!S’ilteplaît,tais-toi.

Bienévidemment,jerefusedeluiaccordercettefaveur,pasaprèstoutcequis’estpassé.

Non,Michael.Tunedoispasbaisserlesbras,ellet’aime!Certes,elleestencolère,maisl’amourqu’elleéprouvepourtoiesttoutcequicompteàsesyeux,c’estcequilamaintienthorsdel’eauettulesais.Tunepeuxpaslaissertomber,Michael.Tunepeuxpas,tudoistebattre!

Ilneréagitpas.Sonregardresteplantésurunpointimaginairedevantlui.Ilnem’adressemêmepasunregardniungesteousigned’acquiescement.Rien…

D’accord… fais ce que tu veux,mais je parlerai àLoganeque tu le veuilles ounon.Si elle doitblâmerquelqu’un,c’estmoi,pastoi.Jesuisresponsabledeça…Tuvoulais le luidire, j’airefusé,nel’oubliepas.

Surce,jen’attendspasqu’ilréponde,jeposemabièreintactesurlatableavantdepartir,latêtehaute.

Logane

Je viens d’appelerMila. Comme je le pensais, après son service, elle s’est rendue à l’hôpital, auchevet deRobinWells.C’est ainsi que jeme retrouve sur le parking pour la voir. J’ai besoin de luiparler.

Dixminutesplustard,jesorsdelavoitureetmedirigeversl’enceintedelaclinique.Arrivéedansleservice de Robin, je croise les parents de Mila qui me reconnaissent et me remercient d’avoir étéprésente pour leur fille. J’ai beau leur expliquer que c’est Michael qui est à l’origine de leursretrouvailles,ilsneveulentriensavoir.

Nousespéronsvraimentquetouts’arrangepourvouségalement,meditsoudainlepèredeMila.

Jeblêmis.

Hoje…oui,nevousinquiétezpas.

Bon,nousallonsretourneràl’hôtel,Marthaestépuisée.

C’estvrai,confirmesafemme.

Jeleursourisetm’excuseàmontouravantderentrermoiaussi.

Quelquesminutesplustard,jeretrouveMiladanslachambredeRobin.Jem’avancesilencieusement,jetantunregardcompatissantversl’hommeinertesursonlit.

Hey,salué-jelajeunefemme.

Salut,toi.Commenttuvas?medemande-t-elleenselevantdesachaise.

Le sourire aux lèvres, j’attrape ses mains et les serre dans les miennes avant de lui raconter ladiscussionquej’aieueavecmonpère,sanstoutefoisluidévoilerleréelproblèmedel’histoire.

Ças’estarrangé,alors?

Jepensequeçapeuts’arranger…Tuasraison,Michaeletmoiallonsavoirunbébéetjerefusequemonenfantviveavecunseulparent.Monpèreatoujoursaimémamèreet…c’estunelonguehistoire,maisj’aicomprisaujourd’huiqu’ilregrettaitlechoixqu’ilafaitàmanaissance.Jeneveuxpasunjourressentirunetellechose,Mila.

Jecomprends…vousmériteztouslesdeuxdevivrecetamourquivousunit.

Merci,murmuré-jeavantderépondreàsonétreinteamicale.

Nous restonsdans les bras l’unede l’autre pendant unebonneminute.Puis, je recule légèrement etlanceunregardversRobin.

J’espèredetoutmoncœurqu’ilfiniraparseréveiller.

Jeprietouslesjourspourqu’ilouvrelesyeux,pourqu’ilfasseunsigne,maisjenedésespèrepas,Logane.Michaelm’aditque l’espoirétaitquelquechosedeprécieux,qu’ilne fallait jamais leperdrequoiqu’ilarrive.

Ilaraison.

Alors,s’exclame-t-elleavecenthousiasme.Jevaismeretrouverseuleàlamaisoncesoir?

Jehausseunsourcilet,envoyantunsouriresedessinersurseslèvres,unrires’échappedemagorge.

Jenepeuxpasencoretelepromettre,mais…sitoutsepassepourlemieux,alorsoui,tuserasseulecesoir.

Milasembleheureuseàmesmots.Rayonnante,ellepenchelatêtesurlecôtéetfixeRobin.J’enfaisdemême,conscientequelasituationdanslaquelleellesetrouveestbienplusdifficilequelamienne.

Mila…

Ellemeregardedanslesyeux,arborantunmagnifiquesourire.

Jesuisvraimenttrèscontente,Logane.

Je lui rends son sourire et la prends à nouveau dansmes bras durant quelquesminutes avant de laremercierpourlatroisièmefoisetdequitterl’hôpital.

Pendantletrajetquejeprendspourrentrer,jenesuistoujourspasparvenueàdéciderquelleattitudeadopterconcernantMichael.Untasdescenariimevientàl’esprit,maisjesuistellementpréoccupéeparlaréactiondeMichaelquejesuisincapabledesavoircommentjedoisréagirlorsquejeleretrouveraienfacedemoi.

Évidemment, il m’a manqué, et je comprends les raisons pour lesquelles il a gardé le silenceconcernantBrameetMel,maisjesuistoujoursaussicontrariéeparlesfaitsetencolèrecontrelui.

Je soupire, espérant quemes inquiétudes s’envoleront parmagie et que je sois capable de gérer lasituation.Trèsvite, jesuisàquelquesmètresdelamaison,latensionmonted’uncran.Jepesteàvoixbasseetralentisafind’avoirassezdetempspourcalmerletumulteintérieurquim’habite.

Jeréalisesoudainquecen’estpassaréactionquej’appréhende,maislamienne.J’aimeraisluifairepayer ses fautes, ce silence absurde qu’il a cru bonde garder dans le but demeprotéger contremonbourreau,maisjel’aimetroppourlefairesouffrirdequelquemanièrequecesoit.

Unsourireélargitmeslèvresetjesecouelatêtepourmereprendre.Jenedoispasluimontrerquetoutestgagnéavantd’avoireuunsemblantdediscussion,maisest-cequejesauraifairepreuvedepatienceavantdemejeterdanssesbras?

Jemarmonne quelques paroles incompréhensibles et me rends compte brutalement que je viens dedéboucherdanslarue.Quelquessecondesplustard,jem’avancedansl’alléeetarrêtelavoiturederrièrecelledeMichael.

Jejetteunœilautourdemoiavantdesortir.D’unpaslentethésitant,jem’avanceverslaporte.Jen’aipasletempsdeleverlamainpourinsérerlaclédanslaserrurequeMichaell’ouvrebrutalement.

6

Michael

Jesavaisquec’étaitelle…

Quandj’aientenduunbruitdemoteurdansl’allée,j’étaisdanslachambreetjemesuisprécipitéaurez-de-chausséesansjeterunregardparlafenêtrepourvérifiersic’étaitLogane.Non,jelesavais.Moncœurs’estsoulevédebonheur,desoulagementàcebruit.Commeunfou,j’aiouvertlaporte.D’ailleurs,elleadûavoirpeurcarelleaunmouvementderecul.

Je la regarde, labouche légèremententrouvertebienque jesois incapabledesortir lemoindreson.Ellemefixeégalementdansunsilencelourd,électrique.

J’aienviedel’attirerdansmesbras,delaserrerfortementcontremoitantjesuisheureuxdelarevoirà lamaison,mais jen’enfaisrien.Jemecontentede l’observeravecamour tandisquesonregardmedévisage.J’essaiededevinersespenséesàl’expressionquipassesursonvisage,danssesyeux,maisjen’yparvienspas.

Déstabilisé,jerefermeleslèvresetmemordsl’intérieurdelajoueafinderetenirl’élanquimepousseàlaprendredansmesbras,àluidirequejesuisdésolé.Maisjeresteimmobile,toutcommeelle,etnousnousfixonsdroitdanslesyeux.

Je ne sais pas combien de temps nous demeurons ainsi, toutefois le bruit qui provient de chez lesvoisinsm’inciteàsortirdemaléthargie.

Entre.

Ellehoche la têteensigned’acquiescement.Jemepoussepour la laisserpasseret refermelaporteavantdem’yadossertoutenlaregardant.Elleenlèvesavesteetl’accrocheauporte-manteaupuisposeson sac sur la console. Je ne bouge pas. Je ne parle pas. Je ne fais que la regarder amoureusement,presquesolennellement,sanspouvoirfaireautrechose.

J’ai l’impression qu’elle est beaucoup plus calme que moi, que ses gestes sont maîtrisés à laperfection,nelaissantpasseraucunautretourment,commeceuxquim’habitentàl’instant.

Logane…

Je viens demurmurer sonprénom,mais apparemment, elle ne réagit pas.Elle reste là, devantmoi,immobiletandisquejenepeuxfixerquesondos.Loganeneseretournepas,maisjeconstatequ’elleadumalàrespirer,sesépaulessesoulèventpéniblement.

Alors,jem’approched’unpas,puisd’unautre.

Assezprèspourressentirlemoindresouffle,jemestoppeet,àquelquescentimètresdesoncorps,lemienréagitinstinctivement.Jelèveunemainetlalaissesuspenduedansl’air,àhauteurdesoncou,telleunemarionnettequiattendqu’onl’autoriseànouveauàbouger.

Logane,murmuré-je,n’enpouvantplusdesonsilence.

Elle n’en a que faire de ma prière. Son mutisme perdure, ce qui commence à me rendre fou. Jem’impatiente, j’appréhende qu’elle se tourne vers moi pour me dire qu’elle en a assez, qu’elle veutrompreunefoispourtoutes…

Jesuisdésolé…m’excusé-jeeneffleurantsonépauleavantdeposercomplètementlamainsurcelle-ci.

Ellefrissonneàmoncontact.

Sonmanquede réactionmepousse à ressentir unpeuplus le sentimentde rejet que j’éprouve. J’airaison,j’aitoutgâchéenécoutantPaul.

Je ferme lesyeux,et, soudain, je sensqu’elle faitunmouvement.Quand j’ouvre lespaupières,monregards’ancreausienautomatiquement.J’aijusteletempsd’apercevoirunelarmeroulerlelongdesajoueavantquenoslèvressescellentenfindansunélanfougueux.

Logane

Je ne sais pas ce qui m’a pris, mais je n’ai pu résister davantage à l’envie de l’embrasser. Je ledésiraisdepuismonarrivée,mais j’avaisbesoinde lefaireattendre,chosequejenepeuxdécidémentpasfairepluslonguement,etjem’enveux.Alors,jelerepoussefermement,frappantdespoingssursontorsequitressauteàmoncontact.Jelefixedanslesyeuxsansaucunscrupuleetsecouelatête.

Onnepeutpas…tu…

Logane,jet’enprie,dit-ilenmeretenantparlespoignets.

Non,Michael…lâche-moi!

Jene saispas si c’estmoncri qui lepousse àobtempérer,mais ilme relâche, le regard embuédelarmes.

Reste...

Jedéglutis,culpabilisantdeluifairedelapeine,maisjeveuxqu’ilcomprennecequej’airessentiparsafaute…mêmesij’aicomprislesraisonsdesonsilence.Jeneveuxplusjamaisqu’unhommesesentesupérieuràmoi,qu’ilpuisseme faire souffrir sanscompatir àcettedouleurquim’estdeplusenplusinsoutenable.

Alors, je lui lanceundernier regardet je lecontourned’unpas rapideavantdem’élancerdans lesmarchesdel’escalierpourmeréfugieràl’étage.

J’aijusteletempsd’entrerdanslachambrequeMichaelsetientdéjàderrièremoi,tenantlaportepourm’obligerànepas la refermer. Je le foudroiedu regardet luidemandedeme laisser tranquilleavantqu’unedouleurlancinantes’installedansmonbas-ventre.

Jepousseunlégercrietmereplielégèrement.Trèsvite,lesmainsdeMichaelviennentseposersurmesépaules,empêchantmoncorpsdesepencherdavantageversl’avant.

Logane!

Çava…laisse-moi,s’ilteplaît.

Ilesthorsdequestionquejetelaisse,bonsang!

Mike…soufflé-jeententantdereprendreunerespirationnormale.

Logane,çavaaller,soufflebien,medit-ilenmeredressantdoucement.

Dèsquejemetiensassezdroitepourmetrouverdevantlui,ilsepencheversmoietmesoulèvedanssesbras.

Michael!

Tais-toi,s’ilteplaît.Tuvasresterallongée,jevaistechercheruncalmant.

Je ne réponds pas.La douleur est bien plus inquiétante que tout le reste. Je le laissem’allonger ettournelatêtesurlecôtéquandilvienteffleureravectendressemajoueduboutdesesdoigts.

Jeressensaussitôtsesmusclesseraidiraurejetquejeluiinflige.Jememordslalèvreparculpabilité,jusqu’àcequejeressentelegoûtdusangdansmabouche.Ilmelaisseseulependantquelquesminutes,maistrèsvite,ilestderetouravecunverred’eauetuncalmant.

Merci.

Prends-lemaintenant,m’ordonne-t-ilenmetendantleverreetlecachet.

Jefulmine.

Logane!insiste-t-il,furieux.

Jelefoudroieduregardetprendsbrutalementcequ’iladanslesmainsavantd’avalerlemédicament.Unefoisfait,jeposeleverresurlatabledechevetdansunclaquementsec.

C’estbien,dit-ilavantdes’installersurlereborddulit,àmoncôté.

Laisse-moitranquille,Michael.

Çaaussi,c’esthorsdequestion,Logane.Nousdevonsparler,ettulesais.

Iln’yarienàdire!Tuasgardélesilence,tun’auraispasdû.

Etjem’enexcuse!semet-ilàhurler.

Je secoue la tête, furieusequece soitmoiquidoive subirdes reproches alorsqu’il estuniquementresponsabledelasituation.

Mapuce…jesuisvraimentdésoléd’avoirgardéçasecret,maisjet’aimeet…

Il s’interrompt, trop émupour continuer. J’ai enviede sourire à levoir ainsi, si émotif devantmoi,maisenmêmetemps,jem’enveuxdeluifairesubirça.Jel’aimeégalementetjesaisqueladécisionquej’aipriseaprèsledîneravecmonpèreestlabonne,maisj’aimeaussilevoirramerpourmerécupérer…

D’ailleurs,jeprofitedesonétatdeléthargietotalepourmeredresser.

Eh!Qu’est-cequetufais?

Laisse-moimelever.

Tudevraisresterallongéeencoreunpeu.

Jefroncelessourcils,surpriseparcetteautorité.

Tupeuxm’expliquercommentjefaispourfairepipi?

Ilmarmonnequelquesmotsincompréhensiblesavantdesoupirerdelassitude.

Mais…qu’est-cequetufais?

Jet’emmèneàlasalledebain,merépond-ilsèchementenmesoulevantdanssesbras.

Jen’aipasbesoindetoi,Roller!

Nediscutepas.

J’ouvre grand les yeux au ton qu’il emploie. Je le fixe pendant qu’il se dirige dans la salle d’eau,confuse.Ilnemeregardepasetjeprofitedufaitqu’ilportelesyeuxdevantluipouradmirerlestraitsdesonvisage.Sabarbenaissanteluidonneunairsexy,maislacrispationdesesmâchoirestémoignedelacolèrequ’ilcontient.

Jevaistedéposerlà.

Hum?

Ilmescrutesanscomprendre.

Tuvasbien?

Gênée,jebaisselesyeux.

Oui…

Michael

Jeladéposedoucementsurlesoletlaretiensparlesépaules.Nosregardssesoudentetjemedélectedevoirdanssespupillesclairesquecettepetitelueuresttoujoursprésente.Jesensledésirs’emparerdemoi,maiscen’estpaslemoment.

Tuvasyarriver?

Àtonavis?Tupeuxmelaissermaintenant!

Unlargesouriresedessinesurmeslèvresàsontonemplidesarcasmes.

Non.Jepeuxmeretournersicelatefaitplaisirmaisjenesortiraipasdecettepiècesanstoi.

Jesuisconscientqu’ellepesteintérieurement,maisjeserrelesdentstandisquenousnousdéfionsduregard.

Sorsd’ici!

Jesecouelatête.

Jemeretourne.Dépêche-toi,luiordonné-jeenesquissantunsouriretoutendiscrétion.

Jelasensfulminerderrièremoi.Jesaisquej’exagèreàluiimposermaprésenceicimaisjen’ypeuxrien,c’estleseulmoyenquej’aitrouvépourluitenirtête.Alorsquejetendsl’oreillepoursavoiroùelleenest,j’entendsuneporteserefermer!

Vivement, jemeretourneetconstatequ’ellevientdesortirde lapièce.Jeprendsma têteentremesmains,jenesaispassijedoislaisserexploserlacolèrequejecontiensenmoioulaisseréclaterlefourirequimontedangereusementdansmagorge.J’approchealorsensouriantet…jerestebéatdevantlaporteferméeàclé.

7

Michael

Jen’en reviens toujourspasqu’ellem’ait fait ça !Bienque je fulminedeplusbelle en cognantdupoingsurlaporte,jelaisseéclaterenfinunfourire.

Etçatefaitrire?s’écrie-t-elle.

Allez,Logane,çasuffitmaintenant!Avouequetonattitudeestdigned’unecapricieusebornée!

Jel’entendsrâler,marmonnerdeplusbelleavantquej’insisteànouveaupourqu’elleouvrelaporte.Contretouteattente,c’estcequ’ellefaitdanslaminute.

Sonregardestnoirdecolère,maisjen’enaicure.Jem’approched’unpasverselleetmurmuresonprénom,hésitantfaceàlaminequ’ellearboresursonvisage.

S’ilteplaît,tunecroispasqu’onpeutarrangercettesituationsansquetuneveuillesmetuer?

Mes mots semblent faire son effet. Non pas celui que j’attendais, au contraire. Elle me pousseviolemmentetmecontourneafinderetournerdansnotrechambre.

Jesoupire,excédéparcecomportement.

Elleestprochedulit,droitecommeun«i»,lespoingsfermés.Sonregardesttoujoursaussinoirqueles ténèbres.Elle baisse enfin la tête,mais je sais qu’elle tentede retenir ses émotions, cellesque jevoudraislireànouveaudanssesyeuxassassins.

Logane…

J’efface les derniersmètres quime séparent d’elle et, le souffle court, je soulève délicatement sonmenton,relevantainsisonvisagejusqu’àcequ’ellemeregardedanslesyeux.Nousrestonssilencieux,écoutantlescognementssourdsdenosbattementsdecœur.Ellelèveenfinlesyeuxet,àcetinstant,jesuisassailliparundésirfulgurantenplongeantmonregarddanslesien.Monpoucevienttracerlescontoursde ses lèvres entrouvertes avec une lenteur délibérée. Je souris légèrement alors qu’elle ferme lespaupières,semblantsavourercegeste.J’enconclusrapidementqu’ellecèdeenfinàlarageetlacolèrequilaconsumaient.

Néanmoins,elleessaiedesefaireviolence,ellerésisteàcequinouspoussel’unversl’autre.

Situessaiesdemesuivre,çasepasseratrèsmalpourtoi,Roller!

Malgré la menace, je sais pertinemment qu’elle retient toujours l’envie de mettre un terme à cettequerelle.

Moiaussi,jet’aime…réponds-je,unsourireamusésurleslèvres.

Pourtouteréponse,elleclaquelaporteviolemment.Jem’avanceverslelitetinspireprofondément.Éreinté,jem’allongesurlematelasetfermelesyeux.

J’attendraiquemademoiselleLoganeretrouvelaraison.

Logane

JeressorsdelasalledebainsansbruitetpouffederireenobservantMikeallongédetoutsonlongsurlelit,àmoitiénu.Soupirantd’exaspérationauxréactionsdemoncorpsquejen’arrivepasàcontrôlerensaprésence,jem’approchedelui.

Vienstecoucher,Logane.

Non.

Tuasfaim?medemande-t-ilcommes’ilavaitoubliéquenoussommesfâchés.

Non.

Alors,allonge-toi.

J’hésite un instant et, épuisée par cette journée riche en émotions, jem’allonge finalement sous lesdrapsàcontrecœur.

Jepeuxsavoirpourquoituesdanscettetenue?

Ilsemetàrireetsepositionnesuruncoudeenmefixantdanslesyeux.

Jen’aipasdormidelanuit.

Àquilafaute!répliqué-je.

Jesais,murmure-t-il.Est-cequetucomptesmereprochercelalongtemps?Parcequesic’estpourpasserlerestedemavieavectoiàm’envoyerdesreprochescontinuelsàlafigure,nonmerci!

Furieuse,jemeredresse.

Jene t’ai riendemandé!Alorsne tefaispaspasserpour lavictime,c’est toiet toiseulquim’asmenti!

Surprisequ’ilselèved’unbond,j’ouvreleslèvressanspouvoirdirequoiquecesoit.

Jesais,etjemesuisexcusé.

Jebaisselesyeuxuninstantavantdereleverlatêtebrusquement.

Qu’est-cequetufais?

Jem’habille.

Oùvas-tu?

Jevaistepréparerquelquechoseàmanger,enattendant,réfléchisbien!

Réfléchiràquoi?demandé-je,d’unevoixfurieuse.

Quandjeremonterai,jeveuxsavoirsitucomptesmepardonner,carjetelaisselechoix,Logane!Soittumepardonnesmaintenant,soittupersistesàmedétesteretàmereprochermonerreursanscesseet,là,toutseraterminé.

Michael

Surcesmotsdurs,jesorsdelapièceetdescendsàlacuisine.Jeculpabilisedéjàpourcequejeviensdeluidire.Etsiellerefusaitdemepardonner?Jesoupiredelassitude,jecrainstellementqu’ellerefusedefairecepasversmoi.Jel’aidéçuemaisjesaisqu’ellem’aimetoujours,medis-jeenmettantunplatcuisinédanslemicro-onde.

Soudain, alors que je regarde dans le vide, le plat tournant sur lui-même, la sonnette de la ported’entrée se fait entendre. Je peste intérieurement et me précipite vers le visiteur, me promettant del’éconduirepoliment.

Mel!m’exclamé-je,surpris.

Salut,Mike…Commentva-t-elle?

Ellevabien,Mel.Mais,jecroisqu’ilestpréférable…

Jesais,jenerestepas,m’interrompt-elleaussitôt.Jevoulaisjusteavoirdesesnouvelles.Elleestfurieuse,n’est-cepas?

Ouietnon.TuconnaisLogane.Jepensequec’estàmoiqu’elleenveutleplus.

Maistun’espasresponsable,c’estmoilaseuleàblâmer.

Noussommestousresponsables,Mel,réponds-jeenfixantmonamiedanslesyeux.Tuasvoululaprotégercommenoustous,maisc’estquelquechosequ’ellen’appréciepas.

Jesais,maiselleatantsouffert…

Oui…

Çavaaller?

Écoute, lui dis-je, gentiment. Je ne veux pas que tu penses que je veux l’éloigner de toi,mais jepréfèrequecesoitarrangéentrenousavant…

Jecomprends,mecoupe-t-elleenesquissantun légersourire.Ne t’en faispas. Jepensequec’estmieuxainsi,également.Maisjem’enveuxquetusoisleseulàpâtirdesesfoudres…

J’éclatederireetsecouelatête.

Pasgrave…disonsquej’aimebienquandelleestencolère.

Ah,celaveutdirequec’estdéjàfait?

Ellem’aenfermédanslasalledebain,luiavoué-je.

Melsemetàrire.

Désolée.

Net’inquiètepas,j’aieulamêmeréaction.Bon,jevaisallerlarejoindreavantqu’ellenetrouveuneautreidéepourm’énerver.

Embrasse-lapourmoi,veux-tu?

Biensûr.

Àdemain.

J’attendsqu’ellerentrechezelleetrefermelaporte.

Qu’est-cequetufaislà?demandé-jeàLoganequis’avancedanslesalon.Remontedanslachambre,Logane!

Elleest toujours furieuse.Ellen’apasbesoindedirequoiquecesoitpourconfirmercettepensée.Ellesetientdevantmoi,lesbrascroiséssursapoitrine.

Non!grogne-t-elle.Etcommentoses-turefuserquejevoieMel?

Jesecouelatêteetrouledesyeuxavantderépliquer:

C’estvraimentunemauvaisemaniecheztoi,d’écouterlesconversations!

Logane

Là, il abuse !C’est lapremière foisque je remarquecetteétincelle furieusedans le fonddu regardqu’ilm’adresse.Jebaisselesyeuxàladouleurquej’éprouveaufonddemoi.Nousnoustenonsl’unenfacedel’autresansdireunmot.J’ail’impressionqu’ilattendquelquechose.Queveut-il?Uneréponseàl’ultimatumqu’ilm’aposéavantdedescendre?Jepesteintérieurementetrelèvefièrementlatêteenleregardantdanslesyeux.

Tum’énerves!

Jesais,c’estpuéril,maisjen’aipastrouvéautrechoseàrépliquerdansl’immédiat.

Tun’espaslaseule!

Depuisquandtuessiborné?

C’esttoiquimepoussesàl’être!

Peut-êtrequ’iln’estpasbonpourtoideresterauprèsd’unefemmecommemoi!

Peut-être!Maisc’esttoiseulequejeveux!

Ilvientdem’avoirànouveau.Jebaisselesyeux,émueetfurieuseàlafois.

Ettoi?Est-cequetuveuxencoredemoi?

Unelarmes’échappedemapaupièrealorsquejerefusequ’ellesouillemonvisage.JefermelesyeuxaucontactdelamaindeMikequiseposesurmajoue.Lesoufflecourt,réprimantavecpeineledésirdepassermesbrasautourdesoncou,jerelèvelesyeuxetledéfieduregard.

Veux-tuencoredemoi,Logane?merépète-t-il.

Priseaupiège,jedéglutis,incapabledementir.

Mike…tulesaistrèsbien.

J’aperçoissonsourirequi seprofile lentementaucoindeses lèvres. Je tentemalgré toutdenepasposertroplongtempsmonregardsurcetteboucheenattentedebaisers,maisjenecontrôlerien.

Toutefois,jerestedemarbre,immobiletandisqu’ilpenchelatêtesurlecôtésanscesserdefixeravecgourmandisemeslèvresquis’entrouvrentdélibérémentàsonapproche.

Jefermelespaupières,pestantintérieurementcontrelepeudecontrôlequ’ilmeresteencore,etémetsunfaiblegémissementquandsaboucheeffleurelamienned’unedoucecaresse.

Vaincue,jemependsàsoncouetrépondsavecardeuràsonbaiserprofond.

Quandilmesoulèvedanssesbras,jemelovecontreluiaulieudemedétachercommej’enaienvie—commemoncerveaucriedelefaire—tandisque,d’unpasrapide,ilm’emmènedanslachambresansattendre.

8

Logane

Lorsque j’ouvre les paupières,Michael vient deme déposer délicatement sur le lit. C’est avec unsentimentdesoulagementintensequejel’attirecontremoietluioffreànouveaumeslèvres.Laissanttoutcequis’estpasséauparavantloinderrièrenous,jelelaissefouillermabouchedesalangueexpertequim’enivreconsidérablement.

Mike…

Ils’allongeàmoncôtéet se redressed’uncoude,mecontemplantduregard.Lentement, il frôlemajoued’unedoucecaresse.Jefermelesyeux,savourantl’instantdenosretrouvailles.

Malgréledésirintensequej’éprouveencetteseconde,jeconstatequ’ilestbientropfatiguémêmes’ilneveutrienlaisserparaître.Jemesenscoupable…coupablequ’ilsesoittantinquiété.Parbesoindelerassurer,j’approchesonvisagedumien,ill’enfouitaussitôtdansmoncou,frôlantmaveinepalpitantedeseslèvres.Sonsoufflechaudm’envoieunedéchargeélectrique,mefaisantfrissonnerviolemment.

Tuasfroid?s’inquiète-t-il.

Non…

J’aiterriblementenviedetoi,Logane,murmure-t-ild’unevoixrauque.

Jesais,moiaussi…avoué-je.Mais jesuis tropfatiguée,mens-jeenfermant lesyeux,posantmonfrontcontresoncrâne.

Jemesensbiendanssesbras,samaindessinedesformescirculaires imaginairesdansmondos.Jefrissonne à ce contact. Soupirant de soulagement après toutes ses émotions, je prends samaindans lamienne.Nosdoigtss’entrelacentaussitôt.

Pardonne-moi,Logane…

Tun’aspasbesoindetefairepardonner.Toutestmafaute…j’enprendsconscience.

Ilseredressed’unbond.

Non,rienn’estdetafaute,mapuce.

Alors,disonsquecen’estlafautedepersonne,luiréponds-jeensouriantafind’atténuersonregardemplideculpabilité.

Logane…

Alorsquejem’apprêteàluidemanderdeneplusypenseretdes’endormir,sabouchevients’écrasersurlamienneavecavidité.

Toutd’abordsurprise,jerépondsàsonbaiserpassionnétandisqu’ilnousfaitroulersurlelit.

Riant tous lesdeuxsansdécollernos lèvressoudéespar lapassionquenous ressentons l’unenversl’autre,doucement,jefaisensortequenoscorpssestabilisentsurlematelasetredresselatête.

Jecroyaisquetuétaisfatigué?demandé-je,amusée.

Ilmesourit.Alorsquejecontinuedeleregarder,ilposeundoigtsouslabretelledemachemisedenuitetlafaitglisserlelongdemonépaule.Jedéglutis,retenantungémissementdeplaisir.

Ilécarte,avecdesgestesprécis,lesbretellesdemanuisetteetcontemplesilencieusementmapoitrine.Jesuisconvaincuequesondésirdevientpresquedouloureux.Ilcaressesensuellementmesseinsgonflésduboutdesesdoigtsavantdelesremplacerparsabouche.

Mike…

Suiteàmongémissementétouffé,ilseredresseetôterapidementsesvêtementsavantdemedélesterdesdernierstissusquejeporte.

Hypnotiséeparsoncorps,jenelequittepasdesyeux.Ilesttellementparfait…Lentement,mesmainseffleurentsontorsetandisquejesourisauxfrissonnementsdesapeausousmesdoigts.M’abandonnantàsescaressesexpertes,sabouchevientàlarencontredelamienne,noslanguessecherchentetsetrouventpoursetaquiner.

Jen’enpeuxplus,jeveuxquenoscorpsseretrouventenfin.Alorsjeluifaiscomprendredes’allongersurledos,ilsouritsanssefaireprierenm’adressantunregardtaquin.

Sesmainsseposentimmédiatementsurmeshanchestandisquejemepositionneàcalifourchonsurlui.Son regard est brillant de désir et la lueur que j’y trouve, quand je prends la situation en main, mebouleverseauplushautpoint.

N’enpouvantplus,jemerelèveunpeuavantdemettreuntermeàcetteattenteinsoutenable.

Desgémissementsrauquess’échappentdenoslèvres.

Éblouieparlessensationsquenousretrouvons,jeresteuninstantimmobile,savourantchaquesecondedenotrealliance.Puis,alorsquejecommenceàentamerunedansesensuelleetbouleversanteàlafoissursoncorpsfrémissant,ilm’agrippeplusfermementauxhanchesetsecambreafindes’enfoncerauplus

profonddemachairhumide.

Nosyeuxsontsoudésl’unàl’autre…brillantsdedésiretd’unplaisirfulgurant,renversant…Ilm’atantmanquéquej’ail’impressionderevivrenotrepremierinstant,cetinstantoùnoscorpsontsembléneplusfairequ’un.

Trèsvite, la fouguenous rattrape. Jesaisqu’il tentevainementde retrouversonself-control.Quandsoudain,ilseredresseetcapturemaboucheentrouverteparleplaisirdenotreétreinte.Notrebaiserestpassionné,nousnousagripponsainsi avec fougueetpassion.C’est alorsqu’enunderniermouvement,monvisagevients’enfouirdanssoncouetnoussommestransportésverslessommetsdelajouissance.

***

Je ne pourrais compter exactement le nombre d’heures, ou de jours, où je suis restée dans ce lit,enlacéeparlesbrasdeMichael.Nousavonspasséunegrandeétape.Cellequej’auraisdûfranchirilyalongtemps.Pendantdelonguesminutes,nousavonsparlé.Discutéàcœurouvert,sansaucunebarrièresurmessentiments,mesdoutesetmespeurs.

J’ai l’impressionderevivreentièrement,commesiMichaelavait réussiàpanser lesplaies lesplusprofondesdemon âme.Nous avonspleuré tous les deux, face à cette vérité, face à toute cette fougueémotionnellequinousasubmergés.

Jelecontempledormirpaisiblementàmoncôté,ilestsiparfait,medis-jeencaressantsajoueavectendresse.

M’écartantdélicatementdesonétreinte,jemelèveetmeprécipitedanslasalledebain.Jesaisqu’àprésent, ilmeresteencoreuneoudeuxchosesàfaireavantdevivrepleinementcettenouvellevie.Jesuisprête.

Un quart d’heure plus tard, je sors de la douche, fraîchement préparée pour ma sortie. Je souris,admirantlecorpsdel’hommealanguisurmonlit.Délicatement,jereplaceledrapsurlui.

Rapidement,jegribouilleunmotetlelaissedevantlacafetière.Jemesensbeaucoupmieuxetjedoisprofiterdecetteharmonieretrouvéepourmettreleschosesauclair.

Installéederrièrelevolantdemavoiture,jecomposelenumérodePaul.

Paul…c’estmoi.

Logane!Tuvasbien?

Oui,jevaisbeaucoupmieux.Dis-moioùest-cequ’onpourraitsevoir,j’aibesoindeteparler.

Jevaispassertevoircheztoi,Logane.

Non,jesuisdéjàenchemin,Paul.

Mikeestavectoi?medemande-t-il,d’unevoixinquiète.

Non.J’aibesoindetevoir,disonsdansuneheure.

Euh…ouibiensûrmaistum’inquiètes,Logane,dis-moicequisepasse?

AuCentralParkdansuneheure,Paul!

Jel’entendspousserunsoupir.

O.K.,j’yserai.

Jemets fin à la conversation, le sourire aux lèvres. Je n’ai plus qu’une heure pour faire ce quimesemblejuste…

Michael

JechercheàtâtonsLogane…

J’ouvregrandlespaupières,laplaceestvide.Aussitôt,lapaniquem’envahit.

Logane?

Jesorsdulitetpassemonpantalond’ungesterapideavantdedescendrequatreàquatrelesmarchesde l’escalier.Oùest-elle,bonsang?Jecommenceàpester intérieurementpournepasm’être réveilléplustôt.Jeremarquealorsunmotposésurlacafetièrepleine.Jemeprécipiteversleplandetravailetdéplielafeuille.

«Chéri…

Jesaisquetuvasêtreencolèrequejesoissortiesansteprévenirmaisdepuishier, jemesensbeaucoupmieux.Jet’aimeMike…jet’aimeplusquetout.J’aiprisconsciencequejenedevaispas avoirdedouteoude crainte te concernant…nous concernant. Je saisquenousseronsheureuxensemble,moncœur,maisilfautquejefasseencorequelquespetiteschosesafinquejemeretrouvecomplètement.Net’inquiètesurtoutpas,Michael.Jeseraideretourdansl’après-midi.Jet’aime…

TaLogane…»

Jenesaisplusquoipenser.Jeprendsplacesurunechaiseetmonregardnequittepluslesmotsécritsdesamain.Jefermelesyeux,bouleverséaprèsavoirluunedeuxièmefoiscesmotsquej’attendaistant.Soupirant de soulagement, je tente toutefois de comprendre ce qu’elle doit faire de si important. J’aienviedel’appelerpourm’assurerqu’ellevabien.Maisjesecouenégativementlatête,jesaisquejenedois pas le faire. Elle a confiance enmoi, àmoi de faire en sorte que la confiance que j’ai en elledépasselesentimentd’inquiétudequimeronge.

JesourisetregardemonBlackBerryposésurla tabledelacuisine.J’ai ladouloureuseimpressionquemonportablemenargue,unepetitevoixmeditdel’appelerpourêtrerassuré,poursavoircequ’ellefait…Maisjerepoussecetteidée.C’estalorsquejerisamoureusement,deslarmesdebonheurpleinlesyeux.J’appuiesurlestouchesdemontéléphoneetluienvoiequejel’aimecommeunfou…

Deuxminutes plus tard, après avoir avaléma tasse de café, je remonte à l’étage et remets un peud’ordredans lachambre,avantdememettresous ladouche.Je reste làpendantquelquesminutes, lespaumesappuyéescontre laparoideverre, la têtebaissée. Je ferme lesyeux, faisant levidedansmonesprittandisquel’eaudélicieuseémanantdujetcoulesurmoncrâne.Celamefaitunbienfou…

Jeresteunlongmoment,sachantquej’aiprislabonnedécision.Jesouris,satisfaitdemelancerdanscettenouvellevie,puisjesorsmeprépareravantdereprendremonBlackBerryenmain.

Sortantsurlaterrasse,jevérifiesiMelestprésentedanslacuisine.Jenevoispersonne.Aussitôt,jerentrechezLoganeparlesportesvitréesquisontouvertes.Jeglousseetconstatequelerez-de-chausséeestvide.Toutestrangéd’ailleurs,medis-jeenregardantlespiècesdelamaison,lesyeuxfroncés.

Hey,salut,Mike!

Mel,bonjour.Jenesavaispasquetudormaisencore,désolé.

Jesuisréveilléedepuisunmoment,net’enfaispas.Tuveuxuncafé?

Oui,merci.

OùestLogane?Etcommentva-t-elle?m’interroge-t-elle.

Ellevabeaucoupmieux.Parcontre,oùelleest,jen’ensaisriendutout.Quandjemesuisréveillé,elleétaitdéjàpartie.

Quoi?Mais,tul’asappelée?

Non. On a beaucoup discuté durant ces trois jours. Ellem’a pardonné…mais je ne sais pas cequ’elleaentête,ellem’ajusteinforméqu’elleavaitquelquespetiteschosesàrégler.

Ellenet’enveutplus?!s’exclameMel,souslechoc.

J’ail’impressionquenon,réponds-jealorsqu’ellesoupiredesoulagement.

Commejesuiscontente…j’avaistellementpeurqueparmafaute,vousdeux…

Non,Mel,toutsefinirabien,tuverras…Dis,est-cequejepeuxtedemanderunpetitservice?

9

Logane

Latêtebaissée,jem’avanceversl’entréeduparcquandj’entendslavoixdemonfrère.

Hey!Petitesœur!

Jelèvelesyeux.

Paul…

Tandisqu’ilmeserredanssesbras,unelarmes’échappedemapaupièreetsemetàroulerlelongdemajouepourfinirsachutedanslecoudemonfrèrequis’écarteaussitôt.

Quesepasse-t-il,Logane?medemande-t-il,inquiet.

Jesourisetluirépondsqu’iln’yariendegrave,quetoutvabien.

Toi?Tunepleurespaspourrien!

Viens,marchonsunpeu,décidé-jeenletirantversmoi.

Trèsbien…

Jeluisourispourlerassurertandisquenousdéambulonsparmilespersonnesquicommencentàpeineleurfootingmatinal.

Tuvasmedirecequisepasse?

Je…

C’estMike?

Non!Oui,ils’agitdelui,maiscen’estpaspourçaquejevoulaistevoir.

C’estparsafautequetupleures?demande-t-ilenfronçantlessourcils.

Pasvraiment,dis-jeenlaissantunsourireapparaîtreauborddemeslèvres.

Oui,vulesourirequetuaffiches,j’imaginequ’ils’estmontréàlahauteur.

Choquéeparsesinsinuations,jehausseunsourciletluidemandedecontinuer.

Nesoispasvexée,mabelle,maisavouequetunesaispasluirésister.

Ettuimaginesquej’aitoutoubliéaulit?Jenesavaispasquetuavaisunesipiètreopiniondemoi.

Maisnon…

Laissetomber,tuveux!lecoupé-jeenroulantdesyeux.Écoute,commencé-jeenpassantmonbrassouslesientoutencontinuantnotremarche.Jesaiscequis’estpassé,jesaistout:l’agressiondeMel,tademandedegarderlesecretconcernantCurtis.Papam’atoutexpliqué.

Ho…Papa?s’écrie-t-il,souslechoc.

J’esquisseunlargesourireetconfirmemesmotsd’unhochementdetête.

Nousavonsdéjeunéensemble,lundidernier,et…écoute,Paul,jevoulaisquetusachesquejenet’enveuxpas,mais…j’aimeraisquetuarrêtesdet’inquiéterdelasortepourmoi.Jenesuisplusunepetitefille,tusais,et…jesuiscapableàprésentdemedébrouillertouteseule.

Logane…jesuisvraimentdésolépourcequis’estpasséetlafaçondonttul’asappris.Nousavionsenviedeteledire,Michaellepremier,maisaveclesderniersévénements…

Il s’interrompt.L’expressiondesonvisagemeserre lecœur. Je saisqu’il a souffertégalement,quel’inquiétudel’arongédurantmacaptivité,toutcommeMichaeletnosproches.

Vienst’asseoir,Logane,reprend-ilenm’entraînantversunbanc.

D’accord.

Nousnousinstallonsl’unàcôtédel’autre.Ilesthésitant,maisjenelepoussepasàpoursuivre.Unefaibledouleurvientmevrillerlebasduventre.

J’aidûpousserunlégercridedouleurcar,aussitôt,Paulvientposerunemainsurmonbras.

Tuasmal?

Cen’estrien,c’estjusteunpeudouloureux.

Tuessûre?

Oui,oui.C’estdéjàpassé,lerassuré-jeenrépondantàsonsourire.

O.K.soupire-t-ilavantdereprendre:Nousvoulionsvraimentteledire,Logane.

Jesais…cequej’aimeraisquetumedises,c’est…Melt’aappelé,n’est-cepas?Quandelles’est

faitagresserparCurtis.

Ilhochelatête,penaud.

Oui,meconfirme-t-il,d’unevoixrauque.Elleétaitmalenpoint.Ellenevoulaitpasquetulesachesetjeluiaipromisdenerienterévélerpourquetunet’inquiètespas.

J’auraisvoulusavoir,Paul.Melestmameilleureamieetelleatoujoursétélàpourmoi.Partafaute,continué-je,leslarmesauxyeux,jen’aipaspuluirendrel’ascenseuret…

Logane, je suis vraiment désolé, je t’assure.Mais il cherchait après toi et je pensais que…mesrelationsauraientsul’arrêteravantqu’iln’arriveauxÉtats-Unis.

Jedéglutis,ravalantmeslarmessilencieuses.

C’est lavérité,Logane.Jesuissincèrementdésolédet’avoircachécettehistoire.Chaquejourquipasse,jemedisquesijet’avaisrévélélavérité,tun’auraispasfinientrelesmainsdecesaletypeet…ilt’abrisée,etjesuisconscientquec’estenpartiemafaute.

Arrête,lecoupé-jeenessuyantunelarmedudosdelamain.Tun’espasresponsabledesactesdeCurtis.Ilatoujoursétéviolentetilalargementdépassélesbornes.Maisilestmortàprésent.Jeneveuxplusjamaisenparler,Paul.

Je…tupensesqu’unjour,tupourrasoubliercequis’estpassé?

Jefroncelessourcils, réfléchissantpendantun instantà laquestionqu’ilmeposeenmefixantdroitdanslesyeux.

Jenepensepaspouvoiroubliertoutcequ’ilm’afaitsubir,mais…jeveuxavanceravecl’hommequej’aimeplusquetoutaumondeetjesaisquejesuisentouréeparlespersonnesquicomptentleplusàmesyeux,alors…jepensesincèrementquejepourraiallerdel’avant.

Nous nous regardons pendant une longueminute sans rien ajouter. Puis, Paul agrippemamain. Sesdoigtss’entrelacentauxmienstandisqu’ilapprochesonvisagedumienpourembrassermonfront.

Tuestellementforte,Logane.

Çadoitêtredefamille,murmuré-je,émue.Papam’aditqu’ils’envoudratoutesavieden’avoirrienpufairepourmesortirdelà,mais…commejeleluiaidemandé,j’aimeraiste…

Qu’est-cequetuveux,mabelle?insiste-t-il,remarquantquej’aidumalàpoursuivretantl’émotionmegagne.

Je…

Logane?

Paul… je te pardonne,mais j’aimerais que tu cesses de garder pour toi ce que tu sais et quime

concerne.

Je lepeux…oui, répond-il, l’air bouleversé.Mais, nemedemandepasdenepas êtreprotecteurenverstoi.

Paul…

Non,écoute-moiàprésent,medit-ilenposantunemainsousmonmentonafinquejerelèvelevisage.Tuesmasœur,Logane.Jemesuispromis,lejouroùtuviendraisauprèsdenous,quejeferaistoutpourrattraperletempsperduet,jet’aime,alorsnemedemandeplusjamaisdenepasêtreprotecteuroudenepasm’inquiéterpourmapetitesœur.C’estunechoseimpossible.

Émueparsesmots,jemejetteàsoncouetleserreaussifortquejelepeuxdansmesbras.

Plusdesecrets,Logane,jetelepromets,murmure-t-ilprèsdemonoreille.

Plusdesecrets,répété-je,soupirantdesoulagement.Je…peuxtedemanderunepetitefaveur?dis-jeenfinenm’écartantdesesbraspourlirecequisepassedanssesyeuxhumidesd’émotion.

Mm…j’ail’impressionqu’ilyaduMichaellà-dessous,jemetrompe?

Non,tunetetrompespas,cettefois,réponds-jeenriantavantdemeblottircontrelui.

***

Dixminutesplus tard,assisederrière levolant, raviequePaulm’aitaccordé la faveurque je luiaidemandée,jeprendsmonportable,laissédanslaboîteàgantspendantquejediscutaisavecmonfrère.

Unmessage!

Fronçantlesyeux,j’appuiesurlalectureetnepeuxquesourireenlisantlepetitmotdeMichael.

«Monange.Moiaussijet’aime.Jenet’enveuxpasquetusoispartiesansm’avoirréveillé.Onseretrouveàlamaisoncesoir,jedoisvoirmafamilledanslajournée.Jet’aimemonamour.TonMike.»

Michael

Jeviensdepasserlajournéeavecmesparentsetmasœurquin’apascessédemetaquinerausujetdeLogane.Évidemment,jem’attendaisauxinterrogatoiresdesmembresdemafamilleconcernantledépartprécipitédeLogane,quiamisuntermeàlasoiréedenosfiançailles.

Cheznous,assisdanslecanapédusalon, impatientqueLoganepasselaporte, laconversationavecmesparentsmereviententête.

Je leuraiavoué toute lavérité.Choqués, ilsontd’abordgardé le silence,puism’ontdéclaréd’uneseule voix, commeun écho, qu’ils espéraient que tout s’arrangerait entre nous.Évidemment, après lesnuitsformidablesquenousavionspassées,elleetmoi,jeleurairéponduquec’étaitenbonnevoie.

Mamèreapleuré,beaucoup.ElleconsidèredéjàLoganecommesafilleetavaitmalpourelle,pourtoutcequ’elleavaitenduréavecBramependantsacaptivité.

Je secoue la tête, tentant vainement deme sortir ces pensées dema tête quand la sonnerie demontéléphoneretentit.Rapidement,jefaisdéroulerl’écranpourlirelemessagedeLogane.

Moncœur,ilfautquetumerejoignesàl’hôtel.J’aireçuuncoupdefil,apriori,tuauraisoubliéderécupérerquelquechosedanslachambrequetuavaisréservée,lasemainepassée.

Mince,medis-jeenfronçantlessourcils.

D’accord.J’arrivedansdixminutes.

Trèsvite,saréponsemeparvient.

Jesuisdanscettechambre,tutesouviensdunumérodeporte?

J’éclatederire.Unrireamer.

Oui,jem’ensouviens.Àtoutdesuite.Jet’aime.

J’envoielemessageetmelèved’unbondavantd’attrapermavestequejeposesurmesépaules.Jesorsdelamaisonetmedirigeaussitôtverslavoiturequejedémarre,ensongeantàcettesoiréequenousn’avonsmalheureusementpasterminée.

Grognant de frustration, j’essaie de sortir les pensées peu catholiques venant perturbermon pauvreespritetappuiesurl’accélérateur,medemandantbiencequej’aipuoublierdanscettechambre.

10

Logane

Je n’en peux plus d’attendre. Je sors mon téléphone de ma poche, regarde l’heure et calculementalementdanscombiendeminutesMichaelarrivera.Jefulmineetenvoie,ànouveau,unmessagederemerciementàmonfrèrequiasoudoyélegérantdel’hôtelpourquenouspuissionsfinir,commeilsedoit,lasoirée«demandeenmariage».

JemequestionnesurcequeMichaelpenseàcetinstant.Sera-t-ilsurprisoua-t-ilundoutesurlepetitstratagèmequej’aimisenplacepourqu’ilmerejoigneici?

Çasuffit,megrondé-jeenrangeantletéléphonedansmonsacaprèsavoirlularéponsedemonfrèremedisantsimplementd’arrêterdeleremercierpoursipeu.

Sipeu,s’ilsavait…

Jememets à rire toute seule. C’est nerveux, je ne peuxm’en empêcher.Mes pensées s’enchaînentmalheureusementdanstouslessens.Jerepenseàmonfrère,monpèreàquij’aipromisàmontourqueplusaucunsecretneviendraitmettredeheurtsdansnosrelations.ÀMilaégalement.J’aipassél’après-midi avec elle. Je m’étais vraiment trompée sur son compte. Cette fille est formidable, vraiment.J’espère,entoutesincérité,queRobinserabientôtlàpourelle,àsoncôtéetqu’ill’aimeracommeellelemérite.

Jesecouelatêteetm’approchedelaconsoleoùj’aiposémonsacàmain.Jereprendsmontéléphone,vérifie l’heureavantdepesteràvoixbasse. Inquiètequ’ilnesoit toujourspas là, jem’avancevers laporteetl’ouvred’ungestebrusqueavantdemepétrifiersouslesyeuxdemonfuturépouxquim’observeenarborantunmagnifiquesourire.

Salut…murmuré-je,paralyséeparlabeautédestraitsdesonvisage.

Jesuissûrequemonplanest tombéàl’eau.Michaelestbientropsouriant,et leregardtaquinqu’ilposesurmoiconfirmemondoute.

Alorscommeça,j’auraisoubliéquelquechoseici?medemande-t-il,d’unevoixsuave.

Jehochelatête,incapabled’émettrelemoindresontandisqu’ilapprochesonvisagedumien.

Respire,m’ordonné-jementalementalorsque,deseslèvreschaudesetfermes, ileffleurelecoindemabouched’unbaiserléger.

Michael…soufflé-je,tentantdecanaliserledésirquimesubmergedetoutesparts.

Il reste muet devant mon supplice et continue de me donner de doux et délicats baisers tout eneffleurantlapeaudemoncou.

Tuvoulaismefaireunesurprise,n’est-cepas?Legérantnet’apasappelée…

Etmerde…pasterriblepourqu’ellesoitréussieaveclui.

Tum’aseue…avoué-je,déçue.

Ilrelèvelatêteetplongesonregarddanslemien.

Tuesdéçue?

Jehausselesépaulesenfaisantunemoueindéchiffrable.Cequil’amuse.

Cen’estpasdrôle.

Ohquesi,çal’est,monamour,medit-ilavantdeposerseslèvressurlesmiennes.

Son baiser est tout en finesse. J’ai trop… hâte qu’il l’approfondisse au plus vite. J’entrouvre leslèvres,maisMichaeladécidédemefaireattendre.

Un long gémissement de frustration s’échappe dema gorge lorsqu’il se recule quelque peu demoncorpstremblantd’impatience.

Michael…

Lesourireauxlèvres,ilposeunemainsurmajoueet,leregardbrillantdedésir,ilmedit:

Tuesunevraieensorceleuse.

J’esquisseunlégersourire.

Jet’aime…

Monsourires’élargitdeplusbelleetjepassemesbrasautourdesoncouenmemettantsurlapointedespiedspourquémanderunbaiser.

Jet’aimeaussi,réponds-jeenfindansunmurmurerauque.

Michael

Ledésiràsoncomble,jelasoulèvedansmesbrasetm’avanceavecelleverslachambre.Jefermelaporteàl’aidedemonpiedetpenchelatêtepourenfincapturerseslèvresavectendressed’abord,puis,dèsquelesmainsdeLoganepressentmanuquepourm’attirerunpeuplusprès,jenecontrôleplusrien.Approfondissantmo