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Mon Compte rendu UTMB 2013 Après un week-end bien sympathique à vielle aure pour le GRP2013 (cf CR de Pierre sur notre blog, jourduntrail) nous voilà mercredi prêt à embarquer à l'aéroport de Nantes. Fab alors, ma sœur Clémence arrive pour récupérer les deux petits et Aldo solenne nous rejoignent pour l'embarquement. C'est le baptême de l'air pour Louis et Paul. Trop bien... Genève 1h10 après, nono qui nous récupère dans le minibus de l'équipe de ski de salanche (la grande classe), et nous voilà chez lui à Passy, 15' avant j, en terrasse pour apéro dîner. Le plaisir de nous retrouver est bien présent. On suit ch´coss le 4ème kiné et Jeff un patient sur la TDS; ils ont tous l'air en forme. La soirée passe bien vite, il ne s'agit pas de prendre du retard de sommeil. Nono nous amène chez une amie qui tient un chalet un peu routs, mais ma foi bien convivial. Dodo. Jeudi fut une journée très sympa, faite de balade dans un chamonix en effervescence, ou on a le droit à un défilé déconcertant de traileurs tous plus classes les uns que les autres; ok ok on a compris que t'es pas à chamonix pour enfiler des perles ou regarder le paysage. Ce qui est

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Mon Compte rendu UTMB 2013

Après un week-end bien sympathique à

vielle aure pour le GRP2013 (cf CR de

Pierre sur notre blog, jourduntrail) nous voilà

mercredi prêt à embarquer à l'aéroport de

Nantes. Fab alors, ma sœur Clémence

arrive pour récupérer les deux petits et Aldo

solenne nous rejoignent pour

l'embarquement. C'est le baptême de l'air pour Louis et Paul. Trop bien...

Genève 1h10 après, nono qui nous récupère dans le minibus de l'équipe de ski de

salanche (la grande classe), et nous voilà chez lui à Passy, 15' avant j, en terrasse pour

apéro dîner. Le plaisir de nous retrouver est bien présent. On suit ch´coss le 4ème kiné et

Jeff un patient sur la TDS; ils ont tous l'air en forme.

La soirée passe bien vite, il ne s'agit pas de prendre du retard de sommeil.

Nono nous amène chez une amie qui tient un chalet un peu routs, mais ma foi bien

convivial. Dodo.

Jeudi fut une journée très sympa, faite de balade dans un

chamonix en effervescence, ou on a le droit à un défilé

déconcertant de

traileurs tous plus classes les uns que les autres; ok ok on a

compris que t'es pas à

chamonix pour enfiler des perles ou regarder le paysage. Ce qui est

bien dommage tellement le soleil du matin sur le massif du mont blanc est magnifique. On

assiste aux courses enfants, où paul puis Louis ont pris beaucoup de plaisir; plus encore

avec la remise de casquette et de gourde pour les finishers de la mini CCC et mini TDS.

Déjà on sent que l'organisation est bien rodée; 1000 gamins en courses, C'est pas simple.

On y retrouve Jeff puis Ch´coss,( mais si les copains sur la TDS), tout deux finishers.

Respect. Ils ont apprécié le paysage et surtout le temps.

Le temps justement, au sujet de toutes nos préoccupations qui s'annonce radieux; et ça

c'est extra. L'autre question du jour, c'est qd est ce

que l'on va récupérer les dossards. On y passe à

10h, une queue d'1h30 est annoncée; idem à 14h

en sortant du resto. (J' vous donne pas le menu

hein), et toujours à 17h, après la sieste, alors que

l'on retrouve Aldo, solenne, ch´coss (toujours là pour

une bonne bière) nono et ses filles, puis benoît

(mon témoin, qui nous refait l'assistance comme y a

2 ans en Andorre) et son cousin Laurent. Sauf que

pour nous, pas de bière...

À 18h35, on refait une dernière tentative, et on passe juste avant le rideau signifiant la fin

des remises de dossards (bon ok, on a un peu grugé mais comme ça on est tranquille

demain matin). Tout le monde y va de sa solution pour l'organisation mais 4500 dossards

et autant de vérif de sac, quoiqu'il arrive c'est long.

Petit apparté pour donner la liste du matos obligatoire, ils rigolent pas avec la sécu, il faut

dire qu'ils ont donné question mauvais temps.

(Extrait du Réglement)

EQUIPEMENT

Matériel obligatoire :

téléphone mobile avec option permettant son utilisation dans les trois pays

(mettre dans son répertoire les n° sécurité de l’organisation, garder son téléphone allumé,

ne pas masquer son numéro et ne pas oublier de partir avec une batteries chargées)

gobelet personnel 15cl minimum (bidons exclus)

réserve d'eau minimum 1 litre

deux lampes en bon état de marche avec piles de rechange pour chaque lampe

couverture de survie de 1,40m x 2m minimum sifflet

bande élastique adhésive permettant de faire un bandage ou un straping (mini 100 cm x 6

cm)

réserve alimentaire

veste avec capuche et fabriquée avec une membrane (Gore-Tex ou similaire)

imperméable (minimum conseillé 10 000 Schmerber) et respirante (RET conseillé inférieur

à 13) permettant de supporter le mauvais temps en montagne

pantalon ou collant de course à jambes longues OU combinaison d’un collant et de

chaussettes couvrant entièrement la jambe

Seconde couche chaude additionnelle : un vêtement seconde couche chaud à manches

longues (coton exclu) d'un poids de 180g au minimum (homme, taille M)

OU la combinaison d'un sous-vêtement chaud à manches longues (première ou seconde

couche, coton exclu) d'un poids de 110g au minimum (homme, taille M) et d'une veste

coupe-vent* avec une protection déperlante durable (DWR protection)

casquette ou bandana ou equivalent bonnet

gants chauds et imperméables

sur-pantalon imperméable

* la veste coupe-vent ne remplace pas la veste obligatoire imperméable avec capuche

Exigé par les administrations douanières

pièce d'identité

Très fortement recommandé

couteau ou ciseaux permettant de découper la bande élastique adhésive

bâtons en cas de pluie ou de neige pour votre sécurité sur terrains gras

vêtements chauds de rechange indispensables en cas de temps froid et pluvieux ou en

cas de blessure.

une somme minimum de 20 euros (afin de pallier les imprévus).

Conseillé (liste non exhaustive)

Bâtons télescopiques, vêtements de rechange, boussole, couteau, ficelle, crème solaire,

vaseline ou crème anti-échauffement, nécessaire de couture,...

Tous les vêtements doivent être à la taille du concurrent et sans modification après la

sortie d'usine.

Vous transportez ce matériel dans un sac qui doit être marqué lors de la remise

des dossards et non échangeable sur le parcours.

Si vous choisissez de prendre des bâtons, c'est pour toute la durée de la course.

Il est interdit de partir sans bâtons et d’en récupérer en cours de route.

Aucun bâton ne sera admis dans les sacs d’allégement.

Rien que ça.

Dossards en poche, nous rentrons dîner nos pâtes (tiens donc), et le coucher est rapide. Il

faut dire qu'à 8h45, la nuit tombe déjà.

Aucun commentaire sur la nuit, on la qualifiera de nuit d'avant course.

La matinée est consacrée à l’élaboration des sacs (camel, avec quoi je pars, sac de base de vie

remis à Courmayer et sac pour Ben, qui nous fait l’assistance avec Laurent). Sandrine qui est aux

petits soins (quelle femme formidable hein Pierre) est chez Nico avec les gars pour faire chauffer

le gatosport au four. Ne pas oublier d’accrocher l’écusson Vendée sur le camel et surtout celui de

la ligue ct le cancer… j’en profite d’ailleurs pour remercier l’ensemble des amis familles…qui ont

parrainés nos km, et donc la ligue. Plus de 2000euros, c’est énorme. Il s’agit maintenant de ne pas

décevoir. En premier chef son directeur du comité de Vendée (il est pas fin…), les parraineurs (il

s’agit maintenant de penser à honorer vos parrainages, ah ah…), mes proches et surtout moi-

même, n’ayant pas prévu y revenir de sitôt, c’est tellement compliquer d’y être.

Une fois tous ces sacs faits, vérifiés et revérifiés, on descend voir les marchands du temple au

village UTMB. Tout est propice à l’achat de fringues chaussures ou autre accessoires de marque.

C’est ça aussi l’UTMB, un business énorme, et un terrible défilé de traileurs m’as-tu vu, tous plus

beaux les uns que les autres avec leurs t-shirts finishers de partout. C’est le carnaval.

Le déjeuner enfilé (oui oui toujours le même menu), on s’allonge 1h30, sans vraiment s’endormir.

Aldo et Nono arrive à la chambre. Une sorte de chambre d’appel…

On est content d’y être, ensemble… mais les sourires sont un peu crispés. Vivement qu’on y soit.

On descend 30’ avant, et on se faufile jusqu’où on peut. L’attente est assez surréaliste. On est

tous là, agglutinés en plein soleil alors qu’on est là pour profiter des grands espaces et de

paysages fantastiques. La pression monte…il faut dire que le speaker y est pour quelque chose.

Soudain, ça y est. Les premières notes de Vangelis, (la musique de C. COLOMB) résonnent à tue-

tête, et déjà on ressent les encouragements des milliers de supporters postés sur les premiers

kms. L’émotion semble autant transpirer des spectateurs que des trailers.

GO, la musique à fond est quasi couverte par les acclamations. C’est énorme. Sandrine et Clé

dans la foule ont plus que la chair de poule, elles pleurent. On aurait envie de courir à fond. Je

comprends les 1er qui partent à 15km/h. Pour nous c’est pas possible, on est dans le paquet, on

suit le flux. On a décidé tous les 4 de partir tranquille pour ne pas se tromper d’objectif ; nous c’est

être finisher et pas être bien placé aux Houches. Du coup on se fait doubler de tous les côtés. Ce

n’est pas facile de rester tous les 4 ensemble. L’arrêt pipi nous fait perdre 100 places…

Les houches, km 8 arrivent bien vite. Juste un verre d’eau et on repart. L’ambiance là aussi est

fantastique, des groupes de musique se succèdent, et toujours des acclamations partout. La ligne

de départ semble être passée dans les 500 premiers, on est plus de 2000ème aux houches. On

attaque alors l’ascension du 1er des 10 cols. 866m de D+, une succession de pistes larges, de

passages ombragés et de virages avec toujours des gens bien sympathiques aux encouragements

incessants. Les bravo ne sont toutefois pas encore bien mérités, mais il semble que rien que de

relever ce challenge impressionne. Les supporters espagnols sont de loin les plus bruyants.

Promis l’an prochain je me pare d’un drapeau espagnol. On profite de notre guide NONO, qui nous

présente les différentes montagnes aux alentours, et la piste de ski servant de terrain de jeu à la

coupe du monde… impressionnant. Déjà le col du Délevret est en vue. On est à 13km600.

2h13’55, et 2064 coureurs devant. La fameuse descente sur St Gervais débute par une piste

rouge bien pentue (oui je sais sinon ce serait une piste verte). « attention à bien gérer la descente

de St Gervais, elle peut fracasser les quadri » ; « ouh là la 1ere descente peut te rester ds les

pattes toute la course »… Bon donc, vous l’avez compris, on a géré la descente. 900m de D- en

7.3km. C’est bien sympa, on se fait dépasser par une espagnole pour la

elle a une surprenante façon de courir. Nono et Aldo sont 5eme fois,

devant, les descentes ils maitrisent. Quand on descend drue dans la

pente, des reliquats de douleurs au genou droit me rappelle

qu'il y a 13 mois, je galerait avec un

syndrome de l'essui glace. Un peu stressant

quand on en est qu'à 15 kms. Je vous

rassure, ce sera le seul moment où je le

ressentirai. St gervais s’annonce alors de

loin, il faut dire que là encore l’ambiance est énorme. On y retrouve Sandrine Louis Paul et titi et

Clé. On ne perd pas de temps au ravito, et on s’arrête un peu discuter. Ca fait toujours du bien. Du

coup, avec l’ambiance, ils décident de pousser en navette jusqu’aux contamines. 3h17 de course,

2072ème, y a pas grand monde derrière nous… Déjà on rencontre qq abandons. La nuit s’annonce

avec les 1er single, et donc les premiers ralentissements… Les sentiers sont encombrés et dès

qu’ils s’élargissent, on en profite pour dépasser qq groupes. On retrouve Aldo, qui marche dès que

ça monte, puis Nono qui a retrouvé So et Amelle et les filles entre St Gervais et les Contamines.

Les 10.6km qui nous séparent des contamines, avec seulement 626m de D+, se mangent

tranquillou. Au rayon mini douleurs, je déplore qq tensions lombaires (je regrette de ne pas avoir

mis de K-tape ; est ce le changement de matelas ? non pas à mon âge). Et j’ai le bide un peu en

vrac, je mets ça sur le compte du trop mangé trop bu avant le départ, et comme on a commencé

par courir 50’… Et voilà que s’annonce au loin les Conta. Là encore c’est bondé et le speaker y

met du sien. On se trouve une palette de chantier dans un coin ; on se pose vite fait pour se mettre

en mode nuit ; le mec à coté est au téléphone et semble pas bien, il parle de ne pas finir… moi

quand j’entends ça, ça me reboost, c’est égoïste mais je me dis que pour nous ça va. Une soupe,

comme d’hab, qq tucs et saucissons, et on repart. On aperçoit titi et Clé, je vais vite fait les voir

pendant que Fab tape la discute avec le speaker. Sacré Fab, un micro et il peut pas s’empêcher…

Je le rattrape avant qu’il ne se mette à parler de leur fabuleuse aventure en

famille (cf leur blog latribuveloto). Louis ayant préféré vomir dans la navette,

Sandrine a préféré à raison rentrer sur Cham. On repart du ravito bondé et

tombons nez à nez avec les Arnaud et Ben et Laurent. Une bonne accolade

et ça repart. L’assistance de Ben risque d’être différente de l’Andorre…Peut

être moins physique, mais ça fait tellement de bien de voir des têtes

connues.

La longue descente sur courmayeur nous rappelle que les estimations les plus optimistes sont

bien loin devant. Au moins Sandrine et les enfants n’auront pas à se lever aux aurores pour nous

retrouver en Italie ; « avec le passage dans le tunnel du mont blanc papa, trop cool…t’aurais du

venir » . La première partie de la descente est très agréable, on a bien chaud et il faut dire ce qui

est, les Pyrénées c’est magnifique, mais ce lever de soleil sur le massif c’est splendide. (si pour le

prochain ultra on peut m’envoyer des synonymes de beau). Qq photos bien sûr et arrivée sur un

petit ravito bien bien symapthique, avec une musique bien zen (Fab vous donnera le titre), au

soleil… col chercrouit, 1958m km 73,4 ; c’est bien parce que on est attendu plus bas qu’on ne

traine pas mais ça méritait. Juste le temps de tomber les couches chaudes et on repart avec une

très nette impression, vu le terrain, que ça va descendre fort. Et en effet, alors qu’une petite

descente en téléphérique semblait s’imposer, on descend certes en virages mais dru dans la pente

avec des marches haute comme mon tibia (imagine, ça laisse rêveur), et la poussière en plus ;

bon ça c’est pas grave on a tous les 2 choisi de changer de pompes à

courmayer. 750m plus bas, les quadri bien explosés, la

civilisation s’annonce. « 250 m et c’est le ravito », cool on

y est. 251m plus tard, « 250 m et c’est le ravito » ; ah ah

les gens…bon ça va c’est pas 2km comme à esquieze

serre l’an dernier. Et nous y voilà, avec notre cher comité d’accueil, au grand

complet. La salle du bas où on se change est

bondée. Ca fait du bien de discuter un peu et même de voir des têtes

connues. La salle du haut de restauration et de repos est très très calme.

Aldo arrive à son tour et annonce une nouvelle petite sieste. Fab disparait

de mes radars, j’engloutis mon assiette de pâtes, je me dis que comme il a

le bide pas trop top, il ne mange pas et il m’attend dehors. Fab il

a toujours trop chaud dans les ravitos. Je ressors donc, retrouve

tout le monde sauf…Fab. Pas de réponse au téléphone. Il est

pas parti sans moi quand même. Bon je retourne et fais le tour

de la salle… Ah oui t’es là une platée de pâtes devant toi ; les

intestins vidés, et l’estomac qui réclame. Tant mieux. On repart

donc 15’ plus tard soit 45’ après notre arrivée, regonflés à bloc,

rassasiés et pressés d’en découdre avec le grand col ferret. J’ai

troqué les saucony 120g pour les myzuno, toujours drop 0 mais un chouille plus de semelle. J’étais

très bien dans les sauco mais va savoir pourquoi, pour la première fois, la sudation a rendu la

peau bien sensible, en particulier dans les descentes caillouteuses. Et comme il n’y a que des

descentes caillouteuses… ça sent les crevasses à moyen terme m’a prévenu Pierre au tel. Merci

pour l'info.

Il est 9h34, le temps s’annonce radieux, et la partie qui arrive

magnifique selon Jeff et Denis. On met 1h30 pour rejoindre le

refuge Bertonne, montée sèche. On discute avec un couple

qui monte aussi

en suivant une

cousine. Sympa.

Des bretons. La

vue là haut est

fantastique, petite

rasade de flotte,

de soupe, puis go

to refuge Bonatti. 5.2km, en crête, ça monte ça

descend, on croise moult italiano.

« bonjourno »…l’italien est sympa et randonne en

chemise…la classe jusqu’au bout.

On rejoint le refuge, en croisant un groupe de

touristes qui n’a semble-t-il pas choisi le bon jour pour redescendre sur Courmayer…idem pour les

qq VTTistes que l’on aura croisés durant la journée. On a dépassé les 20h de course, et on pointe

à la 1338ème place. La descente sur arnuva est roulante (à quand même, depuis le temps qu’ils

nous disaient que c’était plus roulant que le GRP. Mais on rejoint un groupe étoffé, et on se

contente de suivre, doubler tout le monde sur un single (monotrace pour taté), c’est risquer la

blessure… Et puis si on veut arriver au petit jour demain quand il y aura du monde à l’arrivée, on

n’est pas pressé. Arnuva s’annonce en contrebas, on le voit de loin ainsi que le départ vers le

grand col ferret. Pause toilette pour moi, des wc italiens surprenants mais propres. Bon faut du PQ

sur soi, mais Fab m’a appris que c’est pas lourd et que ça peut toujours servir. Les bénévoles sont

très cools, c’est calme et ils ont du jambon…une tuerie. Il arrache un peu pour moi mais Dieu qu’il

était bon. Demandez à Fab qd vous le croiserez, le jambon d’Arnuva, vous verrez ses yeux…

On repart sur les coups de 14h, le plein d’eau fait, car ça s’annonce bien chaud.

Le grand col ferret, c’est comme le Galibier, c’est plein soleil. La montée se fait

super bien, on est sur un très bon rythme (au moins par rapport aux autres…) On

s’enquille les 800m et 5km en moins d’1h30, en doublant 100 coureurs. On quitte

donc l’Italie et ses paysages superbes pour basculer coté Suisse. On traine pas en

haut car depuis Arnuva, une brise bienvenue, bon un peu trop forte par moment

mais on n’est pas difficile, refroidit la tête. Le paysage est différent de ce coté-ci,

plus herbeux, moins rocailleux et les montagnes moins ciselées. Les 18km de

descente m’inquiète depuis le départ et là on y est. On est

tranquille, Fab en marche

rapide, moi en petite foulée.

Un gars nous rattrape et

nous demande si les

bâtiments en contrebas c’est

la Fouly, ravito situé à mi

descente… Non non, c’est la

peule, bergerie située à 3km

du sommet. « Quoi, on a fait

que 3km sur les 9 avant La

Fouly !! » Aie coup au moral

pour lui. On arrive sur la route, après avoir croisé

quelques accompagnants, signe d’un ravito pas loin, puis la tente tant attendue.

Au moins pour moi, qui suit bien dans le dur mentalement, depuis le col ferret, et

physiquement, j’ai vraiment mal au pied… c’est bien la peine de mettre de la nok,

en préventif pendant 15 jours pré ultra… On s’arrête 20’, le temps de strapper ce

qu’on peut strapper, Fab devenant podo kiné après 25h de course… Quand je vous dis qu’il est

fort, fabulous Fab !

On repart pour la deuxième partie de la descente, bon c’est pas top top les pieds mais soyons

positif, c’est mieux. Aldo est avec nous sur cette partie, bien sympa.

Jusqu’au moment où il doit faire une pause de vidange intestinale… La fin de la descente, je me

sens costaud, et entendre Fab me dire qu’il préfère me voir comme ça, me reboost. Go go to

champex. On traverse Praz au pas de course, pour remonter rapidement les 450m qui nous

transporte à Champex lac. C’est un peu long, mais là encore qq randonneurs nous annoncent

notre arrivée triomphale (ah non pas encore), sombre alors, au ravito, au sortir d’une forêt où la

frontale n’aurait pas été de trop. Oui mais voilà, on avait décidé qu’on ne mettrait pas la frontale

avant Champex. Du coup on a failli raté Titi et ma chérie, qui descendaient à notre rencontre.

L’entrée dans la barnum est un gros bon souvenir. Un groupe de

cornemuses met trop l’ambiance. La web cam de l’entrée est reliée

directement à la tribu guilloteau qui s’impatientait de le voir. Une

bénévole nous installe et nous amène de la soupe. Sandrine est aux

petits soins pour moi, Titi s’occupe de Fab ce qui au passage ne le

laisse pas insensible, et Laurent et Ben chapottent le tout. Aldo arrive

accompagnée de Solenne. J’en profite pour passer rapidement entre

les mains de 2 charmantes podologues, qui me restrappent et

badigeonne de nok le strapp les chaussettes et les shoes.

Surprenant mais diablement efficace. Du coup, le plat de pâtes

envoyé, un bisou à ma sœur qui ne pouvait pas accéder (il n’y a qu’un coupon assistant par

coureur, pour éviter une densité trop importante dans les ravitos), et un gros calin à Louis et Paul

qui s’endorment et que je ne verrai pas avant demain soir, leur avion partant tôt demain matin ; et

nous repartons dans la nuit avec un gros gros moral, il reste 3 cols, et surtout la quasi certitude

qu’on va s’le faire cet UTMB. Que c’est bon cette sensation. Nos accompagnants nous laissent

aux abords du lac qu’on devine à peine dans l’obscurité, et on part à l’assaut de Bovine ; il est

21h30, 45’ de pause, 123.6km et 7057m de D+ enquillés. Le début de cette partie est légèrement

roulant, on trottine bien et comme j’ai enfin pensé à prendre la montre GPS de Sandrine, on

maitrise mieux la vitesse. Ca nous permet au moins de savoir si le col est encore loin ou pas. Sans

montre, on est libre et tranquille. Pas de contrainte temps. Dans cette montée où on se sent tous

les 2 très bien on envoie bien et nous doublons qq 100 coureurs jusqu’à bovine. Bon ok ok je vous

le dis quand même, dans les 2h10 de montée, j’ai bien eu 30’ de coup de barre, dur à négocier.

Les petits ruisseaux traversés ne suffisent même pas pour me réveiller. Heureusement, un petit

coup de potion magique, je regarde loin devant plutôt que les chaussures de Fab, et ça revient. Ca

revient même bien puisque la descente sur Trient se fait super, on est au taquet, encore 70 de

doublés dans la descente… De nuit l’écart entre les piètres descendeurs que nous sommes et les

autres est moins important. Et comme il semble que la bonne gestion des 24 premières heures est

en train de payer, je vous dis pas comme c’est bon pour le moral, c’est bon bon… Trient est en

vue. On reste moins de 10’, une soupe, de la nok et go ! on se regarde en sortant de la tente ; on a

l’air plutôt bien par rapport aux gars « avachis » dans les sièges, au chaud… Il nous reste une

broutille de 19km, Fab calcule depuis qq heures une heure d’arrivée…t’inquiètes pas Sandrine, tu

seras déjà à l’aéroport, ça ne se jouera pas à qq minutes. On n’ a plus de nouvelle de Nono, loin

devant et d’Aldo, qui dort derrière…ou pas.

750 m de D+, pour rejoindre catogne…C’est l’avant dernier col. J’aime me le répéter. Fab a un

coup de barre passager. Mais comme pour moi tout à l’heure, y’a pas de pelouse autour, que des

rochers, donc pas de pause dodo possible, pas non plus de marche au radar yeux mi-clos…enfin

c’est toi qui vois, y’en a qu’on essayé, ils ont eu des problèmes… l’avantage d’être deux, c’est que

celui qui est bien continue de mettre du rythme, d’être agressif dans la pente et se projeter

vers…ok ok ne nous enflammons pas, disons que ça permet de progresser régulièrement, c’est

déjà bien…

On aperçoit au loin des frontales arrêtées…on nous annonce derrière Catogne…impossible, à la

montre il reste 100m de D+ et 1.5km… 2h59, 34h30 de course, 2000m on y est ; la température

cette seconde nuit est idéale… La polaire est restée dans le camel, comme les gants et le bonnet.

Fab sera resté en short toute la course… Quel homme ; il a du Kilian Jornet en lui. Re 100 places

de gagnées, on est dans les 900. La descente est très technique, et on la gère tranquille pour finir

costaud le dernier col. 3.68km/h pour descendre sur Vallorcine, c’est pas rapide mais quand on

entend en bas la voix de Ben qui nous appelle, tout de suite on se sent bien. Ca fait bien plaisir de

les voir au milieu de la nuit. Nono est reparti depuis longtemps, mais on n’a pas de nouvelle

d’Aldo. J’espère que ça va. Ils nous disaient tout à l’heure, qu’après le bonhomme, si la pluie avait

été là, il ne serait pas reparti… Y a toujours pas de pluie, donc il doit être pas loin derrière…

Là encore on ne traine pas… Une petite bande d’elasto circulaire sur le mollet gauche fatigué

(comme si les manchons compressifs ne faisaient plus effet) et on repart avec la même impression

qu’en sortant de Trient. Objectif, la tête au vent… on se dit qu’on y sera au petit jour, avec un lever

de soleil sur le massif, et ça nous motive. La montée est en 2 parties ; 4km avec 200m de D+,

ballade bâclée en 45’, et 4km avec 700m de D+. Au point de rupture, marqué par la traversée

d’une route, la vue est impressionnante. Les frontales ne fonts pas un

serpentin long et régulier, mais une lignée, droit dans la pente, avec un

pourcentage affolant. Impressionnant je le répète. Et déjà on comprend

l’idée ; des blocs rocheux, des marches

naturelles de 60cm…au moins l’altimètre en

prend un coup. On monte bien, malgré un

nouveau petit coup de barre pour

moi, (j’essaie la technique dormir

que d’un œil, mais ça ne suffit

deux…bizarre). pas il me faut les

équilibre. Bon ok, Fab lui ne se sent plus trop en

là, on est d’accord pour dire

qu’il vaut mieux être à 12

bornes de l’arrivée que 50

non ? Oui t’as compris, on

positive. Fab m'encourage plus

souvent, que se passe t il, j'ai l'air moins vigoureux

sur mes jambes pourtant si puissantes...On

aperçoit une tente de l’organisation au niveau de ce

qui ressemble à un col, mais ce n’est pas encore la

tête au vent.

1,5km après on y est. Ca y est, les presque

10000m de D+ sont faits. Reste 11 km de

descente. La vue est splendide, on a la chance de voir un 2ème lever de soleil somptueux que les

1er n’ont pas pu voir…et bizarrement, autant y a une heure peut être mais là, je n’ai aucune envie

d’être comme eux, dans un lit douillet. On est bien là haut dans la montagne. Le jour marque aussi

la fin des hallucinations, nombreuses et rigolotes hein Fab ! on vous racontera.

La flégère, dernier pseudo ravito s’annonce au loin. Il est 7h53, on passe la tente rapidement sans

rien prendre je crois ou juste une dernière soupe alors. Finalement, j’aurai tourné essentiellement

à la soupe, qq compotes et bananes, peu de saucisson par rapport aux autres années ; cette

année, le saucisson ne voulait pas de moi. On attaque la dernière descente de 8km avec des

sourires larges comme ça. On y est mon pote on arrive. Une piste large, encore quelques lacets

dans les racines qui finissent d’achever mes pieds… Les crevasses ne se sont pas ouvertes, merci

le strapp, mais depuis 40km, l’aponévrose plantaire est bien contracturée. Les citadelles (73km) en

minimalistes, pas de souci, 168km, j’étais pas encore assez costaud des muscles intrinsèques du

pied pour les faire sans qq douleurs. On en ressort alors sur une nouvelle piste large, traversons

un gite à même la terrasse trop bien fleurie, pour rejoindre le bitume de chamonix. On se fait plaisir

dans cette dernière descente, en courant plus vite que sur l’ensemble de l’ultra. On piquera une

petite pointe à 11km/h (mais oui madame) pour la go pro. Les sensations sont trop extra, l’émotion

aussi. Le plaisir de le finir, d’aller chercher en soi les raisons d’avancer, et le bonheur de l’avoir fait

début à la avec Fab du

fin. Le dernier long km

dans les rues de

Chamonix est

presque trop

court. Ben nous

rejoint, Clé et

titi aussi dans la

dernière ligne

droite. Devant personne

derrière non plus…pendant 2'

on va être les stars de

l’UTMB. Etreintes, accolades et larmes (merci

ma sœur) sont de mises. Nono arrivé 5’ avant a le même sourire entendu que nous…yes

man on est finisher. Aldo est annoncé dans une heure. Super, 4 partis 4 finishers, 5 avec ch’coss.

Encore 1 sans faute.

« je veux un croissant »… depuis Trient ça me fait envie. Petit dej en terrasse tout près de la ligne,

une bière, Nico, finisher en 29h54 114ème SVP nous rejoint…qu’est ce

qu’on est bien. Qui a dit que c’était l’heure de dormir ? ok nos yeux rouges

nous trahissent mais on verra ça plus tard, après douche et repas chez

Nono. Aldo est là, il court triomphalement vers son trophée, la ligne

d’arrivée. Que c’est bon ! Que c’est bon ! Photos,

reaccolade, rebiere; on sent bien qu’on n’était pas

que 4, dans cette affaire… Amel et ses filles, So,

Ben et Laurent, Titi et Clé, Sandrine Louis et Paul,

et tous ceux qui nous ont suivis (merci internet), nous livrent leurs

émotions en direct ou par sms. Aventure partagée, aventure humaine, ça

oui, quelle belle aventure humaine, je crois que c’est bien ça qui me fait courir, nous fait courir.

Ces trop bons moments partagés.

Alors voilà, 10 jours après, quelques heures de sommeil encore un peu en retard, mais une

impression de bien être, et déjà des échanges de mail pour nos prochaines conquêtes… Corse ?

Raid ? on a bien le temps de s’y revoir. Pour l’instant on savoure, et comme m’a envoyé Fab 3

jours après :

« Dès que je pense à la course, j’ai envie d’y retourner. Je

dois avoir un problème. » C’est ça, les belles aventures. Merci

à tous, pour votre soutien, vos parrainages, merci Aldo et

Nono, on se voit une fois par an mais que c’est intense. Merci

Sandrine et les enfants, pour nous permettre de s’entrainer,

merci Pierre et encore Sandrine pour ces séances de SEF

bien sympathiques et bien sûr MERCI Fab.