aj! sept 2014

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ÉDITO Le journal des jeunes d’Amnesty International 024 Supplément à LA CHRONIQUE n°334 www.amnesty.fr Torturer, c’est presque toujours frapper avec la plus grande violence sur tout le corps, de pré fé rence sur les parties les plus sensibles. Les victimes reç oivent des gifles, des coups de poing, de pied ; les coups sont assé né s à l’aide de bâ tons, de barres de fer, de câ bles é lectriques… Une réalité insoutenable, qui continue de gangréner 79 Etats à travers le monde. Face à ce constat inquiétant, il est urgent de rappeler que la lutte contre la torture est l’affaire de tous. Des organisations internationales, mais aussi des États L’horreur moderne Illustration du dossier : Marion Dionnet et de la société civile au sens large. Nous en sommes. Comment ? En demandant aux gouvernements d’instaurer des mécanismes de protection, des examens médicaux en bonne et due forme, le droit de pouvoir consulter rapidement un avocat, des contrôles indépendants des lieux de détention, des enquêtes efficaces en cas d’allégations de torture et des réparations appropriées pour les victimes. N’attendons plus pour dire stop à la torture. CYRIELLE BALERDI Silence… on torture People positions Oxmo Puccino « M’engager pour délivrer un peu de douceur et de lumière » Vitavi Militants sans frontières Le pourquoi du comment Les deux Corées, sœurs ennemies DOSSIER En 2014, 155 États ont ratifié la Convention des Nations unies sur la torture de 1984. Malgré ces avancées apparentes, le constat d’Amnesty reste inquiétant: « Entre janvier 2009 et mai 2013, Amnesty International a reçu des informations faisant état d’actes de tortures commis par des agents d’État dans 141 pays. 1 » 79 Etats, malgré leurs signatures, continuent de torturer en toute impunité. Un son- dage mondial 2 illustre un paradoxe: si la torture « est immorale dans tous les cas » pour 82 % des personnes sondées, plus du tiers des personnes interrogées esti- ment que la torture est parfois nécessaire. Pourquoi un tel décalage? 1/Amnesty : « La torture en 2014, 30 ans d’engagements non tenus » 2/Sondage Mondial pour le compte d’Amnesty : Attitudes face à la torture. 21 221 personnes dans 21 pays. Accessible sur amnesty. org

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ÉD

ITO

Le journal des jeunes d’Amnesty International024

Supplément à LA CHRONIQUE n°334

www.amnesty.fr

Torturer, c’est presque toujours frapper avec la plusgrande violence sur tout le corps, de preference surles parties les plus sensibles. Les victimes recoiventdes gifles, des coups de poing, de pied ; les coupssont assenes a l’aide de batons, de barres de fer, decables electriques… Une réalité insoutenable, quicontinue de gangréner 79 Etats à travers le monde.Face à ce constat inquiétant, il est urgent de rappelerque la lutte contre la torture est l’affaire de tous. Desorganisations internationales, mais aussi des États

L’horreur moderneIllustration du dossier : Marion Dionnet

et de la société civile au sens large. Nous en sommes.Comment ? En demandant aux gouvernements d’instaurer desmécanismes de protection, des examens médicaux en bonne etdue forme, le droit de pouvoir consulter rapidement un avocat,des contrôles indépendants des lieux de détention, desenquêtes efficaces en cas d’allégations de torture et desréparations appropriées pour les victimes. N’attendons pluspour dire stop à la torture.

CYRIELLE BALERDI

Silence… on torture

People positions

Oxmo Puccino«M’engager pour délivrer un

peu de douceur et de lumière»

Vitavi Militants sans frontières

Le pourquoi du commentLes deux Corées, sœurs ennemies

DOSSIER En 2014, 155 États ont ratifié la Convention des Nations unies sur la torture

de 1984. Malgré ces avancées apparentes, le constat d’Amnesty reste inquiétant:

« Entre janvier 2009 et mai 2013, Amnesty International a reçu des informations

faisant état d’actes de tortures commis par des agents d’État dans 141 pays.1 »

79 Etats, malgré leurs signatures, continuent de torturer en toute impunité. Un son-

dage mondial2 illustre un paradoxe: si la torture « est immorale dans tous les cas »

pour 82 % des personnes sondées, plus du tiers des personnes interrogées esti-

ment que la torture est parfois nécessaire. Pourquoi un tel décalage?1/Amnesty : « La torture en 2014, 30 ans d’engagements non tenus »2/Sondage Mondial pour le compte d’Amnesty : Attitudes face à la torture. 21 221 personnesdans 21 pays. Accessible sur amnesty. org

Septembre 2014 Nº24 AJ!

DOSSIER

02

La torture en direct sur son écranHier les mots décrivaient la barbarie del’homme, aujourd’hui la caméra en capture sesgestes et en joue. Assis tranquillement dansnos fauteuils notre regard est soumis à unemultitude de programmes où des scènes de tor-tures répétées, viennent normaliser l’acte dansnotre esprit, tout en nous écartant de la réalitédu terrain. Une bombe atomique vient d’exploser dans unquartier de Los Angeles, le compte à reboursdes 4 suivantes est en marche. Jack Bauer, hérosde 24 heures Chrono (24), sait qu’il doit agir vitesi il veut éviter un drame. Son frère détient lesinformations capables de lui faire éviter la catas-trophe. Il le torture. Dans cette hypothèse de la bombe à retarde-ment, un paradoxe malsain apparaît: le tortion-naire prend la place du sauveur en se sacrifiantpour le bien du plus grand nombre, son actionest donc justifiée moralement car Jack obtienttoujours les informations nécessaires à la pro-tection de la population. Les attentats du 11-septembre ont redessinél’échiquier géopolitique en faisant réaliser à l’Oc-cident sa vulnérabilité sur ses propres terres, luidonnant ainsi les arguments pour violer le droitinternational concernant le respect des droitshumains. Placé dans ce contexte machiavéliqueoù la fin justifie les moyens, Jack est un tortion-naire au service du président. Les scènes de tor-ture apparaissent toutes les 3 heures dans 24.

tion réelle par des agents du gouvernement

dans des salles de torture » affirme Kate Allen,directrice d’Amnesty Royaume-Uni. « La tor-

ture ne vise pas à faire parler les opposants

mais à les faire taire, les châtier, les nier dans

leur humanité » s’emporte l’écrivain LaurentGaudé, engagé aux côtés d’AIF dans la cam-pagne Stop Torture.Amnesty International demande des garantiesefficaces contre la torture en exigeant qu’un avo-cat soit présent lors de chaque interrogatoire,que des médecins puissent examiner les déte-nus, que les aveux obtenus sous la torture nepuissent pas servir de preuves devant les tribu-naux. Pour faire concrêtement avancer le droit,partout dans le monde, Amnesty Internationalmène des campagnes contre la torture pourdéfendre des victimes de torture au Nigeria, auMexique, aux Philippines, ou en Ouzbékistan,mais aussi au Maroc et au Sahara occidental.Agissons ensemble pour que ce fléau quimenace et brise les hommes cesse de prospérer.

PIERRE FOUGERAT

En savoir plus : YouTube : « La Guerre Des Drones » ARTE. 58’ - France24.com/reportages : « Exclusif – Dans l’enfer des prisonssecrètes » 17’39YouTube « L’expérience de Standford et Abu Ghraib » 3’30

On pourrait tout aussi bien citer Homeland ouGame of Thrones. Les séries utilisant ce schémanarratif se multiplient, justifiant voire glorifiantl’acte de torture. Notre regard s’habitue, l’acte senormalise, notre indignation s’estompe. Cesscènes prennent place, dans des circonstancessans cesse plus graves poussant notre héros àaller de plus en plus loin et le spectateur à lesuivre. C’est ce que Zimbardo appelle l’effetLucifer : le mécanisme psychologique selonlequel des circonstances particulières peuventpousser des individus à suspendre leurs valeursmorales habituelles. Donner raison au tortion-naire, en faire un héros – même au travers d’unefiction – peut donc banaliser la torture dans nosesprits, nous cacher la réalité et ainsi détériorernotre capacité à nous indigner.

On ne sauve pas le monde en torturantMalgré son succès, le scénario développé par24 n’est pas vraisemblable: « les officiels de ren-

seignement eux-mêmes le reconnaissent :

lorsque l’on torture, on ne peut pas être sûr des

informations qui sont données par la personne

torturée » déclare Geneviève Garrigos, prési-dente d’Amnesty International France (AIF). Lafiction omet d’illustrer que les « aveux » obtenussous la torture sont rarement avérés même s’ilspeuvent souvent, malheureusement, être consi-dérés comme éléments de preuve. « Il y a une

énorme différence entre la représentation dra-

matique créée par les scénaristes et son utilisa-

Torture en série (télé)

Le Royaume-Uni, où lapeur de la torture est laplus faible de tous lespays, 29% des personnesinterrogées soutiennent le recours à la torture(enquête Globescan). PourKate Allen, directrice pourle Royaume-Uni d’Am-nesty, ce soutien est lié à la popularité des sériestélévisées d’espionnage,comme 24 Heures ouHomeland, qui ont glorifiéla torture pour toute unegénération.

DR

DOSSIER

AJ! Nº24 Septembre 2014

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PORTRAIT MOSES AKATUGBACondamné à mort à l'âge de 16 ans pour avoir volé trois téléphones portables.

Que pouvez-vous nous dire de la psychologiedes bourreaux ?Les tortionnaires sont des gens normaux, c’est-à-direqui ne sont pas malades. Il y a très peu de psychopa-thologies parmi eux. C’est la grande surprise pour lepublic lorsqu’il découvre que ce sont des personnesordinaires, voire l’incompréhension.

Existe-t-il un ou des profils-types ?Ils sont normaux, mais ils fonctionnent tous de lamême manière. Chez tous les tortionnaires, onretrouve une très grande aptitude au clivage. Ils sontune chose et son contraire à la fois. Lorsqu’ils quit-tent les lieux de tortures, ils ne sont plus tortionnairesmais redeviennent des bons pères de famille, des êtresdoués d’une certaine sensibilité. L’autre caractéristique constitue le besoin de recon-naissance et de plaire à des personnes avec qui ils

entretiennent un rapport d’autorité, (par exemple,leurs supérieurs hiérarchiques). Le troisième trait psy-chologique, c’est l’obéissance. Ils ont besoin de se soumettre au point de vue d’au-trui, des personnes qu’ils admirent. La quatrièmecaractéristique porte sur leur sentiment d’identité. Ilsse définissent uniquement à partir de leurs supérieurshiérarchiques.

Qu’est-ce qui pousse un oppresseur à agir ?Le tortionnaire agit par rapport à une norme, imposéepar autrui, qu’il intériorise. Il a subi un meurtre psy-chique avant de commettre son premier acte de tor-ture. Cela peut être lié à un mode d’éducation ou àdes humiliations endurées durant son enfance. On nenaît pas tortionnaire, mais on le devient. On fabriquel’ennemi et on fabrique la haine, la déshumanisationde l’autre. C’est vraiment de la manipulation mentale.

On considère que l’autre n’est pas humain. Ce derniern’est perçu que comme un fragment de négativité.

Que deviennent les tortionnaires des annéesaprès leurs actes de torture ?Ils existent trois cas de figure. Les premiers se repen-tent, mais sont peu nombreux. D’autres essaient dejustifier leurs actes par l’effet de groupe. Ils rejettentla responsabilité sur autrui en affirmant « c’était pas

ma faute, c’était les autres ». Enfin, la dernière caté-gorie de bourreaux préfère garder le silence et vitcomme si cela n’avait pas eu lieu. Mais c’est difficiled’oublier. Beaucoup se mettent à boire, deviennentviolents, taciturnes et ils se replient sur eux-mêmes.Parfois, cela devient psychosomatique. Certains bour-reaux tombent malades, ou ils se suicident après avoirpris conscience de leurs actes. Ils s’auto-éliminent.

INGRID GAZA

QUESTIONS à Françoise SironiSPÉCIALISTE DE LA PSYCHOLOGIE DE LA TORTURE EN FRANCE

DEPUIS QUELQUES ANNEES, cette psychologue tente de comprendre ce qui se passe dans la tête des victimes, mais aussi deleurs tortionnaires. Grâce à ses travaux novateurs, elle est régulièrement sollicitée en tant qu’experte auprès de laCour d’Appel de Paris et de la Cour pénale internationale à La Haye. Nous l’avons rencontrée pour qu’elle nous éclairesur l’état d’esprit de ces agresseurs.

Comme toi qui as trépigné pourconnaître tes résultats au Brevetou au Bac, Moses Akatugba aattendu avec impatience ses résul-tats de fin d’année. Comme toi,l’adolescent a un compte Facebooket a choisi avec soin sa photo deprofil. Et, comme toi, sa mère s’in-quiète quand elle n’a pas de nou-velles. Mais, depuis 2005, la vie deMoses Akatugba n’a plus rien à voiravec la tienne. Car, au moment où ilprojetait de se lancer dans desétudes de médecine, Moses a étéarrêté. Sa mère n’a appris l’arresta-tion de son fils que le lendemain,presque par hasard, par une voi-sine. Aujourd’hui, cela va bientôt

faire neuf ans que Moses ne voit safamille que deux fois par mois. Enprison. Moses est accusé d’un vol à main armée qu’il a toujours niéavoir commis. Lors de son arresta-tion, les soldats lui ont tiré uneballe dans la main et l’ont frappé à la tête et dans le dos. D’aborddétenu dans une caserne militaire,parce que Moses était incapabled’identifier un cadavre, il a étéfrappé, avant d’être transféré auposte de police d’Ekpan, dans l’Etatdu Delta. Il y restera en garde àvue... trois mois. Trois mois de tor-ture. Là-bas, pour l’interroger, on leligote et le suspend la tête en baspendant plusieurs heures. Pour lui

faire signer des aveux écrits par la police, on le bat à coups demachette, on lui arrache les ongles.Pour obtenir des confessionsrapides, la police nigériane a sou-vent recours à la torture. Et l’histoire de Moses est à elleseule un véritable réquisitoirecontre le système judiciaire nigé-rian. Mineur lors de son arrestation,il est aujourd’hui condamné à mortpour des faits qu’il aurait commis à 16 ans, ce au mépris du droitinternational et de la loi nigérianequi interdisent tous deux expressément la peine capitaledans un tel cas. 

CHARLÈNE MARTIN

« Les tortionnaires sont des gens normaux »

A. I

.

DOSSIER

Rencontre avec Ksenia Kosenko

Septembre 2014 Nº24 AJ!

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Depuis la fin de l’URSS, il est le premier aavoir été condamné à un internement psychia-trique contestable, rappelant l’époque sombre deBrejnev...On a beaucoup parlé de cette affaire dans la pressecar son cas montre que le système psychiatrique russeest resté inchangé. Il est toujours soumis au pouvoirdu Kremlin: les médecins ont reçu l’ordre d’incriminermon frère et ont sciemment dégradé son diagnostic;ils ont rendu des résultats montrant une améliorationde son état psychique uniquement quand sa libéra-tion a été prononcée.

Mikhaïl a été accusé de désordre public etd’agression sur des policiers. Est-ce que cescondamnations sont aujourd’hui levées ?Non, elles sont maintenues. Une vidéo prouve soninnocence mais elle n’a pas été prise en considéra-tion par les juges. Mikhail doit continuer à suivre untraitement psychiatrique forcé. Après sa sortie, ilpourra rester chez lui mais il sera obligé de voir régu-lièrement un médecin. S’il ne le fait pas ou s’il parti-cipe à une quelconque action politique, cette décisionsera annulée.

Votre lutte continue-t-elle pour l’innocenter ?Avez-vous sollicité des soutiens diplomatiques ?A notre époque en Russie, lutter est très difficile, et jecrains des représailles judiciaires non seulement pourmon frère mais aussi pour moi. J’ai vu dès le débutque ces accusations étaient illégales, j’ai décidé de lesdénoncer en les rendant publiques. Désormais je nesais pas quoi faire car sa libération et sa sortie de l’hô-pital constituent déjà une énorme victoire.

Quel est votre espoir face au retour de ce sys-tème à la botte du Kremlin ?En Russie, les gens connaissent très mal leurs droits;ces derniers temps la jeune génération commence às’y intéresser, ainsi qu’une partie de leurs parents quiveulent comprendre leurs droits pour savoir commentse défendre. En rétablissant une méthode répressivequi consiste à faire taire les dissidents à grands coupsde neuroleptiques, Vladimir Poutine déclare une nou-velle fois son amour pour la « Grande Russie »…

BÉNÉDICTE MINGOT

MIKHAÏL KOSENKO a été condamné le 8 octobre 2012 à un traitement psychiatrique forcé, suite à son arrestation enmai 2012 sur la place Bolotnaïa, lors d’une manifestation dénonçant des fraudes électorales. Une incapacité mentalea été diagnostiquée et une contre-expertise médicale indépendante a été refusée par le tribunal. Sa sœur KseniaKosenko s’est élevée contre cette décision. Invitée à l’Assemblée Générale d’Amnesty International qui s’est dérou-lée à Saint-Brieuc, nous l’avons rencontrée, quelques jours à peine avant la libération de Mikhaïl le 11 juillet dernier.

«Mon frère a été interné en hôpital psychiatriquepour avoir manifesté»

EN 2014, ON TORTURE ENCORE DANS UN PAYS SUR DEUX. Un acte de soumission et de dégradation de l’autre que militaires et scienti-fiques rationalisent depuis les années 1950.

La barbarie standardisée

Dans l’imaginaire collectif de la torture, le Moyen-Âge est en bonne place, avec ses supplices de laroue et ses écartèlements. Mais plus proches de

nous, il suffit de repenser aux nombreux conflits duXXe siècle, notamment les deux Guerres Mondiales,pour saisir l’importance de la torture, comme moyend’humilier l’autre et de le détruire moralement.

La torture « propre » Made in FranceDe 1954 à 1962, l’Etat français torture ses prisonniersen Algérie. Coutumier de ces pratiques depuis la colo-nisation, il construit sa stratégie militaire autour d’unetorture « blanche » ou « propre » – en clair, qui ne sevoit pas – avec un mélange d’eau et d’électricité. Cer-tains responsables militaires, comme Paul Aussa-resses, exporteront plus tard cette torture « à lafrançaise » en Amérique latine, notamment au Brésil. En 1963, la CIA élabore un manuel de torture à l’usage

de ses agents1 revu en 1983. Il décrit un savantmélange de longues heures passées debout, de tempé-ratures et de bruits extrêmes, de privation de som-meil et de coups… Dès les années 1970, deschercheurs contribuent même à établir de nouveauxprotocoles de torture, comme ceux de l’UniversitéMcGill à Montréal (Canada), qui s’intéressent à la pri-vation sensorielle. Moins barbares en apparence, cesméthodes deviennent-elles plus « acceptables »?

Des pratiques toujours sanglantes« Les pays démocratiques auraient tort de se priver

d’une réflexion sur la torture », explique LaurentGaudé2, écrivain et soutien de la campagne d’AmnestyInternational Stop Torture. Elle est là, tapie dans l’om-

bre de Bagram ou de Guantanamo, remise au goût

du jour par l’administration de George.W. Bush

après le 11 septembre 2001. Et l’équipe de Barack

Obama n’arrive pas davantage à fermer ces lieux

de non-droit. »

Des pratiques dégradantes qu’Amnesty Internationaldénonce, et qui coexistent avec la torture bien visi-ble qui s’exerce au quotidien. Elle est encore prati-quée dans un pays sur deux – dans les zones de conflitet sous les dictatures mais pas seulement. Dans biendes cultures, du Mexique aux Philippines, lesméthodes les plus basiques et les plus douloureusesont toujours cours... Si les coups restent la méthode laplus répandue, des violences sexuelles sont aussicommises dans plusieurs pays.

FLORA CLODIC-TANGUY

1/Kubark, Interrogatoire de contre-espionnage, 19632/Prix Goncourt des Lycéens pour La mort du RoiTsongor, Auteur d’Eldoraldo et du Soleil des Scorta

RUSSIEA

. I.

LE POURQUOI DU COMMENTLes deux Corées

AJ! Nº24 Septembre 2014

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LES SŒURS ENNEMIES

a division de la Corée remonte au-delà de la SecondeGuerre mondiale. En 1905, le Japon sort victorieux de la guerre qui l’oppose à la Russie : déjà occupée, la Corée devient un protectorat, mal accepté par la

population. Cinq ans plus tard, suite à l’assassinat de l’un deses représentants, le Japon dépose l’Empereur et annexecarrément la Corée.

La guerre n’est pas terminéeQuand le Japon capitule, à la fin de la Seconde Guerre mon-diale, la Corée est divisée en deux parts quasi-égales, àhauteur du 38e parallèle. L’URSS est aux commandes auNord, dirigé par Kim Il-sung, alors que les Etats-Unisappuient la Corée du Sud de Syngman Rhee. En 1948, lascission en deux Etats s’officialise. Un des premiers événe-ments de la Guerre Froide se prépare. Le 25 juin 1950, l’ar-mée nord-coréenne franchit le 38e parallèle. Les Etats-Unisfont voter une résolution de l’Organisation des Nationsunies contre la Corée du Nord. 16 pays constituent uneforce d’intervention. En 1953, les tensions internationaless’apaisent et après trois ans et plus de trois millions demorts, les représentants coréens signent un armistice àPanmunjon, sur le 38e parallèle, et créent une zone démili-tarisée. 61 ans plus tard, les deux Corées n’ont toujours pasconclu de traité de paix. Dans les années 1980, une vagued’attentats attribuée à Pyongyang ravive les tensions. En1991, les deux Corées signent un pacte de non-agression quin’empêche pas les incidents, trois ans avant que Kim Jong-il ne prenne la tête de l’Etat nord-coréen. En 1996, sonarmée tente d’infiltrer un sous-marin de poche sud-coréen.Bilan : 28 morts, dans les 2 camps… Au contraire, au Sud,

à l’économie très dynamique et influencé par la cultureoccidentale, on veut y croire.

Un fantasme de réunificationLe président Kim Dae-jung engage une politique de rappro-chement dès 1998 : c’est la «  sunshine policy », la politiquedu rayon de soleil. En 2000, des centaines de familles sépa-rées sont autorisées à se rencontrer, suite à une Déclarationconjointe. La zone économique spéciale intercoréenne deKaesong est lancée en 2003 en Corée du Nord, avec l’ambi-tion d’accueillir 2 000 entreprises d’ici 2020. Pourtant, laCorée du Nord ne désarme pas. Pays-goulag, en totale autar-cie et hors du temps, elle fait régulièrement mourir de faimsa population et bafoue ses droits les plus élémentaires (tra-vail forcé, torture…). En 2006, elle annonce avoir procédéavec succès à son premier essai nucléaire. Frayeur au seinde la communauté internationale, et dans toute la Corée duSud… En 2008, le nouveau président sud-coréen LeeMyung-bak décide que c’en est fini de tendre la main. Lesincidents se multiplient depuis à la frontière, comme à Yeon-pyeong en 2009 et 2010. Amnesty dénonce régulièrement lapolitique nord-coréenne, désormais dirigée par Kim Jong-un.Fin 2013, des images satellite montrent l’étendue des infra-structures de répression1. De l’autre côté de la frontière,Amnesty International veille aussi à ce que l’administrationde Park Geun-hye ne piétine pas les droits de ses citoyenscomme elle est tentée de le faire en ce moment avec lesdroits syndicaux2… FLORA CLODIC-TANGUY

1/North Korea, New satellite images show continued investmentin the infrastructure of repression, 20132/Action Urgente pour Kim Jungwoo, avril 2014

L

Plus de soixante ans après la fin de la guerre, la Corée n’a jamais semblé si loin d’une réunification. Retour sur l’histoire de la partition du « pays du matin calme ».

KIM

JA

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N/A

FP

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Y IM

AG

ES

CHRONOLOGIE• 1910  : annexée, la Coréedevient la province japonaisede Chosun• 1945  : reddition du Japon,partage au 38e parallèle• 1948  : scission en deuxEtats distincts, la Républiquede Corée au Sud et la Répu-blique démocratique• 1950-1953: Guerre de Corée• 1987  : attribué à deuxagents nord-coréens, unattentat contre un Boeing de la Korean Airlines tue115 personnes• 1994  : mort de Kim Il-sung,remplacé par Kim Jong-il• 2006  : revendication dupremier essai nucléaire nord-coréen réussi• 2011: Kim Jong-un succèdeà Kim Jong-il• 2012  : Park Geun-hye, pré-sidente sud-coréenne • 2014  : la Corée du Nordeffectue 100 tirs d’obus en30 minutes à la frontièremaritime

Un soldat nord-coréen

observe avec des jumelles

le village de Panmunjom

dans la zone démilitarisée.

Les yeux, les oreilles

Milit

ants

sans

fronti

ère

s

Septembre 2014 Nº24 AJ!

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On est libre d’être soi. « Les garçons comme les filles ontle droit de pleurer et de se faire dorloter », édicte le premierarticle de l’album. Enrayer les discriminations en suppri-mant les stéréotypes de la cour de récré : c’est la démarchesalvatrice des auteures. Chaque double-page est illustréepour dénoncer un préjugé. Avec force et humour, l’ouvrageœuvre pour une prise de conscience collective des idéesreçues. À l’intention des petits et des grands !

MORGANE TYMEN

« La Déclaration des droits des garçons » & « La Déclaration des droits desfilles », par Elisabeth Brami, illustré par Estelle Billon-Spagnol, éditions Talentshauts, 2014, 32 p., 11,90 Euros.

Webdocumentaire 14-18, après la mémoiredisponible sur http://centenaire.org ou https://r437e5868.racontr.com

BUTINAGES VITAVI

Webdocumentaire14-18, après la mémoire

LivreUne déclaration contre le sexisme

Qu’est-ce qu’une guerre cent ans plus tard. Qu’en reste-t-il? Pourréaliser ce webdocumentaire, le collectif de photographes Kaïrosest parti à la rencontre de jeunes européens, âgés de 14 à 18 ans.De la Serbie en Italie, en passant par la Biélorussie, Jan, Silvia,Angelina, Ana, Jovana et Gregory, racontent une guerre avec desvisages et des couleurs d’aujourd’hui. Deux mondes se superpo-sent. Les traces encore tangibles d’un conflit et la vie d’au-jourd’hui. Entrez un mot clé, et découvrez comment la guerre de14-18 est arrivée jusqu’à eux…

EIRA, 17 ANS, NORVÈGE

Eira est membre d’un groupe de militants depuis l’âge de 14 ans dans la régiond’Oslo: « La sortie de classe en début d’après-midi donne libre cours à l’in-

vestissement associatif des jeunes Norvégiens dès 13 ans, et Amnesty est

chez nous un moyen festif de dénoncer des sujets graves comme la peine de

mort ou la torture ». Une dynamique encouragée par le secrétariat national qui metà disposition directement sur Internet des dossiers pédagogiques pour les profes-seurs de collèges et lycées. Privilégiant habituellement l’image par la projection defilms ou des messages photos sur les réseaux sociaux, les jeunes Amnestiens ontinnové en 2013 avec un grand débat sur les mouvements migratoires et la mendi-cité: « étaient présents des médiateurs sociaux, des citoyens, des représentants

de l’église, et Madame la ministre de la Justice en personne ». Le débat a été filméet a suscité de nombreux articles dans les journaux. Succès garanti. Au delà de l’ac-tion militante classique dans les festivals de musique, Eira nous expose l’idéeimparable qu’a eu Amnesty Norvège cette année pour sensibiliser le jeune public:« Lars Vaular, chanteur norvégien très en vogue, a lancé un concours d’écriture

avec Amnesty: le militant qui remportera le premier prix verra son texte mis en

musique par la star! ».

KALI, 23 ANS, ÉTATS-UNIS

Si Kali a commencé à militer au lycée, les jeunes militants américains sont plu-tôt des étudiants; l’action militante est très encouragée et facilitée par lesbureaux des étudiants. Sur le campus de l’université de Caroline du Sud, le

gros du travail est avant tout de se faire connaître: « nous installons des stands

dans des points stratégiques, avec en tête un petit exposé de 60 secondes pour pré-

senter l’action d’Amnesty International et ses objectifs. Quand nous accueillons

quelqu’un qui connaît Amnesty, c’est une sacrée surprise! ». Plutôt adeptes desconférences-débats en présence de spécialistes comme dernièrement sur le traitécontre les armes, ou de la conception d’objets décoratifs comme des papillons pourencourager les militants mexicains dans leur lutte contre les violences faites auxfemmes, « nous avons voulu marquer la Journée internationale de la Paix 2013

par une marche symbolique, de l’université jusqu’au Capitole de Columbia, en

invitant les passants à se joindre à nous ». Une action qui avait déjà fait mouchelors d’une manifestation de soutien aux détenus de Guantanamo, tous vêtus de latenue orange des prisonniers et enchaînés les uns aux autres.

Réalisé en partenariat avec France 24, RFI, NouvelObs.com etPolka Magazine, chaque numéro d’AmnestyStories propose unregard complet sur les combats portés par Amnesty. Après unpremier numéro sur la situation des migrants et des réfugiés auxfrontières de l’UE, AmnestyStories#2 revient sur la crise centra-fricaine en exposant spécifiquement la question des civils et desdéfaillances d’une communauté internationale qui tarde à semobiliser.

www.stories.amnesty.fr

AmnestyStories#2 est en ligne  !

PARTOUT DANS LE MONDE, DES JEUNES SONT ASSOIFFÉS DEDIGNITÉ HUMAINE ET SE BATTENT POUR LA FAIRE RESPECTER.CINQ D’ENTRE EUX NOUS ONT FAIT PARTAGER LEUR ENGAGE-MENT DANS LEUR PAYS RESPECTIF.

A. I

.

DR

Amnesty International – Service Jeunes

76 boulevard de la Villette – 75940 Paris cedex 19Tél : 01 53 38 65 52 – [email protected] www.amnesty.fr

Dans toutes les régions de France, les

Antennes Jeunes d’Amnesty International

ont besoin de toi ! Avec nous, agis sur le

terrain : sensibilisation aux droits humains

dans les écoles, organisation de

conférences, tenue de stands,

manifestations, campagnes pour faire libérer des

prisonniers… On a tous quelque chose à apporter pour

faire avancer les droits humains !

www.amnesty.fr

C’est vous qui le faites c’est vous qui le dites

AJ! Nº24 Septembre 2014

07

ENGAGEZ-VOUS !

FESTIVALS

SOULEYMANE, 34 ANS, GUINÉE

Le militantisme et le volontariat ne font pas partie de la culture guinéenne. A son arrivée à l’uni-versité de Rennes en 2001, Souleymane découvre ce qu’est l’action bénévole en même tempsqu’il adhère à Amnesty International. En 2011, il exporte l’ONG dans son pays en fondant le pre-

mier « Relais » Amnesty Guinée. Son précepte, l’humour et le sport au service de l’éducation auxdroits humains. « Outre les interventions dans les écoles et les conférences-débats, notre moyen d’ex-

pression favori est le théâtre ». En 2013, nous avons proposé aux gendarmes et aux policiers despetits sketches, caricatures d’interrogatoires usant de la torture, pour déclencher une prise deconscience des forces de sécurité et comprendre avec le sourire le fondement de la Conventioninternationale contre la torture ». Aussi, à l’heure du Mondial au Brésil, le sport éveille l’attentiondes jeunes Africains: « pour le Marathon des signatures nous organisons toujours un vrai mara-

thon et les coureurs font signer des pétitions tout au long du parcours. En 2014, il nous est

apparu naturel de proposer un match de football; autour du terrain situé sur un grand rond-point

du centre-ville de Conakry, nous avons installé des maisons et des cages en carton pour sensibi-

liser la population aux dangers des expulsions forcées ». Mais l’action dont Souleymane a de quoiêtre fier est celle menée pour la campagne contre les armes: « suite aux tueries qui ont touché dif-

férentes écoles américaines, une série de photographies a été prise avec des enfants d’écoles pri-

maires pour faire passer le message; les photos ont été envoyées à Barack Obama. »

ALEXANDRE, 22 ANS, MALAISIE

Alors en stage dans la banlieue de la capitale malaisienne, Alexandre a voulu mettre ses com-pétences en communication au service d’une section amnestienne essoufflée qui ne compteplus que quelques dizaines de membres actifs. « J’ai eu le privilège de créer le site internet,

améliorer la page Facebook et gérer le compte Twitter. Une responsabilité très gratifiante pour

moi ». Cette impulsion a permis de relancer des opérations photos comme pour la campagne My

body, my rights, et d’organiser la projection du film Precious dans un centre commercial de KualaLumpur. En 2013, Alexandre vit au rythme de la campagne présidentielle qui révèle nombre deviolations dans le pays: « Ces élections ont été l’occasion de dénoncer les fraudes électorales, les pro-

grammes de partis extrémistes bafouant les droits humains élémentaires, les violences poli-

cières et la censure infligée à la presse locale ». En redonnant une dynamique via les réseauxsociaux, Alexandre espère inspirer les jeunes Malaisiens et fédérer des militants au-delà des inter-ventions scolaires qui représentent aujourd’hui leur principale activité.

VALENTINA, 25 ANS, MEXIQUE

À19 ans, Valentina rejoint l’Antenne jeunes de l’université de Guadalajara, à l‘ouest de Mexico.Le militantisme mexicain est exclusivement étudiant, et défend surtout des causes régio-nales. « Il y a quelques années, nous avons beaucoup agi en faveur du Chiapas, pour dénon-

cer la forte criminalité et les expulsions de populations indigènes qui vivent dans une pauvreté

extrême; nous avons relayé le combat des Zapatistes en diffusant un documentaire, et avons par-

ticipé a des expositions de vêtements traditionnels et de bijoux pour valoriser l’artisanat des mino-

rités indiennes exclues de toute dignité ». Ce thème avait été lancé par le groupe sous la forme d’uneFeria aux questions pour séduire de nouveaux militants, « en présentant sur le campus des pan-

neaux photos accompagnés de statistiques et d’informations-clés ». Aujourd’hui, les campagnessont orientées vers la protection de la liberté d’expression; « les journalistes mexicains sont de plus

en plus en danger, subissant menaces et agressions ». Ce sujet bouleverse la société mexicaine etAmnesty International est peut-être son meilleur porte-parole.

BÉNÉDICTE MINGOT

Festival chien a?plume

Solidays

Foix

Le rock danstous ses e?tats

A. I

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Le Roi sans carrosse récompensé par plu-sieurs victoires de la musique continueà balancer la sauce et ne quitte plus lesfeux de la rampe. L’artiste publie son pre-mier livre, 140 Piles et repart pourune tournée, en acoustique cette fois, et en trio.

PEOPLE POSITIONS

Septembre 2014 Nº24 AJ!

08

De l’art de jongler avec les mots, ça résume assez bien leconcept de ton  journal poétique tenu sur Twitter, compilé dans tonpremier livre  140 piles. S’exprimer en 140 signes, c’est un vérita-ble exercice de style…L’exercice de style commence à un mot. Trouver le mot juste estun exercice de style à part entière. Le jeu étant de condenser leplus de sens dans le moins de mots possible. Je pense même quela confusion est proportionnelle au nombre de mots. Plus on endit, plus on peut se tromper. J’aime la synthèse.

Avant, ton inspiration te venait de la rue, mais aujourd’hui,j’imagine que tu y passes moins de temps, d’où te vient-elle? Mon inspiration est toujours venue des observations de ma vie,quel que soit le lieu. Dans mon premier disque je parlais déjà dela prolifération des armes lourdes dans les quartiers... mais la ruen’excite que ceux qui n’y sont pas. Si j’avais écrit tout ce que j’aivu dans la rue, j’aurais été mis en doute. J’en ai tiré plus de leçonsque de spectacle.

Autrefois tu transmettais  ta passion pour les mots via desateliers d’écriture destinés aux  jeunes du hall, ça te manqueaujourd’hui?Ce qui était intéressant dans les ateliers d’écriture, c’est la rencon-tre. J’ignore comment transmettre plus fortement qu’en écrivant.Mais je pratiquais bien plus avant l’avènement d’Internet.Aujourd’hui, plus personne n’attend un atelier pour écrire...

La défense des droits des enfants  semble  te tenir particuliè-rement à cœur. Naitre adulte, c’est la plus grande injustice à tesyeux?Je pense être fataliste, donc je ne fais que constater une tristefacette de l’humanité, la douleur des enfants étant une consé-quence directe des problèmes de leurs tuteurs, car ça ne fait quequelques années que l’enfant est concerné en tant qu’individu. Jeme réjouis donc de cette avancée, mais demeure inquiet que ladémarche soit encore exceptionnelle. Je me suis engagé auxcôtés de l’UNICEF parce qu’ils sont venus me solliciter pour ceque j’étais, ce que je savais faire. J’ai eu l’occasion d’aller à la ren-contre de tous ces jeunes bénévoles généreux, impliqués. Je mesuis déplacé sur le terrain au Sénégal et en Guinée. Cela permetde se rendre compte de la complexité des situations et de l’actionde gens fantastiques sur place. Défendre les enfants c’est s’enga-ger pour l’avenir de l’homme. Je soutiens également l’action degens fantastiques comme Paul Nguyen et David Luu de la fonda-tion The Heart Fund qui a vocation à aller opérer des enfantssouffrant de maladie cardiaque dans des régions reculées dumonde. Ils se déplacent, viennent à eux, redonnent vie et espoirà des enfants dont personne ne se soucie.

Qu’est ce qui, dans ton parcours, a façonné ton engagement?Je ne me suis jamais posé la question. Je pense que trop penseravant d’agir est la meilleure raison de reculer. M’engager passeavant tout par l’écriture pour ma part. C’est ma façon de m’enga-ger pour délivrer un peu de douceur et de lumière. Je ne suis pasdans l’engagement politique, il y a des gens bien plus informés,

bien plus compétents que moi pour ça. Je m’intéresse à la famille,à l’éducation, à la transmission, aux rapports humains. J’écoute,je lis, j’observe et je tente de retranscrire sans noircir le trait.

Tu livres de nombreux combats, quels sont ceux que tu par-tages avec Amnesty? Une vie meilleure au cas par cas dans la mesure de mes possibi-lités, quelle que soit la distance à parcourir. Je me retrouve dansAmnesty car l’objet de leur combat est tellement évident: luttercontre les violations des droits humains. Il est question de liberté,de santé, d’éducation, de liberté d’expression, bref, de se battrepour que l’Homme vive mieux et se respecte.

Une tournée en acoustique, une question d’Équilibre? Pourinstaurer une plus grande proximité avec le public?Tout à fait, nous sommes submergés par le désir de grandeschoses, je reste intimement convaincu que la chaleur humaine estle plus rare des carburants.

Sans pourquoi, ni parce que, tu t’es imposé sur la scène fran-çaise. Tu vis un Conte De Fée pour lequel tu remercies d’ailleursassidûment tes fans…Aucun artiste ne remerciera jamais assez, ces personnes qui res-tent la preuve vivante de leur légitimité en tant que créatif. Sansles fans de quoi parlerions nous? SABRINA RAMESSUR

Oxmo Puccino

M’engager pour délivrer

1998 :  Premier album, « OpéraPuccino ». 

2010 : Victoire de la musiquepour le meilleur album de musiquesurbaines, « L’Arme de paix ». 

2012  : Oxmo est nomméambassadeur de l’UNICEF France

2013 :  Nouvelle Victoire de lamusique, même catégorie, pour « Roisans carrosse ». 

2014 :  Parution de « 140Piles » (éditions Au Diable Vauvert),recueil de tweets de l’artiste.

BIO EXPRESS

ZE EQUIPE Direction de la publication : Geneviève Garrigos et Cécile Coudriou. Rédaction en chef : Cyrielle Balerdi ([email protected])Conception maquette et iconographie : Jean-Jacques Farré ([email protected]) Ont écrit dans ce numéro : Flora Clodic-Tanguy, Bénédicte

Mingot, Morgane Tymen, Valentin Pichon, Charlène Martin, Sabrina Ramessur, Pierre Fougerat et Ingrid Gaza. Coordination : Pascale Guillier etRémi Farge. Secrétariat de rédaction et suivi de fabrication : Josette Debord. Impression : Les Presses de Bretagne. Photogravure : Faure&co Retrouvez-nous sur facebook http://www.facebook.com/pages /AJ-Le-magazine-des-jeunes-dAmnesty N° de commission paritaire :

0419G84664/ISSN : 0761-9359. Dépôt légal 3e trimestre 2014. Pour nous contacter/féliciter/engueuler : Amnesty International – Journal AJ !, 76, bd de la Villette - 75940 Paris cedex 19 – Tél : 01 53 38 65 52 – [email protected] - www.amnesty.fr AJ!, supplément trimestriel à La Chronique d’AmnestyInternational. Ne peut être vendu séparément. Les articles signés dans AJ! n’engagent que leurs auteurs et pas nécessairement Amnesty International.

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UN PEU DE DOUCEUR ET DE LUMIÈRE