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eaux vives mountain wilderness document Sauvons les derniers espaces naturels deaux vives

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Page 1: dossier moutain wilderness

eaux vives

mountainwildernessdocument

Sauvons les derniers

espaces naturels

d’eaux vives

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Un patrimoine à préserverDes glaciers aux rivières de moyennes altitudes, les espaces naturels d’eaux vives (ENEV) façonnent la montagne. Par leur diversité, ils font partie intégrante de la globalité environnementale, paysagère, socio-économique, culturelle et symbolique de nos massifs.

• extension des capacités de dérivation pour l’ir-rigation d’une agriculture parfois peu raisonnéeet mal adaptée à nos montagnes.

Par ailleurs, les restrictions d’accès aux espaces d’eauxvives, essentiellement pour des raisons de « sécurité »,se multiplient, alors que sur certains sites, la surfré-quentation touristique et les activités de loisirs nauti-

ques plus ou moins bien géréesposent problème. Voilà quelques-unes des principalesmenaces qui pèsent sur les derniersespaces d’eaux vives et sur ceux quisouhaitent les fréquenter de manièreautonome et responsable.Parce qu’elle touche à l’équilibre del’espace montagnard, parce qu’elle

autorise la vie comme l’épanouissement de l’hommeen montagne, l’eau vive dans tous ses états témoigneplus que jamais du regard porté par notre société surson environnement et ses ressources. La place et l’étatde l’eau vive aujourd’hui illustrent et interrogent le rôleet la responsabilité de l’homme, ses activités passées etprésentes comme son devenir. Œuvrer à la sauvegardedes derniers espaces naturels d’eaux vives, soutenir lesactions de requalification environnementale et paysa-gère des rivières aménagées au-delà du raisonnable,défigurées et polluées, militer pour une gestion raison-née de leurs ressources, lutter contre l’artificialisationdes cours d’eau et les limitations d’accès, c’est partici-per au combat pour la préservation des montagnes etde leurs vallées.Parce que ces espaces d’eaux vives préservés portenten eux un véritable potentiel, au niveau du tourismepictural et récréatif, mais aussi en terme de diversitéphysique et biologique, ils doivent devenir l’enjeu d’unevéritable politique territoriale à l’échelle appropriée.

De tout temps redoutée par l’homme, pourtant essen-tielle à sa vie, l’eau constitue le breuvage, le vivier, lefertilisant mais aussi la force et l’énergie pour ses acti-vités. Ces dons essentiels ont engendré des usages dontcertains ont pris le pas sur d’autres. A présent, les béné-ficiaires s’accrochent à ce qu’ils considèrent commeune priorité, un droit d’exploitation « historique ».C'est ainsi que beaucoup justifient encore certains amé-nagements monosectoriels de coursd’eau au détriment de leur situationenvironnementale et de leur rythmecomme de leur fonction naturelle.

Si l’enjeu de l’état écologique et sani-taire de l’eau bénéficie aujourd’huid’une prise de conscience salutairedes pouvoirs publics et des collectivi-tés locales, les résultats encourageant obtenus dans cedomaine, ainsi que le caractère prétendument renou-velable des ressources en eau, ne doivent pas masquerles méfaits liés à l’artificialisation à grande échelle desespaces d'eaux vives. En particulier, les têtes de bassinsont parfois "orphelines" vis à vis de cette prise deconscience. On peut entre autres citer les pressionssuivantes, non de par leur existence —les usages sontsouvent légitimes— mais de par leurs excès :

• multiplication des installations hydroélectri-ques de toutes puissances en des temps de fuite enavant sur le plan de la consommation énergéti-que, fuite en avant qui perdure malgré l'évolutiondes discours et intentions ; • captage de plus en plus important des eauxd’étiage pour l’enneigement artificiel des pistesde ski ; • croissance continue des endiguements et aména-gements de toute nature accompagnant une urba-nisation peu maîtrisée des espaces montagnards ;

L’eau vive dans tous ses états

témoigne plus que jamais du

regard porté par notre

société sur son environ-

nement et ses ressources.

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Cours d’eau asséchés, barrés,captés, perturbés, endigués, l’hydroélectricité induit desdégâts irrémédiables pour lesécosystèmes fragiles des rivièresde montagne. Les normes envi-ronnementales peinent à nuancerles perturbations de toutes sortes.Le fonctionnement des installa-tions hydrauliques induit desmodifications brutales des débits,

des rythmes de charriage commedes compositions chimiques etsédimentaires des eaux. Les équipements hydroélectriquesnécessitent de nombreux aména-gements complémentaires, indui-sant souvent des perturbationsenvironnementales et paysagèresnon négligeables pour nos massifs.

Energie renouvelable, énergie sans impact ?

Les espaces d’eaux vives contribuent active-ment au bouquet énergétique national. 94 % dela puissance hydroélectrique est déjà exploi-tée, le reste étant jugé peu productif ou corres-pondant à des sites protégés. Dans un contexted’augmentation constante des consommations,le développement de nouveaux projets hydro-électriques de toutes di-mensions confirme unelogique de surproduc-tion/surconsommationau risque de détruire lestous derniers ENEV, sanspour autant répondreaux enjeux énergétiquesglobaux ni même à laréduction significative de la part des énergies àrisque tel le nucléaire. La seule augmentationde la consommation du secteur résidentiel en2006 par rapport à 2005 représentait l’équiva-lent du potentiel hydroélectrique des coursd’eau non équipés à la même époque.Au nom d’un développement apparemmentvertueux des énergies renouvelables, la direc-tive-cadre européenne sur les énergies renou-velables (DENR), mais aussi la « loi une » issuedu Grenelle de l’environnement doublée duplan de relance de la production hydroélectri-que, risquent de relancer l’aménagement descours d’eau. Ces textes remettent également encause, en favorisant un déclassement des coursd'eau amont, les règles de lâchers des barragesexistants qui, dans certains cas, permettaient

de reconstituer les variations de débits saison-niers. Ces ambitions peinent cependant à mas-quer les motivations essentiellement économi-ques à court terme des usiniers (rentabilitéfinancière entre 7 et 15 % !), ou fiscales descollectivités locales. Ces perspectives sont dra-matiques en matière d’artificialisation des

espaces d’eaux vives et desespaces montagnards où seconcentre l’essentiel des instal-lations. A contrario, la DCEauet la LEMApoussent àprotéger ces

ENEV, y compris dans les sec-teurs déjà aménagés avec ledéveloppement programmé desrégimes dits réservés (débits nondérivables, non stockables…).L'équilibre entre ces deux contrairesdoit passer, comme la loi l'impose delongue date, par un processus de type SAGE ouéquivalent, lequel doit respecter le SDAGE et laDCEau. Mais l'expérience montre que bien deslois ne sont pas appliquées, ou que les déci-sions ne sont pas respectées, ou ne le sont pasdurablement. Une gestion durable du patrimoine aquatiquese doit de prendre en compte la totalité desusages, ceux notamment liés au tourisme, etpas seulement les enjeux énergétiques.

Les enjeux actuels de l'hydroélectricité

94 % de la puissance hydro-

électrique est déjà exploitée,

le reste étant jugé peu

productif ou correspondant

à des sites protégés.

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Le Gyr : un torrent sous perpétuelle menaceLe Gyr (Hautes–Alpes) fait régulièrement l’objet deprojets hydroélectriques. Les quatre kilomètres de cetorrent glaciaire sont les tous derniers quasi naturelsen Vallouise. Le dernier promoteur déclaré (2006), quidepuis semble avoir abandonné son projet face auxcontestations, notamment des professionnels dessports d’eaux-vives, spéculait sur une production de10 GWh par an, soit l’équivalent de 300 maisons iso-lées et équipées de capteurs solaires (20 m2) ou thermi-ques (10 m2).

La Santoire ou les limites de réglementations contradictoires…La Santoire prend sa source au pied du puy Mary, dansle PNR des Volcans d’Auvergne. Cette rivière sauvageprésente des eaux de bonne qualité et une fauneexceptionnelle. Classée « en bon état » au titre de laDCEau, elle fait partie des cours d'eau à préserver enpriorité. Cette priorité a été rapidement négligée auprofit d’une autre —plus juteuse— à travers un projethydroélectrique très controversé, se référant lui auPlan national de relance de la production hydro-électrique et à la directive-cadre européenne sur lesénergies.

Sacrifier le Rizzanese pour du bétonUne des grandes idées ayant conduit à la créationd’un barrage sur le Rizzanese est de favoriser l’autono-mie énergétique de la Corse. On sacrifie ainsi l’unedes plus belles veines d’eau et de vie de l’Ile deBeauté, sans avoir ne serait-ce qu’envisagé une alter-native prenant en compte l’énergie solaire ou les pro-blèmes de surconsommation. Tout cela pour ne four-

nir que 4 % des besoins de l’île… Les 130 millionsd’euros que rapportera la construction de l’ouvrage au secteur du BTP ne sont sans doute pas étrangers àl’option choisie.

Le GuilLes gorges du Guil sont parmi les plus belles des Alpesdu Sud. Coupé en deux par le barrage de Maison duRoy, le Guil n’en demeure pas moins un support dedéveloppement touristique incontestable pour larégion. Sous l’égide du PNR du Queyras, des actionsvisant à amoindrir les incidences des activités denature sur le milieu ont été mises en œuvre, organisantpar exemple les chemins d’accès à la rivière.

Le Vénéon : support de diversification médiatique et touristiqueLa vallée du Vénéon (Isère) est une terre historiqued’alpinisme. Conscient de la nécessité de diversifier sesatouts, la mairie de Saint-Christophe-en-Oisans et l’of-fice du tourisme du Haut-Vénéon soutiennent active-ment les activités douces valorisant le Vénéon. En quel-ques années, ce torrent glaciaire est devenu une desti-nation « eaux vives » réputée internationalement. LeVénéon permet à la vallée de se distinguer, de témoi-gner d’une véritable qualité environnementale et d’apporter un complément d’activité lors des saisonsmoins favorables à l’alpinisme.

La haute Dourbie : l'archétype de l'espaced'eaux vives à préserverLa Dourbie prend sa source sur le plateau de l'Aigoual(Gard), dans le Parc national des Cévennes. Déroulantson cours au milieu de prairies et de bois de hêtresmagnifiques, jusqu’au village de Dourbies, elle s’en-fonce ensuite dans un dédale de gorges très difficiles.Leurs parcours en kayak a correspondu au franchisse-ment d'un seuil en terme d'engagement. Kayakistes etcastors s'y côtoient en bonne entente, la difficulté limi-tant la fréquentation à quelques descentes par an.Cette rivière doit néanmoins faire l'objet de la plusgrande attention de la part de tous. Sa partie basse estplus adaptée à une fréquentation grand public et faitl'objet d'une offre touristique raisonnée.

Une artificialisationgalopante pour de rares bons exemples

Les pressions sur les derniers ENEV sont aujourd’hui très fortes ; les tensions entre aménageurs et usagers de l’eau sont plus sensibles que jamais. Les législations visant à protéger la qualité environnementale des ENEV comme la diversité des usages peinent à être respectées sous la pression continue des lobbies de l’industrie, du BTP et de cer-taines collectivités. Au-delà des perturbations environnementales, les aménagementsentraînent une privatisation de l’espace public contraire à l’équilibre des usages.Dans bien des vallées, la pêche, les sports d’eau vive, voire les activités plus contemplatives, sont inenvisageables du point de vue du droit. Un équipement induit parfois des interdictions d’accès sur plusieurs kilomètres, y compris pour le simple randonneur. Petit tour d’horizon, avec de bons et de mauvais exemples…

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Soutenir leur réalité patrimoniale Pour les aspects aquatiques des ENEV, lesstructures en charge de la gestion des eaux etde leurs milieux (SDAGE, les SAGEs, etc.) ontdes représentations où siègent des élus territo-riaux et des représentants des usagers et ci-toyens ordinaires : pour les contacter, s'adres-ser aux agences de l'eau (comité de bassin),aux sièges ou aux délégations inter-régionales.La DCEau, et sa déclinaison française, dont larécente LEMA, imposent à ces institutions desconsultations périodiques du public. Le comitéde bassin, qui prépare son SDAGE, et approuveses SAGEs, comprend des représentants quipeuvent faire connaître les besoins des milieuxaquatiques amonts, ainsi que ceux des prati-quants de sports d’eaux vives. Par ailleurs, une campagne de nettoyage des coursd’eau et de sensibilisation sur l’urgence de pré-server les derniers espaces d’eaux vives a dé-buté. Nous mettons à ce titre une exposition à votre disposition (contacter le secrétariat de MW).

Favoriser les comportements responsables et autonomes Pour les aspects pratiques de loisir sportif, ilfaut mettre en avant un enjeu nouveau : lebesoin de re-développer des pratiques équili-brantes. Face au développement des compor-tements de consommation passive et d'activi-tés motorisées, une pratique active et naturelle,comme un parcours en ENEV, est sociologi-

quement et humainement intéressante. Elle nesera sans doute jamais une pratique de masse,à cause de ses exigences physiques et de sonengagement. Mais c'est une pratique emblé-matique qui peut jouer un rôle de révélateurdans la société. Là aussi, pour mieux se faireentendre des élus et des riverains, nous travail-lerons avec les fédérations de pratiquants (ran-donneurs, navigants, pêcheurs…).

Respecter une déontologie de pratique sportive durable Il n'y a pas que les hydroélectriciens, les irri-gants, les cultivateurs de neige et les aména-geurs en bord de rivière qui attentent à l'inté-grité des ENEV. Des pratiquants irresponsablesou inconscients peuvent aussi compromettre,directement ou non, ce patrimoine et son bonfonctionnement. Il en est ainsi des pratiquantsqui souillent un site en abandonnant leursdéchets, de ceux qui ne respectent pas les au-tres usagers. Des pratiques de compétition nonmaîtrisées ou non réfléchies tournent vite aucirque médiatique envahissant, bruyant, pol-luant. Ces pratiques sont en outre structurelle-ment faibles au regard des enjeux financiers,hors intérêt général, qui les concernent. MW al'intention de contribuer à codéfinir, avec sespartenaires, puis à largement diffuser unecharte à ce sujet, avec l'objectif qu'elle soitreprise en haut lieu et chez les élus en chargede la gestion durable de leurs territoires.

Que faire...

SDAGE : schéma directeur d'amé-nagement et de gestion des eaux, à l'échelle des grands bassins fluviaux, avec son comité de bassin (« parlement de bassin ») ; en courspour l'échéance 2015 de bon état des milieux aquatiques, puis à révi-ser et mettre à jour pour les échéan-ces 2022 et 2029.

SAGE, et sa CLE : déclinaison localedu précédent, à l'échelle d'une rivièreou d'un ensemble de têtes de bassin,avec sa commission locale de l'eau, « parlement » local.DCEau : directive-cadre européennesur l'eau, loi-cadre déclinée en légis-lation française via, entre autres, lesSDAGE, les SAGE et la LEMA.LEMA : loi sur l'eau et les milieuxaquatiques.

Les sigles

... pour que vivent les espaces d'eaux vives ? La première tâche est de communiquer sans relâche sur les réalités et les potentialités des ENEV. Ce document y contribue, et les pages précédentesfournissent des éléments concrets. Il peut être régulièrement diffusé par tousles membres, et sera mis à jour et complété périodiquement.

Page 6: dossier moutain wilderness

la montagne est un espace fragile

la montagne n’est pas à vendreremet en cause les pratiques déraisonnables

la montagne abrite hommes et milieux naturels

mountainwildernessfrance

veille au maintien des équilibres

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5, place Bir-Hakeim - 38000 Grenoble - tél. 04 76 01 89 08 - fax. 04 76 01 89 07

www.france.mountainwilderness.org - [email protected]

Association loi 1901 reconnue au titre de la protection de l’environnement

propose des approches douces pour la montagne

ISBN : 2-9519510-7-8© Mountain Wilderness

dépôt légal : décembre 2008

avec le soutien de