risque routier encouru par les salariés comprendre … · routière et la sécurité sociale ont...

39
Risque routier encouru par les salariés Comprendre pour agir GUIDE D’ÉVALUATION

Upload: trinhnga

Post on 16-Sep-2018

216 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: Risque routier encouru par les salariés Comprendre … · routière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs efforts ... mation et de formation, ainsi que la mise en

Risque routier encouru par les salariésComprendre pour agir

GUIDE D’ÉVALUATION

Page 2: Risque routier encouru par les salariés Comprendre … · routière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs efforts ... mation et de formation, ainsi que la mise en

Risque routier encouru par les salariésComprendre pour agir

GUIDE D’ÉVALUATION

ED 877

Page 3: Risque routier encouru par les salariés Comprendre … · routière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs efforts ... mation et de formation, ainsi que la mise en

SOMMAIREAvant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

Le risque routier encouru par les salariés, un risque professionnel à évaluer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

La prévention du risque routier est un enjeu pour l’entreprise . . . . . . . . . . . . . . . . . 5L’accident n’est pas seulement l’affaire du conducteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5Les objectifs de l’évaluation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6La démarche globale de prévention du risque routier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

1. Faire l’état des lieux des déplacements routiers . . . . . . . . . . . 8Recenser tout ce qui, dans l’activité de l’entreprise, est susceptible d’entraîner des déplacements pour mission . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9Recenser les fonctions qui génèrent des déplacements pour mission . . . . . . . . . . . 10Interroger les salariés pour mieux connaître leur trajet domicile/travail . . . . . . . . . . . 11

2. Analyser les accidents de mission et de trajet . . . . . . . . . . . . 12Recenser les accidents sur les dernières années . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13Analyser les constats amiables d’accidents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14Recueillir les témoignages pour approfondir l’analyse des accidents . . . . . . . . . . . . . 15Enquêter sur les accidents de trajet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16Repérer et analyser les presque-accidents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17Évaluer les conséquences économiques pour l’entreprise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

3. Analyser les conditions réelles de conduite . . . . . . . . . . . . . . 20Analyser les tâches réelles de conduite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21Analyser les conditions réelles de trajet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22Analyser les contraintes de temps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

4. Analyser la gestion des déplacements . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24Analyser l’organisation des déplacements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24Analyser la gestion du parc des véhicules . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25Analyser la gestion du personnel ayant des tâches de conduite . . . . . . . . . . . . . . . . 26Évaluer les pratiques d’analyse de l’accident dans l’entreprise . . . . . . . . . . . . . . . . 27Analyser l’organisation de la circulation aux abords et à l’intérieur de l’entreprise . . . 28Analyser l’implication de l’entreprise sur les questions de sécurité routière . . . . . . . . 29

La mise en place d’un plan d’action . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30Cibles possibles de prévention... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31

Annexe. Questionnaire à faire remplir par tous les membres de l’entreprise . . . . . . . . . . . . . . . 32

2

Conception et rédaction : Michèle Lefebvre et Bertrand Sésé.

Remerciements particuliers à Dominique Blanquart (CRAM Normandie).

Ont participé à l’élaboration du document : Arrestier Guy (CRAM Pays de Loire), Bernardin Alain (CETE Ouest MAN), Bielec Philippe (INRS), Blanquart Dominique (CRAM Normandie),Fassenot Thierry (CRAM Alsace-Moselle), Hébert Jean-Pierre (CRAM Ile-de-France), Hureau Claude (CETE Normandie Centre), Lacombe Etienne (CRAM Sud-Est), Méric Michel (INRS), Mougin Marcel (CETE Méditerranée), Paradis Sandrine (CRAM Aquitaine), Schoell André-Dominique (CETE Sud-Ouest), Schuffenecker Dominique (DDE Vendée), Steinhart Françoise (DSCR), Studer Jean (CNAMTS), Van Poperinghe Jean-Bernard (CMSR Région Centre).

Page 4: Risque routier encouru par les salariés Comprendre … · routière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs efforts ... mation et de formation, ainsi que la mise en

Avec plus de 800 salariés du régime général tués par an, les accidents routiers, de trajet et de mission, sont la premièrecause d’accidents mortels du travail. Lorsqu’ils ne sont pasmortels, ces accidents sont souvent beaucoup plus graves queles accidents survenant dans l’entreprise. Ce risque encourupar les salariés est lié au développement considérable des déplacements routiers dans le cadre du travail.

L’accident d’un salarié sur la route est à la fois un accidentdu travail et un accident de la route. Comme accident du travail, il relève de la branche Accidents du travail de la Sécurité sociale et comme accident de la route, il concerne les pouvoirs publics. C’est pourquoi la Sécuritéroutière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs effortspour mieux prendre en compte la prévention de ce typed’accidents. Cette brochure est un des produits de leur collaboration.

L’accident de la route se produisant par définition hors de son enceinte, l’entreprise peut avoir le sentimentqu’elle a peu de moyens d’action pour maîtriser ce risque.Pourtant, quand on y regarde de plus près, elle n’est pasdénuée de moyens, à la condition d’aborder ce risque comme un risque professionnel.

Il existe en effet dans les entreprises une tradition, un savoir-faire et des règles pour éviter et réduire les risquesliés au travail. Eviter les risques, évaluer ceux qui ne peuventêtre évités, combattre le risque à la source, remplacer ce qui est dangereux par ce qui l’est moins… ces “principesgénéraux de prévention” sont inscrits dans la loi ; ils offrent à tous les acteurs de l’entreprise un cadre pour aborder la prévention du risque routier. La premièreétape consiste à “comprendre pour agir”, c’est-à-dire à repérer les facteurs de risque qui dépendent de l’activitéprofessionnelle. Dans un deuxième temps, il convient de définir les moyens de prévention adaptés pour prévenir les risques repérés. Comprendre pour agir, c’est avant toutavoir une vision d’ensemble du problème à traiter, avant de se lancer dans des actions ciblées. C’est l’ambition de cette brochure que d’aider à construire cette vision d’ensemble.

3

AVANT-PROPOS

Page 5: Risque routier encouru par les salariés Comprendre … · routière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs efforts ... mation et de formation, ainsi que la mise en

Ce risque auquel les salariés sont exposésconcerne l’entreprise. Que l’accident se produise

dans le cadre d’une mission ou au cours d’un trajetentre le domicile et le lieu de travail, il sera dans

les deux cas considéré comme un accident de travailet relève de la législation sur l’accident du travail(article L.411-1 et L.411-2 du code de la Sécurité

sociale, voir page 10). C’est pourquoile risque routier est un risque professionneldont la prévention relève, comme les autres

risques liés à l’activité de l’entreprise,de la responsabilité de l’employeur.

LE CADRE RÉGLEMENTAIRE

Selon l’article L.230-2 du code du travail,“le chef d’établissement prend les mesuresnécessaires pour assurer la sécurité et proté-ger la santé des travailleurs de l’établisse-ment, y compris les travailleurs temporaires.Ces mesures comprennent des actions de pré-vention des risques professionnels, d’infor-mation et de formation, ainsi que la mise en place d’une organisation et de moyensadaptés (…)”.

Le chef d’établissement met en œuvre cesmesures sur la base des principes générauxde prévention suivants :

• éviter les risques,

• évaluer ceux qui ne peuvent être évités,

• combattre le risque à la source,

• adapter le travail à l’homme, en particu-lier en ce qui concerne la conception despostes de travail, le choix des équipe-ments et des méthodes de travail, en vuenotamment de limiter le travail mono-tone et le travail cadencé, et de réduireles effets de ceux-ci sur la santé,

• tenir compte de l’état d’évolution destechniques,

• remplacer ce qui est dangereux par cequi n’est pas dangereux ou moins dangereux,

• planifier la prévention en y intégrantdans un ensemble cohérent la technique,l’organisation du travail, les relationssociales et l’influence des facteursambiants,

• prendre des mesures de protection collective en leur donnant la priorité surles mesures de protection individuelle,

• donner les instructions appropriées auxtravailleurs.

L’article L.230-3 complète cet article enintégrant la dimension formation des salariés dans les principes généraux de laprévention.

4

LE RISQUE ROUTIER ENCOURU PAR LES SALARIÉSUN RISQUE PROFESSIONNEL À ÉVALUER

Page 6: Risque routier encouru par les salariés Comprendre … · routière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs efforts ... mation et de formation, ainsi que la mise en

De nombreux salariés passent une partie importante de la journée au volant d’un véhicule, soit dans le cadre d’une mission à caractèreprofessionnel, soit pour le trajet entre le domicile et le lieu de travail.Les transporteurs routiers ne sont pas les seuls professionnelsconcernés : dans toutes les entreprises, les salariés, mais aussi les dirigeants, les cadres et les commerciaux sont amenés à sedéplacer en voiture alors que la conduite n’est pas leur métier. Parcequ’ils sont usagers de la route, les salariés sont quotidiennementconfrontés au risque d’accident pour les besoins du travail.

La prévention du risque routier est un enjeu pour l’entreprise

La prévention du risque routier est un enjeu social parce qu’elleconcerne tous les acteurs de l’entreprise et qu’elle engage la responsabilité de l’employeur vis-à-vis de ses salariés. C’est également un enjeu économique, car l’accident de la route a des conséquences financières souvent mal évaluées.

La prévention de ce risque doit être abordée conformément aux “principes généraux de prévention des risques professionnels”tels qu’ils sont définis par le code du travail : en évitant le risque, en évaluant ceux qui ne peuvent être évités et en combattant le risque à la source (article L.230-2 du code du travail). Pour l’entreprise, cela implique de reconnaître que l’accident n’est pas une fatalité et qu’elle peut, en mobilisant tous ses acteurs, analyser, éviter ou réduire les facteurs de risque.

Mais n’est-ce pas également un enjeu social important pour les entreprises dont l’engagement est aujourd’hui attendu sur les grandes questions de société (environnement, sécurité) ? En s’engageant dans la prévention du risque routier, l’entreprisecontribue à la lutte contre l’insécurité routière dans notre pays.

L’accident n’est pas seulement l’affaire du conducteur

En cas d’accident de la route, l’entreprise mettra en cause la fatalité ou le comportement individuel en ignorant les autres paramètres. Elle ne s’interrogera pas, comme elle le ferait pour l’accident du travail “classique”, sur l’ensemble des facteurs — en particulierceux liés au travail — qui rendent l’accident possible : nécessité de se déplacer professionnellement, mode d’organisation des déplacements et amplitude des journées de travail pour le salarié, modalités d’exécution de la tâche de conduite liées aux contraintes de temps, état du véhicule, etc.

Repérer et comprendre les facteurs qui génèrent le risque constituent une étape essentielle pour pouvoir mettre en place les moyens de prévention adaptés.

5

Page 7: Risque routier encouru par les salariés Comprendre … · routière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs efforts ... mation et de formation, ainsi que la mise en

ACCIDENT

On ne peut pas s’intéresser qu’au comportement du conducteur :d’autres facteurs, notamment liés à l’activité du salarié, se combinent et peuvent être à l’origine d’un accident.

LA DÉMARCHE D'ÉVALUATION PROPOSÉE SUPPOSE

• Que soit mise en place une équipe detravail motivée et informée. Elle peutréunir un représentant de la direction,le responsable des ressources humaines, le chargé de sécurité, le responsable du parc des véhicules, le médecin du travail, le CHSCT et/ou les délégués dupersonnel.

• Que soit clairement affichée et perçueen interne la volonté de la direction deprendre en charge la prévention durisque. Cette implication ne sera crédi-ble que si du temps et des moyens sontattribués.

• Qu'il y ait une adhésion du personnel auprojet. À chaque échelon dans l'entre-prise, chacun doit être convaincu de l'intérêt d'une action de prévention. LeCHSCT ou les délégués du personnelpeuvent contribuer à impulser cettedynamique.

6

accès à l’entreprise, plan de circulation,

état de la route, zone rurale ou urbaine...

L’INFRASTRUCTURE

état du véhicule, véhicule adapté au travail, matériels et marchandises

transportés, arrimage…

LE VÉHICULE

L’ACTIVITÉ DU SALARIÉ, SES CONTRAINTES

urgences, retards, imprévus,exigences de rendement,

préparation et planification desmissions, connaissance des lieux…

LES CONDITIONS DE DÉPLACEMENT

jour/nuit, saison, météo,

circulation…

Les objectifs de l’évaluation

Le but de l’évaluation proposée est de repérer, par un diagnostic, les facteurs susceptibles de favoriser la survenue d’accidentsroutiers lors des missions et des trajets des salariés, et notammentles facteurs liés à l’organisation et au fonctionnement de l’entreprise.

Cette mise à plat des conditions réelles de conduite et de leurcontexte est un préalable incontournable pour déterminer, dans unsecond temps, les mesures de prévention les plus pertinentes.

Ce travail d’évaluation est une étape importante dans la démarcheglobale de prévention. Il permettra de définir un programme d’actionsde prévention découlant directement des analyses qui auront étéeffectuées.

Page 8: Risque routier encouru par les salariés Comprendre … · routière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs efforts ... mation et de formation, ainsi que la mise en

La démarche globale de prévention du risque routier

Impliquer■ décision de la direction■ association des représentants du personnel■ mobilisation de la hiérarchie■ participation des salariés

Établir un diagnostic■ faire l’état des lieux■ analyser les accidents■ analyser les conditions réelles de conduite■ analyser la gestion des déplacements

Dresser un plan d’action■ favoriser la concertation■ choisir les actions adaptées■ rechercher des appuis

Mener des actions touchant■ les salariés■ les véhicules■ l’organisation du travail■ les infrastructures■ les relations avec les clients, les fournisseurs…

Évaluer l’action■ suivre les indicateurs mis en place

Pérenniser l’action sécurité routière■ l’intégrer à la démarche préventive au quotidien

7

Page 9: Risque routier encouru par les salariés Comprendre … · routière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs efforts ... mation et de formation, ainsi que la mise en

Toute démarche de prévention commencepar un recueil d’informations. Cette première étape

est capitale : les entreprises sont en mutationconstante (nouveaux marchés, nouvelles fonctions…).

Seul un repérage systématique des déplacementsroutiers des salariés permet à l’entreprise

d’avoir une vision globale proche de la réalité.

8

1. FAIRE L’ÉTAT DES LIEUX DES DÉPLACEMENTS ROUTIERS

Page 10: Risque routier encouru par les salariés Comprendre … · routière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs efforts ... mation et de formation, ainsi que la mise en

Recenser tout ce qui, dans l’activité de l’entreprise,est susceptible d’entraîner des déplacements pour mission

Il s’agit à cette étape de réfléchir globalement :

■ aux conséquences, sur la nature et les conditions de déplacement,que peuvent avoir l’activité de l’entreprise et les caractéristiquesdu marché,

■ à la situation géographique et à l’environnement routier de l’entreprise,

■ aux fonctions concernées par les déplacements pour mission dans l’entreprise.

Il sera également intéressant de se demander comment telle ou telle évolution dans l’activité de l’entreprise a pu modifier les conditions de déplacement. Par exemple,

■ développement de l’activité commerciale,

■ élargissement du rayon d’action,

■ offre d’un nouveau service nécessitant d’utiliser un moyen de transport individuel,

■ nouvelle implantation, etc.

En raison d’un développementimportant de leur activité, trois entreprises constatent une augmentation du nombre des accidents de la route de leurs salariés

Entreprise en bâtimentEffectif : 190 salariésParc : 50 véhicules utilitaires, 15 véhicules légers, 1 camion 19 tonnesRayon d’action : 300 kmKm parcourus : 2 millions par anEn raison du développement de l’activité,de l’augmentation du nombre de chantiers,des interventions dans des chantiers de plus en plus éloignés, et du temps de conduite de plus en plus long, le responsableconstate une augmentation des accidents de la route.

Collecte et acheminement de prélèvements biologiquesEffectif : 55 salariésParc : 49 véhicules légers Rayon d’action : toute la FranceKm parcourus : 4 millions par anDepuis 1993, l’entreprise n’a pas cessé de grandir. Les accidents ont augmentéavec l’activité, le nombre accru devéhicules et le nombre d’agents recrutés.

Transporteur de marchandisesindustriellesEffectif : 190 salariésParc : 100 camions poids lourdsRayon d’action : régional, national,internationalKm parcourus : 9 millions par anLe développement de l’activité,l’embauche de nouveaux salariés,l’exigence accrue de la part des clients sur les délais provoquent en quelquesannées une augmentation significative du nombre d’accidents et des coûts des primes d’assurance.

Suite à ce diagnostic, ces troisentreprises se lancent dans une démarche de prévention du risque routier encouru par leurs salariés.

Leur démarche est présentéedans le film : “Prévenir les accidents de circulation, un enjeu pour l’entreprise”

Sécurité routière / INRS(référence INRS VS 0247)

Exemple

9

Page 11: Risque routier encouru par les salariés Comprendre … · routière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs efforts ... mation et de formation, ainsi que la mise en

1. Faire l’état des lieux des déplacements routiers

Recenser les fonctions qui génèrent des déplacements pour mission

Les fonctions concernées

Le recensement des personnes qui se déplacent doit être exhaustifpour permettre une réelle connaissance de la situation. Ce travailpeut sembler simple pour les transporteurs et les livreurs, il l’estmoins en revanche pour les fonctions où la conduite n’est pasl’activité principale : commerciaux, techniciens, personnelsd’entretien...

L’entreprise peut s’aider des documents en sa possessionconcernant les missions (remboursement de frais, assurances…).Les personnes qui sont amenées à travailler hors de l’enceinte de l’entreprise, sur ou près d’une voie publique (travaux publics,interventions sur les réseaux divers, par exemple), et qui n’utilisentpas de véhicule, peuvent être également exposées au risqued’accident de la route.

Des évaluations menées en entreprise ont d’ailleurs montré que les responsables sous-estiment souvent le nombre de personnesqui effectuent des déplacements pour mission dans l’entreprise, en particulier pour des déplacements courts.

Les caractéristiques des missions

Le kilométrage moyen annuel parcouru pour chaque fonction est un premier indicateur du degré d’exposition au risque. En effet, le risque d’accident s’accroît avec le kilométrage parcouru.

À cette étape, il est intéressant d’analyser les caractéristiques des grandes catégories de mission :

■ contenu des missions : démarches commerciales, entretien et réparation, livraisons et courses, transport de marchandises,d’équipement ou de personnes…,

■ longueur moyenne des missions et fréquence (régulière ou occasionnelle),

■ durée moyenne des missions et temps hebdomadaire moyen passé à conduire,

■ réseau emprunté : autoroutes, routes nationales ou départementales, voies communales,

■ type de véhicule utilisé.

ACCIDENTS DE MISSION, ACCIDENTS DE TRAJET

La législation sur l’accident du travaildistingue : • les accidents du travail proprement dits

avec les accidents de mission• les accidents de trajet indemnisés au

titre des accidents du travail

Qu’est-ce qu’un accident du travail ?

Selon l’article L.411-1 du code de laSécurité sociale, est considéré comme acci-dent de travail, quelle qu’en soit la cause,l’accident survenu par le fait ou à l’occasiondu travail, qu’il se passe sur le lieu du travailhabituel ou non, ou pendant le déplace-ment nécessaire à l’exécution de ce travail.En application de la jurisprudence, troisconditions complètent les règles légales : • une action soudaine a provoqué une ou

plusieurs lésions,• l’accident est intervenu pendant le

temps de travail et sur le lieu de travail,• un rapport de cause à effet existe entre

l’accident et les lésions.

Qu’est-ce qu’un accident de trajet ?

Selon l’article L.411-2 du code de laSécurité sociale, est également considérécomme accident de travail, l’accident sur-venu au travailleur pendant le trajet d’alleret de retour entre son domicile et son lieude travail, le lieu de travail et le lieu habi-tuel du repas. Le parcours doit être noninterrompu ou non détourné par un “motifdicté par l’intérêt personnel et étranger auxnécessités essentielles de la vie courante”.En application de la jurisprudence, quatreconditions complètent les règles légales : • la résidence du salarié doit présenter un

caractère stable,• le lieu de prise des repas doit être le lieu

habituel,• l’itinéraire doit être le plus court, le plus

commode ou logique,• l’interruption ne doit pas être provoquée

par l’intérêt personnel.

L’itinéraire reconnu entre le domicile dusalarié et son lieu de travail inclut ledétour pour un acte de la vie courante(acheter du pain), mais en aucun cas celuilié à un motif personnel (aller au cinéma).

10

Page 12: Risque routier encouru par les salariés Comprendre … · routière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs efforts ... mation et de formation, ainsi que la mise en

La prévention du risque trajetdans une usine d’emballage

L’usine est située dans un petit village du centre de la France. On y accède par un réseau de routes départementales.Quatre cents personnes travaillent sur le site.

À la suite d’une enquête menée auprès des salariés, l’entreprise réalise une cartedes itinéraires empruntés par le personnelqui fait apparaître un certain nombre de difficultés. Ce travail donne lieu à des réunions avec la DDE et le Conseilgénéral sur les points sensibles qui ont été repérés.

Quelques mois plus tard, des améliorationssont apportées au réseau routierconduisant à l’entreprise.

Par ailleurs, des informations sur les problèmes de route et de météo sont diffusés par messagerie interne. C’est l’occasion pour tous les salariésd’échanger les informations qu’ils possèdent.

Grâce à cette première sensibilisation, un travail sera mené dans un deuxièmetemps avec les commerciaux.

11

ExempleInterroger les salariés pour mieux connaître leur trajet domicile/travail

Les choix des trajets et des modes de transport restant individuels et personnels, la meilleure façon pour l’entreprise de recueillirl’information sur le trajet est d’interroger les salariés eux-mêmes.

Ce sondage présente un double intérêt : il manifeste l’intérêt et la volonté de la direction de régler les risques liés à la circulationentre le lieu de domicile et l’entreprise. Il pose en outre le premierjalon d’une sensibilisation des salariés au problème routier.

Les informations fournies par les salariés

Pour connaître les trajets domicile/travail, l’entreprise doit notamment recueillir des informations sur :

■ l’utilisation ou non d’un moyen de transport individuel pour se rendre au travail et sa nature (voiture, deux roues, co-voiturage),

■ la distance moyenne effectuée quotidiennement,

■ l’itinéraire habituel.

L’exposition au risque routier concerne aussi les passagers, les cyclistes et les piétons.

Les données relatives à l’entreprise

Pour comprendre la nature et les conditions des trajets effectués par les salariés, sont à prendre en compte :

■ l’implantation géographique de l’entreprise,

■ sa zone de recrutement,

■ la présence d’un restaurant d’entreprise,

■ l’existence ou l’absence de transports en commun pour se rendresur le lieu de travail.

L’analyse des trajets permet d’établir, à partir d’une carte routière,une cartographie des déplacements qui met en évidence les trajets,les réseaux empruntés, les points sensibles, et les observations dessalariés sur les problèmes rencontrés (travaux, verglas, déviations...).

Page 13: Risque routier encouru par les salariés Comprendre … · routière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs efforts ... mation et de formation, ainsi que la mise en

Lors d’un accident de la route, on met courammenten cause la fatalité ou le comportement

du conducteur. On sous-estime alors le poidsdes contraintes professionnelles comme facteurs

de risque : la charge de travail, les horaires,la fatigue et le stress, la préparationet l’organisation des déplacements.

Cette étape d’analyse est très importante pourmieux comprendre pourquoi l’accident est arrivé.

Au-delà des circonstances de l’accident, elle permetsouvent de mettre en évidence des questions

d’organisation dans l’entreprise qui vontbien au-delà des seules questions de sécurité.

12

2. ANALYSER LES ACCIDENTS DE MISSION ET DE TRAJET

Page 14: Risque routier encouru par les salariés Comprendre … · routière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs efforts ... mation et de formation, ainsi que la mise en

Dans l’entreprise T. , l’analyse des accidents met en lumièrel’incidence des horaires

Dans cette entreprise de stockage et de livraison de produits frais, les accidents survenus au cours des dernières années sont le plus souventuniquement matériels.

L’analyse de ces accidents a permisnotamment de constater que nombred’entre eux étaient survenus entre 7h30 et 10h le matin, ce qui correspond à l’heure de pointe. En début de tournée,les chauffeurs livrent les grandes surfacesdont l’accès routier est facile, après 8h ils circulent sur un réseau moins adapté à la taille des véhicules frigorifiques ; et enfin les chauffeurs travaillent depuis4h et la fatigue commence à se faire sentir.

Recenser les accidents sur les dernières années

Il s’agit à cette étape de dresser la liste de tous les accidentsroutiers survenus dans une période récente et pour lesquelsl’entreprise détient des informations.

L’intérêt est de réunir des données souvent éparses pour procéder à des comparaisons dans le temps. Le nombre d’années sur lesquelles portera l’analyse est variable selon les entreprises :une période de 3 à 5 ans est recommandée.

Ce recensement peut se faire à partir de différents documents :

■ les constats transmis aux assurances,

■ les déclarations d’accident à la CPAM (DAT),

■ le nombre total des journées d’arrêt de travail.

À l’échelle d’une entreprise moyenne, le nombre d’accidentscorporels est rarement statistiquement significatif. Il est doncindispensable de prendre en compte l’ensemble des accidentsmatériels et corporels pour effectuer ce recensement.

Le nombre d’accidents doit être croisé avec les paramètres qui sont les plus intéressants pour l’entreprise :

■ accidents par fonction : le nombre d’accidents dans chaquefonction permet de savoir quels sont les métiers qui semblent les plus exposés au risque dans l’entreprise,

■ accidents par type de véhicule,

■ accidents par établissement : lorsqu’il existe plusieursétablissements, il faut comprendre pourquoi tel établissement est plus accidentogène qu’un autre (ou à l’inverse, il faut identifierles pratiques qui permettent de meilleures performances),

■ accidents en fonction de l’ancienneté dans le poste,

■ accidents responsables et non-responsables.

13

Exemple

Page 15: Risque routier encouru par les salariés Comprendre … · routière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs efforts ... mation et de formation, ainsi que la mise en

Analyser les constats amiables d’accidents

Au-delà du simple recensement, il est indispensable de comprendrepourquoi les accidents sont survenus dans l’objectif de :

■ mieux cerner les facteurs impliqués,

■ repérer les situations de conduite,

■ observer les récurrences dans les types d’accidents.

Le dépouillement d’une dizaine de constats transmis aux assuranceset leur analyse peuvent fournir une première information intéressante,même si les données contenues ne sont pas toujours validées.

L’analyse d’un échantillon d’accidents permettra de repérer s’il existedes types d’accidents plus fréquents et des situations de conduitequi tendent à se reproduire :

■ type d’accident,

■ nature de la mission,

■ horaires particuliers,

■ situation géographique,

■ conditions climatiques,

■ personnes accidentées.

14

2. Analyser les accidents de mission et de trajet

Page 16: Risque routier encouru par les salariés Comprendre … · routière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs efforts ... mation et de formation, ainsi que la mise en

Recueillir les témoignages pour approfondir l’analyse des accidents

Dans le cadre d’une démarche d’évaluation du risque, il est indispensable d’aller plus loin et de faire une analyse plus approfondie d’un ou de quelques accidents récents. Ce travaildoit s’engager avec les membres du Comité d’hygiène et de sécuritéet des conditions de travail (CHSCT) ou les délégués du personnel,dont c’est d’ailleurs l’une des missions.

Cette analyse permettra de mettre en regard les différents facteursimpliqués dans la survenue de l’accident et liés au conducteur maisaussi au contexte professionnel, au véhicule, à l’environnement et à l’infrastructure.

Il est important de s’appuyer sur les témoignages des victimes, des collègues, et des témoins de l’accident. Il s’agit de recueillir desfaits et non pas des jugements, des opinions ou des interprétations.Les circonstances de l’accident peuvent avoir été traumatisantes, il convient bien sûr d’en tenir compte dans la façon de recueillir les informations. Cependant, une enquête de ce genre doit toujoursêtre effectuée le plus rapidement possible après l’accident, quandles faits, les particularités et anomalies de la situation, sont encoreprésents dans la mémoire des personnes concernées. On éviteraainsi rumeurs et interprétations, et les témoignages seront plusspontanés et plus riches.

Une organisation du travail qui génère des effets pervers…

Dans une collectivité territoriale, un système de collecte des orduresménagères est en place. Les camionsdoivent être vidés plusieurs fois par poste.Les conducteurs et ripeurs commencentleur travail vers 5 heures du matin, selonle système du “fini-quitté” : le personnelest payé jusqu’à 13 heures, mais peutquitter le travail dès que les tournées sont terminées.

Ce matin-là, un camion de collectecirculait sur une route prioritaire lors d’un parcours vers le lieu de stockageavant destruction. Une épaisse nappe de brouillard empêchait la visibilité au-delà de 25 mètres. À hauteur d’une intersection avec une routesecondaire, un car de ramassage scolairetentait de couper la route. La collisionviolente entre le camion de collecte et le car fit plusieurs blessés dont certainsdans un état grave.

L’analyse de l’accident a permis de poserles questions suivantes : • Le système du “fini-quitté” ne favorise-t-il

pas une sorte de course au temps, tant lors de la collecte que lors des trajets entre le dernier lieu de collecte et le lieu de stockage ?

• La présence de trois personnes dans le camion est-elle nécessaire pouraller et revenir du lieu de stockage ?

• La conduite d’un véhicule en situationsmétéorologiques dégradées (brouillard)a-t-elle été envisagée ?

• Une intervention auprès du gestionnaireconcerné est-elle envisageable pourtenter de supprimer cette intersectionréputée dangereuse ?

15

Exemple

Page 17: Risque routier encouru par les salariés Comprendre … · routière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs efforts ... mation et de formation, ainsi que la mise en

Enquêter sur les accidents de trajet

Les accidents de trajet sont les plus fréquents et pourtant les plussous-estimés.

L’entreprise détient à leur sujet moins d’informations que pour les accidents de mission. Elle ne connaît que les accidents de trajetqui ont donné lieu à un dommage corporel, ignorant ceux dont les salariés n’ont pas parlé.

Dans le cas d’un accident de trajet, une démarche identique à celleconcernant un accident de mission est recommandée : recensement,approche en compréhension des accidents, analyse approfondie. Une enquête auprès des salariés permettra de savoir :

■ quels sont les salariés les plus touchés par les accidents de trajet ?

■ dans quelles circonstances ?

■ à quel moment : matin, après-midi ou soir ?

■ à quelle époque de l’année ?

■ sur quel parcours ?

■ avec quel type de véhicule ?

On remarque que les salariés les plus accidentés sont souvent les salariés amenés à changer fréquemment de lieux de travail, les intérimaires et les nouveaux embauchés.

L’analyse des déplacements de trajet permet d’établir une cartographie des déplacements qui signale les caractéristiquesdes principales voies de déplacement, les événements (travaux,problèmes climatiques), les points sensibles et les observations des salariés.

16

2. Analyser les accidents de mission et de trajet

Page 18: Risque routier encouru par les salariés Comprendre … · routière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs efforts ... mation et de formation, ainsi que la mise en

Repérer et analyser les presque-accidents

Comme pour les incidents non routiers qui peuvent survenir dansl’entreprise, il n’est pas habituel de parler des presque-accidents : on a failli avoir un accident, mais il n’y a eu aucune conséquencematérielle ni humaine. Parce que l’accident est évité, il n’existe plus.De plus, la banalité de ces situations, en zone urbaine notamment,fait qu’on les oublie très rapidement. D’ailleurs ces événements sont-ils même vécus comme des presque-accidents ?

Et pourtant, la relation de ces incidents pourrait permettre, si l’on se donne le temps de l’écoute et de l’analyse, de mieuxcomprendre comment il serait possible d’éviter un incident similaireet, peut-être un jour, un véritable accident. En outre, si réfléchir sur des incidents de ce type est considéré comme faisant partieintégrante de la sécurité, alors la vision de la sécurité change.Les informations concernant ces presque-accidents peuvent êtrerecueillies au cours d’entretiens avec les personnes qui acceptent d’en parler. Cette source d’informations peut se révéler riche dans le cadre d’une démarche de prévention : on crée ainsi des conditionspour être capable d’agir avant la réalisation d’un événement non désiré.

Même s’ils n’ont pas été victimes d’accidents, les salariés peuventpercevoir l’existence d’un risque lié à telle ou telle situation de conduite (conduite de nuit, type d’itinéraires, situation de travail).Leurs observations sont particulièrement intéressantes dans le cadrede la démarche d’évaluation.

La perception du risque par les salariés...

L’histoire se déroule dans une société de gestion d’autoroute. L’entreprise est confrontée à une demande pressantedu personnel qui a de plus en plus peurd’intervenir sur le réseau, notamment pour y effectuer la pose et la dépose des balisages temporaires.

Le risque est clairement cerné : des véhicules circulent à des vitesses élevéeset passent très près des agents de terrain.

Comme on l’entend très fréquemment, les premières réactions mettent en cause lafatalité : “on ne peut pas faire autrement !on respecte les consignes de pose”…

Un groupe de travail et de réflexion est mis en place. La CRAM est sollicitéeen qualité de conseil. La réflexion des participants soulève des questions qui permettent une compréhension pluslarge du problème :

• Entre les consignes de pose prévues et les actions réelles sur le terrain, y-a-t-il des différences ?

• Les consignes de pose couvrent-ellestoutes les situations ? lesquelles sontexclues ?

• Les consignes de pose sont-ellestraduites de la même façon d’une zoneà une autre, d’une équipe à une autre,voire d’un agent à l’autre ?

• Existe-t-il un document qui décrive avec précision le “comment faire” selon les différentes situations ?

• Existe-t-il des zones dans lesquelles la pose du balisage est interdite ?

• Les ouvriers autoroutiers ont-ils un pouvoir de décision et peuvent-ils,après analyse d’une situation, refuser,modifier ou différer la pose du balisageprévu ?

• Comment les nouveaux embauchés sont-ils formés ?

Cette approche sort du cadre restrictif de l’application de consignes. Elle abordele problème dans l’optique de l’analyse des risques aux postes de travail.

À ce jour, ce travail a déjà permis de mettre en évidence de grosses lacunesdans les diverses procédures existantes et il a très fortement contribué à diminuerle nombre et la durée des situations à haut risque.

Exemple

17

Page 19: Risque routier encouru par les salariés Comprendre … · routière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs efforts ... mation et de formation, ainsi que la mise en

Évaluer les conséquences économiques pour l’entreprise

Au-delà des conséquences humaines, les accidents ont un coûtglobal souvent sous-estimé. Ce coût peut se répartir en deuxcatégories : coût apparent et coût caché.

Des coûts apparents

Ce sont les coûts directement liés à l’accident et qui apparaissent en comptabilité :

■ augmentation des primes d’assurance,

■ augmentation de la cotisation ATMP,

■ frais directs couverts par les assurances(frais de réparation, frais de location ou de remplacement d’un véhicule, remplacement du chauffeur, marchandises perdues…).

Des coûts cachés

Ce sont les coûts de dysfonctionnements provoqués par l’indisponibilité du salarié et/ou du véhicule.

Ces coûts cachés peuvent être particulièrement élevés selon l’entreprise et selon la situation de la personne accidentée :salarié difficilement substituable dans sa fonction, rupture d’un process de travail créant une désorganisation importante…

■ incidences de l’absence du salarié,

■ perte commerciale, retards de livraison,

■ répercussions sur le plan psychologique des salariés,

■ altération du climat social,

■ perte provisoire (ou définitive) de compétences.

Outre ces coûts difficiles à évaluer, l’image de l’entreprise peut elleaussi subir une dégradation. Une voiture de société en mauvais étatou accidentée donne une mauvaise impression à la clientèle.

LE COÛT DE LA COTISATION ACCIDENTS DU TRAVAIL

En cas d’accident de la route, grave oumortel d’un salarié en mission, l’incidencesur la cotisation Accidents du travail verséepar l’entreprise peut être très importante.

Exemple : Incidence sur le taux AT d’un accident de circulation mortel survenu en 1994

Entreprise de 310 salariés avec une massesalariale de 46 millions de francs par anen moyenne et un taux brut, hors ATmortel, de l’ordre de 1,80 %. Le surcoût en cotisation dû à l’accident s’élève à 4 millions de francs environ.(source CRAM Bourgogne-Franche-Comté)

18

2. Analyser les accidents de mission et de trajet

Page 20: Risque routier encouru par les salariés Comprendre … · routière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs efforts ... mation et de formation, ainsi que la mise en
Page 21: Risque routier encouru par les salariés Comprendre … · routière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs efforts ... mation et de formation, ainsi que la mise en

Entre les situations de circulation prévuesou imaginées et les conditions réelles,

il y a souvent des différences notables.

L’entreprise qui veut analyser les déplacementsde ses salariés ne peut occulter cette phase

essentielle d’approfondissement.Elle lui permettra également de réfléchir

aux incidences de son mode de gestionet d’organisation sur le risque routier.

Le choix des pistes d’améliorationles plus pertinentes en dépend.

20

3. ANALYSER LES CONDITIONS RÉELLES DE CONDUITE

Page 22: Risque routier encouru par les salariés Comprendre … · routière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs efforts ... mation et de formation, ainsi que la mise en

Analyser les tâches réelles de conduite

La démarche d’évaluation doit être l’occasion de procéder à une analyse plus approfondie des conditions réelles de conduite,en particulier pour les fonctions les plus exposées au risque routier(nombre de km parcourus et/ou nombre d’accidents importants…).

■ Quels sont les horaires de travail, la part du temps de conduite et du temps de travail hors conduite ? Comment le temps de conduite est-il comptabilisé ?

■ Dans quelles conditions se font les pauses, le découchage, le chargement et le déchargement du véhicule ?

■ Quelles sont les contraintes professionnelles pouvant influer sur l’activité de conduite et la prise de risque ? conduite de jour/conduite de nuit, pression liée au temps, au rendement(venant de l’entreprise ou du client), à l’information pendant les déplacements (utilisation du portable, gestion d’informationsen temps réel) ?

■ Comment les tournées sont-elles organisées, les itinérairespréparés ? Comment les tournées se déroulent-elleshabituellement ?

■ Quelles sont les difficultés les plus fréquentes liées :- à l’organisation du travail, au client- au véhicule- aux infrastructures- à la circulation- aux conditions climatiques, etc. ?

■ Dans quelles conditions s’effectuent réellement les missions(vitesse moyenne, durée de la conduite, fréquence des arrêts,respect ou non du code de la route, pannes) ?

■ Quel est le degré d’autonomie dont dispose le conducteur pouradapter son plan de travail et l’organisation de ses déplacementsen fonction des contraintes qu’il rencontre ?

Une situation où la prise de risque est implicitementvalorisée...

Le cas particulier des livreurs

Une petite société de fabrication de pizzasemploie des jeunes salariés pour effectuerles livraisons chez les clients. Ces jeunessalariés utilisent des cyclomoteurs. Leurs parcours sont exclusivementurbains. Commercialement, la sociétés’engage à livrer le produit commandédans un délai très court, sinon le produitlivré est gratuit. Cela entraîne des situations très dangereuses : les feuxtricolores ne sont pas respectés, les panneaux “stop” sont ignorés, certains giratoires sont pris au plus courtet à contre-sens…

Les questions suivantes se posent :

• Le système commercial ne favorise-t-ilpas ce genre d’attitude de la part des livreurs ?

• Les pourboires donnés par les clientsn’incitent-ils pas les livreurs à roulerencore plus vite ?

• Les livreurs reçoivent-ils une formationaux règles de sécurité routière ?

• Les livraisons sont-elles contrôlées sur le terrain ?

• Quelle est l’incidence du rendement sur la sécurité ?

• Si le code de la route était normalementrespecté, quelle serait la différence en temps passé sur la route et en nombre de livraisons ?

21

Exemple

Page 23: Risque routier encouru par les salariés Comprendre … · routière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs efforts ... mation et de formation, ainsi que la mise en

Analyser les conditions réelles de trajet

Une enquête équivalente peut être menée pour analyser les conditions réelles de déplacement pour trajet (complétant la première analyse) :

■ durée des déplacements,

■ principales difficultés rencontrées (liées aux conditionsclimatiques, aux infrastructures, à la circulation, à l’état du véhicule, à l’organisation du travail et aux contraintesprofessionnelles, à l’organisation personnelle et aux contraintesprivées, etc.).

22

3. Analyser les conditions réelles de conduite

Page 24: Risque routier encouru par les salariés Comprendre … · routière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs efforts ... mation et de formation, ainsi que la mise en

Analyser les contraintes de temps

L’urgence, le rattrapage du temps perdu et les retards répétés sont des facteurs de risque. Ils peuvent être l’indice d’un problèmede gestion du temps dans l’entreprise.

■ Comment pèsent les contraintes de temps sur les trajetsdomicile/travail ?

Sont-elles liées ■ au donneur d’ordre ou au client ?

■ à l’organisation du travail ?

■ à la préparation des tournées ?

■ aux itinéraires ?

■ aux horaires de l’entreprise cliente ?

■ à l’organisation personnelle du conducteur ou de l’équipe ?

■ Quelles sont les conséquences réelles d’un retard, selon le posteoccupé, l’activité, la situation ? Les retards sont-ils exceptionnelsou chroniques ?

■ Quelles incidences ces retards ont-ils sur le process de travail ?

■ Quelles conséquences ont-ils sur la conduite ?

■ Comment sont organisés les horaires dans l’entreprise,notamment pour les personnels itinérants ?

L’organisation des tournéesdans une entreprise de livraison.

Un exemple réussi suite à une évaluation.

La démarche d’évaluation permetd’établir le constat suivant : le nombre des accidents a sensiblement augmenté.Des raisons sont avancées, notamment le développement de l’activité, etl’augmentation du nombre de véhicules.

Il ressort de l’analyse des accidents que la plupart d’entre eux sont dus à la précipitation des agents de liaisonet au fait qu’ils roulent vite parce qu’ilscherchent à gagner du temps. Ceci tientau fait que les tournées sont malstructurées et souvent trop longues (jusqu’à 700 km/jour). La pression des clients pour être livrés à tempsest également pointée ainsi qu’une pertede temps en raison d’une mauvaiseorganisation chez le client.

Cette évaluation permet de choisirl’éventail des solutions les plus pertinentesà la situation donnée :

• réorganisation des tournées et réductiondes tournées les plus longues,

• action vis-à-vis des clients pour mieuxcoordonner les tâches pour le retrait et la livraison de la marchandise,

• formation à la conduite pour les chauffeurs,

• création d’une filiale.

23

Exemple

Page 25: Risque routier encouru par les salariés Comprendre … · routière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs efforts ... mation et de formation, ainsi que la mise en

Analyser l’organisation des déplacements

■ Comment sont organisés les déplacements des salariés ?

■ Quelle est la durée moyenne d’une mission en heures par jour ?

■ Les horaires d’arrivée sont-ils imposés ?

■ Comment sont planifiés les déplacements ? Qui les planifie ? Les chauffeurs sont-ils associés à l’organisation des déplacements ?

■ Comment sont préparés et définis les itinéraires ?Comment les salariés en sont-ils informés ?

■ Comment sont prises en compte les contraintes de conduite et de sécurité (pauses, temps de déplacement suffisant pour effectuer la tâche, etc.) ?

■ Comment sont gérées les urgences ? Sont-elles fréquentes ?Quelles en sont les causes ? Quelle est l’autonomie des salariésface à ces urgences ?

■ Comment sont gérés les imprévus ?

■ Quelles sont les contraintes liées aux atteintes des objectifs des salariés itinérants ?

■ Existe-t-il des systèmes d’incitation financière ayant des conséquences sur les déplacements ?

24

4. ANALYSER LA GESTION DES DÉPLACEMENTS

Page 26: Risque routier encouru par les salariés Comprendre … · routière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs efforts ... mation et de formation, ainsi que la mise en

Les freins étaient en mauvais état

Suite à une restructuration, une des agences locales de livraisonfrigorifique est fermée. Un jeune chauffeurest chargé de récupérer l’un des camionsqui doit retourner au siège. Sur le volant,un message manuscrit mentionne que “les freins sont en mauvais état”. Il signale, à son arrivée au siège, le problème à son chef. Le lundi, ce dernier lui demande de reprendre le même camion et l’informe que les réparations seront faites le mercredi.Le mardi, après avoir effectué une livraison chez un client qu’il ne connaît pas, il cherche comment sortirde l’endroit où est stationné le camion.C’est à ce moment qu’il voit celui-cicommencer à rouler sur la pente et descendre la rue. Il tente alors de grimper dans la cabine pour stopper le véhicule. Il se retrouve coincé entre la caisse du camion et l’un des mursbordant la rue. Le camion termine sa course dans un magasin sans faired’autre victime que le conducteur.

La qualité du frein de parking est une des causes de cet accident. Mais il posed’autres problèmes :

• Comment, dans l’entreprise, sont pris en compte les problèmes liés à lasécurité des véhicules ?

• Existe-t-il une procédure de signalement ?

• L’information verbale est-elle la mieuxadaptée pour transmettre un problème à la hiérarchie ?

• Existe-t-il une maintenance préventive ?Qui en décide la réalisation ?

• Des véhicules de remplacement sont-ilsdisponibles ?

Suite à ce questionnement, l’entreprise a mis en œuvre une procédure de signalement par écrit des problèmesrencontrés. Mais le travail n’est pas fini…

25

ExempleAnalyser la gestion du parc des véhicules

Choix du véhicule et procédure d’achat■ Les véhicules sont-ils en pleine propriété ou en location longue

durée ? ■ Les véhicules sont-ils adaptés aux missions ? ■ Qui les choisit ? Les conducteurs sont-ils impliqués dans le choix ?

Équipements■ De quels équipements sont-ils dotés ? Qui décide ?

Assurance■ Comment les véhicules sont-ils assurés ? (au tiers ou tous risques)

Attribution du véhicule■ Les véhicules sont-ils affectés personnellement au salarié ?

totalement ? partiellement ?■ Les véhicules personnels sont-ils utilisés dans le cadre du travail ?

Ils nécessitent alors la même attention que lorsqu’il s’agit de véhicules de l’entreprise.

Entretien du parc■ Les véhicules sont-ils entretenus par un atelier interne

ou par un garage extérieur ?■ Comment se partagent les responsabilités pour l’entretien

du véhicule (responsables d’atelier, conducteurs) ? ■ Quelles sont les procédures de vérification ? ■ Y-a-t-il un carnet d’observations par véhicule ? Ou une procédure

verbale pour le chef d’atelier ? ■ Quel est l’état de propreté des véhicules ? ■ Comment se fait le suivi du carburant ?■ Quelles sont les pannes les plus fréquentes ?

Chargement■ Les véhicules sont-ils conçus pour le transport des charges ?

pour quels types de charges ? avec quels moyens de calage et d’arrimage ?

■ Une formation des salariés est-elle organisée en matière de chargement, répartition, calage et arrimage des charges ?

Page 27: Risque routier encouru par les salariés Comprendre … · routière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs efforts ... mation et de formation, ainsi que la mise en

Analyser la gestion du personnel ayant des tâchesde conduite

■ L’acte de conduite est-il identifié comme un acte de travail, y compris pour les salariés dont ce n’est pas l’activité principale ou comme un acte annexe à l’activité principale ?

■ Quel est le mode d’indemnisation des déplacements ? A-t-il des conséquences en termes de sécurité (l’absenced’indemnisation de frais pour découchage, par exemple, peut avoircomme conséquence d’obliger le salarié à prendre la route) ?

■ Comment sont recrutés les salariés amenés à se déplacer avec un véhicule individuel ?

■ Sur quels critères (permis de conduire, expérience de la conduite,aptitude médicale) ?

■ Qui les recrute ?

■ Y-a-t-il une politique de formation des conducteurs en rapport avec les compétences attendues pour l’activité de conduite qui leur est demandée ?

■ Qui assure l’encadrement des conducteurs ? Comment sont-ilsformés ? Y-a-t-il des procédures et supports de communicationentre conducteurs et encadrement ?

■ Comment le personnel est-il suivi sur le plan médical ? Le médecinest-il en possession des informations, par salarié, sur l’expositionréelle au risque routier ?

Bien analyser la situation avantde choisir des solutions

Les salariés des unités de province de cette entreprise de haute technologieeffectuent régulièrement le trajet entre leur lieu de travail et le siège de la sociétésituée dans la région parisienne. Les accidents du travail dans les locauxsont rares. En revanche, les accidents sur la route sont assez fréquents. Pour le service sécurité de l’entreprise, le comportement des conducteurs est en grande partie responsable de cet étatde fait. Des actions de formation sontenvisagées. L’entreprise souhaite trouverdes solutions faciles à mettre en œuvre.

La CRAM sollicitée amène les responsables à se poser les questionssuivantes :

• Les réunions sont-elles toujoursnécessaires ?

• Quel est le délai entre la convocation et la date de la réunion ?

• Un planning des réunions est-il tenu ?

• Les collaborateurs ont-ils toujours le temps de préparer leur réunion et de faire le trajet ?

• Quelles sont les amplitudes horairesjournalières des collaborateurs ? et de ceux qui ont eu des accidents,corporels ou non ?

• Les collaborateurs ont-ils latitude pourse rendre ou non à ladite réunion ?

• La formation à la conduite est-elle la seule et unique réponse ?

Par la suite, l’entreprise et le CHSCT se sont engagés à analyser le problèmed’une façon plus globale.

26

Exemple

4. Analyser la gestion des déplacements

Page 28: Risque routier encouru par les salariés Comprendre … · routière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs efforts ... mation et de formation, ainsi que la mise en

Évaluer les pratiques d’analyse de l’accident dans l’entreprise

Quelle importance accorde-t-on au risque routier dans l’entreprise ?Evaluer les pratiques de l’entreprise en matière d’analyse de sespropres accidents est un bon moyen de répondre à cette question.

Les accidents matériels

■ Comment sont pris en compte les accidents matériels ? Font-ils tous l’objet d’un constat amiable ?

■ Sont-ils portés à la connaissance des représentants du personnelau CHSCT ?

■ Que devient le contenu du constat amiable dans l’entreprise ? Est-il analysé ? Des compléments d’information sont-ils demandésau salarié ?

■ Les responsables de l’entreprise sont-ils informés des accidentsmatériels ? L’encadrement est-il informé ?

■ Un entretien a-t-il lieu avec le salarié ? Quels en sont les objectifs ?

Les accidents corporels

■ Comment sont pris en compte les accidents corporels ? Un recueilde l’information est-il organisé dès la connaissance de la survenuede l’accident ?

■ Le CHSCT est-il informé ? si oui, fait-il une analyse ? si non, pour quelles raisons ?

■ Existe-t-il une procédure de recueil des informations ? Chaqueaccident fait-il l’objet d’une analyse et d’un rapport détaillé ?

■ À chaque accident des mesures de prévention sont-elles mises en œuvre ? lesquelles par exemple ?

27

Page 29: Risque routier encouru par les salariés Comprendre … · routière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs efforts ... mation et de formation, ainsi que la mise en

Réfléchir avec d’autrespartenaires

Pour cette petite entreprise située en zonerurale, le principal point noir réside dans la sortie de l’usine. Les salariésdoivent emprunter une voie communalepour rejoindre la départementale. Une balise “cédez le passage” est située à l’intersection. À la saison du maïs, la plantation située sur la droite dupanneau cache les véhicules qui circulentsur la voie départementale. Sortir à cet endroit est synonyme de jouer “à la roulette russe”. Heureusement, on dénombre très peu d’accidents.

L’entreprise se rapproche des gestionnairesconcernés (DDE, collectivitésterritoriales…). Elle demande égalementle conseil de la CRAM.

Les questions suivantes sont posées :

• Qui sont les gestionnaires des voiesconcernées ?

• Quels sont les avis, informations ouconseils de la brigade de gendarmerie ?

• Le problème a-t-il été clairementexplicité : schéma, photos, plan avec dimensions, témoignages, liste des incidents ou accidents répertoriés,etc. ?

• De quelle façon les gestionnaires ont-ils été contactés ? par simple appeltéléphonique ? par courrier ?recommandé avec AR ?

• Des idées ou autres pistes de solutions,même modestes, ont-elles été émises ?

• Y-a-t-il un autre moyen de rejoindre la voie départementale ?

Cette affaire est maintenant mieuxprésentée par l’entreprise et le Conseilgénéral a engagé des travaux sur la voie.

Analyser l’organisation de la circulation aux abords et à l’intérieur de l’entreprise

L’accès à l’entreprise

■ Comment est-il organisé ? Existe-t-il des accès différenciés pourpiétons et véhicules ?

■ La circulation fait-elle l’objet d’une signalisation ?

■ Existe-t-il des protocoles de sécurité mis en place pour les transporteurs qui entrent et sortent de l’entreprise ? Indiquent-ils les itinéraires d’accès et de sortie vers les principalesdirections ?

L’organisation du parking

■ Comment est organisé le parking ? Le nombre de places est-il suffisant, les places sont-elles marquées au sol ?

■ Existe-t-il un stationnement “sauvage” ?

■ Les horaires de travail permettent-ils un étalement des fluxdépart/arrivée ?

■ Comment s’effectue la circulation en période de pointe ? Des files d’attente peuvent-elle se créer ?

■ Quelles sont les conditions d’éclairage de la zone ?

Le plan de circulation interne

■ Comment est-il organisé ? Signalisation verticale, fléchage au sol,plan de circulation diffusé et affiché à l’entrée ?

La gestion du trafic

■ Un étalement des entrées et des sorties est-il prévu, notammentpour les heures de pointe de trafic ?

28

Exemple

4. Analyser la gestion des déplacements

Page 30: Risque routier encouru par les salariés Comprendre … · routière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs efforts ... mation et de formation, ainsi que la mise en

Analyser l’implication de l’entreprise sur les questions de sécurité routière

■ Quelle est l’implication du management sur les questions de sécurité routière ?

■ Y-a-t-il une implication des partenaires sociaux, du CHSCT, du personnel sur ces questions ?

■ Y-a-t-il une prise en compte des accidents, incidents et dysfonctionnements, des problèmes rencontrés par les conducteurs ?

■ Y-a-t-il une culture de l’urgence (productivité, vitesse…) et le champd’intervention de l’entreprise impose-t-il cette urgence ?

■ Y-a-t-il dans l’entreprise une pratique de prévention des risquesprofessionnels ? Intègre-t-elle le risque routier ?

■ Des actions de prévention du risque routier ont-elles été mises en place ? avec quels résultats ? Cette question est-elle prise en compte dans le plan de communication de l’entreprise ?

29

Page 31: Risque routier encouru par les salariés Comprendre … · routière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs efforts ... mation et de formation, ainsi que la mise en

30

La démarche d’évaluation, grâce au travail d’analyse qu’elle a permiset à la mobilisation des acteurs dans l’entreprise qu’elle a suscitée,permet de déboucher sur la mise en place d’un plan d’actions ciblévisant de nombreux domaines, tels que :

■ le management et la communication interne à l’entreprise,

■ l’organisation des déplacements,

■ le perfectionnement des conducteurs,

■ l’état des véhicules,

■ les trajets domicile/travail,

■ l’accès de l’entreprise et le parking.

Les actions devront être sélectionnées selon différents critères :importance ou urgence du risque, facilité de mise en œuvre, coût de l’investissement, efficacité attendue.

Des actions mêmes modestes peuvent servir de point de départ,mais il est indispensable que l’entreprise ait une vision d’ensemblede ce qu‘elle envisage de faire pour planifier ces actions dans le temps.

Pour passer à l’action, l’entreprise devra impliquer des partenaires au sein de l’entreprise, mettre en place une structure de pilotage du projet impliquant la hiérarchie, des personnes ressources,différents services de l’entreprise et des moyens matériels et financiers.

L’entreprise pourra également s’appuyer sur des concours externes :recours à des prestataires de service, à des bureaux d’études ou à des organismes de formation. Elle pourra aussi recourir à des partenaires publics — service prévention de la Caisserégionale d’assurance maladie, chef de projet sécurité routière à la préfecture, mais aussi DDE et collectivités territoriales — qui lui apporteront une aide (conseils, aide matérielle et éventuellement financière) pour la conduite du projet.

Pour mener à bien son projet, l’entreprise devra mettre en place des outils de suivi (tableaux de bord, indicateurs de réalisation) quilui permettront d’analyser les résultats et de procéder à d’éventuelsréajustements. Ils serviront également à évaluer les actions menéesavec les personnes concernées et de repérer l’impact de ces actionssur le taux d’accidents.

Ce plan, pour être efficace, devra s’inscrire dans la durée,pour que la prévention du risque routier entraîne un véritablechangement dans les pratiques et s’inscrive vraiment dans la culture de l’entreprise.

LA MISE EN PLACE D’UN PLAN D’ACTION

Page 32: Risque routier encouru par les salariés Comprendre … · routière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs efforts ... mation et de formation, ainsi que la mise en

31

Préparation, planification, gestion des déplacements■ choix des itinéraires, horaires, logistique,

durée de conduite■ gestion des urgences, des retards, des imprévus■ prise en compte des contraintes spécifiques■ relations entreprise/clients/fournisseurs :

type de contrats, clauses

■ analyse et traitement des dysfonctionnements liés à la circulation

Réduction des déplacements■ visio-conférence, choix des lieux de réunion,

suppression des déplacements inutiles, choix d’autres modes de déplacement

Sensibilisation du personnel■ séances d’informations sur les risques■ contrôle des connaissances sur le code

de la route■ analyse des facteurs d’accidents■ formation intégrant une réflexion

sur l’organisation des déplacements

■ accueil et formation des nouveaux embauchés

Évaluation de la conduite■ audit de conduite, perfectionnement

Formations spécifiques

Véhicules de l’entreprise■ mise en place de critères de sécurité

dans le choix des véhicules■ aménagements internes des véhicules■ conformité, adaptation des véhicules■ surveillance régulière de l’état des véhicules

Campagne de contrôle des véhicules personnels■ contrôle des phares, pneus, essuie-glaces■ diagnostic sécurité : points-clés■ aide financière pour le contrôle technique

du véhicule

Itinéraires empruntés■ inventaire des “points noirs” signalés par

le personnel : état de la chaussée, risquesspécifiques, difficultés, sites accidentogènes

Relations entreprise/collectivités locales/DDE■ coordination avec d’autres partenaires

pour prévoir des interventions visant les points dangereux

■ réaménagement d’infrastructures

■ entretien des voies d’accès : infrastructure,sablage, déneigement…

■ aménagement d’horaires de transports en commun : fréquence, amplitude

■ intégration du projet dans un PDE (plan de déplacement d’entreprise)

Aménagements structurels■ restaurant d’entreprise

Accès à l’entreprise■ élaboration d’un plan de circulation visant

notamment à aménager des accès distincts :piétons/véhicules, personnel/véhiculesextérieurs/PL, entrées et sorties

■ signalisation des voies de circulation

Parking■ réaménagement des lieux de parking :

nombre de places nécessaires, marquage des emplacements, éclairage suffisant

■ étalement des flux départ/arrivée■ aménagement du trafic notamment

en période de pointe■ entretien du parking et de ses accès

(sablage, état de la voie…)

Plan de circulation interne■ signalisation, fléchage au sol■ affichage d’un plan de circulation lisible

et clair à l’entrée

Organisation des déplacements

Perfectionnement des conducteurs

État des véhicules

Trajets domicile/travail

Accès entreprise et parking

Cibles possibles de prévention...

Page 33: Risque routier encouru par les salariés Comprendre … · routière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs efforts ... mation et de formation, ainsi que la mise en

Ce questionnaire peut vous aider.Il n’est qu’une proposition et gagnera

à être remodelé, si nécessaire, selon les spécificités de l’entreprise.

MES DÉPLACEMENTS POUR LE TRAVAIL

32

ANNEXE. QUESTIONNAIRE À FAIRE REMPLIRPAR TOUS LES MEMBRES DE L’ENTREPRISE

❐ homme ❐ femme

Mon âge

❐ 18-25 ans ❐ 26-40 ans ❐ 41-50 ans ❐ 51 ans et plus

Mes horaires de travail

❐ journée ❐ poste ❐ autres❐ équipe de nuit ❐ horaires décalés

Mon rôle dans l’entreprise

mon unité de travail : ❐ production ❐ gestion❐ commerce ❐ approvisionnement❐ autre :

ma fonction : ❐ opérateur ❐ agent de maîtrise❐ technicien ❐ commercial❐ cadre ❐ autre :

Mon expérience de conduite

Mon kilométrage journalier

❐ entre mon lieu de travail habituel et mon domicile (trajets aller-retour)nombre de km :

❐ dans le cadre professionnel (mission)nombre de km :

Mon permis de conduire

délivré il y a : ans

Cocher la ou les cases concernée(s) et compléter

Page 34: Risque routier encouru par les salariés Comprendre … · routière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs efforts ... mation et de formation, ainsi que la mise en

33

Mes moyens de déplacement pour me rendre à mon travail (trajet)

❐ à pied ❐ voiture❐ à bicyclette ❐ transport urbain ou interurbain❐ engin à 2 roues motorisé ❐ transport collectif de l’entreprise

Mes moyens de déplacement lorsque je pars en mission pour mon entreprise

❐ véhicule personnel type :❐ véhicule de l’entreprise type :

(type : 2 roues VL, utilitaire, engin de chantier, autre)

Mon kilométrage annuel effectué dans le cadre de missions

nombre de km :

Temps moyen hebdomadaire que je passe à me déplacer

entre mon domicile et mon lieu de travail heures : minutes :en mission heures : minutes :

Les principaux facteurs de risque que je rencontre lorsque je me déplace en mission

❐ l’environnement routier lié à mon déplacement❐ mon véhicule❐ l’organisation de mon travail❐ ma propre conduite

Ma mission a été préparée par

❐ moi-même ❐ l’entreprise

Combien de temps ma mission a-t-elle été prévue à l’avance ?

nombre de jours :

Page 35: Risque routier encouru par les salariés Comprendre … · routière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs efforts ... mation et de formation, ainsi que la mise en

34

Annexe. Questionnaire à faire remplir par tous les membres de l’entreprise

J’ai été victime d’accidents de trajet et/ou de mission au cours des 3 précédentes années

❐ oui nombre de fois :❐ non

Date du dernier accident (quelle que soit l’année) :

Conséquences de cet (ou ces) accident(s) :

❐ dégâts matériels❐ blessures corporelles❐ jours d’arrêt de travail

Nombre de jours d’arrêt de travail pour chacun des accidents :

1er accident ❐ trajet ❐ mission nombre de jours :

2e accident ❐ trajet ❐ mission nombre de jours :

Mes préoccupations personnelles sur le risque de circulation

Mes propositions pour réduire le risque d’accident

Page 36: Risque routier encouru par les salariés Comprendre … · routière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs efforts ... mation et de formation, ainsi que la mise en
Page 37: Risque routier encouru par les salariés Comprendre … · routière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs efforts ... mation et de formation, ainsi que la mise en

VOUS POURREZ VOUS PROCURER DES DOCUMENTSD’INFORMATION SUR CES SUJETS

• au service prévention de la Caisse régionale d’assurance maladie de votre région, voir adresses ci-contre,

• au service communication de la DSCR (Direction de la sécurité et de la circulation routières, ministère de l’Équipement, des Transports et du Logement)Arche de la Défense, Parvis Sud92055 Paris - La Défense cedex 04,

• auprès du coordinateur Sécurité routière de votre Préfecture.

Page 38: Risque routier encouru par les salariés Comprendre … · routière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs efforts ... mation et de formation, ainsi que la mise en

ALSACE-MOSELLE(67 Bas-Rhin)14 rue Adolphe-Seyboth BP 39267010 Strasbourg cedex tél. 03 88 14 33 00fax 03 88 23 54 13

(57 Moselle)3 place du Roi-GeorgeBP 3106257036 Metz cedex 1 tél. 03 87 66 86 22fax 03 87 55 98 65

(68 Haut-Rhin)11 avenue De-Lattre-de-Tassigny BP 48868020 Colmar cedex tél. 03 89 21 62 20fax 03 89 21 62 21

AQUITAINE(24 Dordogne, 33 Gironde,40 Landes, 47 Lot-et-Garonne,64 Pyrénées-Atlantiques)80 avenue de la Jallère33053 Bordeaux cedex tél. 05 56 11 64 00fax 05 56 39 55 93

AUVERGNE(03 Allier, 15 Cantal, 43 Haute-Loire,63 Puy-de-Dôme)48-50 boulevard Lafayette63058 Clermont-Ferrand cedex 1tél. 04 73 42 70 22 fax 04 73 42 70 15

BOURGOGNE et FRANCHE-COMTÉ(21 Côte-d’Or, 25 Doubs, 39 Jura,58 Nièvre, 70 Haute-Saône,71 Saône-et-Loire, 89 Yonne,90 Territoire de Belfort)ZAE Cap-Nord38 rue de Cracovie21044 Dijon cedex tél. 03 80 70 51 22 fax 03 80 70 51 73

BRETAGNE(22 Côtes-d’Armor, 29 Finistère,35 Ille-et-Vilaine, 56 Morbihan)236 rue de Châteaugiron35030 Rennes cedex tél. 02 99 26 74 63fax 02 99 26 70 48

CENTRE(18 Cher, 28 Eure-et-Loir, 36 Indre,37 Indre-et-Loire, 41 Loir-et-Cher, 45 Loiret)36 rue Xaintrailles45033 Orléans cedex 1tél. 02 38 79 70 00fax 02 38 79 70 30

CENTRE-OUEST(16 Charente, 17 Charente-Maritime,19 Corrèze, 23 Creuse, 79 Deux-Sèvres,86 Vienne, 87 Haute-Vienne)4 rue de la Reynie87048 Limoges cedex tél. 05 55 45 39 04fax 05 55 79 00 64

ÎLE-DE-FRANCE(75 Paris, 77 Seine-et-Marne,78 Yvelines, 91 Essonne,92 Hauts-de-Seine, 93 Seine-Saint-Denis,94 Val-de-Marne, 95 Val-d’Oise)17-19 place de l’Argonne75019 Paristél. 01 40 05 32 64fax 01 40 05 38 84

LANGUEDOC-ROUSSILLON(11 Aude, 30 Gard, 34 Hérault,48 Lozère, 66 Pyrénées-Orientales)29 cours Gambetta34068 Montpellier cedex 2tél. 04 67 12 95 55fax 04 67 12 95 56

MIDI-PYRÉNÉES(09 Ariège, 12 Aveyron, 31 Haute-Garonne,32 Gers, 46 Lot, 65 Hautes-Pyrénées,81 Tarn, 82 Tarn-et-Garonne)2 rue Georges-Vivent31065 Toulouse cedex 9tél. 05 62 14 29 30fax 05 62 14 26 92

NORD-EST(08 Ardennes, 10 Aube, 51 Marne,52 Haute-Marne, 54 Meurthe-et-Moselle,55 Meuse, 88 Vosges)81 à 85 rue de Metz54073 Nancy cedex tél. 03 83 34 49 02fax 03 83 34 48 70

NORD-PICARDIE(02 Aisne, 59 Nord, 60 Oise,62 Pas-de-Calais, 80 Somme)11 allée Vauban59662 Villeneuve-d’Ascq cedex tél. 03 20 05 60 28fax 03 20 05 63 40

NORMANDIE(14 Calvados, 27 Eure, 50 Manche,61 Orne, 76 Seine-Maritime)Avenue du Grand-Cours, 2022 X76028 Rouen cedex tél. 02 35 03 58 21fax 02 35 03 58 29

PAYS DE LA LOIRE(44 Loire-Atlantique, 49 Maine-et-Loire,53 Mayenne, 72 Sarthe, 85 Vendée)2 place de BretagneBP 93405, 44034 Nantes cedex 1tél. 02 51 72 84 00fax 02 51 82 31 62

RHÔNE-ALPES(01 Ain, 07 Ardèche, 26 Drôme,38 Isère, 42 Loire, 69 Rhône,73 Savoie, 74 Haute-Savoie)26 rue d’Aubigny69436 Lyon cedex 3tél. 04 72 91 96 96fax 04 72 91 97 09

SUD-EST(04 Alpes-de-Haute-Provence,05 Hautes-Alpes, 06 Alpes-Maritimes,13 Bouches-du-Rhône, 2A Corse Sud,2B Haute-Corse, 83 Var, 84 Vaucluse)35 rue George13386 Marseille cedex 5tél. 04 91 85 85 36fax 04 91 85 75 66

Pour commander les films (en prêt), les brochures et les affiches de l’INRS,adressez-vous au service prévention de votre CRAM ou CGSS.

Services prévention des CRAM

GUADELOUPEImmeuble CGRRRue Paul-Lacavé97110 Pointe-à-Pitretél. 05 90 21 46 00fax 05 90 21 46 13

GUYANEEspace Turenne RadamontheRoute de Raban, BP 701597307 Cayenne cedex tél. 05 94 29 83 04fax 05 94 29 83 01

LA RÉUNION4 boulevard Doret97405 Saint-Denis cedex tél. 02 62 90 47 00fax 02 62 90 47 01

MARTINIQUEQuartier Place-d’Armes97210 Le Lamentin cedex 2tél. 05 96 66 51 31

05 96 66 51 33fax 05 96 51 81 54

Services prévention des CGSS

Imprimerie de Montligeon - 61400 La Chapelle Montligeon - Dépôt légal : Décembre 2003 - N° 22343

Page 39: Risque routier encouru par les salariés Comprendre … · routière et la Sécurité sociale ont décidé d’unir leurs efforts ... mation et de formation, ainsi que la mise en

INSTITUT NATIONAL DE RECHERCHE ET DE SÉCURITÉ30 rue Olivier-Noyer 75680 Paris cedex 14 . Tél. 01 40 44 30 00 . Fax 01 40 44 30 99 . Internet : www.inrs.fr . e-mail : [email protected]

© INRS ED 877 . 1re édition (2001). réimpression décembre 2003. 15 000 ex. ISBN 2-7389-0975-2