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7 JA~ YIER 1962
tfOIJRNU nmtJntJX HEBDOMADAIRE JUDICIAIRE
Edmond Picard 1882- 1899
ÉDITEURS:
MAISON FERD. LARCIER, S. A.
LIRE DANS CE NUMERO : La Vie du Droit :-Dividendes décrétés SJprès le décès de l'usufruitier, par A. Le Hon.
Léon Hennebicq 1900- 1940
39, rue de& Minimes
BRUXELLES
Chronique judiciaire : La Vie du Palais : Appel d'Afrique. - Cours et conférences : « Droit ·aérien et droit de l'espace». - Les deuils jud~ciaires : Le bâtonnier Jea;n Huyberechts. - Coups d'œil sur nos lois : Pénalistes amateurs. - Echos : Une motion de la Conféren des
· bâtonniers.
Le procès Galilée
A Rome, le 22 juin de l'année 1·633, au matin, un vieillard se présente devant le tribùrtal du Saint-Office, siégeant dans le couvent dominicain de Santa Maria novella~· construit sur un temple romain dédié à Minerve, déesse de l'intelligence et de la sagesse (*) .
A genoux, revêtu de la chemise blanche des pénitents (1) , il fait face à une assemblée de cardinaux en rohe rouge.
Une longue sentence déclare absurde et hérétique l'opinion que le soleil ·soit le centre immobile du monde (2).
L'opinion que la terre tourne et se meut autour du soleil est déclarée fausse et erronée. . L'accusé est condamné pour avoir transgressé une interdiction formelle d'enseigner ces opinions, qui lui avait été signifiée dix-huit ans auparavant. ·
Le tribunal se déclare cependant disposé à lui épargner la peine capitale, à condition qu'il abjurât ses erreurs et cette hérésie.
Le vieillard entame alors une pénible lecture : « Moi, Galileo Galilei, fils de· feu Vincente Galilei de Florence, âgé de soixante-dix ans, . . . agenouillé devant . vous, très éminents et révérends cardinaux grands inquisiteurs dans toute la chrétient.; contre la·. perve:r:sité hérétique ... » (3) .
Puis, avouant avoir. enfreint l'ordre notifié, il déclare «abjurer et maudire d'un cœur sincère et avec une foi non simulée )) les opinions qu'on lui reprochait.
Ayant juré encore 'que s'il devait rencontrer un hérétique, ou présumé tel, il le dénoncerait au Saint-Office et aux inquisiteurs, le condamné fut autorisé à Ae retirer.
Les titres et qualités du condamné conféraient à cette cérémonie le caractère d'une humiliation publique retentissante.
Patricien de Florence, premier philosophe
(*) Discours prononcé à la séance sÜlennelle de rentrée de la Conférence du Jeune Barreau d'Anvers, le 4 novembre 1961.
(1) Détail controversé: G. Bouchard, un témoin de la cérémonie, selon G. de Santillana, (Le procès de Galilée, note II, p. 453) l'affirme dans une lettre du 29 juin 1633. - Ed. Naz., XV, p. 166; - contra : Martin, Galilée, p. 202, e.a.
L'exégèse détaillée des erreurs n'est pas d'un moindre enseignemeJtt que celle d~s · vérités. ·
J. RosTAND. ~ . ..
e.t mathématicien de Son Altesse le Grand Duc · :ie Toscahe, professeur aux universités de ·Padoue et de Pise, Galilée ·- depuis vingt ans . ~ était un, personnage illustre, à l'ayant-plan de l'actualité.
Toute l'Europe savante connaissait sa reputation et ses opinions, et les polémiques qu'il menait contre . la science officielle avaient · · éveillé l'attention d'un· large_· public.
Depuis plus· de trois siècles, le procès Galilée alimente ·des controverses :acharnées.
Dés portraits tendancieux du condamné se sont formés au fil du temps.
, Galilée fut-il le précurseur héroïque, qui aurait lancé à la face des cardinaux ce· défi vengeur « Et pourtant elle tourne.! )) (4) ? .
. Ou hien était-il .le ·s:. , ant incompris, màlàde et brisé par la torture, que la ptenace du bûcher aurait poussé à l'acceptation d'une abjuration publique ?
Aucune de ces visions romancées ne correspond aux éléments du d~ssier Galilée.
Mais les récits faisant appel à notre goût de la mythologie influencent hélas plus durablement le jugement des hommes qÙe l'analyse froide de la réalité. ·
Aussi nous posons la question : Les controverses 'sùscitées· par l'affaire Galilée se justifient-elles · ét quelles sont les conclusions que l'on doit en tirer.? ·
Avant de parler du drame, situons le décor. Dans la mosaïque des Etats italien~, des con
flits de préséance et de souveraineté jetaient le trouble. .
La. Papauté inspirait et soutenait contre la Réforme une lutte sans mere:, mais dont qssue restait incertaine.
En s'insurgeant contre l'universalité de l'Eglise, la Réforme avait dissocié les . peuples de l'Europe que la théocratie rom;:tine a··rait tenu associés dur~t tout le moyen· âge (5) . ,
L'Europe des nations, l'Europe des patries était en train de naître. ·
Dans une France déchirée par les complots, les révoltes et les cabales, Richelieu s'imposait comme l'homme que la Providence avait donné à son Roi. .. , selon les mots de Louis XIII ( 6) .
(4) La première trace de ce mot soi-disant historique se retrouverait chez un chroniqueur allemand, cité la première fois en 1761 par l'abbé Irailh, selon A. Van Rooy, «De veroordeling van Galilei en de onfeilbaarheid der Kerk )), dans Katholieke Vlaamse Hogeschooluitbreiding, n° 88, 1906, p. 35·
Un conflit localisé à l'origine, la guerre de Trente Ans, s'était étendu progressivement, ainsi qu'un incendie qui sè propage (7).
Englobant d'abord toute l'Allemagne, le conflit avait gagné les Etats limitrophes, puis l'Europe entière. .
L'unification · • de l'Allemagne, par tous les moyens, . constituait le but essentiel de l' empereur Ferdinand II, . que soutenait la' Ligue cathoUque ·(8 ) ..
Miüs Jean 't Serclaes, comte de Tilly, n'avait pu éviter· l'écrasement de . son armée, malgré
. les . charges. désespéré~s ·de ses cavaliers à casaque·. rouge.
•Pendant que les lansquenets de W allens te in se. payaient· par le. pillage des Etats allemands, les .merdmaires · et les aventuriers errants ralliaient l'armée' commandée par l'hérétique Gustave-Adolphe· de Suède.
. Celui-ci négf)Ciait une alliance avec le Pape lorsque la mort le s~prit.
Les théories sur la connaissance du monde se trouvaient engagées dans une évolution inéluctable.
Le siècle résonnait encore de récho lointain des récits merveilleux tissés autour des voyages de Christophe Colomb, de Magellan, de Marco Polo.
La nécessité d'utiliser des méthodes scientifiques nouvelles devenait évidente. Mais, les défenseurs de l'enseignement des Anciens se refusaient à l'admettre. .
Tiraillée dans tous les sens, l'opinion était troublée.
Ma Albert Lilar, faisant l'éloge de l'humanisme à cette même tribune trouva ce raccourci saisissant : « Désormais tout est . possible;· mais tout devient inceriain. )) (9).
Dans un pareil climat, les voix criant à l'hérésie, susciteront un écho naturel. · Car n'est-il pas vrai, hélas, que l'into
lérance des hommes grandit souvent lorsqu'ils commencent. à douter d'eux-mêmes ou du hienfondé des thèses qu'ils défendent.
C'est dans ce climat et dans ces perspectives qu'il ·faut considérer le procès Galilée. ·
* ** Le décor étant esquissé, quels sont les faits. Galilée, jusqu'à l'âge de quarante-six ans,
avait vécu dans l'obscurité relative d'un enseignement des mathématiques.
Un travaiLtechnique le lance sur ln voie de la célébrité et de la renommée. n': ·annonce en 1610, avec quelque mise
en scène, la construction d'une lunette astronomique, - reproduite d'après une description reçue de Hollande (10) .
(7) Maxime Petit, p. 135. (8) Pour ces détails et les suivants cf. e.a. J. Pi
renne, Les grands courants de l'Histoire, Il, pp. 563-568; - René Pinon, «Histoire diplomatique)) dans Histoire de la nation française, pp. 185 et seq.; -
(2) Un texte français de la sentence se retrouve dans Santillana, op. cit., p. 358, et Koestler, Les somnambules, note 5, p. 559, reproduisant les extraits donnés par le Recueil des Gazettes nouvelles et relations de toute l'année 1633, par· Théophraste Renaudot, 1634· n° 122, p. 531. (5) Pour ces détails historiques et les suivants : · Santillana, p. 235.
Le texte original se retrouve dans l'Edizione Naûonale italienne des œuvres de Galilée, publiée sous la direction de Favaro, volume XIX, p. 402.
(3) Un texte français de l'abjuration se retrouve dans Santillana, op. cit., p. 385 et Koestler, op. cit., note 6, p. 563. Texte original dans Ed. Naz., vol. XIX, p. 406.
Histoire. générale des Peuples, sous la direction de Maxime Petit, pp. I et seq., 56, 76 et seq.; - J. Pirenne, Les grands courants de l'Histoire, pp. 620-621; - Lammel, Galilei, pp. 18-19.
( 6) Paroles de Louis XIII dans les discussions au moment de la fuite de Marie de Médicis en 1631. -Voir Maxime Petit, op. cit., p. 125.
(9) Albert Lilar, «Eloge de l'humanisme)), discours de rentrée de la Conférence du Jeune Barreau d'Anvers, le 30 novembre 1935; - Buschman, Anvers, 1936, p. 26.
(1o) « Sidereus Nuncius ... )), à Venise, T. Baglioni, 1610, dans Ed. Naz., vol. III; Galilée luimême n'a pas prétendu avoir inventé la lunette que
L'imagination de ses contemporains fut véritablement déchaînée par les perspectives que l'usage d'une pareille lunette paraissait ouvrir.
Les marins et les soldats discutaient de son influence sur la science militaire, les femmes frissonnaient à l'idée qu'un inconnu pouvait les observer de très loin, et les bourgeois s'inquiétaient, comme toujours, se demandant si le fisc n'allait pas les surveiller ainsi de plus près !
Et la lune, que l'on put mieux observer, n'était plus seulement un globe d'argent suspendu dans l'azur. On crut y découvrir des continents et des mers, des montagnes et des plaines.
De là à prétendre que la lune pouvait être habitée, il n'y avait qu'un pas, que les plaisantins et les poètes franchirent aisément (11).
· Quelles pouvaient être les mœurs et les croyances des habitants de la lune ? Question fort inquiétante !
En Angleterre, le poète théologien John Donne s'écria : « L'homme a tissé un grand filet, pu:is l'a jeté sur les cieux, ·et les cieux maintenant sont à lui. » (Ignatius 351).
* ** L''engouement du public entoura Galilée de
l'auréole d'un personnage à la mode. Mais les astronqmes et les philosophes sco
lastiques, attachés à l'enseignement d'Aristote et de Ptolémée, y virent le présage d'un effondrement de leur monopole de la Vérité.
Trois ans plus tard, en 1613, Galilée discute dans un petit ouvrage, en italien, la découverte de taches sur le soleil (12).
Cette découverte confirmait, - disait-il, -les opinions qu'avait publiées soixante-dix ans aUJparavant un certain C01pernic, chanoine polonais, docteiir en droit canon, ... 'un peu médecin, et féru d'astronomie (13) .
Copernic avait repris et développé une théorie ancienne du mouvement de la terre autour du soleil (14). Par hasard - il faut le dire, car il partait d'un raisonnement erroné - (15) Copernic énonçait une hypothèse qui s'avèrerait exacte.
Certains théologiens estimaient que quelques passages de l'Ecriture Sainte contredisaient formellement l'opinion reprise par Copernic.
Si le soleil ne tournait pas autour de la terre, comment Josué avait-il pu arrêter le soleil dans Gabaon ? (Josué 10-12).
Que devenait le passage du psaume dixneuf : « Et le soleil, semblable à un époux qui sort de sa chambre, s'élança dans la carrière avec la joie d'un héro,s » ... si le soleil était immobile (Psaume XIX, 6) ?
* ** Un professeur de mathématiques, désirant
prouver à une douairière l'orthodoxie d'une thèse astronomique, allait provoquer une décision dont les conséquences secoueraient le monde chrétien.
l'on nommera plus tard «de Galilée». L'opticien hollandais Lipperhey en avait fait dès 1608 une description détaillée ayant servi à Galilée. - Voir Wohlwil, Galilei und sein Kampf, p. 224; - Dessauer, Der Fall Galilei, p. 30.
(11) De nombreux voyages dans la lune furent écrits à l'époque e.a. par Cyrano de Bergerac, Voyage dans la lune; - Kepler, Songe d'un voyage dans la lune, publié en 1634; - Koestler, p. 398.
(12) « Istoria e demostrazioni intorno alle macchie solari ... », Rome, Mascardi, 1613, Ed .. Naz., vol. V.
(13) De 1·evolutionibus orbium coelestium, Ire éd., Nuremberg, 1543·- Réimpressions, Bâle, 1566; Amsterdam, 1617. - Cf. Armitage, The world of Copernicus, p. 109.
(14) Cette théorie était déjà celle de Pythagore de Samos et Philolaus (cité par Copernic lui-même, chap. 7); - également d'Héraclite et Aristarque (Copernic, chap. 10); - Armitage, op. cit., pp. 28 et seq.; - également Nicole de Cuse (Uimmel, Galileo Galilei, pp. 18 et seq.) et Nicole Oresme (Koestler, 189).
(15) Cf. Armitage, pp. 113 et seq.
Voici comment. Au cours d'un dîner. officiel à la Cour de
Florence, la Grande Duchesse douairière, discutant les opinions de Copernic, avait mis en doute leur orthodoxie (16).
Galilée, à qui l'incident fut rapporté, se mit en tête de démontrer leur conformité aux enseignements de l'Eglise (17).
Il affirmait de plus la nécessité d'interpréter l'Ecriture Sainte à la lumière des hypothèses coperniciennes.
Une chose entraînant l'autre, Galilée bientôt en arrive à faire des observations en matière de théologie aux cardinaux et même jusqu'à la personne du Pape (18).
Puis, s'irritant de voir que l'on ne partageait pas ses opinions sur l'urgence d'une interprétation nouvelle, Galilée décida de se rendre à Rome pour convaincre le Pape luimême.
Une lettre d'un contemporain, Monseigneur Querengo au cardinal d'Este, décrit son activité dès son arrivée : «Nous avons ici M. Galilée qui dans des réunions d'esprits curieux les émerveille et les étourdit en soutenant comme véritable la théorie de Copernic ... Il lui arrive souvent de parler au milieu dt1 quinze ou vingt personnes... Il réussit d'extra~ ordinaires prouesses... Avant de réfuter les arguments de ses adversaires, il les développe et les renforce lui-même ... de sorte qu'en les démolissant ensuite il rend ses adveriSaires encore plus ridicules. >> (19).
C'est une excellente méthode pour triompher un instant et se faire des ennemis pour la vie (20).
Galilée avait-il la manière qui convenait pour convaincre le Pape ?
On peut en douter ! L'ambassadeur du Grand Duc de Toscane,
nous dit dans un rapport : « Le Pape actuel, détestant les arts libéraux et ces manières de penser, ne supporte pas toutes ces nouveautés et subtilités. » (21).
Il semble d'ailleurs que Galilée se montrait parfois quelque peu « casse-pieds>>. Car la lettre de l'ambassadeur Guicciardini poursuit : cc Il est véhément, et absolument pris et passionné pour cette cause, à tel point qu'il n'est pas possible, si vous êtes près de lui, de lui échapper».
N'obtenant pas audience, Galilée persuada le jeune cardinal Orsini, âgé de 22 ans, de plaider sa cause.
Le jeune Orsini ne réussit qu'à fâcher le Pape, qui décida sur-le-champ de consulter une commission d'experts théologiens (22).
Celle-ci déclara que l'hypothèse émise par Copernic était hérétique (23).
(16) Cf. Koestler, op. cit., p. 415, et la lettre du Père Castelli du 14 déc. 1613, décrivant la scène, Ed. Naz., vol. Xl, p. 6os.
(17) D'abord sous la forme d'un opuscule intitulé Lettre à Castelli, Ed. Naz., V, p. 281, l'année suivante, sous forme d'un ouvrage de ca. 40 pages, Lettre à la Grande-Duchesse Christine, Ed. Naz., V, p. 309; - cf. Koestler, pp. 416 et seq.
(18) Dans des lettres à Mgr Dini, qu'il demandait de communiquer au cardinal Bellarmin et si possible au Pape. - Koestler, pp. 427 et seq. (Lettres, Ed. Naz., V, 291-298-305; XII, 183; - cf. lettre Mgr Dini à Galilée, du 7 mars 1615, Ed. Naz., XII, p. 151; e.a. p. 162; 173·
(19) Lettre de Mgr Antonio Querengo au cardinal Alessandro d'Este, citée par Santillana, op. cit., p. 137, Ed. Naz., XII, p. 226.
(20) Dixit Koestler, p. 434· (21) Lettre de l'ambassadeur Piero Cuicciardini
à Cosimo II, Grand Duc de Toscane, Ed. Naz., XII, p. 242; en français dans Santillana, p. 142.
(22) Cf. Koestler, p. 436, et sur les arguments exposés au Pape, pp. 435 et 447· Ces arguments, basés sur l'existence des marées seront développés plus tard dans le <<Dialogue». - Voir Ed. Naz., VII, pp. 425 et seq.
(23) Texte de l'avis des théologiens, Ed. Naz., XIX, p. 321.
Mais un fait capital est à souligner : ~ cardinaux du Saint-Office, plus prudents, de· cidèrent de ne pas entériner la consultation.
L'ouvrage de Copernic fut simplement suspendu comme nécessitant quelques corrections (24). Quant à l'avis des théologiens, il restera dans les dossiers, et pendant dix-huit ans il sera ignoré du monde.
Pour éviter que cette première escarmouche avec l'Inquisition ne nuisît à la réputation de Galilée, les plus hauts dignitaires de l'Eglise avaient usé de leur influence.
Parmi eux, au premier rang, le prince Maffeo Barberini, cardinal humaniste, protecteur des arts, poète à ses heures et admirateur déclaré de Galilée (25) .
Quelques années plus tard, il monte sur le trône pontifical sous le nom d'Urbain VIII.
Une protection invulnérable semblait assurée à Galilée dans ses controverses avec les tenants de la science tirée d'Aristote. Ce serait pourtant cet élément qui entraînerait sa chute et son humiliation.
Au mois de juin 1632 la parution d'un ouvrage intitulé cc Dialogue des deux principaux systèmes du Monde, de Ptolémée et de Copernic», fit sensation (26).
Désireux de s'instruire, un homme interroge deux compères sur le mouvement des corps célestes. L'un est simplet et crédule : il se nomme Simplicio et défend les thèses d' Aristote et de Ptolémée.
L'autre, Salviati, est un brillant penseur : il défend les thèses de Copernic et ridiculise les justifications de Simplicio.
Soudain le livre est confisqué par ordre des inquisiteurs du Saint-Office : le Pape lui-même avait ordonné la constitution d'une commission spéciale d'enquête.
Que s'était-il passé ? A la fin de l'ouvrage, Simplicio, vingt fois
confondu po·ur sa sottise, développe un raisonnement inattendu. Il spécifie que c'est l'argument d'une personne très éminente et très docte, devant l'opinion de qui l'on doit se taire (27).
Or l'argument de Simplicio, dans un contexte qui le ridiculisait, était une théorie que le Pape lui-même avait exposée à Galilée.
Terminant son ouvrage par ce que l'on a nommé << un pied de nez au Pape », Galilée crut peut-être à une plaisanterie destinée à ridiculiser le suffisant ami Barberini.
Mais l'ami Barberini était dans l'entre-temps devenu le Pape Urbain VIII chez qui le respect de sa propre position et la raison d'Etat devaient décupler l'indignation.
Ce trait étonnant était caractéristique chez Galilée.
Entraîné par le feu de la polémique, il avait plus d'une fois déjà perdu le sens des proportions.
Certains hommes ne se contentent pas d'avoir raison. Il faut encore que ce soit pour les motifs qu'ils ont choisis eux-mêmes.
Les ennemis de Galilée sautèrent sur l'occasion pour alimenter la colère du Pape.
Il se révèla que l'imprimatur avait été littéralement extorqué à la censure romaine, par des manœuvres douteuses et qu'un accord préalable sur la forme de l'exposé avait été rompu (28).
Mais l'enquête amena également un verttable coup de théâtre, aussi éclatant qu'inattendu.
(24) Texte du décret de la Congrégation de l'Index, extrait en français dans Santillana, p. 150, dans Ed. Na.-z., XIX, p. 322.
(25) Il dédia même à Galilée un poème intitulé Adulatio perniciosa. - Texte du poème dans Santillana en traduction française, note 2, p. 440.
(26) << Dialogo ... », Florence, Landini, 1632, dans Ed. Naz., vol. VII.
(27) Dialogo >>, Ed. Naz., vol. VII, p. 488, 24. (28) Sur les manœuvres par lesquelles l'imprima
tur avait été obtenue, voir Koestler, p. 463; - Santillana, pp. 220-221.
L'avis des théologiens, oublié depuis dixhuit ans et qui déclarait hérétique de croire à l'immobilité du soleil, revint à la surface.
Mais il y avait plus grave encore : les inquisiteurs y joignaient le procès-verbal d'une injonction notifiée à la même époque à Galilée, par notaire et devant témoins (29).
Elle contenait une interdiction d'enseigner en aucune manière les théories de Copernic.
Le renvoi devant le tribunal devenait inévitable.
Le 12 avril 1632 Galilée comparaît pour la première fois devant les inquisiteurs dans le palais du Saint-Office.
Galilée ne dénie pas qu'une injonction lui eut été faite, mais déclare ne pas se souvenir du mot « enseigner » ni de la clause « en aucune manière » (30).
Depuis trois siècles les discussions autour de la notification du notaire se poursuivent, car seule une copie, non signée, nous est connue.
Une longue liste de citations, établie à l'intention des juges, révèle des passages où Galilée traite d'imbéciles ou d'idiots ceux qui n'admettent pas l'opinion de Copernic (31).
* ** Mais en secret, le procès prit une tournure
nouvelle. De curieuses tractations furent engagées en
tre Galilée et le commissaire général de l'Inquisition.
La correspondance de ce dernier a été retrouvée, dans les archives du cardinal Francesco Barberini, secrétaire du Saint-Office et neveu du Pape (32). ·
On .négocia une indulgence contre une confession.
Galilée fit les aveux convenus; il demande même par deux fois l'autorisation de prouver à ses lecteurs qu'il ne tient pas pour vraies les thèses condamnées (33).
Il promet, selon ses paroles, « de les réfuter de la manière la plus efficace possible, que la grâce de Dieu voudra bien lui inspirer».
Six semaines plus tard eut lieu le dernier interrogatoire prévu par la procédure.
Une menace verbale de torture précéda les questions (34).
Galilée répètera trois fois, sous serment, que depuis le décret de 1616 il ne croyait plus à la théorie de Copernic, mais tenait pour indiscutable l'opinion de Ptolémée.
(29) Comme tout tribunal, celui du Saint-Office tient au secret de ses archives. Mais le dossier Galilée est connu pour avoir été emporté en partie par Napoléon pendant l'occupation de Rome, en 18u, et copié pour le reste lors de la fuite du Pape, pendant la révolution italienne de 1848. - Le Vatican autorisa la publication par l'Epinois, puis le gouvernement italien patronna l'Edition Nationale par Favaro comprenant les pièces du procès.
Cf. Martin, Galilée, notes p. 395 et Bosman:s, La nouvelle édition des pièces, pp. 5 et 13.
Texte du procès-verbal du notaire en français dans Santillana, p. 325, avec fac~similé de la fin non signée, p. 329. - Sur l'état des controverses au sujet de la notification, cf. Koestler, note 10, p. 557·
(30) Extrait de l'interrogatoire en français dans Santillana, pp. 295 et seq.
Texte original de Ed. Naz., vol. XIX, pp. 336 et seq., et l'Epinois, Pièces du procès, ff. 413 et seq.
(31) Voir Santillana, pp. 307-308. Ed. Naz., pp. 349 et seq.
(32) Voir Santillana, p. 312. - Texte de la lettre découverte en 1833 du commissaire général Firenzuola au cardinal Francesco Barberini, Ed. Naz., xv, p. 106.
(33) Texte Santillana, p. 307; - Ed. Naz., p. 344· (34) Même les panégyristes de Galilée sont d'ac
cord sur le fait que ce fut une formalité . .- Santillana, p. 368 et not. 5, p. 451; - Martin, pp. 127 et seq.
1""'\,
C'était, ma foi, rin remarquable parjure ! (35).
Il aurait été facile d ),, le prouver, si toute la procédure ne s'étau''' transformée en une comédie quasi convenue d'avance.
Le lendemain, la sentence fut rendue. Sur les dix cardinaux au nom de qui elle
est prononcée, sept seulement la signèrent (36).
Galilée sera condamné à une peine de prison qui ne trouvera qu'une application théorique (37).
Pendant trois ans, il devra réciter, une fois par semaine, les psaumes de la pénitence.
Le procès Galilée était terminé (38). L'affaire Galilée allait commencer.
* ** Les premières conséquences furent classi
ques et banales. En Italie naquit un marché noir où les
savants, les moines et les prélats se disputèrent les exemplaires du dialogue, dont le prix centupla (39).
Ils voulaient savoir ce que contenait le livre condamné.
Mais la chute et l'humiliation d'un savant connu, favori d'un Pape en fonction, frappa l'imagination de l'Europe chrétienne et suscita des controverses sur la signification de l'événement.
Bientôt un sentiment de profonde inquiétude naquit.
L'Eglise désirait-elle imposer le texte de l'Ecriture Sainte comme une source de connaissance dont la science ne pouvait pas s' écarter?
L'enseignement traditionnel, fût-il anachronique, serait-il protégé par l'autorité, même s'il fallait frapper un savant illustre et renommé?
En France, Descartes, ayant appris la condamnation de Galilée, alla même jusqu'à brûler quelques écrits ( 40) .
Les savants crurent que l'indépendance dans l'étude et dans l'enseignement paraîtrait une atteinte à l'autorité de la Sainte Eglise.
Certains s'abriteront derrière d'hypocrites subterfuges ( 41) .
D'autres en viendront à conclure que la science et la foi sont inconciliables.
Ils proclameront que toute croyance est un défi lancé à la raison.
D'autres savants enfin finiront par se taire. Ainsi naîtra ce que l'écrivain catholique Da
niel-Rops nomma « La rébellion de l'intelligence» (42).
Puis le malentendu initial grandit et s'accrut. Le ton et l'argumentation des controverses, les insultes et les anathèmes empêcheront l'examen des· problèmes et des positions.
Le mur qui séparera les camps adverses deviendra bientôt infranchissable.
Les uns affirmaient que le principe de la liberté dans la recherche scientifique devait être absolu.
(35) Cf. une lettre de Galiilée à Diodati en 1629 (Ed. Naz., XIV, p. 49). « ... Je suis certain que ce sera une confirmation très complète du système de Copernic», 29 oct. 1629.
(36) Voir Santillana, p. 384. Martin, pp. 133 et seq.
(37) Koestler, p. 475· (38) Le dialogue fut mis à l'index. Decreta/es,
16 juin 1633; voir en français cette décision Santillana, p. 363.
(39) Voir Santillana, p. 404; le prix du volume, à l'origine un demi-écu, s'éleva jusqu'à 40 ou 6o écus.
( 40) L. Petit de J ulleville, Histoire de la littérature française, Paris, 1897, IV, p. 472; - Santillana, p. 394·
(41) D'escarres inventa l'étonnante théorie d'un «vortex>>. La terre est entourée par un tourbillon d'air. L'ensemble tourne mais la terre restait immobile par rapport à ce vortex. - Armitage, p. 151.
(42) Daniel-Rops: titre du chapitre de l'« Ere des grands craquements» traitant e.a. de l'affaire Galilée.
8
Les autres répliquaient que l'obéissance aux dogmes était le premier devoir de tout chrétien.
Plus personne ne se préoccupa de savoir si les principes et les dogmes étaient réellement mis en cause par la condamnation de Galilée.
Pourtant un examen attentif et dépouillé de toute passion eût permis de constater qu'en ordonnant une enquête contre Galilée, ni le Pape ni son entourage n'envisageait la condamnation d'une hérésie.
Le principe des thèses de Copernic n'était même pas en cause; on désirait seulement quelque mesure vigoureuse pour réprimer ce que l'on jugeait présomption dangereuse et insulte à la dignité du chef de l'Etat.
Mais une fois l'enquête lancée, les charges contre Galilée avaient fait boule de neige et un accident avait fait dévier le procès de son but initial.
Sous la pression des événements politiques de l'époque, confrontés avec des nouveautés dont le caractère insolite les troublait, hantés par la nostalgie de l'unité du moyen âge, les juges de Galilée crurent à la nécessité de le condamner.
Plusieurs cardinaux pourtant désapprouvaient ce procès qu'ils considéraient comme une aventure dangereuse ( 43) .
Mais la crainte de diminuer la réputation du tribunal et de compromettre l'autorité des inquisiteurs avait prévalu contre le désir d'arrêter des poursuites mal engagées.
L'histoire contemporaine, et l'histoire de France en particulier, connaissent quelques autres procès qui n'auraient jamais été entamés si l'on avait pu en prévoir l'aboutissement.
Ah ! certes, il eut fallu ;plus d'hommes courageux pour exiger que l'on examinât quel était dans le procès Galilée, le problème réel.
Mais lorsque le cri d'hérésie retentit dans le siècle, la crainte d'être soupçonnés à leur tour rend timorés les courageux et silencieux les timides.
Dans de pareilles circonstances les erreurs de jugement seront toujours fréquentes.
Et nous en souffrirons tous, car les erreurs des tribunaux constituent des injustices !
* ** Ainsi une première conclusion se dégage de
ce procès. Le tribunal du Saint-Office, pour éteindre
un conflit limité, avait employé une force de frappe disproportionnée à son objet.
Il provoqua ainsi des réactions en chaîne, dont les effets s'étendront pendant plusieurs siècles encore.
Devant un problème insolite, dans un climat d'insécurité, les hommes sont toujours tentés d'éliminer toute contradiction.
Mais, lorsque la signification d'un procès continue à inquiéter les hommes au-delà des frontières et en dehors du temps, c'est qu'il renferme quelque élément, ... lui conférant une résonance toujours actuelle.
Le climat politique et moral de l'Europe rappelle étrangement celui de la guerre de Trente Ans.
Après des retournements d'alliances, après une alternance de victoires et de défaites, la fin des combats n'apporte pas la paix.
Des empires puissants se sont écroulés et morcelés; les ennemis d'hier sont les partenaires d'aujourd'hui; les négociations les plus étonnantes ont mené aux coalitions les plus inattendues.
Comme au XVIIe siècle le hasard capricieux
(43) Cf. sur l'attitude des cardinaux Maffeo Barberini et Caetani, lors de l'enquête de 1615, lettre. de Buonamici, Ed. Naz., XV, 111; - Santillana, note 7, p. 436; - Sur l'attitude du cardinal Bentivoglio, lettre Niccolini, Ed. Naz., XV, p. 94; - Santillana, p. 353·
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des combats divisa l'Allemagne par une frontière absurde, mais dont l'existence constitue un fait.
Comme au temps de la Réforme, à l'Est des peuples disparates et désunis sont rassemblés, par la persuasion ou par la force, sous la bannière de chefs politiques affirmant détenir la voie nouvelle pour le salut des hommes.
La politique de l'Europe et même du monde occidental tout entier paraît s'inspirer d'un renferme quelque élément lui co'll!férant une d'avant 1939, ou même d'avant 1914 ~t d'éviter ensuite les erreurs commises.
Et l'incertitude sur le bien-fondé de cette politique favorise une tendance nouvelle à recourir aux affirmations de principe.
Comme dans l'affaire Galilée, l'acharnement et la passion des débats contribuent à masquer ou déformer les problèmes réels.
Ceux qui voudraient que l'on examine si les grands principes - démocratie - liberté -justice - sont véritablement en cause dans toutes les querelles font figure d'hérétiques.
Pourtant l'apôtre Paul dit dans l'épître aux Corinthiens : « 0 portet haereses esse >> - il est utile qu'il y ait des hérétiques (I, Cor. XI, 9).
Et n'est-il pas vrai que maintes fois, c'est le choc provoqué par leurs opinions qui révèla aux orthodoxes les perspectives nouvelles d'un problème devant lequel les formules traditionnelles s'avéraient insuffisantes.
Mais l'enseignement le plus actuel du procès Galilée c'est celui-ci :
A certains moments de l'histoire, il est dangereux de s'obstiner à défendre sans les vérifier toutes les affirmations transmises par la tradition.
Des conceptions étroitement nationalistes et même régionalistes continuent à prévaloir dans notre Europe rétrécie.
Partout l'on crie que pour construire l'Europe Unie certains veulent modifier trop et trop tôt.
Pourtant le cours de l'histoire démontre que les civilisations meùrent et que les révoltes naissent lorsque l'effort d'adaptation aux réalités nouvelles se fait trop peu et trop tard.
Aussi, la nécessité de revoir certaines de nos opinions devrait être acceptée comme un réflexe de prudence, plutôt que rejetée comme une marque d'audace inopportune.
* ** A l'époque de la Renaissance, l'effondre
ment des certitudes anciennes constitua une des plus profondes- sources de trouble et de déséquilibre.
Puis le siècle des philosophes avait divinisé le Progrès et la Raison.
Ce mythe encore puissant au siècle dernier semble avoir perdu aujourd'hui de son éclat prestigieux ( 44) .
Mais certaines de nos opinions actuelles ne se maintiennent à leur tour que par la nostalgie du passé.
Sur le plan politique, les exigences soudaines des peuples d'Afrique et d'Asie bouleversent nos conceptions de l'équilibre du monde.
Prenant conscience de leur force d'expansion, les peuples colonisés sont poussés à la revendication avec toute l'impatience et l'injustice des adolescents qui réclament leur droit de vivre.
Si quelques-uns continuent à proclamer une vocation naturelle de la race blanche à répandre la civilisation dans le monde, l'ardeur de leurs cris ca-che mal l'accent du désespoir.
Sur le plan de la science, des expériences troublantes bouleversent les conceptions traditionnelles.
(44) Cf. le chapitre «Le renouveau idéaliste spiritualiste», dans Histoire Générale des Civilisations, tome VI, pp. 481 et seq.
Par exemple : le professeur Petrucci fertilisa en laboratoire un ovule humain. Il garda en vie pendant vingt-:neuf jours, un organisme dont le développement à terme, constituerait un être humain ( 45) .
Le Père Teilhard de Chardin, il y a quelques années déjà, disait :
« Que la chose nous plaise ou non, comprenons donc enfin que rien, absolument rien, n'empêchera jamais l'homme d'aller en toutes directions, et plus spécialement en matière de biologie, jusqu'à l'extrême bout de ses puissances de recherche et d'invention. » ( 46) .
Des perspectives redoutables se découvrent. Aux confins de la politique et de la science
d'autres problèmes, démesurés, nous attendent. L'avenir des hommes ne se réalisera plus
seulement sur la terre. Gagarine et Sheppard ont fait irruption dans
les espaces infinis, dont le silence éternel effrayait Pascal ( 4 7) •
Le vacarme de leurs fusées se répercute encore dans le monde
A peine commençons-nous à entrevoir la portée de !'·expérience que déjà la passion d'une compétition interplanétaire empêche l'examen objectif des questions qui surgissent.
Sur le plan de la morale enfin, la puissance monstrueuse des armes nucléaires confère à certaines objections de conscience un accent nouveau.
Un savant peut-il, ou doit-il, refuser son concours à des recherches visant à la destruction collective d'une partie de l'humanité ?
Après d'étranges débats, un des chercheurs atomistes les plus en vue, le professeur Oppenheimer, fut démis de ses fonctions parce que ses opinions personnelles sur la responsabilité morale du savant paraissaient hérétiques dans le cadre de la politique de son pays.
Et que dirions-nous si quelqu'un déclarait aujourd'hui : « Si je savais quelque chose utile à ma patrie, et qui fût préjudiciable à l'Europe, ou bien qui fût utile à l'Europe et préjudiciable au genre humain, je la regarderais comme un crime. »
Ce n'était pourtant pas un esprit subversif qui tenait ce propos; c'était Montesquieu ! (Pensées, 11. 741.492) (48).
* ** Aujourd'hui le développement de la science
a transformé la mégalomanie de certains hommes •en une menace mortelle pour l'Europe et pour le monde tout entier.
Pour pouvoir affronter ce danger, il faudra mettre les institutions et les doctrines en concordance- avec les nécessités de notre temps.
Nous n'échapperons pas indéfiniment aux problèmes qui assaillent l'Europe, en répétant qu'il est trop tôt pour réformer.
L'Empire romain lorsqu'il s'effondra et se morcela, était doté d'institutions juridiques et administratives que l'on ne voulait pas réformer, pour ne pas troubler leur perfection.
Déjà, devant leur inefficacité grandissante, les généraux de la fin de l'empire s'en moquaient, puisque, quand ils le désiraient, c'étaient leurs légionnaires qui faisaient la loi.
Le recours à l'argument d'autorité, à la répression, peut pendant quelque temps masquer les symptômes d'une décadence, mais ne peut jamais remédier aux causes profondes.
* ** Soutenir que tout changement soit nécessai
rement un progrès, expose à se tromper souvent.
Mais affirmer que l'ordre établi repose tou-
(45) Petrucci, voir l'Express, 26 janv. 196I. (46) Teilhard de Chardin, cité dans Jean Rostand,
Science fausse, et fausses sciences, p. 134. (47) Pascal, Pensées, III, 206. (48) Montesquieu, éd. Pléiade, p. 98J.
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jours sur des idées vraies, intangibles, éte.~:nelles, n'assure pas non plus un monopole de la vérité.
S'abstenir de crier à l'hérésie -devant une solution qui nous étonne, telle est la première condition pour faire face aux nombreux problèmes de l'heure.
Mais il en est une autre. Il nous faut regarder l'avenir avec un esprit
ouvert, afin de voir le monde tel qu'il est et les hommes tels qu'ils sont.
Si nous pouvons les comprendre dans leur réalité objective et non à la lumière déformante de nos espoirs et de nos passions, alors, au-delà des mythes consolateurs, des idéologies claironnantes, du pessimisme défaitiste, nous pourrons apprendre à les accepter et les aimer.
Alors, nous pourrons vivre et chanter et chercher ensemble le chemin vers un monde meilleur.
José GUNZBURG.
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LA VIE DU DROIT
Dividendes décrétés après le décès de l'usufruitier
Le ministère des Finances, la Cour d'appel de Bruxelles (1) et la Cour de cassation considèrent, tantôt que le dividende appartient au plein propriétaire et tantôt qu'il appartient aux héritiers de l'usufruitier.
A. - Première décision.
Le 3 janvier 1957, la Cour de cassation a dit que la créance de dividende naît dans le patrimoine de l'associé par le vote de l'Assemblée générale (2).
Appliquée à l'usufruitier de la part sociale cette décision est exacte.
Bien qu'elle ait été combattue par M. Maurice Donnay (3), cette opinion reste celle de la doctrine ( 4) .
En effet, sur les dix auteurs cités par l'auteur. huit ignorent la difficulté ou se prononcent catégoriquement en faveur de l'opinion dominante (5).
B. - Seconde décision.
Le 1er décembre 1960~ .la Cour de ca.c:'" ~ion a dit : 1) que la décision de l'Assemblée g~., .. 1érale
(1) A. - Brux., 13 févr. 1952, Rev. prat. not., 1952, p. 127 et 1954, p. 18; - 9 janv. 1951, Rev. prat. not., 1954, p. 224; - 9 mars 1954, Revue, p. 228.
B. - Brux., 28 oct, 1958, Rec. gén., 1960, n° 20271.
(2) Cass., 3 janv. 1957, J. T., p. 182, 2e col. tn
fine; Journ. prat. de dr. fisc., p. 177. Il ne faut pas confondre cet arrêt rendu en matière
d'impôt exceptionnel avec l'arrêt du 28 mars 1957 (Rec. gén., 1957, n° 19833), rendu en matière de rémunération cl 'administrateur.
(3) Maurice Donnay, Rec. gén., 1961, n° 20336, p. 236; 1954, n° 19297, p. 13; 1948, n° 18370, p. 308; Commentaire, n°s 649 et 648.
(4) Décisions du Comité d'études et de législation de la Fédération des Notaires des 18 février 1961 inédite et 18 mars 1957, Travaux, 1960, l, p. 61.
Polet, Ann. not., 1942, p. 88; - Le Hon, Rev. prat. not., 1943, p. 65; - Moureaux, Ann., 1943, p. 190; - Deckers, Rev. prat., 1943, p. 433; -avocat général Ganshof van der Mersch, Rec. gén., 1957, no 19833, pp. 268 et 269; - Baugniet, Travaux du Comité d'étude, 1960, p. 58, qui cite Kerremans-Maes, Het verklarend wetboek, 1956, n° 95; - Michel Hanotiau, Rev. prat. not., 1961, p. 297; - Van Ryn, Droit commercial, I, n° 781; - Van Bastelaer, Journ. prat. de dr. fisc., 1952, p. 290; Louis Mahieu, Rev. prat. soc., 1922, n° 2434; -Devisscher, Pacte de Préférence, p. 194, 4e al.; -Van de Vorst, Travaux du Comité d'études, 1944, II, p. 354; - Harmel, Travaux du C.E. L., 1942, p. 122; - Genin, Commentaire, n° 1190, p. 428, 3e al.; - De Page, t. VI, nos 272 et 284; - Galopin et Wille, Les biens, n° 166; - Planiol et Ripert, t. III, n° 791 et t. VIII, n° 418; «Commentaire de l'arrêtiste», Journ. prat. de dr. fisc., 1957, p. 180; - Donnay, Commentaire, t. rer, n° 634, p. 379.
(5) Laurent, VI, n° 402; - Thiry, I, n° 733; -Huc, IV, n° 181; - Josserand, I, n°s 1405 et 1898; - Planiol et Ripert, III, n° 777; -Galopin et Wille, Les biens, n° 142, n'abordent pas la difficulté.
Mais Planiol et Ripert (t. III) sous le n° 791, et Galopin et Wille sous le n° 166 se prononcent catégoriquement en faveur de l'opinion dominante.
L'enseignement de De Page est clair et précis. Les bénéfices d'une industrie privée sont des fruits civils (t. VI, n° 271), mais les bénéfices sociaux ne deviennent des fruits que lorsque l'assemblée générale en a décidé la répartition.
L'arrêt de la Cour de cassation de France du 5 février 1890 (Rev. prat. soc., 1922, n° 2437 et D. P., 1890, 1, p. 360) consacre l'opinion de la doctrine.
ne r.onfère à l'associé aucun droit qu'il ne possédait déjà (6);
2) que le droit de prendre part à la répartition , de dividendes existait dans le chef et au profit des actionnaires, et donc aussi de l'usufruitier (7).
Cette opinion était déj;à condamnée il y a cent quatorze ans (8) et le commentaire de l'article 13 du Code des droits d'enregistrement affirme qu'elle ne peut plus être suivie aujourd'hui (9).
Observations.
1) Le droit de l'actionnaire résulte du contrat de société, et il est exact que la décision de l'assemblée générale n'augmente pas la fortune du plein propriétaire de la part sociale. En effet, si cette décision intervient le patrimoine du plein propriétaire s'accroît de ce qui lui est distribué comme revenu, et si elle n'intervient pas, la valeur de sa part sociale s'accroît de l'excédent d'actif non distribué.
2) Mais il n'en est plus de même lo!rSQue le droit sur la part sociale est divisé en un droit au capital et un droit aux revenus.
L'usufruitier n'a droit qu'aux fruits et le vote de l'assemblée crée dans son patrimoine un droit qui n'existait pas et qui n'aurait jamais existé si ce vote n'était pas in"te!venu.
En effet, lorsque cette décision n'intervient pas, les bénéfices accroissent la valeur de la part sociale, le ca[)ital du nu-propriétaire s~enrichit de cette plus-value et l'usufruitier n'y a aucun droit ( 10).
Par contre. lorsque l'assemblée générale décide la distribution d.'un dividende, le droit de l'usufruitier preilld naissance, et celui du nu-propriétaire expire (11).
3) Lorsque l'usufruit s'est réuni à la nuepropriété dans le chef du plein propriétaire, on ne peut plus dire que le droit au dividende existe dans le chef de1 l'actionnaire et «donc aussi dans celui de l'usufruitier».
Il faut au contraire, dire que le droit au dividende existe dans le patrimoine du !Plein
(6) L'arrêt du 3 janvier 1957, et celui du Ier décembre 1960 sont en complète contradiction.
Ils ont une portée générale, ils s'appliquent en matière civile comme en matière fiscale, en matière de contributions comme en matière de droits de succession.
(7) Cass., 1er déc. 1960, Rec. gén., 1961, n° 20336, p. 233; Rev. prat. soc., 1961, p. 157; Journ. prat. de dr. fisc., 1961, p. 196.
(8) Louis Mahieu, Rev. prat. soc., 1922, n° 2434, p. 124; - Paris, 27 avril 1827, Sir., p. 739, col. 2, du 27 avril I 827.
(9) Harmel, Travaux du Comité d'études, 1942, p. 122; - Genin, Commentaz"re, no 1190, p. 428, 3e al.
(Io) Nast, D. P., 1929, 2, p. 130, col. 2 in fine et col. 1; - Cass. fr., 5 févr. 1890, Rev. prat. soc., 1922, n° 2437, p. 136; D. P., 1890, 1, p. 300, et la note; «Commentaire)), Rec: gén., 1932, no 17147• p. 376; - Brux., 29 mai 1885, Rev. prat. soc., 1922, n° 2435, p. 126; - Civ. Seine, 28 mars 1930, Rev. prat. not., 1932, p. 184; - Brux., 13 févr. 1952, Rev. prat. not., p. 126, 6e et ge al.; - Planiol et Ripert, VIII, n° 418, p. 457; - Julien Nemery, Rev. prat. not., 1946, p. 324, n° 9.
Il est admis que l'usufruitier n'a aucun droit sur la plus-value de la part sociale résultant de l'affectation des bénéfices sociaux à la réserve. Réf. citées dans notre note 1937, p. 142, nos 16 et 16bis.
(11) Cass. fr., 5 févr. 1890, Rev. prat. soc., 1922, n° 2437, p. 136.
5
propriétaire et qu'il n'existe donc pas dans le patrimoine des héritiers de l'usufruitier.
4) Le dividende ne peut pas être entré dans le patrimoine de l'usufruitier, alors qu'il n'existait pas encore ·et on ne peut plus l'y faire entrer après le décès, parce que le droit de toucher les fruits, s'éteint par la mort de l'usufruitier (12).
C. - Troisième décision.
Le 9 mars 1961, la Cour qe cassation a dit . que les dividendes participent à la nature des fruits civils et sont réputés s'acquérir Jour par jour (13).
Observations. 1) L'excédent de l'actif sur le passif so
cial ne peut pas être un fruit c:ilvil réputé s'acquérir jour par jour, parce que tant qu'il n'a pas été détaché du capital, il n'est pas un fruit. Seul est un fruit, la partie des bénéfices dont l'assemblée générale décide la répartition (14). Les bénéfices affectés 'à la réserve ne sont pas des revenus capitalisés, mais des excédents d'avoir qui n'ont pas été aménagés en revenus (15).
2) L'usufruitier ne peut pas avoir acquis à la fin de chacune des journées de l'exercice social le profit réalisé par la société au cours de cette journée, parce que les bénéfices sociaux ne sont pas ses revenus ( 17) .
L'affectation des bénéfices sociaux à la réserve n'est pas la capitalisation des revenus de l'usufruitier et c'est d'ailleurs pour cette raison que les actions nouvelles créées par imputation sur la réserve n'existent pas dans sa succession (18). D.- Objection.
La Cour n'a pas dit que les bénéfices sociaux affectés ·à la rése!lve étaient des fruits qui avaient été aaquis par l'uSU:fruitier de la part socia1e.
Elle a voulu dire ceci : Le vote de l'assemblée générale qui décrète la distribution d'un dirvidende confère rétroactivement aux bénéfices sociaux le caractère de fruits ciJvils
(12) Rev. prat., 1943, p. 68; C. civ., art. 617. (13) Cass., 9 mars 1961, Rec. gén., n° 20337, p.
237; Rev. prat. not., 1961, p. 265; J. T., 1961, p. 500. (14) La société n'est que capital. Dans son patri
moine les bénéfices sont un accroissement du capital investi. Autorités cit. dans nos notes, Rev. prat. not., 1943, pp. 67 et 68, réf. nos 6, 7 et 8 et 1937, p. 742, réf. 16 et 16bis.
Liège, 30 mai 1924, Rev. prat. not., 1925, p. 457, confirmant Civ. Namur, 28 mai 1923, Rev. prat. not., 1924, p. 470; - Gand, 8 févr. 1930, Rec. gén., 1932, no 17147, p. 375; -Gand, 10 avril 1929, Rev. prat. not., 1930, p. 649, et Rec. gén., 1930, n° 16839, p. 250, 6e al.; - Louis Mahieu, Rev. prat. soc., 1922, fl
0 2434, pp. n8, 116 et 117; - Planiol et Ripert, VIII, n° 418, p. 457, 3e al.; - De Page, VI, n° 284; - Nast, D. P., 1929, 2, p. 129, col. 2.
(15) Louis Mahieu, Rev. prat. soc., 1922, n° 2434, pp. 117, 118, II9, 120, dern. al., et 120 et 122, 4e al.; - Mast, D. P., 1929, 2, p. 130, col. 2, dern. al. et les réf. citées; - Devisschere, Pacte de préférence, p. 194, 4e al.; - De Page, VI, n° 272; -Schicks, Rev. prat. not., 1921, p. 34; - Planiol et Ripert, III, n° 791.
(16) Louis Mahieu, loc. cit., p. II9. (17) Nast D. P., 1929, p. 130, col. 1 et 2 in fine;
- Louis Mahieu, Rev. prat. soc., 1922, n° 2434, pp. II5 in fine, 116 et 127, dern. al.; - De Page, VI, n° 284, aut. cit.; - Julien Nemery, Rev. prat. not., 1946, p. 324, no 9; - Maurice Donnay, Commentaire, I, n° 634. p. 379; - Ca:ss. fr., 5 févr. 1890, Rev. prat. soc., 1922, p. 136; - Brux., 29 mai 1885, Rev. prat. soc., 1922, p. 130, in fine; - Gand, 10 avril 1929, Rec. gén., 1930, n° 16839, p. 250, 6e al. et Rev. prat. not., 1930, p. 649.
(18) Maurice Donnay, Rec. gén., 1941, n° 18223, p. 320, 2e al.; - Devisschere, Pacte de préférence, p. 194, 4e al.; - Mahieu, Rev. prat. soc., 1922, p. 112; - Schicks, Rev. prat. not., 1921, p. 33; -Julien Nemery, Rev. prat. not., 1946, p. 324, n° 9 et p. 326, no II; - Liège, 30 mai 1924, Rev. prat. not., 1925, p. 455; - Gand, 10 avril 1929, Rev. prat. not., 1930, p. 640.
6
que l'usufruitier est censé avoir acquis jour par jour.
Réponse. Alors même qu'elle est ainsi poétisée, cette
opinion n'est pas encore exacte.
Exemple : La société a, durant les exercices 1957.
1958 et 195·9, réalisé des bénéfices qu'elle a affectés 1à la réserve.
Durant l'exercice 1960, elle n'a pas réalisé de bénéfices. Et le 15 wril 1961, l'assemblée générale a décidé la répartition d'un dividende.
(19) «Le dividende revient à celui qui possède le coupon au moment ou la distribution est décidée » (procureur général Ganshof van der Meersch, Rec. gén., 1957, n° 19833, p. 269; - V'lm Bastelaar, loc. cit., p. 291).
Dans la thèse adr.nise par la Cour de cassation, l'usufruitier aurait acquis jour par jour : soit une partie du capital, ce qui est impossiJble, soit une part de bénéfice, alors qu'il n'existe pas de bénéfices, ce qui n'est pas raisonnable.
E.- Résumé. Les bénéfices sociaux appartiennent à
celui qui possède l'usufruit au moment où ils acquièrent le caractère de fruit.
Or, au moment où . cet excédent d'avoir est détaché du capital, l'usufruit réuni à la nue-propriété appartient au plein propriétaire.
Les dividendes décrétés après le décès de l'usufruitier appartiennent au plein propriétaire; ils n'appartiennent donc pas aux héritiers de l'usufruitier.
A. LE HON.
JURISPRUDENCE Cass. (Ire ch.), 16 juin 1961.
Prés. : M. V ANDERMERSCH, prés. Rapp.: M. DELAHAYE, cons. Min. publ.: M. HAYOIT DE TERMrcouRT, proc. gén. Plaid. : MMes SIMONT et DEMEUR.
(Everaerts c. Thiriaux et cons.)
ROULAGE.- Vitesse.- Changement des feux de route en feux de croisement. -Obligation de réduire la vitesse pour l'adapter au champ de visibilité offert par ces feux de croisement.
Il résulte de l'article 26-1 du Code de la route que le conducteur d'll.n véhicule automobile circulant la nuit sur une voie publique non efficacement éclairée, doit adapter sa vitesse à son champ de visibilité de manière à pouvoir s'arrêter devant un obstacle prévisible apparaissant dans les limites de la zone éclairée par ses feux.
Dès lors, le conducteur circulant à une vitesse adaptée au champ de visibilité offert par ses feux de route, doit, lorsqu'il change ceux-ci en feux de croisement conformément à l'article 43-3, réduire sa vitesse pour l'adapter au champ de visibilité offert par les feux de coisement.
Vu l'arrêt attaqué, rendu le 13 juin 19159 par la Cour d'appel de Bruxelles;
Sur les premier et deuxième moyens réunis, pris, le premier, de la violation de l'article 26, spécialement 26-1, alinéa 2, de l'arrêté royal du 8 avril 1954 portant règlement général sur la police de la circulation routière en ce que, pour déclarer l'action de la demanderesse non fondée, l'arrêt attaqué se fonde sur la considération que le second défendeur n'a commis aucune faute, la victime ayant constitué à son égard un obstacle imprévisible, au motif que la vitesse à laquelle roulait Thiriaux « sur une route comportant trois bandes de circulation et destinée objectivement à une circulation dense et rapide, ne peut être considérée comme excessive, lorsque, comme en l'espèce, le temps était clair et qu'aucune circonstance spéciale, tels le brouillard ou l'humidité, n'empêchait le conducteur d'apercevoir à une distance de 100 mètres les feux arrières rouges des véhicules qui le précédaient>>; alors que le caractère prévisible ou imprévisible d'un obstacle, au sens de la disposition légale précitée, ne peut être déterminé d'après la vitesse que l'auteur de l'accident a imprimée à sa voiture, d'où il suit que le juge en a méconnu la
portée en déduisant le caractère imprévisible de l'obstacle constitué par la victime de la circonstance que la vitesse développée par Thiriaux ne paraissait pas excessive;
le deuxième, de la violation de l'article 26, spécialement 26-1, alinéa 1er, de l'arrêté royal du 8 avril 195,4 portant règlement général sur la police de la circulation routière, en ce que pour déclarer l'action de la demanderesse non fondée, l'arrêt attaqué se fonde sur la considération que le second défendeur n'a commis aucune faute, la victime ayant constitué à son égard un obstacle imprévisible, ail motif que « d'après l'article 43-3 du Code de la route le second défendeur pouvait rou' avec ses feux de croisement puisqu'L ,roisait précisément un autre véhicule et que l'on ne peut exiger d'un usager qui est tenu, la nuit, de changer constamment ses feux de route en feux de croisement, qu'il réduise chaque fois sa vitesse proportionnellement à la profondeur de la zone éclairée par ses feux de croisement, tandis qu'en fait le champ de visibilité est beaucoup plus vaste quand on se trouve en face d'un obstacle convenablement éclairé», alors que la disposition légale précitée oblige le conducteur « à régler sa vitesse dans la mesure requise par le champ de visibilité»; d'où il suit que le juge a méconnu la portée de cette disposition en décidant qu'on ne peut exiger d'un usager qu'il réduise sa vitesse en proportion de la profondeur de la zone éclairée par les feux de croisement :
Attendu, d'une part, qu'aux termes de l'article 26-1 de l'arrêté royal du 8 avril 1'954, « tout conducteur doit régler sa vitesse dans la mesure requise par ... le champ de visibilité... pour qu'elle ne puisse ni être une cause d'accident ni constituer une gêne pour la circulation », puisqu'il doit « en toute circonstance pouvoir s'arrêter devant un obstacle prévisible » ;
Attendu qu'il résulte de cette disposition que le conducteur d'un véhicule automobile qui, comme en l'espèce, circule, la nuit, sur une voie publique non efficacement éclairée, doit adapter sa vitesse à son champ de visibilité de manière à pouvoir s'arrêter devant un obstacle prévisible apparaissant dans les limites de la zone éclairée par ses feux;
Qu'il s'ensuit que le conducteur, circulant à une vitesse a~aptée au champ de visibilité qu'offrent /ses feux de route, doit, lorsqu'il change ceux-ci en feux de croisement conformément à l'arti-
cie 43-3 dudit arrêté, réduire sa vitesse pour l'adapter au champ de visibilité qu'offrent les feux de croisement;
Attendu, d'autre part, que l'arrêt dé-. duit le caractère imprévisible de l'obstacle constitué par la victime non point de la seule circonstance que la bicyclette de celle-ci n'était pas munie des feux réglementaires, mais aussi de ce que la vitesse de 70 à 80 km par heure du véhicule du second défendeur n'était pas excessive pour un véhicule éclairé par des feux de route;
Que les deux moyens sont donc fondés;
Par ces motifs :
LA CouR, Casse l'arrêt attaqué, sauf en tant qu'il
décide que l'auteur de la demanderesse a commis une faute ...
Cass. (Jre ch.), 9 juin 1961. Rapp. : M. BELPAIRE, cons. Min. publ.: M. DuMoN, av. gén.
(Etat belge, Ministre des Finances c. · O. N. S. S. et cons.)
HYPOTHEQUE LEGALE. - Inscription ultérieure d'hypothèque. - Créance de l'O. N. S. S. - Privilège général sur les meubles. -Rang.
Si l'hypothèque légale ne préjudicie pas aux privilèges et hypothèques antérieurs, il ne s'en déduit point que les privilèges et hypothèques antérieurs sont les seuls droits qui l'emportent sur l'hypothèque inscrite du Trésor.
En effet, un créancier ne peut plus prendre utilement inscription de son hypothèque sur le bien de son dêbiteur notamment après qu'un commandement préalable ou un exploit de saisie a été transcrit à la requête d'un créancier qui, n'ayant ni privilège sur l'immeuble, ni hypothèque, a mis ainsi son droit en œuvre en poursuivant son débiteur sur ce bien.
Il est à cet égard, sans intérêt que cette hypothèque soit légale ou conventionnelle dès lors qu'elle est soumise à la règle de publici.té prescrite par la loi du 16 décembre 1851.
La créance de l'O. N. S. S., donnant à celui-ci un privilège général sur les meubles en vertu de l'article 12bis inséré dans l'arrêté-loi du 28 décembre 1944 par l'article 3 de l'arrêté-loi du 6 septembre 1946, privilège qui prend rang sous le numéro 4°quinquies, de l'article 19 de la loi du 16 décembre 18'51, la décision qui lui attribue le solde disponible du prix de vente, est légalement justifiée.
Ouï M. le conseiller Belpaire en son rapport et sur les conclusions de M. Dumon, avocat général;
Vu l'arrêt attaqué, rendu le 2·3 décembre 1959 par la ~Cour d'appel de Bruxelles;
Sur le moyen pris de la violation des articles 72 et 73 des lois relatives aux impôts sur les revenus, coordonnées par l'arrêté du Régent du 15 janvier 1948, tels que l'article 72 a été modifié par les articles 2 de la loi du 24 décembre 1948 et 1er de celle du 27 décembre 19,50 et l'article 73 par l'article 2 de cette dernière loi, 12, 13, 19-4°quinquies, 19, alinéa dernier, et 41 de la loi du 16 décembre 1851 sur les privilèges et hypothèques, tel que ledit article 19-4°quinquies procède de l'article 12bis inséré dans l'arrêté-loi du 28 décembre 1944 par l'article 3 de l'arrêté-loi du 6 septembre 1946 et 27 de la loi du 15 août 1854 sur l'expropriation forcée;
En ce que, après avoir déclaré qu'il résulte des travaux préparatoires de la loi du 2·7 décembre 1950 que désormais l'hypothèque légale de l'Etat ne prendra rang
qu'à partir de son inscription conformément au droit commun en matière hypothécaire et est, par conséquent, soumise aux règles du droit commun en ce qui concerne les effets de la publicité imposée, décide, à tort, que le premier défendeur, l'Office national de sécùrité sociale, a rendu ses droits opposables aux tiers, et partant au demandeur, par la transcription en date du 12 mai 1954, d'un commandement du 5 mai 19154, préalable à la saisie immobilière, au motif qu'il a acquis de ce fait des droits sur les immeubles dont s'agit, et les a rendus publics, de sorte que les inscriptions prises par le demandeur les 25 août et 30 novembre 1954 n'étaient pas opposables au premier défendeur;
Alors que la transcription d'un commandement ou d'une saisie n'a pour effet que de limiter les droits du débiteur ( violation de l'article 27 précité), mais n'attribue au créancier poursuivant aucun droit sur l'immeuble ni davantage un droit de préférence sur le prix et ne lui accorde que la possibilité de poursuivre la vente, alors que, d'autre part, avant la vente, l'hypothèque légale du Trésor, valablement inscrite, était le seul droit immobilier grevant les immeubles, de sorte qu'il y avait lieu de tenir compte de ce droit et que seul le demandeur avait droit au prix des biens vendus à concurrence de sa créance contre le troisième défendeur (violation des articles 72! et 73 précités);
Attendu qu'il résulte des constatations de l'arrêt et des pièces auxquelles la Cour peut avoir égard que l'expropriation forcée des biens de Nuytkens, troisième défendeur, a été poursuivie à la requête de l'Office national de sécurité sociale, premier défendeur, et que ces biens ont été vendus en 1955; qu'aux fins de cette expropriation le premier défendeur a fait transcrire le commandement préalable dans les registres du conservateur des hypothèques, le 12 mai 1954, et le 9 novembre suivant, l'exploit de saisie; que le demandeur a fait inscrire respectivement les 25 août et 24 novembre 1954 sur lesdits biens, l'hypothèque légale que lui accorde l'article 72 des lois coordonnées relatives aux impôts sur les revenus; qu'en conséquence le demandeur et le premier défendeur concourent à la répartition du solde du prix de vente restant disponible après règlement de la créance du deuxième défendeur;
Attendu que, en disposant que l'hypothèque légale ne prend rang qu'à partir de son inscription, l'article 72, § 2, des lois coordonnées relatives aux impôts sur les revenus (loi du 27 décembre 1950, article 1er) institue le principe que, pour être opposable aux tiers, l'hypothèque légale du Trésor garantissant les impôts directs doit être inscrite dans les registres du conservateur des hypothèques;
Attendu qu'il s'ensuit que, sauf le cas spécial visé par l'article 73, § 3, alinéa 3 (loi du 27 décembre 1950, article 2), disposition dont il n'a pas été fait application en l'espèce, l'hypothèque légale du Trésor n'a dorénavant plus un caractère occulte et est, dès lors, soumise aux règles du droit commun en matière hypothécaire;
Que si, aux termes de l'article 72, § 1er, desdites lois coordonnées (loi du 24 décembre 1948, article 2), l'hypothèque légale ne préjudicie pas aux privilèges et hypothèques antérieurs, il ne s'en déduit point, comme le fait le demandeur, que les privilèges et hypothèques antérieurs sont les seuls droits qui l'emportent sur l'hypothèque inscrite du Trésor;
Qu'en effet, suivant le droit commun en matière hypothécaire, un créancier ne
peut plus prendre utilement inscription de· son hypothèque sur le bien de son débiteur notamment après qu'un commandement préalable ou un exploit de saisie a été transcrit à la requête d'un créancier qui, n'ayant, tel le premier défendeur, ni privilège sur l'immeuble, ni hypothèque, a mis ainsi son droit en œuvre en poursuivant son débiteur sur ce bien;
Qu'il est à cet égard, sans intérêt que cette hypothèque soit légale ou conventionnelle dès lors qu'elle est soumise à la règle de, publicité prescrite par la loi du 16 décembre 1851;
Attendu que le demandeur, qui ne peut se prévaloir du bénéfice de l'article 19, alinéa final, de la loi du 16 décembre 1851;
Attendu qu'en tant qu'il invoque la violation des dispositions des lois coordonnées relatives aux impôts sur les revenus et de la loi hypothécaire, le moyen manque en droit;
Attendu que la créance du premier défendeur donnant à celui-ci un privilège général sur les meubles en vertu de l'arti-
. cie 12bis inséré dans l'arrêté-loi du 28 décembre 1944 par l'article 3 de l'arrêté-loi du 6 septembre 1946, privilège qui prend rang sous le numéro 4°quinquies, de l'article 19 de la loi du 16 décembre 1851, la décision, qui attribue au premier défendeur le solde disponible du prix de vente, est légalement justifiée, et que le moyen en tant qu'il dénonce la violation de l'article 27 de la loi du 15 août 1854 est non recevable à défaut d'intérêt;
Par ces motif.~ :
LA CouR, Rejette le pourvoi; Condamne le demandeur aux dépens. Les dépens taxés à la somme de 3.890
francs envers la partie demanderesse et à la somme de 400 francs envers la partie défenderesse.
Cons. Etat (4e ch.), 23 mai 1961. Siég. : MM. VRANCKX, prés.; MAsT et MEES, cons.
Audit. : M. Loms.
Plaid. : MMes Et. VAN PARYS et Cyr CAMBIER.
(Vandekerckhove c. Ville d'Ostende)
DELIBERATION DU CONSEIL COMMUNAL. - Condition de publicité. - Recours en annulation. - Condition de recevabilité.
Le requérant est fondé à dénoncer la nullité d'une délibération d'un conseil communal prise sans la publicité requise sans pour autant devoir demander, au préalable, l'annulation de la décision mayorale interdisant l'assistance du requérant à la séance.
Considérant que le recours tend à l'annulation de la délibération du 28 août 1959 par laquelle le conseil communal de la ville d'Ostende décide de rapporter sa délibération du 15 avril 1955 modifiant le règlement organique du personnel communal et de modifier l'article 24, alinéas 3 et 4, de ce règlement;
·Considérant que la délibération attaquée est parvenue au gouvernement provincial le 4 septembre 1959; que le gouverr:..;ar, saisi d'une réclamation dirigée contre la régularité . de la délibération attaquée, a informé la partie adverse le 1,3 octobre 1959 que cette délibération pouvait produire ses effets.;
Considérant que le 28 août 19:5-9 le commissaire en chef de police de la ville
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d'Ostende a fait part aux agents de police assemblés devant l'hôtel de ville de ce que le bourgmestre et lui-même estimaient inopportune la présence des agents à la séance du conseil;
Considérant que le requérant, qui est agent de police et président de la fraternelle de la police d'Ostende, allègue que le bourgmestre, nonobstant que le huis clos n'eût pas été prononcé, a néanmoins interdit aux agents de police qui n'étaient pas de service d'assister à la séance du 28 août 1959, au cours de laquelle les conditions de nomination à l'emploi d'inspecteur de police et d'agent spécial ont été modifiées; qu'il soutient que la délibération attaquée a donc été prise en violation de la règle de la publicité des séances du conseil communal;
Considérant que la partie adverse fait valoir que le moyen est irrecevable dans la mesure où il invoque la méconnaissance des droits des autres agents de police; qu'elle allègue que le moyen est aussi irrecevable parce que le requérant n'a pas attaqué la décision du bourgmestre interdisant aux agents de police d'assister à la séance du 28 août 195·9 et que cette décision est devenue définitive;
Considérant que le requérant, qui est agent de police, demande l'annulation d'une délibération fixant les conditions d'avancement aux emplois d'inspecteur et d'agent spécial; que le requérant ne se borne pas à invoquer les droits des autres agents de police; que son moyen tiré de ce qu'une disposition fixant son statut viole un principe constitutionnel est recevable; que le requérant fait également valoir que la délibération attaquée est irrégulière en ce qu'elle a été prise sans la publicité requise; que le requérant est fondé à dénoncer cette irrégularité sans devoir pour autant demander, à peine d'irrecevabilité, l'annulation de la délibération dont la partie adverse conteste la teneur et à laquelle l'irrégularité serait due;
Considérant que la partie adverse soutient en outre que le moyen est encore irrecevable parce que non fondé sur une irrégularité qui aurait pu légalement affecter la délibération du 28 août 1959, la publicité ne pouvant être invoquée pour permettre aux citoyens d'exercer une pression sur le conseil communal; que cette argumentation ne concerne pas la recevabilité du moyen mais touche le fond du litige;
Considérant que la partie adverse fait valoir que la communication du commissaire de police en chef était une recommandation « qui n'a jamais eu la portée d'un ordre »;
Considérant que ce moyen ne peut pas être retenu; que cette communication ne pouvait être interprétée par les agents de police intéressés que comme une interdiction d'assister à la séance émanant du bourgmestre, président du conseil;
Considérant que l'article 108 de la Constitution dispose que les institutions communales sont réglées par la loi et que celle-ci doit consacrer l'application du principe de la publicité des séances du conseil communal dans les limites établies par la loi; que l'article 71 de la loi communale, après avoir énuméré les cas où la publicité des séances èst obligatoire, dispose : « dans tous les autres cas, la publicité est facultative, elle aura lieu lorsqu'elle sera demandée par les deux tiers des membres présents à la séance»;
Considérant qu'il résulte de cette disposition de la loi communale que, hors les cas formellement exceptés par la loi, il est loisible au conseil communal de dé-
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eider que la séance sera publique ou non; que le point sur lequel s'est prononcée la délibération entreprise ne relève pas de ces cas; qu'il y a lieu d'inférer du fait que le public a été admis à la séance que le conseil communal avait tacitement décidé que celle-ci serait publique; que la publicité implique l'admissibilité de quiconque désire assister à la séance; que la délibération attaquée a, dès lors, été prise en violation de l'article 71 de la loi communale,
Décide :
Article ter. - La délibération du 28 août 195.9 du conseil communal de la ville d'Ostende est annulée.
Article 2. - Les dépens, liquidés à la somme de 75·0 francs, sont mis à charge de la partie adverse.
Cons. Etat (3e ch.), 24 mars 1961. Siég.: MM. DEVAUX, prés.; SoMERHAUSEN et DE
BocK, cons. Aud.: M. CooLEN, subst.
(Mahamba c. commissaz"re de district du Kivu Nord)
CONSEIL D'ETAT.- Contentieux de l'indemnité. - Procédure. - Compétence à l'égard d'un ressortissant congolais.- COUR CONSTITUTIONNELLE DU CONGO. -Fonction dévolue au Conseil d'Etat de Belgique. - Rupture des relations diplomatiques. - Conséquences. - Radiation d'une affaire dll' rôle.
Sans examiner les autres moyens d'irrecevabilité qui pourraient être soulevés contre cette demande, il suffit de constater que, pour être recevable, une demande d'avis fondée sur l'article 7 de la loi du 23 décembre t946 portant création d'un Conseil d'Etat, doit être précédée d'une requête préalable à l'administrafion.
Poursuivant l'annulation d'actes qui, bien que pris avant l'accession du Congo à l'indépendance, ne peuvent plus recevoir d'exécution qu'au sein de l'administration de l'Etat congolais, le requérant, devenu de nationalité congolaise, ne ·puise dans aucune disposition légale la permission de se prévaloir encore à fégard de la Belgique de l'habilitation qu'il aurait eue d'une nomination. Une telle requête n'a donc d'intérêt que si l'arrêt du Conseil d'Etat est opposable aux autorités de la République du Congo.
A partir du ter juillet t960, l'Etat congolais est substitué aux autorités qui, jusque là, gouvernaient cette partie du territoire sur la base de la loi sur le gouvernement du Congo belge du t8 octobre t908 et les autorités administratives qui relèvent de la République du Congo ont repris l'exercice des fonctions publiques dans l'état où les affaires se trouvaient juridiquement établies à ce moment.
L'acte administratif frappé, à cette date, d'un recours devant le Conseil d'Etat n'était pas définitif et, à moins d'une convention entre les deux Etats, c'était à partir de ce moment, aux autorités administratives congolaises à décider sur les contestations à la chambre d'administration de la Cour constitutionnelle, en cas de recours, à statuer.
L'article 253 de la loi fondamentale prévoit que le Conseil d'Etat de Belgique exerce, « selon la procédure qu'il détermine », la compétence de la chambre d'administration de la Cour constitutionnelle « en attendant que celle-ci soit légalement organisée ».
Dans ces cas, le Conseil d'Etat de Belgique est saisi en tant qu'il exerce pro-
visoirement la compétence de la Cour constitutionnelle, juridiction administrative congolaise eti lorsqu'il s'agit de recours introduits avant le 30 juin t960 contre des actes administratifs dont l' exécution ne relève plus que des autorités administratives du Congo, la bonne exécution de la loi fondamentale supposerait que ces actes soient déférés de plein droit à la chambre d'administration de la Cour constitutionnelle dont le Conseil d'Etat exerce la compétence. La République du Congo devient la partie adverse et doit être appelée à la cause, ainsi que les autorités administratives intéressées.
La rupture des relations diplomatiques et les circonstances font qu'il est impossible de savoir, dans les diverses parties du Congo, quelles sont celles des dispositions de la loi du t9 mai t960 qui y reçoivent encore leur application.
Le Conseil d'Etat de Belgique n'exerce la compétence de la Cour constitutionnelle qu'autant qu'il est juridiquement établi que celle-ci n'est pas légalement organisée au Congo. Il ne peut déterminer une procédure que s'il est en rapports réguliers et officiels avec le pouvoir exécutif congolais.
Alors même que l'examen et le jugement de certains recours, antérieurs au 30 juin t960, exigent la mise en cause de la République du Congo et des autorités administratives qui en relèvent, la présence à la cause de l'Etat belge peut rester utile, ou nécessaire, pour assurer le dépôt des dossiers ou pour défendre adéquatement les moyens invoqués.
Il n'y a pas lieu de statuer ni sur la recevabilité d'un fel recours, ni sur son fondement, ni sur la mise hors cause de l'Etat belge, tant qu'il n'est pas pourvu aux mesures d'exécution de la loi du t9 mai t960.
L'inscription de telles affaires au rôle du Conseil d'Etat de Belgique siégeant uniquement comme juridiction belge, ne se justifie pas, et sans statuer sur les dépens, il convient d'en ordonner la radiation des registres dont la tenue est actuellement prescrite.
Vu la requête introduite le 17 août 1957, par laquelle Alexandre Mahamba poursuit l'annulation de la décision qui est contenue dans la lettre du 21 juin 1957 du commissaire de district du Nordivu, aux termes de laquelle le requérant ne possède aucun droit coutumier et ne peut· être reconnu comme grand notable du groupement de Luberike;
Vu la requête introudite le 17 août 1957, par laquelle Alexandre Mahamba poursuit l'annulation « de la décision d'investiture prise au cours du mois de juillet 1957 au chef-lieu de territoire de Walikale et par laquelle M. le commissaire de district du Kivu-Nord a nommé comme chef de secteur des Wanianga le nommé Hgulu Nkumbirwa »;
Entendu M. le président Devaux en son rapport;
Vu l'article 3 de l'arrêté du Régent du 2·3 août 1948 sur l'emploi des langues au Conseil d'Etat et l'article 25 de la loi du 2·3 décembre 1946 portant création d'un Conseil d'Etat;
Considérant que, dans son mémoire en réplique, le requérant a demandé au Conseil d'Etat «une indemnité forfaitaire de trois millions de francs congolais à titre de réparation pécuniaire, représentant le défaut de jouissance que l'absence
de tous droits coutumiers sur la chefferie de Luberike lui a causé depuis le 3 juillet 1956 jusqu'au jour de l'exécution de l'arrêt du Conseil d'Etat»;
Considérant que, sans examiner les autres moyens d'irrecevabilité qui pourraient être soulevés contre cette demande, il suffit de constater que, pour être recevable, une demande d'avis fondée sur l'article 7 de la loi du 23 décembre 1946 portant création d'un ~Conseil d'Etat, doit être précédée d'une requête préalable à l'administration; que cette requête n'a pas été adressée à l'autorité compétente; que la demande n'est pas recevable;
Considérant que les requêtes introductives des recours ont été mises à la poste sous un même pli recommandé; que, par l'une d'elles, le requérant poursuit l'annulation de la nomination de Ngulu Nkumbirwa comme chef de secteur pour le secteur des Wanianga, et, par l'autre, l'annulation de la décision qu'il infère que le commissaire de district a prise en lui répondant ce qui suit :
« J'ai examiné à Walikale la question des autorités de Luberike. Il ressort de cet examen que vous ne possédez aucun droit coutumier et qu'il est exclu que vous soyez reconnu comme grand notable du groupement de Luberike '>;
Considérant que le groupement de Luberike fait partie du secteur des Wanianga; que, en application de l'article 29 du décret du 5 décembre 1933, les chefs de secteur sont nommés par le commissaire de district «parmi les membres du conseil de secteur, autant que possible d'après les préférences des membres du conseil»;
qu'en vertu de la même disposition, les chefs coutumiers des groupem~nts font partie de droit des conseils de secteur et que le commissaire de district peut, en outre, désigner, pour être membres, les notables de chacun des groupements qui font partie du secteur; qu'il résulte de ces dispositions que les deux recours sont nécessairement liés;
Considérant que les recours ont été introduits et instruits contre les décisions d'une autorité administrative qui relevait, auand ces décisions ont été prises, de l'Etat dont la souveraineté s'étendait alors sur la Belgique et le Congo; qu'il est vrai que, après l'instruction de l'affaire, la date de l'audience a· été notifiée le 7 septembre t960 à un commissaire de district relevant de la République du Congo; qu'à l'audience cependant, l'E'tat belge seul a comparu et a demandé à être mis hors cause;
Considérant qu'en vertu de la loi du t9 mai 1960, loi fondamentale relative aux structures du Congo, le Congo constitue, à partir du ter Juillet 19·60, un Etat indivisible et démocratique; que cette loi a été mise en vigueur par l'arrêté royal du ter mai t~960, publié au Moniteur conrrolais du 6 juin t960 et au Moniteur belge du ter décembre t960;
Considérant que le requérant, devenu de nationalité congolaise depuis le ter juillet t960, poursuit l'annulation d'actes qui ne peuvent plus recevoir d'exécution qu'au sein de l'administration de l'Etat congolais; qu'aucune disposition légale ne lui permet de se prévaloir encore à l'égard de la Belgique de l'habilitation qu'il aurait eue à une nomination de chef de secteur ou à la reconnaissance de sa qualité de grand notable d'un groupement de ce secteur; que sa requête n'a plus d'intérêt si l'arrêt du Conseil d'Etat n'est pas opposable aux autorités de la République du Congo;
Considérant qu'à partir du 1er juillet 1960, l'Etat congolais est substitué aux autorités qui, jusque là, gouvernaient cette partie du territoire sur la base de la loi sur le gouvernement du Congo belge du 18 octobre 190·8; que les autorités administratives qui relèvent de la République du Congo ont repris l'exercice des fonctions publiques dans l'état où les affaires se trouvaient juridiquement établies en ce moment; que, lorsqu'un acte administratif était, à cette date, frappé d'un recours devant le Conseil d'Etat, cet acte n'était pas définitif, et que, à moins d'une convention entre les deux Etats, c'était à partir de ce moment, aux autorités administratives congolaises à décider sur les contestations, et à la chambre d'administration de la Cour constitutionnelle, en cas de recours, à statuer;
.Considérant qu'il est vrai que l'article 25·3 de la loi fondamentale prévoit que le Conseil d'Etat de Belgique exerce, « selon la procédure qu'il détermine», la compétence de la chambre d'administration de la Cour constitutionnelle, « en attendant que celle-:ci soit légalement· organisée »; que, dans ces cas, le Conseil d'Etat de Belgique est saisi en tant qu'il exerce provisoirement la compétence de la Cour constitutionnelle, juridiction administrative congolaise; que, lorsqu'il s'agit de recours introduits avant le 30 juin 1960 contre des actes administratifs dont l'exécution ne relève plus que des autorités administratives du Congo, la bonne exécution de la loi fondamentale supposerait que ces actes soient déférés de plein droit à la chambre d'administration de la ·Cour constitutionnelle dont le Conseil d'Etat exerce la compétence, mais que la République du Congo devient alors la partie adverse et doit être appelée à la cause, ainsi que les autorités administratives intéressées;
Considérant que, si la loi du 19 mai 1960 n'a pas été modifiée en Belgique et continue à y régir les rapports avec le Congo, le nouvel Etat, constitué dans les frontières que lui donnait l'article 6 de cette loi, se prévalant des prérogatives de pays souverain, a rompu les relations diplomatiques avec la Belgique, et que les circonstances sont telles qu'il est impossible de savoir, dans les diverses parties du Congo, quelles sont celles des dispositions de cette loi qui y reçoivent encore leur application;
~Considérant que le Conseil d'Etat de Belgique n'exerce la compétence de la Gour constitutionnelle qu'autant qu'il est Juridiquement établi que celle-ci n'est pas légalement organisée au Congo conformément aux articles 229, 2·30, 23:2 et 236 de la loi fondamentale, et qu'il ne peut déterminer une procédure que s'il est en rapports réguliers et officiels avec le pouvoir exécutif congolais; que le Conseil d'Etat est, en ce moment, dans l'impossibilité d'exercer les fonctions prévues par l'article 2,5.3 de la loi fondamentale;
Considérant que, cependant, alors même que l'examen et le jugement de certains recours, antérieurs au 30 juin 1960·, exigent la mise en cause de la République du Congo et des autorités administratives qui en relèvent, la présence à la cause de l'Etat belge peut rester utile, ou nécessaire, pour assurer le dépôt des dossiers ou pour défendre adéquatement aux moyens invoqués;
Considérant qu'il n'y a donc lieu de statuer ni sur la mise hors cause de l'Etat belge, ni sur la recevabilité du recours, ni sur son fondement, tant qu'il n'est pas pourvu aux mesures d'exécution de la loi du 19 mai 1960; que l'inscription de ces affaires au rôle du Conseil d'Etat de Belgique, siégeant uniquement comme juri-
diction belge, ne se ·justifie pas et que, sans statuer sur les dépens, il convient d'en ordonner la radiation des registres dont la tenue est actuellement prescrite,
Décide :
Article unique. Les affaires portant les numéros A.
7584/III-2t949 et A. 7585/III-2950 sont rayées du rôle du Conseil d'Etat.
OBSERVATIONS. - L'arrêt semble admettre, au départ, que la loi fondamentale sur les structures du Congo (r) doit être interprétée ainsi: tous les recours tendant à l'annulation d'un acte des autorités du Congo --,- c'est-à -dire tant des autorités coloniales belges que de celles de la République du Congo - sont de la compétence du Conseil d'Etat de Belgique, puisque celui-ci a le pouvoir d'annuler d'une part les actes des autorités belges, en vertu de la loi du 23 décembre r946, et d'autre part les actes des autorités administratives congolaises, en vertu des articles 236 eu 253 de la loi du r9 mai r96o.
Cette façon de voir nous semble erronée. Elle a conduit le Conseil 1 ~tat à une décision étrange et embarrassée (2).
A notre avis, la chambre d'administration de la Cour constitutionnelle du Congo a le pouvoir d'annuler les actes émanés des seules autorités administratives relevant du nouvel Etat congolais. Partant, le Conseil d'Etat de Belgique, auquel l'article 253 de la loi fondamentale confie provisoirement l'exercice des fonctions de la Cour constitutionnelle, ne trouve en aucune manière dans cette loi le pouvoir d'annuler, au nom de l'Etat congolais, un acte dont l'auteur est une autorité. belge.
Voici les arguments qui militent en faveur de notre thèse:
r) La loi fondamentale a été élaborée pour tenir lieu de constitution au nouvel Etat congolais, non pour jouer le rôle d'une convention belgo-congolaise sur la compétence des juridictions. Il est dès lors compréhensible que les questions de compétence juridictionnelle nées de l'accession du Congo à l'indépendance soient malaisées à résoudre, et que les solutions auxquelles conduisent les principes généraux du droit sacrifient parfois des intérêts particuliers.
2) Le titre VI de la loi du r9 mai r96o, consacré à la Cour constitutionnelle, détermine manifestement le rôle de celle-ci, à l'égard des seules autorités du Congo indépendant.
3) L'article 236, § 2, dispose que la Cour statue par voie d'arrêts sur les recours en annulation formés << contre les actes et règlements des diverses autorités administratives, ou contre les décisions contentieuses administratives >>. Notons que le paragraphe rer du même article a trait aux avis en indemnisation .du préjudice exceptionnel «résultant d'une mesure prise ou ordonnée par l'Etat, la province, ou l'autorité locale>>.
Or, l'article rer de la loi fondamentale énumère une série de vocables (dont le mot «Etat»), comme désignant, s'ils ne sont autrement précisés, des insti-
(r) Loi du 19 mai rg6o, art. 236 et 253.
(2) Il nous paraît inadmissible qu'une seule et même décision soit rendue à la fois au nom de l'Etat belge, par le Conseil d'Etat, organe belge, et au nom de l'Etat congolais, par le même Conseil d'Etat, organe de la République du Congo. Or, l'arrêt contient une décision implicite de surséance à statuer (fondée sur la loi du r9 mai r96o), et une décision de radiation du rôle de la juridiction en tant qu'elle siège «uniquement comme juridiction belge>>.
Notons au surplus que la radiation du rôle est une mesure de procédure définitive, qui intervient dans des affaires considérées comme terminées.
(3) Voici en quels termes l'exposé des motifs de la loi (Doc. par!., Ch., r959-r96o, n° 489-r, p. 3) commente l'article rer :
« L'article rer apporte à la terminologie employée dans le présent projet, une précision rendue indispensable par le fait qu'une loi belge organise les structures fondamentales d'un Etat qui ne sera pas encore souverain lors de la promulgation de cette loi. D'autre part, cette disposition a également pour objet d'éviter toute confusion résultant de l'appel qui
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tutions congolaises et les actes accomplis par elles (3). L'énumération doit être considérée, nous paraît-il,
comme exemplative.
4) Au surplus, et à supposer même que l'article 236, § 2, contrairement à toutes les dispositions du titre VI de la loi, entende par « les diverses autorit~s administratives >> les autorités coloniales belges aussi bien que celles ·de la République du Congo, il faudrait admettre que cette attribution de compétence faite par une loi belge à une juridiction étrangère aurait par le fait même opéré, dans la même mesure, retrait de compétence au détriment du Conseil d'Etat de Belgique. Solution contredite par plusieurs arrêts relatifs aux agents d'Afrique.
* ** Cela étant, le Conseil d'Etat, organe belge, est
demeuré saisi des recours introduits avant le 30 juin rg6o contre les actes émanés des autorités du Congo belge; par ailleurs, c'est devant lui que devaient être introduits, même après· le 29 juin r96o, les recours mus en raison d'actes desdites autorités.
Cela n'est pas à dire que la haute juridiction administrative ait conservé en tout cas le pouvoir d'annuler ces actes. L'affaire Mahamba est un exemple du contraire.
En l'espèce, la solution correcte aurait été selon nous, un arrêt rendu suivant la loi du 23 décembre r94·6, et dont les motifs auraient constaté l'incompétence du Conseil d'Etat pour annuler la mesure attaquée.
L'incompétence de la juridiction résultant d'une cause apparue postérieurement à l'introduction du recours, celui-ci n'aurait cependant été ni déclaré irrecevable, ni rejeté. La juridiction se serait bornée comme il est de tradition (4) à constater l'impossibilité où elle se trouvait de connaître du fond de l'affaire, en prononçant le «non-lieu à statuer>>, les dépens étant mis à charge de l'Etat belge.
J. FoRTPIED.
Bruxelles, 31 mai 1961. Siég.: MM. MINEUR, prés.; GILLAIN et CANIVET,
cons. Min. publ. : M. CouTURIER, av. gén. Plaid.: MMes GEHAIN et RoussEAU.
(Van Hove J. c. Dieu Ch., partie civile)
ESCROQUERIE. - Usage d'une fausse qualité. - But de tromper autrui. - Cause déterminante de la remise de fonds. - Etablissement de la prévention.
L'usage de la fausse qualité de propriétaire est un mode d'escroquerie au sens de l'article 496 du Code pénal, dès que cette qualité est prise en vue de tromper autrui et a été. la cause déterminante de la remise de fonds ou . de valeurs.
Attendu que les appels, réguliers en la forme, ont été introduits dans les délais légaux;
Au pénal: Attendu qu'il est établi non seulement
par les déclarations de la partie civile, mais aussi par le témoignage du sieur Plennevaux, que le prévenu s'est déclaré propriétaire de la voiture appartenant à son père, lorsqu'il a offert celle-ci en vente à la partie civile; .qu'à cet égard il est intéressant de relever qu'ayant auparavant tenté de vendre la même voiture au sieur Morant, il avait également pris vis-à-vis de celui-ci la fausse qualité de propriétaire;
est fait tantôt à un acte ou à une institution congolaise, tantôt à une acte ou à une institution belge>>·
(4) Voir Rec. pér. Dalloz, 1872, r, 53; Pand. fr., V0 Als.-Lorr., n° 359; - Cass. fr., ro nov. 1872, Rec. pér. Dalloz, r, 458; - C.E. fr., r3 mars r872, Rec. pér. Dalloz, r872, y 58; - C.E. fr., 24 janv. r873, Rec. Lebon, p. 95; - C.E. fr., I4 févr. r873, Rec. Lebon, p. r72.
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Attendu qu'il est d'autre · part exact que le prévenu a exhibé à la partie civile, d'une part sa carte d'identité où figurait son prénom de Jean-Pierre, d'autre part les documents relatifs à la voiture établis au nom de son père, lequel est prénommé Henri, et que, par conséquent, si la partie civile avait été plus lattenitve, elle aurait pu déduire de la discordance entre les prénoms et les domiciles, que le prévenu n'était pas le propriétaire de l'auto; qu'en tous cas, elle eût été amenée à demander au prévenu des explications à ce sujet;
Attendu qu'il est cependant évident que, payant d'audace, le prévenu, qui s'était fait présenter à la partie civile par le sieur Plennevaux qui connaissait bien celle-ci, a spéculé sur la confiance qu'il comptait inspirer à ladite partie civile, laquelle n'aurait dès lors vraisemblablement pas son attention attirée par la différence des prénoms et. des adresses figurant sur les divers documents produits, lesquels mentionnaient d'autre part le même patronyme;
Attendu que si l'on ne peut paradoxalement considérer que cette manœuvre, malgré qu'elle ait effectivement contribué à tromper la partie civile, a un caractère frauduleux, on ne peut par ailleurs en déduire, comme prétend le faire le prévenu, que tout en affirmant mensongèrement qu'il était le propriétaire de la voiture offerte en vente, le prévenu n'aurait cependant pas pris cette fausse qualité;
Attendu que la prévention est donc établie; qu'en effet l'usage d'une fausse qualité est un mode d'escroquerie au sens de l'article 496 du Code pénal, dès que cette 1qualité a été prise en vue de minante de la remise de fonds ou de vatromper autrui et a été la cause déterleurs (Cass., 12 juin 1944, Pas., 1, 378; - 16 déc. 1957, Pas., 19r58, 1, 915); comme c'est le cas en l'espèce;
Attendu qu'eu égard aux antécédents du prévenu, dont la responsabilité doit aussi être appréciée en tenant compte des milieux social et familial auxquels il appartient, la condamnation précisée au dispositif ci-après constituera la mesure d'une exacte répression;
Au civil : Attendu que le préjudice subi par la
partie civile à la suite des agissements du prévenu peut être évalué ex œquo et bono à la somme totale de 40.000 francs.
Par ces motifs : LA CouR,
Statuant contradictoirement; Vu les articles 11, 12, 16, 2r4, 31, 32,
34 à 37, 41 de la loi du 15 juin 1935, 14.0 de la loi du 18 juin 1869 modifiée
par celle du 4 septembre 1891, 38, 39, 40, 44, 4916 du Code pénal, 1 et 3 de la loi du 5 mars 19;52, 66, 162, r19r4 et 211 du Gode d'instruc-
tion criminelle, 3 et 4 de la loi du 17 avril 1878, 1382 du Code civil; Reçoit les appels; Met à néant le jugement a quo; Emendant et statuant à l'unanimité; Condamne le prévenu à un empri-
sonnement de ... mois et à une amende de . . . francs, portée par majoration de 190 décimes· à la somme de .... 000 francs, qui, à défaut de paiement dans le délai légal, pourra être remplacée par un emprisonnement subsidiaire de ... mois.
Le condamne en outre aux frais des deux instances envers la partie publique taxés en totalité à ...
Et, statuant quant à l'action de la partie civile, condamne le prévenu à payer à celle-ci la somme de 40.000 francs, ensemble les intérêts compensatoires à dater du 12 février 19r6, les intérêts judiciaires à partir de sa constitution, et les dépens des deux instances afférents à cette action. Fixe la contrainte par corps aux fins de garantir le paiement des susdites sommes à la partie civile à une durée de ... mois.
Civ. Gand (Ire ch.), 27 juin 1961. Siég.: MM. SERCK, prés.; VAN BEVER et ÙE WuLF,
cons. Plaid. : MMes DE CALUWÉ (du barreau de Bruxelles),
LAGAE et STALs.
(Auxifina c. Ville de Gand et Dewi/de; Ville de
Gand c. Dewi/de)
RESPONSABILITE DES COMMUNES. -Décret de vendémiaire. - Causes d'exonération. - Déclaration souscrite par l'organisateur de la manifestation. - Nullité.
En dehors du cas de l'article 8, titre IV, du décret du 10 vendémiaire, an IV, une commune ne peut s'exonérer de sa responsabilité légalement présumée qu'en fournissant la double preuve que ses habitants n'ont pris aucune part aux attroupements et qu'elle ·a pris les mesures nécessaires à l'effet de prévenir l'émeute et le dommage et d'en identifier les auteurs.
Le but de ce décret est d'assurer la tranquillité du public et la sécurité des personnes et des biens. En imposant aux communes la réparation du dommage occasionné à la suite d'attroupements, le but manifestt>ment recherché fut d'inciter les corr unes et leurs citoyens à prendre tor.. les mesures de prévention exigées.
Ce but ne serait plus atteint si les communes, fût-ce même sous la forme d'une condition mise à l'octroi d'une autorisation de manifester, pouvaient convenir avec un tiers qu'il garantira la commune contre tout dommage.
L'obligation rsouscrite par l'organis·ateur d'une manifestation en tant qu'elle a pour objet d'exonérer la ville de sa responsabilité fondée sur le décret du 10 vendémiaire an IV, est en opposz'tion avec l'ordre public et est par conséquent nulle.
(Traduction)
Attendu que pendant urne manifestàtion organirsée à Gand le 26 novembre 1959 par le Katoliek Vlaams Hoogstudentenve·rbond, une vitre du bureau de Œa demanderessre a été cassée par les manifestants;
Que cette manirfestation eut lieu avec l'autorisation du bourgmestr·e rde Gand, qui cependant avait antérireurement fait signer par le ip·résident de l'association p·récitée une déclaration par laquelle ceilui-ci prenait sur lui de garantir la viale « contre toutes actions du .chef de dégâts aux rpersonnes et aux biens occasionnées dans le cours et à l'oc·casion » de la manifes,tation litigi·euse;
Attendu que la demanderesse agit en dommages e:t intérêts ·aussi bien contre la ville de Gand que contre l:e président de l'association esrtudiantine citée cidessus. pendant que ce dernier est aussi assigné en garantie par sa codéf.endere·ssre;
Attendu ·que les deux causes doivent être Jointes comme connexes;
Attendu qu'alors que l'action contre la viUe de Gand eSrt manifestement fondée
sur .le décret du 10 vend-émiaire an IV, le défendeur De Wilde est assigné, d'abord sur la base de l'article 1382 du Gode civil à ·raison de sün p:rét,endu manquement p·ersonnel à son obligation de veiller à ce qu'il ne soit pas occasionné de dommages par les manifestants, ensuite sur basre de Ira stipulation pour autrui que la demanderesse .prétend trouver dans les décJlarations p,récitèes, et, enfin, en ordre subsidiair·e, sur base dre l'article 1166 du Gode civi1l, à la rplace de la ville de Gand, sa débitrice, 1pour autant que celle-ci puisse trouver dans cettre déclaration un droit à l'égard du défend·eur;
Attendu qu'aucun des défen.d.eurs ne conteste lre montant du dédommagement, soit 13.023 F, maris que tous deux rej-ettent toute responsabiliité;
En ce qui concerne l'action dirigée contre la ville de Gand : Attendu que cette dernière prétend
qu'·elle ne peut pas être tenue pour responsable, d'une rpart, parce ,qu'elle a pris toutes les mesures de sécurité nécess,aires arfin de prév·enir les troubles et dégâts et, d'autre :part, ;par:ce qu'·elle a fait connaître à l·a demanderesse l'auteur, ou à tout rl•e moins celui ·qui ra pris sur lui la rersponsabiHté du dommage, c'·est-à~dire le défendeur;
AUend'u, en ce qui conrcernre ce derniell" point, que la défenderessre invoque ainsi à tort les dispositions de l'article 8, titre IV, du décret du 10 vendémiake, an IV, qui conc·erne uniquement la destruction des ponts et des routes;
Qu'·en vertu du caractèr·e restrictif des dispositions dre ·ce décret, les conditions posées ·en cet ·article 8 poull" !'·exonération de res;ponsabHité ne valernt pas pour les autres ca's dre d·estruction ou de, dtégâts;
Attendu ensuirte qu'en dehors du cas de l'artircle 8, titre IV, une commune 111e peUJt s'·exonérer de ·Sa T'esponsabiHté ilégalement présumé·e qu'en fournissant une double p·reuve : que ses habitants n'ont pris aucune part aux attrolllp:emenrts et, en outre, qu'eUe .a rp·ris les mesures nécessaires à l'effet de p(l'évenill" l'émeute et le dommage et d'identifier les auteuii's (R.P.D.B., v"' Responsabilité, n .. 1404; -Novelles, Droit civil, t. V, vol. 1, v" Causes de responsabilité, :n.., 1519; -Ronse, De Aansprakelijkheid der gemeente wegens schade aangericht tengevolge van samenscholingen, nr 115 et ss.);
Attendu qu'en l'espèce il n'rest même pas prétendu, et d'aiHeull"s qu'il ne résuUe pas des données du dos.s:irer, que les manifestants étaient étrangers à la villie, ou à tout l·e moins qu·e seuls certains d'entre ·eux avaient Œeur domicirlre dans la ville;
Alttendu que, la déf:ende~esse ne peut ainsi faire v-aloir aucun mot1irf d'·exonération de sa resiponsabilité, ·et .pourr [e sul'lplus qu'il n'est pas contesté que les conditions d'.ap·plication du déc·ret du 10 vendémiaire, an IV, sont ll"emplies; que ~'action dirigée cont!l'e elrle est fondée;
Quant à l'action et à l'action en garan-tie dirigées_ contre le défendeur : Attendu qu'il n'est !pas suffisamment
p·rouvé que l·e déf·endeur aurait commis une faute personneHe en rap,port avec les troubles et les dommages occa,sionnés; qu'en ef:f:et cette faute ne peut être déduitre du simple fait qu'à .t·rois endroits différents des vitlres ont été rcas·srées; qu'ensQ.ite les soi .. disant dis,cours incendiaires, qui d'ailŒeurs n'ont ·pas été tenus par le défendeur, n'étaient quand même pas de nature à être comprris par les étu-
diants comme une instigation à trouble'r l'ordre et à provoquer des dégâts aux bi,ens privés;
Attendu pour le surplus qu'aussi hien l'action que faction en g.arantie sont fondées sur la déclaration prémentionnée signée par le défendeur;
Attendu, comme ce dernier l'observe à juste titre, que l'obligation souscrite en cellà par lui en tant qu'·eUe a pour objet d'exoné~er la viUe de 'Sa ·re&ponsabilité fondée 'SUr le décret du 10 vendémiaire an IV, est en oprposi:tion avec !'.ordre rpubHc et est par conséquent nuUe;
Attendu en ref.fet que le but de ce décret, ·qui aprparHent au droit public, est quand même ~en d-éfinitive d'assur.e·r la tranquiHité publique et la sécurité des personnes -et des Mens (voir conclusions du procureur général Mesdach de ter Kieile, 1887, 1, 62; - Rons,e, ibid., nr 31 et 40);
Attendu qu'·en imposamt aux ·communes la réparation du dommage occasionné à Ja suite d'attroup-ements, le but manifestement recherché fut d'inciter c.es dernières et leurs citoye1ns à prendre toutes les mesures de prévention exigées (Cass., 3 .févr. 1887, Pas., ibid.);
Att·endu .qu'il va de soi que ce but ne serait pas aUeint si les communes, fut-ce même •sous la forme d'une condition mise à l'octroi d'une autorisation de manifester, pouvaient convenir avec un tiers qu'i~ garantka la ·commune contre ce dommage;
Attendu qu'ilrrésulte de 'c'e qui p·I'Iécède que l'action dirigée contre le défendeur de même que l'action en garanti·e ne sont pas .fondées.
Corr. Liège ( 9e ch.), 26 juin 1961.
Siég.: MM. J. FRÉDÉRICQ, juge, ff. prés.; C. FRAI· PONT et P. PETIT, juges.
Min. publ. : M. BAcQUELAINE, subst. proc. Roi. Plaid. : MMe" PENELLE, SERESSIA et. J. RAYMOND.
(Proc. Roi c. Dubois et cons.)
ROULAGE. - INFRACTION. - PERSONNE CIVILEMENT RESPONSABLE. Mari. - Assimilation. - Fondement. Présomption c juris et de jure.».
La raison d'assimiler le mari pour les infractions de roulage commises par sa femme aux personnes civilement responsables selon l'article 138ft. ne réside pas dans une présomption de faute pour manque de surveilla[lce, mais dans l'idée de la -communauté d'intérêts financiers existant entre les époux et le fait que dans la majorité des cas, la solvabilité personnelle de l'épouse est restreinte ou inexistante.
Il en découle que le mari ne peut se dégager de sa responsabilité civile en faisant valoir qu'il n'a pu empêcher sa femme de commettre l'infraction; la responsabilité encourue· par lui doit être considérée comme dérivant d'une présomption juris et de jure.
Vu l'expédition du jugement a quo rendu le 11 janvier 1961 par le tribunal de police de Liège;
les appels interjetés par M. le procureur du Roi, par Dejardin et par Defourny;
les conclusions déposées par Dubois et par Defourny;
Attendu que la procédure est régulière;
1. Quant aux actions publiques et aux actions civiles mues contre Dejardin et contre Defourny:
Attendu que le premier juge a sainement apprécié les faits de la cause par de judicieux motifs que le tribunal dé-
clare adopter et fait une juste application de la loi;
que einstruction faite en degré d'appel et les arguments y développés de part et d'autre n'ont apporté aucun élément nouveau susceptible de modifier sa décision;
Qu'il est acquis en effet que Dejardin a commis les infractions qui lui sont reprochées et qui sont en lien direct avec les conséquences dommageables de l'accident; que d'autre part aucune infraction ni faute n'est établie à suffisance à charge de Dubois;
II. Quant à la responsabilité civile de Defourny Lambert en tant qu'époux de Dejardin · Alberte, contestée par ce dernier :
Attendu que l'article 6 de la loi du 1er août 1899 régissant les infractions en matière de roulage est rédigé comme suit :
«Les personnes civilement responsables aux termes de l'article 1384 du 'Code civil des dommages-intérêts et frais, le sont également de l'amende. Le mari leur est assimilé quant aux infractions commises par sa femme ».
Attendu que la seule lecture de ce texte fait apparaître tout naturellement que le législateur a voulu que le mari soit soumis, quant aux infractions de roulage commises par sa femme, aux mêmes obligations que ceux qui sont civilement responsables aux termes de l'article 1384 des personnes pour lesquelles ils doivent répondre;
Que cependant, si cette interprétation est généralement admise, une partie de la jurisprudence et de la doctrine estime que l'assimilation du mari aux civilement responsables de l'article 1384 ne concerne que le paiement de l'amende et des frais et non les dommages-intérêts;
Attendu que s'il est vrai qu'une loi d'exception doit être interprétée restrictivement, l'examen approfondi de la terminologie employée dans les deux phrases de l'article 6 ne paraît pas pouvoir permettre pareille restriction;
Que, si le législateur avait voulu rendre le mari uniquement responsable des amendes infligées à sa femme, il aurait logiquement dû rédiger l'article comme suit : <<les personnes civilement responsables aux termes de l'article 1384 du Code civil, des dommages-intérêts et des frais le sont également des amendes. Le mari est assimilé pour les amendes quant aux infractions commises par sa femme»;
Qu'en étant rédigé comme il l'est, l'article 6 paraît bien avoir pour îbjet :
1) de rendre les personnes _ i CIVI-
lement responsables aux termes de l'ar- ' ticle 1384 du Code civil des dommagesintérêts et frais encourus par les auteurs d'infraction de roulage, responsables également des amendes infligées à ceuxci;
2·) de ranger parmi les civilement responsables le mari en ce qui concerne les infractions de roulage commises par sa femme;
Attendu que l'examen des travaux préparatoires à la loi (Exposé des Motifs et rapport à la Commission centrait>-- de la Chambre) démontre d'ailleurs l'intention du législateur de faire partager au mari les conséquences tant civiles que pénales des infractions de roulage commises par sa femme;
qu'il y est dit in expressis verbis que l'on s'est accordé pour imposer au mari la responsabilité civile de sa femme conformément à ce qui existe au Code forestier (art. 171 à 173) dont les termes rédigés différemment ne peuvent donner prise à aucune équivoque ('Corr. Liège, 27
Il
oct. 19'22, Rev. Dr. P., 192·3, p. 480; -Corr. Charleroi, ter oct. 1954, J. T., 1955, p. 21; - Civ. Anvers, 6 juin 1951, J. T., 1953, p. 5,2.);
Attendu que si l'on recherche la raison d'assimiler le mari pour les infractions de roulage commises par sa femme aux personnes civilement responsables selon l'article 1384, cette raison ne réside pas dans une présomption de faute pour manque de surveillance comme elle l'est vis-à-vis des parents et des instituteurs, mais plutôt dans l'idée de la communauté d'intérêts financiers existant entre les époux et le fait que dans la majorité des cas, la solvabilité personnelle de l'épouse est restreinte ou inexistante;
que la loi a voulu que le paiement tant des amendes que des réparations aux victimes ne patissent pas de ce manque de solvabilité de l'épouse alors que son époux est solvable;
Que ces raisons se rapprochent de celles qui ont rendu le commettant civilement responsable de son préposé;
qu'il en découle que comme pour celui-ci, le mari ne peut se dégager de sa responsabilité civile en faisant valoir qu'il n'a pu empêcher sa femme de commettre l'infraction;
que la responsabilité encourue par lui doit, comme pour le commettant, être considérée comme dérivant d'une présomption juris et de jure;
Attendu que Defourny prétend toutefois que l'article 6 serait abrogé tacitement depuis l'entrée en vigueur de la loi du 30 avril 1958 qui a supprimé l'incapacité juridique de la femme mariée et l'obligation d'obéir à son mari;
Attendu qu'il a déjà été dit plus haut que la raison de la responsabilité du mari n'était pas liée spécialement à l'exercice de son autorité maritale, mais bien plutôt à la communauté des intérêts financiers et à la solvabilité souvent restreinte ou inexistante de l'épouse;
que de plus, les nombreuses abrogations prescrites par la loi du 301 avril 1958 révèlent chez le législateur une telle volonté de mettre en concordance les lois existantes et la nouvelle qu'elle ne laisse plus place à une volonté tacite d'abrogation (voir plusieurs décisiqns rendues en 1961 par la 6'e chambre et la ge chambre du tribunal correctionnel de Liège) ;
que si l'application de l'article 6 dérogeant au droit commun pour une seule catégorie d'infractions, peut entraîner dans certains cas des anomalies et des iniquités juridiques, elle est de nature à sauvegarder souvent l'indemnisation des victimes et la récupération des frais et amendes;
que l'article n'étant pas abrogé, doit produire ses effets en la présente cause;
Par ces motifs : Vu les articles visés au jugement a quo; Vu en outre les articles 17·2 à 215. du
Code d'instruction criminelle, 6·5, 418, 4120 du Code pénal; article ter de la loi du 25 octobre 1950, 1, 11, 12, 14, 24, 3.1, 34 à 37, 41 de la loi du 15 juin 19135;
LE TRIBUNAL,
Statuant en degré d'appel, contradictoirement;
Rejetant comme non fondées toutes conclusions contraires;
Reçoit les appels et les déclare non fondés;
Confirme le jugement attaqué dans toutes ses dispositions;
Condamne Dejardin et Defourny aux frais et dépens en degré d'appel, frais d'appel liquidés en totalité envers la partie publique à la somme de 368 francs.
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NOTES DE PROCEDURE CIVILE
Jurisprudence de la Cour d'appel de Bruxelles
Action indivisible. - Appels interjetés, l'un en teinps utile contre certaines parties, l'autre hors délai con· tre les autres. - Quid de la recevabilité de l'un et l'autre de ces appels ?
I. - Par arrêt du 24 octobre 1945 (signalé, avec une note d'observations, dans nos Notes de procédure civile du du 24 mars 1946), la 2~ chambre a déclaré que lorsque le litige est constitué par une action de nature indivisible, il est de règle que l'appel interjeté en temps utile par l'un des intéressés profite à ceux qui n'ont appelé qu'après l'expiration du délai, et que le caractère indivisible de l'action, ne pouvant se concevoir sans la présence de tous les intéressés, a fait admettre qu'il s'établissait entre tous ceux qui ont des intérêts communs en pareille matière une sorte de représentation réciproque qui justifie cette règle
L'arrêt poursuit : «Attendu que cela étant, on n'aperçoit pas la raison pour laquelle ne pourrait se réclamer de cette même règle, l'appelant qui a intimé dans le délai régulier ·certaines parties et signifié ainsi de façon non équivoque son intention d'en appeler vis-à-vis de toutes lorsqu'il a effectivement mis toutes les parties en cause avant que la décision n'intervienne »
Et la Cour décide qu'en matière indivisible l'appel interjeté en temps voulu contre certaines parties valide l'appel formé hors délai contre les autres.
II. - La 3e chamb11e, par arrêt du 26 mai 1951, a admis la thèse de l'arrêt du 24 octobre 1945.
III. - Le même problème de recevabilité d'appel s'est posé dans un litige soumis à la 10e chambre (siég. : MM. Michielssens, président; Dellois ·et de la Vallée Poussin, conseillers; Verhoeven, avocat général) qui l'a résolu le 29 septembre 196.1 par la motivation qui va suim-e, en sens contraire des deux décisions que nous venons de rappeler.
«Attendu que l'appel signifié le 10 août 1960 aux intimés Grégoire et Alexandre D. est tardif; qu'il doit être déclaré d'office non recevable; que sa non-recevabilité entraîne
. celle des appels signifiés en temps utile aux autres intimés; que le litige est indivisible entre les parties intimées; que lorsque le litige est indivisible, l'appel n'est recevable que s'il est dirigé contre toutes les parties ayant un intérêt opposé à celui de l'appelant; que si l'auteur du recours, au lieu de le diriger contre toutes les parties qui ont défendu un intérêt opposé au sien, a laissé couler la décision en force de chose jugée au profit de certaines d'entre elles, il lui est impossible en raison de l'indivisibilité du litige, de remettre en discussion à l'égard des autres la question ainsi jugée (note sous Cass., 18 sept. 1947, Pas., 359, et Cass., 7 mars 1957, Pas .. 812). »
Obs. : Selon la jurisprudence nouvelle : dans le cas d'un litige de nature indivisible, l'appel interjeté tardivement contre certaines parties en cause devant le premier juge est donc non recevable et son irrecevabilité entraîne celle de l'appel interjeté en temps utile contre les autres parties.
La 108 chambre invoque l'arrêt de cassation du 7 mars 1957 qui a décidé «qu'en matière civile, lorsque le litige est indivisible, l'appel d'une partie doit, pour être recevable. être dirigé contre toutes les parties de-
vant le premier juge qui ont un intérêt opposé à celui de l'appelant. »
Elle se réfère aussi à la note suivant l'ar:r:êt de cassation du 18 septembre 1947 qui rappelle en effet ce principe.
Ce principe, l'arrêt d'aPIPel du 24 octobre 1945 ne l'a pas méconnu, mais il fait état de la règle (que rappelle également l'auteur de la note susdite) suivant laquelle, en matière indivisible, 1 'appel interjeté en temps utile par l'un des intéressés profite 1à ceux qui n'ont appelé qu'après l'expiration du délai légal mais avant que la décision n'intervienne - et il applique cette règle, par le considérant repris plus haut, au cas inverse, c'est-à-dire lorsque l'appelant n'a pas interjeté appel en temps utile contre tous ses « coïndivisaires ».
Action civile sur base d'une décision pénale à laquelle le demandeur n'était pas en cause.- Irrecevabilité.
Les époux D. s'étaient portés parties ctviles au cours d'une instance pénale contre N. et V auxquels ils réclamaient la réparation du préjudiJce que ceux-ci leur auraient causé en leur occasionnant des coups ou blessures involontai11es.
Ils obtinrent réparation intégrale, mais à charge de V. seulement - N. étant acquitté - par un jugement devenu déf,initif à leur égard.
La cause correctionnelle ayant été portée en appel, N. fut condamné au pénal tandis qu'au dvil, V. ne fut plus reconnu responsable qu'" ~,...ncurrence de la moitié du dommruge.
Cela étaru;, les époux D. assignèrent N. devant le tribunal civil aux fins d'obtention de dommages-intérêts sur base des fautes dont la 1 ~our correctionnelle l'avait déclaré coupabld.
Par les motifs suivants, l'arrêt du 3 mars 1961 de la ~e chambre (siég. : MM. Weens, président; de Rasse et Walravens, conseillers; Sottiaux, avocat général) a déclaré non recevable l'action des époux D.;
« Àttendu que les époux D. n'ayant pas été parties en cause devant la Cour (correctionnelle), le sort de leur action civile a été définitivement tranché par le tribunal correctionnel;
Attendu, en effet. que celui-ci, après avoir acquitté N. a, de manière implicite mais certaine, fondé sa décision d'incompétence à. l'égard des époux D. sur l'absence de condamnation pénale à charge dudit N.;
Attendu que, en statuant ainsi, ce jugement a décidé, définitivement à l'égard desdits époux D. que ne sont pas établies à charge de N. les infractions qui, suivànt ces époux, sont la cause du dommage dont ils demandent la réparation (cf. Cass., 11 avr. 1958, Pas., 1, 870);
Attendu que les intimés ne peuvent donc plus, dans une action portée devant la juridiction civile, et dirigée contre l'appelant, soutenir que celui-ci avait commis ces intractions, ni fonder sur cette prétention une nouvelle demande de réparation du préjudice causé, selon eux, par ces infractions; que l'arrêt rendu au pénal sur l'action publique dirigée contre N. est étranger aux intérêts civils des actuels inUmés; qu'il ne peut jaire revivre une contestation définitivement tranchée entre les parties. à l'actuel procès, et n'intéressant que leurs intérêts civils.»
Enquête. - Reproche de témoins. - 1) Proposition valable après la déposition. - 2) Détective privé ayant agi gracieusement, par amitié ou pour payer une dette de reconnaissance. - Reprochable.
L'article 270 du Code de procédure civile p1:1escrit que «les reproches seront proposés par la partie ou par son avoué avant la déposition du témoin qui sera tenu de s'expliquer sur tceux; ils seront circonstanciés et pertinents » et l'article 282 complète cette disposition comme suit : «Aucun reproche ne sera proposé après la déposition, s'il n'est justifié par écrit ».
Les chambres réunies de la Cour (siég. : MM. Senny, premier président; Misonne et Hanssens, présidents; Scarmure, Anne de Molina, Loir et Ligot, conseillers; baron van den Branden de Reeth, avocat général) ont eu à connaître notamment, ensuite d'un renvoi après cassation, de la validité d'un reproche au double point de vue de sa proposition et de sa validité.
Quant au premier point, l'arrêt déclare ce qui suit :
«Attendu qu'aux termes de l'article 270 du Code de procédure civile, « les reproches » seront proposés par la partie ou par son » avoué avant la déposition du témoin qui » sera tenu de s'expliquer sur iceux»:
Attendu cependant que cette règle trouve un tempérament dans l'article 282 du même Code qui dispose «qu'aucun reproche » ne sera proposé après la déposition s'il » n'est justifié par écrit »;
Attendu que le procès-verbal de l'enquête peut constituer et constitue, en l'espèce, l'écrit exigé; que l'auteur du reproche n'a eu connaissance que par la déposition du témoin de la cause du reproche (Rép. Dr. b., vo Enquête, nos 193 et 310; -Brux., 29 oct: 1955, Pas., 1956, 11, 94);
Attendu que le reproche proposé est, au surplus, suffisamment circonstancié;
Attendu qu'il est recevable. » Quant au second point, l'arrêt s'exprime
ainsi : «Attendu que D, qui reconnaît travailler
contre rémunération pour l'agence X (de police privée) affirme qu'en la présente cause, ·il n'a pas été rémunéré, mais qu'il a agi par sentiment d'amitié à l'égard d'un nommé V. (beau-frère de l'intimé) envers lequel il avait une dette morale;
Attendu que le juge du tond apprécie ,le reproche fondé sur l'intérêt que le témoin a à la contestation (Cass., 17 mai 1882, Pas,
.1883, 1, 240); Attendu que le témoignage est un mode
de preuve essentiellement subjectif; qu'il est trop sujet à caution pour l'admettre de qui fait profession d'en recueillir les éléments et qui peut avoir un intérêt soit matériel soit simplement moral à ce que ces éléments servent la cause d'une des parties soit directement soit même indirectement (Brux., 28 nov 1951, J T., 1953, p .. 105; Rép. Dr. B., voo Enquête, n·os 391 et 411 in fine); qu'à supposer qu'il soit exact que D. ait simplement voulu payer une dette de reconnaissance à son ami V. (beau-frère de l'intimé), il n'en est pas moins vrai qu'en exerçant sa profession de détective privé, même gracieusement et pour complaire audit V .• il n'était pas indépendant et avait intérêt à rapporter à la cause des éléments propres à satisfaire son bienfaiteur et indirectement ainsi (•actuel intimé;
Attendu qu'il y a lieu, en conséquence, d'accueillir le reproche proposé en le déclarant fondé et d'écarter des débats la déposition du témoin ainsi reproché. »
Mesure d'instruction. - Injonction à un tiers de produire à la Cour, par
\
écrit, dans un délai déterminé, des pièces et renseignements.
Statuant sur requête de l'épouse S-D., le président du tribunal, jugeant en vertu de l'article 214j du Code ci'Vil, avait décidé, le 3 mars 1966, que jusqu'à décision nouvelle ou accord des parties, demeurerait bloqué un compte-dépôt en banque inscrit au nom du mari.
Dans la suite, par une ordonnance du 1er juin 1956, le même magistrat, statuant sur les mesures provisoires auxquelles donnait lieu une demande en divorce de l'é!Pouse S-D, condamnait le conjoint de celle-ci au paiement d'une provision alimentaire.
Cette décision était coulée en fol'ICe de chose jugée, lorsque, le 8 février 1957, assignation était donnée par l'époux à l'épouse, toujours devant le même magistrat, {(aux fins d'entendre dire qu'il sera déchargé de
LA ViE
liU
ALAiS Appel d' Mrique.
Le bâtonnier du barreau de Bruxelles a reçu le 31 décembre 1961 le télégramme suivant:
Elisabethville 379 590 27 1H5 via Belradio. 1\[:lpel des magistrats, des avocats et le per
sonne! au service de la justice réunis à Elisabethville le 26 décembre 1961 lendemain de Noël font appel à leurs collègues du monde entier et leur font remarquer :
Que l'Organisation des Nations Unies est le seul organisme agissant comme un Etat -allant. jusqu',à mener des guerres sanglantesdont les pouvoirs exécutif et législatif échappent en théorie et en pratique dans leur action à tous contrôles et sanctions judiciaires;
Que depuis de nombreux mois des exactions mineures comme les crimes les plus graves contre l'humanité sanctionnés judiciairement à l'issue du dernier conflit mondial ont été reprochés publiquement et de façon précise à des membres de l'Organisation des Nations Unies au Congo;
Que forte de son immunité, celle-ci a toujours étou:Effé ces faits;
Que les crimes contre l'humanité dont ils ont été témoins :à Elisabethville en septembre et en décembre 1961 et rapportés fort partiellement par la presse mondiale sont tels que leur impunité mettrait en cause la moralité internationale elle-même et l'avenir de l'humanité et de la Paix;
Que cette cause dépasse le cadre katangais ou celui des représailles populaires contre la puissance coloniale;
Que l'étendue de ces crimes met en cause la direction suprême et la conception même qui ont présidé aux opérations de l'Organisation des Nations Unies au Congo;
Que cet organisme juge et partiè n'est pas à même d'enquêter et de sanctionner avec impartialité ·ses propres agissements et d'indemniser avec équité ses victimes;
Qu'ils constatent d'ailleurs que par des communiqués, des pressions directes ou indirectes sur les témoins terrorisés, des camouflages et mises en scène comme celle qui entoure l'enquête sur la mort de Monsieur Oli-
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toute obligation alimentaire et de paiement d'une provision alimentaire jusqu'au jour où son état de santé lui permettra de reprendre une occupation lucrative, et à entendre ordonner que son compte « carnet de ahèques » chez la Banque X sera remis à son entière disposition».
Une troisième ordonnance intervint le 2 mars 1957.
Saisie du recours du mari, contre cette dernière décision, la 13e chambre spéciale (siég. : MM. Mineur, président; Gillain et Walravens, conseillers; Meeus, substitut du procureur général) a rendu le 29 juin 1959 un arrêt par lequel, avant de statuer sur le mérite de l'appel, elle «ordonne à la sooiété S. du C. à H. G. et à la société les G. B. du C. de fournir à la Cour, par écrit, avant le 15 septembre 1959, toutes pièces comptables ou extraits de pièces comptables de nature à établir le montant, la date, ainsi que le ou
vet, délégué de la Croix-Rouge Internationale à Elisabethville, l'Organisat.ion des Nations Unies au Congo met tout en œuvre pour masquer la réalité des faits;
Que les enquêtes menées par les magistrats locaux avec toutes les garanties d'une procédure régulière et celles de la Groix-Rouge Katangaise seront d'office taxées de partialité;
Que d'ailleurs ces autorités ne possèdent pas le pouvoir d'investigation auprès de l'Organisation des Nations Unies au Congo ellemême qui dè}à retire des acteurs du théâtre des faits;
Que dans S( _.~ropres enquêtes l'Organisation des Na tic.~ Unies au Congo ne respecte pas les principes les plus élémentaires admis dans tous les (pays civilisés;
Que notamment l'Organisation des Nations Unies arrête et met au secret des individus sans qu'aucun mandat ni ohef d'inculpation ne leur soient signifiés; provoque à la dénonciation; soumet à la torture morale les témoins et les gens qu'elle arrête; ne dresse aucun procès-verbal des arrestations, des interrogatoires, des détentions, des transferts . et des élargissements; arrête des enfants en bas âge; refuse l'intervention de tout conseil et même des consuls;
Par ces motifs : Les magistrats, les avocats et le personnel
au service de la justice conjurent leurs collègues du monde entier de faire pression sur leurs gouvernements respectifs pour que de toute urgence une commission internationale d'enquête aux pouvoirs les plus étendus et d'une impartialité garantie soit instituée pour élucider sans faiblesse et sans réticence les crimes commis par certains membres de l'Organisation des Nations Unies au Congo, notamment au Katanga, depuis de nombreux mois et particulièrement depuis septembre 1961;
Que cette commission soit le permier pas vers une sanction pénale et civile adéquate à ces agissements au nom de la justice de l'humanité et notamment des enfants, femmes et vieillards assassinés à Elisabethville et à Shinkolobwe.
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les bénéficiaires des paiements e!fectués par elles du chef de travaux et fournitures faits à leur profit par l'appelant ou à son intervention depuis le 1er janvier 1955 jusqu'à ce jour.»
Obs. : On voudra bien nous excuser de signaler . tardivement cet arrêt, dont nous n'avons eu que récemment connaissailiCe. Il est d'un grand intérêt, car la mesure d'instruction particulière qu'il décrète (action ad exhibendum à l'égard d'un tiers) n'avait jamais, croyons-nous, été prescrite ni confirmée antérieurement par la Cour, en pareil cas. Sur le pouvoir de la juridiction saisie d'ordonner, même d'office, aux parties, la production de documents qu'elles possèdent et qui sont jugés nécessaires pour la solution du lit:Lge, voy Cass, 20 juin 1961 et la note Ch. Van Reepinghen, J. T., 1961, 509.
Georges LERMUSIAUX.
«Droit aérien et droit de l'espace». Me Ivan Hirch a, le 16 décembre, introduit
M. Max Litvine, chargé du cours de droit aérien à l'Université libre de Bruxelles, à la tribune de la section de ·droit congolais, maritime et aérien de la Conférence du Jeune Barreau de Bruxelles.
Le droit aérien et le droit de l'espace posent d'abord un problème de terminologie.
Si l'on retrouve parmi les premières conceptions de l'espace aérien celle correspondant notamment au «domaine des oiseaux», l'on y retrouve aussi le droit aérien considéré comme le pendant logique du droit maritime.
Le droit aérien est considéré tantôt comme l'ensemble des règles :régissant des rapports juridiques naissant de l'air, tantôt comme l'ensemble d( s règles régissant le milieu aérien. Mais qu'est- ~e que le milieu aérien ? On ne peut perdre de vue que le droit aérien comme d'ailleurs le droit maritime est un microcosme. L'objet en est les activités qu'il recouvre et une définition du droit aérien ne peut être fondée sur le milieu mais bien plutôt sur le moyen utilisé. Et Maurice Lemoine définit ainsi
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le droit aérien : « La branche du droit qui détermine et étudie les règles réglant la circulation et l'utilisation des aéronefs >>, aéronef étant au sens de la loi du 27 juin 1937, un appa,reil se soutenant dans l'air et excluant par là même des engins propulsés qui se meuvent non par l'air mais par des techniques différentes. La navigation aérienne et les assurances aériennes ne sont point incluses dans ce concept.
C'est ainsi que l' orateu:r arrive à cerner l'objet du droit aérien et à le définir de la façon suivante : « La branche du droit qui détermine et étudie les lois qui ·règlent la drculation et l'utilisation des aéronefs entre plusieuV8 points de la terre et les relations qui en résultent ».
Quant au droit de l'espace - l'expression date de 1910 - il faut rendre hommage aux juristes du début de notre siècle qui furent des précurseurs. Par la rapidité des évolutions techniques du droit de l'espace, les juristes ont été mis devant le fait aœompli ce qui n'avait pas été .le cas pour le droit aérien. Marchal en 1956 comme Fauchille en 1900 ont fait naître le faux problème de l'air en limitant celui-ci à une certaine hauteur au-dessus de la terre; comme d'ailleurs la conception de Cooper qui déclare que l'air au-dessus du territoire d'un pays appartient à ce de,mier. Il y a lieu au contraire d'exclure toute idée d'ap,propriation terrestre des espaces et des objets qui s'y meuvent. Il en résulte nécessairement la recherche d'un principe qui ne peut être que la liberté de l'espace et d'une méthode qui doit être la coopération internationale au sein des Na ti ons Unies.
Dès lo,rs l'orateur en arrive à définir de la manière suivante le droit de l'espace : « La branche du droit qui détennine et étudie les lois qui règlent la circulation et l'utilisation des engins spatiaux entre plusieurs points de la terre et les relations qui en résultent ».
Le droit de l'espace pose de moins en moins de problèmes d'ordre t:héorique, au contraire se fait sentir la nécessité absolue de rechercher des solutions adéquates et pratiques. Il apparaît pourtant que ce n'est que dans le cadre d'institutions internationales que le droit de l'espace pourra s'élaborer.
L' orateu:r ap,rès avoir ainsi étudié de façon approfondie les concepts de droit aérien et de droit de l'espace, et en avoir donné une définition ·complète, termine son exposé en traçant les caractères principaux du droit aérien.
Celui-ci est d'abord original et autonome. Il occupe dans le droit une place bien distincte. Il est régi par des conventions particulières : Convention de Chicago, Convention de Varsovie.
Le droit aérien est enfin moderne et politique, essentiellement international. Son étude est enrichissante et son domaine d~vient _de_ plus en plus vaste.
C'est avec son éloquence hooituelle mais aussi avec un talent professoral nouveau que M. Max Litvine entretin~ ses auditeurs.
Anne-Marie STORRER
LES DEUILS JUDICIAIRES
Le bâtonnier Jean HUYBERECHTS. Il est décédé, le 1 1 décembre, presque inopinément,
au terme d'une journée qu'il avait consacrée, comme des centaines d'autres, au sort des condamnés, des déshérités de la vie, de ceux qui SQnt internés dans nos établissements de défense sociale.
Son départ brutal cause, au barreau de Louvain, un immense regret. Il laisse dans le désarroi et la consternation, tous ceux qui, sous son impulsion, s'occupaient du Comité de patronage des prisons, de l'Amicale des anciens prisonniers politiques, des enfants moralement abandonnés, et de bien d'autres œuvres patriotiques et philanthropiques auxquelles, surtout depuis 1941, il donnait le meilleur de son temps et de sa personne.
Né en janvier 1892, il était à la veille d'atteindre sa septantième année. Si1 l'âge avait altéré quelque peu sa santé et ralenti sa marche, il avait conservé tout son enthousiasme, toute sa foi dans la mission accomplie et pour laquelle il espérait encore pouvoir dépen-6er, sans défaillance, ni ménagement, pas mal d'efforts et de dévouement.
On a rendu hommage, à juste titre, aux mérites incontestables que Me Jean Huyberechts s'est acquis, comme citoyen, comme combattant 19!4-1918, comme bâtonnier et juge de paix suppléant, comme patriote et résistant de la guerre 1940-1945· On a vanté aussi sa plume alerte, l'ironie, parfois mordante, de son esprit, sa verve, sa jovialité, son langage débordant d'humour.
Il faut souligner aussi ses qualités d'homme de bien. Président du Comité de patronage, depuis janvier 1948, il se plaisait à évoquer le vir bonus, l'homme charitable, courtois, désintéressé et discret, qui se consacre à ses semblables.
Il en était le tranquille et vivant exemple.
Un travailleur volontaire et opiniâtre, une personnalité marquante, un cœur sensible, franc, généreux, une âme courageuse.
J.D. J.
/-~~~-JWstxs
Pénalistes amateurs. Est-il certain que énalistes pourront approuver
la teneur de l'artic~- ) de la proposition de loi n° 191 de la Chambre L•t date du 8 novembre 1961, signée Vanden Boeynants et consorts ?
Il s'agit dans cette proposition de la répression de certains procédés anormaux de concurrence dans le commerce de détail. Sont visées surtout les pseudoliquidations et les ventes à rabais publicitaire.
Lisons cet article 19 : «Lorsque l'acte punissable a été commis par des
employés, ouvriers ou mandataires dans l'accomplissement de leur travail, les peines prévues aux articles 16 et 17 de la présente loi seront applicables également à l'employeur qui aura commis cet acte ou omis de l'empêcher ou d'en supprimer les effets.
»Lorsque l'acte punissable a été commis dans la gestion d'une personne morale ou d'une société en nom collectif ou en commandite, les dispositions pénales s'appliquent aux membres de la personne morale ou aux sociétaires qui ont agi ou auraient dû· agir en .son nom. Toutefois la personne morale ou la süciété est tenue solidairement de l'amende et des frais)).
Reconnaissons deux choses. La première, la bonne intention des signataires de la proposition. La seconde, la difficulté de préciser l'infraction.
Après quoi nous pourrons nous demander si les signataires de la proposition sont suffisamment qualifiés, s'ils ont la compétence vbulue pour ajouter des dispositions nouvelles à notre droit pénal déjà si encombré.
Comment des préposés pourraient-ils commettre l'acte punissable sans l'ordre du patron, de l'employeur ? Pourquoi dès lors les rendre responsables prématurément de l'acte délictueux ? Ne semble-t-il pas qu'il n'y a qu'un seul coupable, l'employeur? Le préposé peut-il être coauteur ou complice ?
D'autre part si cet employeur est une personne morale pourquoi n'est-il solidairement responsable de l'amende et des frais que s'il s'agit des sociétés indiquées et non d'une société anonyme, coopérative, ou de personnes à responsabilité limitée ?
Tout donne à penser qu'on a fait un salmigondis avec la responsabilité pénale et la responsabilité civile.
A plus de soixante-dix reprises, dans notre législation, des dispositions relatives à la responsabilité civile sont intervenues depuis notre indépendance. Elles ne concordent pas entre elles. Il n'est peut-être pas requis d'y ajouter des discordances nouvelles.
Raoul RuTTIENs-MANSART.
IfE-Glos 1
1962. Bonne année à nos lecteurs ! Le Journal des Tribunaux répondra comme
hier à leur fidélité et à leur amitié, conscient des obligations qu'elles lui tracent.
Nous avons achevé 19~61 avec un arriéré de doctrine et de jurisprudence. Faut-il le regretter? L'excès même des matières n'est-il pas un témoignage de vitalité? Nous comptons sur le concours de nos correspondants et de tous nos amis pour la continuation d'une œuvre à laquelle les juristes de ce pays ont marqué leur attachement.
Le Journal des Tribunaux s'imprime à Bruxelles mais il veut être l'écho de la vie judiciaire de tout le pays : c'est dire et répéter que ses rubriques jurisprudentielles doivent, en chaque chef-lieu, être entretenues. Et que notre gratitude s'exprime aux magistrats, aux avocats, à tous les collaborateurs de la justice qui voudront, comme hier, nous y aider.
Vne motion de la Conférence des bâtonniers.
La Conférence des bâtonniers des barreaux belges, en une séance extraordinaire tenue le 23 décembre 1961, a voté à l'unanimité la motion suivante :
La Conférence des bâtonniers des barreaux belges, réunie en séance extraordinaire le 23 décembre 1961, à la demande du bâtonnier de Bruxelles,
Après avoir pris connaissance de la motion adoptée par le Conseil de l'Ordre de Bruxelles le 15 décembre 1961,
Exprime à son tour sa vive émotion devant l'appel adressé au barreau de Bruxelles, le 14 décembre 1961, par les 46 médecins civils d'Elisabethville,
Réprouve solennellement toutes atteintes qui paraissent avoir été injustement portées à la vie ou à l'intégrité des personnes et des biens à Elisabethville,
Adjure toutes les autorités responsables de mettre fin à des attentats qui violeraient les principes fondamentaux proclamés par la Charte de l'O. N. U., la déclaration universelle des droits de l'homme et les conventions de la Croix-Rouge, ,
Exprime le vœu de voir le Gouvernement constituer d'urgence une commission d'enquête présidée par des hauts magistrats et chargée d'instruire relativement aux faits qui furent notamment dénoncés par les 46 médecins civils d'Elisabethville,
Emet le vœu que toutes violations qui seraient constatées soient ensuite examinées et jugées par une autorité judiciaire internationale.
Année sombre pour le droit. Le droit, au cours de l'année écoulée, a subi
plus d'une épreuve et, dans ce numéro, il faut hélas, signaler de nouvelles plaintes. La guerre - car on doit l'appeler par son nom -, attentats terroristes, agressions, meurtres et prises d'otages, toutes ces brutalités inhumaines sont autant de soufflets au droit et aux espérances qu'il nous avait apprises.
Jhering disait vrai peut-être lorsqu'il affirmait que le droit fraye son chemin dans les combats qu'il doit livrer.
Mais n'est-ce pas au problème de l'homme qu'il faut revenir? Les nations et les groupes expriment les sentiments de haine, de cupidité, de cruauté que la civilisation n'a point taris dans tous les cœurs.
Et pourtant il faut continuer de croire au droit, remplir les tâches qu'il implique et panser ses blessures. Chaque pierre a sa valeur dans la construction lente de cet édifice et les juristes, jour après jour, dans la modestie de leurs labeurs, désapprennent aux
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Maison Ferd. LARUIER, S. A. l 39, rue des Minimes, Bruxelles l C.C.P. : 423.75
PRINtJIP AUX
Les
Codes Larcier publiés sous la direction juridique de
Joseph GUISSART et Jules CLOSON, Juges au Tribunal de première instance de Lige,
Directeurs juridiques du « Bulletin législatif belge »
avec la collaboration de Charles GOOSSENS,
Chargé de cours à l'Université de Liège
et
Paul SCHETTER, Auditeur militaire près le Conseil de guerre de Liège
MISE A JOUR DE L'EDITION 1959 selon les textes publiés au .. Moniteur » jusqu'au
1er janvier 1961
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Avocat à la Cour d'appel de Bruxelles
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rédigé par
Guy VAN FRAEYENHOVEN Avocat près la Cour d'appel de Bruxelles,
Licencié en sciences financières
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Paul DEMEUR Avocat près la Cour de cassation
Professeur à l'Université catholique de Louvain
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Recueil annuel de Jurisprudence ·Belge Contenant les sommaires de toute la jurisprudence et de tous les articles
de doctrine parus en Belgique publié sous la direction de
Charles VAN REEPINGHEN Ancien btitonnier de l'Ordre des Avocats à la Cour d'appel de Bruxelles
Professeur à l'Université de Louvain
avec le concours de Robert PIRSON Cyr CAMBIER
Avocat à la Cour de cassation Avocat à la Cour d'appel de Bruxelles
Renée LEBLUS Jacques LEPAFFE Avocat à la Cour d'appel de Bruxelles Avocat à la Cour d'appel de Bruxelles
Christian VANDERVEEREN Avocat à la Cour d'appel de Bruxelles
ANNEE 1961 - JURISPRUDENCE 1960 Un volume in-4° de 600 pages . . Le volume re'té (reliure luxe éditeur)
975 F. . 1.225 F.
TABLES ,
DECENNALES 1949-1958 PAR
Jacques PUTZEYS
Aimé DE CALUWE Guy V AN FRAEYENHOVEN
Jacques 't KINT Claude V AN HAM
Avocats à la Cour d'appel de Bruxelles
Un volume in-4" de 750 pages . . Le volume relié (reliure luxe éditeur)
Cyr CAMBIER Avocat à la Cour d'appel de Bruxelles Agrégé de l'Enseignement supérieur
Maître de conférences à l'Université de Louvain
Principes du Contentieux admini~tratif TOME 1
LE JUGE DANS L'ETAT LE CONTROLE JUDICIAIRE
DE L'ADMINISTRATION
Un volume ln-8° de 400 pages . . 475 F. 725 F (relié)
La procédure devant la Cour de Justice des
Communa.,.tés européennes PAR
Charles VAN REEPINGHEN Avocat à la Cour d'appel de Bruxelles
Ancien Bâtonnier Professeur à l'Université de Louvain
ET
Paul ORIANNE Avocat à la Cour d'appel de Bruxelles
Agrégé de l'Enseignement supérieur Maître de conférences à l'Université de Louvain
Un volume in-8° . 300 F.
Frans van ISACKER Doctor in de rechtswetenschappen
van de universiteiten van Leuven en Amsterdam
De morele rechten van de auteur Met een woord voorof door
Prof. Dr. E.D. HIRSCH BALLIN
Een boekdeel in-8°, 216 blz. . . 250 F.
1.200 F. 1.450 F.
. André JANSSENS-BRIGODE Avocat près la Cour d'appel de Bruxelles
L'Assurance de Responsabilité Ouvrage mis à jour par
Emilie BEYENS Avocat près la Cour d'appel de Bruxelles
Préface de M. Jacques BASYN Président de l'Union professionnelle des entreprises
d'assurances (U.P.E.A)
Un volume in-8" 1961 . 400 F.
R. GEYSEN Directeur de la « Revue de Droit social »
Président de la Juridiction d'appel. du travail à Anvers
JURISPRUDENCE DU TRAVAIL (1956·1960)
AVEC NOTES CRITIQUES
Un volume in-8° de 424 pages .
Antoine COLENS
375 F.
Avocat près la Cour d'appel de Bruxelles
Le contrat d'emploi DEUXIEME EDITION
Un volume in-8° de 230 pages : sous presse
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peuples lés œuvres de violence et d'iniquité. La justice à laquelle ils concourent a succédé aussi aux règlements de la force. L'heure viendra où les « Na ti ons Unies >) ne porteront plus comme un paradoxe ce beau nom que démentent les réalités douloureuses.
Le 75e anniversaire d,u « Soir».
Le Soir annonce à ses lecteurs qu'il a fêté son 75·me anniversaire.
N ons lui adressons cordialement nos félicitations et nos vœux.
Nous nous souvenons qu'il y a deux ans il s'associa de la manière la plus aimable aux mêmes fêtes de notre maison.
Nous nous rappelons aussi les affinités de personnes qui depuis la fondation du Soir ont existé entre lui et les palais de justice. La mémoire de Lucien Fuss est également entretenue chez nos confrères de la presse et chez nos confrères du barreau.
Qneen Anne
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Agts gén. : Ets Ch. Van Petegbem, Bruxelles
MOINS D'lM POTS
Controverse ~:ur les responsabilités de l'O. N. U.
Nom, publierons, dimanche prochain, un article de M. Henri Rolin « Défense de l'O.N.U. )) répondant à l'étude de M. Paul De Visscher parue dans le Journal des Tribunaux du 24 décembre. Controverse, on le verra bien, et l'auteur ne se le dissimule pas, qui ne sera point ainsi épuisée.
La boxe et ses abus.
Dans une question au ministre de la .Justice, M. Henri Rolin, sénateur, fait écho aux observations contenues dans l'article que M. Marcel Philippart a publiées récemment dans nos colonnes (J. T., 1961, 733).
M. Pierre Vermeylen a répondu à M. Rolin que le sujet concernait son collègue, M. le ministre de la Santé publique et de la Famille, à qui la question a été transmise.
L'ASSOCIATION BELGE DES EXPERTS (A BEX) porte à la connaissance de Messieurs les Magistrats et Avocats que dorénavant toute correspondance doit être adressée à M. A. DuCrane, secrétaire général, 13, chaussée de Charleroi, Bruxelles 6, téléph. 38.11.49. L'Annuaire peut être obtenu sur demande. (1321)
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Docteurs en droit à l'administration des Contributions.
M. le sénateur Hougardy s'est informé du nombre de docteurs en droit parmi les fonctionnaires supérieurs de l'administration des Contributions, M. le ministre des Finances répondit qu'il n'y en avait aucun (J. T., 1961, 546).
Cette information a provoqué la publication dans la livraison de décembre 1961 du Bulletin des Contributions édité par le ministère des Finances d'une mise au point de laquelle il ressort qu'à l'administration centrale il y a 5 docteurs en droit, dont 3 sont en période de stage; deux de ces docteurs en droit sont conseillers adjoints, les 3 autres sont secrétaires d'administration.
Selon l'auteur « la détention d'un grade légal universitaire - et surtout celui de docteur en droit - ne sufffit cependant pas par lui-même pour pouvoir assumer les tâches d'un fonc. tionnaire des Contributions, lesquelles comportent un caractère de technicité incontestable)).
Des connaissances sérieuses de la matière économique et de la comptabilité doivent s'ajouter à une formation juridique solide.
Sont-elles mieux acquises à ceux qui ne sont pas docteurs en droit ?
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Reliure du Journal des Tribunaux. Nous rappelons à nos abonnés que la Mai
son Lare. er se charge de relier leur collection du Journal 1961, ainsi que celles des années antérieures, pour le prix de 130 F l'année, en percaline, ou de 170 F en cuir A. R. avec coins.
La Maison Larcier remplace - gratuitement jusqu'à concurrence de trois - les numéros manquants dans les collections qui lui sont confiées pour être reliées.
Afin d'éviter toute détérioration de numéros, nous conseillons à nos abonnés de faire déposer leur collection aux bureaux de l'éditeur, 39, rue des Minime,s. Pour ceux qui ne pourraient le faire, nous conseillons l'envoi de la collection par paquet bien emballé, portant la mention << périodiques » afin de réduire les frais de port au minimum.
Le,s collections seront renvoyées, reliées, à l'expéditeur, dans la huitaine suivant la réception des numéros.
Le Journal des Tribunaux DIRECTION
Charles V an Reepinghen, rédacteur en. chef. -Robert Pirson. - Cyr Cambier. Chronique judiciaire : Jean Dal. Secrétaires de la rédaction : Renée Leblus. -Wivine Bourgaux.
Administration: Maison Ferd. LARCIER, S. A • 39, rue de,s Minimes, Bruxeilles Té[. 12.47.12 -- C.C.P. 423.75
Admini:strat,eur-dtrecteur : René Mlgnolet Doctoor en J.roH
A.dminis,tJ'ateur-délégué : J.-M. Ryckmans DocteUJr en droit
ABONNEMENT ANNUEL Beilgique et Grand-Duche Œe Luxembourg :
775 francs
17285
Et,I'Iangeœ : 825 francs Le numéro : 20 francs
Les manuscrits ne sont pas rendus.
~ l'imprimerie PUVREZ 59, av. Fonsny. Bruxelles
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