soli ca rity
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Voici un magazine réalisé dans le cadre d'un projet concernant la mobilité.TRANSCRIPT
SoliCARityD o s s i e r s p é c i a l
CambioSolidarité
CovoiturageCar-sharing
Mobilité Economie
Changement ...
D é c e m b r e 2 0 1 1
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Source : http://agence.ucciani-dessins.com
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Un pour tous et tous pour un ?
L’édito
Consacrer un dossier à la solidarité sur la route, par les temps qui courent, cela re-vient un peu à demander à un étranger de
nous parler de la crise politique belge. Beaucoup en ont entendu parler, certains ont parfois un avis sur la question, mais peu savent ce qu’il en ressort exactement ! Partis avec l’idée que la solidarité sur la route était avant tout une utopie des pro-envi-ronnementaux, nous avons finalement découvert que côté mobilité, le mot solidarité rime surtout avec le verbe économiser. Economie de temps d’abord, comme on l’a vu récemment avec la pro-position d’ouvrir à la circulation, pendant l’heure de pointe, la bande d’arrêt d’urgence, sur la E313, entre Anvers et Liège, afin de fluidifier le trafic. Economie de patience ensuite, avec le covoitu-rage ou les voitures partagées, trouver une place de parking n’a jamais été aussi simple. Economie d’argent enfin, car la solidarité implique bien sou-vent le partage des frais engagés.
Mais avant tout, notre enquête s’est plus particu-lièrement orientée sur les phénomènes de car-sha-ring et de covoiturage, deux habitudes de mobilité distinctes mais qui finalement ne pourraient fonc-tionner sans un aspect commun : la solidarité.
De haut en bas et de gauche à droite : Ivo Alho Cabral, Benjamin Helfer, Sophie Thinnes, Maude Mio, Duygu Korucu, Yasmina El Moutouk, Benedicte Muller.
Remerciements : Didier Dumont, directeur du bouquet transport de la STIB et administrateur de Cambio – Kristof de Maesmaker, conseiller de la ministre bruxelloise des Travaux publics et des Transports – Frédéric Van Malleghem, directeur de Cambio-Bruxelles – Raymond Willems, Mobilty manager de l’ULB – Pierre Arnold, responsable scientifique du Centre Interuniversitaire d’Etude de la Mobilité - les différents utilisateurs de Cambio et du covoiturage - et Stéphanie Goncalves De Aranjo Passos, tutrice de notre projet multidisciplinaire
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Photo prise par Benjamin Helfer, avec les mains de Sophie Thinnes (à droite) et Ivo Alho Cabral devant une station Cambio.
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« Depuis une dizaine d’années, je n’ai plus de voiture. Cela coûtait de plus en plus cher et comme j’habite en ville, je ne l’utilisais presque jamais… » Annick, 49 ans, se rend pour la première fois à une réu-nion d’information sur le système de voiture partagée Cambio. Comme elle, ils sont de plus en plus nombreux à ve-nir chaque semaine Porte de Namur à Bruxelles, au siège de l’entreprise, afin d’y être informés sur les conditions à respecter pour pouvoir utiliser les voi-tures en libre-service un peu partout dans la ville. Nicolas, 24 ans, a lui aussi fait le choix de ne pas avoir de voiture personnelle, « ça me coûterait trop cher vu de la consommation que j’en fais ». Pour beaucoup de citadins, la voiture n’est donc plus une solution à long terme. Les transports en commun, bien que très développés dans la capitale, ne répondent pas non plus forcément à tous les besoins. « J’utilise le plus souvent le bus ou le métro, mais pour faire mes courses ou aller chercher ma famille à la gare, je pré-fère utiliser Cambio. C’est plus pratique » ajoute Annick.
De plus en plus, il semblerait qu’un moyen complémentaire de se dépla-
cer, alternatif aux transports en com-mun et au véhicule personnel, soit…la voiture partagée ! L’autopartage met à la disposition de ses utilisateurs – qu’ils soient membres d’une société ou à titre individuel - une flotte de voi-tures émanant de divers organismes. Visiblement Cambio Bruxelles l’a bien compris.
La société de car-sharing a vu le jour en 2002, suite à une collaboration entre Cambio-Allemagne, Taxi-stop, VTB-VAB (Vlaamse Automobilistenbond) et la
SNCB-Holding, société faîtière du che-min de fer belge. A l’époque, « il fallait convaincre le monde politique, les transports publics et les communes du potentiel de cette initiative », explique Didier Dumont, administrateur de Cambio Bruxelles. Après que l’ancien secrétaire d’Etat à la Mobilité Robert Delathouwer ait eu vent de ce projet, une réunion a été organisée avec la société des transports intercommunaux de Bruxelles. Par la suite, des responsables de la STIB se sont rendus en Allemagne pour récol-ter des informations sur place. Et voilà que Cambio proposait déjà 15 véhicules disponibles dans quatre stations diffé-rentes au sein de la capitale belge.
« Il fallait imaginer un système combinant plusieurs modes de transports pour pouvoir se passer d’une voiture à Bruxelles » précise Didier Dumont. L’entreprise a alors élaboré un partenariat avec la STIB.
Un pour tous et tous pour un ? Car-sharing et covoiturage
Emprunter une voiture comme on emprunte un vélo, partager son véhicule comme on partage son logement, les nouveaux moyens de transport sont sources de solidarité sur les routes belges. À l’heure où la société s’individualise de plus en plus, des initiatives émergent pour développer une mobilité coopérative.
Lucette, 38 ansutilisatrice depuis six mois
Pourquoi ?Essentiellement pour le travail.
Aime : la bonne qualité des voi-tures et l'accueil agréable.
N'aime pas : l'aspect contrai-gnant et les démarches lourdes.
Christian, 64 ansutilisateur depuis quatre mois
Pourquoi ?Pour se déplacer en ville, pour aller faire les courses, et pour aller à des expositions...
Aime : l'aspect pratique.
N'aime pas : la saleté de cer-taines voitures.
Interview avec des utilisateurs de Cambio.
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Un pour tous et tous pour un ?
Les utilisateurs ayant une carte de transports, obtiennent ainsi une réduc-tion sur leur abonnement Cambio. Et cela a porté ses fruits. Parallèlement, d’autres entreprises de car-sharing exis-tent mais celles-ci n’ont pas encore autant d’écho que la société anonyme bruxelloise. En effet, à la question « Connaissez-vous d’autre systèmes que Cambio ? » Nicolas, 24 ans nous explique qu’il n’a entendu parler que de Cambio, et ce grâce à la publicité no-tamment dans les transports en com-mun.
Presque dix ans après sa création, l’en-treprise compte aujourd’hui quelque 7000 clients réguliers pour 197 vé-hicules disponibles dans 70 stations. L’intérêt étant d’offrir aux usagers un moyen de transport adapté, sans les contraintes qui vont avec.
Bien que l’intention y soit, ces contraintes existent pourtant. La dé-marche pour obtenir une voiture s’avère être un parcours du combattant car règles mises en application sont très strictes. Tout d’abord il est nécessaire d’assister à une « info-session » avant de pouvoir utiliser le système. Ces réu-nions, dont la présence est obligatoire, ont pour but de présenter aux futurs utilisateurs le fonctionnement pra-tique de Cambio. Ensuite lorsqu’une voiture vous est attribuée, vous devez
vous s’assurer qu’il n’y a pas de dégâts présents sur celle-ci. Et enfin, autant dire que Cambio ne conviendra pas aux éternels retardataires : si vous êtes dans l’impossibilité d’être à l’heure pour ramener la voiture à la bonne station , même s’il s’agit de quelques minutes, vous devrez appeler la cen-trale à l’aide d’un ordinateur de bord, auquel cas vous risquez des pénalités telles qu’une amende. Enfin, dernier détail qui en découragera plus d’un, la voiture doit être ramenée à la station d’origine. Cambio ne dispose, en effet, pas encore d’un système permettant à l’utilisateur de déposer la voiture dans n’importe quelle station de la ville.
Mais derrière ces aspects pratiques, se cache également une certaine idéo-logie : amener le citoyen à effectuer le bon choix dans une large offre de moyens de transport. D’après Frédé-ric Van Malleghem, directeur Cambio Bruxelles, « le but de Cambio n’est pas de louer le plus de voitures le plus souvent pos-sible. Le but est d’être le chaînon manquant en matière de mobilité ». Responsabiliser l’utilisateur dans le choix de sa mobi-lité, c’est aussi-là l’intérêt du car-sha-ring. Il faut permettre à chacun de se déplacer autant, voire plus qu’avant, tout en dépensant moins. Car même si certains utilisent Cambio dans une démarche de protection de l’environ-nement, beaucoup y voient surtout
un fort avantage financier. Cet aspect économique met en lumière un autre enjeu de la mobilité : les personnes au-delà de 30 ans, bénéficiant d’un revenu fixe, semblent se diriger vers Cambio, tandis que les plus jeunes – étudiants et jeunes salariés – préfèrent le covoiturage.
1, 2, 3... Tu viens avec moi ?« Je fais du covoiturage depuis 2-3 ans, car économiquement c’est plus rentable. Puis on fait des rencontres sympas et les heures de voyage sont intéressantes. ». Voici la ré-ponse de Vanessa, 23 ans, lorsqu’on lui a demandé pourquoi et depuis combien de temps, elle pratique le co-voiturage. En quoi cela consiste-t-il ? Pour répondre à cette question, il faut prendre conscience qu’il existe deux types de covoiturage : le libre et l’or-ganisé.
Le covoiturage libre existe certaine-ment depuis que l’homme a créé l’au-
Le nombre d’utilisateurs de Cambio n’a cessé de croître entre 2003 et 2010.
Les différents acteurs qui ont participé à la naissance de Cambio Bruxelles.
Structure de Cambio Bruxelles
Optimobil Bruxelles(Limited company)
Optimobil Belgique STIB - MIVBSociété des transports intercommunaux de Bruxelles
(Allemagne)
Autorités locales :• Places de parking gratuites• Promotion locale
49,5%50,5%
Bruxelles Région capitale :• Support politique• Support financier (début)
SNCB – HoldingRail belge
VTB-VAB
Pour en savoir plus sur le covoiturage :
• www.vapvap.be • www.covoiturage.be • www.covoiturage.fr • www.123envoiture.com
Cambio Bruxelles :Évolution du nombre de clients (2003-2010)
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tomobile. Il émane de la volonté de voyager à plusieurs dans une même direction, avec le but de réduire les coûts, de faire de bonnes rencontres ou tout simplement de faciliter l’or-ganisation du quotidien. « J’ai fait du covoiturage avec ma voisine pour aller à l’école quand j’étais petite, parce que ma maman de-vait arriver tôt au boulot. Ca lui permettait d’éviter les bouchons matinaux de Charleroi » mentionne Florence, 21 ans. Le covoi-turage libre s’organise donc générale-ment entre personnes se connaissant déjà, dans le cadre familial, profes-sionnel, ou encore estudiantin. Les covoyageurs se caractérisent par le fait qu’ils ont un intérêt commun. Al-ler d’un point A à un point B, et cela ensemble. Ici, les usagers se trouvent d’abord dans la nécessité de se procu-rer une voiture pour des besoins divers et individuels.
Aussi, une autre solidarité se cristal-lise dans cette pratique : les frais sont partagés. Daniel, 21 ans, cherche des chauffeurs « pour les longues distances de plus de 300 km » pour des raisons éco-nomiques, notamment pour « éviter le train qui est beaucoup trop cher, lorsque tu es étudiant ». Seulement depuis quelques années, ce phénomène semble s’orien-ter vers un système de covoiturage plus structuré.
Effectivement, plusieurs pays propo-sent désormais des sites internet de covoiturage tels que covoiturage.be ou 123voiture.com. Il est loin le temps où l’on tendait le pouce au bord de la route. Désormais vous pouvez sélec-tionner à l’avance le trajet qui vous in-téresse, noter les conducteurs qui vous ont déjà transporté, et même évaluer la quantité de CO² que votre voyage produira. Hugo, 22 ans, étudiant fran-çais à Bruxelles, pratique le covoitu-rage organisé via le site covoiturage.fr, qui permet notamment de « savoir si les gens sont des conducteurs accueillants ». Sur ce site, qui ne se limite d’ailleurs pas à la France, le covoiturage n’offre plus beaucoup de surprises aux utilisateurs. « Maintenant, je fais attention aux commen-taires qui sont laissés sur le site par d’autres utilisateurs et qui permettent de mieux savoir
à qui on a à faire. Du coup, même si une offre m’intéresse mais que les commentaires sont négatifs, j’évite de prendre ce trajet » explique Vanessa.
En effet, ces sites proposent unique-ment des offres émanant de parti-
culiers, qui précisent la destination du voyage, ainsi que le prix à payer. Cela permet d’avoir quelques rensei-gnements sur votre accompagnateur, comme savoir si la personne est fu-meuse ou non, si elle souhaite discuter pendant le trajet ou encore écouter de
Publicité pour Cambio (2010)
« Il n’y a jamais eu de communication
sur le côté ‘vert’ de Cambio. » Didier Dumont, directeur du bouquet transport de la STIB
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Un pour tous et tous pour un ?
la musique.
Le covoiturage et le car-sharing ont donc des enjeux qui sont principa-lement économiques, néanmoins, il existe d’autres facteurs.
Alors, économique ou écologique ?À entendre Didier Dumont, qui est également directeur du bouquet trans-port de la STIB, « il n’y a jamais eu de communication sur le coté ‘vert’ de Cam-bio ». Effectivement, lorsqu’on observe les panneaux publicitaires de Cambio, on constate que l’aspect environne-mental n’y est pas du tout représenté.
Comme les voitures mises à disposi-tion consomment autant que toute autre voiture, la durabilité se crée par l’utilisation de plusieurs moyens de transport en commun. Celle-ci pré-sente par ailleurs des avantages. Pre-nons la prime Bruxell’Air : les bruxellois qui renoncent à leur voiture privée et qui font détruire leur plaque d’imma-triculation, peuvent bénéficier de cette prime qui donne droit à un abonne-ment Cambio Start (tarif de base). Ils jouissent en plus d’un abonnement gratuit pour les transports en commun de Bruxelles, valable pendant une an-née. Pour Kristof De Maesmaker, re-présentant de la ministre bruxelloise des Travaux publics et des Transports, Brigitte Grouwels, « Cambio a été lancé dans le but d’offrir une alternative aux cita-dins mobiles, qui leur permettraient de réduire les coûts d’une voiture propre et d’alléger la circulation beaucoup trop dense de la capi-tale ».
Afin de parvenir à cet objectif, d’autres sociétés telles que Zen Car ont été lan-cées. Ce service de location de véhi-cules électriques - subventionné par la Société régionale d’investissement de Bruxelles (SRIB) - a tenté de dé-velopper un aspect environnemental trop souvent mis de coté par les autres
opérateurs de véhicules partagés. Pour Frédéric Van Malleghem, le directeur de Cambio, cela s’explique simplement. Selon lui « ces voitures électriques sont plus polluantes à produire que les voitures de base ». En plus, un second argument s’oppose à l’adoption de voitures élec-triques : le fait que cette nouvelle ten-dance n’a pas encore percé le marché. Selon le directeur de Cambio, « il est plus efficace de réduire le nombre de véhicules sur les réseaux routiers – via des voitures aux-quelles les gens sont habitués – plutôt que de tenter l’expérience avec de petites voitures élec-triques, qui ne toucheraient qu’une partie de
la clientèle ». Avis que partage Kristof De Maesmeker, pour qui les voitures Cambio seraient utilisées davantage pour des trajets plus en périphérie, que les voitures électriques, notamment à cause de leur autonomie réduite.
Mais même si Zen Car n’a pas encore toute sa place sur le marché, ce n’est pas le cas du covoiturage. En effet, ce système est de plus en plus répandu. Pour Laure Wagner, responsable com-munication du site covoiturage.fr, l’envolée du prix du carburant expli-querait en partie le développement ex-ponentiel du site. En 2010, ce dernier a connu une croissance de 150% et a at-teint le nombre de 870 000 adhérents1. Un succès qui ravit les gouvernements européens, car il permet de réduire considérablement le nombre de véhi-cules en circulation, tout en ayant un effet positif sur l’environnement. Par exemple, si 50 personnes décident de faire du covoiturage à cinq, le nombre de véhicules en circulation se verra ré-duit à dix au lieu de 50 si chacun avait utilisé son propre véhicule. Au-delà de l’aspect écologique, le covoiturage a également un impact économique.
Partager sa voiture, c’est aussi parta-ger les coûts. En général, lors d’un tra-jet à plusieurs, les frais à engager ne concernent que les prix du carburant et éventuellement des péages. « Pour un voyage en train, Bruxelles – Rennes, j’en ai généralement pour 150€. Pour le même tra-jet en covoiturage cela me revient seulement à 45€ environ » explique Laurent, co-voyageur régulier. De plus, le marché du covoiturage est en réelle expan-sion, grâce aux nouvelles technologies.
L'application Comuto sur iPhone vous permet notamment de trouver des voyages de dernières minutes, de vous géolocaliser ou encore d'appeler vos correspon-dants en un seul clic.
1 Avec les perturbations, le covoiturage explose. Olfa Khamira, le 22 décembre 2010, http://www.facebook.com/l.php?u=http%3A%2F%2Fwww.
lefigaro.fr%2Factualite-france%2F2010%2F12%2F22%2F01016-20101222ARTFIG00533-avec-les-perturbations-le-covoiturage-explose.
php&h=CAQFI3nSWAQHhw1ijhP-xYFINyS2o6G7O0NyoaTply1IuLg. Consultée le 8 décembre 2011
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L’envolée du prix du carburant expliquerait
en partie le développement exponentiel du site
covoiturage.fr.
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En quelques clics et de n’importe où, vous pouvez désormais, depuis votre smartphone, réserver un voyage en comparant les meilleurs prix, choisir votre voiture et votre conducteur, ou encore recevoir des alertes personna-lisées. De leur côté, les conducteurs peuvent déposer leurs annonces à tout moment, permettant ainsi d’alimenter sans cesse l’offre disponible.
Partager votre voiture peut également être intéressant fiscalement. D’après Carpoolplaza, entreprise belge de ré-férence en matière de covoiturage, si votre compagnie a mis en place un système de partage de voitures, vous pouvez déduire l’entièreté des frais
que vous coûterait votre trajet domi-cile-travail pour autant que ceux-ci ne dépassent pas un certain plafond. Un plafond qui correspond au prix d’un abonnement de train hebdoma-daire en première classe équivalent à la distance domicile-travail, multiplié par le nombre de semaines de covoitu-rage. Sur une distance de 60 km, vous pouvez ainsi économiser jusqu’à 860€ d’impôt.
Cependant, le covoiturage a ses limites. Il nécessite tout de même la possession d’une voiture et donc le paiement des coûts d’entretien et d’assurance.
L’autopartage, quant à lui, permet de
disposer d’un véhicule uniquement lorsque vous en avez besoin. « La flexi-bilité, est l’atout numéro 1, » confie Fré-déric Van Malleghem, « surtout si vous avez besoin de la voiture pour une ou deux heures et pas pour la journée ». C’est sur cette flexibilité que repose Cambio. Il vous suffira de payer l’abonnement au départ, qui sera ensuite valable 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, pour pouvoir utiliser un véhicule. Selon le directeur de Cambio, « il vous faudra alors débour-ser 250€ par mois pour utiliser un véhicule Cambio, contre 400€ par mois si vous possédiez votre propre voiture ». L’entre-prise propose parallèlement plusieurs combinaisons d’offre, par exemple un utilisateur régulier de la STIB bé-
Source : http://covoiturage.bas-rhin.fr/Le covoiturage permet de rendre les trajets plus conviviaux.
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Un pour tous et tous pour un ?
néficiera d’une réduction de 25% sur l’abonnement Cambio Bonus. Mais l’ad-ministrateur de Cambio auprès de la STIB cherche avant tout à amener le public à combiner différents modes de transport, de la marche à pied, au mé-tro, en passant par Cambio. Cela com-mence à fonctionner, indique Didier Dumont, « 25% de nos clients Cambio déclarent qu’ils utilisent plus ou beaucoup plus qu’avant les transports publics ».
Dans le même esprit, la compagnie de voitures partagées propose des parte-nariats avec différentes entreprises pri-vées. Siemens a par exemple implanté une station Cambio au pied de son siège social de Saint-Gilles depuis juin 2004. Les employés affiliés au système peuvent dès lors bénéficier de réduc-tions sur les abonnements Cambio. La banque Dexia a également sa propre station, permettant à ses employés de réserver une voiture directement via l’intranet de l’entreprise. Les direc-tions insistent donc auprès de leurs employés pour amener ces derniers à abandonner leurs voitures person-nelles au profit des transports collec-tifs. Par ailleurs, d’autres institutions suivent le même exemple, c’est no-tamment le cas de l’ULB. Raymond Willems, le coordinateur mobilité de l’Université bruxelloise, a réussi à convaincre Cambio d’installer une sta-tion sur le campus du Solbosch. « Je leur ai demandé s’ils étaient prêts à implanter une station au Solbosch, si en échange, j’ar-rivais à convaincre l’ULB de leur fournir des espaces » confie-t-il. Le président de l’université a rapidement été convain-cu, et ainsi depuis 2008, le personnel de l’université peut profiter d’impor-tantes réductions sur les abonnements Cambio, en plus d’un parc de véhicules mis à leur disposition.
En bref, les entreprises ont donc tout
intérêt à développer ce concept. Elles n’ont plus à acheter et entretenir une flotte de voitures de société et peuvent s’appuyer uniquement sur le système de voitures partagées. Malgré tout, la pratique reste assez limitée. Certains regrettent que les opérateurs de car-sharing ne fassent pas davantage de communication à destination de leur potentiel client. « Redbull organise ré-gulièrement des actions coup de poing sur le campus. Pourquoi ne pas faire la même chose avec les transports ? » s’interroge Ray-mond Willems, avant d’ajouter que « malheureusement beaucoup passent devant les stations sans même savoir ce que c’est ».
Quelle solidarité pour quelle mobilité ?« Sans parler de solidarité, il existe plutôt un sentiment de communauté » estime Didier Dumont. En réalité, le but de Cambio n’est pas de rapprocher les gens mais plutôt de les pousser à se respecter entre eux. Pour cela, Cambio a mis en place un système de « Smiley ». Ces petits autocollants au visage jaune et souriant sont destinés à être collé sur les endroits endommagés par un conducteur afin que le suivant n’en endosse pas la responsabilité.
En outre, la collaboration entre of-freur et demandeur de voiture doit être efficace et s’avère comme telle, notamment grâce aux multiples ca-naux de communications que sont les GSM, les emails et l’ordinateur de bord. Effectivement, il n’y a au-cune relation interpersonnelle entre les différents utilisateurs. Un appareil propre à Cambio, intégré dans la voi-ture, permet d’entrer en contact direct avec la centrale. Au cœur du système de communication, elle est le lieu vers lequel tous les appels sont dirigés. Il s’ensuit alors une relation « organisa-tion-client » bidirectionnelle, qui est
essentielle et suffisante pour gérer le réseau de voitures Cambio.
Avant de sombrer dans les interpréta-tions les plus farfelues concernant ce que peut signifier la solidarité au sein de Cambio, faisons le constat suivant : il est plus adéquat de parler d’un devoir moral que de solidarité, puisque Cam-bio satisfait avant tout une nécessité matérielle.
Il existe cependant une solidarité que l’on pourrait appeler solidarité ex-terne. A première vue, il est possible de croire que celle-ci est plus humaine et personnelle, notamment parce que tous – y compris les différents acteurs politiques et économiques du système – voguent vers le même objectif : asso-cier plusieurs modes de transport pour minimiser l’usage d’un véhicule privé à Bruxelles. On appelle « mobilité combinée » cette procédure à laquelle Cambio a pris part. De ce système de moyens de transport alternatif sont nés des concepts comme STIB-Villo, Collecto-Noctos et STIB-Cambio. Il s’agit là d’une belle alliance entre les pou-voirs publics et les autres acteurs ayant pris part au projet, d’autant que la coopération ne s’arrête pas là. Comme le précise Didier Dumont « Cambio a réussi à tisser de vrais partenariats, non seulement avec la STIB mais aussi avec la Région de Bruxelles-Capitale et ses com-munes ». Visiblement, il s’agirait plus d’une multitude de partenariats plutôt que d’actes de solidarité, une solidarité impersonnelle et matérielle. Enfin, les
« Sans parler de solidarité, il existe plutôt
un sentiment de communauté. »
Didier Dumont, directeur du bouquet transport de la STIB à propos du car-sharing
Les voitures Cambio ne s’ouvrent pas avec une clé, mais avec la carte Cambio. La clé de la voiture se trouve à l’intérieur dans la boite à gants.
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communes ne sont pas à la traîne en matière de car-sharing.
La commune d’Ixelles – à titre d’exemple – propose un parking tota-lement gratuit aux utilisateurs de Cam-bio. Ceux-ci n’ont donc pas à utiliser les parcmètres présents un peu partout dans la ville, manière d’inciter encore
un peu plus les conducteurs à aban-donner leur voiture personnelle au profit d’un véhicule partagé.
Il existe donc une forme de solida-rité dans l’utilisation du car-sharing, tant entre les utilisateurs, qu’entre les fournisseurs. Mais celle-ci reste tout de même limitée, et peut-être assez
éloignée de ce que chacun pourrait at-tendre d’une conduite solidaire.
Esprit de partageContrairement au car-sharing, où les usagers n’ont aucun contact entre eux, le concept de covoiturage développe davantage les relations humaines et la convivialité. Pour Vanessa, 24 ans, il est important de « passer un bon mo-ment où les conducteurs sont aussi deman-deurs de rencontres agréables ». L'aspect pratique n'est donc pas la seule raison qui pousse les gens à partager leur voi-ture, il y a aussi la volonté de s'entrai-der, que ce soit avec des amis ou des inconnus.
La solidarité est d’autant plus impor-tante au quotidien lorsqu’on prend en compte la tranche d’âge concernée. Là où le car-sharing touche générale-ment les plus de 30 ans, le covoiturage rassemble en majeure partie des étu-diants, ou des personnes n’ayant pas de voiture. Il est donc primordial pour ces personnes de pouvoir compter sur ce genre de démarche.
De même, un autre aspect de cette so-lidarité est le fait qu’il y ait deux rôles lors d’un trajet commun. Il y aura tou-jours un conducteur, et un/des passa-gers. Ceux-ci peuvent donc alterner
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Trois voitures Cambio garées à une station d’Ixelles. Il s’agit du plus petit mo-dèle proposé par la société de car-sharing.
« Passer un bon
moment où les
conducteurs sont
aussi demandeurs de
rencontres agréables. »
Vanessa, adepte du covoiturage
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Un pour tous et tous pour un ?
La crise économique, la prise de conscience écologique et l’envolée
du prix du pétrole poussent les gens à chercher des moyens
alternatifs pour se déplacer.
Taxisstop […] a élaboré
des programmes
intégrant des personnes
différentes mais qui ont
des intérêts communs.
lors de longs trajets, et ainsi raccour-cir la durée du voyage en évitant les arrêts dûs à la fatigue. Néanmoins, « il faut voir avec la personne qui fait du covoi-turage, si elle roule prudemment, et si c’est quelqu’un de sérieux. Moi personnellement, je ne fais pas du covoiturage avec quelqu'un que je ne connais pas » précise Claudine, 30 ans. Le covoiturage peut également amener à une responsabilisation du conducteur et donc à une augmenta-tion de la sécurité sur la route. Il est à espérer qu’une personne conduisant avec quatre passagers redoublera de prudence. Car il est évident que le co-voiturage se fonde avant tout sur une confiance commune, qu’il faut donc entretenir et ne pas briser. Ceci ex-plique notamment que le covoiturage repose, en grande partie, sur la bonne volonté des participants.
Au delà du covoiturage libre ou or-ganisé, de plus en plus de sociétés visent à promouvoir ce moyen de dé-placement. Une tendance qui trouve écho notamment dans les projets de Taxisstop. Dépassant l’idée du covoitu-
rage classique, cette société a élaboré des programmes intégrant des per-sonnes différentes mais qui ont des in-térêts communs. L’exemple de School-pool, un système de covoiturage pour les élèves, l’illustre parfaitement. Le service n’est disponible qu’en Wallonie pour le moment et les utilisateurs ont accès à un nouveau site en ligne depuis le Printemps de la Mobilité 2011, qui s’est déroulé du 9 au 12 mai dernier. L’idée étant destinée à amener des écoliers – ou leurs parents – à s’inscrire via ce site pour organiser les trajets jusqu’à l’école. Plusieurs communes partici-pent déjà à ce projet pilote, tout en es-sayant de convaincre encore des écoles d’en faire la promotion. A tel point que les Régions flamande et bruxel-loise ont depuis fait part de leur intérêt pour le projet.
Parallèlement, d’autres initiatives inté-ressantes continuent de voir le jour. Fe-duco est l’une d’elles. Créée en 2008, la Fédération française du covoiturage, présidée par Edouard Duboille, ras-semble les acteurs de droits privés qui font du développement du covoiturage leur principale activité. Au travers de campagnes de communication, elle promeut l’avancée de ce système vieux comme le monde, et pourtant trop souvent négligé. A l’instar de la Journée sans voiture, Feduco a prévu d’organiser une journée annuelle de covoiturage afin de sensibiliser la population sur les avantages de cette pratique. Le but n’étant pas de culpabiliser mais d’ou-vrir les yeux à des types de mobilité
coopératifs, souvent oubliés dans une société qui devient de plus en plus in-dividualiste. Par ses aspects solidaire et économique, pratique et convivial, le covoiturage a encore de beaux jours devant lui. Du moins, tout nous pousse à le croire.
La solidarité sur la route à l’heure du bilanDe nombreux facteurs laissent penser que nous nous trouvons à l’âge d’or du covoiturage et du car-sharing. La crise économique, la prise de conscience écologique et l’envolée du prix du pé-trole poussent les gens à chercher des moyens alternatifs pour se déplacer. Les particuliers comme les entreprises, tous semblent avoir compris que la solidarité sur la route est une réalité. Elle est présente, mais différentes selon les pratiques. D’une part, le car-sharing promeut la disponibilité d’un véhicule à n’importe quel moment et accentue la nécessité de responsabiliser le ci-toyen quant au bon usage de l’objet partagé. Une solidarité, qui créera éventuellement un esprit de commu-nauté, de respect peut-être. D’autre part, le covoiturage, qui au-delà de l’aspect matériel, promeut le fait que « plus on est de fous, plus on rit »… et moins on paye.