les bases elementaires de
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LES BASES ELEMENTAIRES DE L’ANATOMIE – PATHOLOGIQUE
Dr: M. SAOUD
Mars 2021
Introduction
Le pathologiste analyse les différents types de prélèvements
cytologiques et tissulaires afin de fournir :
-un diagnostic lésionnel aussi précis que possible
-toute information additionnelle ayant un impact sur le pronostic
et/ou la prise en charge thérapeutique
Definition
-Le pathologiste étudie les lésions provoquées par les maladies ou
associées à celles-ci, sur les organes, tissus ou cellules.
-L’anatomie pathologique utilise des techniques morphologiques
macroscopiques ( œil nu ) et microscopique.
- objectif : reconnaitre ces lésions au microscope optique (MO) pour
proposer un diagnostic et évoquer une maladie.
Techniques de base en anatomie pathologique
1) Comment va-t-on étudier ces lésions ?
Il faut avoir un support, un tissu pour pouvoir analyser les lésions
On fait donc un prélèvement de tissu puis on l’examine :
▪ à l’œil nu = MACROSCOPIE.
▪ après la macroscopie, au MO = Analyse MICROSCOPIQUE :Les
prélèvements sont coupés et colorés sur lame de verre.
2) Comment d’un morceau de tissu arrive-t-on à la lame ?
il faut alors une succession d’étapes techniques interdépendantes
l’une de l’autre :
1- la fixation:
-Une étape cruciale, irréversible et indispensable.
-Elle permet de conserver les cellules et les tissus dans un état
fixe en <<une image instantanée>> le plus proche possible de
l’état physiologique, pour éviter qu’ils ne se dégradent ( par une
coagulation des protéines).
-Il faut que cette étape soit faite le plus rapidement possible
après le prélèvement ( dans l’heure qui suit le prélèvement )
Toute fixation défectueuse rend l'étude anatomo-pathologique difficile voire impossible
précautions à prendre lors de la fixation :
-le volume du fixateur doit représenter environ 10 fois le volume de
la pièce.
-Le récipient doit être de taille suffisamment grande pour prévenir
les déformations des pièces opératoires volumineuses.
-les organes creux (tube digestif, vésicule biliaire, utérus..) doivent
être ouverts et si nécessaire lavés de leur contenu afin de prévenir
l'autolyse des muqueuses.
-les organes pleins volumineux (foie, rate) doivent être coupés en
tranches pour faciliter la pénétration rapide et homogène du
fixateur.
La durée de la fixation: dépend de la taille du prélèvement : au
minimum 2 à 5 heures pour une biopsie et 48 heures pour une
pièce opératoire, de la nature du fixateur ainsi que de sa vitesse de
pénétration.
Nature du fixateur:
-La plupart des fixateurs agissent en dénaturant ou en précipitant
les protéines .
-Des dégâts minimes et des altérations physiques et chimiques du
contenu cellulaire sont inévitables avec n’importe quel fixateur.
Il n’existe pas de fixateur idéal.
Le choix du fixateur :
Le fixateur sera choisi en fonction de certains paramètres :
➢but poursuivi
➢les colorations spéciales ultérieures
➢le volume de la pièce
➢la vitesse de pénétration
➢la disponibilité du produit
➢le coût du produit.
Types de fixateurs :
1/ fixateurs chimiques : Les fixateurs chimiques se comptent par
dizaines, mais nombre d’entre eux sont de simples variantes.
On note :
des liquide fixateurs aqueux : le solvant est représenté par l’eau
tels que le formol et le liquide de Bouin ;
des liquides fixateurs alcooliques : le solvant est représenté par
l’alcool, exemple de liquide de Carnoy.
a/Le formol (HCHO) : Il est le plus utilisé pour ses qualités de bon
fixateur et conservateur.
Il est disponible sur le marché sous forme d’une solution mère de
formaldehyde de 30 à 40 % de concentration.
Solution à 10 % (la plus utilisée) :
solution mère …………10 vol
eau courante ………… 90 vol
-à conserver à l’abri de la lumière
-à des températures supérieures à 10°C pour éviter la
polymérisation (précipité) qui est plus rapide à de basse
température.
-Il ne précipite pas les protéines, fixe les lipides complexes et ne
contracte pas les tissus.
- La fixation au formol à 10 % permet, la réalisation de technique de
biologie de pratiquer l’immuno-histochimie et même la
microscopie électronique
-Le formol est totalement éliminé par l’alcool de déshydratation.
-Il est bon marché, facile à préparer et relativement stable lorsqu’il
est tamponné.
-Le formol est un excellent fixateur pour les structures nerveuses
et le tissu adipeux.
-Sa vitesse de pénétration est moyenne. Des prélèvements
découpés à 4 mm d’épaisseur sont fixés en 4 à 6 heures. Une
fixation complète est de 12 à 24 heures.
-Le mélange formol – chlorure mercurique (Hgcl2) est celui qui
convient le mieux aux lipides.
Les inconvénients :
-Sa manipulation peut provoquer des dermatoses des mains.
-ll dégage des vapeurs irritantes, pour les muqueuses nasales, et
lacrymogènes gênantes et parfois nuisantes.
-Des études récentes l’incriminent d’être un agent cancérigène.
-Il durcit les pièces.
-Dans les tissus qui contiennent beaucoup de sang, comme la rate, le
formol donne, parfois, naissance à un pigment artificiel noir ou brun
foncé qu’on appelle pigment formolé qui est due à la présence de trace
d’acide formique dans le formaldehyde de commerce.
Pour éliminer le pigment formolique constitué, on peut le faire à
l’aide de l’acide picrique :
❖Immerger la coupe dans de l’eau après avoir
désolidarisé la lamelle de la lame par un séjour dans le
xylène dont la durée dépend de l’ancienneté de la lame.
❖La passer dans une solution alcoolique d’acide
picrique à saturation pendant une période de 5 mn à 2
heures selon l’intensité du pigment.
❖Ensuite laver pendant 5 à 10 min à l’eau courante.
b/Le liquide de Bouin :
-C’est le deuxième fixateur le plus utilisé en anatomie pathologique,
particulièrement pour les petites pièces.
-Il est meilleur fixateur topographique, pénètre rapidement et fixe
de façon homogène.
-C’est un excellent fixateur du glycogène et de la plupart des tissus
sauf le rein qu’il fixe mal.
-C’est une solution stable
Inconvénients du liquide de Bouin :
-Les tissus ne doivent pas y séjourner plus de 12 à 24 heures
selon leur taille, car ils deviennent durs, cassants et difficile à
couper.
-Après la fixation au Bouin, les tissus doivent être conservés
dans de l’alcool éthylique à 70 %.
-Il lyse les globules rouges.
-Il a une couleur jaune due à l’acide picrique et colore les
pièces en jaune, empêchant, ainsi, de reconnaître la couleur
initiale de la lésion ou de la pièce ➔solution saturée de
carbonate de lithium dans de l’alcool à 70 % /l’alcool éthylique
puis à l’hyposulfite de soude à 5 %.
c/Liquide de Carnoy :
-Le liquide de Carnoy doit être préparé extemporanément. Il ne se
conserve pas.
Formule :
alcool éthylique absolu…………………60ml
chloroforme …….………………………… 30ml
acide acétique glacial ….…………… 10 ml
-Il convient aux petits prélèvements (curetage). C’est un bon
fixateur du glycogène.
Les inconvénients :
Il laque (lyse) les globules rouges et provoque une rétraction
considérable.
d/Alcool (70 à 100 %) :
-L’alcool éthylique est un très mauvais fixateur.
-Il est utilisé en dernier ressort quand le médecin est dépourvu de
fixateurs adéquats.
-Il précipite énergiquement les protéines.
-Il dissout certains lipides complexes et précipite le glycogène sans le
fixer.
-Il prépare mal à la coloration.
2/Fixateurs physiques : a/Fixation par la chaleur :
C’est l’une des plus anciennes méthodes de fixation. Elle réalise la
coagulation des protéines sous l’effet de la chaleur. Les résultats
morphologiques sont désastreux. Elle est citée, uniquement, à titre
historique.
b/Fixation par dessiccation à l’air libre :
La fixation par dessiccation, utilisée essentiellement pour les frottis
de sang, de moelle osseuse et aux empreintes de pièces fraîches,
n’est pas une vraie fixation puisqu’elle est suivie, toujours, par un
complément de fixation chimique.
c/Fixation par dessiccation à basse température (congélation) :
-C’est la cryodessiccation.
-La méthode consiste à dessécher les tissus à basse température.
-Elle n’est pas une fixation au sens propre du terme .
-Le refroidissement consiste à arrêter les processus
- d’autolyse enzymatique et cet arrêt cesse bien sûr, avec
le retour à la température ambiante.
Un bon fixateur doit :
-pénétrer vite dans le tissu assez rapidement et d’une façon
homogene.
-être isotonique .
-provoquer un minimum d’altérations physiques et
chimiques au niveau de la cellule .
-être stable et inoffensif dans sa manipulation .
-Avant la fixation, il faut enlever le maximum de mucus (exp. : kyste
mucoïde de l’ovaire).
-Il est connu, également, que les tissus adipeux (cutanés,
mammaires, lipome) se fixent lentement ; leurs coupes doivent être
très fines moins de 4 mm.
- si l’inclusion est différée pour une raison ou une autre, tous les
liquides fixateurs peuvent être un liquide d’attente et servir comme
liquide conservateur
2- étude macroscopique: acte médical
- correspond à la description, aux mesures de la pièce ainsi qu’au
choix des lésions à analyser (ex : tumeur, marges de résection,
ganglion).
Matériel nécessaire : -Liège-Pinces-Bistouri-Couteaux-Mètre ruban-Gants-Canule-Ciseaux
Balance Classique placée dans la salle de macroscopie pour peser les pièces adressées au laboratoire.
La pesée
Mesure de la pièce opératoire
Mesure de la tumeur
Prélèvement au niveau d’une pièce opératoire (larynx)
Cassettes:Elles comportent de petites perforations pour
que les prélèvements baignent dans les produits
Fragment prélevé de la pièce opératoire et placé
dans une cassette
-Bocal contenant des cassettes avec
les prélèvements en attente d’être
traités à l’aide de l’automate de
traitement des tissus.
-Les bons de demande d’examen
comportant les renseignements
cliniques, accompagnent les
cassettes.
3-Imprégnation et inclusion :
-les tissus contenus dans les cassettes sont déshydratés par passage
dans des alcools
-l'alcool est éliminé par des solvants (xylène) puis la paraffine liquide
à 56° imprègne les tissus et est refroidie ( devient solide).
-Ces étapes sont automatisées dans des appareils à inclusion
-L’étape finale de l’inclusion est manuelle et consiste à réorienter
convenablement le fragment tissulaire dans le sens de la coupe dans
un moule de paraffine
Automate de traitement de tissus :
comporte 12 bacs :* 7 d’alcool (éthanol)
pour déshydrater les tissus.* 3 de xylène pour
éliminer les traces d’alcool (désalcoolisation) et clarifier les tissus.
* 2 de paraffine pour occuper la place de l’eau retirée des cellules.
Il comporte, également, un programmateur qui permet de faire passer les paniers remplisde cassettes d’un bac à l’autre d’une manière automatique.
Module d’enrobage complet
Console chauffante
Prélèvements placés au fond du moule
Blocs de paraffine
4-Coupes et colorations :
-Le bloc solide de paraffine contenant le tissu est coupé grâce à un
microtome.
-les coupes de 3 à 5 microns d'épaisseur sont étalées sur des lames.
Des prélèvements étalés sur des lames déposées
sur une plaque chauffante
-Après dissolution de la paraffine, puis réhydratation, le tissu est
coloré.
-La coloration usuelle associe un colorant basique nucléaire
(hématéine, hématoxyline) et un colorant acide cytoplasmique
(éosine).
- des techniques complémentaires peuvent être demandées : des
colorations histochimiques (par exp: PAS pour la mise en évidence de
mucines neutres, trichome de Masson pour le tissu conjonctif…), des
marquages immunohistochimiques (anticorps permettant de détecter
des protéines) ou encore de l’hybridation in situ.
5-Le montage:
-La coupe colorée est protégée par une lamelle de verre collée à
l’aide d’une resine.
6-La Lecture : les lames colorées sont analysées au microscope par un médecin anatomo-pathologiste qui établit un compte-rendu.
-Les blocs et les lames sont ensuite archivés.
Merci pour votre attention