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Toxicologie La toxicologie est une discipline scientifique qui étudie les effets néfastes d'une source —
molécule, radiation, nanomatériaux, etc. — sur des organismes ou des systèmes biologiques.
Elle est à l'interface entre plusieurs disciplines — chimie, physiopathologie,
pharmacocinétique, pharmacologie, médecine, etc. — la toxicologie s'applique à un toxique
ou une association comme un produit fini qui contient plusieurs constituants.
Elle s'intéresse :
à l'étiologie (origine et les causes) des toxiques et des intoxications ;
aux propriétés physiques et chimiques des toxiques ;
aux circonstances de contact avec l'organisme et au devenir du toxique dans l'organisme
(administration, distribution, métabolisme, élimination) ;
aux effets néfastes sur un organisme ou un groupe d'organismes ou sur l'environnement
(écotoxicologie) et à leurs mécanismes ;
à la détection des toxiques (moyen, qualité, quantité) ;
aux moyens pour combattre les toxiques (voies d'élimination, antidotes, traitement) ;
aux méthodes de prévention, au diagnostic, au pronostic, à la surveillance médicale...
Étymologie : du grec toxicon, poison recouvrant les flèches, et logos, discours.
De la définition de la toxicologie, se dégage trois termes :
Toxique
Toxicité
Risque
Définition d'un toxique
- Définition d'un toxique
Un toxique est une substance capable de donner, plus ou moins rapidement, une incapacité
plus ou moins poussée, une maladie ou la mort. La définition tient compte de toutes les
formes d'intoxication (suraiguë, aiguë, chronique, subaiguë, subchronique...), de toutes les
voies de pénétration (digestive, respiratoire, cutanée, oculaire), de toutes les substances
(même l’eau et l’oxygène peuvent devenir toxiques à haute dose) et de tous les modes
d'intoxication.
Définition de la toxicité
La toxicité est la mesure de la capacité d’une substance toxique, à provoquer des effets
néfastes et mauvais pour la santé ou la survie chez toute forme de vie, qu'il s'agisse de la
vitalité de l'entité ou d'une de ses parties.
- Les formes d’intoxication
Selon que l'on distingue la rapidité d'apparition des symptômes, leur sévérité, leur durée ou
la rapidité d'absorption de la substance toxique, nous avons affaire à des intoxications
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suraiguës, aiguës, subaigües, subchroniques ou chroniques.
Lors d’études de la toxicité d’une substance chimique, d’un point de vue opérationnel :
• Toxicité suraigüe : l’intoxication suraiguë correspond à une exposition de très courte durée.
L'absorption est toujours très rapide, la dose toujours unique et la mort survient rapidement.
Exemple : la guerre chimique.
• Toxicité aigüe : administration unique du toxique ou en plusieurs fois dans délais ne
dépassant 24 heures. L'apparition de la toxicité est de courte durée. L’absorption du toxique et
les manifestations d’intoxication sont rapides.
Exemple : intoxications alimentaires ; intoxications médicamenteuses ; intoxications par les
plantes et champignons ………………
• Toxicité subaiguë : toxicité réitérée pendant au maximum 28 jours. L'intoxication subaiguë
correspond à des expositions fréquentes et répétées sur une période de plusieurs jours ou
semaines pour que les symptômes d'intoxication apparaissent.
Exemple : les effets secondaires des médicaments
• Toxicité subchronique : toxicité réitérée pendant plus de 28 jours et moins de 90 jours.
Exemple : les effets secondaires des médicaments comme les pilules de la contraception
• Toxicité chronique : toxicité réitérée pendant plus de 90 jours. Dans le cas d’une
intoxication chronique, les expositions sont répétées sur de longues périodes, la manifestation
de l'intoxication dépend soit du poison qui s'accumule, soit des effets engendrés qui
s'additionnent.
Exemple : les maladies professionnelles dues à l’accumulation des métaux lourds
(accumulation du toxique); les maladies professionnelles dues aux solvants ou aux produits
chimiques volatiles les maladies professionnelles dues comme l’essence (accumulation des
effets) ; les maladies de la pollution.
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E xe mp le d e c la s s i f ic a t io n de la t o x ic it é - cas d e la t o x ic it é a ig uë c hez
le r a t ( lau wer ys e t a l. , 20 07) .
Une substance toxique en contact avec l'organisme représente un risque potentiel. Ce risque
deviendra réel si la substance, du fait de sa dispersion, imprègne l'organisme par une ou
plusieurs voies de pénétration.
La relation entre dose interne et effets toxiques dépend de nombreux facteurs. Si les relations
entre exposition (externe) – dose (interne) – effets (toxiques) sont parfaitement connues et
quantifiées, il est alors possible, en connaissant l’exposition, d’en déduire ou prédire les effets
au niveau de l’individu. Ceci permet à la médecine du travail de mettre en place des
surveillances soit dans le milieu externe, soit de l’imprégnation du polluant par l’homme, soit
encore de suivre son état de santé. Il est aussi possible d’établir certaines valeurs limites dans
les milieux physiques (comme l’air d’un atelier) ou dans les milieux biologiques.
Les VLB (Valeurs Limites Biologiques) sont des valeurs déterminées par prélèvement
biologique, basées sur le dosage d’indicateurs biologiques d’exposition.
Elles présentent un intérêt particulier pour contrôler des expositions :
- A des substances faiblement volatiles (ex : amines aromatiques)
- A des substances ayant des effets toxiques cumulatifs
- Quand le contrôle des concentrations atmosphériques n’est pas adapté (port de protections
individuelles) ou irréalisable (déplacements fréquents…).
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Formes
Formes fréquentes d’intoxication aigüe
La cause d’une intoxication aigüe est la prise volontaire (ex. : suicide) ou accidentelle d’une
substance toxique. Par exemples:
Surdose de médicaments, d’alcool ou de drogues
Intoxication alimentaire (ex. : champignons)
Intoxication par contact avec une toxine ou par inhalation d’un gaz
Produits de nettoyage, désherbant, pesticide
Plantes (les plus toxiques dans nos régions sont : Atractylis gummifera, Datura
stramonium Belladone, Digitale)
Substances chimiques (détachant, produit lustrant, lampe à pétrole, mercure, spray
imperméabilisant, formol etc.)
Mort-aux-rats
Bactéries produisant des toxines (intoxication alimentaire par la Salmonelle)
Cigarette: les enfants peuvent s’intoxiquer avec des mégots de cigarettes ; la
nicotine dissoute est mortelle!
Intoxication innée (atopique)
Dans ce cas, la cause de l’intoxication est une substance produite par le corps lui-même, suite
à une insuffisance ou un dérèglement de ce dernier (ex.: l’insuffisance rénale peut causer une
urémie, c.-à-d. l’infection du sang par l’urée ; une thésaurismose, c.-à-d. une accumulation de
substances dans le corps suite à une insuffisance en enzymes nécessaires pour leur
dégradation métabolique).
Intoxication chronique
On parle d’intoxication chronique lorsque la personne est exposée sur une longue période à
une toxine. Cela a souvent lieu sur le lieu de travail (plomb, gaz, substances chimiques,
amiante etc.). Ce type d’intoxication, si elle concerne une femme enceinte, peut également
affecter le bébé (ex.: plomb).
Une intoxication chronique comprend également la consommation sur une longue
période de drogues, médicaments, alcool ou nicotine.
Les causes
Les toxines sont absorbées dans le corps par le système digestif, la peau ou le système
respiratoire. A partir de là, elles rejoignent le sang. Les drogues et les médicaments sont
souvent injectés directement dans le sang.
L’ampleur de la toxicité dépend de la substance et de sa solubilité dans le corps. Le corps peut
en partie détruire les toxines. Ce processus, plus ou moins rapide, dépend de plusieurs
facteurs:
Température ambiante : elle influence la vitesse du métabolisme et donc la toxicité
Etat de santé de la personne intoxiquée, notamment du système immunitaire
Sexe
Age (les enfants sont intoxiqués plus vite et à une dose plus faible que les adultes)
Poids corporel
Formation possible de tolérance à une certaine substance, lorsque cette dernière a
déjà été consommée auparavant
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Troubles (symptomes)
Indices d’une intoxication aigüe
Nausée soudaine, vomissement, diarrhée
Vertiges, douleurs au ventre et à la tête
Etat d’excitation ou au contraire d’apathie
Troubles du rythme cardiaque
Perte de conscience ou de l’attention, troubles de la personnalité
Insuffisance cardiovasculaire pouvant mener à une perte de connaissance
Changement de la peau et des muqueuses
Quand une intoxication doit-elle être considérée?
Lors de mort soudaine chez une personne jeune et auparavant en bonne santé
Lors d’un état maladif soudain et grave chez l’enfant
Lors d’états maladifs simultanés chez des personnes d’un même environnement
Lors d’une dépendance aux médicaments ou d’une consommation de drogues
Lors de personnes ayant facilement accès à des substances toxiques
Examens (diagnostic)
Une des tâches les plus importantes est la saisie d’échantillons de la toxine et/ou
des rejets (ex. : vomis). Attention: porter des gants!
Analyse en laboratoire : urine, sang et éventuellement échantillons de tissus
Analyse des drogues
Options thérapeutiques
Premiers secours en cas d’intoxication aigüe
1. Mesures générales
Le secouriste ne doit pas se mettre en danger et doit immédiatement appeler les
urgences
Contrôler régulièrement l’état de conscience, la respiration et le pouls; en cas de
problème, prendre les mesures nécessaires (bouche à bouche, éventuellement
réanimation cardio-pulmonaire); cf. Premiers secours
Conserver les restes de la substance toxique ou des rejets (vomis), afin de les
donner au personnel médical
Si le patient est inconscient mais respire: le placer en position latérale de sécurité
Si le patient respire peu/pas : faire du bouche à bouche ; en cas d’arrêt cardiaque:
commencer immédiatement le massage cardiaque et continuer jusqu’à l’arrivée des
secours.
2. Mesures spéciales
L’institut de toxicologie indique les mesures à prendre en priorité .
Boire à petites gorgées de l’eau, du sirop ou du thé. Ne jamais boire de lait! Les
toxines extérieures doivent être nettoyées avec de l’eau!
En cas d’intoxication avec des acides, de la lessive ou des substances moussantes
(produit vaisselle), il ne faut PAS favoriser le vomissement, car le risque
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d’aspiration et donc de lésions des poumons est trop grand! En cas de doute, ne pas
favoriser le vomissement, puisque le risque de complications est plus grand que les
bénéfices.
En cas de surdosage en somnifères ou en drogues chez une personne consciente: la
maintenir éveillée (donner du café) et la faire bouger (courir).
En cas d’intoxication au monoxyde de carbone (CO: gaz d’échappement dans un
garage), il faut amener le blessé à l’air libre! Attention : le secouriste doit retenir sa
respiration ; placer un linge devant son visage ne protège PAS!
En cas d’intoxication au dioxyde de carbone (CO2: fosse septique, silos etc.) le
risque pour le secouriste de s’intoxiquer est très élevé ; le secouriste ne doit pas
prendre de risques inconsidérés et n’a pas l’obligation de porter secours si sa vie est
mise en danger!
En cas d’arrêt respiratoire du à une intoxication par contact (désherbant,
insecticide), le secouriste ne doit pas faire de bouche à bouche à cause du risque
élevé de transmission ! Dans ce cas, il faut attendre l’arrivée des secouristes
professionnels ! PAS de trachéotomie!
En cas de brûlure de la peau: enlever les habits; si possible rincer la peau avec de
l’eau.
En cas de brûlure dans la bouche: en cas de doute, ne pas donner à boire!
En cas de contact de la substance toxique avec les yeux : rincer les yeux à l’eau
courante (pas de lait !) durant au minimum 10 minutes.
Complications possibles
Dégâts directs de la peau ou des organes internes pouvant aller jusqu’à la mort
Dégâts ultérieurs d’organes spécifiques (foie, reins, cœur, organes respiratoires
etc.)
Classement OMS
des grades de toxicité
Toxicité grade 0 grade 1 grade 2 grade 3 grade 4
Hématologique
(Adulte)
Hémoglobine
≥ 11 g/100
ml
ou ≥ 6,8
mmol/l
9,5-10,9 g/100
ml
ou 5,6-6,7
mmol/l
8-9,4 g/100 ml
ou 4,95-5,5
mmol/l
6,5-7,9 g/100
ml
ou 4-4,9
mmol/l
< 6,5 g/100ml
ou < 4 mmol/l
Leucocytes
(× 1000/mm3)
≥ 4 3-3,9 2-2,9 1-1,9 < 1
Polyneutrophiles
(× 1000/mm3)
≥ 2 1,5-1,9 1-1,4 0,5-0,9 < 0,5
Plaquettes ≥ 100 75-99 50-74 25-49 < 25
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(× 1000/mm3)
Hémorragie Absence Pétéchies Modérée Moyenne Très
importante
Gastro-
intestinale
Bilirubine < 1,25 ×
N(a)
1,25-2,5 × N 2,6-5 × N 5,1-10 × N > 10 × N
Transaminases < 1,25 ×
N(a)
1,25-2,5 × N 2,6-5 × N 5,1-10 × N > 10 × N
Phosphatases
alcalines
< 1,25 ×
N(a)
1,25-2,5 × N 2,6-5 × N 5,1-10 × N > 10 × N
Muqueuse
buccale
Sans
changement
Douleurs,
ulcères
Érythèmes,
ulcères
Alimentation
impossible
Ulcération
Alimentation
liquide
seulement
Alimentation
impossible
Nausées
vomissements
Absence Nausées Vomissements
transitoires
Vomissements
nécessitant
traitement
antiémétique
Vomissements
incoercibles
Urinaire
Protéinurie Absence 1 +
< 0,3 g/100 ml
2 + 3 +
0,3-1 g/100 ml
4 +
> 1 g/100 ml
Syndrome
néphrotique
Hématurie Absence Microscopique Macroscopique Macroscopique
+ caillot
Anurie
Pulmonaire Absence Léger symptôme Dyspnée
d'effort
Dyspnée de
repos
Repos au lit
complet
Fièvre
médicamenteuse
Absence < 38 °C 38 °C- 40 °C > 40 °C Fièvre avec
hypotension
Réaction
allergique
Absence Oedème Bronchospasme
n'appelant pas
réanimation
Bronchospasme
appelant
réanimation
Choc
anaphylactique
Cutanée Absence Érythème Desquamation
Vésicules
Suintement
Desquamation
Dermatite
exfoliative
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Prurit Ulcération Nécrose
appelant
exérèse
Alopécie Absence Minime Modérée par
plaques
Complète mais
réversible
Alopécie
irréversible
Infectieuse Aucune Mineure Modérée Majeure Choc
infectieux
Neurologique
Etat de
conscience
Vigile Assoupissements Somnolence <
50% des heures
d'éveil
Somnolence >
50% des heures
d'éveil
Coma
Périphérique Absence Paresthésie et/ou
diminution des
réflexes
tendineux
Paresthésies
sévères et/ou
faiblesse
modérée
Paresthésies
intolérables
et/ou
diminution
importante de
la force motrice
Paralysie
Constipation (b) Absence Légère Modérée Météorisme
abdominal
Météorisme et
vomissements
Douleur (c) Absence Légère Modérée Sévère Intolérable
Cardiaque Absence Ne nécessitant
pas l'arrêt du
traitement
(à détailler)
Nécessitant
l'arrêt du
traitement
(à détailler)
(a) N = Limite supérieure de la valeur normale ; (b) A l'exclusion des ralentissements de
transit secondaires à l'emploi de narcotiques.
(c) Seules sont à considérer les douleurs en rapport avec le traitement et non les douleurs liées
à la maladie
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Qu'est-ce que DL50 et CL50?
Que signifie DL50?
Les lettres DL désignent la « dose létale ». La DL50 est la quantité d'une matière, administrée
en une seule fois, qui cause la mort de 50 % (la moitié) d'un groupe d'animaux d'essai. La
DL50 est une façon de mesurer le potentiel toxique à court terme (toxicité aiguë) d'une
matière.
Les toxicologues peuvent utiliser de nombreuses sortes d'animaux, mais ils utilisent le plus
souvent des rats et des souris. La DL50 est généralement exprimée en quantité de produits
chimiques administrée (ex. : milligrammes) par 100 grammes (pour de plus petits animaux)
ou par kilogramme (pour de plus grands sujets d'essai) de poids corporel. La DL50 peut être
mesurée par diverses voies d'administration, les plus courantes étant la voie cutanée
(application sur la peau) et la voie orale (donnée par la bouche).
Que signifie CL50?
Les lettres CL désignent la « concentration létale », généralement la concentration d'un
produit chimique dans l'air; cependant, dans le cas d'études environnementales, elles peuvent
aussi désigner la concentration d'un produit chimique dans l'eau.
D'après les lignes directrices de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement
économique) pour les essais de produits chimiques, une expérience classique nécessite
l'exposition de groupes d'animaux à une certaine concentration (ou série de concentrations)
établie pendant une période déterminée (habituellement 4 heures). Les animaux demeurent en
observation clinique pendant un maximum de 14 jours.
La CL50 désigne les concentrations du produit chimique dans l'air qui causent la mort de 50 %
des animaux de laboratoire au cours de la période d'observation. D'autres durées d'exposition
(vs les quatre heures habituelles) peuvent s'appliquer en fonction des lois particulières en
vigueur.
Pourquoi étudier les DL50?
Qui a eu l'idée d'une DL50?
En 1927, J.W. Trevan a tenté de trouver un moyen d'estimer la capacité d'intoxication relative
des médicaments utilisés à l'époque. Il a élaboré la DL50, parce que l'utilisation de la mort
comme « réponse » permet la comparaison de produits chimiques qui empoisonnent
l'organisme de différentes façons. Depuis les premiers travaux de Trevan, d'autres
scientifiques ont élaboré différentes méthodes plus rapides et plus directes de mesure de la
DL50.
Quels autres termes relatifs à la toxicité utilise-t-on couramment?
DL0 dose létale pour 0 % de la population des animaux d'essai
DL100 dose létale pour 100 % de la population des animaux d'essai
DL min. la dose la plus faible causant la létalité et DT min. la dose la plus faible causant un
effet toxique
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Pourquoi la DL50 et la CL50 sont-elles des mesures de toxicité aiguë?
La toxicité aiguë est la capacité d'un produit chimique d'engendrer des effets nocifs
relativement tôt après l'administration par voie orale d'un produit ou d'une exposition de
quatre heures à un produit chimique dans l'air. On définit généralement « relativement tôt » en
termes de minutes, d'heures (jusqu'à 24) ou de jours (jusqu'à environ deux semaines), mais
rarement plus.
Comment mesure-t-on la DL50 et la CL50?
Dans presque tous les cas, on mesure la DL50 de la forme pure du produit chimique. Les
mélanges sont rarement utilisés.
Le produit chimique peut être administré aux animaux par la bouche (voie orale); en
l'appliquant sur la peau (voie cutanée); en l'injectant à différents endroits, comme dans des
veines (voie intraveineuse, i.v.), dans des muscles (voie intramusculaire, i.m.) ou dans
l'abdomen (voie intrapéritonéale).
La DL50 mesurée est identifiée comme une DL50 (voie orale), une DL50 (voie cutanée), une
DL50 (i. v.), etc., selon le cas. Les chercheurs peuvent effectuer les essais avec n'importe
quelle espèce animale, mais ils utilisent le plus souvent des rats ou des souris. Ils utilisent
aussi d'autres espèces : chiens, hamsters, chats, cochons d'Inde, lapins et singes. Dans chaque
cas, la DL50 est exprimée en poids de produit chimique administré par kilogramme de poids
corporel de l'animal et fait mention du type d'animal utilisé ainsi que de la voie d'exposition
ou d'administration; ex. : DL50 (orale, rat) – 5 mg/kg, DL50 (cutanée, lapin) – 5 g/kg. Donc,
l'exemple « DL50 (orale, rat) – 5 mg/kg » signifie qu'une dose de 5 milligrammes de ce produit
chimique par kilogramme de poids corporel, administrée d'un seul coup par la bouche à des
rats, entraîne la mort de 50 % de l'échantillon d'essai.
Pour évaluer les effets mortels de l'inhalation d'un composé, le produit chimique
(généralement sous forme de gaz ou de vapeur) est tout d'abord mélangé en concentration
connue dans une enceinte spéciale dans laquelle les animaux d'essai seront ensuite placés.
Cette concentration est généralement exprimée en parties par million (ppm) ou en
milligrammes par mètre cube (mg/m³). Dans ces essais, la concentration qui tue 50 % des
animaux est appelée CL50 (concentration létale 50) plutôt que DL50. Lorsqu'une valeur de
CL50 est signalée, on doit aussi mentionner le type d'animal utilisé et la durée de l'exposition,
ex. : CL50 (rat) – 1000 ppm/4 h ou CL50 (souris) – 5 mg/m³/2 h.
Quelle information relative à la DL50 est la plus importante pour l'hygiène et la sécurité
au travail?
L'inhalation et l'absorption par la peau sont les voies les plus courantes par lesquelles les
produits chimiques présents dans le lieu de travail entrent dans l'organisme. Par conséquent,
les essais les plus importants du point de vue de l'exposition dans le lieu de travail sont les
essais d'inhalation et d'application cutanée. Malgré ce fait, le paramètre de létalité le plus
souvent mesuré est la DL50 par voie orale, car il est beaucoup plus facile et moins coûteux
d'administrer un produit chimique à un animal par la bouche. Toutefois, les résultats des
études portant sur l'administration par voie orale sont importants en ce qui concerne les
médicaments, les intoxications alimentaires et les intoxications domestiques accidentelles. Les
intoxications par voie orale qui se produisent dans le lieu de travail peuvent être le résultat de
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la contamination de nourriture ou de cigarettes par des personnes qui ne s'étaient pas lavé les
mains ou de l'ingestion accidentelle de produits.
Comment compare-t-on une DL50 avec une autre? Que signifie cette comparaison pour
les humains?
En général, plus la DL50 est petite, plus le produit chimique est toxique. Le contraire est
également vrai : plus la DL50 est élevée, plus la toxicité est faible.
La DL50 donne une mesure de la toxicité immédiate ou aiguë d'un produit chimique selon la
souche, le sexe et le groupe d'âge de l'espèce animale en question. Si on change une de ces
variables (ex. : type d'animal ou âge), la DL50 mesurée peut être différente. La DL50 n'a pas
été conçue pour donner de l'information sur les effets d'une exposition à long terme à un
produit chimique et n'est pas destinée à être utilisée à cette fin.
Lorsque vous avez trouvé la DL50, vous pouvez la comparer aux autres valeurs à l'aide d'une
échelle de toxicité. Il y a quelquefois de la confusion parce qu'il existe différentes échelles de
toxicité. Les deux échelles les plus couramment utilisées sont « l'échelle de Hodge et
Sterner » et « l'échelle de Gosselin, Smith et Hodge ». Ces échelles diffèrent au niveau de
l'indice de toxicité de chaque classe ainsi qu'au niveau des termes utilisés pour décrire chaque
classe. Par exemple, un produit chimique ayant une DL50 de 2 mg/kg serait classé « 1 » et
« hautement toxique » selon l'échelle de Hodge et Sterner (voir Tableau 1), mais il serait
classé « 6 » et « super toxique » selon l'échelle de Gosselin, Smith et Hodge (voir Tableau 2).
Il est important de mentionner l'échelle à laquelle vous faites référence lorsque vous classez
un produit.
Il est aussi important de savoir que la valeur réelle de la DL50 peut être différente pour un
produit chimique donné, selon la voie d'exposition (p. ex. orale, cutanée, inhalation). Par
exemple, voici certaines DL50 pour le dichlorvos, un insecticide utilisé couramment dans les
bandes pesticide :
DL50 orale (rat) : 56 mg/kg
DL50 cutanée (rat) : 75 mg/kg
DL50 intrapéritonéale (rat) : 15 mg/kg
CL50 inhalation (rat) : 1,7 ppm (15 mg/m³); exposition de 4 heures
DL50 orale (lapin) : 10 mg/kg
DL50 orale (pigeon) : 23,7 mg/kg
DL50 orale (rat) : 56 mg/kg
Orale (souris) : 61 mg/kg
Orale (chien) : 100 mg/kg
Orale (porc) : 157 mg/kg
Les différentes valeurs reflètent les différentes voies d'exposition. La DL50 peut être différente
pour des animaux différents. Les données ci-dessus montrent que le dichlorvos est beaucoup
moins toxique par ingestion chez le porc ou le chien que chez le rat. Le tableau 1 nous indique
que le dichlorvos est modérément toxique par ingestion (DL50 orale) et extrêmement toxique
par inhalation (CL50 inhalation) chez le rat. Le tableau 2 nous indique que le dichlorvos est
considéré très toxique par ingestion (DL50 orale) chez le rat.
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Tableau : Classes de toxicité : Échelle de Hodge et Sterner
Voies d'administration
DL50 orale CL50
Inhalation
DL50
cutanée
Indice
de
toxicité
Terme
couramment
utilisé
(une seule
dose à des
rats) mg/kg
(exposition de
rats pendant 4
heures) ppm
(une seule
application sur
la peau des
lapins) mg/kg
Dose
probablement
létale chez les
humains
1 Extrêmement
toxique 1 ou moins 10 ou moins 5 ou moins
1 grain (une
pincée, une goutte)
2 Hautement
toxique 1 à 50 10 à 100 5 à 43 4 mL (1 c. à thé)
3 Modérément
toxique 50 à 500 100 à 1000 44 à 340
30 mL (1 on.
liquide)
4 Légèrement
toxique 500 à 5000 1000 à 10 000 350 à 2810 600 mL ( chopine)
5 Presque pas
toxique 5000 à 15 000
10 000 à 100
000 2820 à 22 590 1 litre (ou 1 pinte)
6 Relativement
inoffensif
15 000 ou
plus 100 000 22 600 ou plus 1 litre ou 1 pinte)
Tableau 2 : Classes de toxicité : Échelle de Gosselin, Smith et Hodge
Dose orale probablement mortelle (humain)
Indice ou classe de toxicité Dose Pour une personne de 150 livres (70 kg)
6 Super toxique Moins de 5 mg/kg 1 grain (une pincée – moins de 7 gouttes)
5 Extrêmement toxique 5 à 50 mg/kg 4 mL (entre 7 gouttes et 1 c. à thé)
4 Très toxique 50 à 500 mg/kg 30 mL (entre 1 c. à thé et 1 on. liquide)
3 Modérément toxique 0,5 à 5 g/kg 30 à 600 mL (entre 1 on. liquide et 1 chopine)
2 Légèrement toxique 5 à 15 g/kg 600 à 1200 mL (entre 1 chopine et 1 pinte)
1 Presque pas toxique Plus de 15 g/kg Plus de 1200 mL (plus d'une pinte)
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Les DL50 pour animaux s'appliquent-elles aux humains?
En général, si la toxicité immédiate est semblable chez tous les types d'animaux, elle sera
probablement semblable chez les humains. Lorsque les DL50sont différentes chez diverses
espèces animales, on doit faire des approximations et des hypothèses lors de l'estimation de la
dose mortelle probable chez les humains. Les tableaux 1 et 2 présentent une colonne pour les
doses mortelles estimées chez les humains. Des calculs spéciaux sont utilisés pour convertir
les DL50 chez les animaux en dose mortelle possible chez les humains. Des facteurs de
sécurité de 10 000 ou de 1000 sont généralement inclus dans de tels calculs en raison de la
variabilité entre les personnes et de la manière dont elles réagissent à un produit chimique,
ainsi que des incertitudes des résultats d'essai.
Comment doit-on utiliser la DL50?
La DL50 peut être utilisée :
Comme outil pour élaborer des mesures d'urgence en cas de déversement ou d'accident
majeur.
Pour aider à élaborer des lignes directrices sur l'utilisation des vêtements et de
l'équipement de protection appropriés. Par exemple, si la DL50cutanée indique qu'un
produit chimique est extrêmement toxique, il est important de se protéger la peau,
avant la manipulation, avec des vêtements, des gants, etc. faits de matériaux adéquats
de protection contre les produits chimiques. De même, si un produit chimique a une
CL50par inhalation qui indique qu'il est relativement inoffensif, l'appareil de protection
respiratoire peut ne pas être nécessaire (tant que la concentration d'oxygène dans l'air
est normale – environ 18 %).
Pour l'élaboration de règlements sur le transport.
Comme outil pour établir les limites d'exposition en milieu de travail.
Comme élément d'information des fiches techniques santé-sécurité. Souvenez-vous, la
DL50 n'est qu'une estimation grossière permettant de comparer la toxicité mortelle.
Elle ne renseigne pas sur les niveaux auxquels peuvent survenir d'autres effets
toxiques aigus, mais non mortels.
La DL50 est la seule source d'information sur la toxicité. Pour un portrait plus complet de la
toxicité aiguë ou immédiate d'un produit chimique, se référer aux renseignements additionnels
comme la dose minimale qui cause un effet toxique (DT min.), le taux de récupération à la
suite d'un effet toxique et la possibilité que l'exposition à certains mélanges puisse entraîner
une augmentation de l'effet toxique d'un produit chimique.
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Calcul de la DL50
Méthode de Bahrens
DL50 =A+ (50-a) D/b-a <50 .% a من الجرذان، أين% a : الجرعة المسببة لموت A
.%50 < b من الجرذان، أين% b الجرعة المسببة لموت : B
D : Différence entre deux doses successives
Méthodes De Karber
DL50 = DL100 - Σab / n’,
avec les Paramètres suivants:
i) n’ = Moyenne d’animaux par lot,
ii) a = Moyenne des décès entre les doses
iii) b = Différence entre deux doses successives.
Méthodes De Litchfield et Wilcoxon
C’est une méthode basée sur le probit. C’est la méthode, la plus utilisée.
N.B : cette méthode sera expliquée en détails en travaux dirigés.
La deuxième partie de la partie générale sera envoyée prochainement.
Pour toute explication, je reste à la disposition des étudiants (me contacter par email).
Pr Bouzidi Abdelouahab