les plates-formes off shore métalliques
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Les plates-formes Alain Quenelle off shore métalliques
Photo ci-dessus (en haut), le lac de Maracaïbo, en 1912.
Photo ci-dessus (en bas) : Plate-forme en bois consruite par Brown and Root sur le
champ de Créole en 1937.
HISTORIQUE Difficile de dater la première plate-forme off shore...
Faut-il prendre comme référence 1887, année du premier
puits foré au-dessus de l'eau... mais à partir d 'une jetée, en
Californie ? O u encore la période 1909 -1910 , au cours de la
quelle les forages sont réalisés à partir de plates-formes indépen
dantes en bois, construites sur des pieux en cyprès... mais dans le
lac Ferry à Caddo Parrish en Louisiane ? O u encore à partir de
1912 , lorsque dans le lac de Macaraibo, au Venezuela, les plates-
formes sont reliées entre elles par des canalisations d'évacuation
d'huile (il y a aujourd'hui près de 6 000 plates-formes sur ce lac) ?
Nos ancêtres ont été prudents et pragmatiques. Il a fallu
attendre 1933 pour construire la première plate-forme en « mer
ouverte » : à 915 m de la côte, dans une profondeur d'eau de
3,5 m. Sa taille est très modeste. Elle est en bois.
En 1937, sur le champ de Créole, Superior Oil C o m p a n y
et Pure Oil C o m p a n y attr ibuent à l 'entrepreneur Brown and
Root la construction d 'une plate-forme plus importante , puisque
le pon t a une surface de 2 700 m 2 (90 m x 30 m). La profondeur
de l'eau est de 4,3 m, à 1,6 k m de la côte. Le bois est toujours
omniprésent.
Ce n'est qu 'en 1946 que les premières piles en acier sont
utilisées. La construction est réalisée sur place et les travaux se
déroulent sur plusieurs semaines.
En 1947 apparaît le concept de base, repris ensuite à
plusieurs milliers d'exemplaires : préfabrication du support en
acier à terre, transport sur barge, mise en place à la grue, piles en
acier battues à travers les jambes. L'opérateur est encore Superior
Oil sur le Block 7 1 , dans Vermilion du golfe du Mexique. La
profondeur d'eau n'est que de 6 m, mais on se trouve à 30 k m de
la côte, et les travaux d'installation ne durent que neuf jours.
1955 voit l 'invention des piles périphériques (skirtpiles), avec
Shell.
L'histoire s'accélère ensuite rapidement : en 1957 apparaît
le premier jacket« lancé » ; en 1959, une plate-forme est mise en
place dans 60 m d'eau ; en 1989, on atteint une profondeur d'eau
de 416 m sur le champ de Bull Winkle , avec un support de
45 000 t (sept fois le poids de la tour Eiffel) ; enfin, 1 9 9 3 verra la
mise en place d 'une structure à jambes tendues dans une profon
deur d'eau de 870 m (champ d'Auger) dans le golfe du Mexique.
200 200 *
•J09*
EVOLUTION DE LA TAILLE DES PLATES-FORMES EN FONCTION DU TEMPS
Le décor historique étant ainsi planté, après une tentative de
définitions et de classifications, notre présentation s'articulera
autour de trois chapitres en suivant la chronologie de la réalisation
(études, fabrication, installation) et s'achèvera sur un rapide
examen des solutions de l'avenir.
DÉFINITIONS, CLASSIFICATIONS
O n vient de le voir, historiquement, le but était de disposer
d 'une surface de travail émergée, dans des profondeurs d'eau de
plus en plus grandes. Mais quel travail pour en venir là ?
Le forage d'exploration tout d'abord ! O n a alors affaire à
des plates-formes mobiles qui ne sont mises en place sur le lieu de
travail que pour quelques semaines ou quelques mois. Trois sortes
de supports sont utilisés par les foreurs, en fonction de la hauteur :
- Les « jack-up », pour les faibles profondeurs d'eau (jusqu'à
100 ou 120 m environ). Un jack-up est un tabouret à trois ou quatre
jambes qui peuvent se lever ou se baisser grâce à de grosses crémaillères
jouant sur la partie horizontale du tabouret (le pont de forage) :
• abaissées, reposant au fond de l'eau, les jambes
assurent une bonne stabilité ; sur le pont hors d'eau, le derrick de
forage fonctionne en sécurité.
• Relevées, les jambes, dépassant net tement au-dessus
du pont , permettent à ce dernier, qui se trouve alors en flottaison,
de se déplacer grâce à des remorqueurs assurant son transport
jusqu'à un nouveau site de forage.
- Les « semi-submersibles », pour les profondeurs d'eau
plus importantes (jusqu'à 500 m), sont des supports flottants. En
position fixe pour le forage, ils sont ancrés : les foreurs s'accom
modent de la faible « excursion » (1 à 2 m) autour de la cible de
forage. Lors des déplacements d 'un site de forage à l'autre, ils sont
le plus souvent autopropulsés.
- Les « navires à position dynamique », pour les très gran
des profondeurs d'eau. Ces bateaux sont dotés de moteurs laté
raux qui, en position de forage, sont actionnés automat iquement
de façon à contrer les efforts d 'environnement (vent, courant) et
à rester en position quasi fixe. Il n'y a donc plus d'ancrage.
Notre présentation ne concerne pas ces plates-formes mo
biles, mais seulement les plates-formes fixes, installées pour la
durée de vie du champ découvert grâce aux forages d'exploration
que l'on vient d'évoquer.
Les plates-formes remplissent en fait des fonctions variées :
forage de production ; traitement des effluents (séparation du gaz, de
l'huile, de l'eau) ; utilités (fourniture d'énergie électrique, par exem
ple) ; injection d'eau, de gaz, compression de gaz ; quartiers d'habi
tation ; torchères. Ainsi peut-on trouver sur un champ, en fonction
de sa taille et de sa profondeur d'eau, une plate-forme par fonction
ou plusieurs fonctions regroupées sur une seule plate-forme.
1 E X E M P L E DE C H A M P
La nature des fondations introduit deux sortes de plates-
formes fixes :
- Les plates-formes avec supports gravitaires : un (ou plu
sieurs) compartiment en pied de plate-forme est rempli de sable et
assure la stabilité (si les conditions de sol le permettent) après la
mise en place. Ce principe a fait le succès des plates-formes en
béton, toutes gravitaires. Il est décrit dans un autre article de cette
revue. Sur les 15 000 à 20 000 plates-formes existant dans le
monde actuellement, une petite trentaine seulement sont en béton,
principalement dans la partie norvégienne de la mer du Nord .
— Les plates-formes avec support en treillis tubulaires (le
jacket) et piles qui font l'objet de la suite de cette présentation.
Cette présentation concerne la partie immergée du support .
Le système originel « pon t + piles » est historiquement limité, on
l'a vu, à des profondeurs d'eau faibles et à des zones calmes.
Les piles, soumises, d'une part, à des sollicitations verticales
dues au poids des équipements installés sur la plate-forme de travail
et, d'autre part, aux efforts horizontaux dus à la houle et au courant,
se trouvent ainsi exposées au risque de flambement dès que leur
élancement (fonction directement proportionnelle à la longueur)
devient grand. Avec l'accroissement des profondeurs d'eau et
l 'augmentation des charges, il est devenu impératif de diminuer la
longueur libre des piles, en d'autres termes de les contreventer.
La mise en place sous l'eau d 'un tel contreventement étant
très difficile, voire impossible, une entité séparée, souvent appelée
jacket, a été conçue. O n la fabrique et on l'installe en un seul
morceau, on enfile ensuite les piles dans les tubes d'angle (les
« jambes »). Mais ce jacket offre des écrans souvent importants (à
la houle, au courant, au vent), essentiellement en partie haute ; il
devient alors nécessaire de reprendre le m o m e n t de renversement
au niveau du fond, en général par l 'encastrement des piles qui
reprennent l'effort vertical.
La classification des plates-formes fixes métalliques « pi-
lées » va s'établir ensuite :
- Soit en fonction des conditions d 'environnement :
• faciles, essentiellement dans les mers chaudes : golfe
de Guinée, golfe Persique, Indonésie, etc.,
• moyennes, dans les zones tempérées : sud de la mer
du Nord , Méditerranée occidentale, etc.,
• sévères, surtout dans les zones froides : mer du Nord ,
mer Baltique, Terre de Feu, etc.
- Soit en fonction de la profondeur de l'eau :
• inférieure à 30 m (100 pieds),
• comprise entre 30 et 150 m (500 pieds),
• au-delà de 150 m.
- Soit en fonction du nombre de jambes :
• 3 jambes,
• 4 jambes,
• 6 jambes,
• 8 jambes.
Pour ces deux dernières catégories, comme on le verra plus
loin, on distinguera les vraies jambes et les fausses jambes, en
fonction soit du mode de fabrication ou du transport (en position
verticale ou horizontale), soit du type d'installation (lancement,
levage ou flottaison), soit encore du type de piles.
Ce qui suit est plutôt orienté vers les plates-formes de hui t
jambes soumises à des environnements moyens ou sévères dans
des profondeurs d'eau de l 'ordre de 100 m.
LES ÉTUDES Les charges
Le calcul d 'une plate-forme fixe nécessite un grand nombre
d'informations :
- La nature, l 'encombrement , le poids (à vide, en opéra
tions et en conditions de tests) et la disposition des différents
équipements.
- Les surcharges de travail normales, exceptionnelles et
accidentelles.
— Les données météo-océanographiques :
• profondeur d'eau,
• hauteur des marées,
• surélévation exceptionnelle des tempêtes,
• ampli tude et période de houle en conditions norma
les (période de retour d 'un an) et en conditions extrêmes (période
de retour de 50 ou 100 ans),
• courant de surface et sa variation en fonction de la
profondeur,
• vitesse du vent normal et exceptionnel,
• surépaisseur des concrétions marines (coquillages,
etc.) en fonction de la profondeur,
• zone sismique.
— Les caractéristiques du sol en surface et sur la hauteur des
fiches des piles, les possibilités de subsidence (c'est-à-dire
l'affaissement du sol dû à la dépression du réservoir), les risques
d'instabilité de la couche de surface (« mudslide »).
- La durée de vie de la plate-forme.
Le calcul de base
U n des logiciels couramment utilisés pour calculer les
plates-formes est un programme général de résolution de structu
res tridimensionnelles mis au point pour le Massachussets Institute
of Technology (MIT) appelé S T R U D L (STRUcture Design
Language). Ce logiciel a été perfectionné, aménagé par les centres
de recherche et/ou les engineerings.
V I B R A T I O N
INSTALLATION
T R A N S P O R T
LES CHARGES SUR UNE PLATE-FORME
Ce calcul comporte trois grandes étapes :
1. La définition de la géométrie de la structure, avec, pour
tous les nœuds , leurs coordonnées spatiales et leurs conditions aux
limites (nœud libre, n œ u d support, liaisons entre nœuds) , et la
définition des caractéristiques mécaniques de toutes les barres
cylindriques de la structure. A signaler que la partie enterrée des
piles est représentée par une matrice de rigidité tenant compte des
propriétés du sol et des piles.
2. La définition des charges. O n a vu qu'elles étaient
nombreuses, et leurs combinaisons doivent être traitées avec
attention. Les directions de houle sont d 'abord sélectionnées (de
trois à six ou huit) afin d'avoir les cas de charges les plus
défavorables pour les piles et pour le jacket.
Les différentes charges suivantes sont également prises en
compte :
- verticalement :
• le poids propre de la structure et des accessoires,
• la poussée d'Archimède sur les tubes immergés,
• le poids des surépaisseurs de concrétions marines ,
• les charges de gravité dues aux superstructures ;
- horizontalement :
• les charges de vent sur la partie émergée de la plate
forme et sur les superstructures,
• les charges dues à la houle et au courant sur les
structures principales grossies par les surépaisseurs de concrétions
et les structures « annexes » telles que l ' appontement , les
amortisseurs, les anodes, les tubes, les conducteurs de forage, les
canalisations d 'amenée ou d'évacuation des effluents,
• les charges dues au choc accidentel de bateaux dans
la partie supérieure de la plate-forme,
• les charges dues à la prise en compte des éventuels
séismes.
3. La sortie des résultats précédée d 'un certain nombre de
vérifications automatiques (via le « plotter » et le « scann on ») pour
déceler d'éventuelles erreurs de géométrie, d'unités, de comman
des. Les analyses définissent :
- les déplacements,
- les réactions d 'appui,
- les efforts en différents points de chaque barre,
- la vérification des contraintes,
- la vérification au poinçonnement des nœuds,
- la vérification à la fatigue des nœuds .
Les vérifications complémentaires
Les analyses statiques puis éventuellement dynamiques
sont itératives en fonction des résultats (et des changements de
section), mais aussi de l'évolution des charges, des conditions de
fabrication, de chargement, de transport et d'installation.
Pour les grandes plates-formes un peu compliquées, il faut
compter trois itérations.
En plus de ces calculs, il convient de conduire des vérifica
tions complémentaires pour tenir compte des phases suivantes :
- la fabrication (par exemple, la rotation en position verti
cale de panneaux construits horizontalement : le « roll-up »),
- le chargement sur la barge de transport (glissement de la
structure s 'appuyant sur plusieurs nœuds des membrures princi
pales des poutres de lancement intégrées à la structure),
- le transport (stabilité et résistance de la structure solida-
TRANSPORT D'UNE PLATE-FORME
risée sur la barge soumise aux efforts dynamiques),
- l'installation (par lancement, par levage).
Il y a lieu également de tenir compte des contraintes induites
par la fatigue lors du transport et au cours de la vie de la structure.
Des renforts au droit des nœuds (surépaisseurs, raidisseurs) sont
alors décidés pour limiter les dommages dus à la fatigue.
Par ailleurs, le calcul des piles, conduit en parallèle, entraîne
souvent des modifications dans le dessin de la structure : il faut
vérifier que les réactions latérales et axiales du sol reprennent bien,
par frottement et /ou en pointe, les efforts calculés.
La conception multidisciplinaire
Le calcul d 'une plate-forme fait ainsi intervenir simultané
ment six disciplines techniques :
- l 'océanographie pour la détermination des valeurs d'en
vironnement marin,
- la géotechnique pour la préconisation des caractéristiques
du sol en surface et en profondeur, ainsi que pour la sélection des
marteaux de battage,
- l 'étude de la résistance des matériaux pour les calculs en
statique ou en dynamique de la structure,
- la métallurgie pour le choix des nuances et des qualités
d'acier,
- l 'architecture navale pour les vérifications de flottabilité
et de stabilité lors du remorquage, lancement et ballastage,
- les opérations marines pour la sélection des barges de
transport, de lancement et /ou des engins de levage.
LA FABRICATION L'acier
En simplifiant beaucoup, trois caractéristiques peuvent
définir l'acier utilisé : de fortes épaisseurs, 40 à 100 m m , voire
130 m m ; une limite d'élasticité de 360 M P a (valeur courante),
420 MPa, voire 500 M P a ; une résilience à très basse température
(-40 ou -50°C) pour éviter les problèmes de rupture fragile.
Ces aciers sont traditionnellement du type « normalisé ».
O n rencontre également des aciers trempés-revenus ou à refroi-
JACKET LANCE : ALWYN NAA
E X E M P L E D E J A C K E T L A N C E : A L W Y N " N A A "
P o i d s d u j a c k e t 1 4 2 5 0 t
P o i d s d e s a c c e s s o i r e s 2 4 5 0 t
P o i d s d e s r é s e r v o i r s a d d i t i o n n e l s d e flottaison
2 0 0 0 t
P o i d s d u j a c k e t c o m p l e t a u l a n c e m e n t 1 8 7 0 0 t
P o i d s d e s p i l e s 8 5 0 0 t
D i m e n s i o n s d u j a c k e t : — e n p a r t i e b a s s e — e n p a r t i e h a u t e
7 0 m x 6 5 m 5 6 m x 3 0 m
H a u t e u r d u j a c k e t 1 4 2 m
D i a m è t r e m a x i d e s j a m b e s 5 m
N o m b r e s d e s p i l e s 3 2
D i a m è t r e d e s p i l e s 2 , 1 m
P é n é t r a t i o n d e s p i l e s 4 7 m
C h a r g e v e r t i c a l e e n t ê t e 1 9 0 0 0 t
C h a r g e h o r i z o n t a l e d u e à la h o u l e c e n t e n a i r e
1 2 6 0 0 t
H a u t e u r d e la v a g u e e n c o n d i t i o n s c e n t e n a i r e s
3 1 m
V i t e s s e d u v e n t 4 6 m / s
dissement accéléré (plus prometteurs dans l'avenir en raison de
leur prix plus bas et de leur mise en œuvre - essentiellement le
soudage - plus aisée et plus économique).
Par ailleurs, les zones fortement sollicitées dans le sens de
l'épaisseur exigent des aciers ayant de bonnes caractéristiques dans
le sens travers - court (acier Z à striction minimale de 35 %) pour
éviter les problèmes d 'arrachement lamellaire.
D e plus des traitements thermiques de détensionnement
sont imposés pour les nœuds fortement sollicités complexes ou à
fortes épaisseurs. Cette exigence conduit à découper la structure en
sous-ensembles pouvant être introduits dans un four de façon à
limiter au m i n i m u m le nombre de soudure à détensionner sur site.
Les nœuds et la préfabrication
Les nœuds en mécano-soudé mettent en œuvre des soudures
sur des tôles en forte épaisseur, difficilement accessibles et contrôlables.
La technique des nœuds en acier moulés (« casting nodes »)
a été mise au point au cours des dernières années. Elle a tendance
EXEMPLE DE NOEUD en fabrication mécano-soudée
à se développer pour les grosses plates-formes du type de celles de
la mer du Nord . Le n œ u d monobloc est coulé dans un moule
fabriqué spécialement.
Les avantages de ces nœuds moulés, par rapport aux nœuds
mécano-soudés, sont évidents : gain de poids lorsqu'ils sont
conçus avec une géométrie plus compacte ; formes mieux adap
tées aux contraintes, puisque les congés sont plus importants ;
meilleure tenue à la fatigue et suppression des raidissages internes
(cerces, diaphragmes).
Ce type de n œ u d est apparu tout d 'abord pour les oreilles
de levage des modules. Il se généralise maintenant pour les nœuds ,
dans les zones où la fatigue est déterminante.
Les éléments constitutifs de la plate-forme (nœuds, tubes,
piles, anodes, etc.) sont d 'abord préfabriqués. Ils peuvent être
sous-traités dans différents ateliers. L'ensemble est ensuite ache
miné sur un yard d'assemblage se trouvant en bord de mer.
En parallèle avec cette préfabrication, s'effectuent les tra
vaux de génie civil préparatoires : essentiellement, les deux pou
tres de glissement qui supporteront l 'ensemble à\x jacket lots de
son assemblage, et don t l 'écartement doit correspondre à celui des
poutres de lancement de la barge.
L'assemblage
La structure est fabriquée horizontalement. Les poutres treillis
sont tout d'abord assemblées horizontalement, latéralement aux
poutres de glissement (« skidding beams»), puis relevées le plus
souvent par 112 longueur, comme l'indique le « cinéma de montage ».
Le levage (le « roll-up ») est effectué par un ensemble de
quatre à dix grues + treuils. Cette opération est délicate, chaque
panneau de treillis de forme plane étant très lourd et très flexible
(des renforts provisoires sont quelquefois nécessaires). Chaque
grue est maintenue au niveau de charge de calculs. Les rotations
successives sont faibles (quelques degrés). A chaque étape, les
grues s'arrêtent. Les charges sont alors rééquilibrées, et chaque
grue est avancée pour se repositionner à l 'aplomb de la charge.
L'opération dure plusieurs heures pour amener le panneau à 10°
de la position verticale. Le contrôle de la charge est ensuite assuré
par les treuils de haubannage qui vont amener le panneau à sa
position verticale définitive et le maintenir jusqu'à ce que les
premiers éléments de liaison soient soudés.
Les éléments de liaison des piles périphériques avec la plate
forme (« bottles ») sont les plus lourds (600 à 2 000 t) et les plus
ouvragés. Ils sont levés en dernier.
La structure principale terminée, les travaux de finition
peuvent alors être effectués : fixation des « risers », des « / tubes »,
des tuyauteries de commande de ballastage, des guides-piles, des
éventuels réservoirs de flottaison, etc.
Entre le début de la fabrication et le chargement, il s'est
écoulé une période de 18 à 24 mois.
Une analyse fine des tâches et des sous-traitances est néces
saire et doit tenir compte des inévitables imprévus (grèves, retards
d 'approvisionnement, réparations, intempéries). Le planning
doit tenir compte de l'existence de la fenêtre météo dans laquelle
se positionne en général l'installation : mai à août. T o u t retard
peut entraîner un report du programme général à la saison
suivante ; c'est pourquoi de très importantes pénalités sont tou
jours prévues.
Le chargement
Le chargement du jacket sur la barge de transport et de
lancement constitue la dernière étape de la fabrication. C'est une
opération délicate : il s'agit de faire glisser par translation un colis
de plusieurs milliers de tonnes de la terre ferme sur un support
flottant. L'horizontalité de l 'ensemble doit être maîtrisée en
tenant compte de l'action combinée :
- de la marée qui procure un supplément de flottabilité à
marée montante ,
- du ballastage des compart iments de la barge pour assurer
son niveau et/ou son assiette.
O n s'efforce dans la pratique d'utiliser la marée montante
et de boucler l 'opération en six heures. Dans certains cas, on
simplifie la procédure en posant la barge de transport sur le fond
de l'eau préalablement compacté et réglé.
Les principaux équipements utilisés pour cette opération
sont : un double système de pompes de déballastage pour obtenir
des capacités de l 'ordre de 15 000 à 20 000 m 3 / h , des voies de
glissements équipées de Téflon pour d iminuer le coefficient de
frottement, un système de poussée dont la capacité tourne autour
de 2 000 /3 000 t.
L'INSTALLATION Le transport
Le jacket mis en place sur la barge doit être efficacement
solidarisé avec celle-ci (le « saisissage ») : l 'ensemble doit en effet
être capable de traverser des conditions de mer souvent peu
clémentes.
Les barges à fond plat utilisées pour ce type de transport sont
très stables : leur rayon métacentrique est très grand par rapport
à celui des bateaux traditionnels. Mais le centre de gravité des
charges transportées est aussi anormalement haut par rapport au
pon t de la barge, et les calculs de stabilité sont à conduire avant de
déterminer la barge de transport.
Le saisissage ainsi calculé peut demander plusieurs centai
nes de tonnes de tubes pour liaisonner les membrures principales
du jacket à la barge, au droit de ses diaphragmes principaux. Ces
derniers sont à vérifier et à renforcer dans bien des cas.
La mise à Veau
Cette opération est effectuée dans une fenêtre météo favora
ble, après découpe des éléments de saisissage. Deux techniques sont
en concurrence et condit ionnent la conception de la plate-forme :
— Le lancement :
Le jacket est poussé avec des vérins ou tiré avec des câbles
jusqu'à ce que le bras articulé (« rocker-arm ») à l'extrémité de la
barge prenne en charge le poids du jacket et fasse basculer ce der
nier à Peau. Des vérifications sont conduites au préalable (soit par
le calcul, soit grâce à des essais sur maquette) pour déterminer :
- les contraintes dans la structure lors du lancement,
- les trajectoires du jacket et de la barge,
- la profondeur maximale atteinte par le jacket,
- la position finale d'équilibre.
Elles conduisent à jouer sur les paramètres de flottabilité :
obturat ion de membrures, adjonction de flotteurs.
En f i n de lancement , \e jacket se retrouve horizontal et
n ' émerge qu 'à peine de la surface de l'eau. Les ballastages
successifs, là encore contrôlés par le calcul et sur maquet te , le
redresseront progressivement, jusqu 'à la posit ion verticale, à son
emplacement définitif.
Pour gagner du temps sur la mise en production, l'installa
tion se fait de plus en plus souvent au-dessus de puits préalablement
forés. Ils sont alors protégés par une structure (le « template ») qui
servira de guide pour \e jacketXors de son posi t ionnement final.
— Le levage :
Le jacket est levé directement depuis la barge de transport
par des barges de levage d o n t les capacités vont jusqu 'à
2 x 7 000 tonnes.
La structure est immergée horizontalement avec, en géné
ral, un certain nombre de membrures obturées pour la faire flotter
temporairement. Elle est ensuite reprise par des élingues situées en
tête, redressée pendant que les membrures sont ballastées, et
positionnée à son emplacement final.
Le levage en mer pose un problème dynamique qu'il faut
bien maîtriser : la grue et la charge reposent sur des supports
flottants animés de mouvements propres. Lors de la mise en
tension des élingues, les mouvements relatifs des supports peu
vent entraîner des efforts dynamiques importants.
L'apparition récente de grues de puissance nominale de 6 à
7 000 t montées en paire sur une barge permet, compte tenu des
coefficients de sécurité et des baisses de capacité en fonction de la
flèche, de lever des « colis » de 10 000 t. Les accessoires de levage,
manilles, élingues atteignent des dimensions exceptionnelles (câbles
de 600 m m de diamètre, par exemple, pour les élingues) et
nécessitent eux-mêmes des accessoires de levage particuliers. Leur
mise en place, en particulier dans l'eau, est longue et délicate.
E x e m p l e s d ' o r d r e s d e g r a n d e u r d e p r i x ( e n U S d o l l a r s , v a l e u r 1 9 9 2 )
P r i x a n k g ( m a t i è r e + f a b r i c a t i o n )
— p o u r l e s p i l e s
— p o t i r u n j a c k e t
— p o u r u n m o d u l e
0 , 8 à 1,5 $
1 , 8 à 5 , 0 $
2 , 2 à 8 , 0 $
P r i x d u n e j o u r n é e d e b a r g e d e
l e v a g e 8 0 OOO à
4 0 0 OOO $
P r i x d ' u n j a c k e t i n s t a l l é 3 à 3 0 0
m i l l i o n s d e $
Les fondations
Afin d'assurer une bonne assise lors de la mise en place, des
planchers de stabilisation (« mud-mat») en bois, acier ou alumi
nium sont prévus lors de la fabrication au niveau inférieur du
jacket. Leur surface est fonction de la nature du sol superficiel
rencontré. Cette fondation provisoire permet de mettre en place
dans de bonnes conditions les fondations profondes définitives
assurées par des piles.
Ces dernières sont de trois types :
- Les piles principales, installées dans les membrures du
jacket sur toute leur longueur, supportent directement les jambes
du pont recevant les superstructures et les modules. Lejacketest alors
suspendu en tête sur les piles par l'intermédiaire d 'un joint soudé.
- Les piles insérées (« insert piles ») qui, lorsque elles sont
jugées nécessaires par le calcul (augmentation de l'inertie de
l'ensemble) ou par la géotechnique (difficulté de battage entraînée
par un sol dur), sont installées à l 'intérieur des piles principales
(après forage) et liaisonnées avec celles-ci, soit par soudure en tête,
CINÉMA DE LANCEMENT
soit par bétonnage de l'espace annulaire si la pile insérée ne
remonte pas jusqu'en surface.
- Les piles périphériques (« skirtpiles ») qui sont disposées
autour des jambes principales du jacket et ne remontent pas jus
qu 'à son sommet. La structure du jackettravaille alors comme une
console encastrée dans le sol.
L'installation des piles est une suite de manutent ions :
battage ou forage, aboutage de longueur de pile additionnelle
jusqu'à ce que la pile atteigne la profondeur requise et la portance
déterminée par le calcul. Elles sont solidarisées alors en partie
basse du jacket dam les barillets des bouteilles évoquées plus haut,
en utilisant la technique d'injection de béton ou d'expansion
mécanique type Hydra-Lok.
Les marteaux de battage utilisés sont de deux types :
- A vapeur (et donc aérien), les énergies allant jusqu'à
3 000 K N m ,
— hydrauliques (le plus souvent sous-marin), qui évitent la
mise en place de piles de raboutage et permettent d'avoir des piles
verticales.
La structure est alors prête à recevoir son pont et ses
superstructures.
Les délais d'installation sont très variables : si la phase de
mise à l'eau est courte (quelques heures), la mise en place des piles
est fonction de leur nombre , de la nature du sol, des conditions
météo, des aléas de chantier, et elle varie de quelques jours à
plusieurs semaines.
Tendances pour l'avenir
O n se limitera à trois thèmes de réflexion :
Economies liées à la limitation des travaux en mer
Une fois l e ^ c ^ i n s t a l l é , il faut poser à la grue les différentes
parties de la superstructure, c'est-à-dire le pont de supportage des
modules (« Module Support Frame ») et les modules, puis raccor
der les modules entre eux (le « hook-up»). Ce travail, effectué
offshore, est long, coûteux et dangereux.
Plutôt que d'avoir une superstructure en plusieurs mor
ceaux, on peut la concevoir en un seul bloc fabriqué et testé à terre.
Si le poids de ce « pon t intégré » de plusieurs milliers de
tonnes est excessif pour pouvoir être posé avec les nouvelles barges
de très grande capacité ou par les moyens de levage disponibles
dans la zone concernée, il peut être posé sur le support par
ballastage de la barge (le « mating»).
Le support doit être adapté à cette méthode d'installation.
En faible profondeur d'eau, dans les zones des deltas de l'Indonésie
par exemple, il n'est constitué que par des piles battues et reçoit
un pont intégré équipé qui liaisonne les piles et assure la stabilité
de l 'ensemble ; en profondeur d'eau plus importante, comme au
Moyen-Orient , \e jacket est conçu pour recevoir entre ses jambes
la barge chargée du pon t intégré : le niveau horizontal de
contreventement supérieur est plus bas qu 'à la normale, et
l 'espacement des jambes est plus important qu 'à l 'ordinaire.
Le même principe pousse à étudier l'utilisation d 'un jack-up
non plus uniquement de forage, mais aussi de production, et
définitivement installé sur des assises de faible hauteur « pilées »
dans le sol. C o m m e souligné plus haut, le pon t du jack-up arrive
en flottaison tout équipé sur le site de product ion : les travaux en
mer ne se limitent qu 'à des travaux de fondation.
Réduction des poids de structures
Tou t gain de poids est économiquement favorable. De ce
fait découlent :
— la mise en œuvre d'aciers à très haute limite d'élasticité
(450-500 MPa) , mais, malheureusement, les critères actuels à la
fatigue ne sont pas avantageux,
— l'utilisation encore plus systématique des nœuds coulés,
— la réduction du nombre des anodes grâce à la mise en
œuvre d 'une peinture généralisée sur toute la plate-forme, hormis
les soudures à inspecter,
— les planchers de stabilisation du jacket ew a luminium,
— les dispositifs pour réduire l'écran à la houle, no tamment
dû aux concrétions,
— les « inserts » dans les jambes avec bétonnage de l 'annu
laire « jambe-insert » afin d'améliorer la tenue aux chocs acciden
tels des bateaux dans la zone de marnage.
Grandes profondeurs
L'extrapolation du système traditionnel « jacket + piles +
superstructures » semble avoir atteint sa limite avec le développe
ment de Bull Winkle par 410 m de profondeur d'eau.
Au-delà, trois options semblent possibles :
— Supprimer le support et développer le champ via des
systèmes sous-marins automatisés... Certains opérateurs, au Brésil
par exemple, ont fait ce choix drastique.
- Supprimer le m o m e n t d 'encastrement en pied de plate
forme et n'avoir qu 'une articulation ou semi-articulation. C'est le
principe des structures souples (« compilant towers »). Elles sont
plus élancées, beaucoup plus légères, et acceptent des déformations
contrôlées mais non négligeables. Dans certains cas, l'effort en
tête est repris par l ' intermédiaire de câbles latéraux ancrés. Les
efforts verticaux sont transmis à travers la structure réticulée à une
embase fixe. U n e seule plate-forme de ce type a été à ce jour
construite.
- Inverser le sens des efforts dans les jambes en utilisant une
fois de plus le principe d'Archimède pour réaliser une plate-forme
à jambes tendues (TLP = Tension Leg Platform). Le pon t est une
sorte de caisson flottant, tiré vers le bas par des tirants travaillant
en traction. Deux plates-formes de ce type existent, l 'une en mer
du N o r d par 147 m de profondeur d'eau, l 'autre dans le golfe du
Mexique par 526 m de fond, et trois autres sont en cours de
construction (l 'une d'elles constituera le record du monde , avec
870 m de fond).
De notre trop courte revue, le lecteur aura retenu :
- l'aspect multidisciplinaire de cette technique,
- l ' impor t ance des ordres de g r andeu r (poids , d i m e n
sions, coûts) ,
- la rapide évolution vers les grandes profondeurs d'eau.
BULL WINKLE : le record du monde pour les plates-formes
fixes (installée en 1988 dans le golfe du Mexique)
P o i d s d u j a c k e t 4 5 0 0 0 t
P o i d s d e s p i les 1 7 0 0 0 t
P o i d s t o t a l i n s t a l l é 7 8 0 0 0 t
H a u t e u r d u j a c k e t 4 1 6 m
H a u t e u r t o t a l e y c o m p r i s
le r ig d e fo r age 4 9 2 m
D i m e n s i o n s d u j a c k e t à la b a s e 1 2 2 m x 1 4 6 m
D i a m è t r e d e s j a m b e s 3 m
E p a i s s e u r m a x i d ' a c i e r 1 3 3 m m