universitaire. le stress professionnel est en partie lié à ... · une source importante de stress...

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C’est bien connu, le travail est une source importante de stress chez plusieurs employés. Au cours des dernières décennies, plusieurs études scientifiques ont analysé les facteurs qui contribuent à l’anxiété profes- sionnelle, s’attardant sur la na- ture des tâches, l’organisation du travail ou les relations inter- personnelles. Peu se sont par contre penchées sur les effets d’une chaise mal ajustée, d’un néon défectueux ou d’un voi- sin de bureau bruyant. Depuis quelques années, Jacqueline Vischer, professeu- re à l’École de design industriel et spécialisée en psychologie de l’environnement, élabore un modèle théorique du stress lié à l’espace de travail. « Plus une personne est à l’aise physi- quement dans son environ- nement, plus elle disposera d’énergie pour accomplir ses tâches, explique-t-elle. Dans le cas contraire, la personne devra consacrer son énergie à corriger les éléments qui nuisent à son travail. Si c’est le cas, on peut en déduire que son environne- ment est stressant. » Selon elle, cette situation est fréquente dans les tours de bureaux, où les gens ne se sentent pas en contrôle de leur milieu. Entre interaction et intimité La chercheuse a créé un outil qui mesure de manière quantitative le « confort fonc- tionnel », c’est-à-dire l’interac- tion de l’usager avec les élé- ments de son espace. Les em- ployés évaluent leurs conditions physiques de travail sur une échelle graduée de 1 à 5. Le mi- nimum correspond à une zone d’inconfort dont les causes sont présentement étudiées par le groupe de recherche de Jacque- line Vischer. « Le bruit est souvent cité comme un problème, particu- lièrement dans les aménage- ments à aire ouverte, observe M me Vischer. Les entreprises n’améliorent pas les choses, car elles ont tendance à réduire les superficies des postes de tra- vail. Il y a donc plus de gens, de matériel et de mouvements dans un même endroit. » Cha- que employé affiche cependant une tolérance au bruit qui lui est propre et qui dépend très souvent de ses fonctions. Une personne ayant besoin de se concentrer ou travaillant seule sera plus facilement distraite que des étudiants qui réalisent un projet en équipe. Comment alors évaluer les répercussions de ce désagré- ment ? « Certains bruits incom- modent tout le monde, note la chercheuse. Par exemple, n’im- porte qui peut être dérangé par les voix de collègues qui par- lent en se déplaçant proche de son poste de travail. C’est un bruit soudain auquel on ne peut s’habituer et qui est intelligible pour le cerveau. Ce n’est pas un son constant qui ne contient aucune information, comme ce- lui de la ventilation. » Si Jacqueline Vischer en est encore à explorer toutes les dimensions du bruit, elle a tou- tefois découvert entretemps comment les paravents influent sur le stress lié à l’espace de tra- vail. Selon ses calculs, les cloi- sons devraient idéalement me- surer entre 1,2 à 1,3 m (entre 48 et 52 po). Cette hauteur est un compromis entre l’interac- tion et l’intimité : elle protège des regards intrusifs, limite la portée des voix, mais rappelle cependant à l’employé qu’il n’est pas seul. Le confort fonctionnel dé- pend de plusieurs autres fac- teurs comme la nécessité d’une surface de travail adaptée à la tâche ou le nombre et la taille des salles de réunion. La ques- tion du rangement revient aus- si de manière récurrente, fait re- marquer la chercheuse. « Des employés vont insister sur le fait qu’ils ont besoin de plusieurs classeurs à proximité, car ils ne peuvent accomplir leurs tâches si leurs documents ne sont pas tout près d’eux. Même s’ils n’y touchent qu’une fois par mois ! » raconte-t-elle, convain- cue que ce facteur relève davan- tage du confort psychologique que fonctionnel. Hebdomadaire d’information www.umontreal.ca Volume 41 / Numéro 29 / 7 mai 2007 Étudiante au Département de phy- sique, Ariane Longpré-Lauzon a fait partie en 2005 de l’équipe de moni- teurs du projet de sensibilisation aux études universitaires et à la recherche (SEUR). Elle connaissait bien ce pro- jet puisqu’elle en avait elle-même profité alors qu’elle était à l’école se- condaire. « Chaque année, des an- ciens stagiaires posent leur candida- ture et ça nous fait très plaisir », lance Louis Dumont, professeur au Dépar- tement de pharmacologie et initia- teur du projet en 2000. Pour une huitième année de sui- te, des centaines d’élèves du secon- daire viendront passer une semaine sur le campus grâce à ce projet unique en son genre. « Ils ne s’en- nuieront pas », promet Anne Las- sonde, coordonnatrice du projet et ancienne monitrice. Au programme : rencontres avec des chercheurs, vi- sites d’entreprises, expérimentations en laboratoire, sorties sur le terrain, conférences, activités de loisir... Et cela, sans aucuns frais. L’idée à l’origine de ce projet était de faire découvrir aux jeunes issus de quartiers défavorisés le milieu uni- versitaire afin de susciter chez eux l’envie de poursuivre leurs études. « Dans les familles plus aisées, les jeunes sont davantage en contact avec le monde universitaire, commente Louis Dumont. C’est différent là où les diplômés universitaires sont plus rares. Le fait de les plonger dans une Jacqueline Vischer estime que l’environnement de travail peut stimuler les bonnes relations entre collègues ou, au contraire, contribuer de manière significative à faire monter le stress. Suite en page 2 CAHIER SPÉCIAL L’Université attend 450 experts en pédagogie universitaire. P3 CAPSULE SCIENCE Le compostage réduit-il les gaz à effet de serre ? P9 NEUROPSYCHOLOGIE Douleur et empathie. P12 HISTOIRE Un ouvrage sur les Sulpiciens. Le projet SEUR prend de l’ampleur Un meilleur aménagement des bureaux améliore la productivité Suite en page 2 Le stress professionnel est en partie lié à l’espace de travail Louis Dumont et Anne Lassonde présen- tent l’affiche de la nouvelle saison du projet de sensibilisation aux études uni- versitaires et à la recherche.

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C’est bien connu, le travail estune source importante de stresschez plusieurs employés. Aucours des dernières décennies,plusieurs études scientifiquesont analysé les facteurs quicontribuent à l’anxiété profes-sionnelle, s’attardant sur la na-ture des tâches, l’organisationdu travail ou les relations inter-personnelles. Peu se sont parcontre penchées sur les effetsd’une chaise mal ajustée, d’unnéon défectueux ou d’un voi-sin de bureau bruyant.

Depuis quelques années,Jacqueline Vischer, professeu-re à l’École de design industrielet spécialisée en psychologiede l’environnement, élabore unmodèle théorique du stress liéà l’espace de travail. «Plus unepersonne est à l’aise physi-quement dans son environ-nement, plus elle disposerad’énergie pour accomplir sestâches, explique-t-elle. Dans lecas contraire, la personne devraconsacrer son énergie à corrigerles éléments qui nuisent à son

travail. Si c’est le cas, on peut endéduire que son environne-ment est stressant.» Selon elle,cette situation est fréquentedans les tours de bureaux, oùles gens ne se sentent pas encontrôle de leur milieu.

Entre interaction etintimité

La chercheuse a créé unoutil qui mesure de manièrequantitative le «confort fonc-tionnel», c’est-à-dire l’interac-tion de l’usager avec les élé-

ments de son espace. Les em-ployés évaluent leurs conditionsphysiques de travail sur uneéchelle graduée de 1 à 5. Le mi-nimum correspond à une zoned’inconfort dont les causes sontprésentement étudiées par legroupe de recherche de Jacque-line Vischer.

«Le bruit est souvent citécomme un problème, particu-lièrement dans les aménage-ments à aire ouverte, observeMme Vischer. Les entreprisesn’améliorent pas les choses, carelles ont tendance à réduire lessuperficies des postes de tra-vail. Il y a donc plus de gens,de matériel et de mouvementsdans un même endroit. » Cha-que employé affiche cependantune tolérance au bruit qui luiest propre et qui dépend trèssouvent de ses fonctions. Unepersonne ayant besoin de seconcentrer ou travaillant seulesera plus facilement distraiteque des étudiants qui réalisentun projet en équipe.

Comment alors évaluer lesrépercussions de ce désagré-ment? «Certains bruits incom-modent tout le monde, note lachercheuse. Par exemple, n’im-porte qui peut être dérangé parles voix de collègues qui par-lent en se déplaçant proche deson poste de travail. C’est unbruit soudain auquel on ne peuts’habituer et qui est intelligiblepour le cerveau. Ce n’est pas unson constant qui ne contientaucune information, comme ce-lui de la ventilation.»

Si Jacqueline Vischer enest encore à explorer toutes lesdimensions du bruit, elle a tou-tefois découvert entretempscomment les paravents influentsur le stress lié à l’espace de tra-vail. Selon ses calculs, les cloi-sons devraient idéalement me-surer entre 1,2 à 1,3 m (entre48 et 52 po). Cette hauteur estun compromis entre l’interac-tion et l’intimité : elle protègedes regards intrusifs, limite laportée des voix, mais rappellecependant à l’employé qu’iln’est pas seul.

Le confort fonctionnel dé-pend de plusieurs autres fac-teurs comme la nécessité d’unesurface de travail adaptée à latâche ou le nombre et la tailledes salles de réunion. La ques-tion du rangement revient aus-si de manière récurrente, fait re-marquer la chercheuse. « Desemployés vont insister sur le faitqu’ils ont besoin de plusieursclasseurs à proximité, car ils nepeuvent accomplir leurs tâchessi leurs documents ne sont pastout près d’eux. Même s’ils n’y touchent qu’une fois parmois !» raconte-t-elle, convain-cue que ce facteur relève davan-tage du confort psychologiqueque fonctionnel.

Hebdomadaire d’information www.umontreal.ca Volume 41 / Numéro 29 / 7 mai 2007

Étudiante au Département de phy-sique, Ariane Longpré-Lauzon a faitpartie en 2005 de l’équipe de moni-teurs du projet de sensibilisation auxétudes universitaires et à la recherche(SEUR). Elle connaissait bien ce pro-jet puisqu’elle en avait elle-mêmeprofité alors qu’elle était à l’école se-condaire. «Chaque année, des an-ciens stagiaires posent leur candida-ture et ça nous fait très plaisir», lanceLouis Dumont, professeur au Dépar-tement de pharmacologie et initia-teur du projet en 2000.

Pour une huitième année de sui-te, des centaines d’élèves du secon-daire viendront passer une semainesur le campus grâce à ce projetunique en son genre. « Ils ne s’en-nuieront pas », promet Anne Las-sonde, coordonnatrice du projet etancienne monitrice. Au programme :rencontres avec des chercheurs, vi-sites d’entreprises, expérimentationsen laboratoire, sorties sur le terrain,conférences, activités de loisir... Etcela, sans aucuns frais.

L’idée à l’origine de ce projet étaitde faire découvrir aux jeunes issus dequartiers défavorisés le milieu uni-versitaire afin de susciter chez euxl’envie de poursuivre leurs études.« Dans les familles plus aisées, lesjeunes sont davantage en contact avecle monde universitaire, commenteLouis Dumont. C’est différent là oùles diplômés universitaires sont plusrares. Le fait de les plonger dans une Jacqueline Vischer estime que l’environnement de travail peut stimuler les bonnes relations entre collègues ou,

au contraire, contribuer de manière significative à faire monter le stress.

Suite en page 2

CAHIER SPÉCIALL’Université attend 450 experts en pédagogieuniversitaire.

P3 CAPSULE SCIENCELe compostage réduit-il les gaz à effet de serre?

P9 NEUROPSYCHOLOGIEDouleur et empathie.

P12 HISTOIREUn ouvrage surles Sulpiciens.

Le projet SEURprend de l’ampleur

Un meilleur aménagement des bureauxaméliore la productivité

Suite en page 2

Le stress professionnel est en partie lié à l’espacede travail

Louis Dumont et Anne Lassonde présen-tent l’affiche de la nouvelle saison duprojet de sensibilisation aux études uni-versitaires et à la recherche.

2 FORUM S e m a i n e d u 7 m a i 2 0 0 7

université pendant une semaineles aide à démythifier la science etles technologies. Et qui sait? Peut-être qu’un jour ils s’inscriront àl’Université de Montréal.»

Pendant un mois et demi, 90 élèves par semaine sillonne-ront le campus par groupes de10 avec l’un ou l’autre des neufmoniteurs. Les séjours ne com-menceront qu’en juin, mais dé-jà l’équipe est à pied d’œuvrepour que tout soit prêt à temps.« Nous espérons que les profes-seurs et les chercheurs nous ou-vriront les portes de leurs locauxde travail pendant l’été, mention-ne Mme Lassonde. On espère re-cruter quelque 150 bénévolespour la durée des séjours. Cer-tains ne reçoivent qu’un seulgroupe pour une visite, d’autresen accueillent plusieurs. »

Au cours des dernières se-maines, les porte-paroles du pro-jet SEUR ont visité les écoles afinde promouvoir les stages auprèsdes élèves de troisième à cinquiè-me secondaire. Dans certains cas,les émissaires de l’UdeM ont visi-té 15 classes dans la même école.

Nouvelle approche contre ledécrochage

Nouveauté cette année : laFaculté des arts et des sciencesoffrira des stages en espagnol. Unedouzaine d’élèves consacreront

quatre demi-journées par semai-ne à l’apprentissage de cettelangue grâce à des présentationset à des ateliers. Déjà, quelquespersonnes se sont inscrites. «Ce-la montre l’intérêt que suscite cet-te langue chez les jeunes», sou-ligne Anne Lassonde, elle-mêmebachelière en communication.

Même si elle se prépare àvivre une période très intense, lacoordonnatrice travaille toutel’année à différents volets du pro-jet SEUR. De septembre à mai,environ 25 conférences sont orga-nisées dans les écoles de la régionmontréalaise par son équipe. Ony aborde différents thèmes liés à laformation universitaire.

L’automne prochain, unenouvelle approche sera instauréepour lutter contre le décrochagedes garçons : le parrainage. «L’ob-jectif est de repérer 100 jeunes àrisque de décrochage et de les

mettre en relation avec autantd’étudiants. Nous voulons quecette relation amène le jeune àgarder le cap sur les études», pré-cise Louis Dumont.

Le professeur est très sen-sible au fait que les garçons sontdeux fois plus à risque que lesfilles d’abandonner l’école avantl’obtention de leur diplôme d’étu-des secondaires. « Ils manquentde modèles positifs, renchérit Anne Lassonde. Parfois, ils n’ontjamais eu l’occasion d’entrer enrelation avec une personne dumilieu universitaire. »

Ce programme de parrainageest rendu possible par une sub-vention de 70 000 $ du ministèredu Développement économique,de l’Innovation et de l’Exporta-tion du Québec. Deux chargés deprojet ont été embauchés pourl’occasion : Jenny Deschênes etVincent Boutonnet. Les disci-plines suivantes ont été ciblées :chimie, physique, design indus-triel, génie, mathématiques, scien-ces biomédicales et sciences bio-logiques.

Les séjours d’immersion etles autres activités du projetSEUR sont, quant à eux, finan-cés par le Conseil de recherchesen sciences naturelles et en génie du Canada. Information :<www.seur.umontreal.ca>.

Mathieu-Robert Sauvé

Le projet SEUR prend de l’ampleur

Suite de la page 1

Le prix de l’inconfortJacqueline Vischer poursuit

ses recherches sur le terrain.« J’en ai encore pour deux outrois ans. Je crois que ce sera unegrande innovation si nous réus-sissons à démontrer qu’on peutmesurer le stress lié à l’espace detravail. J’aimerais que les milieuxde l’immobilier, de l’industrie dudesign et de la construction pren-nent conscience qu’un mauvaisaménagement des postes a uneincidence couteuse sur la perfor-mance. »

Le stress professionnel en-traine en effet des pertes insoup-

çonnées. En 1999, les États mem-bres de l’Union européenne ré-vélaient qu’elles se chiffraient environ à 20 milliards d’euroschaque année. Le stress serait aus-si à l’origine de 50 à 60 % de l’en-semble des congés de maladie.

« L’anxiété engendrée parl’environnement représente peut-être un tout petit pourcentage dustress professionnel, dit Mme Vis-cher. Mais, si l’on peut réduire cestress en réaménageant l’espacede travail, ce serait déjà ça de ga-gné. Et ça ne couterait pas cher !Il faut juste connaitre les bonnessolutions.»

Marie Lambert-Chan

Le stress professionnel est en partie lié à l’espace de travail

Suite de la page 1

«L’objectif est de repérer

100 jeunes à risque

de décrochage et de

les mettre en relation avec

autant d’étudiants.»

Ils sont tous deux natifs de Rouma-nie, licenciés de la Faculté de droit del’Université de Bucarest et docteursen droit de l’Université de Paris. Ni-colas Mateesco obtiendra un docto-rat en droit international en 1947et il sera un précurseur du droit del’espace en cette période du début

de l’utilisation du nucléaire. Sa com-pagne, Monique Bunger Berzeanu,deviendra deux ans plus tard docteu-re en droit grâce à sa thèse intitulée«Le problème juridique posé par lesous-sol de la haute mer».

C’est à Paris que l’idée de ve-nir s’installer au Canada et plus par-ticulièrement au Québec fait sonchemin. On leur délivrera finalementleur visa en octobre 1950. Sans re-nier ses origines roumaines, le coupleMateesco choisira de changer denom pour prendre celui de Matteafin que ses enfants se sentent chezeux au Canada.

Les Mateesco savent très bienqu’ils ne pourront pratiquer le droitdans la province de Québec qu’aprèsquelques années et après avoir réus-si l’examen du Barreau. Mme Ma-teesco entreprend donc des étudesà l’École de la Chambre syndicalede haute couture de Paris en histoi-re du costume, en croquis et en cou-pe, ce qui lui permettra d’enseignerpendant sept ans à l’École ménagè-re provinciale du campus.

À son arrivée au Québec, M. Mateesco se présente à la Fa-culté de droit de l’Université deMontréal pour y chercher du tra-vail. Le directeur des études de cet-te époque, Maximilien Caron, luipropose de prononcer une confé-rence devant les membres du Clubdes relations internationales (CRI).Le conférencier suscite un tel en-thousiasme qu’il est engagé « sur-le-champ», en 1951, comme pro-fesseur de droit aérien. À partir de

cette année-là, il sera égalementconseiller officiel du Club des rela-tions internationales des étudiantsde l’UdeM. M. et Mme Mateescoseront ceux, comme il est écrit dansle livre-album du CRI, qui «plus quetous autres ont assuré la pérennitédu Club et lui ont donné l’esprit àtendance humaniste que nous luiconnaissons». Le couple Mateescoétait apprécié par les membres duClub pour son sens de la solidari-té, de la responsabilité et de la di-plomatie.

Fondé en 1947 par l’étudianten droit Iberville Fortier, le CRI per-met aux étudiants qui s’intéressentaux problèmes internationaux de lesétudier et d’en discuter au cours deréunions. Afin de mieux comprendrel’actualité mondiale, le CRI recevraau fil des années «des diplomates,des hauts fonctionnaires, des profes-seurs et autres spécialistes qui onttraité de l’Afrique du Nord françai-se, de l’Allemagne, de la Palestine,de la Chine et autres problèmes d’unintérêt aussi actuel ». La premièreconférence du Club sera donnéepar Pierre Elliott Trudeau à son retourd’un voyage d’études en Chine.

Sources :Division des archives, Université deMontréal. Fonds du Bureau de l’in-formation (D0037).Division des archives, Université deMontréal. Fonds de l’Association gé-nérale des étudiants de l’Universitéde Montréal (P0033).

Saviez-vous que…?

Nicolas Mateesco et Monique Bunger Berzeanu ont été une source d’inspiration pour de nombreuxétudiants de l’Université de Montréal

L’actualité mondiale a pris sa placeà l’Université grâce à M. et Mme Ma-teesco.

Hebdomadaire d’information de l’Université de Montréal

www.iforum.umontreal.caPublié par le Bureau des communications et des relations publiques3744, rue Jean-BrillantBureau 490, Montréal

Directrice des publications : Paule des RivièresRédaction : Daniel Baril, Marie Lambert-Chan, Mathieu-Robert SauvéPhotographie : Claude LacasseSecrétaire de rédaction : Brigitte DaversinRévision : Sophie CazanaveGraphisme : Benoît GougeonImpression : Payette & Simms

pour nous joindreRédactionTéléphone : 514 343-6550Télécopieur : 514 343-5976Courriel : [email protected] : [email protected] : C.P. 6128, succursale Centre-villeMontréal (Québec) H3C 3J7

PublicitéReprésentant publicitaire : Accès-Média Téléphone : 514 524-1182Annonceurs de l’UdeM : Nancy Freeman, poste 8875

Le journal Forum a remporté la médaille de bronze au con-cours annuel du Conseil cana-dien pour l’avancement de l’édu-cation (CCAE) dans la catégoriedu meilleur journal. Tous les jour-naux que publient les universi-tés, anglophones comme franco-phones, sont admissibles à unprix d’excellence. La médailled’or a été décernée cette année àl’Université de la Colombie-Britannique et la médaille d’ar-gent à l’Université de Calgary.

De façon générale, les jugestiennent compte de la qualité destextes et des photos ainsi que dutravail de mise en page. Le jury sedemande aussi si l’équipe affec-tée au journal a atteint les objec-tifs de rayonnement qu’elle s’étaitfixés.

Dans leurs commentaires, lesmembres du jury ont salué la gran-de force des articles et la diversi-té des sujets abordés. Ils ont aus-

si été impressionnés par la mise enpage et la présentation des photos.

C’est la septième fois en huitans que le travail de Forum est ré-compensé par un jury du CCAE.

Mais là ne s’arrête pas la ré-colte de l’équipe des publicationspuisque Daniel Baril a gagné lamédaille de bronze dans la caté-gorie du meilleur article de languefrançaise avec un texte publiédans la revue Les diplômés et in-titulé «Depuis Babel : où est pas-sée la langue mère?».

Les juges ont souligné laqualité du texte et plus précisé-ment le travail de vulgarisationaccompli avec un sujet ardu maisnéanmoins passionnant. L’ar-ticle, paru au printemps 2006,s’interroge, à travers les réflexionsde plusieurs chercheurs, sur l’ori-gine et l’évolution d’une languemère qui aurait donné naissanceaux 6000 langues actuellementparlées sur la planète.

Forum parmi les meilleursjournaux universitaires au Canada

RectificatifDans le numéro de Forum du 23 avril, une erreur s’est glisséequant à la nouvelle adresse de laDirection des ressources hu-maines et du Bureau du person-nel enseignant, qui est le 7077,avenue du Parc. Nos excuses.

Sophie Cazanave, la correctrice de Forum, s’affaire à relire les dernièresépreuves du journal.

S e m a i n e d u 7 m a i 2 0 0 7 FORUM 3

À sa réunion du 30 avril, le Conseilde l’Université a nommé LucGranger au poste de vice-recteuradjoint aux affaires professorales.M. Granger, professeur retraité duDépartement de psychologie, estentré en fonction le 1er mai et sonmandat prendra fin le 31 mai 2010.

Les fonctions de M. Grangercomprennent la direction du Bu-reau du personnel enseignant et lamise en œuvre des grandes orien-tations de l’UdeM en matière derenouvèlement et de redéploie-ment du corps professoral, ainsique l’amélioration des méca-nismes de soutien au développe-ment de la carrière professorale.Au sein de la direction, le vice-recteur aux affaires professoralestravaille sous l’autorité du provostet vice-recteur aux affaires acadé-miques, Jacques Frémont.

« Luc Granger a eu une car-rière de professeur bien remplie,durant laquelle il a connu entreautres les défis qui se posent auxadministrations universitaires, a

expliqué M. Frémont. Son expé-rience combinée avec son dyna-misme et son attachement à l’en-seignement et à la rechercheuniversitaire en font la personnetoute désignée pour ce poste.Nous sommes heureux qu’il aitaccepté de se joindre à notreéquipe. »

Le professeur Granger est di-plômé de l’Université de Mon-tréal, où il a obtenu un baccalau-réat, une licence et un doctorat enpsychologie. Il a fait des étudespostdoctorales à la Faculté dessciences de l’Université de Lille.Entré à l’UdeM à titre de chargéd’enseignement principal en1968, M. Granger est devenu parla suite professeur et il a dirigé leDépartement de psychologie àtrois reprises (1980-1983, 1990-1994 et 1998-2004), en plus d’oc-cuper les fonctions de vice-doyenà la Faculté des arts et dessciences de 1983 à 1987. Il étaitmembre de l’Assemblée universi-taire depuis 1998, du Conseil de

l’Université depuis 2004 et duComité exécutif depuis 2006. M. Granger a remis sa démissionà toutes ces instances, où il seraremplacé, selon la procédure pré-vue, au cours des prochainsmois.

Luc Granger

Ce programme a été élaboré en partenariatavec les organismesde solidarité

«En coopération internationale,la bonne volonté ne suffit plus. Ilfaut posséder une formation par-ticulière pour savoir comment in-tervenir dans des situations quise sont grandement complexi-fiées», affirme Louise Blanchette,responsable du nouveau certifi-cat en coopération internationa-le à la Faculté de l’éducation per-manente (FEP).

Ce dernier-né des certificatsde la FEP, qui accueillera ses pre-miers étudiants en septembreprochain, veut combler un be-soin exprimé par les milieux de lacoopération, où l’on est de plusen plus conscient de la nécessitéde professionnaliser l’interven-tion et d’aller au-delà de l’aidehumanitaire.

Si les secteurs d’interventionen solidarité internationale de-meurent l’éducation, la santé, lalutte contre la pauvreté et le res-pect des droits de la personne, lescoopérants et les volontaires tra-vaillent très souvent dans descontextes marqués par les conflitsarmés et les catastrophes natu-relles. C’est pour répondre auxnouvelles exigences du travail decoopération que ce programmepluridisciplinaire a été conçu.

Les objectifs visent à amenerl’étudiant à bien comprendre lecontexte et les enjeux d’une situa-tion où il sera appelé à intervenir,mais aussi à lui donner les moyenspour le faire adéquatement. « Ilne s’agit pas d’aller faire les chosesà la place des autres, mais de sa-voir soutenir les compétences lo-cales», précise Mme Blanchette.

Les responsables du certifi-cat ont aussi voulu miser sur ledéveloppement de l’esprit critiquedes coopérants quant aux réali-tés sociales, économiques et po-litiques dans lesquelles ils serontdes agents. Ce volet fait l’objet dedeux des cours du bloc obligatoi-re qui portent sur les enjeux et ladynamique de la coopération in-ternationale.

En outre, le programme offredes cours dans les domaines de lacitoyenneté, de la santé, des rap-ports hommes-femmes, de l’éco-nomie sociale, de l’anthropolo-gie, des relations internationales,

des enjeux politiques en Afrique,de l’intervention en situation decrise, des communications inter-culturelles et même de l’accom-modement raisonnable !

« Dans la liste des courspropres à une problématique, unatelier thématique et un cours surles enjeux contemporains peu-vent également être adaptés à dessituations précises engendrées parl’actualité», ajoute la responsable.Quatorze des 30 cours offerts ontété créés pour ce certificat.

L’ensemble du programme aété élaboré en étroite collabora-tion avec des organismes de soli-darité, ce qui le distingue notam-ment du seul autre certificat dugenre donné au Québec. Ces or-ganismes sont le Carrefour cana-dien international, le Centre ca-nadien d’étude et de coopérationinternationale, le Service d’assis-tance canadienne aux organismes,Équiterre, Jeunesse Canada Mon-de, Oxfam-Québec et CanadianUniversity Services Oversea.

Plusieurs chargés de cours se-ront issus de ces organismes qui sesont pour leur part engagés à re-cevoir des stagiaires du certificat.

Le programme de coopéra-tion internationale s’adresse à desintervenants qui ont déjà une for-mation collégiale et un an d’ex-périence, ou qui ont accumulé aumoins 30 crédits dans un établis-sement universitaire. Il s’adresseà tout intervenant en coopéra-tion, peu importe son champd’expertise : santé, agriculture,technologie de l’information, édu-cation, sécurité, gestion ou envi-ronnement.

Daniel Baril

Louise Blanchette croit que les étu-diants doivent développer leur espritcritique.

Luc Granger devient vice-recteuradjoint aux affaires professorales

Nouveau certificat en coopérationinternationale à la FEP

Dans le but de réduire les émissionsde gaz à effet de serre (GES), Envi-ronnement Canada a mis sur piedun programme de sensibilisation auvermicompostage dans les écolesprimaires. Des bacs et des vers spé-cialement sélectionnés sont distri-bués gratuitement et les enfantssont invités à y déposer les résidusvégétaux de leurs diners et colla-tions.

Mais, à première vue, l’effetdu compostage sur la réduction desGES n’est pas évident : compostéou non, un végétal va retourner àl’atmosphère la même quantité degaz carbonique (CO2) qu’il y a pui-sée au cours de sa croissance. Onpourrait aussi penser que l’inciné-ration produirait le même résultat.

« La question n’est pas sim-ple, convient Sébastien Sauvé, pro-fesseur au Département de chimieet spécialiste des contaminants en-vironnementaux. Tout dépend enfait des conditions de compostage.Un produit végétal qui se décom-pose à l’air libre émet du CO2, en-gendré par la digestion des bactériesqui se nourrissent de ces résidus.Mais, si l’on enfouit les résidus vé-gétaux, ce ne sont plus les mêmesbactéries qui vont dégrader le vé-gétal : les bactéries qui vivent en mi-lieu anaérobique, c’est-à-dire sansoxygène, produisent du méthaneplutôt que du gaz carbonique parleur digestion.»

Or, l’effet de serre attribuéau méthane est 30 fois plus impor-tant que celui du gaz carbonique. Lecompostage domestique se traduitdonc par un gain réel dans la luttecontre les GES, mais à condition qu’ilsoit très bien aéré. Selon les envi-ronnementalistes, la meilleure so-lution serait toutefois le composta-ge industriel anaérobique, où l’onpeut récupérer le méthane qui sertalors de source d’énergie ; sa com-bustion n’entrainerait presque au-cun résidu.

Le CO2 n’est pas toxique etnous en avons même besoin pourvivre. Seul le CO2 causé par la com-bustion des matières fossiles estconsidéré comme un GES parce qu’ils’ajoute au gaz carbonique déjà pré-

sent dans l’atmosphère et qui estcontinuellement recyclé.

Vermicompostage etbroyage

Que font les vers dans le pro-cessus de compostage ? « Ils accé-lèrent la décomposition puisque cequ’ils rejettent est digéré plus faci-lement par les bactéries, répondSébastien Sauvé. De plus, ils contri-buent à oxygéner et à humidifierle sol. »

Par contre, faire bruler sontas de feuilles n’est « vraiment pasune bonne idée, affirme le profes-seur. Le compostage permet deconserver une partie du CO2 dans labiomasse alors que l’incinérationdétruit tout. Si la combustion defeuilles ou de foin n’est pas trèstoxique, elle dégage quand mêmedu monoxyde de carbone ainsi quedes HAP [hydrocarbures aroma-

tiques polycycliques] et envoie desparticules de suie en suspensiondans l’air. »

En l’absence d’installationsde compostage, le chimiste estimequ’il vaut encore mieux broyer sesrésidus végétaux domestiques et lesenvoyer à l’égout plutôt que de lesmettre à la poubelle et de les desti-ner à l’enfouissement si le méthanen’est pas récupéré. « Les résidusbroyés vont se retrouver à l’usined’épuration et les boues seront in-cinérées, un procédé qui produit zé-ro méthane», assure-t-il.

En plus d’éviter la productionde méthane, le compostage domes-tique bien contrôlé réduit la satura-tion des sites d’enfouissement et lesfrais qui y sont associés tout en pro-duisant un fertilisant qui évitera le re-cours aux engrais chimiques pol-luants.

Daniel Baril

capsule scienceLe compostage réduit-il les gaz à effetde serre?

Sensibiliser les enfants aux vertus du recyclage, c’est bien, mais encorefaut-il que les gestes encouragés soient bel et bien utiles pour la sauve-garde de l’environnement.

Éducation permanente

Affaires universitaires

Marie-Odile Marcoux-Fortier, fi-nissante du programme de certifi-cat en journalisme à la Faculté del’éducation permanente (FEP), estla lauréate du prix Lizette-Gervaisdans la catégorie « radio ». Son reportage Un nid d’amour auCHSLD lui a valu une bourse de 1500 $ assortie d’un stage rému-néré de quatre semaines à la Pre-mière Chaîne de Radio-Canada.

Dans la catégorie « télévi-sion », l’honneur est égalementrevenu à un étudiant du program-me de journalisme de l’UdeM,Martin-Frédéric Constant, pourson reportage La main-d’œuvreoubliée. M. Constant gagne unebourse de 1500 $ assortie d’unstage rémunéré de quatre se-maines au Réseau TVA.

Ces prix ont été instituéspour offrir à des étudiants finis-sants la possibilité d’entreprendreune carrière en radio-télévision et pour perpétuer la mémoire deLizette Gervais, cette grandejournaliste-animatrice décédéeen 1986. La journaliste SuzanneLaberge préside le conseil d’ad-ministration de ces prix.

Les prix Lizette-Gervais, re-mis cette année le 4 mai, sont lesseuls prix du genre décernés àdes étudiants finissants en com-munication ou en journalismeau Québec dans les catégories dela radio et de la télévision. Lesparticipants devaient soumettreun reportage de six minutes à ca-ractère social ou humaniste.

Prix Lizette-Gervais : la FEP se démarque

À l’occasion de son 45e anniversai-re, le Département des littératuresde langue française remettait undoctorat honorifique au poète et

mathématicien Jacques Roubaud,professeur retraité de l’École deshautes études en sciences socialesde l’Université Paris X.

« Jacques Roubaud est l’undes plus grands poètes françaisvivants, affirme Éric Méchoulan,directeur du Département. Sonœuvre est extraordinairement va-riée ; il est non seulement poètemais aussi romancier, un excel-lent romancier qui a égalementécrit sur le Moyen Âge et les trou-badours en plus de produire destextes théoriques sur l’alexandrinet le sonnet.»

Cette carrière a été menée enparallèle avec des travaux en ma-thématique, deux domaines quise rejoignent chez Jacques Rou-baud puisqu’il est aussi oulipien,c’est-à-dire un membre du mouve-ment Oulipo. Voici commentJacques Roubaud définit ce mou-vement :OU c’est OUVROIR, un atelier.Pour fabriquer quoi? De la LI.LI c’est la littérature, ce qu’on

lit et ce qu’on rature. Quelle sor-te de LI? La LIPO. PO signifiepotentiel. Que font les OULI-PIENS ? Ils travaillent à faireavancer la LIPO en inventantdes contraintes. Des contraintesnouvelles et anciennes, difficileset moins diiffficiles et trop diiffii-ciiiles. Et un AUTEUR oulipien,c’est quoi ? C’est un rat quiconstruit lui-même le labyrinthedont il se propose de sortir.

« L’approche des oulipiensest à l’opposé de l’inspiration, sou-ligne Éric Méchoulan. Ils se don-nent des contraintes sérieuses,mais ils ne se prennent pas au sé-rieux dans ces contraintes. Celadonne des textes très imaginatifset parfois très drôles.»

L’exemple le plus célèbre dece mouvement demeure le romande Georges Perec La disparition,dans lequel l’auteur raconte unehistoire cohérente sans utiliser unseul mot contenant la lettre «e».

D.B.

4 FORUM S e m a i n e d u 7 m a i 2 0 0 7

Les départementsd’études anglaises et des littératures de langue françaisefêtentconjointement leur45e anniversaire

Il n’est pas banal que deuxdépartements dont les objetsd’étude sont aussi éloignés que lalittérature anglaise et la littératu-re française s’associent pour cé-lébrer leur 45e anniversaire.

Pour la circonstance, le Dé-partement d’études anglaises et leDépartement des littératures delangue française tenaient une tableronde bilingue, le 20 avril dernier,sur la place de la littérature dansla cité et lançaient un nouveauprogramme bidisciplinaire uniqueau Québec.

« Ces activités communesfont mentir le concept des deuxsolitudes», déclarait le doyen dela Faculté des arts et des sciences,Joseph Hubert, au lancement desactivités.

Le Département des littéra-tures de langue française a enoutre profité de l’occasion pourdécerner un doctorat honorifiqueà Jacques Roubaud (voir l’articleci-dessous).

Grandeur et souillure de lalittérature

Animée par l’écrivaine etjournaliste Aline Apostolska, latable ronde a présenté des pointsde vue tantôt convergents et tan-tôt divergents sur le rôle de la lit-térature.

Lianne Moyes, professeure auDépartement d’études anglaises,s’en est remise à Victor Hugo poursoutenir que « la poésie est un espace où tout est permis et oùtout a droit de cité». À l’opposé decette vision glorieuse de la littéra-ture, Catherine Mavrikakis, pro-fesseure au Département des litté-ratures de langue française, a faitsiennes les paroles de l’écrivainMichel Surya, pour qui « la littéra-ture ne doit retenir aucune gloire,doit rester honteuse, quasi sale de

souillures». À son avis, la littéra-ture n’a pas à défendre la veuve etl’orphelin; il y a d’autres lieux plusefficaces pour soutenir des causessociales et redresser des torts.

Au lendemain de la tuerie deVirginia Tech, Mme Mavrikakis arécusé les propos de ceux qui re-prochaient aux professeurs decet établissement de n’avoir pasréagi aux écrits violents du tueur.« Si les textes violents devaientêtre interdits, il n’y aurait plusde cours de littérature », a-t-ellesouligné.

Jean-François Bourgeault, ducomité de rédaction des cahierslittéraires Contre-jour, a déplorépour sa part la disproportionentre la prolifération du nombred’écrivains et la diminution dulectorat. Selon les chiffres qu’il acités, 25 % des Français se disentécrivains et 81 % des Américainsont un manuscrit à produire. Ilcraint que l’obligation de publica-tion soit en train de tuer la lectu-re gratuite non commandée.

Pour le directeur du Dépar-tement d’études françaises del’Université Concordia, OllivierDyens, la crise de la littérature re-flète la crise existentielle provo-quée par la science et la technolo-gie, qui changent notre perceptiondu monde. « Avec les technolo-gies de la communication commeInternet, il y a une crise de la nar-ration, affirme-t-il. Il n’y a plus dedébut et de fin, ni de couches suc-cessives dans un récit ; il n’y a quedu présent et de la linéarité et ce-la est difficile à intégrer dans notremétaphysique.»

Un baccalauréatbidisciplinaire unique

Les doyens des deux dépar-tements du campus ont profitéde la table ronde pour lancer unprogramme unique en son gen-re, le baccalauréat en littératuresde langues anglaise et française.

«Il s’agit d’un programme trèsexigeant qui demande de suivrela moitié des cours dans le corpusd’études françaises et l’autre moi-tié dans celui d’études anglaises,a souligné le doyen du Départe-ment d’études anglaises, RobertSchwartzwald. Cette spécialisa-tion s’avèrera un atout pour tra-vailler dans l’édition, l’enseigne-ment, les relations publiques, lesONG ou les ministères.»

Le baccalauréat donne accèsaux cycles supérieurs des deuxdépartements ainsi qu’à ceux en littérature comparée et il ac-cueillera ses premiers étudiantsen septembre prochain.

Daniel Baril

Baccalauréat bidisciplinaire

La place de la littératuredans la cité

De gauche à droite, Catherine Mavrikakis, Lianne Moyes, Aline Apostolska,Ollivier Dyens et Jean-François Bourgeault

Jacques Roubaud

Doctorat honorifique à un oulipien

Les doyens des deux

départements ont lancé

un programme unique en

son genre, le baccalauréat

en littératures de langues

anglaise et française.

Le Centre de communication écrite (CCE) a remis, le 25 avril, ses prix aux ga-gnants de la Supergrille, publiée dans le numéro de Forum du 12 mars à l’oc-casion de la Semaine du français. Le premier prix, un chèque de 500 $, est al-lé à Sylviane Dubé, étudiante et titulaire d’un diplôme de la Faculté des artset des sciences (FAS) ; le deuxième prix a été décerné à Claude Duchesnay,employé à la Librairie de l’Université, qui a reçu le Dictionnaire culturel enlangue française en quatre volumes des Dictionnaires Le Robert (d’une valeurde 350 $) ; et le troisième prix a été accordé à Joëlle Desjardins, titulaire d’undiplôme de la FAS, qui s’est vu remettre le « coffret Robert », contenant LeNouveau Petit Robert 2007 et Le Petit Robert des noms propres 2007, ainsi quele Dictionnaire des synonymes, nuances et contraires de la collection Les usuelsLe Robert (d’une valeur de 185 $).

De gauche à droite sur notre photo, Émilie Bachelier, des Éditions Le Ro-bert, Mme Dubé, M. Duchesnay, Nathalie Parent, chargée de projet au CCE,et Mme Desjardins.

Les as de la Supergrille

L’Université et le Syndicat des chargées et chargés de cours de l’Université deMontréal (SCCCUM) ont signé le 26 avril la nouvelle convention collectiveliant les parties jusqu’au 31 aout 2009. L’entente prévoit notamment deshausses salariales de 16,5 % en pourcentage composé du 1er janvier 2007 au1er mai 2009. Une somme de 250 000 $ est par ailleurs prévue pour le soutienà l’enseignement. Un comité se penchera aussi sur la problématique de lataille des groupes classes.

Sur notre photo, à la première rangée, de gauche à droite : Guy Breton, vice-recteur exécutif ; Charles Overy, président du SCCCUM ; le recteur, Luc Vinet ;Jacques Frémont, provost et vice-recteur aux affaires académiques ; et MichelLaurier, doyen de la Faculté des sciences de l’éducation. À la deuxième rangée : Dominique Barot, vice-présidente du SCCCUM ; SylvieLafleur, chargée de cours ; Francis Lagacé, chargé de cours ; Richard Patry, di-recteur intérimaire (FAS) ; Louise-Hélène Richard, directrice générale des Ser-vices aux étudiants ; Pierre Jalbert, directeur de la recherche et de la planifi-cation ; et Yves Du Sablon, conseiller en relations de travail.

Les chargés de cours etl’Université s’entendent

Un diplômé en droit, Robert Petit, està la tête d’un groupe de procureurschargés d’intenter des procès auxKhmers rouges, au Cambodge. Lesprocès pourraient s’ouvrir au débutde 2008, dès que le gouvernementde Phnom Penh et les experts interna-tionaux auront mis le point final auxpourparlers sur la marche à suivre aucours de ces procès. À 45 ans, RobertPetit a déjà travaillé au Tribunal pé-nal international pour le Rwanda, en1995, avant d’être procureur en Sier-ra Leone, au Timor oriental et au Ko-sovo. Plus de 1,7 million de personnesont été tuées ou sont mortes dessuites de la torture dans les années80. Les leaders du mouvement de PolPot sont restés impunis.Source : Maclean’s, 7 mai 2007.

Mission indispensable pour le diplômé Robert Petit

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C a h i e r s p é c i a l 1

Après une décennie dominée par lediscours sur la recherche universitai-re, la pédagogie reprend ses droits. Etelle sera examinée sous toutes les cou-tures du 16 au 18 mai, lorsque plusde 450 personnes participeront, surle campus, au 24e congrès de l’Asso-ciation internationale de pédagogieuniversitaire (AIPU).

L’UdeM recevra, à cette occa-sion, des professeurs d’une vingtainede pays, incluant neuf pays africains.Les liens de plus en plus nombreuxentre le Nord et le Sud seront abon-damment discutés, dans un contexteoù le mot « internationalisation» fait

désormais partie du jargon de l’uni-versitaire moderne. Mais encore faut-il être outillé pour réussir ces transfertset ces échanges.

Plus de 325 communications,minicolloques et ateliers se tiendrontdans les salles du pavillon Claire-McNicoll. Une place significative seraaccordée aux témoignages de profes-seurs ayant mis à l’essai des technolo-gies nouvelles ou des approches iné-dites. Jeux de rôle, télévoteurs,portfolios, baladeurs à disque dur, lesparticipants pourront se faire une idéesur telle ou telle innovation et se de-mander si elle convient à leur discipline.

La qualité des apprentissageset leur évaluation s’annoncent com-me les vedettes de ce congrès. Lesétudiants apprennent-ils ce qu’onleur enseigne ? Ou, comme le dit leprésident de l’AIPU, Jacques Tardif,« qu’est-ce que l’étudiant apprendet est-ce que cela correspond auxexigences de la société ? » M. Tardif,de l’Université de Sherbrooke, pro-noncera la conférence de clôture etil sait qu’en parlant de « l’approcheclient » il en fera sursauter plus d’un,surtout parmi la délégation euro-péenne. Mais la provocation ne l’ajamais rebuté.

Neuf grandes conférences sontau programme, qui tenteront demettre en contexte le rôle de l’ensei-gnant aujourd’hui. À l’ouverture, Pier-re Lucier, titulaire de la Chaire Fer-nand-Dumont sur la culture, reprendrale thème du congrès, «Vers un chan-gement de culture en enseignementsupérieur : regards sur l’innovation, lacollaboration et la valorisation», en sedemandant de quelle manière les pres-sions du monde extérieur modifientle travail intellectuel à l’intérieur de laclasse.

Il sera aussi question du com-portement de l’étudiant en 2007, de

ses habitudes de travail et de re-cherche. Le plagiat sera égalementà l’ordre du jour, puisqu’il s’agit làd’une préoccupation qui ne peut êtreignorée.

Ces thèmes et plusieurs autresseront donc au menu de cette 24e ren-contre de l’AIPU. Pour souligner l’im-portance de l’activité, Forum y consacrequatre pages, en soulignant la contribu-tion de quelques-uns des nombreuxprofesseurs de l’UdeM présents aucongrès.

Paule des Rivières

Enseigner, oui, mais comment? Et pourquoi?

Le professeur est làpour aiderl’étudiant à sedépasser

« Il n’y a pas si longtemps,l’apprenti professeur terminait sondoctorat et se retrouvait peu aprèsdevant sa classe, sans se poser tropde questions sur son enseigne-ment. Cette époque est révolue»,fait observer Michel Laurier, co-président, avec Rhoda Weiss-Lambrou, du 24e congrès de l’As-sociation internationale de pé-dagogie universitaire.

Le thème du congrès, «Versun changement de culture en en-seignement supérieur», permet-tra aux participants de relater leursbons et moins bons coups en pé-dagogie et de découvrir les avan-tages et les limites des nouvellestechnologies. Car, qui dit péda-gogie en 2007, dit nécessairementtechnologies de l’information etde la communication. Mais pasn’importe lesquelles et surtout pasn’importe comment, préviendrontles experts.

Aux tables rondes et ateliers,plusieurs autres thèmes serontabordés, dont l’encadrement desétudiants, un enjeu majeur à tousles cycles d’études puisqu’il s’agitd’une composante essentielledans la prévention des abandons.

« Il y a moyen de faire mieuxet de faire autrement, rappelleMme Weiss-Lambrou, directricedu Centre d’études et de forma-tion en enseignement supérieur(CEFES). Les caractéristiques etles comportements des étudiantschangent, et leur façon d’ap-prendre et d’agir également.»

Mis sur pied en 2000, leCEFES est devenu un incontour-nable pour les nouveaux profes-seurs désireux de discuter avec

des collègues ou pour des profes-seurs plus expérimentés qui veu-lent améliorer leur enseigne-ment. «Apprendre à prendre desrisques », comme le dit le titred’une conférence.

L’UdeM n’est pas la seule àposséder pareille unité ; en effet,peu d’universités se passeraientaujourd’hui d’un centre ou d’unservice de pédagogie, à l’heure oùla bataille pour la clientèle étu-diante est féroce.

M. Laurier, qui est doyen dela Faculté des sciences de l’édu-cation, est lui aussi bien placépour saisir l’importance d’un bonenseignement. «Lorsque nous de-mandons à nos étudiants ce quiles a conduits à choisir une carriè-re d’enseignant, ils nous parlentinvariablement d’un membre dela famille qui enseignait ou d’unprofesseur qui les a marqués. »M. Laurier lui-même se souvientd’un professeur de littérature dontla passion, alliée à une discipli-ne de fer, lui a permis de faire ungrand pas en avant.

«C’est ce qu’on souhaite d’unprofesseur, qu’il nous aide à nousdépasser», renchérit Mme Weiss-Lambrou.

Pour sa part, la vice-rectriceadjointe aux études, Hélène Da-vid, estime que la tenue ducongrès montre l’intérêt que l’Uni-versité porte aux nouvelles ap-proches pédagogiques, et celaconcorde tout à fait avec la cul-ture d’évaluation des programmesqui fait son chemin au sein del’établissement. Ce souci de l’éva-luation des programmes traduitla préoccupation de l’UdeM à

l’égard de la formation des étu-diants.

«Un congrès permet aux par-ticipants de revoir les meilleurespratiques et de s’interroger parexemple sur la place de l’ensei-gnement magistral. Il ne faut paslaisser de côté des grandes ques-tions», croit Mme David.

« Nous devons être dans leG10 aussi bien en enseignementqu’en recherche», résume-t-elle.

P.d.R.

«Nous pouvons fairemieux et autrement.»

Rhoda Weiss-Lambrou

Rhoda Weiss-Lambrou et Michel Laurier

Congrès de l’AIPU

Certains champs d’études se prêtentbien aux travaux en équipe, que lesétudiants apprécient... pourvu que lerecours à cette forme de travail nesoit pas systématique.

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2 C a h i e r s p é c i a l

Les étudiantseffectuent leursrecherches sur Google etclavardent sur msn. Mais encore?

Les étudiants de l’UdeM possè-dent presque tous (98 %) leurordinateur et ont accès à Inter-net. Cela dit, ils ne sont pas desgourous de l’informatique et, sur-tout, ils ne la considèrent aucu-nement comme une panacéepour guérir les maux de l’ensei-gnement. En d’autres termes, ilssont critiques.

Mais ils voient des avantagesréels aux technologies de l’infor-mation et de la communication(TIC). Ainsi, la possibilité de re-cevoir une réponse à sa questionavant le cours de la semaine sui-vante est très appréciée.

Par contre, ils détestent lesprésentations PowerPoint ficeléesà la hâte et platement diffuséessans commentaire. Ils n’aiment

pas non plus les forums de dis-cussion, qu’ils jugent inutiles.

Ces données et bien d’autressont tirées d’une enquête menéepar la FAECUM, le CEFES et laChaire de recherche du Canadasur les technologies de l’informa-tion (TIC) en éducation auprès de 10 214 étudiants de l’UdeM.

Près de 74 % des participantsont répondu aux questions enligne ; 67,7 % étaient de sexe féminin, 32,3 % de sexe mascu-lin. L’âge moyen des filles étaitde 24,5 ans, celui des garçons de 25,5 ans. Il s’agit d’une desplus grandes études jamais réa-lisées sur les TIC en pédagogieuniversitaire et elle n’a fait res-sortir aucune distinction signifi-cative entre les habitudes deshommes et celles des femmes.

« Les étudiants nous disentqu’il y a de bons mais aussi demauvais usages des technologiesdans l’enseignement. Ainsi, cequ’ils aiment le plus, ce sont lesprésentations de type Power-Point, mais ce qu’ils aiment lemoins, ce sont aussi les présenta-tions de type PowerPoint »,constate Thierry Karsenti, un desprincipaux artisans de l’enquête.M. Karsenti est professeur à la

Faculté des sciences de l’éduca-tion et titulaire de la chaire de re-cherche.

Il faut dire que, il y a cinq ansà peine, seulement 25 % des pro-fesseurs recouraient à des pré-sentations avec PowerPoint dansleurs cours. Aujourd’hui, ce tauxest de 80 %. « Tout semble êtredans la façon de procéder», résu-me M. Karsenti.

Les technologies les plus employées par les étudiants sont, dans l’ordre, le traitementde texte (93 %), le courrier élec-tronique – plus des trois quartsdes répondants sont tout à faitou très à l’aise avec ce service –,la navigation dans Internet – plusde 90 % des participants se di-sent très ou tout à fait à l’aiseavec la navigation –, le recours àdes moteurs de recherche – à no-ter ici que les hommes se décla-rent dans une plus grande pro-portion que les femmes, soit 75 % contre 65 %, tout à fait àl’aise avec cet outil –, le clavarda-ge et enfin les forums.

Le tableur et les logiciels deprésentation suscitent des réac-tions moins unanimes puisque les répondants se disent à l’aiseavec ces outils respectivement

dans une proportion de 55 % pourles hommes et de 38 % pour lesfemmes et de 61 % pour leshommes et 52 % pour les femmes.

Enfin, les étudiants ne sontpas friands des éditeurs de pagesWeb : seulement 12 % des hom-mes et 3,5 % des femmes sont toutà fait à l’aise avec cette applica-tion ; mais près de 34 % deshommes et plus de la moitié desfemmes disent ne pas être du toutà l’aise avec l’outil.

D’autres données ont de quoisurprendre. Par exemple, si lesétudiants ont tous accès à un or-dinateur, 20 % d’entre eux ne seservent qu’occasionnellement desbanques donnant accès aux livreset aux périodiques. Ces sourcesd’information restent cependant

les plus utilisées. Les banques dedonnées en ligne arrivent endeuxième. Les encyclopédies enligne et les cédéroms connaissentun usage très limité.

Au premier cycle, le réflexeGoogle est très présent. «Les étu-diants vont sur Internet d’abord»,remarque M. Karsenti. Il ajoutequ’ils se montrent cependant cri-tiques à l’égard de l’informationqu’ils trouvent sur ce moteur derecherche.

« L’utilisation des TIC peutavoir un impact positif sur la réus-site des étudiants, mais tout dé-pend de l’usage qu’on en fait »,rappelle Thierry Karsenti.

Paule des Rivières

Près de 100 % des étudiantsont accès à un ordinateur à domicile

L’ordinateur joue un rôle rassembleur.

Cet outil stimulela réflexion sur les apprentissagesOn associe spontanément le mot« portfolio » aux dessins les plusreprésentatifs d’un artiste réunisdans un porte-documents. Pour-tant, depuis quelques années,l’utilisation de ce « dossier per-sonnalisé» dépasse les frontières du domaine des arts. Les pro-grammes de formation profes-sionnelle en milieu universitairese sont en effet approprié le port-folio pour en faire un outil d’ap-prentissage, de développementpersonnel et professionnel etd’évaluation.

« Le portfolio est beaucoupplus qu’un curriculum vitæ, ex-plique Alain Legault, professeuradjoint à la Faculté des sciencesinfirmières. C’est un ensemble detravaux, de lectures, de rapportsde stage, parfois même d’enre-gistrements vidéo. Chaque piè-ce est accompagnée d’un texteréflexif. On pourrait ainsi direque le CV est le squelette et quele portfolio est la chair qui l’en-toure. »

La création d’un portfolio,en version papier ou électro-nique, permet aux étudiants defaire une synthèse articulée deleurs apprentissages et de dé-montrer l’évolution de leurscompétences tout au long duprogramme. « Le principe duportfolio réside moins dans l’ac-cumulation de travaux que dansla réflexion sur la pratique», pré-cise la conseillère pédagogiqueau Centre d’études et de forma-tion en enseignement supérieurClaire Bélanger.

Cette démarche imprègne lecheminement des étudiants mê-me à l’extérieur de l’Université.«On constate que la première co-horte qui a expérimenté cet instru-ment est plus à l’aise en entre-vue», remarque M. Legault. Pourles professeurs, le portfolio de-vient un outil d’évaluation forma-tive. Ils peuvent ainsi motiver lesétudiants en leur fournissant unerétroaction régulière.

Un outil exigeantLe concept du portfolio est

intimement lié à l’approche parcompétences. «Comme ces com-pétences s’acquièrent avec letemps, nous avons besoin d’unoutil tel que le portfolio pour endémontrer l’évolution », affirmeMme Bélanger.

Son utilisation a gagné lecampus en 2001. Aujourd’hui, lesfacultés des sciences infirmières,de pharmacie et des sciences del’éducation, les programmes d’au-diologie et d’ergothérapie, de mê-me que certains programmes de laFaculté de l’éducation permanen-te l’ont adopté. Claire Bélanger apar ailleurs contribué à la misesur pied d’un groupe d’intérêt surle portfolio en janvier 2005.

L’intérêt suscité par le portfo-lio ne facilite pas nécessairementson implantation. «Les réactionsà la Faculté des sciences infir-mières sont partagées, concèdeAlain Legault. Des étudiantsvoient immédiatement la perti-nence du portfolio, alors qued’autres le considèrent commeune surcharge de travail. Mêmechose chez les professeurs.»

Selon un article publié dans larevue Pédagogie médicale en mai2006, le portfolio est un outil «po-tentiellement très fécond», maisqui demeure cependant «vulné-

rable». Le manque de temps, lamauvaise qualité de la supervisionpédagogique et des consignes detravail peu explicites, entre autres,peuvent nuire à sa portée éduca-tive.

Pour une mise à jourcontinue

Malgré tout, l’aventure duportfolio se révèle concluantejusqu’à présent. Des enseignantset des étudiants d’une vingtainede pays l’emploient. Le marchédu travail y a en outre de plus enplus recours. Alain Legault élabo-re actuellement un portfolio de«développement professionnel»en collaboration avec le CHUM.« Dans trois ans, toutes les in-firmières cliniciennes devrontcontinuer la mise à jour de leurportfolio commencé au début duprogramme », dit-il.

Diverses expériences menéesdans le monde lui laissent direque le portfolio pourrait suivre lesindividus tout au long de leur car-rière. «En Colombie-Britannique,au moment de renouveler le per-mis d’exercice des infirmières, onen choisit un certain nombre auhasard chaque année dont le port-folio sera évalué par leur associa-tion. L’Ordre des ergothérapeutesdu Québec vérifiera bientôt leportfolio de ses membres lors del’inspection professionnelle. C’estune manière de s’assurer que lestravailleurs poursuivent la mise àjour de leurs connaissances.» Se-lon lui, ce n’est qu’une question detemps avant que les ordres pro-fessionnels du Québec entrentdans la danse.

Marie Lambert-Chan

Le portfolio, une approche exigeantemais bénéfiqueGarder le contact

L’étudiant sur la photo est au Niger, où il suit un microprogramme dedeuxième cycle sur l’intégration des technologies, élaboré à la Faculté dessciences de l’éducation de l’UdeM. Son responsable, Thierry Karsenti,prévient cependant que l’enseignement à distance comporte plusieursécueils, par exemple s’imaginer qu’une fois lancé l’étudiant pourra sedébrouiller sans suivi et sans encouragement. «Relisez Le petit prince.Il est écrit “Au début, il faudra que tu m’apprivoises”. Et c’est exactementce qu’il faut faire», dit-il. Ainsi, M. Karsenti et son assistant passent aumoins une semaine avec leurs étudiants en Afrique, au moment où ceux-ci entament le programme, question de les rencontrer et de créer une am-biance de classe. Ils y retourneront pour la fin des cours. Et entretemps,ils utiliseront tous les moyens à leur disposition pour garder le contactet donner une rétroaction.

C a h i e r s p é c i a l 3

Congrès de l’AIPU

Internationalisation.Ce mot est surtoutes les lèvres.Mais qu’est-ce quise cache derrièrecette belleintention?

La mobilité des étudiants vient àl’esprit : permettre à un grandnombre d’entre eux d’effectuerdes stages ou une partie de leursétudes à l’étranger. Mais soyonsréalistes. À peine 10 % des étu-

diants iront parfaire leurs connais-sances à l’extérieur du pays.

Dans un des ateliers ducongrès, Rhoda Weiss-Lambrouet Paul-Armand Bernatchez ex-pliqueront leur vision de l’interna-tionalisation qui, faut-il le rappe-ler, fait désormais partie despriorités de l’UdeM.

« Depuis deux ou trois ans, il y a un mouvement dans les universités afin d’intégrer cette di-mension dans les programmes etles cours », indique Mme Weiss-Lambrou, qui dirige le Centred’études et de formation en ensei-gnement supérieur. Mais encore?

Chaque programme est diffé-rent. Par exemple, Mme Weiss-Lambrou, qui est professeure àl’École de réadaptation, souligne

que, dans cette discipline, « onpeut faire venir un expert de l’ex-térieur qui parlera de la percep-tion de la maladie ou des handi-caps, et de sa pratique dans sonpays. Il faut connaitre les pra-tiques ailleurs, même si l’on nevoyage pas. »

Dans certains champs d’étu-des, le volet international est na-turellement intégré au contenu,comme en science politique.

Dans d’autres disciplines, ladimension d’aide prendra le des-sus. À l’École d’optométrie –mais aussi en santé et en méde-cine vétérinaire –, des étudiantsvont dans des pays en dévelop-pement faire passer des examensde la vue et distribuer des lu-nettes.

«Ensuite, ces étudiants peu-vent faire profiter leur classe de leur expérience », ajoute Mme Weiss-Lambrou.

« En recherche, les collabo-rations existent depuis long-temps, signale M. Bernatchez,mais maintenant il faut réfléchirà la dimension pédagogique del’internationalisation. »

Certains pays ont une lon-gueur d’avance. L’Australie-Méridionale, notamment, a misen place des mesures pour s’assu-rer que ses étudiants étrangers –un sur quatre – et ses étudiantsaustraliens communiquent, cequi n’était pas du tout le cas au-paravant. L’Université de l’Aus-tralie-Méridionale a entre autresélaboré un système de soutien en

vertu duquel un étudiant « local»est jumelé – par courriel – avec unétudiant étranger ayant choisi lamême discipline avant que cedernier arrive sur le campus.L’établissement veut ainsi « im-planter une culture d’internatio-nalisation ».

Les participants européensau congrès (ils seront au moins140) auront assurément un pointde vue intéressant compte tenude la déclaration de Bologne, si-gnée en 1999 par 30 ministres eu-ropéens de l’Éducation et visant àharmoniser les programmes etainsi à faciliter la mobilité étu-diante et la reconnaissance desdiplômes.

P.d.R.

Internationalisation, le mot à la mode

Le nouveaurèglement appliquédepuis deux ans est apprécié

Depuis le printemps 2005, l’Uni-versité de Montréal applique unnouveau règlement disciplinairesur le plagiat ou la fraude concer-nant les étudiants. «Constitue uneinfraction le fait pour un étudiantde commettre intentionnellementune fraude ou, par insoucianceou négligence, tout plagiat ou co-piage», mentionne ce règlement.

L’article 1 précise que, outrele plagiat et le copiage, les infrac-tions incluent « toute tentative decommettre ces actes», «toute par-ticipation à ces actes», « toute in-citation à commettre ces actes»et « tout complot avec d’autrespersonnes en vue de commettreces actes, même s’ils ne sont pascommis ou s’ils le sont par uneseule des personnes ayant partici-pé au complot».

Le plagiat n’est pas un pro-blème nouveau, mais il a pris uneampleur considérable avec la pro-lifération de contenus diffusés surInternet. Ce sont d’ailleurs lesfraudes de type « copier-coller »qui sont les plus fréquentes : l’étu-diant reproduit des sections detexte sans en mentionner claire-ment la source. « Je ne peux pasvous dire combien il y a eu de casl’an dernier puisque nous n’en fai-sons pas la recension systéma-tique, mais c’est un phénomènepréoccupant », explique HélèneDavid, vice-rectrice adjointe auxétudes.

Les outils de détection com-me Turnitin sont surtout utiliséspar les universités anglophones.L’intérêt d’employer ces instru-ments serait beaucoup moinsgrand dans les universités franco-phones puisque l’on compareraitdes travaux rédigés en françaisavec des travaux majoritairementrédigés en anglais. Il n’existe pasd’outils québécois et l’outil franco-phone Compilatio n’est utilisé quepar trois établissements français.

La Faculté des études supé-rieures (FES) a sanctionné 47 étu-

diants l’an dernier. « Ces per-sonnes ont été prises sur le fait etont avoué avoir plagié. Les sanc-tions vont de l’échec pour le tra-vail à l’exclusion immédiate à vie.L’étudiant ne pourra plus s’ins-crire à aucun programme de l’Uni-versité de Montréal », préciseJean-Maurice Brisson, secrétairede faculté. Dans un seul cas, on aadressé une simple réprimande.

Pour M. Brisson, les per-sonnes dont les dossiers se ren-dent jusqu’au comité facultairechargé d’appliquer le règlementne nient qu’exceptionnellementles faits. «Pas plus de un pour centdes étudiants démentent les allé-gations. Pour expliquer leur ges-te, ils vont plaider l’ignorance desmodes de citation, un surcroit detravail, des échéances trop serréesou des circonstances personnellesparticulières... »

Les cas observés proviennenttrès rarement de mémoires et dethèses, souligne-t-il, mais de tra-vaux pratiques et d’écrits à l’inté-rieur de cours et de séminaires. Ya-t-il un profil du plagiaire ?«C’est généralement un étudiantmédiocre ou faible. Les très bonsétudiants ne plagient pas.»

De la réprimande au retraitdu diplôme

Responsable du Groupe desuivi du règlement sur le plagiat,Hélène David note que le nou-veau règlement convient mieuxque l’ancien, qui datait de 1983.Celui-ci prévoyait de lourdes pé-nalités pour les étudiants pris enfaute, sans tenir compte de la gra-vité de leur geste. « De plus, lesprofesseurs trouvaient leur situa-tion de juge et partie très incon-fortable. Le nouveau transfèrel’examen des cas à un comité fa-cultaire. Le professeur est consul-té, bien entendu, mais ce n’estplus à lui de décider des sanc-tions», dit Mme David.

Flexibilité ne signifie pas ab-sence de sévérité. Nicole Du-breuil, vice-doyenne à la FES, re-late le cas d’un diplômé reconnucoupable de plagiat longtempsaprès le dépôt de sa thèse. «Parl’intermédiaire du comité facul-taire, l’Université de Montréal luia officiellement retiré son gradede docteur», indique-t-elle.

Les choses sont légèrementdifférentes à la Faculté de l’éduca-tion permanente, où 10 cas ontété présentés au comité facultaire.Quatre de ces cas ont été rejetés ;dans quatre autres, on a demandéaux étudiants de reprendre leurtravail ; un étudiant a reçu un F(échec) pour son travail et unautre a abandonné son coursavant de se voir infliger une sanc-tion. «On voit autant de cas d’étu-diants qui ont copié-collé des sec-tions de texte que de tentatives decopiage ou de fraude durant lesexamens», fait remarquer PierrePaquet, secrétaire de la Facultédepuis 2002.

À la Faculté de droit, le por-te-parole de ce dossier, GhislainMassé, a fait savoir à Forumqu’aucun cas de plagiat n’avait étéporté à son attention au cours dela dernière année.

Integrite.umontreal.caPour prévenir le plagiat sous

toutes ses formes, l’UdeM a misen place diverses mesures de sen-sibilisation. Un site Web (www.in-tegrite.umontreal.ca) a été créédans le but de renseigner les étu-diants et le personnel sur le Règle-ment disciplinaire. On y montreles différents visages de la fraudeintellectuelle, notamment aumoyen d’un jeu-questionnairemesurant les connaissances desvisiteurs. Exemple : «Si on veutinclure dans son travail un extraitde texte trouvé sur Internet, onpeut le copier textuellement sansle mettre entre guillemets. Vraiou faux?»

De son côté, la FAS a fait im-primer 5000 napperons sur le thè-me « Évitez de vous mettre lespieds dans les plats», qui mettenten garde les étudiants. Quelque350 salles de classe possèdent desaffiches reprenant ce slogan.« Nous prenons ce sujet très ausérieux», déclare la secrétaire dela Faculté, Micheline Cambron.À la FAS, 80 % des cas seraientdes utilisations erronées de conte-nus puisés dans Internet.

À la Faculté des sciences del’éducation, c’est le doyen MichelLaurier qui a pris le dossier enmain. «Nous avons incité les pro-fesseurs à reproduire dans chaqueplan de cours un énoncé qui dé-

nonce le plagiat. Je ne peux pasvous dire que tous l’ont fait systé-matiquement, mais il s’agit d’unepolitique facultaire.»

Malgré ces efforts, « cinq ousix cas » par année se retrouventsur son bureau. Ils sont exami-nés avec attention et les sanc-tions sont appliquées scrupu-leusement. « Dans une facultécomme la nôtre, nous ne pou-vons pas tolérer cette pratique »,affirme M. Laurier.

Il confirme que le « copier-coller » est le cas le plus com-mun, mais on en voit de toutessortes. La veille de son entretienavec Forum, un professeur lui si-gnalait des extraits identiquesdans 15 travaux d’étudiants d’unemême classe. Y a-t-il eu plagiatou mésentente sur la nature destravaux demandés? C’est ce qu’ilfaudra évaluer.

Quoi qu’il en soit, la nouvel-le procédure ne permet plus dejuger des actes de l’étudiant sansqu’il puisse se faire entendre, unesituation vigoureusement dénon-cée par l’ombusman dans le pas-sé. De plus, les délais du traite-ment des dossiers ont été réduitsle plus possible. Le Règlement dis-ciplinaire prévoit que l’étudiantpris en faute fera l’objet d’un rap-port acheminé au doyen, qui l’enavertira dans les 15 jours. L’étu-diant aura alors 15 jours ouvrablespour faire valoir ses justifications.

Cela dit, les sanctions pour-ront s’appliquer jusqu’à 10 ansaprès l’obtention du diplôme. Mê-me après avoir quitté l’Université,les plagiaires ne dormiront pastranquille.

Mathieu-Robert Sauvé

Le plagiat est pris au sérieux à l’Université de Montréal

Nicole Dubreuil et Hélène David parleront de plagiat au colloque de l’AIPU surla pédagogie universitaire.

Gadget ouavancée?

La première fois que MichèleDoucet a introduit les télévoteursà la Faculté de médecine vétéri-naire, certains collègues se sontmontrés sceptiques. Mais ils ne lesont pas restés longtemps, de sor-te qu’aujourd’hui, trois ans plustard, ils sont une dizaine à recou-rir à cette technologie pour ac-croitre la motivation des étudiants.

De quoi s’agit-il au juste? Cetoutil, popularisé aux États-Unis,permet à chaque étudiant de ré-pondre à des questions à l’aided’une manette. Les réponses sontinstantanément affichées sur unécran.

« D’habitude, lorsque vousposez une question, deux ou troisétudiants, toujours les mêmes, lè-

vent la main. Avec le télévoteur, jepeux tester les connaissances detous», résume Mme Doucet qui,avec ses collègues André Vrins etDenis Harvey, ainsi qu’André La-flamme, conseiller pédagogiqueau CEFES, communiquera aucon-grès de l’AIPU les résultatsd’une étude sur l’utilisation destélévoteurs, surtout utiles, faut-il le préciser, dans de grandsgroupes d’étudiants.

La manette distribuée à l’étu-diant – qui peut faire penser à unetélécommande – possède neuf nu-méros, de sorte que les questionspeuvent suggérer plusieurs ré-ponses. De plus, les réponses peu-vent être anonymes, mais pas né-cessairement puisqu’à chaquemanette peut être associé le codepermanent de l’étudiant.

S’il n’est pas encore très ré-pandu, rares sont les établisse-ments universitaires à ne posséderaucun télévoteur. En médecine

vétérinaire, les enseignants consi-dèrent que la motivation des étu-diants augmente avec l’usage dutélévoteur.

«La motivation est liée à l’ap-prentissage et assure une meilleu-re rétention de la matière», rappel-le Michèle Doucet, dont les talentset la passion pour l’enseignementsont reconnus et qui a d’ailleursgagné l’an dernier le prix de l’en-seignement dans la catégorie desprofesseurs agrégés.

Le télévoteur permet à l’étu-diant de se situer par rapport augroupe : il peut en effet observers’il est le seul à ne pas avoir obte-nu une bonne réponse ou si, aucontraire, il est dans la moyenne.Évidemment, le système permetaussi au professeur de se faire unebonne idée de ce que les étudiantsont compris ou n’ont pas com-pris.

En médecine vétérinaire, l’ou-til offre la possibilité de discuter de

cas cliniques. «On débat de choixthérapeutiques et les discussionspeuvent être très enrichissantes»,témoigne la professeure.

De manière plus prosaïque,plusieurs estiment que le télévo-teur plait aux étudiants d’aujour-d’hui qui recherchent la gratifica-tion instantanée ou à tout le moinsdes réponses rapides, et qui pré-fèrent regarder le graphique avant

de lire l’explication. Enfin, il inclutun volet ludique qui retient l’atten-tion.

Cependant, si le télévoteurexige une plus grande participa-tion de l’étudiant, il requiert éga-lement un effort additionnel de lapart de l’enseignant, qui doit pré-voir et organiser ses questions.

Paule des Rivières

Selon Jean-LouisBrazier, le jeu de rôle est uneexcellente façon de décloisonner et d’intégrer les connaissances

Si les enfants apprennent par lejeu, pourquoi ne pas aussi faireprofiter les adultes de cette formede pédagogie ? C’est ce qu’a dé-cidé de faire Jean-Louis Brazier,professeur à la Faculté de phar-macie. Depuis quatre ans, il uti-lise de façon maximale le recoursau jeu de rôle dans son enseigne-ment et il obtient des résultatsremarquables.

«Les connaissances sont ac-quises en silos séparés, déplore-t-il. Pour assurer les compé-tences, il faut décloisonner lesconnaissances et les rendretransférables. »

Un de ses cours de deuxièmeannée du baccalauréat porte surcette intégration pluridisciplinai-re des connaissances acquises,depuis le cégep, dans le domai-ne des sciences de la santé. Lecœur de cet enseignement origi-nal est constitué d’une présen-tation théâtralisée d’un problèmeclinique à résoudre.

Mme BonsantLes étudiants de ce cours

obligatoire reçoivent d’abordune formation de sept semainesen atelier interactif portant surles outils nécessaires à la résolu-tion de problèmes : où et com-ment trouver l’information, élé-ments de communication inter-personnelle verbale et non ver-bale, obstacles à la commu-

nication, méthodes de travail en équipe, soins pharmaceuti-ques, etc.

La classe est par la suite divi-sée en groupes de neuf, qui reçoi-vent chacun un cas clinique à régleret à traiter sous forme de mise enscène théâtrale. Les cas sont distri-bués au hasard aux équipes ellesaussi formées au hasard et ne com-prennent qu’une quantité limitée

d’information, ce qui oblige les étu-diants à compléter le contexte.

Voici un exemple de cas sou-mis. Mme Bonsant prend des an-ticoagulants depuis un infarctusainsi que du Coumadin. Ellesouffre de crampes dans lesjambes, qu’elle attribue à sa« mauvaise circulation ». Aurayon des produits naturels, elleprend du ginkgo et un flacon d’ailSulfogenic. Pendant ce temps,votre associé renouvelle la pres-cription d’Effexor du mari deMme Bonsant et vous lui deman-dez d’expliquer comment agit cemédicament à l’échelle molécu-laire en le comparant aux prin-cipaux antidépresseurs. Quinzejours plus tard, Mme Bonsant re-vient acheter un produit « pourson mari qui a le rhume desfoins » ; deux semaines après, el-le vous apprend qu’il a été hospi-

talisé pour deux épisodes d’aryth-mie ventriculaire.

Les étudiants disposent detrois semaines pour trouver lesdonnées nécessaires et préparerleur mise en scène de 30 minutesdans laquelle chaque membre del’équipe doit jouer un rôle. Ils doi-vent aussi introduire un élémentperturbateur dans la mise en scè-ne, par exemple quelqu’un qui par-le trop, qui parle pour son conjointou qui ne dit presque rien.

«On peut même personnifierun médicament qui précisera sonmode d’action, souligne le profes-seur. Chaque personnage doit êtrejustifié en fonction du problèmesoumis. L’aspect ludique de cetteapproche passionne les étudiants ;on voit qu’ils ont des idées et del’imagination et qu’ils apprennentbeaucoup. C’est une richesse ex-traordinaire !»

Si les étudiants qui incarnentles professionnels de la santé doi-vent expliquer les choses de fa-çon vulgarisée afin que le patientcomprenne ce qu’il doit faire etpourquoi il doit le faire, d’autrespersonnages doivent compléter lediagnostic et la solution en pré-sentant, par projections Power-Point ou autrement, le contenuscientifique du problème. Plu-sieurs équipes font ici intervenirun personnage qui n’est autre quele professeur Brazier, reconnais-sable à ses incontournables tee-shirt et pantalon noirs.

De la frustration à lasatisfaction

La représentation est filmée,évaluée par trois professeurs etsuivie d’un échange avec la clas-se. Les étudiants doivent en outreproduire un rapport sur la dé-marche adoptée et dire, en unepage chacun, comment ils ont vé-cu l’expérience.

«Le fait de forcer la compo-sition des équipes peut être unesource de frustration au début,mais la communication, en con-texte théâtral, passe très bien, indique Jean-Louis Brazier. Plu-sieurs écrivent qu’ils m’en vou-laient au départ, mais qu’en défi-nitive ils sont bien heureux d’avoirdécouvert le potentiel qu’ils sous-estimaient souvent chez leurs col-lègues. Après cet exercice, l’am-biance de la classe n’est plus lamême.»

D’autres facultés entendentimiter l’expérience de Jean-LouisBrazier qui serait, à ce jour, l’exer-cice le plus complet d’intégrationdes connaissances recourant aujeu de rôle. L’atelier «Du groupeà l’équipe par les jeux de rôle »,prévu au programme du congrèsde l’Association internationale de pédagogie universitaire, seraconsacré à cette approche.

Daniel Baril

4 C a h i e r s p é c i a l

Congrès de l’AIPU

Apprendre par le jeu, même à l’université

Les télévoteurs accroissent la motivation des étudiants

«On peut même

personnifier un

médicament qui précisera

son mode d’action »,

souligne le professeur.

Le Maalox n’a pas perdu son X ; la mise en scène veut plutôt illustrer que ce médicament annule l’effet du Raxar. Unecombinaison qu’il faut donc éviter.

Michèle Doucet a été la première à recourir au télévoteur avec les étudiantsen médecine vétérinaire. Sur notre photo, on voit le tableau affichant instan-tanément le résultat d’un vote.

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S e m a i n e d u 7 m a i 2 0 0 7 FORUM 9

Les neurosciencescognitives sont une spécialité ducentre de recherchede l’Institutuniversitaire de gériatrie de Montréal

Regarder une personne souffran-te active les mêmes circuits neuro-naux dans le cerveau que lors-qu’on souffre soi-même. «Sur lesimages de l’appareil d’imageriepar résonance magnétique fonc-tionnelle, c’est très clair, indiquele neuropsychologue Pierre Rain-ville, qui prépare un article sur lesujet avec un de ses étudiants.Nous avons démontré que la dou-leur des autres nous renvoie ànotre propre douleur.»

Avec Louis-Philippe Mailhot,étudiant au Département de psy-chologie, il a demandé à huit ac-teurs de tourner 32 courtes sé-

quences exprimant quatre niveauxde douleur, de faible à extrême,qu’il a projetées à 24 sujets de re-cherche âgés de 20 à 30 ans. Enobservant l’activité cérébrale deces derniers, il a pu en quelquesorte observer leur altruisme.

Voilà une des études que cechercheur rattaché à la Faculté demédecine dentaire mène depuissept ans au pavillon Paul-G.-Desmarais et à l’Institut universi-taire de gériatrie de Montréal. Il ena fait un bilan à la journée scien-tifique marquant le 25e anniver-saire du centre de recherche del’Institut, le 20 avril. En partantd’une gravure de Thomas Row-landson datée de 1785 qui repré-sente une amputation à froid, lechercheur a prononcé une confé-rence sur la communication de ladouleur. Il s’est concentré sur sestravaux de recherche en imageriemédicale.

« Nous disposons ici d’unappareil qui n’a rien à envier àceux que possèdent les plusgrands centres américains», a si-gnalé ce spécialiste de la neuro-psychologie de la douleur. Laseule différence, c’est que cer-tains centres de recherche à Bos-

ton en possèdent quatre ou cinqalors que Montréal n’en a qu’un,a-t-il ajouté sourire en coin.

Quoi qu’il en soit, PierreRainville a un accès suffisant auxéquipements lorsqu’il doit analy-ser le système nerveux en activi-té. Il a notamment pu mesurer« objectivement » la douleur enexaminant le réflexe de retrait.Quand ils reçoivent un choc élec-trique, les muscles des jambes ré-agissent en s’étirant ou en secontractant. Mise en rapport avecl’activité cérébrale, cette activitémusculaire vient éclairer la per-ception de la douleur. « Il n’endemeure pas moins que la dou-leur est un phénomène subjectif,et le témoignage sur la douleurest la meilleure indication pos-sible de son intensité.»

Candidats à la douleurAu cours de sa présentation,

Pierre Rainville a résumé uneautre de ses recherches portantsur l’atténuation de la douleur parla « contrirritation ». Concrète-ment, il voulait vérifier sur le planphysiologique s’il est vrai qu’unedouleur en chasse une autre...« Oui, nous avons pu observerque les chocs électriques à répé-tition sont moins douloureuxquand le sujet plonge sa maindans un bac d’eau froide.»

Ici, 20 sujets normaux ontreçu une quarantaine de dé-charges électriques sur une pé-riode de cinq minutes. Pendantdeux minutes, ils ont immergéleur bras dans une eau glacée (à6 °C) sans que les chocs s’arrê-tent. L’imagerie révèle que leszones activées sont en effet dé-placées lorsqu’un autre stimu-lus est ressenti. « Nous avonsnoté une atténuation de la dou-leur de l’ordre de 77 % », com-mente-t-il.

Évidemment, toute cettesouffrance au Laboratoire de neuropsychologie de la douleurn’est pas infligée sans balisespuisque les projets de Pierre Rain-ville et de son équipe doivent pas-ser par le comité d’éthique de larecherche. « Ça se déroule trèsbien de ce côté-là», dit-il.

Et les sujets ? « On n’enmanque pas. Les étudiants sont

nombreux à se porter volon-taires.»

Il faut dire que les épreuvesauxquelles sont soumis les parti-cipants ne sont pas très différentesde celles que subissent les gensdans la vie de tous les jours. «Nosexpériences douloureuses ne lais-sent aucune marque sur les tissus,précise-t-il. Cela peut se comparerà la sensation de plonger sa maindans l’eau de vaisselle trop chau-de pour aller chercher un ustensi-le. C’est désagréable mais de cour-te durée. Cinq minutes plus tard,vous n’y pensez plus.»

« À peine 25 ans »Le centre de recherche de

l’Institut universitaire de géria-trie de Montréal représente, se-lon son directeur, Yves Joanet-te, « l’une des plus importantesmasses critiques de recherche in-terdisciplinaire sur la santé et levieillissement tant au pays quesur la scène internationale »,comme il l’a mentionné dans lecommuniqué intitulé « À peine25 ans ».

Actuellement, le centre derecherche regroupe 43 équipestotalisant plus de 300 chercheurs,étudiants et professionnels de re-cherche. Leur travail s’articuleautour de quatre axes : les neu-rosciences cognitives et le vieillis-sement ; les soins et services à lapersonne âgée et à la famille ; la nutrition, le métabolisme et le vieillissement ; et la relationpersonne-environnement. Com-me Pierre Rainville, la plupartdes chercheurs se consacrent à

la recherche fondamentale. Maisleurs découvertes ont souvent de nombreuses applications ducôté clinique.

À la rencontre scientifiquedu 20 avril, des chercheurs ontprésenté les travaux de leurséquipes respectives. Sylvie Hé-bert a parlé d’acouphènes, Loui-se Demers des aides techniquesà la mobilité, Francine Duchar-me de soutien aux parents vieillis-sants, Louis Bherer de plasticitécognitive et d’activité physique,Marie-Jeanne Kergoat de nutri-tion et Yves Joanette de méca-nismes adaptatifs au vieillisse-ment.

Mathieu-Robert Sauvé

Pierre Rainville fait souffrir des sujets de recherche depuis sept ans

Pierre Rainville

Recherche en neuropsychologie

Faculté de l’éducation permanenteLa faculté d’évoluer

NOUVEAU

Certificat en coopération internationaleDevenez coopérant grâce à un programme universitairequi vous y prépare.

Notre collaboration avec nos organismes partenaires –CCI, CECI, CUSO, Équiterre, Jeunesse Canada Monde,Oxfam-Québec et SACO – vous donne accès à une expérience des plus enrichissantes.

Ce certificat vous donne les outils nécessaires pour comprendre et agir dans des contextes liés à la coopé-ration internationale et au développement.

Responsable du programmeLouise Blanchette

AUTOMNE 2007

Date limite d’admission : 1er juin514 343.6090 1 800 363.8876

www.fep.umontreal.ca/cooperation/

Vingt sujets normaux

ont reçu une quarantaine

de décharges électriques

sur une période

de cinq minutes.

Le directeur de centre de re-cherche de l’Institut universitai-re de gériatrie de Montréal, le Dr Yves Joanette, a dévoilé le 20 avril une plaque commémo-rative de l’inauguration du centre, il y a 25 ans, en compagnie deGuy Berthiaume, vice-recteur audéveloppement et aux relationsavec les diplômés. La plaque aété placée à l’entrée du pavillonAndré-Roch-Lecours, où sont dé-sormais concentrées les activitésdes quelque 300 chercheurs, étu-diants et professionnels liés aucentre.

25 ans de recherche en gériatrie

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Les chocs électriques à répétition sontmoins douloureux quand le sujet plon-ge sa main dans un bac d’eau froide.

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JOURNÉE DE LA RECHERCHE DE POLYTECHNIQUE6e

Éducation

AFF. : FSE 04-07/3

Le Département de psychopéda-gogie et d’andragogie de la Facul-té des sciences de l’éducation chercheà recruter une professeure régulièreou un professeur régulier en interven-tion éducative au préscolaire et aupremier cycle du primaire.

FonctionsLa personne retenue sera respon-sable d’enseignement aux trois cyclesdans les domaines de la psychopé-dagogie relative au préscolaire et aupremier cycle du primaire et des stra-tégies d’intervention en vue de fa-voriser la réussite éducative du jeuneenfant. Elle devra aussi élaborer unprogramme de recherche dans cesdomaines.

ExigencesDoctorat en sciences de l’éducationou dans un domaine connexe ; expé-rience en enseignement universitaireet en recherche ; dossier de publica-tions ; connaissance de la probléma-tique du préscolaire et du premier cycledu primaire au Québec ; expériencesd’intervention en service de garde ouà l’école ; capacité de travailler en équi-pe. La connaissance de la maternelleen milieu défavorisé sera considéréecomme un atout.

Date d'entrée en fonctionLe 1er aout 2007 (sous réserve d’ap-probation budgétaire).

Les personnes intéressées doiventfaire parvenir leur curriculum vitæ,une lettre précisant leurs champsd’intérêt et leurs compétences dansle domaine et trois lettres de recom-mandation, avant le 25 mai 2007, àl’adresse suivante :

Madame Manon ThéorêtDirectriceDépartement de psychopédagogie et d’andragogie Faculté des sciences de l’éducationUniversité de MontréalC.P. 6128, succ. Centre-villeMontréal (Québec) H3C 3J7

Histoire de l’artet études ciné-matographiques

AFF. : FAS 05-07/11

Le Département d’histoire de l’artet d’études cinématographiquesde la Faculté des arts et des sciencescherche à recruter une directrice ouun directeur au rang de professeur ti-tulaire ou de professeur agrégé avecexpérience en histoire de l’art et spé-cialisation dans les questions muséo-logiques.

FonctionsDirection du Département ; enseigne-ment aux trois cycles ; direction de mé-moires et de thèses ; élaboration deprojets de recherche.

ExigencesDoctorat en histoire de l’art ou dansune discipline connexe ; dossiers derecherches et de publications (dans lechamp de la muséologie) ; expériencedes musées ; expérience de l’ensei-gnement universitaire.

Date d’entrée en fonctionLe ou après le 1er juin 2007 (sous ré-serve d’approbation budgétaire).

Les personnes intéressées doivent fai-re parvenir une lettre indiquant leurvision du Département et de son évo-lution, en particulier dans le secteurde l’histoire de l’art et de la muséolo-gie, leur curriculum vitæ, un plan derecherche, un exemplaire de trois pu-blications ainsi que les coordonnéesde trois personnes susceptibles defournir une lettre de recommanda-tion, au plus tard le 21 mai 2007, àl’adresse suivante :

Madame Johanne LamoureuxDirectriceDépartement d’histoire de l’art et d’études cinématographiquesFaculté des arts et des sciencesUniversité de MontréalC.P. 6128, succ. Centre-villeMontréal (Québec) H3C 3J7

S e m a i n e d u 7 m a i 2 0 0 7 FORUM 11

postes vacants

Le 2 janvier 2007 nous quittaitnotre collègue Félix Carrasco,professeur honoraire de la Sec-tion d’études hispaniques du Dé-partement de littératures et delangues modernes.

Il était entré à l’Universitéde Montréal d’abord comme pro-fesseur invité pour l’année 1976-1977, alors qu’il enseignait àl’Université d’Ottawa. Il n’est ja-mais retourné à Ottawa puisque,dès l’automne 1977, l’UdeM luioffrait un poste de professeuragrégé et, l’année suivante, il ob-tenait le titre de professeur titu-laire dans notre établissementqu’il n’a cessé de servir et d’ho-norer durant ses 22 années defonction.

Félix Carrasco avait reçu uneformation en « philologie clas-sique» à l’Université Compluten-se, de Madrid, qu’il avait complé-tée en 1970 par un doctoratportant sur « les syntagmes condi-tionnels chez Plaute».

À la Section d’études hispa-niques, il avait été engagé pourses compétences dans le domainede la philologie hispanique maisaussi dans ceux de la littératureespagnole du Moyen Âge et de laRenaissance, de la linguistiquehispanique ainsi que de la sémio-tique littéraire.

Mu par une passion constan-te et authentique pour la re-cherche, il est resté jusqu’au der-nier jour de sa maladie préoccupépar son dernier cheval de bataille,les éditions du premier roman mo-derne, le Lazarillo de Tormes.Pour ses collègues, il était la per-sonne-ressource à consulter pourtout ce qui concernait la gram-maire et la langue. Sa solide éru-dition se doublait d’un sens del’humour qui faisait les délices deses collègues de Montréal et del’hispanisme international.

Félix Carrasco aura réussi àsusciter des loyautés profondesparmi ses étudiants, qui avaient

le plus grand respect pour son per-fectionnisme et la plus grande ten-dresse pour son personnage desavant distrait.

Un hommage à Félix Carrascosera rendu par ses collègues enprésence de sa famille le 11 maide 15 h à 17 h au Centre de res-sources de l’espagnol, 3744, rueJean-Brillant, 5e étage. Confir-mez votre présence au 514 343-7050.

À louer. Haut de duplex près del’Université de Montréal et du CHUSainte-Justine, 6 1/2 libre et entière-ment nettoyé, le 1er aout 2007. Pourrenseignements : 514 733-9423.

Recherché. Participants pour étudesimulation travail de nuit. Labora-toire chronobiologie, Hôpital duSacré-Cœur. Hommes et femmes,non-fumeurs, 20-35 ans. 7 jours etnuits consécutifs au Laboratoire.Compensation : 780 $. Info : 514338-2222, poste 2517, option 3.

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éclairée. Plancher de bois franc, en-trée laveuse et sécheuse (mini). Prix :550 $/mois. Info : 514 343-6111,poste 1-8869. Pour personne tran-quille, non fumeuse, sans animaux,avec références.

À louer. Condo, 4 1/2 , 2 chambres,salle à manger, face au pavillon J.-A.-DeSève. Terrasse commune sur le toit . Bail à long terme possible. Prix :1500 $/mois. Tél : 514 290-1705.

Recherché. Personnes volontairesatteintes d’acouphènes ou non,âgées de 24 à 45 ans, bonne santé,2 visites, compensation financière.Info : Philippe Fournier au 514 343-6111, poste 1-3522.

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Conformément aux exigencesprescrites en matière d’im-migration au Canada, ces an-nonces s’adressent en priorité aux citoyens canadiens et auxrésidents permanents.L’Université de Montréal sous-crit à un programme d’accès à l’égalité en emploi pour lesfemmes, les minorités visibles et ethniques, les autochtones et les personnes handicapées.

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In memoriam

Félix Carrasco s’est éteint

La délégation des Nations uniesde l’Université a participé, enmars dernier à New York, au Na-tional Model United Nations,une des plus grandes simulationsdes Nations unies regroupantplus de 4000 étudiants. La délé-gation de l’UdeM s’est vu attri-buer la représentation de l’Alle-magne. Pendant près de septmois, les 29 membres de la dé-légation, sous la supervision deleurs délégués en chef Annie Les-pérance et Denis Côté, ainsi quede leurs conseillers facultairesLoïc Baumans et Charline Le-

duc-Marcoux, se sont entrainéshebdomadairement en vue de lasimulation. Leurs efforts et leurpersévérance ont été récompen-sés puisqu’ils ont obtenu, pourla première fois en 28 ans de par-ticipation à la simulation, le pre-mier prix, soit le prestigieuxOutstanding Delegation Award.

La délégation était donccomposée des étudiants sui-vants : les délégués en chef An-nie Lespérance et Denis Côté ;les conseillers facultaires LoïcBaumans et Charline Leduc-Marcoux ; et les délégués Nadine

Bader, Mihnea Bantoiu, Grégoi-re Bernèche, Gaël Bichotte, Lae-titia Blais-Bigot, Fabien Clavier,Annabelle Creuzé, FrançoisDansereau, Anne Echasseriau,Ana Maria Garcia Alvarez, An-ne-Claire Gayet, Sébastien Ge-hu, Joanie Gosselin, Emmanuel-le Grumiaux, Catherine Habel,Gregory Jaquet, Mathieu Kissin,Arthur Laferrière, AlexandreMogharaei, Pierre-Axel Pejouan,Guillaume Perron-Piché, DavidProvencher, Audrey Reeves,Chloé Saint-Ville et Per Sogge.

La délégation de l’UdeM aux Nationsunies obtient le premier prix

Les délégués de l’UdeM affichaient leur plus fier sourire après la victoire.

12 FORUM S e m a i n e d u 7 m a i 2 0 0 7

DominiqueDeslandres dirigeun ouvrage sur 350 ans de «pouvoir» et de «discrétion»

Ils ont été les seigneurs de Mon-tréal. On a dit qu’ils s’étaient en-richis aux dépens des Amérin-diens d’Oka et l’on déclare qu’ilsjouissent encore de nos joursd’une immense fortune. « Ils onteu beaucoup de pouvoir, c’estvrai. Mais, en dehors de quelquesfaits marquants, ils ont été extrê-mement discrets », mentionneDominique Deslandres, profes-seure au Département d’histoireet auteure d’un ouvrage sur lestrois siècles et demi de présencedes Sulpiciens à Montréal. Deplus, leur « immense fortune »s’est volatilisée à la suite d’unetransaction douteuse dans les an-nées 20.

Avec l’aide de ses collèguesde l’UdeM John Dickenson et Ol-livier Hubert, Mme Deslandres apassé plusieurs mois à reconsti-tuer l’histoire de cette compagniede prêtres d’origine française enécumant notamment les archivesde la congrégation, parmi les plusriches du Canada. L’ouvrage,abondamment illustré, paru chezFides en mars dernier, présentedes chapitres signés par des spé-cialistes de l’UQAM, de l’Univer-sité de Sherbrooke, de l’Universi-té Laval, de l’Université McGillet d’établissements extérieurs.

La société que voulait établiren Nouvelle-France Jean-JacquesOlier, curé de Saint-Sulpice, avecl’aide de quatre ecclésiastiques en-voyés à Ville-Marie en 1657, étaitune véritable utopie. «Ces prêtressont des fous de Dieu qui pensentfonder une société parfaite, com-posée de nouveaux convertis etde croyants dévoués », raconteMme Deslandres.

Rapidement, le rêve se trans-forme en réalité. La sociétéNotre-Dame, chargée d’adminis-trer les terres, fait banquerouteet les missionnaires sulpiciensdoivent s’improviser gestion-naires. Ils deviennent seigneursun peu malgré eux, mais déci-dent de jouer leur rôle à fond. Ilssont à l’origine de ce qu’on peutappeler le premier « schémad’aménagement » connu à Mon-tréal. « Ils tracent les chemins,font de la planification urbaine.Encore aujourd’hui, leur hérita-ge est présent autour de nous :les chemins de la Côte-Sainte-Catherine, de la Côte-Saint-Antoire, de la Côte-Saint-Luc, le cimetière de Notre-Dame-des-Neiges... »

650 prêtresLe nombre de sulpiciens n’a

pas cessé de décroitre depuisl’apogée de la congrégation, maiscelle-ci n’a jamais été très popu-leuse. Selon les bases de donnéesconsultées par Dominique Des-landres, ils n’auraient été que 650au total. Mais ils sont scolariséset très actifs parmi l’élite intellec-tuelle. Ils auront une grande in-fluence dans l’implantation desécoles et des hôpitaux. Et, dansle domaine des arts, ils sont in-contournables.

C’est par leur intermédiaireque le premier orgue fera son en-trée à Montréal en 1701, commel’explique la musicologue Élisa-beth Gallat-Morin. Homme degrande culture, François Vachonde Belmont fera installer son ins-trument à l’église Notre-Dame. Lepremier musicien de métier quela ville a connu, Jean Girard, tien-dra l’orgue de 1724 à 1765. Jus-qu’à Clément Morin, professeurà l’Université de Montréal jusquedans les années 90, les Sulpiciensauront concouru de près à la viemusicale montréalaise.

De même, ils ont été très pré-sents dans la culture littéraire.Considéré comme un produit deluxe au 18e siècle, le livre enlangue française connait une dif-fusion restreinte, surtout après laConquête. Mais, par le réseau dela congrégation, plusieurs cen-taines d’ouvrages sont acheminéschaque année vers le Bas-Canada.« Il s’agit d’ouvrages spécialisésdestinés aux prêtres, de caté-chismes pour les enfants des pe-

tites écoles sulpi-ciennes, de manuelset de dictionnairespour les collégiens,de livres de piété enfrançais pour les pa-roissiens alphabéti-sés, particulièrementpour les membres deconfréries», écrit Ol-livier Hubert.

Le 11 septembre1915, la bibliothè-que Saint-Sulpice, si-tuée rue Saint-Denis,ouvre ses portes. On y trouve quelque200 000 documents.L’immeuble devientvite «le lieu de rendez-vous de l’in-telligentsia catholique», commele souligne l’historien. Olivier Mau-rault, directeur des activités cultu-relles à la bibliothèque, deviendrapar la suite recteur de l’Universitéde Montréal.

Des sulpiciens satisfaitsPour obtenir un ouvrage ri-

goureux et complet relatant l’his-toire de la congrégation à l’occa-sion de son 350e anniversaire, lessulpiciens Rolland Litalien, GuyCharland et Jean-Pierre Lussiersont venus frapper à la porte duDépartement d’histoire dès 2004.Les supérieurs provinciaux Lio-nel Gendron et Jacques D’Arcy,ainsi que Zénon Yelle ont aussijoué un rôle dans ce projet.

C’est Dominique Deslandresqui en a pris les commandes.Moins de quatre ans plus tard, levolume parait. « Les Sulpiciensne voulaient pas d’une hagiogra-phie, explique l’historienne. Ilsnous ont donné accès à leurs ar-chives pour nous permettre d’ac-

complir notre travail, et sans au-cune forme de censure. D’ailleurs,ils n’ont lu le livre que lorsqu’il aété imprimé.»

Le projet a, entretemps, prisdes proportions inattendues.Pour illustrer l’ouvrage, on a dûfaire appel à des historiens del’art et au conservateur de l’artcanadien au Musée des beaux-arts de Montréal, Jacques DesRochers, qui n’a pas pris leschoses à la légère. En plus decontribuer aux 170 illustrations etaux trois cahiers de 16 pages encouleurs, il a eu l’idée d’organiserune exposition sur l’héritage ar-tistique des Sulpiciens de Mon-tréal. Cette exposition se tiendral’automne prochain.

Mathieu-Robert Sauvé

Sous la direction de Domi-nique Deslandres, John Dicken-son et Ollivier Hubert, Les Sulpi-ciens de Montréal : une histoirede pouvoir et de discrétion,Montréal, Fides, 2007, 172 p.

Histoire et religion

Les Sulpiciens de Montréal : un héritage encore vif

Les Sulpiciens ne voulaient pas d’une hagiographie,précise Dominique Deslandres.

La soprano SuzieLeBlanc explore le répertoire de sesancêtres acadiens

Au moment où vous lisez ceslignes, la soprano Suzie LeBlancmarche seule sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle, dans lenord de l’Espagne. Avant de pra-tiquer le célèbre chemin foulé pardes millions de chrétiens, elle a tenu à accomplir un autre typede pèlerinage. De Terre-Neuve àl’Île-du-Prince-Édouard en pas-sant par le Nouveau-Brunswick,elle a récolté des chansons de sesancêtres acadiens. La besace plei-ne, elle est entrée en studio pourenregistrer Tout passe : chantsd’Acadie, la suite naturelle de sondisque La mer jolie, paru en 2004,un premier hommage à la mu-sique de sa terre natale.

« J’avais besoin d’un tempsde repos, explique la chargée decours en chant baroque à la Fa-culté de musique, qui poursuitune brillante carrière internatio-nale. Tout en m’entrainant en pré-vision des 800 km à parcourir versCompostelle, je souhaitais m’ar-rêter chez les gens, prendre le thé,discuter et leur dire “Chantez-moi quelque chose…” Je voulaisvoir ce que ma présence leur ins-pirerait. » Et le disque s’estconstruit ainsi, au gré de ses pé-régrinations.

Retour aux sourcesAu-delà des mélodies festives

et des complaintes déchirantespropres à l’Acadie, la soprano adécouvert des chants qui ontvoyagé. Elle relate l’histoire tou-chante de la chanson Commentveux-tu que je t’embrasse?, of-ferte par Hélène Myers, une po-pulaire chanteuse folklorique. «Àun festival de chansons tradition-nelles se déroulant en Louisiane,où Mme Myers représentait leNouveau-Brunswick, un hommeest venu de Californie pour re-trouver les paroles de cette mé-lodie que chantait sa femme. Illes avait perdues 30 ans plus tôt,alors que sa compagne, qui chan-tait avec lui, avait été heurtée parune voiture le long de la route oùils marchaient ensemble. La vic-time avait emporté les parolesavec elle et c’est Mme Myers qui a

pu rendre au vieil homme les cou-plets oubliés.»

Certaines pièces portent parailleurs en elles une page d’his-toire. Le manuscrit de La nouvel-le chanson de Terre-Neuve, re-trouvé en Normandie, dans letiroir d’un bureau fermé à clé de1725 à 1960, a sans doute été ré-digé par plusieurs pêcheurs qui sesont aventurés dans la baie dePlaisance, réputée pour ses géné-reux bancs de morues. Et la chan-son-titre du disque, Tout passe,aurait été l’un des trois cantiqueschantés lors de la déportation desAcadiens, selon un historien du18e siècle.

Suzie LeBlanc a donc accom-pli un véritable retour aux sources,elle qui est issue d’une famille quiécoutait davantage de musiqueclassique que traditionnelle. «Cen’est pas quelque chose que j’avaisexploré dans ma famille parce quema mère est chanteuse classique,dit-elle. Mais, dès que je me ren-dais chez des amis ou des parentséloignés, j’entendais cette mu-sique. C’est impossible d’être aca-dien et de ne pas avoir vécu pleinde soirées dans la cuisine avec desvioloneux. Ça fait partie de notrepatrimoine, c’est dans notresang.»

Rompue aux mélodies du ré-pertoire des 17e et 18e siècles, Su-zie LeBlanc n’a pas eu à s’impro-viser chanteuse folklorique letemps de deux albums. «Ça m’in-

quiétait au début, car je croyaisdevoir chanter ces pièces de façonmoderne. Puis, je me suis aperçueque je pouvais le faire à ma ma-nière puisque les chants acadienssont, comme le baroque, de la mu-sique ancienne. La plupart pro-viennent d’Europe et ont été com-posés entre le 14e et le 17e siècle.»

À la recherche de soiAprès le silence contempla-

tif du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, la blonde et va-poreuse cantatrice repartira enmusique… et en images ! Jamaisà court de défis, Suzie LeBlanc selance dans un premier long mé-trage, The Lost Song, réalisé parl’Acadien Rodrigue Jean. Elle yinterprètera une chanteuse clas-sique qui souffre de dépressionpostpartum.

Au cours de l’été, elle promè-nera les pièces de Tout passe dansles provinces maritimes. En sep-tembre, la chanteuse s’aventure-ra en terrain inconnu, celui deMozart, Fauré, Poulenc et Mes-siaen, mais assure du mêmesouffle qu’elle ne délaisse pas sespremières amours, le baroque. El-le donnera d’ailleurs des concertsà Vancouver avec l’Académie ba-roque de Montréal prochaine-ment. On doit à quelques-uns desmembres de cet organisme (Ma-rie-Nathalie Lacoursière, Alexan-der Weimann et Guillaume Ber-nardi) le succès de L’incorona-

zione di Poppea, présenté au dé-but du mois de mars par l’Atelierd’opéra et l’Atelier de musique ba-roque de l’UdeM. Suzie LeBlanc,qui y a supervisé les étudiantsquant à l’apprentissage du stylebaroque, espère pouvoir recom-mencer d’ici 2009.

La soprano s’amuse de la di-versité de ses expériences qui, selon elle, n’en sont pas moinscomplémentaires. « Je prendsbeaucoup d’engagements, c’estvrai. Mais ce sont des choses aux-quelles je réfléchis depuis deux outrois ans. Elles ont pour objectifla recherche de soi, c’est-à-direune connaissance plus profondede moi comme interprète. Toutesmes expériences de vie s’intègrentainsi à ma musique.»

Marie Lambert-Chan

Retour aux sources

Un pèlerinage musical

Pour illustrer l’ouvrage,

on a fait appel à des

historiens de l’art et au

conservateur de l’art

canadien au Musée des

beaux-arts de Montréal,

Jacques Des Rochers.

Tout passe aurait été chantée lors dela déportation des Acadiens.