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Danse de grande félicité Une biographie de Khenpo Tsültrim Gyamtso Rinpoché par Dzogchen Pönlop Rinpoché

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Danse de grande félicité

Une biographie de Khenpo Tsültrim Gyamtso Rinpoché

par Dzogchen Pönlop Rinpoché

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Vous incarnez les activités des Victorieux des trois temps

Et vous êtes la force et l’allié de ceux qui coupent le filet de l’existence cyclique.

Oh, guirlande des Karmapas venus à travers les âges, Seigneurs des êtres et uniques amis de ceux qui aspirent à la

libération,

Je vous place au-dessus de ma tête et vous fais cette offrande.

Dansant la danse vajra de l’apparence-vacuité, Vous fendez l’azur d’un ciel sans obstacle, nature de la réalité.

Chantant des chants vajra du son-vacuité, Vous chassez l’obscurcissement des esprits des êtres fortunés.

Votre esprit de béatitude vajra et vacuité,

Invoque l’énergie de grande sagesse

Yogi sans peur pour qui toutes les pensées se libèrent d’elles-

mêmes, Dechen Rangdrol, s’il vous plait, apparaissez du centre de mon

cœur.

Khenchen Tsültrim Gyamtso, aussi connu sous le nom de Dechen Rangdrol,

est un érudit des sutra, des tantra et de tous les champs de connaissance

majeurs et mineurs. La manifestation de son accomplissement est parfaite et

complète, autant dans l’expérience que dans la réalisation. Il est renommé

dans le monde entier, de l’Est à l’Ouest. Un ignorant, un être ordinaire comme

moi serait incapable d’écrire une biographie juste et détaillée des activités

complètes de ce gourou, Vajradhara, du point de vue externe, interne et

secret. Néanmoins, je n’ai pas osé refuser la commande du seigneur des

Victorieux, le glorieux Karmapa, Ogyen Drodul Trinley Dorje, qui m’a

demandé de compiler cet ouvrage. En outre, en 1993, j’ai eu la grande fortune

de transcrire une grande partie de l’autobiographie du gourou Vajradhara,

qu’il me dictait oralement. Par conséquent, ce qui suit est une partie de

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l’histoire de la vie du gourou, sous l’angle extérieur des apparences

ordinaires.

L’Histoire est racontée en sept chapitres, chacun d’eux apparaissant dans sa

grande autobiographie :

1. Prendre naissance dans ce monde 2. L’impermanence et le changement

3. Pèlerinage aux sites sacrés de retraite 4. L’adversité comme assistante et la diligence dans la pratique

5. L’errance dans des endroits reculés et des charniers 6. Revenir à la vue, larguer les élaborations

7. Diligemment, s’appliquer pour le bien des enseignements et des

êtres suivant les instructions de Rangjung Rigpe Dorje

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CHAPITRE 1

Prendre naissance dans ce monde

Rinpoché est né en 1935 (année tibétaine de la truie de bois, cycle du 16e

élément) dans un endroit renommé du Tibet, Gomde Nangchen1. Cette région

a reçu ce nom, car au temps de Tishri Repa Karpo2 et d’autres, les

enseignements de la pratique de la lignée prospéraient de manière

incroyable, et les chefs de famille, hommes et femmes, étaient eux-mêmes

également dévoués à la méditation et recevaient de profondes instructions de

méditation. Le lieu précis de sa naissance se situe au centre de Nangchen, à

Traripu3. Le père de Rinpoché était de Namgyal Phuntsok, un descendant du

clan de Gabu Drachung4 ; sa mère se nommait Maṇi Wangmo. À sa

naissance, il reçut le nom de Sherab Lodrö5.

Voici la grande instruction autobiographique :

Quand je suis né, je suis né seul.

Quand je mourrai, je partirai seul, c’est certain.

Sachant cela, je me délecte entre ces deux étapes,

Dans des lieux de solitude, où je me promène seul Cherchant le chemin de la libération.

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CHAPITRE 2

Impermanence et changement

Les parents de Rinpoché ont eu sept enfants, cinq garçons et deux filles, mais deux sont morts en bas âge. Lorsque Rinpoché était âgé de deux ans, son père décéda lors d’un voyage d’affaires. Après la mort du père, la mère et la famille plongèrent dans une grande détresse ; d’une perspective extérieure, elle et les enfants, excepté Rinpoché, souffrirent intensément durant le mois suivant. Cependant, l’expérience personnelle de Rinpoché était différente, il a su utiliser cette tragédie comme une opportunité d’amener toutes les expériences, plaisantes et déplaisantes, dans sur la voie de la pratique.

Dans son autobiographie, il rappelle :

Depuis ma plus tendre enfance, je n’avais aucune idée fixe ou préconçue à propos de ce qui était arrivé. C’est pourquoi je me souviens de n’avoir ressenti aucune souffrance. Une ferme certitude naquit en moi : la souffrance ne provenait que des pensées.

Environ une année plus tard, la mère de Rinpoché se rendit dans un lieu de retraite à la fois très isolé et magnifique, une place nommée la grotte de la Cascade6, et pratiqua « Nyung-ne en mille branches », une retraite de jeûne. En ce temps-là, Rinpoché accompagnait sa mère. Une nuit, Rinpoché cria à sa mère le nom d’un de ses frères ainés et ajouta « il est mort ». Ils apprirent un peu plus tard qu’il était effectivement décédé à ce moment-là, après s’être rendu au monastère de Ngor et y avoir reçu la pleine ordination des vœux monastiques. Ceci est un exemple qui montre comment Rinpoché possédait des perceptions élevées non obstruées, dès son plus jeune âge.

Une autre qualité étonnante que possédait Rinpoché dans sa jeunesse était son habileté à se souvenir de ses vies passées, dont il a parlé dans son autobiographie :

Il est bien connu que certains enfants se rappellent leurs vies précédentes en plus de posséder d’autres pouvoirs cognitifs, mais que cela sombre progressivement dans l’oubli. De par ma propre expérience, j’en ai la certitude. […] Parfois je voyais des falaises et des grottes et pensais en moi-même : « Un jour, je viendrai pratiquer ici. » D’autres fois, lorsque je remarquais une

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parcelle qui paraissait agréable ou le sommet d’une falaise, je pensais : « Plus tard, je construirai une maison de retraite ici. » J’avais fréquemment ce type de pensées. Il me semble qu’elles surgissaient à cause d’empreintes habituelles du passé issues de mon expérience méditative dans les grottes ou parce qu’elles étaient des signes qu’un jour je m’exercerais en retraite.

Il est donc évident que Rinpoché était, depuis son enfance, un être hautement évolué qui avait réveillé une grande partie de son potentiel d’éveil. Malgré cela, il se comportait de façons mondaines très diverses. Par exemple, avec ses amis qui aimaient le dharma, il jouait à imiter la récitation de textes sacrés. Avec ses mauvais amis, il faisait comme eux, jetant des pierres aux oiseaux et ainsi de suite. Un jour, il toucha un petit oiseau et le coup lui fut fatal. Il le garda dans ses mains jusqu’à ce que la chaleur eut complètement quitté le corps de l’oiseau. Voyant ce qu’il avait fait à cette créature, empli de compassion, il pleura. Dans son autobiographie, il relate comment par cet évènement, ses amis égarés réveillèrent en lui des tendances habituelles de grande compassion et favorisèrent sa dévotion à la vertu :

Je pense qu’à ce moment-là les tendances habituelles nées du développement de la compassion de mes vies passées se sont éveillées en moi.

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CHAPITRE 3

Pèlerinage aux sites sacrés de retraite

L’autobiographie raconte :

En général, les gens du Kham aiment faire des pèlerinages en des lieux sacrés. J’ai adoré partir en pèlerinage dès mon enfance.

Ainsi, à deux reprises durant sa vie, Rinpoché entreprit des pèlerinages très difficiles sur de grands sites sacrés tibétains. La première fois, lui et sa sœur cadette, Bukyi, furent amenés en pèlerinage à travers le Tibet par leur mère. Dans la tradition des pèlerins tibétains de l’Est, la famille se charge elle-même de transporter les énormes sacs de provisions, la literie, etc. Ainsi ils partirent de Nangchen pour le Centre du Tibet. Un jour, alors que la famille franchissait un col de montagne particulièrement élevé, Rinpoché devint fatigué et fâché. Seul, il bifurqua de direction et escalada la montagne jusqu’à ce qu’il fût arrivé à une distance assez éloignée de sa mère et de sa sœur. À ce moment-là, il entendit sa mère et sa sœur s’écrier : « Un ours approche ! Reviens ici, vite ! » La force de la peur qui a émergé en Rinpoché à cet instant-là fit disparaitre complètement sa colère précédente. D’un bond, il fit demi-tour et arriva illico presto auprès de sa famille. En fait, grâce à la vive sensation de peur, il en avait même oublié le lourd bagage qu’il portait sur le dos.

L’autobiographie dit que :

Lorsque je retournai vers ma mère et ma sœur, à la fois la colère et la peur avaient disparu et je me sentais gai à nouveau. Même si à ce moment-là je ne le savais pas, maintenant je vois après mûre réflexion que la colère, la peur et même la gaieté dépendent simplement des pensées.

Par cela même, nous pouvons voir comment Rinpoché savait tirer avantage des circonstances, amenant ses émotions sur la voie et les transformant en conditions positives.

Le pèlerinage commença au Kham et se poursuivit vers le nord au monastère de Jang Tana7, le siège du protecteur des êtres, Sangye Yelpa8. Là, il vit des statues incroyablement belles de Gesar Ling, de son épouse Drukmo et de leurs trente chevaliers. Il fit des aspirations en leur présence ainsi que devant

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de rares objets sacrés et autres sources de légendes, tels que lances, flèches et épées des guerriers de Ling.

Traversant les régions du sud du Tibet, notamment Chudo à Powo, Rinpoché visita Kongpo Bönri, une montagne sacrée renommée de la tradition Bön. Par la suite, il alla à Taklha Gampo, le siège du maitre du dharma, Gampopa. Il visita également les sites sacrés qui avaient été bénis par les Karmapas. À chacune de ces places, il exécuta de grandes circumambulations dans le sens des aiguilles d’une montre.

Il visita également toutes les régions sacrées de Yarlung, incluant Yumbu Lakhar, le palace du premier roi du Tibet, Nyatri Tsenpa ; Yarlung Sheldrak, une grotte où pratiqua Guru Padmasambhava et l’autel de Tara au temple de Tradruk9. Puis, Rinpoché visita le monastère de Samye « Le temple immuable spontanément apparu » qui fut construit grâce à la rencontre de Padmasambhava, maître d’Uḍḍiyana, de Trisong Detsen, roi du dharma, et de Shantarakshita, le grand abbé. Rinpoché fit des offrandes au temple principal et ses bâtiments représentant les quatre continents et sous-continents.

De Samye, Rinpoché franchit le col de la montagne de Gökar et redescendit vers Lhassa. Durant ce voyage, les provisions que Rinpoché et sa famille avaient emportées avec eux étaient arrivées à leur fin et ils mendièrent l’aumône. Ils reçurent juste assez de tsampa pour le petit déjeuner que la mère de Rinpoché portait dans un sac. Soudainement, surgissant de nulle part, un petit chien lui arracha le sac et la tsampa se répandit sur le sol. Rinpoché raconte son expérience dans son autobiographie :

Je ne sais pas si ma mère et ma sœur se sentaient comme moi, mais moi, j’étais affamé, et cela arriva lorsque nous étions juste sur le point de manger. Je fus terriblement bouleversé. Aujourd’hui, lorsque je repense au sentiment que j’ai eu à ce moment-là, je vois qu’il n’était pas différent de celui d’une personne riche souffrant de la perte de tous ses biens.

Il donna également des instructions du dharma liées à cet évènement sous forme de versets :

Si tu t’accroches aux joies de l’existence mondaine, Que tu sois un roi perdant son royaume

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Ou un mendiant perdant sa nourriture, de cela j’en suis sûr : La souffrance endurée par l’esprit est la même. […] Lorsque tu réfléchis à la souffrance de la saisie Qui ne change pas et demeure longtemps, Même si tu as beaucoup de jouissances, Tu comprends que la souffrance des gens pauvres est momentanée, Et ta compassion pour les gens riches qui s’accrochent à une existence véritable augmentera. Rinpoché termina son pèlerinage à Lhassa, visitant les sites les plus sacrés de la ville. Après avoir quitté Lhassa, il retourna au Kham en allant du nord au sud. De cette façon, toutes les places sacrées ont été encerclées d’une grande circumambulation dans le sens des aiguilles d’une montre. En chemin, il eut une expérience inhabituelle qu’il décrit dans son autobiographie :

C’était comme si j’étais en train de rêver, mais en même temps, j’entendais réellement le son d’un ours et ce fut comme si j’étais véritablement capable de sentir la présence de l’ours. C’était complètement terrifiant. À présent, lorsque j’examine cette expérience, je peux voir que ce n’était rien d’autre qu’une claire apparition d’un aspect de mon esprit qui était habitué à la peur. Je vois avec une profonde certitude que le même principe est employé dans les méditations du non-soi, vacuité, déités et mandalas du Vajrayana : en s’entrainant à se familiariser avec ceux-ci, les claires apparences associées à ces réalités croîtront.

Rinpoché a offert ces versets d’instructions :

En s’habituant à la peur et à la colère, Leur claire apparence va véritablement augmenter. Voyant cela, tu peux retourner la situation : Grâce à l’accoutumance, tu pourras certainement développer de claires apparences De vacuité, déités, mandala, et ainsi de suite. […] Il est dit qu’il est difficile de rendre la bonté de ses parents,

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Mais il est encore plus difficile de rembourser la gentillesse de ses parents Quand ce sont eux qui t’ont présenté le dharma. Conscient de cela, je prie pour que toutes les mères atteignent l’éveil. Finalement, Rinpoché retourna dans son pays natal en toute sécurité.

À 17 ans, le vénérable gourou entreprit un second pèlerinage au Tibet. Cette fois-ci, il voyagea avec un de ses frères et une de ses sœurs. Ils prirent la route du « milieu » en direction du nord qui devait mener à Lhassa.

L’autobiographie dit :

Lorsque nous sommes partis, nous avions dû prendre beaucoup de choses avec nous, y compris la nourriture telle que viande, beurre et tsampa, et la literie. Cela rendait nos sacs extrêmement lourds. De cette manière, nous avons expérimenté trois sortes de souffrance : au commencement, c’était la souffrance d’avoir un lourd chargement de provisions difficile à porter. Au milieu, c’était la souffrance de voir nos provisions diminuer. Et à la fin, c’était la souffrance d’avoir épuisé toutes nos provisions. Parmi ces trois, la souffrance d’avoir un gros chargement de provisions était la pire, car elle était double : les lourdes provisions étaient difficiles à porter et nous étions constamment préoccupés par la peur de nous les faire voler par des bandits ou de les perdre.

Il offrit ces versets d’instructions :

Kye Ma! Quand on tourne dans l’existence de la fixation en un soi, Il n’y a pas d’autre choix que de compter sur la nourriture et les possessions. Mais voyant la souffrance de l’accumulation et de la perte, Nait un grand enthousiasme pour la voie du yogi, libre d’agir et sans fixation. Rinpoché poursuivi son pèlerinage jusqu’à Lhassa, visita les places sacrées de Samye et fit des offrandes et des aspirations, tout comme précédemment. Afin de visiter les endroits où les premiers Tibétains vivaient, Rinpoché décida

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de passer par les terres sacrées de Yarlung. Pour s’y rendre, il fallait traverser un affluent de la rivière Brahmaputra à Tsethang. Lorsqu’il atteint le milieu de la rivière, le niveau de l’eau s’éleva de façon spectaculaire. Soudainement, alors que Rinpoché était sur le point d’être complètement submergé par l’eau, il fut directement protégé par l’yidam, Arya Tara. Son autobiographie relate :

J’ai toujours eu une grande foi en la Noble Tara depuis que j’étais très jeune et m’étais depuis lors engagé dans la pratique de Tara. Là, dans l’eau, toutes les pensées des trois temps de mon esprit ont cessé, et j’ai prié Tara avec ferveur. Bien que je ne susse pas nager, tout ce que j’ai vu, c’est que je me suis retrouvé directement de l’autre côté de la rivière.

Il chanta ces versets d’instructions :

À la suite d’une expérience difficile et douloureuse, Je suis devenu plus heureux et plus radieux que jamais. Tous deux, bonheur et souffrances changent, ils sont impermanents. Ne laisse pas la saisie de la permanence tromper ton esprit. Le lendemain, les trois frères et sœur visitèrent le monastère de Tsethang, puis les places sacrées de Yarlung. Puis une fois de plus, ils traversèrent les cols de Khyak et de Gökar en suivant la route du nord et ainsi retournèrent tranquillement à la maison. En somme, Rinpoché n’a pas adopté le style de grands enseignants ou de gens importants d’aujourd’hui qui abordent le pèlerinage comme une sorte de vacances plaisantes. Au contraire, Rinpoché suivait les traces de ceux qui pratiquaient avec beaucoup de foi et de confiance, entreprenant de grands efforts dans l’intention de pratiquer le dharma authentique. Il partait en pèlerinage comme une personne humble et ordinaire et à travers ses expériences particulières sur le chemin, il rassembla une accumulation de mérites et de sagesse et purifia les obscurcissements. De cette façon, il développa des expériences et des réalisations uniques. Rinpoché a toujours largement soutenu les pèlerins ordinaires en Inde et au Népal afin qu’ils

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puissent pratiquer le dharma authentique. Il connaissait leurs joies et leurs peines intimement et se délectait de leurs efforts.

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CHAPITRE 4

L’adversité comme assistante et la diligence dans la pratique

De huit à 19 ans, Rinpoché invoquait la noble Tara en tant que yidam et s’était engagé dans la pratique de Tara. De nombreux signes merveilleux d’accomplissement émergèrent de sa pratique, comme le rêve dans lequel une belle et séduisante femme le protégea de la peur. À partir de ce temps-là, le gourou pris la noble Tara comme son yidam principal et poursuivit cette pratique continuellement. Il découvrit un terma de supplique à Tara et composa également un autre chant de supplique à Tara comprenant des louanges décrivant comment elle protège des huit et des 18 sortes de peur. Il développa une danse vajra pour accompagner une prière plus tardive et ses disciples encore aujourd’hui pratiquent ces chants et ces danses.

À l’âge de 19 ans, Rinpoché a été frappé par une grave maladie. Dans son autobiographie, il raconte comment, pour la première fois, il a ressenti la peur de mourir et comment il en est venu à voir les circonstances adverses, le déséquilibre des éléments produit par la maladie, en tant qu’ami spirituel :

Cette crainte qui avait été initiée par l’impermanence m’a fait réfléchir plus profondément à l’impermanence elle-même. Cela m’a aidé à comprendre que les efforts centrés sur cette seule vie n’ont pas de sens réel. Encore et encore, les pensées s’élevèrent : « Si je ne meurs pas de cette maladie, j’accomplirai le dharma authentique. » Maintes fois, je fit des promesses de cette nature. Mon cou enfla puis du pus s’en écoula. Finalement, je me remis promptement de cette maladie. Je retrouvai mon état santé antérieur et pris un ferme engagement de pratiquer le dharma.

Il offrit les versets suivant comme chant d’instructions :

Kye Ma ! Encore et encore, je médite sur la souffrance Des trois royaumes du samsara, sur l’impermanence et le changement. Cette expérience personnelle de la souffrance du changement Fut le premier gourou qui m’encouragea à me tourner vers le dharma. […]

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Tourmenté par les conditions adverses de la maladie, Souffrant au seuil de la mort, J’ai vu que seul le dharma authentique peut être un refuge Et j’ai senti une profonde aspiration d’éveil pour le bien de tous les êtres. Afin de pratiquer le dharma correctement, Rinpoché savait qu’il aurait besoin de faire confiance à un maître, un ami spirituel. Il commença son voyage en se rendant à Dzongsar dans la région de Dege, où il rencontra Jamyang Khyentse Chökyi Lodrö10. De lui, il reçut toutes les étapes de la grande initiation du glorieux Hevajra, le principal yidam de la tradition Sakya. Dans le contexte de la tradition du Chemin avec résultat, il y a deux transmissions : l’Explication pour l’Assemblée et l’Explication pour les disciples. Rinpoché reçut la transmission de l’Explication pour les disciples, suivie d’une transmission de personne à personne de ses symboles profonds. Il reçut également les pratiques intérieures et extérieures de Virupa, les pratiques intérieures et extérieures de La voie profonde, la pratique de Naro Khechari de Vajrayogini, le Compendium des Sadhanas, ainsi que d’autres transmissions. En ce temps-là, Deshung Rinpoché11, qui avait reçu cinq fois l’enseignement de l’Explication pour les disciples, servait Chökyi Lodrö Rinpoché en tant que premier assistant professeur (Kyorpon). De ce maître érudit et accompli, Rinpoché apprit exhaustivement tous les exercices de yoga pour les canaux et les vents (tsalung) ; il reçut également la transmission des lectures des œuvres complètes des cinq ancêtres des Sakya12. L’autobiographie dit ceci :

Lorsqu’il était Kyorpon, il me transmit les enseignements des canaux et des vents, tel qu’ils existent dans la lignée Kagyu. Il me raconta aussi la vie de plusieurs siddhas Kagyü. De cette manière, recevant des enseignements de la lignée Sakya, ma foi dans le dharma Kagyu grandissait aussi.

Ainsi, Rinpoché reçut de façon excellente les initiations qui portent à maturité et les instructions de libération, après quoi il repartit pour sa terre natale.

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Le second maître sous les instructions duquel Rinpoché se plaça fut le vénérable Lama Zöpa Tharchin13. Lorsque Rinpoché entendit son nom pour la première fois ainsi que sa renommée pour demeurer exclusivement dans les grottes, vivant comme un yogi libre d’agir exactement comme Milarépa, sans aucun attachement à la nourriture, à la richesse et aux possessions, la foi de Rinpoché s’enflamma et il partit pour Khampe Dorje Drak14.

L’autobiographie dit :

Quand je rencontrai pour la première fois le gourou, il lisait la vie de Machik Labdrön15. Plus spécifiquement, il était arrivé au chapitre qui raconte que lorsque Machik est née, elle lévitait un pied au-dessus du sol et demeurait ainsi dans une posture de danse, ses trois yeux regardant l’espace. À ce moment, les yeux du gourou rencontrèrent les miens. Le gourou me dit alors que c’était là une coïncidence de bon augure.

Puis, similairement à la manière dont Milarépa entra en contact avec Marpa, les conditions favorables d’une première rencontre se réunirent à merveille entre le maître et le disciple.

Pour commencer, le vénérable Lama Zöpa Tharchin était entré dans la vie monastique dans le prestigieux monastère de Dilyak16. Puis il avait complété la traditionnelle retraite intensive de pratique de trois ans. Il fit également un pèlerinage en couvrant la route du Kham à Lhassa, par de complètes prosternations17, durant lequel des expériences très particulières ainsi que des réalisations prirent racine dans son esprit.

L’autobiographie dit :

Une fois, j’ai interrogé le gourou à propos de son expérience durant son pèlerinage effectué avec de complètes prosternations. Il m’a dit qu’au commencement c’était très difficile, car se cogner contre le sol bosselé et rocailleux était bouleversant. Cependant il dit qu’après s’y être habitué, toutes les difficultés disparurent et ce fut comme si son corps avait atteint son plein potentiel de souplesse : il sentait son corps agréable et léger ; son esprit, dans une nouvelle forme de souplesse, était libéré de la torpeur et de l’agitation et possédait une grande clarté. Cette vive clarté d’esprit atteignit un tel point que le gourou sentit qu’il était peut-

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être sur le point d’atteindre des pouvoirs cognitifs supérieurs. Néanmoins, il se souvint encore et encore des profondes instructions de son maître et passant à travers cela, il poursuivit sa route, sans attachement et sans aucune ambition sur l’obtention d’un résultat.

Après cela, Lama Zöpa Tharchin (Zöthar) servit en tant que maitre des rituels (Dorje Lopön) durant trois années. À l’issue de ses fonctions, Lama Zöthar fit la promesse de pratiquer en un point dans une grotte d’une vallée sans aucun être humain. Fuyant le confort de ses quartiers réguliers, il partit pour la grotte de Khampe Dorje Drak à une demi-journée du monastère de Dilyak. En ce lieu, Lama Zöthar entreprit avec effort une pratique intensive du dharma, abandonnant toute préoccupation pour les plaisirs de la vie présente.

Ce fut de ce gourou, à cet endroit, que Rinpoché reçut les instructions de Mahamoudra, le Grand Sceau. Ayant complété les préliminaires externes, internes, communs et non communs ainsi que les quatre préliminaires spéciaux de Mahamoudra, Rinpoché reçu les explications de la Voie profonde du Mahamudra qui coupe à travers toutes les élaborations mentales. Ce n’était pas simplement des enseignements basés sur des textes, mais des transmissions de personne à personne, très profondes, données directement à la manière des instructions orales (dmar khrid).

Approximativement une fois par semaine et après avoir complété une période de pratique intensive, Rinpoché offrait ses réalisations (rtogs ’bul) au gourou et reçevait des instructions pointant la nature de l’esprit ainsi que d’autres méthodes pour purifier les obstacles et approfondir sa méditation. De cette manière, il reçut dans leurs formes complètes toutes les méthodes et instructions de la lignée Kagyü.

Lama Zöthar mentionnait souvent à Rinpoché le nom de Drupön Tenzin Rinpoché18, qui, disait-il, détenait la transmission des six dharmas de Naropa, la voie de la méthode19. Rinpoché cultiva ainsi le souhait de rencontrer Drupön Tenzin Rinpoché et de recevoir de lui les enseignements des six dharmas.

Mais avant de terminer cette période d’entraînement avec Lama Zöthar, Rinpoché reçut l’initiation à la profonde pratique de Chö (couper à travers), de même que les instructions de visualisation de cette pratique et ainsi de suite,

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à la manière des instructions personnelles directes, sans s’en tenir aux textes. Rinpoché ainsi pratiqua le Chö tous les matins sans aucun manquement.

Selon le commandement de son gourou, Rinpoché reprit la route pour le monastère de Dilyak afin de rencontrer son maitre de retraite, Lama Sangye Phuntsok. En ce temps-là, il rencontra également Khempo Tsegyam qui séjournait avec Lama Sangye Phuntsok au centre de retraite, ainsi que Karma Trinley Rinpoché, qui était en visite avec sa suite. Lama Sangye Rinpoché dit à Rinpoché ainsi qu’aux autres que, bien que les Kagyüpas avaient une forte tradition pour la pratique, il y avait peu de maîtres Kagyü qui étaient instruits sur le sujet de la cognition valide (logique bouddhiste et épistémologie). Dans le futur, disait-il, il serait d’un grand bénéfice pour la lignée Kagyü si les enseignements de la cognition valide étaient étudiés de manière plus approfondie.

Lama Sangye Rinpoché demanda ensuite à Rinpoché de suivre les enseignements de Khenpo Tsegyam sur la cognition valide et donna également une initiation de Manjushri, la Parole du Lion. Commença alors la tradition des études de la cognition valide dans les centres de retraite.

Rinpoché parla plus tard de l’impact que l’étude de la logique et de l’épistémologie bouddhique avait eu sur sa pratique de méditation. Il témoigna de la manière dont la voie des arguments logiques avait aidé les pratiques de méditation reçues précédemment sur la base d’instructions essentielles ainsi que de la façon dont cela avait accru la confiance qu’il avait dans le chemin, fondée jusque-là presque uniquement sur sa foi. En outre, grâce aux instructions orales du gourou, il avait déjà médité sur le non-soi et l’absence de véritable existence. Plus tard, en raison de ses études sur la cognition valide, sa certitude à propos du non-soi et de la vacuité ne cessa d’augmenter, et d’autres excellentes expériences émergèrent de son esprit. De cette façon, non seulement il se délectait dans la cognition valide, mais son inspiration pour la pratique s’était également intensifiée.

En suivant les instructions du maître de retraite, Lama Sangye, Rinpoché étudia donc la cognition valide dans le cadre de sa retraite. Il dira plus tard que cela s’est avéré une forme de bon augure pour servir les enseignements de la lignée de la pratique.

Puis à nouveau, Rinpoché retourna séjourner quelques mois avec le vénérable Lama Zöthar. Durant ce temps-là, le gourou le testa sur ses

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réalisations de la nature indicible de l’esprit et éclaircit les doutes restants. Rinpoché développa une ferme détermination à demeurer en retraite et à errer de grotte en grotte, sans aucun attachement à ses préférences personnelles et faisait des aspirations répétées afin que cela se produise ainsi.

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CHAPITRE 5

L’errance dans des endroits reculés et des charniers

Selon l’instruction du vénérable Lama Zopa Tharchin, Rinpoché alla à Lawa Drup Puk20, une grotte de retraite située non loin du lieu de naissance de Rinpoché. Cette grotte était connue comme ayant été une grotte de pratique de Lawapa siddha, qui, dit-on, avait miraculeusement volé de l’inde jusque là pour s’engager dans une pratique méditative. Dans cette grotte très isolée et agréablement située, Rinpoché pratiqua principalement le gourou yoga de Padmasambhava et la lecture de la vie de Milarépa durant le jour, tout en effectuant diligemment la pratique du Chö durant la nuit.

L’autobiographie dit :

Dans les grottes, en pratique solitaire, il est important de lire la vie de Milarépa et de ses chants de réalisations, encore et encore. […]

Ainsi je pratiquais selon les instructions de mon gourou

Dans une grotte vide et isolée,

Béni par le Mahasiddha Lawapa.

Maintenant, bien que ma jeunesse soit disparue, ma joie augmente.

Ce fut la première expérience de mon gourou, pratiquant seul dans une grotte.

Une nuit durant cette même retraite, Rinpoché rêva que son cœur était arraché par un corbeau, s’envolant ensuite au-dessus du lit d’un grand fleuve qui s’écoulait d’ouest en est. Près de la grotte où Rinpoché pratiquait, vivait un maître nommé Lama Rabjor21, qui était renommée pour ses pouvoirs cognitifs supérieurs de forme inobstruée. Rinpoché alla voir Lama Rabjor et lui parla de son rêve et de son intérêt actuel pour un voyage à Tsurphu. En réponse, le lama donna à Rinpoché l’initiation de Vajrakilaya du cycle Sangtik22, ainsi que la prophétie que Rinpoché devait se rendre dans le Tibet central.

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À la suite de cela, dans la grotte de Lawa, Rinpoché pratiqua Vajrakilay, l’offrande de festin et fit des aspirations. Après quoi, il partit pour le Tibet central. L’autobiographie dit :

Avec le désir de rencontrer le glorieux Karmapa, l’incarnation des activités éveillées de tous les victorieux, et le désir de recevoir de Drupön Tenzin Rinpoché les profondes instructions orales des Six dharmas, je partis seul, comme un homme assoiffé cherchant de l’eau.

En chemin vers le Tibet central, Rinpoché s’arrêta dans de nombreux endroits de pèlerinage et fit des aspirations pour que les enseignements du Bouddha s’étendent et s’épanouissent et qu’un nombre incalculable d’êtres sensibles connaissent le bonheur et la joie. Finalement, il arriva en bonne santé à la glorieuse place de Tölung Tsurphu23, bénie par seize Karmapas, en commençant par Düsum Khyenpa. Tsurphu est considéré comme un site sacré suprême de l’esprit de Chakrasamvara. Dans l’éloge de cet endroit, il chanta ce chant vajra :

NAMO ! Trois joyaux, trois racines et infinies déités, Je vous tiens en refuges suprêmes à partir de maintenant jusqu’à illumination. Je vais maintenant rendre hommage à une partie des qualités De cette place d’Akanishta, sublime site de l’esprit.

Du maitre Düsum Khyenpa à Rigpe Dorje le refuge sans déception,

Ce site suprême et glorieux de l’esprit illuminé, Akanishta, a été béni par seize Karmapas successifs. Les rochers d’ici apparaissent de matière solide, Mais ils ne sont que les fictions d’une pensée dualiste : En réalité, ils sont apparence vacuité, un mandala de déités. Lorsque la certitude de cela devient stable, Tous ceux qui pratiquent ici, Sans exception, atteindront parfaitement et sans effort

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Les qualités des terres et des chemins Du grand secret, le Vajrayana. En cela, j’ai acquis la certitude. Ainsi, tous les Karmapas du futur Tourneront sans aucun doute la roue du dharma à cet endroit. Par conséquent, puissent les ravins entre les rochers Se remplir de disciples des enseignements du Karmapa. Comme les abeilles d’un jardin en fleur, Puissent les hommes et les femmes de foi du monde Se promener parmi ces sites de retraites isolées. Que leur renommée remplisse le monde Et puisse leur cœur dévoué briller de toute leur clarté !

Rinpoché ajouta :

Réfléchissant sur les excellentes qualités de cette place d’Akanishta, site sublime de l’esprit d’illumination, je mis ces mots en mélodie et m’appliquai diligemment à pratiquer le gourou yoga du glorieux Karmapa.

À Tsurphu, avec de nombreux fidèles rassemblés, Rinpoché a vu le Karmapa effectuer la cérémonie de la précieuse couronne vajra qui libère à sa vue.

L’autobiographie dit :

Même à cette époque, j’avais la ferme conviction que ce n’était pas le chapeau qui bénissait le Karmapa, mais le Karmapa qui bénissait le chapeau. Par conséquent, je demandai mentalement les initiations du corps, de la parole et de l’esprit du gourou et imaginai avec confiance que je recevais les initiations et les bénédictions du corps, de la parole et de l’esprit d’éveil. En général, la précieuse couronne vajra qui libère à sa vue est une chose merveilleuse ; mais elle est seulement un exemple de la sagesse du Karmapa apparaissant naturellement. J’étais certain que le vrai « chapeau » de sagesse du Karmapa demeurait toujours inséparable des manifestations successives du Karmapa, et j’ai apprécié ma chance d’être en mesure d’avoir

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cette confiance. J’ai toujours senti que ce chapeau exemplaire était quelque chose que le Karmapa manifestait pour ses disciples qui ne pouvaient pas voir le chapeau de sagesse du Karmapa qui apparait naturellement et que le Karmapa lui-même, peu importe l’incarnation, était capable de faire un chapeau de cette nature exemplaire.

Plus tard, Rinpoché se rendit au grand charnier de Tsurphu où il pratiqua la méditation des douze liens de l’interdépendance, dans l’ordre et à rebours. Ensuite, il alla et médita dans la grotte où avait pratiqué le 9e Karmapa, puis dans la grotte de Kyimo24 où avait pratiqué le grand Répa Chenpo25, ainsi que d’autres sites. Rinpoché était très inspiré par la quête des instructions qui pointent le Mahamoudra du glorieux maitre des Victorieux, le Karmapa, Rangjung Rigpe Dorje. Il demanda une audience à une personne de son intendance et fut immédiatement conduit en la présence du Karmapa.

L’autobiographie dit :

« Quelle est la nature de ton esprit ? » me demanda-t-il. Immédiatement, mon esprit se libéra des pensées et, pour un bref instant, je ne pus parler. Finalement je lui répondis : « Lorsque j’analyse mon esprit, je ne peux le trouver, mais quand il se repose, il possède la clarté. » Il rigola et me dit : « Oui, c’est cela. Tous les objets sont apparence vacuité inséparable. Tous les états mentaux sont clarté vacuité inséparable. Toutes les sensations sont félicité vacuité inséparable. Voilà comme ils sont réellement ; reconnais-les pour être ainsi. » Pour un instant, par les bénédictions du gourou, mon esprit devint une fois encore sans pensée et je restai silencieux. Il me regarda puis dit : « Pratique ainsi dans ta grotte. » Je retournai à nouveau à ma pratique dans ma grotte, réfléchissant constamment sur le sens de ses mots. J’acquis une forte conviction que, bien que ses mots étaient brefs, ils possédaient un sens profond et vaste. En contemplant ces profondes instructions orales depuis le moment où je les ai reçues jusqu’à présent, j’en suis venu à la compréhension qu’elles contenaient les points profonds et essentiels de la vue de tous les sutra et tantra.

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L’autobiographie de Rinpoché se poursuit en élucidant l’intention sapientielle de ces trois lignes du maitre des Vainqueurs, pointant les instructions dans la forme d’un vaste chant de réalisation.

Ce fut également durant cette période que Rinpoché rencontra Drupön Tenzin Rinpoché. Relatant une partie de la vie de Drupön Tenzin, l’autobiographie déclare :

Pour commencer, il entra et compléta les trois ans de retraite traditionnelle au monastère de Dilyak. Par la suite, il pratiqua pendant de longues périodes dans des grottes de vallées inhabitées comme celle de Yopkok. Le vénérable Lama Zöthar me conta à plusieurs reprises les nombreux signes merveilleux et miraculeux qui jaillirent de la pratique de Drupön Tenzin au cours de cette période. À nouveau, Drupön Tenzin retourna au monastère de Dilyak, où il servit en tant que maitre de retraite (drupön/sgrub dpon). Parmi les nombreux yogis qu’il avait guidés, l’un des plus illustres fut Lama Zöthar. Après avoir terminé ses fonctions de maître de retraite, Drupön Tenzin Rinpoché partit en pèlerinage, comme un yogi libre de toutes activités, visitant tous les principaux sites sacrés du Tibet, y compris le mont Kaïlash. Il boucla la boucle de son pèlerinage en arrivant au site glorieux de Tölung Tsurphu. Le maître des Victorieux, le Karmapa, savait que Drupön Tenzin possédait la suprême transmission du Mahamoudra et des Six dharmas et fit la requête de recevoir les instructions orales des Six dharmas et autres enseignements. Puis le Karmapa lui demanda de prendre sa résidence permanente à Tsurphu, ce qu’il fit. […] Bien qu’il se trouvait dans la rare position d’être l’enseignant de celui qui avait offert les profondes instructions des six dharmas au maitre des Victorieux, le glorieux Karmapa, Rangjung Rigpe Dorje, il fuyait les airs de grandeur et garda la voie d’un yogi libre d’agir.

De Drupön Tenzin Rinpoché, de façon parfaite et complète et à la manière d’une transmission expérientielle, Rinpoché reçut les Six dharmas de Naropa, instructions profondes guidant sur la voie de la méthode. Les Six dharmas sont l’essence des enseignements du glorieux Naropa sur le profond stade d’achèvement des mantra secrets de la plus haute classe des tantra. C’était également la pratique principale de Milarépa. Après avoir reçu la transmission, Rinpoché compléta parfaitement la pratique des Six yogas en pratiquant nuit et jour sans relâche, dans la grotte de retraite de Gyalwa Gangpa.

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Ensuite, Rinpoché reçut les profondes instructions Tirer l’essence vitale de l’espace26 qu’il pratiqua dans la grotte du maitre Répa Chenpo. Lorsque Rinpoché était en retraite, Drupön Tenzin l’encourageait avec une grande bonté aimante. Les deux sœurs de Drupön Tenzin qui vivaient à Tsurphu, soutenait également Rinpoché et le servaient comme des intendantes de retraite, fournissant les provisions nécessaires, etc.

Après que Rinpoché eut pratiqué ainsi pendant un certain temps, il offrit ses réalisations à Drupön Tenzin Rinpoché et tous deux s’engagèrent dans un dialogue. Le champ de vision de Rinpoché s’élargit grandement et sa foi, son respect et l’inspiration envers le gourou redoublèrent. Il chanta ce chant de joie :

Grâce aux instructions orales du bienveillant gourou, Inséparable de Vajradhara, Je me nourris de l’espace vide, Assis sur un siège de vacuité. Plaçant ma confiance dans les falaises et les rochers, Je n’ai besoin ni d’oreiller ni de pyjama, Grâce aux bénédictions des ancêtres siddha, Je ne suis pas remué par les pensées du passé, Je ne pense pas aux problèmes du futur, Je sais comment demeurer dans la présence même de l’esprit lumineux, Établi naturellement et détendu. Il n’y a aucune manière de rembourser la bonté du gourou, Ainsi je fais cette aspiration : Dans toutes mes naissances et durant toutes mes vies, Puis-je parfaitement accomplir les vœux du gourou, Puis-je être bénéfique aux êtres et aux enseignements, Et puissent les bons auspices êtres abondants Pour accomplir les deux bénéfices ! Selon le commandement de Drupön Tenzin Rinpoché, Rinpoché passa sept nuits dans le charnier de Tsurphu connu pour être identique au charnier Sitavana27. Durant la nuit, Rinpoché s’immergeait secrètement dans les pratiques du Chö, une méditation analytique sur les deux types de non-soi,

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ainsi que dans les yogas de bonté aimante, compassion et autres méditations. Durant le jour, en retraite dans sa grotte, il s’engageait dans l’écoute, la contemplation et la méditation basées sur la vie de Machik Labdrön.

Ayant terminé cette retraite, il demeura plusieurs semaines dans le charnier de Tsurphu, selon les instructions du gourou, mais cette fois-ci, il resta à proximité d’un gros rocher et se construsit une tente à partir des vêtements qu’il avait retirés des cadavres et dont il se servait comme d’une toile, attachant les morceaux ensemble avec la corde utilisée pour lier les cadavres. Dans ce cadre, Rinpoché pratiqua l’authentique dharma du Chö qui coupe à travers les illusions de Mara nuit et jour sans interruption. Il coupa la racine de la fixation à un moi et d’excellents signes d’expérience se manifestèrent dans son esprit. Il exécuta aussi la pratique de ganachakra de la profonde conduite yogique. À cause de cela, il fut naturellement surnommé par la population locale « l’homme du charnier » ou « le lama du charnier ». D’une façon ou d’une autre, l’héritage de Rinpoché était similaire aux vies des siddhas d’antan.

En ce temps-là, un groupe de nonnes du monastère de Jindo à Nyemo et de la grotte de Drolma28 étaient arrivées à Tsurphu et rencontrèrent Rinpoché pour la première fois. Bien qu’elles invitèrent Rinpoché à Nyemo, celui-ci refusa leur requête. Quelque temps plus tard, avec la permission de Drupön Tenzin Rinpoché, Rinpoché prit la décision d’entreprendre un pèlerinage en la noble terre de l’Inde. La première place qu’il visita après son départ de Tsurphu fut Nyemo, l’endroit même où se situait le monastère de Jindo. Cependant, il n’entra pas dans le monastère ; à la place, il resta pendant trois jours dans le charnier à proximité. Finalement, après que les nonnes l’eurent supplié à multiples reprises de les accepter comme étudiantes, il acquiesça, se rendit au monastère et octroya aux nonnes les enseignements des préliminaires du Mahamoudra, la sadhana intitulée « L’accomplissement du royaume de grande félicité29 » et d’autres dharma.

Après cela, Rinpoché se rendit dans la grotte où avait pratiqué Berotsana, le roi des traducteurs, et celle de Kugom Chökyi Senge30, le fils spirituel de Machik Labdrön. Une foi intense surgit dans l’esprit de Rinpoché et il émit des chants de supplique, telle que la suivante :

Je supplie la lignée du Chö, Je supplie Machik Lab Kyi Drön,

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Je supplie Kugom Chökyi Senge : Bénissez-moi afin que mon attachement aux activités de cette vie, Les apparences trompeuses des tendances habituelles, Se transforment en profondeur.

Puis, il croisa le pont en fer construit par le siddha Thangtong Gyalpo31. Il pratiqua ensuite dans une grande maison abandonnée à Jako, ainsi que dans trois charniers, Nyangpo, Khashor Shawari Gong et Kargung.

Sur tous ces sites, Rinpoché s’appliquait à la recherche de la citadelle du Chö. De nombreuses expériences déchirantes et miraculeuses se manifestèrent. Rinpoché transformait tout cela comme un support qui enrichissait sa pratique et eut plusieurs manifestations de sagesse réalisant l’absence de soi, la nature de la réalité. La dextérité de ses réalisations croissait, prévalant sur les apparences fallacieuses. À la suite de cela, Rinpoché pratiqua dans deux grands sites sacrés de Yeshe Tsogyal : les grottes de Jomo Kharak et de Jomo Drösa.

De nouveau, il retourna au monastère de Jindo à Nyemo et fit ses derniers préparatifs pour partir en Inde. Les nonnes firent plusieurs requêtes afin d’accompagner Rinpoché dans son pèlerinage et, finalement, il leur accorda la permission. Ainsi, durant l’année du 2500e anniversaire de la mort du Bouddha selon l’école Theravada, Rinpoché et sa suite se rendirent à quatre grandes places sacrées32 et autres destinations de pèlerinage.

Les nonnes (aujourd’hui assez âgées) qui voyageaient avec Rinpoché en ce temps-là ont partagé verbalement de nombreux récits et faits miraculeux qui se sont produits durant leur pèlerinage. Afin de ne pas rendre trop long le présent ouvrage, je n’écrirai pas davantage sur ce sujet.

En fin, Rinpoché et sa suite retournèrent en sécurité et en bonne santé à Nyemo. Après quoi il repartit seul pour une retraite stricte et solitaire dans la grotte isolée appelée Drolma, site sacré béni par le siddha Nyemowa33.

En 1959, un changement d’époque souffla sur le Tibet. Cette année-là, Rinpoché sortit de retraite et avec l’aide de ses nonnes disciples ; ils traversèrent le Bhoutan jusqu’en Inde, où ils arrivèrent en tant que réfugiés.

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CHAPITRE 6

Retourner à la vue, larguer les élaborations

Durant les neuf années qui suivirent, à Buxa Duar, en Inde, Rinpoché à nouveau se plongea dans les études de la vue, continua d’écouter, de contempler et de méditer sur ce qu’il avait fait précédemment. Il étudia les textes traditionnels de la lignée Kagyü, incluant les trois thèmes tantriques, à savoir le « Traité de la nature de Bouddha », le « Tantra Hevajra », la « Réalité intérieure profonde » et les sujets des cinq sutra34. Il étudia également les textes canoniques des sutra, tantra et de logique des traditions Sakya, Geluk et Nyingma. Ainsi, il dissipa complètement tous les doutes et les fabrications conceptuelles.

À la fin de ses études, il passa un examen oral, un débat, devant une assemblée de plusieurs milliers d’abbés, tulkus, lamas et moines des quatre ordres majeurs du bouddhisme tibétain. Le rassemblement a été présidé par Sa Sainteté le Dalaï Lama. Après l’examen, il fut récompensé et ordonné Guéshé Lharampa. Rinpoché devint un objet de louange et de respect pour son talent dans les débats de logique et pour l’acuité de ses connaissances et de sagesse. Sa renommée s’est réellement répandue dans toutes les directions.

Rinpoché retourna ensuite en la présence du suprême 16e Victorieux et de Drupön Tenzin Rinpoché, recevant davantage d’instructions expérientielles et offrant ses réalisations. Il reçut également les initiations, instructions et transmissions de textes pour le grand Rinchen Terdzö (précieux trésor de terma) du maitre du refuge, Dilgo Khyentse Rinpoché. En particulier, il reçut le guide complet des instructions pour le Lamrim Yeshe Nyingpo (Étapes du chemin de sagesse essentielle) et autres textes clés.

En bref, durant cette période-là, Rinpoché trancha complètement toutes les fabrications conceptuelles par l’écoute, la contemplation et la méditation de la vue profonde, de la méditation et de la conduite à tous les niveaux.

À l’âge de 31 ans, le maitre gourou était honoré par le 16e suprême Victorieux, le maitre Rangjung Rigpe Dorje, et le nomma abbé (khenpo) de la glorieuse et inégalée lignée Kagyü.

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CHAPITRE 7

Diligemment, s’appliquer pour le bien des enseignements et des êtres suivant les instructions de Rangjung Rigpe Dorje

Suivant les instructions du seizième Karmapa et inspiré par la reine du Bhoutan, Phuntsok Chödrön, Rinpoché retourna au Bhoutan et séjourna quelques années à Kunga Rabten et à Bumthang. À ces endroits, la portée de ses activités bienfaisantes s’étendit à de nombreux étudiants dévoués. En 1968, dans un lieu isolé et magnifique au sommet de la montagne de Konga Rabten Dzong, il fonda une nonnerie nommée Karma Drubde Gon, bénie des représentations des trois joyaux. Il installa les 13 nonnes qui avaient voyagé avec lui depuis Nyemo, avec toutes les facilités nécessaires pour une retraite de trois ans et les guida avec soin dans leur pratique.

En accord avec les commandements du seizième grand et suprême Victorieux qui avait demandé à Rinpoché d’aller en Occident afin de mener à bien les activités éveillées au bénéfice des enseignements et des êtres, Rinpoché partit pour l’Europe en 1977 en commençant par Takpo Kagyü Ling siège Kagyü en France.

En ce temps-là, Nyoshul Khen Rinpoché35 était également dans les parages. Les deux maitres discutèrent de leurs expériences et réalisations de la Voie du Milieu, Mahamoudra et Dzogchen, et trouvèrent que leurs expériences concordaient harmonieusement.

Après cela, Rinpoché voyagea en Angleterre, en Allemagne, en Belgique, en Grèce et dans d’autres pays européens, enseignant la langue tibétaine et tournant largement la roue du dharma des sutra et des tantra. De nombreux étudiants européens devinrent traducteurs et se livrèrent sous sa directive à des études approfondies des sutra et des tantra ; ils furent les premiers disciples occidentaux de Rinpoché.

Alors qu’il demeurait en Europe, le gourou posa une question à Sa Sainteté le seizième Karmapa : « La première école de traduction Nyingma possède les « treize grands textes36 », la glorieuse école Sakya a les « dix-huit textes de grande renommée37 », et les Riwo Gedenpas, l’école Geluk a les « cinq volumes canoniques38 », ainsi de suite. Quels sont les textes uniquement importants pour la tradition Kagyü? La réponse du Karmapa arriva dans une

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lettre qui stipulait : « Pour les Kagyü, il y a huit grands textes des sutra et des tantra39 ».

Comme si la lettre était descendue directement sur le sommet de sa tête, Rinpoché prit ce conseil du Karmapa avec grand respect et commença à enseigner à mettre l’accent sur les textes des sutra et des tantra dans ses enseignements. Il poursuivit en faisant des aspirations pour les activités éveillées du dharma scriptural et des réalisations et, en particulier, pour que la lignée inégalée de Takpo Kagyü se propage aux confins de l’espace. En 1978, Rinpoché établit le Shedra de Kagyü Thegchen en Europe, et après cela, il créa la Fondation Marpa d’Europe.

À partir de 1982, en accord avec les vœux du seizième Karmapa, il prit le rôle d’abbé à l’institut Karma Shri Nalanda pour les études bouddhistes supérieures du siège du Karmapa au monastère de Rumtek. Il donna à de nombreux khenpos, tulku, et moines des enseignements sur les grands textes. Dans le contexte des étapes de l’entrainement progressif des véhicules du bouddhadharma, il les guida extensivement au travers des stades de méditation de shamatha, de vipashyana, etc. Il composa également des textes de la lignée Kagyü d’une approche unique sur des sujets de shedra tels que « Introduction aux termes de logique » « Les classifications de l’esprit » et « Les classifications des raisonnements » ainsi que des analyses critiques de ces deux derniers. Ces textes sont les propres compositions de Rinpoché, et résument précisément les intentions du sens de « L’océan des textes de raisonnement » du septième Karmapa, Chödrak Gyamtso et du « Trésor de la connaissance » de Jamgön Kongtrul Lodrö Thaye. Ils devinrent une référence pour les études de Shedra Kagyü et pour les institutions et organisations internationales du dharma.

Puis Rinpoché voyagea aux États-Unis, au Canada et dans d’autres pays en Amérique du Sud. Sans parti pris, il enseigna le dharma des sutra et des mantra aux étudiants dévoués qui se trouvaient au siège Kagyü connu sous le nom de Karma Triyana Dharmachakra, dans les centres Vajradhatu, dans les centres inspirés par le vénérable Kalu Rinpoché, et à de nombreux autres groupes et organisations. En particulier, avec beaucoup de bienveillance, il donna les instructions essentielles du Mahamoudra et de Dzogchen et guida les étudiants dans leur méditation ; il continue aujourd’hui de guider nombre de ces étudiants.

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Durant son séjour en Amérique du Nord, Rinpoché rencontra Chögyam Trungpa Rinpoché et ils discutèrent de la diffusion et de la propagation des enseignements du Bouddha en Occident. Le corps des étudiants d’Amérique du Nord de Rinpoché devint illimité, incluant beaucoup de traducteurs actuels. En 1994, il créa la branche américaine de la Fondation Marpa.

Rinpoché voyagea également en Asie du Sud-Est, dans des pays tels que Taiwan, où il donna des enseignements sur les trois véhicules. En particulier, il répandit une pluie de nectar du dharma authentique du mantra secret Vajrayana, par laquelle il fit pleinement murir des disciples fortunés. En Taiwan, il établit un centre du dharma appelé Zabsang Shedrub ainsi que d’autres branches de la Fondation Marpa. Il établit également des centres de pratique Zabsang Shedrub en Malaysie et à Singapour. Dans le cadre de ces activités, il propagea les enseignements de la pratique de la lignée dans toutes les directions.

Tout au long de cette période, Rinpoché continua de tourner la roue du Dharma en Inde, au Bhoutan et au Népal. Au Bhoutan, il fit construire trois centres de retraite dans la région de la résidence royale de Kunga Rabten : le premier en 1988 appelé Drolma Chöling, le second en 1998 appelé Ngön-ga Chöling et le dernier en 2001 appelé Kunzang Ngayab Chöling. Ayant établi ces centres, bénis des représentations des trois joyaux, il guida les nonnes qui pratiquaient en ces lieux. Jusqu’à ce jour, elles continuent de pratiquer et de recevoir les instructions de Rinpoché pour les préliminaires, la méditation et la récitation de « L’accomplissement du royaume de grande félicité », incluant sa pratique de Phowa, du Soutra du Cœur, Chö, Könchok Chidü, et autres méthodes du Mahamoudra et de Dzogchen. Les nonnes s’appliquent à ces pratiques de manière ininterrompue.

En 1983, près du stoupa de Jarung Khashor à Boudhanath, au Népal, Rinpoché commença à donner des séances d’enseignements aux étudiants internationaux, privilégiant la langue tibétaine et les textes des sutra, des mantra et de logique. En 1986, il fonda l’Institut Marpa pour Traducteurs et le Comité Marpa de Traduction. En plus de cela, à l’école de traduction, il conféra des enseignements rares et profonds à certains groupes de ses étudiants les plus avancés et les plus proches, dirigés par quelques-uns des tulkus les plus doués. Dans ces audiences, il a enseigné dans un style de transmission expérientielle, le Mahamudra, le sens profond et définitif, la Profonde réalité intérieure, les six branches du yoga de Kalachakra Tantra,

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les Six dharmas de Naropa et autres instructions de la voie de la libération et de la méthode. Il transmit pleinement ces enseignements dans leurs formes les plus développées et complètes, proposant des interviews dans lesquels les étudiants pouvaient offrir leurs réalisations, donnant des instructions pour les stades de progression, et ainsi de suite.

En l’an 2000, Rinpoché établit le centre de retraite de Yolmo Gangra au Népal, à Tak Puk Senge Dzong, la « grotte du tigre, lion de la forteresse », site où avait pratiqué Milarépa. En ce lieu et depuis ce temps, les nonnes et les disciples internationaux de Rinpoché se sont engagés dans les pratiques de Mahamoudra et autres. En 2006, près de la Stoupa de Jarung Khashor à Bodhanath, Rinpoché mis en place la nonnerie de Tek Chok Ling, ornementé des représentations des trois joyaux, pour les disciples femmes monastiques qui s’appliquent avec joie et enthousiasme à l’écoute, à la contemplation du dharma et à la méditation, en s’accordant précisément sur la manière dont le gourou les avait guidées.

En résumé de tout ce qui précède, le gourou a été un détenteur exemplaire des enseignements du Victorieux en incarnant l’union de la pratique et des études. Il s’est engagé dans de vastes explications, débats et compositions basés sur les traditions scripturales générales des sutra et des mantra. Il a maintenu la tradition de la transmission d’expérience directe dans la pratique et donné d’infinies instructions orales. De cette façon, il a établi un nombre illimité de disciples fortunés sur le chemin de la maturation et de la libération.

Pour parler davantage de ses activités sublimes, Rinpoché a toujours accordé une grande importance aux chants de réalisation de Milarépa, comme ceux que l’on trouve dans les « Cent milles chants » ainsi que ceux de tous les ancêtres siddha des écoles anciennes et nouvelles. Suivant leur exemple, il a aussi composé d’innombrables doha vajra qui élucident leur intention et d’autres, qui, indépendamment, communiquent ses propres instructions.

Il a revitalisé la tradition de la pratique Karma Nyingtik reliée au troisième Karmapa, Rangjung Dorje, soit « L’essence du cœur du Karmapa », et a donné ses instructions expérientielles essentielles.

À ce jour, les étudiants fortunés d’Orient et d’Occident continuent de se rassembler pour pratiquer et jouir des fruits de ses contributions les plus uniques : ses supplications, ses chants, ses danses vajra d’Arya Tara racontant son origine et les exercices yogiques du « Lujong, entrainement et

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purification du corps », système spécial qui porte à la fois la voie de la libération et de la méthode qui a jailli de l’étendue de sagesse du propre esprit du gourou.

Il composa la « Sadhana du Mahamoudra, la joyeuse danse de l’amrita de grande félicité », sadhana extrêmement profonde et sublime sur les instructions de la luminosité de Mahamoudra, qu’il prononça spontanément et qu’il a accompagné de son propre commentaire.

Il permit à ses étudiants du monde entier aux multiples origines de chanter les chants de réalisation mentionnés ci-dessus dans des mélodies et des adaptations nouvelles, dans leur propre langue qu’il s’agisse du tibétain, de l’anglais, du chinois, etc. Poursuivant leur expérience par l’écoute, la contemplation et la méditation, ses étudiants étaient encouragés à accompagner ces chansons de danses vajra. Par ces moyens, avec grande bonté, Rinpoché incarna et continue d’incarner parfaitement les exemples de la vie des grands ancêtres de la lignée de la pratique.

Cette histoire de vie extérieure, racontée de la perspective des apparences ordinaires de mon glorieux gourou Khenchen Vajradhara, Dechen Rangdrol, s’appuie principalement sur sa grande autobiographie et fut complétée par des discussions avec quelques-unes des nonnes les plus âgées qui étaient les premières disciples du gourou et avec quelques-uns des plus anciens étudiants d’Occident du gourou. Elle a été écrite en accord avec la volonté du maître des Victorieux.

Par la puissance de cela, puis-je ainsi que les autres et tous les étudiants du gourou voir les graines de notre dévouement et les trois sortes de foi se développer de plus en plus, jusqu’à ce que nous obtenions la capacité de détenir l’héritage de l’expérience et de la réalisation du gourou. En particulier puisse cette conduite être une cause qui favorise des vies longues et stables des glorieux maitres Victorieux, Karmapa Ogyen Drodul Trinley Dorje, et le suprême gourou Khenchen Vajradhara ; puissent leurs activités éveillées se répandre à travers l’étendue de l’espace !

Ceci est un conte de libération qui montre exactement Comment le pur renoncement du Hinayana,

La compassion et la bodhichitta du Mahayana, Et la perspective adamantine et impartiale du Vajrayana Peuvent être employés par l’esprit.

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La luminosité du corps éveillé, Avec ses dignes signes et marques, La mélodie de la parole éveillée, Qui comme le luth, résonne du son naturel de la dharmata, Et comme la sphère de l’esprit éveillé, Avec sa sagesse originelle sans tache, Sont réalisées à travers rien d’autre que la foi et la dévotion du chemin, Comment pourraient-elles être connues d’une quelconque autre manière? Allant bien loin au-delà de l’espoir, de la peur et des schémas conceptuels, Dans toutes mes vies, puis-je être guidé par le gourou incomparable. Et ainsi puis-je rapidement atteindre l’état suprême de Vajradhara.

La présente biographie a été écrite par un des disciples de ce maître qui a été soutenu par

les trois bontés du gourou, celui appelé Dzogchen Pönlop, autrement connu sous le nom de

Karma Sungrap Ngedön Tenpay Gyaltsen. Elle a été complétée à Nalanda West (Seattle,

Washington) en l’année 2553 du calendrier bouddhiste. Puisse cela être vertueux ! Sarva

Mangalam!

Traduit sous la direction de Dzogchen Pönlop Rinpoché et avec l’aide d’Acharya Tashi

Wangchuk, par Tyler Dewar de Nitartha Translation Network, 2010, Seattle, É.-U.

Traduit en français par Nicole Berbier en 2016, à Sahlé O Ling, Ste-Sophie-de-Lévrard,

Québec.

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1 « Gomde » (sGom sde) signifie « communauté de méditants » ; « Nangchen » (Nang chen) est le nom propre de la place. Nangchen, dans le Kham, au Tibet, est localisé actuellement dans la Préfecture Autonomne Tibétaine de Yushu qui se situe dans la province de Qinghai, Chine. La localisation de Nangchen est visible sur Google Maps : http://bit.ly/nangchen

2 Ti shr’i ras pa dkar po.

3 Khra ris phu.

4 Ga bu sbra chung.

5 Shes rab blo gros, « prajna-intelligence ».

6 Chu ’bab phug.

7 Byang rta rna mgon, monastère de la lignée Yelpa (Yel pa) Kagyü aussi affilié au monastère de Tsurphu, siège principal de la lignée Karma Kagyü (Tibetan Buddhist Resource Center, G2628).

8 Sangs rgyas yel pa, 1134-1194, aussi connu sous le nom de Yelpa Yeshe Tsek (Yel pa ye shes brtsegs), composa de nombreuses œuvres, principalement des chants de réalisation et des suppliques (Tibetan Buddhist Resource Center, P5132).

9 Changzhug est un site historique majeur dans le sud du Tibet. Il a été construit par le roi tibétain Songtsen Gampo au VIIe siècle comme l’un des quatre « temples frontaliers » (mtha’ ’dul bzhi) afin de soumettre les forces malveillantes du Tibet de cette époque (The Great Tibetan-Chinese Dictionary).

10 Jamyang Khyentse Chökyi Lodrö (’Jam dbyangs mkhyen brtse chos kyi blo gros), aussi connu sous le nom de Dzongsar (rdzong gsar) Khyentse Chökyi Lodrö, était un maître renommé de la tradition tibétaine Rimé (ris med).

11 sDe gzhung rin po ché, 1906-1987. Voir David P. Jackson : A Saint in Seattle (Wisdom Publications, 2003).

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12 Les cinq ancêtres Sakya (Sa skya gong ma lnga) étaient Sachen Kunga Nyingpo (Sa chen kun dga’ snying po, 1092-1158), Sönam Tsemo (bSod nams rtse mo, 1142-1182), Drakpa Gyaltsen (Grags pa rgyal mtshan, 1147-1216), Sakya Paṇḍita (Sa skya paN Di ta, 1182-1251) et Chögyal Pakpa (Chos rgyal ’phags pa, 1235-1280).

13 bZod pa mthar phyin.

14 Khams pad rdo rje brag.

15 Ma gcig lab sgron, 1105-1149, grande fondatrice de la tradition de la pratique du Chö (gcod, lit. « couper »). Voir Machik's Complete Explanation: Clarifying the Meaning of Chöd de Sarah Harding (Snow Lion Publications, 2003) et Machig Labdrön and the Foundations of Chöd de Jérôme Edou (Snow Lion Publications, 1996).

16 Monastère affilié à Tsurphu, situé à Nangchen, dans le Kham.

17 Un pèlerinage de complètes prosternations est une pratique traditionnelle de dévotion des pèlerins bouddhistes tibétains pour parcourir leur itinéraire, souvent sur de longues distances. Le pèlerin couvre la route de son corps par des prosternations complètes, c’est-à-dire en effectuant une prosternation à partir du point atteint par les mains tendues à terre au cours de sa dernière prosternation et répétant le processus jusqu’à ce qu’il atteigne sa destination.

18 sGrub dpon bstan ’dzin rin po che.

19 Le Mahamoudra, d’autre part, comprend « Le chemin de la libération ».

20 Lva ba sgrub phug.

21 bLa ma rab ’byor.

22 gSang thig snying po, cycle de terma du grand révélateur de trésor, Chokgyur Lingpa (mchog gyur gling pa, 1829-1870).

23 Tölung (sTod lung, lit. « la vallée supérieure ») est une référence de localisation pour le monastère de Tsurphu (mTshur phu), Tölung Dechen Dzong (sTod lung bde chen rdzong), « Forteresse de grande félicité de la vallée supérieure ».

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24 sKyid mo phug.

25 « Grand Répa » fait référence à Tashi Paljor (bKra shis dpal ’byor, 1457-1525), première incarnation de Sangye Nyenpa (Sangs rgyas mnyan pa) et principal gourou du huitième Karmapa, Mikyö Dorje.

26 Nam mkha’i bcud len.

27 bSil ba tshal, célèbre charnier dans la province actuelle du Bihar en Inde.

28 sByin mdo mgon à sNye mo et sGrol ma phug.

29 bDe chen zhing sgrub.

30 Khu sgom chos kyi seng ge.

31 Thang stong rgyal po, 1361-1485, adepte très célèbre de la méditation, ingénieur et artiste. Voir King of the Empty Plain: The Tibetan Iron Bridge Builder Tangtong Gyalpo de Cyrus Stearns (Snow Lion Publications, 2007).

32 Les quatre grands sites sacrés sont les sites de la naissance, de l’illumination, du premier tour de roue du dharma et du passage dans le pariniravana du bouddha, correspondant dans cet ordre à Lumbini, Bodhgaya, Varanasi et Kushinagar.

33 sNye mo ba, aussi connu sous le nom de Nyemowa Samten Phuntsok (sNye mo ba bsam gtan phun tshogs), est un maître de la tradition Drikung Kagyü (The Life of Shabkar: the Autobiography of a Tibetan Yogin, traduit par Matthieu Ricard, Snow Lion Publications, 2001, p. 346, n. 65.)

34 Les cinq sujets des sutra sont l’éthique bouddhique (Vinaya), l’Abhidharma, la Cognition Valide, la Prajnaparamita et la Voie du Milieu. Pour plus de renseignements sur les trois sujets des tantra et les cinq sujets des sutra, voir la note 39 ci-dessous.

35 sMyo shul mkhan rin po che, 1931-1999, l’un des plus grands maîtres Dzogchen du XXe siècle.

36 On trouvera la liste de ces 13 textes, qui a été dressée par Rigpa Shedra (www.rigpawiki.org) à la page : http://bit.ly/13texts.

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37 On trouvera la liste de ces 18 textes à la note 469 du livre de Cyrus Stearns intitulé Taking the Result as the Path: Core Teachings of the Sakya Lamdré Tradition, Wisdom Publications, 2006 (p. 661), ainsi que dans Google Livres à l’adresse http://bit.ly/18texts.

38 Voir la note 34. 39 Les huit grands textes des sutra et des tantra sont en fait huit ensembles de textes racines et commentaires. Il y a cinq sujets des sutra et trois sujets des tantra. Pour les cinq sujets des sutra, le texte racine pour le Vinaya est le Résumé du Vinaya (Vinayasūtra, 'Dul ba mdo) de Gunaprabha; le commentaire principal utilisé est Orb of the Sun (Nyi ma'i dkyil 'khor) écrit par le 8e Karmapa, Mikyö Dorje. Le texte racine pour l'Abhidharma est le Trésor de l’Abhidharma (Abhidharmakosa, pa la mdzod de Chos) de Vasubandhu; le commentaire principal utilisé est Extraire les délices d'accomplissement et félicité (Grub bde dpyid 'jo) du huitième Karmapa, Mikyö Dorje. Le texte racine pour la Prajnaparamita est L'ornement de la claire réalisation (Abhisamayālaṃkāra, mngon rtogs rgyan) de Maitreya et Asanga; le commentaire principal utilisé est S’en remettre aux Êtres Nobles (RJE btsun gso ngal) du huitième Karmapa, Mikyö Dorje. Le texte racine de la Voie du Milieu est L'entrée de la Voie du Milieu (Madhyamakāvatāra, dBu ma la «cruche pa) de Tchandrakirti; le commentaire principal utilisé est Le chariot des siddhas de la lignée Takpo Kagyu (Dvags brgyud grub pa'i shing rta) du huitième Karmapa, Mikyö Dorje. Les textes racines pour l’étude de la Cognition Valide sont les sept traités sur la Cognition Valide (tshad ma sde bdun) de Dharmakirti (le texte principal parmi les sept est le Commentaire sur la Cognition Valide ou Pramaṇavarttika, tshad ma rnam 'grel) et le Compendium de la Cognition Valide (Pramaṇasamuccaya, tshad ma kun BTU) de Dignaga; le commentaire principal utilisé est l'Océan de textes sur le raisonnement (Rigs gzhung rgya mtsho), œuvre réunissant les commentaires de ces huit textes du septième Karmapa, Chödrak Gyamtso. Pour les trois sujets des tantra, il y a le Traité sur la nature de Bouddha (Uttaratantra, rGyud bla ma) de Maitreya et Asanga et son commentaire principal, Le rugissement irréversible du Lion (Mi blzog seng ge'i nga ro), de Jamgön Kongtrul Lodreu Thayé; Tantra Hevajra (brTag gnyis) du Bouddha Shakyamuni et son commentaire principal, Élucider le secret Indestructible (gZhom med rdo rje'i gsang ba 'pa byed), de Jamgön Kongtrul Lodreu Thayé; et La réalité intérieure profonde (Zab mo nang don) du troisième Karmapa, Rangjung Dorje, avec le commentaire de l'auteur, ainsi que d'un commentaire principal

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de Jamgön Kongtrul Lodreu Thayé appelé Illuminer la réalité profonde (Zab don snang byed).