analyse de la réception de back to the future 2 (1989)

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1 Retour vers le Futur II En 1985, le film Retour vers le futur, récolte un succès monstre et un box-office mondial totalisant les 381 millions de dollars, soit 473 millions en dollars ajustés avec l’inflation, ce qui équivaut au prix de 10 000 De Lorean de 1981. À sa sortie en VHS, Bob Gale et Robert Zemeckis, les créateurs du film, décident de rajouter la mention « to be continued… » à la fin de leur montage, en blague. Le public, pas encore vraiment habitué aux fins en suspens, bombarde le studio de lettres pour savoir ce qui arrive avec les protagonistes. Même Michael J. Fox, en voyant la fin, appelle son agent pour savoir ce qu’il en est et pourquoi on ne l’a pas rappelé pour la suite. De cette petite phrase nait Back to the Future part II (1989), une nouvelle aventure rocambolesque remplie de gags. Le film débute où son prédécesseur termine; Marty doit aller en 2015 avec Doc Brown pour sauver sa future famille. Dans le futur, Biff dérobe la Delorean en cachette et retourne en 1955 pour se donner un almanach sportif relatant des résultats de

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Retour vers le Futur II En 1985, le film Retour vers le futur, récolte un succès monstre et un boxoffice mondial totalisant les 381 millions de dollars, soit 473 millions en dollars ajustés avec l’inflation, ce qui équivaut au prix de 10 000 De Lorean de 1981. À sa sortie en VHS, Bob Gale et Robert Zemeckis, les créateurs du film, décident de rajouter la mention « to be continued… » à la fin de leur montage, en blague. Le public, pas encore vraiment habitué aux fins en suspens, bombarde le studio

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Page 1: Analyse de la réception de Back to the Future 2 (1989)

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Retour vers le Futur IIEn 1985, le film Retour vers le futur, récolte un succès monstre

et un box-office mondial totalisant les 381 millions de dollars, soit 473

millions en dollars ajustés avec l’inflation, ce qui équivaut au prix de

10 000 De Lorean de 1981. À sa sortie en VHS, Bob Gale et Robert

Zemeckis, les créateurs du film, décident de rajouter la mention « to

be continued… » à la fin de leur montage, en blague. Le public, pas

encore vraiment habitué aux fins en suspens, bombarde le studio de

lettres pour savoir ce qui arrive avec les protagonistes. Même Michael

J. Fox, en voyant la fin, appelle son agent pour savoir ce qu’il en est et

pourquoi on ne l’a pas rappelé pour la suite.

De cette petite phrase nait Back to the Future part II (1989),

une nouvelle aventure rocambolesque remplie de gags. Le film débute

où son prédécesseur termine; Marty doit aller en 2015 avec Doc

Brown pour sauver sa future famille. Dans le futur, Biff dérobe la

Delorean en cachette et retourne en 1955 pour se donner un

almanach sportif relatant des résultats de séries sportives entre 1950

et 2000. En revenant en 1985, Doc et Marty découvrent un nouveau

Hill Valley où Biff contrôle tout. Les deux amis doivent retourner en

1955 pour empêcher Biff de se donner le livre. La suite de ce texte

analysera la production et la réception du long métrage. Le tout

commencera par une biographie des créateurs, suivi d’une histoire de

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l’œuvre. Ensuite, la réception du film sera analysée puis une

interprétation sera suggérée.

De Chicago à Hollywood.Biographie de Robert Zemeckis

Robert Zemeckis nait d’un père lituanien et d’une mère italienne

le 14 mai 1952, à Chicago dans l’Illinois. À la fin de l’adolescence, il

développe un grand intérêt pour le cinéma. En finissant le secondaire,

il veut absolument aller étudier à la University of Southern California,

mais ses notes ne lui permettent pas d’être admis. Il passe donc deux

années à la Northern Illinois University avant d’y entrer; le film qu’il

soumet lui ouvre les portes de l’Université tant convoitée. Il partage

les bancs avec George Lucas et son éternel collaborateur : Bob Gale.

Dans le cadre d’un cours, Steven Spielberg vient enseigner à

Zemeckis. À la fin de celui-ci, il reste afin de regarder un film de

l’étudiant Zemeckis. Spielberg adore. De là nait une amitié qui dure

toujours.

En 1977, c’est grâce à cette amitié que Zemeckis réalise son

premier film, I Wanna Hold Your Hand que Spielberg finance

entièrement. Bob Gale est toujours de la partie; il coproduit et écrit le

script. En 1981, la coopération Spielberg/Zemeckis revient à la charge

avec Romancing the Stone (1984), le premier succès commercial de

Robert. Cette fois-ci, c’est Michael Douglas qui l’avait approché pour

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réaliser un script qui lui tenait à cœur. Déjà, on observe dans ses films

un goût prononcé pour les effets spéciaux; selon Zemeckis, il est

mieux de sauver des vies avec la magie des ordinateurs que de mettre

celle d’un cascadeur en péril.

Juste après cette réussite qui lance sa carrière pour de bon,

Zemeckis entame l’écriture d’un film qu’il mijotait depuis longtemps

avec Bob Gale : Back to the Future (1985). Les voyages dans le temps

l’avaient toujours obsédé. Suite à l’excellente réception du film,

Universal Pictures décide d’en faire une trilogie, avec ou sans

Zemeckis. Même avec quelque réticence, il décide de réaliser les

suites pour en contrôler le contenu. Pour la première fois à

Hollywood, deux suites seront tournées « bac à bac ». Entre temps, il

réalise Who Framed Roger Rabbit (1988), une renaissance du

mélange de dessins animés et de prises de vues réelles, un autre

classique en devenir. Un goût prononcé de Zemeckis pour le

« cartoonesque » se dégage de ces œuvres. Plus tard il en reparle: 

 pour les personnages, vous devez choisir ceux que vous

allez mettre en avant, auxquels vous allez consacrer le plus de

temps. Les autres doivent être dessinés en quelques traits pour

que l’histoire suive son cours. […] Dans une comédie, cela vous

conduit à leur conférer un caractère de personnage de

« cartoon. »1 

1 (Dixit Robert Zemeckis) GAREL, Alain, Gilles Gressard, Olivier Le Guay, « Robert Zemeckis » dans la Revue

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Une décennie plus tard, il dirige un film qui bouleverse le monde

entier, c’est-à-dire Forest Gump (1994). Ce classique lui a acquis une

grande notoriété à Hollywood et, du coup, un Oscar du meilleur

réalisateur. C’est dans ce film qu’il rencontre Tom Hanks, pour qui il a

beaucoup d’admiration. Zemeckis le choisit plus tard parce qu’il aime

travailler avec cet acteur qui ne lui cause jamais de problèmes.

D’ailleurs le réalisateur choisit méticuleusement son équipe : « C’est

très difficile de faire un film, aussi quand on le fait avec quelqu’un que

l’on apprécie ça supprime bien des problèmes et des difficultés. »2 Les

années 90 marquent aussi le début du Chicagoen dans la production.

En 2000, il réalise Cast Away, l’aventure d’un patron de Fedex.

Ensuite, l’homme renoue avec ses amours du dessin animé avec Polar

Express (2004) puis revient à la charge avec A Christmas Carol

(2009). Ces productions sont caractérisées par le réalisme des

personnages et la capture de mouvement. De plus, l’animation oblige,

il situe ses personnages dans des environnements dignes de rêves.

Dans la même année, Disney, par le biais de sa société de

production, Image Movers Digital, achète les droits de Yellow

Submarine (1968) afin de produire un remake que Zemeckis devrait

réaliser. On peut dire que son amour des Beatles a remporté sur sa

peur des remakes. La production est toujours sur la glace parce que

du cinéma (paris), novembre 1985, numéro 410, pp.60-68.2 (Dixit Robert Zemeckis) GAREL, Alain, Gilles Gressard, Olivier Le Guay, op. cit., pp.60-68.

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Disney éprouve de la difficulté à acheter les droits de certaines

chansons des Beatles. On connait bien les déboires que certains ont

pu avoir avec la veuve de John Lennon, Yoko Ono. La sortie du dernier

film de Robert Zemeckis, Flight, est prévue pour novembre 2012. Au

Québec, ce film est très attendu, non pas par les admirateurs de

Zemeckis, mais les avocats de Ian Lauzon, le scénariste de Piché :

entre ciel et terre (2010). En effet, le synopsis de Flight ressemble

énormément aux grandes lignes du film de Sylvain Archambault.

Paramount n’aurait pas acheté des droits d’adaptation à Ian Lauzon.

Toutefois, le film n’étant pas encore révélé au grand public, aucune

poursuite ne peut être lancée.

« [Je] n’écri[s] pas avec un stylo, mais avec la pellicule. »

-Robert Zemeckis3

Zemeckis, l’étudiant.Influences

Robert Zemeckis a étudié en cinéma contrairement à plusieurs

autres réalisateurs. Comme beaucoup d’étudiants en cinéma, il a

visionné Hitchcock puis Kubrick; les grands réalisateurs américains.

Ces derniers ont d’ailleurs influencé sa manière de réaliser un film et

3 TIRARD, Laurent, « Robert Zemeckis : la leçon de cinéma » dans Studio, No 164 (février 2001), p.109-111.

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Zemeckis leur rend hommage dans plusieurs plans à travers sa

filmographie. Le petit Zemeckis regardait beaucoup de western,

particulièrement ceux mettant en vedette Clint Estwood. De ce fait, il

fait des clins d’œil à ces films dans le dernier film de la trilogie Retour

vers le Futur qu’il transforme en western spaghetti.

Il porte une affection particulière pour les films de Coppola,

Capra et les dents de la mer (1975) de Steven Spielberg. Les films de

propagande de Leine Riefenstahl l’ont également marqué, ce que peu

de réalisateurs sont capables d’avouer. Lorsque Zemeckis réalise un

film, il travaille toujours de concert avec les scénaristes afin de guider

les tenants et aboutissants du scénario. En tant que producteur, il ne

choisit que les films qu’il aime ou qui l’accroche.

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Pouvoir.Importance de Robert Zemeckis dans le cinéma

Nul ne peut nier l’importance que Robert Zemeckis a eue dans

le cinéma, pourtant il est beaucoup moins connu que ses films. En

effet, les informations sur Zemeckis sont très précieuses. Seulement

un livre a été écrit sur lui en particulier contrairement à d’autres

réalisateurs contemporains ayant connu un peu moins de succès

relatif comme Tim Burton, qu’on biographe souvent. De plus, son livre

ne fait pas partie des dépôts légaux de la grande bibliothèque du

Québec. Peu de gens peuvent dire qui a réalisé Back to the Future,

mais ils connaissent très bien le film. Malheureusement, on attribue

souvent sa populaire trilogie de voyage dans le temps à son

producteur : Steven Spielberg.

Retour vers le futur est d’ailleurs une œuvre très citée dans

plusieurs médias. À la télévision on peut penser notamment aux

Simpson qui font référence aux films souvent, ainsi que Family Guy

dans un épisode où Stewie crée un paradoxe temporel et il trouve tout

son quartier changé. Futurama fait aussi référence à Back to The

Future lorsque Fry retourne dans le passé et rencontre ses grands-

parents. La DeLorean et le « Hooverboard » sont deux objets qui ont

fait maintes apparitions au cinéma et à la télévision par la suite. En

créant la suite de Back to the Future, Zemeckis a fait naitre un intérêt

cinématographique pour les voyages dans le temps et les paradoxes

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qu’il peut causer. Dans Harry Potter and the Prisoner of Azkaban

(2004), Alfonso Cuaròn rend hommage aux techniques narratives

utilisées par Robert Zemeckis, le maître des paradoxes, dans le cadre

des voyages temporels d’Harry et Hermione. Dans les deux

documents, on peut observer une récurrence des événements et le

recours à des instances de narration hétérodiégétique. Le film Forest

Gump (1994) a marqué le monde entier et l’Académie des Oscars. Il

occupe d’ailleurs la 76e position dans la liste des 100 meilleurs films

de l’American Film Institute. Une citation du film : « Cours Forest,

cours! » a marqué l’imaginaire d’une génération. Elle a inspiré le titre

du film Cours, Lola, cours (1998) de l’Allemand Tom Tykwer.

Who framed Roger Rabbit (1988) a aussi changé le cours du

cinéma en réintégrant les dessins animés aux prises de vues réelles

d’une manière plus réaliste. Il est le premier film combinant ces deux

techniques à gagner un Oscar depuis Mary Poppins(1964). Après ce

long métrage, d’autres films eurent recours aux mêmes techniques

comme Space Jam (1996), mettant en vedette les Looney Toons. Avec

Boréal Express, Robert Zemeckis a fait un énorme de promotion pour

une technique qui faisait son apparition à Hollywood; la capture de

mouvements. À l’instar de Georges Méliès, il veut toujours aller plus

loin que les autres et c’est ce qui fait le succès de ses films. La société

des effets visuels américaine lui a par ailleurs donné un prix hommage

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pour l’ensemble de sa carrière en 2005. Depuis 2004, son étoile

éclaire le célèbre Walk of Fame à Hollywood.

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Monsieur Mystère.Bob Gale

Si l’entrée « Robert Zemeckis biography » ne donne pas

beaucoup de résultats pertinents sur les moteurs de recherche, celle

de « Bob Gale » est encore pire. Semble-t-il qu’il n’est pas le seul de

ce nom. Même une grande base de données sur le cinéma comme

celle de la médiathèque de la Cinémathèque québécoise ne contient

que deux entrées à son sujet. Pourtant ses scénarios sont très précis

et bien construits, mais comme dirait la préposée de la

cinémathèque : « Ah! … c’est un scénariste… »

Tout de même, on sait qu’il est né à University City dans le

Missouri. À l’Université, il choisit l’ingénierie, mais après un an, il se

voit comme auteur de scénarios, c’est à ce moment qu’il déménage en

Californie et rencontre Zemeckis. Après les succès des films qu’il fait

avec son ami, il écrit toujours, mais pour la télé. On dit qu’il écrit

maintenant les scénarios de la bande dessinée Daredevil pour Marvel

Comics.

Une blague qui tourne mal.Genèse de l’œuvre

« Le plus grand problème pour les réalisateurs d’Hollywood

demeure dans le succès de leur film. S’ils n’en ont pas, ils ne

travaillent pas »4 dit le réalisateur, on peut dire que les problèmes

4 (Dixit Robert Zemckis) GAREL, Alain, Gilles Gressard, Olivier Le Guay, op. cit., pp.60-68.

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sont étrangers à ses films. Zemeckis est dans la production de Roger

Rabbit, les studios lui annoncent qu’il y aura une suite à son film. Il

décide qu’il sera de la partie avec son ami Bob; ils avaient eu tant de

plaisir à faire le premier. Les deux collaborateurs avaient eu tant

d’idée pour le premier film qu’ils savaient qu’en produire deux autres

serait assez facile.

Pour le deuxième, un nouveau défi se présente à eux : le futur.

Rendez-vous dans les salles de projection où le duo regarde des films

futuristes comme 2001 : A Space Odissey (1968) et d’autres œuvres

où le voyage dans le temps est de mise. « Watching these films helps

to show us where we might go astray »5 déclare Zemeckis. Après ces

visionnements, Bob Gale résout : « Many science-fiction stories take

the point that the future’s a depressing place, but I’d like to think it’s

going to be a mixture of good and bad, much like today. »6 L’écriture

du scénario débute et, comme pour le premier, les deux coscénaristes

décident d’axer l’histoire sur le protagoniste, sur le même modèle

qu’Alice in Wonderland de Lewis Caroll : « En littérature comme au

cinéma, les meilleurs récits de voyage temporel s’appuient toujours

sur les personnages et non sur l’histoire »7 pense Zemeckis. En même

temps, les Bobs écrivent le scénario de la deuxième suite, un Western.

5 (Dixit Robert Zemckis) PRESS DEPARTMENT, « « Back to the future II » : Robert Zemeckis » dans Universal News (Universal City), 1989.6 (Dixit Bob Gale) PRESS DEPARTMENT, « « Back to the future II » : Bob Gale/Neil Canton » dans Universal News (Universal City), 1989.7 (Dixit Robert Zemckis) GAREL, Alain, Gilles Gressard, Olivier Le Guay, op. cit., pp.60-68.

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Ensuite, on accorde 40 millions de budget au deuxième volet de

la trilogie et le même montant pour le troisième. Les deux films sont

tournés comme s’ils n’étaient qu’un seul simplement pour réutiliser

les décors et parce que les acteurs étaient tous disponibles pour les

deux. Le public remarque tout de même que le père et l'amoureuse de

Marty ont changé de visage pour les suites. Pour ne pas trop

décontenancer les spectateurs les studios décident de mettre un

masque du visage de Crispin Glover, sur Jeffrey Weissman, le nouvel

acteur jouant George MacFly. Glover qui s’était fait refuser le rôle

dans les suites parce qu’il demandait un trop gros cachet est furieux.

Il poursuit Universal et gagne.

Zemeckis est très collaboratif et accepte les commentaires des

acteurs et de l’équipe, mais se méfie de ceux du directeur photo; il

accorde plus d’importance à l’histoire. « J’ai été déprimé par ce qui se

passe aux États-Unis où l'on accorde de moins en moins d’attention à

l’histoire. »8 Dans la même optique que Capra, son idole, la trilogie

Back to the Future est remplie de rebondissement et beaucoup

d’importance est accordée au dialogue. Puis, comme dans le film It

Happened One Night (1934), l’histoire repose sur un voyage, le

personnage principal se remet en question et l’intrigue principale est

très marquée. « Le cinéma de Capra est la combinaison de trois

éléments que j’aime le plus dans un film. Les personnages : ce sont les

8 (Dixit Robert Zemckis) GAREL, Alain, Gilles Gressard, Olivier Le Guay, op. cit., pp.60-68.

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plus importants, tout est centré sur eux; l’histoire : elle est toujours

très imbriquée et contient une pléthore d’informations; la rigueur : il

n’y a rien qui ne soit [pas] nécessaire au récit ou au personnage. »9

Il décide de donner le rôle des enfants de Marty à Fox, ce qu’il

trouve assez amusant. À cause de toutes les représentations

temporelles des protagonistes, les acteurs passent plusieurs heures

au maquillage. Zemeckis s’amuse et sème les gags par-ci et par-là : «

La plupart des films durs le sujet (les voyages dans le temps) sont très

sérieux, traitent de questions sérieuses, alors que l’idée même du

voyage dans le temps est ridicule. » Le film prend l’affiche le 2o

novembre, à Los Angeles, Californie, É.-U.

Consommation du futur.Réception de l’œuvre

Dès le premier weekend, le film récolte 27 835 135 $ de

recettes soit près de deux fois plus que son prédécesseur, ce qui est

compréhensible parce que les gens avaient de hautes attentes après

la vue du premier. Étant donné qu’il fait suite à Back to the Future,

les journalistes n’y accourent pas. En effet, le Citizen d’Ottawa et le

Toronto Star diffusent le même article trois jours avant la sortie du

film ne faisant que résumer les documents de presse envoyés par

9 GAREL, Alain, Gilles Gressard, Olivier Le Guay, Ibid., pp.60-68.

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Universal. D’ailleurs la plupart des journaux canadiens n’offraient

qu’un résumé eux aussi, donc les critiques sont assez minces.

Tout de même, au Québec le film n’est pas très bien reçu par les

critiques qui l’ont vu. Au jeune journal Voir, Georges Privet reproche,

comme plusieurs autres critiques d’ailleurs, l’utilisation abusive des

placements de produit dans le futur et qualifie le film d’un

« « innocent » divertissement pour toute la famille. »10 Il ajoute que le

film est très manichéen et n’est monté que pour satisfaire une grande

masse.

Christiane Laforge du Quotidien de Chicoutimi a trouvé le film

« quelques fois amusant »11. Le scénario lui déplait complètement et

elle déplore le manque de conclusion. Peut-être n’était-elle pas

habituée à ce que nous appelons le « cliffhanger » dans le jargon

cinématographique, parce que si on considère que la quête de Marty

est de récupérer le fameux almanach ou de revenir à la bonne version

de 1985, il la termine bel et bien et on a même rajouté un épilogue

pour évoquer la suite. Le « cliffhanger » est utilisé pour augmenter les

attentes des spectateurs pour la suite, cette technique est plus utilisée

à la fin des émissions télévisuelles. Peut-être n’était-elle pas habituée

aux mauvaises fins.

10 PRIVET, Georges, « Back to the Future II : Passé simple » dans Voir (Montréal), 30 novembre 1989.11 LAFORGE, Christiane, « « Retour vers le futur II » Scénario peu consistant et sans vrai dénouement » dans Le Quotidien (Chicoutimi), 6 janvier 1990.

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De ce fait, certains critiques accusent les deux Bobs de n’avoir

fait ce film que pour promouvoir le troisième volet. Le titre de la

chronique de John Griffin est éloquent : « Back to the Future : Part II

a hi-tech tease ». Il n’apprécie pas trop « the déjà vu-doo plot »12. Il a

quand même aimé voir le futur coloré. Chez Maclean’s, on réserve

une meilleure critique à l’œuvre et l'on salue les innovations

technologiques commises par Zemeckis. On apprend dans l’article

« Using a computerized camera Vista Glide, shots featuring the

differrent characters [joués par le même acteur] were seamlessly

combined, without using the old split-screen technique. »13

En France et dans le reste de l’Europe, on attend ce film avec

impatience. Ainsi, contrairement à Retour vers le futur, le film a

récolté plus au box-office international, 213 500 000 $, que

domestique, 118 450 000 $. Le total, 331 950 000 $, est moins que

son prédécesseur, mais les recettes sont quand même appréciables.

Cela dit, dans son pays d’origine, Back to the Future part II, obtient

des commentaires négatifs aussi. Au Chicago Sun-Times, on trouve

que le document « lacks the genuine power of the original »14 et qu’il

est très dur à suivre. On concède toutefois que l’intrigue est

entrainante et amusante. Dans la capitale nationale, Rita Kempley

12 GRIFFIN, John, « Back to the Future : Part II a hi-tech tease » dans The Gazette (Montréal), 22 novembre 1989.13 JOHNSON, Brian D., « 21st-century Fox : Hollywood’s time-travelling hero returns» dans Maclean’s (Toronto), 4 décembre 198914 EBERT, Roger, « Back To The Future Part II » dans Chicago Sun-Times (Chicago), 22 novembre 1989.

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détruit totalement le film en le traitant de « crass, calculating feature-

lenght billboard. »15 Selon elle, le film est de piètre qualité puisqu’il

est réalisé pour plaire aux masses. Elle trouve aussi l’intrigue trop

compliquée et décevante. Bref, on ne peut pas dire que Back to the

Future II est un succès critique. Le site internet Rotten Tomatoes

signale que 64 % des critiques ont aimé le film basé sur 42 critiques,

d’un autre côté, 80 % du public l’a aimé, basé sur 674 994 avis16.

À la cérémonie des Oscars de 1989, l’œuvre aspire au prix des

meilleurs effets spéciaux, mais c’est finalement Abyss (1989) qui rafle

le prix. Le film se rattrape tout de même à l’Académie des films de

science-fiction, fantastique et horreur, où il gagne le prix Saturne des

meilleurs effets spéciaux et le même prix au BAFTA. Le magasine

Empire le place 498e dans son palmarès des 500 meilleurs films,

devant Saw (2004). Aujourd’hui, la trilogie Back To the Future est

vendue tout ensemble comme si elle ne représentait qu’un film en

trois volets. Si on regarde les œuvres comme un tout, le travail est

plus appréciable.

Je, Marty.Interprétations de l’œuvre.

15 KEMPLEY, Rita, « Back to the future II » dans The Washington Post (Washington), 22 novembre 1989.16 Rotten Tomatoes, Back to the Future Part II (1989), http://www.rottentomatoes.com/m/back_to_the_future_2/

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Évidemment, le thème le plus frappant quand on regarde Back

to the Future II est les paradoxes temporels. D’ailleurs, le titre de

travail du film était Paradox. En effet, Marty et Doc retouchent 5 fois

la ligne du temps et ce phénomène a perturbé l’audience des années

80. Tous ces changements rendaient l’histoire compliquée pour eux.

D’un autre côté, ce sont les paradoxes qui ont attiré les spectateurs

au cinéma. En voyant la deuxième version de 1985 où Biff est roi, on

voit bien pourquoi Doc veut détruire sa machine. Les interventions

temporelles des deux amis n’amènent pas toujours au meilleur des

mondes.

Si on observe bien les différents voyages, on se rend compte

qu’un d’eux est impossible. Lorsque le vieux Biff de 2015 retourne en

1955, il aurait dû revenir dans un 2015 alterné, sauf que 2015 ne

change pas du tout. Les deux bobs expliquent par après que Biff serait

mort en 2015 et c’est pour cette raison qu’il ne se sent pas bien en

sortant de la Delorean; la scène de la mort de Biff a été supprimée.

Joseph Young a analysé la ligne du temps du film et a décelé 5 autres

anomalies temporelles qui conduisent toutes à des boucles

temporelles où le film au complet ne fonctionnerait pas. « To avoid the

awkwardness of these alternatives, we must adopt the theory of

sideways time »17, ce qui contredit la théorie que Doc expose à Marty

17 YOUNG, Joseph. Temporal anomalies in time travel movies unravels problems in time. http://www.mjyoung.net/time/index.htm

Page 18: Analyse de la réception de Back to the Future 2 (1989)

18

à la bibliothèque dans laquelle le temps n’est qu’une ligne qu’on peut

alterner.

Le futur et le deuxième 1985 sont de belles occasions pour faire

un hommage à la société de consommation. Zemeckis ne pouvait pas

faire abstraction de la publicité très présente dans le monde réel. Son

futur ne se serait trouvé que moins réaliste s’il n’en avait pas eu. Dans

trois ans, nous serons en 2015 et nous sommes toujours bombardés de

partout par de la publicité. Quant aux produits exposés, les

compagnies se sont données comme défi de les dévoiler en 2015,

même le Hoverboard. Mattel prévoit sortir la planche volante comme

dans le film. Malheureusement elle ne supportera pas le poids d’un

humain. Le 2e 1985 montre les perversions du capitalisme et les

dangers des monopoles. On pourrait aussi dire que 2015 représente

les bons côtés du capitalisme et 1985, les mauvais.

À plus large échelle, dans toute la trilogie, on comprend le

développement personnel de Doc et Marty à la Alice in Wonderland,

mentionné plus tôt. Chez Marty l’exemple le plus frappant est quand

quelqu’un l’appelle « chicken ». À chaque fois, qu’un personnage lui

dit « chicken » il est fâché et fait une action qui le compromet,

résultat : en 2015, il est déchu. Sa mère le mentionne par ailleurs

lorsqu’elle le visite. Elle explique aussi le grand accident d’auto de

Marty qui anéantit son futur. Dans le troisième volet, il apprend à se

Page 19: Analyse de la réception de Back to the Future 2 (1989)

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calmer lorsque quelqu’un l’appelle « chicken », ce qui lui fait rater

son accident. Son voyage en 1955 lui permet aussi d’améliorer sa

relation avec ses parents et embellit sa vision de l’avenir. Doc, de son

côté, découvre l’amour en 1885 dans le far West et améliore ses

connaissances grâce au futur. Si on considérait l’attraction

d’Universal comme une partie du film, on pourrait même dire qu’il est

devenu l’homme le plus intelligent de la planète. D’un autre côté, il a

aussi appris à ses dépens qu’il ne fallait pas changer le passé. Dans le

premier film, le développement personnel est aussi visible chez les

parents de Marty.

Finalement.Conclusion

En terminant, nous aurons vu que le film n’était pas planifié au

départ. Il a été produit en même temps que le numéro III. Les deux

Bob se sont inspirés de plusieurs autres films pour créer le futur.

Dans son film, ils montrent des références à des films qu’ils aiment.

Les effets spéciaux constituent un élément phare dans la production.

Cette dernière a été quand même mal accueillie par la presse, mais

avec les autres œuvres de la trilogie, elles constituent un morceau

colossal de la culture populaire. Certaines erreurs sont perceptibles,

mais on peut les expliquer par la suppression de certaines scènes. Par

contre, pour les trouver, plusieurs visionnements sont nécessaires.

Après une lecture de l’étude de Young, le scénario semble moins bien

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réfléchi qu’auparavant. D’un autre côté, les créateurs ont

judicieusement choisi d’axer l’histoire autour de Marty. Ses aventures

sont passionnantes, mais Zemeckis a confirmé qu’il n’y aurait jamais

de 4e volet à la saga temporelle. Toutefois, Retour vers le futur

pourrait être adapté sur les planches de Broadway.

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Médiagraphie

Internet

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Journaux et revues

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GRIFFIN, John, « Back to the Future : Part II a hi-tech tease » dans The Gazette (Montréal), 22 novembre 1989.

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TIRARD, Laurent, « Robert Zemeckis : la leçon de cinéma » dans Studio, No 164 (février 2001), p.109-111.

Livres

MULLER, Jurgen (dir. pub.). Les meilleurs films des années 90. Koln : Taschen, 2005, 352 p.

RAPP, Bernard et Jean-Claude Lamy. Dictionnaire des films, Paris, Larousse, 2002.

ROTH, Jean-Marie. L’écriture de scénario édition revue et augmentée. Paris : Chiron éditeur, 2009, 366 p.

SEIGER, Linda. Faire d’un bon scénario un scénario formidable. Paris : Dixit, 1997, 255 p.

VAN SIJLL, Jennifer. Les techniques narratives du cinéma. Paris : Eyrolles, 2006, 251 p.

Films mentionés

2001 : A Space Odissey. Réalisation : Stanley Kubrick, Metro-Goldwyn-Mayer, États-Unis, 1968, 141 min.

Back to the Future. Réalisation : Robert Zemeckis, Universal Pictures, États-Unis, 1985, 116 min.

Back to the Future Part II. Réalisation : Robert Zemeckis, Universal Pictures, États-Unis, 1989, 108 min.

Back to the Future Part III. Réalisation : Robert Zemeckis, Universal Pictures, États-Unis, 1985, 118 min.

Cast Away. Réalisation : Robert Zemeckis, Twentieth Century Fox Film Corporation, États-Unis, 2000, 143 min.

A Christmas Carol. Réalisation : Robert Zemeckis, Walt Disney Pictures, États-Unis, 2009, 96 min.

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Flight. Réalisation : Robert Zemeckis, Paramount Pictures, États-Unis, 2o12. [Durée indisponible]

Forest Gump. Réalisation : Robert Zemeckis, Paramount Pictures, Los Angeles, 1994, 142 min.

Harry Potter and the Prisoner of Azkaban. Réalisation : Alfonso Cuarón, Warner Bros., Royaume-Uni, 2004, 141 min.

It Happened One Night. Réalisation : Frank Capra, Columbia Pictures Corporation, États-Unis, 1934, 105 min.

I Wanna Hold Your Hand. Réalisation : Robert Zemeckis, Universal Pictures, États-Unis, 1978, 104 min.

Jaws. Réalisation : Steven Spielberg, Universal Pictures, États-Unis, 1975, 124 min.

Lola rennt. Réalisation : Tom Tykwer, X-Filme Creative Pool, Allemagne, 1998, 81 min.

Mary Poppins. Réalisation : Robert Stevenson, Walt Disney Productions, États-Unis, 1964, 139 min.

Piché: entre ciel et terre. Réalisation : Sylvain Archambault, TVA Films, Québec, 2010, 107 min.

The Polar Express. Réalisation : Robert Zemeckis, Castle Rock Entertainment, États-Unis, 2004, 100 min.

Romancing the Stone. Réalisation : Robert Zemeckis, Twentieth Century Fox Film Corporation, États-Unis, 1984, 106 min.

Saw. Réalisation : James Wan, Evolution Entertainment, États-Unis, 2004, 103 min.

Space Jam. Réalisation : Joe Pytka, Warner Bros. Pictures, États-Unis, 1996, 88 min.

Who Framed Roger Rabbit. Réalisation : Robert Zemeckis, Touchstone Pictures, New York, 1988, 104 min.

Yellow Submarine. Réalisation : George Dunning, Apple Corps, Royaume-Uni, 1968, 90 min.

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