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Rome 1, lois de police La protection d'intérêts publics ou généraux est canalisée à travers celles appelées « lois de police ». L'article 9 contient le régime applicable à ce type de dispositions. Quel que soit le loi qui doit régir le contrat selon les normes de conflit générales, son application ne pourra pas frustrer le jeu des normes de police de lex fori (article 9.2) ; ni non plus des normes de police d'États troisiè mes sous certaines conditions (article 9.3). Bien que prenant comme modèle le régime conventionnel, le règlement Rome I introduit quelques modifications. Concrètement, on inclut deux nouveautés significativ es. Le premier est l’incorpor ation d’une définition de ce qui e st compris par des normes de police, définition prise de la jurisprudence de la CJCE (C-369/96 et C-374/96). Ainsi, dans le futur, on pourra qualifier comme normes de police seulem ent ces dispositions do nt le respect est considéré par un pays comme essentiel pour la sauvegarde de ses intérêts publics, tels l'organisation polit ique, sociale ou économique,  jusqu'au point d' exiger son applica tion à toute s ituation comprise dans son champ d’application, quel que soit la lex contractus. La donnée n'est pas de petite importance : elle évoque la nécessité de pratiquer une interprétation restrictive de l'article 9. Sous ce précepte de lois de police on ne peut pas invoquer toute norme impérative, mais uniquement normes « ordo-politiques » (Eingrifssnormen), des normes dont l'objet est la tutelle d'intérêts publics ou supra-individuels. Ceci exclut les normes destinées à la protection individuelle d'une partie du contrat résultant de sa condition d'asymétrie face à l'autre. L'article 9 n'est pas, par conséquent, le siège adéquat pour protéger la position contractuell e des consommateurs, agents, etc. Cette interprétation est extensible à l'article 16 du règlement Rome II (la LOI 8277/2007). La seconde nouveauté est qu'on modifie significat ivement le régime des normes impératives d'États troisièmes (même si il a repárese dans lesquel la teneur de l'article 9.3 est formulée dans l'ensemble, contrairement à l'article 7.1 de la Convention de Rome qui se réfère à la « loi d'un autre pays » différent de de celui-là dont la loi est appliquée au contrat). La Convention établit la possib ilité « de tenir compte » des normes impératives d'États tiers en prenant en considération à une série de circonstances. Toutefois, la Convention rassem blait la possibilit é de faire une réserve à ce précepte. ET, de fait, quelques États membres comme l'Allemag ne ou le Royaume-Uni ont fait cette réserve. À la marge la signification et la portée de cette réserve, pendant les négociations on a mis en évidence une double position (à faveur et contre cette possibilité) en même temps que la non-viabilit é de r eproduire dans un règlement communautaire le mécanisme conventionnel des réserves. La nouvelle rédaction de l'article 9.3 seulement est expliquée comme une solution de compromis entre les deux positions. D'une part, le Règlement maintient la possibilité « de donner effet » aux normes impératives d'États tiers, mais on retrouve une limite quant au catalogue des lois qui doivent être prises en considération : il s’agit (a) seulement lois du pays ou pays où on doit accomplir certaines des obligations du contrat et (b), en outre, pourvu que ces lois entraînent l'illégali té de l'accomplissement du contrat (mêm e si peut - être doive être interprétées au sens large, non seulement l'accomplissement, mais le contrat lui-même). Les critères qui sont offerts au juge pour dire s'il donne des effets ou non aux lois de police des Etats tiers ne sont pas les mêmes que ceux de la Convention de Rome : lorsqu’il vérifie l’applicabilité des

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Rome 1, lois de police

La protection d'intérêts publics ou généraux est canalisée à travers celles appelées « lois de police ».L'article 9 contient le régime applicable à ce type de dispositions. Quel que soit le loi qui doit régir lecontrat selon les normes de conflit générales, son application ne pourra pas frustrer le jeu des normesde police de lex fori (article 9.2) ; ni non plus des normes de police d'États troisièmes sous certainesconditions (article 9.3). Bien que prenant comme modèle le régime conventionnel, le règlement RomeI introduit quelques modifications. Concrètement, on inclut deux nouveautés significatives. Le premierest l’incorporation d’une définition de ce qui est compris par des normes de police, définition prise dela jurisprudence de la CJCE (C-369/96 et C-374/96). Ainsi, dans le futur, on pourra qualifier commenormes de police seulement ces dispositions dont le respect est considéré par un pays comme essentielpour la sauvegarde de ses intérêts publics, tels l'organisation politique, sociale ou économique, jusqu'au point d'exiger son application à toute situation comprise dans son champ d’application, quelque soit la lex contractus.

La donnée n'est pas de petite importance : elle évoque la nécessité de pratiquer une interprétationrestrictive de l'article 9. Sous ce précepte de lois de police on ne peut pas invoquer toute normeimpérative, mais uniquement normes « ordo-politiques » (Eingrifssnormen), des normes dont l'objetest la tutelle d'intérêts publics ou supra-individuels. Ceci exclut les normes destinées à la protectionindividuelle d'une partie du contrat résultant de sa condition d'asymétrie face à l'autre. L'article 9 n'estpas, par conséquent, le siège adéquat pour protéger la position contractuelle des consommateurs,agents, etc. Cette interprétation est extensible à l'article 16 du règlement Rome II (la LOI 8277/2007).

La seconde nouveauté est qu'on modifie significativement le régime des normes impératives d'Étatstroisièmes (même si il a repárese dans lesquel la teneur de l'article 9.3 est formulée dans l'ensemble,contrairement à l'article 7.1 de la Convention de Rome qui se réfère à la « loi d'un autre pays »différent de de celui-là dont la loi est appliquée au contrat).

La Convention établit la possibilité « de tenir compte » des normes impératives d'États tiers enprenant en considération à une série de circonstances. Toutefois, la Convention rassemblait lapossibilité de faire une réserve à ce précepte. ET, de fait, quelques États membres comme l'Allemagneou le Royaume-Uni ont fait cette réserve. À la marge la signification et la portée de cette réserve,pendant les négociations on a mis en évidence une double position (à faveur et contre cette possibilité)

en même temps que la non-viabilité de reproduire dans un règlement communautaire le mécanismeconventionnel des réserves. La nouvelle rédaction de l'article 9.3 seulement est expliquée comme unesolution de compromis entre les deux positions.

D'une part, le Règlement maintient la possibilité « de donner effet » aux normes impératives d'Étatstiers, mais on retrouve une limite quant au catalogue des lois qui doivent être prises en considération :il s’agit (a) seulement lois du pays ou pays où on doit accomplir certaines des obligations du contrat et(b), en outre, pourvu que ces lois entraînent l'illégalité de l'accomplissement du contrat (même si peut-être doive être interprétées au sens large, non seulement l'accomplissement, mais le contrat lui-même).

Les critères qui sont offerts au juge pour dire s'il donne des effets ou non aux lois de police des Etats

tiers ne sont pas les mêmes que ceux de la Convention de Rome : lorsqu’il vérifie l’applicabilité des

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lois de police étrangères, le juge doit s'arrêter sur leur nature et leur objet, ainsi que sur lesconséquences qui dériveraient de leur application ou inapplication.

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