adaptation du modèle macroéconométrique de haque et alii à l...
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UNIVERSITE D’ALGER
Faculté des Sciences Economiques et de Gestion
THESE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME DE DOCTORAT D’ETAT
EN SCIENCES ECONOMIQUES
OPTION : ECONOMETRIE
THEME
Adaptation du modèle macroéconométrique de
Haque et alii à l’économie algérienne
PAR
Zakïa BELOGBI
Directeur de recherche :
Monsieur le Professeur Ahmed SOUAMES
Membres du jury :
Boubakeur MILOUDI Professeur à l’Université d’Alger (Président du jury)
Azzedine BELKACEM -NACER Professeur à l’INPS
Hamid KHERBACHI Professeur à l’Université de Béjaïa
Ahmed ZAKANE Maître de Conférences à l’INPS
2004-2005
2
REMERCIEMENTS
J’adresse d’abord l’expression de ma vive reconnaissance à Monsieur le Professeur
Ahmed SOUAMES (Université d’Alger) qui a accepté de diriger ce travail.
Je voudrais aussi adresser mes remerciements les plus sincères à Monsieur le Professeur
Gilbert ABRAHAM-FROIS (Université de Paris X – Nanterre). Je tiens à lui rendre un
respectueux hommage pour ses conseils judicieux et son aide précieuse tout au long de la
période que j’ai passé en France (2000-2004).
J’exprime ma profonde gratitude à Madame Claudette BABUSIAUX maître de Conférences
à l’Université de Paris X - Nanterre. J’ai grandement bénéficié de ses remarques pertinentes.
Mes remerciements vont également à Monsieur le Professeur Philippe HUGON de
l’Université de Paris X - Nanterre et à Monsieur le Professeur Pierre MALGRAGE
(CEPREMAP) qui ont su me consacrer du temps en dépit de leurs nombreuses occupations.
Je tiens à remercier chaleureusement Madame Valérie OHEIX, maître de Conférences à
l’Université de Paris X - Nanterre pour sa relecture attentive et critique. Ses commentaires et
ses interrogations m’ont permis de clarifier ma rédaction.
J’exprime ma reconnaissance à Monsieur Hamid ZIDOUNI de l’Office National des
Statistiques (Alger) pour m’avoir communiqué diverses informations.
Bien entendu, je reste seule responsable des erreurs et imperfections qui pourraient
subsister dans cette thèse.
3
Sommaire
Partie introductive 1
Première partie Stratégie algérienne de développement et évolution des agrégats
macroéconomiques de l’indépendance à 1993 13
Chapitre 1 : La stratégie de développement en Algérie : Principaux axes 15
Chapitre 2 : Evolution des grandeurs macroéconomiques depuis les années soixante
jusqu’à 1993 60
Deuxième partie
Implications sur le plan économique et social des principaux
accords signés avec les IFI 97
Chapitre 3 : Ajustement structurel et rééchelonnement de la dette extérieure 99
Chapitre 4 : Principaux accords et leurs impacts économiques et sociaux 112
Troisième partie
Esquisse d’un modèle macroéconométrique pour l’Algérie 165
Chapitre 5 : Modèle de Stoleru et modèle de Haque et alii 168
Chapitre 6 : Estimation du modèle macroéconométrique pour l’Algérie 181
Chapitre 7 : Scénarios de simulation 239
Conclusion générale 276
Annexes 288
Bibliographie 368
Liste des tableaux et graphiques 374
Table des matières 381
4
Partie introductive
Survol du paysage politique algérien depuis l’indépendance
Après une longue et douloureuse guerre de libération, l’Algérie recouvre en 1962 sa
souveraineté nationale. En cette année, les délégués du gouvernement provisoire de la
république algérienne (GPRA) signent avec le gouvernement français les accords d’Evian. Le
texte stipule : « Il sera mis fin aux opérations militaires et toute action armée sur l’ensemble
du territoire algérien le 19 mars 1962 à douze heure» (art.1)1. L’entrée en application de ces
accords a mis fin au conflit armé qui a opposé l’Algérie à la France pendant sept ans et demi,
mais aussi à 132 ans de colonisation.
Les recherches pétrolières des sociétés françaises en Algérie commencées en 1952, ont
révélé l’existence dès 1956 de fabuleux gisements d’hydrocarbures, en particulier, le gisement
de pétrole de Hassi Messaoud et le champ de gaz de Hassi R’Mel. Lors de la signature des
accords d’Evian, le problème du Sahara a généré un profond désaccord qui a opposé les deux
pays. La France voulait gérer les richesses du Sahara (pétrole et gaz) et conserver l’espace
saharien pour y effectuer des expériences nucléaires2. Il est à noter qu’en date du : « 13
février 1960, la bombe atomique française explosait à Reggane, désignant le désert du
Sahara comme lieu vital d’une nouvelle politique de puissance » 3. De son côté, le Front de
Libération Nationale (FLN) n’acceptait pas la scission du territoire puisque le Sahara est une
partie intégrante de l’Algérie et le peuple algérien est le propriétaire légitime de toutes les
richesses.
1 Ben Khedda B. (2002) : Les Accords d’Evian, Alger, OPU. 2 Interview du 19 mars 2002 de B. Stora par R. Nollezz-Goldbach : La mémoire de la guerre d’Algérie (www.afrik.com). Cette affaire sur les essais nucléaires français en Algérie a refait surface ces dernières années. 3 Hélie J. (1992) : Les Accords d’Evian. Histoire de la paix ratée en Algérie, p. 125, Editions Orban, 245 p.
5
Dès l’indépendance, le FLN domine le paysage politique national. En jouissant d’une
légitimité intérieure et extérieure, ce parti unique monopolise la représentation de la nation.
En 1963, la nouvelle constitution consacre le FLN comme le seul parti légal. Deux ans plus
tard, soit le 19 juin 1965, date appelée par certains « redressement national » et par d’autres
« coup d’Etat », Houari Boumediene prend le pouvoir et remplace Ahmed Ben Bella.
Le règne de Boumediene, décédé en 1978, est caractérisé par la nationalisation des
hydrocarbures (24 février 1971), une politique des industries-industrialisantes, une réforme
agraire de modèle socialiste, et une planification centralisée de toutes les activités
économiques. En 1979, Chadli Benjadid accède au pouvoir. Au cours de la décennie quatre-
vingts, l’Algérie passe de la planification centralisée à la planification décentralisée. C’est la
période des réformes économiques qui malheureusement n’ont pas généré les résultats
espérés. En effet, une atmosphère déplorable exacerbée par l’insatisfaction des besoins
sociaux les plus élémentaires règne et atteint son paroxysme quand les besoins élémentaires
de vie des citoyens ne sont plus assurés. La situation sociale se détériore progressivement et
atteint le seuil de l’intolérable. Le bilan économique de l’année 1988 est particulièrement
alarmant et la situation est désespérée.
Le 5 octobre 1988 débutent des émeutes d’une incroyable violence. Les écoles et les
universités congédient les écoliers et les étudiants, les transports urbains sont paralysés, les
magasins restent fermés, les grandes surfaces, abandonnées par leur personnel, sont
saccagées. Cette révolte populaire s’amplifie et plonge durant plusieurs jours Alger et d’autres
grandes villes de l’intérieur du pays dans un chaos sans égal depuis l’indépendance. La
population clame haut et fort son mécontentement et fait entendre sa voix. Pour rétablir
l’ordre, le gouvernement fait appel à l’armée et aux brigades anti-émeutes contre les
manifestants. Des coups de feu claquent, l’armée tire sur les manifestants, le bilan est très
lourd. Selon les sources officielles, 110 morts sont à déplorer, les sources médicales
algériennes donnent le chiffre de 500 tuées. Ces sanglants événements annoncent une
nouvelle ère pour la vie politique algérienne. En effet, pour la première fois depuis
l’indépendance et le règne sans partage du FLN, le président Chadli annonce une nouvelle
Constitution, l’ouverture au multipartisme politique, la multiplicité de la presse et d’autres
réformes économiques.
6
La nouvelle constitution instaure le multipartisme en 1989. La presse privée
indépendante est dorénavant autorisée. L’ensemble des citoyens croit en une véritable
ouverture démocratique, les exilés politiques sont de retour, les Algériens peuvent créer des
partis politiques et religieux. Le Front Islamique de Salut (FIS) est légitimé.
Deux autres partis religieux voient leur émergence en 1990, il s’agit du Mouvement pour la
Société Islamique (Hamas) à tendance modérée, est fondé par Mahfoud Nahna et le
Mouvement de la Renaissance Islamique (El-Nahdha), fondé par Abdellah Djaballah.
Les principaux partis d’opposition sont :
Le Front des Forces Socialistes (FFS) de Hocine Ait Ahmed.
Le Mouvement pour la Démocratie de l’Algérie d’Ahmed Ben Bella, premier
Président de la République Algérienne Démocratique et Populaire.
Le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) de Said Saâdi.
Le Parti des Travailleurs de Louiza Hannoune.
Le Front Islamique de Salut fondé en 1989, triomphe aux élections municipales le 12
juin 1990. Les deux leaders du FIS Abassi Madani et Ali Belhadj, arrêtés le 30 juin 1991 à la
suite d’une grève qui avait tourné à l’affrontement avec les forces de l’ordre sont condamnés
à douze ans de prison pour « atteinte à la sûreté de l’Etat ». Durant leur absence, le FIS
remporte les élections législatives le 26 décembre 1991. Le président Chadli Benjadid
démissionne le 11 janvier 1992. Le lendemain, les résultats du scrutin du second tour des
législatives sont annulés.
Le Haut Conseil d’Etat (HCE) est créé le 14 janvier 1992. Une direction collégiale est
présidée par Mohammed Boudiaf, l’un des dirigeant historiques du FLN qui était en exil au
Maroc. Le FIS est dissous le 4 mars 1992. Les éléments les plus radicaux du mouvement
islamique, regroupés au sein du Groupe Islamique Armé (GIA), répliquent par des actions
terroristes. C’est le début l’insurrection armée. Mohammed Boudiaf est assassiné le 29 juin
1992 et Ali Kafi prend la direction du HCE le 2 juillet 1992. Le mois de mai 1993 inaugure
l’ère de la persécution des civils et des intellectuels en particulier.
7
Au cours de cette année, la situation économique est alarmante. En effet, le PIB par
habitant est de l’ordre de 1890 $. Le taux de croissance en termes réels est négatif, -2,84%,
alors que le taux de chômage atteint 23%. La dette extérieure s’élève à 25,7 milliards de
dollars et représente ainsi la moitié du PIB (50,4%). Les recettes totales du pays deviennent
insuffisantes pour honorer le service de la dette extérieure. Dès lors, le rééchelonnement
devient inévitable. Le pouvoir public envoie une lettre d’intention au Fonds Monétaire
International (FMI) par laquelle il demande le rééchelonnement de sa dette extérieure en
acceptant de négocier les conditionnalités d’un programme de stabilisation macroéconomique.
Les attentats meurtriers touchent toute la population sans exception en 1994 et le pays est
plongé dans le chaos. Attentats, embuscades, enlèvements, menaces, deviennent quotidiens
dans les années 1995 à 19974. Dans un contexte d’Etat d’urgence, le général à la retraite
Lyamine Zéroual est désigné comme chef d’Etat le 11 janvier 1994.
Dans une ambiance de guerre civile, une élection présidentielle pluraliste est organisée le
16 novembre 1995 avec l’accompagnement de trois candidats chefs de partis. Le Général
Zéroual est élu Président grâce à la forte participation populaire. Les premières grandes
offensives de l’armée contre les maquis terroristes sont enregistrées. Le sang continue à
couler, l’Algérien ne connaît que tristesse et désolation, les intellectuels s’exilent, la cherté de
la vie est en évolution croissante.
Tous les partis, à l’exception du FIS qui a été dissout en 1992, participent aux élections
législatives qui sont organisées le 5 juin 1997. La première assemblée pluraliste du pays est
constituée. Une « surprise » attend la population en septembre 1998 : le Président Lyamine
Zéroual démissionne. En 1999, l’Algérie connaîtra son septième chef d’Etat depuis
l’indépendance et le cinquième depuis 1992. Le 16 avril 1999, Abdelaziz Bouteflika, un
ancien de la guerre d’indépendance et Ministre des affaires étrangères de Boumediene de
1965 à 1980, est élu président. Dans un pays où la guerre a fait plus de 100 000 morts, le
programme du Président Bouteflika porte sur la restauration de la paix et le retour de
l’Algérie sur la scène internationale.
4 Sur les violences qui ont causé la mort de plus de 100 000 personnes, se référer à Stora B. (2001) : La guerre invisible Algérie, années 90, Presses de Sciences Politiques, 126 p.
8
Une loi sur la « Concorde Civile » du président Bouteflika est adoptée le 16 septembre
1999, à une majorité de 98,6 % (avec une participation de 85%) après avoir été votée par les
députés et les sénateurs en juillet de cette même année. La loi sur la « Concorde Civile »
prévoit d’amnistier tous les militants islamistes qui déposent les armes avant le 13 janvier
2000 et qui n’ont pas commis de crimes de sang, de viols, d’incendies ou déposé de bombes
dans les lieux publics.
Le programme du gouvernement désigné par Abdelaziz Bouteflika annonce le 21 janvier
2000, de grandes réformes et une vague de libéralisation dans tous les secteurs, y compris
dans les hydrocarbures, longtemps considérés comme une souveraineté nationale. Le 6
décembre 2000 le chef de gouvernement Ahmed Benbitour démissionne et dévoile un
consensus fragile autour du rythme des privatisations. Ali Benflis, alors secrétaire général de
la Présidence de la République, est nommé en remplacement. Ahmed Ouyahia, ancien
premier Ministre à l’époque du Président Zéroual, est nommé en mai 2003, en remplacement
de Benflis qui a été limogé par le chef de l’Etat. Les deux chefs historiques du FIS dissous
sont libérés le 02 juillet 2003, avec interdiction de toute activité politique.
9
Introduction générale
L’Algérie est un pays pétrolier pourvu de richesses importantes, telles que les minerais
(phosphate, fer, charbon, zinc, cuivre, plomb) et les hydrocarbures qui vont constituer la base
de son développement futur. Les infrastructures développées par les français pendant la
période coloniale grâce au travail du peuple algérien, souvent exploité et sous payé, étaient
alors non négligeables. Cependant, localisées essentiellement dans les régions côtières, elles
accentuaient le déséquilibre régional5. En effet, la majeure partie des richesses (industrielles
et agricoles) était concentrée dans l’extrême nord du pays. En outre, les trois quarts de
l’industrie algérienne étaient regroupés dans l’Algérois et l’Oranais6.
Au lendemain de l’indépendance, la faiblesse de l’industrie7, la baisse significative de la
production agricole enregistrée depuis 1959 (due au déracinement des populations rurales et à
la destruction de leurs villages)8, mais aussi les pertes humaines de la guerre, et le départ
massif des cadres techniques européens9 caractérisaient l’Algérie.
En outre, compte tenu du rôle dominant joué par les cadres européens dans l’ensemble des
secteurs d’activité économique et sociale, leur départ quasi-total a entraîné, non seulement
une baisse du niveau de l’activité économique due à l’abandon de leurs domaines agricoles et
de leurs entreprises industrielles et commerciales, mais également la fuite des capitaux10.
5 Martens J. C. (1973) : Le modèle algérien de développement, bilan d’une décennie (1962-1972), p. 30, SNED, Alger, 289 p. 6 Brahimi A. (1991) : L’économie algérienne d’hier à demain. Défis et enjeux, Alger, Editions Dahlab, 552 p. 7 « Les entreprises industrielles qui existaient à l’époque relevaient du domaine de la transformation et présentaient pour la plupart un caractère artisanal. Il s’agissait essentiellement d’ateliers, de petites industries alimentaires et de quelques complexes de moyenne importance. Leur approvisionnement dépendait du marché français », Martens, op. cit. 8 Sur les déplacements forcés des habitants de villages qui ont touché entre le cinquième et le quart de la population algérienne, la destruction des villages et la réinstallation des paysans dans des baraquements, se référer à Frémeaux J. (2002) : La France et l’Algérie en guerres 1830-1870, 1954-1962, Economica, 365 p. La guerre d’Algérie a amené les autorités françaises à créer, entre 1957 et 1960, des centres de « regroupement » où ont été rassemblés plus de 2 millions de paysans. Cela a conduit à éloigner les paysans de leurs terres. Brahimi A., op. cit. 9 « La quasi totalité des cadres européens étaient partis emportant avec eux l’actif et laissant un lourd passif, lorsqu’ils n’avaient pas détruit l’ensemble des pièces comptables ou brisé des machines pourtant déjà plusieurs fois amorties », Martens : op. cit. 10 Pour plus de détails sur les conséquences du départ des Européens d’Algérie, voir Brahimi, op. cit.
10
L’économie algérienne en 1962 est dépendante et extravertie. C’est une dépendance
financière, technique et commerciale vis-à-vis de la France.
Du fait de l’importance des capitaux extérieurs dans le domaine des finances (publiques et
privées), la dépendance financière du pays a été aggravée par la fuite des capitaux provoquée
par le départ massif des Européens. Sur le plan technique, le recours nécessaire au marché
français pour l’importation d’équipements (pour le renouvellement des installations
existantes) et de pièces détachées s’explique par le fait que l’équipement disponible en
Algérie était essentiellement d’origine française.
La dépendance commerciale de l’économie algérienne à l’égard de l’économie française est
la plus perceptible. En effet, les échanges commerciaux de l’Algérie se faisaient
essentiellement avec la France. Les exportations algériennes représentaient 80% de
l’ensemble des exportations, alors que les importations algériennes de produits français
dépassaient ce niveau11.
C’est au cours de cette période de grande difficulté que fut élaborée la stratégie de
développement économique et social de l’Algérie. La remise en marche du potentiel industriel
à la suite du départ des propriétaires et cadres européens est devenu la principale occupation
des pouvoirs publics. L’industrialisation axée sur les industries lourdes est considérée comme
le moteur de développement. Cette stratégie appelée également industries-industrialisantes a
été proposée par G. Destanne De Bernis. Considéré comme l’unique moyen de garantie d’une
économie indépendante, le développement d’un secteur public industriel puissant devient
fondamental.
La santé économique de l’Algérie est fortement liée aux aléas du marché du secteur de
l’énergie. Depuis le début des années 1970 et jusqu’au milieu des années 1980, la hausse des
recettes d’exportations algériennes a élargi la solvabilité extérieure du pays et a ainsi facilité
le développement de l’endettement. En effet, pour répondre aux besoins de développement et
aux approvisionnements incompressibles (alimentation, médicaments, etc.), les autorités
publiques ont eu recours aux emprunts extérieurs ce qui a entraîné un effet cumulatif de la
dette extérieure.
11 Brahimi : Op. cit.
11
Les lacunes de la planification centralisée sont apparues dès le début des années 1980.
Durant cette décennie, une sérieuse crise de performance a caractérisé l’économie nationale.
La réduction des ressources pétrolières, suite à l’effondrement des prix du pétrole sur le
marché mondial en 1986, a mis en évidence la crise profonde de l’économie algérienne ; une
crise qui existait déjà avant 1986 mais qui devient plus importante. Cette baisse des prix des
hydrocarbures a engendré des effets néfastes sur l’ensemble de l’économie nationale. On
assiste à une baisse des ressources d’exportations, une réduction des recettes fiscales et une
très forte chute de la capacité d’importation du pays. La dette extérieure déjà lourde en 1986,
puisqu’elle équivaut à cette date à plus du tiers du PIB (36%), va s’aggraver progressivement
et représenter près de 49% en 1989.
La détérioration des termes de l’échange ainsi que l’accroissement de la dette extérieure,
qui est devenue un fardeau de plus en plus lourd à supporter, sont les raisons principales de la
détérioration régulière de la balance des paiements enregistrée durant la seconde moitié des
années 1980. Face à l’aggravation de la crise économique, le gouvernement algérien s’est
engagé vers la fin des années 1980 dans une économie de transition abandonnant l’économie
planifiée et les industries industrialisantes. A l’époque, on parlait de réformes économiques
ayant pour objectif le redressement du secteur public par une restructuration des entreprises
publiques.
Une politique d’assainissement a été mise en œuvre, afin de briser le cercle vicieux du
surendettement des entreprises publiques, qui aboutissait à un gonflement important de la
dette publique intérieure, supportée par le Trésor public.
Cependant, les tentatives d’ajustement n’ont pas produit les effets attendus. Bien au contraire,
la crise économique demeure très critique. On relève vers la fin des années 1980 et le début
des années 1990, une baisse de la croissance économique, un endettement important, un taux
de chômage très élevé et une inflation galopante.
L’inéluctabilité du rééchelonnement de la dette extérieure ne fait plus de doute lorsque le
prix du pétrole s’effondre de nouveau en 1993–1994. Les recettes totales du pays deviennent
insuffisantes pour honorer le service de la dette extérieure. En quasi-situation de cessation de
paiement en 1994, l’Algérie s’est résignée à demander le rééchelonnement de sa dette
extérieure.
12
C’est dans ce cadre que le gouvernement algérien accepte de négocier les
conditionnalités d’un programme de stabilisation macro-économique et signe en 1994 un
premier accord avec le Fonds Monétaire International appelé accord de « Stand by » ou de
confirmation (avril 1994 - mars 1995), puis un second, dit de facilité de financement élargie
(EFF) portant sur trois années (avril 1995 - mai 1998). Suite à ces accords, l’Algérie s’est
engagée dans un programme de libéralisation de son économie – avec l’instauration de
mécanismes de marché : libération de tous les prix, réduction des subventions, rigueur
monétaire et budgétaire – jusque-là étatisée, recevant plusieurs satisfecit du FMI mais
provocant un mécontentement social en raison de la dissolution des entreprises publiques et
des compressions massives des effectifs.
La question que l’on se pose dans cette étude est la suivante : quelles sont les
caractéristiques fondamentales de l’économie algérienne depuis l’indépendance et comment
les inclure dans le cadre d’un modèle macroéconométrique ?
L’objectif de cette recherche est donc triple :
Il s’agit d’abord d’analyser la situation de l’économie algérienne dans son ensemble,
de l’indépendance jusqu’à la veille du rééchelonnement de la dette extérieure.
Il s’agit ensuite d’évaluer les implications économiques et sociales des diverses
mesures prônées par les institutions financières internationales.
Il s’agit enfin de concevoir un modèle macroéconométrique pour l’Algérie, en se
basant sur la proposition faite par Haque et alii (1991)12 pour les pays en
développement.
Cette étude est organisée en trois parties. La première partie comprend deux chapitres
et considère les grandes lignes de la stratégie algérienne de développement ainsi que
l’évolution des principaux agrégats macroéconomiques depuis l’indépendance jusqu’à 1993
(la veille du rééchelonnement de la dette extérieure).
12 Haque Nadeem U., Lahiri Kajal et Montiel Peter J., (1991) : “A Macroeconometric model for developing countries”, in Mohsin S. Khan, Peter J. Montiel et Nadeem U. Haque (ed) : Macroeconomic models for adjustment in developing countries, IMF, pp. 234 -256. Cet article a été précédemment publié dans Staff Papers, International Monetary Fund, Vol. 37 (September, 1990), pp. 537-59.
13
Dans le chapitre 1, nous étudierons dans un premier temps les grands axes de la stratégie
de développement algérienne. Après un survol rapide des fondements doctrinaux de la
politique de développement (le Programme de Tripoli et la Charte d’Alger), nous
examinerons le passage de l’économie dirigée à la transition vers l’économie du marché.
Ensuite, les différentes restructurations du secteur agricole ainsi que la stratégie des industries
industrialisantes et la valorisation des hydrocarbures seront successivement étudiées.
Le chapitre 2 porte sur l’évolution de la situation économique depuis l’indépendance
jusqu’à la veille de rééchelonnement de la dette extérieure (1993), notamment en matière de
croissance économique, d’emploi, de chômage, de monnaie, d’inflation, des opérations du
Trésor, etc. Nous mettrons aussi l’accent sur l’évolution du commerce extérieure et sur les
indicateurs d’endettement.
L’impact de l’effondrement du marché pétrolier en 1986 sur l’ensemble de l’économie
algérienne, qui a révélé non seulement l’incapacité des hydrocarbures à subvenir indéfiniment
aux besoins de la population, mais a dévoilé également la faiblesse de son système
économique, est mis en évidence.
La deuxième partie comprend deux chapitres. Elle est consacrée essentiellement aux
principaux accords qu’a signés l’Algérie avec les institutions financières internationales (IFI)
et leurs implications sur le plan économique et social. Les principaux axes contenus dans ces
accords se rapportent à la privatisation des entreprises publiques, à la libéralisation des
échanges, aux réformes monétaires, à la restauration d’un taux de change réaliste, à la
libération des prix et à la rigueur budgétaire. Ces mesures sont destinées à rétablir les
équilibres fondamentaux et favoriser la relance économique en Algérie.
Dans le chapitre 3, les politiques d’ajustement structurel et la remise en cause du
Consensus de Washington avancée par J. Stiglitz13 seront d’abord évoquées, puis seront
suivies par un bilan de la situation de économique nationale au début des années 1990 qui a
contraint les autorités algériennes à demander le rééchelonnement de la dette extérieure.
13 Stiglitz J. E. (2002) : La Grande Désillusion, Paris, Fayard, 324 p. Cet ouvrage devenu un best seller, a été d’abord publié la même année aux Etats-Unis sous le titre Globalization and its Discontents W.W. Norton.
14
Dans le chapitre 4, nous mettrons en évidence, les répercussions sur le plan économique
et social des diverses mesures préconisées par les IFI dans le cadre du plan d’ajustement
structurel (PAS), sur la période allant de 1994 à 2002.
En dépit de ces diverses mesures, le programme d’ajustement n’a pas permis d’atteindre
les objectifs visés en matière de croissance et de création d’emplois. Les hydrocarbures
continuent de procurer au moins 95% des recettes. La croissance économique demeure fragile
et dépend fortement de la production des hydrocarbures ainsi que des bonnes performances de
l’agriculture. On assiste également à une dégradation de la situation sociale.
Dans un contexte aussi défavorable, il s’agit aujourd’hui de bien prendre conscience de
la nécessité d’une stratégie de développement cohérente qui permettra de corriger les
profondes distorsions dont souffre l’économie algérienne.
Quand à la troisième partie qui comprend trois chapitres, elle est consacrée à la
conception d’un modèle macroéconométrique pour l’Algérie qui sera basé essentiellement sur
le modèle de Haque et alii (1991). En effet, le manque de modèles macroéconométriques pour
les pays en développement, et plus particulièrement les pays exportateurs de pétrole, nous
encourage à élaborer un petit modèle macroéconométrique pour l’Algérie.
Les modèles conçus pour les pays en développement et empiriquement évalués qui ont le
plus attiré notre attention sont le modèle de Stoleru (1965)14 et le modèle de Haque et alii
(1991).
Le modèle de Stoleru est l’unique modèle en notre possession qui a été appliqué à l’économie
algérienne au début des années 1960. L’objectif de ce modèle d’optimisation inter-temporel
est de définir l’allocation optimale de l’investissement entre les secteurs (secteur du capital et
celui de consommation) afin de réduire le chômage et d’augmenter le revenu par tête. L’une
des critiques pouvant être formulée à l’encontre du modèle de Stoleru est qu’il est trop
simplifié pour décrire toute une économie (absence du secteur du commerce extérieur). Cette
critique est essentielle compte tenu de la forte dépendance de l’économie algérienne tant en
matière d’exportation des produits pétroliers qu’en matière d’importation. Ce qui nous a 14 Stoleru L. G. (1965): “An optimal policy for economic growth”, Econometrica, 33(2), pp. 321-348.
15
incité plutôt à prendre pour référence, dans le cadre de cette étude, le modèle de Haque et alii
(1991) conçu également pour les pays en développement. Par ailleurs, il nous semble plus
opportun de partir d’une référence plus récente.
Dans le chapitre 5, nous évoquerons successivement les principaux résultats d’application
du modèle de Stoleru à l’économie algérienne, puis les différentes équations de modèle
macroéconométrique proposé par Haque et alii, en l’occurrence, les fonctions de
consommation des ménages, d’investissements, d’exportations et d’importations de biens et
services, de production et de demande de monnaie.
En nous appuyant sur les spécificités de l’économie algérienne dégagées dans les
chapitres antérieurs, nous élaborons dans le chapitre 6 un modèle macroéconométrique qui
nous semble plus adapté à l’économie algérienne. Nous procédons à l’estimation des
différentes équations de ce modèle séparément puis simultanément.
Enfin, nous examinerons dans le chapitre 7 le fonctionnement d’ensemble du modèle en
appliquant les techniques de la simulation statique et de la simulation dynamique. Ces
simulations permettront d’effectuer une première validation du modèle. Pour tester la
cohérence économique du système, nous poursuivrons cette validation en réalisant deux
variantes. Celles-ci consisteront à mesurer l’impact d’une augmentation permanente de la
consommation gouvernementale et l’effet d’une hausse temporaire du prix du pétrole sur
l’ensemble des équations du modèle.
16
PREMIERE PARTIE
Stratégie algérienne de développement et évolution des
agrégats macroéconomiques de l’indépendance à 1993
17
Introduction
La stratégie algérienne de développement adopte, au lendemain de l’indépendance, un
système de planification centralisée, une réforme agraire, la création d’un tissu industriel basé
sur les industries industrialisantes, et la valorisation des hydrocarbures.
L’industrialisation était considérée comme le seul moyen d’atteindre un développement
rapide et significatif. En représentant une source d’accumulation importante, les recettes des
exportations d’hydrocarbures étaient essentiellement destinées à la réalisation des
programmes d’investissement massifs.
Dans cette partie qui comporte deux chapitres, nous présenterons les grandes lignes de la
stratégie de développement algérienne ainsi que l’évolution des principaux agrégats
macroéconomiques.
Nous effectuerons d’abord brièvement un état des fondements doctrinaux de la politique de
développement dans les années soixante, en l’occurrence le programme de Tripoli et la
Charte d’Alger. Ensuite, nous examinerons le passage de l’économie dirigée à l’économie
décentralisée, puis la transition vers l’économie du marché. Les différentes restructurations
du secteur agricole ainsi que les industries industrialisantes et la valorisation des richesses
minières seront également évoquées (chapitre 1).
Nous considérerons ensuite, le cadre général d’évolution de la situation économique
algérienne jusqu’à 1993 année précédant la signature des accords avec les IFI, notamment, la
croissance de l’économie, l’emploi, le chômage, l’inflation mais aussi l’évolution de la masse
monétaire et les opérations du Trésor (recettes et dépenses gouvernementales, fiscalité
pétrolière, solde budgétaire, etc.).
Nous mettrons également l’accent sur l’évolution des agrégats relatifs au commerce extérieur
et sur les principaux indicateurs d’endettement (chapitre 2).
18
Chapitre 1
La stratégie de développement en Algérie :
Principaux axes
La fin de la guerre s’accompagne de l’exode massif des colons qui laissent l’activité
économique totalement désorganisée. Près d’un million de colons laissent sur place une
population rurale et analphabète à 90% et un vide en cadres et ouvriers15.
La période 1962-1966 apparaît comme une phase de transition particulièrement difficile au
cours de laquelle sont entreprises les premières réformes pour la réorganisation de
l’économie.
Ce chapitre est organisé en quatre sections. La première section présente les fondements
doctrinaux de la politique de développement en Algérie dans les années soixante. En se
situant au début du processus d’édification de l’économie algérienne, les grandes lignes du
Programme de Tripoli, adopté à la veille de l’indépendance de l’Algérie, et la Charte d’Alger
définie deux années plus tard, sont abordées.
La seconde section traite du passage de l’économie centralisée à l’économie
décentralisée au travers des différents plans de développement : un pré plan (plan triennal
1967-1969) : deux plans quadriennaux (1970-1973 et 1974-1977), une période hors plan
(1978-1979) et deux plans quinquennaux (1980-1984 et 1985-1989). Les premiers plans de
développement de 1967 à 1977, ont profondément marqué l’économie algérienne. Les
investissements publics consentis ont été très importants. La politique économique mise en
œuvre au cours de cette période, visait à réaliser l’industrialisation rapide du pays.
15 On assiste au départ de 50 000 cadres supérieurs, 35 000 cadres moyens et 100 000 ouvriers et employés. Henni A. (1991) : Economie de l’Algérie indépendante, p. 26, ENAG Editions, 77 p.
19
A partir de 1980, une nouvelle politique économique a été mise en œuvre. Elle devait
remédier aux distorsions économiques de la précédente politique. L’objectif de la nouvelle
démarche était de rééquilibrer les investissements au profit des secteurs non industriels qui
avaient accusé des retards préjudiciables à l’économie dans son ensemble.
Cette section développe également le passage à une nouvelle forme d’économie. L’Algérie est
très sensible aux comportements du secteur de l’énergie qui joue un rôle fondamental dans le
développement économique et social. L’effondrement brutal du marché pétrolier en 1986 a
généré des répercussions néfastes sur l’ensemble de l’économie. Dès lors, l’Etat algérien opte,
vers la fin des années quatre-vingt et le début des années quatre-vingt-dix, pour une transition
vers l’économie de marché. Le gouvernement de l’époque entreprend de nombreuses
réformes qui marquent un tournant dans l’histoire économique du pays.
Vu la place que leur a attribuée la stratégie algérienne de développement, nous
consacrerons les deux dernières sections (3 et 4) de ce chapitre aux principaux axes de
développement du pays : la révolution agraire et l’industrialisation.
Une analyse détaillée du secteur agricole fera l’objet de la troisième section. Nous
examinerons d’abord son évolution depuis le départ des propriétaires des fermes coloniales en
1962 jusqu’en 1993, puis les causes principales de la régression de la production agricole,
notamment l’exode rural, la baisse de la part des investissements attribuée à ce secteur, etc.
La quatrième section porte sur la remise en marche du potentiel industriel qui est
devenue la principale préoccupation des pouvoirs publics. Axée sur les industries lourdes
«industries industrialisantes», l’industrialisation est considérée comme le moteur du
développement national et la seule réponse efficace pour remédier à la désarticulation de
l’économie. La valorisation des hydrocarbures représentant la principale richesse de l’Algérie
sera également évoquée dans cette section.
20
Section 1. Le Programme de Tripoli et la Charte d’Alger
La politique de développement arrêtée par le programme de Tripoli (1962), est d’abord
évoquée de façon sommaire. Nous évoquerons aussi succinctement les grandes lignes de la
Charte d’Alger (1964) dont le contenu de la politique de développement ne diffère pas
fondamentalement de l’approche du programme de Tripoli sauf en matière d’industrialisation
et de planification.
1-1. Le Programme de Tripoli
En juin 1962, le Conseil National de la Révolution Algérienne réuni à Tripoli (Libye),
trace les grandes lignes d’action pour l’édification d’une « République Démocratique et
Populaire ». Les premiers éléments de la politique de développement peuvent être identifiés
dans ce programme. Celui-ci dresse un projet de développement économique et social, en
s’appuyant sur le rôle central de l’Etat dans la transformation du milieu rural par le biais de la
Révolution agraire et la création d’une base industrielle, et annonce déjà les nationalisations
futures, la centralisation planifiée de l’économie et le socialisme.
En vue de la construction d’une économie nationale, il est donc envisagé dans le
programme de Tripoli, la réalisation d’une Révolution agraire comprenant trois aspects en
interaction, en l’occurrence, une réforme agraire, la modernisation de l’agriculture, la
conservation du patrimoine foncier16. La transformation des structures du milieu rural est
nécessaire pour augmenter la production du secteur agricole - une analyse détaillée de ce
secteur sera donnée dans le prochain chapitre - et diversifier les cultures, mais aussi pour
faire face aux besoins alimentaires de la population.
En outre, l’utilisation de la main-d’œuvre inemployée dans les différentes activités liées à la
transformation des campagnes comme la mise en valeur des terres, le reboisement, etc.,
permet de restreindre le chômage. Par ailleurs, la modernisation de l’agriculture favorise
l’émergence d’un marché pour les équipements et les produits industriels.
16 Ecrement M. (1986) : Indépendance politique et libération économique : Un quart de siècle du développement de l’Algérie 1962-1985, p.19, ENAP, OPU, Alger et PUG, Grenoble, 363 p.
21
En matière d’industrialisation, l’idée de la création d’une base industrielle (industrie
lourde) indispensable au développement économique en général et aux besoins d’une
agriculture moderne en particulier, est fournie par le programme de Tripoli - les industries
lourdes appelées également les industries industrialisantes seront évoquées avec plus de
détails ultérieurement -. Pour ce qui est de l’industrie privée, elle est considérée comme une
activité complémentaire à celle du secteur public.
Concernant les capitaux privés étrangers, le programme de Tripoli stipule que les
investissements extérieurs sont souhaitables dans le secteur industriel, néanmoins, ils doivent
être soumis à certaines conditions notamment :
(Ils doivent être) complémentaires dans le cadre d’entreprises mixtes,
Le transfert des bénéfices doit être réglementé et permettre le réinvestissement sur
place d’une partie des bénéfices17.
Ce programme devait aussi permettre d’élever le niveau de vie des citoyens, de
supprimer l’analphabétisme, de développer l’habitat et la santé publique, et finalement de
favoriser la libéralisation de la femme.
Concernant la mise en œuvre d’une politique extérieure indépendante, le programme de
Tripoli prévoit une lutte menée contre le colonialisme et l’impérialisme18.
1-2. La Charte d’Alger
Le contenu de la politique de développement préconisée par la Charte d’Alger, qui est
adoptée par le Congrès du FLN en avril 1964, ne diffère pas beaucoup de l’approche du
programme de Tripoli. Il traite de la réforme agraire, l’industrialisation, la planification et la
récupération des richesses nationales au service de la reconstruction de la nation.
Bien que les principes relatifs à l’agriculture, la Révolution agraire et la nationalisation soient
identiques à ceux évoqués par le programme de Tripoli, l’apport nouveau de la Charte
d’Alger concerne essentiellement le développement de l’industrialisation et la planification
qui sont plus précis.
17 Brahimi : Op. cit., pp. 38-39. 18 Ecrement : Op. cit., p.19.
22
Dans la Charte d’Alger, la politique nationale de développement est fondée sur le
renforcement du secteur public, qui doit disposer d’importants instruments d’action sur
l’activité économique, ainsi que sur le mode interne de financement des investissements. Par
ailleurs, la valorisation des ressources humaines et la formation des cadres sont des facteurs
décisifs pour garantir de manière correcte le fonctionnement de l’appareil productif disponible
et l’utilisation de nouvelles installations.
Concernant l’industrialisation, les objectifs préconisés par la Charte d’Alger sont :
La création d’emplois.
La couverture de la consommation locale en biens de consommation industriels
importés.
L’accroissement éventuel des exportations de ces mêmes biens.
La création d’une industrie lourde qui se traduit par la création des sociétés nationales
dotées de l’autonomie de gestion.
À propos de la planification, la Charte d’Alger insiste sur son rôle central tant sur le
plan économique que politique.
Sur le plan économique et afin d’atteindre les objectifs de développement économique et
social, la planification appelle à la mobilisation et la centralisation des ressources financières
est indispensables. Sur le plan politique, la planification implique l’indépendance vis-à-vis
de l’extérieur et la participation des opérateurs économiques à l’élaboration et l’exécution du
plan19. En vue de préserver l’indépendance politique et économique, la Charte d’Alger
envisage l’aide étrangère comme une simple contribution venant s'additionner à l’effort
national.
Quant aux nationalisations, elles ont été opérées juste au lendemain de l’indépendance.
En l’espace de six mois, le gouvernement algérien prend le contrôle des structures monétaires
et financières en créant le 1er janvier 1963 la Banque Centrale d’Algérie (B.C.A.). Ainsi prend
fin à cette date, le pouvoir exercé par l’autorité française sur l’émission monétaire et la
gestion du Trésor algérien. La Caisse Algérienne de Développement (C.A.D.) est créée en mai
1963 et le dinar algérien le 10 avril 1964.
19 Brahimi : Op. cit., pp. 40-42.
23
La quasi-totalité des banques et toutes les compagnies d’assurances étrangères sont
nationalisées, lors de cette période : la Caisse Algérienne d’Assurances et de Réassurance
(C.A.A.R.) est nationalisée à partir d’août 1963, la Caisse Nationale d’Epargne et de
Prévoyance (C.N.E.P.) en août 1964. Durant cette même période trois banques de dépôt sont
créées à savoir : la Banque Nationale d’Algérie (B.N.A), la Banque Extérieure d’Algérie
(B.E.A.) et le Crédit Populaire d’Algérie (C.P.A.).
D’autres vagues de nationalisations ont également concerné les mines (mai 1966) et les
hydrocarbures (février 1971).
Parallèlement et à la même époque, sont crées les entreprises nationales publiques
comme l’Office National de Commercialisation (ONACO) en 1962 qui a pour mission
l’importation des biens alimentaires et leur distribution. Puis, en 1963, de la création de
l’O.N.P. (Pêche), l’O.N.A.T. (Tourisme), l’O.N.T. (Transport) et la S.N.T.A. (Tabac et
allumettes).
Section 2. De la planification centralisée à l’économie du marché
La politique économique mise en œuvre durant la période planifiée, a été élaborée sur la
base de plans d’investissements centralisés financés sur fonds publics. Cette politique se
fondait sur une allocation administrative des ressources financières et sur un système
centralisé des prix qui n’a pas traduit la rareté des facteurs de production. Les crédits octroyés
pour le financement du secteur public l’ont été à des taux déconnectés du marché.
2-1. Du plan triennal au second plan quadriennal
Le plan triennal (1967-1969) est conçu comme un pré-plan destiné à préparer les grands
investissements à venir. Ce plan, qualifié souvent de plan expérimental, véhicule une
préférence de structures, ayant pour support l’industrie de base et les activités dépendantes
des hydrocarbures. Au cours de cette période, le coup d’envoi de l’industrialisation est donné.
24
Celle-ci est considérée comme le moyen d’atteindre un développement significatif et rapide.
Sur un montant d’investissement total de l’ordre de 9,17 milliards de DA, 53,4% sont
consacrés au secteur industriel et aux hydrocarbures, le secteur agricole (y compris
Hydraulique, Pêche et Forêts) bénéficie de 20,7% du montant global des investissements20.
Quoique le plan triennal a un aspect quantitatif (programmes d’investissements pour la
première fois pluriannuels) privilégiant l’industrialisation, « sa portée première demeure
d’essence qualitative : définir pour les centres de décisions micro-économiques, l’allure du
développement sur un horizon relativement long, préparation des institutions environnantes
(commerce extérieur, finances et crédit, etc.) et des procédures pour l’élaboration du premier
plan quadriennal »21.
Le premier plan quadriennal (1970-1973) marque le départ véritable de la planification
de type socialiste. L’objectif est d’assurer la mise en place d’une industrie de base capable
d’entraîner une industrialisation en aval. La planification des investissements s’est
accompagnée de la centralisation de la décision d’investir et un poste de Secrétaire d’Etat à la
planification est créé. Divers organismes tels que les ministères de tutelle, les entreprises et
les collectivités locales, conçoivent des projets d’investissement en se basant sur les critères
que le secrétaire d’Etat au Plan a fixés. En coordination avec le Ministère des Finances, le
secrétaire du plan arrête un taux d’investissement par arbitrage entre plusieurs projets
d’accumulation et soumet ses propositions au gouvernement. Parmi une panoplie de projets
d’investissement conçus, sont retenus les investissements dont on attend un maximum d’effets
économiques (sur la production, sur l’emploi ...).
Ce plan porte non seulement sur les investissements avec un montant prévu, de l’ordre
de 30 milliards de DA, dont plus de la moitié (57,7%) pour les industries et les hydrocarbures
et 12% pour l’agriculture, mais aussi sur les mesures organisationnelles liées aux activités
économiques et sociales. Ce qui a caractérisé ce premier plan quadriennal, c’est le volume et
le rythme d’investissement qui se sont heurtés à l’inertie des différentes structures, et plus
particulièrement à la bureaucratie de l’appareil administratif. Des goulots d’étranglement ont
20 Sauf indication contraire, les statistiques relatives aux investissements et leur répartition selon les secteurs d’activité économique sont extraites de l’ouvrage de Ecrement M., p. 56 et p. 305. 21 Benissad M. E. (1979) : Economie du développement de l’Algérie de 1962-78 : Sous développement et socialisme, p. 43, Alger (OPU) et Paris (Economica), 287 p.
25
vite fait leur apparition, les matériaux de construction et les biens de consommation se sont
avérés insuffisants, la saturation du port d’Alger est aussi enregistrée au cours de ce plan22.
Le second plan quadriennal (1974-1977), qualifié souvent de plan social, est consacré
à la construction des logements et hôpitaux, aux infrastructures et au développement de
l’agriculture. Globalement, les objectifs agricoles de ce second plan quadriennal sont orientés
vers :
la consolidation des structures nouvelles issues de la réforme agraire.
la relance du secteur autogéré.
l’autosuffisance des besoins prioritaires du pays par l’intensification des principales
cultures destinées à la population.
la valorisation des potentialités agricoles, l’amélioration des l’équipements, le soutien
aux organismes agricoles, l’élargissement et la sauvegarde du patrimoine.
la mobilisation systématique du potentiel hydraulique pour l’irrigation, l’industrie et
les besoins domestiques, par la réalisation des barrages nouveaux et la multiplication
des forages23.
L’essentiel des investissements est destiné à l’industrie de base. Leurs montants,
stimulés largement par la hausse des prix à l’exportation du pétrole dès octobre 1973 sont
fixés à 121,1 milliards de dinars algériens dont 60,1% sont consacrés aux industries et aux
hydrocarbures. Une part infime (7,3%) est affectée à l’Agriculture. Il convient de signaler
que les investissements consacrés aux hydrocarbures représentent plus de la moitié des
investissements affectés à l’ensemble hydrocarbures et industrie. Ces sommes colossales
déséquilibrent l’investissement au profit du seul secteur pétrolier (secteur exportateur) et
engendre un manque d’argent pour les autres secteurs.
L’accroissement des ressources du pays en devises augmente la capacité de l’Algérie à
importer et encourage les opérateurs économiques à faire davantage appel aux entreprises
étrangères pour la réalisation de leur programmes d’investissement. Les pouvoirs publics ont
eu recours au marché financier international, compte tenu de l’ampleur des besoins en
22 Bali H. (1993) : Inflation et mal développement en Algérie, p. 32, OPU, Alger, 247 p. 23 Ecrement : Op. cit., pp. 125 –126.
26
capitaux, ce qui a entraîné un effet cumulatif sur le dette contractée aggravant ainsi
l’endettement du pays.
Il est à noter qu’en 1977, le stock de la dette extérieure s’élève déjà à 10,6 milliards de
dollars, ce qui représente à l’époque 165% des recettes d’exportations. Le second plan
quadriennal s’achève en 1977 sans qu’un autre plan soit annoncé.
Les années hors plan 1978 et 1979 révèlent les déformations économiques et sociales.
Durant cette période, appelée aussi période des restes à réaliser (R.A.R.), on s’assigne un
triple objectif : faire le bilan des réalisations des deux plans quadriennaux, contrôler le degré
de leur réalisation et enfin libérer autant que possible les entreprises des programmes
précédents pour leur permettre de mieux affronter la période future. Les autorités publiques
tentent de réaliser les investissements prévus dans les plans précédents et d’investir dans
certaines branches retardataires.
En 1978, le montant des investissements est de l’ordre de 51 milliards de DA dont
60,2% est affecté à l’ensemble industrie plus hydrocarbures et 7,6% à l’agriculture. En 1979,
ce montant s’élève à 54,8 milliards de DA dont 62,2% pour uniquement les industries et les
hydrocarbures. On ne consacre à l’agriculture que 4,2% !
A cette époque, l’Algérie dispose encore d’un potentiel industriel très important qui
malheureusement est mal géré, mal utilisé et fort coûteux. C’est ainsi que s’est posée la
question de la rentabilité des usines déjà existantes et de la réorganisation des entreprises de
l’Etat, et ce, en vue de relancer le développement économique, lutter contre les surcoûts et les
gaspillages et réduire la dépendance vis-à-vis des firmes étrangères.
2-2. Les plans quinquennaux
Le premier plan quinquennal (1980-1984) fixe les nouvelles priorités : l’agriculture, la
santé, l’habitat, la formation professionnelle et technique. L’accent est mis sur la satisfaction
des besoins sociaux en vue d’assurer une meilleure vie aux citoyens. En mettant l’accent sur
l’autosuffisance alimentaire, cette nouvelle orientation marque cependant la fin des
investissements industriels.
27
Pour la première fois, l’aménagement du territoire est une priorité. Le Ministère de la
Planification et de l’Aménagement du Territoire (M.P.A.T) créé, en mars 1979, remplace le
Secrétariat d’Etat au Plan. Le renforcement des infrastructures ferroviaires, routières,
portuaires et aéroportuaires fait partie des principales actions prévues par ce plan. Une
politique d’aménagement du territoire est donc mise en œuvre afin de rétablir les
déséquilibres régionaux et d’organiser la diffusion du développement économique et social
sur l’ensemble du territoire national.
Ce plan prévoit aussi d’amorcer en 1980 une politique de désendettement dont
l’ambition est de réduire la dépendance extérieure dans les domaines de la technologie, du
financement et des approvisionnements. Au cours de cette année, la dette extérieure s’élève
déjà à 19,37 milliards de dollars.
A partir de 1982, une profonde réorganisation de l’économie est engagée ayant pour
principal objectif une restructuration organique des entreprises et une restructuration
financière24. Il est alors question de transformer les entreprises nationales déficitaires,
accablées par des dettes et des découverts bancaires et constituant une charge pour l’Etat, en
entreprises performantes capables de s’autofinancer et de contribuer à l’effort national
d’investissement.
Dans son aspect organisationnel, la restructuration des entreprises constitue une
opération d’adaptation de formes d’organisation des entreprises publiques aux exigences du
développement correspondant. Il s’agit de supprimer de manière urgente les effets néfastes
des aspects organiques, notamment la taille trop grande des entreprises nationales, la
concentration des cadres au sein des sièges et l’emploi d’un nombre élevé des travailleurs
dans les activités non directement productives.
En supprimant les sociétés de branches (sociétés des mines, société des hydrocarbures, société
de la sidérurgie, etc.), cette restructuration donne naissance à des entreprises publiques. De
l’ordre d’environ 150, le nombre des entreprises publiques est passé à 480 en 1982-83.
Concernant la restructuration financière, l’Etat et les entreprises publiques doivent prendre
des mesures immédiates, il est question de l’assainissement financier et du bon
fonctionnement des nouvelles entreprises issues de la restructuration. 24Bali : Op. cit., pp. 33-34.
28
D’autres objectifs sont aussi visés par ce plan, en l’occurrence le rétablissement des
équilibres intersectoriels entre l’agriculture-hydraulique et l’industrie, ainsi que le
rétablissement des équilibres extérieurs. Il est en outre prévu de poursuivre la politique de
l’emploi et d’élévation du niveau de qualification25.
La poursuite de la valorisation des hydrocarbures, source de financement externe,
s’avère un gouffre financier engendrant l’endettement. En effet, le volume des
investissements prévu, de l’ordre de 400 milliards de DA, consacre 154,5 milliards de DA à
l’ensemble hydrocarbures plus industrie soit une part de 38,6% (63 milliards de DA sont
destinés aux hydrocarbures soit 15,7% du montant global des investissements, et 91,5
milliards de DA au secteur industriel soit une part plus importante de 22,9%). Quoique cette
part des investissements soit réduite de près de la moitié (38,6%) contre environ 60,1% pour
1974-77, l’industrie et les hydrocarbures continuent à bénéficier de la part importante.
On affecte à l’agriculture un niveau d’investissements de 47,1 milliards de DA dont
près de la moitié pour l’hydraulique (23 milliards de dinars) représentant ainsi 11,7% du
montant total des investissements. Pour faire face à l’épuisement prochain de la rente
pétrolière, les autorités publiques lancent vers la fin de l’année 1982 le mot d’ordre de
« l’après-pétrole».
Le second plan quinquennal (1985-1989) est la continuité du précédent, il doit prendre
en compte l’évolution du contexte international, caractérisé par une crise économique
mondiale persistante en plus de la prise en charge des besoins sociaux.
Le montant des investissements prévus par ce second plan quinquennal est de l’ordre de 550
milliards de dinars. Il consacre à l’agriculture 8659 millions de DA entre 1986 et 198826. Ce
plan prévoit la poursuite de la réorganisation des entreprises par la mise en oeuvre d’une
réforme économique, il s’agit de l’autonomie des entreprises publiques. Une loi est votée dans
ce sens en 1987 ; dorénavant, les entreprises doivent se gérer de façon autonome (décisions
d’investissement, d’exploitation, de commercialisation…) sans recours à leur tutelle. La
régulation économique se dote ainsi de nouveaux instruments, plus souples et décentralisés.
25 Brahimi : Op. cit., p. 350. 26 Djenane A. (1998) : « Ajustement structurel et secteur agricole », pp. 123-134, in Cahiers du Cread, n° 46, 213 p.
29
Les principales caractéristiques du nouveau système de planification adopté par la loi
88-02 du 12 janvier 1988 s’appuient sur deux niveaux de plan : le plan national de
développement économique et social et la planification décentralisée. Dans cette dernière, une
décentralisation sectorielle, avec le plan d’entreprise à moyen terme, et une décentralisation
territoriale, avec le plan des collectivités locales à moyen terme, sont prévues.
La planification nationale est fondée sur les perspectives de développement économique et
social à long terme, le plan à moyen terme et le plan annuel.
Divers objectifs sont visés par la planification nationale en l’occurrence, la mise en
œuvre des projets considérés comme étant stratégiques, l’orientation et la régulation de
l’évolution de l’économie nationale, la satisfaction des besoins sociaux, la répartition
équitable du revenu national, la cohérence globale des politiques sectorielles et l’insertion du
secteur privé dans la planification.
Globalement, le Plan et plus exactement le nouveau système de la planification, est appelé à
se dérouler en cinq étapes successives qui sont :
♦ Evaluations des évolutions possibles du cadre macro-économique et identification
des priorités stratégiques du développement national au travers des travaux de
prospective à long terme.
♦ Elaboration d’une loi d’orientation du développement économique et social à
moyen terme. Cette loi exprime les axes stratégiques du développement, détermine
le cadre de la politique financière de l’Etat, identifie les secteurs stratégiques et
prioritaires et fixe les objectifs fondamentaux pour la période tels que la croissance
économique, l’emploi, l’endettement, etc.
♦ Par la loi Programme27, lorsqu’un secteur est considéré comme stratégique et
prioritaire, et est mentionné dans la loi d’orientation du développement
économique et social, l’Etat s’engage à lui réserver les ressources financières
nécessaires.
27 La loi programme est un instrument d’exécution de la loi d’orientation du développement économique et social.
30
♦ Le Contrat programme28 charge les institutions de l’Etat d’effectuer des actions de
développement financées par le gouvernement. Les objectifs essentiels sur le
moyen terme sont compris dans ces programmes.
♦ Etablissement par chaque ordonnateur d’une décision d’investir pour chaque
projet, dans le cadre de l’apport global alloué par l’Etat et dans le respect des lois
programmes et des contrats programmes29.
La planification porte aussi bien sur le long terme et le moyen terme que sur le court
terme. A long terme, la planification doit assurer la préparation de l’avenir en se basant sur
l’évolution probable des éléments stratégiques permettant de déterminer le rythme, l’intensité
et l’impact de l’effort de développement économique et social. A moyen terme et grâce aux
prévisions faites sur le long terme, le plan national, le plan d’entreprise et le plan des
collectivités locales sont élaborés. C’est la planification à moyen terme qui permet de
déterminer les objectifs et les moyens pour les atteindre à travers la coordination entre
l’ensemble des secteurs d’activité et l’organe central de planification d’une part, et entre ce
dernier et les entreprises de l’Etat et les collectivités locales d’autre part.
L’organe central de planification, le Conseil National de la Planification (CNP) créé
par le décret n°87-266 du 9 décembre 1987, dispose de structures techniques qui agissent en
étroite coordination avec les structures de planification des administrations de l’Etat pour
assumer diverses missions. Il propose d’abord au gouvernement les choix, arbitrages et
décisions liés à la politique économique et sociale. Il se prononce par la suite sur les projets de
décision de politique économique, financière et commerciale courante, correspondants à la
mise en œuvre du plan annuel. Enfin, le CNP est finalement chargé d’organiser et de proposer
les mécanismes économiques et structurels de planification économique, sociale et culturelle
pour les différentes périodes30.
28 Le Contrat programme est une convention entre l’Etat et ses institutions (wilaya - ou département -, agence d’exécution de programmes particuliers). 29 Bouzidi A. (1999) : Les années 90 de l’économie algérienne, pp. 119-121. 30 Cahiers de la réforme (1990) : Mise en œuvre du nouveau système de planification, pp. 100-133, n°1, 224 p.
31
Le plan national à moyen terme représente le cadre de référence de la politique de l’Etat.
Il est la référence indispensable au niveau de planification décentralisée (des entreprises et des
collectivités locales). En prenant en considération l’évolution réelle des contraintes dans la
mise en œuvre du plan à moyen terme, la planification à court terme procède, grâce au plan
annuel, aux corrections et aux adaptations nécessaires.
L’élaboration du plan d’entreprise à moyen terme s’effectue à trois niveaux : au niveau de
l’entreprise, au niveau intersectoriel et finalement au niveau national. Au sein de l’entreprise,
l’ensemble des salariés participe aux discussions organisées à cette fin.
Sur le plan intersectoriel, il s’agit de la coordination entre les opérateurs économiques qui
permet de bien définir les objectifs de l’entreprise considérés comme fondamentaux par le
Plan National, par rapport à l’évolution prévue des autres activités économiques.
Au niveau national, les débats entre les entreprises et l’organe central de planification
précisent non seulement la nature et le niveau de l’aide de l’Etat mais aussi les engagements
de l’entreprise en termes d’objectifs. La cohérence entre la stratégie de développement
économique et social du Plan National et les axes de développement des activités de
l’entreprise doit être assurée31.
Le transfert de certaines prérogatives en matière de planification au niveau des
collectivités locales est l’un des aspects importants de la décentralisation régionale. Le plan à
moyen terme des collectivités locales, prévu par la loi de 1988 relative à la planification,
constitue un instrument pour la conduite de politique cohérente et notamment un plan spatial
du développement local. L’élaboration d’un plan de wilaya, représentant un projet global de
développement, doit être effectuée dans le cadre des orientations et objectifs du Plan National
à moyen terme.
31 Brahimi : Op. cit. pp. 416-421.
32
2-3. La transition vers l’économie du marché
La faiblesse des revenus et de l’épargne au début des années 1960 a conduit les
décideurs à concevoir un schéma de financement planifié qui met en avant le pétro-
financement via le Trésor et l’Euro-endettement via les banques. Ce schéma avait une
approche administrative des marchés financiers qui n’instrumente aucune stratégie de
captation de l’épargne ou de l’investissement privé international.
Jusqu’à la veille des réformes engagées en 1988, l’économie algérienne a évolué sans
monnaie jouant un rôle régulateur, sans finance d’entreprise et sans épargne. La raison
principale réside dans le schéma du financement adopté (schéma du financement planifié),
centré sur les recettes pétrolières et le crédit ainsi que dans le modèle de gouvernance
pratiqué.
Le gouvernement algérien s’est engagé vers la fin des années 1980 dans une économie de
transition abandonnant l’économie planifiée et les industries industrialisantes. A l’époque,
l’Algérie est confrontée à une crise structurelle qui a dévoilé les faiblesses de son système
économique, ainsi des réformes économiques ayant pour objectif le redressement du secteur
public sont devenues nécessaires.
Parmi les principaux déséquilibres, on peut citer :
un excès de demande de biens et services de consommation : cet excès a pu être
comblé dans le passé grâce à un endettement facile, gagé sur la rente pétrolière ;
une réduction sensible de la croissance économique ;
des déficits cumulés des entreprises publiques ;
un chômage important et une hyper-inflation ;
une dépendance vis-à-vis de l’extérieur au niveau des produits alimentaires, des
biens intermédiaires et des biens d’équipements ;
une chute des exportations et ainsi un déficit de la balance commerciale ;
un endettement important.
33
Ces signes justifient la profonde réforme de l’économie algérienne. En optant pour une
transition vers une économie de marché, les autorités algériennes s’engagent en 1987 dans un
programme d’ajustement structurel (PAS), un vaste projet de réformes économiques devant
déboucher sur l’économie de marché. Le PAS est défini par un ensemble de mesures
déployées par l’Etat pour réduire ou supprimer les déséquilibres économiques et financiers
internes et surtout externes et instaurer les éléments constitutifs d’une économie de marché32.
Il affecte particulièrement le secteur public. On assiste depuis la fin des années 1980 à la
promulgation de plusieurs lois et décrets législatifs touchant tous les aspects du
fonctionnement de l’économie.
La transition vers l’économie de marché se fait par le biais de l’autonomie des entreprises
socialistes, la propriété de l’Etat et la privatisation, la réforme des prix, la réduction ou
l’élimination progressive du monopole de l’Etat sur le commerce extérieur, la réforme des
salaires et la politique de l’emploi, la réforme du secteur bancaire et financier, et finalement
l’agriculture33. Les corrections des déséquilibres sectoriels, cités auparavant, appellent des
réformes diversifiées dont l’essentiel est :
d’accroître la production nationale : il s’agit de favoriser la croissance économique
en privilégiant l’investissement productif. On accorde une attention particulière à
l’investissement privé, tant national qu’étranger ;
d’accroître l’offre locale de produits en améliorant l’efficacité de l’appareil productif
et ce en utilisant la libéralisation des prix et du commerce extérieur (en abaissant les
barrières douanières et en éliminant le monopole) et en supprimant les subventions à
la consommation supportées par les entreprises ;
de stabiliser l’économie par la politique fiscale et monétaire ;
de prendre pour les déséquilibres extérieurs des mesures visant surtout à
l’accroissement des exportations et à la diminution des importations34.
32 Benissad H. (1994) : Ajustement structurel : Objectifs et expériences, p. 41, Alim Editions, 100 p. 33 Benissad H. (1994) : Op. cit., pp. 73 – 95. 34 Illmane M.C. (1990) : « Note de travail sur l’opportunité de dévaluer le dinar algérien » , in Cahiers de la réforme, n° 5, p. 113, ENAG Editions, Alger, pp. 113-147.
34
Il était devenu nécessaire pour l’Etat algérien de réussir son programme d’ajustement et
de progresser rapidement vers l’économie de marché. Ce passage d’une économie dirigée à
une économie de marché implique obligatoirement un changement radical de la fonction de
l’Etat. L’Algérie se trouve donc dans l’obligation de reformuler son rôle dans la sphère
économique en tant que : régulateur, puissance publique, propriétaire et actionnaire.
Par le biais des instruments appropriés de régulation, l’Etat « régulateur » a la charge de
corriger les insuffisances du marché. Il ne doit pas perturber la concurrence, il doit plutôt
favoriser les mécanismes concurrentiels et lutter contre toute forme de monopole, qu’il soit de
type public ou privé35. L’Etat « régulateur » détermine aussi sa stratégie pour éviter le
gaspillage des ressources. En effet, la raréfaction des ressources financières le conduit à
éclaircir sa responsabilité envers le secteur public sans toutefois enfreindre les règles de la
rationalité économique. En tant que puissance publique, on demande à l’Etat de gérer les
ressources rares au profit de toute la collectivité.
L’instauration d’une économie de marché entraîne une profonde restructuration du
secteur public productif. Il est des secteurs dont l’Etat algérien entend demeurer le
propriétaire exclusif. En fait, c’est en fonction des priorités de l’Etat que sont déterminés les
secteurs considérés comme stratégiques. L’Etat « propriétaire » fait un choix stratégique
parmi divers secteurs publics productifs qu’il souhaite « impérativement » garder sous son
contrôle. En déterminant le secteur « stratégique », l’Etat entend le maintenir sous son
emprise directe.
En acceptant les règles du marché, l’Etat peut devenir un membre actionnaire d’une
entreprise ou d’une institution. En outre, il est en mesure d’intervenir au même titre que les
autres actionnaires. En tant qu’actionnaire, l’Etat ne peut pas gérer les ressources de la
collectivité sans se préoccuper de leur utilisation rationnelle36.
35 Mebtoul A. (2002) : L’Algérie face aux défis de mondialisation, tome 2, Réformes économiques et
privatisation, p. 25, Alger, OPU, 321 p. 36 Mouhoubi S. (1998) : L’Algérie à l’épreuve des réformes économiques, pp. 7-12, OPU, Alger, 109 p.
35
L’Etat a un rôle stratégique à jouer en économie du marché ; il ne saurait se substituer
au marché mais édicte des règles et les fait respecter. La planification n’est finalement pas
totalement et définitivement abandonnée, elle est plutôt réhabilitée dans un cadre rénové.
Ainsi, à côté du marché, l’Etat est responsable au moins des conditions du développement et
continue à assurer des missions principales telles que l’encadrement et la régulation de
l’activité économique à travers le Plan. Dès lors, le Plan et le marché se complètent.
Section 3. Les différentes restructurations du secteur agraire
Vu la place que lui attribue la stratégie algérienne de développement, une analyse de
l’évolution du secteur agricole est nécessaire.
Les accords d’Evian de mars 1962 provoquent le départ des propriétaires de fermes
coloniales. Le programme de Tripoli (1962) faisait d’une réforme agraire le préalable à toute
croissance économique37. Les terres du secteur colonial, les plus riches et les mieux situées,
déclarées « vacantes », sont mises en autogestion. Les travailleurs et ouvriers agricoles ont
pris en charge la défense et le fonctionnement du patrimoine déclaré « vacant ».
Les objectifs assignés à l’agriculture sont l’autosuffisance alimentaire, la création
d’emplois, la contribution à la formation d’excédents agricoles, l’augmentation des revenus
des agriculteurs et l’amélioration de leurs conditions de vie pour lutter contre l’exode rural.
En 1963, un Office National de la Réforme Agraire (ONRA) est créé. Il procède à un
regroupement de plus de 20 000 fermes coloniales en 3 000, puis en 2 000 domaines
autogérés. La tutelle administrative des domaines autogérés est exercée par l’ONRA. Celui-ci
intervient directement dans la gestion de ces fermes et contrôle également
l’approvisionnement des domaines en matériels et produits.
Les firmes autogérées sont dirigées par un directeur nommé par le ministère de tutelle,
et un président élu par le comité de gestion. Les fonctions du directeur sont les plus
importantes. En effet, il se charge de l’inventaire des biens mobiliers et immobiliers, il peut 37 Henni : Op. cit., p. 33.
36
s’opposer aux décisions qui ne sont pas conformes au plan national et à la réglementation. En
outre, il signe les pièces d’engagement financier et de paiement et il détient la caisse. Il établit
également les programmes annuels et les comptes d’exploitation et fixe aussi le nombre de
travailleurs à recruter et leur rémunération38.
A la suite du 19 juin 1965, 300 000 hectares seront prélevés d’autorité sur les domaines
autogérés et affectés à la création d’environ 350 C.A.(P).A.M. (Coopératives Agricoles (de
production) d’Anciens Moudjahidines ). En 1966, s’est amorcée la planification agricole en
Algérie39.
Dans le but de financer leurs opérations courantes, les exploitations agricoles autogérées,
qui ont démarré sans ressources financières, avaient énormément besoin de capitaux et étaient
contraintes de recourir aux emprunts. C’est au Trésor public puis à la banque d’émission
d’assurer le financement de ces fermes autogérées40. La Banque Nationale d’Algérie (BNA),
créée en 1966, prend par la suite en charge ces opérations de financement. Très souvent, dans
l’incapacité de rembourser leurs crédits, ces firmes ont contribué à créer des habitudes
d’endettement.
En dirigeant pratiquement toutes les activités des domaines autogérés, en l’occurrence les
investissements, le financement, l’approvisionnement, la production et la commercialisation,
l’ONRA s’est avéré inadapté. En février 1968, cette forme d’organisation est supprimée. Elle
est remplacée par une réforme introduite par l’ordonnance du 30 décembre 1968 et ses décrets
d’application en février 1969.
C’est en 1969 que le secteur autogéré est réorganisé. Cette nouvelle réforme se base sur la
décentralisation et l’autonomie de gestion, une participation des travailleurs plus importante
est attendue. Toutefois, la création par le Ministère de l’agriculture et de la réforme agraire de
nouveaux offices, indépendants entre eux avec lesquels les domaines autogérés sont
contraints de traiter pour régler leurs problèmes liés à la production, engendre beaucoup de
problèmes (plusieurs interlocuteurs, lourdeur bureaucratique des offices), en plus des autres
problèmes relatifs au financement de ce secteur. 38 Brahimi : Op. cit., p. 89. 39 Ecremet : Op. cit., pp. 116-123. 40 Henni : Op. cit., p. 34.
37
Dans ces nouvelles ordonnances prises en 1969 pour réorganiser le mode de gestion des
domaines, le directeur n’a dorénavant qu’un rôle d’exécutant des décisions d’un comité de
gestion élu.
Les années soixante-dix connaissent la promulgation de la Charte de la Révolution
agraire, la constitution d’un nouveau secteur agricole à forme coopérative et de gestion
autonome ainsi que la mise en place de nouvelles structures de commercialisation de la
production agricole.
La Révolution agraire promulguée en 1971 entraîne un grand mouvement de migration
vers les villes et une restructuration des campagnes. Elle donne naissance aux coopératives
sur les terres nationalisées. La réforme agraire a pour ambition de contrôler de manière
rigoureuse les approvisionnements et la commercialisation des récoltes, d’octroyer des terres
nationalisées à des paysans regroupés en coopératives, de limiter la propriété en fonction du
revenu par hectare, et de regrouper les coopératives dans des « villages socialistes ».
En 1975, une autonomie de gestion semblable à celle dont bénéficient les coopératives de
la réforme agraire est accordée aux domaines autogérés. Cette année là, une ordonnance est
prise pour supprimer la tutelle du Ministère de l’Agriculture et de la Réforme Agraire. Cette
ordonnance devait en outre conduire les domaines à une plus grande autonomie de gestion.
L’agriculture n’a pas occupé la place prioritaire qu’elle mérite au cours des années
soixante et soixante-dix. C’est ainsi que de nouvelles actions à vocation correctrice sont
décidées durant la décennie quatre-vingt.
Dès 1979, le législateur entreprend le morcellement des grandes exploitations autogérées,
démonopolise la commercialisation des fruits et légumes et libéralise l’accès à la propriété
foncière en échange de leur mise en valeur dans le grand Sud et les Hauts plateaux. Cette
tendance sera accentuée en 1987 par la restructuration des 3415 exploitations agricoles
socialistes en micro-exploitations dites exploitations agricoles communes (EAC).
38
La restructuration du secteur public agricole entre 1981 et 1983 vise essentiellement une
restructuration foncière des exploitations à travers une réduction des superficies ; les
nouvelles entités formées sont appelées « Domaines Agricoles Socialistes » ou DAS. Ces
orientations mises en place entre 1981 et 1983 sont couronnées par la loi du 13 août 1983
relative à l’accession à la propriété agricole foncière et la loi de 1987 qui réorganise les DAS.
L’objectif de la loi foncière 83-13 est d’encourager l’accès à la propriété privée de terres
agricoles en échange de leur mise en valeur. Ces terres se situent essentiellement dans le Sud
et les Hauts plateaux et sont attribuées à des personnes physiques qui reçoivent, dans un délai
de cinq ans, un titre de propriété privée une fois la mise en valeur réalisée avec l’aide
technique et financière des autorités publiques. La liberté des transactions sur les terres
privées agricoles est aussi rétablie par cette loi et les plafonds de limitation de la propriété
foncière institués en 1971 par l’ordonnance sur la révolution agraire sont abolis.
La réorganisation de l’agriculture prévue par la loi 87-19 du 8 décembre 1987 a pour
objectif d’accroître les richesses agricoles, mais aussi de redimensionner les domaines
agricoles socialistes en exploitations « homogènes » dont la taille est en rapport avec la
spéculation et le nombre d’affectataires composant les nouvelles « exploitations agricoles en
commun » (EAC) ; ce dernier est de trois au moins41.
Dans ce nouveau schéma, l’Etat confie aux paysans le droit de jouissance perpétuelle sur
ses terres. Le rôle dirigiste de l’Etat s'affaiblit et les producteurs deviennent autonomes.
Cette nouvelle loi dénie à l’Etat le droit d’intervenir directement dans la réorganisation du
secteur agricole public. Le regroupement des DAS est confié aux travailleurs agricoles qui
ne sont plus dorénavant considérés comme salariés ; leur revenu est désormais lié aux
rendements des terres. C’est le début de la privatisation du secteur agricole et la fin du
secteur socialiste agricole.
La loi susmentionnée n’a pas donné sur le terrain les résultats espérés pour diverses
raisons. D’abord en 1987, suite à la chute de la capacité d’importation, la paysannerie se
retrouve confrontée à des problèmes tels que l’approvisionnement des inputs : matériels
agricoles, semences, engrais, etc. 41 Benissad : Op. cit., pp. 26-29.
39
Ensuite, des personnes étrangères à l’agriculture bénéficient de la privatisation partielle
des domaines socialistes, ce qui a mené les ouvriers agricoles, au lendemain des émeutes du
5 octobre 1988, à revendiquer l’exclusion de ces attributaires illégaux et celle des producteurs
ayant d’autres sources de revenus. Dès lors, le gouvernement de l’époque se lance dans une
opération appelée « assainissement du secteur agricole » et publie en novembre 1990, la liste
des personnes auxquelles une décision d’annulation de l’attribution est signifiée42. Après
plusieurs mises au point parues dans la presse, cette publication des listes s’est vite retournée
contre le gouvernement. La publication des noms des bénéficiaires illégaux a dû être
interrompue par la suite ; cette opération était considérée comme une campagne électorale
démagogique.
Finalement, les propriétaires fonciers touchés par la Révolution agraire revendiquent la
reprise de leurs terres nationalisées. La loi 90-25 sur l’orientation foncière du 18 novembre
1990 prend en considération cette demande et abroge enfin l’ordonnance relative à la
Révolution agraire promulguée en 1971.
La loi d’orientation foncière (1990) en posant le principe de la restitution des terres
nationalisées vingt ans plus tôt à leurs propriétaires, a d’ailleurs généré de nombreux conflits
entre ces propriétaires initiaux, les attributaires ayant exploité ces mêmes terres depuis leur
nationalisation et l’administration.
Même s’il y a eu un renouveau d’intérêt en faveur du secteur agricole pour relancer la
production pendant la décennie quatre-vingt, il demeure insuffisant. En effet, la
réorganisation de l’agriculture qui s’est traduite par la restructuration des exploitations
agricoles au début des années 1980, ne s’est pas accompagnée d’une amélioration en matière
de gestion ni d’une augmentation de la production agricole.
En outre, le déclin régulier de la part des investissements attribuée à l’agriculture dans
l’investissement total n’a pas été sans effet sur la production. En effet, les informations
disponibles nous renseignent sur la baisse continue de leur part dans l’investissement total
au cours des différents plans de développement. L’agriculture, qui bénéficie de 20,7% du
montant global des investissements pendant le premier plan triennal (1967-69), a vu cette part
chuter à 12% pendant le premier plan quadriennal (1970-1973). Par la suite, on attribue au 42 Brahimi : Op. cit., p. 441.
40
secteur agricole durant le second plan quadriennal (1974-77) une part fort modeste de 7,3%,
et en 1979 la part qui lui est consacrée est dérisoire (4,2%). Dans le premier plan quinquennal
1980-84, une hausse sensible est enregistrée, la part des investissements agricoles atteignent
11,7% du montant total des investissements.
L’investissement agricole est passé de 8 659 millions de DA en 1986-88 à 21 183
millions de dinars en 1992-93. Rapporté à l’investissement total réalisé dans l’économie, il
accuse un léger recul : 12,1% au cours de la période de 1986-88 contre 10,3% en 1989-9143.
Ces données montrent clairement un net recul de l’investissement public du secteur agricole,
qui n’a pas été sans effet sur la production. Dans les années 1990, l’investissement agricole
stagne. Dans ce contexte général, la production et les rendements ne progressent guère.
Les données présentées ci-après (voir tableau 1-1) nous renseignent sur la baisse de la
production agricole pendant la période 1967-93.
Ces chiffres révèlent la place de plus en plus restreinte occupée par le secteur agricole dans
l’activité économique. Pendant la période 1968-73, la production agricole stagne, voire même
régresse. La Révolution agraire n’a pas provoqué les résultats productifs attendus au début des
années soixante-dix.
La production agricole a baissé de 2 828,1 millions de DA en 1972 à 2 728,2 millions de
DA en 1973, soit une décroissance de l’ordre 3,5% en prix courants. En 1975, année de la
restructuration agraire, on note un taux de croissance de la valeur ajoutée agricole élevé, il est
de 50%. C’est aussi l’année de fort relèvement des prix à la production agricole.
43 Djenane A. (1998) : Op. cit., pp. 132-133.
41
Tableau 1-1 : Evolution de la production agricole et de sa part dans la valeur ajoutée
(En millions de DA et en %)
Production agricole en Années
106 DA Croissance (%)
Agriculture en
% de la VA
1967 2130 13,1
1968 2620 23 13,9
1969 2216 -15,4 12,8
1970 2427 9,5 12,4
1971 2616,9 7,8 12,9
1972 2828 ,1 8,07 11,4
1973 2728,2 -3,5 9,5
1974 3873,5 41,9 8,71
1975 5820,2 50,2 12,26
1976 6685 14,8 11,39
1977 6744,4 0,89 9,78
1978 8422,1 24,8 10,28
1979 10775,9 27,9 10,33
1980 12923,3 19,9 9,75
1981 16253,2 25,7 10,55
1982 16107,1 -0,9 9,74
1983 16607,6 3,11 9,01
1984 18287,5 10,1 8,80
1985 24084,1 31,7 10,49
1986 26278,2 9,11 11,62
42
Tableau 1-1 : Suite
Source : calculs personnels établis à partir de :
- ONS, n° 35, Rétrospective 1962-1991, Séries statistiques, ONS (1999), Rétrospective statistique 1970-1996 et ONS (2001).
- Données statistiques : Les comptes économiques de 1989 à 2000, n° 338.
Comme on le constate, la production agricole en valeur a progressé de façon irrégulière
au cours de cette période. Il est important de signaler qu’au cours de l’année 1982, les prix
agricoles (fruits et légumes) ont été libérés, cela n’a pas entraîné un développement de leur
production, on assiste plutôt à une décroissance de la production agricole totale de 0,9%.
La dégradation du secteur agricole est également illustrée par la tendance à la baisse de la
part de la production agricole dans la valeur ajoutée. En effet en 1969, la production agricole
représente 12,8% de la valeur ajoutée ; en 1979 elle ne figure plus que pour 10,3% et en 1984
l’agriculture contribue pour 8,8% à la valeur ajoutée soit quasiment la même part qu’en 1974.
La contribution de l’agriculture à la production varie entre 10,4% et 15,9% durant la
période 1985 à 1993. La part la plus élevée durant toute la période est enregistrée en 1989.
Production agricole en Années 106 DA Croissance (%)
Agriculture en
% de la VA
1987 31787,4 20,9 13,54
1988 38785,3 22 14,78
1989 51633,2 33,1 15,93
1990 62725,4 21,4 14,61
1991 87307 39,1 12,84
1992 128416,3 47,0 15,31
1993 131102 2,09 14,26
43
Face à l’accroissement de la population, à la pression des besoins de consommation
essentielle et à l’urbanisation, l’agriculture se trouve dans l’incapacité de générer une
production suffisante et a fini par engendrer une augmentation régulière des importations des
produits alimentaires. En effet, ne pouvant plus répondre aux besoins croissants de la
population en biens alimentaires, le secteur agricole contraint l’Etat à augmenter ses
importations en biens de consommation au fil du temps et ainsi renforce sa dépendance
alimentaire vis-à-vis de l’extérieur.
La masse des importations de produits alimentaires qui n’a pas cessé d’augmenter est
l’indicateur qui traduit le recul de l’agriculture.
A la lecture des chiffres portés dans le tableau 1-2, on constate que les importations de biens
de consommation alimentaires commencent à prendre de l’ampleur au milieu des années
quatre-vingt.
En 1989 et pour la première fois, ces importations atteignent des niveaux jamais connus
auparavant, leur part dans les importations de biens est de 32%. Avec un montant qui s’élève
à 22,2 milliards de dinars (correspondant à 2,9 milliards de dollars), les importations en biens
alimentaires sont supérieures aux importations de biens d’équipements, celles-ci sont de 17,5
milliards de dinars (soit 2,3 milliards de $).
Ce tableau révèle également la part considérable des équipements industriels dans le total des
importations de marchandises pendant la période d’étude.
L’état de l’agriculture algérienne est imputable entre autres à l’exode rural ; on le
constate d’ailleurs à travers le tableau 1-3, qui nous permet de mesurer l’ampleur de la
réduction des effectifs du secteur agricole sur la période s’étalant de 1969 à 1993.
A la lecture de ce tableau, on remarque une baisse importante des effectifs de la population
agricole. En effet, en 1969, l’emploi dans le secteur agricole est passé de 934 000 (soit 49,3%
de la population effectivement employée) à 873 000 en 1973 (soit 40% de la population
employée) ; en 1982, il ne présente que 28% de la population employée, et entre 1984 et
1993, la population agricole employée en pourcentage de la population totale employée, varie
entre 24% et 26%.
44
Tableau 1-2: Evolution des importations par groupes d’utilisation entre 1981 et 1993
(En %)
Années Alimentation Biens de consommation
Biens d’équipements
industriels Autres(a) Total
1981 18,73 14,94 32,39 33,94 100
1982 18,84 18,46 32,25 30,45 100
1983 19,5 16,2 30,5 33,8 100
1984 17,2 14,13 29,52 39,15 100
1985 22,21 12,87 30,99 33,93 100
1986 20,07 14,48 30,58 34,87 100
1987 24,96 12,81 26,54 35,69 100
1988 24,63 11,94 26,44 36,99 100
1989 31,76 10,55 25,03 32,66 100
1990 22,1 11,8 38,1 28 100
1991 25,24 9,37 30,51 34,88 100
1992 24,88 13,72 29,09 32,31 100
1993 24,77 13,6 29,21 32,42 100
(a) Biens d’équipements agricoles, énergie et lubrifiants, produits bruts, demi-produits. Source : Calculs personnels à partir de la Direction Générale des Douanes (2002), Centre National d’Informatique et des Statistiques (CNIS).
45
Tableau 1-3 : Evolution de la population agricole et de la part de l’emploi agricole dans la
population totale employée
Source : CNP (2001), Activité, Emploi et chômage de 1966 à 1999, Document interne.
Années Population agricole
employée en milliers
Emploi agricole en % de
la population employée
1969 934 49,3
1973 873 40,0
1978 861 33,9
1980 969 30,7
1981 963 29,3
1982 960 28,05
1983 960 26,8
1984 960 25,8
1985 990 25,7
1986 1002 25,6
1987 1003 25,2
1988 1003 24,8
1989 1010 24,6
1990 1000 24,2
1991 1040 24,5
1992 1055 24,6
1993 1035 24,2
46
En dépit de nombreuses restructurations (la nationalisation des terres des colons en
1962-1963, la création des C.A.(P.)A.M. au milieu des années 1960, l’avènement de la
révolution agraire en 1971, la restructuration des domaines agricoles en 1980-83, la
réorganisation de l’agriculture en 1987 et la restitution des terres nationalisées aux
propriétaires algériens au début des années 1990), le secteur agricole a été caractérisé pendant
de nombreuses années par une régression de la production agricole, parfois une stagnation et
dans les meilleurs cas par une progression de faible ampleur.
En conclusion, on peut dire que la régression du secteur agricole est due à la combinaison
de plusieurs facteurs comme, le déclin régulier de la part des investissements attribuée à
l’agriculture, le manque de cadres qualifiés dans la gestion agricole, le vieillissement de la
force de travail rurale qui en plus est souvent analphabète, le départ des jeunes instruits fuyant
la campagne vers les villes (l’exode rural), et le manque de techniques modernes sans
toutefois oublier l’encadrement bureaucratique des domaines autogérés.
Vers la fin des années quatre-vingt et le début des années quatre-vingt-dix, la crise
agricole s’aggrave de plus en plus et le secteur agricole traîne toujours des problèmes en
matière de financement, insuffisance d’approvisionnement en inputs (notamment les pièces
détachées, les semences, les produits de traitement, etc.), la sous utilisation des terres et le
manque d’eau dû à la sécheresse que connaît l’Algérie.
Section 4. Stratégie des industries industrialisantes et valorisation des hydrocarbures
A la fin des années 1960, l’Algérie entreprend une politique de développement
économique fondée sur la théorie de « l’industrie industrialisante », à laquelle le
gouvernement de l’époque consacre la quasi-totalité des ressources provenant des
hydrocarbures.
Nous allons présenter dans cette section, d’abord la stratégie des « industries
industrialisantes » proposée par Destanne De Bernis G., ainsi que l’évolution de la
production et de l’emploi industriel. Nous examinerons ensuite, la politique d’exportations et
de valorisation des hydrocarbures qui a constitué le pivot du développement économique de
l’Algérie.
47
4-1. Industrialisation
La stratégie des « industries industrialisantes » a pour ambition de développer certaines
industries qui auront un fort effet d’entraînement sur l’ensemble de l’économie nationale. Il
s’agit précisément de développer en priorité les industries lourdes (les industries
sidérurgiques, métallurgiques, mécaniques et électriques).
Les industries industrialisantes, considérées comme la base du processus d’industrie et
devant normalement être réalisées par un secteur public44, sont définies par Destanne De
Bernis comme celles « dont la fonction économique fondamentale est d’entraîner dans son
environnement localisé et daté un noircissement systématique ou une modification
structurelle de la matrice inter-industrielle et des transformations des fonctions de
production, grâce à la mise à la disposition de l’entière économie d’ensemble nouveaux de
machines qui accroissent la productivité de l’un des facteurs ou la productivité et, en tout cas,
un accroissement de la maîtrise de l’homme sur sa production et son produit »45.
Selon Destanne De Bernis, la matrice interindustrielle « noircie » signifie que « les
différents secteurs sont inter-reliés entre eux par leurs inputs et leurs outputs, ce qui implique
la présence de secteurs de production de biens d’équipement et de produits intermédiaires
destinés à une consommation productive interne »46.
Parmi les principales conditions du développement de l’Algérie et pour le succès de cette
stratégie, Destanne De Bernis suppose plusieurs conditions, à savoir :
L’industrialisation doit nécessairement s’accompagner de la réforme agraire qui est
indispensable pour l’augmentation de la productivité du travail agricole et vise en
plus à contenir le chômage rural.
44 Destanne De Bernis G. (1968) : « Les industries industrialisantes et l’intégration économique régionale » , pp. 41-68, in Economie appliquée, Cahiers de L’I.S.E.A. n° 1, tome XXI. 45 Destanne De Bernis G. (1966) : « Industries industrialisantes et contenu d’une politique d’intégration régionale », pp. 415-473, in Industrialisation et Intégration Internationale, Economie appliquée, Presses Universitaires de France, tome XIX, n° 3-4, pp. 387- 665. 46 Destanne De Bernis G. (1971) : « Deux stratégies pour l’industrialisation du Tiers- Monde : Les Industries industrialisantes et les options algériennes », pp. 545- 563, in Le Tiers Monde en l’an 2000, Revue Tiers- Monde, tome XII, n° 47, juillet-septembre, pp. 483- 689.
48
L’industrialisation n’est possible qu’avec une planification rigoureuse.
Les industries de base seront non seulement « lourdes », mais également de grande
dimension.
Soumis à une politique rigoureuse, le commerce extérieur doit dégager un surplus
de devises essentiel au financement de l’industrialisation.
L’Etat doit être souverain.
La décision d’investir doit se baser sur l’étude des effets industrialisants attendus47.
La première phase de l’industrialisation amorcée à la fin des années 1960, se traduit par la
création de sociétés nationales regroupant pratiquement une branche d’activité par société et
disposant d’un véritable monopole dans leur branche. La priorité absolue étant accordée aux
investissements dans l’industrie lourde, y compris l’industrie des hydrocarbures qui
constituent une branche d’activité chargée de la prospection et l’exploration, de la production
et de la commercialisation de ses produits. La branche de l’industrie des hydrocarbures
dispose également d’un programme d’investissements nécessaires au développement de ses
activités multiple.
En vue d’assurer la dynamique « indusrialisante », l’accent est mis sur l’accroissement
des échanges entre les différentes branches industrielles de l’économie nationale. En
fournissant les équipements industriels, les industries sidérurgiques, métallurgiques,
mécaniques, électriques (I.S.M.M.E.) sont considérées comme des industries industrialisantes
ainsi que d’autres grands secteurs de l’industrie chimique : la grande industrie chimique
minérale (soufre et dérivés, électrochimie ; pour la chimie organique : les matières plastiques,
le caoutchouc synthétique, etc.). Il s’agit des « échanges intra-industriels ». Au prix de
sacrifices immédiats, l’industrie lourde devrait entraîner à terme une hausse du taux de
croissance du produit national brut.
47 Ecrement M. (1986) : Op. cit., p. 50.
49
Comme les différents secteurs sont interreliés entre eux, les complexes lourds doivent
exercer de puissants « effets d’entraînement » non seulement dans le secteur industriel, mais
également dans les autres secteurs d’activité économique. Les industries qui procurent des
équipements et demi-produits industriels aux autres secteurs par exemple les machines
agricoles et engrais pour le secteur agricole, les véhicules industriels et les wagons pour les
transports ou bien alors, les équipements de travaux publics et le ciment pour le secteur
Bâtiment et Travaux Publics (B.T.P.), sont également considérées comme des industries
industrialisantes. Il s’agit des « échanges intersectoriels ». Ces industries doivent contribuer à
l’augmentation de la productivité du travail dans les secteurs considérés, et ainsi le surplus
dégagé est réinvesti, alimentant à son tour la croissance économique48.
Selon Destanne De Bernis, les ressources naturelles, qu’elles soient minières ou agricoles
ont une grande importance dans l’économie d’un pays qui construit son industrialisation49.
C’est donc à partir des hydrocarbures, source d’énergie non renouvelable, que l’Etat
entreprend de bâtir une large infrastructure industrielle. En effet, l’installation d’industries est
soutenue dès 1974 par des ressources financières multipliées grâce à l’exportation des
hydrocarbures dont le prix enregistre une augmentation spectaculaire.
Il est incontestable que l’effort de développement économique et social, entrepris tout au
long des années 1970, a exercé des effets positifs à savoir la mise en place de nombreuses
plates-formes industrielles et la prise en charge des besoins sociaux fondamentaux des
citoyens.
Toutefois, près de vingt années après, soit dès la seconde moitié des années 1980, le modèle
des grands complexes industriels n’a finalement pas engendré les effets escomptés, des
fissures dans cet édifice sont apparues plus évidentes. Le taux élevé d’investissement ne peut
se maintenir que grâce à des ressources pétrolières fortes. Or la croissance économique
s’effondre lorsque le prix du baril chute au milieu des années 1980. La crise économique
révèle finalement la faillite du système d’industrialisation axé sur les industries
industrialisantes. C’est la fin d’une époque. La récession s’installe.
48 Brahimi : Op. cit., pp. 70-72. 49 Destanne De Bernis G. (1968) : Op. cit.
50
Les résultats disponibles portés dans le tableau 1-4 indiquent, qu’au cours de la période
1974 à 1993, la production industrielle en valeur est passée de 5,3 milliards de dinars en 1974
à 15,9 milliards de dinars en 1980, puis à 66,9 milliards en 1990 pour atteindre 130,8
milliards de DA en 1993.
Le taux de croissance de la production industrielle s’est d’abord fortement accru passant
de 10,1% en 1975 à 28,8% en 1978 en termes courants, puis il s’est réduit au milieu des
années 1980, sauf en 1983 et 1984 où on note une augmentation. En 1987 et suite à la chute
brutale du prix de pétrole, la production industrielle a connu un déclin important de l’ordre de
-1,96%.
Si l’un des objectifs primordiaux de la politique industrielle algérienne amorcée à partir
de 1967 est de faire face à l’accroissement de la population et de résorber le chômage, la mise
en œuvre de ce type d’industrialisation, nécessitant bien évidemment une main-d’œuvre
hautement qualifiée, n’a engendré que peu d’emplois en Algérie.
En effet, en matière d’emploi, comme le montre les données portées dans le tableau 1-5,
on constate tout d’abord une élévation importante du niveau de l’emploi dans le secteur
industriel (y compris dans le secteur des hydrocarbures) dans la période 1969-1977, ensuite
une baisse à partir 1978, puis une reprise l’année d’après qui perdure jusqu’à 1990. Dès le
début des années quatre-vingt-dix, on assiste à un déclin de l’emploi industriel jusqu’à 1993.
La part de l’emploi industriel dans la population effectivement employée, passe de 8,5%
en 1969 à 17,8% en 1977, puis diminue l’année d’après pour atteindre 13% et se stabilise à ce
niveau jusqu’à l’année 1990. Une baisse sensible est enregistrée à partir de 1991 jusqu’en
1993.
A propos du taux de chômage, on peut dire qu’à deux chiffres il reste élevé durant toute la
période considérée, malgré une baisse notable entre 1978 et 1984.
51
Tableau 1-4 : Evolution de la production industrielle et de sa contribution à la valeur
ajoutée de 1974 à 1993
Source : Calculs personnels faits à partir de : ONS, Rétrospective 1962-1991, n° 35 et ONS (1999), Rétrospective statistique 1970-1996.
Production industrielle Années
106 DA Croissance (%)
Industrie en % de
la Valeur Ajoutée
1974 5352,2 - 12,03
1975 5894,6 10,13 12,41
1976 7449,8 26,38 12,70
1977 8475,8 13,77 12,29
1978 10921,3 28,85 13,33
1979 13570 24,25 13,01
1980 15974,1 17,72 12,05
1981 18738,1 17,30 12,16
1982 21388,6 14,14 12,93
1983 25335,9 18,46 13,75
1984 33082,8 30,58 15,91
1985 36966,2 11,74 16,11
1986 43719,9 18,27 19,33
1987 42862,9 -1,96 18,25
1988 47542,7 10,92 18,12
1989 48508,7 2,03 14,97
1990 66921,9 37,96 15,6
1991 99536,9 48,74 14
1992 127161,1 27,75 15,16
1993 130880,2 2,92 14,24
52
La thèse des industries industrialisantes n’a pas entraîné les résultats tant souhaités pour
une multitude de raisons. Les erreurs commises ne résultent pas seulement de l’inexpérience
inévitable dans la conduite d’un développement accéléré dans un ancien pays colonial
dépourvu de base industrielle importante et de cadres nationaux.
Il y a en effet d’autres raisons dont la plus évidente tient sans doute à la création de
sociétés nationales gigantesques lors de la première phase de l’industrialisation amorcée vers
la fin des années soixante. Il aurait été probablement préférable de mettre en place de petites
et moyennes entreprises plus dynamiques, moins coûteuses au lieu de privilégier la mise en
place, à coup de milliards de dollars, d’une industrie lourde et fort onéreuse.
Parmi ces erreurs, il y a aussi les performances de la production industrielle qui ont été
largement en deçà des résultats escomptés compte tenu des investissements importants mis en
place.
Des surcoûts et des gaspillages ont été également enregistrés lors de cette phase de
l’industrialisation. De plus, les projets étaient souvent surdimensionnés, la main-d’œuvre
locale n’était pas vraiment qualifiée pour utiliser ce matériel sophistiqué.
On peut citer aussi les entraves apportées au développement du secteur privé productif
puisque l’industrie privée est considérée à l’époque comme une activité complémentaire à
celle du secteur public.
Les investissements de base hautement capitalistiques ont créé peu d’emploi et donc n’ont
pas répondu à l’un des grands objectifs de la conduite du développement après
l’indépendance, en l’occurrence une création maximale d’emploi par le biais de
l’industrialisation.
Finalement, le coût élevé de ces investissements dans certains secteurs, notamment
l’exploitation intensive des réserves d’hydrocarbures, a également retardé les autres secteurs
et a déséquilibré encore plus l’économie algérienne.
53
Tableau 1-5 : Evolution de l’emploi dans le secteur de l’industrie, de sa part dans la
population employée totale et du taux de chômage
(En milliers et %)
Années Emploi
industriel *
En % de la
pop. employée
Taux de
chômage %
1969 161 8,5 22,93
1973 245 11,2 23,59
1977 402 17,8 20,87
1978 375 13,1 18,94
1979 401 13,2 16,30
1980 431 13,6 14,19
1981 458 13,9 13,99
1982 468 13,6 13,64
1983 475 13,2 13,29
1984 498 13,3 13,29
1985 510 13,2 13,59
1986 518 13,2 16,14
1987 528 13,2 21,35
1988 532 13,1 21,22
1989 538 13,1 17,18
1990 550 13,3 19,66
1991 547 12,9 20,59
1992 541 12,6 23,42
1993 532 12,4 23,15
* En milliers (y compris l’emploi dans le secteur des hydrocarbures). Source : Calculs personnels à partir des sources suivantes :
- Ministère de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (MPAT) 1979, Bilan Sectoriel 1967-1977 « Population, Santé, Education, Emploi, Emigration ».
- CNP (1994 et 1995) : Evolution des indicateurs économiques. - CNP (2001) : Activité, Emploi et Chômage 1966-1999.
54
En effet, les projets destinés à renforcer certaines branches industrielles ont été lancés au
détriment d’autres branches en l’occurrence les projets dont la production est orientée par
exemple, vers le bâtiment (menuiserie, etc.) et vers la consommation des ménages (industrie
agro-alimentaire, électroménager, etc.). Dès lors de 1967 à 1979, une insuffisance de la
production dans le secteur du bâtiment et des travaux publics est constatée, le tout ayant
conduit à une insuffisance de logements et d’équipements collectifs et sociaux ainsi qu’à une
dégradation de la situation alimentaire des citoyens.
Par conséquent, le pouvoir de l’époque a eu recours à un endettement extérieur excessif
pour réaliser les projets industriels et subvenir aux besoins de la population sans cesse
croissants. Autant dire que pour les autorités publiques, le problème du financement de ces
grands complexes industriels ne se posait vraiment pas. D’autant plus que les demandes de
crédits étaient largement satisfaites par les institutions internationales, telles que le Fonds
Monétaire International et la Banque Mondiale.
4-2. Valorisation des hydrocarbures
La valorisation des hydrocarbures, principale richesse de l’Algérie, est assurée par la
Société Nationale pour la Recherche, la production, le Transport, la transformation et la
Commercialisation des Hydrocarbures (Sonatrach). Créée en 1963, la Sonatrach est
considérée comme le pilier de toute l’économie algérienne, c’est aussi la première société
africaine en chiffre d’affaires et le deuxième employeur algérien après la fonction publique.
Le plan valorisation des hydrocarbures, baptisé « plan Valhyd », couvre la période
1976-2005. Il s’agit d’une étude élaborée par la Sonatrach avec la collaboration de la société
américaine Bechtel en 1976 qui souligne que le gaz est appelé à prendre la relève du pétrole
en tant que principale source de devises50. L’Algérie dispose non seulement de réserves
importantes de pétrole mais également de gaz naturel. L’intervention de plus en plus
importante dans le secteur pétrolier de l’Etat et de la Sontrach engendre des conflits entre ces
derniers et les sociétés étrangères. Ainsi, le gouvernement algérien décide, le 24 février 1971
de nationaliser partiellement (51%) la production de pétrole et totalement (100%) la
production de gaz naturel. C’est l’événement majeur de l’année 1971. 50 Ecrement : Op. cit., p. 236.
55
La politique énergétique de l’Algérie reposait sur la maximisation de la production
d’hydrocarbures. L’évolution de la production d’hydrocarbures en valeur durant la période
1969 à 1993 figure dans le tableau 1-6.
A la lecture de ces données chiffrées, on note qu’entre 1969 et 1979, la production
d’hydrocarbures en valeur est passée de 2,95 milliards de DA à 33,53 milliards de DA ; en dix
ans, elle a été donc multipliée par 11,33.
La contribution des hydrocarbures à la valeur ajoutée totale est restée relativement stable de
1969 à 1972. Suite à la nationalisation des hydrocarbures intervenue en février 1971, leur
contribution relative à la formation de la production passe de 11,35% à 18,07% en 1972 puis
à 22,65% en 1973.
A partir de 1974, du fait de leur revalorisation sur le marché international, la part des
hydrocarbures augmente fortement et atteint 41,41% de la production. Jusqu’à la fin de la
période, la contribution des hydrocarbures dans la formation de la production reste élevée,
sauf en 1986 où elle a baissé à 17,2% suite à l’effondrement des prix du baril.
Une analyse plus détaillée de la production d’hydrocarbures peut être effectuée à travers
l’évolution de ses principaux produits tel que le pétrole brut, le condensat, le gaz naturel et le
gaz de pétrole liquéfié (se référer au tableau 1-7).
La production de pétrole brut a d’abord connu une augmentation entre 1968 et 1973 sauf
en 1971, année de la nationalisation des hydrocarbures où une baisse de 23% a été constatée.
De 42,9 millions de tonnes métriques (TM) en 1968, la production pétrolière atteint en 1973
un niveau de 49,6 millions de TM. Par la suite, on assiste à une baisse durant les deux années
suivantes puis à une hausse jusqu’en 1978. Une tendance baissière de la production de pétrole
brut est enregistrée à partir de 1979 passant de 52,66 millions de TM à 31,29 millions de TM
en 1983, suivie d’une hausse sensible à partir de 1984. Après un fléchissement entre 1986 et
1988, on voit apparaître en 1989 un taux d’accroissement positif de la production de pétrole
brut, sauf en 1991 où un déclin de 1,3% est relevé.
56
Tableau 1-6: La production d’hydrocarbures et sa part dans la valeur ajoutée totale
Années Production d’hydrocar-
bures (106 DA)
Hydrocarbures en % de
la valeur ajoutée
1969 2954,4 17,14
1970 3214,3 16,43
1971 2290,4 11,35
1972 4451,6 18,07
1973 6452,8 22,65
1974 18422,3 41,41
1975 15567,7 32,79
1976 19639 33,48
1977 23592,9 34,22
1978 24481 29,89
1979 33534,7 32,15
1980 51191,3 38,63
1981 59162,8 38,40
1982 58714,7 35,49
1983 62138,7 33,73
1984 63376,7 30,48
1985 65544,7 28,56
1986 39053,2 17,26
1987 45537,2 19,39
1988 52702,7 20,09
1989 74288,4 22,93
1990 125193,7 29,16
1991 236245,3 34,75
57
Suite Source : calculs personnels établis à partir de :
- ONS, n° 35, Rétrospective 1962-1991, Séries statistiques ; - ONS (1999), Rétrospective statistique 1970-1996 ; - ONS (2001), Données statistiques : Les comptes économiques de 1989 à 2000, n° 338.
A partir de 1972, la production de condensat est passée de 1,01 millions de TM à 18,1
millions de TM en 1990, enregistrant ainsi un record de production durant toute la période
considérée. Néanmoins, un déclin en 1977 de l’ordre de 7% et un autre en 1985 de 4,6% ont
été constatés. Au début des années quatre-vingt-dix, on assiste à un déclin régulier de la
production de condensat qui perdure d’ailleurs jusqu’en 1993.
À l’exception de l’année 1985, la production de gaz naturel enregistre une tendance à la
hausse continue durant toute la période examinée. D’un niveau de 8,08 milliards de M3 en
1968, la production de gaz naturel atteint 138,9 milliards de M3 en 1993, soit un
accroissement annuel moyen de 503,1%.
À propos de l’évolution de la production de gaz de pétrole liquéfié (GPL), celle-ci a
d’abord diminué en 1971 mais repart à la hausse l’année d’après jusqu’en 1991, sauf en 1977
et 1983 où la baisse observée est de près de 20,47% et de 4,8% respectivement. Une
augmentation de la production du GPL a été relevée en 1993 succédant ainsi à une déclin de
1,13% en 1992.
Concernant les investissements dans le secteur des hydrocarbures, l’ampleur de leurs
dépenses déséquilibre l’investissement global au profit du seul secteur pétrolier qui devient le
secteur exportateur par excellence. En effet, pendant le plan triennal (1967-1969), le montant
total des investissements est de l’ordre de 9,17 milliards de DA, dont 53,4% sont consacrés au
secteur industriel et aux hydrocarbures. Il atteint 30 milliards de DA au cours du second plan
quadriennal (1970-1973), dont près de 58% pour les Industries et les Hydrocarbures.
Années Production d’hydrocar-
bures (106 DA)
Hydrocarbures en % de
la valeur ajoutée
1992 250402,5 29,86
1993 247398,3 26,91
58
Tableau 1-7 : Production d’hydrocarbures liquides et gazeux (En Tonnes Métriques et M3)
* Produits Processés : Gaz naturel liquéfié, Gaz de pétrole liquéfié, éthane et gazoline. Source : Sonatrach (1997), 95 Annuaire d’Informations Statistiques, Alger.
Energie Primaire Produits Processés*
Hydrocarbures liquides (106 TM) Hydrocarbures gazeux (109 M3)Années
Pétrole brut Condensat Gaz naturel
Gaz de pétrole liquéfié
(103 TM)
1968 42,9 0,76 8,08 - 1969 44,78 0,95 8,98 - 1970 48,21 0,93 10,2 103 1971 37,08 0,91 13,68 98 1972 49,34 1,01 17,43 130 1973 49,63 1,48 19,47 245 1974 45,95 1,51 19,75 331 1975 44,21 1,88 20,84 536 1976 47,94 2,54 24,79 645 1977 51,74 2,35 27,29 513 1978 54,33 3,45 35,88 680 1979 52,66 4,88 43,06 802 1980 47,22 5,01 43,74 969 1981 37,58 9,6 65,44 1305 1982 33,54 13,1 82,07 1558 1983 31,29 14,29 89,85 1483 1984 32,74 14,52 93,82 2784 1985 34,34 13,85 90,67 3219 1986 34,3 14,61 99 3944 1987 32,24 16,62 111,68 4614 1988 32,01 17,35 117,43 4760 1989 33,31 17,13 119,91 4775 1990 34,8 18,1 128,23 5002 1991 34,34 17,79 130,58 5052 1992 34,44 17,62 133,11 4995 1993 34,66 17,4 138,89 5058
59
Le second plan quadriennal (1974-1977) prévoit un montant d’investissements de 121,1
milliards de dinars algériens, dont 60,1% sont consacrés aux Industries et aux Hydrocarbures.
En 1978, ce montant est de 51 milliards de DA dont 60,2% est affecté à l’ensemble Industrie
et Hydrocarbures ; il s’élève à 54,8 milliards de DA dont 62,2% pour uniquement les
industries et les hydrocarbures l’année d’après.
Il est intéressant de noter que jusqu’à l’année 1980, les investissements dans le secteur
des hydrocarbures représentent plus de 50% des investissements affectés à l’ensemble
hydrocarbures plus industrie. Ces sommes colossales déséquilibrent l’investissement au profit
du seul secteur pétrolier (secteur exportateur) et entraînent un manque de ressources pour les
autres secteurs d’activité économique.
Dès lors, pour pouvoir assurer le financement des autres activités et faire face aux
besoins croissants de consommation, les autorités algériennes ont eu recours aux emprunts
extérieurs de 1972 à 1979, largement facilités par la manne pétrolière. Ceci a entraîné un effet
cumulatif sur la dette contractée, aggravant par là même l’endettement du pays.
Dans les années quatre-vingt, le volume des investissements prévu par le premier plan
quinquennal (1980-1984) s’élève à 400 milliards de DA. Celui-ci consacre 154,5 à l’ensemble
Industrie et Hydrocarbures, soit une part de 38,6% (63 milliards de DA sont destinés aux
hydrocarbures, soit 15,7% du montant global des investissements, et 91,5 milliards de DA
pour le secteur industriel, soit une part plus importante de 22,9%). Quoique cette part des
investissements soit réduite de près de la moitié, 38,6% contre environ 60,1% pour le second
plan quadriennal, l’Industrie et les Hydrocarbures continuent à bénéficier d’une part
importante. Le second plan quinquennal (1985-89) prévoit un montant d’investissement de
l’ordre de 550 milliards de dinars.
En constituant depuis longtemps le pivot du développement économique de l’Algérie, la
politique d’exportation et de valorisation des hydrocarbures a conduit le pays à certains
dérapages, aggravant notamment sa dépendance en produits alimentaires, en produits semi-
finis et en équipements vis-à-vis de l’extérieur. Dès lors, des critiques rigoureuses ont été
60
adressées au plan Valhyd51. L’installation de liquéfaction pour la valorisation du gaz a
absorbé de précieuses ressources sans pour autant mettre fin à la dépendance économique du
pays. De ce fait, le recours au marché financier international a engendré un accroissement du
stock de la dette extérieure qui s’est élevé de 945 millions de dollar américains en 1970 à
19,37 milliards de dollars US en 1980.
Le plan « Valhyd » a été, semble-t-il, abandonné car il enfermait petit à petit le pays dans
une équation dangereuse : exporter du pétrole pour accroître les ressources, pour valoriser et
exporter davantage de pétrole. Il est donc devenu urgent de passer à l’ère de l’après pétrole.
Les exportations hors hydrocarbures sont encouragées. Il ne s’agit plus de parler de la
valorisation les hydrocarbures mais le mot d’ordre lancé dès l’année 1982 par les autorités
publiques est plutôt « l’après pétrole »52.
Comme on l’a préalablement signalé, les exportations d’hydrocarbures constituent une
source exclusive de recettes extérieures pour l’Etat algérien. A l’origine, les hydrocarbures
représentent une source d’accumulation importante et les recettes étaient destinées à
l’investissement. Cependant, avec l’augmentation des besoins sociaux, une partie des recettes
extérieures était employée pour financer les importations de biens de consommation.
Dans la décennie 1970, les ressources en hydrocarbures ont transformé l’Algérie en un pays
mono exportateur.
A la lecture des informations statistiques portées dans le tableau 1-8, on remarque
clairement la prédominance des hydrocarbures dans la structure des exportations de biens. En
effet, cette structure des exportations reste dominée à hauteur de 95 % par les hydrocarbures,
les autres exportations restent donc négligeables. Une telle structure des exportations reste
très vulnérable à l’évolution des prix sur le marché des hydrocarbures.
51 Pour plus de détails sur le plan Valhyd et les étapes de sa remise en cause se référer à Ecrement, op. cit., p. 236-241. 52 Henni A. (1991) : Op. cit., pp. 45-47.
61
Tableau 1-8 : Evolution des exportations de biens et de la part des hydrocarbures
(En millions de $ et en %)
Années Exportations de biens en millions de $
Hydrocarbures en % des exportations
1971 857 74,85
1972 1306 82,26
1973 1888 82,97
1974 4687 93,19
1975 4711 93,05
1976 5337 95,01
1977 5896 96,04
1978 6119 96,05
1979 9546 97,56
1980 13746 98,22
1981 13314 97,98
1982 11481 97,94
1983 11183 98,3
1984 11868 97,53
1985 10145 97,52
1986 7820 97,46
1987 8233 97,4
1988 8104 94,82
1989 8968 95,59
1990 11304 96,11
1991 12101 96,91
1992 10837 95,85
1993 10091 95,25 Source : Calculs personnels à partir des données de :
- ONS, Rétrospective 1962 –1991. Séries Statistiques, n°35 (de 1971 à 1979). - Direction Générale des Douanes (2002), Centre National d’Informatique et des Statistiques CNIS
(de 1980 à 1993).
62
La part des hydrocarbures exportés dans le total des exportations des marchandises passe
de 74,8% en 1971 à 93% en 1974 et quelle que soit l’évolution du prix de pétrole, cette part
reste supérieure ou égale à 95% depuis 1976. A titre d’exemple, quoique le prix du baril ait
connu une chute importante en 1986 (13,57$/b contre 27,01$/b l’année précédente) et ait
entraîné un manque à gagner de près de 2,3 milliards de dollars, les exportations
d’hydrocarbures demeurent néanmoins dominantes.
Ce qu’il faudrait retenir de ce chapitre c’est que jusqu’à la fin des années soixante-dix, la
quasi-totalité des ressources provenant de la rente pétrolière est consacrée à l’édification de
complexes industriels. Les pouvoirs publics ont eu excessivement recours à l’endettement
extérieur pour non seulement réaliser les projets industriels et subvenir aux besoins de la
population sans cesse croissants, mais également, pour assurer le financement d’autres
activités économiques. On assiste à un accroissement d’importations de l’approvisionnement
industriel et de biens de consommation qui a par ailleurs perduré durant toute la période
considérée. Autant dire que les demandes de crédits étaient largement satisfaites par les
institutions internationales, telles que le Fond Monétaire International et la Banque Mondiale.
Lors de l’effondrement des prix pétroliers en 1986, la valeur des exportations a
brutalement chuté et aucun autre poste de recettes ne pouvait amortir ce choc. Cela a
engendré des effets pervers sur l’ensemble de l’économie. Le doute s’installe alors quant à la
capacité des hydrocarbures à subvenir indéfiniment aux besoins de développement et de
consommation.
Le recours aux nouveaux emprunts sur les marchés financiers internationaux devient
nécessaire pour assurer le financement des approvisionnements incompressibles du pays tels
que les médicaments, les matières premières, etc. Par voie de conséquence, l’endettement
extérieur repart à la hausse. Encore faut-il rajouter l’incapacité du secteur agricole à satisfaire
la demande intérieure et les besoins croissants de la population en biens de consommation, ce
qui a également renforcé la dépendance alimentaire vis-à-vis de l’extérieur.
63
Chapitre 2
Evolution des grandeurs macroéconomiques
depuis les années soixante jusqu’à 1993
Nous avons d’abord évoqué dans le chapitre précédent de façon sommaire les
principaux axes de la politique de développement adoptée au lendemain de l’indépendance,
notamment le programme de Tripoli et la Charte d’Alger. Par la suite, nous avons exposé le
passage de l’économie centralisée (dirigée) à l’économie décentralisée et la transition vers
l’économie de marché.
L’essentiel des investissements lors de la période de planification dirigée, était destiné aux
hydrocarbures et à l’industrialisation au détriment des autres secteurs d’activité. La période de
la planification décentralisée dans les années 1980 marque la fin des investissements
industriels. L’accent est mis sur la réorganisation de l’économie (restructuration des
entreprises publiques, agriculture, habitat, etc.), la politique de désendettement et
l’autosuffisance alimentaire.
L’effondrement du marché pétrolier en 1986 a généré des effets néfastes sur l’ensemble
de l’économie algérienne et a révélé la faiblesse de son système économique qui a prévalu
jusque là. En 1987, l’Etat algérien s’engage dans de profondes réformes économiques.
Compte tenu du climat politique et social, ces différentes réformes d’auto-ajustement
parachevées vers la fin des années quatre-vingt n’ont pas résisté au durcissement de la
contrainte extérieure, et ainsi, n’ont pas produit les effets attendus. Bien au contraire, la crise
économique reste très critique : une faible croissance économique, un endettement important,
un taux de chômage très élevé et une inflation galopante. L’analyse des statistiques qu’on
effectuera ultérieurement ne manquera pas de révéler les résultats décevants de ces tentatives
d’auto-ajustement d’où le recours aux institutions internationales pour rééchelonner la dette
extérieure.
64
Dans ce second chapitre, nous examinerons le cadre général d’évolution de la situation
économique algérienne depuis l’indépendance jusqu’à 1993 l’année qui précède les accords
avec le FMI pour le rééchelonnement de la dette extérieure.
Ce chapitre se décompose en sept sections. Dans la première section, un bilan sommaire
de l’économie algérienne durant les années soixante est d’abord effectué. Dans les sections 2
et 3 nous examinerons successivement l’évolution des principales grandeurs économiques,
notamment la croissance économique et démographique, la structure des ressources et
emplois dans la PIB, l’emploi et le chômage. La section 4 porte sur les opérations du Trésor
(recettes et dépenses gouvernementales, fiscalité pétrolière, solde budgétaire, etc.). La masse
monétaire, l’inflation et le taux de chômage seront analysés dans la section 5.
L’Algérie est très sensible aux comportements du secteur de l’énergie et plus
précisément aux variations du prix de pétrole dont la détermination est exogène. La fragilité
de l’économie nationale est aussi liée aux variations du dollar américain vis-à-vis des autres
devises-clés (monnaies européennes). En effet, les exportations algériennes sont libellées en
dollar américain alors que les importations sont exprimées pour plus des trois quarts en euro.
Ainsi toute variation du dollar relativement aux autres devises a des effets immédiats sur la
capacité d’importation du pays. Une appréciation du dollar sur le marché des changes signifie,
pour l’économie algérienne, une amélioration de sa capacité d’importation, mais l’inverse
entraîne, en revanche, une détérioration de cette capacité.
Jusqu’au milieu des années quatre-vingt, les recettes d’exportations ont élargi la
solvabilité du pays et ont généré un endettement facile. Néanmoins, l’effondrement du marché
pétrolier en 1986 a révélé l’incapacité des hydrocarbures à subvenir indéfiniment aux besoins
de la population. Pour faire face aux besoins de développement et aux approvisionnements
incompressibles (alimentation, médicaments, etc.), les autorités publiques ont eu recours aux
emprunts extérieurs ce qui a entraîné un effet cumulatif de la dette extérieure.
Nous proposons d’analyser dans les deux dernières sections de ce chapitre, l’évolution des
agrégats relatifs au commerce extérieur, en l’occurrence la balance commerciale (les
exportations et les importations de biens et services) ainsi que les principaux indicateurs
d’endettement.
65
Section 1. Situation de l’économie nationale dans les années 1960
Nous allons d’abord voir dans cette section l’évolution de quelques grandeurs
macroéconomiques au lendemain de l’indépendance jusqu’à la fin des années soixante. Nous
nous intéresserons ensuite aux caractéristiques des investissements publics de l’économie
algérienne durant la même période.
Tableau 2-1: Contribution des secteurs d’activité à la production intérieure brute entre 1963
et 1968
(En %)
Source : Calculs personnels à partir de ONS, Rétrospective, 1962-1991, n° 35, Séries statistiques.
A la lecture du tableau 2-1 concernant l’évolution de la structure de la production du point
de vue des ressources en pourcentage, on remarque que :
- la contribution de l’agriculture à la PIB53 chute de 17,5% en 1963 à 11,4% en 1966
puis augmente légèrement en 1968 pour atteindre 14% ;
- pour ce qui est de la contribution relative des hydrocarbures, elle reste quasiment
stable jusqu’à l’année 1965 mais augmente sensiblement pendant la période 1966-67.
On verra plus loin la part importante des investissements attribuée au secteur des
hydrocarbures ;
53 Sur la définition de la production intérieure brute dans le Système des Comptes Economiques Algériens (SCEA) se référer à l’annexe 1.
Secteurs d’activité 1963 1964 1965 1966 1967 1968
Agriculture 17,5 15 16,5 11,4 13,1 14
Hydrocarbures 14 13,7 13,1 16,3 17,2 16,2
Industrie & B.T.P. 16,3 18,3 18,7 19 19 19,2
Transports, services, commerces et autres 52,2 53 51,7 53,3 50,7 50,6
Total 100 100 100 100 100 100
66
- le secteur de l’industrie et celui du BTP contribuent de manière croissante à la
formation de la PIB, passant de 16,3% en 1963 à 19,2 % en 1968 ;
- en ce qui concerne le poste des Transports, Services, Commerce et autres..), sa part
dans la PIB reste relativement stable, quoique en légère baisse durant la période
1963-68.
Concernant les emplois finals en relation avec la PIB, on note tout d’abord une baisse
relativement importante de la part consacrée à la consommation à partir de 1967, puisqu’elle
passe de près 84% en 1963 à 76,7% en 1967 puis à 74% l’année d’après.
Cette part de la PIB consommée par les ménages reste néanmoins prépondérante comme en
témoignent les informations fournies par l’ONS et portées dans le tableau 2-2.
Tableau 2-2 : Evolution de la PIB du point de vue des emplois finals entre 1963 et 1968
(En %)
Source : cf. Tableau 2-1.
Sur la part attribuée à l’accumulation brute totale (accumulation brute de fonds fixes plus
la variation de stocks) 54, après avoir enregistré une contraction dans la période 1963-66, elle
progresse fortement par la suite en passant de 19,9% en 1967 à 25% en 1968.
54L’accumulation brute de fonds fixes (ABFF) est équivalente à la formation brute de capital fixe (FBCF).
Agrégats 1963 1964 1965 1966 1967 1968
Dépenses Consommation publique & privée 84,1 82,7 82 82,9 76,7 74
Accumulation brute 24,21 18,6 18,8 14,8 19,9 25,3
Exportations 24,29 24,7 22,2 24,9 23,3 22,6
Importations 32,6 26 23 22,6 19,9 21,9
Total 100 100 100 100 100 100
67
A propos du commerce extérieur, son contrôle par l’Etat a été facilité par la création de
BCA ainsi que par la nationalisation des banques étrangères. Le solde de la balance
commerciale est déficitaire jusqu’en 1965 ; par la suite, il devient excédentaire. Le
déséquilibre des échanges commerciaux enregistré au lendemain de l’indépendance résulte de
la chute des importations françaises de certains produits algériens (le vin et les agrumes).
Le tableau 2-3 donné ci-dessous révèle la tendance à la baisse de la part des exportations
et des importations vers et de la France dans les exportations et les importations algériennes
de biens et services.
Tableau 2-3 : Les exportations et les importations algériennes vers et de la France
Période : 1963-1969
(En millions de DA et en %)
Source : cf. Tableau 2-1.
Selon les informations obtenues auprès de l’ONS, les exportations vers la France,
outre leur part importante dans les exportations globales algériennes, connaissent un déclin
régulier à cette époque. En effet, elles représentent 77,8% en 1964 et chutent à 59,2% en
1967 puis à 54,45% en 1969.
Agrégats 1964 1965 1966 1967 1968 1969
Exportations vers la France
(106DA) 2793 2282 2070 2118 2264 2511
Leur part dans les exportations globales
(% ) 77,82 72,53 67,42 59,29 55,24 54,45
Importations de la France
(106DA) 2449 2330 2167 1878 2274 2200
Leur part dans les importations globales
(% ) 70,55 70,3 68,7 59,54 56,52 44,16
68
Il en est de même pour les importations, qui sont restées prépondérantes de 1964 à 1968. Leur
part dans les importations globales de l’Algérie, passe ainsi de 70,5% en 1964 à 68,7% en
1966 puis à 59,5% en 1968.
Il est important de noter que le solde commercial de l’Algérie est resté vulnérable et
longuement dépendant du marché français. En effet, toute mesure prise par la France à
l’époque pour restreindre ou bien alors interdire complètement les importations de certains
produits algériens (à titre d’exemple le cas du vin en 1968), génère des répercussions néfastes
sur la balance du compte courant de l’Algérie.
Comme on l’a mentionné précédemment, l’industrialisation et l’agriculture font partie des
principaux volets du Programme de Tripoli et de la Charte d’Alger.
Tableau 2-4 : L’investissement global et part de l’investissement industriel et agricole de
1963 à 1969
(En millions de DA et en %)
(a) Y compris mines, énergies et hydrocarbures.
Source : Les informations données en (a) sont extraites de l’ouvrage de Ecrement 55, et en (b) de l’article de Destanne De Bernis56.
55 Ecrement M. (1986) : Op. cit. 56 Destanne De Bernis G. (1971) : « Deux stratégies pour l’industrialisation du Tiers- Monde : Les Industries industrialisantes et les options algériennes », pp. 545- 563, in Le Tiers Monde en l’an 2000, Revue Tiers- Monde, tome XII, n° 47, juillet septembre, pp. 483- 689.
Agrégats 1963 1964 1965 1966 1967 1968 1969
Investissement total en 106 DA (a) 645 1001 830 1452 1693 3174 4257
Industrie % (a) 13,4 13 18,7 25,4 47,1 55,3 51,7
Agriculture % (b) 10,5 14,8 12,1 23,3 20,7 19,5 14,6
69
Le tableau 2-4 fait ressortir une rupture dans la part relative des investissements
industriels à partir de 1967. En effet, durant la période 1963-1966, les parts de
l’investissement total respectivement consacrées à l’industrie et à l’agriculture sont
relativement identiques. En revanche, à partir de 1967, la part consacrée à l’industrie devient
prépondérante.
En effet, sur le montant total de 9,1 milliards de DA prévu pour le plan triennal 1967-
69, plus de la moitié des investissements (51%) sera consacrée uniquement au secteur
industriel, principalement dans les hydrocarbures, la pétrochimie, la sidérurgie et la
mécanique.
Au cours de cette même période (1967-69), on remarque également que plus des deux
tiers des investissements publics sont consacrés au développement industriel, hydrocarbures
compris, ainsi qu’à l’agriculture, tandis que le tiers restant est consacré au développement
des infrastructures, de l’habitat, du tourisme et de l’éducation.
C’est cette structure des investissements relevée à partir de l’année 1967, première
année du plan triennal, qui confirme le caractère absolument prioritaire du couple
hydrocarbures et industrie dans la stratégie de développement de l’Algérie. La priorité est
accordée aux industries de base et d’équipements.
Section 2. Croissance économique et équilibres ressources-emplois
Dans allons examiné dans ce qui va suivre, l’évolution des principales grandeurs
macroéconomiques, notamment la croissance de l’économie, la croissance démographique, le
PIB et la consommation des ménages par habitant et les équilibres ressources-emplois.
Le taux de croissance de l’économie mesuré par l’évolution du produit intérieur brut
(P.I.B.) est important à connaître car il détermine la capacité du système à générer un surplus
pour faire face à ses dépenses internes (comme la consommation, les investissements et les
importations) et externes (exportations, remboursement de la dette extérieure).
70
Tableau 2-5 : Evolution du Produit Intérieur Brut (P.I.B.)
(En millions de DA et en %)
Années P.I.B. nominal
en 106 de DA
P.I.B. réel en taux de
croissance (%)
1973 34593,1 3,83
1977 87240,5 5,33
1980 162507,1 0,86
1981 191468,6 3,07
1982 207551,9 6,32
1983 228752 3,22
1984 263855,9 7,85
1985 291597,2 5,44
1986 296551,1 1,16
1987 312706,1 -0,77
1988 347716,9 2,01
1990 554388,1 1,04
1991 862132,8 1,08
1992 1074695 2,18
1993 1189724 -2,84
* Année de base 1989. Source : Calculs établis à partir des données statistiques fournies par :
- Office National des Statistiques (ONS), Rétrospective 1962 – 1991. Séries Statistiques, n° 35. - ONS (1999), Rétrospective Statistique 1970 - 1996.
71
L’effort de développement économique entrepris tout au long des années soixante-dix
ayant permis la mise en place de nombreuses plates formes industrielles, est à l’origine de ces
résultats positifs sur la croissance économique réelle.
Basée sur l’injection de plus en plus massive de capitaux et de main-d’œuvre, la croissance
économique des années 1970 est de type extensif et non intensif c'est-à-dire fondée sur des
progrès en productivité57.
L’impact du contre-choc pétrolier de 1986 sur la croissance économique réelle ne s’est
pas fait attendre. En effet, la croissance du PIB en termes réels qui est de l’ordre de 4% en
moyenne annuelle durant le premier plan quinquennal (1980 – 1984), chute à 1,16% en 1986,
puis à -0,77% en 1987, un léger redressement a eu lieu l’année d’après.
Faible dès le début des années quatre-vingt-dix, le taux de croissance en termes réels devient
négatif à la veille du rééchelonnement de la dette extérieure en 1993.
La population algérienne s’élève à 13,3 millions d’habitants en 1970, puis à 18,6
millions en 1980, et enfin à plus de 26 millions d’habitants en 1993.
Le taux d’accroissement naturel de la population algérienne est l’un des plus élevés au
monde. Il s’élève à plus de 3% entre 1971 et 1985 avec un maximum en 1976 de 4,3%. En
1985, le taux d’accroissement de la population est encore de 3,2 par an. C’est à partir de 1986,
pour des raisons économiques et sociales, qu’une décélération continue de ce taux a lieu.
Le tableau 2-7 permet d’apprécier l’évolution entre 1970 et 1993, du PIB par tête
d’habitant en dinar algérien et en dollar américain. Quoique ce ratio en dollar indique une
amélioration notable du niveau de vie des citoyens du moins jusqu’à la fin des années quatre-
vingt, il est important de signaler qu’on ne le présente qu’à titre indicatif, car il a été calculé
sur la base d’un taux de change quasiment fixe (la politique du taux de change sera
développée plus loin). Dès lors, on se base sur l’évolution réelle de ce rapport en dinar.
L’évolution de la croissance démographique est retracée dans le tableau donné ci-après :
57 Bouzidi : Op. cit., p. 18.
72
Tableau 2-6 : Evolution de la croissance démographique
(En millions et en %)
Source : cf. Tableau 2-5.
Années Population algérienne
Taux de croissance (%)
1970 13,309 -
1971 13,739 3,23
1972 14,171 3,14
1973 14,649 3,37
1974 15,164 3,52
1975 15,768 3,98
1976 16,450 4,33
1977 17,058 3,70
1978 17,600 3,18
1979 18,119 2,95
1980 18,666 3,02
1981 19,260 3,18
1982 19,878 3,21
1983 20,516 3,21
1984 21,185 3,26
1985 21,863 3,20
1986 22,512 2,97
1987 23,139 2,79
1988 23,783 2,78
1989 24,409 2,63
1990 25,022 2,51
1991 25,643 2,48
1992 26,271 2,45
1993 26,894 2,37
73
Malgré une forte croissance démographique, le PIB par habitant a régulièrement
augmenté de 1970 à 1989. Il passe de 11 700 DA en moyenne annuelle durant le premier plan
quadriennal (1970-73) à 16 500 DA en moyenne annuelle au cours du second plan
quinquennal (1985-89) traduisant une amélioration du niveau de vie des Algériens. Au début
des années quatre-vingt-dix, on relève une détérioration continue du rapport PIB réel par
habitant. Celui-ci passe de 16 800 DA en 1991 à 15 900 DA.
Tableau 2-7 : Evolution du PIB et de la consommation réelle des ménages par habitant
(En milliers) * En termes réels.
Source : cf. Tableau 2-5. Quant à la consommation des ménages en termes constants par tête d’habitant, elle a
évolué à un rythme annuel moyen de 4900 dinars au cours du premier plan quadriennal
(1970-73), puis, elle passe à 6830 dinars lors du second plan quadriennal. Cette hausse est le
résultat des augmentations de salaires intervenues dans la période 1974-1977. Durant les deux
plans quinquennaux (1980-1989), la consommation par habitant est passée, en moyenne
annuelle, de 8310 dinars constants à 9010 dinars. A partir de 1992, on enregistre une
PIB/habitant Années
DA * $US
Consommation réelle/ habitant
en DA
1970-73 11,7 0,44 4,9
1974-77 13,5 1,04 6,83
1978-79 15,1 1,66 7,25
1980-84 15,5 2,33 8,31
1985-89 16,4 2,61 9,01
1990 17 2,47 10,34
1991 16,8 1,82 10,78
1992 16,7 1,87 10,4
1993 15,9 1,89 10,09
74
décroissance de la consommation par habitant de 10 400 dinars constants à 10 090 DA
l’année d’après. Ceci est probablement dû à la forte progression de l’indice des prix à la
consommation ; l’inflation atteint en 1992 un taux de 31,1% contre 25,8% l’année précédente.
Concernant les emplois finals de la production intérieure brute, le tableau 2-8 montre
que :
la part de la production consacrée à la consommation des ménages est très
importante. Néanmoins, du premier plan quadriennal (1970-1973) au premier plan
quinquennal (1980-1984), elle connaît une baisse continue. De 1985 à 1993, la part
de la production consommée par les ménages reste dominante par rapport aux autres
composantes de la production. En 1993, elle est de l’ordre de 63,6%.
La part consacrée à la consommation finale des administrations publiques est restée
quasiment stable sur la période, de l’ordre de 4% en moyenne.
Tableau 2-8 : Evolution de la structure des emplois de la PIB
(En %)
Agrégat
1970-1973
1974-1977
1978-1979
1980-1984
1985-1989
Consommation finale des ménages 63,5 53 51 50 63,1
Consommation des administrations publiques 3,4 4 4 4 4,2
Investissements 41,7 49 54 42 36,7
Exportations de B & S 23,8 38 32 35 20
Importations de B & S 32,4 44 41 31 24
TOTAL 100 100 100 100 100
75
Suite
Source : Calculs personnels selon la même source que pour le tableau 2-5.
Pendant les années 1970, l’Algérie a connu un mouvement d’investissement des plus
élevés dans le monde. On remarque une croissance continue de la part de la
production consacrée à l’investissement, qui passe de 41,7% entre 1970-1973 à 54%
durant la période hors plan (1978-1979). Ceci s’explique surtout par l’augmentation
des prix du pétrole suite aux deux chocs pétroliers. Toutefois, vers la fin des années
soixante-dix, après la mort du Président Boumediene, l’effort d’investissement est
relâché. À partir des années 1980, une contraction importante des investissements
est enregistrée, elle perdure d’ailleurs jusqu’à l’année 1993.
Durant près de vingt ans (de 1970 à 1989), la part consacrée aux importations
dépasse celle consacrée aux exportations, hormis durant la période du premier plan
quinquennal où on remarque un renversement de tendance puisque la part consacrée
aux exportations dépasse celle des importations.
Agrégat
1990
1991
1992
1993
Consommation finale des ménages 64,5 54,5 58,6 63,6
Consommation des administrations publiques 3,6 3,7 4,15 4,6
Investissements 33,9 35,4 34,81 33,5
Exportations de B & S 27,4 32,7 29 25,1
Importations de B & S 29,4 26,3 26,61 26,8
TOTAL 100 100 100 100
76
La contribution des différents secteurs d’activité à la croissance de la production se
présente comme suit :
la part de l’agriculture dans la production passe de 11,6% en moyenne pour la
période 1970-1973 à 10,5% en moyenne pour 1974-1977 et se stabilise à ce niveau
jusqu’à la fin des années 1970 (voir tableau 2-9). Durant le premier plan
quinquennal, on remarque une légère diminution, puis une relance durant la période
1985-1989. De 1990 à 1993, l’agriculture représente entre 13 et 15,3% de la PIB.
Tableau 2-9: Evolution de la structure de la production au coût des facteurs
(En %)
Agrégat
1970-1973
1974-1977
1978-1979
1980-1984
1985-1989
Agriculture 11,6 10,5 10,3 9,56 13,3
Hydrocarbures 17,12 35,46 31 35,34 21,66
Industrie hors Hydrocarbures 19,18 12,35 13,2 13,36 17,34
Bâtiments et Travaux Publics * 13,1 16 18,2 16,54 18,8
Commerce, service & transport 39 25,69 27,3 25,2 28,9
TOTAL 100 100 100 100 100
77
Suite
Agrégat
1990
1991
1992
1993
Agriculture 14,6 13 15,3 14,2
Hydrocarbures 29,2 34,7 29,8 27
Industrie hors Hydrocarbures 16 14 15,1 14,2
Bâtiments et Travaux Publics* 14,2 12,7 13,4 14,6
Commerce, service & transport 26 25,6 26,4 30
TOTAL 100 100 100 100
* Bâtiment et Travaux Publics y compris travaux pétroliers Source : Calculs personnels selon la même source que pour le tableau 2-5.
L’économie algérienne est fortement dépendante des hydrocarbures. A partir de
1974, leur contribution relative dans la PIB croît fortement du fait de leur
revalorisation sur le marché mondial. Cette année là, les hydrocarbures constituent
41,4% de la production, part maximale durant la période 1970-1993. De 1975
jusqu’à 1983, leur part des hydrocarbures dans la formation de la production dépasse
32%, sauf pour l’année 1978 où elle baisse à 29,88%. De 1985 à 1989, elle est en
moyenne annuelle de 21,66% (elle est de 17,26% en 1986) et atteint 27% en 1993.
La part de l’industrie hors hydrocarbures dans la production passe de 19,18% en
moyenne pour la période 1970-1973 à 12,35% en 1974-1977. En dépit des
investissements massifs dont elle a bénéficié au cours de la décennie 1970, cette
industrie ne présente qu’une proportion faible de la PIB. En effet, au cours de la
période 1974-83, la valeur ajoutée industrielle représente environ 12% de la
production par an. Par la suite, elle progresse et atteint une moyenne de l’ordre de
17,34% pendant le second plan quinquennal. Durant les années 1990, la contribution
78
de l’industrie à la formation de la production enregistre une baisse passant de 16%
en 1990 à 14,2% en 1993.
Le secteur du bâtiment et travaux publics (B.T.P.) s’est fortement développé dans les
années 1970. Il passe de 13,1% en moyenne entre 1970-1973 à 18,2% en moyenne
en 1978-1979, puis décroît à un niveau de 16,54% en moyenne pendant le premier
plan quinquennal. Après avoir atteint une moyenne de 18,8% en 1985-1989, la
contribution du secteur du B.T.P se contracte jusqu’à 12,7% de la PIB en 1991,
avant de remonter à 14,6% en 1993.
En ce qui concerne la contribution des secteurs transports, commerce et services à la
production, elle est restée quasiment stable depuis 1974.
Section 3. Emploi et taux d’activité
Tout au long des années soixante-dix et jusqu’au milieu des années quatre-vingt, le
taux brut d’activité, représenté par la proportion d’actifs dans la population totale, ne semble
guère avoir évolué. Il reste quasiment stable (19%), puis il passe de 22% en moyenne
annuelle lors du second plan quinquennal. En 1990, le taux brut d’activité est de 23,4%, et
puis atteint 24,4% en 1993. Cette hausse en 24 ans est le résultat d’une croissance de la
population active (125%) supérieure au taux de croissance démographique (25,8%).
La création d’emplois connaît globalement un accroissement régulier dans les soixante-
dix. De 199 000 emplois nouveaux lors du premier plan quadriennal, on passe à 357 000
emplois dans le second plan quadriennal puis à 193 000 emplois pendant la période hors-plan
(1978-79). Ceci a entraîné une baisse considérablement du taux de chômage qui passe en
moyenne annuelle de 23,7% en 1970-73 à 21,5% en 1974-77 puis, à 17,6% en 1978-79.
Au début des années quatre-vingt, le taux de chômage atteint 13,6%. Cette diminution
appréciable résulte de l’accroissement de création d’emplois pendant cette période. En effet,
561 000 emplois ont été créés entre 1980 et 1984.
79
L’année 1986 peut être considérée comme un point de rupture dans l’évolution du marché de
travail, puisque le taux de chômage repart à la hausse. Sur une population active de 4 710 000
personnes, 3 950 000 ont un emploi tandis que les autres sont au chômage ; le taux de
chômage est de 16,1%.
Tableau 2-10 : Taux brut d’activité et taux de chômage
(En %)
Suite
Taux 1985-89 1990 1991 1992 1993
Taux brut d’activité 22,11 23,38 23,67 23,56 24,4
Taux de chômage 17,88 19,65 20,59 23,42 23,15
Source : Calculs personnels à partir des sources suivantes :
- CNP (1994 et 1995) : Evolution des indicateurs économiques. - ONS, Rétrospective, 1962-1991, n°35, Séries statistiques. - Ministère de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (MPAT) 1979 : Bilan Sectoriel 1967-1977 « Population, Santé, Education, Emploi, Emigration ».
Taux 1970-73 1974-77 1978-79 1980-84
Taux brut d’activité 19,3 19,5 19,8 19,96
Taux de chômage 23,7 21,5 17,6 13,6
80
En 1992, 23,4% de la population active est en chômage. Pour la première fois en Algérie,
la création d’emplois, selon les données statistiques du CNP, est négative. Par rapport à
l’année 1991, quatre vingt mille emplois ont été perdu puisque la population occupée est
passée de 4 820 000 à 4 740 000 emplois.
Tableau 2-11 : La création d’emplois de 1970 à 1993
Source : Mêmes sources que pour le tableau 2-10 mais aussi le Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) et l’enquête sur la main-d’œuvre et la démographie (MOD).
(1) RGPH 77 et MOD 87 (2) RGPH 87 et MOD 89 (3) MOD 89 et MOD 90 (4) MOD 90 et MOD 91
Période Créations d’emplois (en milliers)
1e plan quadriennal (1970-73) 199
2e plan quadriennal (1974-77) 357
Période hors plan (1978-79) 193
1e plan quinquennal (1980-85) 561
1985-1986 70
1977-87 (1) 1800
1987-89 (2) 294,3
1989-90 (3) 84,3
1990-91 (4) 21,9
1991-1992 -80
1970-1993 3060
81
Lorsqu’on prend en considération la période 1970-1993, la population effectivement
employée (tous secteurs d’activité confondus) a progressé de 1 982 000 à 5 042 000 durant la
période 1970-1993. Ainsi, près de 3,06 millions d’emplois ont été créés en 24 ans.
Par ailleurs, si on compare ce chiffre à l’accroissement démographique qui a plus que doublé
pendant cette même période (la population passe de 13,3 millions d’habitants à 26 ,8
millions), on peut dire que la création d’emplois est très faible.
Le taux de chômage en 1993 est de 23,2%. Cette aggravation du chômage résulte du coût
d’arrêt donné à l’investissement pendant les années 1980, suite à la chute des capacités
financières du pays.
Section 4. Position budgétaire
De 1970 à 1984, même si les recettes budgétaires ont connu des fluctuations d’année en
année, elles ont été maintenues à un niveau élevé de la production intérieure brute. On
enregistre un taux de croissance des recettes globales de 37% et un ratio Recettes/PIB de 44%
durant le deuxième plan quadriennal (voir tableau 2-12).
Pendant cette période les recettes pétrolières, qui constituent l’essentiel des ressources de
l’Etat, représentent 54% des recettes globales. Les revenus de la fiscalité pétrolière procurent
des fonds destinés au financement de la croissance économique.
Si les taxes budgétaires ont été maintenues à un niveau élevé de la production depuis 1974,
c’est grâce aux recettes pétrolières, du moins jusqu’en 1981. La part importante de la fiscalité
pétrolière dans les recettes totales durant la période 1973-1981, trouve son origine dans les
augmentations des prix pétroliers.
En moyenne durant le premier plan quinquennal, l’importance des recettes totales dans la
production est de 41%. Les dépenses budgétaires, lors de la période 1970-1993, représentent
en moyenne plus de 30 % de la production. Cette part atteint respectivement 42 % et 41 %
pour les années 1986 et 1988, ces dépenses représentent plus du tiers de la production.
82
Tableau 2-12 : La position budgétaire
(En %)
Suite
1970-1973 1974-1977 1978-1979 1980-1984 1985-1989
Taux de croissance des recettes totales 17 37 17 17 4
Recettes totales / la P.I.B. 32 44 40 41 35
Fiscalité pétrolière / Recettes totales 29 54 52 54 30
Taux de croissance de dépenses totales 16 26 14 22 6
Dépenses totales / La P.I.B. 30 31 30 37 38
Dépenses d’équi-pements / Dépenses 32,9 33,1 40,8 44,1 38,6
Source : Calculs personnels d’après :
- ONS, Rétrospective 1962 – 1991, Série Statistique, n° 35. - Ministère des Finances : Direction générale des études et de la prévision (1996) et (2002).
1990 1991 1992 1993
Taux de croissance des recettes totales 37,61 70,03 16,29 1,04
Recettes totales / la P.I.B. 33,88 36,19 34,48 31,84
Fiscalité pétrolière / Recettes totales 47,56 59,28 63,54 57,79
Taux de croissance de dépenses totales 15,38 65,12 31,19 26,49
Dépenses totales / la P.I.B. 30,13 31,26 33,6 38,85
Dépenses d’équipe-ments / Dépenses 32 22,09 23,51 26,01
83
Tableau 2-13 : Solde budgétaire en termes courants et part dans le P.I.B.
(En millions de DA et en %)
Source : cf. Tableau 2-12.
Solde budgétaire Années
106 de D.A %
1969 -235 -1,12
1970 -430 -1,79
1971 22 0,09
1972 -981 -3,23
1973 -1078 -3,12
1974 -10030 -18,05
1975 -5984 -9,72
1976 -6097 -8,23
1977 -8006 -9,18
1978 -6676 -6,37
1979 -12914 -10,07
1980 -15578 -9,59
1981 -21729 -11,35
1982 -1801 -0,87
1983 4181 1,83
1984 -2090 -0,79
1985 -11016 -3,78
1986 12852 4,33
1987 10793 3,45
1988 26200 7,53
1989 7086 1,68
1990 -17700 -3,19
1991 -37100 -4,30
1992 -8100 -0,75
1993 70400 5,92
84
Le tableau 2-13 donne un aperçu du solde budgétaire de l’Algérie (calculé comme la
différence entre les dépenses budgétaires et les recettes budgétaires) entre 1969 et 1993. La
période allant de 1972 à 1985 se caractérise par un solde excédentaire de la balance
budgétaire, sauf pour l’année 1983. Au cours de l’année 1986, la chute brutale des prix
pétroliers s’est traduite par un effondrement des recettes fiscales d’origine pétrolière, qui
alimentent le budget de l’Etat, et marque donc le début des compressions budgétaires en
Algérie d’où les déficits budgétaires importants enregistrés entre 1986 et 1989 après une
longue période d’excédents.
La politique des réformes engagée vers la fin des années quatre-vingt, a tout d’abord eu
une retombée positive sur les finances publiques : le solde du Trésor est excédentaire au début
des années 1990. Néanmoins, cette situation va rapidement s’inverser en 1993.
Section 5. Monnaie, inflation et taux de change
L’augmentation de la quantité de monnaie, si elle est plus forte que celle des autres
variables de l’économie comme la production par exemple, elle peut créer des perturbations.
Pour pouvoir apprécier l’effet inflationniste de la masse monétaire, on compare d’abord les
rythmes d’accroissement annuels de la masse monétaire (M2) à ceux de la production.
La masse monétaire et la production sont supposées croître à un taux plus ou moins similaire,
et toute différence surtout sous forme d’inflation monétaire, indique un déséquilibre
nécessitant une intervention prudente.
A la lecture des résultats obtenus (voir tableau 2-14) jusqu’au milieu des années quatre-
vingt, le taux d’accroissement de la masse monétaire en termes réels dépasse celui de la
production.
De 1985 à 1993, on enregistre globalement un renversement de tendance. Cette période est
caractérisée par des taux d’accroissement faibles des deux variables en termes constants.
85
Tableau 2-14 : Taux de croissance de la monnaie et de la production, vitesse de la circulation
de la masse monétaire et taux de liquidité de l’économie
1970-1973 1974-1977 1978-1979 1980-1984 1985-1989
Masse monétaire (%) 8 17 9 9 0,8
Production (%) 7,61 6,32 8,23 4,13 3,68
Vitesse de circulation 1,53 1,61 1,38 1,35 1,07
Taux de liquidité 0,64 0,61 0,71 0,74 0,92
Suite
1990 1991 1992 1993
Masse monétaire (%) -5,5 -3,5 -5,8 0,9
Production (%) 1,86 3,46 0,05 -3,97
Vitesse de circulation 1,37 1,8 1,78 1,6
Taux de liquidité 0,72 0,55 0,56 0,62
Source : cf. Tableau 2-5 et calculs personnels à partir des données de la Banque d’Algérie (2002), Direction générale des études.
86
On fait une comparaison entre les données réelles et les données monétaires en calculant
la vitesse de circulation de la masse monétaire à savoir le ratio production/ masse monétaire.
Benissad définit la vitesse de la circulation de la masse monétaire comme un facteur
permettant, parallèlement à la masse monétaire, aux transactions découlant de la formation et
de la répartition du produit global de s’effectuer58.
Cette comparaison fait ressortir une très nette tendance à la baisse de ce rapport de 1974 à
1989. Ceci indique une « oisiveté des encaisses » accrue, dont les causes tiennent surtout à
une thésaurisation importante des ménages.
Au début des années quatre-vingt-dix, on note une augmentation de la vitesse de
circulation de la masse monétaire. Ceci est d’ailleurs parfaitement perceptible vu la croissance
de la production en termes réels par rapport à la masse monétaire, du moins jusqu’en 1992.
L’augmentation de la vitesse de circulation de la monnaie reflète une meilleure rotation de la
monnaie engendrée par la rationalité des agents économiques lors de la gestion de leurs
encaisses monétaires.
Selon les résultats obtenus, le taux de liquidité, qui représente l’inverse de circulation de la
monnaie, s’élève en moyenne à 92% sur la période 1985-1989. Ce taux est en croissance
continue depuis 1974. Ce niveau élevé témoigne d’une plus grande liquidité et de
l’importance de la monétisation de l’économie algérienne. En effet, l’une des caractéristiques
du système monétaire et financier algérien est l’endettement du Trésor vis-à-vis de la banque
centrale, les avances de l’institut d’émission au Trésor étant à l’origine de l’accroissement de
la quantité de monnaie en circulation.
Le réescompte constitue le moyen principal de refinancement des banques commerciales
auprès de la banque centrale. Le tableau 2-15 retrace son évolution :
58 Benissad M. E. (1979) : Op. cit., p. 223.
87
Tableau 2-15 : Evolution du taux de réescompte
(En %)
Source :
- Banque d’Algérie (2002) : Direction Générale des Etudes. - Banque d’Algérie : Média-Bank, oct/nov 2000, n° 50.
Média-Bank, déc 2000/ jan 2001, n° 51.
Comme l’indique le tableau ci-dessus, on distingue plusieurs sous périodes quant à
l’évolution du taux de réescompte. Après avoir été stable tout au long de la période allant de
1972 au 30-09-1986 (2,75%), le taux de réescompte a pratiquement doublé en 1986 et s’est
maintenu à ce niveau jusqu’à l’année 1988, puis il est passé de 7% en 1989 à 10,5% en 1990.
Le taux de réescompte est porté à 11,5% en 1991 et se stabilise à ce niveau pendant trois
années consécutives.
L’évolution de l’indice général des prix à la consommation en Algérie entre 1970 et 1993
est retracée dans le tableau 2-16.
Entre 1970 et 1990, le taux d’inflation est en moyenne de 8,24% avec des rythmes très variés
entre les différentes sous périodes. La seconde moitié des années soixante-dix marque une
rupture avec l’évolution des prix durant la période antérieure 1970-76 puisque l’inflation
passe à deux chiffres. En raison de l’approvisionnement important dans le cadre du
« programme anti-pénurie », on assiste dès le début de la décennie1980 à une baisse relative
de l’inflation, sauf en 1981.
Une reprise à la hausse est enregistrée entre 1984 et 1986, suivie d’un déclin en 1987 et
1988. Le début des années 1990 se distingue par une forte accélération de la hausse des prix.
De près de 9,3% en 1989, le taux d’inflation passe à 17,9% en 1990 et à près de 31,7% en
1992, taux record pendant la période considérée.
1972-85 1986-88 1989 1990 1991-93
Taux de réescompte 2,75 5,0 7,0 10,5 11,5
88
Tableau 2-16 : Le taux d’inflation et le taux de change
Années Taux d'inflation (%) Taux de change (DA/$)
1970 4,83 4,93
1971 2,76 4,91
1972 4,04 4,48
1973 6,90 3,96
1974 2,82 4,18
1975 8,63 3,94
1976 8,30 4,16
1977 11,00 4,14
1978 15,62 3,96
1979 10,39 3,85
1980 9,18 3,83
1981 14,66 4,31
1982 6,95 4,59
1983 5,27 4,78
1984 8,18 4,98
1985 10,49 5,02
1986 12,29 4,70
1987 7,46 4,85
1988 5,90 5,91
1989 9,29 7,60
1990 17,90 8,95
1991 25,87 18,47
1992 31,67 21,83
1993 20,52 23,34
Source : - ONS, Collections Statistiques n°57, indice des prix à la consommation de la ville d’Alger. - ONS (1999), Collections n° 78, Série E, Statistiques Economiques. - Statistiques Financières Internationales, annuaire 2000. - International Financial Statistics Yearbook 2001.
89
En matière du taux de change, de 1970 à 1986, le taux annuel moyen est de l’ordre de
4,39 dinars pour un dollar américain. Comme on l’a déjà noté, à cette époque, la politique de
change avait pour objectif de maintenir le taux de change fixe et surévalué par rapport à sa
valeur réelle. La nouvelle politique de change a procédé à sa dévaluation ; d’abord de façon
progressive à partir de 1987, puis de façon accélérée en 1990 comme l’indique le tableau 2-
16.
Ainsi, le dinar qui était jusqu’alors surévalué, s’est progressivement déprécié, passant d’une
valeur de 7,6 DA pour 1 dollar US en 1989 à 8,9 en 1990 puis à 18,46 en 1991, date de la
première dévaluation. En 1992, le glissement s’est encore poursuivi, avec un taux de 21,8
dinars pour 1 dollar, et de 23,35 en 1993.
Section 6. Commerce Extérieur
Comme nous l’avons préalablement mentionné, les exportations de l’Algérie se
caractérisent par la prédominance des hydrocarbures. Le niveau des recettes provenant de
leurs exportations ne dépend d’aucune volonté politique mais plutôt d’une variable
stratégique qui est le prix du pétrole.
Si nous examinons en détail l’évolution du prix du panier OPEP, nous remarquerons qu’en
1973-1974, période du premier choc pétrolier, il a plus que triplé. Avec la révolution
iranienne en 1979, démarre le second choc pétrolier et le prix du baril en termes réels atteint
26,03 $/b (voir tableau 2-17).
C’est en 1982 que l’on enregistre le prix le plus élevé durant la période 1970-1993 : 47,14
$/b en termes constants. Cette année là, marque un déclin de la production de l’OPEP suite à
la décision des pays membres de fixer des quotas de production en mars 1982 pour soutenir
les prix.
La chute brutale du prix du pétrole en 1986 a frappé l’Algérie de plein fouet. Ceci a réduit ses
revenus pétroliers à 4,811 milliards de $ US (il s’agit des exportations des hydrocarbures
liquides), au lieu de 9,214 milliards de $ US en 1985 et du record historique de 12,93
milliards de $ US en 1981.
90
Tableau 2-17 : Solde de la balance commerciale en 106 DA et prix du pétrole en termes
courants et constants
Source : Calculs personnels d’après la même source que le tableau 2-5 et :
- Le pétrole et le gaz arabes – PGA - (1999), n° 717. - PGA (2002), n° 787 et n° 788.
Prix moyen du panier OPEP $/b en
termes Années
Balance
Commerciale
(106 DA) courants réels
1970 -1702,2 1,67 6,49
1971 -2344,4 2,03 7,35
1972 -1592,6 2,29 7,35
1973 -2960,9 3,05 8,39
1974 1902,4 10,73 27,02
1975 -5647,7 10,73 23,94
1976 -2959,4 11,51 25,62
1977 -9745,4 12,39 25,04
1978 -15185,4 12,7 21,66
1979 -2073,3 17,25 26,03
1980 6502,9 28,64 38,28
1981 7148,9 32,51 45,11
1982 4037,9 32,38 47,14
1983 5138,1 29,04 42,79
1984 6129,9 28,2 43,98
1985 9167,6 27,01 41,78
1986 -12118,3 13,57 16,57
1987 5872 ,2 17,73 18,74
1988 -29555,9 14,24 14,12
1989 -43008 17,31 17,31
1990 -9517,1 22,26 19,40
1991 48178,2 18,62 15,69
1992 21798,2 18,44 14,67
1993 -16826,3 16,33 13,98
91
Le commerce extérieur est de manière générale déficitaire pendant les années 1970, sauf
pour l’année 1974 où il est juste équilibré, globalement équilibré de 1980 à 1985, et
déficitaire à nouveau de 1986 à 1993 hormis les années 1987, 1991 et 1992.
La situation négative de la balance commerciale dans les années soixante-dix est le résultat
d’une expansion très rapide des importations. Cependant, le solde commercial excédentaire
enregistré en 1974 s’explique par les relèvements successifs du cours mondial des
hydrocarbures pendant cette période. Le solde du compte courant positif des années 1980 est
dû particulièrement à l’augmentation des recettes d’exportations à partir de 1979, ainsi qu’à la
compression voulue des importations à partir de 1982 (le taux de croissance des importations
de biens et services en termes constants est passé de 16,18 % en 1981 à - 1,46% en 1982). Le bilan économique de l’année 1988 est particulièrement alarmant. Au cours de cette
année, le déficit de la balance commerciale enregistré est de 29,5 milliards de DA. Une année
avant le rééchelonnement de la dette extérieure soit en 1993, les importations de biens et
services s’élèvent à 269,1 milliards de DA (11,52 milliards de $ US), alors qu’on enregistre
des recettes d’exportations de près de 252,3 milliards de DA en termes courants (équivalant
à 10,8 milliards de $ US). Le déficit du solde commercial s’élève à 16,8 milliards de DA.
Lors de l’analyse de l’évolution des composantes de la balance commerciale en taux de
croissance durant la période 1970-1993 (tableau 2-18), on relève un taux de croissance annuel
moyen des exportations de biens et services en termes constants égal à 15,7% durant la
période 1974-1977, il passe à 25,1% en 1978-1979, puis 3,9% en 1980-84.
Au titre de l’année 1986, le taux de croissance réel des exportations atteint 1,66 % puis
4,3% en 1988, et 9,3% en 1989.
Après avoir augmenté en volume de 4% en 1990, les exportations de biens et services se sont
réduites de -0,42% en 1991. Ceci est dû essentiellement au déclin qu’a connu le prix du baril.
92
Tableau 2-18 : Taux de croissance des échanges commerciaux
(En %)
1970-1973
1974-1977
1978-1979
1980-1984
1985-1989
Exportations de B & S (%) 10,4 15,7 25,13 3,89 4,79
Importations de B & S (%) 11 21,72 0,6 10,03 4,09
Export/Import 73 87 79 109 86
Suite
1990 1991 1992 1993
Exportations de B & S (%) 4,09 -0,42 4,26 -2,82
Importations de B & S (%) -9,73 -18,8 2,63 -4,77
Export/Import 93 124 108 93
Source : Calculs personnels d’après la même source que le tableau 2-5.
Concernant le taux de croissance moyen des importations de biens et services à prix
constants, de 11% par an au cours du premier plan quadriennal, il atteint 21,7% pendant le
second plan quadriennal. Durant le premier plan quinquennal, il est de 10% en moyenne
annuelle.
Au cours de la période 1985-1989, le taux de croissance annuel moyen des importations
en volume est de 4,09%. Mais, cette évolution moyenne masque de très fortes disparités. En
effet, la croissance en volume des importations globales passe de -16,19% en 1987 à 44,9%
93
en 1988. Cette élévation est sans doute due à la pression des émeutes d’octobre 1988 ; durant
cette année la situation économique est désespérée. Le taux d’accroissement réel des
importations atteint 8,5% en 1989, décroît à –18,8% en 1991, puis fluctue les deux années
d’après.
Les taux de couverture des importations par les exportations montrent que le commerce
extérieur de l’Algérie est déficitaire dans les années soixante-dix, sensiblement excédentaire
dans la première moitié des années quatre-vingt, puis déficitaire à nouveau lors du second
plan quinquennal. En 1991, le commerce extérieur est nettement excédentaire (couverture
assurée à 124%).
Section 7. Dette extérieure
Depuis le début des années 1970 et jusqu’au milieu des années 1980, la hausse des
recettes d’exportations algériennes a élargi la solvabilité extérieure du pays et ainsi donné lieu
au développement d’un endettement facile.
Le niveau de la dette extérieure était de l’ordre de 945 millions de dollars US en 1970.
Il augmente en 1976 à plus de 6 milliards de US $, en 1977 à 10,6 milliards de $, puis atteint
en 1980 plus de 19,3 milliards de $. A partir de cette année et jusqu’en 1984, on enregistre un
désendettement de l’Algérie vis-à-vis de l’extérieur. Le niveau d’endettement atteint 15,9
milliards de $ en 1984.
Ce désendettement a été rendu possible non seulement grâce à l’amélioration du prix du
pétrole mais aussi grâce au freinage des programmes d’investissement public essentiellement
dans l’industrie.
Dès l’année 1985, le stock de la dette extérieure va connaître une forte progression. De
l’ordre de 18,37 milliards de dollars, il passe à 22,79 milliards de $ en 1986 ; soit un taux
annuel de croissance de 24%, puis atteint en 1989 les 27 milliards de $.
Lorsque le prix du pétrole s’effondre de nouveau en 1993, soit une année avant le
rééchelonnement, la dette extérieure s’élève à 25,7 milliards de $ puis grimpe à 29,4 milliards
de $ en 1994.
94
Comparons maintenant le taux de croissance de la dette extérieure à celui des
exportations de biens et services.
En 1974, le taux de croissance des exportations (sur la base des données exprimées en dollars)
est de 154,7%, il dépasse de loin celui de la dette extérieure qui est de 14,2%. Suite à la
hausse des prix du pétrole décidée par l’OPEP en 1973-1974, et dans l’espoir d’une stabilité
durable des nouveaux cours du pétrole, les décideurs publics algériens ont accéléré le recours
aux emprunts extérieurs. Ceci explique que le taux de croissance de la dette extérieure
dépasse le taux de croissance des exportations à partir de 1975 et jusqu’en 1978.
De 1979 à 1984, on enregistre un renversement de tendance, le taux de croissance des
exportations de biens et services dépasse celui de la dette extérieure, sauf en 1982. En 1986,
un écart important entre les taux d’accroissement de la dette (24 %) et celui des exportations
(-39,7%) est enregistré.
Concernant les principaux indicateurs d’endettement, on a calculé le ratio de la dette
rapportée au produit intérieur brut (P.I.B.) et le ratio de l’encours de la dette extérieure par
rapport aux exportations de biens et services. Ces deux rapports sont aussi des indicateurs de
solvabilité de l’économie algérienne.
Tableau 2-19 : Critères Internationaux d’endettement en 1991-1993
(%)
Source: World Debt Tables 1994-95, External Finance for Developing Countries, Vol 1, pp. 40 & 60, a World Bank Book, Washington D.C., December 1994.
Pays Dette/ PNB
Dette/ Exportations
Service dette/Export (en 1994)
Lourdement endetté >80 >300 >25
Moyennement endetté 60-80 200-300 15-25
Peu ou pas endetté <60 <200 <15
95
Le premier ratio indique le taux d’endettement ; quant au second, il exprime la
transformation des ressources nationales en ressources extérieures par le biais d’une
disponibilité de l’épargne.
Les pays affichant un taux d’endettement supérieur à 80% du produit national brut sont
considérés selon la classification de la Banque Mondiale comme étant des pays lourdement
endettés (« Severely Indebted Middle Income Countries » ou SIMIC).
Un pays est considéré comme modérément endetté si le ratio Dette extérieure / Exportations
est compris entre 200 et 300%. Si le rapport Service de la dette/Exportation est inférieur à
15%, le pays est considéré comme peu ou pas endetté selon les critères internationaux.
Les ratios donnés ci-après révèlent le poids de la dette algérienne et surtout son
accélération. Si l’on se réfère à la classification de la Banque Mondiale, l’Algérie est classée
parmi les pays modérément endettés dans la mesure où au moins deux ratios sur trois n’ont
pas atteint les seuils critiques. En effet, en 1993, le taux d’endettement de 50,4% inscrit
l’Algérie dans la catégorie des pays peu ou pas endetté alors que le ratio de la dette
extérieure/recettes d’exportations de l’ordre de 237%, la situe dans la catégorie des pays
modérément endetté. En revanche, le ratio Service de la dette / Exportations est de 82,2%,
donc l’Algérie est considérée comme un pays lourdement endetté.
Tableau 2-20 : Taux de croissance de la dette extérieure, des exportations de biens et
services et indicateurs d’endettement
(En %)
1970-1973
1974-1977
1978-1979
1980-1984
1985-1989
Croissance de la dette extérieure 49 38 32 -2 11
Croissance des Exportations (B & S) 26,8 44,5 29,44 6,8 -2,6
Dette Extérieure / P.I.B. 24 34 57 37 39
Dette / Exportations 120 105 205 122 247
Service de la dette / Exportations NA NA NA NA NA
96
Suite
Source : Calculs personnels d’après la source du tableau 2-5 et :
- World debt tables: vol. 2, 1996, World bank book. - Banque d’Algérie : Situation de la dette extérieure de l’Algérie 90-99, Janvier 2000. - Banque d’Algérie : Evolution de la dette extérieure de l’Algérie 1991-2001. - Banque d’Algérie : Media- Bank, n° 58, Février/Mars 2002.
Au cours de cette même année, l’Algérie enregistre des recettes d’exportations de l’ordre
de 10,8 milliards de $ US dont 9,75 milliards de $ proviennent des hydrocarbures. A la fin de
1993, le niveau atteint par le service de la dette extérieure (9,05 milliards de $ US) contraint
les autorités à rééchelonner la dette extérieure.
Le recours aux nouveaux emprunts sur les marchés financiers internationaux devient
nécessaire pour assurer le financement des approvisionnements incompressibles du pays
(biens de consommation alimentaires, médicaments, matières premières, etc.). Ces nouveaux
emprunts sont aussi destinés à rembourser une partie de la dette antérieurement contractée ; ils
génèrent ainsi un accroissement plus rapide du montant global de la dette (la dette se nourrit
d’elle-même).
1990
1991
1992
1993
Croissance de la dette extérieure 2,9 -0,06 -4,29 -3,57
Croissance des Exportations (B & S) 40,8 -7,7 -8,6 -11,3
Dette Extérieure/ P.I.B. 45,08 59,7 54,1 50,4
Dette / Exportations 192 208 218 237
Service de la dette/ Exportations 66,4 73,9 76,5 82,2
97
Conclusion
La stratégie algérienne de développement définie au lendemain de l’indépendance,
repose principalement sur la planification, la Révolution agraire et la création d’une base
industrielle axée sur les industries industrialisantes.
L’Algérie adopte un système de planification centralisée jusqu’à la fin des années 1970.
Cependant, les lacunes de ce système apparaissent au début des années 1980, durant cette
décennie, une sérieuse crise de performance caractérise l’économie. En effet, la réduction des
ressources pétrolières suite à l’effondrement des prix de pétrole sur le marché mondial en
1986, met en évidence la crise profonde de l’économie. Celle-ci existait déjà avant 1986, et
devient plus importante à compter de cette date.
Les autorités publiques confrontées à cette crise structurelle, qui a dévoilé les
faiblesses de son système économique, s’engagent vers la fin des années quatre-vingt, dans un
vaste projet de réformes économiques devant déboucher sur l’économie de marché.
L’évolution des agrégats macro-économiques au travers des différentes phases de
développement par lesquelles est passé le pays, permet de relever les résultats suivants.
L’Algérie a connu un mouvement d’investissement des plus élevés dans le monde
pendant les années 1970 qui s’explique surtout par la conjoncture pétrolière favorable suite
aux renchérissements considérables du prix de pétrole. Toutefois à partir des années 1980,
l’effort d’investissement est relâché et une contraction importante de leur part dans la PIB est
enregistrée.
Dans le domaine de l’agriculture, malgré les diverses mesures prises en faveur du secteur
agricole (telles que la création de l’ONRA en 1963 - tutelle administrative des firmes
autogérées -, la réorganisation du secteur autogéré en 1969, la Révolution agraire en 1971,
l’autonomie de gestion des domaines autogérés en 1975, la restructuration du secteur agricole
en 1981-83 et sa réorganisation en 1987 représentant ainsi la fin du secteur socialiste autogéré
et le début de la privatisation du secteur agricole, la restitution des terres nationalisées à leurs
propriétaires par la loi foncière de 1990), la production agricole reste insuffisante.
98
Pendant de nombreuses années, le secteur agricole a globalement régressé, parfois stagné
et rarement progressé. Les causes sont la faiblesse des investissements, les problèmes de
financement, l’insuffisance d’approvisionnement en inputs, le manque de techniques
modernes, et les conditions climatiques non favorables.
Pour répondre aux besoins croissants de la population en biens alimentaires, l’Etat augmente
ses importations en produits de consommation qui commencent à prendre de l’ampleur durant
les années quatre-vingt.
À propos de l’industrialisation, la thèse des industries industrialisantes n’a pas généré les
résultats escomptés pour de multiples raisons :
la création lors de la première phase de l’industrialisation de sociétés nationales
gigantesques et fort onéreuses a engendré des surcoûts et des gaspillages durant cette
période ;
la main-d’œuvre locale n’était pas qualifiée pour utiliser un matériel sophistiqué ;
les investissements de base hautement capitalistiques mis en place ont créé peu
d’emplois et n’ont pas répondu à l’un des grands objectifs de la conduite du
développement qui était la création maximale d’emplois ;
les investissements massifs dans certains secteurs, notamment l’exploitation intensive
des réserves d’hydrocarbures, se sont faits au détriment d’autres secteurs ce qui a
finalement déséquilibré l’économie algérienne.
Les pouvoirs publics ont eu recours de façon excessive à l’endettement extérieur pour
réaliser non seulement les projets industriels et subvenir aux besoins de la population sans
cesse croissants, mais aussi pour assurer le financement d’autres activités économiques. On
assiste à un accroissement de l’approvisionnement industriel et en autres biens d’équipement
dans le total des importations de marchandises. Précisons que les demandes de crédits étaient
largement satisfaites par les institutions internationales, telles que le Fonds Monétaire
International et la Banque Mondiale.
99
L’économie algérienne est fortement dépendante des recettes d’exportations
d’hydrocarbures qui fournissent 96% en moyenne annuelle des ressources en devises. La
contribution des hydrocarbures gazeux aux exportations d’hydrocarbures connaît une nette
progression au détriment de la part des exportations d’hydrocarbures liquides.
Concernant la dette extérieure de l’Algérie, depuis le début des années 1970 et jusqu’au
milieu des années 1980, la hausse des recettes d’exportations a élargi la solvabilité extérieure
du pays, et a donné lieu au développement d’un endettement facile. Au début des années
quatre-vingt, un désendettement vis-à-vis de l’extérieur a été enregistré et a été rendu possible
non seulement grâce à l’amélioration des prix de pétrole mais aussi au freinage des
programmes d’investissements publics essentiellement dans l’industrie. À partir de 1986, le
stock de la dette extérieure a connu une forte progression et lorsque le prix du pétrole
s’effondre de nouveau en 1993, la dette extérieure s’élève à 25,7 milliards de dollars. Les
recettes totales deviennent insuffisantes pour honorer le service de la dette ce qui a rendu
inévitable le rééchelonnement de la dette extérieure.
100
DEUXIEME PARTIE
Implications sur le plan économique et social
des principaux accords signés avec les IFI
101
Introduction
La situation économique algérienne est très critique en 1993. En effet, les réformes
économiques engagées en 1987-88 et parachevées au début des années 1990 n’ont pas
entraîné les résultats espérés. L’Etat algérien se trouve dans une situation de cessation de
paiement et c’est ainsi que le rééchelonnement de la dette extérieure devient inéluctable. Les
autorités publiques signent en 1994, avec les institutions financières internationales deux
accords : accord de « Stand by » et accord de « Facilité de Financement Elargie ».
Cette partie est organisée en deux chapitres. Le chapitre 3 est consacré à l’étude des
politiques d’ajustement et la remise en cause du Consensus de Washington avancée par J.
Stiglitz (section 1). La détérioration de la situation économique jusqu’en 1993 ainsi que le
rééchelonnement de la dette extérieure seront également étudiés dans ce chapitre (section 2).
Nous examinerons par la suite dans le chapitre 4, les différentes mesures préconisées par
le IFI, destinées à rétablir les équilibres fondamentaux et favoriser la relance économique en
Algérie, ainsi que leurs implications sur le plan économique et social. Ces mesures se
rapportent à :
la privatisation des entreprises publiques ;
la libéralisation des échanges ;
les réformes du système monétaire ;
la libération des prix ;
et la rigueur budgétaire.
102
Chapitre 3
Ajustement structurel et rééchelonnement
de la dette extérieure
Les accords de Bretton Woods, signés en 1944, prévoient la création de deux
institutions : le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Internationale pour la
Reconstruction et le Développement (BIRD) qui est intégrée aujourd’hui dans ce que l’on
appelle la Banque Mondiale. Celle-ci a pour objectif de promouvoir le développement
économique des pays en développement, qui sont membres par l’apport d’une aide financière
et technique affectée à des projets d’investissements.
Il est assigné au Fonds Monétaire International la mission de surveiller le
fonctionnement et l’évolution du système monétaire international qui serait favorable au
développement des échanges internationaux et permettrait une croissance saine et durable. Le
FMI fournit également des apports financiers et techniques aux Etats membres qui
rencontrent des déficits dans leurs échanges. En adhérant à cette institution, chaque pays
membre cotise pour une somme d’argent représentant son apport ou sa quote-part. Celle-ci
détermine son droit de vote et entraîne une forte inégalité de représentation en faveur des
pays les plus riches.
En effet, même si les décisions et les principes défendus par cette institution sont avant
tout ceux des Etats membres, ce sont les pays plus riches qui détiennent le vrai pouvoir.
Cette situation est fréquemment justifiée par le fait qu’en mettant plus de fonds à la
disposition du FMI, les membres les plus importants assument les plus grands risques.
103
Section 1. Ajustement structurel et critique de Stiglitz (2002)
Selon l’approche traditionnelle, c’est en terme de stabilisation que s’effectue la
résorption des déséquilibres et en particulier le déséquilibre de la balance des paiements.
Remédier à des problèmes urgents tels qu’une inflation cumulative, un épuisement des
réserves de change, est l’objectif des programmes de stabilisation. Le retour à l’équilibre est
possible à court terme.
Dans la plupart des pays en développement où les mécanismes du marché ne
fonctionnent pas correctement et les déséquilibres sont considérables, ce type d’approche est
inadéquat selon les organisations internationales. Dès lors, on parle de programme
d’ajustement structurel (PAS) au lieu de programmes de stabilisation. Le PAS désigne une
panoplie de mesures permettant aux mécanismes de marché de s’exercer librement afin que le
retour à l’équilibre extérieur soit possible.
Selon la terminologie des organisations internationales telles que la Banque Mondiale et
le FMI, l’ajustement structurel fait surtout référence à une modification de la structure des
prix. Le but est donc que les prix se forment dans une économie ouverte, sur des marchés
concurrentiels, et deviennent alors des indicateurs crédibles permettant d’informer d’une
manière fiable les producteurs sur les préférences des consommateurs et sur les disponibilités
en ressources59. Cependant, dans les économies en transition, et c’est le cas de l’économie
algérienne, les marchés sont imparfaits et il est rare que les informations qu’ils fournissent
révèlent de nouvelles opportunités. Dans ce cadre, l’allocation des ressources qui fait suite est
loin d’être optimale60.
Vers la fin des années 1980, dans le but de stabiliser les économies des pays
« émergents » d’Amérique latine, une série de mesures néo-libérales a été conçue à
Washington par un groupe d’économistes et de spécialistes des deux institutions (FMI et
Banque Mondiale). Cet ensemble de mesures, regroupé sous le nom de « Consensus de
59 Raffinot M. (1991) : Dette extérieure et ajustement structurel, pp. 132-138, Edicef/Aupelf, Vanves, 238 p. 60 Bouzidi : Op. cit., p.118.
104
Washington » a trait à la privatisation des entreprises publiques, la libéralisation des échanges
extérieurs, l’austérité budgétaire, la lutte contre l’inflation61.
Selon le FMI, le meilleur moyen pour un pays de renforcer sa puissance économique est
la libéralisation progressive des échanges extérieurs avec un recours à la dévaluation de la
monnaie nationale. Dans le but de redresser les finances publiques, une politique budgétaire
restrictive est préconisée. Dans de nombreux programmes, les salaires des fonctionnaires sont
bloqués et leur recrutement arrêté.
À propos des mesures de politique monétaire préconisées par le Fonds (politique
monétaire restrictive), elles ont pour objectif de contracter la demande intérieure. L’accent est
mis sur la lutte contre l’inflation et le relèvement des taux d’intérêt nominaux pour que les
taux d’intérêt réels deviennent positifs.
Rehausser les taux d’intérêt rend le pays concerné plus attractif pour les investisseurs
étrangers, et favorise l’épargne nationale. Toutefois, ceci se passe au détriment de
l’investissement, de l’activité économique et de la consommation, et rend très difficile toute
création d’emploi même dans le contexte le plus favorable.
Si les objectifs fondamentaux de politiques d’ajustement recommandées par le Fonds sont,
de manière générale, le redressement de la balance des comptes courants et des finances
publiques, la reconstitution des réserves de change et la lutte contre l’inflation, il faut
cependant préciser qu’il existe un objectif implicite : amener le pays à développer une
économie de marché et c’est là le principe fondamental qui guide cette institution.
Favoriser l’économie de marché se fait, entre autres, par le biais des privatisations des
entreprises publiques, qui représentent la cible privilégiée du FMI, et la réforme du système
bancaire.
Le Consensus de Washington, que l’on présente comme l’unique chemin de la croissance
et du développement, a été remis en cause par J. Stiglitz à la fin de l’année 1997.
Stiglitz, économiste de la “ nouvelle école keynésienne”, réalise une critique radicale des
méthodes utilisées et des politiques économiques prescrites par le FMI lors de crise
61 Abraham-Frois G. et Desaigues B. (2003) : Du « Consensus de Washington » au « Consensus Stiglitzien », REP, 113 (1), pp. 1-14.
105
financière asiatique. Cette critique a d’autant plus de force qu’elle vient d’un « prix Nobel
d’économie » en 2001, conseiller économique du Président Clinton de 1993 à 1997 et vice-
président de la Banque Mondiale de 1997 à novembre 1999. Il faut signaler qu’il est
extrêmement rare d’avoir une critique aussi virulente et argumentée du FMI.
Dans son ouvrage « La Grande Désillusion », Stiglitz remet en question ce Consensus et
dévoile, à partir d’analyses concrètes, les échecs du FMI et leurs conséquences dramatiques
non seulement sur le plan économique mais également sur le plan social.
Stiglitz estime que le FMI a échoué dans sa mission de promouvoir la stabilité mondiale,
d’aider les pays en développement et en transition à d’obtenir la stabilité et la croissance :
« ces échecs ne sont pas des accidents, mais résultent de la façon dont il a compris sa
mission »62.
Le FMI a échoué lors de la crise financière asiatique. Lorsque celle-ci a débuté, le Fonds
s’est contenté d’appliquer les mesures préconisées par le Consensus de Washington dans les
pays d’Amérique latine. Quoique la situation fût totalement différente (à l'inverse des pays
d’Amérique latine, les pays asiatiques dégageaient un excédent budgétaire et les taux
d’inflation étaient faibles), le FMI impose aux pays d’Asie une politique budgétaire austère,
réduisant l’investissement dans le secteur de l’éducation et les infrastructures, et une politique
monétaire restrictive s’accompagnant d’une élévation des taux d’intérêt et mettant encore plus
en difficulté les entreprises endettées. Ces politiques non adaptées ont aggravé la récession de
ces pays. La faiblesse du système financier peut générer une instabilité macroéconomique.
D’où l’importance de la mise en œuvre de systèmes financiers puissants.
Concernant la mondialisation : « Aujourd’hui la mondialisation ça ne marche pas. Ça ne
marche pas pour les pauvres du monde. Ça ne marche pas pour l’environnement. Ça ne
marche pas pour la stabilité de l’économie mondiale. La transition du communisme à
l’économie de marché a été si mal gérée que, partout sauf en Chine, au Vietnam et dans
quelques rares pays de l’Europe de l’Est, la pauvreté est montée en flèche et les revenus se
sont effondrés »63. Cela ne veut pas dire que le problème central est la mondialisation et qu’il
faudrait l’abandonner. Selon Stiglitz c’est la façon dont la mondialisation a été gérée par les
62 Stiglitz J. : Op. cit., p. 255. 63 Stiglitz J. : Op. cit., p. 279.
106
institutions économiques internationales telles que le FMI, la Banque Mondiale et
l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), qui constitue le problème. Il suggère de la
remodeler afin qu’elle puisse fonctionner correctement. Si elle continue à être réglementée
comme auparavant, elle continuera de répandre la pauvreté et l’instabilité au lieu de produire
le développement. Il suggère donc des mesures pour réformer non seulement le FMI et le
système financier mondial, mais également la Banque Mondiale et l’aide au développement
ainsi que l’OMC.
Stiglitz propose aussi de redéfinir le rôle de l’Etat. A ses yeux, les marchés sont
imparfaits notamment au niveau de la concurrence et de « l’information imparfaite ». Pour
qu’ils fonctionnent correctement, il faut mettre en place des « infrastructures
institutionnelles » (les réglementations financières, la justice pour faire respecter les
contrats…).
Les pouvoirs publics et le secteur privé, selon Stiglitz, sont complémentaires et doivent être
dorénavant considérés comme des partenaires et non comme des opposants64.
En effet, l’Etat minimum doit être écarté puisque son rôle est indispensable. L’intervention
des pouvoirs publics pour limiter les imperfections du marché et créer les institutions
indispensables à son fonctionnement est nécessaire.
« Il est important de voir non seulement ce que le FMI met au programme, mais aussi ce
qu’il n’y met pas. La stabilisation y est, la création d’emplois non. Les impôts, et leurs effets
négatifs, y sont, mais la réforme agraire non. Il y a de l’argent pour renflouer les banques,
pas pour financer l’amélioration des services d’enseignement et de santé, et encore moins
pour secourir les travailleurs éjectés de leur emploi en raison de la mauvaise gestion
macroéconomique du FMI »65.
Au-delà d’un objectif assez limité qui est la croissance économique, Stiglitz « indique la
nécessité d’élargir les objectifs du développement : amélioration de la santé et de l’éducation,
développement soutenable, équitable – assurant que tous les groupes bénéficient du
développement – et démocratique, assurant une participation de chacun au processus de
décisions »66.
64 Abraham-Frois G. (2004) : Introduction à la macro-économie, p 414, Economica, Paris, 445 p. 65 Stiglitz J. : Op. cit., p. 117. 66 Abraham-Frois G. et Desaigues B. : Op. cit.
107
Section 2. Détérioration de l’économie nationale et rééchelonnement de la dette
extérieure
Dans de nombreux pays soumis aux politiques d'ajustement, même lorsque apparemment
l'ajustement « réussit », il se réalise souvent au prix d’un rehaussement du chômage, d'une
aggravation de la pauvreté et d’un accroissement des inégalités sociales.
Pour l’Algérie, l’application des politiques d’ajustement préconisées par le FMI en 1994 ainsi
que leurs implications sur le plan économique et social seront examinées dans les prochaines
sections. Cependant, il est intéressant de rappeler au préalable le cadre général de la situation
économique algérienne à la veille du rééchelonnement de la dette extérieure.
Dans la seconde moitié des années 1980, une détérioration de la balance des paiements
est enregistrée, elle est principalement due à la détérioration de la balance commerciale et à
une dette extérieure devenue un fardeau de plus en plus lourd à supporter par l’Algérie.
Le gouvernement algérien s’engage vers la fin des années 1980 dans une économie de
transition abandonnant l’économie planifiée et les industries industrialisantes. A l’époque, on
parlait des réformes économiques ayant pour objectif le redressement du secteur public par
une restructuration des entreprises publiques. Ces dernières sont invitées à se gérer de façon
autonome. Néanmoins, les tentatives d’auto-ajustement, engagées en 1987 et parachevées en
1989 et 1990 n’ont pas produit les effets attendus. Bien au contraire, la crise économique est
très critique. On relève vers la fin des années 1980 et le début des années 1990, une baisse de
la croissance économique, un endettement important, un taux de chômage très élevé et une
inflation galopante.
Dans son article intitulé Bilan Bi-décennal de l’économie algérienne, A. Souames
conclut que l’Algérie devra aller vraisemblablement et à court terme au rééchelonnement67.
Longtemps jugée comme indispensable, la mise en œuvre de cette stratégie est retardée car
elle implique une rupture systématique avec le modèle de pétro-financement68, d’Euro-
67 Souames A. (1989) : « Bilan Bi-décennal de l’économie algérienne », pp. 23-40, in Revue Travail et Développement, n°13, 1er trimestre, INTES, Tunis. 68 Pendant plusieurs années, la centralisation financière des ressources, notamment celles de la fiscalité pétrolière, procurait aux institutions financières des fonds destinés au financement de la croissance économique,
108
endettement et d’investissement industrialisant. La gravité de la crise monétaire et financière
finit par imposer l’option de rééchelonnement de la dette comme service d’appui à une
réforme totale du système d’organisation, de fonctionnement, d’intermédiation et de
régulation de l’économie.
Tableau 4-1 : Evolution des agrégats macroéconomiques de 1987 à 1994 (en % sauf la
balance commerciale)
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
Taux de croissance du P.I.B en volume -0,77 2,01 13,85 1,04 1,08 2,18 -2,84 -2,1
Dette Extérieure/ P.I.B. 37,70 44,26 48,77 45,08 59,7 54 50,4 69,4
Balance Com-merciale (109 DA) 5,87 -29,5 -43,0 -9,51 48,17 21,79 -16,8 -81,9
Taux de chômage 21,34 21,22 17,17 19,65 20,59 23,42 23,15 24,36
Taux d’inflation 7,4 5,9 9,2 17,9 25,8 31,6 20,52 29,04
Source : Calculs personnels établis à partir de :
- ONS (2001), Données Statistiques : Les comptes économiques de 1989 à 2000, n°338. - ONS (1999), Rétrospective Statistique 1970-1996. - ONS, Collection statistiques, n°57. Indice de prix à la consommation de 1969 à 1993. - ONS (1999), Collection n° 78, série E. - Banque d’Algérie : Situation de la dette extérieure de l’Algérie 90-99, janvier 2000. - Banque d’Algérie : Evolution de la dette extérieure de l’Algérie 1991-2001, Media-BANK, n°58,
février/mars 2002. - CNP (2001) : Activité, emploi et chômage de 1966 à 1999.
Rahiel M. H. (1989) : « Taux d’intérêt et régulation économique », in Les cahiers du CREAD : Régulation économique en Algérie, n° 18, ENAG, Alger, pp. 93-101.
109
Au titre de l’année 1993, le bilan économique est particulièrement alarmant. En effet,
comme on le constate dans le tableau 4-1, la dette extérieure représente la moitié du PIB. Le
taux de croissance réel est négatif alors que le taux de chômage et l’inflation sont très élevés.
Les recettes totales du pays deviennent insuffisantes pour honorer le service de la dette
extérieure. Dès lors le rééchelonnement devient inévitable.
Avant le rééchelonnement de la dette extérieure en 1994, l’Algérie s’était rapprochée
des institutions financières internationales après des tentatives d’auto-ajustement, entre 1986
et 1989, qui avaient abouti à un échec.
Il est intéressant de rappeler qu’un premier rapprochement a été matérialisé par la signature de
deux accords Stand by (de confirmation) d’une durée d’un an chacun. Le premier accord est
entré en application le 31/05/1989, et le second le 03/06/1991.
Tableau 4-2 : Les formes d'assistance du FMI à l'Algérie
(En millions de DTS*)
Date d'entrée en vigueur
Durée
Nature
Montant approuvé
31-mai-89
1 an
Accord de confirmation 155,7
03-juin-91 31-mars-92 Accord de confirmation 300
27-mai-94
1 an
Accord de confirmation 270,7
22-mai-95 3 ans FFCI** Facilité de financement élargie
457 1,16
* DTS : Droits de tirages spéciaux. ** Facilité de financement compensatoire. Source : Belhimer A. (1998) : Op. cit., p. 202.
110
Le programme des réformes du 3 juin 1991 a porté sur des mesures de type macro-
économiques notamment la libération des prix d’un certain nombre de produits
subventionnés, la libéralisation totale du commerce extérieur, et la dévaluation du dinar de
60% afin de se rapprocher le plus possible du marché parallèle. Compte tenu du climat
politique et social qui régnait à la fin de l’année 1991, la rigueur surtout salariale qu’implique
le deuxième accord de Stand by se révèle difficile à gérer.
La situation économique critique de l’Algérie en 1993 contraint les autorités à négocier
les conditionnalités d’un programme de stabilisation macro-économique69. L’Algérie signe en
1994 un nouvel accord de Stand by avec le Fonds Monétaire International pour une durée
d’un an. La signature de ce troisième accord débouche directement sur un autre accord dit
« élargi » de trois ans. Dans l’accord de confirmation (accord de Stand by), une politique
d’ajustement macro-économique dite de stabilisation, donc de court terme, est prescrite. Alors
que l’accord élargi appelé communément facilité de financement élargie (EFF), met en œuvre
une politique de moyen terme dite d’ajustement structurel.
Graphique 4-1
69 « On désigne sous le nom de conditionnalité, la surveillance que le FMI exerce sur les politiques des pays membres qui sont de grands emprunteurs », Paul R. Krugman et Maurice Obstfeld (2003) : Economie internationale, p. 619, De Boek, 4e édition, 858 p.
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
0
5000
10000
15000
20000
25000
30000
35000
EVOLUTION DE LA DETTE EXTERIEURE DE L'ALGERIE (en millions $ US)
111
La dette extérieure est rééchelonnée auprès du Club de Paris (pour la dette contractée
auprès des créanciers publics) et du Club de Londres (pour la dette contractée auprès des
créanciers privés). Le montant total des opérations de rééchelonnement s’élève à près de 16
milliards de USD.
Le remboursement qui a commencé le 31 mai 1998 s’étalera jusqu’au 30 novembre 200970. Il
s’effectue en 24 fois par tranches semestrielles croissantes, payables le dernier jour du mois
de mai et du mois de novembre de chaque année.
L’évolution de l’encours et du service de la dette extérieure totale de l’Algérie dans les
années 1990 est donnée dans le tableau 4-3. Entre 1991 à 1996, la dette extérieure totale est
passé de 27, 87 milliards de dollars américains à 33,65 milliards de $, soit une augmentation
de 5,77 milliards de $ en six ans et c’est en 1996 que la dette extérieure atteint son pic.
Tableau 4-3 : Evolution de la dette extérieure de l’Algérie et de son service de 1991 à 2002
(En milliards $)
70 Pour plus d’informations sur les échéances de remboursement de la dette rééchelonnée, voir l’ouvrage de Belhimer A. (1998) : La dette extérieure de l’Algérie, Editions Casbah, Alger, 286 p.
Agrégats
1991
1992
1993
1994
1995
1996
Dette Extérieure 27,87 26,67 25,72 29,48 31,57 33,65
Service de la dette 9,5 9,27 9,05 4,52 4,24 4,28
112
Suite
* Les intérêts et le remboursement du principal constituent ensemble le service de la dette. Source : Banque d’Algérie : MédiaBANK, n° 58, février- mars 2002. Banque Mondiale (2003) : Mémorandum. Amorcée en 1997, la tendance à la baisse de l’encours de la dette extérieure s’est
poursuivie jusqu’à l’année 2001. Cette année là, le dette extérieure s’élève à 22,57 milliards
de dollars US, soit une baisse de 8,65 milliards de $ au bout de cinq années.
Selon le Ministre des Finances A. Benachenhou, la dette extérieure s’élève, en 2003, à 22
milliards de dollars, dont 18 milliards de dette publique. Cependant, ces dernières sont
estimés à 30 milliards de dollars (la dette publique interne s’élève à 12 milliards de dollars)71.
A propos du service de la dette extérieure, quoique le montant soit élevé de 1991 à 1993,
on relève une faible diminution de 9,5 et 9,05 milliards de dollars pendant cette même
période.
De 1994 à 1997, le service de la dette s’est maintenu entre 4,24 et 4,52 milliards de dollars,
puis a atteint un niveau légèrement supérieur en 1998 année qui marque la fin du
rééchelonnement de la dette. Une certaine stabilisation est enregistrée entre 1998 et 1999,
durant la période l’Algérie doit verser annuellement près de 5,1 milliards de dollars à ses
prêteurs. Une baisse sensible jusqu’en 2001 est par la suite constatée.
71 Benachenhou A. : « Nous rembourserons la dette par anticipation », Journal Liberté du mardi 21 octobre 2003.
Agrégats
1997
1998
1999
2000
2001
2002
Dette Extérieure 31,22 30,47 28,31 25,26 22,57 22,6
Service de la dette* 4,46 5,18 5,11 4,5 4,46 3,8
113
Graphique 4-2 : Taux de croissance de la dette extérieure (txdettex) et des exportations de
biens et services (texs)
(En %)
A la lecture des indicateurs d’endettement (voir tableau 4-4 donné ci-après), il ressort
que le stock de la dette représente plus de la moitié du P.I.B. dans les années 1990. Au titre de
l’année de rééchelonnement, 1994, ce ratio s’élève à 69,4%. Ceci s’explique essentiellement
par :
l’accroissement de l’encours découlant de l’inclusion dans ce dernier des échéances
consolidées en 1994 ;
l’évolution à la baisse du P.I.B. exprimé en dollars à la suite de l’ajustement du taux
de change du dinar72.
Concernant le second ratio d’endettement (Dette/Exportations), le stock de la dette de
l’Algérie représente en moyenne plus de deux fois les recettes annuelles en devises du pays.
En 2000, l’encours de la dette se réduit à 108 % des recettes annuelles d’exportations. Ceci
s’explique essentiellement par la hausse des exportations due à l’amélioration des cours du
pétrole.
72 Banque d’Algérie (1995) : Media-Bank, n° 18, pp. 21-25.
-50
0
50
1 00
1 50
2 00
1 96 5 19 70 19 75 1 98 0 19 85 1 99 0 199 5 20 00
tx dettex texs
114
Tableau 4-4: Les indicateurs d’endettement de 1991 à 2002
(En %)
Source : Calculs personnels d’après :
- Banque d’Algérie : Situation de la dette extérieure de l’Algérie 90-99, janvier 2000. - Banque d’Algérie : Evolution de la dette extérieure de l’Algérie 1991-2001. - Banque d’Algérie : Media- Bank, n° 58, février/mars 2002. - ONS (2001), Données Statistiques : Les comptes économiques de 1989 à 2000, n°338. - Banque Mondiale (2003) : Mémorandum. - Banque d’Algérie (2002).
Le service de la dette par rapport aux exportations n’est plus que de 47,5% en 1998,
dernière année du rééchelonnement de la dette. Il s’améliore en 2000 par rapport à son niveau
enregistré les années précédentes.
La situation de l’économie nationale étant critique en 1993, contraint les autorités à
négocier les conditionnalités d’un programme de stabilisation macro-économique. En effet,
le niveau du service de la dette extérieure atteint en cette année là a entraîné l’Algérie dans
une situation de cessation de paiement fin 1993-début 1994, il est à l’origine du
rééchelonnement de la dette extérieure. Nous allons voir dans le chapitre suivant, les
principaux accords signés avec les IFI ainsi que leurs implications économiques et sociales.
.
Ratios
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
Dette extérieure /
P.I.B. 59,7 54,1 50,4 69,4 75,1 71,8 65,2 64,3 58,6 46,6 41,5 40,7
Dette / Exportations
208
218
237 301 282 235 215 274 205 108 118 120
Service de la dette / export
73,9
76,5
82,2 47,1 38,8 30,9 30,3 47,5 39,1 19,8 21,9 20 ,1
115
Chapitre 4
Principaux accords et leurs
impacts économiques et sociaux
L’effondrement du marché pétrolier au milieu des années quatre-vingt, contraint le
gouvernement à s’engager dans une économie de transition abandonnant l’économie planifiée
et les industries industrialisantes. Les autorités publiques s’engagent en 1987/88 dans un vaste
projet de réformes économiques devant déboucher sur une économie de marché. Ces
réformes ont pour objectif le redressement du secteur public par une restructuration des
entreprises publiques. Celles-ci sont invitées à se gérer de façon autonome. Néanmoins, ces
tentatives d’auto ajustement, parachevées au début des années quatre-vingt-dix n’ont pas
produit les effets escomptés.
En 1993, lorsque le prix du pétrole s’effondre de nouveau, les recettes totales deviennent
insuffisantes pour honorer le service de la dette. L’Algérie se trouve donc dans une situation
de cessation de paiement, et c’est ainsi, que les autorités publiques de l’époque ont fait
connaître leurs intentions de rééchelonner la dette extérieure.
Les pouvoirs publics algériens signent en 1994, avec les Institutions Financières
Internationales (IFI) deux accords : le premier appelé accord de Stand by (avril 1994 - mars
1995), le second, dit de Facilité de Financement Elargie, portant sur trois années (avril 1995 -
mai 1998).
Nous étudierons dans ce chapitre les principaux axes contenus dans ces accords et leurs
implications aussi bien sur le plan économique que sur le plan social. Les diverses mesures
préconisées par les IFI se rapportent : à la privatisation des entreprises publiques ; à la
libéralisation des échanges par une suppression du monopole du commerce extérieur détenu
par l’Etat ; aux réformes monétaires et à la restauration d’un taux de change réaliste ; à la
libéralisation des prix ; et à l’austérité budgétaire par la réduction des dépenses publiques qui
représente l’aspect principal des programmes d’ajustement au niveau des finances publiques.
116
Section 1. Entreprises publiques et privatisation La première série de mesures du plan d’ajustement se rapporte à la privatisation des
entreprises publiques. Les insuffisances du secteur économique public dans les années 1980
se traduisent par la sous-utilisation des capacités de production, l’inefficacité des modes de
gestion et de commercialisation dans les entreprises, la faiblesse de la productivité des
facteurs, ainsi que la position financière déficitaire.
Le processus des réformes engagé vers la fin des années 1980 a pour objectif
l’instauration de l’économie du marché. Il porte sur l’autonomie des entreprises publiques
économiques (EPE) et l’institution des fonds de participation. Ceux-ci sont des sociétés
fiduciaires qui vont gérer les actions de l’Etat.
Les EPE soumises au code de commerce sont appelées à se gérer de façon autonome sans
avoir recours à leur tutelle. En raison du manque de ressources financières ayant caractérisé
cette période, les réformes économiques n’ont malheureusement pas engendré la relance
espérée de développement.
Suite au programme d’ajustement structurel appuyé par le FMI, les réformes engagées en
1988 ont été approfondies en 1995 avec la loi sur les capitaux marchands de l’Etat. Le
gouvernement a opté pour une nouvelle restructuration du secteur industriel à travers
l’ordonnance sur la gestion des capitaux marchands promulguée en août 1995 et celle de la
privatisation le mois d’après. La privatisation est retenue comme la seule solution pour se
décharger des entreprises déficitaires.
Deux structures opérationnelles, en l’occurrence les holdings puis le Conseil de
Privatisation, ont été mises en place en 1996.
Les holdings propriétaires des entreprises sont régis par la loi des capitaux marchands de
l’Etat sous la tutelle du Conseil National des Participations de l’Etat (CNPE), composé de
Ministères et présidé par le chef de gouvernement. Ils jouissent d’une autonomie
patrimoniale, juridique et économique et doivent « constituer les instruments de réalisation de
117
la nouvelle politique industrielle en respectant les nouvelles règles du jeu : performance
productive, rentabilité financière et compétitivité ».73
Leur création, en remplacement de huit fonds de participation qui se sont révélés des
actionnaires sans pouvoir et sans moyens, ouvre juridiquement la voie à la cession des actions
de certaines entreprises publiques détenues jusqu’à maintenant par l’Etat. L’objectif est la
restructuration du secteur public économique et la privatisation.
Près de 400 entreprises publiques ont été réparties entre onze holdings. Ceux-ci ne
couvrent pas le secteur financier ni celui des hydrocarbures, mais concernent l’ensemble des
secteurs suivants74 :
mines,
mécanique,
sidérurgie - métallurgie,
agro-alimentaires divers,
électrique-électronique, informatique et télécommunications publiques nationales,
services,
bâtiments et matériaux de construction,
réalisation et grands travaux,
chimie-pharmacie,
industries agro-alimentaires de base,
et industries manufacturières.
Cinq holdings régionaux chargés des entreprises locales autonomes : au centre (Tipaza), à
l’est (Constantine), au sud-est (Biskra), à l’ouest (Oran) et au sud-ouest (Béchar), ont ensuite
complété les onze pré-cités75.
73 Bouzidi : Op. cit., p. 75. 74 Benachenhou A. (1998) : « Bilan d’une réforme économique inachevée en méditerranée », pp. 67-88, in Les cahiers du CREAD, n° 46/47, 213 p. 75 Mebtoul A. (2002) : Op. cit., p. 127.
118
Dans la nouvelle organisation, les EPE sont plus autonomes. Contrairement aux fonds
de participation qui se sont révélés des actionnaires sans pouvoir et sans moyens et n’ont pas
généré la relance économique attendue, les holdings disposent de tous les attributs de
propriétaire. Dès lors, ils sont le seul interlocuteur que connaîtront les EPE.
Installé le 21 septembre 1996, le Conseil de Privatisation a été gelé pour des raisons que
nous ignorons76 et n’a été opérationnel qu’en juin 1998, plus précisément en septembre 1998
avec le déblocage des moyens financiers. Cette date correspond à la parution du décret
exécutif portant sur le premier lot des entreprises privatisables. Sans ce décret le Conseil de
Privatisation ne peut aux termes de la loi en vigueur opérer.
Le Conseil de Privatisation n’a donc eu qu’une année d’existence opérationnelle
puisqu’il a été gelé par le gouvernement en septembre 1999. A ce propos, le Président du
Conseil de la Privatisation, A. Mebtoul écrit : (…) « le 21 septembre 1999, le gouvernement
décide de geler le conseil de privatisation et toutes les opérations en cours portant un
préjudice moral au pays du fait que dans un Etat de droit l’on assure la continuité des
institutions tout en corrigeant les erreurs du passé. Or, il semble bien que ces opérations se
déroulant dans une transparence, qui ont vu 25% d’investisseurs internationaux, 50% de
privés nationaux et surtout 25% de collectifs de travailleurs se porter acquéreur, face à la
peur de la réussite, qui dérange les intérêts de la rente que l’on a bloqué ces opérations »77.
La situation socio-politique difficile que connaît l’Algérie depuis plus d’une dizaine
d’années a entraîné une lenteur en matière de progrès dans le processus de privatisation. Une
panoplie de raisons est à l’origine de la progression difficile des privatisations, notamment :
les opérations de privatisations relevant de nombreuses structures tels que les
Ministères, les holdings, le Conseil de Privatisation et les Walis ;
la complexité des procédures administratives. Dans un pareil cas, la lenteur et les
retards deviennent inévitables ;
76 Selon le Président du Conseil de Privatisation, le gouvernement a décidé de geler le Conseil pour des raisons d’ordre politique. 77 Mebtoul A. : Op. cit., p. 255.
119
le problème des titres de propriété sur le patrimoine des entreprises qui n’a pas été
résolu par le Ministère des Finances – Direction des Domaines – ;
la faiblesse du système bancaire.
La nouvelle ordonnance n° 01-04, du 20 août 2001 relative à l’organisation, la gestion et
la privatisation des entreprises publiques économiques dissout les holdings : « Les holdings
publics sont dissous par leurs assemblées générales extraordinaires dans un délai d’un mois
à compter de la date de promulgation de la présente ordonnance » (art.40).
Les onze holdings sont remplacés par un système d’organisation et de fonctionnement
simplifié, qui regroupe les entreprises par secteurs d’activité, ce sont des entreprises publiques
économiques dénommées « Sociétés de Gestion des Participations – SGP – » au nombre de
28. Le Conseil National des Privatisations a été rebaptisé Conseil des Participations de l’Etat
et une Commission de contrôle des opérations de privatisation a été instituée. Les SGP ont
pour mission de préparer les entreprises placées sous leur tutelle à la privatisation et au
partenariat.
En 2001, on assiste à la privatisation de la première grande entreprise publique
économique, le complexe sidérurgique d’El Hadjar SIDER. Ce dernier a été cédé à hauteur
de 75 % à une société indienne de sidérurgie (Ispat).
A propos de la Sonatrach, considérée comme le pilier du secteur industriel public
algérien, une vive polémique est apparue depuis la fin des années 1990 sur sa privatisation.
La préparation en 2002 d’un projet de loi relatif au secteur des hydrocarbures visant à ouvrir
le secteur à l’économie de marché a été fortement contestée par les syndicats. Il peut être
intéressant de rappeler que la Sonatrach, fondée en 1963, a bénéficié de la nationalisation des
intérêts étrangers dans le secteur des hydrocarbures en 1971. Depuis, elle a découvert de
nouveaux gisements de pétrole et de gaz (50 découvertes de gisements d’hydrocarbures de
1995 à 2000), sa production n’a cessé de croître pour l’amener au 5ème rang mondial pour les
réserves en gaz et au 14ème pour les réserves en pétrole78.
78 Chitour C. (2003) : Pour une stratégie énergétique de l’Algérie à l’horizon 2030. Actes de la 7e journée de l’énergie, Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, OPU, Alger, 273 p.
120
Il est clair que la privatisation ne peut procurer des ressources qui allégeront les charges
budgétaires publiques dans l’immédiat. Seules les entreprises performantes peuvent trouver
des investisseurs et procurer des ressources à l’Etat. La privatisation ne se fait pas du jour au
lendemain ; une politique de privatisation est une œuvre de longue période et si elle est bien
menée, elle génère la relance des investissements et donc la croissance. Elle procure aussi des
ressources à l’Etat et allège le fardeau de la dette extérieure.
Dans les pays en développement, le coût social des licenciements revêt diverses formes :
« la violence urbaine, l’augmentation de la criminalité, les troubles sociaux et politiques,
l’angoisse générale, y compris chez les salariés qui ont réussi à garder leur emploi, le
mécontentement massif, la déscolarisation des enfants pour qu’ils contribuent à soutenir
financièrement le foyer »79.
En Algérie, la privatisation a été beaucoup critiquée car au lieu d’engendrer la croissance
économique et de créer de nouveaux emplois, elle a plutôt généré un licenciement massif des
salariés.
La situation dans le domaine de l'emploi s'est dégradée. L'absence d'investissements
nouveaux, ainsi que les licenciements des employés, liés aux restructurations des EPE et à
leur fermeture, ont contribué à l'aggravation du chômage. Il frappe surtout les jeunes, et les
primo-demandeurs d’emploi (sans aucune expérience professionnelle) mais aussi les
travailleurs licenciés pour des raisons économiques. On assiste également à un accroissement
de la population féminine à la recherche d’un emploi.
Selon le bilan dressé par l’Inspection Générale du Travail (arrêté au 30 Juin 1998), plus
de 360 000 salariés ont perdu leur emploi ou ont été mis en chômage technique entre 1994 et
1998 (dont 212 900 suppression d’emplois, 50 700 départs en retraite anticipée et 100 800
personnes en chômage technique).
79 Stiglitz J. E. (2002) : Op. cit., pp. 86-89.
121
Tableau 4-5 : Evolution du taux de chômage, de la part de l’emploi non structuré dans la
population employée et taux de croissance réel du PIB
(En %)
* Il s’agit de l’emploi du secteur informel en pourcentage de la population employée totale . Source : Calculs personnels d’après :
- CNP (2001), Document interne : Activité, emploi et chômage de 1966 à 1999. - Algérie 97 : Année économique et société, Ecotechnics. - Conjoncture 1998, n°46. - ONS (1999), Rétrospective Statistique 1970 – 1996. - ONS (2001), Données Statistiques : Les comptes économiques de 1989 à 2000, n°338. - Banque Mondiale (juin 2003) : Mémorandum du Président de la BIRD. - Banque d’Algérie (2002) : Rapport annuel.
Comme on le constate à la lecture des données chiffrées portées dans le tableau 4-5, le taux
de chômage passe de 20,5% en 1991 à 23,1% en 1993.
En 1994, date de la signature de l’accord du rééchelonnement de la dette extérieure, le taux
de chômage s’élève à plus de 24%. Il faut remonter à l’année 1971 pour retrouver un taux
aussi élevé. Le taux de chômage en 1995 atteint 28,1%. Il a pu être contenu à ce niveau entre
1996 et 1997 grâce au recrutement massif des gardes communaux (plus de centaines de
milliers) chargés d’assurer, en liaison avec les forces de sécurité, le maintien de l’ordre public.
1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001
2002
Taux de chômage 20,5 23,4 23,1 24,3 28,1 28,2 28,6 28,0 29,2 30,0 NA
NA
Emploi non struc-
turé * 12,6 13,8 15,2 16,1 17,1 17,5 18,8 18,9 19,3 20,2 19,9
21,1
Taux de croissance du P.I.B.
1,08 2,18 -2,84 -2,1 4,69 1,9 1,13 5,1 3,2 2,4 2,1
4,1
122
Graphique 4-3 : Taux de chômage en pourcentage de 1990 à 2000
10
15
20
25
30
35
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000
%
La restructuration du secteur public économique en 1997-1998 a entraîné de nombreuses
pertes d’emplois. Le taux de chômage reste élevé, il est de 28% en 1998 alors qu’en 1990, il
atteignait 19,6%. En l’an 2000, 30% de la population active est au chômage ; c’est un taux
record jamais connu en Algérie pendant les trois dernières décennies.
La perte d’un emploi entraîne la disparition de toutes les actions sociales assurées par
l’entreprise publique au profit de ses salariés, notamment les services dispensés par les centres
médico-sociaux de l’entreprise : remboursement des frais médicaux par la caisse de sécurité
sociale, approvisionnement en marchandises à de bas prix auprès des coopératives de
consommation80.
Par ailleurs, le développement accru des activités informelles dans la structure de
l'emploi est aussi une autre conséquence de l'aspect récessif de l'ajustement. Le secteur
informel, qui regroupe des personnes travaillant pour leur propre compte, dépourvu de
registre de commerce et donc non enregistré auprès des services fiscaux, et ne payant pas de
charges sociales, progresse de façon soutenue comme le montre le tableau 4-5. La proportion
de l’emploi non structuré, qui concernait 12,6% de la population occupée en 1991 passe à
16,1% en 1994, en représente 20,2% en 2000 puis 21,1% en 2002.
80 Bouzidi : Op. cit., pp. 91-92.
123
Ce phénomène à caractère temporaire ne peut pas constituer une solution en soi puisqu’il
concerne essentiellement des activités pas ou très peu productives (activités commerciales de
revente de marchandises, travail à domicile, etc.).
Concernant la situation économique globale au cours des années 1990, elle ne s’est
guère améliorée. Le taux de croissance en termes réels a été très faible et même négatif au
début des années quatre-vingt-dix. Il devient positif en 1995.
Si l’un des objectifs macro-économiques du programme du FMI est de faire passer le taux de
croissance réelle à 5,3% en 1995 et 1996, il semble qu’après la première année du
rééchelonnement de la dette extérieure, la récession soit jugulée puisque la croissance du PIB
passe de -2,8% en 1993 à -2,1% en 1994 pour atteindre 4,69% en 1995.
Tableau 4-6 : La contribution à la PIB de l’agriculture, des hydrocarbures et de l’industrie
et taux de croissance
(En %)
(a) Taux de croissance
Source : Calculs personnels d’après ONS (2001) : Les comptes économiques de 1989 à 2000, n° 338.
Secteurs
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
13 15,3 14,2 12,6 13 13,6 11 14 13,13 9,6 Agriculture
(a) 39,2 47,1 2,1 11,1 35,0 41,4 -12,6 25,5 11,1 -3,7
34,7 29,8 27 28,5 32 36,6 38 29 34,59 47,7 Hydrocarbures
(a) 88,7 6,0 -1,2 32,3 54,4 48,4 11,8 -23,9 39,6 82,3
14 15,1 14,2 14 12 10,4 10 11,6 10,5 8,3 Industrie
(a) 48,7 27,8 2,9 23,5 20,0 10,1 4,6 15,1 5,3 4,9
124
En revanche, on doit signaler qu’il y a là plus d’éléments exogènes que de facteurs
endogènes (bonne pluviométrie, renchérissement du cours du pétrole). En effet,
l’augmentation de ce taux relevée en 1995 résulte de l’accroissement appréciable de la
production d’hydrocarbures et de la production de l’agriculture comme en témoignent les
données chiffrées portées dans le tableau 4-6.
L’élévation de la croissance économique en volume de l’ordre de 5,1% constatée en
1998, est due à la reprise des secteurs industriel et agricole. Il faut souligner que la relance du
secteur industriel cette année là est le résultat du développement du secteur privé dans
l’industrie agro-alimentaire et les biens de consommation. Celle du secteur agricole est due à
la bonne pluviométrie et à un retour progressif à l’appropriation privée des terres. Au cours
de cette même année (1998), on a enregistré une hausse de la production industrielle et
agricole de l’ordre de respectivement 15% et 25,5%.
En 2000, le PIB en volume enregistre un taux de croissance de l’ordre de 2,4% grâce au
secteur des hydrocarbures. La vitalité de ce secteur s’explique surtout par l’exploitation de
nouveaux gisements ces dernières années.
Néanmoins, cette croissance du PIB en 2000 est en deçà des prévisions initiales, en raison
notamment de la mauvaise année agricole et de la faible croissance du secteur public
industriel. En 2001, pour la septième année consécutive, le taux de croissance du PIB réel est
positif. La Banque Mondiale estime à 4,1% le taux de croissance en 2002.
Le Ministre des Finances A. Benachenhou soutient que le PIB connaîtra une croissance de
6,5% en 2003. Cette augmentation est tirée essentiellement de l’agriculture avec un taux de
croissance de 16%, des hydrocarbures avec un taux de croissance de 6,6% et du BTP avec un
taux de 7,5%. Le point faible, selon le Ministre des Finances, est le secteur industriel, dont les
performances sont insuffisantes pour créer plus d’emplois81.
81 Benachenhou A. (2003): Op. cit.
125
Tableau 4-6-bis : Répartition sectorielle de la croissance du PIB réel
(En %)
Source : Banque d’Algérie (2002) : Rapport annuel.
Concernant la privatisation du secteur industriel, on constate d’après les informations
portées dans le tableau 4-7, que le secteur industriel public reste prépondérant sur le marché
national en dépit des diverses mesures de privatisation entreprises au cours des années quatre-
vingt-dix. Néanmoins, ce secteur fragilisé par l’ouverture, est sinistré.
Doté de matériels obsolètes, et d’une gestion administrative trop lente, il souffre toujours
d’un dysfonctionnement de ses branches. Ce secteur qui représente une lourde charge pour
l’Etat, connaît d’autres difficultés caractérisées par une faible productivité, une faible
compétitivité de la production face aux produits d’importation et une sous-utilisation des
capacités de production.
Le taux de croissance de la production industrielle globale en termes courants est en chute
libre depuis le début des années 1990 jusqu’à 1997. Il atteint même un minimum de 2,9% en
1993. La valeur ajoutée industrielle est passée de 99,5 milliards de dinars en 1991 à 130,8
milliards en 1993, puis à 256,8 milliards en 1998 et atteint 283,7 milliards de DA en 2000.
Agrégats 1997 1998 1999 2000 2001 2002
Hydrocarbures 6,0 4,0 6,1 4,9 -1,6 3,7
Agriculture -13,5 11,4 2,7 -5,0 13,2 -1,3
Industrie manufacturière -7,6 9,2 -0,8 -1,9 -1,3 -1,0
Industrie du secteur privé 5,0 5,0 8,0 5,3 3,0 6,6
126
Tableau 4-7 : Taux de croissance de la production industrielle totale et part de la
production industrielle publique et privée dans l’activité industrielle
(En %)
Source : cf. Tableau 4-6.
On peut interpréter le faible taux de croissance de 1993 comme étant le résultat de la
restructuration des entreprises publiques, de la mise en chômage de nombreux salariés et
également de plusieurs opérations de sabotage menées contre les unités industrielles
(télécommunication, infrastructures routières et ferroviaires, etc.).
Le taux de croissance de la production industrielle totale connaît ensuite une évolution
assez erratique : il est de l’ordre de 20% en 1995, retombe à moins de 5% en 1997 pour
atteindre 15% en 1998 et tomber à nouveau à près de 5% en 2000.
La reprise de 1998 s’explique par le développement du secteur privé essentiellement dans
l’agro-alimentaire et les biens de consommation courante.
La part du secteur industriel public dans la production industrielle globale est largement
dominante, elle s’élève à plus de 84% en 1993, puis suit une tendance décroissante mais
représente près de 65% en 2000.
1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000
Taux de croissance de la Production
Industrielle 48,7 27,8 2,9 23,5 20 10,1 4,6 15,1 5,3 4,9
Part de la production Indus-
trielle publique 76,5 82,6 84,2 83,5 83,4 81,7 77,2 73,4 66,4 64,9
Part de la production Indus-
trielle privée 23,5 17,4 15,8 16,5 16,6 18,3 22,8 26,6 33,6 35,1
127
Tableau 4-8 : Structure de la production industrielle totale par branches d’activité
économique
(En %)
Source : cf. Tableau 4-5.
Par branches d’activité économique, le déclin le plus important de la production
industrielle, est enregistré dans les Industries Sidérurgiques, Métallurgiques, Mécaniques et
Electriques (ISMME), comme le montre le tableau 4-8. Il s’agit du noyau de l’industrie
algérienne, précisément celui autour duquel se construit tout le tissu industriel.
Si en 1991, la production des ISMME représente 30,9% de la valeur ajoutée du secteur
industriel ; en 1994, elle chute à 25,3%, et en 2000 elle ne présente que 11,9% de l’activité.
La détérioration continue de cette composante de la production industrielle ressemble
davantage à une désindustrialisation.
Branches 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000
Eau & Energie 6,5 8,5 8,5 8,4 9,9 11,7 13,7 13,9 14,8 15,5
ISMME 30,9 29,6 27,4 25,3 23,9 18,4 12,3 11,7 12 11,9
Industrie agro-alimentaire 24,6 24,2 23,8 26,6 23,3 28,2 31,2 34 35,5 35,2
Matériaux de construction 9,3 10,8 10,8 10,2 11,7 12,2 11,3 11,2 9,3 9,4
Chimie, Caout- chouc &Plastique 8,9 7,2 6,8 8,5 8,4 7,2 8,2 7,4 7,3 8
Mines, Carrières et autres 19,8 19,7 22,7 21 22,8 22,3 23,3 21,8 21,1 20
Total 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100
128
Tableau 4-9 : Part du secteur industriel privé dans les branches d’activité économique
(En %)
Source : cf. Tableau 4-5.
Le secteur industriel privé qui commence à prendre de l’ampleur à partir de 1994,
première année du rééchelonnement de la dette extérieure, voit sa part dans la production
industrielle en augmentation régulière au détriment du secteur public. Elle passe de 16,5% en
1994 à 35% en 2000 (cf. Tableau 4-7). Il est intéressant de préciser que cette hausse dans le
secteur privé est fortement contrastée selon les branches d’activité économique comme le
montre le tableau 4-9.
Branches 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000
Mines & Carrières 17,2 4,5 2,9 4,7 4,6 3,8 4,6 4,1 4,8 4,7
ISMME 5,1 4,6 5,08 6,2 7,2 7,4 9,08 8,1 7,9 7,7
Matériaux de construction 10,7 7,4 8,5 10,7 8,8 10,6 16,8 18,4 27,04 27,7
Chimie, Caout- chouc &Plastique 25,8 19 17,5 14,2 12,8 11,8 10,3 17,2 18,9 16,7
Industrie agro-alimentaire 54,6 44,3 41,2 37,4 40,8 40,1 47,9 52,4 66,3 70,7
Textile & Confection 26 18,2 11,04 13,4 31,5 48,9 56,3 65,1 73,08 76,8
Cuire & Chaussures 29,7 27,4 30,07 29,7 24,8 43,2 45,9 48,4 57,5 61,3
Bois, Lièges et Papiers 25,7 22,9 15,1 21,4 24,9 23,3 28,3 31,4 38,3 39,9
129
Au titre de l’année 1993 par exemple, les entreprises privées contribuaient à la
production industrielle globale, pour 30% dans la branche des Cuirs et Chaussures, pour 15%
dans celle du Bois, Lièges et Papiers, 41,2% dans l’Industrie Agro-alimentaire, 17,5% dans la
Chimie, le Caoutchouc et les Plastiques, 11% dans les Textiles et les articles de Confection,
8,5% dans les Matériaux de Construction mais seulement pour 5 % dans les Industries
Sidérurgiques, Métallurgiques, Mécaniques et Electriques (ISMME) et 2,9 % pour les Mines
& Carrières.
Le nombre d’entreprises publiques dans l’industrie s’élève à 374 en 1993, puis il passe en
1994 à 362, soit la fermeture de douze entreprises dont six qui ont été fermées dans le
branche de Matériaux de Construction, quatre dans la branche du Bois et Papiers et deux
entreprises dans l’Agro-alimentaire. Cette diminution des entreprises de grande taille s’est
effectuée au profit d’un accroissement du nombre des entreprises de petite taille relevant de
secteur privé. En 1994, on dénombrait 26 200 entreprises industrielles privées82.
D’après le Bulletin Officiel du Conseil National Economique et Social (CNES), 815
entreprises ont été fermées de 1994 à 1998 comme en témoigne le tableau (4-10).
Les entreprises fermées sont principalement des entreprises publiques locales (EPL)
représentant 83,3% du nombre total d’entreprises, les entreprises publiques économiques
(EPE) ne représentant que 16,4% du total.
Le secteur qui a enregistré le plus grand nombre de fermetures d’entreprises est celui de
l’industrie avec un taux de 54,35% dont 86,45% sont des entreprises publiques locales. Vient
ensuite le secteur du BTPH (Bâtiment, Travaux Publics et Hydraulique) avec 30% des
entreprises fermées dont 78,3% d’EPL.
Dans le cadre de la liquidation des entreprises publiques locales, un ensemble d’actifs a été
vendu aux salariés, cependant aucun bilan n’a, à notre connaissance, encore été communiqué.
82 Abdoun R. (1998) : « Un bilan du programme de stabilisation économique en Algérie (1994-1998) », p. 32, in Les cahiers du CREAD, n° 46.
130
Tableau 4-10 : Répartition des entreprises fermées par secteur d’activité et par statut
juridique (au 30 Juin 1998)
Secteurs EPE EPL Entreprises privées Total
Agriculture 5 18 2 25
Industrie 60 383 - 443
BTPH 54 195 - 249
Services 15 83 - 98
Total 134 679 2 815
Source : Bulletin Officiel n°6 du Conseil National Economique et Social (CNES) : Rapport préliminaire sur les effets économiques et sociaux du PAS, 12e édition.
Comme on l’a préalablement mentionné, le taux de croissance du PIB dépend non
seulement de la production d’hydrocarbures mais également de la production agricole. Celle-
ci reste fortement liée aux conditions climatiques.
En effet, après une campagne agricole 1995/96 considérée comme bonne dans son ensemble
et qui a permis d’atteindre des niveaux de production élevés, les conditions climatiques
enregistrées lors de la campagne agricole 1996/97, exceptionnellement sèche, mettent en
exergue, une fois encore, la fragilité des systèmes de production et l’insuffisante efficacité des
dispositifs d’encadrement de la production agricole.
L’année agricole 1996/1997 a principalement été caractérisée par un déficit
pluviométrique très important sur l’ensemble des zones de production, à l’exception de la
zone littorale Est qui a été un peu épargnée, d’où la chute importante de la production agricole
(le taux de croissance en termes courants est négatif : -12,6%). Outre la sécheresse, cette
baisse importante peut tout aussi bien être liée à la situation « sécuritaire » dans certaines
régions notamment dans les plaines de la Mitidja (terres très fertiles).
131
En 1998, l’agriculture contribue pour près de 14% à la valeur ajoutée (voir tableau 4-6).
Ces résultats satisfaisants sont attribuables non seulement aux conditions climatiques
favorables mais également au retour progressif à l’appropriation privée des terres et à la
privatisation des coopératives. L’agriculture enregistre un recul notable en 2000 par rapport à
l’année précédente. Le niveau de la croissance dans le secteur agricole, caractérisé par une
baisse en termes courants de -3,7%, continue de dépendre dans une large mesure des
conditions climatiques. La sécheresse de l’an 2000 a eu des répercussions néfastes sur la
production agricole.
Outre les conditions naturelles difficiles, le secteur agricole reste confronté à la
dégradation des milieux naturels, due à l’accélération de l’érosion des sols et à la
désertification qui constituent une menace réelle pour l’équilibre écologique national.
Il s’est avéré nécessaire de compenser le déficit de la production agricole (celle-ci utilise à son
tour de nombreux inputs importés) par des importations des biens alimentaires insuffisants ou
pas produits localement, compte tenu de la croissance rapide des besoins de consommation
essentielle comme en témoignent les informations portées dans le tableau 4-11 émanant de la
Direction Générale des Douanes.
Au titre de l’année 1993, les importations de biens de consommation (alimentaire et non
alimentaire) représentent 38 % des importations de biens et passent à 43,6% l’année d’après,
correspondant ainsi à des montants de 3372 et 4086 millions de dollars américains
respectivement. En 2000, la part des importations en produits alimentaires et non alimentaires
dans les importations de marchandises représente 41,5% avec un montant global de 3808
millions de dollars.
Les biens d’équipement industriel importés représentent à partir de 1996 près du tiers
des importations de marchandises et atteignent en 2000 un taux de 33,4% correspondant à un
montant de 3068 millions de dollars.
132
Tableau 4-11 : Evolution des importations de biens par catégories de produits
de 1991 à 2001
(En %)
Source : Calculs personnels d’après la Direction Générale des Douanes (2002) : Centre National d’Informatique et des Statistiques (CNIS).
En matière d’acquisition de bien d’équipement agricole, on note la faiblesse de la part qui
leur est consacrée dans les importations de biens. Les autorités publiques ont consacré une
part dérisoire des importations totales de biens à l’acquisition de matériel agricole, au cours
de cette dernière décennie.
Le coût social de la privatisation est lourd de conséquences. En se lançant dans la
liquidation du secteur public, les autorités publiques ont aggravé le chômage et donc la crise
sociale.
Années Biens de consommation
Biens d’équipement
industriel
Biens d’équipement
agricole
1991 34,61 30,51 1,99
1992 38,6 29,09 0,61
1993 38,37 29,21 0,63
1994 43,63 25,93 0,35
1995 41,85 27,3 0,38
1996 40 33,22 0,45
1997 41,88 32,61 0,24
1998 40,97 33,18 0,46
1999 40,4 35,12 0,78
2000 41,53 33,44 0,92
2001 38,84 34,56 1,56
133
La privatisation dans le secteur agricole a été amorcée en 1987 suite aux réformes
économiques. Il semble intéressant de comparer l’évolution enregistrée dans la population
employée des secteurs industriel et agricole (se référer au tableau 4-12).
Dans le secteur industriel (hydrocarbures compris), un déclin continu et régulier des
effectifs est constaté au cours de la décennie quatre-vingt-dix et ce, jusqu’à l’année 2002 en
raison non seulement de la fermeture de grandes entreprises mais également à la suite des
licenciements liés à la restructuration des entreprises publiques.
Tableau 4-12 : Part de l’emploi industriel et agricole dans la population totale employée
(Emploi structuré)
(En %)
* Y compris l’emploi dans le secteur des hydrocarbures.
Source : Calculs personnels d’après : - CNP (2001), Document interne : Activité, emploi et chômage de 1966 à 1999. - Banque d’Algérie (2002) : Rapport annuel.
A la lecture de ce tableau, on constate un déclin permanent de la part de l’emploi
industriel dans la population totale employée qui perdure jusqu’à la fin de la période. Au titre
de l’année 2002, la part des effectifs industriels représente 9,2 % de la population
effectivement employée.
En revanche, l’emploi dans le secteur agricole en pourcentage de la population totale
employée est resté quasiment stable jusqu’à l’année 1999. Après une légère baisse enregistrée
en 2000, l’emploi agricole s’élève à 1,3 millions, dont 25,5% dans l’emploi total structuré
l’année suivante. En 2002, les actifs agricoles sont estimés à 1,4 millions représentant ainsi
26,4% de la population occupée.
1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002
Emploi * industriel 12,9 12,6 12,4 12,2 11,5 10,8 10,3 10,1 10,06 9,9 9,6 9,2
Emploi agricole 24,5 24,6 24,2 23,6 24,06 24,8 24,24 24,28 24,19 23,8 25,5 26,4
134
Au lieu d’être un facteur de croissance économique, la privatisation en Algérie a été
synonyme de baisse de niveau de vie. La croissance économique globale demeure faible. Elle
est essentiellement liée aux performances du secteur agricole dépendant à son tour des
conditions climatiques, ainsi qu’à l’accroissement de la production d’hydrocarbures. Ces
derniers continuent de procurer la quasi totalité des recettes.
En outre, globalement, les privatisations ont trouvé peu d’acquéreurs et la réaction du
marché national a été défavorable : trop d’unités économiques ont été mises en vente en
même temps sur ce marché, ce qui a cassé les prix et permis aux éventuels acheteurs de se
focaliser sur les quelques entreprises certainement et rapidement rentables, en délaissant les
autres.
On peut donc dire que les conséquences de la privatisation sont multiples ; il n’y a pas eu
finalement la croissance économique souhaitée ni d’ailleurs une création de nouveaux
emplois. Bien au contraire, on assiste à un licenciement des salariés et une augmentation du
taux de chômage.
Face à l’aggravation du chômage, des programmes de lutte contre le chômage ont été
mis en œuvre, notamment le programme Emplois Salariés d’Initiative Locale (ESIL), le
programme Travaux d’utilité publique à haute intensité de main-d’œuvre (TUPHIMO), le
programme Contrat Pré Emploi (CPE), et le programme d’aide à la création de micro
entreprises. Il y a lieu de mentionner qu’un programme de soutien à l’emploi par l’octroi de
micro crédits a été également préconisé.
Le programme Emplois Salariés d’Initiative Locale
La création du programme « Emplois Salariés d’Initiative Locale » a pour objectif
l’occupation temporaire des jeunes pour une durée maximale d’une année. Le recrutement
des jeunes est assuré par les collectivités locales. Ce dispositif a pour fonction de permettre
aux jeunes chômeurs d’acquérir une expérience professionnelle, au sein d’une unité de
production ou d’une administration.
135
Le programme Travaux d’utilité publique à haute intensité de main-d’œuvre
Ce programme s’adresse également aux jeunes primo-demandeurs ayant un niveau
d’instruction peu élevé, et la nature des emplois offerts est provisoire. Les emplois proposés
concernent des travaux d’entretien et de restauration, au niveau des communes.
Le programme Contrat Pré-Emploi
Dans ce programme mis en place en 1998, la population ciblée appartient à la tranche
d’âge des 19 à 35 ans, et représente les chômeurs diplômés, universitaires ou techniciens
supérieurs. Les personnes ayant été préalablement occupées dans les deux programmes sus-
mentionnés sont également admises. Il s’agit d’un contrat à durée déterminée (un an) qui
peut être renouvelé une seule fois pour une durée de six mois, à la demande de l’employeur.
Le programme d’aide à la création de micro-entreprises
Il s’agit d’un dispositif qui est destiné aux chômeurs souhaitant créer leur propre
entreprise ainsi qu’aux cadres victimes de compressions d’effectifs. Opérationnel depuis le
second semestre de 1997, ce dispositif a engendré, à la fin de cette année là, la création de 3
570 micro-entreprises déjà opérationnelles qui emploient 8 280 personnes.
Les projets peuvent bénéficier d’un financement public, ou être auto-financés. Le
financement mixte des projets est aussi possible.
Un fonds de garantie des investissements des micro-entreprises, sur financement public, est
créé en 1998, pour faciliter l’octroi de crédits bancaires.
Le micro-crédit
Ce dispositif (1999) consiste en l’octroi d’un crédit bancaire de soutien à la création d’une
activité choisie par le demandeur du micro-crédit. Il s’adresse à toute personne sans emploi,
âgée de 18 à 60 ans, et la somme susceptible d’être allouée est comprise entre 5000 DA et
350000 DA. Le demandeur doit impérativement disposer, en fonds propres, de 5% au moins
du montant du crédit dont l’octroi est sollicité, pour bénéficier de cette aide. Le crédit est
136
fourni par les banques, pour une durée de une à cinq années et ce en fonction du montant du
crédit demandé. Le bénéficiaire ne paye que 2% des intérêts bancaires83.
L’efficacité de ces différents dispositifs est limitée. Même s’ils permettent à leurs
bénéficiaires de disposer d’une première expérience professionnelle, ces dispositifs palliatifs
de soutien à l'emploi apparaissent insuffisants pour atténuer le problème du chômage. Ils
n’offrent pas de solution durable aux demandeurs d’emplois. Ils proposent un traitement
social plutôt qu’économique de la question du chômage.
Section 2. Libéralisation du commerce extérieur
La seconde série de mesures du plan d’ajustement a trait à la suppression du monopole du
commerce extérieur détenu par différentes entreprises nationales.
Il est intéressant de rappeler au préalable que l’Algérie a pris en 1963 des mesures
traditionnelles de contingentement, d’élévation des barrières douanières et de contrôle des
changes.
Dans ce cadre protectionniste, différents types de structures sont successivement mises en
places pour entreprendre les opérations du commerce extérieur, en l’occurrence :
la constitution de groupements professionnels d’achat (GPA) en 1964 ;
l’instauration du monopole de l’Etat sur le commerce extérieur en 1974 avec la mise
en place du régime des autorisations globales d’importations (AGI) accordées aux
seules entreprises publiques ;
le budget devises annuel remplace, en 1988, le système des AGI84. A son tour, le
budget devises annuel fut finalement remplacé par le budget devises pluriannuel en
199085 .
Au titre de l’année précédant le rééchelonnement de la dette, le bilan économique est
alarmant. En matière d’importations de biens, près de 8,8 milliards de dollars US sont
consacrés à l'acquisition de biens de consommation, d'alimentation, d'équipement industriel et 83 CNES : Rapport préliminaire sur les effets économiques et sociaux du PAS, Bulletin Officiel n° 6. 84Brahimi A. : Op. cit., p. 424. 85Benissad H. (1991) : Op. cit., p. 89.
137
agricole, de demi-produits et autres. La part des exportations d’hydrocarbures dans les
exportations de biens reste dominante.
D’après les informations du CNIS, les exportations de biens au cours de cette même année
sont de l’ordre de 10 milliards de dollars, dont 9,61 milliards de dollars pour le secteur de
l’énergie et des lubrifiants, représentant ainsi près de 95,3% du montant global. Le niveau du
service de la dette extérieure (9,05 milliards de dollars) entraîne l’Algérie dans une situation
de cessation de paiement et contraint le gouvernement à faire appel aux institutions
internationales pour négocier un accord de rééchelonnement de la dette extérieure.
Dans le domaine du commerce extérieur, l’objectif de l’accord de Stand by (1994) est le
renforcement de la stratégie d’intégration de l’économie algérienne dans l’économie
internationale par l’ouverture du commerce extérieur et le réalignement du taux de change et
des prix relatifs, en accordant un plus grand rôle aux forces du marché86.
Cet accord de confirmation met l’accent sur l’abolition des restrictions au commerce
extérieur, notamment aux importations. La libéralisation du commerce extérieur implique la
participation active de l’ensemble des opérateurs publics et privés dans ce type d’activités et
une ouverture sur tous les produits étrangers.
Diverses mesures destinées à libérer le commerce et les paiements sont prescrites par
l’accord de confirmation :
l’élimination des conditions de maturité minimale des crédits extérieurs destinés à
l’importation de biens essentiels dès le milieu de l’année 1995. Les faibles
importations payées cash ont été libéralisées par les pouvoirs publics en octobre
1994 ;
l’élimination graduelle de la liste des produits prohibés à l’importation en 1994. La
même année le comité ad hoc sur le commerce extérieur, instauré depuis 1992 pour
inspecter les importations à travers une liste de produits prohibés, est dissout ;
86Belhimer : Op. cit., p. 244.
138
l’élimination des restrictions aux importations de véhicules automobiles en décembre
1994 ;
A partir de décembre 1994, la liste des produits, dont l’importation est soumise à
l’observation de critères techniques est limitée aux produits alimentaires
subventionnés et aux produits pharmaceutiques87.
Les contingents et les licences d’importation sont supprimés. Pour le financement de
leurs importations, les opérateurs économiques ne sont plus soumis ni à un système de quotas,
ni à une autorisation préalable d'importation. Ils doivent seulement s'adresser à leur banque
qui cherche la couverture financière nécessaire pour le bouclage de leurs achats. Désormais, il
n’y a plus de contraintes aux opérations d’importation.
En s’engageant dans une politique d'ouverture de son espace commercial, l’Algérie
adopte un nouveau tarif douanier visant à simplifier les procédures tant à l'import qu'à
l'export. Ainsi, une réduction rapide des droits de douanes et un allégement des procédures
douanières ont été enregistrés.
Dans les pays en développement, l’objectif d’un désarmement tarifaire et non tarifaire est
difficile à atteindre, car « les droits de porte (et singulièrement les droits de douanes et taxes
sur les importations) représentent une part considérable des revenus des Etats dans les pays
en développement. Une réduction rapide des tarifs douaniers conduirait donc à accroître
fortement le déficit public »88.
En Algérie, le solde budgétaire en phase de rééchelonnement de la dette extérieure est
passé d’un solde déficitaire de 27,7 milliards de DA en 1994, à un solde excédentaire de 11,7
milliards de DA en 1995. Après trois années successives d’excédents de 1995 à 1997, on
assiste, en 1998, au retour du déficit budgétaire. Au titre de cette année, l’Algérie a perdu 6
$/baril par rapport à l’année 1997 ; chaque perte de 1 dollar américain a engendré une perte de
près de 30 milliards de dinars algériens, soit près de 510,8 millions de USD. Ainsi, le solde
budgétaire exprimé en proportion du PIB en termes courants est passé de -2,9% en 1997 à
87 Belhimer : Op. cit., pp. 237-240. 88 Raffinot M. (1991) : Op. cit., p. 149.
139
3,6% en 1998. Il est donc incontestable que la baisse du prix de pétrole soit à l’origine du
déficit budgétaire constaté en 1998.
Tableau 4-13 : Evolution des droits de douanes et du solde budgétaire de 1991 à 2000
(En milliards de DA et en %)
Source : Calculs personnels d’après :
- ONS (2001), Données Statistiques, Les comptes économiques de 1989 à 2000, n° 338. - Ministère des Finances (1996) et (2002), Direction Générale des Etudes et de la Prévision.
En se référant à l’hypothèse de Raffinot selon laquelle une réduction rapide des tarifs
douaniers conduirait à accroître fortement le déficit public, on ne peut que confirmer cette
hypothèse pour l’Algérie mais avec un retard d’une année. En effet, d’après les données
statistiques disponibles relatives aux droits de douanes, la réduction des droits douaniers en
1997 suite à la libéralisation de l’économie algérienne peut également être à l’origine de
l’accroissement du déficit budgétaire en 1998 (voir le tableau 4-13) qui, d’excédentaire en
1997, est passé à un solde déficitaire d’un montant de 101,2 milliards de dinars.
Droits de Douanes Solde budgétaire Années
109 DA % 109 DA % du PIB
1991 42,0 121,1 -37,1 -4,3
1992 36,3 -13,6 -8,1 -0,75
1993 35,5 -2,2 70,4 5,92
1994 48,7 37,2 27,7 1,86
1995 74,4 52,9 -11,7 -0,59
1996 84,3 13,3 -100,2 -3,90
1997 73,5 -12,9 -81,4 -2,93
1998 75,4 2,7 101,2 3,60
1999 80,2 6,3 11,1 0,35
2000 86,3 7,6 53,1 1,32
140
En ce qui concerne le cours du baril de pétrole, il s’est fortement apprécié sur le marché
mondial au milieu des années quatre-vingt-dix en passant de 16,8 $/b en 1995 à près de 20,3
$/b en 1996. Cette forte appréciation du prix du pétrole a généré une hausse de la valeur des
exportations qui passe de 533 milliards de DA en 1995 en termes courants à 781,6 milliards
de DA en 1996.
Tableau 4-14 : Croissance des exportations et des importations en volume, évolution
de la balance commerciale et prix de pétrole entre 1991 à 2000
Source : Calculs personnels d’après :
- ONS (2001), Données Statistiques : Les comptes économiques de 1989 à 2000, n° 338. - CNIS (2002), Direction Générale des Douanes. - Le pétrole et le gaz arabes – PGA - (1999), n° 717. - PGA (2002), n° 787 et n° 788.
Années Exportations
en termes réels %
Importations
en termes réels %
Balance Commerciale
en109 DA
Prix moyen du panier OPEP
en $/b
1991 -0,4 -18,8 48,17 18 ,62
1992 4,62 2,63 21,79 18,44
1993 -2,82 -4,77 -16,82 16,33
1994 0,79 8,85 -81,93 15,53
1995 7,09 1,13 -83,05 16,86
1996 9,44 -8,1 18,49 20,29
1997 4,18 -2,58 2,42 18,68
1998 4,71 10,43 -3,82 12,28
1999 7,62 3,21 17,94 17,47
2000 5,74 -2,09 920,71 27,6
141
Au cours de l’année 1998, la balance commerciale enregistre un manque à gagner de 3,8
milliards de DA. Cette baisse s’explique essentiellement par la chute des prix du pétrole qui
est passée de 18,6 $/b en 1997 à 12,28 $/b (voir tableau 4-14). Il faut remonter à 1977 pour
retrouver un niveau presque aussi bas que celui de 1998. En 1999, les prix du pétrole se sont
redressés atteignant 17,47 $/b puis 27,6$/b l’année d’après.
En reflétant la remontée importante du cours du pétrole en 2000, le solde commercial
enregistre un excédent de l’ordre de 920,7 milliards de dinars, record historique des trente
dernières années. Examinons maintenant l’évolution des hydrocarbures par produit exporté.
Si les années soixante dix ont été marquées par la mise en oeuvre du plan de valorisation
des hydrocarbures « Valhyd », puisque plus de la moitié des investissements s’effectuaient
dans la branche des hydrocarbures, les années quatre-vingt semblent traduire une volonté de
diversifier la nature des exportations. Lors de cette période, la Sonatrach a réalisé des
investissements très importants dans le domaine des liquides du gaz naturel. Cette valorisation
du gaz - installations de liquéfaction - a coûté des sommes colossales à l’Algérie.
A la lecture du tableau donné ci-dessous (tableau 4-15), on remarque la prédominance
des hydrocarbures dans les exportations globales de biens. Quant au tableau 4-16, il montre
l’évolution de la part des exportations d’hydrocarbures liquides et gazeux dans les
exportations d’hydrocarbures globales (EXHS).
De manière générale entre 1971 à 2001, on remarque une diminution de la contribution des
exportations d’hydrocarbures liquides (EXHLS) à savoir : le pétrole brut, le liquide de gaz
naturel (LGN) et les produits raffinés. A propos de la part des hydrocarbures
gazeux (EXHGS) : le gaz naturel (GN), le gaz naturel lignifié (GNL) et le gaz de pétrole
liquéfiés (GPL), elle a connu une nette progression. Il peut être intéressant de signaler qu’en
2002, un renversement de tendance est enregistré.
142
Tableau 4-15: Evolution des exportations de biens et part des hydrocarbures
de 1991 à 2001
(En millions de $ et %)
Source : Calculs personnels selon les données de la Direction Générale des Douanes (2002), Centre National d’Informatique et des Statistiques (CNIS).
Les recettes d’exportations d’hydrocarbures se sont élevées de 12,49 milliards de dollars
américains en 1996 à 13,37 milliards en 1997. Elles ont baissé à 9,85 milliards de dollars en
1998 soit près de 3,5 milliards de dollars de moins qu’en 1997.
En 1999, ces recettes sont de 12,08 milliards de dollars et atteignent en 2000 un niveau
impressionnant de 21,41 milliards de dollars.
Années Exportations de biens en 106 $ US
Hydrocarbures en % des exportations
1991 12101 96,91
1992 10837 95,85
1993 10091 95,25
1994 8340 96,56
1995 10240 95,02
1996 13375 93,42
1997 13889 96,32
1998 10213 96,5
1999 12522 96,5
2000 22031 97,3
2001 19132 96,62
143
Tableau 4-16 : Part des exportations de produits pétroliers et gazeux dans
les exportations globales d’hydrocarbures
(En %)
(1) Le gaz naturel exporté (en volume et en valeur) n’est disponible qu’a partir de 1979. (2) Quoique le GPL exporté soit disponible à partir de 1974, son prix ne l’est qu’à partir de
1981.
Produits exportés 1971/
1980
1981/
1990 1991 1992 1993 1994 1995
I. Hydrocarbures liquides 97,14 74 ,4 64,17 66,95 65,4 68,03 65,9
I-1. Pétrole brut 87,6 26,07 18,52 19,36 20,12 23,03 22,00
I-2. Liquides gaz naturel 4,03 25,40 26,55 26,91 26,02 25,2 24,6
I-3. Produits raffinés 5,51 22,93 19,1 20,68 19,26 19,8 19,3
II. Hydrocarbures gazeux 2,86 25,6 35,83 33,05 34,6 31,97 34,1
II-1. Gaz naturel 1 - 6,88 11,85 10,75 10,98 10,32 14,1
II-2. Gaz naturel liquéfié 2,86 15,1 17,54 16,8 18,1 16,13 14,0
II-3. Gaz pétrole liquéfié 2 - 3,6 6,44 5,5 5,52 5,52 6
Total I & II 100 100 100 100 100 100 100
144
Suite
Produits exportés 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002
I. Hydrocarbures liquides 64,2 58,7 55,1 60,1 57,5 53,5 58,7
I-1. Pétrole brut 22,7 20,2 19,9 22,9 22,9 21,6 28
I-2. Liquides gaz naturel 23,8 21,2 20,0 20,4 19 17,1 16,9
I-3. Produits raffinés 17,7 17,3 15,2 16,8 15,6 14,8 13,8
II. Hydrocarbures gazeux 35,8 41,3 44,9 39,9 42,5 46,5 41,3
II-1. Gaz naturel (Gn) 14,1 15,1 17,4 14,85 16,8 19,0 15,8
II-2. Gaz naturel liquéfié 14,6 18,7 19,7 15,38 15,6 17,5 15,8
II-3. Gaz de pétrole liquéfié 7,1 7,5 7,8 9,67 10,1 10,0 9,7
Total I & II 100 100 100 100 100 100 100
Sources : Calculs établis à partir des sources :
- Sonatrach : Direction Générale et Annuaire 95 d’information statistique. - Banque d’Algérie (2002) : document reçu du Ministère de l’Energie. - Banque d’Algérie (2002) : Rapport annuel.
Par produit exporté, le pétrole brut domine fortement les exportations d’hydrocarbures
au cours des années 1970. Par contre, dans les années 1980, la structure de ces exportations a
subi de profonds changements. En effet, on constate que :
145
la part des exportations de pétrole brut en pourcentage des exportations
d’hydrocarbures globales a diminué de 87,6% en moyenne dans les années 1970 à
26% en moyenne dans la période 1981-1990. En 2001, cette part diminue à
21,6%, puis repart à la hausse en 2002 ;
après s’être accrue dans les années quatre-vingt, la part des liquides de gaz naturel
(condensat) régresse sensiblement et ce jusqu’à l’année 2002 ;
pour ce qui est des produits raffinés, on enregistre à partir de 1994, une régression qui
perdure jusqu’en 2002 ;
en pourcentage des exportations d’hydrocarbures, la part du gaz naturel liquéfié est
supérieure à celle du gaz naturel jusqu’à 1999. En 2000 et 2002, c’est le gaz naturel
qui reprend légèrement le dessus sur le gaz naturel liquéfié.
Graphique 4-4 : La part des exportations d’hydrocarbures liquides (EXHLS) et gazeux
(EXHGS) dans les exportations d’hydrocarbures (en %).
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
100
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
EXHGS/EXHS EXHLS/EXHS
%
Même si sur le plan réglementaire le commerce extérieur algérien est libéralisé, on a
souvent critiqué le schéma mis en place. En effet, du fait de la non disponibilité de moyens de
paiements extérieurs et de l'inadaptation des banques et des services douaniers à cette
nouvelle organisation du commerce extérieur, ce schéma ne fonctionne pas avec la souplesse
attendue et suivant la rationalité économique projetée. En outre, en dépit des diverses mesures
d’ajustement, les hydrocarbures qui dépendent essentiellement du cours du baril, continuent à
procurer au moins 95% des recettes de l’Algérie.
146
Section 3. Les réformes du système monétaire
En 1964, le dinar algérien et les billets de banques propres à l’Algérie ont été créés.
Pour éviter la fuite des capitaux et protéger l’économie nationale, les pouvoirs publics ont
instauré certaines mesures en l’occurrence, l’institution d’un contrôle des changes,
l’inconvertibilité externe du dinar et la nationalisation du système bancaire.
À la fin des années quatre-vingt, la politique monétaire en Algérie était caractérisée par une
gestion administrative des taux d’intérêt89, une dépendance du pouvoir monétaire au pouvoir
politique, une offre de monnaie indépendante de l’activité économique et une demande de
crédit inélastique aux taux d’intérêt.
Le système bancaire fonctionnait et évoluait en tant qu’instrument privilégié au service
de l’économie publique et de la planification centralisée. En effet, la gestion administrative de
l’économie a marginalisé, pendant plus de vingt ans (de 1967 à 1988), la fonction
traditionnelle de collecte des ressources des banques. Celles-ci étaient totalement dépendantes
de l’administration, qui les a conduites à s’occuper davantage des entreprises publiques qui
constituaient l’essentiel du potentiel économique, au détriment des particuliers et des
ménages.
La réforme du système bancaire est l’un des grands chantiers économiques des
autorités algériennes. Dès 1988, une tentative de « bancarisation » de l’économie algérienne90
été entamée, mais c’est surtout depuis 1990 que le système bancaire et financier est entré dans
une phase de réformes.
Conformément à la loi n°88-01 du 12 janvier 1988 relative à l’autonomie des entreprises
publiques, les banques sont transformées en février 1989 en sociétés par action. Le capital des
banques est divisé en actions détenues par les Fonds de Participations qui gèrent, pour le
compte de l’Etat qui reste propriétaire, les entreprises et les banques dans lesquelles ils
détiennent les actions.
89 La fixation administrative de faibles taux directeurs est délibérément « encourageante » à l’égard des entreprises publiques accusant d’importants déficits de trésorerie, Rahiel M. H. (1989), op. cit. 90 On entend une structure de financement organisée autour des banques leur permettant d’exercer une intermédiation financière entre prêteurs et emprunteurs, Rahiel M. H., op. cit.
147
La promulgation de la loi n° 90-11 du 14 avril 1990 relative à la monnaie et au crédit
(LMC) a permis de libérer la Banque centrale de la tutelle du Ministère des Finances pour la
conduite de la politique monétaire. La Banque centrale rebaptisée Banque d’Algérie devient
autonome. Elle est administrée par le conseil de la monnaie et du crédit qui joue le rôle
d’autorité monétaire.
Depuis cette loi, un nouvel environnement bancaire et financier, plus conforme à la
libéralisation de l’économie de sa tutelle administrative, est mis en place.
« La Banque centrale a pour mission de créer et de maintenir dans le domaine de la
monnaie, du crédit et des changes, les conditions les plus favorables à un développement
ordonné de l’économie nationale, en promouvant la mise en oeuvre de toutes les ressources
productives du pays, tout en veillant à la stabilité interne et externe de la monnaie. A cet effet,
elle est chargée de régler la circulation monétaire, de diriger et de contrôler, par tous les
moyens appropriés, la distribution du crédit, de veiller à la bonne gestion des engagements
financiers à l’égard de l’étranger et de régulariser le marché des changes », art.55 de la loi
sur la Monnaie et le Crédit.
La réforme mise en œuvre fait du contrôle de l’inflation un axe majeur de la nouvelle
politique monétaire et se propose, entre autres, de :
1. réhabiliter l’autorité monétaire dans son rôle d’élaboration et de conduite de la
politique monétaire ;
2. redéfinir la relation entre la Banque centrale et les banques en particulier dans le
domaine du réescompte.
La loi 90-11 vise également à assurer la rupture, en ce qui concerne la monnaie, avec la
gestion politique des déficits, en mettant fin à la relation entre le système bancaire et le
Trésor. Celui-ci qui assurait jusqu’à la veille des réformes la totalité du financement des
investissements publics91, devait se désengager du financement des investissements publics,
lesquels sont d’ailleurs en très net déclin depuis la chute brutale des prix du pétrole en 1986
qui a entraîné un resserrement de la contrainte financière externe.
91 « L’autofinancement était institutionnellement absent, voir interdit », R. Abdoun (1998) : Op. cit., pp. 27-42.
148
En détenant la majeure partie des moyens financiers par le biais des rentrées fiscales, le
Trésor reléguait au second plan l’épargne (notamment celle des ménages)92, sa mobilisation et
donc le taux d’intérêt.
À propos de la jonction des banques-entreprises, leurs nouveaux rapports résultent de la
suppression de la « domiciliation bancaire unique ». Le partage des responsabilités entre les
banques était organisé, avant l’enclenchement des réformes, par les autorités publiques93. La
loi sur la Monnaie et le Crédit (1990) autorise dorénavant les banques à diversifier leur
clientèle, ouvrant par la même occasion la voie à la concurrence94.
La nouvelle réglementation constitue une innovation majeure, car elle permet, pour la
première fois, non seulement l’association entre capitaux étrangers et capitaux privés
nationaux mais autorise également l’investissement direct étranger (IDE) dans l’industrie et
les services95. A cet égard, pour faciliter l’implantation du capital étranger, cette loi énonce
trois principes :
L’Algérie reconnaît et accepte l’arbitrage international en cas de litige pouvant
l’opposer à ses partenaires investisseurs non résidents.
Hormis le secteur des hydrocarbures, la participation étrangère à l’investissement en
Algérie peut être de 100%.
Dorénavant, la distinction entre les opérateurs investisseurs se fait selon l’appellation
investisseur résident et non-résident, et ne se fait plus selon les termes investisseur
national et étranger.
En faisant de la Banque d’Algérie la véritable autorité monétaire, la loi susmentionnée a
permis l’ouverture de l’espace bancaire et financier aux banques et institutions financières
nationales et étrangères. Cependant, il a fallu attendre le règlement de 93-01 du 3 février 1993
92 Sur la nature de l’épargne (épargne forcée et volontaire), se référer à Rahiel, op. cit. 93 Le monopole des opérations avec l’étranger revient à la Banque Extérieure d’Algérie, le Crédit Populaire d’Algérie avait le monopole des activités hôtelières, artisanales et professions libérales, et la Banque Nationale d’Algérie celui des activités agricoles. 94 Belhimer : Op. cit., pp. 118-119. 95CNES (1999) : Rapport national sur le développement Humain 1998, p.103.
149
pour voir précisées les conditions de constitution de banques et établissements financiers et
d’installation de succursales de banques et établissements financiers étrangers en Algérie96.
Le système bancaire dorénavant ouvert à l’installation de banques privées nationales et
étrangères, compte actuellement plus d’une trentaine d’institutions financières et bancaires (le
nombre de banques avant 1988 était très faible)97.
Par ailleurs, la Bourse d’Alger qui existe depuis 1997, demeure à un stade embryonnaire
puisque seulement quatre titres y font l’objet d’une cotation : l’hôtel Aurassi, l’un des plus
grands de la capitale, Eriad-Sétif (secteur de l’agro-alimentaire), Saïdal (l’industrie
pharmaceutique publique), et la Sonatrach.
Tableau 4-17 : Evolution des taux d’intérêt
(En %)
Taux 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001
Taux
d’adjudication - - - - 19,5 17,5 13,33 11,82 11,07 8,29 NA
Taux de
réescompte 11,5 11 ,5 11,5 14,5 15 13 11 9,5 8,5 7,5 6,0
Taux d’intérêt
réel -14,3 -20,1 -9,02 -14,5 -14,7 -5,6 5,3 4,55 5,8 7,2 1,8
Source :
- ONS, Collections Statistiques n° 57, indice des prix à la consommation de la ville d’Alger. - ONS (1999), Collections n° 78, Série E, Statistiques Economiques. - Banque d’Algérie (2002) : Direction Générale des Etudes. - Banque d’Algérie : Média-Bank, octobre/novembre 2000, n° 50 et Média-Bank, décembre 2000/ janvier
2001, n° 51.
96 Belhimer A. : Op. cit., p. 129. 97 Cinq banques commerciales : Banque Nationale d’Algérie (BNA), Crédit Populaire d’Algérie (CPA), Banque Extérieure d’Algérie (BEA), Banque de l’Agriculture et du Développement Rural (BADR), Banque de Développement Local (BDL), une Banque de développement (BAD) et une caisse d’épargne (CNEP). Il est intéressant de noter que la CNEP (intermédiaire financier non monétaire) a souvent été identifiée comme le dépositaire exclusif de l’épargne.
150
La mise en œuvre de la réforme du système bancaire et financier sera progressive : les
taux d’intérêt seront périodiquement réajustés et le régime des changes sera graduellement
libéralisé.
En 1995, la Banque d’Algérie a commencé à organiser des adjudications pour fournir de la
liquidité aux banques commerciales. Le prix auquel s’effectuent les adjudications constitue le
" taux directeur " des interventions de la Banque d’Algérie sur le marché monétaire98. Ces
adjudications ont pour objectif de donner plus de poids aux taux d’intérêt en permettant une
plus grande intervention des forces du marché.
Graphique 4-5 : Taux d’intérêt en termes réels (%)
D’une manière générale, le taux d’intérêt (taux de réescompte pratiqué par la
Banque d’Algérie) a connu deux phases sur la période 1991-2000. Dans la première phase
allant de 1991 à 1995, on relève une croissance continue du taux en question ; il passe de
11,5% en 1991 à 15% en 1995, alors que dans la seconde phase qui s’étale de 1996 à 2000, le
taux de réescompte amorce une baisse régulière, il passe de 13% en 1996 à 6% en 2001.
Du début des années soixante-dix jusqu’en 1996, le taux d’intérêt en termes réels est demeuré
négatif. Il a atteint un minimum de –20% en 1992. Selon les données obtenues auprès de
l’ONS et de la Banque d’Algérie, l’année 1997 a vu apparaître pour la première fois un taux
d’intérêt réel positif.
98 Benhalima A. (1997) : Monnaie et régulation monétaire, référence à l’Algérie, p. 50, Editions Dahlab, Alger, 101 p.
-25,00 -20,00 -15,00 -10,00
-5,00 0,00 5,00
10,00
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
Taux d’intérêt réel
151
En matière de taux de change, les programmes d’ajustement insistent d’abord sur la
restauration d’un taux de change réaliste. Souvent, pour éliminer toute surévaluation du taux
de change, on préconise une dévaluation. Même si la théorie économique recommande plutôt
un taux de change fixe pour les petits pays ouverts sur l’économie internationale, les
organisations internationales proposent un taux de change fluctuant en fonction des forces de
marché (vente aux enchères)99.
Tableau 4-18 : Evolution du taux de change du dinar algérien pour 1 dollar américain
Années 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994
Taux de change
(DA/$) 4,85 5,91 7,6 8,95 18,47 21,83 23,34 35,05
Suite
Années 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001
Taux de change
(DA/$) 47,66 54,74 57,7 58,73 66,57 75,26 77,2
Source : - Statistiques Financières Internationales, annuaire 2000.
- International Financial Statistics Yearbook 2001.
En Algérie de 1970 à 1986, l’objectif de la politique de change est de maintenir le taux
de change fixe et surévalué par rapport à sa valeur réelle. Pour atteindre cette valeur réelle, la
nouvelle politique de change à procédé à sa dévaluation, d’abord de façon progressive à partir
de 1987, puis de façon accélérée en 1990.
99 Raffinot : Op. cit., p. 148.
152
Un nouveau dispositif sur la convertibilité du dinar est mis en place par les autorités
monétaires algériennes. Suite à l’accord de refinancement en 1991, la première étape vers la
convertibilité du dinar avec l’émission d’obligations en dinars assorties de bons convertibles
en devises, a été franchie le 24 février 1991. Cette opération est appelée : opération de
« dinars convertibles ». Elle permet à toute personne physique ou morale autres que les
banques de souscrire des obligations à trois ans d’une valeur unitaire de 10 000 dinars.
Le dinar s’est progressivement déprécié, passant d’une valeur de 7,6 DA pour 1 dollar US en
1989 à 8,9 en 1990 puis à 18,46 en 1991, date de la première dévaluation (accord de Stand by
de 1991).
On assiste par la suite à la convertibilité commerciale du dinar. Les agents économiques
titulaires d’un registre de commerce et les administrations ont un libre accès à la devise
pourvu qu’ils soient solvables. La solvabilité des opérateurs économiques repose sur la
structure de leur patrimoine et leur rentabilité actuelle et future.
Depuis le 21 décembre 1991, les opérateurs économiques ont la possibilité de régler en
monnaie nationale leurs importations s’ils répondent aux critères suivants :
- Ils doivent disposer d’un montant en dinars équivalent sur leur compte ;
- Le montant des importations doit être supérieur ou égal à deux millions de dinars
algériens ;
- Les importateurs doivent être financés sur les lignes de crédits gouvernementales
ou multilatérales.
En 1992, le glissement du dinar algérien s’est encore poursuivi, d’un taux de 21,8 dinars pour
1 dollar il passe à 23,35 en 1993.
A l’occasion de la mise en œuvre du plan d’ajustement structurel, deux fortes dévaluations du
dinar ont eu lieu en 1994 (en mars et en juin) qui s’ajoutent aux dévaluations déjà effectuées.
Ces deux dévaluations vont porter le taux de change à 35,05 DA pour un dollar.
A partir du 1er octobre 1994, un pas important est franchi dans le passage d’un régime de
change par l’introduction du système de « fixing ». Depuis cette date, le taux de change est
déterminé lors des séances regroupant la Banque d’Algérie et les banques commerciales. Il
s’agit de l’introduction d’un flottement administré.
153
Le nouveau dispositif mis en place passe par deux phases : la première, appelée phase
d’«organisation », dure quelques semaines. Pendant cette période, les séances de « fixing »
sont hebdomadaires. Ces séances deviennent quotidiennes lors de la seconde phase et le taux
de change ainsi déterminé est appliqué dans les deux jours qui suivent100.
En décembre 1995, la Banque d’Algérie abandonne les séances de « fixing » en
établissant un marché des changes interbancaire. Ce dernier regroupe toutes les opérations de
change au comptant ou à terme entre la monnaie intérieure (nationale) et les devises
étrangères librement convertibles. Désormais, le taux de change des devises se détermine sur
le marché interbancaire des changes. Un an plus tard, soit en décembre 1996, la Banque
d’Algérie autorise la création de bureaux de change, qui se sont multipliés en 1997.
Tableau 4-19 : Taux de croissance réel de la masse monétaire, de la PIB et taux de liquidité
de l’économie
(En %)
* En termes réels. Source : cf. Tableau 2-12.
100 Belhimer : Op. cit., p. 236.
1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000
Taux de croissance
de la monnaie * 0,9 -10,6 -14,8 -3,5 11,7 13,4 9,4 12,4
Taux de croissance
de la PIB * -3,97 -0,65 6,1 5,32 -0,41 5,57 4,67 2,76
Taux de liquidité de l’économie
62 56 45 40 44 53 52 45
154
Concernant la situation monétaire, les informations portées dans le tableau donné ci-
dessus, montrent une contraction relativement importante de la masse monétaire entre 1994 et
1996, permettant ainsi une amélioration du ratio de liquidité qui est passé de 56% en 1994 à
40% en 1996. Cette baisse du ratio de liquidité exprime ainsi une bonne performance en
matière de stabilisation monétaire et témoigne de la rigueur de la politique monétaire engagé
dans le cadre du programme d’ajustement structurel.
L’ampleur du financement monétaire du déficit du Trésor en 1998, constitue la source
principale de l’expansion de la masse monétaire en termes réels et du ratio de liquidité. Celui-
ci atteint 53% en 1998 contre 44% en 1997. La masse monétaire atteint 1468,3 milliards de
dinars en 1999, contre 1287,8 milliards de dinars l’année précédente ; d’où, un taux de
croissance en termes réels de 9,4%, inférieur aux rythmes enregistrés les deux années
précédentes. Vers la fin de la période considérée, le ratio de liquidité de l’économie indique
un retour à une situation de stabilisation monétaire.
Section 4. Libération des prix
L’une des manifestations évidentes de l’absence de l’économie de marché en Algérie
réside dans le contrôle des prix des biens et services. Une préservation des secteurs d’activité
prioritaires, notamment l’agriculture, le bâtiment et les infrastructures, ainsi qu’une protection
du pouvoir d’achat des ménages, par la fixation administrative, le gel et la subvention sur
longues périodes des prix à la consommation, sont les objectifs du système des prix qui a
prévalu jusqu’en 1989101.
Promulguée au cours de l’exécution de l’accord de « Stand by » en 1989, la loi relative aux
prix met un terme à l’ancien système des prix administrés. La loi 89-12 sur les prix distingue
deux grands régimes : les prix administrés et ceux déclarés libres.
Dans la catégorie des prix administrés (réglementés), on trouve les prix garantis et les
prix plafonnés et/ou les marges plafonnées. Le prix garanti est un prix plancher fixé
préalablement au niveau des producteurs pour une douzaine de produits principalement
101 Belhimer : Op. cit., p. 245.
155
d’origine agricole tels que les céréales et semences de céréales, les tomates industrielles, le
lait, les pommes de terre, etc.
L’objectif de l’Etat est d’encourager la production et la substitution à l’importation. Les
prix plafonnés sont des prix maximum destinés surtout à soutenir le pouvoir d’achat des
consommateurs (pain, huile, …) et l’activité productive. Le plafonnement des prix et/ou des
marges touche des catégories de biens et services faisant l’objet d’une préférence économique
ou sociale particulière de l’Etat afin de protéger des catégories sociales ou des activités
économiques102.
Le second régime concerne les prix déclarés libres. Une déclaration simplifiée, retraçant
des informations concernant les produits et le prix envisagé qu’il soit destiné à la production
ou à l’importation, est obligatoire pour les entreprises produisant les biens appartenant à cette
catégorie. En revanche, la distribution des produits soumis à ce régime n’est pas astreinte à
une déclaration : les prix sont ainsi déclarés libres. Le ministère chargé du commerce peut
réagir en cas d’abus103.
Comme le montre le graphique 4-6, la loi de 1989 a entraîné une flambée des prix sur la
période 1990-1992.
Parmi les mesures relatives aux prix qui ont été mises en œuvre lors de l’accord de
confirmation, on peut citer :
Un accroissement à hauteur de 98% des prix des produits subventionnés de
l’alimentation et de l’énergie en 1994-1995 ;
Une révision semestrielle du prix du pétrole brut cédé par la Sonatrach aux
raffineries et une autre trimestrielle des prix de l’électricité et du gaz en fonction de
l’inflation ;
La libération des prix de construction de logements sociaux ;
La libération des prix des intrants agricoles et la limitation du soutien des prix
agricoles aux semences de pomme de terre ;
102 Bali H. : Op. cit., p. 93. 103 Benissad H. (1991) : Op. cit., pp. 51-53.
156
La promulgation en 1995 de la loi relative à la concurrence qui institutionnalise le
principe de la liberté des prix et abroge l’obligation pour les producteurs de déclarer
leurs prix.
A propos de l’accord de facilité de financement élargie, l’objectif global est la
suppression totale des subventions aux produits alimentaires et pétroliers dès la fin de l’année
1995. Cet accord permet néanmoins la transition des prix des produits alimentaires pour une
durée d’un an par le régime des marges contrôlées avant d’être transférés au régime des prix
libres. L’accord EFF établit aussi l’élimination des contrôles des marges et le passage aux
prix libres de certains produits, notamment : « le sucre (mi-1995), les céréales en grains
(autres que blé dur et blé tendre) - mi-1995 -, les huiles ménagères (mi-1995), les articles et
livres scolaires et les médicaments (fin du programme) »104.
Graphique 4-6 : Taux de change ($/DA) et inflation (%)
01020304050607080
1969
1971
1973
1975
1977
1979
1981
1983
1985
1987
1989
1991
1993
1995
1997
1999
Taux de change
05101520253035
Inflation
Taux de change Inflation
En matière d’équipements et intrants destinés à l’agriculture, plus aucune subvention n’est
consentie depuis 1993, sauf pour certains équipements spécifiques (petites laiteries,
équipements d’irrigation pour les fourrages,…).
104 Belhimer : Op. cit., pp. 249-250.
157
La suppression du soutien des prix des produits alimentaires imposée par le FMI a
considérablement aggravé la crise économique et sociale. En 1995, outre la montée en flèche
du chômage qui a touché 28,1% de la population active, les catégories de la population ayant
de faibles revenus ont vu leur consommation alimentaire baisser relativement aux classes
sociales favorisées.
En effet, durant cette période, les prix des denrées alimentaires de base ont flambé. Les
initiatives d’ajustement et de libération des prix, ainsi que les dévaluations du dinar qui ont eu
lieu en 1994, ont entraîné une progression forte et rapide des indices de prix à la
consommation, le taux d’inflation atteint 29,7% en 1995 contre 20,5% en 1993. Celui-ci s’est
progressivement atténué à partir de1996 passant de 18,6% à 5,7% en 1997 ; c’est la première
fois depuis 1962, que l’inflation en Algérie descend sous la barre des 10%. En 2000,
l’inflation est ramenée à 0,3% puis augmente l’année d’après à 4,2%. En 2002, le taux
d’inflation est de 1,4%.
Tableau 4-20 : Croissance annuelle de l’inflation et évolution des réserves de changes (or
exclu) de 1991 à 2002
(En % et en milliards de $)
Source :
- ONS, Collections Statistiques n° 57, indice des prix à la consommation de la ville d’Alger. - ONS (1999), Collections n° 78, Série E, Statistiques Economiques. - Banque d’Algérie (2002) : Rapport annuel. - Banque Mondiale (2003) : Mémorandum. - International Financial Statistics yearbook (2001).
1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002
Inflation 25,8 31,6 20,5 29,0 29,7 18,6 5,7 4,95 2,7 0,3 4,2 1,4
Réserves
de change 1,48 1,45 1,47 2,67 2,00 4,23 8,04 6,84 4,52 12 18,1 23,1
158
Même si l’inflation est mesurée par l’indice de prix à la consommation basé sur une
pondération de 1988 et donc obsolète actuellement, cette évolution est tout à fait surprenante.
Elle représente le résultat le plus notable de la politique du gouvernement menée depuis 1994,
outre la reconstitution des réserves de change. En effet, une telle performance est considérée
comme remarquable dans un contexte de libération des prix au début de l’année 1996. Il est
nécessaire de remarquer que cette forte baisse du taux d’inflation s’est accompagnée d’une
hausse très importante du taux de chômage, jamais connue en Algérie depuis 1970. Par
ailleurs, le taux d’intérêt directeur (taux de réescompte de la Banque d’Algérie) devient ainsi
trop élevé (cf. Tableau 4-17) par rapport au niveau d’inflation ne permettant pas ainsi de
relancer les investissements.
En matière de reconstitution des réserves de change (or exclu), elles sont passées de 1,47
milliards de dollars américains en 1993 à 8,04 milliards en 1997 et à 12 milliards en 2000.
Les réserves de change atteignent un niveau record en 2002 : 23,1 milliards de dollars
américains.
Il convient de signaler que la transition de prix soutenus à la vérité des prix s’est durement
répercutée sur les consommateurs à faible revenu. Ainsi, la hausse des prix a généré une
rationalisation de la consommation des produits alimentaires de base. Sous l’effet des hausses
successives des prix, une dégradation du pouvoir d’achat des salariés a été enregistrée.
Officiellement, le pouvoir d’achat a reculé de 4,5% en 1993, de 10,7% en 1994, de 6,1% en
1995 et de 4,8% en 1996.
Au cours de la décennie écoulée, la baisse de la consommation par habitant a entraîné
un changement du modèle de consommation de la population qui dispose de revenus faibles,
ce qui a induit une détérioration de leur ration alimentaire moyenne105.
L’enquête sur les ménages effectuée par le Centre National d’Etudes et d’Analyse pour la
Planification (C.E.N.E.A.P.) révèle une baisse des fréquences mensuelles moyennes de la
consommation d’aliments pour la plupart des biens de consommation (viandes, œufs, laitages,
105 CNES (1999) : Rapport National sur le développement humain 1998.
159
etc.) durant la période 1994-97, qui a été compensée par une augmentation des fréquences de
consommation d’autres aliments (pâtes, riz, légumes secs, etc.) 106.
Tableau 4-21 : Evolution du PIB et de la consommation en termes réels par habitant, et
croissance démographique de 1992 à 2000
Source : Calculs établis à partir des données statistiques fournies par :
- ONS (1999), Rétrospective Statistique 1970 – 1996. - ONS (2001), Données Statistiques : Les comptes économiques de 1989 à 2000, n° 338.
Si on examine l’évolution du PIB par tête d’habitant en dollar américains, on constate
entre 1993 et 1995 une décroissance de ce ratio qui passe de 1 890 $ en 1993 à 1 490 $ en
1995, première année qui a suivi de rééchelonnement de la dette extérieure traduisant ainsi
une régression sociale. En 1996, on enregistre une légère amélioration avec une valeur de
1640 $ US/h puis une relative stabilisation à ce niveau pendant près de quatre années
consécutives. En 2000, le PIB par habitant s’élève à 1 780 $US/h. Selon la Banque Mondiale
(2003), le produit national brut (PNB) par habitant en 2001 est de 1 730 $ puis diminue à
1710 $ en 2002. Pour des raisons économiques et sociales, la croissance démographique
enregistre une décélération régulière.
106 C.E.N.E.A.P. (1998) : Le programme d’ajustement et ses effets sur l’économie nationale, enquête « ménages », Alger.
1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000
P.I.B. / habitant (en milliers $) 1,87 1,89 1,54 1,49 1,64 1,64 1,6 1,61 1,78
Consommation / habi tant (en 103 DA1989) 10,4 10,09 9,89 9,96 9,86 9,82 9,9 10,11 10,18
Taux de croissance de la population (%)
2,44 2,37 2,23 2,05 1,8 1,67 1,59 1,5 1,45
160
La thérapie du FMI a généré une baisse du pouvoir d’achat des salariés due non
seulement à la dévaluation et à l’arrêt des subventions des prix mais également aux
licenciements de salariés. La pauvreté s’est développée de façon alarmante et les causes
principales de cette augmentation sont l’absence de croissance économique et une baisse des
créations d’emplois qui en résultent. En reprenant les définitions universellement admises,
toute personne ayant un revenu annuel inférieur à 16000 DA est considérée comme pauvre,
dans le contexte algérien. Quatre millions d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté,
autrement dit, ces personnes appartiennent à des ménages ayant un revenu mensuel inférieur à
1333 DA ; soit l’équivalent de près de 150 euros /mois !
Section 5. La réduction des dépenses publiques
Une autre série de mesures prescrites suite aux accords avec le FMI se rapporte à
l’austérité en matière de dépenses gouvernementales pour redresser les finances publiques.
En s’inscrivant dans le cadre d’une politique générale d’austérité, ces mesures portent
d’abord sur la suppression des subventions aux entreprises publiques déficitaires. Elles
portent ensuite sur la suppression progressive du soutien aux prix des produits de base, ce qui
en même temps vise un autre objectif important à savoir : la « vérité des prix ».
La recherche de l’équilibre du budget de l’Etat est devenu un objectif primordial des
pouvoirs publics puisqu’il conditionne un autre facteur important qui est la stabilité des prix.
On assiste alors à la suppression de toutes les subventions aux produits de première nécessité
de large consommation, hormis la semoule et le lait ; ces deux produits sont pris partiellement
en charge par l’Etat jusqu’à 1996. D’où la libération totale des prix confirmée par la loi sur la
concurrence et les prix, entrée en vigueur depuis août 1995.
La réduction des dépenses porte aussi sur les dépenses d’éducation, de santé et les autres
services publics. D’après les informations fournies par le Programme des Nations Unies pour
le développement (PNUD), on constate un déclin important des dépenses publiques
d’éducation et d’enseignement en pourcentage du produit national brut. De 9,8% du PNB au
milieu des années quatre-vingt, ce ratio chute à 5 ,1% dix ans plus tard.
161
Tableau 4-22 : Dépenses publiques d’éducation en % du PNB
Source : PNUD (2001), Rapport Mondial sur le Développement Humain.
Dans le secteur de la santé, on est passé d’une situation où tout était fourni par l’Etat à
l’autre extrême, rien ne l’est plus. En effet, les soins qui étaient gratuits pour tous les citoyens
depuis l’instauration de la médecine gratuite en 1974, deviennent payants avec l’introduction
des réformes économiques.
Les prix des médicaments importés ne sont plus subventionnés. Les centres de santé et les
salles de soins manquent même du matériel de première nécessité. Les transferts de patients à
l’étranger sont réduits en raison du manque de devises.
Si on compare les dépenses publiques de santé en pourcentage du PIB, on enregistre une
baisse de 3% en1990 à 2,6% en 1998.
Tableau 4-23 : Dépenses publiques de santé en % du PIB
Source : Cf. Tableau 4-22.
A propos de l’évolution des dépenses de l'Etat dans les secteurs sociaux, le système
éducation-formation, qui est parmi les éléments clé du développement d’une nation, est très
sensible en Algérie. En effet, l’ensemble des Algériens attache une importance particulière à
la scolarisation de leurs enfants et à la poursuite de leurs études.
Période 1985-87 1995-97
Dépenses d’éducation / PNB 9,8 5,1
Année 1990 1998
Dépenses de santé / PIB 3,0 2,6
162
Rapportées aux dépenses de fonctionnement, les dépenses de l'Etat en matière
d’éducation et en matière d’enseignement supérieur et de la recherche scientifique sont en
baisse continue pendant la période 1993-1997. La part des dépenses de l'éducation nationale
dans les dépenses budgétaires régresse clairement, passant de 23 % en 1993 à 17,8 % en
1997. Il en est de même pour la part des dépenses de l’enseignement supérieur et de la
recherche scientifique qui, de 4,2% en 1994, ne représente plus que 3,2% en 1997.
Au même titre que l’éducation, le secteur de la santé ainsi que celui de la formation
professionnelle ont été également affectés par la politique de restrictions budgétaires. Le
tableau 4-24 révèle la réduction de la part relative des dépenses de fonctionnement consenties
aux secteurs de la santé et de la formation professionnelle. Dans ces deux domaines, une
tendance similaire est observée : d’abord une légère augmentation en 1994, suivie d’un recul,
puis un redressement à nouveau en 1996 plus accentué pour le secteur de la santé, et
finalement un déclin en fin de période dans les deux secteurs.
Tableau 4-24 : Evolution des parts relatives des secteurs sociaux dans les dépenses de
fonctionnement de l'Etat entre 1993 et 1997
(En %)
Source : D’après le Bulletin Officiel n° 6 du Conseil National Economique et Social (CNES) : Rapport préliminaire sur les effets économiques et sociaux du PAS.
Secteurs Sociaux 1993 1994 1995 1996 1997
Education nationale 23 20,8 19,8 19,5 17,8
Enseignement supérieur & recherche scientifique - 4,2 3,8 3,6 3,2
Santé & population 5,5 5,6 4,8 5,3 4,7
Travail et formation professionnelle 1,5 1,7 1,4 1,5 1,2
163
Il apparaît clairement à la lecture de ce tableau que ces différents secteurs sociaux et
plus précisément ceux de l’éducation et de l’enseignement supérieur et de la recherche
scientifique ont subi, de plein fouet, les restrictions budgétaires induites par le programme
d'ajustement.
La série de mesures liée aux accords avec le FMI porte en outre sur les dépenses en
salaires et donc sur les effectifs des institutions publiques : arrêt des recrutements et
élimination des sureffectifs. Le gel des salaires des fonctionnaires génère une diminution des
charges des entreprises et limite par ailleurs le pouvoir d’achat des salariés.
Il faut noter que la réduction des dépenses porte enfin sur les investissements en matière
d’infrastructures économiques et sociales.
Lorsqu’on examine l’évolution des dépenses d’équipement de l’Etat dans les principaux
secteurs sociaux notamment, l’éducation et la formation, ainsi que le secteur de l’habitat, on
relève que la part relative des dépenses d’équipement du secteur éducation-formation dans le
total des dépenses s’améliore. Elle passe de 13,3% en 1993 à près de 15,2% en 1997.
Concernant le poids du secteur de l’habitat dans le total des dépenses d’équipement, il décline
de 7,98 % en 1993 à 5,43% 1997.
Tableau 4-25 : Evolution des dépenses d’équipement par secteurs entre 1993 et 1997 (En %)
Secteurs 1993 1994 1995 1996 1997
Education et formation 13,30 12,32 14,08 13,97 15,17
Habitat 7,98 5,35 3,31 5,50 5,43
Source : Cf. Tableau 4-24.
164
Dans le domaine de la santé par exemple, les investissements en matière d’infrastructures
ont été très limités durant la période couverte par le programme d’ajustement. Ces
investissements ont été essentiellement concentrés sur les infrastructures légères, telles les
centres de santé ou les salles de soins. En revanche, le nombre d’infrastructures « lourdes »,
telles les hôpitaux, a très peu progressé.
En ce qui concerne l’augmentation des recettes, il faut rappeler que l’essentiel des
ressources de l’Etat provient des recettes pétrolières. Malgré la restructuration de la fiscalité à
partir de 1991, portant sur la réforme de l’impôt sur le revenu et l’introduction de la Taxe sur
la valeur ajoutée (TVA), la fiscalité pétrolière domine toujours les recettes gouvernementales.
Exprimé en proportion du PIB, le solde budgétaire, d’excédentaire en 1992, devient
déficitaire en 1993, comme on le constate dans le tableau donné 4-26. Par la suite, le déficit
du Trésor s’est atténué ; passant de 1,86% du PIB en 1994, à - 3,9% en 1996, puis à -2,93%
en 1997.
Tableau 4-26 : Indicateurs budgétaires entre 1992 et 2000
(En %)
1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000
Solde budgétaire / Produit intérieur
brut -0,75 5,92 1,86 -0,59 -3,9 -2,93 3,6 0,35 1,32
Taux de croissance des dépenses
publiques 31,19 26,49 18,79 26,98 23 16,64 3,61 9,81 22,5
Taux de croissance des recettes publiques
16,29 1,04 36,26 37,74 37,27 12,35 -16,4 22,72 18,35
Fiscalité pétrolière / Recettes publiques 63,5 57,7 53,8 55,9 60,1 60,9 48,8 58,9 64
Source : Calculs personnels d’après le Ministère des Finances (1996) et (2002) : Direction générale des études et de la prévision.
165
L’amélioration des équilibres budgétaires enregistrée en 1996-97 s’est appuyée sur la
réduction des dépenses de fonctionnement ainsi que des dépenses d’équipements ce qui a
entraîné une dégradation sensible des services de santé et d’éducation.
En 1998, l’Algérie a perdu plus de 6 $ / baril par rapport à l’année 1997. Les ressources
de l’Etat provenant de la fiscalité pétrolière107 sont passées de 564,8 milliards de DA en 1997
à 378,6 milliards de DA en 1998 ; soit une perte de 186,2 milliards de dinars. Comme on l’a
préalablement signalé, une perte d’un dollar sur le prix du baril a fait perdre à l’Algérie près
de 30 milliards de DA en termes de recettes fiscales. Ces dernières passent de 60,9% des
recettes totales en 1997 à 48,8% en 1998. Cette baisse du prix du pétrole entraîne également
un impact négatif sur le budget de l’Etat. En effet, cette année a connu un retour au déficit
budgétaire qui a représenté près de 3,6 % du PIB. L’ampleur de ce déficit, qui s’élève à 101,2
milliards de dinars, venant après trois années d’excédents budgétaires, traduit la détérioration
des finances publiques et constitue le principal symptôme de retour aux déséquilibres
financiers antérieurs.
Ce déficit est financé par l’utilisation (monétisation) des ressources de rééchelonnement
da la Banque d’Algérie ainsi que par les emprunts sur le marché monétaire interbancaire, au
moyen d’émission de bons de Trésor. Ces deux modes de financement du déficit du Trésor
constituent un financement monétaire. Celui-ci a un caractère déterminant dans l’expansion
des liquidités de l’économie.
En 2000, le taux d’accroissement des recettes budgétaires est de 18,3% et la part de la
fiscalité pétrolière dans les recettes totales atteint 64%.
L’extrême dépendance du budget de l’Etat vis-à-vis des hydrocarbures et en conséquence du
prix de baril du pétrole, qui ne dépend pas de la volonté des autorités publiques, ainsi que du
dollar américain qui est la monnaie de facturation, rend fragile l’économie algérienne.
107 La fiscalité pétrolière est calculée par la formule suivante : Fiscalité pétrolière = 0,85*(chiffre d’affaires – charges de la Sonatrach) + les redevances. La redevance représente l’impôt sur le chiffre d’affaires et est basée sur la valeur de la production du champ pétrolier. Le taux de la redevance est de 20%.
166
Conclusion
Les pouvoirs publics algériens acceptent de négocier les conditionnalités d’un
programme de stabilisation macro-économique et signent en 1994 un accord avec le FMI en
deux phases : l’accord de « Stand by » d’une durée d’un an qui prescrit une politique de
stabilisation, et l’accord de facilité de financement élargie « EFF » portant sur trois années où
une politique d’ajustement structurel est mise en œuvre.
En 1998, l’Algérie achève l’exécution de son accord avec le FMI. En dépit des diverses
mesures, le programme d’ajustement structurel n’a pas permis d’atteindre les objectifs fixés
en matière de croissance et de création d’emplois. Bien au contraire, non seulement la
situation économique ne s’est pas améliorée mais on assiste en outre à une dégradation de la
situation sociale avec peu d’espoirs d’amélioration.
La croissance économique globale demeure fragile et vulnérable, elle est essentiellement
liée à l’accroissement de la production d’hydrocarbures ainsi qu’aux bonnes performances de
l’agriculture. Malgré ces programmes d’ajustement, les hydrocarbures continuent de procurer
au moins 95% des recettes de l’Algérie.
La privatisation des entreprises publiques n’a pas été un facteur de croissance
économique, elle a été synonyme d’une dégradation du niveau de vie des citoyens.
Il n’y a pas eu finalement la croissance économique escomptée, ni d’ailleurs la création de
nouveaux emplois, on assiste plutôt à de nombreux licenciements de salariés et à une
aggravation de la crise sociale.
Par l’absence d’une croissance forte et créatrice d’emploi, le chômage qui a touché toutes les
catégories de la population a atteint en 2001 un niveau dramatique jamais connu pendant ces
trente dernières années, représentant près du tiers de la population active.
La suppression du soutien des prix des produits alimentaires imposé par le FMI, a
considérablement aggravé la crise économique et sociale. En effet, outre la progression
importante du chômage, les catégories de la population ayant de faibles revenus ont vu leur
consommation alimentaire régresser par rapport aux classes sociales favorisées.
167
Concernant la situation monétaire, après avoir connu un accroissement continu jusqu’en
1990, le taux de liquidité de l’économie qui témoigne de l’importance de la monétisation de
l’économie décline entre 1994 et 1996, exprimant ainsi une bonne performance en matière de
stabilisation monétaire dans le cadre du programme d’ajustement structurel. L’ampleur du
financement monétaire du déficit budgétaire en 1998, dû à la chute du prix du pétrole,
constitue la source principale de l’expansion de la masse monétaire et l’accroissement du
ratio de liquidité.
Le taux de l’inflation a évolué à des rythmes très variés. Néanmoins, les initiatives
d’ajustement et de libération des prix, ainsi que les deux dévaluations du dinar qui ont eu lieu
en 1994 ont entraîné une élévation du taux d’inflation à 29%. A la fin des années quatre-
vingt-dix, l’inflation s’est progressivement résorbée et atteint un taux de 0,3% en 2000 et
1,4% en 2002. Une telle performance est tout à fait surprenante dans un contexte de libération
des prix ; avec la reconstitution de réserves de change, elle représente un résultat positif de la
politique du gouvernement menée depuis 1994.
Par ailleurs, cette baisse de l’inflation s’est accompagnée d’un accroissement très élevé du
taux de chômage. Le taux d’intérêt devient élevé par rapport à l’inflation, et ne permet pas de
relancer les investissements. En termes réels, les taux d’intérêt sont restés négatifs durant
plusieurs années consécutives jusqu’en 1997, où l’on voit apparaître pour la première fois des
taux d’intérêt réels positifs.
La thérapie du FMI s’est aussi traduite par la baisse du pouvoir d’achat qui est due non
seulement à la dévaluation et à l’arrêt des subventions des prix, mais également aux
licenciements massifs de salariés. Nombreuses sont les personnes qui ont eu recours à la
charité pour survivre, le nombre des mendiants s’est alourdi et la pauvreté, qui a résulté de
l’absence de croissance économique et d’une baisse des créations d’emplois, s’est développée
de façon inquiétante.
Avec la réduction des dépenses publiques, une dégradation des conditions de vie des
couches sociales défavorisées et une montée des inégalités sont apparues. Il semble qu’aucun
effort n’a été fait pour une meilleure gestion des dépenses qui conditionnent la poursuite de la
croissance à long terme, notamment dans la formation professionnelle, l’éducation, la santé, le
transport et les télécommunications, etc.
168
TROISIEME PARTIE
Esquisse d’un modèle macroéconométrique pour l’Algérie
169
Introduction
La situation économique algérienne n’a guère été florissante depuis l’indépendance.
Suite à l’effondrement du marché pétrolier en 1986 qui a révélé une crise économique
profonde, les pouvoirs publics se sont engagés vers la fin des années quatre-vingt dans de
nombreuses réformes économiques. Ces mesures d’ajustement qui s’assimilaient
grandement à celles prônées par le FMI n’ont pas finalement produit les résultats espérés.
L’échec des réformes a rendu inévitable le rééchelonnement de la dette extérieure
lorsqu’en 1993, les recettes de l’Etat deviennent insuffisantes pour honorer le service de la
dette. Cette situation a contraint les autorités à négocier les conditionnalités d’un
programme de stabilisation macroéconomique, et à signer en 1994 deux accords avec les
institutions financières internationales.
En dépit des diverses mesures, le programme d’ajustement préconisé par le FMI, n’a pas
permis d’atteindre les objectifs visés en matière de croissance et de création d’emplois. Les
hydrocarbures continuent de procurer au moins 95% des recettes de l’Algérie. La croissance
économique demeure fragile et dépend fortement de la production d’hydrocarbures ainsi que
des bonnes performances de l’agriculture, et nous assistons à une dégradation de la situation
sociale.
Dans un contexte aussi défavorable, il s’agit aujourd’hui de bien prendre conscience de
la nécessité d’une stratégie de développement cohérente qui permettra de corriger les
profondes distorsions dont souffre l’économie algérienne.
Le manque de conception de modèles pour les pays en développement particulièrement
pour les pays exportateurs de pétrole, nous incite à élaborer un modèle de développement
pour l’Algérie. Nous avons effectué de nombreuses recherches ; les modèles qui ont attiré le
plus notre attention sont le modèle de Stoleru (1965) et le modèle de Haque et alii (1991).
170
Cette partie est organisée en trois chapitres. Nous allons d’abord présenter dans le
chapitre 5, les principaux résultats du modèle de Stoleru appliqué à l’économie algérienne au
début des années 1960. Etant la référence de base de cette recherche, le modèle de Haque et
alii (1991) sera examiné avec plus de détails. Celui-ci est également conçu pour les pays en
développement.
Le chapitre 6 porte sur l’estimation du modèle macroéconométrique pour l’Algérie. Après
une étude préliminaire des caractéristiques de l’ensemble des séries chronologiques, nous
allons d’abord estimer séparément les diverses équations initialement proposées par Haque et
alii. Nous introduirons par la suite, au fur et à mesure, de nouvelles variables explicatives qui
nous semblent plus adaptées à la situation économique algérienne. Nous ré-estimerons ensuite
ces équations.
Dans le but d’avoir une vue d’ensemble de l’économie algérienne, nous tenterons d’enrichir
ce modèle par l’inclusion de nouvelles équations, notamment les recettes budgétaires, la
demande de travail et l’inflation. L’estimation globale du modèle à équations simultanées sera
par la suite effectuée.
Le chapitre 7 est consacré au fonctionnement d’ensemble du modèle. Les résultats de la
simulation permettront d’effectuer une première validation. Afin de tester la cohérence
économique de ce modèle, nous poursuivrons cette validation en réalisant deux scénarios de
simulation ; le premier porte sur l’augmentation permanente de la consommation
gouvernementale, et le second sur la hausse du prix du pétrole sur trois années consécutives.
171
Chapitre 5
Modèle de Stoleru et
modèle de Haque et alii
Nous nous intéresserons dans ce chapitre à deux modèles conçus et empiriquement
évalués pour les pays en développement ; il s’agit du modèle de Stoleru (1965) et le modèle
de Haque et alii (1991).
Le premier modèle a été appliqué à l’économie algérienne dans les années soixante, nous
allons présenter dans la première section de ce chapitre, ses principaux résultats. Ne prenant
pas en considération le secteur du commerce extérieur, le modèle de Stoleru peut être
considéré comme trop simplifié pour décrire toute une économie. En effet, cette critique est
importante compte tenu de la dépendance de l’économie algérienne en matière d’exportation
des produits pétroliers et en matière d’importation de biens et services.
L’Algérie pays exportateur de pétrole, dépend essentiellement des ressources
d’exportation d’hydrocarbures. En outre, les importations en biens de consommation sont très
élevées. Il faut donc tenir compte d’un modèle global et chercher à dégager les
caractéristiques nationales typiques. Dès lors, il semble plus opportun de se référer au
modèle de Haque et alii plus global et plus récent que celui élaboré par Stoleru il y a 40 ans.
Etant la référence de base de cette recherche, le modèle macroéconométrique proposé par
Haque et alii sera examiné avec plus de détails dans la section 2. Nous allons voir ses
différentes équations telles que, la fonction de consommation des ménages, d’investissement,
d’exportations et d’importations de biens et services, de production et de demande de
monnaie. Nous présenterons par la suite la maquette globale de ce modèle.
172
Section 1. Principaux résultats du modèle de Stoleru appliqué à l’économie algérienne
Le modèle de Stoleru est conçu pour les pays sous-développés ayant un chômage élevé
et un faible revenu par habitant (entre 100 $ à 200 $ par an). Il est le seul modèle en notre
possession ayant été appliqué précisément à l’économie algérienne au début des années 1960.
Ce modèle comporte deux secteurs qui sont en fait liés par une sorte de chronologie : le
secteur de biens de production (secteur 1) et le secteur de biens de consommation (secteur 2).
Les taux de croissance de la population et de la force de travail sont supposés constants.
Les problèmes à résoudre sont au nombre de deux :
1- Le problème de l’emploi ; il s’agit de réaliser dans le meilleur délai possible (T) les
conditions de la « croissance équilibrée » à la Von Neumann, c'est-à-dire plein emploi
et structure adéquate du capital entre les deux secteurs.
2- Le second problème est lié à la maximisation de la production de biens de
consommation sur la période (avec ou sans contrainte de minimum vital).
L’objectif est donc de définir l’allocation optimale de l’investissement entre les deux
secteurs afin de réduire le chômage et augmenter le revenu par tête.
Dans le cadre de son application numérique sur l’Algérie, Stoleru utilise la technique connue
sous le nom le Principe de Maximum de Pontryagin. Le résultat obtenu par Stoleru dans le
cas où l’on ne dispose d’aucune contrainte de minimum vital est le suivant :
Pendant les 15 premières années, on n’investit que dans le secteur 1 ;
Entre la 15e et la 19e année, on n’investit que dans le secteur 2 ;
Au-delà de la 19e année, on atteint le plein emploi et la croissance équilibrée.
Quant au chômage, il augmente pendant la première dizaine d’années passant de 40% à
un pic de 52 %. La production des biens de consommation décline à l’instant t = 15 de 22%
de sa valeur initiale, et la consommation par tête diminue elle aussi, dans la même période (t =
19), de 15% par rapport à sa valeur initiale.
173
Cette hypothèse (sans contrainte de minimum vital) est politiquement impraticable. Dès
lors, Stoleru conclut à la nécessité de lever cette hypothèse et de poser une contrainte de
minimum vital. Dans le cas où l’hypothèse sur le minimum vital est prise en considération, les
résultats peuvent s’énumérer rapidement :
23 ans sont nécessaires pour obtenir le plein emploi et une croissance équilibrée ;
un chômage de 57% est inévitable ;
la consommation par tête diminue à 45% de sa valeur initiale et se maintient à ce
niveau durant 13 années.
Cette seconde hypothèse (avec contrainte de minimum vital) est également inadmissible.
Stoleru introduit alors l’aide étrangère pour redonner plus de réalisme à son modèle. Dans ce
cadre, les conclusions sont données ci-après :
L’Algérie atteint le plein emploi et la croissance équilibrée dans une période
inférieure à 20 ans ;
un taux de croissance de 6% peut être obtenu dans une période de transition, et le
revenu par tête peut augmenter de 280 $ à 450 $ ;
la politique appropriée est d’investir d’abord dans le secteur du capital, à un taux élevé
compatible avec une consommation par tête supérieure ou égale à 70 % de sa valeur
initiale, pour ensuite investir totalement dans le secteur des biens de consommation
dans les 3 dernières années.
Les critiques pouvant être faites à l’encontre du modèle de Stoleru sont principalement
au nombre de deux. D’abord, l’hypothèse du ratio constant entre le capital et le travail est
forte, cela revient à dire que la substitution entre les deux facteurs de production à savoir le
capital et le travail est alors exclue. Ensuite, ce modèle est trop simplifié pour décrire toute
une économie (absence du secteur du commerce extérieur).
174
Compte tenu de la dépendance de l’économie algérienne en matière d’exportation des
produits pétroliers et en matière d’importation, la deuxième critique est importante.
En effet, l’Algérie est un pays exportateur de pétrole qui dépend essentiellement des
ressources d’hydrocarbures. Comme on l’a préalablement mentionné, les exportations
provenant des hydrocarbures représentent plus de 95% des ressources de l’Etat. Encore faut-il
rajouter, que les importations en biens de consommation sont très élevées. Il aurait peut être
fallu tenir compte d’un modèle général et chercher à dégager les caractéristiques de
l’économie algérienne.
Section 2. Modèle de Haque et alii
Nous allons voir dans cette section les équations du modèle macroéconométrique
proposées par Haque et alii (1991) pour les pays en développement (PED). Ce modèle est
une variante du modèle de Mundell – Fleming qui à son tour, est une extension du modèle IS-
LM en économie ouverte108. Dans ce type de modèle, le niveau du produit national est
déterminé par la demande globale.
Nous allons d’abord considérer les différentes équations du modèle telles que la fonction de
consommation des ménages, d’investissement, d’exportations et d’importations de biens et
services, de production et de demande de monnaie. Nous présenterons ensuite la maquette du
modèle de Haque et alii (1991).
Le modèle de Haque et alii part de la condition d’équilibre en termes réels du marché de
biens et services qui est la somme de :
GDPP
PworldEfIMs ** -EXPR G I C Y tttt +++= (1)
108 Robert Mundell et John Fleming qui travaillaient dans les années 1960 au FMI, ont proposé d’intégrer dans un schéma du type IS-LM, les mouvements de capitaux. L’idée de départ du modèle de Mundell et Fleming est que les mouvement de capitaux entre le pays et le reste du monde dépendent de l’écart entre le taux d’intérêt domestique et le taux d’intérêt extérieur. Le taux de change est supposé fixe.
175
Y t est le produit intérieur brut, C t est la consommation des ménages et I t est
l’investissement. G t représente les dépenses de l'Etat, EXPR les exportations de biens et
services et IMs les importations de biens et services en unités des biens étrangers. Ces
variables sont données en terme réel. Le ratio GDPP
PworldEf * représente le taux de change réel
avec, GDPP le niveau des prix domestiques, Ef le taux de change nominal et Pworld le niveau
des prix étrangers (libellé en monnaie étrangère).
1-1. La consommation des ménages
La consommation est spécifiée de la manière suivante :
Log C t = α0 + α1 R t + α2 Log Ct-1+ α3 Log Ydt + α4Log Ydt-1 (2)
Yd t représente le revenu disponible des ménages en terme réel et R t le taux d’intérêt réel
domestique. Les αi sont des paramètres à estimer.
Le revenu disponible des ménages est déterminé par :
TrPDCTxr
PFEfTxrwY
GDPGDP−+= 1-tp,1-tp,
tt* -** Yd (3)
Les variables Txrw et Txr représentent respectivement le taux d’intérêt étranger et intérieur
en termes nominaux, F t p, est le stock des actifs étrangers (stock of foreign assets) du secteur
privé, mesuré en devises, DC t p, est le stock de crédit bancaire domestique (stock of domestic
bank credit) du secteur privé et Tr les taxes en terme réel.
176
1-2. Le taux d’intérêt
Dans ce modèle, le taux d’intérêt réel est défini par :
GDP
GDPGDPttt P
PPETxrR
−−= + )( )1(
Tel que )( )1(+GDPt PE représente l’espérance à l’instant (t) du niveau général des prix à l’instant
(t+1) ; le ratio GDP
GDPGDPt
PPPE −+ )( )1( représente le taux d’inflation espéré.
1-3. L’investissement
L’investissement en terme réel est donné par l’équation suivante :
It = k0 + k1R t + k2Y t + k’3 K t-1 (4)
Dans les pays en développement, la disponibilité de données utilisables pour travaux
économétriques est assez limitée. Le stock de capital noté Kt est non disponible dans ces
pays.
Pour résoudre ce problème, il est tenu compte des différences premières des
investissements permettant ainsi l’élimination de cette variable de l’équation (4). Dès lors, on
réécrit celle-ci comme suit :
It = k1 (Rt - R t-1) + k2(Y t -Y t-1) + k3 I t-1 (5)
avec k3 = 1 + k’3
177
Ainsi, l’investissement est proportionnel aux variations de la demande et aux variations du
taux d’intérêt en terme réel. La variable endogène retardée d’une période figure aussi dans
cette équation.
1-4. Les exportations et les importations
Les exportations dépendent positivement du taux de change réel et du niveau de la
production étrangère en termes réels (Ywt). Pour introduire l’ajustement partiel, une variable
retardée d’une période est intégrée dans l’équation à estimer. L’équation des exportations est
donnée ci-après :
tGDP
LogYwPPworldEfLogLogEXPR 210
* τττ ++= (6)
)1(3 −+ LogEXPRτ
Quant aux importations, elles dépendent positivement de la production domestique et
négativement du taux de change réel. Cette équation s’écrit comme suit :
tGDP
LogYPPworldEfLogLogIMs 210
* δδδ ++=
)1()1(
)1(3 * −−
−+IMsPworld
RéservesLogδ )1(4 −+ LogIMsδ (7)
Où Réserves (-1) représente la valeur des réserves de change (foreign value of international
reserves) de l’année précédente.
178
1-5. La production
Soit la fonction de production de type Cobb-Douglas :
Yt = θ0K tθ1L t
θ2 (8)
Où K t et L t représentent respectivement le stock de capital et l'emploi. Les paramètres à
estimer sont θ0, θ1 et θ2.
On est confronté au même problème que précédemment (absence de la variable stock de
capital). Dans ce cas, la méthode suivante est utilisée pour résoudre ce problème.
La solution de l'équation en différences Kt = (1 - ρ) Kt-1 + It ; où ρ est le taux de
dépréciation du capital, peut s'écrire en logarithme comme suit :
Log (Kt) = Log[∑−
=
−1t
0i1( ρ)i I t-i + (1-ρ)t K0 ]
≈ Log 2 +1/2 [Log ∑−
=
−1t
0i1( ρ)i I t-i + Log (1-ρ)t K0 ]
= Log 2 + 1/2 Log ∑−
=
−1t
0i1( ρ )i It-i + t/2 Log(1-ρ) + 1/2 Log K0 (9)
K0 étant le stock de capital initial109 et ainsi :
Log Yt = Log θ0 + θ1 Log Kt + θ2 Log L t
109 Les auteurs ont utilisé l'approximation suivante : Log( x + y ) ≈ Log 2 + 1/2 (Log x + Log y ) + 1/8 (Log x - Log y )² + ,…,
Où x = )1(1
0ρ∑
−
=−
t
i
iIt-i et y = (1-ρ )t K0
179
= Log θ0 + θ1 [Log 2 + 1/2 Log∑−
=
−1t
0i1( ρ)i It-i + t/2 Log (1-ρ )
+ 1/2 Log K0] + θ2Log Lt
= θ'0 + θ1 K't + θ2 Log L t (10)
Avec :
θ'0 = Log θ0 + θ1/2 Log K0
K't = Log 2 + 1/2Log∑−
=
−1t
0i1( ρ )i It-i + t/2 Log(1-ρ)
Il faut noter que l'équation (10) peut être estimée pour différentes valeurs de ρ dans
l'intervalle [0, 1], on choisira les valeurs de θ0, θ1 et θ2 correspondant à la valeur de ρ qui
maximise le coefficient de détermination ajusté ²R de l’équation (10).
En supposant que les rendements d'échelle sont constants (θ1+θ2 = 1), l'équation (10)
s'écrit comme suit :
Log(Yt / Lt) = θ'0 + θ1 ( K't - Log L t) (11)
En tenant compte du progrès technique (Trend) et de la variable à expliquer retardée d’une
période, la fonction de production par travailleur devient :
Log(Y / L) t = θ'0 + θ1 ( K't - Log L t) + g Trend + θ3 Log(Y / L) t-1 (12)
180
1-6. Marché monétaire
L’offre de monnaie (M) est constituée de réserves de change (Réserves) et des crédits
domestiques DCt :
Mt = Ef * Réserves+ DCt (13)
Le crédit domestique est égal à la somme du crédit domestique du secteur public DCG,t et de
celui du secteur privé DCP,t.
La demande de monnaie dépend négativement du taux d’intérêt nominal (Txr) et
positivement du niveau de revenu :
LogGDP
t
PM = β0 + β1Txr t + β2 Log Yt+ β3 Log Yt-1 + β4 Log
)1(
1
−
−
GDP
t
PM (14)
Lorsque le capital est parfaitement mobile, comme c’est fréquemment supposé dans les
petites économies ouvertes, le taux d’intérêt nominal est déterminé par la condition de parité
d’intérêt110. « La parfaite mobilité des facteurs de production est la condition qui suppose
que les facteurs de production (travail et capital) se dirigent toujours vers les emplois où on
tire le meilleur parti »111.
Dans le cas d’une économie fermée, le taux d’intérêt nominal n’ayant aucune relation
avec l’extérieur est déterminé dans le marché national. La spécification de l’équation du taux
d’intérêt nominal en tenant compte de ces deux cas, est donnée par :
tt
tttt rxTEf
EfEfETxrwTxr ~)1()( 1 Φ−+
−+Φ= +
(15)
110 La condition de parité d’intérêt : le taux d’intérêt intérieur (national) est égal à la somme du taux d’intérêt extérieur (à l’étranger) et du taux de dépréciation du taux de change, soit les rendements attendus des actifs étrangers exprimés en monnaie nationale. 111 Abraham-Frois G. (1996) : Economie Politique, 6e édition, p. 257, Economica, Paris, 733 p.
181
où )( 1+tt EfE est l’espérance à l’instant (t) du taux de change à l’instant (t+1), trxT~ est le taux
d’intérêt dans le cas de l’économie fermée.
L’indice de mobilité du capital (Φ ) est compris entre 0 et 1. Si Φ =1, alors le taux d’intérêt
domestique (Txr) est déterminé par la condition de parité d’intérêt. Si Φ = 0, alors
Txr = trxT~ 112.
Ce modèle tient également compte de l’identité de la balance des paiements ainsi que de la
contrainte budgétaire de l’Etat.
1-7. Représentation globale du modèle
Le modèle global proposé pour les pays en développement est estimé par la méthode
des triples moindres carrés sur la base des données annuelles observées pendant la période
allant de 1963 à 1987 pour une trentaine pays en développement, Algérie non comprise.
Ces pays sont en l’occurrence : Afrique du sud, Brésil, Chili, Colombie, Costa Rica,
Equateur, Egypte, Ethiopie, Grèce, Guatemala, Inde, Jamaïque, Jordanie, Kenya, Malawi,
Malaysia, Malte, Maroc, Mexique, Niger, Paraguay, Philippines, République de Corée, Sri
Lanka, Tanzanie, Thaïlande, Tunisie, Turquie, Venezuela et Zambie.
Les équations de comportement estimées par ce modèle sont réécrites ci-après :
(2) 1431210 −− ++++= ttttt LogYdLogYdLogCRLogC ααααα
(5) 131211 )()( −−− +−+−= tttttt IkYYkRRkI
112 Pour plus de détails sur la variable trxT~ , se référer à N. U. Haque et alii (1991) : Op. cit., p. 241.
182
(6) )1(3210*
−+++= LogEXPRLogYwPPworldEfLogLogEXPR t
GDPττττ
(7) )1()1(
)1(3210 *
*−−
−+++= IMsPworldRéservesLogLogYP
PworldEfLogLogIMs tGDP
δδδδ
)1(4 −+ LogIMsδ
(12) 1310 )/()'(')/( −++−+= tttt LYLoggTrendLogLKLYLog θθθ
(14) )1(
1413210−
−− ++++=
GDP
tttGDP
t
PMdLogLogYLogYTxrP
MdLog βββββ
(15) tt
tttt rxTEf
EfEfETxrwTxr ~)1()( 1 Φ−+
−+Φ= +
Au total, les estimations effectuées par Haque et alii indiquent que, dans l’ensemble, les
équations sont conformes à la théorie économique. Les coefficients estimés sont acceptables
aussi bien sur le plan théorique que sur le plan économétrique.
Il faut toutefois signaler que seule l’équation de la production a généré des résultats peu
satisfaisants, précisément au niveau du coefficient associé à la variable endogène décalée
d’une période. Selon les auteurs, le fait de trouver ce paramètre trop élevé est peu plausible,
ils suggèrent de mener d’autres investigations (revoir les hypothèses de base par exemple, la
forme de la fonction de production).
Le résultat qui a le plus surpris les auteurs à l’issue de cette recherche concerne la
mobilité du capital. D’après les résultats obtenus, il est parfaitement mobile dans les pays en
183
développement. Les auteurs en concluent que toutes les entraves à l’encontre de la mobilité
du capital dans les pays en développement sont par conséquence inefficaces113.
Il faut mettre en évidence que les variables utilisées par Haque et alii n’ont pas été
soumises au test de stationnarité (ADF) vu la période durant laquelle a été élaboré ce modèle.
Dans le cadre de notre étude, toutes les variables devant être utilisés lors de l’estimation des
différentes équations du modèle seront soumises au test de Dickey et Fuller. Il reste à préciser
que compte tenu de la performance de ce modèle, on ne cherche pas à spécifier un nouveau
modèle mais plutôt à l’adapter à la situation économique algérienne.
113 Les résultats d’estimation sont donnés dans N. U. Haque et alii (1991), p. 249.
184
Chapitre 6
Estimation du modèle macroéconométrique
pour l’Algérie
Après avoir examiné les différentes spécifications des équations du modèle qui ont été
proposées par Haque et alii (1991) pour les pays en développement, telles que la fonction de
consommation des ménages, d’investissement, d’exportations et d’importations de biens et
services, de production et de demande de monnaie, nous allons passer à la phase d’estimation
des équations. Ce chapitre est subdivisé en cinq sections.
Dans la première section, une étude préliminaire des caractéristiques des séries est
d’abord effectuée. Nous allons soumettre l’ensemble des séries temporelles au test de Dickey-
Fuller augmenté (ADF) pour vérifier leur stationnarité114. L’analyse de la stationnarité des
variables utilisées consiste à tester l’hypothèse nulle de l’existence d’une racine unitaire
contre l’hypothèse alternative d’un processus stationnaire.
Dans la deuxième section, nous allons estimer les diverses équations du modèle
séparément. En utilisant des données statistiques de l’économie algérienne, nous présenterons
les résultats d’estimation de chaque équation telle qu’elle a été initialement proposée par
Haque et alii (1991), sans aucune modification.
Dans le but d’améliorer la spécification initiale des équations, nous introduisons au fur et à
mesure de nouvelles variables explicatives qui nous semblent plus adaptées à la situation
économique algérienne et qui pourraient s’avérer importantes.
Afin d’avoir une vue d’ensemble de l’économie algérienne, nous allons essayer
d’enrichir ce modèle par l’inclusion de nouvelles équations qui ne figurent pas parmi les
équations du modèle proposé par les auteurs, en l’occurrence les recettes budgétaires, la
demande de travail et l’inflation.
114 Voir annexe 5 pour plus de détails sur le test de Dickey et Fuller.
185
Dans la troisième section, sont présentées la condition d’équilibre et les équations de
définition.
La quatrième section de ce chapitre sera consacrée à l’estimation du modèle à équations
simultanées, et sera suivie par une dernière section portant sur la représentation finale du
modèle.
A des fins de simplification et de clarté et pour éviter que ce travail soit encombrant par
diverses équations estimées (on en a testé plusieurs dizaines pour chaque agrégat), on ne
présente dans ce chapitre que les résultats d’estimation qui ont le plus attiré notre attention.
Les estimations ont été réalisées sur une période allant de 1970 à 1998 par le Logiciel
Econometric Views (Eviews 3.1). Toutes les variables données en termes réels ont la même
année de base (1989).
Section 1. Etude préliminaire des caractéristiques des séries temporelles
Avant d’estimer les différentes équations du modèle, il est nécessaire de vérifier au
préalable la stationnarité des séries temporelles. Dans cette section, on teste la stationnarité
de toutes les variables (test de racine unitaire) et leur ordre d’intégration en utilisant le test de
Dickey et Fuller.
Il peut être intéressant de rappeler que l’analyse de la stationnarité des variables utilisées
consiste à tester l’hypothèse de base de l’existence d’une racine unitaire contre l’hypothèse
alternative d’un processus stationnaire.
L’hypothèse de la racine unitaire est rejetée contre l’hypothèse alternative si la
statistique calculée est inférieure à la valeur critique ; les valeurs critiques sont celles de
MacKinnon 1991.
Pour sélectionner le nombre de retards, noté p, on a adopté une démarche simple qui consiste
à appliquer le test de Dickey et Fuller pour les trois régressions ; la régression avec la
constante et la tendance (modèle 1), sans la tendance (modèle2), et sans la constante ni la
tendance (modèle 3) avec le maximum de retard possible (fixé à cinq retards).
186
Tableau 6-1 : Résultats d’application du test de Dickey et Fuller augmenté
Variables (a)
Nombre
de retard
(p)
Nombre
d’obser-
vations (n)
Test de
Dickey &
Fuller
(ADF)
Valeur
critique
au seuil 5%
T-
statistique
de la
constante
T-
statistique
de la
tendance
Log (Ct) 4 25 -3,33 -2,98 3,43 -
D (Log (Ct)) 1 27 -2,2 -1,95 - -
Log (Ydt) 2 27 -3,33 -2,97 3,42 -
D (Log (Ydt)) 1 27 -2,06 -1,95 - -
D (Log (U)) 1 27 -3,53 -1,95 - -
Log (Tr) 4 25 -4,72 -2,98 4,76 -
D (Log (Tr)) 4 24 -2,83 -1,96 - -
Log (Yt) 4 25 -3,01 -2,98 3,08 -
D (Log (Yt)) 4 24 -4,31 3,28 -3,4 -
Log (It) 4 25 -3,45 -2,98 3,48 -
D (Log (It)) 2 26 -2,1 -1,95 - -
Txr 4 25 -3,99 -2,98 2,77 -
D (Log (Txr)) 1 27 -3,07 -1,95 - -
Log (Mr2) 4 25 -3,32 -2,98 3,34 -
D(Log (Mr2)) (b) 3 26 -1,78 -1,62 - -
(a) Pour la définition des abréviations utilisées, voir la liste des variables données en section 4 de
ce chapitre, p. 225-226. (b) La masse monétaire en taux de croissance notée D (Log (MR2)), est stationnaire au seuil de
10% pour p = 3. Au seuil de 5%, il n’y a pas de racine unitaire lorsque l’on applique à cette série chronologique le test de Dickey et Fuller simple (le nombre de retard est nul (p = 0)).
187
Tableau 6-1 : Résultats d’application du test de Dickey et Fuller augmenté (suite)
Variables Nombre
de retard
(p)
Nombre
d’obser-
vations (n)
Test de
Dickey &
Fuller
(ADF)
Valeur
critique
au seuil 5%
T-
statistique
de la
constante
T-
statistique
de la
tendance
Log (L) 3 26 -3,05 -2,97 3,46 -
D (Rho) 1 26 -3,92 -1,95 - -
D(Log(Réserves*ef)) 1 27 -2,55 -1,95 - -
Log (Expr) 3 26 -4,27 -3,59 4,3 3,97
D (Log (Expr)) 1 27 -5,24 -1,95 - -
Log (Impr) 3 26 -4,58 -2,97 4,64 -
D (Log (Impr)) 1 27 -5,89 -3,58 -3,45 -2,93
D (Log (Pm89)) (c) 1 27 -1,64 -1,62 - -
Log (Pm89/Pgdp) 3 26 -2,44 -1,95 - -
D(Log(Pm89/Pgdp)) 2 26 -2,03 -1,95 - -
Log (Dit) 2 27 -3,84 -2,97 3,93 -
D (Log (Dit)) 1 27 -2,09 -1,95 - -
Sbr 1 28 -2,61 -1,95 - -
D (Log (Dmh)) 4 21 -2,61 -1,95 - -
D Log (Ppre89)) 3 24 -3,23 -1,95 - -
(c) Même remarque que précédemment pour la série temporelle des prix à l’importation en taux de croissance, soit D(Log (Pm89)). Pour p = 1, cette série est stationnaire au seuil de 10% et si on applique le test de Dickey et Fuller simple elle est stationnaire au seuil de 5%.
188
On a retenu le retard permettant d’obtenir un résidu d’estimation aussi proche que
possible d’un bruit blanc. Il faut signaler que dans le cas où la série est stationnaire pour
différentes valeurs de p (outre que les t de Student relatifs à la constante et à la tendance
doivent être supérieurs aux valeurs théoriques, s’il s’agit du modèle 1 ou 2), on choisit le
nombre de retards associé à la plus faible valeur du critère d’Akaike (AIC).
Lorsque la stationnarité est rejetée, le modèle indique la présence de la racine unitaire. Il
faut alors différencier la série et tester de nouveau la stationnarité de la série obtenue. Si cette
dernière est stationnaire après une première différenciation, le processus est dit intégré d’ordre
un, I(1) ; sinon, on applique l’opérateur « différence » une seconde fois et ainsi de suite
jusqu’à l’obtention d’une série stationnaire.
Les résultats du test de Dickey et Fuller portés dans le tableau ci-dessus (tableau 6-1)
mettent en évidence qu’on ne peut pas accepter l’hypothèse de racine unitaire pour les séries
temporelles retenues. Vu le nombre élevé, on n’a pas jugé utile de rapporter tous les résultats
du test de la stationnarité sur l’ensemble des variables.
A la lecture des résultats, on constate que la statistique de Dickey et Fuller est inférieure
aux valeurs critiques indiquées directement par le logiciel Eviews, on voit donc qu’on est
conduit à rejeter l’hypothèse de racine unitaire.
Les statistiques de Student relatives à la constante et à la tendance sont supérieures aux
valeurs critiques au seuil de 5% (voir tableau 6-2). La majorité des séries sont stationnaires
sans la présence d’une tendance ; et parfois même sans la constante.
Il est important de signaler que les valeurs critiques proposées par Dickey et Fuller sont
fournies pour une taille d’échantillon au minimum égale à 25 ; cependant la dimension
temporelle disponible est parfois inférieure115 . Il nous est parfois difficile de conclure si la
statistique T de Student est significative ou non ; comme c’est le cas de la variable production
donnée en taux de croissance D (Log (Yt)).
115 Cela dépend du nombre de retard, étant donné la petitesse de la taille de l’échantillon.
189
Tableau 6-2 : Valeurs théoriques de la constante et de la tendance au seuil de 5%
Source: Dickey D. A. Fuller W. A. (1981)116. Après avoir vérifié la stationnarité des différentes séries chronologiques que l’on va
utiliser dans notre modèle, on va s’assurer maintenant que les résidus obtenus des différentes
régressions représentent des bruits blancs.
Les tests les plus usités pour tester l’absence d’autocorrélation des résidus sont les tests
de Ljung Box et de Box Pierce. Le test de Durbin Watson peut tout aussi bien être utilisé
mais pour l’autocorrélation des erreurs d’ordre un. Il faut aussi préciser que ce test n’est
valable que dans le cas où la variable endogène décalée d’une période figure parmi les
variables explicatives de l’équation.
Etant donné la petitesse de la taille de l’échantillon, notre choix s’est porté sur le test de
Ljung Box pour vérifier si les résidus sont autocorrélées ou non.
Selon la probabilité de la statistique Q de Ljung Box (calculée par Eviews) largement
supérieure à 0.05 (voir tableau 6-3), on ne peut donc pas rejeter l’hypothèse de bruit blanc (les
coefficients d’autocorrélation estimés sont tous nuls). Les résidus estimés suivent bien un
processus de bruit blanc.
116 Dickey D. A. Fuller W. A. (1981) : “Likelihood ratio statistics for autoregressive time series with a unit root”, Econometrica, p. 1062, Vol. 49, n° 4, pp. 1057-1078.
Modèle (1) Modèle (2) Nombre
d'observations Constante Tendance Constante
25 3,2 2,85 2,61
50 3,14 2,81 2,56
190
Tableau 6-3 : Résultats d’application du test de Ljung Box (statistique Q) et du test de
Jarque - Bera
Variables Q-Statistique Probabilité Test de Jarque & Bera Probabilité
Log (Ct) 8,67 0,99 6,88 0,03
D (Log (Ct)) 14,36 0,95 27,2 0,00
Log (Ydt) 25,7 0,4 0,66 0,71
D (Log (Ydt)) 27,86 0,31 1,51 0,46
D (Log (U)) 11,5 0,99 2,4 0,3
Log (Tr) 14,09 0,92 0,59 0,74
D (Log(Tr)) 14,88 0,86 1,04 0,59
Log (Yt) 26,64 0,27 1,5 0,47
D (Log (Yt)) 11,21 0,97 0,79 0,67
Log (It) 22,69 0,47 0,74 0,68
D (Log (It)) 23,77 0,47 0,06 0,96
Txr 13,45 0,94 4,35 0,11
D (Log (Txr)) 11,11 0,99 35,67 0,00
Log (Mr2) 17,72 0,77 0,48 0,78
D(Log (Mr2)) 26,85 0,31 0,6 0,72
191
Tableau 6-3 : Résultats d’application du test de Ljung Box (statistique Q) et du test de
Jarque - Bera (Suite)
Variables Q-Statistique Probabilité Test de
Jarque & Bera Probabilité
Log (L) 16,99 0,84 18,03 0,00
D (Rho) 16,08 0,88 0,84 0,65
D (Log (Réserves*ef)) 35,52 0,07 1,61 0,44
Log (Expr) 13,01 0,96 45,33 0,00
D (Log (Expr)) 6,85 1,00 37,82 0,00
Log (Impr) 11,48 0,98 0,63 0,72
D (Log (Impr)) 16,98 0,88 0,39 0,82
D (Log (Pm89)) 21,87 0,64 3,12 0,21
Log (Pm89/Pgdp) 24,60 0,42 0,39 0,82
D (Log (Pm89/Pgdp)) 24,00 0,46 0,06 0,96
Log (Dit) 17,67 0,85 0,36 0,83
D (Log (Dit)) 20,48 0,72 0,10 0,94
Sbr 32,23 0,18 1,12 0,56
D (Log (Dmh)) 9,5 0,96 17,28 0,00
D (Log (Ppre89)) 12,85 0,93 28,86 0,00
192
Après avoir constaté que les résidus forment un bruit blanc, on peut vérifier si ces
derniers suivent une loi gaussienne. Il est cependant intéressant de rappeler qu’il n’est pas
nécessaire que le bruit blanc soit gaussien.
Lorsqu’on applique le test de normalité de Jarque et Béra sur les résidus d’estimation,
on constate que pour plus de la moitié des séries, le bruit blanc est gaussien au seuil 5%
comme en témoignent les résultats portés sur le tableau 6-3. A titre d’exemple, les résidus
respectifs de la variable de la demande mondiale d’hydrocarbures D(Log(DMH)) et de celle
du prix du pétrole D(Log(Ppre89)) données toutes les deux en taux de croissance, sont des
bruits blancs non gaussiens, alors que la série des résidus de la variable taux d’intérêt nominal
en niveau notée (Txr) est un bruit blanc gaussien.
Section 2. Estimation des équations du modèle
Après avoir examiné dans le chapitre 5, les différentes spécifications des équations du
modèle qui ont été proposées par Haque et alii (1991) pour les pays en développement, puis
soumis l’ensemble des séries chronologiques au test de Dickey – Fuller augmenté (ADF) pour
vérifier leur stationnarité, on présente tout d’abord dans cette deuxième section les résultats
d’estimation de chaque équation telle qu’elle a été proposée par Haque et alii (1991) sans
aucune modification.
Par la suite, on essaye d’améliorer la spécification initiale de ces équations. On tente
d’enrichir ces dernières par l’inclusion de nouvelles variables explicatives qui nous semblent
plus adaptées à la situation économique algérienne.
Dans le but d’avoir une vue d’ensemble, d’autres équations seront également incluses dans ce
modèle, telles que les équations des recettes budgétaires, de la demande de travail et de
l’inflation.
Pour chaque équation, on vérifie si les signes des paramètres sont conformes aux
enseignements de la théorie économique usuelle, puis on utilise les tests économétriques de
base pour accepter ou rejeter les résultats obtenus.
193
La statistique la plus couramment utilisée pour juger la qualité globale de l’estimation
reste le coefficient de détermination corrigé, noté2
R . Cette statistique sera accompagnée par
des tests complémentaires qui sont l’écart-type du résidu d’estimation (σ ), le maximum de
vraisemblance Log L et la statistique d’information d’Akaike (AIC).
L’existence de l’autocorrélation des résidus est vérifiée à l’aide du test Breusch Godfrey
(la statistique des multiplicateurs de Lagrange Lm (1) et Lm (2)), plus adapté aux modèles
économétriques comprenant des variables retardées parmi les variables explicatives que le test
de Durbin Watson (DW).
On se réfère par la suite au test de White qui nous permet de voir si l’hypothèse
d’homoscédasticité est vérifiée et au test de Jarque et Béra pour la normalité des erreurs117.
Il peut être intéressant de préciser que lorsque le nombre des données est important, on n’a
pas besoin de l’hypothèse de normalité pour déterminer la loi des estimateurs, de sorte que
dans ce cas, les différents tests de significativité restent bien établis. Or, lorsque le nombre
d’observations est faible, comme dans notre cas, l’hypothèse de normalité est importante à
vérifier.
Les estimations sont réalisées sur une période qui s’étend de 1970 à 1998 par le Logiciel
Econometric Views (Eviews 3.1). Les variables données en termes réels ont la même année
de base, soit l’année 1989.
La méthode d’estimation est celle des moindres carrés ordinaires. Au-dessous de chaque
coefficient estimé, on donne la valeur t de Student correspondante, que l’on indique par une
(*) dans le cas où ce coefficient serait rejeté au seuil de signification de 5%.
117 Voir annexe 4 pour un rappel sur les tests des résidus.
194
2-1. La consommation des ménages
La variable à expliquer, consommation des ménages (Ct), et le du revenu disponible des
ménages (Ydt) sont donnés en volume. En Algérie, sur une période allant de 1970 à 1998,
l’estimation de l’équation de la consommation des ménages, donnée en logarithme népérien
qui a été proposée par Haque et alii (1991) conduit aux résultats suivants :
Log ( C t) = - 0,27 - 0,0002 Rt + 0,63 Log (Ydt) + 0,04 Log (Ydt(-1))
(-0,8)* (-0,12)* (2,34) (0,13)*
+ 0,34 Log (Ct(-1)) (1-1)
(2,11)
N = 29 ; 2
R = 0,98 ; σ = 0,05 ; Log L = 47,01 ; AIC = -2,89
On remarque clairement que le coefficient associé à la variable décalée d’une période du
revenu disponible (Ydt(-1)) en logarithme et celui associé au taux d'intérêt réel en niveau (Rt)
sont non significatifs au seuil de 5% comme en témoigne la valeur du t de Student donnée
entre parenthèses en dessous de chaque paramètre estimé.
Lorsqu’on remplace le taux d’intérêt en terme réel (Rt) par le taux d’intérêt en terme nominal
(Txr), l’ensemble des coefficients deviennent non significatifs.
Il peut être intéressant de signaler l’effet d’une variation du taux d’intérêt sur le
comportement des consommateurs. L’augmentation du taux d’intérêt exerce deux effets : un
effet de substitution et un effet de revenu.
Il est question de l’effet de substitution lorsque la hausse du taux d’intérêt entraîne une hausse
de la consommation future et une augmentation de l’épargne.
Concernant l’effet de revenu, son impact est ambigu sur la consommation car tout dépend si
l’agent économique est préteur ou emprunteur. Dans le cas où l’agent est préteur, un
accroissement du taux d’intérêt entraîne une augmentation du revenu qui génère donc une
hausse de la consommation et une baisse de l’épargne. Dans le second cas, c’est-à-dire si
l’agent économique est emprunteur, une élévation du taux d’intérêt engendre une diminution
195
du revenu une fois le montant d’emprunt remboursé, ainsi l’agent diminue sa consommation
et augmente son épargne118.
Les résultats obtenus précédemment (voir équation 1-1) sont loin d’être satisfaisants. Ils
conduisent à envisager une modification de la spécification de cette équation.
On va donc essayer d’améliorer la spécification initiale en prenant en considération d’autres
variables qu’on suppose importantes pour expliquer la consommation des ménages en
Algérie.
On ne se limite donc pas au revenu disponible des ménages, à la variable décalée d’une
période de la consommation qui tient compte des habitudes passées et au taux d’intérêt en
terme réel comme variables explicatives de la consommation effectuée au cours d’une
période. On prend en considération l’influence du chômage (U) qui traduit l’hypothèse selon
laquelle la consommation est plus sensible à l’évolution du marché de l’emploi, ainsi que
l’impact possible de l’inflation sur les dépenses des ménages. L’augmentation du revenu réel
accroît bien évidemment la consommation et la hausse des prix la diminue. Le signe attendu
du taux de chômage est négatif.
Avant de ré-estimer l’équation de la consommation des ménages, on a soumis toutes ces
variables au test de Dickey et Fuller augmenté (ADF) pour vérifier leur stationnarité.
De plusieurs dizaines d’équations testées, on ne présente ici que les résultats d’estimation
qui ont attiré le plus notre attention. Dans les différentes équations estimées données ci-
dessous (1-2) à (1-5), on a relevé l’absence d’autocorrélation des erreurs d’ordre un et d’ordre
deux selon le test de Breusch Godfrey et aussi l’absence d’hétéroscédasticité d’après le test
de White. Le test de Jarque et Béra ne nous permet pas de rejeter l’hypothèse de la
distribution normale des résidus.
118 Abraham-Frois G. (1996) : Economie politique, 6éme Edition, Economica, Paris, p 469-470.
196
Les résultats d’estimation sont les suivants :
Log ( C t) = -1,11 + 1,08 Log(Ydt) - 0,02 D²(Log(Pc(-1))) (1-2)
(-3,26)* (38,5) (-0,12)*
N = 27 ; 2
R = 0,98 ; σ = 0,05
Quoique l’ensemble des tests statistiques soit acceptable, le coefficient associé à la variable
accélération de l’inflation notée D²(Log(Pc(-1))) n’est pas significatif.
Dès lors, on a proposé une autre équation pour spécifier
le comportement des dépenses des ménages, qui a donné les résultats ci-dessous :
Log ( C t) = 0,05 - 0,21 D(Log(U)) + 0,36 Log(Ydt) + 0,63 Log(Ct(-1))
(0,18)* (-2,68) (2,66) (5,18)
+ 0,15 D88 (1-3)
(3,26)
N = 29 ; 2
R = 0,99 ; σ = 0,04 ; Log L = 54,4 ; AIC = - 3,14
La consommation des ménages dépend positivement du revenu disponible et de la
consommation de la période précédente. Le signe de la consommation décalée d’une période
Log (Ct(-1)) traduit l’effet d’habitude.
La variable muette notée D88, prenant la valeur 1 pour 1988 et 0 ailleurs, capte
l’augmentation du taux de croissance de la consommation des ménages en volume qui est
passé de -8,36% en 1987 à 31,6% en 1988. Dans cette équation (1-3), on a calculé
l’élasticité-revenu de la consommation à long terme, elle est de 0,97%.
Il peut être intéressant de prendre en compte les variables en taux de croissance. Dans ce
cadre, et après avoir mené diverses tentatives, on a constaté que l’accélération de l’inflation
D²Log(Pc) qui est également de signe positif, n’est pas un déterminant direct de la
197
consommation des ménages algériens puisque son coefficient associé est non significatif
comme le montrent les résultats suivants :
D(Log( C t)) = 0,02 - 0,23 D(Log(U)) + 0,45 D(Log(Ydt)) + 0,31 D²(Log(Pc)) (1-4)
(0,09)* (-2,45) (2,4) (1,75)*
+ 0,21 D88
(4,63)
N = 28 ; 2
R = 0,60 ; σ = 0,04 ; Log L = 49,2 ; AIC = -3,16
Une explication possible est que les prix sont restés quasiment stables jusqu'à la fin des
années 1980, soit durant près de deux décennies. Par voie de conséquence, on a supprimé la
variable indice des prix à la consommation. La ré-estimation de cette équation qui nous
semble la plus acceptable aussi bien sur le plan théorique que sur le plan statistique et qu’on
retient finalement est donnée ci-après :
D(Log( C t)) = 0,03 - 0,26 D(Log(U)) + 0,23 D(Log(Ydt)) + 0,21 D88 ( 1-5)
(3,39) (-2,89) (2,15) (4,42)
N = 29 ; 2
R = 0,57 ; σ = 0,04 ; Log L = 49,73 ; AIC = -3,15
Lm(1) = 0,08 (Pr. = 0,76) ; Lm(2) = 0,11 (Pr.= 0,94)
Test de Jarque et Béra : J. B. = 0,98 (Pr. = 0,61)
Test de White: N*R2 = 4,92 (Pr. = 0,42)
La consommation des ménages en taux de croissance dépend bien évidemment positivement
du taux de croissance du revenu disponible. La consommation s’est révélée sensible à
l’évolution du marché de l’emploi. Un accroissement du taux de chômage, indicateur de
l’incertitude qui pèse sur l’avenir, déprime la consommation des ménages.
198
L’introduction de la variable muette D88 se révèle significative. Il est possible que
l’augmentation du taux de croissance de la consommation des ménages en termes réels en
1988 saisie par D88 soit due à la pression des émeutes du 5 octobre 1988. A l’époque, on a
préféré promouvoir la consommation à partir d’importations croissantes de biens de
consommation alimentaire au lieu de s’appuyer sur les activités productives pour relancer
l’économie.
Les autres paramètres estimés sont significatifs. L’absence d’autocorrélation des résidus a été
vérifiée à l’aide du test de Breusch-Godfrey (Lm).
Le test de White et le test de Jarque et Béra indiquent respectivement qu’on ne peut pas rejeter
l’hypothèse d’homoscédasticité et de normalité des erreurs.
2-2. Les recettes budgétaires
Les recettes pétrolières constituent l'essentiel des ressources de l'Etat. En 1974 et 1979, les
recettes pétrolières ont contribué à hauteur de 57% aux recettes budgétaires (ou recettes
publiques). Ces parts importantes de la fiscalité pétrolière trouvent leur origine dans le
renchérissement important du prix du baril de pétrole enregistré au courant de ces deux
années.
Dans l’équation des recettes budgétaires, on a tout d’abord introduit la variable muette D1 qui
saisit l’effet de l’augmentation du prix de pétrole en 1974. L’estimation de cette équation en
niveau donne lieu aux résultats suivants :
Log(Tr) = 0,21 + 0,35 Log(Yt) + 0,59 Log(Tr(-1)) + 0,26 D1 (2-1) (0,32)* (2,67) (4,98) (2,81) N = 29 ;
2R = 0,93 ; σ = 0,09 ; Log L = 30,64 ; AIC = -1,83
Lm(1) = 0,15 (Pr. = 0,69) ; Lm(2) = 0,15 (Pr. = 0,92) Test de Jarque et Béra : J. B. = 0,82 (Pr. = 0,66) Test de White: N*R2 = 7,68 (Pr. = 0,26)
199
Les recettes totales dépendent bien évidemment positivement de la production réelle. Dans
l’ensemble, les tests usuels sont admissibles. Lorsqu’on rajoute la variable muette D2 qui
capte l’effet du second choc pétrolier, on obtient les résultats suivants :
Log(Tr) = 0,02 + 0,41 Log(Yt) + 0,54 Log(Tr(-1)) + 0,27 D1 + 0,10 D2 (2-2) (0,03)* (3,24) (4,7) (3,11) (2,04) N = 29 ;
2R = 0,94 ; σ = 0,08 ; Log L = 32,96 ; AIC = -1,92
Lm(1) = 0,21 (Pr. = 0,64) ; Lm(2) = 0,87 (Pr. = 0,64)
Test de Jarque et Béra : J. B. = 0,9 (Pr. = 0,63)
Test de White: N*R2 = 8,65 (Pr. = 0,46)
Les deux chocs pétroliers ont donc un impact positif sur les recettes globales. On enregistre
dans l’équation (2-2) une nette amélioration par rapport à l’équation (2-1).
Après avoir soumis les variables au test de stationnarité et remplacé les deux variables
muettes tout simplement par le prix du pétrole en termes réels, l’estimation de l'équation des
recettes budgétaires en taux de croissance conduit aux résultats suivants :
D(Log(Tr)) = -0,01 + 1,04 D(Log(Yt)) + 0,18 D(Log(PPR89*Ef)) (2-3) (-1,11)* (4,88) (4,98) N = 28 ;
2R = 0,65 ; σ = 0,07 ; Log L = 35,56 ; AIC = -2,32
200
D(Log(Tr)) = -0,01 + 1,04 D(Log(Yt)) + 0,18 D(Log(PPR89*Ef))
(-0,94)* (6,36) (6,04)
+ 0,07 Log(Tr(-1)) - 0,17D76 - 0,16 D82 (2-4)
(0,73)* (-2,82) (-2,59)
N = 28 ; 2
R = 0,76 ; σ = 0,05 . Log L = 42,61 ; AIC = -2,61
D( Log(Tr)) = - 0,01 + 1,13 D(Log(Yt)) + 0,18 D(Log(PPR89*EF))
(-0,74)* (6,39) (6,07)
- 0,17 D76 - 0,15 D82 (2-5)
(-2,88) (-2,53)
N = 28 ; 2
R = 0,76 ; σ = 0,05 ; Log L = 42,27 ; AIC = -2,66
Lm(1) = 0,61 (Pr. = 0,43) ; Lm(2) = 1,95 (Pr. = 0,37)
Test de Jarque et Béra : J. B. = 1.65 (Pr. = 0,43)
Test de White : N*R2 = 6,67 (Pr. = 0,46)
En taux de croissance, les recettes totales réelles dépendent positivement de la production
réelle et des prix du pétrole. On a introduit les variables muettes D76 et D82 pour saisir l’effet
des points aberrants constatés sur le graphique des résidus d’estimation.
L’équation (2-5) passe avec succès tous les tests économétriques auxquels elle est soumise,
elle nous semble la plus appropriée relativement aux équations précédentes et c’est donc cette
équation qu’on va retenir dans notre modèle. Il importe de noter que l’équation des recettes
budgétaires est la première équation qu’on a proposée et qui ne figure pas parmi les
différentes équations du modèle proposé par Haque et alii (1991).
201
2-3. L’investissement En termes réels, l’investissement (It) est déterminé par la variation de la production
(∆Yt), celle du taux d’intérêt (∆Rt) et de l’investissement de la période précédente (It-1) 119.
Les résultats d'estimation de l’équation des investissements (It) proposée par Haque et alii
(1991) sont mentionnés ci-après :
I t = 0,32 D(Yt) - 494,16 D(Rt) + 0,98 It(-1) (3-1)
(2,40) (-1,33)* (44,5)
N = 28 ; 2
R = 0,79 ; σ = 9641,9 ; Log L = -295,01 ; AIC = 21,28
Quoique les erreurs suivent une loi normale, soient homoscédastiques et non autocorrélées, la
variable du taux d’intérêt réel (Rt) est statistiquement non significative. L'investissement est
bien évidemment proportionnel aux variations de la production.
Lorsqu’on réécrit l’équation des investissements en différences premières, on aboutit aux
résultats donnés ci-dessous :
D( I t) = 0,26 D²(Yt) + 0,42 D(It(-1)) - 24812,9 D79 - 20942,07 D87 (3-2)
(2,84) (2,20) (-2,51) (-2,27)
2R = 0,28 ; σ = 9036,6 ; Log L = -292,6 ; AIC = 21,18;
Lm(1) = 0,56 (Pr. = 0,46) ; Lm(2) = 0,27 (Pr. = 0,76) Test de Jarque et Béra : J. B. = 2,25 ( Pr. = 0,32) Test de White: N*R2 = 2,90 (Pr. = 0,89)
119 On a utilisé le déflateur du PIB, noté PGDP, pour déflater la série des investissements car le déflateur des investissements n’est pas disponible sur toute la période.
202
A la lecture de ces résultats, on peut dire que dans l’ensemble, les tests sont acceptables.
Le coefficient négatif de la variable muette D79 peut être interprété par le coup d’arrêt donné
aux investissements à la fin des années 1970. La chute des prix du pétrole à la fin de l'année
1986 a eu un effet néfaste sur les investissements d'où le signe négatif de la variable D87.
On va prendre en compte l’effet du prix du pétrole sur les investissements puis celui des
recettes budgétaires. Il est bien connu que le budget de l’Etat finance les investissements à
travers ses recettes provenant en grande partie des ressources pétrolières. Le renchérissement
du prix du pétrole génère bien évidemment une augmentation des recettes budgétaires, la
baisse du prix du baril entraîne un effet inverse.
Avant de ré-estimer cette équation, on a soumis au préalable l’ensemble des séries
temporelles au test de Dickey et Fuller. Les résultats d’estimation sont donnés ci-après :
D( I t) = 0,31 D²(Yt) + 0,53 D(It(-1)) + 15741,9 D(Log(Ppre89(-1)))
(3,52) (2,95) (3,49)
- 24120,3 D79 (3-3-a)
(-2,69)
N= 27 ;
2R = 0,41 ; σ = 8206,5 ; Log L= - 279,4 ; AIC = 20,99
Dans les estimations des équations (3-3-a) à (3-6), l’absence d’autocorrélation des erreurs,
l’homoscédasticité et la normalité des erreurs sont vérifiées. Cependant, lorsque l’on introduit
le terme constant dans l’équation (3-3-a), les résultats obtenus sont relativement moins
satisfaisants comme on le constate dans l’équation (3-3-b) :
D( I t) = 574,4 + 0,3 D²(Yt) + 0,51 D(It(-1)) + 15029,08 D(Log(Ppre89(-1)))
(0,3)* (3,26) (2,63) (2,91)
– 24419,4 D79 (3-3-b)
(-2,65)
203
N= 27 ;
2R = 0,39 ; σ = 8373,2 ; Log L = -279,4 ; AIC = 21,06
La valeur du coefficient de détermination ajusté est plus faible ; par ailleurs, le critère
d’Akaike (AIC) et l’écart-type de l’erreur révèlent des valeurs plus élevées.
Avant de présenter les équations en taux de croissance qui ont attiré notre attention, on
doit signaler que le fait que le coefficient associé à la variable taux d'intérêt réel (Rt) soit
statistiquement non significatif dans pratiquement la majorité des spécifications testées, nous
a amené à remplacer cette dernière par le taux d’autofinancement noté Txst, qu’on a calculé
par le ratio Epargne Brute / Investissement Brut.
En outre, on a remplacé la variable prix du pétrole par la variable recettes totales, notée Tr.
Malheureusement, ceci n'a pas permis l'obtention de résultats satisfaisants comme on le note
dans l’équation (3-4) ; le coefficient du taux d’autofinancement est négatif.
D (Log ( I t)) = 0,001 + 1,04 D (Log (Yt)) + 0,3 D (Log (Tr (-1)))
(0,07)* (5,56) (2,96)
- 0,43 D (Log(Txst)) - 0,18 D80 - 0,13 D88 (3-4)
(-3,85) (-3,98) (-2,08)
N = 28 ; 2
R = 0,71 ; σ = 0,06 ; Log L = 41,17 ; AIC = -2,51
On a pu améliorer cette équation en introduisant à nouveau le taux d’intérêt ainsi que la
variable muette D1, qui saisit l’effet de la baisse des investissements en volume constatée en
1974. On retient finalement l’équation suivante :
D (Log ( I t)) = 0,008 + 0,97 D (Log (Yt)) + 0,34 D (Log (Tr (-1)))
(0,47)* (4,94) (3,14)
- 0,19 D (Log(Txr(-1))) - 0,19 D1 - 0,2 D80 (3-5)
(-2,35) (-2,91) (-4,23)
204
N = 28 2
R = 0,68 ; σ = 0,06 ; Log L = 39,83 ; AIC = -2,41 Lm(1) = 0,52 (Pr. = 0,47) ; Lm(2) = 0,82 (Pr. = 0,66) Test de Jarque et Béra : J. B. = 0,17 (Pr. = 0,9) Test de White : N*R2 = 10,76 (Pr. = 0,54) Le taux de croissance des investissements est proportionnel au taux de croissance de la
production. Le budget de l’Etat à travers ses recettes, finance les investissements. Ces derniers
dépendent négativement du taux d’intérêt nominal de la période précédente. Les
investissements en termes réels ont chuté de 15% en 1973 à -8,6% en 1974 ; d'où le signe
négatif de la variable D1.
Le coefficient négatif de la variable muette D80, qui vaut 1 en 1979 et 1980 et 0 ailleurs, peut
être interprété comme le coup d’arrêt donné aux investissements à la fin des années 1970. En
effet, le taux de croissance des investissements en termes réels a chuté de manière abrupte de
20% en 1978 à –12,8% en 1979 et atteint -13,2% en 1980. Il devient positif en 1981 avec un
faible taux de croissance 0,49%.
Sur le plan économétrique, on enregistre une nette amélioration des résultats d'estimation. La
valeur du maximum de vraisemblance Log L est plus élevée, la statistique AIC et l'écart-
type de l'erreur sont plus faibles.
2-4. Les exportations de biens et services
La spécification initiale proposée par Haque et alii (1991) fait dépendre les exportations
globales en volume notées EXPR, de la demande mondiale en monnaie domestique QWE, de
la compétitivité Pworld89*Ef/PGDP ainsi que de la variable endogène retardée d’une période.
Toutes ces variables sont données en logarithme népérien.
205
Dans le cadre de la théorie économique, les exportations globales en termes constants sont
une fonction croissante de la demande mondiale et du taux de change réel (Pworld89*Ef /
PGDP). Lors de nos estimations, on a représenté la demande mondiale QWE par le PIB
mondial (Gross Domestic Product).
L’estimation de cette équation a fourni pour l’économie algérienne, les résultats donnés ci -
après :
Log (EXPR) = 13,71 - 0,36 Log (QWE) + 0,38 Log (Pworld89*Ef / PGDP)
(4,18) (-3,01) (3,87)
+ 0,10 Log (EXPR(-1)) (4-1)
(0,53)*
N = 29 ;
2R = 0,76
Un fait s’est dégagé d’une panoplie d’équations des exportations globales qu’on a estimées :
le coefficient associé à la variable demande mondiale (QWE) est négatif ce qui contredit la
théorie économique.
Vu que les exportations se caractérisent par la prédominance des hydrocarbures et que le
niveau des recettes provenant des exportations d’hydrocarbures dépend d’une variable
stratégique qui est le prix du pétrole, on a estimé pertinent de proposer une nouvelle équation
des exportations. Dès lors, on a fait dépendre les exportations globales des variables
explicatives suivantes : la demande mondiale d’hydrocarbures (DMH) qu’on a calculé par le
ratio (consommation mondiale du pétrole + consommation mondiale du gaz naturel) /
consommation mondiale d’énergie primaire, le prix du pétrole en termes réels (Ppre89), le
quota de production de l’OPEP noté (Quota) et les réserves pétrolières prouvées (Rsoil).
L’estimation de l’équation des exportations globales donne lieu aux résultats suivants :
206
Log(EXPR) = - 7,35 + 4,93 D(Log(DMH)) - 0,03 D(Log (Quota))
(-3,57) (3,68) (-0,07)*
+ 0,23 D(Log (PPR89*Ef)) + 1,59 Log (Rsoil) + 0,35 Log (EXPR(-1)) (4-2)
(3,25) (4,76) (2,81)
N = 26 ; 2
R = 0,86 ; σ = 0,13 ; Log L = 18,69 ; AIC = -0,97
Les exportations globales en logarithme dépendent positivement de la demande
mondiale d’hydrocarbures et des réserves pétrolières prouvées. Une forte appréciation du prix
du baril sur le marché mondial génère une hausse dans la valeur des exportations globales. Du
point de vue statistique, les erreurs sont non autocorrélées, suivent une loi normale et leurs
variances sont constantes d’une observation à une autre.
Par ailleurs, seul le coefficient du quota de production de l’OPEP n’est pas significatif,
en outre, son signe négatif n’est pas acceptable. Il est possible que ceci soit dû à la manière
dont a été complétée cette variable. Il est utile de rappeler que c’est en 1982 que les pays
membres de l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) ont décidé fixer des
quotas de production pour soutenir le prix du baril. A cet effet, on a estimé nécessaire de
compléter cette série en prenant la moyenne pour les observations qui précédent l’année 1982.
Dans le but d'obtenir de meilleurs résultats, on a soustrait de l’équation des exportations
globales la variable Quota de production et on a introduit la variable prix du pétrole au carré.
Les résultats d’estimation obtenus sont les suivants :
Log(EXPR) = - 7,45 + 5,43 D(Log(DMH)) + 0,17 D(Log(PPR89*Ef))
(-5,10) (5,74) (3,38)
+ 0,26 (D(Log(PPR89*Ef)))² + 1,56 Log(Rsoil) + 0,38 Log(EXPR(-1)) (4-3)
(4,44) (6,61) (4,33)
N= 26 ; 2
R = 0,93 ; σ = 0,09 ; Log L = 27,63 ; AIC = -1,66
207
Lm(1) = 0,004 (Pr. = 0,94) ; Lm(2) = 7,53 (Pr. = 0,02) Test de Jarque et Béra : J. B. = 1,19 ( Pr. = 0,55) Test de White : N*R2 = 23,40 (Pr. = 0,21)
Relativement aux estimations précédentes, cette équation donne de meilleurs résultats. En
effet, les coefficients estimés sont acceptables sur les plans théorique et économétrique. Les
exportations globales dépendent positivement de la demande mondiale d’hydrocarbures et
des réserves pétrolières prouvées.
En taux de croissance, l’estimation de l’équation des exportations donne lieu aux résultats ci-
après :
D(Log(EXPR)) = -0,05 + 6,61 D(Log (DMH)) + 0,22 D(Log (PPR89*Ef))
(-1,54)* (2,88) (2,8)
+ 0,31 (D(Log (PPR89*Ef)))² +1,10 D(Log (Rsoil))
(3,56) (2,96)
- 0,11 D(Log (EXPR(-1))) (4-4)
(-0,59)*
N = 25 ;
2R = 0,74 ; σ = 0,14 ; Log L = 16,68 ; AIC = -0,85
Les équations (4-4) et (4-5) sont estimées sur un échantillon allant de 1974 à 1998. Quoique
les tests statistiques soient dans l’ensemble acceptables, certains coefficients sont non
significatifs, par exemple le paramètre associé à la variable des exportations décalé d’une
période dans l’équation (4-4) ou bien celui de la variable de quota de production dans
l’équation (4-5).
208
D(Log (EXPR)) = -0,01 + 3,79 D(Log(DMH)) + 0,18 D(Log(PPR89*Ef))
(-0,48)* (3,29) (3,56)
+ 0,26 (D(Log(PPR89*Ef)))² +0,86 D(Log(Rsoil))
(4,56) (4,5)
- 0,1 D(Log(Quota)) - 0,68 D75 (4-5)
( -0,29)* (-5,12)
N = 25 ;
2R = 0,88 ; σ = 0,09 ; AIC = -1,66
L’estimation de cette équation en taux de croissance sur la période allant de 1973 à 1998,
donne lieu aux résultats fournis ci-après :
D(Log(EXPR)) = 0,009 + 2,86 D(Log(DMH)) + 0,16 D(Log(PPR89*Ef))
(0,37)* (2,17) (2,82)
+ 0,25 (D(Log(PPR89*Ef)))² -0,81 D75 + 0,35 D79 (4-6)
(3,82) (-5,42) (3,21)
N= 26 ; 2
R = 0,85 ; σ = 0,10 ; Log L = 24,7 ; AIC = -1,44
Lm(1) = 3,51 (Pr. = 0,06) ; Lm(2) = 3,52 (Pr. = 0,17)
Test de Jarque et Béra : J. B. = 5,18 ( Pr. = 0,07)
Test de White : N*R2 = 1,81 (Pr. = 0,96)
L’équation (4-6) nous semble la plus acceptable par rapport aux équations estimées
précédemment. En taux de croissance, les exportations globales dépendent positivement de la
demande mondiale d’hydrocarbures. Une forte appréciation du prix du baril sur le marché
mondial génère une hausse dans la valeur des exportations globales.
209
Les variables muettes D75 et D79 représentent respectivement la baisse des exportations en
terme réel de -64% enregistrée en 1975 et leur hausse de 58% en 1979. Les tests
économétriques usuels sont dans l’ensemble acceptables.
2-5. Les importations de biens et services
Les importations globales données en termes réels, notées (IMPR), sont reliées à la
production réelle (Yt) et à la compétitivité des importations. L’indicateur de la compétitivité
étant défini par le rapport du prix mondial (Pworld89) au prix domestique (PGDP) multiplié par
le taux de change (Ef)
Le ratio Réserves de change / Importations décalé d’une période est également pris en
considération dans cette équation. Il capte essentiellement l’effet de contrôle des change et le
contingentement à l’importation dans les pays en développement120.
Les résultats d'estimation de cette équation en logarithme népérien, proposée par Haque et alii
(1991), qu’on a obtenu sont les suivants :
Log(IMPR) = -5,86 + 1,02 Log (Yt) – 0,18 Log (Pworld89*Ef/PGDP )
(2,37) (2,94) (3,00)
+ 0,03 Log ((Réserves(-1) * Ef (-1)) / (Pworld89(-1)*IMPR(-1)))
(1,17)*
+ 0,43 Log(IMPR(-1)) (5-1)
(2,45)
N= 29 ;
2R = 0,92 ; σ = 0,12 ; LogL = 21,53 ; AIC = -1,14
Les variables Réserves, Pworld89, Ef et PGDP représentent les réserves de change (or exclu)
en dollar américain, le prix mondial ayant l’année 1989 pour année de base, le taux de change
nominal exprimé en unité de monnaie locale (dinar algérien) pour une unité de monnaie
étrangère (dollar américain) et le prix domestique, respectivement.
120 Haque N. et alii. (1991) : Op. cit., p. 238.
210
Les importations en volume dépendent positivement de la production et négativement du
taux de change réel Log (Pworld89*Ef/PGDP). Des quatre coefficients de régression estimés,
seul le coefficient relatif au rapport (Réserves * Ef) / (Pworld89 * IMPR) décalé d'une
période n'est pas significatif comme l’indique le test de Student.
L’estimation de l’équation des importations globales en taux de croissance sur la période
allant de 1971 à 1998 conduit aux résultats donnés ci-après :
D(Log(IMPR)) = 0,01 + 1,27 D(Log (DIT)) - 0,47 D(Log (Pworld89*Ef/PGDP))
(0,53)* (4,04) (-3,16)
+ 0,01 D(Log (Reserves (-1)* Ef (-1))) + 0,29 D88 (5-2)
(0,3)* (2,45)
N = 28 ;
2R = 0,54 ; σ = 0,10 ; Log L = 25,49 ; AIC = -1,46
Dans l’équation donnée ci-dessus (5-2), on a remplacé le rapport (Réserves * Ef) / (Pworld89
* IMPR) tout simplement par la variable de réserves de change en monnaie nationale de la
période précédente.
Les importations globales sont bien entendu fonction croissante de la demande intérieure
(DIT) et décroissante de la compétitivité. La variable muette D88 capte l’effet de
l’accroissement des importations en 1988. Seul le coefficient des réserves de change en
monnaie nationale s’est révélé non significatif.
Une amélioration appréciable au niveau des résultats d’estimation est enregistrée lorsqu’on
remplace le prix mondial en monnaie locale par le prix à l’importation et on introduit
également la variable muette D91 qui capte l’effet de la chute des importations en 1991,
comme le montre l’équation suivante :
211
D(Log (IMPR)) = - 0,07 + 1,85 D(Log (DIT)) - 0,61 D(Log (Pm89/PGDP))
(-4,33) (9,81) (-5,8)
+ 0,10 D(Log (Reserves*Ef)) + 0,33 D88 - 0,332 D91 (5-3)
(3,5) (4,75) (-4,30)
N = 29 ;
2R = 0,84 ; σ = 0,06 ; Log L = 42,69 ; AIC = -2,53
Lm(1) = 2,65 (Pr. =0,10) ; Lm(2) = 3,78 (Pr. = 0,15) Test de Jarque et Béra : J. B. = 0,86 (Pr. = 0,64) Test de White: N*R2 = 6,65 (Pr. = 0,57) L’équation des importations de biens et services en taux de croissance que l’on va
finalement retenir est donnée par (5-3). Les importations globales sont fonction croissante de
la demande intérieure (DIT) et décroissante de la compétitivité Pm89/PGDP. Afin de saisir la
contrainte par les devises, on a pris en compte la variable réserves de change en monnaie
locale. Son signe positif révèle que les autorités publiques ont utilisé les réserves de change
disponibles pour importer afin de satisfaire la demande intérieure sans cesse croissante.
L’augmentation des importations de biens et services de -16,19% en 1987 à 44,98% en
1988 est saisit par la variable D88. Il est possible que ce taux élevé des importations soit le
résultat des événements tragiques d’octobre 1988. A l’époque, on a préféré importer pour
faire taire une population révoltée.
En revanche, la variable D91 représente l’effet de la chute des importations globales
enregistrée en 1991. En effet, le taux de croissance des importations en termes réels a baissé à
–18,8% relativement à l’année 1990.
Les coefficients de l'équation sont significatifs. L’ensemble des tests statistiques est
acceptable. Outre que les erreurs suivent une loi normale et leurs variances sont constantes, la
valeur des statistique Lm (1) et Lm(2) nous permet d’accepter l’hypothèse de base concernant
l’absence d’autocorrélation positive des erreurs d’ordre 1 et 2.
212
2-6. La production et la demande de travail
On va expliquer, à partir des différentes spécifications de la fonction de production et des
résultats d’estimations obtenus, les raisons pour lesquelles on est passé de l’équation de la
production à la fonction de demande de travail.
2-6-1. La production
Concernant la fonction de production globale, dans la spécification proposée pour les
pays en développement la production totale en termes réels par travailleur dépend du capital
par tête et de la variable endogène retardée d’une période. Il est tenu compte d’un éventuel
progrès technique représenté par le temps (Trend).
La série d’observations de la production (Yt) a été déflatée par PGDP. La série Lt est donnée
en nombre total des travailleurs tous secteurs confondus, en l’occurrence : agriculture,
industrie, hydrocarbures, bâtiment et travaux publics, commerce, communication et services.
On a estimé l’équation de la production par tête en logarithme proposée par Haque et alii
(1991) et on a relevé les résultats suivants :
Log(Yt/Lt) = 1,98 + 0,02 (Ke-Log(Lt)) + 0,0008 Trend + 0,53 Log (Yt(-1)/Lt(-1)) (6-1-1)
(3,08) (1,60)* (0,47)* (3,54)
N = 29 ; 2
R = 0,34 ; σ = 0,05 ; Log L = 44,96 ; AIC = -2,82
Les coefficients associés à la variable capital par travailleur Ke-Log(Lt) et à la tendance ne
sont pas significatifs. En outre, quelle que soit la spécification choisie, les résidus ne suivent
pas la loi normale.
Etant donné ces résultats, on a donc jugé nécessaire de ré-estimer cette équation. On a soumis
l’ensemble des variables au test de Dickey et Fuller augmenté et introduit d’autres facteurs
essentiellement des variables muettes.
213
Les résultats obtenus sont donnés ci-dessous :
D(Log(Yt/Lt)) = - 0,005 + 0,03 D(Ke-Log(Lt)) - 0,02 D(Log (Yt(-1)/Lt(-1)))
(- 0,68)* (3,2) (-0,2)*
+ 0,23 D72 (6-1-2)
(4,9)
N = 28 ;
2R = 0,59 ; σ = 0,04 ; Log L = 51,7 ; AIC = -3,4
D(Log(Yt/Lt)) = - 0,0009 + 0,03 D(Ke-Log(Lt)) - 0,13 D71 + 0,23 D72
(-0,14)* (3,9) (- 4,19) (6,44)
+ 0,02 D(Log(Yt(-1)/Lt (-1))) (6-1-3)
(0,19)
N = 28 ;
2R = 0,75 ; σ = 0,03 ; Log L = 59,71 ; AIC = -3,9
D(Log(Yt/Lt)) = - 0,0003 + 0,03 D(Ke-Log(Lt)) - 0,13 D71 + 0,23 D72 (6-1-4)
(- 0,05)* (4,26) (- 4,36) (7,41)
N= 29 ; 2
R = 0,77 ; σ = 0,03 ; Log L = 62,24 ; AIC = -4,01
On a introduit les variables muettes D71 et D72 pour capter l’impact de la chute de la
production réelle en 1971 puis sa relance en 1972. Sur le plan théorique, les signes des
paramètres sont acceptables.
Toutefois, à la lecture des résultats (voir équations 6-1-2 à 6-1-4), le résidu de Solow est non
seulement très faible et négatif, mais également non significatif. On ne peut pas rejeter
l'hypothèse de la normalité des erreurs, de l'homoscédasticité et de l'absence d’autocorrélation
214
des erreurs, hormis pour l’équation (6-1-2) dans laquelle on ne peut pas accepter l’hypothèse
que les erreurs ne suivent pas une loi normale.
Par conséquence, on a jugé plus approprié de ré-estimer cette équation. On repart de la
formulation la plus simple : une fonction de production du type Cobb - Douglas où l’emploi
(Lt) et le stock de capital en termes réels (Kt) sont considérés comme des inputs.
Pareillement, on a relevé que l’ajout dans l’équation de la variable stock de capital n’a pas
permis non plus l’obtention de bons résultats quelle que soit sa méthode d’estimation, comme
on le constate ci- après121 :
Log(Yt) = 1,87 + 0,07 D (Log(Kt)) + 0,36 Log(Lt) + 0,6 Log(Yt(-1)) (6-1-5)
(2,43) (0,69)* (2,10) (3,58)
Il faut noter que les erreurs de l’équation donnée ci-dessus (6-1-5) ne suivent pas une loi
normale.
Log(Yt) = 2,63 + 0,004 D (Log(Kt)) + 0,40 Log(Lt) + 0,52 Log(Yt(-1))
(5,15) (0,07)* (3,57) (4,78)
-0,24 D71 (6-1-6)
(-6,03)
N = 29 ;
2R = 0,98 ; σ = 0,04 ; Log L = 56,7 ; AIC = -3,56
Lm(1) = 0,45 (Pr. = 0,49) Test de Jarque et Béra : J. B. = 0,36 (Pr. = 0,83) Test de White: N*R2 = 12,78 (Pr. = 0,07)
121 Afin de calculer la variable stock de capital, on a d’abord utilisé la transformation donnée précédemment (voir chapitre 1, section 1, équation 10). N’ayant pas obtenu de bons résultats d’estimation, on a procédé à une seconde estimation de cette variable (voir annexe 3).
215
Les tests usuels sont dans l’ensemble acceptables. Le coefficient associé à la variable stock
de capital est encore une fois non significatif comme on l’a signalé plus haut. Supprimer cette
variable de l’équation de la production génère cependant l’hétéroscédasticité des résidus.
D’une panoplie de spécifications de l’équation de production proposée et estimée, deux
problèmes majeurs sont apparus. Le premier concerne le rôle mineur joué par le facteur
capital. En effet, le coefficient du stock de capital s’est révélé non significatif dans plusieurs
équations comme le révèle le test de Student.
Le second problème est lié au résidu de Solow122, il est non seulement faible et de signe
négatif, mais en outre non significatif au seuil de 5% ce qui est inacceptable. Par conséquent,
on a estimé plus pertinent de supprimer cette équation du modèle et de la remplacer par
l’équation de la demande de travail. Cette dernière représente une des trois équations que l’on
a incluses dans le modèle final et qui ne font pas partie des équations du modèle élaboré par
Haque et alii (1991) pour les pays en développement.
2-6-2. La demande de travail
Il est connu que la véritable cible de la stratégie de développement algérienne, mise en
oeuvre après l’indépendance, a été la création maximale d’emploi pour diminuer le chômage
et faire face aux demandes additionnelles d’emploi.
La demande de travail des entreprises croit avec la production et décroît avec le salaire réel
payé par les entreprises. L’augmentation de l’emploi ne peut provenir que d’une hausse de la
production et d’une baisse des salaires. Tout ce qui entrave la flexibilité à la baisse des
salaires comme l’intervention des pouvoirs publics, ou le rôle des syndicats ou autres, est
considéré comme un obstacle à l’emploi123.
On considère également que le niveau de l’emploi dépend du taux de salaire minimum garanti
(W0) et de la variable décalée dans le temps (Lt(-1)). La demande de travail (L) est donnée
en nombre total des personnes employés tous les secteurs d’activité économique confondus.
122 Voir annexe 2. 123 Abraham-Frois G. (1986) : Microéconomie, Economica, p. 64-65.
216
L’estimation de l’équation de la demande de travail en logarithme fournit les résultats
suivants :
Log( L ) = - 0,22 + 0,1 Log(Yt) + 0,87 Log(Lt (-1)) - 0,09 D(Log(WR))
(-0,96)* (2,2) (19,01) (-1,86)*
+ 0,003 D(Log(W0/Pc)) (6-2-1)
(0,27)*
N = 28 ; 2
R = 0,99 ; σ = 0,01 ; Log L = 76,9 ; AIC = -5,1
Log( L ) = - 0,21 + 0,09 Log(Yt) + 0,87 Log(Lt (-1)) - 0,09 D(Log(WR)) (6-2-2)
(-1,02)* (2,31) (20,02) (-1,95)*
N = 29 ; 2
R = 0,99 ; σ = 0,01 ; Log L = 80,13 ; AIC = -5,25
Lm(1) = 0,76 (Pr. = 0,38) ; Lm(2) = 0,82 (Pr. = 0,66)
Test de Jarque et Béra : J. B. = 4,05 (Pr. = 0,13)
Test de White : N*R2 =3,64 (Pr. = 0,93)
A la lecture des résultats donnés ci-dessus (voir équations 6-2-1 et 6-2-2), on constate
clairement que le taux de salaire minimum garanti (W0) et le taux de salaire réel (Wr), que
l’on a calculé par le rapport de la rémunération des salariés divisée par le nombre total des
travailleurs, sont non significatifs au seuil de 5%.
Lorsqu’on a introduit la variable muette D92, qui vaut 1 en 1992 et 0 ailleurs et qui saisit le
phénomène des licenciements massifs en 1992, on a obtenu la régression suivante :
217
Log( L ) = - 0,28 + 0,09 Log(Yt) + 0,88 Log(Lt (-1)) - 0,06 D(Log(WR))
(-1,63)* (2,83) (24,7) (-1,68)*
-0,05 D92 (6-2-3)
(-3,68)
N = 22 ; 2
R = 0,99 ; σ = 0,01 ; Log L = 86,63 ; AIC = -5,62.
Dans l’équation (6-2-3), on remarque clairement que le coefficient associé au taux de salaire
réel (Wr) est non significatif. Ceci est probablement dû au fait que l’économie algérienne est
restée pendant longtemps planifiée, le taux de salaire ne peut pas être un facteur déterminant
pour les demandeurs de travail.
Les résultats d’estimation de l’équation de la demande de travail après la suppression des
variables taux de salaire minimum garanti (W0) et le taux de salaire réel (Wr) et qui nous
semblent les plus acceptables aussi bien sur le plan théorique que sur le plan statistique, sont
donnés ci-dessous :
Log( L ) = - 0,32 + 0,09 Log(Yt) + 0,90 Log(Lt (-1)) - 0,05 D92 (6-2-4)
(-1,81)* (2,58) (24,97) (-3,91)
N = 29 ; 2
R = 0,99 ; σ = 0,01 ; Log L = 85,00 ; AIC = -5,58 Lm(1) = 0,52 (Pr. = 0,46) ; Lm(2) = 1,11 (Pr. = 0,57)
Test de Jarque et Béra : J. B. = 0,72 (Pr. = 0,69)
Test de White: N*R2 = 4,37 (Pr. = 0,62)
218
A la lecture de ces résultats, on note que les signes des paramètres sont conformes à la théorie
économique. La demande de travail dépend positivement de la production et de la variable
retardée d’une période Lt(-1). Le signe de la variable D92 traduit le solde négatif de création
d’emploi enregistré en 1992 pour la première fois en Algérie. Quatre-vingt mille emplois ont
été perdus relativement à l’année 1991.
Il convient de noter finalement que la spécification de cette équation en taux de croissance n’a
pas permis l’obtention de bons résultats.
2-7. Inflation
La troisième et dernière équation que l’on a introduite dans notre modèle ne faisant pas
partie des équations du modèle proposé par Haque et alii pour les pays en développement
concerne l’inflation.
L’inflation est, par définition, le taux de variation annuel de l’indice des prix à la
consommation qu’on note Pc. Concernant la modélisation de l’inflation pour l’économie
algérienne, on fait dépendre l’indice des prix à la consommation, du prix mondial
(Pworld89), du taux de liquidité de l’économie défini par le rapport de la masse monétaire à la
production nationale (MR2/Yt) et du taux de chômage de la période précédente U(-1). Toutes
ces variables sont données en logarithme.
L’accroissement de l’inflation peut provenir de la hausse du taux de liquidité et peut aussi être
due à l’augmentation du prix mondial.
A propos de la relation entre l’inflation et le taux de chômage de l’année précédente U(-1),
elle est négative. Selon J. Johnston et J. Dinardo (1999)124 : « L’introduction d’un décalage
(du taux de chômage) n’est pas chose absurde dans la mesure où il faut du temps avant que le
chômage n’affecte les salaires et encore plus de temps avant que les variations de ceux-ci se
répercutent sur le prix des biens ».
Les estimations économétriques de l’équation de l’indice des prix à la consommation qui
saisit le phénomène de l’inflation en Algérie conduisent aux résultats suivants :
124Johnston J. et Dinardo J. (1999) : Méthodes Econométriques, pp. 51-52, Economica, Paris, 383 p.
219
D²(log(Pc)) = -0,02 - 0,16 D(Log (U(-1)) + 0,18 D(Log (MR2(-1)/Yt(-1)))
(-2,25) (-2,04) (2,2)
+ 0,13 D(Log (Pworld89*Ef)) (7-1)
(3,10)
N = 28 ;
2R = 0,29 ; σ = 0,04 ; Log L = - 50,96 ; AIC = - 3,35
L’accélération de l’inflation dépend positivement du taux de liquidité décalé d’une période
ainsi que du prix mondial et négativement du taux de chômage.
Pour capter l’effet de la baisse du taux d’inflation en 1997, on a introduit dans cette équation
la variable muette D97, qui vaut 1 en 1997 et 0 ailleurs. Les résultats d’estimation sont donnés
ci-après :
D²(Log(Pc)) = - 0,02 - 0,16 D(Log (U(-1)) + 0,14 D(Log (MR2(-1)/Yt(-1)))
(-1,74)* (-2,19) (1,75)*
+ 0,11D(Log (Pworld89*Ef)) - 0,09 D97 (7-2)
(2,73) (-2,2)
N = 28 ; 2
R = 0,39 ; σ = 0,03 ; Log L = 53,64 ; AIC = -3,47
Bien que l’on ait enregistré une amélioration au niveau des résultats (voir équation (7-2)), le
coefficient associé à la variable taux de liquidité n’est significatif qu’au seuil de 9%.
Par conséquent, on a remplacé cette dernière variable par la masse monétaire. On aboutit aux
résultats fournis ci-dessous :
220
D²(log(Pc)) = - 0,03 - 0,15 D(Log (U(-1)) + 0,19 D(Log (MR2(-1)))
(-2,94) (-1,95)* (2,32)
+ 0,2 D(Log (Pm89)) (7-3)
(3,97)
N = 28 ;
2R = 0,41 ; σ = 0,03 ; Log L = 53,55 ; AIC = - 3,53
L'introduction de la variable indice de prix à l’importation (Pm89), qui saisit le phénomène de
l’inflation importée en remplacement de la variable prix mondial en monnaie domestique
(Pworld89*Ef), a amélioré la qualité de l’estimation même si l’on enregistre que le paramètre
associé au taux de chômage est significatif au seuil de 6%.
C’est l’inclusion de la variable muette D97 dans l’équation (7-3) qui nous permet l’obtention
de meilleurs résultats. En effet, relativement aux estimations économétriques précédentes,
l’équation suivante conduit à des résultats plus satisfaisants comme on le constate ci-après :
D²(Log(Pc)) = - 0,02 - 0,16 D(Log(U(-1)) + 0,15 D(Log(MR2(-1)))
(-2,36) (-2,23) (1,98)*
+ 0,18 D(Log(Pm89)) - 0,08 D97 (7-4)
(3,88) (-2,4)
N = 28 ; 2
R = 0,51 ; σ = 0,03 ; Log L = 56,7 ; AIC = -3,69
Lm(1) = 1,11 (Pr. = 0,29) ; Lm(2) = 2,62 (Pr. = 0,26)
Test de Jarque et Béra : J. B. = 1,99 (Pr. = 0,36)
Test de White: N*R2 = 7,01 (Pr. = 0,42)
Dans la spécification retenue ci-dessus (voir équation 7-4), le coefficient associé au taux
de croissance de la masse monétaire réelle décalée d'une période D(Log(MR2(-1))) est
significatif à 5,9% comme le révèle le test de Student.
221
La quantité de monnaie en circulation dans l’économie ainsi que le taux de croissance de
l'inflation importée, saisie par la variable Pm89, influencent positivement l’accélération de
l’inflation D²(Log(Pc)). Le taux d’inflation a baissé de 18,6% en 1996 à un taux de 5,7%
l’année d’après, d’où le signe négatif de la variable D97.
On tient finalement à signaler que l’on a testé d’autres spécifications dans lesquelles figurent
la variable du solde budgétaire en termes réels (SBR). Malgré l'importance de cette variable
pour expliquer le phénomène de l'inflation, étant donné que des déficits budgétaires
importants ont été monétisés pendant une longue période, on a abouti à des résultats non
satisfaisants. Il est possible que ceci soit dû essentiellement au problème de multicolinéarité
du fait du lien indirect entre le solde budgétaire et l’inflation, celle-ci couvre le déficit
budgétaire via la création monétaire.
2-8. La demande de monnaie
La demande d’encaisses monétaires en volume notée (MR2) est proportionnelle à la
production (Yt) et dépend négativement du taux d’intérêt (Txr) en termes courants. Notre
choix s’est porté sur la monnaie au sens de M2, c’est-à-dire la masse monétaire comportant
les disponibilités monétaires et la quasi-monnaie (les dépôts à termes et les placements à vue).
La variable endogène MR2 a été obtenue après avoir déflaté la série d’observations en termes
courants par l’indice des prix à la consommation (Pc).
L’estimation de l’équation de la demande de monnaie proposée par Haque et alii (1991)
fournit les résultats suivants :
LOG( 2ˆRM ) = -2,73 + 0,53 Log(Yt) - 0,028 Txr - 0,02 Log(Yt(-1))
(-2,94) (2,84) (-5,29) (-0,14)*
+ 0,72 Log(MR2(-1)) (8-1)
(10,70)
N = 29 ; 2
R = 0,98 ; σ = 0,05 ; Log L = 43,19 ; AIC = -2,68
222
Si l’on se réfère aux résultats obtenus, on constate que seul le coefficient associé à la variable
Log(Y(t-1)) n’est pas significatif comme l’indique la valeur du test de Student. Les autres
tests statistiques sont acceptables, les erreurs ne sont pas autocorrélées, suivent une loi
normale et leurs variances sont constantes d’une observation à une autre.
On a voulu améliorer ces résultats en introduisant dans la spécification initiale d'autres
variables qui nous apparaissent déterminantes de la demande d’encaisses, comme le taux
d’inflation. Le recours de l’Etat à la création monétaire pour financer son déficit permanent
nous a incité à intégrer aussi le solde budgétaire en termes réels (SBR), défini par la
différence entre les dépenses budgétaires et les recettes budgétaires. Cependant, l'utilisation
de cette dernière en logarithme pose un problème, puisque on observe généralement un solde
budgétaire tantôt positif et tantôt négatif dans les pays en développement.
Un fait s’est dégagé des différentes équations que l’on a estimé : le solde budgétaire donné en
niveau et le taux d’inflation en différences premières D(RHO) n’ont pas permis l’amélioration
des résultats. Ainsi, on peut donc retenir l'équation suivante estimée en niveau :
LOG( 2ˆRM )= - 2,77 + 0,51 Log(Yt) - 0,02 Txr + 0,71 Log(MR2(-1)) (8-2)
(-3,22) (4,20) (-5,91) (11,86)
N = 29 ; 2
R = 0,98 ; σ = 0,05 ; Log L = 43,9 ; AIC = -2,75
Lm(1) = 0,02 (Pr. = 0,86) ; Lm(2) = 2,13 (Pr. = 0,34)
Test de Jarque et Béra : J. B., = 1,73 (Pr. = 0,42)
Test de White : N*R2 = 8,20 (Pr. = 0,22)
Comme il est postulé dans la théorie économique, plus est élevé le niveau de la production,
plus est importante la demande d’encaisses monétaires réelles. Plus est élevé le taux d’intérêt
nominal (Txr), plus est faible la demande d’encaisses réelles. Les coefficients estimés sont
tous significatifs. Les autres tests statistiques sont satisfaisants.
223
Par ailleurs, les résultats d’estimation de cette équation donnée en taux de croissance qui ont
le plus attiré notre attention sont donnés ci-dessous :
D(LOG( 2ˆRM )) = 0,003 + 0,45 D(Log(Yt)) -1,03 D²(Log(Pc))
(0,20)* (2,15) (-3,69)
+ 0,61 D(Log(MR2(-1))) (8-3)
(4,24)
N = 28 ; 2
R = 0,52 ; σ = 0,06 ; Log L = 37,14 ; AIC = -2,36
D(LOG( 2ˆRM )) = 0,12 + 0,46 D(Log(Yt)) - 0,01 Txr - 0,7 D²(Log(Pc)) (8-4)
(5,02) (2,35) (-4,99) (-2,82 )
N= 28 ; 2
R = 0,58 ; σ = 0,06 ; Log L = 39,29 ; AIC = -2,52
Les demandeurs de monnaie réagissent positivement en fonction de la production et
négativement au taux d’intérêt nominal comme c’est établi dans la théorie économique.
L’inflation affecte négativement la demande de monnaie. Les autres tests statistiques sont
satisfaisants.
224
Section 3. La condition d’équilibre et les équations de définition
Le modèle est composé d’un ensemble d’équations. Celles précédemment étudiées
étaient surtout des équations de comportement. Pour compléter ce modèle, on introduit la
condition d’équilibre et les équations de définition.
* La production intérieure brute réelle Yt est égale à la demande globale. Cette dernière est
définie par la somme de la demande des biens de consommation Ct, de la consommation
gouvernementale125 (Cgt), de la demande de biens d’investissements, la variation de stocks
Dst ainsi que des exportations EXPR et les importations de biens et services IMPR.
Toutes ces variables sont données en termes réels. La variation de stocks et la consommation
gouvernementale sont considérées comme des variables purement exogènes, autrement dit,
des variables non expliquées par une autre relation.
La condition d’équilibre est donnée par :
GDPGDPGDP P
PmIMPRP
PxEXPRCgDstP89* -89* I Pc*C Y tttt ++++= (1)
Où Pc, PGDP, PM89 et PX89 représentent l’indice des prix à la consommation, le déflateur du
PIB, celui des exportations et des importations respectivement.
* La balance commerciale en termes constants (BR) est définie par :
BR = EXPR - IMPR
125 Pour plus de détails sur la définition de cette variable selon la classification économique algérienne, voir annexe 1.
225
Les exportations sont données en FOB126et les importations en CIF127. La balance
commerciale peut être excédentaire, déficitaire ou juste équilibrée et son solde peut modifier
le volume de la demande interne du pays.
* Le taux de chômage est donné en pourcentage, c’est le rapport de la population au chômage
à la population active.
U = (LS - L)/LS
* Le déficit budgétaire est donné en termes réels, il est défini par la différence entre les
dépenses et les recettes gouvernementales :
SBR = G/ PGDP*100 - Tr
Selon la classification économique algérienne, les recettes budgétaires (ou recettes publiques)
peuvent être subdivisées en recettes fiscales et autres recettes budgétaires.
Les premières regroupent principalement les impôts sur le revenu (les impôts directs, la
fiscalité pétrolière,…), les impôts sur la dépense (la taxe sur le chiffre d’affaires, les droits de
douanes, les impôts sur les produits) et les impôts sur le capital (enregistrement et timbre).
Les secondes correspondent à l’aide extérieure, les recettes exceptionnelles, les recettes des
ministères et autres.
Les dépenses de l’Etat (G) sont subdivisées en dépenses de fonctionnement et dépenses
d’équipement. On distingue dans les dépenses de fonctionnement les salaires, le matériel et
les fournitures, les pensions des Moudjahidines, les subventions aux hôpitaux, les allocations
familiales et autres. Dans notre modèle, les dépenses budgétaires sont considérées comme
étant des variables exogènes. Lorsque les dépenses publiques sont supérieures aux recettes
budgétaires, le compte des administrations publiques dégage ce qui convenu d’appeler un
déficit primaire.
126 FOB (Free on Board) signifie que les exportations d’un pays sont mesurées au prix du marché aux frontières nationales. 127 CIF (Cost, Insurance and Freight) est la valeur des importations à leur arrivée sur le territoire national.
226
Section 4. Estimation globale du modèle
Jusqu’à présent, nous avons concentré notre attention sur l’estimation d’une seule
équation représentant la fonction de la consommation des ménages, les recettes totales, les
investissements, les exportations et les importations de biens et services, la demande de
travail, l’inflation et la demande de monnaie. Cependant, ces équations font partie d’un
système d’équations qui sont en fait liées entre elles. En effet, il arrive fréquemment qu’une
variable endogène d’une équation apparaisse comme étant une variable explicative d’une
autre équation ; les équations sont interdépendantes. Il s’agit donc d’un modèle à équations
simultanées.
Dans le cadre de cette section, on considère le modèle à équations simultanées dans
lequel figurent les équations spécifiées précédemment qui nous apparaissent les plus
pertinentes sur la période 1972 à 1998. On a aussi introduit dans ce modèle la condition
d’équilibre du marché des biens et services et les équations de définition.
Le modèle économétrique est estimé par la méthode des doubles moindres carrés.
Cette méthode d’estimation protège d’un éventuel biais de simultanéité entre les variables du
modèle. Les instruments utilisés comprennent des variables explicatives considérées comme
purement exogènes par exemple, le prix du pétrole et les variables prédéterminées.
La version finale du modèle à équations simultanées appelé (SYSTEM1) contient
douze équations entre les équations de comportement, l’équation technique (équation des
recettes budgétaires), la condition d’équilibre du marché des biens et services et les équations
de définition.
227
La maquette de base du modèle est décrite par les équations suivantes :
YT = (CT*PC+EXPR*PX89-IMPR*PM89)/PGDP+DST1+IT+CGT1 (1)
D(LOG(CT)) = C(1)+C(2)*D(LOG(U))+C(3)*D(LOG(YT-TR)*PGDP/PC)+C(4)*D88 (2)
D(LOG(TR)) = C(35) + C(36)*D(LOG(YT)) + C(37)*(D(LOG(PPR89))+D(LOG(EF))) +
C(38)*D76 + C(39)*D82 (3)
SBR = (CGT1+CGT2)-TR (4)
D(LOG(IT)) = C(5) + C(6)*D(LOG(YT)) + C(7)*D(LOG(TR(-1))) + C(8)*D(LOG(TXR(-
1))) + C(9)*D1 + C(90)*D80 (5)
D(LOG(EXPR)) = C(10) + C(11)*D(LOG(DMH)) + C(12)*(D(LOG(PPR89))+D(LOG(EF)))
+ C(13)*(D(LOG(PPR89)) + D(LOG(EF)))² + C(14)*D75
+ C(15)*D79 (6)
D(LOG(IMPR) = C(16) + C(17)*D(LOG(CT+CGT1+DST1+IT)) +
C(18)*D(LOG(PM89/PGDP)) + C(19)*(D(LOG(RESERVES)) +
D(LOG(EF)) + C(20)*D88 + C(21)*D91 (7)
BR = (EXPR*PX89 - IMPR*PM89)/PGDP (8)
LOG(L) = C(22) + C(23)*LOG(YT) + C(24)*LOG(L(-1)) + C(25)*D92 (9)
D(RHO) = C(40) + C(41)*D(LOG(U(-1))) + C(42)*D(LOG(MR2(-1))) +
C(43)*D(LOG(PM89)) + C(45)*D97 (10)
U = (LS-L) / LS*100 (11)
LOG(MR2) = C(26) + C(27)*LOG(YT) + C(28)*TXR + C(29)*LOG(MR2(-1)) (12)
228
Liste des variables utilisées
1* Les variables endogènes
Yt : Production en termes réels
Ct : Consommation des ménages en termes réels
TR : Recettes budgétaires en termes réels
SBR : Solde budgétaire en termes réels
It : Investissements en termes réels
EXPR : Exportations de biens et services en termes réels
IMPR : Importations de biens et services en termes réels
BR : Balance commerciale en termes réels
Lt : Population employée en milliers d’individus
RHO : Inflation %
U : Chômage %
MR2 : Masse monétaire (M2) en termes réels
2* Les variables prédéterminées
2-1* Les variables endogènes décalées
Tr(-1) : Recettes budgétaires en termes réels
U(-1) : Chômage
Mr2(-1) : Masse monétaire
Lt(-1) : Population employée en milliers d’individus
2-2* Les variables exogènes
Ydt : Revenu disponible des ménages en termes réels
Ppr89 : Prix du pétrole en $/baril
Ef : Taux de change DA/$
229
Cgt
: Consommation gouvernementale en termes réels
Cgt1 : Consommation des administrations publiques en termes réels
Cgt2 : Ecart entre dépenses de l’Etat et consommation des administrations publiques
G : Dépenses de l'Etat en termes courants
Dst1 : Variation des stocks en termes réels (Dst) et autre128
DIT : Demande intérieure
PM89 : Indice de prix à l’importation
PX89 : Indice de prix à l’exportation
PGDP : Déflateur du PIB
Txr : Taux d'intérêt en termes courants
Rt : Taux d'intérêt réel
Dmh : Demande mondiale d’hydrocarbures
Réserves : Réserves de change
Quota : Quota de production de l’OPEP
Rsoil : Réserves pétrolières prouvées
Qwe : Demande mondiale (Produit intérieur brut modial)
Wr : Taux de salaire réel
W0 : Taux de salaire minimum garanti
LS : Population active
La liste des variables muettes utilisées dans l’estimation des équations est donnée en
annexe 7.
128 En vue d’analyse ultérieure (scénarios de simulation), on a regroupé dans la variable Dst1, la variation de stocks (Dst) ainsi que l’écart entre Cgt et Cgt1 ; c’est-à-dire, la somme de la consommation finale des affaires immobilières et la consommation finale des institutions financières (voir annexe 1).
230
Avant d’interpréter les résultats d’estimation de SYSTEM1, il faut signaler que les
variables des équations citées précédemment ne sont pas toutes stationnaires de même ordre.
En effet, en rassemblant les résultats mentionnés dans cette partie : première section du
chapitre 6, l’analyse de la stationnarité des variables par l’application du test de Dickey et
Fuller augmenté (ADF) qui consiste rappelons le, à tester l’hypothèse nulle de l’existence
d’une racine unitaire contre l’hypothèse alternative d’un processus stationnaire, montre que
certaines variables ont une racine unitaire cependant, pour d’autres séries temporelles, c’est
l’hypothèse de l’absence de la racine unitaire qui est retenue.
On peut rejeter l’hypothèse de la racine unitaire en différence première pour
pratiquement toutes les variables. Néanmoins, il existe une variable qui a nécessité une
différenciation d’ordre deux pour que l’hypothèse de stationnarité ne soit plus rejetée ; il
s’agit de la variable taux d’inflation.
Dans l’ensemble, les variables n’ont donc pas le même nombre d’intégration, ce qui ne nous
permet pas de tester l’existence d’une relation de cointégration pour le modèle à équations
simultanées.
D’après les résultats dont on dispose, trois des coefficients, qui étaient significatifs au
seuil de 5% lors de l’estimation des équations séparément, deviennent non significatifs une
fois les équations estimées simultanément. Il s’agit du paramètre C(23) associé à la variable
production dans l’équation de la demande de travail, et dans celle de l’accélération de
l’inflation, c’est celui relatif au taux de croissance de la masse monétaire décalé d’une
période C(42). Il en est de même pour l’équation des exportations de biens et services dans
laquelle le coefficient associé à la variable muette D79, représentant le renchérissement des
prix de pétrole en 1979, est devenu lui aussi non significatif C(15).
En ce qui concerne les écarts-types des erreurs, on constate qu’ils sont restés constants
dans pratiquement toutes les équations en dehors de celle des investissements où l’écart-type
de l’erreur a très légèrement augmenté ainsi que dans l’équation de l’inflation. Il faut préciser
que dans cette dernière, on a remplacé la variable endogène D² (Log (Pc)) par D (Rho)129.
129 Le taux d’inflation noté Rho, est calculé à partir de l’indice de prix à la consommation Pc et est égal à : Rho= (Pc-Pc(-1))/Pc(-1) ≈ Log(Pc/Pc(-1)) = D(Log(Pc)).
231
Résultats de l’estimation du modèle
System : SYSTEM1
Estimation Method : Two-Stage Least Squares
Sample : 1972 1998
Included observations : 27
Total system (unbalanced) observations 323
Instruments : PM89 PPR89 CGT1 CGT2 DST1 DMH EF TXR TXR(-1)
RESERVES D(LOG(YT-TR)*PGDP/PC) LS MR2(-1) MR2(-2) L(-1) YT(-1)
U(-1) U(-2) TR(-1) C
Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.
C(1) 0.046592 0.009290 5.015308 0.0000
C(2) -0.341926 0.093501 -3.656940 0.0003
C(3) 0.020574 0.007741 2.657876 0.0083
C(4) 0.214562 0.054502 3.936791 0.0001
C(35) -0.022572 0.015100 -1.494840 0.1361
C(36) 1.364478 0.219547 6.214981 0.0000
C(37) 0.181105 0.030599 5.918702 0.0000
C(38) -0.170892 0.060905 -2.805862 0.0054
C(39) -0.167280 0.063801 -2.621891 0.0092
C(5) 0.010653 0.023030 0.462579 0.6440
C(6) 0.872268 0.287366 3.035394 0.0026
C(7) 0.494841 0.143669 3.444314 0.0007
C(8) -0.223423 0.097543 -2.290514 0.0227
C(9) -0.189078 0.093385 -2.024714 0.0438
C(90) -0.242485 0.064476 -3.760872 0.0002
C(10) 0.013911 0.028581 0.486723 0.6268
C(11) 3.356789 1.407615 2.384735 0.0178
C(12) 0.158503 0.061072 2.595346 0.0099
C(13) 0.242369 0.083770 2.893279 0.0041
C(14) -0.784306 0.171971 -4.560685 0.0000
232
C(15) 0.254543 0.192335 1.323439 0.1868
C(16) -0.069256 0.018701 -3.703336 0.0003
C(17) 1.819907 0.228736 7.956370 0.0000
C(18) -0.549598 0.130934 -4.197517 0.0000
C(19) 0.112747 0.036673 3.074373 0.0023
C(20) 0.290404 0.100011 2.903728 0.0040
C(21) -0.285502 0.102054 -2.797572 0.0055
C(22) -0.151965 0.371355 -0.409217 0.6827
C(23) 0.061223 0.069512 0.880747 0.3792
C(24) 0.929839 0.062697 14.83075 0.0000
C(25) -0.055473 0.017530 -3.164396 0.0017
C(40) -2.615955 1.357329 -1.927281 0.0549
C(41) -19.60749 8.780171 -2.233156 0.0263
C(42) 16.28693 9.697050 1.679576 0.0941
C(43) 21.43838 6.240282 3.435483 0.0007
C(45) -12.25683 5.300474 -2.312403 0.0215
C(26) -1.854862 0.997307 -1.859871 0.0639
C(27) 0.431792 0.130285 3.314205 0.0010
C(28) -0.025496 0.005031 -5.068021 0.0000
C(29) 0.724842 0.059955 12.08981 0.0000
Determinant
residual covariance
0.000000
Equation: YT = (CT*PC+EXPR*PX89-IMPR*PM89)/PGDP+DST1+IT
+CGT1
Observations: 27
R-squared 1.000000 Mean dependent var 294421.1
Adjusted R-squared 1.000000 S.D. dependent var 80564.88
S.E. of regression 0.034006 Sum squared resid 0.031224
Durbin-Watson stat 1.700188
233
Equation: D(LOG(CT)) = C(1)+C(2)*D(LOG(U))+C(3)*D(LOG(YT-TR)
*PGDP/PC)+C(4)*D88
Observations: 27
R-squared 0.659708 Mean dependent var 0.056282
Adjusted R-squared 0.615322 S.D. dependent var 0.074849
S.E. of regression 0.046423 Sum squared resid 0.049568
Durbin-Watson stat 1.789368
Equation: D(LOG(TR)) = C(35)+C(36)*D(LOG(YT))+C(37)
*(D(LOG(PPR89))+D(LOG(EF)))+C(38)*D76+C(39)*D82
Observations: 27
R-squared 0.817611 Mean dependent var 0.046528
Adjusted R-squared 0.784449 S.D. dependent var 0.122875
S.E. of regression 0.057048 Sum squared resid 0.071598
Durbin-Watson stat 1.947040
Equation: SBR = (CGT1+CGT2)-TR
Observations: 27
R-squared 1.000000 Mean dependent var -6696.963
Adjusted R-squared 1.000000 S.D. dependent var 17299.17
S.E. of regression 1.55E-11 Sum squared resid 6.46E-21
Durbin-Watson stat 1.819672
Equation: D(LOG(IT)) = C(5)+C(6)*D(LOG(YT))+C(7)*D(LOG(TR(-1)))
+C(8)*D(LOG(TXR(-1)))+C(9)*D1+C(90)*D80
Observations: 27
R-squared 0.685921 Mean dependent var 0.037912
Adjusted R-squared 0.611140 S.D. dependent var 0.114249
S.E. of regression 0.071244 Sum squared resid 0.106591
Durbin-Watson stat 1.880387
234
Equation: D(LOG(EXPR)) = C(10)+C(11)*D(LOG(DMH))+C(12)
*(D(LOG(PPR89))+D(LOG(EF)))+C(13)*(D(LOG(PPR89))
+D(LOG(EF)))²+C(14)*D75+C(15)*D79
Observations: 26
R-squared 0.879034 Mean dependent var 0.050425
Adjusted R-squared 0.848793 S.D. dependent var 0.279764
S.E. of regression 0.108787 Sum squared resid 0.236693
Durbin-Watson stat 1.184221
Equation: D(LOG(IMPR)) = C(16)+C(17)*D(LOG(CT+CGT1+DST1+IT))
+C(18)*D(LOG(PM89/PGDP))+C(19)*(D(LOG(RESERVES))
+D(LOG(EF)))+C(20)*D88+C(21)*D91
Observations: 27
R-squared 0.860296 Mean dependent var 0.049205
Adjusted R-squared 0.827034 S.D. dependent var 0.161305
S.E. of regression 0.067086 Sum squared resid 0.094510
Durbin-Watson stat 1.512264
Equation: BR = (EXPR*PX89-IMPR*PM89)/PGDP
Observations: 27
R-squared 1.000000 Mean dependent var -3579.425
Adjusted R-squared 1.000000 S.D. dependent var 19822.74
S.E. of regression 0.000000 Sum squared resid 0.000000
Equation: LOG(L) = C(22)+C(23)*LOG(YT)+C(24)*LOG(L(-1))+C(25)*D92
Observations: 27
R-squared 0.998260 Mean dependent var 8.221537
Adjusted R-squared 0.998033 S.D. dependent var 0.321425
S.E. of regression 0.014256 Sum squared resid 0.004675
Durbin-Watson stat 2.270944
235
Equation: D(RHO) = C(40)+C(41)*D(LOG(U(-1)))+C(42)*D(LOG(MR2(-1)))
+C(43)*D(LOG(PM89))+C(45)*D97
Observations: 27
R-squared 0.569480 Mean dependent var 0.080945
Adjusted R-squared 0.491204 S.D. dependent var 5.962083
S.E. of regression 4.252751 Sum squared resid 397.8895
Durbin-Watson stat 2.363788
Equation: U = (LS-L)/LS*100
Observations: 27
R-squared 1.000000 Mean dependent var 20.45216
Adjusted R-squared 1.000000 S.D. dependent var 4.966654
S.E. of regression 0.000000 Sum squared resid 0.000000
Equation: LOG(MR2) = C(26)+C(27)*LOG(YT)+C(28)*TXR+C(29)
*LOG(MR2(-1))
Observations: 27
R-squared 0.984153 Mean dependent var 12.24410
Adjusted R-squared 0.982087 S.D. dependent var 0.403286
S.E. of regression 0.053976 Sum squared resid 0.067009
Durbin-Watson stat 2.011922
Concernant la valeur du coefficient de détermination ajusté, s’il a légèrement diminué
dans certaines équations, lorsqu’on estime simultanément les équations du modèle, on
remarque une amélioration de ce coefficient dans la fonction de consommation des ménages
et celle des recettes totales. Dans l’équation de la demande de travail, le coefficient de
détermination ajusté est resté constant, il est de même dans l’équation de la demande de
monnaie.
236
Section 5. Représentation finale du modèle estimé
On aboutit ainsi à la version finale du modèle à équations simultanées, estimé par la
méthode des doubles moindres carrés. Il s’agit de la représentation finale de SYSTEM1 qui
sera utilisée ultérieurement dans l’analyse des variantes.
YT=(CT*PC+EXPR*PX89-IMPR*PM89)/PGDP+DST1+IT+CGT1 (1)
D(LOG(CT)) = 0.046 - 0.341*D(LOG(U)) + 0.020*D(LOG(YT-TR)*PGDP/PC)
+ 0.214*D88 (2)
2R = 0,61 ; σ = 0,04
D(LOG(TR)) = - 0.022 + 1.364*D(LOG(YT)) + 0.181*(D(LOG(PPR89))+D(LOG(EF)))
- 0.170*D76 - 0.167*D82 (3)
2R = 0,78 ; σ = 0,05
SBR = (CGT1+CGT2) – TR (4)
D(LOG(IT)) = 0.010 + 0.872*D(LOG(YT)) + 0.494*D(LOG(TR(-1)))
- 2234*D(LOG(TXR(-1))) - 0.189*D1 - 0.242*D80 (5)
2R = 0,61 ; σ = 0,07
237
D(LOG(EXPR)) = 0.01 + 3.356*D(LOG(DMH)) + 0.158*(D(LOG(PPR89))+D(LOG(EF)))
+ 0.242*(D(LOG(PPR89))+D(LOG(EF)))² - 0.784*D75
+ 0.254*D79 (6)
2R = 0,84 ; σ = 0,10
D(LOG(IMPR)) = - 0.069 + 1.8199*D(LOG(CT+CGT1+DST1+IT))
- 0.549*D(LOG(PM89/PGDP)) + 0.112*(D(LOG(RESERVES))
+ D(LOG(EF))) + 0.290*D88 - 0.285*D91 (7)
2R = 0,82 ; σ = 0,06
BR = (EXPR*PX89 - IMPR*PM89)/PGDP (8)
LOG(L) = - 0.151+ 0.061*LOG(YT) + 0.9298*LOG(L(-1)) - 0.0551*D92 (9)
2R = 0,99 ; σ = 0,01
D(RHO) = - 2.615 - 19.607*D(LOG(U(-1))) + 16.286*D(LOG(MR2(-1)))
+ 21.438*D(LOG(PM89)) - 12.256*D97 (10)
2R = 0,49 ; σ = 4,25
U = (LS-L)/LS*100 (11)
LOG(MR2) = - 1.854 + 0.431*LOG(YT) - 0.025*TXR + 0.724*LOG(MR2(-1)) (12)
2R = 0,98 ; σ = 0,05
238
A la lecture des résultats obtenus, la condition d’équilibre est donnée par la première
équation de SYSTEM1. Cette égalité indique que la production intérieure brute en volume est
égale à ce qui est consommé par les ménages, ce qui a été utilisé pour augmenter le stock de
capital de l’économie, ce qui est utilisé pour les investissements, et ce qui a été acheté par le
gouvernement plus les exportations nettes qui sont par définition égales à la différence entre
les exportations et les importations de biens et services.
A propos de l’équation (2) relative à la consommation des ménages, un certain nombre
de variables explicatives que l’on s’attend à trouver dans cette fonction sont en revanche
absentes du modèle. Il s’agit d’abord du taux d’intérêt qui ne paraît pas avoir été, sur la
période qui s’étale de 1970 à 1998, un déterminant significatif de la consommation des
ménages ; conséquence peut-être de sa quasi-stabilité jusqu’au début des années 1990 ou bien
alors le manque de fiabilité des données statistiques disponibles. Il s’agit ensuite de l’inflation
qui n’est pas prise en considération puisque les prix sont restés quasiment stables sur la
période.
On s’est retrouvé finalement avec une équation de consommation qui dépend du revenu
disponible des ménages et du chômage, qui traduit l’hypothèse selon laquelle la
consommation des ménages est plus sensible à l’évolution du marché de l’emploi. Un
accroissement du taux de chômage déprime la consommation des ménages. La variable
muette D88 figurant parmi les variables explicatives capte l’effet de l’augmentation du taux
de croissance de la consommation des ménages en 1988. Il est possible que ceci soit dû à la
pression des émeutes du 5 octobre 1988 où on a préféré promouvoir la consommation à partir
d’importations croissantes de biens de consommation alimentaire au lieu de s’appuyer sur les
activités productives pour relancer l’économie.
De leur côté, les recettes budgétaires en termes réels dépendent positivement de la
production et du prix du baril de pétrole (se référer à l’équation 3) . On a rajouté à la
spécification de la fonction des recettes budgétaires deux variables muettes représentant
l’effet des points aberrants enregistrés dans le graphique des résidus des estimations de cette
équation. Un renchérissement du prix du pétrole génère un accroissement des recettes
budgétaires et la baisse du prix du baril a bien évidemment un effet inverse.
239
Le déficit budgétaire donné en termes réels est défini par l’équation (4). Il représente la
différence entre les dépenses de l’Etat (G) considérées comme étant une variable purement
exogène et les recettes gouvernementales (Tr).
Dans l’équation (5), le taux de croissance de l’investissement est déterminé par la
variation de la production. Le budget de l’Etat, à travers ses recettes provenant en grande
partie des ressources pétrolières, finance les investissements ; on retient donc dans cette
équation comme facteur explicatif des investissements l’effet des recettes totales. Les
investissements dépendent négativement du taux d’intérêt nominal. Sont retenues également
dans cette équation deux variables muettes à savoir la variable D1 et D80 qui représentent la
baisse des investissements en termes réels en 1974 et leur coup d’arrêt à la fin des années
1970 et le début des années 1980 respectivement.
L’équation (6) des exportations de biens et services retient traditionnellement les
indicateurs de la demande et de la compétitivité comme principaux déterminants. Dans le
cadre de l’économie algérienne, vu que les exportations se caractérisent par la prédominance
des hydrocarbures, les facteurs finalement retenus pour expliquer les exportations en Algérie
sont la demande mondiale d’hydrocarbures et la variable stratégique qui est le prix du baril
de pétrole. En effet, selon les résultats obtenus, une forte appréciation du prix du baril sur le
marché mondial engendre une évolution accélérée des exportations globales. La chute des
exportations en volume constatée en 1975 et leur augmentation en 1979, captée par les
variables muettes sont également introduites dans cette équation.
Pour ce qui est des importations de biens et services en termes réels (voir équation 7)
et conformément aux enseignements de la théorie économique usuelle, on fait intervenir la
demande intérieure et la compétitivité dans le modèle de détermination des importations.
Les importations globales sont fonction croissante de la demande intérieure et décroissante
du taux de change réel. Le signe positif de la variable « réserves de change » donnée en
monnaie locale, qui représente l’effet du contrôle des changes et du contingentement à
l’importation dans les pays en développement, révèle que les pouvoirs publics ont utilisé les
réserves disponibles pour importer.
240
Figurent également dans cette équation d’autres variables, il s’agit des variables muettes
D88 et D91 qui traduisent notamment l’accroissement et la diminution des importations
globales en volume enregistrées en 1988 et en 1991 respectivement.
L’équation (8) fournit le solde de la balance commerciale, qui par définition, est égale à la
différence entre les exportations et les importations de biens et services.
Concernant la modélisation de la demande de travail (se référer à l’équation 9), on a
retenu comme variables explicatives la production et la variable endogène décalée d’une
période. On n’a pas pu retenir la variable taux de salaire réel ni celle du taux de salaire
minimum garanti car les coefficients se sont révélés non significatifs. Il peut être intéressant
de rappeler que l’économie algérienne est restée pendant longtemps planifiée, le taux de
salaire n’est donc pas un facteur très important, on a dû le supprimer de cette équation.
Ainsi la demande de travail des entreprises dépend positivement de la production et du niveau
de l’emploi de la période antérieure. Une variable muette D92 est également introduite dans
cette équation qui traduit le solde négatif de création d’emploi enregistré en 1992. Pour la
première fois en Algérie, quatre-vingt mille emplois ont été supprimés par rapport à l’année
1991 (CNP).
Pour l’accélération de l’inflation (voir équation 10), l’évolution de la masse monétaire
joue un rôle déterminant conformément aux thèses monétaristes. La variation de la source
d’inflation importée se révèle aussi significative.
L’inflation dépend aussi négativement du taux de chômage. Ce signe négatif du taux de
chômage retardé d’un période montre qu’il faut du temps pour que le chômage affecte
l’inflation. Le signe négatif de la variable auxiliaire D97 interprète la baisse enregistrée de
l’inflation en 1997. En effet, le taux d’inflation est passé de 18,6 % en 1996 à 5,7 % en 1997.
Malgré l'importance de la variable solde budgétaire pour expliquer le phénomène de
l'inflation, on n’a pas pu obtenir des résultats satisfaisants quand on a inclus toutes ces
variables explicatives en même temps. Le fait que ces deux variables (la masse monétaire et
le solde budgétaire) soient fortement corrélées entre elles (des déficits budgétaires importants
ont été monétisés pendant de longues années) et que cela entraîne des problèmes classiques
de multicolinéarité peut être la raison de ces résultats.
241
L’équation (11) fournit le taux de chômage en pourcentage, il s’agit du rapport de la
population au chômage à la population active.
Il reste à déterminer la monnaie, c’est la douzième et dernière équation de SYSTEM1.
La demande de monnaie résulte de l’addition d’une demande de transaction, liée à la valeur
des transactions dans l’économie qui est supposée proportionnelle à la valeur de la
production, et d’une demande de spéculation liée au niveau du taux d’intérêt. Comme cela est
postulé dans la théorie économique, nos résultats révèlent que plus est élevé le niveau de la
production, plus est importante la demande d’encaisses monétaires réelles, et que plus est
élevé le taux d’intérêt nominal, plus est faible la demande d’encaisses réelles. La variable
endogène décalée d’une période figure aussi parmi les facteurs explicatifs de la demande de
monnaie.
Le rajout à la spécification initiale d’autres déterminants à savoir le taux d’inflation et l’effet
du solde budgétaire n’ont cependant pas généré de bons résultats.
242
Chapitre 7
Scénario de simulation
Après avoir spécifié et estimé simultanément les équations économétriques, nous allons
maintenant examiner, dans ce dernier chapitre, le fonctionnement d’ensemble du modèle. Ce
chapitre se décompose en deux sections.
Dans la première section, nous analyserons les résultats de la simulation statique et
dynamique qui permettent une première validation du modèle. Une analyse graphique des
séries observées et simulées est d’abord effectuée et sera suivie d’une étude statistique. Nous
allons appliquer deux critères de performances - la racine carrée de l’erreur quadratique
moyenne, notée RMSE (Root Mean Square Error), et la racine carrée de l’erreur quadratique
moyenne en pourcentage, notée RMSPE (Root Mean Square Percent Error) -, pour juger la
précision avec laquelle le modèle reproduit l’évolution passée de l’économie130.
Dans la seconde section, nous poursuivrons cette validation en effectuant des variantes
pour tester la cohérence économique du modèle. Dans ce cadre, deux scénarios de simulations
seront développés. Le premier porte sur l’accroissement permanent jusqu’à la fin de la
période considérée de la consommation gouvernementale. Le second scénario envisage une
augmentation du prix du pétrole sur une période qui s’étale sur trois années consécutives.
L’impact de ces deux chocs sur l’ensemble des équations du modèle est présenté à travers la
réalisation d’une simulation statique et d’une simulation dynamique pour chacun de ces deux
scénarios.
130 Pour plus de détails à propos des critères de performance (RMSE et RMSPE), se référer à l’annexe 6.
243
Section 1. Analyse graphique et statistique des résultats de simulation On va donc examiner les résultats de la simulation statique et dynamique à l’intérieur de
la période d’estimation 1975-1998. La résolution du modèle a été réalisée avec le logiciel
Eviews3 selon la méthode de Gauss-Seidel qui est une méthode itérative. Résoudre le modèle
consiste à en chercher une solution, c'est-à-dire un ensemble de valeurs des variables
endogènes telles que, à la date t, toutes les équations soient vérifiées.
Dans le cadre de cette section, une analyse graphique des séries observées et des séries
simulées est d’abord effectuée, et sera suivie d’une étude statistique.
1-1. Analyse graphique des séries observées et simulées Dans ce qui suit, les simulations doivent permettre de se forger une opinion générale sur
la valeur explicative du modèle. Grâce à une simulation statique et une simulation dynamique,
on examinera dans quelle mesure le modèle peut reproduire l’évolution de l’économie
algérienne. La simulation se fonde sur des paramètres estimés avec des données qui vont de
1972 à 1998131.
Dans la simulation statique, les valeurs prises par les variables exogènes et par les variables
endogènes retardées sont fixées à leur valeur observée à chaque période. Dans une simulation
dynamique, les variables endogènes retardées auront les valeurs calculées par le système132.
Les graphiques donnés ci-après comparent l’évolution réelle à l’évolution simulée de
toutes les variables du modèle. On va présenter les graphiques des simulations statique et
dynamique de toutes les variables endogènes données en niveau dans le modèle. Cependant
nombreuses sont les équations économétriques, spécifiées en taux de croissance ou tout
simplement en logarithme. Dès lors, on a estimé judicieux de fournir un graphique
supplémentaire pour chaque variable à expliquer apparaissant dans le modèle autrement
qu’en niveau.
On rappelle que les variables en termes réels sont données en millions de dinars constants
ayant pour base l’année 1989.
131 Dans le cadre de la simulation statique, SYSTEM1 converge à la 7eme itération et dans le cadre dynamique, il converge à la 9eme itération. 132 Voir annexe 6.
244
Graphique 7-1 : La production observée et simulée (En millions de DA 1989)
0
100000
200000
300000
400000
500000
600000
1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
YT YTFS YTFD
Série observée (YT) et séries simulées statique (YTFS) et dynamique (YTFD) Graphique 7-2-1: La consommation finale des ménages observée et simulée (En millions de DA 1989)
0
50000
100000
150000
200000
250000
300000
350000
400000
1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
CT CTFS CTFD
Série observée (CT) et séries simulées statique (CTFS) et dynamique (CTFD)
245
Graphique 7-2-2: La consommation des ménages observée et simulée
(En taux de croissance)
-0,15
-0,1
-0,05
0
0,05
0,1
0,15
0,2
0,25
0,3
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
D(LOG(CT)) D(LOG(CTFs)) D(LOG(CTFd))
Graphique 7-3-1 : Investissement observé et simulé (En millions de DA 1989)
0
50000
100000
150000
200000
1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
IT ITFS ITFD
Série observée (IT) et séries simulées statique (ITFS) et dynamique (ITFD)
246
Graphique 7-3-2 : Investissement observé et simulé
(En taux de croissance)
-0,3
-0,2
-0,1
0
0,1
0,2
0,3
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
D(LOG(IT)) D(LOG(ITFs)) D(LOG(ITFd))
Graphique 7-4-1: Les importations globales observées et simulées (En millions de DA 1989)
0
20000
400006000080000
100000
120000
140000
160000
1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
IMPR IMPRFS IMPRFD
Série observée (IMPR) et séries simulées statique (IMPRFS) et dynamique (IMPRFD)
247
Graphique 7-4-2: Les importations globales observées et simulées
(En taux de croissance)
-0,4-0,3-0,2-0,1
00,10,20,30,40,50,6
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
D(LOG(IMPR)) D(LOG(IMPRFs)) D(LOG(IMPRFd))
Graphique 7-5-1 : Les exportations globales observées et simulées (En millions de DA 1989)
020000400006000080000
100000120000140000160000180000
1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
EXPR EXPRFS EXPRFD
Série observée (EXPR) et séries simulées statique (EXPRFS) et dynamique (EXPRFD)
248
Graphique 7-5-2 : Les exportations globales observées et simulées
(En taux de croissance)
-1,2
-1
-0,8
-0,6
-0,4
-0,2
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
D(LOG(EXPR)) D(LOG(EXPRFs)) D(LOG(EXPRFd))
Graphique 7-6 : Balance commerciale observée et simulée (En millions de DA 1989)
-60000
-40000
-20000
0
20000
40000
60000
80000
100000
1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
BR BRFS BRFD
Série observée (BR) et séries simulées statique (BRFS) et dynamique (BRFD)
249
Graphique 7-7-1 : Recettes totales observées et simulées (En millions de DA 1989)
0
50000
100000
150000
200000
250000
1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
TR TRFS TRFD
Série observée (TR) et séries simulées statique (TRFS) et dynamique (TRFD) Graphique 7-7-2 : Recettes totales observées et simulées
(En taux de croissance)
-0,3
-0,2
-0,1
0
0,1
0,2
0,3
0,4
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
D(LOG(TR)) D(LOG(TRFs)) D(LOG(TRFd))
250
Graphique 7-8 : Solde budgétaire observé et simulé (En millions de DA 1989)
-120000
-100000
-80000
-60000
-40000
-20000
0
20000
40000
60000
80000
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
SBR SBRFS SBRFD
Série observée (SBR) et séries simulées statiques (SBRFS) et dynamique (SBRFD) Graphique 7-9-1 : Demande de travail observée et simulée (En milliers)
0
1000
2000
3000
4000
5000
6000
7000
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
L LFS LFD
Série observée (L) et séries simulées statique (LFS) et dynamique (LFD)
251
Graphique 7-9-2 : Demande de travail observée et simulée (en logarithme)
7,2
7,6
8
8,4
8,8
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
LOG(L) LOG(LFs) LOG(LFd)
Graphique 7-10 : Taux de chômage observé et simulé (En %)
0
5
10
15
20
25
30
35
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
U UFS UFD
Série observée (U) et séries simulées statique (UFS) et dynamique (UFD)
252
Graphique 7-11-1 : Inflation observée et simulée (En %)
-5
05
10
15
2025
30
35
1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
RHO RHOFS RHOFD
Série observée (RHO) et séries simulées statique (RHOFS) et dynamique (RHOFD) Graphique 7-11-2 : Accélération de l’inflation observée et simulée
-20
-15
-10
-5
0
5
10
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
D(RHO)
D(RHOFs)
D(RHOFd)
253
Graphique 7-12-1: Masse monétaire observée et simulée (En millions de DA 1989)
0
50000
100000
150000
200000
250000
300000
350000
1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
MR2 MR2FS MR2FD
Série observée (MR2) et séries simulées statique (MR2FS) et dynamique (MR2FD) Graphique 7-12-2: Masse monétaire observée et simulée
(En taux de croissance)
10,8
11,2
11,6
12
12,4
12,8
1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
LOG(MR2) LOG(MR2Fs) LOG(MR2Fd)
254
De manière générale, les simulations statique et dynamique des équations estimées
montrent qu’elles présentent un pouvoir explicatif convenable comme on le constate dans les
graphiques. La majorité des variables endogènes simulées convergent vers leurs valeurs
historiques.
Toutefois, les écarts relativement importants entre les valeurs historiques et les valeurs
simulées se produisent particulièrement dans certaines séries données en niveau, on cite par
exemple l’investissement, le solde de la balance commerciale et le solde budgétaire.
Les autres valeurs endogènes convergent systématiquement vers les valeurs effectives à la fin
de la période de simulation en l’occurrence l’accélération de l’inflation, le chômage, les
exportations de biens et services.
Quant à la production en niveau, la demande de monnaie en logarithme, l’investissement,
les recettes de l’Etat et les importations en taux de croissance, on constate qu’en fin de
période les séries simulées s’écartent légèrement de leurs valeurs historiques du fait du cumul
des erreurs à long terme.
1-2. Etude statistique
Au-delà d’une simple analyse graphique, on peut appliquer d’autres critères de
performance pour juger la précision avec laquelle le modèle reproduit l’évolution passée de
l’économie. En dépit de l’existence d’un certain nombre d’indicateurs statistiques, on a opté
pour les critères de performance les plus utilisés à savoir la racine carrée de l’erreur
quadratique (RMSE) et la racine carrée de l’erreur quadratique en pourcentage (RMSPE).
Il faut rappeler tout d’abord, qu’un bon nombre d’équations économétriques spécifiées
dans le modèle sont données en taux de croissance, cependant, pour calculer les critères de la
performance des simulations, on a utilisé les valeurs des variables simulées statistiquement et
dynamiquement en niveau. Le tableau 7-1 présente, pour l’ensemble des variables du modèle,
la racine carrée de l’erreur quadratique et la racine carrée de l’erreur quadratique en
pourcentage qui résultent de ces deux simulations statique et dynamique.
255
Tableau 7-1 : RMSE et RMSPE des simulations statique et dynamique
Période 1975-1998
Simulation Statique Simulation Dynamique Variable
RMSE RMSPE (%) RMSE RMSPE (%)
Production (YT)
10992,3 0,03 52136,9 0,14
Consommation (CT)
7829,3 0,03 20923,6 0,08
Investissement (IT)
8323,2 0,07 35284,5 0,31
Recettes totales (TR)
8787,7 0,07 36241,5 0,28
Solde budgétaire (SBR)
8787,7 1,56 36241,5 6,3
Exportations (EXPR)
5380,7 0,07 25252,5 0,27
Importations (IMPR)
8972,5 0,09 20833,7 0,24
Balance commerciale (BR)
11625,7 2,95 29421,9 5,19
Demande de travail (L)
54,9 0,01 169,4 0,04
Taux de chômage (U)
1,01 0,05 3,34 1,19
Inflation (RHO)
3,86 0,35 6,55 0,62
Demande de monnaie (MR2)
12198 0,05 41833,6 0,16
Note : Les variables se trouvant dans la deuxième et la quatrième colonne sont données en millions de dinars constants (DA 1989), excepté la demande de travail qui est donnée en milliers ; le taux de chômage et l’inflation sont exprimés en pourcentage.
256
A la lecture des résultats du tableau 7-1, on remarque que les résultats de la simulation
statique sont meilleurs que ceux de la simulation dynamique, vu que dans le cadre de cette
dernière le RMSE en pourcentage est plus élevé. On note également que les erreurs de la
plupart des variables sont assez faibles puisqu’elles ne dépassent pas 1%.
Les variables qui paraissent les mieux simulées sont la demande de travail et la
consommation des ménages. La variable de la production nous parait moins bien simulée par
rapport aux précédentes, mais aussi la demande de la monnaie, les importations et les
exportations de biens et services, les recettes budgétaires, l’investissement, l’accélération de
l’inflation et le taux de chômage. En revanche, les erreurs les plus fortes se retrouvent sur le
solde commercial (BR) et le solde budgétaire (SBR). Ceci s’explique surtout par le fait que
certaines variables interviennent dans la détermination d’autres variables. Dès lors, la
détérioration de ces dernières provient des erreurs propres à chacune des équations qui vont
se cumulées aux erreurs de simulation des autres variables endogènes.
Section 2. Scénarios de simulation
Les simulations statique et dynamique ont permis une première validation du modèle.
Dans le but de tester la cohérence économique de ce dernier, il est nécessaire de poursuivre
cette validation en réalisant des variantes.
Une variante consiste à mesurer l’impact d’une variation d’une variable exogène (ou
plusieurs) sur les variables endogènes du système. Le choc peut être entretenu ou instantané.
Partant du modèle défini et estimé par les doubles moindres carrés puis simulé ci-dessus,
nous nous sommes posés la question de l’impact de la hausse de la consommation de l’Etat et
de l’augmentation du prix du pétrole sur l’ensemble des équations du modèle.
257
2-1. Présentation des variantes
Nous allons examiner successivement les variantes suivantes :
1- Augmentation permanente de la consommation gouvernementale de 5% de la
production sans qu’il y ait de modification au niveau du montant d’impôts prélevé.
Cela signifie qu’on ne fait pas d’hypothèse sur le financement de cette dépense
(augmentation d’impôts ou augmentation des emprunts sur le marché financier).
2- Hausse du prix du pétrole sur trois années consécutives d’abord de 10% en 1975,
ensuite de 20% en 1976 et finalement de 30% l’année d’après soit, une augmentation
en dollar/baril équivalente à 2,39 $/b, à 5,12 $/b et à 7,51 $/b respectivement.
Nous avons choisi l’année 1975 comme base de départ pour réaliser ces variantes afin
d’éviter que les résultats deviennent trop délicats à interpréter puisque, les années 1973 et
1974 correspondent au premier choc pétrolier. En outre, vue la petitesse de la taille de
l’échantillon, c’est la seule alternative pour détenir un maximum d’observations possibles.
Pour chaque variante, on produit des tableaux synthétiques du comportement du modèle
suite au choc dans lesquels figurent les résultats de la simulation de base statique et
dynamique.
De façon générale, les tableaux (I-1-1), (I-2-1), (II-1-1) et (II-2-1) décrivant les variantes
présentent les écarts entre les niveaux du compte variantiel (solution suite au choc) et du
compte de référence (compte central ou solution de base). Autrement dit, il s’agit des écarts
absolus des variables en niveau.
Dans les tableaux (I-1-2), (I-2-2), (II-1-2) et (II-2-2), sont présentés les résultats des
écarts relatifs au compte central des variables en niveau, exprimés en pourcentage.
Les résultats mentionnés dans les tableaux (I-1-3), (I-2-3), (II-1-3) et (II-2-3) fournissent
les variations des taux de croissance (exprimés en points de croissance) pour les variables
endogènes définies dans le modèle en différences premières des logarithmes, à savoir la
258
consommation des ménages, l’investissement, les exportations globales, les importations
globales et finalement les recettes totales.
Si aucune mention particulière n’est indiquée, les composantes de la demande globale
en volume à savoir la production, la consommation des ménages, l’investissement, les
exportations globales et les importations globales ainsi que, les recettes totales et la demande
de monnaie, sont exprimées en millions de dinars algériens constants (DA 1989).
La balance commerciale et le solde budgétaire en volume dont donnés en milliards de
dinars constants. Pour les variables naturellement définies en pourcentage comme le taux de
chômage, il s’agit aussi des écarts absolus. Les écarts variantiels sont exprimés en milliers
pour les effectifs.
On rappelle que la période de simulation reste inchangée, elle s’étale sur une durée allant de
1975 à 1998.
2-2. Scénario I : Augmentation entretenue de la consommation gouvernementale
2-2-1. Simulation statique
Les tableaux suivants (I-1-1), (I-1-2) et (I-1-3) résument l’impact de la hausse entretenue
de la consommation gouvernementale de 5% de la production sur les variables endogènes du
modèle (simulation statique).
Dans le cadre statique, l’effet d’une hausse permanente de la consommation
gouvernementale de 5% de la production sur l’activité économique, est supérieure à 10
milliards de DA 1989 en 1976, soit une augmentation de 5,79 %.
Le lien indirect sur l’activité passant par le biais de la consommation des ménages n’est pas
très important (se référer aux tableaux I-1-1 et I-1-2).
259
Tableau I-1-1 : Les écarts absolus des variables en niveau
(En millions de dinars constants)
* En milliards de dinars constants (109 DA 1989).
Variables 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1985 1990 1998
Production 2539 10434 12569 13537 13766 15289 20732 22279 25615
Consommation 122,6 623,4 662,4 767,3 880,4 1317 1958 1753 1210
Recettes 1572 5639 6956 7937 7759 9339 12065 10529 12496
Solde
Budgétaire * 7,51 4,3 3,5 3,4 4,5 3,04 3,6 7,6 8,6
Investissement 912,3 4133 5103 6275 5196 4899 7349 6310 6666,4
Importations 5082 2906 2532 3488 3462 3164 6029 3887 2667,2
Solde
commercial * -7,57 -4,2 -3,6 -4,8 -4,5 -3,04 -4,05 -3,8 -3,2
Emploi (103) 2,07 8,7 9,2 9,7 10,1 10,9 15,3 16,7 21,5
Taux de
chômage (%) -0,06 -0,27 -0,27 -0,28 -0,28 -0,29 -0,34 -0,28 -0,25
Demande de
monnaie 700,5 3244 4023 4383 4736 5209 9058 7291 6310,5
260
La hausse de la production provoque, pour la même année (1976), une augmentation
des investissements des entreprises de 4,1 milliards de DA 1989 et entraîne une embauche
supplémentaire de 8 700 emplois. Le taux de chômage diminue faiblement.
La hausse de l’activité entraîne, à son tour des perturbations sur le marché monétaire par une
hausse de la demande de monnaie.
Cette variante induit aussi une hausse des importations globales, cependant, elle n’a eu aucun
effet sur les exportations globales vu la spécificité de leur l’équation133.
Tableau I-1-2 : Les écarts relatifs au compte central
(En %)
Variables 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1985 1990 1998
YT 1,42 5,79 5,87 5,8 5,7 5,7 6,6 5,8 6,08
CT 0,12 0,55 0,54 0,57 0,64 0,85 1 0,64 0,41
TR 1,9 7,9 8 8,1 7,92 7,93 9,19 8,1 8,3
IT 1,23 5,03 5,1 5,12 4,9 5,0 5,7 5,1 5,2
IMPR 9,8 5 4 4,3 5 3,5 4,7 3,08 3,01
MR2 0,61 2,46 2,49 2,5 2,4 2,4 2,8 2,4 2,5
133 C’est pour cette raison que la variable des exportations globales ne figure pas dans le tableau.
261
Tableau I-1-3 : Les variations des taux de croissance
(En points de croissance)
2-2-2. Simulation dynamique
L’impact de l’augmentation de la consommation gouvernementale, de 5% de la
production sur l’activité économique, est beaucoup plus faible dans le cadre dynamique. En
effet, cette augmentation génère d’abord une faible hausse de l’activité plus ou moins
régulière, jusqu’au milieu des années quatre-vingt. On note ensuite, une décroissance assez
rapide qui perdure jusqu’au début des années quatre-vingt-dix, et enfin, des fluctuations
jusqu’à la fin de la période de la simulation.
Variable 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1985 1990 1998
CT 0,001 0,004 0 0,0002 0,0007 0,002 -0,0004 -0,0002 -0,0001
TR 0,01 0,05 0,0009 0,0003 -0,001 0,0001 0,0006 0,00002 0,0003
IT 0,01 0,03 0,0006 0,0001 -0,001 0,00006 0,0003 0,00001 0,0002
IMPR 0,09 -0,04 -0,008 0,002 0,007 -0,01 -0,001 -0,003 0,002
262
Tableau I-2-1 : Les écarts absolus des variables en niveau
(En millions de dinars constants)
Variables 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1985 1990 1998
Production 2539 3462 4109 4608 5724 6850 16213 14656 16633
Consommation 122 287 467 656 956 1552 5421 7794 9925
Recettes 1572 1797 2124 2315 2970 3843 7649 6585 8982
Solde
Budgétaire * 7,5 8,1 8,3 9 9,3 8,5 8 11,5 12,1
Investissement 912 1943 2287 2722 2604 2630 6837 5756 8270
Importations 5082 5985 6353 7258 7682 9760 16570 16700 17859
Balance
Commerciale * -7,5 -8,6 -9 -10,1 -10 -9,4 -11,1 -16,3 -21,7
Emploi
(103) 2,1 4,9 8,3 11,8 16,1 20,9 64,3 120 171
Taux de
Chômage (%) -0,06 -0,15 -0,2 -0,3 -0,4 -0,5 -1,4 -2,06 -2,06
Demande de
monnaie 700 1611 2568 3535 4736 6168 18837 19801 17203
Inflation
(%) 0 0,15 0,3 0,5 0,6 0,8 2,4 3,1 2,3
* En milliards de dinars constants (109 DA 1989).
263
En ce qui concerne la consommation des ménages, c’est à partir de 1978 que l’impact
de la hausse de la consommation gouvernementale est relativement plus élevé si on la
compare avec les résultats précédents (solution statique).
Cette variante est également inflationniste. L’inflation augmente de 2,4% en 1985 à un
taux de 3,1% en 1990 (voir tableau I-2-1). Elle diminue par la suite pour atteindre 2,3% en fin
de période (en 1998). Cette accélération puis diminution de l’inflation sont le résultat des
perturbations enregistrées sur le marché monétaire. En effet, la demande de monnaie
augmente également jusqu’à la fin des années quatre-vingt, puis, diminue en fin de période à
un taux de 5,2% (voir tableau I-2-2) correspondant un écart absolu de 17,2 milliards de dinars
constants (voir tableau I-2-1).
Tableau I-2-2 : Les écarts relatifs au compte central
(En %)
Variables 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1985 1990 1998
YT 1,42 1,9 2,1 2,2 2,6 2,8 6,2 4,2 3,15
CT 0,12 0,27 0,42 0,57 0,78 1,1 3,09 3,17 2,86
TR 1,9 2,6 3 3,1 3,6 3,9 8,5 5,8 4,3
IT 1,2 2,6 3,2 3,4 3,8 4,3 9,3 6,9 4,6
IMPR 9,8 12,2 12,7 13,1 14,2 13,9 19,9 16,8 13,4
MR2 0,6 1,2 1,8 2,3 2,8 3,3 7,1 8,2 5,2
264
Tableau I-2-3 : Les variations des taux de croissance
(En points de croissance)
Variables 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1985 1990 1998
CT 0,001 0,001 0,001 0,001 0,002 0,003 0,003 -0,0009 0,001
TR 0,01 0,007 0,003 0,001 0,004 0,003 0,007 -0,005 0,004
IT 0,01 0,01 0,005 0,002 0,003 0,004 0,01 -0,009 0,002
IMPR 0,09 0,02 0,003 0,003 0,01 -0,003 0,01 -0,008 0,001
Pour ce qui est de l’évolution du marché de l’emploi, on enregistre une création
d’emplois plus importante, près de 172000 créations d’emplois en fin de période, contre
21500 emplois supplémentaires dans le cadre statique. Ceci correspond à une diminution du
taux de chômage de 2,06% contre une diminution de 0,25 % dans le cas statique.
2-3. Scénario II : Hausse du prix du pétrole
On suppose que le cours du baril de pétrole en termes réels connaît une hausse par
rapport à sa valeur historique d’abord de 10% en 1975, puis de 20% l’année suivante et
finalement de 30% en 1977.
Ainsi, le taux de croissance de la variable du prix du pétrole passe de -11,4% à -2,54% en
1975, de 7,01% à 16,73% en 1976, puis de -2,25% à 5,88% en 1977 pour chuter en 1978, de
-13,51% à -33,4% en termes réels. On cherche à évaluer l’impact de cette hausse sur
l’économie algérienne.
265
Les augmentations du prix du pétrole de 10% en 1975, de 20 % en 1976 et de 30 % en 1978
sont décrites dans le tableau suivant :
Tableau 7-2 : Augmentation du prix de pétrole (second scénario)
Prix du pétrole observé Prix de la variante Années
$/b % $/b %
1974 27,02 221,9 27,02 221,9
1975 23,94 -11,4 26,33 -2,54
1976 25,62 7,01 30,74 16,73
1977 25,04 -2,25 32,55 5,88
1978 21,65 -13,51 21,65 -33,4
1979 26,03 20,2 26,03 20,2
2-3-1. Simulation statique
Dans le cadre statique, la hausse du prix du pétrole en 1975 engendre une hausse
instantanée de la production de 701,8 millions de DA 1989 puis atteint une valeur de 1197,5
millions de DA 1989 en 1977.
La décroissance de la production enregistrée en 1978 est due à la baisse du prix du
pétrole de -33,4%. L’impact de cette augmentation devient nul à partir de 1979 puisque le
prix du pétrole reprend sa trajectoire initiale.
266
Tableau II-1-1 : Les écarts absolus des variables en niveau
Variables 1975 1976 1977 1978
Production
(106 DA 1989) 701,8 1645,5 1197,5 -41,2
Consommation
(106 DA 1989) 2,66 73,62 37,3 95,4
Recettes
(106 DA 1989) 1850 2016,1 1920,4 -4552,7
Solde budgétaire
(109 DA 1989) -1,85 -2,01 -1,92 4,55
Investissement
(106 DA 1989) 252,3 653,8 487,8 -19.1
Exportations
(106 DA 1989) 247,8 745,5 505 -27,6
Importations
(106 DA 1989) 125,4 377,9 251,7 40,4
Balance Commerciale
(109 DA 1989) 0,447 0,924 0,675 -0,113
Emploi
(103) 0,575 1,418 0,902 -0,03
Taux de chômage
(%) -0,01 -0,04 -0,02 0,0008
Demande de monnaie
(106 DA 1989) 194,2 518,5 388,9 -13,5
L’impact de la hausse du prix du pétrole est négligeable sur la consommation des
ménages. En revanche, on enregistre des gains en ce qui concerne les termes de l’échange. En
1976 la balance commerciale enregistre un excédent de 924,3 millions de dinars constants. En
1978, la baisse du prix du pétrole s’est soldée par un manque à gagner de 113 millions de
DA 1989 sur le solde commercial.
267
Tableau II-1-2 : Les écarts relatifs au compte central
(En %)
Tableau II-1-3 : Les variations des taux de croissance
(En points de croissance)
Variables 1975 1976 1977 1978
YT 0,39 0,91 0,55 -0,01
CT 0,002 0,06 0,03 0,07
TR 2,2 2,8 2,2 -4,6
IT 0,34 0,79 0,48 -0,01
EXPR 0,9 2,09 1,32 -0,07
IMPR 0,24 0,65 0,4 0,05
MR2 0,16 0,39 0,24 -0,007
Variables 1975 1976 1977 1978 1979
CT 0 0,0006 -0,0003 0,0004 -0,0007
TR 0,02 0,005 -0,006 -0,06 0,04
IT 0,003 0,004 -0,003 -0,005 0,0001
EXPR 0,008 0,01 -0,007 -0,01 0,0007
IMPR 0,002 0,004 -0,002 -0,003 -0,0005
268
La hausse de l’activité s’est traduite par un faible accroissement des investissements et
de la création d’emploi comme on le note dans le tableau (II-1-1).
Le solde budgétaire calculé par l’écart en termes réels entre les dépenses et les recettes de
l’Etat devient excédentaire. Cet excédent s’explique en particulier par la hausse des ressources
de l’Etat suite à la hausse des recettes pétrolières.
2-3-2. Simulation dynamique
Suite à la hausse du prix du baril durant les trois années successives (1975-77), on
observe, dans le cadre dynamique, une hausse par rapport au scénario de référence de plus de
2% de l’activité économique à partir de 1977, et qui perdure d’ailleurs jusqu’à la fin de la
période de simulation comme le montre les résultats portés dans le tableau II-2-2.
Par ailleurs, un choc sur le prix du pétrole se traduit par une hausse de 42 % en 1978 de
l’inflation (se référer au tableau II-2-1). On observe, par rapport au scénario de base, une
hausse de 2,1% de la demande de monnaie.
L’effet sur la consommation des ménages est de faible ampleur ; son taux de croissance
en 1978 est de 0,5 % (se référer au tableau II-2-2).
On enregistre également des gains en ce qui concerne les termes de l’échange qui
stimulent la demande intérieure et donc augmentent la demande en produits importés. Les
exportations globales augmentent d’avantage jusqu’en 1977 où elles atteignent un montant de
l’ordre de 1,58 milliard de dinars constants.
Cette variante produit aussi un accroissement des investissements et une augmentation des
recettes totales avec un montant de 5,8 milliards de dinars constants en 1977, et par
conséquent entraîne un solde budgétaire excédentaire de 5,8 milliards de dinars constants.
269
Tableau II-2-1 : Les écarts absolus des variables en niveau
Variables 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1985 1990 1998
YT
(106 DA 1989) 701,8 2688 4413 4917 5018 6026 6437 7520 12660
CT
(106 DA 1989) 2,6 123,5 302,3 580,2 835,2 1356 3306 3609 5823
TR
(106 DA 1989) 1850 3680,1 5831,9 2471,3 2602,5 3378,9 3016,9 3366,6 6828,2
SBR
(109 DA 1989) -1,85 -3,68 -5,83 -2,47 -2,6 -3,38 -3,016 -3,36 -6,828
IT
(106 DA 1989) 252,3 1786,9 3367,1 4840,1 2481,8 2308,4 2835,1 2686,3 6899.2
EXPR
(106 DA 1989) 247,8 1074 1580,4 1554,9 2256,6 2413,8 2304 3842,4 6815,5
IMPR
(106 DA 1989) 125,4 918 1726,5 2614 1569.9 2110,7 3524,3 3220 5671,6
BR
(109 DA 1989) 0,447 0,788 0,771 -0,475 1,764 2,627 0,663 1,561 0,459
L
(103 ) 0,575 2,882 6,523 10,359 14,085 18,359 40,662 57,57 102,58
U
(%) -0,01 -0,08 -0,19 -0,29 -0,39 -0,49 -0,9 -0,98 -1,23
MR2
(106 DA 1989) 194,2 974,2 2156 3302,8 4315,1 5545,5 9878,1 7971,6 12702
RHO 0 0,04 0,2 0,42 0,62 0,78 1,6 0,35 1,49
270
Tableau II-2-2: Les écarts relatifs au compte central
(En %)
Variables 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1985 1990 1998
YT 0,39 1,52 2,35 2,43 2,31 2,5 2,4 2,1 2,4
CT 0,002 0,11 0,27 0,5 0,68 0,97 1,88 1,47 1,67
TR 2,2 5,5 8,2 3,3 3,1 3,4 3,3 2,9 3,2
IT 0,34 2,4 4,8 6,2 3,6 3,8 3,8 3,2 3,9
EXPR 0,9 3,02 4,38 4,3 4,3 4,3 4,3 4,3 4,3
IMPR 0,24 1,8 3,4 4,7 2,9 3 4,23 3,24 4,25
MR2 0,16 0,78 1,58 2,1 2,5 2,9 3,7 3,3 3,8
271
Tableau II-2-3 : Les variations des taux de croissance
(En points de croissance)
Variables 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1985 1990 1998
CT 0,00002 0,001 0,001 0,002 0,001 0,002 0,0004 -0,0002 0,001
TR 0,02 0,03 0,02 -0,04 -0,001 0,003 -0,0007 0,003 -0,003
IT 0,003 0,02 0,02 0,01 -0,02 0,001 -0,0003 0,003 -0,001
EXPR 0,008 0,02 0,01 -0,0007 0 0 0 0 0
IMPR 0,002 0,01 0,01 0,01 -0,01 0,0008 0,0007 0,001 -0,0003
Il est important de signaler qu’à partir de 1979, le prix du pétrole retrouve un taux de
croissance conforme à sa tendance réelle et pourtant, les erreurs, générées par le modèle et
cumulées dans le cadre dynamique, font que les effets de cette hausse perdurent et continuent
à affecter les variables endogènes du système.
272
Conclusion
On s’est inspiré du modèle proposé par Haque et alii pour les pays en
développement afin de spécifier les équations adaptées à la situation économique de l’Algérie.
Une fois ces équations spécifiées, on a soumis les séries à des tests de racine unitaire avant
d’estimer les paramètres des équations. Bien évidemment, on a pris en considération, lors de
nos estimations le fait que l’ensemble des variables ne présentent pas de racine unitaire selon
le test de Dickey et Fuller.
Plusieurs équations sont exprimées en taux de croissance, notamment la fonction de
consommation des ménages, les recettes totales, l’investissement, les exportations et les
importations de biens et services. La demande de monnaie et la demande de travail sont
données en logarithme.
Après diverses tentatives, on retient les résultats d’estimation des équations données ci-
après qui nous semblent les mieux adaptées à l’économie algérienne.
A propos de la consommation des ménages, elle dépend positivement du revenu
disponible. Un accroissement du taux de chômage déprime la consommation des ménages.
L’effet de l’augmentation du taux de croissance de la consommation des ménages en 1988
saisi par une variable auxiliaire, est pris également en considération dans cette équation.
Il peut être intéressant de signaler à propos de l’équation de la consommation des ménages
que deux variables explicatives, que l’on s’attend à trouver, sont en revanche absentes de
cette fonction. Il s’agit du taux d’intérêt et de l’inflation qui ne paraissent pas avoir été des
facteurs significatifs de la consommation des ménages sur la période allant de 1970 à 1998. Il
est possible que cela soit dû à leur quasi-stabilité jusqu’au début des années 1990.
En ce qui concerne les recettes gouvernementales données en volume, elles dépendent
positivement de la production et du prix du baril de pétrole. Un renchérissement du baril
génère un accroissement des recettes pétrolières qui constituent l'essentiel des ressources de
l'Etat et la diminution du prix du baril a bien évidemment un effet inverse.
273
L’investissement donné en taux de croissance est déterminé par la variation de la
production, il dépend négativement du taux d’intérêt. On peut signaler qu’il est surprenant de
voir le taux d’intérêt nominal significatif, vu sa quasi-stabilité durant près de vingt années
consécutives. Puisque le budget de l’Etat, à travers ses recettes provenant en grande partie des
ressources pétrolières, finance les investissements, on retient donc comme déterminant des
investissements l’effet des recettes totales.
Le déclin des investissements en volume en 1974 et leur coup d’arrêt qui a été donné à la fin
des années soixante-dix et au début des années quatre-vingt, respectivement captés par deux
variables muettes, sont aussi retenus dans cette équation.
A propos de la balance commerciale, les exportations d’hydrocarbures occupent une
place dominante dans les exportations globales en Algérie. D’après les résultats d’estimation
obtenus, on retient comme facteurs explicatifs des exportations en Algérie la demande
mondiale d’hydrocarbures et la variable stratégique du prix du pétrole. Une forte appréciation
du prix du baril sur le marché mondial engendre une évolution accélérée des exportations de
biens et services.
En outre, la baisse et l’accroissement des exportations en volume, constatés en 1975 et en
1979 respectivement, sont introduits dans cette équation par le biais de variables muettes.
Concernant les importations globales en termes réels, elles dépendent positivement de la
demande intérieure et négativement du taux de change réel. Le signe positif des réserves de
change, qui représentent la contrainte par les devises, révèle qu’on a utilisé les réserves
disponibles pour importer et répondre ainsi à la demande sans cesse croissante de la
population.
Dans cette équation, on trouve également des variables muettes qui captent l’effet de la hausse
et de la diminution des importations globales en volume respectivement enregistrées en 1988
et en 1991.
Pour l’équation de la demande de travail des entreprises qui remplace finalement
l’équation de la production par tête, vu que cette dernière n’a pas fourni de bons résultats, on
retient comme facteurs explicatifs la production et la variable endogène décalée d’une
274
période. Quant à la suppression importante d’emplois enregistrée en 1992 selon le CNP, elle
est également prise en compte dans cette équation par le biais d’une variable muette.
Si les deux variables « taux de salaire réel » et « taux de salaire minimum garanti » n’ont pas
été retenues comme des variables explicatives, c’est parce que leurs coefficients se sont
révélés non significatifs. Ceci est probablement dû au fait que l’économie algérienne est
restée planifiée durant plusieurs années consécutives.
Au sujet de l’accélération de l’inflation, les résultats d’estimation obtenus révèlent
qu’elle dépend négativement du taux de chômage décalé d’une période, ce qui montre qu’il
faut du temps pour que le chômage influence l’inflation. En outre, la variation de l’inflation
importée et l’évolution de la masse monétaire se révèlent également significatives.
La chute importante du taux d’inflation enregistrée en 1997 est interprétée par la variable
auxiliaire D97.
Comme cela est postulé dans la théorie économique, la demande d’encaisses monétaires
réelles est proportionnelle au niveau de la production. Elle dépend négativement du taux
d’intérêt en termes courants. La variable endogène décalée d’une période figure aussi parmi
les facteurs explicatifs de la demande de monnaie. Lorsqu’on a introduit dans cette équation
d’autres déterminants en l’occurrence, le taux d’inflation et l’effet du solde budgétaire, on n’a
pas pu obtenir des résultats satisfaisants aussi bien sur le plan théorique que sur le plan
économétrique.
Ces différentes équations du modèle estimées séparément sont en fait interdépendantes.
Il est alors question d’un modèle à équations simultanées. Dans le cadre de la dernière
section, on a estimé simultanément les équations du modèle par la méthode des doubles
moindres carrés.
La version finale du modèle à équations simultanées contient douze équations entre équations
de comportement, équation technique (équation des recettes budgétaires), la condition
d’équilibre du marché des biens et services et les équations de définition.
275
A l’intérieur de la période d’estimation allant de 1975 à 1998, on a examiné par la suite
le fonctionnement d’ensemble du modèle à équations simultanées (SYSTEM1) par le biais de
la technique de la simulation. Cette technique nous permet d’avoir une opinion générale sur
la valeur explicative du modèle et de savoir dans quelle mesure SYSTEM1 peut reproduire
l’évolution de l’économie algérienne.
Dès lors, on a d’abord effectué une analyse graphique. Par la suite, on a appliqué les critères
de performance les plus utilisés tels que la racine carrée de l’erreur quadratique (RMSE) et la
racine carrée de l’erreur quadratique en pourcentage (RMSPE).
Globalement, l’analyse graphique des équations du modèle, que la simulation soit
statique ou dynamique, nous a permis de conclure que la majorité des séries simulées
convergent vers leurs valeurs historiques comme l’ont montré les divers graphiques. On peut
dire que ces équations présentent un pouvoir explicatif convenable, i.e. que toutes choses
égales par ailleurs, toute cause produit les mêmes effets.
En revanche, il est à préciser que pour certaines séries en niveau, en l’occurrence
l’investissement, le solde de la balance commerciale et le solde budgétaire, des écarts
relativement importants entre les valeurs historiques et les valeurs simulées se sont produits.
Concernant l’accélération de l’inflation, le chômage, les exportations de biens et services,
c’est surtout vers la fin de la période de simulation que les valeurs des variables endogènes
simulées convergent vers leurs valeurs effectives.
Quant aux variables données en taux de croissance, telles que les investissements, les
recettes gouvernementales et les importations de biens et services, ou celles exprimées en
niveau comme la production ou en logarithme comme la demande de monnaie, on constate
vers la fin de période de simulation que les séries simulées s’écartent légèrement de leurs
valeurs historiques du fait du cumul des erreurs à long terme.
Dans le but de juger la précision avec laquelle SYSTEM1 reproduit l’évolution passée de
l’économie au-delà d’une simple analyse graphique, on a appliqué deux critères de
performance en l’occurrence, le RMSE et le RMSPE. Ceux-ci révèlent que les résultats de la
simulation statique obtenus sont meilleurs que ceux de la simulation dynamique. Le RMSE en
276
pourcentage dans le cadre dynamique est plus élevé. On a également remarqué globalement
que les erreurs de l’ensemble des variables du modèle sont relativement faibles.
C’est dans l’équation de la consommation des ménages et dans celle de la demande de travail
que la simultanéité modifie très peu les résultats. Viennent après successivement, la
production, la demande de la monnaie, les importations et les exportations de biens et
services, les recettes de l’Etat, l’investissement, l’accélération de l’inflation et le taux de
chômage. Ces dernières séries nous paraissent moins bien simulées relativement aux
précédentes.
Néanmoins, les erreurs les plus fortes se retrouvent dans le solde commercial et le solde
budgétaire. La détérioration de ces séries provient des erreurs des variables qui les
définissent. En effet, de par la simultanéité des équations, certaines variables comme les
exportations et les importations de biens et services interviennent dans la détermination
d’autres variables : la balance commerciale par exemple, et ainsi, d’une période à une autre,
les erreurs propres à chacune des équations vont se cumuler aux erreurs de simulation des
autres variables endogènes.
L’analyse des variantes clôture cette partie. En utilisant les résultats de la simulation
statique et dynamique qui ont permis une première validation du modèle et dans le but de
tester la cohérence économique de ce dernier, on a poursuivi cette validation en réalisant deux
scénarios de simulation. Dans le premier scénario nous avons considéré que la consommation
gouvernementale a augmenté de manière permanente de 5% de la production. Dans le second,
nous avons supposé une hausse des prix du pétrole de 10%, de 20% et de 30% sur trois
années consécutives. L’impact des chocs sur l’ensemble des équations du modèle est présenté
à travers la réalisation d’une simulation statique et d’une simulation dynamique pour chacun
de ces deux scénarios.
Partant du modèle estimé puis simulé, nous nous sommes posés la question de l’impact
possible sur l’ensemble des équations du modèle, d’abord, de la hausse entretenue à partir de
1975 de la consommation gouvernementale de 5% de la production ; ensuite, de
l’augmentation sur trois années consécutives du prix du pétrole.
277
L’impact de l’augmentation permanente de la consommation gouvernementale sur
l’activité économique dans le cadre statique est de l’ordre de 5,7 % après la première année.
Cette hausse de la production a entraîné une augmentation des investissements des entreprises
et a provoqué une embauche supplémentaire de près de neuf mille emplois et une faible
diminution du taux de chômage pour la même année, soit en 1976. La hausse de cette
variante a induit également une hausse des importations globales. Il faut toutefois signaler que
l’effet sur la consommation des ménages n’a pas été très important.
Sur le marché monétaire, la hausse de l’activité génère à son tour une hausse de la demande
de monnaie.
Dans le cadre dynamique, l’effet d’une hausse permanente de la consommation
gouvernementale sur l’activité est beaucoup plus faible durant toute la période de la
simulation.
A propos de la consommation des ménages, si on compare les résultats de la simulation
dynamique avec ceux de la simulation statique, on enregistre que l’impact de la hausse de la
consommation gouvernementale sur la consommation des ménages algériens est relativement
plus élevé à partir de 1978.
Concernant l’évolution du marché de l’emploi, cette variante a généré en fin de période une
création d’emplois plus importante que dans le cadre statique et donc une diminution
considérable du taux de chômage.
Dans le second scénario (augmentation du prix du pétrole), cette variante a généré dans le
cadre statique une hausse instantanée de la production pendant les deux premières années qui
a été suivie par une légère décroissance en 1977. En 1979, l’effet de cette augmentation s’est
annulé puisque le prix du pétrole a repris sa trajectoire initiale.
La hausse de l’activité économique s’est répercutée faiblement sur l’accroissement des
investissements et la création d’emploi. Il en est de même pour la consommation des ménages
où l’impact de la hausse du prix du pétrole a été également négligeable. En revanche, c’est en
matière des termes de l’échange qu’on a noté des gains assez importants. En outre, le solde
budgétaire est devenu lui aussi excédentaire. Cet excédent s’explique bien évidemment par
la hausse des ressources de l’Etat suite à la hausse des recettes pétrolières.
278
Dans le cadre dynamique, on a enregistré une augmentation de 2% de l’activité
économique par rapport au scénario de référence à partir de 1977, qui a perduré jusqu’à la fin
de la période de simulation. L’effet sur la consommation a été de faible ampleur.
Cette variante s’est traduite également par un renchérissement des recettes totales et donc un
solde budgétaire excédentaire et a produit, en outre, un accroissement des investissements.
Une hausse de l’inflation et de la demande de monnaie ont été aussi constatées.
Pareillement, on a relevé suite à la hausse du prix du baril durant les trois années successives,
une élévation du niveau des exportations globales et par conséquent des gains concernant les
termes de l’échange.
279
Conclusion Générale La stratégie de développement adopte, au lendemain de l’indépendance, un système de
planification centralisée, une révolution agraire, une création d’une base industrielle, et une
valorisation des hydrocarbures.
On distingue deux grandes phases de l’économie algérienne. La première s’étale de
1967 jusqu’au milieu des années 1980. Elle est caractérisée par l’ampleur des investissements
visant à réaliser l’industrialisation rapide du pays. La seconde, débute par l’effondrement des
prix du pétrole sur le marché mondial en 1986. Elle est marquée par la mise en œuvre d’un
vaste projet de réformes qui vise à transformer radicalement le mode de fonctionnement de
l’économie.
Jusqu’à la fin du second plan quadriennal, la politique d’investissements massifs était
centrée sur les hydrocarbures et les industries de biens de productions. La part importante des
investissements accordés au développement du secteur des hydrocarbures s’inscrit dans une
démarche de maximisation des ressources d’origine externe (rente énergétique).
Durant cette période, on relève globalement une forte croissance due essentiellement au
contexte international favorable et une baisse notable du taux de chômage.
Par ailleurs, en raison de la faiblesse de la production agricole, un accroissement des
importations de biens alimentaires est enregistré.
La production agricole est restée en effet insuffisante malgré les diverses mesures prises en
faveur de l’agriculture. Ceci s’explique essentiellement par la faiblesse des investissements
affectés au secteur agricole, les problèmes de financement, l’insuffisance
d’approvisionnement en inputs, le manque de techniques modernes, les conditions
climatiques non favorables, etc.
Pour pallier cette insuffisance, les autorités publiques ont eu excessivement recours à
l’endettement extérieur pour non seulement subvenir aux besoins croissants de la population,
mais également pour réaliser des projets industriels et assurer le financement des activités
280
économiques autre que les hydrocarbures. On assiste à un accroissement d’importation de
l’approvisionnement industriel et autres biens d’équipement.
Les industries industrialisantes, quant à elles, n’ont pas généré les résultats espérés pour
de nombreuses raisons notamment :
La création de sociétés nationales gigantesques et coûteuses ;
La main-d’œuvre locale non qualifiée ;
Les investissements de base hautement capitalistiques ont créé peu d’emploi ;
Le coût élevé des investissements dans certains secteurs (l’exploitation intensive des
réserves d’hydrocarbures) s’est fait au détriment d’autres secteurs et a entraîné un
déséquilibre de l’économie.
À partir de 1980, une nouvelle politique économique est mise en œuvre. Celle-ci entend
remédier aux distorsions économiques et rééquilibrer les investissements au profit des
secteurs non industriels (agriculture, aménagement du territoire, hydraulique, etc.) qui avaient
accusé des retards préjudiciables à l’économie dans son ensemble. De nombreux projets
industriels ont été abandonnés.
Les hydrocarbures qui représentaient en 1986 près de 97,5% des ressources d’exportations
en devises, enregistrent un effondrement brutal de leurs prix, ce qui dévoile la faiblesse du
système économique algérien.
La nécessité de l’ajustement s’impose de fait aux autorités publiques qui s’engagent dans un
vaste projet de réformes économiques en 1987-88 devant débouché sur l’économie de marché.
Ces réformes parachevées vers la fin des années quatre-vingt et le début des années
quatre-vingt-dix n’ont pas entraîné la relance espérée. En 1993, le bilan économique est
particulièrement critique : une croissance réelle négative, un chômage élevé, une hyper
inflation, et un endettement excessif. L’Algérie se trouve dans une situation de cessation de
paiement puisque ses recettes deviennent insuffisantes pour honorer le service de la dette. Le
rééchelonnement de la dette extérieure devient inévitable et c’est ainsi que les pouvoir publics
algériens signent en 1994 un premier accord avec le Fonds Monétaire International appelé
accord de Stand by (avril 1994 - mars 1995), puis un second, dit de facilité de financement
élargie, portant sur trois années (avril 1995 - mai 1998).
281
En 1998, l’Algérie achève l’exécution de son plan d’ajustement structurel préconisé par
le FMI. Les évaluations faites montrent que, malgré les résultats positifs enregistrés dans le
rétablissement des équilibres macro-économiques, les conséquences sociales de la politique
d’ajustement structurel sont énormes.
À titre d’exemple, le taux d’inflation a été ramené en 1998 aux alentours de 5%. Les
réserves de change (or exclu) s’élèvent à un niveau appréciable de 6,8 milliards de dollars,
alors qu’à la veille du rééchelonnement de la dette, elles se situent à 1,4 milliards de dollars.
De son côté, le poids de la dette a nettement diminué.
Par ailleurs, on assiste au retour du déficit budgétaire, après trois années successives
d’excédents (1995-97). L’Algérie a perdu 6 $/baril en 1998 par rapport à l’année précédente.
Le solde budgétaire exprimé en proportion du PIB passe de -2,9% en 1997 à 3,6% en 1998.
Il en est de même pour la balance commerciale qui, après avoir enregistrée une amélioration
au niveau de ses recettes d’exportations d’hydrocarbures en 1996 et 1997, devient déficitaire
en 1998.
Il est important de préciser que malgré les diverses mesures préconisées par le FMI, la
croissance économique demeure fragile et vulnérable. Elle est essentiellement liée à
l’accroissement de la production d’hydrocarbures ainsi qu’aux bonnes performances de
l’agriculture. A cela, il faut ajouter que la politique de stabilisation a bénéficié d’une période
exceptionnelle marquée par la remontée du cours du baril de pétrole et une bonne
pluviométrie.
L’absence d’une croissance forte créatrice d’emplois a engendré l’accroissement du
chômage qui a touché toutes les catégories de la population. En plus, la faiblesse du
dynamisme de l'emploi structuré a entraîné l’accroissement des activités informelles.
Le plan d’ajustement structurel (PAS) centré sur la privatisation des entreprises a généré
la fermeture de plus de 800 entreprises publiques économiques et locales. Il en a résulté des
compressions importantes d’effectifs qui sont venues gonfler le chômage déjà existant, et
augmenter la précarisation au détriment de l’emploi permanent, qui constituait jusqu’alors la
forme contractuelle la plus fréquente.
282
La baisse du pouvoir d’achat des citoyens constitue un autre effet du rééchelonnement de
la dette extérieure. La suppression des subventions aux prix des produits alimentaires,
imposée par le FMI, a considérablement aggravé la crise économique et sociale. En effet,
outre la hausse importante du chômage, la consommation alimentaire des couches sociales
défavorisées régresse par rapport à celles des plus favorisées.
On assiste depuis ces dernières années à une dégradation des conditions de vie : la pauvreté et
le recours à la charité pour survivre se sont développés de façon inquiétante.
La réduction des dépenses publiques s’est traduite par un recul des programmes sociaux.
Il semble qu’aucun effort n’a été fait pour une meilleure gestion des dépenses notamment, la
formation professionnelle, l’éducation, la santé, etc.
Le diagnostic de la situation a révélé non seulement la gravité de la crise qui a plongé le
pays dans la récession la plus longue de son histoire, mais aussi l’éclosion de problèmes
politiques et sociaux d’une grande ampleur. Il est difficile de croire que l’économie algérienne
puisse sortir de l’impasse sans élaborer une politique de développement économique et social
efficace pour faire face à ces problèmes. Certains domaines pourront être approfondis tels
que :
L’affranchissement de la rente pétrolière par le développement des énergies
renouvelables et la maîtrise de la consommation d’énergie ;
La diminution de la dépendance alimentaire par le développement de l’agriculture et la
mise en valeur des ressources hydrauliques dans les régions sahariennes ;
La promotion du tourisme ;
L’investissement dans le capital humain.
1 * La questions d’une atténuation de l’emprise de la rente pétrolière sur le fonctionnement
global du système économique et social n’est pas encore écartée. Malgré les programmes
d’ajustement, les hydrocarbures continuent de procurer au moins 95% des recettes de
l’Algérie134.
134 Les trois quarts de la production d’hydrocarbures, tous produits confondus, sont exportés.
283
On ne peut espérer résoudre tous les problèmes en s’appuyant indéfiniment sur une seule
ressource qui est, d’une part, non renouvelable, et d’autre part, dont les prix sont dépendants
du marché mondial. A cela, il faut ajouter les fluctuations du dollar (la monnaie de
facturation).
L’amenuisement des ressources financières impose aux pouvoirs publics non seulement
la relance de l’économie, mais également la conception d’une politique efficace en vue de
diversifier les sources de revenus en devises et d’affranchir définitivement l’Algérie du poids
excessif des hydrocarbures.
Ces ressources sont limitées, non renouvelables et doivent être gérées rationnellement. Il
devient urgent d’engager un processus de réformes radicales et profondes menant à terme à
une économie de production diversifiée, concurrentielle et ouverte dans le cadre du marché.
Il convient de signaler la nécessité de développer des énergies renouvelables. En effet, de
par leur caractère inépuisable, ces ressources constituent une solution économiquement viable
permettant d’alimenter la population en services énergétiques. Outre, leur impact limité sur
l’environnement, la valorisation de ces ressources énergétiques permet la création nombreux
emplois.
La maîtrise de la consommation d’énergie constitue une autre priorité. Devant la
diminution de la disponibilité du pétrole, la mise en œuvre d’une stratégie énergétique
permettant de préserver les intérêts des générations futures est fondamentale.
Selon Chitour (2003), aussi paradoxal que cela puisse paraître, le principal gisement d’énergie
du futur est celui des économies d’énergie. L’Algérie doit rationaliser sa consommation et par
voie de conséquence sa production d’énergie.
Deux questions fondamentales se posent :
- Les autorités publiques sont-elles réellement capables de sortir le pays du piège de la
rente pétrolière ?
- Le gouvernement est-il disposé à mettre l’Algérie sur la voie de l’affranchissement
total des hydrocarbures ?
Tant que la rente énergétique existe, c’est une question de volonté politique.
284
2* La véritable richesse du Sahara ne réside pas seulement dans le pétrole et le gaz de son
sous-sol, mais aussi dans les perspectives qu’il ouvre vers l’avenir pour l’agriculture. En
effet, il est possible aujourd’hui de développer la production agricole dans le désert, vu
l’importance des potentialités agricoles sahariennes.
L’agriculture algérienne est confrontée depuis plusieurs années à un obstacle de taille : la
faible pluviométrie. En outre, la production agricole ne répond plus aux besoins alimentaires
de la population, ce qui a rendu l’importation de denrées alimentaires nécessaire.
Il s’agit de mettre en œuvre, dans les meilleurs délais, un programme de mise en valeur
des ressources hydrauliques du sous-sol, particulièrement dans les régions du Sahara, mais
aussi d’élaborer une stratégie de développement du secteur agricole, afin d’atténuer la
dépendance alimentaire devenue dangereuse et ainsi diminuer la facture alimentaire. Celle-ci
s’élève en 2000 à 2,4 milliards de dollars américains sur un montant global d’importations de
biens de 9,2 milliards de dollars135. Ces ressources financières peuvent alors être consacrées,
par exemple, à l’édification de barrages et à la mise en place de réseaux pour les besoins de
l’irrigation et pour la desserte en eau, ainsi qu’au renouvellement des équipements agricoles,
etc.
3* L position géographique de l’Algérie particulièrement privilégiée, est un atout à exploiter.
En effet, l’immensité du territoire136 pourrait permettre à l’Algérie de devenir un grand pays
touristique notamment sur le pourtour méditerranéen.
Une véritable stratégie de promotion du tourisme, pour promouvoir son potentiel touristique
(la mer, les oasis et le Sahara), doit être mise en œuvre. Elle repose par exemple sur le
développement d’infrastructures d’accueil notamment dans l’hôtellerie et les complexes
touristiques, sur l’encouragement des investissements nationaux et étrangers et sur un régime
fiscal incitatif. Ce projet doit aboutir à diversifier les sources d’accumulation, et à créer de
nouveaux emplois.
135 Alors que les importations de biens agricoles sont de l’ordre de 85 millions de $, selon les informations statistiques fournies par le CNIS. 136 Le territoire algérien s’étend sur 2, 381 millions de km², il est le dixième plus grand pays au monde.
285
4* L’existence d’énormes potentialités (richesses minières et pétrolières) ne suffit pas pour
construire une économie fiable et performante. En effet, la gravité de la situation économique
et financière qui secoue le pays depuis de nombreuses années a pour origine moins la chute
brutale du prix du pétrole que la conception et la conduite de politiques complètement
inadaptées.
Bien que l’Algérie recèle d’énormes richesses, il n’en demeure pas moins que sa grande
richesse est représentée par ses cadres et ses ouvriers. Ce capital humain est malheureusement
mal utilisé. Il faut prendre conscience que les connaissances, les qualifications et les
compétences acquises constituent un atout essentiel pour la réussite à venir de l’Algérie.
L’investissement dans le capital humain est majeur pour rendre le pays puissant et prospère.
La refonte du système éducatif ainsi que la formation professionnelle doivent constituer des
objectifs prioritaires.
Les ressources énergétiques considérables, les réserves de productivité dans
l’agriculture, le potentiel des richesses touristiques, et le capital humain sont les atouts
nécessaires pour passer à une phase dynamique de développement.
Dans la deuxième partie, nous avons voulu élaborer un petit modèle macroéconomique
en prenant en considération l’une des caractéristiques fondamentales de l’Algérie qui
concerne la rente pétrolière mise en évidence dans la première partie. Nous nous sommes
inspirés du modèle de Haque et alii pour spécifier nos différente équations.
Le modèle que nous proposons, appelé SYSTEM1, présente trois différences principales
avec le modèle de Haque et alii (1991) : la spécification des équations du modèle,
l’application de la technique de simulation (statique et dynamique) et finalement la réalisation
de variantes.
En matière de spécification des équations du modèle, ce qui différencie SYSTEM1 c’est
d’abord l’équation des exportations de biens et services qui diffère de la proposition originale.
Ensuite, la suppression de l’équation du taux d’intérêt. Enfin, l’introduction de nouvelles
équations notamment, l’équation de la demande de travail, celle des recettes totales et
finalement l’équation de l’inflation.
286
Tout d’abord, pour les exportations, on a estimé judicieux de proposer une nouvelle
équation de comportement. Comme on l’a mentionné auparavant, les exportations se
caractérisent par la prédominance des hydrocarbures, et le niveau des recettes provenant des
exportations d’hydrocarbures dépend d’une variable stratégique : le prix du pétrole.
En conséquence, on a proposé une autre spécification de cette équation qui nous semble plus
appropriée à l’économie algérienne. On a fait dépendre les exportations du prix du baril de
pétrole, de la demande mondiale d’hydrocarbures, des réserves pétrolières et du quota de
production de l’OPEP.
Les taux d’intérêt, dans le cas de pays en développement, sont maintenus à des niveaux
très bas et souvent inférieurs au taux d’inflation. En Algérie, les taux d’intérêt étaient fixés
administrativement jusqu’à la fin des années 1980 et ce n’est qu’à partir de l’année 1997
qu’on a vu apparaître pour la première fois des taux d’intérêt réels positifs. Dès lors, on a été
amené à écarter du modèle l’équation de comportement relative au taux d’intérêt. On a
supposé que c’est une variable purement exogène.
A des fins de simplification, on n’a pas pris en considération le solde de la balance des
paiements. Seul le solde des exportations et des importations de biens et services est pris en
compte.
Par ailleurs, on a introduit dans le modèle trois nouvelles équations afin d’avoir une vue
d’ensemble de l’économie algérienne. Il s’agit de l’équation de la demande de travail, de celle
des recettes budgétaires, et de l’inflation.
Une fois les différentes équations estimées d’abord séparément puis simultanément, on a
examiné le fonctionnement d’ensemble de SYSTEM1. La technique de simulation permet de
savoir dans quelle mesure ce système peut reproduire l’évolution de l’économie algérienne.
L’analyse graphique nous permet de conclure que la majorité des séries simulées convergent
vers leurs valeurs historiques. Les équations présentent ainsi un pouvoir explicatif
convenable.
Au-delà d’une simple analyse graphique, les critères de performance utilisés révèlent
d’une part, que les résultats issus de la simulation statique sont meilleurs que ceux de la
287
simulation dynamique, et d’autre part, que les erreurs de l’ensemble des variables du modèle
sont relativement faibles dans l’ensemble.
Les résultats de la simulation statique et dynamique ont permis une première validation
du modèle. Partant du modèle estimé puis simulé, nous avons poursuivi cette validation en
réalisant deux scénarios de simulation : une augmentation permanente de la consommation
gouvernementale de 5% de la production, puis une hausse des prix du pétrole sur trois années
successives. Nous avons souhaité connaître l’impact possible de ces deux variantes sur les
équations du modèle.
L’augmentation permanente de la consommation gouvernementale dans le cadre statique a
engendré, après la première année suivant le choc, une hausse de la production qui a entraîné
à son tour une augmentation des investissements des entreprises, une embauche
supplémentaire de travailleurs et une faible diminution du taux de chômage. Cette variante a
induit également une hausse des importations globales, et une hausse de la demande de
monnaie.
Dans le cadre dynamique, l’effet d’une hausse entretenue de la consommation
gouvernementale sur l’activité économique est faible durant toute la période de simulation.
A propos de la consommation des ménages, si on compare les résultats de la simulation
dynamique avec ceux de la simulation statique, on enregistre un impact sur la consommation
des ménages algériens relativement plus élevé à partir de 1978.
Concernant l’évolution du marché de l’emploi, la création d’emplois est plus importante que
dans le cadre statique. Le chômage diminue considérablement.
L’augmentation du prix de pétrole (second scénario) a généré dans le cadre statique, une
hausse instantanée de la production pendant les deux premières années qui a été suivie par
une légère décroissance en 1977. L’effet de cette augmentation s’est annulé en 1979 car le
prix du pétrole a repris sa trajectoire initiale.
La hausse de la production s’est répercutée faiblement sur l’accroissement des
investissements, la création de l’emploi, et la consommation des ménages. En revanche, c’est
en matières des termes d’échange que des gains assez importants ont été enregistrés. Le solde
budgétaire est devenu lui aussi excédentaire. Ce qui s’explique par l’augmentation des
288
recettes budgétaires suite à la hausse des recettes pétrolières. Dans le cadre dynamique,
l’effet est également de faible ampleur.
Il est incontestable que l’Algérie soit asservie au prix du pétrole. Cependant, l’effet de la
hausse du prix du baril sur l’ensemble des équations de System1 ne révèle pas cette forte
dépendance.
On peut dire qu’un modèle n’est jamais achevé. SYSTEM1 comporte sans aucun doute
de nombreuses imperfections et plusieurs simplifications discutables et il reste cependant
beaucoup à faire. Le modèle macroéconométrique présente l’intérêt de rassembler dans un
même cadre un grand nombre d’informations. Il a pour but de fournir une représentation
globale de l’économie.
Dans le cadre de recherches post-doctorales, la prise en considération de tous les secteurs
d’activité devrait permettre de dégager les principales interdépendances. Ce modèle pourra
également être utilisé pour prévoir de manière cohérente la totalité des variables
traditionnellement recherchées pour apprécier l’évolution globale de l’économie (la
croissance, l’emploi, le chômage, etc.).
On peut suggérer d’autres perspectives de recherches pour parachever ce travail, par
exemple : résoudre un problème d’optimisation. L’élaboration d’une fonction de préférence
étatique (fonction objectif) sous la contrainte d’un modèle macroéconométrique peut
présenter un bon profil de recherches ultérieures. Pour pouvoir appliquer les méthodes
d’optimisation aux modèles macroéconométriques, il convient de préciser les éléments
suivants :
définir un but ou une fonction objectif (de coût ou d’utilité) à optimiser. Ceci requiert
une description adéquate du problème. La fonction objectif n’est qu’une expression
mathématique reflétant la préférence du décideur tout comme le modèle
économétrique qui n’est qu’une approximation de la réalité (dans la mesure où il fait
abstraction de certains éléments jugés non déterminants du phénomène étudié). Si la
fonction objectif s’avère imparfaite à certains égards, la question à poser est de savoir
si l’analyse qui suit prévoit l’utilisation des résultats qui sont disponibles. Une autre
alternative est de rendre la fonction objectif plus complexe. Ceci peut rendre le calcul
289
de la solution optimale des variables de commande plus compliqué, difficile et même
impossible. Donc, il existe un choix à faire entre une solution exacte à une formulation
approximative du problème et solution approximative à une formulation exacte du
problème (4). Celle que l’on devrait choisir dépendra surtout de la justesse de
l’approximation. Ainsi quelques formulations explicites et précises de la fonction
objectif, cependant imparfaite, est une nécessité pour la recherche systématique de
politiques plus efficaces ;
définir les variables du modèle notamment les variables de commande (instruments),
les variables objectifs (appelées aussi variables d’état ou buts) et les variables
exogènes non contrôlables. Les variables d’état renseignent sur l’état du système
tandis que les variables de commande permettent de modifier clairement l’état du
système ;
décrire le fonctionnement du système économique. Une fois les variables
économiques « stratégiques » choisies, la construction du modèle peut être envisagée.
Le modèle économique exprime les liens existant entre les instruments et les objectifs.
En général, le modèle économétrique est un système stochastique non linéaire et
dynamique. Il peut être intéressant de se référer à une représentation du système en
variables d’état ;
choisir une politique ou une stratégie optimale. Quant au calcul d’une politique
économique optimale, la conjugaison de deux éléments à savoir une fonction objectif
servant d’indicateur de choix et un modèle de l’économie décrivant les effets des
instruments de politique économique sur les arguments de la fonction objectif à
optimiser, est nécessaire.
C’est dans ce cadre, que l’on peut envisager de nouvelles perspectives dans les recherches
futures.
Il est clair que ce travail dépend en grande partie des données statistiques. Notre étude
s’est heurtée à ce type de difficultés. La collecte des données a été longue et fastidieuse. Elle
s’est étalée sur une durée de plusieurs mois sans relâche, auprès des organismes tels que :
290
l’Office National des Statistiques (ONS), le Conseil National du Plan (CNP), le Centre
National d’Informatique et des Statistiques (CNIS), la Société Nationale pour le Transport et
la Commercialisation des Hydrocarbures (Sonatrach) et la Banque d’Algérie.
Nous devons signaler que l’Algérie ne dispose pas suffisamment de données statistiques
sur une longue période. Cette insuffisance est d’autant plus ressentie, qu’elle devient un
handicap à la bonne conduite d’un travail de recherche scientifique. Dès lors, l’élaboration
d’une base de données statistique complète, sans laquelle une modélisation est difficile voire
impossible, devient primordiale.
Il est vrai que nous aurions souhaité pour la pertinence de l’analyse avoir des séries
statistiques complètes avec des définitions claires et précises sur plusieurs années.
Malheureusement, ce n’est pas le cas. Il nous fallait donc pour compléter ces séries utiliser
différentes sources d’information, parfois au sein d’un même organisme, et surtout les
actualiser quand un redressement de données est réalisé (cas très fréquent).
En outre, la publication tardive de certaines données statistiques n’a pas facilité la
constitution d’une base de données jusqu’à l’année 2002, ce qui nous a contraint à construire
le modèle pour l’économie algérienne sur une période qui s’étend uniquement de 1970 à
1998. Il faut également noter que les données récentes, souvent provisoires, sont soumises à
d’importantes révisions par la suite. Si la relation économétrique du modèle est juste, une
erreur de mesure sur l’une des variables se transmet mécaniquement dans le système.
En guise de conclusion, on peut dire qu’il faut prendre conscience de l’urgence
de la mise en place d’une banque de données statistiques fiable pour tous les secteurs
d’activité économique qui s’étale sur une plus longue période, avec des variables clairement
définies afin de mener des recherches plus approfondies.
291
ANNEXES
292
Annexe 1. Quelques définitions
Champ de la production
Dans sa délimitation du champ de la production, le Système des Comptes Economique
Algériens (SCEA) considère comme productif les secteurs suivants :
♦ L’agriculture (y compris la sylviculture, la pêche, …) ;
♦ L’industrie (y compris les hydrocarbures) ;
♦ Le bâtiment et les travaux publics ;
♦ Les services productifs matériels et non matériels (commerce, transports, etc.).
Le Système de Comptabilité Nationale (SCN) adopte une définition plus extensive du
champ de la production. En effet, en plus des activités considérées comme productives par le
SCEA, le SCN intègre aussi des activités des Administrations Publiques, des Institutions
Financières, Affaires Immobilières et des services domestiques137.
L’agrégat fondamental du SCEA est la Production Intérieure Brute (PIB). Pour le SCN,
l’agrégat fondamental est par excellence le Produit Intérieur Brut (PIB).
En somme, et par juxtaposition des champs de production des deux systèmes de comptabilité
nationale, le passage de la PIB (SCEA) au PIB (SCN) se fait de la manière suivante :
Le PIB = La PIB + Valeur ajoutée des Administration Publiques (administrations centrales,
collectivités locales, établissements publics à caractère administratif,
sécurité sociale)
+ Valeur ajoutée des Institutions Financières (banques et entreprises
d’assurance)
+ Valeur ajoutée des Affaires Immobilières
+ Ajustements liés à la production imputée de services bancaires et à la
consommation de services non productifs.
137 ONS (2001) : Les comptes économiques de 1989 à 2000, n° 338.
293
La PIB est évaluée selon trois optiques qui convergent vers le même chiffre :
Optique production
PIB = ΣVA + TVA + DT/M
Optique revenu
PIB = RS + CFF + ILP + ENE
Optique dépense
PIB = CF + ABFF + DS + Exportations - Importations
Tels que
VA = PB - CI
RI = VA - CFF
ENE = RI – ILP - RS
Abréviations utilisées :
PB : Production brute
CF : Consommation finale
CI : Consommations intermédiaires
ABFF : Accumulation brute de fonds fixes
DS : Variation des stocks
VA : Valeur ajoutée
CFF : Consommation de fonds fixes (Amortissements)
RI : Revenu intérieur (Valeur ajoutée nette)
ILP : Impôts liés à la production
RS : Rémunération des salariés
ENE : Excédents net d’exploitations (revenu primaire de l’entreprise)
TVA : Taxe sur la valeur ajoutée
DT/M : Droit de douanes et taxes à l’importation
294
La population active et la population occupée
Selon les définitions du Bureau International du Travail (BIT) appliquées par l’Office
National des Statistiques (ONS), la population active comprend l’ensemble des individus qui
ont exercé une activité économique marchande pendant au moins une heure durant la
semaine de référence (même s’ils ont déclaré être sans emploi), à la recherche d’un travail
ou au service national.
La population occupée au sens BIT comprend l’ensemble des personnes ayant déclaré
avoir exercé une activité économique marchande pendant la semaine de référence (y compris
les personnes qui se sont déclarées initialement chômeurs, femmes au foyer ou autres inactifs)
et les appelés du service national.
La population en chômage
La population au chômage au sens BIT comprend l’ensemble des personnes, aptes à
travailler, ayant déclaré :
être en âge d’activité (16-59 ans) ;
être sans travail (aucune activité économique marchande durant la semaine de
référence) ;
être à la recherche d’un emploi en ayant effectué des démarches ;
disponible à travailler138.
Indice de prix à la consommation
L’indice de prix à la consommation est celui de la ville d’Alger (la champs d’observation
est constitué de 10 secteurs géographiques : Alger-Centre, Bab-El-Oued, Belcourt, Bir-
Mourad-Rais, El-Biar, El-Harrach, El-Madania, El-Mouradia, Hussein Dey et Kouba). Cet
indice est un indicateur de mesure de l’évolution d’ensemble des prix (de détails) de biens et
services consommés par les algérois. Plus précisément, il mesure la variation relative des prix
138 ONS : Activité, emploi & chômage, troisième trimestre 2001, n° 343.
295
entre deux périodes, et ne renseigne donc pas sur les prix effectifs ni leurs variations absolues,
mais sur le sens et l’importance des mouvements d’un ensemble de prix.
Parmi les principales caractéristiques de cet indice :
La population de référence est constituée de l’ensemble des ménages de la ville
d’Alger de toutes tailles et toutes les catégories socio-professionnelles ;
L’indice se compose de 260 articles représentés par 732 variétés sélectionnées sur la
base de critères tels que la dépense annuelle, la fréquence de la dépense, l’utilité, etc. ;
L’année de référence (100 pour les calculs) est 1989 ;
La périodicité de l’indice est mensuelle. Il est calculé aussi un indice annuel ;
L’indice est calculé suivant la formule de Laspeyres (moyenne arithmétique pondérée
d’indice élémentaire)139.
La consommation gouvernementale
La consommation gouvernementale notée Cgt prise en considération dans l’équation 1
(section 3, chapitre 6), représente la somme de la consommation finale des administrations
publiques, des affaires immobilières et des institutions financières.
Consommation gouvernementale = Consommation finale des administrations publiques
+ Consommation finale des affaires immobilières
+ Consommation finale des institutions financières
Selon la classification algérienne, la consommation gouvernementale est une
composante des dépenses budgétaires (G) et plus précisément des dépenses de
fonctionnement.
A des fins d’analyse (scénarios de simulation), on a pris en considération seulement la
consommation finale des administrations publiques, notée Cgt1, puisque les secteurs des
affaires immobilières et des institutions financières sont des secteurs institutionnels différents
de par leurs fonctions et leurs ressources du secteur des administrations publiques. En outre, il
existe des entreprises privées qui relèvent de ces deux secteurs.
139 ONS (mars 2002) : Indice de prix à la consommation de la ville d’Alger, n° 75.
296
Pour simplifier, on a donc regroupé dans la variable Dst1, la variation de stocks (Dst) ainsi
que l’écart entre Cgt et Cgt1, soit la somme de la consommation finale des affaires
immobilières et la consommation finale des institutions financières.
Annexe 2. Résidu de Solow
On suppose une fonction de production agrégée en fonction non seulement des inputs
traditionnels : capital (Kt) et le travail (Lt) mais également d’un troisième facteur, appelé par
certains « progrès technique autonome » et par d’autres « résidu de Solow », qui s’écrit sous
la forme donnée ci-après :
Qt = F(Kt, Lt, t)
Le résidu de Solow représente «l’ensemble des éléments qui contribuent à accroître la
production globale sans qu’il ait un accroissement proportionnel des quantités d’ inputs
primaires »140 .
On considère la fonction de production de Cobb Douglas « dynamique » et on suppose des
facteurs de production rémunérés à la productivité marginale à long terme. On suppose aussi
que le progrès technique vient multiplier la production par le facteur Ht, ainsi :
Qt = Ht Kαt Lt
β
En introduisant le logarithme, on obtient :
Log Qt = Log Ht+ α Log Kt+ β Log Lt
La dérivée par rapport au temps donne :
Q& /Q = H& /H + αK& /K + βL& /L
Tel que Q& = dQ / dt
140 Abraham-Frois G. (2002) : Dynamique économique, p. 59, 9e édition, éditions Dalloz, Paris, 653 p.
297
En faisant l’hypothèse que les rendements d’échelle sont constants, et d’un « trend » de
progrès technique constant dans le temps ayant la forme Ht = H0 eλt, il découle
H& /H = λ et Q& /Q = λ + αK& /K + (1- α) L& /L
Q& /Q , K& /K et L& /L représentent respectivement les taux d’accroissement de la production,
du stock de capital et de l’emploi.
On peut écrire la fonction de production par tête comme suit :
qt = Ht KtαLt
1-α/ Lt = Ht Ktα/Lt
α = Ht ktα
Tel que kt = Kt/Lt
d’où Log qt = LogHt + α Log kt
L’application de la méthode des moindres carrées ordinaire permet d’estimer le facteur de
productivité Ht et le paramètre α. Dès lors, le « trend » du progrès technique λ peut en être
calculé. On a :
λ= Q& /Q – (αK& /K+(1-α) L& /L)
« Le caractère résiduel du progrès technique résulte de la méthode d’estimation elle-
même puisque l’on calcule d’abord l’augmentation d’input imputable à l’accroissement des
quantités d’inputs primaires (travail et capital) et que l’on attribue le reste au progrès
technique… le « facteur résiduel » rassemble donc tout ce qui contribue, sans qu’on sache
l’expliquer, à l’accroissement de la production »141.
141Abraham-Frois G. (2002) : Op. cit.
298
Annexe 3. Estimation du stock de capital L’indisponibilité des données concernant la série stock de capital nécessite son
évaluation.
On considère le stock de capital (Kt) comme la somme cumulée des flux d’investissements (It)
corrigés de la dépréciation du capital (δ), soit :
Kt = Kt-1(1- δ )+ It (1)
Cette méthode se heurte évidemment au problème d’évaluation du stock de capital initial
(K0). On a envisagé la procédure suivante pour surmonter cette difficulté. On prend le
modèle :
Kt = α Qt (2)
Telle que Qt représente la production. A des fins de simplification, on fait d’abord l’hypothèse
que la dépréciation du capital est nulle δ = 0.
On peut écrire la formule (2) comme suit :
∆Kt = α ∆Qt (3)
où ∆ est l’opérateur de décalage. Une fois le paramètre α estimé142, on trouve une valeur du
stock de capital initial K0 = K1969 = 25,85 milliards de D.A.
En se basant, par la suite, sur l’équation (1) et pour δ = 0, on génère une première évaluation
de la série de stock de capital qu’on a appelé K1.
On lève l’hypothèse δ = 0 et on calcule δ par le rapport : Consommation de fonds fixes (CFF)/
Accumulation brute de fonds fixes (ABFF). En moyenne sur une période allant de 1969 à
1998 on trouve δ = 0,3. On obtient ainsi une seconde évaluation de la série de stock de
capital, appelée K2. Ce sont les deux séries ainsi constituées (K1 et K2) qui ont été utilisées
lors d’estimation des équations.
142 L’estimation par la méthode des moindres carrés ordinaire fournit une valeur estimée de α =1,49 que l’on a arrondi à 1,5.
299
Annexe 4. Tests sur les résidus (Rappel)
Pour vérifier que les résidus suivent un processus de bruit blanc, on peut appliquer
différents tests, notamment les tests d’absence d’autocorrélation et ceux d’homoscédasticité.
1. Tests d’absence d’autocorrélation
Il existe plusieurs tests pour détecter l’absence de l’autocorrélation des résidus.
Test de Durbin-Watson
On suppose un modèle de régression simple :
ttt UXY ++= βα
Où Yt et Xt représentent les variables endogène et exogène respectivement. α et β sont
des paramètres. Dans le cas où l’on soupçonne que le terme des perturbations suit un
processus autorégressif d’ordre 1, c’est-à-dire :
ttt UU ερ += −1ˆˆ
où tε est un bruit blanc143 et tU désigne le résidu estimé, le test de Durbin Watson, noté DW
permet de tester la présence d’autocorrélation des résidus d’ordre un.
On teste l’hypothèse de base d’autocorrélation nulle.
H0 : ρ = 0
contre
H1 : ρ ≠ 0
143 Voir annexe 5.
300
On applique la statistique de Durbin-Watson :
( )( )∑
∑=
=−−
=T
tt
T
ttt
U
UUDW
1
22
21
ˆ
ˆˆ
Cette statistique varie entre 0 et 4. En l’absence d’autocorrélation des erreurs d’ordre 1, la
statistique DW≈2. Durbin et Watson ont tabulé les valeurs critiques en fonction du nombre
d’observation et des variables exogènes.
Avant l’utilisation de ce test, il est nécessaire de s’assurer de :
♦ L’existence d’un terme constant dans le modèle ;
♦ La matrice des variables explicatives n’est pas stochastique, sinon, le test n’est plus
valable au sens strict144. Autrement dit, ce test ne peut pas être appliqué si une variable
endogène retardée figure parmi les variables explicatives.
Lorsque la variable dépendante retardée apparaît parmi les variables explicatives, on établit
un test asymptotique h (statistique h de Durbin) pour les grands échantillons.
)1,0()1var(*1ˆ ANbT
Th →−=ρ
où var(b1) correspond à la variance estimée du coefficient de la variable dépendante décalée
et ρ est l’estimateur par la méthode des moindres carrés ordinaire (MCO) de ρ .
On rejette l’hypothèse de base H0 au profit de l’hypothèse d’une autocorrélation positive des
erreurs si h > 1,645. Ce test ne peut être utilisé s’il arrive que T*var(b1) > 1.
Il est intéressant de noter que la statistique h de Durbin peut être interprétée comme un test du
multiplicateur de Lagrange (LM)145.
144 Johnston J. (1988) : Méthodes économétriques, tome 2, Chapitre 8, Economica, Paris, 647 p. 145 “The Durbin h-test can be interpreted as Lagrange multiplier (LM) test based on the first-order temporal correlation coefficient”, Spanos A. (1986) : Statistical Foundations of Econometric Modelling, p. 542, Cambridge University Press, 693 p.
301
Test de Breusch Godfrey
Soit le modèle général suivant :
UXY += β
Y représente le vecteur des variables endogènes de dimensions (N x 1). La matrice des
variables exogènes X de dimension (N x K), peut également contenir des variables endogènes
décalées.
On suppose qu’on est en présence d’une forme plus générale d’autocorrélation, soit un
processus AR(p) et p > 1 :
Ut = 1ρ Ut-1 + 2ρ Ut-2 + ... + pρ Ut-p + tε
²),0( σε Nt →
L’hypothèse de base est H0 :
I) ²,0( uNU σ→
La procédure de ce test global de la signification simultanée de p autocorrélation des résidus,
est la suivante :
1ère étape
Estimer le modèle initial par la méthode des MCO pour obtenir le vecteur des résidus,
noté e.
2ème étape
Faire la régression de e en [ ]XE P pour trouver le coefficient de détermination R2 telle
que la matrice PE est définie par146:
146 Johnston J. et Dinardo J. (1999) : Méthodes économétriques, p. 191, 4e édition, Economica, Paris, 383 p.
302
PE = ( 1e , 2e , …, pe ) =
−−−− pnnn eneeeee
eeeee
e
...
...
..................0....0....00....000....000
321
21
12312
1
Autrement dit, on fait la régression de et en et-1 ,…., et-p et en Xt, telle que Xt représente la
tème ligne de la matrice X.
3ème étape
Calculer la statistique L telle que :
L = etPE ( PE t
PE - PE tX(XtX)XtPE )-1
PE te/σ 2
Où σ 2 estimateur de 2uσ par la méthode du maximum de vraisemblance, est égal à :
σ 2 = ete/N
et, Xt et PE t sont respectivement la transposée de e, de X et de PE .
Sous l’hypothèse de base H0 : L → 2pχ
Il faut noter que la statistique L peut s’écrire sous une forme plus simple : L = N * R² tel que
R² étant défini dans la seconde étape et N représente le nombre d’observations147.
On compare N * R² à la loi 2pχ et on rejette l’hypothèse de base si on trouve une valeur
significativement élevée.
147 Voir démonstration dans J. Johnston (1988) : Op. cit., pp. 379-380.
303
Test de Ljung-Box
Ce test a pour objet de tester également l’absence d’autocorrélation des résidus. Il est
appliqué lorsque la taille de l’échantillon est petite. La statistique de ce test 148s’écrit :
∑= −+=K
kK kTTTQ tK
1
)ˆ(2ˆ
)2( ερ
)ˆ(2ˆ tK ερ est le coefficient d’autocorrélation d’ordre k des résidus estimés, et k représente le
nombre maximal de retards.
Sous l’hypothèse nulle d’absence d’autocorrélation :
)ˆ(1ˆ tερ = )ˆ(2ˆ tερ =……= )ˆ(ˆ tK ερ = 0
La statistique KQ suit une loi de Khi-deux à (K-p-q) degrés de liberté.
2. Test d’homoscédasticité (Test de White)
Dans le test d’homoscédasticité de White, on fait une régression auxiliaire de U 2 (le carré
des résidus) sur le terme constant et sur toutes les variables explicatives, leurs carrés et leurs
produits. Lorsque l’un des coefficients de la régression est significatif, on rejette l’hypothèse
de base d’homoscédasticité en faveur de l’hypothèse alternative d’hétéroscédasticité.
On utilise la statistique LM du multiplicateur de Lagrange N*R² pour effectuer ce test.
Sous l’hypothèse de base d’homoscédasticité, on a :
²²* qRN χ→
148 Sous Eviews, la statistique du test de Ljung-Box est notée Q-stats.
304
où N est le nombre d’observation et R² est le coefficient de détermination associé à la
régression. Le nombre de degré de liberté q est le nombre de variables dans la régression
auxiliaire – 1 (i.e. non compris le terme constant).
Si la valeur de N*R² calculée est inférieure à la valeur tabulée ²qχ , on ne peut pas rejeter
l’hypothèse de base d’homoscédasticité.
3. Test de normalité de Jarque et Bera
Pour vérifier si le processus des résidus est un bruit blanc gaussien, le test le plus
couramment utilisé est celui de Jarque-Bera.
Le principe du test de normalité repose sur le calcul de deux coefficients : le coefficient de
skewness (ou coefficient d’asymétrie) et le coefficient de kurtosis (ou coefficient
d’aplatissement ). Pour une loi normale, le coefficient de skewness est nul, et le coefficient
de kurtosis est égale à 3.
Il est intéressant de rappeler que la loi normale est caractérisée par sa symétrie par rapport à la
moyenne ainsi par la faible probabilité des points extrêmes.
On suppose que σ représente l’écart-type de l’erreur. Le coefficient d’asymétrie (α3) est
donné par :
α3 = µ3/σ3
Le coefficient d’aplatissement (Kurtosis) est défini par :
α4 = µ4/σ4
µk représente le moment d’ordre k. On teste l’hypothèse de normalité de la série :
H0 : α3 = 0 et α4 = 3
305
Sous l’hypothèse H0 vraie, Jarque et Bera ont construit le test suivant 149 :
( ) 2242
3 )²3ˆ(24ˆ6* χαατ →−+= TT
avec
2/3
1
2
1
3
3
ˆ1
ˆ1ˆ
=
∑
∑
=
=
T
tt
T
tt
UT
UTα
et
2
1
2
1
4
4
ˆ1
ˆ1ˆ
=
∑
∑
=
=T
tt
T
tt
UT
UTα
On rejette H0 l’hypothèse de base de normalité au seuil α = 5% si la statistique τ* est
supérieure à la loi du Khi-deux à deux degrés de liberté.
Annexe 5 : Stationnarité et test de la racine unitaire (Test de Dickey – Fuller)
Avant d’estimer les équations du modèle, il convient d’étudier les caractéristiques
stochastiques des séries chronologiques ; soient l’espérance mathématique et la variance. Si
ces dernières présentent une certain stabilité ou une certaine invariance au cours du temps, la
série est alors stationnaire.
Le processus stochastique Xt est stationnaire, si tous ces moments sont invariants au cours du
temps. La moyenne est constante : E ( Xt ) = m, ∀ t, la variance est finie et la covariance entre
149 Spanos A. : Op. cit., p. 452-454.
306
deux observations de Xt pour deux périodes différentes dépend uniquement du nombre de
décalage Cov (Xt , Xt-s ) = γ s.
Si m = 0 et γ s = 0, le processus Xt est appelé un bruit blanc. Si la loi de probabilité de X t
est normale, le bruit blanc est dit bruit blanc gaussien.
La non stationnarité est fréquemment représentée par deux types de processus : le processus
TS (Trend Stationnary) et le processus DS (Differency Stationnary). Les processus TS et
DS représentent respectivement la non - stationnarité de type déterministe et la non –
stationnarité de type aléatoire150.
Il existe deux méthodes pour détecter la non – stationnarité :
♦ L’étude graphique : graphique de la série chronologique et de son corrélogramme ;
♦ Les tests statistiques de la racine unitaire : ils ont pour principal objectif de vérifier la
stationnarité de la série.
On prend l’exemple d’un modèle autorégressif d’ordre 1 ; AR (1) :
Xt = ρ Xt-1 + εt Avec
εt → i.i.d (0, 2εσ )
Si ρ < 1, la série Xt est asymptotiquement stationnaire. Les observations actuelles ont
une pondération plus élevée que celles du passé.
Si ρ = 1 la série Xt est non stationnaire. Les observations précédentes et actuelles ont un
rôle similaire. Il faut donc stationnariser la série.
Si | ρ |>1, la série Xt est explosive. Les observations présentes ont un poids moins
important que celles du passé151.
150 Pour plus de détails se référer à Bourbonnais R et Terraza M. (1998) : Analyse des séries temporelles en économie, p. 139-146, PUF, Paris, 274 p. 151 Bresson G et Pirotte A. (1995) : Econométrie des séries temporelles. Théorie et applications, p. 419, PUF, Paris, 658 p.
307
Dickey et Fuller proposent trois types de modèles permettant de tester la présence de la
racine unitaire. Tester l’hypothèse de base Ho : ρ = 1 (il existe une racine unitaire) contre
l’hypothèse alternative H1 : |ρ|< 1 (la série est stationnaire).
Si l’hypothèse Ho est retenue, le processus Xt n’est pas stationnaire et la stationnarisation de
Xt est réalisée en utilisant le filtre aux différences premières.
Pour illustrer le test de Dickey et Fuller simple (DF), on considère le processus :
Yt = δ0+ δ1 T+ Ut (i)
Ut = ρUt-1+ εt (ii)
Tel que ε t est un bruit blanc, (T) représente la tendance, δ0 ,δ1 sont des paramètres.
Pour tester l’hypothèse Ho : ρ =1, on combine (i) et (ii) :
Yt = δ 0+ δ1T+ (ρUt-1+εt)
Yt = δ 0+ δ1T+ ρ(Yt-1 - δ 0- δ1(T-1)) + εt
On trouve
Yt = [δ 0 (1-ρ) + ρ δ1] + δ1 (1-ρ) T+ ρYt-1 + εt
Puis, on retranche Y t-1 de chaque membre de l’égalité, on obtient :
∆Yt = [δ 0 (1-ρ) + ρ δ1] + δ1 (1-ρ) T+ γY t-1 + εt (1)
308
Tel que γ = ρ - 1. Sous l’hypothèse de base H0, devenue : γ = 0, il existe une racine unitaire
(Yt n’est pas stationnaire) et le modèle (1) devient :
∆Yt = δ1 + εt
Dans le cas où il n’y a pas de tendance linéaire (δ1 = 0), le modèle (1) s’écrit :
∆Yt = δ 0 (1-ρ) + γYt-1 + εt (2)
Si l’on s’intéresse à un processus sans terme constant (δ 0 = 0), alors :
∆Yt = γYt-1 + εt (3)
Sous Ho les modèles (2) et (3) se simplifient pour devenir :
∆Yt = εt (Yt est non stationnaire)
Il y a donc trois régressions possibles du test. Dans chacune d’elles la variable endogène
(expliquée) est ∆Yt (différence première de la variable Y t) et
♦ la seule variable explicative est Yt-1 (modèle (3)) ;
♦ outre que la variable Yt-1, il y a une constante (modèle (2)) ;
♦ il y a une constante, une fonction linéaire de la tendance T en plus de la valeur passée
de la variable Yt (modèle (1)).
La procédure du test de la racine unitaire est d’estimer d’abord les paramètres des trois
modèles de base puis de calculer le rapport (γ /écart - type (γ)) associé.
Il est toutefois important de noter que la stationnarité est une condition nécessaire pour qu’il
y ait une loi normale. De ce fait, sous l’hypothèse de base Ho, les règles de l’inférence
statistique ne peuvent pas être appliquées puisque le rapport (γ / écart- type (γ) ) ne suit plus
la loi de Student.
309
Dickey et Fuller ont résolu le problème d’inférence, ils ont tabulé les valeurs critiques
pour des échantillons de tailles différentes. Il suffit de comparer les valeurs (γ / écart- type
(γ)) aux valeurs critiques figurant dans les tables correspondantes.
Si le rapport du coefficient sur son écart- type est supérieur à la valeur théorique alors, on
accepte Ho : il existe une racine unitaire, le processus n’est pas stationnaire.
La série peut être stationnaire autour d’une constante lorsque le coefficient associé au
terme constant est significatif, et autour d’une tendance si le coefficient correspondant est lui
aussi significatif.
Pour stationnariser la série, la méthode la plus courante consiste à appliquer l’opérateur
« différence » à la série de départ. Un processus qui est stationnaire après une première
différenciation est dit intégré d’ordre 1 ; (I (1))152.
Généralement, un processus de série temporelle Xt est dit intégré d’ordre d, noté I(d) , si la
série est stationnaire après avoir été différenciée d fois.
Jusqu’à présent, on a pris en considération l’hypothèse que le terme aléatoire soit un
bruit blanc AR (1). Dickey et Fuller ont proposé de généraliser cette approche en prenant en
compte des perturbations suivant un processus autorégressif d’ordre supérieur AR (p) ; p > 1
(Yt admet une représentation autorégressive d’ordre p). C’est le test de Dickey et Fuller
Augmenté (ADF). Ce test est fondé sur l’estimation par les moindres carrés ordinaires du
modèle général suivant :
∆Y t = f(constante, tendance, Y t-1, ∆Y t-1, ∆Y t-2, …, ∆Y t-p+1)
t
p
jjtjtt T εφρδδ ∑
=+−− +∆Υ+Υ−++=∆Υ
21110 )1(
Avec
εt → i.i.d (0, 2εσ )
152 Le degré d’intégration d’une série est le nombre de fois qu’il faut appliquer l’opérateur « différence » pour rendre le processus stationnaire.
310
Tout dépend du fait que le modèle est avec ou sans une constante, ou il est avec ou sans une
tendance.
Le coefficient associé à la variable Yt-1 fournit l’hypothèse de la racine unitaire. Autrement
dit, tester la présence de la racine unitaire revient donc à tester la significativité du coefficient
de Yt-1.
Avant d’appliquer le test de Dickey et Fuller Augmenté, il est nécessaire de passer par
une étape préliminaire qui consiste à choisir le nombre de retards ou l’ordre (p) à retenir pour
la régression.
Il se peut que ce test soit affecté dans le cas où l’on introduit un nombre insuffisant de retards.
Il se peut également, et de façon incorrecte, qu’on ne peut pas rejeter l’hypothèse de base
d’existence de la racine unitaire dans le cas où l’on inclut un nombre important de retards, ce
qui réduit le nombre de degrés de liberté ainsi que la puissance du test153.
Donc, une fois le nombre de retards déterminé, le test ADF se déroule d’une manière
identique au cas précédent (Test de Dickey et Fuller simple).
Annexe 6. Simulation et critères de performance
La simulation d’un modèle définie comme étant la solution mathématique (numérique)
d’un système d’équations simultanées154, permet de vérifier la cohérence des estimations
réalisées. Même si les équations sont dans l’ensemble acceptables lorsqu’on les considére
isolément, il faut que les simultanéités ne soient pas trop fortes et qu’il n’y ait pas
d’antagonisme théorique pour les résultats d’ensemble.
La méthode de simulation déterministe est la plus utilisée pour l’évaluation des modèles.
Elle repose sur la résolution en variables endogènes du système par rapport aux variables
exogènes, et suppose les résidus égaux à leur moyenne contrairement à la simulation
stochastique.
153 Lardic S. et Mignon V. (2002) : Econométrie des séries temporelles macroéconomiques et financières, p. 147, Economica, Paris, 428 p. 154 Pindyck R. S. et Rubinfeld D. L. (1981): Econometric Models and Economic Forecasts, p. 356, McGraw Hill, 630 p.
311
On peut réaliser deux types de simulations :
♦ la simulation ex-post (les séries des variables exogènes sont connues) : c’est une
simulation rétrospective et a pour objectif de vérifier la cohérence entre le modèle et
les faits par une comparaison entre les valeurs observées et les valeurs calculées des
variables endogènes;
♦ la simulation ex-ante (les hypothèses sur les variables exogènes) : c’est une simulation
prospective, elle est de type prévisionnel
On peut distinguer deux types de simulation ex-post : statique et dynamique. Dans une
simulation statique (ou non cumulée), les valeurs prises par les variables exogènes et par les
variables endogènes retardées sont fixées à leur valeur observée à chaque période.
Par opposition à la simulation statique, dans une simulation dynamique (ou cumulée), les
variables endogènes retardées auront les valeurs calculées par le système : on cumule donc,
d’une période à l’autre, les erreurs de simulation.
Au-delà d’une simple analyse graphique, il existe plusieurs critères de performance pour
juger la précision avec laquelle le modèle reproduit l’évolution passée de l’économie. Pour
cela, on dispose d’un certain nombre d’indicateurs statistiques, tels que : l’erreur moyenne,
l’erreur moyenne en pourcentage, l’erreur absolue moyenne, le coefficient d’inégalité de
Theil, l’erreur quadratique moyenne (MSE), le coefficient de corrélation entre la série
observée et la série simulée.
On peut aussi régresser la variable historique sur la variable simulée. Dans le cas où le terme
constant est non significatif, le coefficient associé à la variable simulée est égal à 1 et le
coefficient de détermination s’approche de 1, on est donc en présence d’un bon modèle
simulé.
Il existe d’autres critères d’évaluation qui sont couramment employés comme la racine
carrée de l’erreur quadratique moyenne, notée RMSE (Root Mean Square Error), et la racine
carrée de l’erreur quadratique moyenne en pourcentage, notée RMSPE (Root Mean Square
Percent Error)155.
155 Pindyck R. S. et Rubinfeld D. L. : Op. cit., chapitre 12.
312
Si atY est la valeur actuelle de la variable tY , et s
tY est sa valeur simulée. On a :
La racine carrée de l’erreur quadratique moyenne est donnée par :
∑=
−=N
t
at
st YYNRMSE
1)²(1
N est le nombre d’observations.
La racine carrée de l’erreur quadratique moyenne en % est donnée par :
2
1
(1∑=
−=
N
ta
t
at
st
YYY
NRMSPE
Il s’agit donc d’une mesure de l’erreur moyenne en pourcentage commise en simulant la
variableYt . Si ces deux statistiques sont proches de zéro alors les valeurs simulées se
rapprochent des valeurs historiques, c’est donc une bonne simulation.
313
Annexe 7. Liste des variables muettes
Observations D1 D75 D79 D80 D82 D88 D91 D92 D97
1970 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1971 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1972 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1973 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1974 1 0 0 0 0 0 0 0 0 1975 0 1 0 0 0 0 0 0 0 1976 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1977 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1978 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1979 0 0 1 1 0 0 0 0 0 1980 0 0 0 1 0 0 0 0 0 1981 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1982 0 0 0 0 1 0 0 0 0 1983 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1984 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1985 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1986 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1987 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1988 0 0 0 0 0 1 0 0 0 1989 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1990 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1991 0 0 0 0 0 0 1 0 0 1992 0 0 0 0 0 0 0 1 0 1993 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1994 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1995 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1996 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1997 0 0 0 0 0 0 0 0 1 1998 0 0 0 0 0 0 0 0 0
314
Annexe 8. Résultats de simulations
8-1. Production (YT)
(En millions de DA constants)
Série simulée Observations
Série réelle (YT) statique (YTFS) dynamique (YTFD)
1970 138462,1 138462,1 138462,1 1971 120826,8 120826,8 120826,8 1972 154866 154866 154866 1973 164218,3 164218,3 164218,3 1974 175708,3 175708,3 175708,3 1975 181741,5 178711,6 178711,6 1976 199010,6 179946,6 175844,8 1977 209724,9 214055,2 187228,9 1978 228139 229612,8 202262 1979 245683,4 239423,4 217173 1980 247610,3 265547,4 236701,6 1981 256087,2 270554,3 259745,3 1982 269067,9 260844,3 258119,9 1983 283305,5 269085,9 252915,9 1984 300597,7 294909,1 258096,8 1985 313884,5 311478,4 261379,5 1986 309289,2 305890,8 251898,2 1987 302996,6 305800,2 252212,2 1988 309197,9 315939,4 269678,2 1989 357045 360863,4 319187,5 1990 363696,7 379231,8 345292,9 1991 376296,2 401014,7 389928,7 1992 376485,2 381593,1 395982,6 1993 361521,9 373369,2 391411,8 1994 359139,2 379760,6 420022,1 1995 381055,6 390646,7 468198,5 1996 401334,9 401444,8 507991,4 1997 399686 403191,4 512234,6 1998 421980,7 421295,1 526650
315
Scénario I
(En millions de DA constants)
Série simulée
Observations statique (YTFS1) dynamique (YTFD1)
1970 138462,1 138462,1 1971 120826,8 120826,8 1972 154866 154866 1973 164218,3 164218,3 1974 175708,3 175708,3 1975 181250,7 181250,7 1976 190380,2 179306,9 1977 226624,2 191338,3 1978 243150,7 206870,4 1979 253189 222897,2 1980 280836,1 243552,6 1981 286450,7 267613,9 1982 277559,1 267639,4 1983 286759,1 264781,4 1984 314395,1 272568 1985 332210 277593,3 1986 327158 271171,1 1987 325347,3 270941,5 1988 337051,4 284701,9 1989 382057 333975,8 1990 401510,8 359949,4 1991 424174,3 404283,7 1992 404570,5 411778,2 1993 395736,3 408507,2 1994 401877,6 434619,8 1995 412722 482373,7 1996 424606,1 522779,9 1997 427585,4 526611,7 1998 446910,5 543282,8
316
Scénario II
(En millions de DA constants)
Série simulée Observations
statique (YTFS2)
dynamique (YTFD2)
1970 138462,1 138462,1 1971 120826,8 120826,8 1972 154866 154866 1973 164218,3 164218,3 1974 175708,3 175708,3 1975 179413,5 179413,5 1976 181592,1 178533,6 1977 215252,7 191642,3 1978 229571,5 207179,7 1979 239423,4 222191,8 1980 265547,4 242728,1 1981 270554,3 266646,5 1982 260844,3 264724,3 1983 269085,9 259232,9 1984 294909,1 264595,4 1985 311478,4 267817 1986 305890,8 257585 1987 305800,2 257322,9 1988 315939,4 274273,1 1989 360863,4 325370 1990 379231,8 352813,9 1991 401014,7 399787,9 1992 381593,1 405708,3 1993 373369,2 400712,6 1994 379760,6 429857,4 1995 390646,7 479524 1996 401444,8 521383 1997 403191,4 525792,2 1998 421295,1 539310,5
317
Ecarts absolu et relatif au compte central (Scénario I)
(En millions de DA constants et en %)
Simulation statique (YTFS1)
Simulation dynamique (YTFD1)
Observations
Ecart absolu (106 de DA constants)
Ecart relatif au compte central
(%)
Ecart absolu (106 de DA constants)
Ecart relatif au compte central
(%) 1975 2539,1 1,420 2539,1 1,420 1976 10433,6 5,798 3462,1 1,968 1977 12569 5,871 4109,4 2,194 1978 13537,9 5,895 4608,4 2,278 1979 13765,6 5,749 5724,2 2,635 1980 15288,7 5,757 6851 2,894 1981 15896,4 5,875 7868,6 3,029 1982 16714,8 6,407 9519,5 3,688 1983 17673,2 6,567 11865,5 4,691 1984 19486 6,607 14471,2 5,6068 1985 20731,6 6,655 16213,8 6,203 1986 21267,2 6,952 19272,9 7,651 1987 19547,1 6,392 18729,3 7,426 1988 21112 6,682 15023,7 5,570 1989 21193,6 5,873 14788,3 4,633 1990 22279 5,874 14656,5 4,244 1991 23159,6 5,775 14355 3,681 1992 22977,4 6,021 15795,6 3,988 1993 22367,1 5,990 17095,4 4,367 1994 22117 5,823 14597,7 3,475 1995 22075,3 5,650 14175,2 3,027 1996 23161,3 5,769 14788,5 2,911 1997 24394 6,050 14377,1 2,806 1998 25615,4 6,080 16632,8 3,158
318
Ecarts absolu et relatif au compte central (Scénario II)
(En millions de DA constants et en %)
Simulation statique (YTFS2)
Simulation dynamique (YTFD2)
Observations
Ecart absolu (106 de DA constants)
Ecart relatif au compte central
(%)
Ecart absolu (106 de DA constants)
Ecart relatif au compte central
(%) 1975 701,9 0,392 701,9 0,392 1976 1645,5 0,914 2688,8 1,529 1977 1197,5 0,559 4413,4 2,357 1978 -41,3 -0,017 4917,7 2,431 1979 0 0 5018,8 2,310 1980 0 0 6026,5 2,546 1981 0 0 6901,2 2,656 1982 0 0 6604,4 2,558 1983 0 0 6317 2,497 1984 0 0 6498,6 2,517 1985 0 0 6437,5 2,462 1986 0 0 5686,8 2,257 1987 0 0 5110,7 2,026 1988 0 0 4594,9 1,703 1989 0 0 6182,5 1,936 1990 0 0 7521 2,178 1991 0 0 9859,2 2,528 1992 0 0 9725,7 2,456 1993 0 0 9300,8 2,376 1994 0 0 9835,3 2,341 1995 0 0 11325,5 2,418 1996 0 0 13391,6 2,636 1997 0 0 13557,6 2,646 1998 0 0 12660,5 2,403
319
8-2. Consommation des ménages (CT)
(En millions de DA constants)
Série simulée Observations
Série réelle (CT)
statique (CTFS)
dynamique (CTFD)
1970 61953 61953 61953 1971 64051,57 64051,57 64051,57 1972 72293,53 72293,53 72293,53 1973 76055,65 76055,65 76055,65 1974 93821,57 93821,57 93821,57 1975 106579,1 98334,69 98334,69 1976 113368,3 113047,4 104223,2 1977 128066,1 120482,7 109653,3 1978 126735,6 134418,8 114012,9 1979 132274,4 136988,7 122277,6 1980 146156,2 153485,5 138803,3 1981 158966,7 156969,2 148339,5 1982 162826,9 166644,9 155555,4 1983 172033,4 172766,4 164391,9 1984 188846,5 182288,4 171972 1985 190535,1 194939,1 175166,1 1986 189297,4 191712,8 174349,7 1987 173455,7 175182,5 162567 1988 228279,5 226445,2 211358,3 1989 257269,8 255340,5 231339 1990 258729,7 271170,7 245317 1991 276313,9 292071,2 277054,8 1992 275764,8 270549,9 274229,7 1993 271366,3 278352,8 278705,5 1994 272048,2 283117,5 293568,9 1995 279088,5 267272,5 292863,5 1996 281822,9 296081,4 314972,2 1997 284926,2 297630,2 337130,6 1998 292741,6 290040,3 346972,8
320
Scénario I
(En millions de DA constants)
Série simulée
Observations statique
(CTFS1) dynamique (CTFD1)
1970 61953 61953 1971 64051,57 64051,57 1972 72293,53 72293,53 1973 76055,65 76055,65 1974 93821,57 93821,57 1975 98457,32 98457,32 1976 113670,8 104510,6 1977 121145,2 110120,8 1978 135186,2 114668,4 1979 137869,2 123234 1980 154802,4 140355,5 1981 158386,7 150450,2 1982 168246,1 158345,3 1983 174498,8 168061,8 1984 184208,1 176668,7 1985 196896,9 180587,4 1986 193600,3 180327,2 1987 176126,6 166708,6 1988 227824,5 216903 1989 257056 238927,5 1990 272924,1 253111 1991 293903,7 286377,2 1992 271970,6 282500,1 1993 279709,2 286889,9 1994 284549,2 302441,3 1995 268296,6 300028,7 1996 297308,2 323111,7 1997 298920,8 346300,6 1998 291250,3 356898,1
321
Scénario II
(En millions de DA constants)
Série simulée
Observations
statique (CTFS2)
dynamique (CTFD2)
1970 61953 61953 1971 64051,57 64051,57 1972 72293,53 72293,53 1973 76055,65 76055,65 1974 93821,57 93821,57 1975 98337,35 98337,35 1976 113121 104346,8 1977 120520 109955,7 1978 134514,2 114593,2 1979 136988,7 123112,9 1980 153485,5 140160,2 1981 156969,2 150183,8 1982 166644,9 157860,8 1983 172766,4 167142,9 1984 182288,4 175138,9 1985 194939,1 178472,4 1986 191712,8 177535,1 1987 175182,5 164566,3 1988 226445,2 213914 1989 255340,5 234803,3 1990 271170,7 248926,5 1991 292071,2 281556,9 1992 270549,9 278311,6 1993 278352,8 282763,3 1994 283117,5 298090,4 1995 267272,5 296680,2 1996 296081,4 319498,5 1997 297630,2 342437,3 1998 290040,3 352796,5
322
Ecarts absolu et relatif au compte central (Scénario I)
(En millions de DA constants et en %)
Simulation statique (CTFS1)
Simulation dynamique (CTFD1)
Observations
Ecart absolu (106 de DA constants)
Ecart relatif au compte central
(%)
Ecart absolu (106 de DA constants)
Ecart relatif au compte central
(%) 1975 122,63 0,12470675 122,63 0,12470675 1976 623,4 0,5514501 287,4 0,27575434 1977 662,5 0,54987148 467,5 0,42634376 1978 767,4 0,57090228 655,5 0,57493494 1979 880,5 0,64275375 956,4 0,7821547 1980 1316,9 0,85799636 1552,2 1,11827312 1981 1417,5 0,9030434 2110,7 1,42288467 1982 1601,2 0,96084549 2789,9 1,79350894 1983 1732,4 1,00274127 3669,9 2,23240926 1984 1919,7 1,05311144 4696,7 2,73108413 1985 1957,8 1,00431365 5421,3 3,09494817 1986 1887,5 0,98454563 5977,5 3,42845442 1987 944,1 0,53892369 4141,6 2,54762652 1988 1379,3 0,60910984 5544,7 2,62336516 1989 1715,5 0,67184798 7588,5 3,28025106 1990 1753,4 0,64660378 7794 3,17711369 1991 1832,5 0,62741551 9322,4 3,36482169 1992 1420,7 0,5251157 8270,4 3,0158659 1993 1356,4 0,48729526 8184,4 2,93657642 1994 1431,7 0,5056911 8872,4 3,02225474 1995 1024,1 0,38316699 7165,2 2,44660055 1996 1226,8 0,41434551 8139,5 2,58419632 1997 1290,6 0,43362535 9170 2,72001414 1998 1210 0,41718341 9925,3 2,86054123
323
Ecarts absolu et relatif au compte central (Scénario II)
(En millions de DA constants et en %)
Simulation statique (CTFS2)
Simulation dynamique (CTFD2)
Observations
Ecart absolu (106 de DA constants)
Ecart relatif au compte central
(%)
Ecart absolu (106 de DA constants)
Ecart relatif au compte central
(%) 1975 2,66 0,00270505 2,66 0,00270505 1976 73,6 0,06510543 123,6 0,11859164 1977 37,3 0,0309588 302,4 0,27577829 1978 95,4 0,07097222 580,3 0,50897749 1979 0 0 835,3 0,68311776 1980 0 0 1356,9 0,97757042 1981 0 0 1844,3 1,24329663 1982 0 0 2305,4 1,48204434 1983 0 0 2751 1,67344011 1984 0 0 3166,9 1,84152071 1985 0 0 3306,3 1,88752276 1986 0 0 3185,4 1,82701777 1987 0 0 1999,3 1,22983139 1988 0 0 2555,7 1,20917892 1989 0 0 3464,3 1,49749934 1990 0 0 3609,5 1,47136154 1991 0 0 4502,1 1,62498538 1992 0 0 4081,9 1,48849669 1993 0 0 4057,8 1,45594543 1994 0 0 4521,5 1,54018358 1995 0 0 3816,7 1,30323512 1996 0 0 4526,3 1,43704746 1997 0 0 5306,7 1,57407841 1998 0 0 5823,7 1,67843128
324
8-3. Recettes globales (TR)
(En millions de DA constants)
Série simulée Observations
Série réelle (TR)
statique (TRFS)
dynamique (TRFD)
1970 41166,13 41166,13 41166,13 1971 38653,26 38653,26 38653,26 1972 53592,14 53592,14 53592,14 1973 58990,16 58990,16 58990,16 1974 83542,81 83542,81 83542,81 1975 84870,04 80904,77 80904,77 1976 79952,31 70543,34 66676,76 1977 91320,65 85909,24 70659,58 1978 91131,52 97619,18 74168,09 1979 101030,9 97888,73 82190,7 1980 103201,5 117662,7 96818,66 1981 120266,2 119836 113083,4 1982 110324,6 103997,5 94547,88 1983 112225,5 106776,2 88990,75 1984 128920,8 117343,6 90561,08 1985 134751 131274,6 89375,42 1986 114081 106295,9 69437,54 1987 108013,7 112857,9 69883,4 1988 99627,11 110167,7 73763,41 1989 116414 130603,6 98567,37 1990 123230,8 129971,1 112832,9 1991 136200 150984,9 142826,5 1992 129836,1 138264,7 145274,5 1993 115143,9 125904 140242,2 1994 122870,7 127624,1 160032,9 1995 131476,4 142928,2 192482,9 1996 147023,2 145808,5 222217,1 1997 153173,6 145113,9 220442,5 1998 135758,1 148993,6 207263,7
325
Scénario I
(En millions de DA constants)
Série simulée
Observations statique
(TRFS1) dynamique (TRFD1)
1970 41166,13 41166,13 1971 38653,26 38653,26 1972 53592,14 53592,14 1973 58990,16 58990,16 1974 83542,81 83542,81 1975 82477,27 82477,27 1976 76182,62 68474,36 1977 92865,07 72784,15 1978 105556 76483,38 1979 105647,6 85160,77 1980 127001,9 100662,3 1981 129544,8 117783,3 1982 113195,4 99337,48 1983 116458,1 94735,66 1984 128048,6 97559,43 1985 143339,3 97024,64 1986 116505,7 76786,11 1987 122814,4 77058,8 1988 120333,2 79426,76 1989 141180,4 104850,7 1990 140499,7 119418 1991 163006,5 150048,8 1992 149747,8 153238,6 1993 136306,4 148665,8 1994 137872,2 167669,7 1995 154061,1 200478,2 1996 157406,3 231090,6 1997 157224,1 228927,7 1998 161489,8 216246,4
326
Scénario II
(En millions de DA constants)
Série simulée
Observations statique
(TRFS2) dynamique (TRFD2)
1970 41166,13 41166,13 1971 38653,26 38653,26 1972 53592,14 53592,14 1973 58990,16 58990,16 1974 83542,81 83542,81 1975 82754,82 82754,82 1976 72559,45 70356,95 1977 87829,7 76491,49 1978 93066,43 76639,47 1979 97888,73 84793,25 1980 117662,7 100197,6 1981 119836 117202,8 1982 103997,5 97864,08 1983 106776,2 92037,31 1984 117343,6 93686,61 1985 131274,6 92392,33 1986 106295,9 71585,25 1987 112857,9 71822,71 1988 110167,7 75483,6 1989 130603,6 101181,6 1990 129971,1 116199,6 1991 150984,9 147776,7 1992 138264,7 150164,7 1993 125904 144808,8 1994 127624,1 165167,8 1995 142928,2 198863,9 1996 145808,5 230248,5 1997 145113,9 228441,8 1998 148993,6 214091,9
327
Ecarts absolu et relatif au compte central (Scénario I)
(En millions de DA constants et en %)
Simulation statique (TRFS1)
Simulation dynamique (TRFD1) Observations
Ecart absolu (106 de DA constants)
Ecart relatif au compte central
(%)
Ecart absolu (106 de DA constants)
Ecart relatif au compte central
(%) 1975 1572,5 1,94364313 1572,5 1,94364313 1976 5639,28 7,99406436 1797,6 2,69599183 1977 6955,83 8,09671928 2124,57 3,00676851 1978 7936,82 8,13038995 2315,29 3,12167942 1979 7758,87 7,92621377 2970,07 3,61363269 1980 9339,2 7,93726474 3843,64 3,9699372 1981 9708,8 8,10173904 4699,9 4,15613609 1982 9197,9 8,84434722 4789,6 5,06579312 1983 9681,9 9,06747009 5744,91 6,45562601 1984 10705 9,1227813 6998,35 7,72776782 1985 12064,7 9,19042983 7649,22 8,55852761 1986 10209,8 9,60507414 7348,57 10,582993 1987 9956,5 8,822156 7175,4 10,2676744 1988 10165,5 9,2272962 5663,35 7,6777226 1989 10576,8 8,09839851 6283,33 6,37465522 1990 10528,6 8,10072393 6585,1 5,8361524 1991 12021,6 7,96212072 7222,3 5,05669466 1992 11483,1 8,3051567 7964,1 5,48210457 1993 10402,4 8,262168 8423,6 6,00646596 1994 10248,1 8,02990971 7636,8 4,77201875 1995 11132,9 7,78915567 7995,3 4,15377158 1996 11597,8 7,95413162 8873,5 3,99316704 1997 12110,2 8,34530669 8485,2 3,84916702 1998 12496,2 8,38707166 8982,7 4,33394753
328
Ecarts absolu et relatif au compte central (Scénario II)
(En millions de DA constants et en %)
Simulation statique (TRFS2)
Simulation dynamique (TRFD2)
Observations
Ecart absolu (106 de DA constants)
Ecart relatif au compte central
(%)
Ecart absolu (106 de DA constants)
Ecart relatif au compte central
(%) 1975 1850,05 2,28670077 1850,05 2,28670077 1976 2016,11 2,85797355 3680,19 5,51944936 1977 1920,46 2,23545221 5831,91 8,25353052 1978 -4552,75 -4,66378636 2471,38 3,33213381 1979 0 0 2602,55 3,16647747 1980 0 0 3378,94 3,48996774 1981 0 0 4119,4 3,64279815 1982 0 0 3316,2 3,50742925 1983 0 0 3046,56 3,42345693 1984 0 0 3125,53 3,45129497 1985 0 0 3016,91 3,37554777 1986 0 0 2147,71 3,09300992 1987 0 0 1939,31 2,77506532 1988 0 0 1720,19 2,33203698 1989 0 0 2614,23 2,65222659 1990 0 0 3366,7 2,98379285 1991 0 0 4950,2 3,46588343 1992 0 0 4890,2 3,3661792 1993 0 0 4566,6 3,25622388 1994 0 0 5134,9 3,20865272 1995 0 0 6381 3,31509968 1996 0 0 8031,4 3,61421331 1997 0 0 7999,3 3,62874673 1998 0 0 6828,2 3,2944505
329
8-4. Solde budgétaire (SBR)
(En millions de DA constants)
Série simulée Observations
Série réelle (SBR)
statique (SBRFS)
dynamique (SBRFD)
1970 -2807,079 -2807,079 -2807,079 1971 122,9038 122,9038 122,9038 1972 -5728,251 -5728,251 -5728,251 1973 -5746,037 -5746,037 -5746,037 1974 -35751,1 -35751,1 -35751,1 1975 -20272,33 -16307,06 -16307,06 1976 -18595,05 -9186,08 -5319,496 1977 -21837,96 -16426,55 -1176,888 1978 -16540,54 -23028,2 422,8973 1979 -28101,25 -24959,08 -9261,061 1980 -26977,1 -41438,24 -20594,23 1981 -32919,29 -32489,05 -25736,46 1982 -2676,166 3650,906 13100,57 1983 5818,35 11267,72 29053,14 1984 -2719,574 8857,641 35640,18 1985 -13675,85 -10199,46 31699,77 1986 15870,38 23655,47 60513,82 1987 12541,47 7697,246 50671,78 1988 27930,64 17390,09 53794,34 1989 7086 -7103,609 24932,63 1990 -13615,38 -20355,68 -3217,553 1991 -18550 -33334,87 -25176,53 1992 -3319,672 -11748,35 -18758,09 1993 25323,74 14563,64 225,4758 1994 7803,944 3050,581 -29358,28 1995 -2573,742 -14025,62 -63580,28 1996 -17860,96 -16646,31 -93054,91 1997 -13471,07 -5411,439 -80740 1998 17738,83 4503,297 -53766,76
330
Scénario I
(En millions de DA constants)
Série simulée Observations
statique (SBRFS1)
dynamique (SBRFD1)
1970 -2807,079 -2807,079 1971 122,9038 122,9038 1972 -5728,251 -5728,251 1973 -5746,037 -5746,037 1974 -35751,1 -35751,1 1975 -8792,479 -8792,479 1976 -4874,83 2833,434 1977 -12896,13 7184,784 1978 -19558,02 9514,554 1979 -20433,8 53,04151 1980 -38396,99 -12057,4 1981 -29393,53 -17632,04 1982 7906,457 21764,37 1983 15751,04 37473,5 1984 13182,52 43671,72 1985 -6569,909 39744,77 1986 28910,1 68629,71 1987 12890,59 58646,21 1988 22684,43 63590,88 1989 171,885 36501,57 1990 -12699,49 8382,183 1991 -26541,71 -13584,03 1992 -4407,191 -7897,946 1993 22237,31 9877,893 1994 10759,39 -19038,08 1995 -6105,664 -52522,81 1996 -8177,326 -81861,69 1997 2462,659 -69240,95 1998 13106,21 -41650,44
331
Scénario II
(En millions de DA constants)
Série simulée Observations
statique
(SBRFS2) dynamique (SBRFD2)
1970 -2807,079 -2807,079 1971 122,9038 122,9038 1972 -5728,251 -5728,251 1973 -5746,037 -5746,037 1974 -35751,1 -35751,1 1975 -18157,11 -18157,11 1976 -11202,19 -8999,694 1977 -18347,01 -7008,803 1978 -18475,44 -2048,486 1979 -24959,08 -11863,61 1980 -41438,24 -23973,21 1981 -32489,05 -29855,86 1982 3650,906 9784,374 1983 11267,72 26006,58 1984 8857,641 32514,66 1985 -10199,46 28682,85 1986 23655,47 58366,11 1987 7697,246 48732,47 1988 17390,09 52074,15 1989 -7103,609 22318,38 1990 -20355,68 -6584,239 1991 -33334,87 -30126,66 1992 -11748,35 -23648,33 1993 14563,64 -4341,196 1994 3050,581 -34493,14 1995 -14025,62 -69961,28 1996 -16646,31 -101086,3 1997 -5411,439 -88739,3 1998 4503,297 -60594,96
332
Ecart absolu (Scénario I)
(En millions de DA constants)
Observations Simulation statique (SBRFS1)
Simulation dynamique (SBRFD1)
1975 7514,581 7514,581 1976 4311,25 8152,93 1977 3530,42 8361,672 1978 3470,18 9091,6567 1979 4525,28 9314,10251 1980 3041,25 8536,83 1981 3095,52 8104,42 1982 4255,551 8663,8 1983 4483,32 8420,36 1984 4324,879 8031,54 1985 3629,551 8045 1986 5254,63 8115,89 1987 5193,344 7974,43 1988 5294,34 9796,54 1989 7275,494 11568,94 1990 7656,19 11599,736 1991 6793,16 11592,5 1992 7341,159 10860,144 1993 7673,67 9652,4172 1994 7708,809 10320,2 1995 7919,956 11057,47 1996 8468,984 11193,22 1997 7874,098 11499,05 1998 8602,913 12116,32
333
Ecart absolu (Scénario II)
(En millions de DA constants)
Observations Simulation statique (SBRFS2)
Simulation dynamique (SBRFD2)
1975 -1850,05 -1850,05 1976 -2016,11 -3680,198 1977 -1920,46 -5831,915 1978 4552,76 -2471,3833 1979 0 -2602,549 1980 0 -3378,98 1981 0 -4119,4 1982 0 -3316,196 1983 0 -3046,56 1984 0 -3125,52 1985 0 -3016,92 1986 0 -2147,71 1987 0 -1939,31 1988 0 -1720,19 1989 0 -2614,25 1990 0 -3366,686 1991 0 -4950,13 1992 0 -4890,24 1993 0 -4566,6718 1994 0 -5134,86 1995 0 -6381 1996 0 -8031,39 1997 0 -7999,3 1998 0 -6828,2
334
8-5. Investissement (IT)
(En millions de DA constants)
Série simulée Observations
Série réelle (IT)
statique (ITFS)
dynamique (ITFD)
1970 53271,82 53271,82 53271,82 1971 46604,02 46604,02 46604,02 1972 57290,1 57290,1 57290,1 1973 66188,69 66188,69 66188,69 1974 60468,2 60468,2 60468,2 1975 81221,43 73681,6 73681,6 1976 95638,09 82020,91 72270,99 1977 104834,8 100008,4 70111,21 1978 125837,2 122468,2 78008,07 1979 109616,6 103984,6 67424,28 1980 95039,48 97905,74 60649,12 1981 95512,61 104874,3 72085,03 1982 106225,8 105814,6 78246,66 1983 111773,3 102882 71105,69 1984 113834,6 117989,2 70989,61 1985 115163,9 127108,8 73175,95 1986 125132,1 116325,7 71148,52 1987 107926,8 100902,6 55591,59 1988 97803,51 110117,6 59755,32 1989 115796,1 108679,1 71856,42 1990 109135,8 123587,5 83276,27 1991 107889,3 112845,2 91391,79 1992 113923,6 113652,2 103086,4 1993 116595,3 111637,1 104011,6 1994 114801,4 115916,3 109864,3 1995 118561,5 122432,5 123735,8 1996 113983,4 128698,9 146019,7 1997 112562 126217,8 164795,4 1998 129710,8 126177,4 176429,7
335
Scénario I
(En millions de DA constants)
Série simulée
Observations statique
(ITFS1) dynamique
(ITFD1) 1970 53271,82 53271,82 1971 46604,02 46604,02 1972 57290,1 57290,1 1973 66188,69 66188,69 1974 60468,2 60468,2 1975 74593,92 74593,92 1976 86154,13 74214,15 1977 105111,8 72398,45 1978 128743,4 80730,99 1979 109180,8 70029,01 1980 102804,9 63279,37 1981 110229,3 75425,35 1982 111705,4 82401,79 1983 108752 75838,96 1984 124761,5 76790,06 1985 134457,8 80013,68 1986 123349,8 79020,99 1987 106506,1 62196,18 1988 116509,4 65753,49 1989 114226,2 77538,88 1990 129897,4 89032,71 1991 118509,3 97004,67 1992 119599,1 109300 1993 117448,7 110852,6 1994 121783,4 116502,3 1995 128446 129960,8 1996 135152,3 152766,6 1997 132853,7 172125,8 1998 132843,9 184700,3
336
Scénario II
(En millions de DA constants)
Série simulée
Observations statique
(ITFS2) dynamique
(ITFD2) 1970 53271,82 53271,82 1971 46604,02 46604,02 1972 57290,1 57290,1 1973 66188,69 66188,69 1974 60468,2 60468,2 1975 73933,95 73933,95 1976 82674,77 74057,92 1977 100496,2 73478,34 1978 122449 82848,21 1979 103984,6 69906,15 1980 97905,74 62957,58 1981 104874,3 75015,52 1982 105814,6 81419,05 1983 102882 73902,38 1984 117989,2 73764,79 1985 127108,8 76011,13 1986 116325,7 73749,22 1987 100902,6 57432,13 1988 110117,6 61469,44 1989 108679,1 73907,28 1990 123587,5 85962,6 1991 112845,2 94773,07 1992 113652,2 107081,7 1993 111637,1 107917,9 1994 115916,3 113896,8 1995 122432,5 128332,6 1996 128698,9 151801,9 1997 126217,8 171581,8 1998 126177,4 183328,9
337
Ecarts absolu et relatif au compte central (Scénario I)
(En millions de DA constants et en %)
Simulation statique (ITFS1)
Simulation dynamique (ITFD1) Observations
Ecart absolu (106 de DA constants)
Ecart relatif au compte central
(%)
Ecart absolu (106 de DA constants)
Ecart relatif au compte central
(%) 1975 912,32 1,23819244 912,32 1,23819244 1976 4133,22 5,03922719 1943,16 2,68871369 1977 5103,4 5,10297135 2287,24 3,26230285 1978 6275,2 5,12394238 2722,92 3,49056194 1979 5196,2 4,99708611 2604,73 3,8631929 1980 4899,16 5,00395585 2630,25 4,33683127 1981 5355 5,10611275 3340,32 4,63386087 1982 5890,8 5,56709566 4155,13 5,31029695 1983 5870 5,7055656 4733,27 6,6566684 1984 6772,3 5,73976262 5800,45 8,17084359 1985 7349 5,78166107 6837,73 9,34423127 1986 7024,1 6,03830452 7872,47 11,0648401 1987 5603,5 5,55337524 6604,59 11,880556 1988 6391,8 5,80452171 5998,17 10,0378845 1989 5547,1 5,10410925 5682,46 7,90807558 1990 6309,9 5,10561343 5756,44 6,91246138 1991 5664,1 5,01935395 5612,88 6,14155823 1992 5946,9 5,23254279 6213,6 6,02756523 1993 5811,6 5,20579628 6841 6,57715101 1994 5867,1 5,06149696 6638 6,04199908 1995 6013,5 4,91168603 6225 5,03088031 1996 6453,4 5,01433967 6746,9 4,62054093 1997 6635,9 5,25749934 7330,4 4,44818241 1998 6666,5 5,28343428 8270,6 4,68775949
338
Ecarts absolu et relatif au compte central (Scénario II)
(En millions de DA constants et en %)
Simulation statique (ITFS2)
Simulation dynamique (ITFD2)
Observations
Ecart absolu (106 de DA constants)
Ecart relatif au compte central
(%)
Ecart absolu (106 de DA constants)
Ecart relatif au compte central
(%) 1975 252,35 0,34248713 252,35 0,34248713 1976 653,86 0,79718696 1786,93 2,4725412 1977 487,8 0,48775903 3367,13 4,80255583 1978 -19,2 -0,01567754 4840,14 6,20466575 1979 0 0 2481,87 3,68097368 1980 0 0 2308,46 3,80625473 1981 0 0 2930,49 4,06532397 1982 0 0 3172,39 4,05434558 1983 0 0 2796,69 3,93314515 1984 0 0 2775,18 3,9092763 1985 0 0 2835,18 3,87446969 1986 0 0 2600,7 3,65531145 1987 0 0 1840,54 3,31082453 1988 0 0 1714,12 2,86856467 1989 0 0 2050,86 2,85410823 1990 0 0 2686,33 3,2258049 1991 0 0 3381,28 3,6997634 1992 0 0 3995,3 3,87568098 1993 0 0 3906,3 3,75563879 1994 0 0 4032,5 3,67043708 1995 0 0 4596,8 3,71501215 1996 0 0 5782,2 3,95987665 1997 0 0 6786,4 4,11807611 1998 0 0 6899,2 3,91045272
339
8-6. Exportations globales (EXPR)
(En millions de DA constants)
Série simulée Observations
Série réelle
(EXPR) statique (EXPRFS)
dynamique (EXPRFD)
1970 29008,24 29008,24 29008,24 1971 24899,24 24899,24 24899,24 1972 28429,17 28429,17 28429,17 1973 39478,11 39478,11 39478,11 1974 77606,79 77606,79 77606,79 1975 27436,24 27470,89 27470,89 1976 37600,9 35512,83 35557,69 1977 35316,71 38103,94 36033,4 1978 32349,8 35404,66 36123,13 1979 51327,84 46948,54 52424,68 1980 50037,83 54903,37 56076,61 1981 50245,72 52317,86 58631,8 1982 55684,62 49058,47 57246,4 1983 59149,88 53550,85 55052,78 1984 61846,17 59326,33 55217,01 1985 64745,23 59952,08 53525,94 1986 65822,95 70678,48 58431,06 1987 68453,28 76981,73 68336,72 1988 71406,14 68821,82 68704,63 1989 78057,9 83876,47 80703,16 1990 81251,6 86336,64 89262,46 1991 80926,05 97270,06 106860,2 1992 84375,32 84539,71 111632 1993 81990,68 85976,14 113749,9 1994 82646,36 90743,58 125893,3 1995 88507,24 90543,07 137922,1 1996 98303,83 96069,9 149707,1 1997 101999,9 100989,9 153797,7 1998 105473,2 105006,1 158330,6
340
Scénario I
(En millions de DA constants)
Série simulée
Observations statique
(EXPRFS1) dynamique
(EXPRFD1) 1970 29008,24 29008,24 1971 24899,24 24899,24 1972 28429,17 28429,17 1973 39478,11 39478,11 1974 77606,79 77606,79 1975 27470,89 27470,89 1976 35512,83 35557,69 1977 38103,94 36033,4 1978 35404,66 36123,13 1979 46948,54 52424,68 1980 54903,37 56076,61 1981 52317,86 58631,8 1982 49058,47 57246,4 1983 53550,85 55052,78 1984 59326,33 55217,01 1985 59952,08 53525,94 1986 70678,48 58431,06 1987 76981,73 68336,72 1988 68821,82 68704,63 1989 83876,47 80703,16 1990 86336,64 89262,46 1991 97270,06 106860,2 1992 84539,71 111632 1993 85976,14 113749,9 1994 90743,58 125893,3 1995 90543,07 137922,1 1996 96069,9 149707,1 1997 100989,9 153797,7 1998 105006,1 158330,6
341
Scénario II
(En millions de DA constants)
Série simulée
Observations statique
(EXPRFS2) dynamique
(EXPRFD2) 1970 29008,24 29008,24 1971 24899,24 24899,24 1972 28429,17 28429,17 1973 39478,11 39478,11 1974 77606,79 77606,79 1975 27718,75 27718,75 1976 36258,38 36631,73 1977 38609 37613,84 1978 35377,04 37678,1 1979 46948,54 54681,37 1980 54903,37 58490,5 1981 52317,86 61155,68 1982 49058,47 59710,64 1983 53550,85 57422,6 1984 59326,33 57593,89 1985 59952,08 55830,04 1986 70678,48 60946,3 1987 76981,73 71278,36 1988 68821,82 71662,11 1989 83876,47 84177,13 1990 86336,64 93104,88 1991 97270,06 111460,2 1992 84539,71 116437,3 1993 85976,14 118646,4 1994 90743,58 131312,5 1995 90543,07 143859,2 1996 96069,9 156151,5 1997 100989,9 160418,2 1998 105006,1 165146,2
342
Ecarts absolu et relatif au compte central (Scénario II)*
(En millions de DA constants et en %)
Simulation statique (EXPRFS2)
Simulation dynamique (EXPRFD2)
Observations
Ecart absolu (106 de DA constants)
Ecart relatif au compte central
(%)
Ecart absolu (106 de DA constants)
Ecart relatif au compte central
(%) 1975 247,86 0,90226418 247,86 0,90226418 1976 745,55 2,09938211 1074,04 3,02055617 1977 505,06 1,32547973 1580,44 4,38604184 1978 -27,62 -0,07801233 1554,97 4,30463805 1979 0 0 2256,69 4,30463286 1980 0 0 2413,89 4,30462897 1981 0 0 2523,88 4,3046265 1982 0 0 2464,24 4,30462003 1983 0 0 2369,82 4,30463275 1984 0 0 2376,88 4,30461555 1985 0 0 2304,1 4,30464182 1986 0 0 2515,24 4,30462839 1987 0 0 2941,64 4,30462568 1988 0 0 2957,48 4,30462983 1989 0 0 3473,97 4,30462698 1990 0 0 3842,42 4,30463153 1991 0 0 4600 4,30468968 1992 0 0 4805,3 4,30459008 1993 0 0 4896,5 4,30461917 1994 0 0 5419,2 4,30459762 1995 0 0 5937,1 4,30467634 1996 0 0 6444,4 4,30467226 1997 0 0 6620,5 4,30468076 1998 0 0 6815,6 4,30466379
* Concernant le premier scénario, aucun effet sur les exportations de biens et services n’a été relevé, dans le cadre de la simulation statique et dynamique.
343
8-7. Importations globales (IMPR)
(En millions de DA constants)
Série simulée
Observations
Série réelle (IMPR)
statique (IMPRFS)
dynamique (IMPRFD)
1970 26492,65 26492,65 26492,65 1971 24707,46 24707,46 24707,46 1972 24649,06 24649,06 24649,06 1973 33909,77 33909,77 33909,77 1974 54343,68 54343,68 54343,68 1975 59915,91 51759,25 51759,25 1976 57367,68 58074,69 48688,91 1977 69219,46 61998,73 50006,55 1978 74213,26 80458,35 55346,91 1979 69835,9 67984,71 53727,68 1980 88585,91 88808,79 70191,23 1981 102926,7 99956,9 81156,4 1982 101422,8 101065,3 78171,15 1983 107752,8 104321,2 78241,71 1984 110304,9 111302,9 77236,97 1985 109835,1 127627,5 83190,15 1986 91818,37 92574,03 67241,73 1987 76947,45 74530,26 56112,81 1988 111565,1 114012,6 89112,09 1989 121065,9 114019,8 91698,28 1990 109279,9 126067,4 99280,44 1991 88684,46 103728,8 97557,24 1992 91018,3 82531,55 94371,08 1993 86668,33 80871,22 85681,71 1994 94343,96 93889,19 96788,08 1995 95418,06 86050,86 91908,56 1996 92351,28 111549,4 114594,8 1997 88149,38 104797,1 134568,3 1998 93284,21 88516,52 133156,5
344
Scénario I
(En millions de DA constants)
Série simulée Observations
statique (IMPRFS1)
dynamique (IMPRFD1)
1970 26492,65 26492,65 1971 24707,46 24707,46 1972 24649,06 24649,06 1973 33909,77 33909,77 1974 54343,68 54343,68 1975 56841,53 56841,53 1976 60980,31 54674,64 1977 64531,17 56360,45 1978 83946,32 62605,04 1979 71446,99 61409,88 1980 91972,76 79952,19 1981 103876,1 92638,82 1982 105582,6 90019,91 1983 109216,1 91221,15 1984 116721,6 91447,34 1985 133656,3 99760,77 1986 97101,59 81867,5 1987 78099,99 68015,79 1988 116758,8 104711,2 1989 117941 108033,2 1990 129954,1 115981 1991 106124,4 112749,5 1992 85194,46 108782,3 1993 83261,24 98891,28 1994 96203,04 110668,1 1995 88793,34 104143,4 1996 115162,1 130106,1 1997 107649,1 152329,6 1998 91183,76 151016,2
345
Scénario II
(En millions de DA constants)
Série simulée
Observations
statique (IMPRFS2)
dynamique (IMPRFD2)
1970 26492,65 26492,65 1971 24707,46 24707,46 1972 24649,06 24649,06 1973 33909,77 33909,77 1974 54343,68 54343,68 1975 51884,65 51884,65 1976 58452,62 49607,01 1977 62250,43 51733,09 1978 80498,84 57960,99 1979 67984,71 55297,58 1980 88808,79 72301,94 1981 99956,9 84093,53 1982 101065,3 81279 1983 104321,2 81349,03 1984 111302,9 80448,16 1985 127627,5 86714,45 1986 92574,03 70025,72 1987 74530,26 57812,5 1988 114012,6 91503,14 1989 114019,8 94504,81 1990 126067,4 102500,5 1991 103728,8 101017,1 1992 82531,55 97780,99 1993 80871,22 88781,85 1994 93889,19 100255,9 1995 86050,86 95015,22 1996 111549,4 119077,2 1997 104797,1 140345,4 1998 88516,52 138828,2
346
Ecarts absolu et relatif au compte central (Scénario I)
(En millions de DA constants et en %)
Simulation statique (IMPRFS1)
Simulation dynamique (IMPRFD1)
Observations
Ecart absolu (106 de DA constants)
Ecart relatif au compte central
(%)
Ecart absolu (106 de DA constants)
Ecart relatif au compte central
(%) 1975 5082,28 9,81907582 5082,28 9,81907582 1976 2905,62 5,00324668 5985,73 12,2938263 1977 2532,44 4,08466431 6353,9 12,7061355 1978 3487,97 4,33512494 7258,13 13,1138848 1979 3462,28 5,09273335 7682,2 14,2984026 1980 3163,97 3,56267662 9760,96 13,9062387 1981 3919,2 3,9208899 11482,42 14,1485083 1982 4517,3 4,46968445 11848,76 15,157459 1983 4894,9 4,69214311 12979,44 16,5889012 1984 5418,7 4,86842661 14210,37 18,3984043 1985 6028,8 4,72374684 16570,62 19,9189688 1986 4527,56 4,89074528 14625,77 21,7510317 1987 3569,73 4,78963846 11902,98 21,2125894 1988 2746,2 2,40868115 15599,11 17,5050434 1989 3921,2 3,43905181 16334,92 17,8137692 1990 3886,7 3,08303336 16700,56 16,8216015 1991 2395,6 2,30948396 15192,26 15,5726628 1992 2662,91 3,22653579 14411,22 15,2708012 1993 2390,02 2,9553406 13209,57 15,4170242 1994 2313,85 2,46444772 13880,02 14,3406295 1995 2742,48 3,18704543 12234,84 13,3119701 1996 3612,7 3,2386548 15511,3 13,53578 1997 2852 2,72144935 17761,3 13,1987251 1998 2667,24 3,01326803 17859,7 13,4125634
347
Ecarts absolu et relatif au compte central (Scénario II)
(En millions de DA constants et en %)
Simulation statique (IMPRFS2)
Simulation dynamique (IMPRFD2)
Observations
Ecart absolu (106 de DA constants)
Ecart relatif au compte central
(%)
Ecart absolu (106 de DA constants)
Ecart relatif au compte central
(%) 1975 125,4 0,24227554 125,4 0,24227554 1976 377,93 0,65076542 918,1 1,88564501 1977 251,7 0,40597606 1726,54 3,45262771 1978 40,49 0,05032417 2614,08 4,7230821 1979 0 0 1569,9 2,92195755 1980 0 0 2110,71 3,00708507 1981 0 0 2937,13 3,61909843 1982 0 0 3107,85 3,97569947 1983 0 0 3107,32 3,97143672 1984 0 0 3211,19 4,15758153 1985 0 0 3524,3 4,23643905 1986 0 0 2783,99 4,14027123 1987 0 0 1699,69 3,02905878 1988 0 0 2391,05 2,68319372 1989 0 0 2806,53 3,06061357 1990 0 0 3220,06 3,2433982 1991 0 0 3459,86 3,5464923 1992 0 0 3409,91 3,61329975 1993 0 0 3100,14 3,6182051 1994 0 0 3467,82 3,58289988 1995 0 0 3106,66 3,38016394 1996 0 0 4482,4 3,91152129 1997 0 0 5777,1 4,29306159 1998 0 0 5671,7 4,25942406
348
8-8. Balance commerciale (BR)
(En millions de DA constants)
Série simulée Observations
Série réelle (BR)
statique (BRFS)
dynamique (BRFD)
1970 -11112,11 -11112,11 -11112,11 1971 -13097,08 -13097,08 -13097,08 1972 -9299,504 -9299,504 -9299,504 1973 -15782,41 -15782,41 -15782,41 1974 6780,947 6780,947 6780,947 1975 -19133,02 -6886,523 -6886,523 1976 -9025,782 -14178,98 -457,0815 1977 -26582,52 -10537,64 2369,732 1978 -37623,53 -40109,71 -3535,503 1979 -4511,563 -9499,36 18415,54 1980 11261,36 20443,08 40651,38 1981 10830,54 17545,94 46481,4 1982 6000,051 -5040,532 29179,21 1983 7150,266 1210,887 23798,02 1984 7976,421 3663,055 22548,86 1985 11381,14 -6884,488 14525,2 1986 -14964,36 -11954,44 -3531,392 1987 6823,496 14917,64 19305,92 1988 -31508,22 -35291,57 -16474,09 1989 -43008 -30143,37 -10995,12 1990 -7320,846 -17520,42 12299,19 1991 24089,1 32159,9 53669,38 1992 8933,689 18489,34 40497,72 1993 -6052,626 4834,198 30203,6 1994 -23080,56 -13049,85 24316,63 1995 -18173,37 -2255,716 51907,25 1996 29379,47 2876,644 76339,96 1997 38429,75 17887,34 56041,15 1998 385,6266 5692,77 8962,402
349
Scénario I
(En millions de DA constants)
Série simulée
Observations statique
(BRFS1) dynamique (BRFD1)
1970 -11112,11 -11112,11 1971 -13097,08 -13097,08 1972 -9299,504 -9299,504 1973 -15782,41 -15782,41 1974 6780,947 6780,947 1975 -14461,89 -14461,89 1976 -18399,53 -9151,617 1977 -14160,08 -6718,979 1978 -44985,85 -13682,31 1979 -14028,41 8366,354 1980 17393,84 31244,35 1981 14140,45 36504,15 1982 -9023,755 18731,33 1983 -2595,19 13705,83 1984 -271,8986 12229,55 1985 -10936,42 3388,189 1986 -15049,67 -13530,18 1987 12763,41 12122,81 1988 -37376,53 -28317,11 1989 -34064,51 -27330,03 1990 -21326,32 -4054,163 1991 29480,84 36679,6 1992 15557,76 24632,46 1993 2164,569 15448,63 1994 -15982,59 6724,028 1995 -6130,508 34621,01 1996 -1505,954 57523,18 1997 14605,46 35602,24 1998 2441,076 -12810,74
350
Scénario II
(En millions de DA constants)
Série simulée
Observations statique
(BRFS2) dynamique (BRFD2)
1970 -11112,11 -11112,11 1971 -13097,08 -13097,08 1972 -9299,504 -9299,504 1973 -15782,41 -15782,41 1974 6780,947 6780,947 1975 -6439,501 -6439,501 1976 -13254,67 331,7632 1977 -9861,873 3141,357 1978 -40222,76 -4011,469 1979 -9499,36 20180,02 1980 20443,08 43279 1981 17545,94 48965,67 1982 -5040,532 30661,99 1983 1210,887 25025,14 1984 3663,055 23601,98 1985 -6884,488 15188,58 1986 -11954,44 -3607,853 1987 14917,64 20568,91 1988 -35291,57 -16086,26 1989 -30143,37 -10327,68 1990 -17520,42 13860,35 1991 32159,9 56806,74 1992 18489,34 42959,23 1993 4834,198 32160,7 1994 -13049,85 26248,75 1995 -2255,716 55342,14 1996 2876,644 80172,6 1997 17887,34 58471,33 1998 5692,77 9421,627
351
Ecart absolu (Scénario I)
(En millions de DA constants)
Observations
Simulation statique (BRFS1)
Simulation dynamique (BRFD1)
1975 -7575,367 -7575,367
1976 -4220,55 -8694,5355
1977 -3622,44 -9088,711
1978 -4876,14 -10146,807
1979 -4529,05 -10049,186
1980 -3049,24 -9407,03
1981 -3405,49 -9977,25
1982 -3983,223 -10447,88
1983 -3806,077 -10092,19
1984 -3934,9536 -10319,31
1985 -4051,932 -11137,011
1986 -3095,23 -9998,788
1987 -2154,23 -7183,11
1988 -2084,96 -11843,02
1989 -3921,14 -16334,91
1990 -3805,9 -16353,353
1991 -2679,06 -16989,78
1992 -2931,58 -15865,26
1993 -2669,629 -14754,97
1994 -2932,74 -17592,602
1995 -3874,792 -17286,24
1996 -4382,598 -18816,78
1997 -3281,88 -20438,91
1998 -3251,694 -21773,142
352
Ecart absolu (Scénario II)
(En millions de DA constants)
Observations
Simulation statique (BRFS2)
Simulation dynamique (BRFD2)
1975 447,022 447,022
1976 924,31 788,8447
1977 675,767 771,625
1978 -113,05 -475,966
1979 0 1764,48
1980 0 2627,62
1981 0 2484,27
1982 0 1482,78
1983 0 1227,12
1984 0 1053,12
1985 0 663,38
1986 0 -76,461
1987 0 1262,99
1988 0 387,83
1989 0 667,44
1990 0 1561,16
1991 0 3137,36
1992 0 2461,51
1993 0 1957,1
1994 0 1932,12
1995 0 3434,89
1996 0 3832,64
1997 0 2430,18
1998 0 459,225
353
8-9. Demande de travail (L)
(En milliers)
Série simulée Observations
Série réelle (L) statique (LFS) dynamique (LFD)
1970 1982 1982 1982 1971 2009 2009 2009 1972 2053 2053 2053 1973 2181 2181 2181 1974 2292 2292 2292 1975 2440 2398,889 2398,889 1976 2513 2543,676 2500,27 1977 2649 2642,295 2608,376 1978 2829 2786,957 2725,946 1979 3022 2970,233 2852,411 1980 3157 3178,298 2990,988 1981 3284 3313,903 3143,705 1982 3426 3430,005 3291,43 1983 3576 3574,508 3430,731 1984 3718 3740,737 3569,973 1985 3880 3891,669 3707,378 1986 3950 4044,617 3831,207 1987 4200 4112,35 3950,358 1988 4380 4362,541 4081,167 1989 4580 4573,205 4250,315 1990 4700 4781,581 4435,175 1991 4820 4914,743 4648,742 1992 4740 4745,373 4598,808 1993 5042 4932,009 4809,136 1994 5154 5228,988 5035,028 1995 5436 5346,151 5289,628 1996 5602 5627,014 5565,629 1997 5746 5788,16 5838,143 1998 5993 5942,341 6113,875
354
Scénario I
(En milliers)
Série simulée Observations
statique (LFS1) dynamique (LFD1)
1970 1982 1982 1971 2009 2009 1972 2053 2053 1973 2181 2181 1974 2292 2292 1975 2400,962 2400,962 1976 2552,469 2505,267 1977 2651,542 2616,699 1978 2796,749 2737,807 1979 2980,416 2868,515 1980 3189,209 3011,943 1981 3325,507 3169,966 1982 3443,073 3324,351 1983 3588,456 3472,36 1984 3755,419 3622,313 1985 3907,052 3771,765 1986 4061,295 3910,651 1987 4127,979 4044,166 1988 4379,852 4185,075 1989 4589,211 4362,929 1990 4798,322 4555,922 1991 4931,666 4776,874 1992 4762,39 4727,865 1993 4949,608 4947,436 1994 5247,141 5180,354 1995 5364,173 5441,377 1996 5646,371 5723,992 1997 5809,014 6002,616 1998 5963,853 6285,829
355
Scénario II
(En milliers)
Série simulée Observations
statique (LFS2) dynamique (LFD2)
1970 1982 1982 1971 2009 2009 1972 2053 2053 1973 2181 2181 1974 2292 2292 1975 2399,465 2399,465 1976 2545,094 2503,152 1977 2643,198 2614,899 1978 2786,927 2736,306 1979 2970,233 2866,496 1980 3178,298 3009,347 1981 3313,903 3166,724 1982 3430,005 3318,963 1983 3574,508 3462,635 1984 3740,737 3606,318 1985 3891,669 3748,04 1986 4044,617 3875,558 1987 4112,35 3997,769 1988 4362,541 4130,963 1989 4573,205 4303,567 1990 4781,581 4492,745 1991 4914,743 4712,023 1992 4745,373 4663,913 1993 4932,009 4879,42 1994 5228,988 5110,653 1995 5346,151 5371,319 1996 5627,014 5654,509 1997 5788,16 5934,268 1998 5942,341 6216,458
356
Ecart absolu (Scénario I)
(En milliers)
Observations
Simulation statique (LFS1)
Simulation dynamique (LFD1)
1975 2,073 2,073 1976 8,793 4,997 1977 9,247 8,323 1978 9,792 11,861 1979 10,183 16,104 1980 10,911 20,955 1981 11,604 26,261 1982 13,068 32,921 1983 13,948 41,629 1984 14,682 52,34 1985 15,383 64,387 1986 16,678 79,444 1987 15,629 93,808 1988 17,311 103,908 1989 16,006 112,614 1990 16,741 120,747 1991 16,923 128,132 1992 17,017 129,057 1993 17,599 138,3 1994 18,153 145,326 1995 18,022 151,749 1996 19,357 158,363 1997 20,854 164,473 1998 21,512 171,954
357
Ecart absolu (Scénario II)
(En milliers)
Observations
Simulation statique (LFS2)
Simulation dynamique (LFD2)
1975 0,576 0,576 1976 1,418 2,882 1977 0,903 6,523 1978 -0,03 10,36 1979 0 14,085 1980 0 18,359 1981 0 23,019 1982 0 27,533 1983 0 31,904 1984 0 36,345 1985 0 40,662 1986 0 44,351 1987 0 47,411 1988 0 49,796 1989 0 53,252 1990 0 57,57 1991 0 63,281 1992 0 65,105 1993 0 70,284 1994 0 75,625 1995 0 81,691 1996 0 88,88 1997 0 96,125 1998 0 102,583
358
8-10.Taux d’inflation (RHO)
(En %)
Série simulée Observations
Taux d’inflation (RHO)
Statique (RHOFS) dynamique (RHOFD)
1970 4,830918 4,830918 4,830918 1971 2,764977 2,764977 2,764977 1972 4,035874 4,035874 4,035874 1973 6,896552 6,896552 6,896552 1974 2,822581 2,822581 2,822581 1975 8,627451 8,642098 8,642098 1976 8,303249 12,37692 10,1933 1977 11 9,921993 11,16833 1978 15,61562 11,9083 11,60669 1979 10,38961 18,15336 12,10526 1980 9,176471 10,16452 10,30216 1981 14,65517 11,10631 12,40389 1982 6,954887 13,33703 13,59891 1983 5,272408 6,255282 11,78166 1984 8,180301 5,317802 10,248 1985 10,49383 6,231287 7,819098 1986 12,2905 8,576132 5,537035 1987 7,462687 3,271528 -0,513453 1988 5,902778 7,032379 -3,403768 1989 9,289617 11,8217 0,923066 1990 17,9 15,36882 6,634182 1991 25,86938 23,7871 14,64188 1992 31,67116 25,6724 16,59648 1993 20,52201 28,65299 15,37279 1994 29,04459 26,23432 19,96479 1995 29,77953 31,3407 24,78412 1996 18,68661 22,87085 20,55778 1997 5,725272 3,586333 8,450108 1998 4,950495 4,626126 8,567529
359
Scénario I
(En %)
Série simulée
Observations
statique (RHOFS1) dynamique (RHOFD1)
1970 4,830918 4,830918 1971 2,764977 2,764977 1972 4,035874 4,035874 1973 6,896552 6,896552 1974 2,822581 2,822581 1975 8,642098 8,642098 1976 12,37692 10,35162 1977 9,921993 11,51571 1978 11,9083 12,13291 1979 18,15336 12,79099 1980 10,16452 11,18079 1981 11,10631 13,54273 1982 13,33703 14,97358 1983 6,255282 13,44775 1984 5,317802 12,28226 1985 6,231287 10,2812 1986 8,576132 8,352584 1987 3,271528 2,683504 1988 7,032379 -0,558942 1989 11,8217 3,801532 1990 15,36882 9,809867 1991 23,7871 17,67603 1992 25,6724 19,63467 1993 28,65299 18,16582 1994 26,23432 22,70019 1995 31,3407 27,50935 1996 22,87085 22,88747 1997 3,586333 10,79193 1998 4,626126 10,93026
360
Scénario II
(En %)
Série simulée
Observations Statique (RHOFS2) dynamique (RHOFD2)
1970 4,830918 4,830918 1971 2,764977 2,764977 1972 4,035874 4,035874 1973 6,896552 6,896552 1974 2,822581 2,822581 1975 8,642098 8,642098 1976 12,37692 10,23727 1977 9,921993 11,37471 1978 11,9083 12,03617 1979 18,15336 12,72724 1980 10,16452 11,08736 1981 11,10631 13,41362 1982 13,33703 14,81186 1983 6,255282 13,16074 1984 5,317802 11,75347 1985 6,231287 9,434138 1986 8,576132 7,186694 1987 3,271528 1,096377 1988 7,032379 -2,151173 1989 11,8217 2,128064 1990 15,36882 7,989127 1991 23,7871 15,98598 1992 25,6724 18,04899 1993 28,65299 16,76807 1994 26,23432 21,35043 1995 31,3407 26,22108 1996 22,87085 21,86823 1997 3,586333 9,854312 1998 4,626126 10,06344
361
Ecart absolu (Scénario I et II)
(En %)
Simulation dynamique* Observations
Scénario I (RHOFD1) Scénario II (RHOFD2)
1975 0 0 1976 0,15832 0,04397 1977 0,34738 0,20638 1978 0,52622 0,42948 1979 0,68573 0,62198 1980 0,87863 0,7852 1981 1,13884 1,00973 1982 1,37467 1,21295 1983 1,66609 1,37908 1984 2,03426 1,50547 1985 2,462102 1,61504 1986 2,815549 1,649659 1987 3,196957 1,60983 1988 2,844826 1,252595 1989 2,878466 1,204998 1990 3,175685 1,354945 1991 3,03415 1,3441 1992 3,03819 1,45251 1993 2,79303 1,39528 1994 2,7354 1,38564 1995 2,72523 1,43696 1996 2,32969 1,31045 1997 2,341822 1,404204 1998 2,362731 1,495911
Dans le cadre de la simulation statique, aucun effet des variantes n’a été enregistré sur l’inflation.
362
8-11. Taux de chômage (U)
(En %)
Série simulée Observations
Taux de chômage(U)
Statique (UFS) dynamique (UFD)
1970 22,45 22,45 22,45 1971 24,20 24,20 24,20 1972 24,87 24,87 24,87 1973 23,58 23,58 23,58 1974 22,78 22,78 22,78 1975 20,97 22,30 22,30 1976 21,73 20,78 22,13 1977 20,86 21,06 22,08 1978 18,93 20,14 21,89 1979 16,29 17,73 20,99 1980 14,18 13,60 18,70 1981 13,98 13,20 17,66 1982 13,63 13,53 17,02 1983 13,28 13,32 16,81 1984 13,29 12,76 16,74 1985 13,58 13,32 17,43 1986 16,13 14,12 18,65 1987 21,34 22,98 26,02 1988 21,22 21,53 26,59 1989 17,17 17,30 23,14 1990 19,65 18,26 24,18 1991 20,59 19,03 23,41 1992 23,42 23,33 25,70 1993 23,15 24,82 26,70 1994 24,36 23,26 26,10 1995 28,10 29,29 30,04 1996 28,28 27,96 28,74 1997 28,68 28,15 27,53 1998 28,02 28,62 26,56
363
Scénario I
(En %)
Série simulée
Observations
statique (UFS1) dynamique (UFD1)
1970 22,45 22,45 1971 24,20 24,20 1972 24,87 24,87 1973 23,58 23,58 1974 22,78 22,78 1975 22,23 22,23 1976 20,50 21,97 1977 20,79 21,83 1978 19,86 21,55 1979 17,45 20,55 1980 13,31 18,13 1981 12,89 16,97 1982 13,20 16,19 1983 12,98 15,80 1984 12,42 15,52 1985 12,98 15,99 1986 13,77 16,97 1987 22,69 24,26 1988 21,22 24,72 1989 17,01 21,10 1990 17,97 22,12 1991 18,75 21,30 1992 23,06 23,62 1993 24,56 24,59 1994 22,99 23,97 1995 29,05 28,03 1996 27,71 26,71 1997 27,90 25,49 1998 28,37 24,50
364
Scénario II
(En %)
Série simulée
Observations Statique (UFS2) dynamique (UFD2)
1970 22,45 22,45 1971 24,20 24,20 1972 24,87 24,87 1973 23,58 23,58 1974 22,78 22,78 1975 22,28 22,28 1976 20,73 22,04 1977 21,04 21,88 1978 20,14 21,59 1979 17,73 20,60 1980 13,60 18,20 1981 13,20 17,05 1982 13,53 16,33 1983 13,32 16,03 1984 12,76 15,89 1985 13,32 16,52 1986 14,12 17,71 1987 22,98 25,13 1988 21,53 25,70 1989 17,30 22,17 1990 18,26 23,20 1991 19,03 22,37 1992 23,33 24,65 1993 24,82 25,62 1994 23,26 24,99 1995 29,29 28,96 1996 27,96 27,60 1997 28,15 26,34 1998 28,62 25,33
365
Ecart absolu (Scénario I et II)
(En %)
Scénario I Scénario II Observations
Simulation Statique (UFS1)
Simulation dynamique
(UFD1)
Simulation statique (UFS2)
Simulation dynamique
(UFD2)
1975 -0,067 -0,067 -0,018 -0,018 1976 -0,273 -0,155 -0,044 -0,089 1977 -0,276 -0,248 -0,026 -0,194 1978 -0,280 -0,339 0,0008 -0,296 1979 -0,282 -0,446 0 -0,390 1980 -0,296 -0,569 0 -0,499 1981 -0,303 -0,687 0 -0,602 1982 -0,329 -0,829 0 -0,694 1983 -0,338 -1,009 0 -0,773 1984 -0,342 -1,220 0 -0,847 1985 -0,342 -1,434 0 -0,905 1986 -0,354 -1,686 0 -0,941 1987 -0,292 -1,756 0 -0,887 1988 -0,311 -1,868 0 -0,895 1989 -0,289 -2,036 0 -0,962 1990 -0,286 -2,064 0 -0,984 1991 -0,278 -2,110 0 -1,042 1992 -0,274 -2,084 0 -1,051 1993 -0,268 -2,107 0 -1,071 1994 -0,266 -2,132 0 -1,109 1995 -0,238 -2,006 0 -1,080 1996 -0,247 -2,027 0 -1,137 1997 -0,258 -2,041 0 -1,193 1998 -0,258 -2,065 0 -1,232
366
8-12. Demande de monnaie (MR2)
(En millions de DA constants)
Série simulée Observations
Série réelle
(MR2) statique (MR2FS)
dynamique (MR2FD)
1970 60276,5 60276,5 60276,5 1971 62466,37 62466,37 62466,37 1972 78189,66 78189,66 78189,66 1973 82096,77 82096,77 82096,77 1974 101058,8 101058,8 101058,8 1975 121841,2 114645,4 114645,4 1976 145333,3 131679,9 124747,8 1977 156006 161276,5 136263,8 1978 175220,8 174999 150196,4 1979 187505,9 193841 166204,9 1980 201594,8 212910,6 185640,5 1981 205169,2 226207,5 209366,4 1982 242337,4 225520,3 227819,9 1983 277011,7 257888 240083,8 1984 300493,8 295605,3 251577 1985 312653,6 321053,2 261674,3 1986 282363,2 309568,3 250211,1 1987 298495,4 287490,1 242347,6 1988 320185,8 303549,6 243749,2 1989 308150 321438,3 250161,5 1990 290924,5 292141 241203,1 1991 280463,6 279824,2 241339,2 1992 264023,5 266715,5 243049,5 1993 266423,4 252899 243075,1 1994 238076,3 237553,1 232158,7 1995 202728,7 218832,3 232352,1 1996 195483,4 207383,9 253425,8 1997 218532,6 212950,2 285026,7 1998 247954 244461,5 326355,5
367
Scénario I
(En millions de DA constants)
Série simulée
Observations statique
(MR2FS1) dynamique (MR2FD1)
1970 60276,5 60276,5 1971 62466,37 62466,37 1972 78189,66 78189,66 1973 82096,77 82096,77 1974 101058,8 101058,8 1975 115345,9 115345,9 1976 134924 126359,1 1977 165299,3 138832,8 1978 179381,8 153731,8 1979 198577 170941,1 1980 218119,5 191808,6 1981 231853,4 217166,6 1982 231650,3 237628,2 1983 265069,6 252481,5 1984 303886 267147,4 1985 330111,4 280511,7 1986 318684,6 271653,1 1987 295285,5 265310,5 1988 312147,4 266444,7 1989 329457,8 272106,4 1990 299431,6 261004,6 1991 286691,1 259564 1992 273535,1 260583,3 1993 259332,8 260426,3 1994 243430,9 247683,3 1995 224088,6 246670 1996 212468,1 267951,4 1997 218420,7 300345,6 1998 250772 343559,2
368
Scénario II
(En millions de DA constants)
Série simulée
Observations
statique (MR2FS2)
dynamique (MR2FD2)
1970 60276,5 60276,5 1971 62466,37 62466,37 1972 78189,66 78189,66 1973 82096,77 82096,77 1974 101058,8 101058,8 1975 114839,6 114839,6 1976 132198,5 125722 1977 161665,5 138419,9 1978 174985,5 153499,3 1979 193841 170520,1 1980 212910,6 191186 1981 226207,5 216316,9 1982 225520,3 235836 1983 257888 248814,1 1984 295605,3 260962,4 1985 321053,2 271552,5 1986 309568,3 259512,1 1987 287490,1 251009,5 1988 303549,6 251864,1 1989 321438,3 258301,9 1990 292141 249174,7 1991 279824,2 249773,3 1992 266715,5 251801,4 1993 252899 251930,2 1994 237553,1 240652 1995 218832,3 240957 1996 207383,9 263134,4 1997 212950,2 296222,9 1998 244461,5 339058,4
369
Ecarts absolu et relatif au compte central (Scénario I)
(En millions de DA constants et en %)
Simulation statique (MR2FS1)
Simulation dynamique (MR2FD1)
Observations
Ecart absolu (106 de DA constants)
Ecart relatif au compte central
(%)
Ecart absolu (106 de DA constants)
Ecart relatif au compte central
(%) 1975 700,5 0,61101448 700,5 0,61101448 1976 3244,1 2,46362581 1611,3 1,29164603 1977 4022,8 2,49434977 2569 1,88531363 1978 4382,8 2,50447145 3535,4 2,35385136 1979 4736 2,44323956 4736,2 2,84961514 1980 5208,9 2,44651981 6168,1 3,32260471 1981 5645,9 2,49589426 7800,2 3,72562169 1982 6130 2,71815885 9808,3 4,30528676 1983 7181,6 2,78477479 12397,7 5,16390527 1984 8280,7 2,80126912 15570,4 6,18911904 1985 9058,2 2,82140156 18837,4 7,19879637 1986 9116,3 2,94484287 21442 8,56956386 1987 7795,4 2,71153685 22962,9 9,47519183 1988 8597,8 2,83242014 22695,5 9,31100492 1989 8019,5 2,49488004 21944,9 8,7722931 1990 7290,6 2,49557577 19801,5 8,2094716 1991 6866,9 2,45400505 18224,8 7,55152913 1992 6819,6 2,55688177 17533,8 7,21408602 1993 6433,8 2,54401955 17351,2 7,13820544 1994 5877,8 2,47430995 15524,6 6,68706363 1995 5256,3 2,40197631 14317,9 6,16215649 1996 5084,2 2,45158858 14525,6 5,7316974 1997 5470,5 2,56891048 15318,9 5,37454912 1998 6310,5 2,58138807 17203,7 5,27146011
370
Ecarts absolu et relatif au compte central (Scénario II)
(En millions de DA constants et en %)
Simulation statique (MR2FS2)
Simulation dynamique (MR2FD2)
Observations
Ecart absolu (106 de DA constants)
Ecart relatif au compte central
(%)
Ecart absolu (106 de DA constants)
Ecart relatif au compte central
(%) 1975 194,2 0,16939188 194,2 0,16939188 1976 518,6 0,39383383 974,2 0,78093562 1977 389 0,24120067 2156,1 1,58229845 1978 -13,5 -0,00771433 3302,9 2,19905404 1979 0 0 4315,2 2,59631335 1980 0 0 5545,5 2,98722531 1981 0 0 6950,5 3,31977815 1982 0 0 8016,1 3,51861273 1983 0 0 8730,3 3,63635531 1984 0 0 9385,4 3,7306272 1985 0 0 9878,2 3,77499816 1986 0 0 9301 3,71726114 1987 0 0 8661,9 3,57416372 1988 0 0 8114,9 3,32920067 1989 0 0 8140,4 3,25405788 1990 0 0 7971,6 3,30493265 1991 0 0 8434,1 3,49470786 1992 0 0 8751,9 3,60087143 1993 0 0 8855,1 3,64294821 1994 0 0 8493,3 3,65840264 1995 0 0 8604,9 3,70338809 1996 0 0 9708,6 3,83094381 1997 0 0 11196,2 3,92812322 1998 0 0 12702,9 3,89235052
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377
LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES
378
1-Liste des tableaux
Tableau 1-1 : Evolution de la production agricole et de sa part dans la valeur ajoutée 38
Tableau 1-2 : Evolution des importations par groupes d’utilisation entre 1981 et 1993 41
Tableau 1-3 : Evolution de la population agricole et de la part de l’emploi agricole dans
la population totale employée 42
Tableau 1-4 : Evolution de la production industrielle et de sa contribution à la valeur
ajoutée de 1974 à 1993 48
Tableau 1-5 : Evolution de l’emploi dans le secteur de l’industrie, de sa part dans la
population employée totale et du taux de chômage 50
Tableau 1-6 : La production d’hydrocarbures et sa part dans la valeur ajoutée totale 53
Tableau 1-7 : Production d’hydrocarbures liquides et gazeux 55
Tableau 1-8 : Evolution des exportations de biens et de la part des hydrocarbures 58
Tableau 2-1 : Contribution des secteurs d’activité à la production intérieure brute entre
1963 et 1968 62
Tableau 2-2 : Evolution de la PIB du point de vue des emplois finals entre 1963 et 1968 63
Tableau 2-3 : Les exportations et les importations algériennes vers et de la France.
Période : 1963-1969 64
Tableau 2-4 : L’investissement global et part de l’investissement industriel et agricole de
1963 à1969 65
Tableau 2-5 : Evolution du Produit Intérieur Brut (PIB) 67
Tableau 2-6 : Evolution de la croissance démographique 69
Tableau 2-7 : Evolution du PIB et de la consommation réelle des ménages par habitant 70
Tableau 2-8 : Evolution de la structure des emplois de la PIB 71
Tableau 2-9 : Evolution de la structure de la production au coût des facteurs 73
Tableau 2-10 : Taux brut d’activité et taux de chômage 76
379
Tableau 2-11 : La création d’emplois de 1970 à 1993 77
Tableau 2-12 : La position budgétaire 79
Tableau 2-13 : Solde budgétaire en termes courants et part dans le PIB 80
Tableau 2-14 : Taux de croissance de la monnaie et de la production, vitesse de la
circulation de la masse monétaire et taux de liquidité de l’économie 82
Tableau 2-15 : Evolution du taux de réescompte 84
Tableau 2-16 : Le taux d’inflation et le taux de change 85
Tableau 2-17 : Solde de la balance commerciale en 106 DA et prix de pétrole en termes
courants et constants 87
Tableau 2-18: Taux de croissance des échanges commerciaux 89
Tableau 2-19 : Critères internationaux en 1991-1993 91
Tableau 2-20 : Taux de croissance de la dette extérieure, des exportations de biens
et services et des indicateurs d’endettement 92
Tableau 4-1 : Evolution des agrégats macroéconomiques de 1987 à 1994 105
Tableau 4-2 : Les formes d’assistance du FMI à l’Algérie 106
Tableau 4-3 : Evolution de la dette extérieure de l’Algérie et de son service de
1991 à 2002 108
Tableau 4-4 : Les indicateurs d’endettement de 1991 à 2002 111
Tableau 4-5 : Evolution du taux de chômage, de la part de l’emploi non structuré dans la
population employée et du taux de croissance réel du PIB 118
Tableau 4-6 : La contribution à la PIB de l’agriculture, des hydrocarbures et de l’industrie
et taux de croissance 120
Tableau 4-6 bis : Répartition sectorielle de la croissance du PIB réel. 122
Tableau 4-7 : Taux de croissance de la production industrielle totale et part de la
production industrielle publique et privée dans l’activité industrielle 123
380
Tableau 4-8 : Structure de la production industrielle totale par branches d’activité
économique 124
Tableau 4-9 : Part du secteur industriel privé dans les branches d’activité économique 125
Tableau 4-10 : Répartition des entreprises fermées par secteur d’activité et par statut juridique
(au 30 Juin 1998) 127
Tableau 4-11 : Evolution des importations de biens par principaux produits de 1991 à
2001 129
Tableau 4-12 : Part de l’emploi industriel et agricole dans la population employée totale
(Emploi structuré) 130
Tableau 4-13 : Evolution des droits de douanes et du solde budgétaire de 1991 à 2000 136
Tableau 4-14 : Croissance des exportations et des importations en volume, évolution de la
balance commerciale et prix du pétrole entre 1991 à 2000 137
Tableau 4-15 : Evolution des exportations de biens et part des hydrocarbures de 1991 à
2001 139
Tableau 4-16 : Part des exportations de produits pétroliers et gazeux dans les
exportations des hydrocarbures globales 140
Tableau 4-17 : Evolution des taux d’intérêt 146
Tableau 4-18 : Evolution du taux de change du dinar algérien pour 1 dollar américain 148
Tableau 4-19 : Taux de croissance réel de la masse monétaire, de la PIB et taux de liquidité
de l’économie 150
Tableau 4-20 : Croissance annuelle de l’inflation et évolution des réserves de changes
(Or exclu) de 1991 à 2002 154
Tableau 4-21 : Evolution du PIB et de la consommation en termes réels par habitant, et
croissance démographique de 1992 à 2000 156
381
Tableau 4-22 : Dépenses publiques d’éducation en % du PNB 158
Tableau 4-23 : Dépenses publiques de santé en % du PIB 158
Tableau 4-24 : Evolution des parts relatives des secteurs sociaux dans les dépenses de
fonctionnement de l'Etat entre 1993 et 1997 159
Tableau 4-25 : Evolution des dépenses d’équipements par secteurs entre 1993 et 1997 160
Tableau 4-26 : Indicateurs budgétaires entre 1992 et 2000 161
Tableau 6-1 : Résultats d’application du test de Dickey et Fuller augmenté 183
Tableau 6-2 : Valeurs théoriques de la constante et de la tendance au seuil de 5% 186
Tableau 6-3 : Résultats d’application du test de Ljung Box (statistique Q) et de
Jarque-Bera 187
Tableau 7-1 : RMSE et RMSPE des simulations statique et dynamique 252
Tableau I-1-1 : Les écarts absolus des variables en niveau 256
Tableau I- 1-2 : Les écarts relatifs au compte central 257
Tableau I-1-3 : Les variations des taux de croissance 258
Tableau I-2-1 : Les écarts absolus des variables en niveau 259
Tableau I-2-2 : Les écarts relatifs au compte central 260
Tableau I-2-3 : Les variations des taux de croissance 261
Tableau 7-2 : Augmentation du prix de pétrole (second scénario) 262
Tableau II-1-1 : Les écarts absolus des variables en niveau 263
Tableau II-1-2 : Les écarts relatifs au compte central 264
Tableau II-1-3 : Les variations des taux de croissance 264
Tableau II-2-1 : Les écarts absolus des variables en niveau 266
Tableau II-2-2: Les écarts relatifs au compte central 267
Tableau II-2-3 : Les variations des taux de croissance 268
382
2-Liste des Graphiques
Graphique 4-1 : Evolution de la dette extérieure de l’Algérie 107
Graphique 4-2 : Taux de croissance de la dette extérieure et des exportations
de biens et services 110
Graphique 4-3 : Taux de chômage en pourcentage de 1990 à 2000 119
Graphique 4-4 : La part des exportations d’hydrocarbures liquides et gazeux
dans les exportations d’hydrocarbures 142
Graphique 4-5 : Taux d’intérêt en termes réels 147
Graphique 4-6 : Taux de change ($ / DA) et inflation (%) 153
Graphique 7-1 : La production observée et simulée 241
Graphique 7-2-1 : La consommation finale des ménages observée et simulée 241
Graphique 7-2-2 : La consommation des ménages observée et simulée
(en taux de croissance) 242
Graphique 7-3-1 : Investissement observé et simulé 242
Graphique 7-3-2 : Investissement observé et simulé
(en taux de croissance) 243
Graphique 7-4-1 : Les importations globales observées et simulées 243
Graphique 7-4-2 : Les importations globales observées et simulées
(en taux de croissance) 244
Graphique 7-5-1 : Les exportations globales observées et simulées 244
Graphique 7-5-2 : Les exportations globales observées et simulées
(en taux de croissance) 245
Graphique 7-6 : Balance commerciale observée et simulée 245
Graphique 7-7-1 : Recettes totales observées et simulées 246
383
Graphique 7-7-2 : Recettes totales observées et simulées
(en taux de croissance) 246
Graphique 7-8 : Solde budgétaire observé et simulé 247
Graphique 7-9-1 : Demande de travail observée et simulée
(en logarithme) 247
Graphique 7-9-2 : Demande de travail observée et simulée 248
Graphique 7-10 : Taux de chômage observé et simulé 248
Graphique 7-11-1 : Inflation observée et simulée 249
Graphique 7-11-2 : Accélération de l’inflation observée et simulée 249
Graphique 7-12-1 : Masse monétaire observée et simulée 250
Graphique 7-12-2 : Masse monétaire observée et simulée (en taux de croissance) 250
384
Table des matières
385
Partie introductive
Survol du paysage politique algérien depuis l’indépendance 1
Introduction générale 6
Première partie : Stratégie algérienne de développement et évolution des
agrégats macroéconomiques de l’indépendance à 1993 13
Introduction 14
Chapitre I : La stratégie de développement en Algérie : Principaux axes 15
Section 1. Le Programme de Tripoli et la Charte d’Alger 17
1-1. Le Programme de Tripoli 17
1-2. La Charte d’Alger 18
Section 2. De la planification centralisée à l’économie du marché 20
2-1. Du plan triennal au second plan quadriennal 20
2-2. Les plans quinquennaux 23
2-3. La transition vers l’économie du marché 29
Section 3. Les différentes restructurations du secteur agraire 32
Section 4. Stratégie des industries industrialisantes et valorisation des
hydrocarbures 43
4-1. Industrialisation 44
4-2. Valorisation des hydrocarbures 51
Chapitre 2 : Evolution des grandeurs macroéconomiques depuis les années
soixante jusqu’à 1993 60
Section 1. Situation de l’économie nationale dans les années soixante 62
Section 2. Croissance économique et équilibres ressources – emplois 66
Section 3. Emploi et taux d’activité 75
386
Section 4. Position budgétaire 78
Section 5. Monnaie, inflation et taux de change 81
Section 6. Commerce extérieur 86
Section 7. Dette extérieure 90
Conclusion 94
Deuxième partie : Implications sur le plan économique et social des principaux
accords signés avec les IFI 97
Introduction 98
Chapitre 3 : Ajustement structurel et rééchelonnement de la dette extérieure 99
Section 1. Ajustement structurel et critique de Stiglitz 100
Section 2. Détérioration de l’économie nationale et rééchelonnement
de la dette extérieure 104
Chapitre 4 : Principaux accords et leurs impacts économiques et sociaux 112
Section 1. Entreprises publiques et privatisation 113
Section 2. Libéralisation du commerce extérieur 133
Section 3. Les réformes du système monétaire 143
Section 4. Libération des prix 151
Section 5. Réduction des dépenses publiques 157
Conclusion 163
387
Troisième partie : Esquisse d’un modèle macroéconométrique pour
l’Algérie 165
Introduction 166
Chapitre 5 : Modèle de Stoleru et modèle de Haque et alii 168
Section 1. Principaux résultats du modèle de Stoleru appliqué à l’économie
algérienne 169
Section 2. Le modèle de Haque et alii 171
1-1. La consommation des ménages 172
1-2. Le taux d’intérêt 173
1-3. L’investissement 173
1-4. Les exportations et les importations 174
1-5. La production 175
1-6. Le marché monétaire 177
1-7. Représentation globale du modèle de Haque et alii 178
Chapitre 6 : Estimation du modèle macroéconométrique pour l’Algérie 181
Section 1. Etude préliminaire des caractéristiques des séries temporelles 182
Section 2. Estimation des équations du modèle 189
2-1. La consommation des ménages 191
2-2. Les recettes budgétaires 195
2-3. L’investissement 198
2-4. Les exportations de biens et services 201
2-5. Les importations de biens et services 206
2-6. La production et la demande de travail 209
2-6-1. La production 209
2-6-2. La demande de travail 212
2-7. L’inflation 215
2-8. La demande de monnaie 218
388
Section 3. La condition d’équilibre et les équations de définition 221
Section 4. Estimation globale du modèle 223
Section 5. Représentation finale du modèle estimé 233
Chapitre 7 : Scénarios de simulation 239
Section 1. Analyse graphique et statistique des résultats de simulation 240
1-1. Analyse Graphique des séries observées et simulées 240
1-2. Etude statistique 251
Section 2. Scénarios de simulation 253
2-1. Présentation des variantes 254
2-2. Scénario I : Augmentation entretenue de la consommation gouvernementale 255
2-2-1. Simulation statique 255
2-2-2. Simulation dynamique 258
2-3. Scénario II : Hausse du prix du pétrole 261
2-3-1. Simulation statique 262
2-3-2. Simulation dynamique 265
Conclusion 269
Conclusion générale 276
Annexes 288
Annexe 1. Quelques définitions 289
Annexe 2. Résidu de Solow 293
Annexe 3. Estimation du stock de capital 295
Annexe 4.Tests sur les résidus (rappel) 296
Annexe 5. Stationnarité et test de la racine unitaire (Test de Dickey – Fuller) 302
389
Annexe 6. Simulation et critères de performance 307
Annexe 7. Liste des variables muettes 310
Annexe 8. Résultats de simulations 311
Bibliographie 368
Liste des tableaux et graphiques 374
Table des matières 381