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4 dossier août/septembre 2017 - fais-moi signe Les sourds et la politique, un terrain qui reste à conquérir Même si régulièrement l’élection de sourds est mise en lumière, si l’administration suisse a commencé à réaliser l’importance d’une information politique accessible à tous, le fait est que la politique reste un domaine difficile d’accès aux personnes sourdes et que ces dernières ne sont pas assez représentées dans les différentes instances nationales. A nous, à vous de faire changer les choses! texte: Sandrine Burger, photos: parlement européen S i l’histoire retiendra que le premier sourd qui s’est présenté à une élection législative a été Ferdinand Berthier en 1848 (pas élu), elle rappellera aussi qu’il aura ensuite fallu attendre plus de cent ans, soit 1990, pour qu’un premier sourd soit finalement élu dans une instance nationale, cet honneur revenant au Canadien Gary Malkowski. Certes, l’interdiction de la langue des signes durant un siècle a remisé les sourds au rang de citoyens de seconde zone, mais cela n’explique pas tout! Le Réveil des sourds a eu lieu il y a de cela maintenant bientôt quarante ans et la relation qu’entretiennent les personnes sourdes avec la politique ne s’est guère améliorée depuis, preuve en est le peu d’élus sourds encore aujourd’hui à travers le monde (cf. liste ci-contre). Adám Kosa et Helga Stevens, tous deux élus au parlement européen, sont parmi les rares sourds à avoir réussi à s’imposer en politique. En lien avec la campagne menée cet automne par la Fédération suisse des sourds, la rédaction de fais-moi signe a voulu creuser le sujet pour mieux comprendre ce problème. POINT STRATÉGIQUE DE LA F ÉDÉRATION SUISSE DES SOURDS Si la Fédération suisse des sourds considère l’accès aux informations politiques comme l’un des objectifs de sa stratégie 2016-2020, c’est parce qu’il est l’élément-clé permettant aux personnes sourdes d’être des citoyens comme les autres. Sans informations politiques accessibles, les personnes sourdes ne peuvent en effet tout simplement pas participer au processus politique puisqu’elles n’ont pas les outils nécessaires pour se forger leur propre opinion. Dans l’impossibilité d’exercer leur droit d’éligibilité ou de vote, elles perdent ainsi aussi l’occasion de pouvoir influencer les conditions- cadres de la société dans laquelle elles évoluent! On le voit, l’accès aux informations politiques est essentiel pour que les personnes sourdes puissent prendre part aux décisions politiques de ce pays (tant au niveau national que cantonal et communal) et ainsi réellement être incluses dans la société. REVENDICATIONS DE LA FÉDÉRATION Afin que les personnes sourdes puissent pleinement participer à la vie politique suisse, la Fédération suisse des sourds a pour objectif de rendre accessibles en langue des signes, d’ici 2020, les informations contenues sur les plates- formes suivantes: ◆ www.ch.ch, le portail officiel des autorités suisses; ◆ le catalogue des lois qui touchent directement les personnes sourdes et malentandantes (par ex. loi sur l’égalité, loi sur l’AI, loi sur la radio et télévision, etc.); ◆ la brochure fédérale d’explications envoyée avant chaque votation ou élection. Ce dernier support est tout particulièrement important car il est le

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dossier août/septembre 2017 - fais-moi signe

Les sourds et la politique, un terrain qui reste à conquérir

Même si régulièrement l’élection de sourds est mise en lumière, si l’administration suisse a commencé à réaliser l’importance d’une information politique accessible à tous, le fait est que la politique reste un domaine difficile d’accès aux personnes sourdes et que ces dernières ne sont pas assez représentées dans les différentes instances nationales. A nous, à vous de faire changer les choses! texte: Sandrine Burger, photos: parlement européen

Si l’histoire retiendra que le premier sourd qui s’est présenté à une élection législative a été Ferdinand

Berthier en 1848 (pas élu), elle rappellera aussi qu’il aura ensuite fallu attendre plus de cent ans, soit 1990, pour qu’un premier sourd soit finalement élu dans une instance nationale, cet honneur revenant au Canadien Gary Malkowski.

Certes, l’interdiction de la langue des signes durant un siècle a remisé les sourds au rang de citoyens de seconde zone, mais cela n’explique pas tout! Le Réveil des sourds a eu lieu il y a de cela maintenant bientôt quarante ans et la relation qu’entretiennent les personnes sourdes avec la politique ne s’est guère améliorée depuis, preuve en est le peu d’élus sourds encore aujourd’hui à travers le monde (cf. liste ci-contre).

Adám Kosa et Helga Stevens, tous deux élus au parlement européen, sont parmi les rares sourds à avoir réussi à s’imposer en politique.

En lien avec la campagne menée cet automne par la Fédération suisse des sourds, la rédaction de fais-moi signe a voulu creuser le sujet pour mieux comprendre ce problème.

Point stratégique de la Fédération suisse des sourdsSi la Fédération suisse des sourds considère l’accès aux informations politiques comme l’un des objectifs de sa stratégie 2016-2020, c’est parce qu’il est l’élément-clé permettant aux personnes sourdes d’être des citoyens comme les autres.

Sans informations politiques accessibles, les personnes sourdes ne peuvent en effet tout simplement pas participer au processus politique puisqu’elles n’ont pas

les outils nécessaires pour se forger leur propre opinion. Dans l’impossibilité d’exercer leur droit d’éligibilité ou de vote, elles perdent ainsi aussi l’occasion de pouvoir influencer les conditions-cadres de la société dans laquelle elles évoluent!

On le voit, l’accès aux informations politiques est essentiel pour que les personnes sourdes puissent prendre part aux décisions politiques de ce pays (tant au niveau national que cantonal et communal) et ainsi réellement être incluses dans la société.

revendications de la FédérationAfin que les personnes sourdes puissent pleinement participer à la vie politique suisse, la Fédération suisse des sourds a pour objectif de rendre accessibles en langue des signes, d’ici 2020, les informations contenues sur les plates-formes suivantes: ◆ www.ch.ch, le portail officiel des

autorités suisses;◆ le catalogue des lois qui touchent

directement les personnes sourdes et malentandantes (par ex. loi sur l’égalité, loi sur l’AI, loi sur la radio et télévision, etc.);

◆ la brochure fédérale d’explications envoyée avant chaque votation ou élection.

Ce dernier support est tout particulièrement important car il est le

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document officiel qui doit servir à tout citoyen pour pouvoir se faire une opinion avant des votations. Or, si on part du principe que les personnes sourdes doivent être traitées sur un pied d’égalité avec les autres citoyens, elles doivent pouvoir obtenir ce document officiel sous une forme compréhensible pour elles, donc en langue des signes.

d’un Point de vue légalDu point de vue légal, la législation suisse sur le droit de vote n’énonce guère d’obligation par rapport au droit à l’information et à l’accessibilité. Par exemple, la Constitution fédérale se contente de préciser qui a le droit de vote («Tous les Suisses et toutes les Suissesses ayant 18 ans révolus qui ne sont pas interdits pour cause de maladie mentale ou de faiblesse d’esprit ont les droits politiques en matière fédérale. Tous ont les mêmes droits et devoirs politiques.») sans pour autant se pencher sur la mise en application de ce droit par les citoyens.

La loi sur l’égalité des personnes handicapées (LHand), n’est guère plus précise puisqu’elle n’évoque à aucun moment le droit à l’information ou les droits politiques des personnes handicapées. Au mieux, pourrait-on se référer à l’alinéa 4 de l’article 2: «Il y a inégalité dans l’accès à une prestation lorsque cet accès est impossible ou difficile aux personnes handicapées» pour dénoncer le fait que la brochure officielle des votations ne soit pas accessible aux personnes sourdes puisque pas traduite en langue des signes.

Comme bien souvent, il faut se tourner vers la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées (CDPH) pour enfin trouver des articles défendant expressément le droit des personnes sourdes à obtenir des informations sous forme adaptée et pouvoir exercer leur droits politiques sur un pied d’égalité.

Outre l’article 21 «Liberté d’expression et d’opinion et accès à l’information» qui, notamment reconnaît la langue

des signes et le droit d’obtenir des informations sous une forme accessible, la CDPH comprend également un article qui décrit précisément les droits des personnes handicapées dans le domaine politique, il s’agit de son article 29, «Participation à la vie politique et à la vie publique». Cet article liste ainsi toute une série de conditions que les Etats doivent respecter afin d’assurer le droit des personnes handicapées à voter et à être élues en toute égalité. L’un des alinéas dit, par exemple que les Etats doivent veiller «à ce que les procédures, équipements et matériels électoraux soient appropriés, accessibles et faciles à comprendre et à utiliser».

les réalisations restent raresL’extrait précité de l’article 29 de la CDPH est d’ailleurs une base sur laquelle la Fédération suisse des sourds

Des sourds en politiqueVoici une liste des personnes sourdes s’exprimant en langue des signes connues pour avoir réussi à se faire élire au niveau national dans leur pays ou au parlement européen. Certes, quelques personnes sourdes ont également réussi à se faire élire au niveau local comme, par exemple, Martin Zierold à Berlin ou Thierry Klein, le seul maire d’un petit village français, mais elles restent des exceptions et sont trop difficiles à lister pour nous.A relever l’absence totale d’élus sourds en Suisse…

Elus sourds dans des parlements nationauxCanada, Gary Malkowski, 1990 - 1995Afrique du Sud, Wilma Newhoudt-Druchen, depuis 1999Belgique, Helga Stevens, juin 2004 - mai 2014Islande, Sigurlin Margret Siguroardottir, octobre - décembre 2003Grèce, Dimitra Arapoglou, septembre 2007 – octobre 2009Autriche, Helene Jarmer, depuis juillet 2009Hongrie, Gergely Tapolczai, depuis avril 2010Nouvelle-Zélande, Mojo Mathers, depuis novembre 2011

Elus sourds dans des chambres hautes (Sénat) nationalesBelgique, Helga Stevens, juillet 2007 à mai 2014Espagne, Pilar Lima, depuis juillet 2015

Elus sourds au parlement européenHongrie, Adam Kosa, depuis 2009Belgique, Helga Stevens, depuis juillet 2014

pourrait/devrait s’appuyer pour exiger de la part de la Confédération que les informations liées à toute votation soient systématiquement interprétées en langue des signes. En effet, malgré les recommandations pourtant éditées par le Bureau fédéral de l’égalité, les informations accessibles pour les personnes sourdes lors des votations et élections restent rares. Certes, comme l’évoque l’article en page 8, quelques initiatives pour rendre l’information accessible existent (sous-titrage de certaines émissions de débats à la télévision, allocutions du Conseil fédéral signées à la télévision et quelques rares vidéos sous-titrées ou signées en ligne), mais cela reste des exceptions et, comme le démontre nos témoignages en pages 12-13, les personnes sourdes ont toujours et encore bien de la peine à s’informer suffisamment pour ensuite oser participer aux votations ou élections. ■

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Le point de vue d’une spécialiste

Responsable du secteur Public Affairs au sein de la Fédération suisse des sourds, Márta Gerbershagen a notamment pour mission de lutter pour un meilleur accès aux informations politiques pour les personnes sourdes. Nous en avons profité pour lui poser quelques questions.

propos recueillis par Sandrine Burger, photo: Benjamin Hofer

Pourquoi est-il si important que les personnes sourdes aient accès aux informations politiques?Les informations politiques sont importantes pour se forger une opinion. Comment puis-je voter si

je ne comprends pour quoi je vote? Comment puis-je voter si je ne sais pas quelles seront les conséquences? Il est important de comprendre ce que c’est d’être politiquement actif, mais on doit aussi comprendre ce qu’on manque si on est politiquement inactif.Souvent, les politiciens pensent que les personnes sourdes et malentendantes ne s’intéressent qu’aux thèmes en lien avec le handicap. C’est faux! Les personnes sourdes et malentendantes sont concernées par les mêmes thèmes que le reste de la population et se préoccupent des sujets soumis à votation.

Quels sont les principaux obstacles que rencontrent les personnes sourdes dans ce domaine?Il y a trop de textes! Les obstacles à l’information politique pour personnes sourdes et malentendantes sont ignorés. «Les sourds peuvent lire!», entend-on trop souvent. Mais même pour les personnes entendantes, les textes complexes sont souvent difficiles à comprendre. Pour les sourds, la langue écrite est comme une langue étrangère et des informations importantes sont ainsi souvent perdues.

Quelles sont les solutions revendiquées par la Fédération suisse des sourds?Il y a besoin de davantage de vidéos explicatives en langue des signes avec des interprètes certifiés ou des médiateurs culturels certifiés afin d’assurer une bonne compréhension. De plus, il y a besoin de davantage de vidéos visuelles qui expliqueraient clairement les thèmes politiques et pourraient profiter à l’entier de la population.

Comment la fédération peut-elle faire évoluer les choses?Selon notre stratégie, nous travaillons avec des partenaires externes. D’où viennent les informations politiques? De la Confédération, des cantons, des communes et des politiciens eux-mêmes. Ce sont à ces partenaires que nous nous adressons, à qui nous expliquons quels sont les droits des personnes sourdes et malentendantes et à qui nous donnons des conseils pour respecter ces droits. En premier lieu, nous travaillons au niveau national avec la Chancellerie de la Confédération et dans l’année qui vient, nous allons organiser un atelier avec des experts concernés pour savoir comment les informations politiques peuvent être rendues accessibles. Pas à pas, nous avançons à tous les niveaux.

La fédération compte-t-elle aussi encourager des personnes sourdes à se présenter à des élections?Certainement! La participation politique est un droit très important car la politique influence notre vie! Afin que des sourds ou malentendants ne puissent pas qu’élire, mais aussi être eux-mêmes élus, il y a besoin: d’un engagement personnel, de suffisamment d’interprètes bien formés et d’un environnement sans barrières. Des sourds intéressés peuvent certainement compter sur le soutien de la Fédération suisse des sourds car même si nous sommes politiquement neutres, nous apportons volontiers notre soutien pour l’obtention de conditions-cadres adéquates. ■

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Beat Kleeb: «La politique se fait après la séance»

Entrer en politique en tant que sourd … Est-ce possible? Beat Kleeb en a fait l’expérience et en a conclu que c’est très difficile. La politique se fait surtout après les séances, quand l’interprète est rentré chez lui. Dans son entretien avec fais-moi signe, Beat Kleeb nous explique pourquoi il est quand même important que les sourds s’engagent politiquement.propos recueillis et photo: Martina Raschle (traduction: Antonia D’Orio)

Pour quelle raison avez-vous décidé d’entrer en politique il y a une vingtaine d’années? C’était après mon mandat de président de Sonos. Ayant remarqué que dans le monde de la surdité, les discussions tournaient toujours autour des mêmes problèmes, j’ai pensé aborder les choses d’un point de vue différent et faire connaître nos problèmes à l’extérieur. Je souhaitais faire bouger les choses.

Et comment vous y êtes-vous pris?J’ai adhéré au parti socialiste et participé à 2-3 événements. Mais j’ai vite réalisé qu’en Suisse, il faut partir de tout en bas de l’échelle. Il faut d’abord se faire connaître au niveau local puis gravir progressivement les échelons jusqu’à des positions plus importantes. Cela demande un énorme effort en termes de temps, d’argent et d'engagement personnel; une trop grande charge pour le jeune père de famille que j’étais à l’époque. J’ai donc décidé de retourner au monde de la surdité.

En 2015, vous avez dit à la présidente de la Confédération, Simonetta Sommaruga: La communication est l’instrument le plus important en politique – et la surdité est une entrave à la communication. Est-ce aussi pour cette raison que vous avez abandonné?Oui. Les politiciens doivent instaurer des rapports de confiance, rencontrer des gens dans tous les domaines pour obtenir des informations et du soutien. Apparaître de temps à autre à une réunion, accompagné

d’un interprète, n’apporte pas grand-chose. On prend davantage de décisions après que pendant les réunions, car la politique se fait surtout dans les commissions et au bistrot. Un interprète permanent n’est cependant pas financé.

Comment le financement des interprètes est-il réglé?L’AI verse un montant forfaitaire pour toute la Suisse censé couvrir toutes les interventions d’interprètes qui ne sont pas réglées par d’autres ordonnances. L’AI n’a pas augmenté ce montant depuis des années, aujourd’hui déjà il est absolument insuffisant. Ce montant devrait servir également à payer le travail politique bénévole. Mais l’AI ne verse 1763 francs par mois au maximum pour les frais d’interprétariat que si la personne sourde est engagée à plein temps pour son activité politique. Or, cela suffit tout juste pour deux séances un peu plus longues.

A l’étranger, des sourds tels que Helga Stevens, Ádám Kósa ou Helene Jarmer se sont hissés au sommet de la politique. Que pouvons-nous faire en Suisse?Il faut d’une part que la Fédération suisse des sourds se batte sur le plan politique pour le financement d’interprètes et de l’assistance au travail afin que les politiciens sourds parviennent à

entretenir efficacement leurs relations et à maîtriser le travail administratif. D’autre part, les jeunes sourds doivent apprendre à travailler comme les entendants. C’est impensable de vouloir accéder par la culture sourde aux positions élevées de la politique des entendants! Il faut connaître les processus politiques, apprendre la manière dont les entendants élaborent des compromis, le travail associatif est une bonne école pour cela. Je suis d’avis qu’actuellement, ce n’est pas d’un conseiller fédéral sourd dont nous avons le plus besoin, mais plutôt de jeunes sourds prêts à collaborer avec la fédération et à s’engager au niveau des partis et des communes pour défendre les intérêts des sourds et malentendants. ■

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Comment les sourds s’informent-ils?

Les citoyens sourds et malentendants veulent avoir leur mot à dire et pouvoir se forger une opinion. Malheureusement, ils sont souvent exclus des canaux d’information classiques. La situation s’améliore toutefois peu à peu avec l’apparition de plates-formes en ligne sur lesquelles elles peuvent s’informer. Fais-moi signe propose un aperçu dans le cadre du présent dossier. texte: Martina Raschle (traduction: Antonia D’Orio), illustrations: ch.ch

Le Conseil fédéral a le devoir d’informer la population de manière neutre et objective sur les

objets des votations. Pour les personnes sourdes, ce devoir n’est pas accompli avec la brochure explicative publiée avant chaque votation car les textes sont trop compliqués pour ces personnes ayant appris le français comme langue étrangère à l’école. Il va de soi que les personnes sourdes souhaitent aussi s’informer à différentes sources et se forger une opinion. Pour cela, il faut des explications en langue des signes et des vidéos sous-titrées.

Petite à petit, la nécessité et le droit des personnes sourdes et malentendantes à un accès égal à l’information commence à être reconnu. La Chancellerie fédérale, par exemple, traduit de plus en plus d’informations en langue des signes (LS), et la télévision publique procède de plus en plus au sous-titrage (ST) de ses émissions d’information politique. Trouvez ci-dessous un aperçu des canaux d’information actuels pour personnes sourdes et malentendantes.

inFrarouge (avec st)

L’émission Infrarouge de la RTS est diffusée tous les mercredis soirs avec sous-titrage. Avant les votations populaires, l’émission propose des débats sur les objets soumis à votation. La rediffusion avec sous-titrage peut être visionnée sur RTS Play.

allocutions du conseil Fédéral (avec st + ls)Les recommandations du Conseil fédéral à l’occasion des votations populaires sont interprétées en langue des signes. Elles peuvent être visionnées sur RTS Play.

vidéo sur le système Politique (avec st + ls)

Le site internet ch.ch propose des vidéos en langue des signes dans lesquelles est expliqué le système politique suisse, tout comme des vidéos avec sous-titrage avec des explications sur les votations populaire. Les vidéos sur les autres thèmes sont en général sous-titrées de manière automatique et donc sujettes à des erreurs ou incompréhensions.

Plate-Forme Pour votation et élections (avec st)

Le site internet easyvote.ch explique de manière simple et compréhensible, avec des vidéos, les thèmes des votations et donne des informations sur les élections nationales. Malheureusement, les sous-titres sont automatiques et donc imprécis.

aPPli: la conFédération en breFLa publication La Confédération en bref informe sur la politique, l’administration et la justice en Suisse. En plus des informations officielles, elle donne un aperçu actuel de l’administration fédérale et des infographies, comme des photos illustrent les textes. La Confédération en bref est disponible sous forme de brochure ou d’appli pour tablettes et smartphones. Avec des liens vers les vidéos pour votations. ■

Vous trouvez un aperçu en ligne des canaux d’information pour sourds et malentendants sur: http://www.sgb-fss.ch/fr/mehrzumthema/votations-federales. La page est régulièrement mise à jour.

Débat télévisé avec sous-titres dans l‘émission Infrarouge sur la RTS.

Le système politique suisse est expliqué en langue des signes sur le site ch.ch.

Easyvote.ch explique de manière très visuelle les objets soumis à votation.

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La commune de Lugano garantit l’accessibilité

Depuis 2013, la commune de Lugano se distingue par son souci d’accessibilité vis-à-vis de la participation à la vie politique des personnes sourdes et malentendantes.texte: Désirée Haupts (traduction: Antonia D’Orio), illustration: commune de Lugano

L’année 2013 a été très importante pour la Ville de Lugano. Durant cette année électorale,

non seulement les communes de l’agglomération récemment rattachées à la ville ont été pour la première fois appelées à voter, mais c’était aussi la première fois qu’une vidéo en langue des signes italienne (LIS) expliquant la procédure électorale a été mise à disposition des personnes sourdes et malentendantes.

L’année suivante, l’engagement de la commune de Lugano a été récompensé par l’attribution du prix «Commune innovante 2014» dans le secteur «Innovation de l’action externe de l’administration» pour avoir «présenté les instructions de vote de manière facilement utilisable par les personnes en situation de handicap». 

continuité

De manière tout à fait louable, la commune de Lugano a poursuivi son projet. En effet, en vue des élections de la Municipalité et du Conseil communal de Lugano, elle a produit une vidéo entièrement en langue des signes italienne pour rendre accessible au public sourd et malentendant toutes les informations nécessaires pour participer à cet important événement électoral. Outre des informations claires et les explications de l’animateur sourd Marcello Conigliaro, la vidéo fournit aussi des graphiques informatifs comprenant notamment les dates et les lieux des élections ainsi qu’une description visuelle de la procédure de vote. 

Cette initiative a été accueillie très positivement par la communauté sourde

de Suisse italienne, car elle lui a permis de disposer d’informations claires dans sa langue naturelle, la langue des signes italienne.

a l’avenir?Nous avons demandé au service compétent si le projet visant l’accessibilité sera reconduit en vue des prochaines élections communales du 5 avril 2020. Massimo Bernasconi, collaborateur au service compétent de la Ville de Lugano, a confirmé qu’il sera mis en œuvre lors de votations et élections futures.

Il a ajouté que les procédures de vote étant identiques dans toutes les communes du territoire, il serait intéressant d’entrer en dialogue avec l’administration cantonale en vue d’une collaboration qui permettrait à toutes les communes du canton de mettre ces importantes informations à disposition des citoyens sourds et malentendants par le biais du portail de chaque commune. Cette approche garantirait une plus vaste couverture du territoire en matière d’accessibilité, sans exclure les plus petites communes qui n’ont pas les moyens de produire elles-mêmes ce genre de matériel d’information. ■

NOTE D’éventuelles questions concernant les procédures de vote peuvent être envoyées par courriel à l’adresse [email protected].

La commune de Lugano a innové en proposant des explications en langue des signes pour les votations et élections.

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Sourds et politique: petit coup d’œil à l’étranger

La situation des personnes sourdes serait-elle meilleure ailleurs dans le monde? Les sourds seraient-ils mieux informés et pourraient-ils plus facilement se faire élire dans d’autres pays? Petit passage en revue de quelques pays et de quelques cas intéressants…texte: Sandrine Burger, dessin: Frédérik Vauthey

Au travers de notre dossier, nous l’avons vu, sourds et politique ne font pas encore très bon ménage

en Suisse. Certes des initiatives existent, mais de manière globale, il y a encore beaucoup de progrès à faire pour que les sourds aient un accès aux informations politiques équivalent à celui des entendants et les mêmes chances d’être élus.

La situation est-elle différente ailleurs dans le monde? La rédaction de fais-moi signe s’est posé la question et

vous rapporte la situation dans trois pays emblématiques: deux de nos voisins, la France et l’Allemagne, ainsi que les Etats-Unis, toujours présentés comme le grand pays modèle dans le domaine de l’intégration des personnes handicapées.

allemagne: au cas Par casEn Allemagne, comme nous l’a expliqué Thomas Mitterhuber, le rédacteur en chef du journal des sourds, il n’existe aucune base juridique concernant la mise à disposition d’interprètes en

langue des signes ou toute autre aide à la communication dans le cas où une personne sourde souhaiterait s’engager en politique. Une difficulté qui peut refroidir plus d’un candidat sourd potentiel!

Le récit du parcours des deux seuls sourds élus au niveau local démontre à quel point le système allemand réagit au cas par cas. C’est ainsi que si Martin Zierold, élu dans un district de Berlin (2011-2016), s’est vu rembourser la présence d’interprètes lors des séances du parlement par le district et lors des assemblées des Verts par le parti, il a dû, par contre, se débrouiller seul tout le reste du temps! Or, il est de notoriété publique que la politique ne se joue pas seulement lors des séances plénières ou autres assemblées officielles de partis, mais surtout en dehors, lors de discussions informelles, de manifestations diverses, etc. Pareil pour Sascha Nuhn, élue l’an passé au parlement de Bad Villbel. Si depuis son élection, les frais des interprètes pour les séances plénières sont pris en charge par la ville, Sascha Nuhn a, par contre, dû prendre ces mêmes frais entièrement à son compte durant la campagne! Un investissement que tout le monde ne peut pas se permettre.

Concernant l’accès à l’information politique des citoyens sourds, les choses ne sont guère meilleures en Allemagne. Certes, l’interprétation des débats en langue des signes a fait son apparition au sein du Bundestag et de parlements de certains Länder, mais cela reste au bon vouloir des autorités locales et bien souvent limité à quelques séances

Aux Etats-Unis, les interprètes sont là lors des meetings démocrates, mais pas toujours dans des conditions optimales

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portant le plus souvent sur la thématique du handicap. Comme si les sourds ne s’intéressaient qu’à ce sujet!

Lors des élections, il semblerait que peu à peu les partis soient conscients de la nécessité de diffuser leurs idées en langue des signes également. Malheureusement, les rares initiatives restent bien trop souvent des résumés de programmes et avec des interprétations de mauvaise qualité car l’on a voulu économiser en n’engageant pas d’interprètes professionnels! A relever l’initiative d’un tout nouveau parti allemand, La démocratie en mouvement, fondé il y a à peine deux mois, mais qui a dès le début traduit son "live" sur Facebook avec des interprètes professionnels et a inclus dans son comité central comme dans plusieurs comités locaux des personnes sourdes. Une lueur d’espoir?

France: la grande mobilisation des sourdsEn France, la grande actualité politique du début d’année 2017 a été l’élection présidentielle. Outre le phénomène Macron, la campagne a été marquée par une mobilisation sans précédent des personnes sourdes et malentendantes.

Lassées de constater qu’à chaque campagne les meetings et les réunions publiques des politiciens ne leur étaient quasiment jamais accessibles, tout comme les vidéos des partis ou des candidats sur internet et les débats télévisés, les personnes sourdes et malentendantes de France ont décidé de réagir. En collaboration avec l’Association française des interprètes en langue des signes, elles ont fondé un collectif baptisé Accès-Cible dont l’objectif était d’organiser une mobilisation autour d’actions ciblées afin de créer le buzz pour non seulement attirer l’attention des médias et des réseaux sociaux, mais surtout aussi des différents candidats.

Les revendications étaient claires: l’accessibilité totale (sous-titrage ou vélotypie + interprétations en langue des signes par des professionnels diplômés) et

systématique lors des réunions publiques, lors des meetings ainsi que pour les vidéos diffusées sur internet et les débats retransmis à la télévision.

Grâce à leur mobilisation et à des happenings organisés au sein même des meetings, les sourds ont réussi à se faire entendre, preuve en est le large écho qu’ont reçu leurs actions sur les réseaux sociaux et dans les médias français. Mieux encore, certains grands candidats ont commencé à instaurer la présence d’interprètes et de systèmes de vélotypie lors de leurs meetings. Certes il y a encore du chemin à faire pour une véritable égalité et une accessibilité systématique, mais les sourds français ont démontré qu’en se mobilisant on peut faire bouger les choses! Un exemple à suivre.

etats-unis: une décePtion surPrenanteDans la plupart des cas, lorsqu’on parle d’intégration des personnes handicapées, et donc implicitement des personnes sourdes, les Etats-Unis sont cités en exemple, leur loi sur la protection des personnes handicapées (ADA) étant non seulement exemplaire, mais aussi largement appliquée. Quelle ne fut donc pas notre surprise de découvrir que lorsqu’on aborde la question des personnes sourdes et la politique, les Etats-Unis révèlent soudain des failles inattendues…

Première faille: un manque de représentativité. Comme le relève un article du journal des étudiants de Gallaudet de 2016, alors que les sourds peuvent exercer n’importe quel métier aux Etats-Unis, qu’ils représentent une part non négligeable des citoyens du pays et que les structures gouvernementales leur sont accessibles, aucun sourd n’est élu à la chambre des représentants à Washington! Quant aux rares sourds ou malentendants présents au Sénat, ils sont en général oralistes, devenus sourds suite à la guerre, un accident ou tout simplement suite à leur grand âge. Une société garantissant l’accessibilité à tous comme c’est le cas aux Etats-Unis serait-

elle un frein à l’engagement? Le besoin de lutte ne se faisant pas ressentir, les sourds se détourneraient-ils de la politique? Une hypothèse plausible, mais fort dommage!

Seconde faille: une accessibilité qui démontre ses limites. Si en théorie, l’accès aux informations politiques doit être garanti aux Etats-Unis grâce à l’ADA, qu’en est-il dans la réalité? C’est ce qu’a voulu vérifier Jérémie Boroy, un sourd français, lui-même actif dans l’accessibilité électorale. Pour cela, il est parti aux Etats-Unis lors des dernières élections pour observer divers meetings des deux camps et force est de constater qu’il a largement déchanté.

Certes, Jérémie Boroy n’a pu participer qu’à quatre meetings, mais tous les quatre (!) se sont révélés décevants, à commencer par celui de Donald Trump à Orlando où aucun interprète n’était à disposition et que seuls des sourires gênés de l’équipe de campagne ont répondu aux interrogations du Français. Côté Démocrates, les trois meetings visités (Jacksonville avec Barack Obama, Florida City avec Bill Clinton et Fort Lauderdale avec Hillary Clinton) avaient certes tous mis à disposition des interprètes en langue des signes, mais dans des conditions si déplorables – en bas de l’estrade, sans podium avec sans cesse des gens passant devant; en équilibre précaire sur un escabeau tenu par un confrère; ou encore en contre-jour total – que cela revenait quasiment au même que de ne pas en avoir!

continuer à se battre!On le voit, la situation des sourds en politique n’est finalement guère meilleure ailleurs dans le monde. Même les Etats-Unis ont encore des progrès à faire! Mais il ne faut pas baisser les bras, l’exemple de la France le démontre, il est possible de faire évoluer les choses si les sourds se mobilisent. Il faut faire passer le mot: les sourds sont des citoyens comme les autres, leur voix compte et elle peut même parfois être décisive! ■

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dossier août/septembre 2017 - fais-moi signe

Votations: les sourds prennent la parole

Les personnes sourdes n’abandonnent pas leur droit de vote, et cela même si l’Etat ne leur facilite pas toujours la vie! L’enquête de fais-moi signe le démontre, les personnes sourdes sont des citoyens ingénieux et convaincus. propos recueillis par Martina Raschle, Sandrine Burger, Désirée Haupts

noha el sadawy

Crissier

«Oui je participe de temps en temps aux votations et élections; c'est important quand on est citoyenne de Suisse. Ici nous avons la chance d'avoir régulièrement des votations et ainsi participer à la vie démocratique suisse. Pour cela il faut bien connaitre notre politique suisse et parfois c'est quand même assez compliqué à cause des phrases typiquement politiques. Il manque d'explications en LSF. Par contre il y a de plus en plus de dessins animés dans les vidéos, tout simple et visuel.

Au téléjournal signé, à 19h30, c'est déjà pas mal pour les explications sur les votations. Mais, par exemple, il y a une émission infrarouge qui a souvent des débats intéressants, malheureusement il n'y a pas de traduction en LSF, que du sous-titrage. Pour obtenir des informations, je lis les documents des votations et il y a des vidéos en LSF de WebTV de l'association S5, c'est clair et visuel.»

andreas Janner

Wädenswil

«Je vote toujours par courrier. Les événements socio-politiques m’intéressent beaucoup et je lis quotidiennement le journal, je regarde régulièrement le téléjournal avec l’interprète en langue des signes et j’étudie la documentation des votations. De temps à autre, je discute aussi d’un thème à la cafétéria du Centre des sourds de Zurich-Oerlikon. Je regrette vraiment que l’Etat ne diffuse pas de vidéos en langue des signes avec la brochure de votation qui est trop compliquée. Ce serait très important pour que les personnes sourdes et malentendantes puissent se forger une opinion.»

otto bögliLausanne «En général, je ne manque pas de participer régulièrement aux votations et élections. Etant intéressé à la vie politique du pays, je vais voter car il m’arrive de ne

pas toujours être d’accord sur des objets proposés par nos élus de gauche ou de

droite. C’est uniquement par la lecture des journaux et les informations /débats à la télévision qui me sont accessibles (grâce au sous-titrage) que je peux m'informer pour voter pour ou contre les objets soumis au vote qui, à mon avis, présentent à la fois pas seulement des avantages pour les uns, mais aussi des inconvénients pour les autres.»

colette sanglardCourgenay «Je participe régulièrement aux votations et aux élections. C'est très important pour mes enfants, mes petits-enfants, pour les générations futures.... pour les personnes handicapées et surtout pour les sourds. Sans la politique, on n’obtiendra rien et on n’arrivera à rien. Voilà pourquoi c'est très important d'aller voter; tout passe par la politique pour faire valoir nos droits et obtenir l’égalité! J'obtiens des informations dans la presse et je regarde les débats à la télévision suisse

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dossierfais-moi signe - août/septembre 2017

romande qui sont sous-titrés. Je vais aussi à des conférences sur les votations en LSF organisées par l'animation

de la Fédération suisse des sourds qui sont très importantes pour les sourds. Malheureusement il y en a pas assez souvent et peu de monde est intéressé.»

david raboudAutigny

«Non, je ne participe pas vraiment régulièrement aux votations et jamais pour les élections. Je trouve que la participation aux votations est quand même intéressante et importante pour moi malgré ma faible participation à cause du manque d'informations détaillées et du fait qu'on n'en parle pas assez dans la communauté des sourds... Un nouveau site consacré aux votations uniquement avec des explications en LSF serait bien. Par contre les élections, je ne vois pas comment connaitre les candidats. Je demande parfois à ma sœur pour obtenir des informations.»

giovanni locci

Lurate Caccivio

«Je participe régulièrement aux votations. Quand je n’arrive pas à comprendre le sujet, je laisse un blanc. Quand je dois voter, il n’y a pas beaucoup d’explications disponibles. La brochure qui accompagne la carte de vote est trop compliquée. Je préfère suivre des vidéos explicatives car elles sont plus claires.»

ariane gerberBerne

«Le droit à la participation politique en Suisse est pour moi important, c’est pourquoi je vote régulièrement. J’ai une fois oublié et je me suis sentie vraiment mal. Afin de m’informer, je lis la brochure rouge des votations et j’organise parfois une séance d’échange avec des amis en langue des signes. Nous lisons alors les informations ensemble et en discutons. Cela m’aide à mieux comprendre les textes.»

KatJa tissi

Winterthur

«Je vais régulièrement voter. Pour me former mon opinion, j’essaie de comprendre les informations écrites, je discute avec d’autres personnes en langue des signes sur le thème et je m’oriente selon les positions des partis qui me sont les plus proches.»

beat marchetti Stäfa

«Bien que je sois très intéressé par les sujets politiques, je ne vais pas toujours voter. Je m’informe par les journaux en ligne, mais le déchiffrement des petits caractères de la brochure des votations est difficile pour moi puisque j’ai un handicap de l’ouïe et de la vue. Je ne me donne cette peine que lorsqu’un sujet est particulièrement important pour moi. Mais lors de chaque résultat qui n’exprime pas mon souhait, je m’énerve si je n’ai pas été voter.» ■