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    Zoo est dit parArcadia Media45 rue Saint-Denis75001 Paris

    Envoyez vos contributions :[email protected]

    Directeur de la publication& rdacteur en chef :Olivier Thierry

    Rdacteur en chef adjoint :Olivier Pisella, [email protected]

    Directeur commercial et marketing :Jean-Philippe Guignon, [email protected]

    Conseillers artistiques :Kamil Plejwaltzsky, Howard LeDucRdaction de ce numro :Olivier Pisella, Louisa Amara, Hlne Beney,

    Julien Foussereau, Jrme Briot, KamilPlejwaltzsky, Olivier Thierry, Thierry Lemaire,

    Jean-Philippe Renoux, Wayne, Michel Dartay,Boris Jeanne, Philippe Cordier, Alix de Yelst,Audrey Retou, Thomas Hajdukowicz, Jean-Laurent Truc, Vladimir Lecointre, GersendeBollut, Yannick Lejeune, Bertrand Sibrien,

    Jrme Hanichel, Julie Bee, Sylvie Dassier,Jean-Marc Lain, Stphane Urth, DidierPasamonik, John YoungPublicit : [email protected] Jean-Philippe Guignon, [email protected]

    Marion Girard, [email protected]

    Genevive Mechali-Guiot,[email protected]

    Couverture : Pierre Wachs

    Collaborateurs : Yannick Bonnant et Audrey Retou

    Dpt lgal parution.Imprim en Espagne par MONTERREINA

    Les documents reus ne pourront tre retourns.Tous droits de reproduction rservs.

    www.zoolemag.com

    La censure dans la bande dessinefait-elle son retour insidieux ? Alorsque les supports numriques sont

    censs librer encore davantage lesauteurs des carcans qui pourraient leurtre imposs par leurs diteurs (disent cer-tains), deux vnements rcents illustrentle contraire, du fait de la concentration trsforte des plateformes numriques entre lesmains de seulement quelques acteurs. Lepremier est la censure prventive et tem-poraire, par la plateforme Comixology ,d'un pisode de la srie Saga par le clbreBrian K. Vaughan (dont nous publieronsune interview bientt). Le problme ? Unecase minuscule dpeignant un acte sexuelentre deux hommes. Craignant qu'Applene censure ce contenu, l'diteur de la plate-forme l'avait fait sa place. Le comic book estdsormais de nouveau librement disponible.

    Dans un autre incident, une plateformenumrique de BD franaise bien connue seserait apparemment vue intimer l'ordre parApple de supprimer toutes les BD ayantun caractre rotique, sans qu'il soit prcisce qu'il tait entendu par l. Auraient donct supprimes, de manire prventive ga-

    lement, des BD commeLargo Winch... avantd'tre rtablies par la suite. Un phnomnepour le moins troublant, impos par le puri-tanisme amricain et rendu possible parl'hgmonie de certains.

    Il conviendra d'tre vigilant.

    RUBRIQUES06 - AGENDA NEWS : Geekopolis, Montargis coince la bulle...42 - COMICS : 50 ans des X-Men, Cinder & Ashe46 - HORS CASE : BD de chiottes48 - NUMRIQUE & BD : Spirou.Z49 - VIDE-POCHE : slection de produits culturels, high-tech...50 - ART & BD : Camera Obscura51 -JEUNESSE :Les Taches du lopard, Grrreeny54 - MANGAS & ASIE : Master Keaton, Woodstock...61 - SEXE & BD : Apple et Lemon

    m ditom

    mZoommaire mnumro 48 - mai-juin 2013

    OLIVIER THIERRY

    Retrouvez quelques planches de certains

    albums cits par Zoo ladressewww.zoolemag.com/preview/Le logo ci-contre indique ceux dont lesplanches figurent sur le site.

    Prochain numro de Zoo : le 3 juillet 2013galement disponible Japan Expo / Comic Con

    CIN & DVD62 - STAR TREK: INTO DARKNESS : lUSS Enterprise tombeau ouvert64 - SUPERMAN: MAN OF STEEL : la renaissance de lhomme dacier

    JEUX VIDO65 - NINTENDO prpare lt de la 3DS66 - THE LAST OF US : preview

    *

    Le logo coup de cflur Zoo distingue lesalbums, films ou jeux vido que certainsde nos rdacteurs ont beaucoup apprcis.

    PhilipeRichelleetPierreWachs/GLNAT

    08 - LES MYSTRES DE LA RPUBLIQUE

    Z

    oo

    estpartenaire

    de

    :

    ACTU BD10 - SISCO : symphonie en rouge vif12 - LE VENT DANS LES SABLES : aprs le mistral, le sirocco13 - CHARLES CHARLES : politiquement incorrect14 - PROMTHE : ambiance fin du monde16 - LHOMME DE LANNE : des souvenirs et des hommes18 - TEMUDJIN : lenfance dun conqurant19 - LE PETIT MONDE DE LIZ : les animaux ne sont pas btes20 - CAMARGUE ROUGE : des Indiens chez les Gitans22 - DUNK : dunk, but not drunk!24 - FREAKS SQUEELE FUNRAILLES : dark squeele25 - ORIGNAL : mais pourquoi est-il aussi mchant ?26 - LUUNA : t indien pour Luuna28 - NESTOR BURMA : Barral, 1er prix du conservatoire de Tardi30 - LE PRINTEMPS DES ARABES : 1+1+1=100031 - LOIN DES YEUX : posie de la sparation32 - DOUCE, TIDE ET PARFUME : In Vivo, Ex Vivo34 - FRANQUIN : Silence ! Franquin parle !36 - THALULAA : mornes Tikis37 - MERMOZ : la dernire chevalerie38 - LA TECTONIQUE DES PLAQUES : interview de Margaux Motin39 - WIKIPANDA : zoologie zygomatique40 - CHRONIQUES LONGUES

    GRRREENY T.2 : PAGE 52

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    Lyon en casesLyon BD estdsormais unemanifestation bieninstalle. Pour son8e opus, plus de 120auteurs viendrontddicacer au Palais ducommerce, l'Htelde ville et la Fnac

    Bellecour. On retrouvera des expositionsconsacres la srie Murena, la BDargentine (pays partenaire) ou aux 75 ansde Spirou. Du spectacle vivant se tiendragalement au Thtre l'Odon Comdie(impro BD, l'atelier Mastodonte surscne, la pice dans ta bulle ...). Pour lesassoiffs : confrences, ateliers BD,masterclass du numrique, ou projectiondu documentaire Sous les Bulles viendront enrichir ce week-end dense !Les 15 et 16 juin 2013infos sur : www.lyonbd.com

    WAYNE

    Tonnerre de bulles ! n2Tonnerrre de bulles !,successeur de feu lemagazine On amarch sur la bulle,sort dj son numro

    2. Parmi lespersonnalits de labande dessineinterviewes, citonsFranois Walthry,

    clbre dessinateur, entre autres, deNatacha, et le jeune Max de Radigus quisort ces jours-ci le trs bon OrignalchezDelcourt (voir par ailleurs notre articlepage 25). Encore une fois, Tonnerre deBulles nous donne loccasion derencontrer des auteurs de diffrentesgnrations dans de longs entretienstoujours riches en anecdotes.Les petits Sapristains, 56 pages, 6

    LA RDACTION

    a balance pas mal paris !Parrain cetteanne par Ludovic

    Debeurme, le 7e

    festival BullesZikprend ses aisesavec des horairesd'ouverture et deddicace largis.Retrouvez lamdiathque

    Marguerite Duras et la MPAA Saint-Blaise (Paris XXe), 25 auteurs, septconcerts et deux expositions (LudovicDebeurme sur place, et Margerin et lamusique Svres). La manifestationpropose galement des duels dessins,un concert de dessins d'Arthur Bourgeoiset Ltitia Coryn, des rencontres-dbatsautour de la musique et de la BD ind,des ateliers BD pour enfants et ados...Les 8 et 9 juin 2013infos sur : www.bulleszik.com

    WAYNE

    Amiens... 18e !Pour la 18e fois, la villed'Amiens organise sonfestival, devenu unrendez-vousincontournable desbdphiles. Cetteanne, l'affiche estsigne MatthieuBonhomme, et lamanifestation propose

    de nombreuses expositions : hommage Goossens, L'pervier, La Balade de Yaya...Ainsi que des rinterprtations declassiques littraires par des classiquesde la BD amricaine.Les 1eret 2 juin 2013infos sur : bd.amiens.com

    WAYNE

    en bref A g e n d a N e w s

    4 ALBUMS PARUS CHEZ DUPUIS

    P assionns de nouvelles technologies, de science-fic-tion de tous les outils propices dvelopper lima-ginaire, prparez-vous en cette fin de mois de mai dcou-vrir Geekopolis, la cit des geeks. Sise au Palais des Congrs

    Paris-Est Montreuil, Geekopolis se compose de cinq quartiersaux univers bien distincts. Little Tokyo ravira les japoni-sants de tous poils. Avalon sera la destination de prdilectionpour les amoureux dheroic fantasy tandis que les disciples dela science-fiction pure et des super-hros zoneront Metropolis. Le steampunk ne sera pas non plus en reste avecle district Nautilus et les scientifiques en herbe iront volon-tiers jeter un flil Teklab.

    Geekopolis proposera, comme souvent dans ce genre demanifestations, des projections de web-sries, des conf-rences et des rencontres de sommits (telles que John Lang,crateur de la sagaNaheulbeuk). Signalons galement laccentmis sur linteractivit avec les visiteurs qui pourront partici-per des ateliers, entre autres, dinitiation au sabre laser ou

    la calligraphie. Donc, vos cosplay et cap sur Montreuil !

    Montreuil,rsolument geek

    c Geekopolis, les 25 et 26 maiHoraires et tarifs sur www.geekopolis.fr

    BERTRAND SIBRIEN

    P our sa quatrime dition, le Festivalde bande dessine de Montargistourne son regard vers la Bretagne enddiant lvnement au regrett BrunoLe Floch, disparu lanne dernire. Avecle regard bienveillant de lauteur de Troisclats blancs loin au-dessus de leur tte,44 dessinateur(trice)s viendront ddica-cer, avec en tte daffiche : Mezzo,Chantal Montellier, Aude Samama,Olivier Mangin, Jack Manini, Serge Pell

    et Tito. Une exposition Eddy Vaccaro et un concert agr-menteront le week-end. Direction donc le Loiret pour ycroiser le chien de Montargis , sous le crayon des artistes.

    Montargiscoince la bulle

    c Montargis coince la bulle, les 25 et 26 maiHoraires et tarifs sur www.montargiscoincelabulle.com

    THIERRY LEMAIRE

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    La Rpublique en chantant nous ouvre la bar-

    rire. De 1792 ce jour, la France a connucinq Rpubliques (voir encadr). Lespolars nerveux du Belge Philippe Richelle y trou-vent leur cadre dans ces affaires qui ont marqu nosinstitutions. Jai russi cumuler mes deux passions : polaret Histoire. Avec une fascination pour les annes 30, lmergencedes fascismes. En France, les ligues comme lAction Franaise ont

    fait vaciller le pouvoir. Philippe Richelle a propos sonprojet Glnat (lire linterview de Franck Marguin) : Je ne voulais pas faire de lOncle Paul, raconter de grandesaffaires, mais proposer des rcits policiers forts. Laffaire Salengro, la Libration, la Rsistance, lesrglements de comptes, la dcolonisation et la guerredAlgrie, mai 1968, Richelle frappe les trois coups.Avec lui, au dessin, Pierre Wachs, Alfio Buscaglia etFranois Ravard. Chacun a son poque et ses albums.

    LES SECONDS RLES PRIORITAIRES

    Pierre Wachs (Secrets bancaires, Le Triangle secret) sestimpos pour la srie sous la IIIe Rpublique. On a prisdu temps pour choisir, mais le dessin de Wachs, classique, taitparfait , constate Richelle. La priode me convenait par-

    faitement , confirme Wachs. Jai eu beaucoup de plaisir monter cette quipe de flics, mettre au point ces seconds rles biendvelopps dans le texte . Une constante qui revient dansle discours des deux autres dessinateurs.Alfio Buscaglia, choisi par Richelle pour la IVeRpublique et pour son travail surNuisible, a poussle dtail trs loin : Sur ses conseils, je me suis inspir pourle hros de Francis Huster. Mais aussi de Jean Ferrat. Lalbum

    se passe en 1946 dans le Sud de la France. Jai trouv des livres

    sur Marseille cette poque, la mode, visionn des films noirs. Enfin, Franois Ravard (Hamlet 1977, La Faute aux

    Chinois), au trait dynamique, a sduit Richelle pour

    Ve

    Rpublique. Il a aim lcriture et lpaisseur dpersonnages. Il fallait exagrer les contours. Les personnag

    E n C o u v e r t u r e

    Dans Les Mystres de la Rpublique, Philippe Richelle signe des polars avec en toile de fond des affaires et des vnements qui ont maqu la France de 1935 1970. Au dessin : Wachs, Buscaglia et Ravard. Les trois premiers albums sont sortis le 15 mai chez Glnat.

    Pourquoi avoir limit lasrie aux trois der-nires Rpubliques ?Pour rester dans universcontemporain. Nous avonstrouv sduisante lide deRichelle ds le synopsis. Onavait envisag dabord troisenqutes runies par un lienfamilial. Ctait trop tl-

    phon.

    Trois Rpubliques, trois cycles avec troisauteurs et un scnariste, quel sera le rythme deparution ?Il y aura cinq albums par Rpublique. Chaque titrepourra se lire seul avec un fil rouge du premier au cin-quime album. Trois albums paratront chaque anne.Pour le lancement, trois titres sortent en simultan.Ensuite, un tous les quatre mois. chaque fois ce sontdes intrigues policires, une fiction qui frle la grandeHistoire. Du polar avec le regard daujourdhui et uneforme qui tient compte de lpoque. De la BD de genretotalement assume.

    Trois dessinateurs diffrents vont assurer lasrie. Comment ont-ils t choisis ?Par Richelle, comme des acteurs, par casting avec

    planches dessais. Pour la IIIe Rpublique, Pierre Wacsest impos avec sa ligne claire stylise. Son trait etrs Glnat avec gros plans, panoramiques. Pour IVe, Alfio Buscaglia est un auteur plus spcialis en Sen illustration. Sur ce projet raliste son dessin seadapt. Dernier auteur que je connais depuis lontemps, Franois Ravard pour la Ve. Son trait est libre.se lche. Leurs styles devaient tre accessibles au granpublic.

    Glnat redcouvre la BD historique ?Il tait une fois en France a marqu la relance dun genen sommeil qui tait une tradition chez Glnat. Noavons beaucoup travaill la maquette des albumChaque Rpublique a une couleur prcise de couvertre. Le bleu pour la IIIe, le blanc pour la IVe et bien srrouge pour la Ve. Cest la mme coloriste, ClaudBoccato, qui a travaill sur tous les titres. Une scne dcrime avec les hros policiers de lenqute est chaqfois en couverture. On a gard le mme lettrage.

    Confiant dans lavenir de cesMystres ?Tout fait. Nous avons de bonnes remontes dlibraires. Le plan marketing est consquent. CMystres sont un vnement majeur pour Glnat 2013.

    FRANK MARGUIN : LA BD HISTORIQUE TAIT EN SOMMEIL

    PROPOS RECUEILLISJEAN-LAURENT TRU

    FRANK MARGUIN, DITEUR CHEZ GLNAT, CONFIRME LAMBITION DITORIALE DE LA SRIE : UN ENJEU

    MAJEUR CETTE ANNE AVEC SILAS COREY DE NURY-ALARY PUIS EN SEPTEMBRE UN WESTERN AVEC ROSSI-BOLLE.

    DR

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    E n C o u v e r t u r e

    secondaires mont amus. Jai ferm mescases, allong les plans, exagr aussimon trait. On est en 1959 avec uneambiance parisienne, un peu, comme vousdites, tardiesque.

    UNE LOGIQUE DITORIALE

    Une srie pareille, on en borde

    les dtails. Au risque de se perdreou, pire, de perdre le lecteur (lirelinterview de Franck Marguin).Ce qui nest pas le cas. TroisRpubliques, un hros policier par poque,cinq albums par Rpublique, une intriguese termine dans chaque album. Javaisenvie de densit et dviter les coupures. Lehros rebondit dun album lautre, sem-barque dans sa propre affaire , com-plte Richelle. Le lecteur naime plusattendre. Difficile de faire des sries suiteaujourdhui. Philippe Richelle atravaill la logique ditoriale : LaBD se spcialise, le public se morcelle.

    Avec Les Mystres de la Rpu-blique,jai voulu apporter aux lecteursde bonnes enqutes pour les captiver, et dela curiosit pour ces poques que couvrentvos Rpubliques.

    OBJECTIVITET PAS DTATS DME

    Richelle touche, sans tats dmemais avec objectivit, tous lessujets. La Rsistance et lpurationen 1944 : La France avait t coupeen deux pendant la guerre. La Librationa t une guerre civile larve. Buscagliaa trouv dans le scnario de son

    album des similitudes avec lItalie en1944. Dans nos petites villes on se souvientdvnements pas trs clairs issus des cendresdes annes de fascisme. Mme son de cloche chez FranoisRavard : Un exercice compliqu de par-ler de la guerre dAlgrie, des porteurs devalise, ces Franais qui transportaient desfonds pour le FLN algrien. Le hros estimpliqu sans le savoir. Cest un drame noirtrs bien ficel avec une criture intressantequi ira jusquaprs les pavs de mai 68. Pierre Wachs confirme : Richelle,pour la IIIeRpublique, a repris partiel-lement laffaire Salengro, ministre socia-

    liste accuse davoir dsert en 1915. Il sesuicide, victime dune campagne de presse.

    Le tout est trait de faon romanesque. LaRsistance est un thme majeur red-couvrir. Le rythme de parution est aussinouveau et contraignant. Wachssait quil est rapide, trs serr .Buscaglia reoit le scnario par

    tranches : Richelle veut que je meconcentre sur des squences prcises. Jaile synopsis complet. Sa narration estefficace. Trois Rpubliques et trois sries.La premire ira jusquen 1944, laseconde finira en 1958 avec leretour de De Gaulle qui sonnera le

    glas de la IVe

    Rpublique. Pour latroisime srie, Richelle sarrteaux dbuts des annes 70. Lesalbums tiennent bien la route,carrs. Concidence intressante,notre Ve Rpublique est aujour-dhui en crise. Affaire Cahuzac, latransparence, la crise conomique,certains y voient une comparai-son possible avec les annes 30.Lactualit a parfois des sautes dhu-meur pour rappeler que lhistoiredes affaires , est malheureuse-ment sans fin.

    c LES MYSTRES DE LA TROISIMERPUBLIQUE, T.1, LES DMONS DES ANNES 30de Philippe Richelle et Pierre Wachs,Glnat, 56 p. couleurs, 13,90

    c LES MYSTRES DE LA QUATRIEMERPUBLIQUE, T.1, LES RSISTANTS DE SEPTEMBREde Philippe Richelle et Alfio Buscaglia,Glnat, 56 p. couleurs, 13,90

    c LES MYSTRES DE LA CINQUIMERPUBLIQUE, T.1, TRSOR DE GUERREde Philippe Richelle et Franois Ravard,Glnat, 56 p. couleurs, 13,90

    La France et ses Rpubliques :La Ire Rpublique ne date pas de 1789 mais de 1792 avec laboli-

    tion de la monarchie. Napolon Bonaparte y mettra fin en 1804. Le IerEmpire succde la Rpublique. La France revient ensuite la monarchiejusquen 1848.

    La IIe Rpublique,de 1848 1852. Toujours la tentation de lEmpiremais cette fois avec Napolon III. Le Second Empire disparat avec la dfai-te de la France en 1870 contre lAllemagne.

    La IIIe Rpublique, de 1870 1940, le temps des grandes avancessociales, du Front Populaire, mais aussi des deux guerres mondiales. En juin1940, la France perd la guerre. Le marchal Ptain devient chef de ltatfranais. La IIIe Rpublique aura connu 14 prsidents.

    La IVe Rpublique commence en octobre 1946. La guerre pour lepouvoir est ouverte entre les diffrents mouvements issus de la Rsistance.Le prsident de la Rpublique na plus vraiment de moyens. Le prsident duconseil dirige la France en sappuyant sur une coalition de partis. Une valse

    incessante des ministres, la Guerre dIndochine et dAlgrie. De Gaullerevient au pouvoir.La Ve Rpublique, sous laquelle nous vivons toujours, dbute le 4

    octobre 1958. La guerre dAlgrie fait rage jusquen 1962. Affaires BenBarka, Boulin, le suicide de Brgovoy, la Ve a aussi ses affaires et ce nestpas fini. quand la VIe ?

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    JEAN-LAURENT TRUC

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    A c t u B d

    Sisco est charg de la scuritdu prsident de la Rpu-blique. Un garde du corps qui

    est aussi lexcuteur de ses bassesfluvres. La raison dtat est son credo.

    Le crateur de Sisco, Benec, est unJanus double visage : informaticien lejour, il devient scnariste pendant sesnuits et ses vacances. Cest le suicide deFranois de Grossouvre dans sonbureau de lElyse en 1994 qui a t ledtonateur pour Benec. Grossouvretait un proche de Franois Mitterrand. Et si ctait un suicide arrang ? Sur ordre.

    Jen ai tir une histoire rocambolesque pour lesdbuts de Sisco en me demandant ce qui meplairait si ctait moi le lecteur. Avec Sisco, onpassait du ct du mchant mais sans faire unehistoire immorale , pas vraiment un salaudajoute Benec mais un type qui est du bonct du bton.

    Sisco, avec Thomas Legrain au dessin,est tout de mme un affreux, limitemalfaisant. Benec la humanis au fildes albums. Dans le tome 6 qui clturele dyptique new-yorkais entam avecle 5, Kalachnikov diplomatie, Sisco jouedu flingue mais montre ses faiblesses.Faut pas toucher la famille dunCorse. Le scnariste sest librementinspir daffaires assez rcentes. Autrain o vont les choses dans notredoux pays, Sisco a du pain sur laplanche. Il travaille pour le prsidentdont on ne voit en fait jamais le visage

    dans les albums. Au lecteur dimaginercelui quil veut, cest le choix du sc-nariste. Passionn d'histoire contem-poraine, Benec n'a pas souhaitremonter aux annes 60 avec ses bar-

    bouzes , anctres de Sisco, mis enplace officieusement pour luttercontre l'OAS la fin de la guerred'Algrie.

    LENVERS POURRI DU DCOR

    Pour captiver les lecteurs, Benec sesert des affaires qui ont encore un chodans la mmoire collective . Dans lestomes 3 et 4, ctait clairement laffaireMazarine, la fille cache du prsidentMitterrand, qui tait voque et revi-site bien sr. Quand on demande Benec sil croit que la France a unrseau parallle avec de vrais Sisco, il

    est clair : Si lenvers du dcor est pourri,je nai pas envie de croire que cela existe sur leterritoire franais. Des units spciales et desactions ponctuelles extrieures ? Srement. Je

    garde le sabotage du Rainbow Warrior par laDGSE dans mes cartons. Par contre, un tatcomme Isral avec le Mossad ne sest jamaiscach daccomplir ce genre dactes "dfini-tifs" . Ou les Amricains avec BenLaden.

    Comme Benec le montre dans le der-nier Sisco, si nos politiques peuventencore avoir quelques tats dme,dautres nen nont pas. Les mafias des

    pays de lEst, ou la Russie de Poutine, vont aubout dune logique implacable. Des opposantssont limins. Les mafias simposent par laviolence pure ltranger, parfois sans quecela se sache. Des scandales qui sont

    vite enterrs.Avec Sisco, dont Legrain a bien su fairevoluer le dessin au fil des albums, onest aussi dans lunivers des sries TVamricaines. Benec aime le genre. Leurcriture est stricte. La sienne aussi. Lasrie est une rfrence pour un scnariste. Ledcoupage, le rythme. Celle qui ma le plus mar-qu dernirement est Persons of Interest .Autre rfrence pour Benec, MichelAudiard : des dialogues truculents, dcals .Sans oublier celui quil considrecomme un matre en matire de sc-nario BD, Jean Van Hamme avecLargoWinch ou, aujourdhui, la relve avec

    Fabien Nury.

    UN FEU DE PAILLE,LAFFAIRE CAHUZAC ?

    Sa passion de lactualit rend Benecprudent. Je ne veux pas faire de lien avecune actualit immdiate. Une affaire peut pro-voquer un norme feu dartifice mdiatique etretomber deux mois aprs. Les lecteurs deSisco vont en prendre plein la vue dansce tome 6. La vie de sa sflur est en jeu.La France a dcid devant lONU desattaquer aux rgimes qui profitentde la drogue. Sisco va tre en colre et

    jouer une symphonie en rouge vif.Et Benec a la suite en tte, plus quelquautres projets, dont une aventure indchinoise et un rcit danticipation qmlera thriller et nouvelles technol

    gies. Enfin, quand on lui parle de laffaCahuzac, qui colle bien avec lunivede Sisco, Benec nest pas certain quon vraiment voulu ou pu faire le mnagUn feu de paille qui permet de passeautre chose ou de dtourner lattetion ? Pourquoi pas.

    SISCO, T.6NGOCIATIONS EN 9MM

    de Benec et Legrain,Le Lombard, coll. 3e vague,

    48 p. couleurs, 12

    JEAN-LAURENT TRU

    BenecetLegrain/LELOMBARD

    Il porte le nom dun petit village corse. Sisco, agent trs spcial de la Rpublique franaise, est le hros dune srie muscle nerveuse au Lombard.

    SYMPHONIE EN ROUGE VIF

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    A c t u B d

    Le Vent dans les sablesde Michel Plessix sachve sur un cinquime tome virevoltant qui voit la fin du voyage pour Crapaud, Ret Taupe. Le vent qui les avait mens en Afrique les renvoie dans leur chre fort. Une srie culte.

    APRS LE MISTRAL, LE SIROCCO

    Certains auteurs conoiventleur mtier comme celui dunartisan. Ils polissent le dessin,

    affinent le dcoupage, cislent les dia-logues, soignent les moindres dtails. Letemps pris pour raliser lfluvre importepeu face au rsultat et la satisfaction dutravail bien fait. Michel Plessix est decette trempe. Reclus dans sa cavernedAli Baba rennaise, le dessinateur bre-ton a fait le choix du compagnonnageplutt que celui des mondanits. Necomptez pas sur lui pour faire des rondsde jambes. On pourrait dailleurspresque le regretter, car cest certaine-

    ment un peu pour cela quil na pas toutela reconnaissance publique quil mrite.Mais l encore, peu importe. Au rythmeanachronique dun album tous les deuxans, Plessix pose son empreinte sur leNeuvime art, avec grce et sans pr-tention.Lexcellente srieJulien Boisvert, apparue la fin des annes 80, avait faitconnatre le dessinateur et son comprescnariste Dieter. Puis Michel Plessixavait pris ses lecteurs contre-pied enadaptant seulLe Vent dans les saules,romananimalier de lcossais KennethGrahame, destin un jeune public.

    Toutefois, en ne prenant pas les enfantspour des tres sans cervelle, cette adap-tation avait aussi sduit les adultesencore capables de smerveiller. Etdailleurs, aprs les quatre tomes tirs dutexte original, le dessinateur avaitenchan avec une suite de son cru,entranant ses hros dans une follecavalcade vers lAfrique du Nord. LeVent dans les sables prolongeait un peuplus le plaisir de suivre les aventures deCrapaud, Rat, Taupe et Blaireau, lespersonnages principaux devenus orphe-lins de leur chre fort.

    LE DSERT POUR HORIZON

    Impossible de rsumer ici les conti-nuelles pripties des cinq albums duVent dans les sables, mais pour faire court,lhistoire dcrit la dcouverte dun nou-veau monde par les protagonistes de lasrie. Entrans traverser la Mditer-rane par linconsquence de Crapaud(une de plus), la petite bande damis seretrouve ainsi coince dans une villedAfrique du Nord, imaginer un moyenpour rassembler largent ncessaire leur retour. Dans cet environnement decasbah et de dsert, le Breton Michel

    Plessix est, contrairement ce quonpourrait penser, en terre trs connue.Chaque anne depuis des lustres, ileffectue en effet une retraite aussi pi-curienne quartistique Essaouira, sur lacte marocaine. Les albums transpirentle vcu de lauteur en termes de sensa-tions, mais aussi de documentation.Examiner attentivement chaque casepour admirer la prcision des dcors etdes vtements, ou y dnicher un traitdhumour camoufl, devient vite un jeutrs addictif. Se laisser porter par le sc-nario lest tout autant.

    Lintrigue, plutt linaire, ressemble celle des succs du cinma muet o les-sentiel se joue sur le rythme, ralenti ouacclr par les coups de thtre et lescourses-poursuites (celle du saucissondans le tome 5 vaut le dtour). Mais lavrit du Vent dans les sables est ailleurs.Dans la psychologie des personnages, ladynamique des dialogues, latmosphreindolente et la dlicatesse du traitement.Et dans les thmes abords. La force delamiti, lloge du respect de lautre, ladnonciation du fanatisme, linvitation prendre la vie comme elle vient et sur-tout du bon ct donnent aux albums

    une belle paisseur. Une chose est sle lecteur va longtemps regretter larrde cette srie attachante. Mais commdit Samira Taupe, mu aux larmes devoir quitter le Maghreb : Ne tquite pas mon ami. Tu as pass assez de temici pour y revenir quand tu veux. Tu nauras q

    fermer les yeux

    LE VENT DANS LESSABLES, T.5

    DU SOUK DANS LA CASBAH

    de Michel Plessix,Delcourt, 32 p. coul., 12,50

    THIERRY LEMAI

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    Comme dirait Gandhi ouplutt loncle Ben de Spider-Man, un grand pouvoir im-

    plique de grandes responsabilits . CharlesCharles, le nouveau prsident des

    tats-Unis de la Rpublique, a beau ledire, il nen comprend pas pour autantle sens. la fois misogyne, incomp-tent, goste et on en passe, il possdetoutes les tares de nos dirigeants etnest dot daucune de leurs qualits.Mme en communication, ses comp-tences sont limites. Ajoutez cela unequipe qui est loin dtre la hauteur,vous comprendrez alors quon ne peutabsolument rien faire de ce gouverne-ment, part en rire.

    LE PARTI DEN RIREEn essayant de prendre les gens pourplus btes quils ne le sont, ce prsident

    et son gouvernement passent pour desimbciles notoires. Rien de bien diff-rent de la ralit. Et cest bien plusdrle en BD quen vrai.Quest ce quil y a de plus amusantactuellement que de rire de nos politi-ciens ? Marc Dubuisson au scnario etJames au dessin ont choisi le bon thmeen ces temps de crise. Il vaut mieux enrire quen pleurer, quand bien mmecette ide peut paratre discutable pourcertains. On dira que sur ce coup, nosauteurs nont pas eu tort et a fait dubien. Mme si on ne peut pas obliga-toirement mettre un nom sur tous les

    personnages, certains restent quandmme trs identifiables, je ne vous enciterai quun : Bernard Thibault.

    En somme, une bonne petite critique

    de la situation politique du momentsur le ton de lhumour, qui donne ungentil coup de pied dans la fourmilireet fournit un bon sujet de rflexion. la fin de cette lecture, on peut sedemander qui est le plus ridicule : leprsident et son gouvernement, ou lepeuple qui les a lus. voir !

    A c t u B d

    CHARLES CHARLES,PROFESSION PRSIDENT

    de Marc Dubuisson et James,Delcourt, 48 p. coul., 10,95

    AUDREY RETOU

    Mais quest que cest que cette quipe de bras casss qui gou-verne le pays ? Non je ne parle pas de notre gouvernement,mais de celui de Charles Charles, prsident des tats-Unis dela Rpublique.

    Politiquementincorrect

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    Tout sera oubli,de Mathias nardet Pierre Marqus

    Spcialiste duMoyen-Orient etchercheur au CNRS,lcrivain Mathiasnard fait fluvredhumilit etdintrospection :cest le doute

    procur par unecommande deMonument aux

    morts en hommage aux victimes de laguerre de Croatie des annes 90, quiimpulsa la naissance de son romangraphique. Sur les peintures de PierreMarqus, lauteur nous plonge aucflur dun pays encore en ruines,dune mmoire qui tarde seffacer,de limpuissance artistique face auxravages de la guerre : laisser ladestruction parler delle-mme ; jusquce quelle disparaisse son tour. Actes Sud, 140 p. couleurs, 24

    JULIE BEE

    LAropostale,T.1, Guillaumet,de Bec, Dumas et Sato

    Paralllement la sortie dePromthe (voirci-contre),Christophe Becscnarise unenouvelle sriesur les pilotesmythiques delaropostale,vritables hros

    de lentre-deux-guerres. Le tome 1est consacr Henri Guillaumetet plus prcisment son odyssevcue dans la cordillre des Andes.Aprs un crash sur les sommetsandins en 1930, le jeune pilote ralisele tour de force de revenir lacivilisation aprs un priple puisantde plus de 70 km en haute montagne.

    Une histoire classique, solide,srieuse, mais sans grande surprise,dautant plus que lpisode est bienconnu du grand public.Dargaud, 82 p. couleurs, 16,95

    THIERRY LEMAIRE

    Joseph Carey Merrick,lHomme lephant,de Denis Van P. et Perrotin

    Souventdcouvertegrce au grandfilm de DavidLynch, la relledestinedElephant Manfascine. Mal-aim, humili,

    rejet, exploitpuis finalementrecueilli par le

    Londres mdical et visit par la HauteSocit Victorienne, Joseph permit demieux comprendre les maladiesgntiques et fit (un peu) reculerlide reue quun handicap physiqueest forcment un attard mental.Grce cette biographie en bandedessine, on en dcouvre un peu plussur les 20 premires annes de vie decet homme hors du commun maison reste quand mme encore un peusur notre faim. Heureusement, le livrecomporte un cahier de huit pages dedessins et croquis indits racontant lagense du projet.Sandawe, 72 p. couleurs, 16,95

    HLNE BENEY

    A c t u B dzoom

    On peut sans aucun doute qua-lifier la sriePromthe dam-bitieuse. Prvue en 12 tomes,

    elle mlange science, religions, thoriesdu complot, superstition et faits relsdans un rcit danticipation choral 12 voix. Excusez du peu. Le scnario,dans la plus pure tradition des histoiresapocalyptiques, ne prsage rien de bonpour lhumanit. Vous feriez doncmieux de vous plonger de touteurgence dans cette srie pour anticiperce qui nous attend en 2019. Tout sem-

    ballera le 22 septembre de cette mmeanne, 13h13 (heure universelle),lorsque les montres et les horloges dumonde entier sarrteront pendant troisheures. Puis le lendemain, la mmeheure, la totalit des avions en vol s-crasera inluctablement. Chaque joursuivant, 13h13, de nouvelles catas-trophes plantaires surgiront, commeles prsages dun cataclysme final. Quese passera-t-il donc 13 jours aprs ledbut des vnements ? Lexterminationde la race humaine par des extrater-restres ? La conclusion dun gigantesquecomplot amricain ? Une divine mani-

    festation surnaturelle ? Le compte rebours est lanc.

    ENTRETIEN AVEC CHRISTOPHE BEC

    Promtheest un mlange de science,de paranormal, avec une grosse pincedextraterrestres. Vous prenez unmalin plaisir brouiller les pistes.En tant que lecteur, jaime bien quonme fasse croire que a peut tre vrai,mme si a ne lest pas. On joue avoirun doute. Cest ce que jessaie de faire

    surPromthe. Pas sur tout bien sr, tel-lement certains lments sont normes.

    Pour complexifier un peu plus rcit, vous avez choisi de dcriredestin de 12 personnages princpaux.Ce genre dhistoire, il faut vraimelcrire de A Z. Ds le dpart, javla trame gnrale de tout le scnar

    je savais parfaitement o jallais. Dle dpart galement, javais lintetion de faire une srie longue qui pemettait de suivre petit petit la prgression de plusieurs personnages.partir du tome 7, je commen

    dailleurs entrer un peu plus dalintimit de certains dentre eux.

    Christophe Bec, auteur prolifique (voir aussi LAropostaleci-contre), continue le chemineme

    de Promthe, sa saga de science-fiction, avec un huitime tome dessin par Stefano RaffaelLe compte rebours fatidique va bientt sachever.

    PROMTHE,AMBIANCE FIN DU MONDE

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    Dans certaines cases, on a limpressionde voir des clins dflil des filmscomme Stargate ou IndependenceDay. Ce sont des inspirations ?Mes influences viennent plutt deLaGuerre des Mondes, de Kubrick, avecmoins dambition que 2001 lOdysse delespace, ou de John Carpenter. vi-

    demment, il y a plein dautres rf-rences, comme X-Files par exemple.Mais je ne me souviens pas avoir misdes clins dflil explicites. Pour autant,jaime beaucoup la premire partie deStargate. Roland Emmerich commencetoujours bien ses films et a un peu demal les finir.

    En prambule des premiers albums, ily a une assez longue bibliographie.Ctait pour montrer au lecteur queles vnements dcrits taient dunecertaine manire ancrs dans la ra-lit ?Non, pas vraiment. Pour moi,Promthe

    est une totale fiction. Toutefois, jaipris quelques phrases de certains livres,et je voulais citer mes sources. Ce sontpour la plupart des livres crits dans lesannes 60-70, avec parfois des thoriesassez fumeuses. Mais cest vrai que c-tait une source dinspiration norme. Etpuis mme si cette littrature ne reposegnralement sur rien de scientifique,jaime bien puiser dans des sujets quifont partie de linconscient collectif. travers ces lectures, jai aussi pu appro-fondir le mcanisme dAnticythre oule projet Montauk, peu connus dugrand public, ou encore lexprience

    de Philadelphie, plutt que la tropconnue zone 51.

    Leffet compte rebours joue beau-coup dans lintrt de la srie.Ctait lide de dpart. Je trouvais aintressant que tous les jours la mmeheure il y ait un vnement. Bon, il nya rien de rvolutionnaire sur le principe.Cest tout ce qui vient se greffer autourqui donne tout le sel de lhistoire. Quiprovoque a ? Pourquoi ? Commentlhumanit va-t-elle se comporter ?

    Les extraterrestres sont au centre delintrigue, mais les pistes sont une fois

    de plus brouilles, car on ne sait pas quoi sen tenir avec eux.

    Alors quils ont sauv lhumanit dansles temps anciens, il semblerait effec-tivement quils veulent maintenant lapunir. On va apprendre trs bienttpourquoi ce revirement de situation.Dans ce tome 8, on commence avoirquelques pistes. Mais finalement, cequi mintresse dans ce genre de saga,

    cest rarement le but. Cest plutt lechemin qui est emprunt. Et jespreque les lecteurs sont tout autant int-resss par la petite histoire, cest--dire le destin des personnages.

    En tout cas, les apparitions furtivesdes aliens sont assez effrayantes.Dautant plus quon na vu leur formerelle qu travers des visions, des flash-backs, des interprtations de tmoins,des photos de cadavres. Est-ce quecest vrai ou bidon ? Jaime bien joueravec a aussi. Dailleurs, on ne lesverra peut-tre jamais. De mme,peut-tre que linvasion ne viendra

    pas du ciel. Les lecteurs le dcouvri-ront.

    En ce qui concerne le dessin, vousavez pass la main partir du tome 3.Au dpart, je navais pas prvu de des-sinerPromthe. Les circonstances ontfait que jai dmarr la srie, mais il n-tait pas envisageable pour moi de ra-liser les 12 tomes un rythme defeuilleton. Cest Alessandro Bocci quia pris le relais. Puis on sest brouill etil y a eu une priode un peu spcialeavec un album collgial. Et ds le tomesuivant, jai confi les rnes Stefano

    Raffaele, qui ira jusquau bout de lasrie. Cest vraiment mon alter ego, etil dessine une vitesse incroyable. Jetrouve dailleurs quil nest pas encoreassez reconnu par rapport son talent.

    PROMTHE, T.8NECROMANTEION

    de Christophe Becet Stefano Raffaele,

    Soleil, 48 p. couleurs, 13,95

    PROPOS RECUEILLIS PARTHIERRY LEMAIRE

    BecetRaffaele/MCPRODUCTIONS

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    Adeptes des sries concept, les ditions Delcourt nous offrent une nouvelle faon de revisitlHistoire avec LHomme de lanne, des albums qui traitent dvnements historiques travela petite histoire de quasi-anonymes sur lesquels toutes les hypothses sont possibles...

    Des souvenirs

    Trois ans avantdtre dsign arbi-

    trairement parmi huit dpouilles, le

    Soldat Inconnu est encore bel et bienvivant et combat dans lenfer du Chemindes Dames. Mais qui est-il? Joseph, lof-ficier blanc, matre de plantation enAfrique, ou Boubacar son tirailleur sn-galais, pour qui il sest pris daffection au-del des prjugs racistes ? Une histoiredamiti sur fond dintrigue politique.1431. Jeanne dArc prit sur le bcher.Quatre ans plus tard, deux de ses anciens

    compagnons darme devenus brigands,tienne de Vignolles et Jean deXaintrailles, se voient confier par

    Yolande dAragon lenqute afin deretrouver celui qui a trahi la PucelledOrlans Compigne. Un thrillermdival ml une histoire de ven-geance secrte.

    CONCEPT DCLINABLE LENVI travers les histoires dinconnus fic-tifs ou rels, parfois hros, parfois vils,la srie donne un regard nouveau surdes choses tablies de notre Histoire.Dirige par Fred Blanchard et animepar une foule de scnaristes et de des-sinateurs varis, la collection prend leparti de lintrigue et du suspense afin dedjouer nos a priori et notre dj-vu

    sur des sujets clbres de la culturegnrale. Ainsi, partir de faits rels mais tnus et de zones dombre, lesfictions donnent des visions, certes sub-

    jectives et fantasmes, mais plausibles. travers ces conjectures, on prend plai-sir cheminer travers la grandeHistoire, mais les rcits permettent ga-lement de mettre en lumire descontextes et des interrogations de l-poque traite (les rapports raciaux et le sens patriotique dans 1917 ; lesrelations compliques de Jeanne dArcet laspect politique de son sacrificedans 1431). Aprs ces deux premiers

    tomes, viendront un ouvrage sur bataille de Waterloo en 1815 (parutien septembre) et un autre sur lassas

    nat dErnesto Che Guevara en 19(parution en novembre). Sur sa lancle concept, exponentiel linfini, prvdj daborder la Commune de 187laffaire Dreyfus, et la dcouverte dAmriques par Christophe ColomUne bien belle faon de rver tout rvisant son pass, que les amateudHistoire apprcieront. De beavoyages dans le temps en perspectiv

    Mlo Pop,de Lucie Durbiano

    Quand LucieDurbianosattaque aumythe durocknroll, elleen runit tousles ingrdientsatemporels, avecmalice et

    lgret :Canichor,

    producteur caractriel la touffefrise, cousin loign de Phil Spector ;son pouse au charme ravageur,ancienne toxico et chanteuse sous-exploite ; un groupe de rock quivgte sur une croisire qui samuse,un chanteur sducteur, une groupiedsfluvre Cette nouvelle petiteppite acidule de la collection Bayouse parcourt avec rel plaisir, et unegrande tendresse pour ces animauxanthropomorphes perdus sur des lesau soleil.Gallimard, coll. Bayou,112 p. couleurs, 16,75

    JULIE BEE

    Highlands, T.2, Le Survivant

    des eaux noires,de Philippe Aymond

    On connat bienle dessinateur dela srie Lady S.,crite par JeanVan Hamme,mais il proposel une nouvellefacette de sontalent, puisquilcrit et dessinece diptyque

    historique. En 1745, en cosse, unjeune peintre est accus tort davoireu une relation avec la fille du duc dePaxton (on a dcouvert dans soncarton un dessin o il la reprsentedans le plus simple appareil !). Ilparvient senfuir et se rfugie dansles Highlands, o il espre dcouvrirlinstigateur de cette machination.Beaucoup de sensibilit et unecertaine profondeur dans cettehistoire, o un paon bleu revientde faon rcurrente.Dargaud, 48 p. couleurs, 13,99

    JEAN-PHILIPPE RENOUX

    Les Cosaques dHitler, T.1,de Valrie Lemaireet Olivier Neuray

    Irrductiblesennemis deStaline, desofficiers russesdoriginecosaque ontprfr

    rejoindrelarme naziependant laSeconde Guerre

    mondiale. De ce fait historique peuconnu, Lemaire et Neuray tirent unalbum trs classique et romanesque,avec une petite histoire damour aumilieu de la grande histoire militaire.Mais bizarrement, le manque denuances quils reprochent leursprotagonistes cossais se retournecontre eux puisque la BD savre trsbasiquement antistalinienne, commechappe du Livre noir ducommunisme. Pas sr que cemanichisme sarrange dans ledeuxime tomeCasterman, 48 p. couleurs, 12,95

    BORIS JEANNE

    et des hommes

    Infos sur www.lhommedelannee.fr

    WAYN

    1917.

    c 1917 - LE SOLDATINCONNUde Duval, Pcau et Mr Fab,Delcourt, 64 p. couleurs, 14,95

    c 1431 - LHOMME QUITRAHIT JEANNE DARCde Corbeyran, Horne et FroissarDelcourt, 56 p. couleurs, 14,30

    1

    1917

    1917,Pcau,DuvaletMrFabGuyDelc

    ourtProductions2013

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    A c t u B d

    Antoine Ozanam et Antoine Carrion imaginent la jeunesse de Gengis Khan, alias Temudjin, destin marquer le monde par sehauts faits, aussi hroques que sanguinaires. Une vocation qui ne manque pas de souffle.

    LENFANCE DUN CONQURANT

    Les steppes dAsie centrale perte de vue. Cest peut-trelimage qui reste en mmoire

    lorsquon referme lalbum. La faute au dessin, remarquable dexpressivit,dAntoine Carrion. Pas facile en effetdviter lcueil carte postale avecdes paysages aussi grandioses. Lqui-libre entre la beaut des cases et lalisibilit de la planche impose de nepas tomber dans le pige de lillustra-tion. Le dessinateur y parvient avecbrio, entranant le lecteur au cflur dedcors majestueux sans toutefois heur-ter la narration. Les couleurs, splen-dides, y sont coup sr pour quelque

    chose. Le fil des saisons, les ambiancesnocturnes et les scnes oniriques sontbrillamment transcrits, crant desatmosphres varies et trs voca-trices. Le rendu, gnreux en termesde matire, est bluffant quand on saitque Carrion la entirement ralis surordinateur.Le dessin, souci cardinal des ditionsDaniel Maghen, est videmment lundes lments principaux du plaisir desyeux du lecteur. Gnreux en petitstraits, il fait parfois quelques incur-sions du ct de Sergio Toppi (unedes influences dAntoine Carrion, qui

    aborda dailleurs lui aussi cette rgiondu monde dans ses livres) et rappelle quelques autres moments celui deGeorges Bess (Le Lama blanc, Pema Ling),notamment dans les scnes chama-niques. Les grands espaces sont ainsicontrebalancs par un traitement inti-miste de lintrigue, soutenu par undcoupage riche en gros plans et encadrages en dbordement (o une par-tie du sujet principal nest pas visible).

    Peut alors prendre place une histoire

    qui fait la part belle lsotrisme.UNE JEUNESSE AVEC LES ESPRITS

    Temudjin. Le nom est quasiment in-connu du grand public. Il signifie leplus fin acier en turco-mongol. Maisil est surtout le premier patronyme dunhomme qui laissera dans lhistoire delhumanit une marque indlbile avecson surnom de Gengis Khan. Le

    conqurant, fdrateur de tribus no-

    mades, va en effet crer lempire mon-gol, un territoire qui stendra (aveclaide de plusieurs gnrations de suc-cesseurs) de la Baltique jusqu la Chine,en passant par lAsie centrale. Uneimmensit au-del de limagination delpoque. De cette priode expansion-niste, il restera de nombreuses traces.Les textes laudateurs des vainqueurs.Les tmoignages effrays des peuplesasservis ou de ceux qui chapprent auflau. Mais la jeunesse de Temudjin res-tera dans lombre, nimbe dune lgendecrite sur mesure pour clbrer lematre. Cest dans cette zone de libertcrative que sest engouffr Antoine

    Ozanam pour raconter sa manire lespremires annes du guerrier mongol.On retrouve dans le rcit quelques l-ments du mythe Temudjin. La myst-rieuse fcondation de sa mre HoElun,le caillot de sang quil tient dans sonpoing sa naissance, le loup bleu quinest autre que son pre. Pour le reste,Ozanam choisit de dcrire les pouvoirspsychiques du jeune enfant, dveloppspar un pre adoptif chaman. Faut-il queles esprits sen mlent pour quun enfantsoit persuad de la grandeur de son des-tin ? Cest croire en lisant cette histoiretout en ambiance dans un rcit qui

    entremle chamanisme, amour filial

    force de la volont. Pour peu que lonlaisse porter par le parti pris du scnriste, il y a quelque chose dhypnotiqdans cet album, dont lune des (nombreuses) qualits est de proposer uexplication au parcours dun hommlittralement hors du commun.

    TEMUDJIN

    dAntoine Ozanamet Antoine Carrion,

    Daniel Maghen,86 p. couleurs, 18,50

    THIERRY LEMAI

    OzanametCarrion/DANIELMAGHEN

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    Cute. Kawa diraient les

    Japonais. Mignon, les fran-cophones. Il est vrai que le

    dessin de Liz Climo, avec son trait

    dune grande finesse, exprime une cer-taine fragilit (pas grand-chose voiravec celui plus gnreux des Simpson,srie pour laquelle la jeune Amricainetravaille depuis dix ans). cela sajou-tent ses couleurs aux tons globale-ment pastels, qui donnent lensembleun petit ct livre pour enfants. Lesgags, en revanche, possdent suffi-samment de niveaux de lecture pourintresser aussi les adultes, sans perdrepour autant cette dlicatesse quisemble dfinir le travail de lauteur.Le parallle entre le rgne animal etles comportements humains fonc-tionne plein, crant souvent une

    jolie double interprtation.

    HUMOUR TRANSGNRATIONNELCertes, comme dans tout recueil de cegenre, des pages sont meilleures quedautres, mais lensemble est largement lavantage des gags trs russis. Et lhumour se joint galement la ten-dresse des gags familiaux ou labsurditdifiante de certaines situations (dansun classement par saison de lanne ilfaut bien le dire assez artificiel). Onlaura compris, cet album a tout faitle profil pour tre une BD de chiottes(voir p. 46 pour comprendre le prin-

    cipe). Dautres, plus lgants, y ver-ront un potentiel coffee table book, unde ces livres quon laisse ngligem-ment sur la table du salon pour que

    nos invits les feuillettent, connais-seurs. Quant aux plus audacieux, ilspenseront certainement agrandir unepage pour lencadrer, la manire dundessin de Semp ou dune pense duChat de Geluck. Le premier la maisona gagn , dit la tortue. Daccord ,rpond le lapin. Et la tortue de serecroqueviller dans sa carapace

    A c t u B d

    LE PETIT MONDE DE LIZ

    de Liz Climo,Delcourt, 96 p. coul., 14,95

    THIERRY LEMAIRE

    coups de gags en deux ou trois cases, Liz Climo dcrit unmonde animalier bien proche du ntre, dans ses bassessescomme dans sa grandeur dme. Laissez-vous donc entranerdans Le Petit Monde de Liz.

    Les animauxne sont pas btes

    LePetitMondedeLiz,parL

    izClimoGuyDelcourtProductions2013

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    Iron La Guerredaprs ,de S.M. Vidaurri

    La Guerre daprsest le sous-titreloquent dIron, unednomination quimet de suite lelecteur danslambiance la foisviolente et feutrede ce one-shot paru

    en avril aux ditionsCambourakis. On pntre dans unmonde aux personnagesanthropomorphes, dans une priodesuivant une guerre civile o lesoppresseurs ont vaincu, o lesderniers rsistants, mens par unlapin aux convictions et au courageabsolus, sont tiraills entre le sacrificepour une cause noble et larsignation ou le fatalisme. Malgrune trame parfois floue et un manquede dtails regrettable pour entrervritablement dans lintrigue, cest untrs beau premier projet que signeS.M. Vidaurri .Cambourakis, 160 p. couleurs, 19,50

    ALIX DE YELST

    Dent dours, T.1, Max,

    de Yann et HenrietUne nouvellesrie sur laSeconde Guerremondiale, critepar le parfoiscontroversYann, maiscette fois assezsubtile. EnSilsie (rgionpolonaise qui

    subira lannexion de lAllemagne),dans les annes 30, la Luftwaffepropose des activits sportives desgamins passionns de lancement defuses artisanales et davions en balsa.Il ne sagit pas de faire dans lebnvolat, mais de recruter la crmede ses futurs pilotes. De religion

    isralite, lun des frus daviationva quitter ses amis aryens pourrejoindre les tats-Unis, o sa blondeapparence et sa matrise de lallemandlui vaudront la suspicion de laScurit Militaire. Des combatsariens qui coupent le souffle, un traitlimpide et un scnario intriguant.Dupuis, 48 p. couleurs, 14,50

    MICHEL DARTAY

    Marsu Kids, T.2,Un fluf pour deux,de Wilbur et Conrad

    Spirou etFantasio se sontentichs dunmarsupilamimle, mais les

    bbs marsussont encoreplus craquants !Dans un niddouillet de lafort de

    Palombie, des flufs vont clore, maissurprise, un fluf abrite des siamois,relis par la queue ! Limportant, cestla vie et des jeux indits (balancoire,saut la corde). Une famille trsfortune dcide de les ramener danssa luxueuse rsidence, o ils aurontvidemment du mal sacclimater.Le dessin de Conrad (qui affte sescrayons pour sa reprise attenduedAstrix) devrait plaire tous lesamateurs de Franquin.Marsu Productions, 48 p. coul., 10,60

    JEAN-PHILIPPE RENOUX

    A c t u B dzoom

    Doctobre 1905 mars 1906,Buffalo Bill et son cirque, leWild West Show, ont fait

    dcouvrir aux Provenaux (aprs lareine Victoria ou la cour de Russie) lesgrands moments romancs de laconqute de lOuest. Plus encore quele passage du cirque pour la deuximefois Marseille, cest une anecdotetonnante que Faure a mise en scne.Bloqus sur le Vieux-Port, les Indiensdu Wild West Show vont sinstaller en

    Camargue. Invits par le marquis deBaroncelli, grande figure de la nationgardianne et de la langue provenale,les Indiens de la tribu des Lakotasplantent leurs tipis prs du mas de samanade. Les Lakotas, massacrs Wounded Knee par larme amri-caine, sont devenus des figurantsmpriss loin de leur patrie avant deretourner dans leurs rserves.Faure a brod une trame romanesqueet historique partir de cet vne-ment. Mario, un jeune gardian demre gitane, tombe amoureux de labelle Indienne Shania. Entre Camar-

    guais et Lakotas, le courant passe, faitde respect et de partage des mmesvaleurs.Faure, avec Jean Vilane comme cosc-nariste, a reconstitu lpope du WildWest Show depuis sa cration puisson voyage avec bisons, chevaux etune troupe de centaines de figurantsvers lEurope. Attaque de diligence,chasse aux bisons par Buffalo Bill, dres-sage, parade, la bataille de Little BigHorn, le spectacle tait un rve veillpour un gamin, dixit 70 ans plus tardun grand-pre son petit-fils.

    COMMUNION ENTRE DEUX PEUPLESLpisode camarguais que dcrit Fauredans ce delta du Rhne unique et pr-serv, a la saveur dune communionentre deux peuples unis par la soif delibert, perdue pour les uns, soustutelle pour les autres. Ils partagentamour de la terre des anctres, de lanature, des chevaux et des bious ,les taureaux en provenal, rois descourses libres sans mise mort.Faure, qui connat bien la rgion,emmne ses Indiens conduire labri-vado de Gallargues, fte traditionnelleavec lcher de taureaux. FrdricMistral est aussi de la partie, pote

    provenal emblmatique. Clin dflil Pagnol avec Ptelugue. Gitans, In-diens et gardians se retrouvent auplerinage des Saintes-Maries-de-la-Mer. Sous le regard de la vierge noire,Mario et Shania vont saimer tout ensachant quil leur sera difficile derenoncer leurs racines.Faure excelle dans ses compositionsqui mlangent roulottes gitanes, leport des Saintes, cavalcade effrne ose mlent Indiens et gardians. Il aime

    cette rgion aux couleurs et aux pay-sages incomparables. Son dessin estfin, prcis et dtaill. Ceux qui neconnaissent pas les traditions gar-diannes, Coupo Santo et aigo boulidoentre autres, iront la rencontre dunmonde qui sest toujours battu pourconserver son identit. Lanecdotemarseillaise des Indiens de Buffalo Billmritait bien quon en tire un album,peuchre. noter quen 2006 un spectacle a t

    jou au festival dAvignon par JeanVilane, complice de Faure pour lal-bum. Les textes taient de Nicole

    Rieu. Sous le mme titre, Jean Vilaracontait dj cette incroyable recontre entre Indiens et cow-boysmanadiers.

    Buffalo Bill et son cirque Marseille, ce nest pas une galjade. Michel Faure, qui aime le Miden a tir un album, Camargue Rouge.

    CAMARGUE ROUGE

    de Michel Faureet Jean Vilane,

    Glnat, 72 p. coul., 15,50

    JEAN-LAURENT TRU

    CAMARGUE ROUGE,des Indiens chez les Gitans

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    Sorti en 2009, ce roman faitlobjet dune adaptation enbande dessine de trois

    albums chez Dargaud. Dans un futurassez proche (2029, cest pourbientt !), le sport et les paris sportifssont devenus lun des secteurs princi-paux de lconomie (les salaires miro-bolants des joueurs vedettes du PSGtendent crdibiliser ce point dedpart). Drogu son insu dans unebote de nuit o il fte un nouveaumatch gagn, le basketteur de trshaut niveau Steve Moreira va se fairedmolir le portrait, car il a trop bien

    jou pour laisser perdre le match. Ilsenfuit de lhpital o il est soignpour entamer un long priple dIstan-bul vers la France, mais le lecteurverra avec lui que les frontiresnont pas vraiment disparu, et queles pays ont renforc leur matrisedes flux migratoires.

    UNE RENCONTRE INATTENDUENous avons demand son dessinateurFranck Biancarelli ce qui avait justifison transfert : Jtais trs bien chez Soleil

    jusque l, mais il y avait des ides dans lairqui nallaient pas trs loin. Puis un jour jai reu

    un message de Denis Robert sur Facebook. Pourmoi, cest un hros moderne, car il sest battucontre Clearstream pendant dix ans, au termedesquels il a fait merger la vrit. Mme dans lecas o lhistoire ne maurait pas convaincu, je neme sentais pas de refuser Denis, parce que

    jai beaucoup dadmiration pour lui.Dunk ma beaucoup plu, le livrecomme la faon dont il la adaptpour la BD. Il y a un gros travailsur la documentation rassemble,mais ce travail est soumis lhistoire, car il ne sagit pas

    de simplement jouer au malin avec deux ou troisconcepts. La deuxime raison, cest quon estbeaucoup dans la tte des personnages et dans

    leurs motions. Steve Moreira nyest pas dcrit physiquement, lalimite on ne sait mme pas sil estblanc ou sil est noir. Le thme

    et lhistoire mont port. Ony aborde la neurobiolo-gie, la mafia et les sports,

    mais rien nest dmons-tratif.

    COMMENTAIRES ENCADRSET COULEURSBien que cet album comporte de nombreux inserts de textes, sa lecture respalpitante. Interrog sur ce poinFranck prcise : Jadore ce procd. Ctrs vieux dans la BD, dans Prince Valiapar exemple, Hal Foster avec ses hors-texpouvait donner limpression de donner dalillustration, mais cest en fait de la bandessine. Dans la BD franco-belge, cest prcipalement du descriptif, alors que dans comics de Foster Frank Miller, cest de lmotion. Je ralise le dessin plutt vite, mai

    peux perdre beaucoup dheures savoir combien de phylactres je vais dcouper uphrase, et o je vais les situer.

    On remarque la lecture quil ybeaucoup de jaune et dorange, ce qsexplique ainsi : Le jaune et loransont des couleurs avec lesquelles jadore jouSur les pages 36 et 37 par exemple, je dessayer dvoquer des sentiments : le ciel tire vle jaune, ce qui rend lambiance oppressanteLe scnario de ce thriller danticiption, o sont points les thmes lultralibralisme et du pouvoir finacier, fournit aussi des informatio

    scientifiques sur le fonctionnemedu cerveau et la neurobiologie. Le trraliste, nerveux mais lgant Franck Biancarelli, lui impulse unergie qui donne envie de vconnatre la suite.

    Les amateurs de basket-ball savent quun dunk dsigne un smash au panier. Ctait aussi le titre dun roman danticipation dDenis Robert, le journaliste lorigine de la premire affaire Clearstream.

    Dunk, but not drunk!

    DUNK, T.1NAISSANCE DUN HROS

    de Denis Robertet Franck Biancarelli,

    Dargaud,48 p. couleurs, 13,99

    JEAN-PHILIPPE RENOU

    RobertetBiancarelli/DARGAUD

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    Funrailles, professeur de droitet gardien officieux de laF.E.A.H. (Facult des tudes

    Acadmiques des Hros), serait le plusgrand guerrier de tous les temps, ceque son physique austre de manchotau visage moiti dfigur ne laisse

    pas deviner de prime abord. Son armefavorite est une sorte de dague accro-che au bout dune chane grosmaillons, quil porte autour du coucomme une charpe... En ralitFunrailles est tellement puissant que,comme Merlin dans le cycle arthurienou Gandalf dansLe Seigneur des anneaux,lauteur est oblig de le maintenir l-cart pour viter quil ne rsolve tousles problmes sa manire, cest--diretrop vite et trop bien pour que la ten-sion dramatique puisse sexacerbercomme le rcit lexige ! Et voil com-ment le personnage le plus russi de la

    srie, le plus mystrieux aussi, seretrouve sur la touche. Oui, mais onvoudrait en savoir plus ! Alors ? Alorsil restait raconter lhistoire dePretorius et de Scipio, leur jeunesse,leur initiation, dans une srie ddie.Dont acte.

    PASSE-MOI LE SPIN,JENLVE LE OFF !Un spin-off ? Bien plus que cela. Unspin-off tenterait de prolonger lfluvreinitiale en reproduisant ses recettes.

    Funrailles est un rcit dark fantasy quecertains lecteurs pourraient prfrer la

    srie centrale . Sil sinscrit dans luni-vers Freaks Squeele, il nest technique-ment pas indispensable davoir luFreaksSqueele pour comprendre et apprciercette nouvelle srie Mais bien yregarder, cest un conseil quon ne peutpas vous donner. Il faut, vous devez, lirela srie de Florent Maudoux ! Plaisirgaranti :Freaks Squeele, cest la synthseparfaite entre lintensit narrative desmangas, lesthtique des bandes des-sines franco-belges et le savoir-faireamricain de la mise en scne et dudcoupage. Et pour ne rien gcher, lau-teur y distille un humour influenc par

    les matres anglais du genre ; et umyriade de clins dflil amusants et biamens des rfrences culturelles qvont de Botticelli aux X-Men. Br

    Freaks Squeele, malgr son titre imbtable1 a su en quelques tomes devenun incontournable de la funtasy linstar deLanfeust ou deDonjon.

    DRIZZT SQUEELE OF THRONEJusqu prsent, Maudoux avait distiau compte-goutte les informations sPretorius le mutil et son agaant fr

    jumeau Scipio, laissant simplememiroiter un pass agit et une relaticomplique. Lauteur ne se contenpas ici de clarifier ces zones dombCest tout un monde fodal sous-terra(au sens propre) qui est dcrit da

    Funrailles, avec son organisation sociases castes, ses jeux politiques et shros. O le vritable pouvoir est amains dun conseil matriarcal dont membres se disputent selon des rglde prsances et de rputation ass

    complexes. Une fois encore, Maudonourrit son imaginaire des sourcvaries. Linfluence de R.A. Salvato(La Lgende de Drizzt) et de George R. Martin (A Game of Throne Le Trne de fest la plus perceptible. Lusage du term Freaks emprunt au film ponyme Tod Browning de 1932 surprenait dala srie principale, o des tudiants dposent de super-pouvoirs obtenus faveur de mutations avantageuses. Da

    Funrailles au contraire, toute une codes miracles de monstres rejetpar la socit est montre La preuest donc faite : la vritable me

    Freaks , son squeele pique, ceFunrailles !

    Lunivers Freaks Squeele, en pleine expansion, senrichit dune nouvelle srie qui raconte lajeunesse du plus mystrieux de ses personnages : Pretorius, alias Funrailles.

    FREAKS SQUEELEFUNRAILLES, T.1

    FORTUNATE SONS

    de Florent MaudouxAnkama, Label 619,

    80 p. couleurs, 14,90

    JRME BRIO

    1 Rendez-vous dans le glossaire du swww.nanarland.com pour des explicatiosur le mot squeele .DARK SQUEELE

    FlorentMaudoux/ANKAMA

    FlorentMaudoux/ANKAMA

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    Joe, un jeune collgien dunepetite ville canadienne, refusedepuis quelques temps de

    prendre le bus pour se rendre soncollge, prtextant vouloir observer lanature enneige. La ralit est toutautre. Joe est en fait devenu la victimeprivilgie de Jason et de son compliceOliver, deux garons plutt couillonsqui lont pris pour souffre-douleur.Oliver nest clairement pas moteur dansces svices, mais tout fait asservi labrutalit et lautorit de Jason.

    HAINE ARBITRAIRECes perscutions quotidiennes nontpas de rel motif, du propre aveu deJason. Celui-ci ne semble vivre quepour martyriser le pauvre Joe : traquequotidienne dans le collge pour luiassener des coups, le racketter, lhu-milier (lui dessiner une croix gammesur le front au marqueur par exemple),exercer son pouvoir de petit caddevant une assistance dadolescentspassifs. Plus tard, il avouera mme Joe quil nprouve mme plus lebesoin de la prsence dun public pourprendre du plaisir lemmerder.Le salut de Joe, qui a dcid de rester

    mutique sur ses ennuis lcole, vien-dra dune jolie infirmire scolaire et...dun orignal. Ce serait trahir lintrt

    du livre que de vous expliquer com-ment. Sachez seulement que la findOrignal est originale.Ce nest pas la premire fois que leBelge Max de Radigus, auteur notam-ment deLge durdit chez LEmploydu moi, aborde les affres de ladoles-cence. Son trait reconnaissable seconcentre gnralement sur les per-sonnages, au dtriment des dcors.Les dialogues sonnent jute et le rcitse dvale avec la dsagrable impres-sion davoir t soi-mme tmoin denombreuses perscutions de ce type

    dans sa jeunesse, si nous-mmes nenavons t victimes (quant lventuellecteur qui fut un salopard dans ses

    jeunes annes, on ne le flicite pas). la fois touchant et surprenant, vousrefermerez ce livre un peu abasourdiet frustr de ne pouvoir continuer pluslongtemps voir grandir Joe.

    ORIGNAL

    de Max de Radigus,Delcourt, 152 p. n&b, 13,95

    OLIVIER PISELLA

    Orignalraconte la perscution dun collgien par un autre. Maxde Radigus livre de nouveau un rcit fluide et trs raliste,avec une fin pas pique des vers.

    Mais pourquoi est-ilAUSSI MCHANT ?

    g

    ,

    g

    y

    Orignal,MaxdeRadigusGuyDelcourtProductions

    2013

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    Stan Lee, Homre du XXesicle, de Jean-Marc Lain

    Stan Lee fait partiede ce petit groupetrs ferm desindividus les plusinfluents delhistoire de labande dessine. travers cettebiographie, Jean-

    Marc Lain dcrypte le mythe, sansvolont de dboulonner la statue decommandeur ni redorer le blason decelui qui incarne Marvel lui seul. Endroulant le fil de la vie de StanleyMartin Lieber, il dcrit ses mthodes,nlude pas son culte de lapersonnalit, et questionne sapostrit. La trs intressante analysedes thmatiques dveloppes par Leeconclut un livre riche en illustrationset fort instructif pour entrer dans lemonde des comics par la porteMarvel.Les moutons lectriques, 244 p., 23

    THIERRY LEMAIRE

    New X-Men,

    T. 3, Un vent de rvolte,de Morrison, Quitely,Jimenez et Bachalo

    Cest la rditionbroche prixmodique dun albumparu dans lacollection MarvelDeluxe, qui taitbizarrement puisdepuis longtemps.Un groupe de

    jeunes mutantsnervs prend le directeur delInstitut Xavier, jug trop pacifiste,en otage. Une sorte de conflit lafois social et gnrationnel que letalentueux Morrison dcrit avecdlice. Son compatriote cossaisFrank Quitely, au trait inimitable,

    dessine aussi tranquillement que soigneusement, sattachantaux diffrentes physionomies etmorphologies. Jimenez et Bachaloillustrent dans des styles diffrents lesdeux autres histoires qui suivent.Panini, 288 p. couleurs, 16,30

    MICHEL DARTAY

    Encyclopdie des bandesdessines, Lug 1950-1954,de Thomassian

    rudit, spcialistede BD populaire etlibraire doccasion,Grard Thomassianest lauteur duneencyclopdie quiretrace les grandesheures des

    fameuses BDde gare . AprsImpria ou Mon Journal, il sintresse Lug dans un volume couvrant 1950 1954. Le mythique diteur deStrange entre 1970 et 1996 traduisaitdj des BD trangres (Italie,Angleterre, tats-Unis). Louvrage,richement illustr, prsente des pagesmagnifiques de Jean Czard oucompare les pages amricaines (LoveConfessions, Diary Love, Daniel Boone)avec leurs adaptations franaises.Pour les curieux, les amateurs decomics, les nostalgiques et lesesthtes, qui se rgaleront duneiconographie luxuriante.Fantasmak, 280 p.couleurs, 58 (par correspondance)

    JEAN-MARC LAIN

    On avait dj pu lire un avant-got prometteur de cetalbum lors de la sortie dun

    fac-simil du storyboard couleur parKeramidas. Sorti lors du festivaldAngoulme, celui-ci avait galementt loccasion de dcouvrir le dcou-page complet et dialogu crit par Jean-

    David Morvan, nouveau scnariste de lasrie. En effet, si les deux premierscycles de Luuna avaient t crits parDidier Crisse, cest ici Morvan, par-rain par le crateur initial de la saga,qui prend en main la destine de lh-rone aux deux totems.

    Dans le premier cycle de ses aventures,la jeune fille du grand Sachem de latribu des Paumanoks participait lacrmonie des totems. Durant celle-ci,lesprit du mal, Unkui, simmisait dansson initiation et lhrone finissait affu-

    ble de deux totems, un bnfique etlautre malfique. Soumise ces deuxinfluences, lIndienne se retrouvait sousla terrible emprise malveillante qui sem-parait delle chaque pleine lune. Ledeuxime cycle la voyait partir vers delointains territoires, au-del de la merdes sables, des contres vikings, et sur-

    tout du temps puisque lhrone traver-sait plusieurs sicles.

    LE BNFICE DE LEXPRIENCEAyant triomph de toutes ces preu-ves, Luuna se voit offrir une nouvellechance avec ce troisime cycle. Reve-nue au jour de son initiation, l o touta commenc, celle-ci dcide de ne pasrefaire les mmes erreurs. Bien dcide rencontrer son totem, elle va essayerde sauver ses proches et le monde quilentoure du funeste destin quils avaientrencontr. Cest donc une sorte dereboot que nous propose Jean-DavidMorvan avec ce nouveau cycle. Mais si

    lhistoire reprend aux origines, lh-rone a maintenant lexprience de sesnombreuses aventures et va sen servirpour rcrire son pass. Lide dunerelecture proactive du premier cyclepar une Luuna plus aguerrie est int-ressante tant elle permet aux fans deredcouvrir lhistoire quils ont aime.Par ailleurs, Morvan sgare moins enintrigues secondaires, ce qui rend lalecture plus fluide et prenante.

    Au niveau du dessin, on a affaire lex-cellent Nicolas Keramidas. Chaqueplanche de ce nouvel opus deLuuna est

    une dmonstration, notamment poce qui est des dcors. Ceux qui ont la chance de pouvoir apercevoir lcrayonns prparatoires de ce nouvopus ont galement pu observer leceptionnel travail de dtail de chaqcase, peut-tre un peu moins visibune fois crayonn et mis en couleu

    En tout cas, lauteur ne mnage pses efforts pour satisfaire le lecteur

    Avec ce tome 8, la srie retrouve belle manire le niveau qui a fait sosuccs.

    Avec un dessinateur plus motiv que jamais, un nouveau scnariste et un troisime cycle originales aventures de lAmrindienne la plus connue de la BD redmarrent en beaut.

    LUUNA, T.8LATTRAPEUR DE RVES

    de Crisse, Morvanet Keramidas,

    Soleil, 48 p. couleurs, 13,95

    YANNICK LEJEUN

    T INDIEN POUR LUUNA

    Crisse,MorvanetKeramidas/MCPRODUCTION

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    Nestor Burma, dtective etpatron de lagence Fiat Lux,pourrait se la couler douce :

    son billet de la loterie nationale estgagnant. Mais comme il nest pas legenre refuser un client, la visitedOmer Goldy, diamantaire de profes-sion, va lemmener sur les traces dunChinois, de quelques Russes et du fmur

    perdu dun squelette unijambiste (quijustifie le calembour du titre de lpisode lui seul). Et comme les Russes en ques-tion sont modistes en lingerie fminine,cest Hlne, la secrtaire de Burma,qui va mener lenqute. O les gu-pires pourraient cacher un gupier.

    ADAPTATIONSNestor Burma, le dtective cr en1943 par Lo Malet, est le hros dunegrosse trentaine de romans policiers.Quinze forment la srie desNouveaux

    Mystres de Paris, dont chaque enqute sesitue dans un arrondissement prcis de

    la capitale. Par exemple, Boulevardossements (publi initialement en 1957),se droule comme son nom le suggredans le quartier des grands magasins, leneuvime arrondissement. Cet amourmanifeste de Malet pour le Paris desquartiers tait partag par JacquesTardi, le premier adapter NestorBurma en bande dessine en 1982, avec

    Brouillard au pont de Tolbiac. Pour le des-sinateur, ctait aussi loccasion de fairerevivre le Paris populo des annes1950. Mais Tardi nest pas quelquunqui aime se rpter. Au bout de cinqtomes, il confie Burma un autre des-sinateur, Emmanuel Moynot. Lequel

    livre trois nouveaux rcits ; avant depasser le relais Nicolas Barral.

    SUCCESSIONSEt l, on a deux coles dans la reprise.Moynot, sans trahir lhritage deTardi, avait incarn une certaine rup-ture dans les trois tomes publis entre2005 et 2009, par lusage de la couleuret en insufflant un peu de son proprestyle graphique dans les personnages.Barral, au contraire, joue la carte de lafidlit absolue lunivers graphiquedu matre. Retour au noir et blanc,imitation du style Tardi dans les

    moindres dtails, y compris les incotournables pavs mouills, les c A ! en lettres fantmes et ltrognes impossibles Quand mmcest tonnant que ce soit le dessinteur dePhilippe et Francis, le seul desnateur ayant eu, des fins de parodla libert de saffranchir du style Jaco

    pour faire des albums de BlakeMortimer alternatifs, qui fasse ici dgammes de Tardi. Il sen sort trs biecest trs bien fait, cest mme bluffanLes amateurs de Tardi vont adorer nouveau Burma, si fidle loriginMais artistiquement, quoi bon ?

    Aprs Jacques Tardi puis Emmanuel Moynot, cest dsormasous les pinceaux de Nicolas Barral que Nestor Burma poursuses aventures parisiennes

    BOULEVARDOSSEMENTS

    de Nicolas Barral, daprsLo Malet et Jacques Tardi,Casterman, 82 p. n&b, 16

    JRME BRIO

    DU CONSERVATOIRE DE TARDI

    BARRAL, PREMIER PRIX

    Barral,daprsMaletetTardi/CASTERMAN

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    We are Family T.1,de Palvenko et Valero

    Maman Grenouilleet Papa Crapaudont deuxmignonnes petitesprognitures,ttard et mini-troll, quels drles

    de noms me direz-vous. Non, ce n'estpas un conte pour

    enfants, mais bien le quotidien d'unefamille aux surnoms tranges, aucomportement la fois drle ettrash. Quand ce ne sont pas lescopains imaginaires qui dirigent lesrepas de mini-troll, ce sont lesquestions existentielles de ttardqui rendent la vie la fois belle etcomplique. Les moments partagsentre la mre et ses deux petits garssont tout autant comiques quetendres. Quant au dessin de TeresaValero, il s'adapte particulirementbien au rcit de Marie Pavlenko. UneBD toute mignonne qui parleraautant aux petits qu'aux grands.Delcourt, 48 p. couleurs, 13,95

    AUDREY RETOU

    Murena, T.9, Les pines,de Dufaux et Delaby

    Superbement misen images danslalbum prcdent,lincendie qui aravag Rome en

    juillet 64 a laissun champ decendres et deruines. Nronsonge dj sa

    reconstruction, toute sa gloire, maisil faut dabord trouver des coupables.

    Juifs et chrtiens, qui sont au dbutles mmes, constituent de parfaitscoupables prsums, et le peuple abesoin de nouveaux divertissements

    sanglants. Pierre, le premiercompagnon de route dun certainJsus, connat son tour le supplicede la crucifixion. Murena souhaiteexpliquer sa responsabilitinvolontaire. Une reconstitutionminutieuse de la vie romaine,toujours dpeinte par Delaby, aveclaide dun nouveau coloriste.Dargaud, 56 p. couleurs, 11,99

    JEAN-PHILIPPE RENOUX

    Le Dmon du soir,de Florence Cestac

    Nomie approchede la soixantaine,et les motifsdinsatisfactionse multiplient.Les hommes nela regardent plustrop, elle se sentloigne de ses

    jeunes collgues,mais sa fille la prend pour une baby-sitter gratuite. En plus, une graveanxit suite une mammographieaux rsultats suspects. Il sagissaitdune fausse alerte, du coup Nomieenvoie tout balader pour sereconstruire une nouvelle vie ausoleil, avec un vieux mas retaper,et un nouveau mec, sympa, jeuneet bricoleur. Une tranche de vieoriginale, o famille, collgues etcopines sont dcrits sans concession.Dargaud, 56 p. couleurs, 13,99

    JEAN-PHILIPPE RENOUX

    A c t u B dzoom

    On a coutume de considrerles rvolutions comme lersultat dun mouvement

    collectif, lexpression dune colre demasse qui renverse tout sur son pas-sage. Cest une faon de voir leschoses. On peut aussi apprcier cesrbellions contre le pouvoir en placecomme la somme dune myriade dini-tiatives individuelles. Le Printemps des

    Arabes , dont le titre introduit astu-cieusement le propos, se place danscette seconde optique. Lalbum montreainsi quelques exemples emblma-

    tiques qui ont t lorigine ou ontaccompagn les soulvements suc-cessifs connus dans les pays dAfriquedu Nord et du Proche-Orient entre2010 et 2013. Jean-Pierre Filiu, grandspcialiste de lIslam contemporain (etcoauteur avec David B. de la bandedessineLes Meilleurs Ennemis voirZoon34), sattache en effet raconter icilhistoire au plus prs des vnements. Le Printemps des Arabes, cest lhistoirede ces hommes et de ces femmes qui se sontlevs pour reprendre en main leur destin ,crit-il dailleurs en conclusion de lal-bum.

    DTONATEURS MULTIPLESPour confirmer un peu plus cette vision,il suffira de constater que llmentdclencheur de toute cette priodetrouble est limmolation par le feu deMohammed Bouazizi Sidi Bouzid,en Tunisie. Lalbum commence vi-demment par ce sacrifice, qui ne serapas vain. Puis passe en revue une ving-taine dautres comportements difiants,en gypte, au Ymen, en Syrie, enLybie, Bahren, Gaza, au Maroc,en Arabie Saoudite et en Algrie. Avec chaque fois ce mlange de courage,

    de lucidit, de don de soi et dabnga-tion qui force le respect. Les squencessont assez courtes et pourraient rebu-ter le lecteur par leur ct hach, maisle dcoupage et le dessin dune remar-quable expressivit de Cyrille Pomstransforment le tout en un rcit lafois enrichissant et haletant. Certainsde ces hros sont connus (la jour-naliste prix Nobel de la Paix TawakulKarman par exemple), dautres pas dutout, et chacun exalte sa faon lim-portance de la responsabilit indivi-duelle. Rien nest jou dans tous cespays, mais sil y avait une morale cette

    histoire, Jean-Pierre Filiu la livre en dalbum : La libert se mrite chaque joula dmocratie est trop humaine pour ne pas

    fragile. Noublions pas cette leon qui novient du Sud de la Mditerrane.

    LE PRINTEMPS DESARABES

    de Jean-Pierre Filiuet Cyrille Poms,

    Futuropolis, 112 p. coul., 18

    THIERRY LEMAI

    Le printemps arabe peut se raconter de diffrentes manires. Pour Jean-Pierre Filiu et CyrilPoms, on devrait plutt parler du Printemps des arabes, un bdreportage hauteur dhomm

    1+1+1 = 1000

    FiliuetPoms/FUTUROPOLIS

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    Un jeune couple se spare. Lui se sent deplus en plus inexistant, elle ne le voitpresque plus. Dans ces derniers jours qui

    les unissent, il y a des regrets, des non-dits, despleurs, des engueulades inutiles. Chacun trane sonlot de silences, de doutes, de tristesse. Cest la findune histoire damour. De cette histoire de spara-tion qui pourrait tre banale, Luke Pearson tire unalbum comme lui seul en a le secret, tout en vo-cation potique et en onirisme. Derrire les per-sonnages, les dcors se mettent danser, les ombres

    prendre forme, tout joue faire ressentir lespenses des personnages. Lui se souvient, tente d-chapper son sort et de sen remettre.

    ONIRISME MLANCOLIQUELauteur convie le lecteur aborder lternel sujet delamour qui prend fin avec talent : long comme unenouvelle, lalbum est un rgal de subtilit. Le styleest dailleurs trs bien rsum par cette phrase dequatrime de couverture : Laube. lhorizon, en une

    fraction de seconde, un sapin se dracine et se met danser. Sansque personne ne remarque rien. Lcriture est la fois sen-sible et inventive, entre vocation de petits ins-tants de vie et insertion de cratures fantasmago-

    riques destines donner forme aux motions.

    DITION SOIGNEVisuellement, Luke Pearson fait merveille avec unebichromie noir-orange qui sert son dessin trs enretenue. On est ici dans un univers graphique trsdiffrent de la srie Hilda, contant les aventuresdune fillette bottes rouges, qui a fait sa renomme.Encore une fois, et comme lhabitude chezNobrow, on a la fois affaire une superbe histoire

    et un trs bel album. Les livres de cette petite maison ddition anglaise sont tou

    jours trs bien dits et dunefabrication irrprochable. On n

    saurait trop vous conseiller dsoutenir cette quipe qui, au finaloffre de magnifiques crins dexcellentes histoires.

    Quand Luke Pearson raconte la plusbanale des histoires une sparationamoureuse , cest toute une foule de

    moyens subtils qui sont mis en uvre afinde rvler lindicible. Une russite, ditedans un livre la confection impeccable.

    YANNICK LEJEUNE

    c LOIN DES YEUXde Luke Pearson,Nobrow, 40 p. bichromie, 14

    Posie de la sparation

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    Le Bois des vierges,T.3, pousailles,de Dufaux et Tillier

    Voici enfin la findune srie qui avaitcr beaucoupdattentes chez lesfans de ses auteurs.Dans les pisodesprcdents, Aude,lhritire du clandes humains, a

    refus dpouser Loup-de-Feu,reprsentant des btes. Celui-ci ayantt retrouv mort, la guerre entre lesdeux races a repris de plus belle etlhrone na plus eu dautre choixque de se rfugier dans le bois desvierges, un endroit dangereux emplide cratures encore plus fantastiques.Amoureuse du Seigneur Clam, unhomme-garou, Aude va voirsaffronter les Poil et les Peau. Aprsun deuxime tome plus calme, voiciun opus fait daventures, de romanceet de drame. Certes, la tramescnaristique est parfois un peuattendue, mais lensemble,notamment grce la beaut despages de Tillier, ne peut que ravirles lecteurs.Delcourt, 56 p. couleurs, 14,30

    JOHN YOUNG

    Rolqwir, T.1,de Cardona et Torta

    XVIIIe sicle, laFrance, forte de saculture et de sesphilosophes, est son apoge. Le roiLouis XXIII dcidedenvoyer le preuxchevalier Jean deRolqwir au Yamato,

    pays du soleil levant, pour y portertoute la connaissance de notre bonpays. Sur place, le hros est confront une forte rsistance desautochtones, dautant plus que leurcivilisation aurait plutt de lavanceFlorence Torta et Philippe Cardona

    (Noob) relancent ici un personnagen dans un fanzine il y a quelquesannes. Cest drle, parfoislourdingue, mais le mlangedenthousiasme et de mauvaise foi duchevalier emporte le tout et fait dece manga parodique une rigolade franchouillarde plutt plaisante.Soleil, 48 p. couleurs, 10,95

    JOHN YOUNG

    Billy Brouillard - LesComptines malfaisantes,T.2, de Bianco

    Au nombre total de13, Les Comptinesmalfaisantes, petiteschansons divinementillustres parGuillaume Bianco,auraient t critespar le diable lui-mme mais ce

    nest pas sr. Quatre dentre ellesavaient dabord t dvoiles dans unpremier coffret, en voici la suite avecquatre nouvelles histoires mignonnes,drles et morbides. Entre nez quidpasse et angoisses nocturnes, cenouvel opus offre de nouveaux rcits

    joliment surprenants, un peu cruels,mlangeant charme dsuet descontes dantan et modernit du stylede Bianco. On nage ici en terrainconnu puisque les aventures de BillyBrouillard font lobjet de nombreuxouvrages : petit petit, leur auteurest en train de crer un nouveauclassique de la littrature jeunesse.Soleil, 64 p. couleurs, 29,95

    JOHN YOUNG

    A c t u B dzoom

    Aprs quelques dtours russisdans la bande dessine por-nographique, Ignacio No

    revient un genre moins sulfureux bien que lhrone de sonDouce, tide et

    parfume ne semble pas trop se faireprier pour se dvtir. Les premirespages de lalbum font leur petit effet.Deux cratures pantagruliques inves-tissent le rve dune jeune femme et selivrent un duel sanglant. Les coupsfusent, elle y rchappe par miracle.Ds son rveil, Ally se prcipite auprsdes siens pour voquer le mystre quiaurole ces visions pouvantables. Elleest visite rgulirement par ces vo-cations qui se font de plus en plus vio-lentes. Ally veut des rponses.Quand elle rejoint le cabinet de sonpre, un sociologue minent, elle ledcouvre mort dune balle en pleine

    poitrine : un suicide apparemment.Existerait-il un lien de cause effetentre les deux vnements ?

    GATTACAOui, et cest en fouillant dans les effetsde son pre quelle le dcouvre. Uncarnet lui apprend quelle a t le fruitdune exprience cruelle, quelle futspare de sa famille biologique pourque son pre adoptif puisse tudier leseffets de latavisme. Le pari consistant observer ce quil adviendrait de sasflur Carry, soumise une conditionsociale dfavorise, par rapport Ally

    qui a connu jusque l aisance, faste etpompe.No, avec sonDouce, tide et parfume metles pieds dans le plat. Le fait-il de faonconsciente ? Probablement pas, mais la

    question se pose car la fin du rcit onpeut tre tent de faire un rapproche-ment entre le rcent (non-) dbat surladoption ou la Procration MdicaleAssiste et linconsquence des parentsadoptifs de Ally. Ces derniers consid-rent leur enfant comme un terraindexprimentation ou comme un objetque lon peut obtenir pour rpondre une frustration. Acheter le vivant, lemodeler selon ses envies, sa curiosit,ses caprices ; dfier la nature, nier seslois et son incertitude au nom du pro-grs (social ou scientifique), tout celaconduit fatalement une catastropheou une rvolte.

    Celle-ci se produit travers lengage-ment dAlly dans lodysse de ses ori-gines. Elle part la recherche du rel de ses racines et cest, ne pas dou-ter, au bout de ce voyage initiatiquequelle se soulagera de ses cauchemarset quelle se sentira entire.

    Le rcit, qui souffre de ltroitesse de ses48 pages, dmontre nanmoins desqualits. Le dessin sduit par son ampli-tude, sa mise en couleurs et son habi-let, mais une telle gnrosit supportemal la contrainte du formatage. Et cequi est vrai pour la reprsentation, lest

    aussi pour le rcit en lui-mme, qui limite une mise en bouche trs frutrante. Pas sr que les lecteurs soieconvaincus par un album qui augudune ribambelle dpisodes. Il ser

    dommage malgr tout de ne pas satarder sur le travail dun auteur qui fmontre, album aprs album, d'une vtuosit impressionnante.

    DOUCE, TIDEET PARFUME, T.1

    LE DOUTE

    dIgnacio No,Glnat, 48 p. coul., 13,90

    KAMIL PLEJWALTZS

    Ignacio No stait fait remarquer il y a quelque temps par un triptyque intitul Helldorado1, qui racotait un conflit sur une le imaginaire entre conquistadors et Indiens. Le voici de retour avec une hi

    toire qui arrive point nomm pour nous questionner sur limportance des origines parentales.

    In Vivo, Ex Vivo

    1Jeux de mot entre Eldorado et le manglais Hell qui signifie enfer .

    No/GLNAT

  • 7/22/2019 ZOO-48-HD

    33/68

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    A c t u B d

    Parmi les fleurs qui closent en ce printemps,il y a cet imposant livre, exceptionnel :

    Franquin et les fanzines.Fanzine ? Kzaco ? vi-demment, en ces temps o le moindre aspirant des-sinateur publie son blog, ces publications phmresralises tout petit tirage dans les annes 1960-1970 pour un public de fans ont lair dtres biendates. Pourtant, imprimes sur le duplicateur alcooldu lyce (eh oui, mes ptits gars, la photocopieuse

    nexistait pas encore en ce temps-l !) ou, pour les plusriches dentre eux, sur les bonnes vieilles offset dequartier, ces fascicules ont t le premier lien com-munautaire entre amateurs de bande dessine (rica-nez, amis de Facebook !), alors quelle navait pasencore de statut reconnu.

    La plupart des grands auteurs de bande dessine dau-jourdhui y ont marg, y faisant leurs premiresarmes ; ils prfrent oublier cette part maladroite deleur production. Mais les fanzines ont accompagnaussi la plupart des grandes signatures de lge dordans leurs plus belles annes et assist lmergencedune nouvelle bande dessine : Pratt, Gotlib,Brtcher, Reiser, Mflbius, Schuiten... qui consti-

    tuent nos classiques.Il sy ajoutait des dossiers sur les grands auteursadmirs par tous. Le moment nest pas anodin :pour la premire fois, le mtier de la bande des-sine produisait de lhistoire. Tout ce que lon saitsur les auteurs de cette priode vient le plus sou-vent de ces publications qui recueillaient pour lapremire fois leur parole.

    Alors que lhistoire de la BD se calcifie entre

    vrits et lgendes, que certains srigent enmarques (eh, oui : Franquin dsormais est unemarque dpose, comme avant lui Caran dAcheou Picasso), Jos-Louis Bocquet, lditeur-adjode Dupuis, a eu la bonne ide de compiler toutles interviews et quelques travaux indits qFranquin a consentis pour ces petites publicatioquil a toujours soutenues, alors que son statdauteur-star de Spirou ne lui laissait pas une minu lui. La chose sappelle Franquin et les fanzine

    Entretiens avec la presse souterraine 1971-1993 (ditioDupuis).

    Ce sont donc 29 interviews accordes entre 19et 1993 que lon retrouve dans ce fort volume

    prs de 480 pages. Des entretiens o lon retroula voix caractristique de Franquin, pourRantanp(un fanzine cofond par Morris), pourLes Cahiersla bande dessine (la premire publication de ldite

    Jacques Glnat), pour Falatoff (o contriburele libraire Sylvain Insergueix et le conseiller scietifique du Muse de la BD dAngoulme JeaPierre Mercier), lequel inaugura un modle dcomplex dentretiens avec les auteurs, ponctudinterjections, donomatopes, dclats de rire (ales Eeeeeeehhhhhhhhaaaaaahhaaah ! de Franquinla fin de chaque rponse !), le vnrable fanzihollandais Stripschrift, le plus vieux dEurope... maussi pour dobscures feuilles de province qui, sovent, nont pas dpass leur premier numro.

    Dcd en 1997, Franquin na jamais t aussi prsent dans lactualit ditoriale. Passeulement parce que Gaston et le Marsupilami reviennent dans le giron ditorial desditions Dupuis ou parce que les 75 ans de Spirou le remettent dans la lumire, maisparce quil reste tout simplement le dessinateur le plus marquant de sa gnration.

    Silence !

    Franquin parle !DUPUIS

    LE FRANQUIN DES FANZINES

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    On voit bien quils sont peu professionnels : ques-tions complaisantes, photos mal cadres... Dufan-dom en plein ! Au dtour de ces entretiens, parfois

    interrompus par des rponses de Peyo, deTillieux, de Will, de Madame Franquin mme...,on croise des noms familiers : des auteurs, desditeurs, des journalistes... Tous venaientrecueillir la parole du matre, lequel les recevait

    avec simplicit, disponibilit, sympathie. Un

    cas rare dans le domaine de la BD, devenu bienplus protocolaire depuis. Ils y ont probablementtous trouv leur vocation car Franquin tait lin-

    carnation mme du mtier et il renvoyait uneimage gnreuse, amicale...

    Pour lamateur de dessins, ce qui fait le prix de cetouvrage, cest que chacune de ces publications arecueilli des dessins indits qui sont compils ici.

    Des crobards rares, souvent raliss la hte la fin de lentrevue, mais aussi dautres

    conus dans son atelier et envoy aprscoup aux interviewers.

    Ainsi, Franquin nous parle deux fois : traversle rapport trs codifi de lentretien o lon

    apprend beaucoup sur le processus de cration,la technique, lenvironnement ditorial de la publi-cation... ; et puis travers ces dessins raliss pourfaire plaisir, sans arrire-pense et qui ont donc toutle bnfice de la spontanit. Ce sont des mer-veilles de crativit, dinvention, du concentr degnie. Bref, cet ouvrage est un trsor que lon ran-gera soigneusement aux cts des entretiens deNuma SadoulEt Franquin cra Lagaffe (Ed. Schlirf /Dargaud) mais aussi le petit livre jaune de

    Philippe Vandooren : Comment on devient crateur dbande dessine (Ed. Frdric Niffle).

    Dans le mme temps, Dupuis republie les premiers Gaston de format italien . Car, ses dbutsle gaffeur occupait la Une du journal. ce