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- 59 - ANNEXE 3 Salaires

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ANNEXE 3Salaires

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La réforme du droit du travail

Présentation de la Banque mondialeLes politiques de salaires en Afrique francophone

Martín Rama1

Département Recherche

I. Deux constats :

� Les travailleurs sont très peu nombreux

Pourcentage de la force de travailPays Salariés du secteur privé Salariés du secteur publicBurkina Faso 0,9 0,8Côte d�Ivoire 2,8 2,5Mali 1,4Niger 0,4 1,1Rép. Centraficaine 0,9Sénégal 3,4 2,8Togo 1,6 2,4

� Les travailleurs salariés sont relativement bien payés

II. Raisons qui peuvent expliquer des salairesélevés :

� Salaire minimum (SMIG)� Coûts non salariaux (congés, etc.)� Négociations collectives� Embauche et licenciement� Salaires dans le secteur public� Concurrence ou monopole

1. Salaire minimum

� À un niveau faible, le salaire minimum ne nuit pas à l�emploi� À un niveau élevé, il réduit l�emploi, surtout dans les petites entreprises� En Afrique francophone, le salaire minimum est plus élevé

qu�ailleurs� Mais il n�est pas entièrement responsable du niveau des salaires

2 Nous n�avons pas de texte pour cette présentation. Vous pouvez demander à M. Rama de vous fournir laversion informatisée des transparents de sa présentation. Pour plus de détails  : Rama (1996) « WageMisalignment in CFA Countries: Are labor market policies to blame? »

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Annexe 3 : Salaires

2. Coûts non salariaux

� Des avantages appréciés sont « payés » sous forme de moindressalaires

� Des avantages non appréciés sont l�équivalent d�un impôt surl�emploi

� En Afrique francophone, certains avantages sont un impôt surl�emploi

� Mais ils ne sont pas plus élevés que dans d�autres pays endéveloppement

3. Les négociations collectives

� Il existe des négociations par entreprise, par secteur, ou pourl�ensemble du pays

� Les salaires sont plus modérés lorsque les négociations se font parentreprise

� En Afrique francophone, les négociations se font par secteur� Mais la distinction entre entreprises et secteurs est floue� Et il n�est pas clair que les syndicats obtiennent des salaire plus

élevés

Salaires et syndicatsa

Pays Salariés non syndiqués Salariés syndiquésCameroun 100 89 à 92Sénégal 100 88

aLes chiffres correspondent à des travailleurs ayant les mêmes caractéristiques (âge,éducation, années d�expérience, etc.)

4. Embauche et licenciement

� Les entraves à l�embauche sont fréquentes en Afrique francophone� Les entraves au licenciement (surtout économiques) sont encore plus

graves� Le besoin d�autorisation préalable fait du licenciement une décision

politique� Les dommages et intérêts rendent le coût du licenciement

imprévisible

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La réforme du droit du travail

5. Salaires dans le secteur public

� Les salariés du public sont en général mieux payés que ceux du privé1

Pays Travailleurs non salariés Salariés privés Salariés publicsBurkina Faso 64 100 121Cameroun 59 à 74 100 111 à 138Côte d�Ivoire 33 à 71 100 72 à 83Mali 91 100 135Sénégal 91 100 119

1 Les chiffres correspondent à des travailleurs ayant les mêmes caractéristiques (âge,

éducation, années d�expérience, etc.)

� Les salaires du privé suivent davantage que ceux du public l�inflation ou le SMIG

6. Concurrence ou monopole

� Possibilité d�un lien entre les salaires et le manque de concurrence dansles marchés des biens sans aucune évidence fiable.

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Annexe 3 : Salaires

Présentation du BéninM. R. Benjamin Kpenou

Secrétaire général Organisation nationale des Employeurs du Bénin

Parler des salaires en une dizaine de minutes relèverait d�un exploit si ce thème,très vaste en soi, n�était circonscrit par un canevas bien précis.

En effet, le salaire, au regard de la législation du travail, est le ciment qui lie letravailleur à l�employeur. Et c�est à partir du paiement du salaire que naissent lesobligations et les droits tant du travailleur que de l�employeur.

Comme vous le savez, dès lors qu�une personne s�est engagée à mettre son activitéprofessionnelle, moyennant rémunération, sous la direction et l�autorité d�une au-tre personne, physique ou morale, publique ou privée, il s�établit automatiquementun lien de subordination dont la résultante est la rémunération, donc le salaire.

Après ce préliminaire, je voudrais vous inviter à faire avec moi un survol desprincipaux chapitres qu�il nous a été demandé de développer.

Point 1

La protection des salaires  : paiement régulier du salaire, modes de paiement,protection de la créance salariale.

Globalement, l�étude, l�analyse et le règlement de toutes les questions sont prévuspar les articles 86, 87, 89, 90 et 91 de notre Code du travail, dont je vous cite les contenus :

1. Paiement régulier du salaire

L�article 87 précise :« À l�exception des professions pour lesquelles des usages établis prévoientune périodicité de paiement différente, et qui seront déterminées par décretpris après avis du Conseil national du Travail, le salaire doit être payé àintervalles réguliers ne pouvant excéder quinze jours pour les travailleursengagés à la journée ou à la semaine et un mois pour les travailleurs engagés àla quinzaine ou au mois.

Les paiements mensuels doivent être effectués au plus tard huit jours après lafin du mois de travail qui donne droit au salaire.

Pour tout travail aux pièces ou au rendement dont l�exécution doit durerplus d�une quinzaine, les dates de paiement peuvent être fixées de gré à gré,mais le travailleur doit recevoir chaque quinzaine des acomptes correspondantau moins à 90 % du salaire minimum et être intégralement payé dans laquinzaine qui suit la livraison de l�ouvrage.

Les commissions acquises au cours d�un trimestre doivent être payées dansles trois mois suivant la fin de ce trimestre.

Les participations aux bénéfices réalisés durant un exercice doivent êtrepayées dans l�année suivante, au plus tôt après trois mois et au plus tard avantneuf mois. »

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La réforme du droit du travail

2. Modes de paiement

Le Code du travail nous renvoie à l�article 86 pour connaître la question. Il prévoit :Art. 86 « Le salaire doit être payé en monnaie ayant cours légal, nonobstant toutestipulation contraire.

Le paiement de tout ou partie du salaire en alcool ou en boissons alcoolisées estformellement interdit.

Le paiement de tout ou partie du salaire en nature est également interdit, sousréserve des dispositions du chapitre 1er du présent titre.

La paie est faite, sauf cas de force majeure, sur le lieu du travail ou au bureau del�employeur lorsqu�il est voisin du lieu du travail, les jours ouvrables.

En aucun cas, elle ne peut être faite dans un débit de boissons ou dans un magasinde vente, sauf pour les travailleurs qui y sont normalement occupés, ni le jour où letravailleur a droit au repos. »

3. Protection de la créance salariale

Ce sont les articles 89, 90 et 91 qui, en la matière, stipulent  :Art. 89 « Les sommes dues aux entrepreneurs de tous les travaux ayant le caractèrede travaux publics ne peuvent être frappées de saisie-arrêt, ni d�opposition aupréjudice des ouvriers auxquels les salaires sont dus.

Les sommes dues aux ouvriers pour salaires sont payées de préférence à cellesdues aux fournisseurs. »

Art. 90 « La créance de salaire des gens de service, des ouvriers, des commis et desfaçonniers est privilégiée sur meubles et immeubles du débiteur dans les conditionsprévues  :

1er pour les gens de service par l�article 2101 (4e du Code civil),2e pour les ouvriers, commis et façonniers, par l�article 549 du Code de

commerce.Peuvent en outre faire valoir une action directe ou des privilèges spéciaux  :

1er les maçons, charpentiers et autres ouvriers employés pour édifier,reconstruire ou réparer les bâtiments, canaux ou autres ouvragesquelconques, dans les conditions prévues par l�article 1798 du Code civil ;

2e les ouvriers qui ont travaillé soit à la récolte, soit à la fabrication ou à laréparation des ustensiles agricoles, soit à la conservation de la chose, dansles conditions prévues par l�article 2102, ler et 3e du Code civil ;

3e les inscrits maritimes dans les conditions prévues par les articles 191 etsuivants, 271 et 272 du Code de commerce ;

4e les ouvriers employés à la construction, à la réparation, à l�armement et àl�équipement du navire dans les conditions prévues par l�article 191 duCode de commerce. »

Art. 91 « Les dispositions des articles 2101 du Code civil, 19 et 549 du Code decommerce ne s�appliquent pas à la fraction insaisissable des sommes restant dues

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Annexe 3 : Salaires

sur les salaires effectivement gagnés par les ouvriers pendant les quinze derniersjours de travail ou par les employés pour les trente derniers jours, sur lescommissions dues aux voyageurs et représentants de commerce pour les quatre-vingt-dix derniers jours de travail et sur les salaires dus aux marins de commercepour la dernière période de paiement. »

À cette fraction insaisissable représentant la différence entre les salaires et com-missions dus et la portion insaisissable de ces salaires et commissions, telle qu�elleest déterminée par les décrets prévus à l�article 96, s�applique la procédureexceptionnelle suivante  :

� Les fractions des salaires et commissions ainsi désignées pour faire l�objetd�une mesure d�exception devront être payées, nonobstant l�existence detoute autre créance, dans les dix jours qui suivent le jugement déclaratifde faillite ou de liquidation judiciaire, et sur simple ordonnance du jugecommissaire, à la seule condition que le syndic ou le liquidateur ait enmains les fonds nécessaires.

� Au cas où cette condition ne serait pas remplie, lesdites fractions de salaireset commissions devront être acquittées sur les premières rentrées de fonds,nonobstant l�existence et le rang de toute autre créance privilégiée.

� Au cas où lesdites fractions de salaires et commissions seraient payéesgrâce à une avance faite par le syndic, le liquidateur ou toute autrepersonne, le prêteur serait, par cela même, subrogé dans les droits dessalariés et devrait être remboursé dès la rentrée des fonds nécessaires,sans qu�aucun autre créancier puisse y faire opposition.

� Pour établir le montant des salaires, en vue de l�application des disposi-tions du présent article, il doit être tenu compte non seulement des salaireset appointements proprement dits, mais de tous les accessoires desditssalaires et appointements et, éventuellement, de l�indemnité pour rup-ture abusive du contrat de travail.

� Tous ces textes sont assez explicites et n�appellent pratiquement pas decommentaires, tout au moins en ce qui nous concerne. En règle générale,ils sont bien respectés.

Point 2

Procédures, critères et niveau de fixation des salaires minima.1. C�est l�article 82 alinéa 1 du Code du travail qui détermine les procédures

et critères de fixation des salaires minima. La procédure consiste en laconvocation du Conseil national du Travail sous la présidence du Ministredu Travail pour étudier la possibilité du relèvement du SMIG (ex. docu-ments relatifs aux dernières sessions).

2. Les critères et niveau de fixation des salaires minima dépendent cependantdu coût de la vie et de la capacité des entreprises à supporter les chargesinhérentes aux divers relèvements de salaires.

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La réforme du droit du travail

Point 3

Détermination d�autres indemnités et prestations par rapport au salaireminimum. Nous y répondrons par la présentation de trois cas de figure :

1. Pour faire pièce à notre premier Code du travail du 28 septembre 1967,et en l�absence de nouvelles conventions collectives spécifiques àchaque branche d�activité professionnelle, les syndicats ouvriers et lesgroupements d�employeurs sont rentrés en négociation pourfusionner les anciennes conventions collectives et aboutir à l�adoptionde la convention collective générale du travail du 17 mai 1974.Cette convention collective générale du travail, en matière salariale, apris en compte non seulement tous les avantages des anciennes con-ventions, mais a encore largement innové en la matière.

2. Mais vu que depuis 23 ans, ni les syndicats ouvriers ni les groupementsd�employeurs n�ont point dénoncé la convention collective généralede 1974, les syndicats ouvriers ont contourné cette lourdeur pourconclure des accords d�établissement qui leur offrent généralementdes avantages substantiels en matière d�indemnités et de prestationsdiverses.

3. Le 3e cas de figure, qui ne s�est presque jamais produit, sauf pour lesgens ou employés de maison, est celui prévu à l�article 82 en ses alinéas4, 5, 6 et 7 qui stipulent  :� les cas dans lesquels doivent être concédées d�autres fournitures

que celles visées à l�article 80, les modalités de leur attribution etles taux maxima de remboursement ;

� éventuellement, les modalités d�attribution d�avantages en nature,notamment des terrains de culture ;

� à défaut de conventions collectives ou dans leur silence ;� les salaires minima correspondant par catégorie professionnelle.

Point 4

Rapports entre le salaire minimum interprofessionnel, les grilles salariales etla négociation collective aux niveaux plus décentralisés.Dès la fixation du SMIG par décret après avis du Conseil national du Travail, laprocédure normale aurait été que les parties aux différentes conventionscollectives se réunissent pour étudier les possibilités de relèvement des salaireshiérarchisés. Mais, depuis 1974, c�est le Ministre chargé du Travail qui en prendl�initiative. Cependant, au cours des dernières sessions du Conseil national duTravail, la question a été soulevée et nous sommes tombés d�accord pour laisserchaque branche d�activité professionnelle connaître de la question.

Les taux de relèvement à appliquer aux grilles salariales dépendent du tauxretenu pour la fixation du SMIG.

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Annexe 3 : Salaires

Ainsi, alors que le SMIG a été relevé de 8 % au mois de mai 1997 avec effetrétroactif au ler janvier 1997, les salaires hiérarchisés ont connu des augmenta-tions dans les proportions suivantes  :

� 8 % de la 1ère à la 2e catégorie ;� 6 % de la 3e à la 7e catégorie ;� 5 % de la 8e à la 9e catégorie ou Agent de maîtrise ;� 4 % de la 10e à la 11e catégorie cadres et assimilés.

Point 5

Articulation entre les modes de détermination des salaires dans le secteur public etle secteur privé.Je crois pouvoir affirmer, sans risque de me tromper, qu�il n�y a aucune articulationentre les modes de détermination des salaires dans le secteur public et le secteurprivé. Le secteur public et le secteur privé sont deux entités bien distinctes quiapprécient diversement la notion de travail.

Le secteur privé retient pour le travail la notion de profit, de rentabilité et derendement. Quant au secteur public, son appréciation porte essentiellement sur lanotion de service à rendre aux populations.

Je viens, certes, de faire un exposé sur les salaires au Bénin. Je suis conscientd�avoir fait un survol rapide des questions relatives aux salaires. C�est pourquoi jevoudrais demander à mes collègues séminaristes du Bénin de ne pas hésiter à enrichircet exposé de leurs contributions, car il est également le leur.

Je vous remercie pour votre bienveillante attention.

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