agrotourisme - le devoir

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ANNE-MARIE PARENT U ne sortie à la campagne, ça se pré- pare ! Pour organiser votre demi- journée ou votre journée entière de balade, d’une entreprise agri- cole et touristique à une autre, commencez par décider dans quelle région vous irez. Ce pourrait être une chouette idée de partir la veille et de dormir dans une auberge pour être tout près de votre point de départ le lendemain matin. Terroir et saveurs L’une des références incontournables pour préparer votre escapade est le réseau Terroir et saveurs. Vous pourriez arrêter de lire cet arti- cle après ce paragraphe tellement la référence est complète ! Lancé en 2010 par l’Association de l’agrotou- risme et du tourisme gourmand du Québec (AATGQ), le réseau Terroir et saveurs est né du regroupement des populaires bannières d’hébergement, de restauration et d’agrotou- risme que sont les Gîte du passant, Auberge du passant, Table champêtre, Table aux saveurs du terroir, Ferme découverte et Relais du ter- roir. « Il est le seul site Internet qui répertorie les circuits, les événements, de même que tous les producteurs et artisans qui façonnent le terroir et créent les produits du Québec », indique-t-on dans le site. Vous avez la possibilité de créer vo- tre propre parcours en enregistrant vos choix de producteurs à visiter, et il existe même une version mobile de ce site. Tourisme Québec Pour mieux connaître la ou les régions qui vous intéressent, tournez-vous vers Tourisme Québec, qui compte 22 régions touristiques re- présentées par des Associations touristiques ré- gionales (ATR). Son site Internet est très com- plet, vous faisant même des suggestions d’activi- tés. À consulter en priorité : ses pages sur l’agro- tourisme et ses pages sur les routes et circuits. Puis, passez aux pages de chacune des régions touristiques pour un complément d’information, par exemple pour obtenir le calendrier des évé- nements et la liste des lieux d’hébergement. On trouve les adresses des sites Internet des ré- gions soit par Tourisme Québec, soit par ATR as- sociées, qui chapeaute tout le réseau des ATR. Les routes agrotouristiques En matière d’agrotourisme, penchez-vous en particulier sur les Cantons-de-l’Est, Chaudière-Ap- palaches, Lanaudière, les Laurentides, Laval, la Montérégie, l’Outaouais et la Région de Québec, sans ignorer les autres, qui ont aussi leurs bons produits régionaux. Dans les régions énumérées, l’agrotourisme est fortement valorisé, depuis la création du regroupement d’entreprises touris- tiques et agricoles ayant conduit au premier cir- cuit signalisé au Québec en 1998 : le Circuit du paysan en Montérégie (rive sud de Montréal), tra- jet signalisé de 194 kilomètres entre la rivière Ri- chelieu et le lac Saint-François, à partir de Napier- ville (514-990-5586, 1-800-378-7648). Depuis, les routes thématiques tournant au- tour des plaisirs gourmands se sont multipliées (voir l’encadré). L’intérêt de ces routes agrotou- ristiques — et des membres de Terroir et sa- veurs — est multiple. D’abord, les producteurs sont tous des gens passionnés et heureux de partager leur savoir-faire, sinon ils ne seraient pas devenus membres d’un tel circuit ou réseau ouvert au grand public ! De plus, vous obtien- drez une carte (ou un répertoire) localisant tous les endroits à visiter, par téléchargement en ligne, chez les entreprises participantes et les bureaux de tourisme, ou en commandant la publication auprès de l’organisme concerné. Vous passerez de bons moments à faire de belles rencontres et le plein de savoureux pro- duits frais ! Tables de concertation agroalimentaire du Québec En consultant les sites Internet de toutes ces belles routes et associations agrotouristiques, vous remarquerez qu’elles sont souvent à l’initia- tive des Associations touristiques, des Centres lo- caux de développement, mais aussi du réseau des Tables de concertation agroalimentaire du Québec, qui relève du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ). Existant depuis près de 20 ans, ce réseau est composé d’une quinzaine d’organisations régio- nales indépendantes les unes des autres, mais aux objectifs communs : promouvoir les pro- duits régionaux et leurs artisans et encourager les Québécois à les consommer. «Achetez lo- cal » est leur mot d’ordre ! Aucun site Internet ne regroupe toutes les or- ganisations du réseau, mais, dans celui du MA- PAQ, on trouve la liste des dirigeants de chaque Table de concertation agroalimentaire, Conseil de développement du bioalimentaire et autre organisme agricole local, avec les liens vers leurs sites Internet respectifs. La liste a été mise en ligne également par la Table de concer- tation bioalimentaire de la Gaspésie. Un petit tour dans le site Internet de votre ré- gion vous renseignera sur les initiatives locales. Par exemple, la Table de concertation agroali- mentaire du Saguenay–Lac-Saint-Jean présente un calendrier avec les événements gourmands en région et hors région, ainsi qu’un répertoire des entreprises agroalimentaires de 36 pages ! L’autocueillette automnale Maintenant bien au courant de l’offre agro- touristique dans les régions où vous avez l’in- tention d’aller vous balader, vous voudrez peut- être vous concentrer sur des fermes qui propo- sent l’autocueillette des pommes, mais aussi des légumes de saison, comme les citrouilles et les courges. Tournez-vous alors vers les fédéra- tions de ces produits en particulier. On les trouve dans le site de l’Union des producteurs agricoles (UPA) sous l’onglet « Qui sommes- nous ? », puis en choisissant dans la colonne de gauche sous « Spécialités ». Par exemple, en cliquant sur « Pommes », vous serez redirigé vers le site de la Fédération des producteurs de pommes du Québec, qui AGROTOURISME ESCAPADES D’AUTOMNE CAHIER THÉMATIQUE I LE DEVOIR, LES SAMEDI 20 ET DIMANCHE 21 SEPTEMBRE 2014 À l’heure de la mobilité, une firme québécoise offre déjà une application Page I 4 Une industrie dynamique à la recherche d’une vision commune Page I 3 Nous avons tous en tête un verger où aller cueillir de belles pommes fraîches. Si on poussait plus loin l’escapade en se montant des circuits agrotouristiques qui comprennent plus de pro- duits pour les prochaines fins de semaine ? Voici quelques pistes pour bien s’organiser ! Une sortie à la campagne, ça se prépare ! Route des saveurs de Charlevoix (1-800-667-2276) ; Route des vins des Cantons-de-l’Est (1-888-811-4928) ; Route des vins de la Montérégie (450-466-4666, 1-866-469-0069) ; Saveurs de Laval (450-978-5973) ; Chemin du terroir des Laurentides (450-224-7007, 1-800-561-6673) ; Chemins de campagne de Lanaudière (Tourisme Lanaudière : 1-800-363-2788) ; Parcours Outaouais gourmet (1-877-421-8836) ; Réseau des arrêts gourmands de Chaudière- Appalaches (Tourisme Chaudière-Appa- laches : 1-888-831-4411) ; Parcours gourmand de la région de la Capi- tale-Nationale (Office du tourisme de Québec : 1-877-783-1608). Les circuits agrotouristiques JACQUES NADEAU LE DEVOIR VOIR PAGE I 2 : SORTIE

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Page 1: AGROTOURISME - Le Devoir

A N N E - M A R I E P A R E N T

U ne sortie à la campagne, ça se pré-pare ! Pour organiser votre demi-journée ou votre journée entièrede balade, d’une entreprise agri-cole et touristique à une autre,

commencez par décider dans quelle régionvous irez. Ce pourrait être une chouette idée departir la veille et de dormir dans une aubergepour être tout près de votre point de départ lelendemain matin.

Terroir et saveursL’une des références incontournables pour

préparer votre escapade est le réseau Terroir etsaveurs. Vous pourriez arrêter de lire cet arti-cle après ce paragraphe tellement la référenceest complète !

Lancé en 2010 par l’Association de l’agrotou-risme et du tourisme gourmand du Québec(AATGQ), le réseau Terroir et saveurs est nédu regroupement des populaires bannièresd’hébergement, de restauration et d’agrotou-risme que sont les Gîte du passant, Auberge dupassant, Table champêtre, Table aux saveursdu terroir, Ferme découverte et Relais du ter-roir. « Il est le seul site Internet qui répertorie lescircuits, les événements, de même que tous lesproducteurs et artisans qui façonnent le terroiret créent les produits du Québec », indique-t-ondans le site. Vous avez la possibilité de créer vo-tre propre parcours en enregistrant vos choixde producteurs à visiter, et il existe même uneversion mobile de ce site.

Tourisme QuébecPour mieux connaître la ou les régions qui

vous intéressent, tournez-vous vers Tourisme

Québec, qui compte 22 régions touristiques re-présentées par des Associations touristiques ré-gionales (ATR). Son site Internet est très com-plet, vous faisant même des suggestions d’activi-tés. À consulter en priorité : ses pages sur l’agro-tourisme et ses pages sur les routes et circuits.Puis, passez aux pages de chacune des régionstouristiques pour un complément d’information,par exemple pour obtenir le calendrier des évé-nements et la liste des lieux d’hébergement. Ontrouve les adresses des sites Internet des ré-gions soit par Tourisme Québec, soit par ATR as-sociées, qui chapeaute tout le réseau des ATR.

Les routes agrotouristiquesEn matière d’agrotourisme, penchez-vous en

particulier sur les Cantons-de-l’Est, Chaudière-Ap-palaches, Lanaudière, les Laurentides, Laval, laMontérégie, l’Outaouais et la Région de Québec,sans ignorer les autres, qui ont aussi leurs bonsproduits régionaux. Dans les régions énumérées,l’agrotourisme est fortement valorisé, depuis lacréation du regroupement d’entreprises touris-tiques et agricoles ayant conduit au premier cir-

cuit signalisé au Québec en 1998: le Circuit dupaysan en Montérégie (rive sud de Montréal), tra-jet signalisé de 194 kilomètres entre la rivière Ri-chelieu et le lac Saint-François, à partir de Napier-ville (514-990-5586, 1-800-378-7648).

Depuis, les routes thématiques tournant au-tour des plaisirs gourmands se sont multipliées(voir l’encadré). L’intérêt de ces routes agrotou-ristiques — et des membres de Terroir et sa-veurs — est multiple. D’abord, les producteurssont tous des gens passionnés et heureux departager leur savoir-faire, sinon ils ne seraientpas devenus membres d’un tel circuit ou réseauouvert au grand public ! De plus, vous obtien-drez une carte (ou un répertoire) localisanttous les endroits à visiter, par téléchargementen ligne, chez les entreprises participantes etles bureaux de tourisme, ou en commandant lapublication auprès de l’organisme concerné.Vous passerez de bons moments à faire debelles rencontres et le plein de savoureux pro-duits frais !

Tables de concertation agroalimentairedu Québec

En consultant les sites Internet de toutes cesbelles routes et associations agrotouristiques,vous remarquerez qu’elles sont souvent à l’initia-tive des Associations touristiques, des Centres lo-caux de développement, mais aussi du réseau

des Tables de concertation agroalimentaire duQuébec, qui relève du ministère de l’Agriculture,des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ).

Existant depuis près de 20 ans, ce réseau estcomposé d’une quinzaine d’organisations régio-nales indépendantes les unes des autres, maisaux objectifs communs : promouvoir les pro-duits régionaux et leurs artisans et encouragerles Québécois à les consommer. « Achetez lo-cal » est leur mot d’ordre !

Aucun site Internet ne regroupe toutes les or-ganisations du réseau, mais, dans celui du MA-PAQ, on trouve la liste des dirigeants dechaque Table de concertation agroalimentaire,Conseil de développement du bioalimentaire etautre organisme agricole local, avec les liensvers leurs sites Internet respectifs. La liste a étémise en ligne également par la Table de concer-tation bioalimentaire de la Gaspésie.

Un petit tour dans le site Internet de votre ré-gion vous renseignera sur les initiatives locales.Par exemple, la Table de concertation agroali-mentaire du Saguenay–Lac-Saint-Jean présenteun calendrier avec les événements gourmandsen région et hors région, ainsi qu’un répertoiredes entreprises agroalimentaires de 36 pages !

L’autocueillette automnaleMaintenant bien au courant de l’offre agro-

touristique dans les régions où vous avez l’in-tention d’aller vous balader, vous voudrez peut-être vous concentrer sur des fermes qui propo-sent l’autocueillette des pommes, mais aussides légumes de saison, comme les citrouilles etles courges. Tournez-vous alors vers les fédéra-tions de ces produits en par ticulier. On lestrouve dans le site de l’Union des producteursagricoles (UPA) sous l’onglet « Qui sommes-nous ? », puis en choisissant dans la colonne degauche sous «Spécialités».

Par exemple, en cliquant sur « Pommes »,vous serez redirigé vers le site de la Fédérationdes producteurs de pommes du Québec, qui

AGROTOURISMEESCAPADES D’AUTOMNE

C A H I E R T H É M A T I Q U E I › L E D E V O I R , L E S S A M E D I 2 0 E T D I M A N C H E 2 1 S E P T E M B R E 2 0 1 4

À l’heure de lamobilité, une firmequébécoise offredéjà une applicationPage I 4

Une industriedynamique à larecherche d’unevision commune Page I 3

Nous avons tous en tête un verger où aller cueillir de belles pommes fraîches. Si on poussaitplus loin l’escapade en se montant des circuits agrotouristiques qui comprennent plus de pro-duits pour les prochaines fins de semaine ? Voici quelques pistes pour bien s’organiser !

Une sortie à la campagne, ça se prépare !

Route des saveurs de Charlevoix(1-800-667-2276) ; Route des vins des Cantons-de-l’Est(1-888-811-4928) ;Route des vins de la Montérégie(450-466-4666, 1-866-469-0069) ;Saveurs de Laval (450-978-5973) ;Chemin du terroir des Laurentides(450-224-7007, 1-800-561-6673) ;

Chemins de campagne de Lanaudière(Tourisme Lanaudière : 1-800-363-2788) ;Parcours Outaouais gourmet (1-877-421-8836) ;Réseau des arrêts gourmands de Chaudière-Appalaches (Tourisme Chaudière-Appa-laches : 1-888-831-4411) ;Parcours gourmand de la région de la Capi-tale-Nationale (Office du tourisme deQuébec : 1-877-783-1608).

Les circuits agrotouristiques

JACQUES NADEAU LE DEVOIR

VOIR PAGE I 2 : SOR TIE

Page 2: AGROTOURISME - Le Devoir

AGROTOURISMEL E D E V O I R , L E S S A M E D I 2 0 E T D I M A N C H E 2 1 S E P T E M B R E 2 0 1 4I 2

LE CHARME À L’ÉTAT PUR

Le restaurant Les Labours vous propose une cuisine du marché mettant en vedette les légumes provenant de nos jardins, fruits de mer, poissons et viandes qui se déclinent selon les arrivages, les saisons et l’humeur du chef. Profitez de votre passage à l’Hôtel la Ferme pour vous faire dorloter au Spa du Verger ou encore pour assister à l’un des spectacles de notre programmation à la Salle Multi.

LES LABOURS DE L’HÔTEL LA FERME À BAIE-SAINT-PAULSAVEURS DU JARDIN ET DE LA RÉGION

1 877 536-2774 I LEMASSIF.COMRÉSERVATIONS LES LABOURS,418 240-4123

VIVEZ L’HÔTEL LA FERME

comprend une section sur l’autocueil-lette. Un outil de recherche vous per-met de trouver les vergers selon descritères à cocher (par région, pique-nique, autocueillette, mini-ferme…).

Notez que l’Association touris-tique de la Montérégie a créé unsite présentant ses vergers et cidre-ries, avec une carte interactive (450-466-4666, 1-866-469-0069).

Autre exemple: à partir du site del’UPA, parmi ses spécialités, en cli-quant sur «Maraîchers» (entre autresproducteurs de courges et citrouilles),vous arriverez dans le site de l’Asso-ciation des producteurs maraîchers duQuébec. Un répertoire des membres,

par région, renvoie à une fiche de cha-cun avec la mention ou pas de la possi-bilité de l’autocueillette.

Conseils pratiquesVous êtes fin prêt à jouer à l’agro-

touriste ? Selon vos besoins, vousavez donc pu trouver les lieux, lesheures d’ouverture, la possibilité defaire de l’autocueillette, de pique-ni-quer et même de jouer avec vos en-fants, les producteurs ouverts auxfamilles of frant de plus en plusd’aires de jeux assez élaborés, desbalançoires aux labyrinthes de maïs,en passant par les promenades encarriole. Vous mangez bio ? Lisezalors notre autre article sur le sujet.

Dernières considérations: pour évi-ter de faire du pare-chocs contre pare-chocs sur certaines routes fort fré-quentées la fin de semaine (par exem-

ple, vers Saint-Eustache et Saint-Jo-seph-du-Lac et vers le mont Saint-Hi-laire durant le temps des pommes),sortez en fin d’après-midi plutôt quele matin, ou bien en semaine (ho-raires à vérifier).

Préparez de l’argent comptant enpetites coupures. Ne vous fiez pas àla météo, ou, au contraire, si on an-nonce de la pluie, habillez-vous enconséquence et sor tez ! Il y auramoins foule. Emportez une glacièreet des blocs de glace. Pas besoin deprévoir un pique-nique : vous trouve-rez tout sur place, le long de votrepèlerinage agrotouristique ! Empor-tez quand même des ustensiles, as-siettes, serviettes de table et… untire-bouchon ! Santé !

CollaboratriceLe Devoir

SUITE DE LA UNE

SORTIE

SOURCE NEW HAMPSHIRE DIVISION OF TRAVEL AND TOURISM DEVELOPMENT

Les amateurs d’escapade à la cam-pagne qui cherchent des produitsbio peuvent le faire en consultantle Répertoire des produits biolo-giques certifiés du Québec dans lesite du Conseil des appellations ré-servées et des termes valorisants(CARTV). On y retrouve, classéespar région, municipalité et produit,toutes les fermes possédant unecertification bio.Il faut savoir qu’il y a six orga-nismes de certification accréditéspar le CARTV, dont Écocert Ca-nada, Létis.S.A., OCIA Canada,Pro-Cert, QIA et Québec-Vrai. Il nefaut pas hésiter à poser des ques-tions aux producteurs agricolessur leur certification.Selon le rapport Statistiques 2012 –Usage de l’appellation biologique auQuébec, publié par l’organisme, il ya 1352 entreprises possédant uncertificat de conformité biologiqueau Québec, tandis que 1039 fermesdétiennent un certificat de confor-mité biologique. Bien qu’on senteun engouement pour les produitsbiologiques, il faut savoir que laproportion des entreprises agri-coles biologiques par rapport au to-tal des fermes au Québec est deseulement 3,6%.On retrouve notamment des ver-

gers de pommes bio dans le réper-toire du CARTV, mais ils n’offrentpas nécessairement tous l’auto-cueillette, car de grands investis-sements en temps de rechercheet en argent sont nécessairespour élaborer des méthodes vrai-ment biologiques. « Plus il y a unedemande du public, plus les pomi-culteurs suivront, explique LouisMénard, secrétaire général de laFédération d’agriculture biolo-gique du Québec. En régie biolo-gique, tout est contrôlé, encadré.Ce serait étonnant que le peu deproducteurs bio laissent faire del’autocueillette, pour cette raison.Parce que le risque est beaucoupplus grand qu’en régie tradition-nelle. »«La demande est là. Oui, les gensveulent mieux manger», affirme Gé-raldine Lepicard, relationniste chezLes Vergers Lafrance – DomaineLafrance à Saint-Joseph-du-Lac,dans les Laurentides. Depuis l’ou-verture d’un petit kiosque de ventede jus de pommes pressées et debeignes aux pommes faits par lamère de la propriétaire, Julie Hu-bert, l’offre s’est diversifiée, parceque le public est friand de bonsproduits régionaux mais aussi deplus en plus bio. Les Vergers La-

france viennent d’obtenir leur certi-fication Écocert Canada pour cer-taines de leurs pommes. Parcontre, il n’est pas encore certainqu’il sera possible de pratiquer l’au-tocueillette : le bio exige des condi-tions hautement contrôlées, parexemple des filets spéciaux pourrecouvrir les pommiers afin de lesprotéger des insectes, au lieu deles traiter.Mais si la culture n’est pas bio, auQuébec, elle n’est pas pour autantchimique à outrance. «Les produc-teurs d’ici travaillent dans une op-tique de réduction des pesticides leplus possible, assure M. Ménard. AuQuébec, nous avons d’excellents cher-cheurs. Par exemple, l’Institut de re-cherche et de développement enagroenvironnement (IRDA) a amé-nagé un verger en régie biologique ily a quelques années. On apprendcomment contrôler les ravageurs defaçon naturelle. » Le site Internet del’IRDA contient la plateforme Webdu Réseau-pommier, qui héberge leGuide de référence en productionfruitière intégrée. La production in-tégrée est cette manière de contrô-ler la croissance et la protectioncontre les maladies et les ravageurs(insectes, notamment) le plus natu-rellement possible.

Comment trouver des produits bio

Page 3: AGROTOURISME - Le Devoir

A S S I A K E T T A N I

A u-delà des chiffres, l’offreagrotouristique a elle-

même connu une diversifica-tion sans précédent. Aux tradi-tionnelles visites et à l’héber-gement à la ferme, qui domi-naient l’offre il y a 30 ans, s’estajoutée une panoplie d’activi-tés et d’expériences agrotou-ristiques : animations, démons-trations, dégustations, auto-cueillette, promenades en trac-teur et activités d’interpréta-

tion. « L’agrotourisme estaujourd’hui lié à une volonté demieux connaître les produits duterroir, et pas seulement de lesconsommer », explique AnnieTessier, agente à la commer-cialisation de l’Union des pro-ducteurs agricoles (UPA).

Et, derrière la diversifica-tion de l’of fre, on trouve uneprofonde évolution de la pro-duction agroalimentaire, deplus en plus gourmande et raf-finée, à tel point qu’OdetteChaput, directrice générale del’Association de l ’agrotou-risme et du tourisme gour-

mand, parle d’un bouleverse-ment total du secteur. Ainsi,les pommes et le sirop d’éra-ble partagent désormais la ve-dette avec les bleuets, lesfraises, le miel, le vin et leschampignons. Même si la ma-jorité de l’offre reste de naturevégétale (66 % des entreprisesagrotouristiques sont dans laproduction végétale, contre45 % dans la production ani-male), l’intérêt pour l’agrotou-risme animalier est égalementen plein essor, s’ouvrant vers

l’élevage de cer fs,d’autr uches, de bi-sons, de lapins ou dechevaux. « Les pro-ducteurs ont énormé-ment innové en ma-tière de produits etont réussi à créer unengouement fort pourles produits de la

ferme. »Ainsi, les agrotouristes peu-

vent désormais se procurerdes saucisses d’émeu, dupâté de bison, des croquettesde lapin, du smoked meat decanard, des ri l lettes d’au-truche, sans oublier les fro-mages, qui figurent parmi lesnouveaux produits-phareshaut de gamme.

Les alcools fins ont aussi levent en poupe, notamment le ci-dre, qui s’exporte désormaissur des marchés étrangers, lesmicrobrasseries et les vins. «Il ya 12 ans, on ne parlait pas de la

qualité des vins québécois. Au-jourd’hui, c’est une chose ac-quise», souligne Odette Chaput.

À cela s’ajoutent les entre-prises de transformation : lesboulangeries artisanales, les fu-moirs, les chocolateries, qui«achètent des produits du terroirquébécois pour les transformer,même s’ils ne les produisent pas».

Cette tendance touristiqueaccompagne étroitementl’émergence d’un nouvel ac-teur de l’équation agroalimen-taire : le consommateur ci-toyen. En effet, l’engouementpour les produits régionaux, ledésir d’encourager les produc-teurs locaux et le succès crois-sant de la gastronomie expli-quent le succès de l’agrotou-risme. Désormais, on mariel’escapade bucolique à laconsommation responsable, ladécouver te des ter roirs auplaisir gastronomique.

Un produit d’appelLe dynamisme du secteur

se fait sentir dans plusieurs ré-gions du Québec. « Pour cer-taines régions, l’agrotourismeest devenu un produit d’appel,qui permet à une région de se

positionner et de se faireconnaître. » À chaque régionsa spécialité : les Cantons-de-l’Est se spécialisent dans lesvignobles, les pomiculteurs seconcentrent dans la régiondes Laurentides, les acéricul-teurs se répartissent entre lesLaurentides et Chaudière-Ap-palaches et les fromageriesdominent la région du Sague-nay–Lac-Saint-Jean. Et ce sontles régions limitrophes deMontréal qui se réservent lapart belle du gâteau : 50 % desentreprises sont réparties au-tour de la métropole, soit laMontérégie, les Laurentides,Lanaudière et l’Estrie. Parmiles critères d’achalandage dessites agrotouristiques, une dis-tance de moins de troisheures de la ville est d’ailleursun seuil important.

Pour les producteurs,l’agrotourisme est devenu unallié de taille, permettant decontrer la concentration dela distribution alimentaire etde diversif ier les revenus.« Plus de 95 % des entreprisesagrotouristiques vendent leursproduits à la ferme ou sur lelieu de production », rappelle

Odette Chaput. Et, dans cer-tains cas, il s’agit d’un canalde distribution incontourna-ble. « De nombreux produc-teurs de vin et d ’alcool f insont limités au Québec, car ilsn’ont pas la possibilité de ren-trer dans le créneau de laSAQ », souligne-t-elle. D’au-tant plus que la plupar t desentreprises agrotouristiquessont de petite taille, avec unrevenu annuel médian de112 000 $.

Au rang des difficultés aveclesquelles les producteurs qué-bécois doivent composer, citonsnotamment la saisonnalité trèsmarquée et les périodes d’exploi-tation très courtes. Ainsi, un pro-ducteur de sirop d’érable ou depommes a tout intérêt à diversi-fier son of fre afin de pouvoiravoir un revenu toute l’année. Lemanque de main-d’œuvre qui endécoule fait également partiedes défis supplémentaires : enraison du roulement importantdu personnel saisonnier, il est dif-ficile d’avoir une main-d’œuvrequalifiée qui soit disponible entemps voulu.

Autre enjeu majeur : la dis-persion. Alors que cer tains

producteurs sont isolés etque les expériences sont dis-parates d’une région à l’autre,un défi majeur consiste à inté-grer l’agrotourisme à une of-fre plus globale pour gagneren visibilité. Pour cela, le motd’ordre est le réseau : on peutcombiner une dégustationavec la promotion d’une pistecyclable, une activité cultu-relle ou sportive, histoire deretenir le consommateurdans la région. D’ailleurs, unetrentaine de routes of frantdes haltes agrotouristiquessillonnent le Québec, rassem-blant 34 % des producteursagrotouristiques autour dethématiques données. On ci-tera, parmi les routes provin-ciales, la Route des vins duQuébec et la Route gour-mande des fromages fins duQuébec, et, parmi les routesrégionales, Pomme en fête etles Rendez-vous champêtresdans les Laurentides, le cir-cuit De la terre à la table auSaguenay–Lac-Saint-Jean, leCircuit du paysan et la Routedes cidres en Montérégie ouencore la Route des saveursde Charlevoix.

En revanche, l’Associationde l’agrotourisme et du tou-risme gourmand dénonce lemanque de cohésion du déve-loppement de l’agrotourismeau Québec, à cheval entredeux ministères : le ministèredu Tourisme et celui de l’Agri-culture, des Pêcheries et del’Alimentation du Québec (MA-PAQ). « Nous n’avons pas uneidentité gourmande forte et dis-tinctive pour attirer les touristesà l’échelle internationale. Pourrenforcer la compétitivité, ilfaut se doter d’une vision com-mune et d’un plan d’action cohé-rent», estime Odette Chaput.

CollaboratriceLe Devoir

AGROTOURISMEL E D E V O I R , L E S S A M E D I 2 0 E T D I M A N C H E 2 1 S E P T E M B R E 2 0 1 4 I 3

Remplir un sac de pommes fraîchement cueillies, poursuivreavec la visite d’une ferme, participer à la visite guidée d’unpressoir, enchaîner avec une dégustation, s’arrêter en route àune table champêtre : en somme, découvrir le Québec toutespapilles dehors figure désormais parmi les incontournablesdu tourisme au Québec. Pas étonnant donc que l’agrotou-risme, né il y a environ 35 ans, ait connu une véritable explo-sion au cours de la dernière décennie, passant de quelque500 entreprises en 1995 à près de 900 aujourd’hui.

Une industrie dynamique à la recherche d’une vision commune

900 entreprises.Des recettes estimées à 203 millions de dol-lars pour l’ensemble du secteur agrotouris-tique et touristique gourmand.6400 emplois.9 millions de visites par année.En moyenne, les producteurs agrotouris-tiques tirent des revenus de 112000$ deleurs activités agrotouristiques.50% des entreprises agrotouristiques sont ré-parties entre la Montérégie, les Laurentides,l’Estrie et Lanaudière.41% de l’ensemble des producteurs agrotou-ristiques déclarent un chiffre d’affaires an-nuel entre 25 000 $ et 74999$. La catégoriedu chiffre d’affaires annuel la plus souvent dé-

clarée : de 25000$ à 49999$. 63,7% des re-venus totaux de l’entreprise sont générés parles activités agrotouristiques.Le sirop d’érable et les pommes représentent50% des entreprises agrotouristiques.Les visites guidées et la vente de produits sontles activités le plus souvent proposées. Plusde 95% des entreprises agrotouristiques ven-dent sur place.Moins de 10% des producteurs agrotouris-tiques possèdent une production certifiée bio-logique et 80% de ces producteurs biolo-giques déclarent un revenu inférieur à75000$.En haute saison, les entreprises agrotouristiquesemploient en moyenne entre 1 et 4 employés.

L’agrotourisme au Québec

SOURCE VILLE DE ROUGEMONT

« Plus de 95 % des entreprises agrotouristiques vendent leurs produits à la ferme ou sur le lieu de production », rappelle Odette Chaput. Et, dans certains cas, il s’agit d’un canal de distributionincontournable.

Désormais, on marie l’escapadebucolique à la consommationresponsable, la découverte desterroirs au plaisir gastronomique

Page 4: AGROTOURISME - Le Devoir

J É R Ô M E D E L G A D O

Q uel voyageur aventureuxne s’est pas trouvé dans

cette situation ? Aussi cou-rante soit-elle, ou fût-elle,cette image du tourisme estcondamnée à disparaître. L’in-formation sera aussi mobile,et elle l’est déjà, que celui quise déplace. Elle ne se terreplus que dans de petits bâti-ments sur le bord de la route.

Il y a deux ans, une entre-prise québécoise, Mobeva,lançait Nestor, une applicationgratuite pour téléphones et ta-blettes. Nestor est à la fois unguide autant qu’un annuaire,qui répertorie cartes, listes decommerces et suggestionsd’activités.

Selon Nicolas Michaud, undes associés de la boîte mont-réalaise spécialisée dans le« tourisme mobile», Nestor est

n é d ’ u n e « f r u s t r a t i o n » .« Chaque fois qu’on voulaitfaire quelque chose, il fallaitconsulter dix sources différentes.C’était toujours dif ficile », dit-il.Le projet de Mobeva tient à cebesoin de tout rassembler, deslieux à visiter aux sites d’hé-bergement. Les entreprisesagrotouristiques ont été sespremières cibles, mais l’idéeest de permettre une « décou-ver te complète du Québec, ycompris le culturel et les sortiessportives », confie Nicolas Mi-chaud.

Il existe déjà quelques appli-cations régionales, notammentd’associations touristiques,comme Laurentides ou Qué-bec Villes et régions, qui of-frent des sec-tions agrotou-ristiques ; ouencore des ver-sions mobilesde cer tainssites nationauxcomme celuide Terroir etsaveurs.

C’est soncôté rassem-bleur et sansfrontières quifera la force deNestor, croitM. Michaud.La promotionrégionale, dic-tée par les divi-sions adminis-tratives, n’estpas la norme

dans l’application mise enplace en janvier 2013, après unprojet testé pendant six moisen Montérégie.

Pour le milieu de l’agrotou-risme, Nestor est un outil dedif fusion supplémentairedont on ne peut que se félici-ter. En Montérégie, le re-groupement Circuit du pay-san le voit comme un « com-plément » pour faire connaî-tre une région encore sous-estimée. « C’est un outil quin’appor te pas plus qu’un au-tre , dit Jacques Bouvier,agent de développement éco-nomique. Mais, oui, il y a desgens qui nous ont dit avoirtrouvé un producteur avecNestor. C’est encore marginal,mais je crois qu’il prendra del’importance. »

Les 133 établissements duCircuit du paysan ne sont pastous présents dans l’applica-

tion — on parle d’unesoixantaine seule-ment, dont cer tainsbénéficient d’une vi-déo promotionnelle.Jacques Bouvier au-rait voulu en offrir da-

vantage cet été, comme desrallyes, mais «on a manqué detemps», dit-il. En 2015, promet-il alors. Le site Internet du Cir-cuit du paysan offre une carteinteractive for t attrayante etsimple d’utilisation.

La suggestion de circuits, àTourisme Brome-Missisquoi,l’organisme qui pilote La routedes vins, on s’y connaît. Le siteWeb de l’office régional en pro-pose quelques itinéraires, meten vedette quelques vignobles.Ceux-ci sont reliés, dans la ver-sion pour appareils mobiles, àGoogle Maps. Mais c’est tout.Grâce à Nestor, les visiteurspeuvent créer leurs propres par-cours, on y trouve des trucs pra-tiques et une foule d’adresses

c o m p l é m e n -taires.

« Les applica-tions coûtent ex-trêmement cheret sont difficilesà mettre à jour,note RémiJ a c q u e s ,conseiller end é v e l o p p e -ment touris-tique basé àCowansvi l le .Depuis 2012,on compte troisnouveaux vi-gnobles, et d’au-tres sont atten-dus d’ici peu.C’est un milieuen constanteévolution, par-

fois ce sont des changements denom, des changements de pro-priétaire.»

« L’an dernier, poursuit-il,40 % des visites du site Web sesont faites à par tir d’une ta-blette ou d’un téléphone. C’esténorme et ça va en augmen-tant. On doit en tenir compte. »

Pour Cédric Fontaine, deTerroirs Québec, il est devenuimpossible de faire du com-merce et négliger la mobilitédes gens. En 2008 déjà, ce

consultant Web indépendantd’origine bretonne avait misen ligne un audioguide de laMontérégie où il dictait autantle chemin à suivre qu’il décri-vait le paysage à contempler.Des entrevues avec des pro-ducteurs locaux complétaientle topo.

Faute de temps et demoyens, l’expérience s’est ar-rêtée là. L’arrivée de Nestorpermet cependant aux pro-ducteurs que Terroirs Qué-

bec promeut, souvent desmini-entreprises, « d’être visi-bles dans les appareils mo-biles » . « Il sera possible decommander des produits. Onest en train de mettre en placel’application, qui sera prêtecet automne », confie-t-il.

La mobilité gagne de l’im-portance. L’industrie du tou-risme agroalimentaire en estconsciente. Danie Béliveau,de Tourisme Cantons-de-l’Est,croit à l’idée « qu’il faut rester

accessible tout le temps ». Uneactivité écourtée, une intem-périe imprévue, un caprice dedernière minute : les raisonssont nombreuses d’avoir be-soin de l’aide. « On n’arrêtepas de chercher [dans nos ap-pareils] », constate-t-elle. Nes-tor et ses semblables ne peu-vent que se multiplier.

CollaborateurLe Devoir

Vous roulez depuis un bon moment et le bureau d’informationtouristique semble toujours jouer à cache-cache. Auriez-vousloupé le point d’interrogation sur panneau bleu ? Dommage,car la carte de la région vous paraissait indispensable et lechoix de votre hôtel était encore à faire. L’issue de votre sé-jour dépendra désormais de votre flair.

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L’agrotourisme à l’heure de la mobilitéUne firme québécoise offre déjà une application

«L’an dernier, 40% des visites du site Web se sont faites à partird’une tablette ou d’un téléphone»

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