diaspora facebook

3
GRATUIT La référence afro-caribéenne Ne pas jeter sur la voie publique POLITIQUE 4 INVITE DU MOIS 26 SPORT 28 CULTURE 24 SOCIÉTÉ 18 DIASPORAS news N°5 Mars 2010 NICOLAS SARKOZY EN AFRIQUE BURKINA FASO UN BÉNINOIS DE LA DIASPO- RA HONNORÉ EN FRANCE : NIGER BÉNIN MARIE-REINE HASSEN UNE CANDIDATURE SYMBOLE DU CHANGEMENT... E N C E N T R A F R I Q U E LIBREVILLE - KIGALI VIA BAMAKO EN 36 HEURES 2010, ANNÉE D’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE AMADOU RAIMI RECEVRA LES IN- SIGNES DE LA LE- GION D’HONNEUR LE 17 MARS 2010 LES DERNIERS JOURS DE RÈGNE DU PRÉSIDENT MAMADOU TANDJA CHAMPION DE LA DÉMO- CRATIE, EN QUÊTE D’UN SOUFFLE ÉCONOMIQUE

Upload: dabealvi

Post on 22-Nov-2014

1.056 views

Category:

Documents


3 download

DESCRIPTION

 

TRANSCRIPT

Page 1: Diaspora facebook

Gratuit

La référence afro-caribéenne

Ne pas jeter sur la voie publique

Politique 4 invite du mois 26 sPort 28Culture 24soCiété 18

Diasporasnews

N°5

Mars 2010

Nicolas sarkozy eN afrique

BurkiNa faso

uN BéNiNois De la Diaspo-ra hoNNoré eN fraNce :

Niger

BéNiN

marie-reine HassenUNE CANDIDATURE SYMBOLE DU CHANGEMENT...E N C E N T R A f R I q U E

LIBREvILLE - KIGALI vIA BAMAKO EN 36 HEURES

2010, ANNéE D’éLECTION pRéSIDENTIELLE

AMADOU RAIMI RECEvRA LES IN-SIGNES DE LA LE-GION D’HONNEUR LE 17 MARS 2010

LES DERNIERS jOURS DE RèGNE DU pRéSIDENT MAMADOU TANDjA

CHAMpION DE LA DéMO-CRATIE, EN qUêTE D’UN SOUffLE éCONOMIqUE

Page 2: Diaspora facebook

Invité du mois

26

Diasporas News

Marie-reiNe hasseN

Unique femme dans la course présidentielle en Centrafrique, Marie-Reine HASSEN candidate in-dépendante donne les raisons de sa candidature dans cet entretien accordé à Diasporas-News. Economiste et polyglotte, elle demande à ses concitoyens de soutenir sa candidature pour apporter des réponses adaptées aux problèmes du pays et préparer les défis de l’avenir. Notons par ailleurs, qu’elle était en campagne le mois passé à Troyes (FRANCE) devant une foule considérable.

DIASpORAS-NEWS : pOURqUOI AvEz –vOUS CHERCHé à BRIGUER LA MAGIS-TRATURE SUpRêME ?

MARIE-REINE HASSEN : La situation ac-tuelle de la république Centrafricaine est catastrophique sur tous les plans : politique, économique, social et sécuritaire. La crise en Centrafrique s’est aggravée. L’actuel quin-quennat, dont le bilan ressemble à celui du régime précédent, a été marqué par une régression sociale, une insécurité chronique, un enrichissement indécent d’une minorité de privilégiés. C’est un pays fortement di-visé et constitué en blocs tribaux, marqué par l’abandon de l’éducation nationale et l’inexistence de politiques en faveur de la santé, la culture et le sport. En un mot, nous assistons à la négation de toute démocra-tie. La situation se dégrade tous les jours dans ce pays où environ 95% de la popula-tion vit désormais sous le seuil de pauvreté d’un dollar par jour, contre 67% en 2000. Presque sept ans après le coup d’Etat qui a porté François BOZIZE au pouvoir en Cen-trafrique, les campagnes continuent à être écumés par les bandes armées qui pillent les villages et harcèlent la population. Dans ce contexte, l’administration s’est effondrée, elle est totalement absente en zone rurale.Ministre en république Centrafricaine de-puis 2006, je suis témoin de la misère et de la difficile condition de vie de mes compa-triotes. J’ai eu le temps de prendre toute la mesure de la situation de notre pays : la Centrafrique est en panne. Elle est en crise. La précarité est devenue chronique. Le pays est affecté par le chômage endémique. On assiste à la montée des inégalités et de l’in-

sécurité, et à celle, vertigineuse, des viols et de la pédophilie. Il n’y a plus de justice. La Centrafrique se réduit à Bangui et son agglomération. Les droits fondamentaux et élémentaires de l’individu sont bafoués, voire inexistants. C’est le royaume de l’im-punité au profit d’une caste dirigeante. Les populations du monde ruralsont fatiguées de la violence qui entraîne l’insécurité et l’appauvrissement, fatiguées par les traite-ments inhumains qui leur sont infligées. L’approche des élections semble plonger notre pays dans la sauvagerie et la barba-rie : nous assistons à des intimidations et des exécutions, c’est un véritable chaos.Face à toutes ces terribles réalités, j’ai pris conscience de la nécessité d’un changement drastique dans mon pays. Avec une vo-lonté politique forte, nous pouvons inverser la donne et faire un bond en avant. Nous savons aujourd’hui que les femmes peu-vent contribuer à l’éradication massive de la pauvreté dans leur pays et sur tout le continent en participant à sa transformation socio-économique. Une femme est donc en mesure d’accélérer les réformes économi-ques, sociales et politiques dans son pays. Mon combat est celui d’une femme qui a une vision pour son pays et qui veut per-mettre au Centrafricain moyen de vivre une vie normale.

DIASpORAS-NEWS : vU LES GRAvES DISfONCTIONNEMENTS ET LE RETRAIT DE CERTAINS MEMBRES DE LA COMMIS-SION éLECTORALE pENSEz-vOUS qUE LES CENTRAfRICAINS IRONT AUX UR-NES COMME pRévUS ?

MARIE¬-REINE HASSEN : La crise en rCA, comme je vous le disais plus haut, a atteint une gravité telle qu’il faudrait aller rapide-ment aux élections en évitant toute manipu-lation du processus électoral qui nous mène-rait vers une autre crise désastreuse. Mais il semble que le processus électoral est en panne. La semaine dernière le Chef de l’Etat a dû admettre les fautes commises dans le fonctionnement de la Commission Electorale. Il y aura donc un audit de la CEI, et probablement sa refonte. D’autre part, la mise en œuvre du processus de Désar-mement Démobilisation et réinsertion prend de plus en plus de retard. Le recensement électoral n’a pas encore été effectué, et l’insécurité est toujours omni présente dans les régions. Il est certain que ces élections se tiendront difficilement dans ces conditions, mais si el-les ne sont pas organisées en avril 2010, comme le laisse entendre la rumeur, la Cen-trafrique se retrouverait dans une situation de vide politique et juridique, ce qui nous plongerait très vite dans une situation ex-plosive. Dans ce cas, il serait nécessaire qu’une solution consensuelle de transition soit rapidement mise en place.

DIASpORAS-NEWS : qUE pEUvENT êTRE LES pREMIèRES ATTENTES DES CENTRA-fRICAINS SI vOUS êTES éLUE ?

MARIE-REINE HASSEN : Dans l’immédiat il faudra que les populations puissent man-ger à leur faim. Il m’est insupportable de savoir que la famine s’est installée dans nos régions. Les besoins immédiats des popula-tions seront satisfaits, en leur redonnant leur

CENTRAfRIqUE ELECTION pRESIDENTIELLE :UNE CANDIDATURE SYMBOLE DU CHANGEMENT...

Page 3: Diaspora facebook

27

Diasporas News

droit le plus élémentaire : eau, électricité, nourriture, santé, éducation. Une de mes plus grandes préoccupations sera d’améliorer le bien-être de mes concitoyens. Pour cela, il faudra très vite rétablir la sécurité intérieure et extérieure, prioritairement dans les ré-gions, pour la protection des personnes et des biens. Je veillerai tout particulièrement à la protection des femmes et des enfants. Mes compatriotes verront une hausse générale des salaires qui participera à la relance de l’économie. J’insiste sur le rétablissement très rapide de l’électricité car avec 22 heures de coupure par jour, rien n’est possible.

DIASpORAS-NEWS : A 16 ANS vOUS éTIEz MARIéE DE fORCE à L’EMpEREUR BOKASSA pOUvIEz-vOUS NOUS RACON-TER CETTE épISODE qUE vOUS AvEz DU MAL à OUBLIER ?

MARIE-REINE HASSEN : Mon père, Adminis-trateur de la France d’Outre Mer, était alors Secrétaire Général à la Présidence de la république, et ami du Président Davis DAC-KO. Lors du coup d’Etat de BOKASSA il a été emprisonné et la France a été impuissante à

le faire libérer. Six ans plus tard il a été libéré et immédiatement reconduit dans ses fonctions. Lors d’une mission du Président BO-KASSA en France, il a choisi d’y rester et de réintégrer son ad-ministration d’origine. BOKASSA, furieux de cette désertion, a émis une interdiction de sortie du ter-ritoire contre son épouse et ses enfants. Dans l’impossibilité de rejoindre mon père, ma mère a continué à nous élever seule. Lors-que BOKASSA m’a remarquée, ma mère a décidé de s’enfuir avec nous pour éviter le désastre. Elle fut arrêtée avant d’atteindre la frontière, et après une copieuse engueulade en Conseil des Minis-tres nous avons été transférés dans la prison de Ngaragba. Deux ans plus tard j’en ai été extirpée seu-le. Dix jours plus tard ma famille sortait de prison et un mariage ci-vil était célébré avant leur départ pour rejoindre mon père. J’ai ha-bité l’aile gauche du Palais de la renaissance deux autres années. Outre quelques visites officielles du chef de l’Etat à l’étranger, je n’avais pour distraction qu’une ferme mise à ma disposition à Boyali, où je m’amusais à cultiver

des légumes et des fruits. quelques tentati-ves de suicide et quelques tentatives de fuite plus tard, j’ai fini par m’en sortir en simulant la folie, dont j’avais appris qu’il éprouvait une terrible crainte.Avec le soutien de ma famille, et grâce à mon aptitude à rebondir, j’ai pu reprendre mes études à Paris, et le cours de ma vie comme une jeune fille normale.

DIASpORAS-NEWS : vOS CHANCES DE SUCCèS?

MARIE-REINE HASSEN : Je possède les atouts majeurs pour rompre avec le cercle vicieux des violences et de la paupérisation, avec les maux qui gangrènent le pays depuis des décennies : corruption, incompétence, tri-balisme, clanisme familial, intérêts person-nels, mépris des droits de l’homme, insécurité etc. Pour opérer cette cassure nette d’avec le passé qui nous permettrait de faire un bond en avant et rattraper une partie de notre retard, il nous faut une personne différente, une personne capable de fédérer les diffé-rentes ethnies, les différents partis, les diffé-

rentes croyances. Il nous faut un nouveau lea-dership, une nouvelle classe dirigeante, avec une nouvelle politique. En prenant en compte les revendications du peuple, de l’opposition, de la diaspora, et même de l’armée, nous obtenons le profil du prochain chef de l’Etat centrafricain qui se rapproche du mien :Je ne suis pas tribaliste : mon éducation, mon passé familial, professionnel et politique en témoignent.Je suis un rassembleur : Je suis neutre, et je n’ai qu’une seule préoccupation : le bien-être du peuple et le développement.Je me place au-dessus des joutes politiques et tribales : Je n’avais jusqu’à présent aucun en-gagement politique personnel et n’ai jamais adhéré à un parti ni participé aux querelles d’influence et de positionnement en rCA. Je refuse le clientélisme, le tribalisme, l’im-punité : je suis honnête et vertueuse, je n’ai jamais plongé les mains dans les caisses de l’Etat et ne suis pas une adepte de la « pro-motion canapé ». Je suis une femme, et tout le monde aujourd’hui admet que la femme est le mo-teur de la société et du changement. Je suis une femme de valeurs, de convictions et de principes, une femme dont notre pays a plus que jamais besoin aujourd’hui pour se sor-tir du gouffre. Je suis celle qui apportera le changement radical dont mon pays et mon peuple ont besoin.Ma solide expérience internationale, ajou-tée à ma connaissance du terrain, me per-mettront d’avoir une vision de l’évolution de la rCA par rapport au contexte actuel de mondialisation, car nous devons nous adap-ter aux nouvelles exigences du monde mo-derne.Je serai une véritable mère de la Nation, égale et juste pour tous, sévère quand il le faudra. Je pense que les Centrafricains y se-ront sensibles.

DIASpORAS-NEWS : MESSAGE AU pEUpLE CENTRAfRICAIN ?

MARIE-REINE HASSEN : Centrafricaines, Centrafricains, aujourd’hui c’est vous qui dé-tenez les clés de notre avenir commun. Vous voulez une vie meilleure et vous le méritez. C’est à vous d’imprimer le mouvement pour qu’un véritable changement se fasse. De tout mon cœur, je souhaite pour vous et pour notre pays que cette nouvelle décennie soit celle du bonheur.

Réalisée par Lucien HOUNKANLI