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Les controverses menacent

Favenir du trading en SuisseGLENCORE Des députés européens s emparent du dossier Mopani en Zambie Généralisations à prévoir

NICOLETTE DE JONCAIRE

Des parlementaires européens aimeraient se faire une idée concrète

de la politique que la Banque Européenne d Investissement BEIdevrait avoir face au groupe suisseGlencore dans l affaire de la mine

de cuivre deMopani enZambie flsirontvérifier sur place la réalité desaccusations de précarité des conditions de travail d évasion fiscaleou encore d émission de substan

ces toxiques circulant pour certaines depuis longtemps Le voyagequi n intéresse pas seulement desdéputés de gauche est organisé pardes organisations non gouvernementales ONG très hostiles àGlencore Il devrait avoir lieu fin

octobre ou début décembre Les

pratiques de Glencore dans un secteur très exposé tant dans l exploitation de ses mines que dans sesopérations de négoce des matièrespremières sontl objet de nombreuses controverses depuis des annéesColombie République Démocratique du Congo Zambie Iran Soudan le groupe est une cible quasipermanente pour les ONG et lesmédias dans unnombre inhabituel

lement important de circonstancesLe dossier a pris un tour nouveauenmai dernier lorsque laBEI aannoncé que l institution déclineraità l avenir toute nouvelle demande

de financementvenant du groupeMotif de sérieuses inquiétudes surla gouvernance de Glencore mise

en lumière récemment bien audelà des investissements consen

tis à Mopani Zambie RainerSchlitt porte parole de la BEI

confirme que la banque a entreprisune enquête indépendante Selon

ses termes «il est de notoriété publique que les autorités zambiennes ont soulevé le problème del évasion fiscale de Glencore Plu

sieurs autres procédures contreGlencore sont en cours y comprisune plainte auprès de l OCDE dansle cadre des directives multinatio

nales» Cette plainte déposée contreGlencore etQuantumMinerais parplusieurs ONG dont l associationSHERPA France le Center forTrade Policy and DevelopmentZambie la Déclaration de BerneSuisse l Entraide missionnaireCanada etMiningWatch Canadaest en cours d examen au Secré

tariat à l économie à Berne Secopoint de contact entre l OCDE etles autorités suisses

La réaction de la BEI fait suite à

une lettre ouverte envoyée mimai au président du Conseil del Europe signée par cinquantemembres du Parlement Euro

péen Ce courrier présenté parle député européen hollandaisThijs Berman reproche à la banque de s être engagée dans le financement d un projet dont lesretombées sont dommageables entermes d évasion fiscale d émission de substances toxiques et deprécarité des conditions de travailLes accusations des parlementaires s appuient sur la fuite d un audit rédigé par les experts fiscauxGrant Thornton et Econ Poyrypour le compte du gouvernementzambien et sur un rapport établipar l ONG CounterbalanceSelon BerberVerpoest de Coun

terbalance l ONG organise unvoyage d enquête complémentaire sur le terrain début novem

bre voyage auquel participerontplusieurs députés européens Bastian Borregaard secrétaire de ladéputée européenne BirgitSchnieber Jastram représentanteallemande du parti chrétien démocrate confirme l intérêt soutenu de la députée pour le dossierDans une question écrite à la commission d enquête Birgit Schnieber Jastram a demandé que laversion finale du rapport d audit deGrant Thornton et Econ Poyrysoit mise à disposition du Parlement européen Elle demandeégalement quelles seraient lescompensations aux dommagessubis par la Zambie si les accusations se confirmaient et si les termes de la cession de la mine de

Mopani à Glencore pouvaientêtre renégociés La députée demande également quelles mesures serontmises en place pour éviter les situations de ce gendre dansle futur

Interrogé par L Agefi lors del IPO au premier semestre sur lesproblèmes de dégradation de l environnement soulevés en 2008 et

2009 en Zambie Glencore expliquait que la totalité du dioxyde desoufre S02 de la fonderie deMufulira construite en 1937 étaitrejetée dans l atmosphère avantla privatisation de la mine en2000 Et que le groupe avait investi en équipements destinés àrespecter les standards d émissionen accord avec un plan convenuavec le Conseil environnemental

de Zambia Ce sont apparemmentces équipements qui ont fait l objet du financement de 48 millionsde dollars consenti par l EIBDans une brève lettre du 2 juinadressée à l EIB Glencoreconteste la validité de l audit de

Grant Thornton et Econ Poyrysur l évasion fiscale point sur lequel l EIB semble baser sa décision de cesser toute relation avec

le groupe Glencore a égalementrendu publique une lettre émanant de son propre auditeur Deloitte disputant la méthodologieet les conclusions de cemême au

dit Le groupe n a donné aucuneréponse publique auxaccusationsde Counterbalance

Au delà du cas particulier de l EIBet de Glencore les ONG et les députés demandent une réforme desprocédures des institutions européennes Ils estiment qu elles doivent imposer un respect beaucoupplus strict des directives de l UEconcernant la réduction de la pauvreté et la durabilité du développement accords de Cotonou afind éviter les cas litigieux de cettenature En attendant la nouvelle

réglementation ils réclament unmoratoire du financement publiceuropéen des entreprises minières Pour ce qui est de l EIB ils sollicitent une évaluation cas par casde ses investissements dans le sec

teurminier depuis 2000 à l aunedes directives de Cotonou Glen

core n est pas la seule société miseen cause Une trentaine de projetssont en cause pour un montanttotal de plus de 750 millions d euros NJN

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IVAN GLASENBERG CEO Les réticences à se défendre publiquementsont un vrai problème pour les promoteurs du cluster suisse de trading

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EDITORIAL FRANÇOIS SCHALLER

Les explications sont inévitablesLouvrage intitulé Swiss Trading SAréalisé par la Déclaration de Berneassociation déjà ancienne pour desrelations Nord Sud plus équitableset préfacé dans sa version françaisepar l ancien procureur général deGenève Bernard Bertossa est uneœuvre de culpabilisation nationalefranche et assumée Elle postulel immoralité des Suisses qui laissent

prospérer sur leur territoire des activités de trading énergie et matièrespremières assimilables dans leurgravité à des crimes contre l humanité Le plus grand symbole de cetteinfamie s appelle Glencore maisaucune société plus modeste nepeut se prévaloir d une moindre responsabilité Il n y a pas de degrésdans l horreur Le mal a d ailleurs des

racines historiques quasi génétiques avant de couvrir des traders laSuisse avait abrité des négociants enmercenaires ou en esclaves Aucun

progrès n a été réalisé Toute l histoire est interprétée d un point devue strictement moraliste intégralement à charge Fort bien documentél état des lieux ne trouve pas un seulélément positif même très secondaire ou par hasard Toutes les ficelles du genre sont apparentes mais

1 on en ressort nauséeux et honteux

Lorsque l on est journaliste économique dans le bassin lémanique quel on y chronique régulièrement lefort développement des sociétés denégoce ce genre d ouvrage laisseévidemment perplexe Pas vraimentsur le fond c est à dire la qualification et l appréciation des activitésd extraction minière ou pétrolière enAfrique ou ailleurs Il n y a rien detrès nouveau Il suffit de composerGlencore et Zambie sur Google pourse rendre compte que l indignationet la dénonciation occupent la quasitotalité de l immense espace médiatique C est peut être pour cela queces attitudes semblent avoir si peude valeur

Ce qui intrigue et déçoit c est le peude moyens mis en œuvre par ce secteur prospère pour informer expliquer argumenter convaincreComme s il n y avait rien ou à peuprès rien à dire sur le plan économique éthique politique Que les critiques étaient si anciennes régulières

et partiales qu elles ne méritaientaucune réponse Ou juste quelquesgénéralités sur le respect des lois etl impuissance face à l inaptitude decertains Etats du Sud à prendre encharge efficacement l exploitation

de leurs ressources naturelles

L inconsistance du système dedéfense vis à vis de l opinion publique laisse évidemment l impressionqu il n y a rien à défendre Si c étaitle cas il n y aurait aucune raison nonplus de favoriser l implantation oul émergence de ces activités aucontraire Aucun secteur économique ne peut aujourd hui envisagerde rester durablement insensible et

inactif face aux plus sévères critiques Même surtout au motifqu elles sont fausses infondéesdéloyales ou de mauvaise foiL agroalimentaire la chimie lapharma le pétrole les armes letabac et tant d autres en ont fait

l expérience Remonter le courantrequiert du respect de la convictionde la puissance de la constance Lesenjeux sont d ordre pratiquePersonne à part une très faibleminorité de puritains ne demandeen plus du désintéressement Si lestraders font un métier respectablece qui est vraisemblable c est auxsociétés de négoce et d extractionde le démontrer individuellement etcollectivement Personne ne le feraà leur place Ce sera d autant moinsdifficile qu elles n attendront pasqu on le leur demande

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