la croissance

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criussance écononomique

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Chapitre V: La croissance La croissance est un phnomne complexe, et non la simple augmentation du PIB laquelle on lassimile gnralement. On saccorde en gnral souligner son caractre cumulatif, auto-entretenu et son action en profondeur dans la socit dont elle change non seulement le niveau de vie, mais aussi la structure professionnelle et sociale, les comportements, le systme de valeurs.

La croissance na pas suivi un cours harmonieux, elle connat au contraire une srie de crises brutales. Depuis la rvolution industrielle, elle a t trs soutenue (2,2% de 1820 2006) avec des phases dacclration dont la plus spectaculaire 4 6 % est la priode des Trente Glorieuses. Dcouvrir ses facteurs, et surtout prvoir, puis matriser son rythme sont une des grandes ambitions non rsolues de la science conomique.Encore une remarque: comment mesurer la croissance? Si lon parvient runir des donnes fiables pour tablir le PIB de chaque priode, on se heurte au problme du choix de lunit, savoir la monnaie. En effet, pour comparer les valeurs montaires dans le temps, il faut dflater les sries statistiques pour liminer limpact du changement du pouvoir dachat de la monnaie et pour comparer dans lespace, il faut aussi liminer leffet trompeur des taux de change entre les devises, et de leurs soubresauts

I Deux sicles de croissance et de crises

A Depuis la rvolution industrielle, une re de croissance rapide

1 Les rythmes

La productivit du travail est le meilleur indicateur de progrs. Selon A. Maddison, elle augmente entre 1860 et 1992 de 40 fois au Japon, 20 fois en France et en Allemagne, 10 fois aux EU. Aprs 1820, ces gains de productivit induisent un dcrochement de la production par rapport la population, c'est--dire une augmentation du niveau de vie: le PNB/hab. serait pass de 445 $ en lan 1 667 en 1820, et 6 049 en 2001.

La croissance de la production est lie celle de la population. Dans un petit nombre de pays, lhumanit est parvenue amliorer ses ressources, ce qui a provoqu une explosion dmographique jusquau moment, ou changeant de mentalit, les familles ont choisi de restreindre leur comptitivit.

Sous-dveloppement et divergence. La consommation occidentale fait natre le sous-dveloppement car le renversement ne concerne que lOccident et les pays neufs. Le dcollage prcoce de lOccident fait apparatre les autres sous-dvelopps. Lcart entre pays est rest ngligeable jusquau XVI sicle, il atteint 2 fois en 1700, 3 fois en 1820, puis il culmine plus de 14 fois en 2001, selon les travaux de Maddison. Seule lAsie parvient rduire son retard depuis 1973.

2 La croissance bouleverse les structures

Il y a un dplacement de la population et de la production de lindustrie vers les services. La hausse de la productivit agricole dgage de la main duvre pour lindustrie, puis au XXme sicle pour les services. La population active agricole passe en deux sicles, de 80 90% 3%, celle de lindustrie de 5-10% 20-25%, celle des services de 10-15% 70%. La demande suit une volution parallle, ce qui correspond la loi dEngel: recul de lalimentation, hausse des produits manufacturs avec la hausse du revenu, et plus tard, mais Engel ne pouvait le constater, la hausse des services.

On note aussi un recul des entreprises personnelles au profit des socits. Linternationalisation des changes et de la production a lieu depuis lre coloniale jusqu lunification actuelle des marchs sous lgide des firmes multinationales et des organismes internationaux. Montarisation et bancarisation de lconomie: lensemble des changes et des revenus passe par le systme bancaire qui devient le poumon de lactivit. La finance prend le pas sur lindustrie et le commerce. Transformations socioprofessionnelles: naissance et essor des employs, cadres et techniciens, salarisation. Mutations sociales et culturelles: lacisation, urbanisation, baisse de la fcondit, hdonisme par rapport la consommation.

S. Kuznets: la croissance agit sur les ingalits; dans un premier temps elles saccroissent puis elles se rduisent. Cela sexplique assez bien dans le cadre de lconomie du dveloppement. Dans un premier temps, les firmes profitent du rservoir illimit de main duvre du secteur archaique touch par un sous emploi massif. Puis cette ressource se tarit progressivement, les salaires augmentent et la protection sociale apparat. LEtat contient les plus hauts revenus et soutient les plus bas. Selon les regulationnistes, la croissance devient alors intensive, cest--dire base sur des gains de productivit et oriente vers la consommation notamment les classes moyennes salaries. Cette thse est confirme par lvolution des NPI (Nouveaux pays industrialiss) qui sont passs beaucoup plus vite au second stade, ce qui selon la banque mondiale expliquerait leur croissance spectaculaire La croissance devient intensive, c'est--dire base sur les gains de productivit, et oriente vers la consommation, notamment des classes moyennes salaries. La prdiction de Tocqueville qui dfinit la dmocratie comme le rapprochement des conditions semble confirme (de la dmocratie en Amrique, 1840)

La tendance sinverse dans les annes 1980-1990. La courbe de Kuznets semble invalide. Les revenus du capital augmentent beaucoup plus vite que ceux du travail et les systmes redistributifs sont remis en cause. On assiste au dveloppement de deux types dingalits, de revenu dans les pays plus libraux notamment Royaume Uni et Etats Unis car lcart entre les bas salaires et les plus levs senvolent; et demploi dans certains pays europens, notamment en France et Allemagne, le chmage et la prcarit frappent les plus faibles. Lingalit dynamise-t-elle la croissance en suscitant lmulation (thse librale) ou la freine t elle en diminuant la consommation thse keynsienne: le revenu par tte est corrl ngativement lingalit mesure par le coefficient de Gini. B Rgularit des fluctuations jusquau XX sicle: des crises frumentaires aux crises de surproduction

Fluctuations et cycles: on parle de fluctuations pour dsigner les mouvements de lactivit observe laide des indicateurs conjoncturels (taux de variation du PIB ou des prix, etc.), la notion de cycle est utilise dans lhypothse o lon admet la rgularit de ces fluctuations. De la dfinition du cycle, dcoule la dfinition de la crise. Le cycle conomique peut tre dfini par la rcurrence ou la priodicit de lvolution de la grandeur conomique utilise pour mesurer les fluctuations de lactivit conomique. Aprs une phase dexpansion, lactivit conomique connat une crise, suivie dune dpression, puis dune reprise, qui marque le retour de lexpansion. Dans cette vision du cycle, la crise nest quun moment court, qui consacre le retournement de la conjoncture. Elle se manifeste sous la forme dun Krach qui prcipite le marasme des affaires. La reprise en est limage inverse: elle marque la fin de la rcession, et le redmarrage de lactivit conomique, une fois que celle-ci a touch le fond de la dpression.

Diffrents critres ont t retenus pour laborer la notion de cycles

Lanalyse des cycles a conduit multiplier les critres de reprages de ces phnomnes rcurrents. Kondratiev retient les mouvements pluri-dcennaux des prix de gros ou de dtail. Cest un critre valable pour le 19e, o linflation est faible. Ce critre manque de crdibilit au 20e en raison des tendances continues linflation, sauf pendant la priode de dflation des annes 30. Les conomistes ont donc d adapter un nouveau vocabulaire pour tenter de diffrencier les priodes en fonction du niveau de linflation. Kitchin distingue 2 phases dans le cycle, dtermines par lvolution des stocks. Dans les phases de crise, les stocks augmentent alors que dans les phases de croissance, ils diminuent et on pout assister des ruptures de stocks. Le stockage est donc un bon indicateur du ralentissement de la production et de linvestissement (mais problme avec les flux tendus du toyotisme). On peut galement utiliser le critre du chmage technique; quand la surproduction menace, celui-ci augmente, linverse, la reprise conomique permet de diminuer le chmage.

Pour dfinir le cycle dit classique, lanalyse conomique utilise le plus souvent comme critre celui de la production, en particulier celui de la production industrielle. Ainsi, en France, lINSE considre que la succession de 3 mois de baisse conscutive de la production est un signe de crise. Mais dans la priode rcente, ces critres sont difficiles utiliser car les conomies sont de plus en plus tertiaires (crise industrielle noye dans une conomie de moins en moins industrielle). De plus, les chutes de production sont de plus en plus rares: on assiste plutt une diminution des rythmes de la croissance: on ne mesure pas de diminution du PIB mais un ralentissement. Le critre utilis en 94 par lOCDE pour distinguer les cycles conomiques nest pas lvolution du rythme de la croissance du PIB mais lcart du PIB rel par rapport sa tendance long terme, exprim en pourcentage du PIB tendanciel Cette volution dans lutilisation des critres est le reflet de lvolution de lanalyse conomique (lconomiste ne serait-il pas en train de construire des cycles sans justification?) Cependant, pour la plupart des autres conomistes cette analyse cyclique de lanalyse conomique fournit des instruments de mesure de lactivit conomique ainsi que des lments dapprciation des politiques qui sont menes. Les marges derreur pour la mesure restent grandes et lapprciation est complexe, ce qui affaiblit toutes les explications endognes des cycles. Lhistoire conomique est marque par lirrgularit. A court terme, les hauts et les bas de lactivit forment des cycles, dont le cumul induit une tendance longue (trend). Les trends sculaires sont trs nets: hausse des prix et de lactivit au XVIII sicle, baisse des prix et hausse de lactivit au XIX sicle, inflation et ralentissement de la croissance dans le premier XX sicle, inflation et croissance rapide depuis 1945, ralentissement de la croissance puis de linflation partir de 1973.

Jusquau XVIII sicle il existe des crises de sous-production: mauvaises rcoltes, pnurie, qui dbouchent sur laugmentation des prix agricoles. Le schma de ces crises, dites frumentaires, de subsistance ou dancien rgime, est tabli par E. Labrousse. La pnurie fait augmenter le prix du bl et se complique en crise gnrale conomique, puis dmographique car la mortalit , la natalit , et la nuptialit et la natalit varient avec les conditions de vie.

Loi de King: sur les marchs de produits de base banaliss, les variations des prix dpassent fortement celles des quantits car la demande est rigide court terme: les biens de substitution, laugmentation de loffre et le recul de la demande ne compensent qu long terme. Llasticit-prix de la demande du bl est faible car il faut bien se nourrir. Le prix explose, les plus pauvres sont vincs, linverse survient en cas dexcdent. Gregory King tablit cette loi pour le bl mais elle vaut pour toutes les matires premires.De 1750 1850: crises mixtes. Jusquen 1848 (dernire crise dclenche par une mauvaise rcolte) on parle de crises mixtes car la cause initiale est agricole mais elle induit une complication industrielle et commerciale. La crise se propage lensemble des activits: le pouvoir dachat chute avec la hausse des prix du pain, qui est le principal poste de consommation, la demande non alimentaire seffondre, entrainant la ruine lartisanat et le commerce, le chmage augmente

Au cours du XIX sicle: apparition des crises de surproduction. Laspect agricole sestompe pour cder la place aux mouvements de lconomie de march. On peut parler de crise endogne puisquelle provient des mcanismes du march et non dvnements extrieurs. la crise semble clater dabord dans la sphre de la circulation de largent ( banque et bourse). On observe la rue des dposants qui rclament leur argent aux banques ( leurs dpts) cependant que le cours des valeurs en bourse seffondre: Krach boursier et faillites bancaires, 1866,1882,1929 Puis la crise gagne le secteur commercial et enfin , lindustrie est touche, les usines sarrtent , le chmage apparat () elle clate sur la base mme du progrs conomique do son illogisme apparent

Ernest Labrousse , Esquisse du mouvement des prix et des revenus en France au XVIIIme sicle, Paris, Dalloz 1933.

Ces cycles ont une dure variable et simbriquent. Dans les cycles des affaires ( 1939), Joseph schumpeter , synthtisant les diffrentes sries dactivit et de prix , distingue trois grands types de cycles quil dsigne par les noms des conomistes qui les ont mis jour: cycles courts kitchin 42 mois, cycles majeurs Juglar de 7 11 ans, cycles longs Kondratieff de 30 50 ans. Entre 1789 et 1939, on dnombre treize Juglar ,chacun rsultant denviron trois kitchin et qui constituent trois Kondratieff. Pour certains on vivrait apres 1945 un quatrime Kondratieff. II Lanalyse des cycles

. Dans les socits antiques, le retour des saisons faisait lobjet de rites particuliers, accompagns de changements de rythme des activits sociales et de crmonies religieuses (on recherche la protection des dieux pour viter les cataclysmes: tout phnomne sur lequel les hommes nont pas demprise et dont la priodicit nest pas bien value). Dans les comportements, il yavait donc lide dun ternel recommencement qui assurait la stabilit des socits immobiles. Les rites de passage par exemple, rpondent une priodicit et permettent dassurer la permanence du groupe. Ces cycles conduisent nanmoins une certaine fatalit dans lagencement des phnomnes et de leur rcurrence. Cette vision cyclique de lactivit sociale et conomique correspond lide quun certain ordre naturel gouverne les phnomnes conomiques et sociaux. Cette ide a t reprise dans la thorie du droit naturel puis dans la thorie conomique depuis le 18e. On assiste avec le renfort de la statistique lintgration dune thorie des cycles dans lappareil analytique des conomistes. Le cycle conomique sest impos comme refltant de manire assez fiable lvolution conomique et les conomistes se sont attachs non seulement mesurer la ralit, mais aussi en trouver des explications et proposer des mesures qui permettent de contrer les manifestations de ces cycles, ou les effets, quand ils ne paraissent pas souhaitables.A Cycles courts, la violence des conomies de march non rgules

Il existe aussi des cycles sectoriels, qui se produisent en labsence dorganisation du march par la profession ou par lEtat (cycle du porc, qui dure 3 ou 4 ans par exemple): la pnurie pousse le prix, la marge samliore, llevage des porcelets augmente, puis leur arrive massive sur le march , aprs engraissement provoque leffondrement du prix et dcourage nouveau llevage

1 Cycles mineurs Kitchin

Kitchin est un statisticien britannique. Il met jour en 1923 partir de ltude des prix de gros amricains entre 1880 et 1922, des cycles dune dure dune quarantaine de mois. Ce cycle est li la variation des stocks, son effet est gnral mais il se produit sans crise, une simple rcession marque le sommet de la conjoncture. Selon quils anticipent une forte demande ou un marasme, les distributeurs et producteurs constituent ou liquident leurs stocks, ce qui engendre surchauffe ou mvente. . Le stockage est donc un bon indicateur du ralentissement de la production et de linvestissement (mais problme avec les flux tendus du toyotisme).

2 Cycles majeurs Juglar: rgularit et violence

Au 19e, la statistique sociale a conduit les conomistes (notamment en sociologie avec Qutelet) mesurer les fluctuations conomiques. C. Juglar en 1862 dans Des crises commerciales et de leur retour priodique en France, en Angleterre et aux EU montre pour la premire fois que les crises rpondent une certaines priodicit. Loin dtre aberrantes ou incohrentes, les crises sont des phnomnes normaux intgrs dans lactivit conomique et dans des cycles. Ces crises sont mme ncessaires au redmarrage de la croissance sur des bases assainies. Juglar utilisent des critres diffrents pour reprer ces cycles:

les variations montaires (surtout les prix et les salaires): quand les prix augmentent, nous sommes dans une situation dexpansion, tandis que lorsque les prix chutent, nous sommes dans un retournement de situation qui marque la crise.

Les crises commencent par une augmentation de la part des dettes au passif du bilan des banques ce qui peut tre considr comme un signe fort de lminence des crises.

Ils durent de 7 11 ans (intradcennaux) et sinscrivent lintrieur de cycles de longue dure. On en dnombre 15 entre 1816 et 1938. Ils comportent 4 phases: Expansion: croissance cumulative de tous les indicateurs, baisse du chmage et du nombre de faillites, augmentation des prix et des profits qui indique lexistence dune demande insatisfaite, ce qui incite les entreprises investir.

Crise: priode brve o la tendance sinverse, les prix et les profits cessent de crotre, lactivit se ralentit puis chute. Lexcs de stocks accumuls en prvision de la prosprit cause le retournement.

Dpression: dcroissance cumulative de tous els indicateurs. La baisse des prix met les entreprises en difficult, elles diminuent les salaires, licencient ou font faillite, ce qui entrane une plus faible distribution de pouvoir dachat et un arrt de linvestissement.

Reprise: nouvelle inversion de tendance. Le niveau des stocks est au plus bas puisque les entreprises les ont brads pendant la dpression. Elles les reconstituent progressivement et les premires commandes donnent le signal de la reprise.

Les crises dbutent par des krachs bancaires et boursiers qui engendrent la baisse cumulative des revenus et des dpenses. Linterdpendance des conomies europenne et amricaine par le biais des mcanismes bancaires et boursiers moderniss est devenue trs forte. Le tlgraphe , les paiements intrieurs et internationaux par criture de compte compte facilitent la circulation , mais aussi les paniques qui poussent les intervenants chaque alerte , retirer leurs capitaux des banques correspondantes: Wall street en 1857, banque overend et Gurney puis stock exchange Londres en 1866, banque amricaine jay Cooke et co puis Wall Street en 1873, Union gnrale en 1882, knickerbrocker Trust New York en 1907 pour nen citer quelques unes. On assiste une forte attnuation des cycles Juglar pendant les 30 glorieuses. Pour les keynsiens, les politiques actives ont permis de lisser les fluctuations conomiques et de rester sur une sorte de sentier de croissance quilibre. Harrod et Domar considrent que cest une croissance sans coups. On lexplique par labsence de flexibilit des prix et des salaires, les conomies sont rgles par les tats, par des situations de monopoles sur lesquelles le march na aucune prise (notamment les monopoles publics), ce qui permet dviter les fluctuations de march. A linverse, durant les annes 80/90, on renoue avec une vision cyclique de lactivit conomique, avec lvolution du PIB rel relativement lvolution de son PIB tendanciel.

3 Les explications: les cycles dcoulent des mcanismes de marchLa crise capitaliste tonne et rvolte. Ses victimes , travailleurs affams par la baisse des salaires, chmeurs, entrepreneurs faillis, pargnants ruins, ne comprennent pasComment lexcs de biens peut-il tre nuisible alors que tant dindividus en manquent?

a Le rle des prix diffre dun cycle lautre

Dans le cas des crises frumentaires, la hausse du prix du bl, puis du prix du pain, entranent la pnurie et la disette. Labrousse a montr que le cycle orient la hausse et violent du XVIII me sicle tend vers la baisse et sadoucit tout au long du XIX me sicle. Du fait des progrs agricoles on parvient peu peu liminer les coups graves , lunification du march intrieur , puis les importations font le reste.

Dans le cas des crises mixtes, la hausse du prix du bl donne le signal dune explosion du prix du grain puis une crise gnrale se dclenche et la baisse des prix est due la mvente des produits alimentaires. Dans un cycle majeur, la courbe des prix est parallle celle de lactivit, des profits et de lemploi. Leur hausse est le signe de la prosprit, elle provoque le cercle vertueux/investissement/embauche/hausse de la demande. Au contraire ,leur baisse, souvent accompagne dun Krach signale la saturation du march ,elle dclenche le cercle vicieux faillites/Licenciements/baisse des salaires/ chmage/baisse de la demande.

Le dbat porte sur le rle des prix dans le dclenchement des crises et dans leur solution.

Marx: le prix est le moyen de rtablir les profits en reportant les consquences de la crise sur les travailleurs. La baisse des prix supprime les forces productives excdentaires nes de la suraccumulation que la prosprit avait entrane.

Les libraux attendent de la flexibilit des prix le retour automatique lquilibre. La baisse des prix, des salaires et des stocks amnent la reprise.

Keynes: reprenant une intuition ancienne de Malthus, il voit dans la flexibilit des prix une aggravation du dsquilibre. La baisse des prix et des salaires entrane une baisse de la demande et donc de linvestissement. La solution serait au contraire de soutenir prix et salaires afin de limiter la baisse du pouvoir dachat et des dbouchs, et donc dinciter les entreprises investirAu vu des cycles du XIX sicle, on peut donner raison aux libraux: la chute des salaires (30 50%), en gnrale moins forte que celle des prix, amenait bien une reprise. Marx ne conteste pas lanalyse mais en dvoile linjustice. Cest une analyse conteste au XX sicle car les volutions sociales conduisent refuser les misres sous-jacentes aux ajustements de march. La baisse des prix et des salaires est bien une solution mais sa brutalit , et le risque de voir le dlai sallonger apparaissent socialement insupportables au XXme sicle. Pour Keynes, le travail nest pas une marchandise

b Le rle de la demande, de linvestissement et de lpargne

Les classiques et les noclassiques rcusent toute responsabilit du systme et accusent des responsables extrieurs, notamment les pouvoirs publics. Mais de nombreux auteurs mettent en cause les mcanismes propres au march.

Insuffisance des dbouchs: Malthus et Sismondi envisagent des crises de mvente provoques par un excs dpargne, c'est--dire une sous-consommation due un revenu trop faible chez les pauvres et trop lev chez les riches. Sismondi ou Malthus attendent des dbouchs du commerce extrieur. Ricardo prne le libre-change pour la baisse des prix. Marx, Keynes et les post-keynsiens mettent en vidence le rle de la rpartition: une ingalit excessive augmente lpargne et diminue la consommation. Excs de linvestissement et thorie de lacclrateur: Juglar est le premier proposer une explication cyclique des fluctuations. Laugmentation des prix signale une pnurie, mais la cause se trouve dans le dsajustement entre la demande et les capacits de production. Il existe un dcalage cause du dlai ncessaire pour que le signal des prix soit peru, et un autre dcalage cause de la dure de vie de lquipement: le surinvestissement pendant la prosprit conduit au retournement. Dans la mme ligne Albert Aftalion ( 1874-1956) montre que le dlai de fabrication des quipements induit des dcalages entre sous et surcapacit. Il illustre ce phnomne avec lexemple du pole charbon: il met un certain temps senflammer, on tend le bourrer lexcs, mais une fois que le charbon a entirement pris, il fait trop chaud , on le laisse stouffer et ainsi de suite

La vie conomique ressemble une pice qui contient un pole charbon . Ayant froid, loccupant de la pice allume le pole et le bourre de plus en plus tant quil na pas assez chaud. Mais lorsque tout le charbon est enflamm, il fait trop chaud. Loccupant cesse alors dalimenter le pole jusqu ce quil ait de nouveau froid. Mais il aura froid pendant un certain temps, et ainsi de suite Albert Aftalion

Pour J. M. Clark (1884-1963), les fluctuations sont plus marques dans le secteur des biens de production, cause de leur dure de vie. Il tablit, sous le nom dacclrateur, une relation entre les demandes dquipement et de consommation. La crise est endogne , le cycle trouve en lui-mme son propre motif. Joseph Schumpeter rsume lide en une formule lapidaire la principale cause de la dpression, cest la prosprit. La thorie de lacclrateur est donc prsente chez Juglar, Aftalion et Clark Acclrateur: une variation de la demande entrane une variation plus que proportionnelle de linvestissement qui augmente plus vite que la production dans lexpansion, puis ralentit plus vite dans la rcession, il aggrave donc la tendance dans les deux cas.

Oscillateur: propos en 1939 par P. A. Samuelson, cest un modle combinant leffet dacclration et le multiplicateur keynsien qui tablit une relation inverse: la raction de lactivit un investissement additionnel. En contradiction avec la thse noclassique, P. A. Samuelson montre quune oscillation cyclique rsulte dun processus endogne et non de chocs externes: il nexiste donc pas de rgulateur automatique en conomie de march.

Dun ct leffet multiplicateur prend en compte les interactions entre investissement et demande, de lautre lacclrateur illustre la liaison entre formation de stock de capital et loffre: ces deux phnomnes sont complmentaires

Le modle de Samuelson a t perfectionn par John Richard Hicks , ces travaux nont pas t fondamentalement dmentis

Une demande exogne nouvelle ( des exportations par exemple) aboutit un premier accroissement des investissements (acclrateur) pour la satisfaire. Ceci conduit alors distribuer un supplment de revenu (multiplicateur) qui alimente un nouveau cycle de hausse de formation de capital des entreprises. Cependant, cette croissance est un moment limite, soit par une pnurie de main duvre dans certains secteurs, soit par des goulots dtranglement certaines tapes du processus de production. Ces contraintes mettent un terme au processus dinvestissement qui na plus raison dtre, compte tenu du fait que toute la demande a t satisfaiteLa fin de la production des biens dquipement joue ce moment un impact ngatif sur la demande (effet multiplicateur jouant en sens inverse), qui diminuant entrainera son tour un report ou une annulation des dcisions dentreprises faut de dbouchs. Ce phnomne cumulatif provoque une rcession qui prend fin par un retournement naturel de loscillateur, lorsque les capacits de production deviendront insuffisantes

Ce modle illustre bien le rle central de linvestissement dans lvolution court terme de la croissance: cest par ses variations que le cycle conomique est dtermin.La surproduction impossible: reprenant la loi des dbouchs de Say, lcole classique nie la possibilit de crises. Lcole noclassique reprend la mme thse: toute offre cre sa propre demande, le seul problme est celui de lajustement, or il se rsout automatiquement par la flexibilit. Lquilibre global entre loffre et la demande tant donn, seul un dsquilibre local peut exister. Il ne faut en aucun cas contrecarrer les lois naturelles. Les cycles sont dailleurs peu tudis. Leur rgularit rassure et permet de les accepter comme un cart, somme toute supportable. Accepter un dlais dajustement permettrait de raliser les fluctuations avec ce modle. Refusant cette concession, il faut se rabattre sur des analyses en termes de choc exognes, ce que font les Nouveaux classiques dans les annes 1980Thorie des cycles rels: les Nouveaux Classiques, dans le cadre de la thorie des anticipations rationnelles, laborent dans les annes 1980 une version noclassique radicale: une conomie de march est toujours en quilibre, seuls des forces exognes (chocs externes rels) peuvent causer des cycles. Une fluctuation rsulte du fait que le march ramne lconomie lquilibre aprs le choc.

c Le rle de la monnaie

R. G. Hawtrey1879 1975: le cycle sexplique par les mouvements de cration montaire (crdits bancaires). Durant la prosprit, le crdit augmente. Mais la banque finit par contracter le crdit pour maintenir le rapport monnaie mise/rserve dor. Le processus dpressif est symtrique: la baisse des prix et des salaires entrane la contraction du crdit. La prosprit pourrait ne jamais sinterrompre, mais au prix dune inflation croissante, qui finirait par condamner ltalon orM. Friedman: explication du mme type, mais il dplace la responsabilit vers la Banque centrale comme ce fut le cas en 1929: la contraction de la masse montaire ayant aggrav la difficult des emprunteurs.

W. D. Nordhaus: thse du march politique: cest lagenda politique qui cre le cycle, car les politiciens relancent la dpense et lemploi en fin de mandat pour assurer leur rlection.

Les principes libraux de non-intervention publique sont appliqus fermement jusquen 1850, mais ils vont souffrir de multiples entorses: politique de grands travaux, lgislation sociale. En effet, on peut penser aux ateliers nationaux de la deuxime rpublique 1848, grands travaux de Freycinet ( annes 1880). On cherche protger les faibles par une lgislation sociale: rglementation britannique du travail des enfants en 1802, assurances sociales bismarckiennes 1883 1889. Ds lorigine cette intervention est conteste par les libraux. Ainsi une polmique clate durant la crise anglaise des annes 1920, Jacques Rueff ( 1896-1878), conomiste franais proche du courant autrichien accuse la dole, assurance chmage britannique cre en 1911

La consquence dun pareil rgime tait dtablir un certain niveau minimum de salaire, partir duquel louvrier tait incit demander la dole plutt qu travailler pour un salaire qui ne lui vaudrait quun excdent assez faible sur la somme quil recevrait comme chmeur

Jacques Rueff 1931 lassurance chmage, cause du chmage permanent Revue dconomie politique.

Les annes 1930 vont provoquer la plus grande rvolution socio-conomique et scientifique de lhistoire moderne.

C Cycles longs Kondratieff

1 Des ondes longues dune cinquantaine dannes

Les cycles majeurs sinscrivent dans des mouvements de 30 50 ans. Kondratiev se base sur lobservation des prix. Les phases A sont marques par linflation, elles concideraient avec une croissance acclre de lactivit. La baisse des prix et une croissance ralentie caractriseraient les phases B. Schumpeter les baptisera cycles Kondratiev. Ces phases longues rsultent du cumul de cycles Juglar, orients diffremment selon quils sinsrent dans une phase A ou B. Pour la priode 1850 1896, on peut observer 2,5 cycles allant de 1850 1873 constituant une phase A et les 2,5 cycles de 1873 1896 une phase B. Ainsi la reprise de 1850 1851 marque le dbut dun Kondratiev, la crise de 1873, le dbut de sa phase B et la reprise de 1896, sa fin donc le dbut du suivant.Kondratiev limitait lobservation au mouvement des prix, lextrapolation aux autres indicateurs est dlicate. Do un problme quand, avec la crise des annes 1970 et la renaissance de lintrt pour les fluctuations, certains prsentent la phase daprs 1945 comme un quatrime Kondratiev. Il est difficile dassimiler les annes 1970 (inflation acclre et rcession) et les annes 1980 (dsinflation) une phase B ordinaire, mme si la priode 45-73 semble tre une phase A.

2 Lnigme des cycles longs

Mise en cause des hypothses de Kondratiev: les cycles napparaissent quaprs un traitement statistique discutable. Dans une controverse avec Schumpeter, S. Kuznets met en doute la dmonstration de la rcurrence des cycles. Il est en effet difficile de trouver une explication plausible reposant sur un mcanisme rgulateur li au march, comme pour les autres cycles. Thse quantitativiste: selon K. G. Cassel ( 1866-1945), lactivit dpendrait de lextraction des mtaux prcieux, les dcouvertes minires semblant concider avec le creux des phases B. En phase A, labondance dor entrane une inflation et un ralentissement de lextraction. Mais le XX sicle connat une inflation presque continue, alors que la monnaie est dconnecte de lor. On peut donc difficilement lui appliquer une thse qui largit aux cycles la vieille analyse quantitativiste de linflation formule par Jean Bodin en 1568

Schumpeter: explication par le progrs technique. Chaque phase A correspond une vague dinnovations en grappe qualifie de destruction cratrice qui dclenche une phase dinvestissement. Un phnomne de saturation dclenche la phase descendante. Les investissements de capacit sont remplacs par des investissements de rationalisation. Durant cette priode se prparent les innovations qui feront la phase suivante. Comme dans le cycle mineur, linvestissement joue les premiers rles. Elment essentiel et variable de la demande, il dtermine loffre en quantit et en qualitSi les facteurs prsents plus haut sont videmment essentiels, il est difficile dexpliquer la rgularit des cycles qui au demeurant semble en partie construite. Ainsi le XXme sicle prsente deux vagues prospres ( 1920-1929, 1945-1973) entrecoups dune dpression mais fondes sur des ressorts technologiques. Il serait plus fcond de passer du temps conomique au temps historique, cest--dire de renoncer une causalit cyclique pour sintresser aux traits de chaque poque ( rapports sociaux innovation) cest lapport le plus clairant de la thorie de la rgulation qui lon doit une mise en perspective des deux derniers sicles

D Les deux crises du XX sicle, la comparaison 1929 et la grande dpression du XXme sicle, et enfin la tres grande rcessionPour les 2 derniers sicles, on compte 3 grandes situations de crises, que l'on appelle dpression tant donn leur longueur (fin 19e, 1930 et 1970). Ce qui caractrise les crises passes (fin 19e et annes 30) est la dflation. Ces crises sont typique des crises classiques. La crise des annes 70 est caractrise par l'inflation puis la dsinflation.Il conviendra de sarrter sur la grande rcession puisque tel est le nom que les conomistes donnent la crise prsente entame en 2007 dont la fin ne semble pas se profiler pour lanne 2013.

1 La crise de 1929 correspond bien au modle cyclique

a Droulement

Les annes 1920 sont prospres sauf en GB o est conduite une politique montaire restrictive. Les Etats unis voient le dveloppement du taylorisme, le Fordisme, le crdit la consommation. Le PIB gagne 5% par an de 1922 1929, et Wall Street 20% par an de 1924 1929. Jeudi noir du 24 octobre 1929: clatement dune bulle spculative qui se complique en crise gnrale sur le modle des cycles Juglar. La propagation se fait par le systme bancaire qui est trs dcentralis aux EU. Faillites bancaires en chane. Une spirale dpressive senclenche: baisse des prix, effondrement de linvestissement, faillites, chmage

La crise se propage rapidement du fait du poids des EU: lEurope centrale est la premire touche Kredit Anstalt Vienne en 1931), puis lAllemagne et la GB ( export: - 50% en deux ans) et l Amrique Latine sont trs touches. La France est atteinte seulement en 1932 car plus rurale et moins ouverte.

Plusieurs facteurs expliquent la propagation de la crise: retraits massifs de capitaux amricains, effets deflationnistes de la baisse des prix amricains ( - 32% de 1929 1932 54% pour lagriculture), baisse des importations amricaines ( - 70% de 1929 1932), protectionnisme et effondrement du systme montaire qui aggravent le recul du commerce.

Consquences: le refus de toute concertation et le repli sur soi sont gnraliss. Mise en place de mesures protectionnistes.un multiplicateur ngatif du commerce extrieur agit fortement. Le systme montaire de Gnes dgnre en guerre des monnaies: la livre et la lire deviennent inconvertibles, la livre flotte en 1931, le dollar est dvalu de 50% en 1934. Le Royaume Uni; champion habituel du libre change, cre le commonwealth en 1931, puis instaure Ottawa en 1932, une zone sterling base sur la prfrence impriale.

Attentisme intrieur: les premires mesures ne sont prises quen 1932-1933. Le chmage a atteint 6 millions de chmeurs en Allemagne, 13 aux Etats Unis, 3 au Royaume Uni

Le droulement est conforme au modle: 3-4 ans de dpression, reprise nette, rechute en 1937. Depuis 1857 sauf en 1921, chaque crise connait une faillite bancaire importante, souvent associe un Krach car la bourse est trs sensible aux anticipations. Cette crise comme les prcdentes est marque par la baisse des prix et varient dans le mme sens comme un cycle Juglar. Deux faits majeurs: acclrateur massif de linvestissement ( - 15 fois de 1929 1932), ampleur du choc PNB amricain 50% chmage multipli par 8. La crise justifie labandon des politiques passives.

b Linvention des politiques de plein emploi

Roosevelt et le New Deal. Lobjectif est la reflation, il faut inciter les prix la hausse, redonner confiance aux investisseurs, distribuer du pouvoir dachat aux consommateurs. Une uvre norme est ralise Abandon de ltalon or et dvaluation de 41%, politique montaire expansionniste, restructuration bancaire sparant les activits de bourse et de banque pour limiter le crdit la spculation

Soutien des prix agricoles par des quotas de production; codes limitant la concurrence dfinis par des commissions mixtes firmes/syndicats

Social security act 1935 fonde les premires assurances sociales, emergency relief act cre une administration distribuant des aides aux chmeurs, le Wagner act accorde des droits syndicaux

Programme de grands travaux tennessee valley authority , public works administration qui emploie jusqu 3,3 millions de chmeurs

Les EU retrouvent la croissance ds 1933. Mais il faut attendre la guerre pour que soit dpass le niveau de 1928. Bilan contest: les keynsiens critiquent la timidit de laction de Roosevelt par exemple pas de dficit budgtaire et la contradiction des rformes hausse des salaires contrarie par hausse des prix; les libraux critiquent lintervention de lEtat. LAllemagne applique galement le keynsianisme du pire sous linfluence de H. Schacht: cest un succs. Il sera dsavou des 1936 pour avoir prconis dabandonner lautarcie: prparer la guerre revient relancer massivement par la dpense publique.

La France, peu touche, refuse toute innovation jusqu'au Front populaire de 1936, obnubile par la dfense du franc. La GB se replie sur lEmpire, elle aide seulement la rgion industrielle du Nord.

c Le mcanisme de la crise nest pas lucid, il suscite encore la polmique

Certains, comme J. Rueff, accusent lintervention: lobsession pour le maintien des salaires et la lutte contre le chmage rduisent la flexibilit et nuisent au rtablissement rapide de lquilibre.

Keynes accuse la faiblesse de la demande. Le mcanisme du march poussant les salaires la baisse aggrave la dpression en diminuant le pouvoir dachat au lieu de la stopper comme le croient les noclassiquesFriedman dsigne comme responsable la politique montaire restrictive mene aprs 1930.

Aglietta accuse la sous-consommation lie une rpartition trop ingale des revenus. Mais il semble que la part du revenu salarial ait plutt augment dans les annes 1920. Il sagit dune crise du mode de rgulation. 2/ Des crises marques par la dflation (fin 19e, annes 30)/ comparaison grande dpression fin du XIX me sicle ( 1873-1896) avec crise des annes 1930

Baisse prolonge des prix (phase B de Kondratiev). Le retournement des trends de croissance se produit par un choc boursier : en mai 1873 pour la Grande Dpression, qui s'accompagne d'un effondrement des bourses allemandes suivi d'un marasme gnralis des conomies, aussi bien en Europe qu'aux EU et en 1929, le choc du jeudi et son retentissement sur l'ensemble de l'conomie mondiale. Pour la France, si on prend une base 100 pour les prix en 1900, ils taient 140 en 1973 et 120 en 1978. L'volution est quasi-semblable aux EU et en Angleterre. En 29, le mouvement est de mme ampleur, sur une base 100 en 1914 aux EU, les prix atteignent 225 en 1920, chute 95 en 1932, et 150 en 1950. En France, la baisse des prix de gros commencent en fvrier 1929 et la spirale dflationniste se prolonge jusqu' l't 1935 : sur une base 100 en 1914, l'indice atteint 650 en 1929, 325 en juillet 1935. Les explications de cette dflation varient selon les pays, les poques, et les formes de la dflation. Pour le cas franais, on estime que la dflation est lie pour beaucoup aux politiques conomiques qui ont t menes (ici dans les annes 30), notamment le maintien d'une parit or du franc leve, renforce par la politique de Laval qui consiste baisser les salaires des fonctionnaires de 10%, et maintenir des taux d'intrts levs. Il existe des mcanismes communs l'ensemble de ces situations (2 priodes au niveau mondial) :

baisse des prix qui surviennent dans ces 2 priodes sont les consquences d'un march durablement offreur : on a beaucoup de mal couler les stocks, la concurrence est donc renforce, et cette concurrence conduit les producteur faire baisser leurs prix. Cette baisse est rpercute par les fournisseurs, qui sont contraints de rduire leurs cots de production. Dans la mesure o le march reste durablement offreur, cela se rpercute aussi sur les biens intermdiaires et les matires premires qui ont tendance baisser. Cette explication s'avre cependant insuffisante pour comprendre l'importance du phnomne ; d'autres automatismes peuvent tre mis en avant.

Les producteurs, pour faire face cette baisse des prix ont eu tendance amliorer leur productivit. Mais ce qui semblait rationnel l'chelle microconomique, s'est avr catastrophique l''chelle macroconomique. L'investissement de capacit recul au profit de l'investissement de productivit. La demande s'est affaisse sous l'influence d'un chmage croissant. Cette baisse n'a t compense que partiellement par l'augmentation du pouvoir d'achat des populations revenu fixe.

La rigidit des salaires nominaux (stagnation) parallle une hausse conscutive des salaires rels. Le salaire tant rigide la baisse, cela rend inoprantes les politiques librales fondes sur un retour automatique l'quilibre par la rgulation par le march. Pour le cas franais, sur une base 100 en 1900, le salaire rel tait 66 en 1873, 75 en 1879 et 90 en 1890. On a donc un salaire rel qui s'amliore.

La consquence principale de ces priodes est la baisse des profits puisque les cots augmentent pendant que les recettes diminuent, ce qui se traduit par un net ralentissement de l'investissement, qui renforce la dpression.

La nature du ralentissement de la production diffre cependant dans les 2 priodes. Pendant la Grande Dpression, on assiste seulement une dclration relativement limite de la production dans l'industrie ; elle touche essentiellement le secteur agricole. En France, le ralentissement agricole est trs fort, mais on le remarque galement en GB, les surfaces emblaves (bl) reculent de 50% et la production de crale chute de 40%. Aux EU, La production augmente mais le revenu agricole chute en raison de la surproduction et de la baisse des prix. Pendant la crise des annes 30, la chute de l'investissement industriel est beaucoup plus forte. Aux EU, entre 1929 et 1932, la production industrielle diminue de prs e 50%, et 70% pour les biens d'quipement. Le taux d'investissement brut, qui tait proche de 15% dans les annes 20, tombe 2.3% du PNB en 1932. La dflation des annes 30 est lie une explication montaire, savoir la contraction montaire, qui est mise en place ds les annes 20 dans les pays dveloppes et qui vise un objectif extrieur, savoir retrouver une parit montaire satisfaisante et donc pour cela, de provoquer une baisse des prix intrieur (la dflation est presque recherche). Cette recherche d'une parit montaire conduit mener des politiques montaires dflationnistes, dans la mesure o l'effet recherch ne s'est pas produit immdiatement : on renforce les politiques restrictives pour remplir ses objectifs. Pour rtablir le taux de change, il faut prolonger la baisse des prix dans le temps. On retrouve une condamnation de cette politique chez Aftalion, dans monnaie, prix et change, 1940 : il montre que les mcanismes psychologiques des anticipations maintiennent la dprciation du change et en freinant la baisse des prix, conduisent prolonger la dflation. Par ailleurs, la recherche de l'quilibre budgtaire, qui vise assurer la crdibilit de la politique montaire ne fait que renforcer la dpression. Il se produit donc un processus cumulatif non matris, un cercle vicieux de la dflation, fait de baisse des prix, baisse de la production, baisse des revenus et baisse de la demande globale. Laval, Hoover, Brning mnent des politiques dflationnistes. L'ensemble de ces analyses est celle de Fischer dans booms et dpressions, 1932. Pour lui, l'endettement et le risque de surendettement qu'il gnre conduit fatalement la dpression et la contraction montaire. La politique de crdit expliquerait les mcanismes cycliques et donc la crise. La cration montaire antrieure explique fatalement la situation de surendettement des agents conomiques. La dflation financire explique donc la dflation conomique.

2 Le marasme de la fin du XX sicle, crise ou mutation?

a Aucune ressemblance avec le modle de 1929

Il sagit dune longue rcession et non dune brve dpression. Il sagit plutt dune rupture de tendance que dune crise au sens fort du terme. Il y a une lente installation du chmage et non une explosion. Il y a stagflation puis dsinflation et non dflation. Louverture extrieure est acclre au lieu de recourir au protectionnisme. La crise est dclenche par le choc ptrolier et non par un krach boursier.

Si lon identifie les diffrences avec la crise des annes 30 on peut mettre en lumire les points suivants

Lente installation dans le chmage versus explosion du chmage: la rcession intervient au mauvais moment quand les femmes et les jeunes du baby boom affluent sur le march du travail.

En Europe, un chmage de masse sinstalle dans les annes 1970 1980 ( sommet en 1997 avec 11% dans lUE et 12,8 % en France) par paliers ( rmissions en 1975-1978, 1984-1991, 1997-2001) alors quil avait explos en 1929-1933 jusqu une fourchette de 20 45% pour refluer des 1933-1940. Certains pays affichent des performances en matire demploi les Etats Unis creent de 1975 1999 35 millions demplois

Stagflation ( annes 1970) puis dsinflation ( annes 80) versus dflation

Linflation qui tait contenue 2-5% dans la prosprit de 1945-1973 semballe ( 9,6 % sur 1973-1982) jusqu des pics 25% au japon et en Angleterre alors quen 1929. La vague des faillites et le chmage taient dus une catastrophique chute des prix . Il sagit dune stagflation: on ne peut plus arbitrer entre inflation et chmage puisquils varient ensemble. Linflation est la fois signe et amortisseur de la crise. Linflation est rduite dans les annes 1980 de 10% 2% moyennant un cot lev en termes demploi, puis se stabilise ce niveau et devient indpendante du chmageOuverture extrieure acclre versus repli protectionnisteLe commerce mondial avait gagn 7,5 % par an en 1948 1970, et il senvole en 1970-1994 avec 11,8% alors quil stait effondr en 1929 ( 1929-1933: - 15% an par an) . Cet essor soutient lactivit mais il accroit la contrainte externe qui oblige chacun freiner sa croissance pour viter le dficit. Les balances se polarisent: excdents allemand, nippon, chinois face aux dficits amricains.Chocs ptroliers versus Krach boursierLa crise est dclenche par le choc ptrolier de 1973: le prix du baril est bloqu 2 % depuis 1950 bondit 12: et aggrave par celui de 1978 1979: il culmine 36 dollars dans les annes 1980. Ce transfert au profit des pays ptroliers entraine une dpression ( perte gnrale de pouvoir dachat) et un bouleversement des modes de production et de consommation. Cet venement dclencheur signale la vulnrabilit lgard dune ressource trop bon march. Au contraire, le Krach de 1929 rappelle la vulnrabilit habituelle des conomies concurrentielles rgules par les marchs de largent.

b Le poids respectif des composantes structurelles et conjoncturelles

Toutes les courbes se brisent en 1974, en 1980-82, en 1991-92 puis en 2000-2001, ce qui indique un chmage conjoncturel ou keynsien, li la baisse de la demande. Cependant, linstallation progressive en Europe dun chmage de masse voque une cause structurelle et renvoie au dbat sur la flexibilit et le cot salarial qui oppose les libraux et les keynsiens.

1974-1975: rcession et inflation, rupture de la courbe du chmage sous leffet du choc ptrolier et des politiques de freinage engages par les Etats ( double choc rcessif)

1976-1979: vive reprise et inflation, maintien du chmage . Une relance gnrale a lieu fin 1975, elle est forte ( 3,5%_4,5%) mais la courbe de philipps ne revient pas ses niveaux antrieurs

1980-1982: rechute, 31 millions de chmeurs , dbut de la dsinflation comptitive ( 2 choc ptrolier, revirement montariste amricain). Elle est dure car cette fois de lamortir par la relance ( G5 de Tokyo, 1979). Ce tournant libral met en cause la protection sociale et lindexation 1983-1991: reprise sans inflation OCDE 3,5% , recul relatif du chmage, repartage de la VA en faveur des entreprises. La forte relance amricaine de 1983 donne le signal, le contre choc ptrolier de 1986 la favorise. Le chmage recule plus vite chez les plus libraux. La France en profite tard 1986 1990.

1991-1993: rechute aprs lclatement des bulles immobilire et boursire aggrave par la premire guerre du golfe, En Europe, les Taux dintrt explosent sous le double effet de la runification allemande et de la rigueur impose par la convergence qui prcde leuro

1995-2001: dveloppement de la neteconomy, et amlioration sur le front de lemploi dans les diffrents PDEM. La France va crer entre 1997 et 2001 environ 1,8 millions demplois

2001-2003 rechute avec le krach de la nouvelle conomie

2003-2006: reprise relative. Derrire les Etats unis et le Royaume Uni, la plupart des pays se redressent coup de relances budgtaires et montaires. Mais la zone euro profite tardivement en 1997, le chmage baisse avec lexpansion + 4% mais assez pour revenir au plein emploi

2007-2012 dbut de la grande rcession dite des crises de subprimes en 2007

La crise de 2007 est particulire : elle est plus forte et importante que les crises des annes 1970, 80 et 90, et voque la crise de 1929 par son ampleur et son potentiel dflationniste. Le credit crunch , cest--dire la contraction violente du crdit, menace nouveau. Enfin la rcession atteint des niveaux non atteints depuis la Deuxime Guerre mondiale. Deux causes immdiates sont gnralement avances pour expliquer la crise :

Dune part la titrisation , technique consistant synthtiser des titres divers, notamment de crance, pour en crer dautres. Ce qui a rendu le systme explosif en raison de lopacit des marchs financiers (impossibilit de savoir exactement ce quon les banques dans leurs bilans), dun contrle insuffisant des marchs (par les autorits du fait de la drglementation, mais aussi en raison du rle des agences de notation).

Et dautre part la politique montaire amricaine qui, au cours des annes 2000, pratique une politique de taux dintrt bas, ce qui va notamment entraner une forte augmentation de lendettement des mnages amricains, dirig vers la consommation et lachat dimmobilier. En 2007, la crise est dclenche par celle des subprimes , les mnages les plus fragiles financirement, ayant emprunt pour acheter des biens immobiliers sont incapables de faire face aux remboursements, ils sont expulss de leurs maisons et celles-ci sont mises en vente. Ce qui entrane un effondrement des prix, et qui ne permet pas, du coup, aux banques de se rembourser.

Cette crise de limmobilier entrane pour les banques la ncessit de faire appel au march montaire pour obtenir des liquidits, ce qui fait augmenter les taux dintrt interbancaires. Par ailleurs de nombreuses banques sont en grandes difficults, car endettes.

En octobre 2008 on a un krach boursier, avec une baisse moyenne des bourses mondiales de 40% (on avait dj eu des chutes en juillet-aot 2007). En 1929, le gouvernement avait laiss faire le march, rsultat : des milliers de banque en faillite, celles qui restaient ne pouvaient plus accorder de crdits, les pargnants paniqus qui retiraient leurs dpts ( bank run ), do le credit crunch , qui saccompagne dune contraction de la masse montaire, ce qui entrane la dflation. Grce cette exprience, la FED va ragir en apportant des milliards de dollars sur le march montaire.

Mais si le pire est vit momentanment, la rcession intervient tout de mme en raison de la baisse de la production dans certains secteurs (btiment, automobile, quipement mnager). Les tats sont obligs dintervenir massivement dans lconomie, ce qui provoque ou accentue leurs dficits, leur endettement.

Le centre de la crise se dplace vers lEurope, et se commue en crise des dettes souveraines partir doctobre 2009. La crise na pas encore trouv dissue. Le pige dflationniste menace.

Sur cette crise, je vous demande de lire les documents daccompagnement qui vont avec le polycopie et que je vais vous fournir.

c La question du partage social est au cur du changement social

Jusquen 1982, les entreprises portent seules le poids de la crise: la part des salaires senvolent jusqu atteindre 71%, le taux de marge seffondre de 30 24%. A partir de 1983, la dsinflation comptitive inverse la tendance en faveur du capital, le taux de marge remonte 30%.

d Face cette rupture de trajectoire, le terme de crise pour qualifier la crise des annes 70 est-il pertinent?

Libraux: les conomies de march sont spontanment quilibres. Il faut rtablir la flexibilit des salaires et diminuer les dpenses publiques. Il sagit dune crise. Keynsiens: les chocs ptroliers ont dclenche la crise cause de la chute de la demande. Il faut favoriser la consommation. Mais les keynsiens acadmiques soutiennent quune partie du chmage est structurelle et que les relances par la dpense publique ont perdu de leur efficacit.

Rgulationnistes: il sagit dune mutation et non dune crise cyclique. Elle indique lpuisement du fordisme et la ncessit dun nouveau rapport salarial. La tendance actuelle au capitalisme patrimonial a peu de chance de favoriser un cercle vertueux limage du fordisme.